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Aa \ et “Be : le «Dans les terres desséchées. Elablir les rapports de Mirbeau avec le journalisme, les suggérer tout au moins, ce n’est plus travail de journaliste, c’es! d6ja travail @’historien, il y faut une no- tion dépoque. Sinon, on est dans P:bs- trait ct les mols n’ont plus qu’un sens de dictionnaire. Cétait Pépoque artisanale du journa- lisme liltéraire. La colonne de chronique était un compartiment étanche. Un ale- lier dartiste dans une maison a loyer: La literature y était & Pabri de Vactualité quotidienne, de Vactualité qui est propr: ment celle du journal. Son actualilé était, selon les éerivains, déterminée par les tendances de ’époque ou par ses modes. (Mais les modes durent au moins une sai- son.) Aujourd’hui encore on se souvient des articles de Macterlinck sur Rodin, de leur effet de persuasion indépendant’ des lois de la publicilé massive ou réguliére. Mirbeau exaltait ou assassinait. Mais le classer parmi les « polémistes », c'est ju- ger gros Au Jendemain de la most de Sarcey, Mirbean donne un article sur Saree un des plus violents sans dete ait 5s. Noy délicats"di- « ll piétine un cadavre », Ov ils voient un ¢ éreintement >, ily a une ma lédiction. Mirbeau passait par-dessus le mort pour atteindre les lignes ennemies. Ainsi, dans les tableaux de bataille, a Pé- poque ott la guerre était, elle aussi, a sa période artisanale, on voit les cavaliers, sur leurs chevaux’ dressés, galopant par- dessus les blessés et les morls. Ce que Mirbeau haissait en Sarcey, e'éluit celte forme de bon sens qui n’est pas sans r scinblange avec ce qu'on appelait hi conformisme, ce sens commun qui n qu'un, sens dé foul La yiolence de Mirbeau s'appliquait a des critiques, a des écrivains, & des pein- tres. Elle peut paraitre aujourd’hui sans proportion avec son objet. Crest parce que les homies d'uujourd’hui ne se mau- dissent plus que par clans et par tribus. Aucun livre, aucun tableau ne peut étre aujourd'hui, isolé, Vévénement qu'il pou vail éire alors. Tout se résorbe trop vile ns un courant de production trop vast Mais cette violence s’explique aussi par les propres contradictions de Mirbeau H avait baigné dans une almosphére qui Gait encore celle du second Empire et du Boulevard. Ht avait) connu les 4 OCTAVE MIRBEAU journalisme cadres d'une société qui n’avait perdu ni ses contraintes ni ses principes et qui restait maitresse du rythme de ses plai- sirs. Ces valeurs nétaient pas étrangeres 4 Mirbeau. Mais elles heurtaient Jes plus « religienses » de ses passions, tous ses appélils d’évangélisme anarchisant, Tols- toi le savait, qui, aprés la publication du Journal d'une femme de chambre, écrivait une lettre of il le louait avoir tué lesprit du mal. Mais c'est & Mirbeau lui-méme qu’il faut demander son témoignage. L’affec- tueuse dédicace a Jules Huret du Jour- nal d'une femme de chambre, Yestime qu'il accorde a « sa longue suite d’éludes sociales ef liltéraires » prouyent que Mir- beau comprenait la valeur d’une enquéte bien conduite, Et Venquéte est un genre éroitement lié au journalisme et qui ne trouve pas de conditions favorables sans les puissances matériclles du journal. Mais le réfractaire qui est chez Mirbeau, le misanthrope (cest-a-dire Vhomme qui aime trop Jes hommes) porte sur li presse un jugement sévere. Laissons la préface de la 628-E8. Le texte en est tron » Mais, dans une preface & une e: position de Vallotton, & propos des pein- tres, ses amis, Mirbeau parle dun accent plus intime ef plus confidentiel : Je ne le dis pas sans émotion : ils ont donne & ma conscience, qui, trop lougiemps, avait erré dans les terres desséchées du jour- nalisme, une aulre conscience. Crest pourquoi sans doute Mi lait peu de ses contacts avec les jour naux. Aussi bien n’était-il_gu@re Phom- me de laneedote. S'il_contail c’était pour porter un étre a sa limite elTejuger. Ce- Pendant si... Un jour, evoquant la con. damnation de Rémy de Gourmonl, pour- suivi pour un article antimilitariste el Varticle qu'il avait écrit pour le dé. fendre, il ajouta : « Larticle élait si violent qu'il ne servit & rien. » Mirbeau avait dit ces mots avec beau- coup de tranquillilé, sans satisfaction, mais sans regret apparent, avec un petit air hésitant, innocent, Wenfant qui sait bien qu'il ne sera pas grondé. Au fond de lui-méme je pense qwil se réjouis. sait avoir doiminé la sagesse apparen- lc, davoir touché & cutie indépendance, A’eetle purcté qui me se sonmet pa méme & la plus noble utilité, Lion WERTH. ‘beau par i | |

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