Albert Adès, L' Œuvre Inédite D'octave Mirbeau

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LUEUVRE INEDITE D'OCTAVE MIRBEAU Le mattre écrivain laisse, parmi ta | matiere d’une douzaine de volu- mes, un roman qui comptera au nombre de ses metlleurs. Mirboaw a laissé, en cartons, 1a matiora de dix a donze volumes de conte’, nouvelles, articies Iiftéraires et socianx dont il vemet- fait, sans cesse, 1a. publication & plus tard. lest que ce grand ¢erivain était d'une mo- destie déconcertante et que la guerre avait, aggravée, Le plus sir moyen de le mettre et colere n'était-il pas de Iii adresser des Ievanges ? Aw premier mot, il détousnait 1a les ‘au secoud, if s'empourprait ; au tole sidme, il eviait 7 —"Rais, mon. panvre monsieur, laissez ‘moi done franquille!.. Mes livres, des chels- <“fern’ai jamais pit me défendre d'un cer tain romontisme qui anatare lout ce avs Feerls. La seule ceuvre dont il consentit & perler sans en dite trop de mal élait Un Gentil homme. Ce roman devait compter deax. vo- umes. fl est reslé. malheureusement ina- chevé. Je erois, avec tous ceux qui ont Ju, quon y" frouvera quelquescunes des plas Belles poyes de Mirbeaw- dcuvte? Les avez-vous seulement lus mes Tivres, pour me débiter de pareilles sotlises ? Dare Pintimils meme, Mirbean cherehail 4 justifer son. méeontonfement de lul-méme, in'repétait souvent + "Ce n'est pas in mauvais livre, me dk sait-il, Ce n'est pas aussi manvais que Is Testa. Hl y.a des pages humaines.... Je enois... Je me frompe petl-Ctre Pan EL plus bas ¢ = Je' vous lirai un jour quelques pas- sages. ‘Cette promesse souvent répétée n'a mal- nenreusement pas sé tenue, Depuis, Mmo Mirbeau ma raconlé qu'en écrivant Un Gen- tilkomme il se laissait aller & croire & ser genie el dieait : wou! e'est & soixanle, ans! C'est seule ment soixanle “ans qu'on commence: & orire ! Son écriture élait souple et arrendio, serrée, impeccable. Ts lignes se. suivaient Gtroitement, ne laissant pas la place 4 une sureharge, ct si, un moment, la plume sat yelait, sj une Phrase ou un simple mot déto- hait, Mirbeau jetait la feuille ea Fair ob reeommencait. ‘Au dout dune heure cu devx, Particle Gtail. achevs, La page blanche sélait rem: ple rapidement, eb ‘une seule page de se main constilualt ces articles de deux ou trois colghnes «de journal qui éclatafent, le Tendemain, comme un rire fercené, comune an_eri amour oa comme un-souttlet for- midable. “Minbeuy est mort au milict do la gucise, Al était stopéfait d'avoir sappulé au-des- sous de ce quelles sunt Ia eruanté et la Dilise ematiee, Enenre n'étaitee pas. tant ‘eranmtte que la betise qui le poussait au désespoir. . See hommes ne sont pas méchants, di UNE DES DERNIBRES PHOTOGRAPHIES D’OcTAVE MIRBEAU sait-il, il sont melfaisants.,. malfaisants paree’quils sont betes, iene ‘Et, parfois, quand je lui parlais de layee nin, des progrés moraux et sociaux & rear ser, il me disait tristemnent : — Vous aver, encore des illusions... Pais il me regardait longuement, la bow: che ouverte comme pour ne melédiction, ‘avec un air douloureux et tragique : — Vous ne connaissez pas encore Ia be tise 1... Ia bétise 1... In betise !.., TL sa voix élait rauque, haletante, ot il lovait et abaissait le bras ‘iévreusememy ‘pour évoquer ce myr inébranlabie, ‘Voici plus d'un an que le Mattre est mo! My avait trois ans déja que Ja maladie limi- tail son action a de courtes manifestations. Et c'est un grand malheur pour nous, can autrement, if cut été, dans cette guerre, und woix qui Nous manque. Grave, sage, génévenx, il englobait dans sa pitié’ mtind Getto betise qu'il avait fait semblant de hutr, Il y edt des heures ot il voulut, non pas ja flétrir par le sarcasm mais la convainere par la tendresse. Lisez « Pour sagrandir », un des plus | beaux contes qu'il ail jamaié gcrits, Lisez-le, et vous veriez Is belise, mais une bétise altendris. sante, auouvan'e, snr laquelle on voudrait, pleuer, devant laquelle on voudrait houiller-aiin qu'elle consente-as' ipen, un tout pelil peu, & la lumibre et & 1a joie Alor on comprendra que pour une oeuvre de régéneration sociale comme eclle qu'on poursuil aujourd'hui Mirbea était a cent pieds andessus des intellectuels que nous Vovons garder un si augnste silence, parce Geil clit plein dwn sentient dunt fs sont dépourvus :Tamour de 1 it. ‘lbor! ADES.

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