Elle, fière de son succès, se démène, se trémousse, se dandine, se tortille, essayant de mettre dans ses gestes lâches et tremblés un zeste de provocation grossière. Sa lèvre, qui pend, grimace un sourire, et ses yeux, dont les œillades ont usé et terni l’éclat, promènent sur la foule qui l’entoure un air de triomphe hébété. Et rien n’est mélancolique, comme le spectacle de cette vieillesse dont le fard ne cache plus la lividité, dont le plaisir sans merci fouette les membres meurtris et lassés, et qui va, sautillant comme une sorcière, sans remords et sans pensée, des hontes de la vie aux terreurs vengeresses de la mort éternelle. Et là, tout près, la Seine coule, toute noire, sinistre et muette. Un feu rouge qui danse au vent, au-dessus d’un chaland, amarré de l’autre côté de la rive, tremblote dans ce sombre, et se reflète, comme une tache sanglante, dans cette eau qu’on ne voit pas, mais qu’on devine.
Karol Cytrowski, L'Abbé Jules D'octave Mirbeau en Tant Qu'exemple de L'influence de Fiodor Dostoïevski Sur Le Roman Français de La 2e Moitié Du XIXe Siècle
Lucía Campanella, "Le Journal D'une Femme de Chambre" Et "Puertas Adentro" de Florencio Sánchez: Rencontre Interocéanique de Deux Écrivains Anarchisants