Karol Cytrowski, L'Abbé Jules D'octave Mirbeau en Tant Qu'exemple de L'influence de Fiodor Dostoïevski Sur Le Roman Français de La 2e Moitié Du XIXe Siècle
Lucía Campanella, "Le Journal D'une Femme de Chambre" Et "Puertas Adentro" de Florencio Sánchez: Rencontre Interocéanique de Deux Écrivains Anarchisants
, We
coco" Up epniamnt Ep ‘Bessin
Le Bessin, c'est ce « pays» herbager entre mer et terre, qui entoure la belle cité de
Bayeux, donne le beurre et la créme d’signy, dorlote ses pommiers, préserve la tapisserie
de la reine Mathilde... et a vu naitre un des grands écrivains du xa siecle : Octave Mirbeau.
Des premiers mois tréviérois
Blottie au milien des prairies et des marais, a quinze kilomiétres de Bayeux, proche de a mer, au centre
ddu Bessin, Tréviéres fut la premiére étape de la ve d'Octave Mirheau. Cesten effet dans cete ville
‘quOctave Marie Henri Mirheau voit le jour un 16 févrie 1848. Une preuve iréfutable : la plague qui
commémore cette naissance, apposée sur sa maison natal le 11 septembre 1992, le jour du comice
agricole. Et sila presse parisienne est présente ee jour-l.& Trévies, est, un peu, pour saluer la
miémoire de Mirbeau, et beaucoup pour écouter et applaudir Sacha Guitry, commanditaire de la dite
plague ; Sacha Guiry connaissait et apprécait Octave Mirbeau, que Ton peut dailleurs voir figurer
dans un film de Guitry de 1915: « Ceux de chez nous
‘e beau film, muet dans sa premigre version,
1 auquel Sacha Guitryaajouté des commentaires dans une version de 1939, avait pour but de mon
trer comment travallaient les grands artistes francais de cette époque tristement en guerre. On peut
voir évoluer Auguste Renoir, Edgar Degas, Anatole France, Claude Monet, Auguste Rodin, Camille
| Saint Sans, Octave sirbeau...Sacha Guitrypeaufnera encore son film, pour une version finale, en
1952, dans laquelle il commente depuis son bureau les seénestournées trente-sept ans auparavant
Mais revenons & Octave Mirbeau, dont le pére, Ladislas-Francois Mirbeau, est offcier de santé et
habite industrieuse petite ile de Trévires, en cette année 1848, Trois vies (aneiennement les routes
de Paris, Cherbourg et Sait-Lé) et trois riviéres (la Tortonne, !Aure, et YEsque) justfient amplement
Te nom de cette bourgade prospire, ot foires et marchésattient toute une population ru
rale, Octave ne nat pas li par hasard : son grand-pére maternel, Mare-Antoine
Dubosq, a son étude notarial dans la commune, dont ila ailleurs été leLa Normandie des artistes
rmaire pendant es années 1826 a 1831. C'est dans la vaste maison &fagade blanche de son grand-pare qu’ Oe-
tave voit lejour, et va vivre les dix-huit premiers mois desajeune existence, avant que es parents ne décident
de partir pour Rémalard, dans Orne, en septembre 1849, Cest Ii que réside son grand-pére paternel, qui
cest.-notaire. On passe ainsi d'une étude notarial une autre
Une jeunesse, tourmentée, d’une révolution,
celle de 1848, a une guerre, celle de 1870
Pendant ses premiéresannées, sans douteles plusinsouciantes,
sinon les plus heureuses, i arrive qu'Octave aecompagne son
pire dans ses tournées médicales, qui devaientressembler &
celles que déerit Gustave Flaubert dans Madame Bovary ; le
personnage de Charles Bovary est, lui aussi, oficier de sant
tun grade institué par une loi de 'An XI, et qui sera supprim
‘en 1892, En attendant la disparition de cette profession hono-
rable et rurale, puisgu'on ne peut l'exercer que dans le dépar-
tement oi Ton a obtent Tautorisation, c'est aux e6tés de son
pére Ladislas-Frangois, dans une cartiole tirée par un cheval
‘debonnaire, qu'Octave parcourt Ia eampagne normande, et
pend Ihabitude d'observer ses contemporains.
Puis viennent les années cole, qui ne luilaisseront que des souvenirs de peur, d'angoisse, de soutrances
le petit gargon avide d'espace et de liberté est sans défense par rapport a Tenfermement, aux frustrations,
‘aux interdiction. Iva d’abord chez les soeurs de Education chrétienne ; puis, la rentrée de 1859, Ortave
devient pensionnaire chev les Jésuites, au collége Saint-Frangois-Xavier de Vannes. Iy passe quatre années
enter, ql ne pourra oublier et quil décrta, mais bien plus tard, en 1890, dans Sébastien Roch
En 1864, continue ses études dans une pension de Rennes, et en 1865 il prépare son bacealauréat& Caen,
{la pension Delangl. I! Tui faut trois tentatives pour obtenir son baccalauréat... Sans doute lest pas ts
pressé de rentrer dans la vie qui lai est proposée : il est insert la faculté de droit de Paris, et travail, ou
putt stennuie, dans Tétude de Maitre Robbe, notaie Rémalard. Cest done de 1867 a 1870 qu'il se mor-
fond dans ses études de droit, entre Paris et Rémalard. Le droit n'aura pas plus de sucets avec Ini qu'avec
Flaubert.
1870 voit a mort de sa mére, mais aussi la guerre. 1 est mo
bilisé dans Ia garde mobile de TOrne, (i est lieutenant au 49°
régiment de mobiles) et cette guerre lui inspira, plus tard,
dans Le Calvaire, des phrases terrible, dont cette vocation
s« Ramassis de soldatserrants, de détachements sans chefs, de
volontaires vagabonds, mal équipés, mal nourris, - ef, le plus
souvent, pas nourris du tout, - sans cohésion, sans discipline,
‘’chacun nesongeant qu’ soi, et poussésparun sentiment unique
implacable, de féroce égoisme, celui-i coi d'un bonnet de
police, celuil,la tte entorillée dun foulard, dautresvétus de
antalons artlleurs et de vestes de tringlots, nous allions par
Tes chemins, déguenillés, harassés, farouches.»
Octave Mirbeau n'a que vingt-deux ans, et i est déja dure
rent marqué par Ia violence et la cupidité de a socité dans
laquelle il vit, sans pouvoir, t sans vouloir, sy adapter.
Un écrivain infatigable
Apris la guerre de 1870, il fra un peu tous les métiers:seeré
taire dun députe, journalist chroniqueur, chef de cabinet du
piréfet de TAriége... la liste est longue ! Mais en fait, vee une
patience acharnée il se prépare & son métier déerivain ; tout
Tui est bon: il publie sous des pseudonymes, et travaille méme
comme « négre», produisant nouvelles, contes et romans, so
vent dinspiration pluto... frivole; tout en gagnant sa ve, i
affine sa plume, simtéresse& divers sujets et mileux. Surtout,
i Gerit pour plusieurs joumaux : Le Gaulois, Le Figaro, as
1879 spl L'événement en 1885, oil publie Les Chroniques
du diable ; pus encore la Revue des deux Mondes en 1895
42) Le dossie
En 1887, il épouse Alice Régnault, avee laquelle il eonnaitra une union chaotique, mais somme toute du-
rable, I découvre, dans et par ses lectures, Kropotkine, le socialisme, se rallie tVanarchisme en 1890, devient
dreyfusard en 1897, soutient Emile Zola en 1898, ainsi ailleurs qui Oscar Wilde et Rodin.
‘Cest qu'avec le temps, Mirbeau est devenuiun homme de conviction, qui
pone se défi ainsi: «Je ous, mai, aveualément, et toujours, avec le pauvre
meee s contrelerice, ave ssommé contre assommeut ave le malade conte
Eales In maladie, avec lave contre la mor.» Tl et de tus les combats, d-
fendant inlassablement coux qui lui semblent accablés injustement, que
‘ce soit Ravachol, Maxime Gorki, Oscar Wilde, Félix Fénéon, Rémy de
Gourmont, Camille Clandel, Dreyfus, Zola, et bien d'autres, n’hésitant pas
aller jusque au duel, s'il Testime nécessaire. 1 Tutte aussi bien en paroles
‘qu'en éerits, aussi bien sur le plan politique que sur le plan artistique et
culture, et il devient un critique autant redouté que reconm ; il prendra
par exemple la défense de Van Gogh, de Monet, ou encore de Debussy.
Romaneier, conteur, journaliste, pamphlétaire, au-
teur dramatique, critique d'art, Mirbeau est tout cela,
‘et bien plus encore il est aussi un ami Gclairé et juste,
ainsi qu'en témoigne sa correspondance avec Barbey
aAurevilly, Monet, Rodin, Pissarro, Maeterlinek,
Zola, Tolsto, et tant d'autres qui le croisérent en ce
dixcneuviéme siécle finissant et en ce vingtiéme sitele
commencant,
Das 1913, Mirbeau snquidte de la montée des périls;
‘lest un pacifiste onvaincu, et la guerre de 1914 le bou-
leverse et le désespére. Il ne eesse de plader pour une
réconciliation franco-allemande. Il ne verra pas
de cette triste guerre, puisqu'il meurt le 16 février 1917.
Ihondaton hivernole, 6 Tries.
Une ceuvre puissante
Son eure est multiple elctique; elle va deTarticle au roman, en passant par le odie a nouvelle, ou la
ite de tite.
‘Un rcucl de cones imitulé Letres de ma chaumiére, est sa premie publication, en 1885. 1y dei a
mnistr,Finseniblité ou la ruse du paysan normand face la dificalté et la dureé des lations humaine.
Ses autres cones, pabliés dans divers journa, ot été repris en 1990 sous lettre de Contes Cruel
Suivront trois mans, en grande partie atobiographiqes
= Le Caloire, en 1886, qu eat la vie douloareuse de Jean Mint, face sa passion sans limite et sans
expoirpourJiliette Rous.
Abbé Jules, en 1888, qui met en scene, dans un petit village da Perehe, un prétre brisé par
et Foppresson, tant de tise que del soviet
Sébastien Roch, en 1890, qul déri « e meurtred'uneme denfant » par un suite sueteur et vole.
ces trois romans, i éert des ceuvres que on pourrait qualifier de« déstructurées» en equ'elles ne
touffement
el, en 1893, non publié du vivant de Mirbeau, récit en abyme sur la tragédie de artiste.
des supplices, en 1899, mélange Wartices et de récits, qui dénonce le colonialisme, démysttie
une sorte de caricature grossissante de la condition humaine.
rune femme de chambre, en 1900, écrit sous la forme d'un journal, pour dénoncer les turp
endela bourgeoisie.
dun neurasthénique, en 1901, qui reprend et aecole une cinquantaine de contes.
11907, récit d'un voyage en automobile en Belgique, Hollande et Allemagne.
3, sorte de faree qui met en seéne un chien justicier.
3s oublier les pidees de théétre que Mirbeau. se décide tardivement & Gerire, ear il pensait
jt fait son temps, et n'état pas le meilleur veetcur pour « éveiller es consciences ». La plus,
inement Les affaires sont les affaires, qui met en seéne un parvenu sans serupules, Isidore
Pour ce qui désirent en savor plus sur Octave Mirbea il exist tne excllente biograpie,co-crite par
Pierre Michelet Jean-Frangois Nive: Octave Afirbeau, ITmprécateur cu cour fle.
‘Asuivre également, es « Cahiers Octave Mirbens», dont le miméro 16 vient de paraite.
‘A noter, ax éitions ce Arbre Vengeur, la publication d'un texte de 1899: Les mémoires de mon arnt
8 parsitreen 2010 Les vngt-et-an jours un neurasthénique,
Karol Cytrowski, L'Abbé Jules D'octave Mirbeau en Tant Qu'exemple de L'influence de Fiodor Dostoïevski Sur Le Roman Français de La 2e Moitié Du XIXe Siècle
Lucía Campanella, "Le Journal D'une Femme de Chambre" Et "Puertas Adentro" de Florencio Sánchez: Rencontre Interocéanique de Deux Écrivains Anarchisants