AUTEURS ET CRITIQU E
M. Henri Beeque, aver son grand succes de la
Parisienne, est enfin un auteur arrive. Hier, sur
Je coup de minuil, quelques personnages, cra-
yatés de blanc, ont décidé unapimement quil
avait beaucoup de talent. Cela ne s'est pas fait
sans peine, je vous assure, et M. Becque, avant
cette constatation, @ dt esséyer bien des déboires
et subir bien des mécomptes. Dans le marty-
rologe des artistes méconnus, i] oceupait vrai-
ment une large place. Michel Pauper, [ Enleve-
ment, les Corbeaur, la Navette, avaient passé,
namenant sur les levres des spectateurs et des
critiques que des moues de dédain et des gri-
maces de colére- Chacun avait cru devoir, en ces
occasions, sortir toute la friperie des yieilles
théories de théatre, aussi Vieilles, aussi immuables
que la pétise humaine. Et Dieu sait si l’on daubait
sur le malheureux auteur. Quant a la Parisienne,
il s’en est fallu de peu que personne nen dit
mot. Bile avait effarouché les pudeurs de -la
Comédie-Francaise qui, sans doute, trouvait que
eees a ee ee ae ee
GENS DE THEATRE
la picee wélail pas dassez bonne «
Von comprend les repugnances des s
nailler dans des pa}
peusynr
ture de M. Adbin
Valabregue a celle de M. Emile Bergerat, Sans
Je vouloir, M. Fernand §
»M
amuel a eu Ja main hev-
reuse, efi] a rendu un service 3
Fart. Done, la
lamée hier, et M. Peeque a
« consacrés y, Admirons, eh
Parisienne a été ax
pris rang parmi
ASSé Poy ie.
passant persp2
{
S des directeurs qui, tous,
eruse une comedic qui était un chef-d'@uvre,
el qui vient d’obtenir, sur un théatre de hasard,
avec de mauyais acteurs, un éclatant succes,
Nimaginez pas pour
ont re
‘in lant que la Parisienne soii
Supérieure aux Corbeauz. Ces deux a@uyres soni
dégale force et de puissance égale ; elles sont
toutes deux, filles du méme talent vigoureux i
simple. Seulement, les Corbeaux faisaient pleurer
el la Parisienne fail rire, Il ne faut point chercher,
en un autre sentiment, le succés de cette Bernier
piece et les éloges qu’en a faits la crilique, car on
ne peut raisonnablement admettre que la critique,
abandonnant tout 4 coup les adorations de toute
8a Vie, se soit 6prise sérieusement dune cwuvre
dart. Od irions-nous? Il -y a dans la piéce de
M. Becque un tel talent, une -si admirable sim-
Bee ek eC Rr eA aT
LUTEUS ET CHITIGUES ou
Siti in de anc
se servir 1 ompe-eeil, scamotage
ni du convenn, ni du rire ime
le lettres, que co serail faire injure a ces mes-
sicurs de la critique de préten Ire qwils catadmiré,
en celle pitee, ce qui constituepour eux, lesd
du théatre et ses vices irrémédiables. D'aillo
éserves & leur
ile de voir ot Je }
y 6 bien quelque
et il west pas diff
Un eritigue se rend au th
sinsialle le plus commodément quil peut dans
fauteuil ou dans sa loge et ne demande qu'une
chose, ¢ i digestion s opére tranquillement.
Les secousses violentes sont hostiles a son
| veut les douces émotions qui bercent,
se
estomac }
et les gaictés tempérées qui amusent. Point de
soubresauts dans le rire ni dans Jes larmes: point
de ces phrases qui vous serrent a la gorge, s’en-
foncent comme un stylet dans votre chair et yous
secoucnt le ventre, irrévérencicusement: non. Un
air de romance, qui n’étonne pas par la nou-
veaulé, qui ne force point la digestion a s’arréter,
Vimagination a s’émouvoir, le cerveau a penser,
et vous endort. Voila ce qu il faut. Et puis, le cri-
tique est un étre quia besoin de consolation.
Pour lui, l’art dramatique ne doit avoir qu'un
but : consoler. Il estime la littérature des opé-7 i
10 GENS me THE
retles, comédios et féeries, at
> consola-
fcos sontles
tion qr’ellescom portent. Les |}
pic quid consok I ul pe fent
Resuitiedew: oe ; Hi
S ont pasde ies | Hacure. Quand
e critique ost fatigué des tristesses de Ja vie et de
la besogne inatile, quand son Ame esten proie aux
noires mélaneolies, i] demande une lov
: une Jove. comme
suppliantes, < ieds du Christ, et] i ai
Bibs preds da Christ, elle voila wussitot
isolé par Jes vieux sergents de M xandre
Dumas, Jes ingénieurs de M. Legouv
les aban-
dounés de M. Denne
y et la joune fille qui, depuis
centans, proméne, sur toutes les scénes, ses verlus
radicuses, son amour ir 1é :
es, Son amour immolé, ses dévouements
héroiques et cers 21 Sees n i pee méca-
nique. Ht il pleure délicieusement : thnk suk
Eh bien, le grand défaut de la Parisienne went
qu’il se méle un peu trop d’amertume an re et
que Ja digestion dela critique en est theo tte ‘
¢ est surtout qu'elle ne console pas. Certes, ele
ce cate cemnane toujo es au spec-
ae a de pai eho n cons fallaitil que
de : pas ae durant les trois actes,
6 uls‘arrangeat, au dénouemeant, de fagona
ce quon pateroire que le mari n’avail pas été réel-
lement 'rompé, quee’étaitune bonne farce, et qu’en
réalité, il ne s’étaitrien passé. M. Becque ne pas le
secret de verser le baume des consolations sur le
Hoare ee critique. Sans consolations, on
an i. ent, c est, je crois, unique en l’es-
génie s'il ett quelque peu consolé.
Un suteur dramatique, qui conpall son méuier,
me disait: « Voulez-vous que je vous donne up
sceret infailible pour amadover la critique? Nest
bien simple, et jamais Sardou ne manque deem
t .
placez adroitement un de ces vyieux mots qui
courent Jes rues depuis mille ans et font Ja joie
des épiciers, aux diners de famille ; la critique rit,
est désarmée, applaudit et Jes traits plus ueufs
tion. Mais retenez bien ceci :
passent sans protes
si vous répugnez & rééditer une faree usée, vous
pug >
le génie de Shakespeare sur
e sur Marivaux, Beau-
aurez beau entasser Je
celni de Racine, Molier
marchais sur Labiche, vous serez impitoyable-
ment éreinté.
Au fond que demande Ja critique a un auteur?
De l'amusement, une distraction de quelques
heures et c’est tout. Elle vien! au théitre pour se
son idéal
reposer. Son sacerdoce s/arréte 1a
nest pas autre que celui du public. Elle consi-
“dére un auteur dramatique comme un clown, un
gymnaste, un prestidigitateur, et elle ne réclame
de lui rien de ce que peut donner un artiste. Si
elle a pris un plaisir queleenque 4 une curiosité
de mise en scéne, & un mollet de femme, & une
toilette, tant micux! Si, n’ayant rien entendu, ou
n’ayant rien compris, elle s’est ennuyée, tant pis!
Elle louangera dans le premier cas; elle éreintera
Karol Cytrowski, L'Abbé Jules D'octave Mirbeau en Tant Qu'exemple de L'influence de Fiodor Dostoïevski Sur Le Roman Français de La 2e Moitié Du XIXe Siècle
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