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Chapitre- Conflits et mobilisation sociale Référentiel : classes sociales, rapports sociaux, lutte

des classes

Fiche 1 – Stratification et classes sociales


( Rappel première)

Partie 1 –La stratification sociale

I. Présentation de la stratification sociale

A. une réalité universelle et omniprésente

La stratification sociale correspond à la division d’une société en plusieurs groupes (ou strates ) hiérarchisées :
• Elle est universelle c’est à dire qu’elle est présente dans toutes les sociétés, aussi bien les plus primitives que les plus
modernes, les plus simples que les plus complexes.

• Elle est omniprésente, c’est à dire que la société est traversée de divisions verticales qui peuvent être fondées aussi bien sur
l’âge, que sur le sexe, la parenté, ou encore la richesse matérielle

B. Les caractéristiques de la stratification

La stratification se caractérise par :


• la différenciation : elle est suscitée par la diversité des tâches présente dans la société.
• Une échelle hiérarchique : la société comporte des étages superposés et ordonnés.
• Une structure inégale : les strate ne sont pas seulement différentes , elles sont inégales aussi bien du point de vue du pouvoir
, que du prestige ou de la richesse.
• La mobilité sociale :les inégalités sont plus ou moins enracinées dans la société selon que les individus ont une possibilité
restreinte ou réelle au cours de leur existence (mobilité intra-générationnelle) ou d’une génération à l’autre ( mobilité
intergénérationnelle) de changer de catégorie sociale

C. La stratification, un terme ambigu

La notion de stratification sociale est ambiguë car elle recouvre au moins deux notions en partie contradictoires :

1. Dans un sens large

Elle distingue l’ensemble des systèmes de différenciation sociale basée sur :


• la distribution inégale des ressources et des positions dans une société
• qui engendre la constitution de groupe de droit ou de fait
• qui sont plus ou moins structurés et
• qui entretiennent des relations de subordination, d’exclusion et ou d’exploitation

2. Dans un sens restreint

La notion est réservée aux analyses :


• qui s’opposent aux théories (dont principalement la théorie marxiste qui est visée) qui voient dans les classes sociales des
groupes fondamentaux opposés dont le conflit structure la société.

• c’est à dire à des analyse qui interprètent le corps social comme un ensemble de strates hiérarchisées en fonction de
critères multiples (ex : le revenu, le prestige, etc.), dont la présence est nécessaire à la société (du fait de la spécialisation
des tâches) et qui n’entretiennent pas entre elles des relations dominées par le conflit
II. La stratification sociale dans les sociétés industrielles

A. Comparaison avec les systèmes traditionnels de stratification

• un constat : Comme l’indique l’analyse de E Goblot contrairement aux apparences la révolution française qui
a pourtant institué l’égalité civile n’a pas été jusqu’à imposer l’égalité sociale.
• La conséquence : la division de la société en classe ayant des intérêts opposés na pas disparu : « nous n’avons
plus de castes, nous avons encore des classes.
• La rupture essentielle : la société de castes ou d’ordres est figée et rigide, dans une société de classes les
possibilités de promotion et de mobilité sociales sont beaucoup plus nombreuses.

CASTE ORDRE CLASSE


SYSTEME FERME SYSTEME SEMI-OUVERT SYSTEME OUVERT
-On naît et meurt dans la - Forte viscosité sociale Mobilité sociale
même caste Possibilité de mobilité :
- Pas de mariage inter-caste dérogeance, mésalliance,
achat d’une charge…

EXISTENCE LEGALE EXISTENCE LEGALE EXISTENCE OFFICIEUSE

INEGALITES INEGALITES EGALITE POLITIQUE,


POLITIQUES ET POLITIQUES ET INEGALITES SOCIALES
SOCIALES SOCIALES
(privilèges, prestiges…)

Pour plus de développement sur


- Les castes : ici
- Les ordres : ici

Un article d’E.Duflot sur la persistance des castes en Inde : L'Inde dans le ghetto des castes - Libération

Un diaporama sur la société d’ordres : ici

B. Les classes sociales

1. Historique

Le concept de classe sociale est daté historiquement, il apparaît au 18 ème siècle dans un contexte bien déterminé :

- une évolution des idées politiques et sociales :


• remise en cause du principe de l’inégalité des droits
• une multiplication des conflits sociaux

- des bouleversements économiques : en particulier une série de révolutions agricoles,, industrielles, etc.

2. Définition

La classe se différencie de la caste ou de l’ordre car :


• elle n’est pas institutionnalisée : il n’apparaît pas de reconnaissance légale de la stratification en classe de la société
après la destruction de la société d’ordres
• elle se développe dans un contexte d’égalité de droits issu de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen ( art
1 : les hommes naissent libres et égaux en droits)qui fait que les classes ne sont pas figées et étanches comme pouvaient
l’être les castes et dans une moindre mesure les ordres.

On peut alors proposer deux définitions du terme classe :


• une définition nominaliste : une classe est une collection d’individus présentant des
caractéristiques semblables (du point de vue de nombreux indicateurs comme la
profession, le niveau d’études, le revenu, etc.)qui n’ont pas conscience d’appartenir à
une entité mobilisée.
• Une définition réaliste : une classe correspond à un ensemble d’individus qui ont
conscience d’appartenir à une
collectivité et qui ont des intérêts communs à défendre pouvant les opposer à d’autres
classes.

3. Distinction classes sociales/PCS

Attention il ne faut pas confondre les notions de classes sociales et de CSP ou PCS :
PCS CLASSES SOCIALES
(Professions et catégories socio-
professionnelles)

BUT - Classer les personnes pour que toutes - Saisir les évolutions de la société
le soient de façon univoque - Tous les individus ne sont pas classés
=> classement exhaustif
- Production de catégories homogènes

PRINCIPES DE - Discours statistique - Discours théorique, conceptuel


DEFINITION - Classement selon le critère - Classement selon les moyens de production détenus,
« Profession » le pouvoir…

CARACTERISTIQUES DE - Définition absolue (on peut définir - Définition relationnelle (on définit au moins deux
LA DEFINITION isolément une catégorie) classes en opposition)
- Repose sur la réponse des individus - Repose sur l’analyse d’un processus d’ensemble

- Découpage arbitraire entre PCS - L’appartenance à une classe n’est pas


PROBLEMES - Homogénéité problématique des immédiatement définissable
catégories - La question des effectifs d’une classe ne fait pas
sens

Partie 2 – Les analyses théoriques de la stratification sociale


Source : L Chauvel,in http://louis.chauvel.free.fr

I. L’analyse marxiste des classes

A. La vision marxiste de l’histoire

K Marx est le grand d théoricien de la définition réaliste de la classe il développe une sociologie :
- déterministe et holiste : c’est à dire qu’il pose que les individus ne sont pas les acteurs de leur
destin mais qu’ils sont le jouet de structures économiques et sociales qui leur échappent : « Dans la
production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires
indépendants de leur volonté (…). ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur
existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience »

- matérialiste de l’histoire : les hommes sont déterminés par :


• les forces productives, c’est à dire par les moyens de production
( l’infrastructure économique) qui sont mis en œuvre à une époque donnée
(exemple : le moulin à vent qui à la fin du 18 ème siècle a subi la concurrence de
la machine à vapeur)
• Déterminent les modes de production qui sont la combinaison des forces
productives et des rapports de production. Marx en a distingué 4 : les modes de
production féodal, antique, féodal et capitaliste
• les rapports de production sont les rapports de propriété des moyens de
production ( machines, usines, etc.) qui permettent de définir les classes sociales
selon la place qu’elles occupent par rapport à la propriété des moyens de
production

Pour en savoir plus : ici

• On peut alors en conclure que Marx a une vision matérialiste de l’histoire car
l’infrastructure matérielle conditionne la superstructure idéelle c’est à dire le
processus de la vie sociale, intellectuelle et politique ( par exemple les modes de
pensées, les valeurs religieuses, les idées artistiques.

- Finaliste ou téléologique : selon Marx :


• les différents modes de production se succèdent inéluctablement est sont donc
condamnés à disparaître quand les forces productives qui leur avaient donné naissance
sont concurrencées par de nouveaux moyens de production plus performants .
• Ainsi quand apparaît la machine à vapeur qui rend obsolète le moulin à vent et la
traction animale, le mode de production féodal qui était adapté aux anciennes conditions
techniques devient inadéquat et doit être dépassé.
• S’ouvre alors, selon Marx, une série de révolutions économiques, sociales et politiques
qui vont conduire à la destruction du mode de production féodal et à son remplacement
par le mode de production capitaliste qui devient provisoirement (mais provisoirement
seulement ) le plus efficace.

FORCES PRODUCTIVES MODES DE PRODUCTION RAPPORTS DE PRODUCTION


Force musculaire Mode de production asiatique Sociétés quasi esclavagistes dans
lesquelles la population est
subordonnée à un Etat,
relativement développé, centralisé
et fort
Force musculaire Mode de production antique Caractérisés par l’esclavage
Moulin à vent Mode de production féodal Sont définis par le servage, la
société étant divisés en deux
camps antagonistes :serfs et
seigneurs
Machine à vapeur Mode de production capitaliste Caractérisés par l’apparition du
salariat et l’antagonisme entre la
bourgeoisie et le prolétariat

B. Une remise en cause de l’égalité formelle des sociétés bourgeoises

Marx s’oppose aux théoriciens libéraux :

- l’égalité formelle selon les théoriciens libéraux :


• Selon les juristes, après la révolution française tous les hommes naissent
libres et égaux en droit donc il n’existe plus légalement de stratification
sociale, seules subsistent des différences de capacité individuelles.
• Les libéraux sont alors partisans de l’égalité méritocratique qui postule que
chacun doit être rétribué en fonction des ses capacité et apports . Il serait injuste
(inéquitable) que celui qui ne fait rien reçoive autant que l’individu très méritant qui par
son travail crée des richesses bénéfiques à l’ensemble de la société (cf. la main invisible
de Smith au chapitre suivant). L’égalité méritocratique peut donc très bien
s’accommoder d’une société dans laquelle la répartition des richesses est très
inégalitaire, dés lors qu’au départ était respecté l’égalité des chances.

- L’égalité réelle selon Marx:


• Marx conteste cette vision juridique et formelle qui repose uniquement sur
l’égalité des droits et ne prend pas en compte la situation réelle dans laquelle
se trouve les individus : ainsi si formellement du point de vue des droits ouvriers et
bourgeois sont égaux, les conditions économiques dans lesquelles ils se trouvent sont
tellement différentes qu’on ne peut postuler qu’un fils d’ouvrier et un fils de bourgeois
sont égaux.
• Marx est alors conduit à critiquer la vision contractualiste développée par les libéraux :
 Selon les libéraux :
 avant la révolution française les individus n’ayant pas en fonction de
leur naissance les mêmes droits , une économie libre de marché ne
pouvait pas se développer : les paysans n’étant pas juridiquement
égaux aux nobles ils ne pouvaient signer avec eux un contrat qui
présuppose l’égalité.
 Au contraire avec la révolution française les hommes devenant libres
et égaux en droit, chacun d’eux peut échanger sur un marché un bien
ou un service :
 l’ouvrier qui a une force de travail mais pas de capital pour la
mettre en œuvre va offrir son travail contre un salaire,
 le bourgeois qui possède un capital mais a besoin de travail va
demander du travail.
 l’offre et la demande vont se rencontrer sur le marché,
confronter leurs positions et se mettre d’accord sur un salaire
pour un nombre donné d’heures de travail. Puisque les deux
échangistes sont égaux, s’ils signent un contrat c’est qu’ils y
trouvent tous deux leur intérêt (ce sont des homo oeconomicus)
les deux partenaires sont donc gagnants à l’échange. Le
bourgeois ne peut dans une économie de marché exploiter
l’ouvrier.

 Marx conteste ce point de vue : selon lui ouvriers et bourgeois ne sont que
formellement égaux :
 # L’ouvrier qui ne dispose que de sa force de travail pour survivre doit
absolument travailler quelque soient les conditions qui lui sont
proposées .
 Au contraire le bourgeois qui dispose d’un capital peut, grâce à son
épargne, vivre sans que ses usines tournent.
 L’ouvrier est donc obligé d’accepter les conditions qui lui sont
imposées par le bourgeois,. Marx écrit : « le rapport officiel entre le
capitaliste et le salarié est d’un caractère purement mercantile. Si le
premier joue le rôle du maître et le dernier le rôle du serviteur. C’est
grâce à un contrat par lequel celui ci s’est non seulement mis au
service, et partant, sous la dépendance de celui là, mais par lequel il a
renoncé à tout titre de propriété sur son propre produit . Mais pourquoi
le salarié accepte t’il ce marché ? Parce qu’il ne possède rien que sa
force personnelle »

CONCLUSION : Selon Marx si les capitalistes peuvent exploiter le prolétariat , bien que
bourgeois et ouvriers soient formellement égaux, c’est parce que les premiers ont le
monopole des moyens de production , alors que les seconds n’ont que leur force de travail

C. La conséquence : l’exploitation du prolétariat

Grâce au monopole qu’ils ont sur les moyens de production les capitalistes vont fixer selon leurs intérêt
les salaires :
- ils ont réduit le travail au statut de marchandise, et comme toute marchandise le travail
a un prix : le salaire (le prix du travail) va être fixé au minimum assurant la reproduction
de la force de travail c’est à dire qu’il doit permettre :
• à l’ouvrier d’entretenir sa force de travail (sinon il devient inefficace) et
• d’assurer sa descendance (ses enfants prenant sa place quand ils sont devenus
adultes).

- Mais selon Marx :


• le travail est la seule source de création de richesse , le capital ne crée pas de
richesse (il ne fait que transmettre sa valeur aux produits au fur et à mesure qu’il s’use),
• dés lors que le travail atteint un niveau d’efficacité de productivité suffisant il crée plus
de richesse qu’il n’en faut pour couvrir les frais d’entretien et de reproduction du
travailleur : la différence entre la valeur produite par la force de travail et ses
propres frais d’entretien couverts par le salaire constitue la plus-value qui est
extorquée par les détenteurs des moyens de production (c’est à dire les
capitalistes) au prolétariat.
• Marx peut alors en conclure que malgré les apparences le travailleur , en dépit
de sa liberté formelle est aussi exploité que l’étaient ses ancêtres serfs et
esclaves, car comme eux la majeure partie des richesses qu’il a créé par son
travail est confisquée par ses maîtres.

D. La lutte des classes ( 6 p 376 )

Pour l’analyse de Marx considérant qu’au XIX° siècle les paysans français ne sont pas une classe : ici

Marx décompose le processus de constitution de la classe ouvrière en trois temps :


• Dans un premier temps pas de prise de conscience de classe, la classe
ouvrière n’existe pas : Marx écrit : « Dans un premier temps la grande industrie
agglomère dans un seul endroit une foule de gens inconnus les uns aux autres, la
concurrence les divise d’intérêt » . Durant cette phase les ouvriers ne constituent pas
encore une classe , ils n’ont rien de commun , au contraire leurs intérêts leurs semblent
antagonistes : chacun accepte de travailler pour un salaire plus réduit que son voisin afin
d’obtenir l’emploi.
• Dans un second temps se développe la classe en soi c’est à dire que les
ouvriers se mobilisent face au capital mais n’existe pas en dehors de cette
lutte :« Marx explique ainsi que dans un second temps : « le maintien du salaire, cet
intérêt commun qu’ils ont contre leur maître les réunit dans une même pensée de
résistance. Ainsi la coalition a toujours un double but. Celui de faire cesser entre eux la
concurrence , pour faire une concurrence générale au capitaliste »
• Dans un troisième temps se constitue la classe pour soi : c’est à dire que
désormais les ouvriers ne luttent plus seulement contre les capitalistes dans le cadre de
la société capitaliste, , ils développent un projet alternatif de société qui vise à détruire la
société capitaliste et à faire apparaître après la révolution une nouvelle société.

Marx considère en effet que la lutte des classes est une caractéristique structurelle de toutes
les sociétés. : il écrit dans le manifeste du parti communiste : « l’histoire des sociétés n’a été que
l’histoire des luttes des classes : hommes libres et esclaves, patriciens et plébéiens, barons et serfs,
maîtres de jurandes et compagnons, en un mot, oppresseurs et opprimés, en opposition constante ont
mené une lutte ininterrompue, tantôt ouverte tantôt dissimulée ; une guerre qui toujours finissait par
une transformation révolutionnaire de la sociététout entière ou par la destruction des deux classes en
lutte . »
La question est alors de savoir si :
• comme l’affirme les libéraux , avec la révolution française, avec la destruction du
mode de production féodale est apparue une nouvelle ère de prospérité, d’égalité dans
laquelle la lutte des classes ne serait plus nécessaire .
• Marx rétorque que « la société bourgeoise moderne élevée sur les ruines de la
féodalité, n’a pas aboli les antagonismes de classe. Elle n’a fait que substituer aux
anciennes de nouvelles classes, de nouvelles conditions d’oppression, de nouvelles
formes de luttes »
• Par contre le mode de production capitaliste a introduit une simplification des
antagonismes de classe. En effet dans la société féodale il existait une pluralité de
classes (les serfs, les compagnons , les maîtres de jurandes , les seigneurs, etc.) alors
que dans le mode de production capitaliste on va vers une bipolarisation de la
lutte : « « la société se divise de plus en plus en deux grands camps opposés, en deux
classes ennemies, la bourgeoisie et le prolétariat ». Il poursuit « de toutes les classes
actuellement adversaires de la bourgeoisie, le prolétariat est la seule classe vraiment
révolutionnaire, les autres classes se désagrègent et disparaissent par le fait de la
grande industrie : le prolétariat au contraire est son produit particulier »
• Mais en renforçant l’exploitation du prolétariat, afin de compenser la chute des taux de
profit (tendance structurelle du mode de production capitaliste selon Marx), la
bourgeoisie accélère la prise de conscience de la classe ouvrière, renforce ses capacités
de luttes et ainsi : « la bourgeoisie produit avant tout ses propres fossoyeurs. Sa chute et
le triomphe du prolétariat sont inévitables ».

Un diaporama d’HEC Montréal : Présentation PowerPoint


Un article de L.Chauvel : " La société française en débat "
II. L’analyse de Max Weber

Max Weber à une vision de la stratification sociale très différente de celle de Marx :

- Tout d’abord il conteste la vision strictement matérialiste et déterministe de Marx.


Weber qui est un théoricien subjectiviste considère contrairement à Marx, que ceux sont les
hommes qui consciemment , tout en ayant une rationalité limitée, qui sont les acteurs de l’histoire .
Donc en aucun cas on ne peut les assimiler à des pâtes à modeler déterminés par des forces
productives échappant à leur conscience.

- Deuxièmement , Weber rejette les conceptions téléologiques ou finalistes telles celles


de Marx. Il considère que rien n’est jamais écrit à l’avance et que le futur est indéterminé. Il fait
donc à Marx le reproche d’avoir pris ses désirs pour la réalité et de ne pas avoir fait preuve de la
neutralité axiologique nécessaire à tout théoricien

- Troisièmement, si Weber ne conteste pas l’existence de classe sociale :


 il en a une vision très différente de celle de Marx :
• puisqu’il définit la classe comme l’ensemble des individus qui ont en commun telle ou
telle situation , sans se soucier de savoir s’ils sont par-là véritablement unis. Les
membres d’une classe n’ont donc pas forcément une conscience de classe et
ne sont pas forcément mobilisés dans la lutte (qui est quasiment inéluctable dans
l’analyse de Marx).
• Cela n’empêche pas Weber de considérer que des luttes entre classes sont
toujours possibles, mais là aussi il se différencie de Marx :
 chez Marx c’est la lutte qui fait prendre aux individus
conscience des intérêts qu’ils ont en commun, la lutte est
donc un pré-recquis.
 Au contraire dans l’analyse de Weber c’est parce qu’ils
ont des intérêts communs et qu’ils en ont pris conscience que
les individus luttent. que les individus luttent : la conscience
de classe précède la lutte.
 De plus et contrairement à Marx, Weber considère que les
acteurs en lutte et les formes du conflit évoluent avec les
transformations économiques : rien n’assure donc selon Weber
que le prolétariat et la bourgeoisie demeurent dans le futur les
acteurs centraux de la lutte, de nouveaux acteurs peuvent
apparaître (ex : les classes moyennes).
 Enfin selon Weber :
• il existe dans toute société trois sortes de hiérarchies qui correspondent
respectivement à l’ordre économique, à l’ordre social et à l’ordre politique. Il y a certes
des rapports possibles entre les trois hiérarchies, mais elles ne sont pas toujours liées
entre elles de façon nécessaire
• Au contraire dans l’analyse de Marx la bourgeoisie occupant une position dominante
dans la sphère économique va obligatoirement dominée dans les sphères sociales et
politiques

III. Les analyses empiriques américaines : les classes vues comme strates

Méthode mise en œuvre : Warner est un sociologue américain qui a essayé de décrire la
stratification de la société américaine en s’installant dans différentes petites villes qu’il a
observé en adoptant une démarche d’ethnologue .

Conclusion : Warner après avoir longuement examiné la vie de ces cités en arrive à la
conclusion qu’ :
• il existe bien des classes sociales aux Etats-Unis.
• Mais il en donne une définition très différente de celle de Marx : « par classe, on
doit entendre deux ou plusieurs ordres de personnes qui sont supposés être et
qui sont effectivement rangés, d’un commun accord par les membres de la
communauté dans des positions socialement supérieurs ou inférieures »

Conséquence : Warner s’oppose donc à l’analyse marxiste sur de nombreux points :


• Warner considère que la dimension économique ne doit certes pas être négligé,
mais que le critère essentiel à prendre en compte est d’ordre social, statutaire :
c’est le degré de prestige et de reconnaissance qui permet de classer les
individus.
• Warner considère que les différentes classes sociales présentes aux Etats-Unis
ne sont pas structurellement en conflit, qu’au contraire elles sont
complémentaires et s’articulent pour le bien de tous. Donc que la conception
marxiste des classes n’est pas adapté au contexte américain .
Warner adopte une démarche subjectiviste puisqu' il essaye de déterminer le prestige de
chaque individu en interrogeant ses concitoyens.
Warner établi alors l’échelle suivante :

CLASSES IDENTIFICATION CARACTERISTIQUES

UPPER-UPPER ARISTOCRATIE SOCIALE High WASP. Milieu fermé.


CLASS
1,44 %
LOWER-UPPER MILIEUX SUPERIEURS Imitation de la Upper Class
CLASS FORTUNES
1,56 %
UPPER- CLASSE MOYENNE AISEE Actifs dans la cité, responsabilités sociales.
MIDDLE
10,22 %
LOWER- PETITE BOURGEOISIE Moralité affichée, désir de réussite sociale.
MIDDLE
23,12 %
UPPER-LOWER CLASSE INFERIEURE Honnête, aisance modeste.
32,6 % « HONNETE »

LOWER- POPULATION A STATUT Déclassés, habitat dégradé.


LOWER PRECAIRE
25,2 %
Ce qui donne une représentation de la société sous la forme :

Pour la relativisation de la démarche : ici

Un diaporama de J.Dornbush présentant l’analyse de Warner : II. L'approche empirique de Warner

Un diaporama résumant la fiche : ici

Pour la présentation de la stratification et des classes sociales, Le texte du professeur Stavenhagen au format
PDF (Acrobat Reader) à télécharger (

Un article des Cahiers français Groupes sociaux ou classes sociales ?

Un diaporama de L1 d’AES ici

Des articles de Sciences humaines : Les classes moyennes de Xavier Molénat


Quel avenir pour les classes moyennes ?Propos recueillis par Marc
Endeweld
Les nouveaux clivages de la société française Xavier Molénat
Chapitre- Conflits et mobilisation sociale Référentiel : lutte des classes

Fiche 2 –Définition et analyse du conflit

Introduction : 2 conceptions antagonistes du conflit

Comme l’indique R.Aron dans « la société américaine et sa sociologie » :


• les sociologues américains ont comme objectif central l’adaptation de l’individu à son milieu. Ils ont donc tendance à
considérer que toute insatisfaction, toute révolte contre le milieu est un phénomène pathologique. Pour l’Américain, l’état
normal correspond à l’intégration de l’individu dans le groupe.
• Au contraire, le Français pense, selon Aron, que pour être bien né, il faut être révolté. Ceci relève donc d’une autre
conception du conflit, beaucoup plus positive qui considère que dans le conflit la société s’exprime et évolue.
Partie 1- La notion de conflit social

Plusieurs éléments généraux permettent caractériser le conflit.

I. L’antagonisme et l’interdépendance des acteurs sociaux


Le conflit social nécessite deux conditions apparemment opposées mais qui sont en réalité complémentaires :
• le conflit est une relation d’opposition entre au moins deux acteurs sociaux ( classes sociales, syndicats, classes
d’âge,...). Le conflit n’est donc jamais solitaire. Ces deux acteurs entrent en lutte, cherchent à l’emporter l’un sur l’autre
afin de dominer le champ social de leur rapport.
• mais en même temps, pour qu’il y ait conflit social, il faut que les acteurs sociaux soient interdépendants et
appartiennent au même système social. Ils ne luttent pas seulement l’un contre l’autre ; ils luttent parce qu’ils ont des
conceptions opposées sur le fonctionnement de la société. Quand ils luttent, ils entrent donc dans un jeu qui les lient.

II. Le conflit, une lutte pour la domination et le pouvoir


Comme l’indique Alain Touraine :
• le conflit ne peut être assimilé seulement à la tension qui existe entre les acteurs sociaux pour la possession de biens.
• Il a une dimension plus fondamentale ; le conflit suppose une remise en cause du pouvoir de domination qu’exerce un
acteur social sur un autre acteur social.

J.Padioleau peut alors en conclure que le conflit correspond :


• à une remise en cause de la légitimité dont dispose les institutions ou les autorités.
• Ainsi, par exemple, le risque d’un conflit est d’autant plus fort que les acteurs sociaux observent que la circulation des
élites dirigeantes est insuffisante (cf. ; critique de la thèse de Pareto dans le chapitre précédent); ce qui génère des
sentiments de frustration et d’injustice qui amènent des individus à remettre en cause les mécanismes de distribution du
pouvoir

III. Le conflit à l’origine du changement social


Même dans les cas où le conflit semble répondre à des revendications purement économiques (hausse des salaires), cette
dimension n’est jamais suffisante pour comprendre le conflit. En effet, même dans ce cas-là, ce sont deux conceptions
antagonistes du développement économique et social qui s’opposent, donc deux visions du monde alternatives :
• Le conflit n’a pas seulement pour but de remettre en cause une forme de domination, de détruire une société que l’on refuse
• il se caractérise toujours une seconde dimension : proposer un autre modèle de développement.
• Le conflit n’est donc pas seulement destructeur et pathologique, il est à l’origine du changement social et donc de
l’évolution de la société.

IV. Le conflit est intégrateur


Le conflit va créer du lien social entre les individus qui vont intégrer un des deux groupes en opposition.

Pour un exemple : ici

Un diaporama de C.Thuderoz : Sociologie du conflit et de la négociation sociale

Un article de Sciences humaines : Du côté des cheminots : la grève identitaire

Partie 2- Les théories sociologiques du conflit

I. Les analyses interactionnistes du conflit : l’analyse de Max Weber : le conflit, agent de


socialisation
Pour la théorie de Simmel, fondateur de la théorie du conflit : ici
Weber considère que :
• le conflit est caractéristique de toutes les sociétés car il naît de l’inévitable sélection
sociale qui répartit inégalement les richesses, les honneurs, les droits dans la société :
Weber ne présuppose donc pas une société consensuelle

• Cette sélection sociale va être à l’origine d’une opposition entre les différents acteurs
sociaux sur :
- le fonctionnement de la société, sur les buts qu’elle recherche,
- sur la justesse et donc la légitimité des inégalités qui la caractérisent

• Dans l’analyse du conflit opérée par Weber :


- les adversaires participent à la même société,
- mais chacun veut imposer sa vision du monde social parce que de son point de
vue elle lui paraît plus juste.

II. Le conflit dans la sociologie durkheimienne

A. Durkheim contrairement aux théoriciens du consensus :

• ne considère pas que le conflit soit la preuve d’une pathologie sociale. Bien au contraire selon lui,
le conflit est, comme le crime, un phénomène normal dans la société.
• Il lui paraît donc illusoire d’espérer une disparition du conflit et l’avènement d’une société
consensuelle. En particulier, il ne croit pas que la croissance et le développement économique se
produisant dans une économie de marché assureront la suppression du conflit.

B. Mais Durkheim, contrairement à Marx :

• ne considère pas que le développement et la multiplication des situations conflictuelles,


débouchant sur une révolution économique soit souhaitable.
• Selon Durkheim, la multiplication des conflits traduit l’apparition d’une situation d’anomie
conjoncturelle, c’est à dire d’une remise en cause provisoire des règles et des valeurs fondant et
structurant une société qui évolue.
• C’est en particulier la situation qu’il observe en France à la fin du 19 ème siècle où,
l’industrialisation déstabilise l’ancienne société et laisse les individus déboussolés.

Durkheim préconise alors :


• une intervention de l’Etat
• ou l’apparition de corporations qui, en instaurant des réglementations, permettront de
prévenir un développement des conflits qui ne peut-être que déstabilisateur.

III. Le conflit au centre du changement social dans la pensée de Karl Marx


Introduction

Comme le notent H Mendras et M Forse, Marx est à l’origine de 4 idées fondamentales pour une
sociologie du conflit :
• le conflit de classe n’est pas un épiphénomène mais un trait structurel de la société , il
est inhérent à sa nature et à son fonctionnement. Toute société est donc caractérisée par la
permanence des conflits.
• le conflit ne met jamais en présence que deux groupes ; en effet, dans une société, tout
conflit d’intérêt se ramène toujours à l’opposition entre ceux qui désirent le changement et ceux
qui ont intérêt au maintien du statu quo
• Marx a vu dans les conflits le moteur principal des changements sociaux.
• Marx est un des premiers à s’être intéressé aux facteurs endogènes qui expliquent le
changement social. Il considère que toute société produit elle-même les éléments qui vont
produire sa propre transformation. Ainsi, l’analyse de la lutte des classes explique le changement
par les contradictions structurales des sociétés et non par l’intervention d’un quelconque deus ex
machina.

A. La lutte des classes au centre de l’histoire ( 8 p 377)


Selon Marx l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’est que l’histoire de la lutte des
classes. Cette lutte qui dans tous les modes de production s’est caractérisée par l’opposition entre les
deux classes fondamentales conduit soit à une transformation révolutionnaire de la société toute
entière, soit à la disparition des deux classes en lutte :
• Le premier cas est celui de la lutte qui a opposé la bourgeoisie et la noblesse dans la société
féodale et qui a conduit à l’effondrement du mode de production féodal et à l’instauration du
mode de production capitaliste.
• Mais celui ci n’a pas fait disparaître l’exploitation, l’antagonisme de classe , il n’a fait que le
transformer .
Pour Marx, les classes naissent de la lutte des classes.

Pour l’exemple de la classe ouvrière ici


1. Forces productives et rapport de production ( 9 p 377)

Définitions : Chaque société peut se caractériser à un moment donné par son mode de
production qui désigne la combinaison de deux éléments :
• les forces productives qui regroupent les instruments de production: la force de
travail, les sciences et les techniques en vigueur, l’organisation du travail .
• les rapports de production qui correspondent eux au rapport de propriété des moyens
de production (machines, usines) et permettent de donner une définition des classes
sociales selon la place qu’elles occupent par rapport à la propriété de ces moyens.

Pour les différents modes de production qui se sont succédés au cours de l’histoire : ici

2. Les explications de la succession des modes de production

Selon Marx, le mouvement de l’histoire s’explique par les contradictions entre les forces productives et
les rapports de production :
• Dans chaque mode de production, les forces productives représentent un élément dynamique
comme le montre l’histoire des inventions, le progrès de la division du travail, etc.
• Par contre, les rapports de production sont en revanche relativement stables et immuables. Il
arrive alors un moment où ils entravent le développement des forces productives.

L’exemple du passage du mode de production féodal au mode de production capitaliste :


• la naissance de l ‘industrie moderne avec les manufactures et le développement de l’économie
marchande sont venues buter sur les rapports de production figés (division de la société en
ordres, corporation qui entravent la liberté du commerce et du travail ).
• Marx en conclut que « les conditions féodales de la propriété ne correspondaient plus aux forces
productives déjà développées. Elles se transformaient en autant de chaînes. Il fallut les briser ;
elles furent briser ».

3. La disparition du mode de production capitaliste

R Aron considère donc que :


• le mode de production capitaliste ne diffère donc pas de ceux qui l’ont précédé, excepté sur un
point : il révolutionne en permanence les forces productives alors que la première condition
d’existence de tous les autres modes de production était de conserver le mode de production
inchangé.
• Mais excepté cette différence essentielle on peut considérer que les raisons du passage d’un
mode de production à l’autre sont les mêmes.

Conséquences : Il en sera de même pour la disparition du mode de production capitaliste et le


passage à la société socialiste :
• Comme l’indique Aron : « la bourgeoisie crée sans cesse des moyens de production plus
puissants. Mais, les rapports de production c’est à dire à la fois les rapports de propriété et la
répartition des revenus ne se transforment pas au même rythme ».
• La tendance à l’accumulation du capital bute donc sur une première contrainte qui est la baisse
tendancielle des taux de profit Définition : taux de profit = pl
C+V
* Selon Marx seul le capital variable qui correspond au salaire que reçoit le travailleur crée de la
valeur, le capital constant (machines, matières premières) ne fait que transmettre sa valeur sans
rien ajouter. Or les capitalistes qui se livrent une concurrence effrénée sont obligés pour ne pas
faire faillite d’être compétitifs et de remplacer le capital variable par le capital constant . Ce qui
correspond à une augmentation de la composition organique du capital
Définition : la composition organique du capital capital constant = C.
capital variable V

• La contrepartie de cette augmentation va être une chute du taux de profit : en effet à mesure que
le capital variable diminue relativement au capital constant la plus value( pl ) que le capitaliste
extorque aux travailleurs , c’est à dire la partie du travail non payée que s’approprie la capitaliste
ne suffit plus à compenser le coût du capital qui s’accroît .
• Le capitaliste ne peut trouver de solution que dans une augmentation de l’exploitation c’est à dire
dans une hausse du taux de plus value ou du taux d’exploitation :

Définition : taux de plus-value= pl


V

Pour la transformation du taux de profit : ici

Conclusion :
• constate à partir de ce rapport qu’en augmentant la composition organique du capital (le
dénominateur) le capitaliste ne peut maintenir le rapport (le taux de profit) qu’en élevant le taux
d’exploitation .
• Mais alors cela va être à l’origine selon Marx d’une deuxième forme de contradiction : les ouvriers
se rendant compte qu’ils sont exploités vont se constituer en classe sociale afin de prendre le
pouvoir.

B. Vers la révolution prolétarienne

Postulat : Marx considère que la disparition du mode de production capitaliste est inéluctable :
• Il est pris dans ses contradictions internes : principalement la baisse du taux de profit, qu’il essaye
de résorber en élevant le taux d’exploitation
• Mais alors il se heurte à une seconde limite historique : la constitution de la classe ouvrière dans
la lutte, sa prise de conscience qui va conduire à une révolution amenant la fin du mode de
production capitaliste .

Conséquences : La nouvelle société qui apparaîtra alors présentera deux caractéristiques essentielles
:

1. La fin de l’aliénation par le travail

L’aliénation par le travail est caractéristique de la société capitaliste. En effet comme le note R Aron
dans le mode de production capitaliste les hommes sont aliénés et la racine de l’aliénation est
économique (on retrouve le matérialisme historique) .Le travailleur est dépossédé du fruit de son
travail et n’en voit plus la finalité

Pour en savoir plus :ici

2. La disparition des antagonismes de classe

Selon Marx :
• La révolution prolétarienne amènera la fin du mode de production capitaliste sous l’égide de la
classe ouvrière, comme la révolution bourgeoise a entraîné la disparition du mode de production
féodal.
• Mais il existe une différence notable entre les deux, contrairement à la bourgeoisie, la classe
ouvrière ne va pas confisquer la révolution, elle va abolir les classes en général.

Conséquence : L’Etat, au service de la classe bourgeoise, va alors disparaître, l’ancienne société va


« laisser la place à une association où le libre épanouissement de chacun est la condition du libre
épanouissement de tous ».
C. Les limites de l’analyse de Marx

On retiendra trois limites essentielles :

• première est due à R Aron qui considère qu’ :


- on ne peut plus parler d’antagonismes liés à la propriété privée dans la société socialiste
puisque la propriété privée a disparu.
- Mais ceci n’empêche pas qu’il existe des hommes qui exercent le pouvoir sur les masses
populaires ce qui peut générer de nouveaux types d’antagonisme (cf. en URSS l’opposition
entre la nomenklatura et le reste de la population) .
- Aron en conclut donc : « il n’y a pas de raison que tous les intérêts des membres d’une
collectivité soient en harmonie du jour où les instruments cessent d’être l’objet
d’appropriation individuelle. Un type d’antagonisme disparaît , non tous les antagonismes
possibles ».

• Comme l’indique Mendras et Forse : « la théorie marxiste implique que :


- le changement structural a toujours, et nécessairement, un caractère révolutionnaire. (...).
- Cela revient à considérer les structures sociales entre deux révolutions comme des entités
fondamentalement statiques.
- Certes Marx parle de loi de développement du capitalisme, mais cette dynamique n’est en
fait que celle du développement d’un organisme, l’épanouissement progressif d’un
organisme en son image préexistante. il n’y a de transformation que révolutionnaire .
- Cette idée ne résiste pas à l’épreuve des faits » .
- Conclusion : Marx a sous estimé les capacités d’adaptation du capitalisme qui depuis le
19ème siècle a connu une évolution structurelle très profonde sans révolution qui lui a
sans doute permis d’éviter la grande crise prophétisée par Marx..

• Marx considère que le conflit de classes est nécessairement ouvert, aigu et violent .
Or :
- Mendras et Forsé constatent que : « les données empiriques conduisent au contraire à
penser qu’il ne prend que rarement la forme d’une guerre civile.
- Les changements structuraux qui ont affecté les sociétés occidentales depuis le 19ème
siècle ont abouti à l’institutionnalisation du conflit de classes, si bien qu’une classe
opprimée peut obtenir par la discussion et la négociation des changements de structure ».

IV. Les théories contemporaines du conflit

A. L’analyse des conflits de R.Dahrendorf : la prise en compte de l’autorité

Dahrendorf s’oppose à Marx car : ici

Dahrendorf cherche à trouver aux conflits sociaux une autre origine que la seule propriété des moyens
de production. Pour cela il va faire appel à la sociologie de Weber en particulier à deux concepts qui
occupent une place importante chez Weber : le pouvoir et l’autorité :
• « Le pouvoir est la probabilité pour qu’un acteur engagé dans une relation sociale soit
en position d’imposer sa volonté, en dépit de toute résistance , et ceci
indépendamment des raisons qui fondent cette probabilité » (Weber). Le pouvoir s’attache
donc à la personne
• L’autorité est « la probabilité pour qu’un ordre ayant un contenu spécifique soit suivi
par un groupe donné de personnes »(Weber). L’autorité contrairement au pouvoir n’est pas
attachée à la personne mais à un rôle ou à une position sociale.

Dahrendorf va donc redéfinir la notion marxiste de classe sociale en expliquant les conflits
de classe :
• non plus par la seule propriété des moyens de production,
• mais par le contrôle pour l’exercice de l’autorité.
• En d’autres termes la cause des conflits sociaux doit être recherchée dans cette distribution
inégale de l’autorité qui se traduit par des relations de domination-soumission.
Conséquences : Cette opposition crée à son tour un autre type de conflits : les conflits d’intérêts
entre ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui y sont soumis. Dahrendorf va distinguer deux types
d’intérêts:
• les intérêts latents qui sont des intérêts communs mal explicités qui provoquent des conflits,
mais ne correspondent pas à un degré de conscience collective suffisante pour donner lieu à des
groupes d’intérêts. Ils ne constituent que des catégories sociales composées d’individus dont les
intérêts sont identiques, mais qui ne sont pas capables de les défendre de façon organisée.
• Les intérêts manifestes, eux, donnent naissance à des groupes d’intérêts organisés et
capables d’agir sur ces bases .

Conséquences : De la sorte :
• il existe une pluralité de conflits sociaux.
• Les conflits entre groupes étant de nature très variée, on ne peut plus les ordonner comme chez
Marx entre deux grandes classes sociales .
• C’est une des erreurs de l’analyse de Marx que de penser que la domination industrielle implique
nécessairement la domination dans les autres domaines de la société, Etat, Eglise, organisations,
etc.

B. Le modèle d’Inglehart ( 2 p 169)

Inglehart relativise l’actualité de la pensée de Marx :


• en montrant qu’une fois ses besoins matériels immédiats satisfaits, l’homme tourne ses
préférences vers des besoins non matériels, de nature intellectuelle ou esthétique.
• Or, l’évolution de nos sociétés développées en serait justement à ce stade du passage des
valeurs matérialistes aux valeurs post-matérialistes, sous l’effet conjugué de la croissance
économique, de l’innovation technologique, du développement de l’éducation, des changements
dans la répartition sociale .

Conséquences :
• On passerait ainsi d’une société de classes à une société caractérisée par une
stratification complexe. Il en découle une augmentation générale du niveau de compétence
politique et une demande accrue de participation au processus de décision .Les citoyens
n’accorderaient plus leur confiance aux organisations traditionnelles ( parti, syndicat )censées
assurer dans le modèle pluraliste une médiation efficace entre le pouvoir et eux.
• Dans le même temps , on assiste parmi les nouvelles générations de la classe
moyenne à l’apparition de nouveaux enjeux qui proviennent plus de différences dans
le style de vie que de besoins économiques. On peut citer par exemple la protection de
l’environnement, le rôle de la femme, la redéfinition des valeurs qui se substitueraient au conflit
entre la bourgeoisie et la classe ouvrière.

C. L’analyse des conflits sociaux d’A.Touraine ( 2 p 379)

Les apports de Touraine à la sociologie du conflit sont nombreux :

1. Des conflits caractéristiques d’une société

Il va s’efforcer de montrer que les conflits sociaux sont caractéristiques d’un type de société et donc,
que quand les sociétés se transforment, les conflits sociaux évoluent :
• Dans la société industrielle les conflits sociaux tournent autour de l’industrie comme
chez Marx.
Pour en savoir plus : ici

• Dans la société postindustrielle , caractéristique selon Touraine de notre époque, les


conflits sociaux qui se forment sont d’une autre nature que dans la société industrielle.
o « Ils opposent moins le capital au travail que les appareils de décision économique et
politique à ceux qui sont soumis à une participation dépendante ».
o En effet, dans la société postindustrielle qui est une société technocratique
( caractérisée par le développement d’appareils de gestion et d’information, tendant à
modeler les conduites sociales et culturelles), le pouvoir appartient à ceux qui détiennent
le savoir , l’information. Les conflits sociaux qui étaient autrefois concentrés dans
l’entreprise, se diffusent aujourd’hui dans la société toute entière, opposant à ces appareils
leurs consommateurs et leurs usagers.
2. La diversité des conflits

Dans une société , les conflits sociaux sont très divers. Touraine distingue ainsi :
• les conflits d’intérêts qui cherchent à modifier la relation coûts-bénéfices en leur faveur.
• Les mouvements sociaux qui mettent en cause ,au-delà de l’organisation sociale et du
système de décision, les relations de domination au niveau de la société.
• Les mouvements révolutionnaires qui sont plus globaux encore puisqu’ils identifient une
domination sociale à un régime politique.

Remarque : Ces différents types de mouvements sont largement autonomes mais en même temps ils
portent la marque du conflit social central de la société

Exemple :T ouraine prend l’exemple du mouvement ouvrier qui occupe dans les sociétés industrielles
une place centrale :
• même quand les ouvriers revendiquent pour des augmentations de salaire, pour la
reconnaissance d’un droit syndical, pour une reconnaissance institutionnelle,
• derrière se trouve la marque du mouvement ouvrier basée sur la lutte des classes.

Conclusion : Il faut donc pour Touraine rechercher derrière tout conflit le conflit social central
caractéristique de la société dans laquelle il se déroule.

3. La signification des conflits

Constat : Comme l’indique Touraine :


• « la formation d’un conflit de pouvoir, de la lutte des classes en particulier n’est pas une rupture
de la société. (...)
• Au contraire, plus la lutte des classes est forte, plus les adversaires se réfèrent explicitement à
un modèle intégré de société, parlent au nom de l’intérêt général ».
Conséquence : Le conflit entre les classes n’a donc rien d’une guerre:
• les entreprises et les syndicats partagent des valeurs communes, celles de l’industrie, du travail,
du progrès technique.
• C’est cette toile de fond qui rend visible les disparités, qui permet à un groupe social de percevoir
qu’un autre groupe est en train de s’approprier le produit du travail collectif.
Conclusion : Pour qu’il y ait conflit, il faut donc que :
• les acteurs sociaux partagent des valeurs, une culture,
• mais qu’ils aient des conceptions différentes sur l’intérêt général de la société, et qu’ils cherchent
à transformer l’organisation de la société pour la rendre plus juste.
• Le conflit d’après Touraine ne remet pas en cause l’intégration sociale, au contraire il la renforce.

Un diaporama de C.Rodrigues du lycée militaire d’Aix : Microsoft PowerPoint - Diap Chap 6 P1 Conflits TES 2008-2009.ppt

Chapitre- Conflits et mobilisation sociale Référentiel : syndicats, mouvements sociaux,


institutionnalisation des conflits, mobilisation collective,
identités, valeurs, groupes de pression

Fiche 3 – La transformation des conflits sociaux dans la société


contemporaine

Partie 1 –Une remise en cause des conflits sociaux traditionnels ?

I. Depuis le XVIII° siècle, les conflits sociaux étaient essentiellement des conflits du travail repris
du manuel en ligne Brises)
Depuis que les sociétés sont entrées dans la modernité, depuis le 18ème siècle environ, l’essentiel des conflits sociaux s'est déroulé
sur le terrain du travail et de l’emploi. On peut essayer de comprendre pourquoi : le travail occupe, directement ou
indirectement, l’essentiel de la vie des individus, en temps d’abord (et bien plus au 19ème siècle qu’aujourd’hui) et aussi parce
qu’il est à l’origine de certaines des inégalités dont nous avons parlé dans le dernier chapitre (revenus en particulier). C’est aussi
dans le travail que se noue une bonne partie des relations sociales qui entourent (et intègrent) l’individu. Pour toutes ces
raisons, auxquelles il faut ajouter la valeur hautement symbolique du travail, les conflits sociaux sont bien souvent nés
dans le monde du travail depuis la naissance du capitalisme.
C’est la première question qu’il faut se poser : pourquoi le travail est-il une source de conflit social ? Nous allons pour cela
réutiliser ce que nous avons vu dans les chapitres précédents, tant sur les inégalités que sur la division du travail - la division,
c’est déjà un peu le conflit ! Mais nous verrons qu’il y a un autre facteur de conflit social, c’est ce que l’on appelle la capacité de
mobilisation d’un groupe social, c’est-à-dire la capacité des individus qui le composent à agir en commun, de façon coordonnée
et au profit de buts communs.

A. - Les inégalités du monde du travail peuvent déboucher sur des conflits.

• Les inégalités suscitent le conflit quand elles ne sont pas acceptées.. Les inégalités font partie du fonctionnement de
l’économie, mais on a vu qu’il est très difficile de leur trouver une justification consensuelle. Les inégalités sont souvent
l’enjeu des conflits sociaux : on se bat pour accroître la part des salaires dans la valeur ajoutée au détriment des profits, ou pour
améliorer sa rémunération par rapport aux autres métiers de l’entreprise.

• Mais les inégalités ne suffisent pas à engendrer un conflit social, parce qu’elles peuvent susciter une compétition
entre les individus plutôt qu’entre les groupes. C’est une analyse somme toute assez classique et assez simple. Si un individu
n’est pas satisfait de sa situation sociale, il peut l’améliorer de deux façons : soit en changeant de position dans la société en
obtenant une promotion individuelle, soit en agissant pour améliorer le sort de tous ceux qui ont la même position sociale que lui
– c’est-à-dire de son groupe social. Dans ce dernier cas, il y a effectivement un conflit collectif. Mais dans le premier cas, il n’y
a qu’une compétition entre individus pour parvenir aux meilleures places offertes par l’entreprise ou la société. On ne peut pas
parler à ce moment-là de “ conflit social ”.

• La plus ou moins grande mobilité sociale entre les métiers joue aussi sur la capacité de mobilisation. S’il existe une
grande fluidité entre les positions dans l’entreprise, si l’on peut facilement obtenir une promotion individuelle, alors un individu
peut espérer améliorer sa situation personnelle par son seul mérite, sans agir au profit de l’ensemble de son groupe social. Mais
si la mobilité sociale est faible, si les métiers restent fermés les uns aux autres, alors les revendications personnelles passeront
d’autant plus par une revendication collective
• les inégalités ne sont pas à elles seules la cause des conflits sociaux.

B - Ces inégalités et ces conflits finissent par constituer les individus en groupes rivaux.

Les différentes organisations du travail aboutissent toujours à différencier et hiérarchiser les tâches dans l’entreprise, mais cette
division horizontale et verticale du travail est aussi une division des travailleurs, donc une source de conflits potentiels.
Comment passe-t-on de la division au conflit social ? Ce n’est pas si simple qu’on peut le croire. Le point essentiel est que la
division du travail peut renforcer la conscience d'appartenir à un groupe social.
• La division du travail entraîne la différenciation des travailleurs et donc l’émergence d’identités professionnelles
distinctes. Construire son identité professionnelle, c’est revendiquer certaines appartenances, se reconnaître une certaine
position dans le groupe et dans sa hiérarchie, se sentir différent d’autres individus (n’appartenant pas au groupe, en général).
L’identité professionnelle, c’est aussi les valeurs partagées au sein du collectif de travail, au sein d’un métier. Ces valeurs
peuvent changer en fonction de ce que l’on fait dans l’entreprise (on peut penser à la solidarité des mineurs face à la pénibilité et
la dangerosité de leur métier), mais aussi en fonction de ce que l’on est (la féminisation d’un métier peut en changer les valeurs).
• Les identités professionnelles deviennent facilement concurrentes dans l’entreprise. On veut dire par là que les
valeurs des groupes sociaux s’opposent sur toutes les questions qui concernent l’entreprise, et au-delà la société – un peu comme
une culture et une contre-culture, revoyez votre cours de première. Le premier point d’opposition est bien sûr les inégalités de
rémunérations. Chaque groupe a une idée différente de la valeur des métiers, et donc des inégalités “ justes ” ou “ injustes ”
L’affirmation d’une identité professionnelle fait donc non seulement apparaître un groupe social, mais elle lui donne
aussi un adversaire.
• L’organisation matérielle du travail est un autre déterminant de la construction de la conscience du groupe. Si les
individus sont dispersés et travaillent séparément, sans se rencontrer, il leur sera très difficile de se coordonner pour agir. Marx
expliquait ainsi au 19ème siècle que les paysans français étaient trop dispersés géographiquement pour agir, bien qu’ils aient eu
matière à se révolter. Inversement, le regroupement des ouvriers dans les ateliers puis dans les grandes usines, où l’on travaille
ensemble, fait la pause ensemble, mange ensemble, où l’on se rencontre en allant au travail et en repartant chez soi, a
incontestablement favorisé l’organisation de la classe ouvrière. Plus près de nous, la connexion des individus sur Internet a
facilité la réussite du mouvement des chercheurs, en permettant la circulation des informations, des mots d’ordre et des pétitions.
• Pour qu’il y ait un conflit du travail, il faut donc qu’il y ait un conflit d’intérêt, autour des inégalités dans l’entreprise.
Il faut aussi qu’il y ait des identités collectives fortement affirmées pour que le conflit prenne une dimension sociale, et oppose
des groupes les uns aux autres. Enfin, il faut que ces groupes se mobilisent, c’est-à-dire que les individus qui les composent
acceptent d’agir ensemble avec des objectifs communs. Mais la relation entre conflit et identité professionnelle fonctionne
également dans l’autre sens. Ainsi, un conflit peut déboucher sur l’affirmation renouvelée et vivante d’une solidarité retrouvée,
et donc reconstituer un groupe social. Ainsi, le conflit des infirmières, au milieu des années 90, permit à celles-ci d’affirmer et
d’afficher une solidarité qui ne s’était jamais réellement exprimée jusque-là et de s’éprouver elles-mêmes comme membres d’un
collectif de travail.

C- Les conflits portés par ces groupes finissent par déborder du cadre du travail proprement dit pour
concerner l'ensemble de la société

• L’opposition entre ouvriers et bourgeoisie a pris une valeur politique. Au début du 20ème siècle, le clivage entre la
gauche et la droite s’est progressivement confondu avec le clivage entre travailleurs et capitalistes. Au fur et à mesure que les
ouvriers devenaient numériquement plus importants (au détriment notamment des agriculteurs, qui avaient une toute autre vision
du monde), le conflit politique s’est cristallisé sur la question de la propriété, la gauche, représentant les salariés, voulant
“ nationaliser ” le capital, c’est-à-dire exproprier les capitalistes pour qu’ils ne contrôlent plus les entreprises, et donc pour
résoudre le conflit social par la disparition d’un des adversaires ! Symétriquement, la droite défendait le droit de propriété
comme principe, et donc le pouvoir des actionnaires dans l’entreprise. Moins radicalement, l’enjeu politique entre la droite et la
gauche était aussi l’adoption de lois et de règlements qui limitaient le pouvoir des employeurs sur les salariés (Semaine de 40h,
Congés payés, Droit du travail, protection contre les licenciements, mais aussi indemnisation du chômage).

• L’opposition entre ouvriers et bourgeoisie a pris une valeur culturelle. Chaque groupe a affirmé ses valeurs, et son
mode de vie. La “ culture ouvrière ” était nourrie de la fierté du métier : essentiellement masculin, le travail ouvrier supposait
souvent la force physique, des connaissances et astuces, essentiellement pratiques, qui se transmettaient au sein de l’atelier. La
“ culture bourgeoise ” était ce qu’on appellerait aujourd’hui la culture savante, celle qu’on transmet à l’école et à l’université
(littérature, musique classique, sciences, beaux-arts, …). Les loisirs des deux groupes n’étaient pas non plus les mêmes,
d’ailleurs l’obtention d’un droit aux congés payés en 1936 avait une valeur conflictuelle symbolique : jusque-là les vacances
étaient l’apanage de la bourgeoisie.
• L’opposition entre ouvriers et bourgeois a engendré une véritable ségrégation sociale. Elle était visible dans la
structure des villes, où les “ quartiers ouvriers ” – généralement les banlieues où la périphérie des villes – s’opposaient aux
“ beaux quartiers ” – le centre-ville. Mais on la retrouvait aussi à l’école, puisque les enfants des classes populaires et
supérieures ne fréquentaient pas les mêmes cursus scolaires. Il a fallu attendre 1975 et la création du collège unique pour que
tous les écoliers suivent la même scolarité obligatoire.

• On voit donc que le conflit social, initialement circonscrit à l’entreprise, s’est étendu à toute la société, ce qui justifie que
l’on parle de classes sociales plutôt que de groupes sociaux, puisque les groupes ne rassemblent plus seulement, par exemple, les
ouvriers d’une entreprise, mais tous les ouvriers de la société. De même, le conflit social mérite l’appellation de “ lutte des
classes ” parce qu’il prend une valeur générale.

D. Des conflits menés par les syndicats de salariés

Rappel historique : Les corporations sont dissoutes par la loi d’Allarde , en 1791. La même année la loi Le Chapelier interdit
toute association en vue de défendre les intérêts communs car l’association des travailleurs est considérée comme une entrave au
fonctionnement du marché. Les syndicats demeurent interdits en France durant la majeure partie du 19ème siècle.
Le droit de grève n’est légalisé qu’en 1864. Et il faut attendre encore 20 ans (1895) avant que le droit syndical ne soit reconnu en
France .

Conséquences : Le syndicalisme s’est donc développé tardivement par rapport à la révolution industrielle. Il faut attendre 1906
pour que la CGT fixe ses principes d’action dans la charte d’Amiens :
• le syndicat est l’outil des améliorations immédiates, arrachées au patronat dans les luttes quotidiennes (demandes
d’augmentation de salaires, journée de 8 heures, etc.)
• Le syndicat à néanmoins un objectif plus ambitieux (cf. le principe d’historicité de Touraine) : renverser la société
capitaliste, il dispose pour cela d’une arme : la grève générale .
• Le capitalisme disparu , le syndicat sera le groupement de base de production et de répartition.

Définition du syndicat : association assurant l’organisation et la défense des salariés pour la


reconnaissance et le respect de leurs droits professionnels, économiques et sociaux

Constat : Néanmoins le syndicalisme aura des difficultés à s’implanter en France : il connaîtra deux âges d’or :
• les grandes grèves de 36
• les années 50 durant lesquelles selon A Beuve-Mery : « le syndicalisme a le vent en poupe. Se syndiquer est alors la norme.
Dans une France à reconstruire, à l’échelon local dans une usine, ou une administration, les syndicats sont une structure
d’accueil, un lieu de formation et d’éducation ».

Ce que représentent les syndicats en entreprise. Centre d’études de l’emploi. Septembre 2009 par Thomas
Amossé et Loup Wolff. Connaissance de l’emploi n°69, septembre 2009.

Sur le site de la Dares : 2007-08.1 - Des conflits du travail plus nombreux et plus diversifiés

II. Une remise en cause des conflits sociaux traditionnels

A. Les mutations de la classes ouvrière ( p 148 à 150) : repris du manuel en ligne Brises
Les transformations du travail et les mutations de la classe ouvrière remettent-elles en cause la division de la société française en
classes sociales antagonistes ? C’est ce que pensent certains sociologues, et nous allons présenter leurs principaux arguments.

1. La diminution de la part des ouvriers dans la population active

Le recensement de mars 1999 en France met en évidence la poursuite du mouvement amorcé dès le milieu des années 1970 : les
ouvriers étaient encore plus de 7 millions en 1982, ils étaient 6.5 millions environ en 1990 et 5.9 millions seulement en 1999.
Cela représente une diminution de plus de 15% des effectifs ouvriers entre 1982 et 1999, alors que, dans le même temps, la
population active occupée augmentait. Résultat : la part de la P.C.S. “ ouvriers ” dans la population active occupée a encore plus
nettement diminué que ses effectifs : elle est passée de 32.8% de la population active occupée en 1982 à 25.6% en 1999 (Insee,
recensements de la population), soit une diminution de 22% environ. Aujourd’hui, la part des ouvriers dans la population active
est inférieure à celle des employés.

2. La transformation de la nature du travail des ouvriers

• la première grande transformation est que les ouvriers travaillent de plus en plus souvent dans les services, comme les
chauffeurs routiers, par exemple. Ainsi, en 2001, il y a plus d’ouvriers travaillant dans le tertiaire que d’ouvriers travaillant
dans le secondaire
• La deuxième transformation touche la qualification des ouvriers : la qualification personnelle des ouvriers s’est plutôt
élevée (il y a davantage de diplômes professionnels) mais ils exercent souvent un emploi dont la qualification est inférieure à
celle qu’ils possèdent (31% des salariés embauchés pour un emploi ne nécessitant pas officiellement de qualification sont
titulaires d’un CAP ou d’un BEP). Le nombre des emplois d’ouvriers non qualifiés avait beaucoup diminué entre 1982 et 1994
mais il a réaugmenté entre 1994 et 2001. Au total, la part des emplois d’ouvriers qualifiés dans l’ensemble des emplois ouvriers
progresse cependant.

• Taille des entreprises et du collectif de travail( 6 p 185) : parce que la nature du travail a changé, la taille des
entreprises dans lesquelles travaillent les ouvriers a beaucoup diminué. Cela s’explique d’une part par l’automatisation des
tâches de production proprement dites : certaines usines sont aujourd’hui quasi “ désertes ”, d’autre part par le fait que les
ouvriers travaillent de plus en plus souvent dans des entreprises du tertiaire qui sont traditionnellement, en moyenne, de taille
inférieure à celle des entreprises industrielles. Le cadre de travail des ouvriers a donc été bouleversé : les grands rassemblements
ouvriers à l’ouverture des grilles de l’usine ne font bien souvent plus partie de l’expérience vécue par les ouvriers. Mais le fait
que la taille de l’entreprise diminue ne signifie pas que les ouvriers seront plus proches du patron : en règle générale, ces petites
entreprises appartiennent à de grands groupes industriels et financiers et le pouvoir est en général bien loin du lieu de
production.
• Les transformations récentes du travail et de l’emploi (précarisation du travail, suppression de certains emplois non
qualifiés, par exemple d’ouvriers, individualisation de la carrière des salariés, etc…) agissent aussi sur l’identité
professionnelle : les frontières de l’emploi sont plus floues, les métiers se transforment, les horaires sont “ à la carte ”, l’individu
semble triompher et les collectifs de travail semblent moins englobants, moins contraignants pour les individus, mais aussi
moins protecteurs. L’identité professionnelle semble donc moins “ imposée ” à l’individu qui doit bien davantage trouver ses
repères seul pour la construire. Dans ces conditions, on voit bien que la mobilisation en vue d’un conflit sera sans doute plus
difficile à obtenir.

3. La transformation de la culture ouvrière

- La précarisation du travail et l’expérience du chômage (qui touche proportionnellement plus les ouvriers que les
autres P.C.S.) dévalorisent le travail ouvrier, tandis que le changement de la nature du travail ouvrier (moins directement en
contact avec la matière et la production) attaquent directement sa spécificité.
- De même, les conditions de vie des ouvriers se sont transformées, semblant rejoindre celles d’une vaste “ classe
moyenne ” : d’une part, les revenus, et donc la consommation, se sont élevés rapidement durant les années 1960 et 1970,
permettant aux ouvriers d’accéder aux biens de consommation durables comme la télévision, la machine à laver ou
l’automobile ; d’autre part, les modes de vie des ménages ouvriers se sont également transformés par le développement du
travail des femmes d’ouvriers, l’allongement de la durée de scolarisation des enfants d’ouvriers et le développement de
l’accession à la propriété grâce au crédit.
- Au final, les conditions de vie semblent s’égaliser avec celles d’autres groupes sociaux et les éléments qui
contribuent à forger et à transmettre la culture ouvrière semblent peu à peu disparaître.

Un dossier de libération traduit tres bien la crise de la classe ouvriere : ici

B. Une crise du syndicalisme ( p 166-168)

L’échec des grandes grèves de la fin des années 40, les répercussions de la guerre froide, le manque de cohérence de l’action
syndicale qui hésite entre l’action directe et la négociation par branche vont entraîner un tassement des effectifs qui seront divisés
par deux durant les années 50, avant de se stabiliser jusqu’à la crise actuelle.

1. Constat : une perte d’audience ( 2 p 167)

• Le taux de syndicalisation passe de 25 % en 65 à 7-9 % aujourd’hui


Pour l’évolution du taux de syndicalisation : ici

• Une présence syndicale et un taux de syndicalisation très inégaux


 suivant la taille de l’entreprise : la présence syndicale sur le lieu de travail varie de 8%(entreprises de moins de
50 salariés) à 81%(entreprises de plus de 500 salariés)
 suivant le statut de l’individu : un salarié en CDI sur 10 est syndiqué, un salarié en CDD sur 25 est syndiqué
 suivant le statut : le taux de syndicalisation des fonctionnaires est 3 fois plus élevé que celui des salariés du
privé

• Le taux de syndicalisation varie énormément entre pays :


 Il est supérieur à 70% dans les pays scandinaves
 Pour tomber à moins de 20 % dans les pays du Sud de l’Europe et en France

Pour des statistiques plus précises : ici

• Une érosion de la participation aux élections professionnelles qui se traduit par une montée de l’abstention , un
accroissement du pourcentage des votes en faveur des non syndiqués .

• une hausse de la part des votes en faveur des non syndiqués lors des élection aux comités d’entreprise qui passe de
12% en 1966 à 30% en 1993 avant de redescendre à 25% en 1999.

• Une diminution des conflits du travail (1 à 4 p 164-165) après le record de mai 68 : 15 millions de journées perdus pour
fait de grève ; on observe dans les années 70 , une moyenne autour de 3,5 millions de journées , dans les années 80 la
moyenne passe à 1,5 millions , dans les années 90 elle passe à 500 000 , mais remonte légèrement lors de la reprise
économique de 1998-2000 pour atteindre en 2000 : 800 000( p 188)
Pour en voir l’évolution : ici

 La chute est encore plus spectaculaire si l’on ne retient pas les salariés de la fonction publique :

 On constate de plus que le taux de conflictualité varie en fonction


 de la taille de l’entreprise (taux de conflictualité d’autant plus faible que la taille de l’entreprise
est réduite : 3p 164)
 du secteur d’activité (la conflictualité est plus forte dans l’industrie que dans le tertiaire : 3 p164)
 de la part des précaires dans l’entreprise ( plus la part des précaires est forte plus la fréquence
des conflits est faible : 4 p 165)

• On constate que les salariés sont certes majoritaire à considérer que les syndicats jouent un rôle irremplaçable dans la
représentation des salariés (63%des ouvriers, 54%des cadres). Mais un pourcentage fort de salariés considèrent que les
syndicats font passer leurs intérêts avant ceux des salariés (55% des ingénieurs,48 % des employés)

Pour les statistiques : ici

Sur le site de la Dares :


• le paradoxe du syndicalisme français (doc avril 2008) (pdf - 248.6 ko)
• Présence syndicale : des implantations en croissance, une confiance des salariés qui ne débouche pas sur des adhésions
(pdf - 346.5 ko)
• Présence et activité des organisations syndicales (pdf - 190.4 ko)
• Mythes et réalités de la syndicalisation en France (pdf - 152.7 ko)

2. Les explications théoriques

a ) le paradoxe d’Olson (1 p 379).

Constat :Il montre que l’existence d’un groupe non organisé d’individus aux intérêts communs , dotés
de moyens d’action et conscients de leurs intérêts n’implique pas automatiquement , contrairement
aux intuitions de type marxiste , l’apparition d’une action collective .

Explications : En effet, quand le produit obtenu par une telle action est un bien ou un service collectif
( ex : une augmentation de salaire pour tous ) et lorsque le groupe est assez large pour que des
pressions ne s’exercent pas sur les individus afin de l’inciter à l’action , alors se produit le phénomène
du passager clandestin ( lson construit son analyse dans une perspective libéral puisqu’il adopte le
modèle de l’homo-oeconomicus égoiste et rationnel) :
• Chaque individu va se dire que puisqu’il peut profiter de l’action sans avoir à agir lui-même,
• il aura intérêt à laisser les autres dépenser de leur temps et de l’énergie pour se procurer les
biens publics.

conséquences : Ceci doit , selon Olson , permettre d’expliquer l’absence de mouvements collectifs :
en France et en Allemagne , les résultats de l’action de la grève s’appliquent à tout le monde
( syndiqués et non syndiqués ) ; il est interdit de faire une discrimination , ce qui n’est pas une
incitation à la syndicalisation .
Conclusion : Pour que la syndicalisation se développe , il faut que les syndicats offrent à leurs
membres des incitations sélectives
• soit pénaliser le refus de participation à l’action ( ex : dans un petit groupe , rompre la solidarité
peut entraîner une mise à l’écart ) .
• soit accorder des avantages spécifiques : protection juridique du salarié , postes dans
l’organisation , ...

Un diaporama de C .Thuderoz : Sociologie du SYNDICALISME

b ) le modèle d’OBERSHALL .

remarque : Son analyse se situe explicitement dans la perspective de celle d’Olson mais elle est
enrichie par une approche sociologique qui cherche à définir quelles sont les conditions sociales
susceptibles de favoriser l’émergence de mouvements sociaux au sein d’une collectivité.
Présentation de l’analyse : Obershall croise deux dimensions pour expliquer la probabilité d’une
organisation et d’une mobilisation d’un collectif :

• Première dimension : la dimension horizontale qui renvoie à la nature des lien sociaux
existant au sein de la collectivité , c’est-à-dire la cohésion sociale du groupe . Obershall
distingue 3 cas :
- relation de type communautaire : famille , village , clan , comme dans les sociétés
traditionnelles .
- relation de type associatif : groupe professionnel , religieux , économique comme dans
les sociétés industrielles .
- contrairement au troisième cas où les relations sociales sont peu développées .

Remarque : Dans ces 2 premiers cas , le sentiment de solidarité du groupe et son potentiel de
mobilisation sont élevés

• Deuxième dimension : la dimension verticale renvoie au degré d’intégration sociale et


politique entre les différents groupes . Il est possible de mesurer ce niveau d’intégration par
l’étendue des liens entretenus avec les groupes supérieurs au sein de la pyramide sociale et
politique .2 types sont alors distingués :
- dans les sociétés segmentées où les groupes sont peu intégrés , là où la mobilité
ascendante est faible , les groupes devront compter sur eux-mêmes pour faire entendre
leur voix , leurs revendications . La segmentation est donc propice à la mobilisation.
- dans les sociétés où l’intégration est forte, les groupes peuvent faire entendre leurs voix
qui seront prises en compte , ce qui réduit la probabilité de la mobilisation .
• Obershall croise alors les deux dimensions et essaye d’expliciter les modalités de
mobilisation des groupes.

Pour l’exemple des Etats-Unis : ici

Pour les limites de des analyses : ici

Un article d’Obershall : Melchior - Le site des sciences économiques et sociales ...

III. Ces conflits du travail restent présents mais sous une forme différente

A. Le changement de rôle des syndicats : une institutionnalisation des syndicats (1 à 3 p 168-169)

On assiste aujourd’hui à une situation paradoxale : le taux de syndicalisation en France n’a jamais été aussi faible. Pourtant les
syndicats n’ont jamais été aussi reconnus comme interlocuteurs privilégiés des patronats et de l’Etat
Comment expliquer ce paradoxe ?
• jusqu’aux années 30 , les syndicats n’étaient pas reconnus comme interlocuteurs privilégiés . Pour faire entendre leurs
voix, les syndicats devaient mobiliser un nombre important de salariés , en particulier dans des manifestations . Le
syndiqué était un adhérent qui militait et participait à la vie du syndicat . Le syndicat développait une contre-culture qui
avait pour objectif de détruire la société capitaliste .

• au contraire , à partir des années 30 mais surtout après 45 , avec la création de la Sécurité Sociale , des comités
d’entreprise, des ASSEDIC , enfin avec les lois d’Auroux en 82 , on va observer une évolution qui se caractérise :
- par une reconnaissance institutionnelle des syndicats qui ont contribué à les légitimer et à les intégrer à la société
civile , qui ont donné aux syndicats une audience plus large , des ressources financières en les liant étroitement à
toutes les institutions de la société .
- Une autre conception du syndicalisme s’est développé : le syndicalisme essaye d’économiser la grève ; il l’utilise
comme un moyen de pression , il la brandit comme une menace .

conséquences : Ceci traduit une évolution de la stratégie syndicale : conformément à l’analyse de Simmel :
• jusqu’aux années 30 les conflits sociaux opposaient patronat et syndicats qui chacun développaient une culture et c’était
deux modèles de société qui s’opposaient .
• A partir des accords de Matignon au contraire , on passe de la dyade à la triade : de l’affrontement binaire où chacune des 2
parties en présence pouvait avoir le sentiment qu’elle triompherait totalement et imposerait sa manière de voir à
l’adversaire terrassé , on passe à des rencontres tripartites où la grève n’est plus qu’un moment de la négociation .
• La grève n’est plus alors qu’un signal avertisseur qui demande une intervention des pouvoirs publics .
Conclusion : dès lors les syndicats recourent de moins en moins à la mobilisation sous forme de grève ou de
manifestations : la grève est vue comme pathologique , comme l’échec d’une négociation ( ex : le modèle allemand de référence )
.

Conséquence : Mais alors le syndicat a de moins en moins besoin de syndiqués . P.Rosanvallon pose même la question :
qu’arriverait-il si les syndicats n’avaient plus d’adhérents ?:
• « La légitimité syndicale serait-elle remise en cause ? Pas forcément : un taux marginal d’adhésion n’entraînerait pas de
basculement qualitatif par rapport à la situation actuelle , l’adhérent a en effet cesser de jouer un rôle déterminant dans le
phénomène syndical . »
• Dans la perspective d’une disparition des adhérents , la forme syndicale tendrait à se confondre avec la forme politique ,
seul le domaine d’intervention de chacune d’elle les distinguant .
• La légitimité syndicale deviendrait , comme celle des partis d’essence purement électorale ( le parti politique n’a pas besoin
d’adhérents , le nombre d’adhérents n’est pas le critère de sa représentativité , seuls comptent les résultats électoraux )

Apparition d’un nouveau modèle :On assiste d’ailleurs selon P Rosanvallon à une nouvelle conception du syndiqué qui :
• n’est plus considéré comme un adhérent, partageant avec les autres membres du syndicat des valeurs, une culture,
• mais qui devient un client .

conséquences : dans ce contexte , étudier la crise du syndicalisme par rapport à la chute du taux de syndicalisation n’est
pas un bon choix , car l’indicateur n’est pas bon . Pour étudier la représentativité syndicale , il faut étudier les résultats des
syndicats aux différentes élections .

mais cela entraîne une nouvelle conception du syndiqué auquel le syndicalisme français n’est pas encore complètement
préparé :
• On aurait d’un côté le délégué syndical qui siégerait dans de multiples commissions , le syndicalisme devenant un métier à
temps plein ;
• et de l’autre côté , le syndiqué qui ne serait plus qu’un client qui adhère pour obtenir des services .
• Ceci n’est pas sans danger car les délégués qui siègent dans les différentes commissions , ne sont plus sur le terrain avec les
salariés , ce qui engendre une coupure entre le mandant ( le syndiqué , l’adhérent ) et le mandataire ( le délégué) .

Conclusion : Dès lors plus que de disparition du syndicalisme ou de crise du syndicat , il faudrait parler d’une évolution
structurelle du syndicat qui s’adapte à une nouvelle forme de société plus complexe et c’est cette adaptation qui fait la crise .

Pour les dangers de la désyndicalisation : ici

Un article des Echos : Les conflits sociaux prennent des formes de plus en plus ...

B. De nouvelles formes d’action : la coordination

Constat : Depuis quelques années , on observe une montée des coordinations qui mettent en cause le monopole de défense des
droits des travailleurs dont disposaient jusqu’alors les syndicats . Les coordinations se sont multipliées dans les années 80 :
infirmières , cheminots , instituteurs , routiers , ...

Comment expliquer ce phénomène ? 6 raisons semblent l’expliquer selon F.Duchamps :


• la probabilité de constitution d’une coordination est d’autant plus forte qu’il n’y a pas de tradition syndicale
( infirmière) mais il existe des contre-exemples (les cheminots ont un taux de syndicalisation traditionnellement élevé).
• la coordination est catégorielle , elle défend les intérêts des membres d’une profession sans chercher à élargir le conflit à
des revendications plus globales ( telles que la lutte des classes ) qui semblent dépassées .
• la coordination apparaît généralement dans des professions dans lesquelles les salariés sont isolés (prof , cheminot ) .
• les coordinations s’implantent le plus souvent dans des professions dont l’image sociale , les traditions sont solides .
Mais , en même temps , les coordinations sont aussi le fait de professions apparues récemment qui ne sont pas reconnues à
leur juste valeur
• la coordination , contrairement aux syndicats habitués aux arrangements , est jusqu’au boutiste . Elle refuse le
compromis , ce qui rend les conflits longs et durs sans véritable porte de sortie , d’autant plus que les mandataires doivent
sans cesse se référer aux mandants .
• les coordinations résultent de la désyndicalisation , qui est elle-même le fait de deux tendances convergentes :
- volonté du patronat d’affaiblir les syndicats
- individualisation croissante du monde de travail

Conséquences : Les salariés n’ayant plus de structures collectives qui le représentent, se constituent alors des mouvements
puissants mais éphémères qui sont corporatistes , c’est-à-dire qui ne mesurent pas les retombées de leurs revendications .

Un exemple : les infirmières : ici


Partie 2_ Vers de nouveaux enjeux, de nouveaux mouvement sociaux ? ( 1 à 4 p 168-170)

Introduction : Définition du mouvement social

Selon Touraine les mouvements sociaux correspondent à une action collective organisée par
laquelle un acteur de classe lutte pour définir les grandes orientation culturelles de la société
(ce que Touraine appelle l’historicité ). Sa définition suppose donc la conjonction de trois
éléments :
• un acteur de classe (ex: la classe ouvrière): c’est le principe d’identité.
• un adversaire de classe (ex: la bourgeoisie) : c’est le principe d’opposition.
• un enjeu : c’est le principe de totalité.

I. Les caractéristiques communes des nouveaux mouvements sociaux (NMS)


Constat : Comme l’indique F.Dubet , « le thème des nouveaux mouvements sociaux émerge au milieu des années 60 au moment
où le mouvement ouvrier qui était situé au cœur de la société industrielle ne semble plus avoir le monopole des grandes
mobilisations » . Ces nouveaux mouvements sociaux présentent plusieurs caractéristiques :

• ils désignent les objets les plus divers , du moment qu’ils se distinguent de la figure classique du mouvement ouvrier :
mouvement noir , luttes étudiantes aux USA , et partout mouvements écologistes ,féministes , regroupements pacifistes .

• ils mettent en scène de nouveaux acteurs comme les femmes , les jeunes , les classes moyennes .

• ces mouvements ne concernent plus directement les problèmes de la production et de l’économie ; ils se situent dans
le champ de la culture , de la sociabilité , de la ville , des valeurs et paraissent bousculer les formes classiques de gestion du
conflit social et de la représentativité politique .Les NMS mettent l’accent sur l’autonomie, la résistance au contrôle social

• les NMS inventent de nouvelles formes d’organisation et d’actions. Ils sont très méfiantsà l’encontre des structures
traditionnelles auxquelles les individus devaient déléguer l’autorité à des états majors constitués de permanents très
eloignés des préoccupations de la base

• Les NMS n’ont pas pour objectif de prendre le pouvoir , ils visent au contraire à se protéger de l’influence de l’Etat (cf.,
les mouvements régionnalistes) et à construire des espaces d’autonomie protégeant les individus.

Conclusion : la sociologie des nouveaux mouvement sociaux est associée à une critique des paradigmes jusque là dominants,
principalement le marxisme

Pour l’exemple du mouvement antinucléaire : ici

Pour l’exemple du mouvement étudiant : ici

Des articles de Sciences humaines :


• Les théories du mouvement social et de l'engagement
• Peser sur les décisions
• Devenirs militants

II. Les limites de l’analyse des nouveaux mouvements sociaux

O Fillieule a étudié les formes actuelles de l’action collective et il a constaté que certains caractéristiques ressortent
qui semblent relativiser l’intérêt d’une analyse en termes de nouveaux mouvements sociaux , il remarque certes que :
• l’activité manifestante se diffuse aujourd’hui très largement dans toutes les CSP,
• que les acteurs des conflits interpellent directement les politiques , faute de croyance en l’efficacité des
représentants. Ceci semble bien traduire une crise de la représentation (cf. coordination).

Mais, contrairement à ce qui s’écrit le plus souvent, la période n’est pas marquée par un changement de nature de la
participation politique :
• l’analyse des revendications portées par les manifestations actuelles ne vient pas corroborer l’hypothèse
d’une modification des valeurs défendues : les valeurs matérialistes sont très largement dominantes : Emploi,
hausse du revenu.

Voir les valeurs développées aujourd’hui par les français : ici

• Les mobilisations porteuses de revendications post-matérialistes ( environnement, mœurs ) ne font pas


vraiment recette à l’exception des questions internationales et de l’antiracisme.

• l’hypothèse d’une modification des modes d’engagement politique n’est pas confirmée . Selon elle , la
participation aux mouvements de protestation serait marquée par une extrême fluidité , les individus s’engagent
et se désengagent en fonction du contexte . Il en résulterait un refus net des organisations . La réalité des
manifestations françaises vient infirmer ces considérations puisque plus des deux tiers d’entre elles ( hors Paris)
sont organisées à l’appel des centrales ouvrières . Cela laisse peu de doute sur la domination de la stratégie de la
rue par les syndicats . En revanche , il est vrai que les partis politiques ( surtout les partis de droite et le parti
socialiste ) appellent fort rarement à manifester .

Un diaporama de C.Thuderoz : Sociologie des conflits sociaux

Un article de Sciences humaines : Conflits et changement social aujourd'hui

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