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OM M 1
pn MIER ' P RTJE

I. A DRJE E vant-propo . . . . . . . pag. 11


1. Va il e Pâr an (1882- 1 27). u (' un p rtrail 1- 7
pal'olithiqu n Tran ]vani n 1927 . 8 - 23
MBROJ E ] 1: ] epoqu n ~ olithique de la B arnbi du
ord- ue t 24 ~ 45
antiquit' pr ' hi toriqu du d ' partern nt d Bala. 46 - 55
HORT E : La tnLion pr'hi toriqu d 56 - 87
VL DIMIR D MITRE : La tation pr ' hi toriqu 1 88 - 11
VL DIMIR D MITRE C n nou ('11 tation a 115 - 149
HORTE : Rapport ur] ondage d anca. 150 - 156
R D t E TERI ' A PE: La tati n pr'hi pl' d Huru . ti 157 - 160
V. CHRl TE C : J tation prehi toriqu d ăda i'l tra. J 67 - 225
1. E TOR: Fouille de Glinn . . . . . 22 - 252
R D et ECATERI Le ' f uill de PoYnnu . . . 25 - 351
DR. M. Ro K : L d 'po t d ha h 352 - 5
DH . M. Ro K : Le depo t d bronz d 356 - 358
DR. M. Ro K : L tombea n c Itiqu d ri turnl ui 359 - 36]

* * *
a 'ramique d'Hi tria. eric rh do-ioni Dn 362 - 377
d ' Hi tria . . . . . . . 378 - 41
allati , 1926, III- rapp rl 411 - 434
aliati, 1927 1 - rapport. 435 - 482
t l' h r h ar he 1 gîque it alla hioi 483 - 5 5
tuza (1925- 1928) . 516 - 556
557 - 601
dan ]a P tîte ythi 602 - 611
G. in'dit trou e en Roumanie 612 - 619
V. ou eaux monum n't d' pulum . . . 620 - 625
n nou 1 aes grav d'Olbia. . . . 626 - 627
yb'l t la patere dor du tre 01' d P tron . CI 628 - 631

' CO DE P RTIE
( OUS press )
I. A DRIE E : Introduction rl la Prchi toir de la loumani (n (' de plan h et nne C rte:
35 X 48 m.).
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Index de volume 1- 1 , r ' di ge pnr Dn. 1. E TOR et D. Br.R T
AVANT-PROPOS
On dit que les longues prefaces font peur et que mcme les plus courtes
ne sont pas lues.
II y a p o u r t a n t des circonstances ou quelques explications sont absolu-
m e n t necessaires. Tel est, il me semble, notre cas.
Lorsque, il y a plus de cinq ans, le fondateur de cette revue nous q u i t t a ,
t o u t e une activite dans le domaine de la connaissance de notre ancien passe
fut privee d ' u n organisateur et d'un chef.
Des mesures ont ete prises. Seul cet organe « d'un I n s t i t u t qui n'existe
pas encore », ainsi que P â r v a n le disait et rien n'a change depuis, etait me-
nace de disparaître. Car Vasile Pârvan avait ete aussi l'un des initiateurs
et des dirigeants de la « Cultura Naţională » qui a publie les deux premiers
volumes de notre revue.
D ' a u t r e p a r t les circonstances materielles encore favorables â cette
epoque devaient empirer continuellement.
Nous n'avons trouve aucun manuscrit. II existait cependant a l'im-
primerie des fonds dus â la publication et â la distribution des premiers
volumes. Sur notre intervention, le ministre des Beaux-Arts, alors en fonc-
tion, M. Al. L a p e d a t u , grâce auquel avait paru l'un des premiers volumes,
a bien voulu accorder une nouvelle subvention qui, ajoutee â la somme
trouvee en depot, constitue le plus clair des fonds d'impression de la presentc
publication. Nous en savons un gre infini â M. L a p e d a t u .
Au cours de l'annee 1928 on prit possession des fonds alloues, et en meme
t e m p s on c o m m e n ţ a a rassembler les manuscrits, â preparer les traductions,
les photographies, les dessins et â les publier. On peut imaginer nos ater-
moiements et les difficultes qui en furent la cause, le nombre des collabora-
teurs et des epreuves necessaires, et surtout le nouvel amenagement des
collections du Musec, dont quclques-unes furent classees dans le nouveau
local de la Faculte des Lettres, 011 l'on avait enfin trouve une place favorable
â leur etude. Dans le courant de la meme annee et de l'annee suivante, le
Musee a pris p a r t , â l'aide des materiaux qu'on a du preparer expres, â deux
expositions: la premiere â Constanţa, â l'occasion du demi-centenaire de la
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I. AMDKlEŞKSCli

recuperation de la Dobrogea et la seconde, l'exposition internationale de


Barcelone. E n ces occasions, le Musee a presente, â cote d'un nombre assez
imj)ortant de photographies qu'il n'aurait pu faire executer autrement et
que Dacia nc manquera pas elle aussi de m e t t r e a profit, deux grandes cartes
archeologiques dont l'une, la carte archeologiquc du pays t o u t entier, sera
publiee dans la seconde partic de ce volume. Malgre tous les defauts que cette
carte pourrait presenter, elle est, apres la Dacie romaine de Gr. G. Tocilescu
ct apres les cartes contenues dans les auivres de V. P â r v a n , le premier essai
d'ensemble et d'information generale. Nous exprimons ici notre profonde
gratitude a ceux auxquels nous sommes redevables de ce materiel photo-
graphique et de ces cartes: a M. V. Sassu, ancien ministre, l'organisateur
de l'exposition commemorative de la Dobrogea ct â M. D . Gusti, le presi-
dent du comite national de l'exposition de Barcelone, actuellement ministre
de r i n s t r u c t i o n , des Cultes et des Beaux-Arts.
D'autres difficultes devait cependant surgir p e n d a n t les annees sui-
v a n t e s : d'abord le deplacement du Musee qui a trouve un abri dans deux
locaux, la section antique a y a n t ete separee de la section j>lus recente d ' a r t
religieux. Une faveur provisoire, j u s q u ' â l'installation definitive du Musec
que nous souhaitons tous, j^ermet une heureuse presentation museogra-
phique de quelqucs-unes des j)ieces les plus importantes du Musee, dans
deux palais prives, mis â notre disposition par M. N . Iorga, ancien Presidcnt
du Conseil et ancien ministre de l ' I n s t r u c t i o n ; toute notre reconnaissance
va â ses louables intentions et â sa sollicitude. La mise â Tabri de toutes les
collections et leur classification, dont la Dacia pourrait profiter egalement
j>our nourrir ses recherches, sont cependant toujours en cours d'execution
et rencontrent de grands obstaclcs ă surmonter pour l'avenir.
Nous avons toute confiance dans la sagesse de ceux qui vcillent au
developpement de nos institutions et de notre culture.
P a r le present volume et la seconde partie qui suivra nous entendons
faire la preuve que l'ceuvre entreprise peut et doit etre continuee. Les fouilles
de notre pays ont attire Tattention generale. Les resultats des fouilles exe-
cutees d u r a n t les dernieres annees par nous et nos collaborâteurs attendent
leur publication. Les collegues etrangers qui nous ont visites ont toujours
apprecie favorablement nos efforts. La revue est demandee et attendue.
Nous ne desirons que d'etre utiles, dans les limites du j)ossible, limites qui ne
doivent p o u r t a n t pas etre trop restreintes, mais renfermer toutes les forces
vives dont nous disposons et qui d'ailleurs ne sont guere nombreuses.
Les autres points du programme de notre revue ont ete magistralement
definis par V. P â r v a n , dans sa preface du premier volume. Nous avons
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AVANT-PROPOS

toutefois renonce pour le moment â la partie critique â laquelle il pensait


lui aussi, en considerant que dans les conditions actuelles, notre activite
peut s'exercer avec plus de profit sur nos materiaux de valeur permanente.
Comme le rassemblement des etudes et l'impression ont dure au-delâ
de nos previsions, nous avons eu en echange la possibilile d'ordonner ces
etudes chronologiquement, ce qui a notre avis convient bcaucoup mieux
â de pareilles publications.
Qu'il me soit enfin permis de remercier ici ceux qui m'ont aide dans
la tâche difficile de la preparation du materiel presente. M-me et M. Sc. Lam-
brino, mon honore collegue de la Faculte des Lettres, pour la correction
des traductions et la mise au point de la plupart des etudes concernant l'an-
tiquite greco-romaine. La meme main sure et eprouvee de M. D . Pecu-
rariu, Tancien dessinateur du Musee National des Antiquites, a execute les
dessins. Obeissant au meme esprit de tradition, nous croyons avoir bien
fait en confiant le dessin de la carte archeologique â M. P . Polonic, ancien
collaborateur de Gr. G. Tocilescu. Pour ce qui est de l'execution technique
et des besognes administratives, l'Institution d ' E t a t « Le Moniteur Offi-
ciel et les Imprimeries de l ' E t a t » , depuis la direction j u s q u ' a u x chefs de
ressort, a fait de son mieux pour mener cette ceuvre â bonne fin.
Des considerations materielles et pratiques nous ont determines â ne
publier pour le moment que cette premiere p a r t i e ; la seconde, qui necessite
le plus grand nombre possible de planches, contiendra egalement la carte et
l'index des volumes I—IV.
Bucarest, le 28 avril 1933.
I. ANDRIEŞESCU
Membre de la Commission dea Monumenla historiaues, Mem-
bre correspandunt de VAcademie Roumaine, Membre de l'ln-
.tlilul international d'Anthropoloeie de Paris, Membre de l'In-
ntiltit arrheoloeiiiue allemand de lierlin, de VAssociation des
www.cimec.ro Musees de Londres et de la Societr des Anliijuaires de Londres.
V A S I L R P Â R V \ N1)
l,a Commission des Monuments Historiques a perdu, par la mort de Vasile Pârvan,
directeur du Musee National d'Ântiquit6s de Bucarest et fondateur de notre revue, celui
de scs membres aux soins duqucl avaicnt ete confies pendant dix-sept ans tous les monuments
anciens du pays, appartcnant â toutes les epoques depuis la prehistoire j u s q u ' a u moyen âge.
Klu membrc d<* la Commission en 1911, apres avoir ete nomme, l'annee d'auparavant
dirceteur du Musee National d'Antiquites, Vasile Pârvan eut pour tâche non seulement de
rcpresenter son institution aupres de l.i Commission, mais aussi de donner son avis et
de survciller, conformement â la loi des Monuments Historiques, tout ce qui a trait â notre
passe le plus ancien, represente jusqu'â nos jours par des monuments dissemines partout dans
l'ancien Royaume et, apres la guerre, dans le territoire actuel du pays.
II est de notre devoir de resumer t o u t ce que Vasile P â r v a n a pu realiser au moment
oii sa haute responsabilite se heurtait â de nombreuses difficultes, dans les circonstances et
dans les temps qui etaient le moins propices â une activite de ce genre. A la tete de l'in-
stitution qu'il devait representer auprcs de la Commission, la maniere dont Vasile P â r v a n a
conţu sa tâche nous donne d'autre part l'occasion de resumer tout ce qu'on a fait chez nous
dans ce domaine pendant les vingt dernieres annees et de penser â nos devoirs pour le pre-
sent et l'avenir. C'est lâ un chapitre initial de la portee de ces efforts. Modeste peut-etre,
si Ton considere les vastes perspectives futures, ce chapitre demeurera en tout cas significatif,
rappelant maintes suggestions concernant le passe et les temps â venir.

Des 1906, au debut de ses etudes speciales sur l'histoire ancienne et les antiquites gieco-
romaines, Vasile P â r v a n cntrevoyait dejâ dans Salsovia, avec une clairvoyance surprenante,
le grand problemc du limes danubien dans le cadre de l'antiquite et une contribution collective
et organisee, chez nous aussi, telle qu'elle existe depuis longtemp, dans les pays occiden-
t a u x , contribution absolument necessaire pour la solution integrale de ce probleme.
Ce probleme, il l'aborde lui-meme, des 1911. Ses premiers voyages de reconnaissance
et de recherches il les fait en Dobrogea, t o u t comme sa premiere campagne de fouilles a lieu
dans la ville fortifiec d'TJlmetum. Ses collaborateurs et adjoints furent son ancien colleguc,
M. D . M. Teodorescu, et son eleve, M. H . M e t a x a ; puis, de 1912 â 1914, tour â tour, le
regrette G. G. Mateescu, mort beaucoup plus jeune que son maître (en 1929), le professeur
de l'enseignement secondaire P . Papazol, MM. Scarlat Lambrino et Paul Nicorescu.

') Cet article a paru d"aborH en rouuiain, tes ulterieurement. — Sur sa vie et son ceuvre en
dans Buletinul Comisiunii Monumcntelor Istorice, general, v. aussi notre necrologe dans la Revue
XXII, 1929, fasc. 62, sous le titre: V. Pârvan — historique du Sud-Est Europien, dirigee par M. N.
Membru al Comisiunii Monumentelor Istorice f 2 o Iorga, IV, 1927, p. 230—241.
Innie 1927. sauf maints detail» et precisions ajou-

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I l),,,in I I I 1\ 1927/932.
I. ANDRIKŞESCU

E n 1914, Vasilc Pârvan, seconde" par tous ses adjoints, commence l'exploration de la
grande colonie grecquc d'Histria.
Dans une seancc de I'Academie Roumainc dc la meine annee, V. P â r v a n avait presente
un memoire sur les fouilles archeologiques en Roumanie, proposant l'institution d'un sei-
vice d'inspcction et de surveillance des recherches techniques et dc ccntralisalion scientifique
et administrative des antiquites greco-romnines.
En 1915, pour la premicre fois, nous figurâmcs au nombrc dc ses collaborateurs ct il confia
â nos soins les monuments prehistoriqucs. Tel fut le dcbut modeste d'une section spccialc
pies du Musee d'Antiquites, scction qui, apres la gucrre, a surpasse les autres par le nombrc
de ses acquisitions, mais non par la possibilite de Ieur amcnagcmcnt. Vasile P â r v a n leur
accorda une grandc attention egalemcnt.
Ce fut aussi en 1915, dans ses rapports adrosses a la Commission ct au Ministcre sur
l'activite du Musee, que V. Pârvan posa â fond Ic probleme des inusees regionaux, dont cer-
tains etaient absolument necessaires, tout en se plaignant dc la situation materiellc aseez
precaire de son Musee.
En 1915, furent commcncees les fouillcs archeologiques de Callatis (Mangalia) par M. D.
M. Teodorcscu.
E n 1916, des fouilles, interrompues par Ja guerre, furent engagecs â Abrittus (pres de
Devegichioi, aujourd'hui Cămilaru, dcp. de Caliacra) par M. D. M. Teodorescu et le regrett6
Mateescu.
E n 1918. Vasile P â r v a n insista de nouveau sur la necessite d'une plus ample organisation
des fouilles archeologiques dans tout le pays et fit valoir la necessite de la publication d'un
Bulletin archeologique en langue francaise. Depuis Gr. G. Tocilescu, avcc ses publications prc-
cieuses, mais rares et sporadiques, sur l'antiquite meme, nous ne possedions aucune revue
speciale d'archeologie, ce qui ne manquait pas d'ctonner les milieux scientifiques a. l'etranger
et mettait notre pays dans une situation intolerable.
A Histria, les fouilles de 1914 â 1916 furent executces sous la direction pcrsonnelle du
maître, installe avec son personnel scientifique et ses ouvriers dans trois tentes et une cabane.
Tel fut le debut d'une nouvelle activite embrassant les recherches qui concernent nos mo-
numents antiques et leur publication.
Les recherches des monuments prchistoriqucs furent abordees d'une maniere plus modeste
encore depuis 1916, grâce aux subsides ajoutes aux faibles ressources du Musee par la Prefec-
ture du departement de Dolj et par la bonne volonte de quelques personnes privees: MM.
Constantin P o p p , Ştefan Ciuceanu, correspondant de la Commission, l'agronome Toma et feu
le docteur Laugier.
E n 1919, Vasile P â r v a n essaya d'ouvrir un nouvcau chapitre dans l'ceuvre extremement
difficile de la sauvegarde de nos monuments antiques. Ce fut celui de l'expropriation, de la
mise en reserve des terrains renfermant des cites et des vestiges antiques, dans Ie cadre des
reformes agraires du pays. On ne saurait concevoir aucune sollicitude pour le passc sans
avoir assure au prealable la libre disposition des terrains absolument necessaires â son ex-
ploration, terrains ou a fleuri jadis une vie qui est l'origine et le fondement de celle de
nos jours. Les resultats de ces efforts furent malheureusement infimes.
L'annee suivante, une partie du materiel epigraphique, slave et greco-roumain, depose
dans la coui derriere le Musee, abrite lui-m6me â l'Universite, fut transporte k l'eglise de
Stavropoleos, pour y etre mieux protege. Bon nombre d'inscriptions grăco-romaines, dont

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VASILE PÂUVAN

certaines presentent une importance considerable, y sont restees jusqu'â present, tout comme
les metopes ct d'autres fragments du m o n u m e n t d'Adamclissi, d'une valeur artistique et
documentaire unique, deposes en face du Musee Militaire du Parc Carol, abandonnes, les uns
comme les autres, a la merci de la pluie et de la neige.
Le Musee dont Vasile P â r v a n avait assume la direction etait, tel qu'il est encore â l'heure
actuelle, un musee sans local, tolerc et reduit â la bonne volonte d'une autre institution, l'Uni-
versite, accablee elle-meme de nombreuses et dures charges.
N ' a y a n t pas ete â meme de realiser autre chose a Bucarest, V. P â r v a n fit construire â
Histria u n foyer des fouilles, concu et entrepris des 1916, oii devaient trouver un abri le
personnel des rccherches et certains materiaux. II y mit aussi de son propre pecule.
Les fouillcs d'Histria continuerent regulierement de 1921 â 1926. Tour a tour y prennent
p a r t , y assistent ou y font leur apprentissage, pendant toute cette periode, MM. E m . Panai-
tescu et C. Daicovici de Cluj, Paul Nicorescu et Grigore Florescu et, parmi les jeunes, MM.
R a d u Vulpe, Vasile Christescu et M-me Aura Christescu, Vladimir Dumitrescu et M-me Hor-
tensia Dumitrescu, Gheorghe Ştefan et Dorin Popescu.
La plupart de ces derniers participent ensuite egalement â des fouilles prehistoriques
pour continuer leurs t r a v a u x ultericurement a differents endroits du pays.
Le reve de Vasile P â r v a n etait un musee â Histria, muni d'une salle spacieuse d'exposi-
tion, d'abris pour lui-meme et pour ses collaborateurs, d'une bibliotheque et d'une salle d'e-
tudes.
De cette faţon on aurait pu deterrer chaque annee, petit â petit, et exposer t o u t ce que
recele sous terre l'ancienne colonie de Milet, qui a fourni t a n t d'inscriptions et de materiaux
d'importance historique generale, publies par V. P â r v a n dans les Annales de VAcademie Rou-
maine, institution qui, p e n d a n t t o u t ce temps, de meme que la Commission des Monuments
Historiques, a secouru de son mieux les efforts de l'archeologue.
L'edifice fut bâti en briques rouges en 1921 et 1922; la charpente du foyer fut terminee
en 1922. II y avait encore â executer les t r a v a u x en pierre de taille et la toiture. Le terrain
a y a n t ete impropre et certainement aussi â cause de l'insuffisance des ressources disponibles,
l'edifice, par suite d'une averse au mois d'octobre 1922, commenca â s'affaisser et â se fendre.
E n 1923, V. P â r v a n decida sa demolition, t o u t en gardant le materiel qui devait etre
utilise ulterieurement. Les frais qui monterent â 550.000 lei environ furent rembourses
par lui.
Son reve devint ainsi, comme helas! trop souvent les plus beaux reves, u n amas
de ruines.
Vasile P â r v a n ne concevait pas le Musee d'Histria comme le seul possible. Selon une con-
ception courante au sein de la Commission et representee dejâ depuis longtemps par M. N. Iorga,
qui affirmait la necessite reelle des musees regionaux, destines â sauvegarder et a rassembler
par regions t o u t ce que celles-ci peuvent presenter de plus caracteristique â tous les points de
vue de la vie ancienne et moderne, Vasile P â r v a n insista et reussit â realiser les debuts d'un
musee similaire â Constanţa.
Son predecesseur de courte duree au Musee, M. le professeur George Murnu, avait organise
en 1910 â Adamclissi u n musee qui est en ce moment presque une ruine. Vasile P â r v a n
rassembla en 1914, dans u n petit musee, pres de la cite, les objets les plus importants qu'il
trouva â Ulmetum et qu'il n'avait pas la possibilite de transporter et de deposer â Bucarest.
Ce musee subsiste encore. C'est ainsi qu'il aurait fallu proceder dans toutes les cites antiques

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1*
I. \NDRIEŞESCU

les plus importantes. En 1920, M. Paul Mrorcseu, ancien eleve de V. P â r v a n , pose les bases
d'un musee similaire â Cetatea-Albă, destine â recueillir le materiel de l'ancienne cite de Tyras.
Dans le reste du pays et selon les possibilites, nous avons veillc ă la sauvegardc des anti-
quites prehistoriques dans des collcctions ou des musees et mainte initiative louable, mainte
bonne volonte fut stimulce par nous et systematisee.
Desesperant de pouvoir accomplir quclque chose de plus grande envergure â IJucarcst
ou â Histria, Vasile Pârvan se mit en devoir, des 1923, sous les memes auspiccs de la Com-
mission, de l'Academie et du Ministcre (surtout lorsque le titulaire en etait son collegue, M. Al.
Lapedatu), d'organiser dans toute l'etendue du jmys un reseau de recherches et de fouilles
archeologiques, ceuvre collective et unitaire pour dresser la carte archeologique du pays. II
fut seconde dans sa tâche par des collaborateurs. dont bon nombre avaient ete inities j>ar
lui-memc.
Dans l'introduction de sa communication faite a rAcademie Roumaine, le 27 juin 1924:
Aşezări geto-grece, şi daco-romane în câmpia munteană, 1. Piscul Crăsaniior (Cites geto-grecques
et daco-romaines dans la plaine valaque, 1. Le. sommet de. Crăsuni), eonimunication qui, apres
beaucoup de modifications et d'amplifications, devinl son grand ouvrage Getica, V. P a r v a n ,
en presentant k l'Academie a la meme occasion notre tiavail Piscul Crusani. disair <>t sous
cette forme la pagc est inedite:
« Le passe du sol dace avant la eomjuete romaine est presque absolument inconnii. f.es
connaissances historiques eoncernant cette region sont tres reduites et vagues. Les fouilles
et les reeherches prehistoriques rcalisees jusqu'â jiresent ne constituenl point IIII maleri<l
historique, mais bien un materiel purement ethnographique ayant trait surtout â l"art
populairc de rKurope eentrale et du Sud-lvst. Quant a u \ recherch<'s svsteniatiques <le pro-
tohistoire dace. il n'en a jamais ete <juestion jusqu'â jiresimt».
« E n continuant les etudes historiques - sur des bases archeologiques grecques — que
j ' a v a i s commencees depuis quelqiK' leinj>s sur la Dacie a repixjue preroniainc, j ' a i engage <'ii
1922 une enquete topograjihi<ju<'. d'areheologie j>rehislorique <•! j>rotohistori<jue, que j"ai trans-
formee pendant l'ete de 1923 en iinc campagne <le fouilles. Le territoire fouille j u s q i r a jiresent
est compris entre la lalomiţa i't l'Argeş, d'un <'ote, <>t l<' Danube, <>ntr<' Olteniţa <'t (»ura-
lalomiţei, de l'autre eote. Dans le but d'etablir la eontiniiite avcc l'histoire ecrit<', Ies sta-
tions de Tejioque du fer ont ete attaijuees <!<• |>referenc<'. (le|iendant — puisque <-n iiiemi'
temps qu'une etude archeologique, nous l'aisoiis oeuvre d'liistoin' giSographique, <'ii dressant
la carte archeologiqiK' de la Poumanie, que nous <;xecutons sous Jes ausj>ices <1<* l'Union Aca-
demique Internationale — nous n'avons j>as hesite d'entrej>r<'n<lr<' dans la meme region — des
fouilles — meme dans les stations pureiiKMit neolithiques et eneolithiques, dont nous ne j>ou-
vions <'sjx'rer beaucoup d'informations <'ii <•<> (ţui concernc nos buts purement histori<ju<'s ».
« li'exploration technique, d"archeologi<^ jirehistorique, nous l'avons confiee â notre colla-
borateur au Musee et a riîniv<'rsite, M. 1<^ Dr. 1. Aii<lrieşescu, inaître <l<> coiiferenecs jiour la
prehistoire. ».
« Les fouilles sont executees sous notrc direction COIIUIUIIK'>).
« Nous nous sommes fait accompagner, jxnir les initier dans la technique des t r a v a u x sur
le terrain, par les assistants Radu Vulpe. Lcaterina Diinăreanu et Vladimir Duinitrescu,
auxquels nous joindrons pendant l'annee courante d'autres jeunes rei-rues».
« Dans le memoire quc je presente aujourd'hui, je commence l'expose de nos decouvcrtes
protohistoriques par la station qui a ete jusqu'a j)res<'iit la jilus riche et la plus caracferistique

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par les resuLtats qu'elle a donnes, parmi toutes celles qui ont ete explorees l'ete passe dans
la plaine valaque, â savoir Piscul Crăsanilor, dans la vallee de la Ialomiţa ».
« Ma communication a, avant tout, un caractere historique et non pas descriptif et com-
parativement archeologique (cette partie est rescrvee â mon collaborateur, M. I. Andrieşescu,
dont j ai r h o n n e u r de vous presenter l'ouvrage cn meiue temps que le mien, ouvrage qui
constituc le coiumcnceinent d'une autre serie parallele de communications)».
Nos premieres fouilles furent celles de Piscul Crăsani, de Sultana et de Zimnicea, exâ-
cutees par moi-memc (1923 et J924). Les participants parcoururent ensuite les environs ou
furent detachcs tour â tour pour executer des travaux independants cn divers endroits: Tinosul
(M-me et M. R. Vulpe, 1924), G umelniţa (M. \ 1. Dumitrescu, 1925), Boian et Vădastra (M-me
el M. V. Christescu, 1925 et 1926), Fundul Chiselet (M-me Dumitrescu, 1925), C ăscioarele.
Mănâstirea et Băeşti-Aldeni (M. Gh. Ştefan, 1925 et 1926), Lechinţa-de-Mures (M. Dorin
Popescu, 1925).
Kn Bucovinc et en Trunsylvanie V. Pârvan g'assura clans Le meme esprit la collaburation
de M. le Professeur Theophilc Sauciuc-Săveanu et M. le Dr. M. Roska qui fit des recherches
regulieres surtout dans la region de Hunedoara, ainsi que <lu regrette Fr. Laszlo, qui con-
tinua son travail â Ariuşd.
Apres Sultana et Zimnicea, dane l'ancicn Royaume, ce fut Le tour de Sărata-Monteoru (1.
Andrieşescu, 1926 et 1927). Apres Tinosul, Poiana ( E c . e t R a d u Vulpe, 1926 et 1927). Apres Gu-
melniţa, — Drăguşeni, Ruginoasa et Bonţeşti (H. et VI. Dumitrescu, 1926). Apres avoir assiste
a u x t r a v a u x de Sărata-Monteoru, la meme annee (1926) M. I. Nestor fit des fouilles â Glina.
T o u t cela dans le domaine de la prehistoire.
Dans le domaine greco-daco-romain, en dehors d'Histria, les collaborateurs de Vasile
P â r v a n mirent au jour beaucoup d<; materiaux importants, sous sa direction personneLle ou
sous son impulsion, grâce â des ressources modestes, raisonnablement distribuees, provenant
du meme fonds global alloue par la Commission. M. D. M. Teodorescu fit des fouiiles â
Costeşti et des recherches concernant plusieurs cites de H u n e d o a r a ; M. Theophile Sauciuc-
Săveanu, â Callatis (depuis 1925 sans interruption); M. C. Daicovici, â Sarmizegetusa (de-
puis 1924); M. E m . Panaitescu, â B r e ţ c u ; M. Gr. Florescu, â Capidava; le regrette G. Ma-
teescu, a Tibiscum dans le Banat et â SLava-Rusă en Dobrogea; M. Al. Ferenczi, a Poiana
Selei; M. Paul Nicorescu, â Tyras et â Dolojman; M. Metaxa, dans le territoire autour
d'Histria.
Tel fut le debut de L'ceuvre si importante conţue par Vasile P â r v a n , avant la guerre,
ceuvre reprise surtout apres La guerre, concurrcmment avec l'Union Internationaie des Aca-
demies: ia carte archeologique du pays et la part qui nous revient dans la Forma Imperii
Romani. TeLLe fut l'origine de la presente revue Dacia — Recherches et decouvertes archeolo-
giques en Roumanie, qui a eveille l'attention du monde scientifique. C'est ainsi que Vasile
P â r v a n arriva enfin â la conception d'un Institut Archeologique de La Roumanie, grâce â
L'experience qu'ii avait acquise pendant vingt ans et a la comprehension clairvoyante de tous
nos devoirs dans ce domaine. Le projet, moins heureux que celui de l'Ecole de Rome, et de
PEcole de Paris, toutes les deux crcees par M. N. Iorga, dort dans les cartons.
Les dernieres tournees de reconnaissance de Vasile P â r v a n , conformement aux b u t s
de la Commission des Monuments Historiques et du Musee National d'Antiquites, furent
entreprises en compagnie du soussigne et de M. H . Metaxa, â Sărata-Monteoru et en Transyl-
vanie orientale et, par lui-meme, â Glina, pres
www.cimec.ro Bucarest, en 1926.
I. ANDRIEŞESCU

Attire de plus en plus, pendant ses dcrnieres annees par les problcmes de Ia prtfhistoirc,
V. Pârvan fit ses derniercs fouillcs â Bonţcşti, dep. de P u t n a (1926), ou cependant, epuise
par la maladic, il dut ceder la place â un autre (VI. Dumitrescu).
On a decrit ailleurs ses ouvrages personncls, jusqu'a sa grande et vaste Getica.

La Commission des Monuments Historiques a donc perdu par la mort de Vasile P â r v a n


un de ses membres qui, en qualite de directeur du Musee National d'Antiquites, avait
veille vingt ans environ sur tous nos monuments antiques. II a forme des disciplcs dcstines
â en approfondir la connaissance, tout en groupant autour de lui prcsque tous les specia-
listes du pays, voues aux recherches dans le meme domaine.
L'institution qu'il dirigcait n'avait aucune possibilite de reunir tous les monumcnts pre-
cieux du pays, pas meme ceux qui avaient ete rccueillis tour â tour par ses devanciers, par
lui-meme et par les collaborateurs qu'il s'etait assures. Certains de ces monuments gisent
dans le Parc Carol ct d'autrcs dans les salles et dans la cour de l'Universite, qui par amour
et par rcspect continue â leur offrir un abri. Dans l'attente de temps plus favorables, V.
P â i v a n avait organise des musees dans le pays (en Dobrogea), et utilisa dans cc but les
ressources modestes mises â sa disposition pour la realisation d'un vrai commencemcnt de
Service archeologiquc du pays. Nous ne saurions dire si d'autres â sa place les auraient
mieux utilisees. Voilâ comment Vasilc Pârvan avait concu son devoir dans le cadrc dc la
Commission, en qualite de representant du Musee le plus ancicn et lc plus grand du pays,
mais si pauvre en ressourccs ct si accable dc besoins. Cc qu'il n'a pas pu accomplir cntre les
murs dc son institution, il essaya de realiscr ailleurs dans le pays. C'est bien un de ses
merites les plus durables.
E n fondant un organe destine â Ia publication du matcriel dccouvert, il l'a conc,u et a
reussi â l'elever au niveau dc toutc autrc publication similaire de pays plus hcureux de I'Oc-
cident et de notre voisinage.
L'avant-propos de V. Pârvan qui precede le premier volume de Dacia et qu'il avait redige
trois mois seulemcnt avant sa mort, est ainsi particulierement caracteristique:
« Ce pcriodique annuel est l'organc d'un Institut qui n'cxiste pas encorc. J'avais eu l'oc-
casion de proposer, il y a quelque vingt ans, l'organisation d'un service de fouillcs systema-
tiques et, depuis, etais revcnu maintes fois â la charge. Mais les avant-projets pour la crcation
d'un «Institut Archcologique Roumain » par moi rediges â l'intention des titulaires successifs
du Ministere de l'Instruction ou du Ministere des Beaux-Arts, ne purent jusqu'â cc jour etre
transformes en texte de loi».
« Souhaitons que l'avenir nous soit plus favorable ».
« J e tiens â remercier la Commission des Monuments Historiques qui me confia, sans
m'embarrasser de titres sonores, le soin de toutes les fouilles archeologiques de mon pays, avec
des fonds encore tres modestes, il est vrai, mais suffisants pour pcrmettre du moins unc cer-
taine activite collective, capable de stimuler les efforts des jeunes cherchcurs qui se sont
formes autour du Musee que je dirige et de la chaire que j'occupe ».
Vasile Pârvan ecrivait ces lignes en avril 1927. Au mois de juin il rendait l'âme.
S'imposant â nous comme programme de travail ct comme un devoir, les fouillcs ar-
cheologiques continuent chaque annee, selon les possibilites, avec une extension accrue ct
dans le meme esprit.
• Dacia, dont Vasile Pârvan a ete le fondateur, continue et devra continucr â paraître.

www.cimec.ro (>
VASILE PÂRVAN

Seule l'institution oîi, malgre toutes les difficultes et toutes les privations, Vasile P â r v a n ,
entoure des siens, a pense et a realise t o u t ce qui a ete expose plus h a u t , est toujours loin
d'avoir un abri convenable et digne des richesses qu'elle possede et de celles qu'elles devrait
renfermer dans ses murs, pour la vraie gloire du pays dont elle a la mission de representer
le passe par devant le monde entier.
Tous ceux qui ont la responsabilite du prestige et des destinees de notre pays auront le
devoir de doter convenablement, le plus tot possible, le Musee National d'Antiquites. On les
a t t e n d depuis longtemps, pour arracher â l'oubli la fondation du Prince Cuza et du Roi
Charles I , en l'animant d'une vie nouvelle. A cote d'eux, Vasile P â r v a n devra avoir lui aussi
dans Tinstitution future la place qui lui revient parmi les fondateurs, en reconnaissance de son
ceuvre et de ses rcalisations dans des temps extremement durs, aussi bien qu'â titre d'hom-
mage pour ses espoirs decus et pour ses nobles reves.

www.cimec.ro I. A N D R I E Ş E S C U
RECHERCHES PALEOLITHIQUES KN TRANSYLVANIE,
EN 1927
Ces recherches ont eu deux objets bien determines: I", Ja continuatioD partielle des re-
cherches initiees au cours dcs annces precedentes; 2°, l'cxtcnsion dcs cadrcs du palcolithiqtic
de cette region.
1. J'avais fait les premieres recherches â l'cntree de la grotte dc Cioclovina (Csoklovina,

Fig. 1. Coup de poing ovale, Cioclovina. entrce de Fig. 2. Coup de poîng ovale, silex. Cioclovina, cnircc <l<-
la grotte, en pierrc calcaire cristallisee. la grotte.

avait un volume considerable et que son exploration n'aurait pu etre praliqticc avantageu-
sement que par l'elargissement de l'ouverture respcctive et par l'ecartement des roches dont

l
) Voir ma publication en Dacia. vol. I. rar mes recherches <!<• I"an l*)24.

www.cimec.ro 8
RECHERCHES P •U.KOU'I III Ol 'KS l . \ T R A N S V I A A M K . K\ 1927

recroulement â l'entree actuelle de la grotte devenait de plus en plus uiena^ant, j ' a i engage
ces t r a v a u x d'epuration, de sorte que l'annee prochaine je serai en mesure d'entreprendre les
t r a v a u x strictement stratigraphiques, en gagnant l'entree de la grotte par acces exterieur.

Fig. 3. Pointe iuousterienne, silex, Cioclovina, entree de la grotte.

La couche sise au-dessus du foyer se compose d'ar-


^ilr rouge renfermant d«\s pierres â chaux, plus ou moins
grandes, qui y sont tombees
â travers les temps. A droite
de l'entree on a constate de
meme des traces eneolithi-
«{ties provenues d'un foyer
enfonce un peu dans l'argile
rouge pierreuse. II s'agit de
tessons de vases plus grands
et plus petits, ainsi que
d'une faune recente.
Aux environs du foyer
paleolithique, j ' a i depiste
l'ours des cavernes (Ursus
spelaeus) et une dent de
loup (Canis lupus spelaeus).
Fig. 1. Pointe inousterienne, L'industrie est taillee, Fig. 5. Pointe mousterienne, jiierre
pierre calcaire cristallisee,Cio- calcaire cristallisee, Cioclovina,
clovina, entree de la grotte. ou en pierre calcaire cris- entree dc la grotte.
tallisee, comme â Federi
(Fegyer, distr. de Hunedoara), ou en silex provenant des roches calcaires de la grotte.
Cette industrie a en partie u n caractere transitoire, îi savoir il s'agit de coups de poing

www.cimec.ro
I)r. MARTIN ROSKA

ovalcs (fig. 1,2) ct cardioformes. Ces


dcrnicrs pcuvent etre consideres en
partie comme des types du eentre de
l'Europe.
Les rcchcrchcs qu'on fera par la
suite â cet endroit autoriseront Te-
mission d'unc opinion definitive â
Icur sujct. Parmi Ies typcs principaux,
lc coup de jioing y esl lc plns rcprc-
scntc au jioint dc vuc numcriqiic. II
en est dcs exemjilaires figurant commc
la j)ointe mousterienne (fig. 3—5).
Ils sont cn jiartie tailles grossiere-
ment. Leur forme typique ne s'est
j>as develojqiee d'unc facon accomjilie.
Fig. 6. Racloirs mousteriens (1, 2, 3), grattoir et per- ()n jieut les considcrer par aillcurs
coir (4), 1, 2, 3, pierre calcaire cristalliscc, 4, 5, silex,
Cioclovina, entrcc de la grotte. coininc jirovenus dn monsterien mo-
ycn, resp. sujierieur. (Irt ainal^anic s'exjdique
j)ar le fait cju'ils furent d^couverts au bord d'un
foyer et par la circonstance que la vic de
l'homme moiisterien n'a j>as ete stabh; dans
cette grotte, jniisqnc lcs chasseurs inoiistcricns
ne gravissaient ijiie jicndant l'ete la hauteiir au
Sommet de laquelle elle est situee.
Le caractere des COUJIS de poing inoins bien
taillcs rcsulte aussi du fait que leur matericl brnt
est la jiierre calcairc cristallisee, un materiel jiour-
tant qui n'est jias de premiei ordrc. A j>art cela,
le silex provenu des jiarois dc la grotte est un
materiel de troisicme ordre, tres friable et d'une
casse irreguliere.

Fig. 7. Couteaux moust., 1, 3, calc. crist., F'ig. 8. Racloir moust., calc. crist., Cioclovina,
2, silex, Cioclovina, entree de la grotte. entree de la grotte.

www.cimec.ro 10
RECHERCHES PALEOLITHIQUES EN TRANSYLVANIE, EN 1927

Vu tous ces phenomenes, on ne saurait rien opposer â l'opinion que ces produits appar-
tiennent â la couche moyenne, resp. superieure, du mousterien.

Fig. 9. Coups de poing (1, 2, 5) et pointes mousteriennes (1—6), quartz.

Cette opinion est encore confirmee par la decouverte de racloirs mousteriens moyens
(fig. 6, no. 1 et 2), en forme de demi-cercle.

www.cimec.ro Jl
Di. \i \ i r n \ unsk \

L'industric acccssoin- csi rcprescni.ee par le racloir ovale (fig. 6, no. 3), par le grattoir
(fig. 6, no. 5) et par le forel (fig. 6, no. 4), ainsi <|iic par unc scric d'outils cn forme <lc tran-

Fig. 10. Coup de poing (2) et pointes moust. (quartz blanc), Ohabaponor, couche III.

chant dc couteau (fig. 7). Les racloirs en forme de dcmi-ccrcie sont rcpresentes de rneme
par Ie typc â l'envers droit et â tranchant dcmi-circulairc (fig. 8).

www.cimec.ro L2
RECHERCHES PALEOLITHIQUES EN TRANSYLVANIE, EN 1927

2. Mes rccherches â I'entree de Ia grotte şituee sur la roche calcaire appelee Bordu Mare

Fig. 11. Racloirs inoust. ( 1 - 6 . quartz blanc et 7—8, gris), Ohabaponor, couche I I I .

pres de la commune de Ohahaponor (distr. de Hunedoara), furent initiees des 1923, en com-
pagnie de M. J . Mallâsz.

www.cimec.ro 13
Dr. MARTIN ROSKA

Elles continuent chaque annee. On a pu constater la stratigraphie suivante: en h a u t , il


y a une couche alluviale d'une epaisseur de 30 cm., renfcrmant des tessons romains, eneolithi-

Fig. 12. Racloirs moust. (1, 2, 3, 4, 5, 6, quartz blanc et gris, 4, 7, 8, silex),


Ohabaponor, couche III.

ques et neolithiques. Cette couche est soutenue par plusieurs couches paleolithiques dans
l'ordre suivant, de h a u t en b a s :

www.cimec.ro II
RECHERCHES PALEOUTHIQUES EN TRANSYLVANIE, EN 1927

I. Une couche epaisse de 40 cm consistant d'argile sablonneuse.


Elle renferme des pierres â chaux. Sa consistance est plutot lâche. La faune y est repre-
sentec par YUrsus spelaeus, VEquus caballus foss., la Felis catus ferus. L'industrie de la couche
offre des traits aurignaces inferieurs, consistant en partie de racloirs mousteriens provenus
de la couche immediatcment inferieure.
I I . Une couche cpaisse de 80 cm, consistant d'argile jaune sablonneuse remplie de pierres
â chaux. Sa consistance est un peu plus serree que celle de la premiere couche.
Sa faune est representee par VUrsus spelaeus et VEquus caballus foss. L'industrie est mou-
stenenne typique et consiste de coups de poing en quartz et en silex et de differents racloirs.
I I I . Une couche epaisse de 90—100 cm consistant d'argile grise j a u n â t r e , embourbee.
Llle est farcie de pierres â chaux, plus grandes et plus petites. On y rencontre par en-
droits une dent ou un os d'animal. Sa consistance est si puissante que la taille n'en est possible
qu a grand peine. Un grand foyer se trouve â sa base. La consistance cede un peu â cet endroit
â cause de la cendre. Ce foyer est bourre de mottes, de nucleus de quartz blanc et gris, de
restes de fabncation, de pierres a lancer et d'outils finis. F a u n e : Ursus speîaeus, Equus caballus
foss., Canis lupus spelaeus, Hyaena spelaea, Rhinoceros tichorhinus.
Unc partie du materiel attend encore sa determination. Industrie: le mousterien typique
ou moyen, consistant du coup de poing du type de l'Europe centrale, taille des deux cotes
(fig. 9, no. 1, 2, 5, et fig. 10, no. 2) ou sur le dos seulement. Nous possedons aussi plusieurs
exemplaires dont le dos n'est pas du t o u t taille ou presente peu de traces de taille (fig. 9,
no. 3, 4, 7 et fig. 10, no. 1, 3, 4—9).
Us sont tailles en grande partie en quartz blanc ou gris. Peu nombreuses sont les pointes
moustcriennes taillees en silex. Le racloir mousterien demi-circulaire y est abondant (fig. 11,
no. 1, 3, 4 et fig. 12, no. 8). II est accompagne du racloir ovaloîde (fig. 12, no. 5, 6) et
du racloir â l'envers h a u t (fig. 11, no. 2 et fig. 12, no. 3, 4).
L'industrie de cette couche est completee par differents grattoirs (fig. 11, no. 5—8, fig.
12, no. 7, fig. 13).
IV. Une quatrieme couche, epaisse de 60 cm, consiste d'argile embourbee d'une couleur
jaunâtre-brune. Elle est pleine de pierres â chaux.
Sa consistance est moins serree que cclle de la couche I I I . F a u n e : Ursus spelaeus, Equus
caballus foss. A la base d e la couche j ' a i rencontre" une modeste industrie â caractere mous-
terien (fig. 14).
V. Cette derniere couche a une epaisseur de 80 cm et consiste de la meme argile jaunâtre-
brune, embourbce. Sa consistance est tout aussi serree que celle de la couche I I I . Pour le mo-
ment elle est sterile.
3. On avait decouvert ici auparavant, sur les terrasses plus inferieures, dans la direction
de Ponor, des eclats de silex.
On a fait cette annee la preuve qu'ils proviennent d'une station neolithique locale.
4. P e n d a n t l'ete de 1925, j ' a i decouvert les traces du paleolithique inferieur de Iosăşel
(Joszâshely). J ' a i ete en mesure de poursuivre chaque annee mes t r a v a u x â cet endroit, grâce
surtout aux subsides pecuniaires qui m'ont ete accordes par le Palais de la Culture d'Arad. J e
tiens â exprimer m a profonde gratitude â Mr. le Dr. Lazăr Nichi, directeur de cette institu-
tion, qui m ' a seconde d'une facon tres intelligente pendant toutes ces recherches.
Nous savons par le rapport de l'an 1925 (Dacia, vol. II) que le nom de Pârâul Creminoşi,
ou Cremeneasa t o u t bref, a rappele mon attention s'ur le Iosăşel et que, apres y

www.cimec.ro 15
I)r. MAHTFiN ROSK \

avoir decouvert des traces de civilisation importantes, j ' a i reussi â en decouvrir aussi aux
environs du Miezes (fig. 15).

Pig. 13. Racloirs inoust. (l-l. quartz blanc. 8. silex), Ohabnponnr. conchc III.

Le lit de la riviere, ainsi que ses rives, abondent en jaspc, en opale de foie et en chalcedon,
charrie par l'eau jusqu'ici. Une grande partie s'est disloquee dans le lit de Crişul Alb. En

www.cimec.ro 16
RECHERCHES PÂLEOLITHIQUES K\ TRÂSiSYLVANIE, K\ 1927

exjilorant minutieusement tout le lit et les bords de cette riviere, j ' a i constate la presenee entre
ceg sources d'une terrasse moyenne appelee Dealul Rofi, qui est pleine elle aussi de produits

Fig. 14. Pointes (1, 5, 6), coups de poing (2, 3) et racloirR moust. (1—6 quartz
blanc. 7, 8. 10, silex). Ohabaponor. couche IV.

et de restes de fabrication. E n gravissant vers l'Ouest, le versant d'une terrasse plus elevee
que cette declivite, qu'on appelle Plopăt, est plein egalement de produits. Les traces m'ont

i:
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2 Doei* III IV 1927 Wl.
Dr. MARTIN KOSKA

conduit jusqu'â la terrasse plus 6lev6e mcntionnee tout-â-1'heure et appelee « La Cocini ». Sur
cette terrasse j ' a i pu creuser quelques tranchees et je me suis convaincu que le materiel brut

Fig. 16. Coup de poing prechcllcen,


Iosăşcl, lit, opale-foie.
Fig. 15. Iosăşel (Joszâshely) et
environs.

Fig. 18. Coup de poing migdaloide, Fig. 17. Coup de poing prechellcen,
opale-foie, Iosăşel, lit. Iosăşel, lit, opale-foie.

gît â cet endroit in situ. C'est de lâ que les paleolithiques ont extrait leur materiel b r u t . C'est
toujours lâ qu'ils l'ont faconne en partie, â grands traits ou meme dăfinitivement. Tout le

www.cimec.ro I»
RECHERCHES P A L E O L I T H I Q U E S EN TRANSYLVANIE, EN 1927

materiel gît dans une couche d'argile brune dont l'extremite a une epaisseur de 30—40 cm et
le milieu, de 80—100 cm. Le penchant occidental de cette terrasse, appele « Prosele », a garde
egalement beaucoup de materiel provenant de Cocini.

Fig. 20. Disque chelleen inferieur, opale-foie, Iosăşel, lit.

Fig. 19. Coup de poing ovalofde,


opale-foie, Iosăşel, lit.

Fig. 22. Coup de poing ovale, opale-foie, Fig. 21. Coup de poing lanceloîde, chelleen
Iosăşel, lit. sup., opale-foie, Iosăşel, Prosele.

II va de soi que les produits provenus de Cocini, de Plopăt et de Dealul Rofi n'ont pas
ete roules, ni modifies non plus, puisqu'ils n'ont pas ete charries par l'eau et n'ont pas souf-
fert comme le materiel charrie par le ruisseau Creminoşi.

l<)
www.cimec.ro
2*
|)r. MARTIN ROSK \

C'est â Cocini, sur la declivite de Plopâl el 8ur le Dcalul Kofi que IKMIS pouvous imaginer
les stations d'autrefois. II faut donc faire dcs fouilles serieuses cn ces endroits, sans rien

Fig. 23. Disque chelleen sup., opale-foie,


Iosăşel.

Kig. 21. Coup de poing de Valea Murc


(/iirundpiitiik). Cruiti.

Kig. 25. Coup de poing triaugulaire reduit. deuii- Kig. 26. Coup de poing trianguluire reduil, denii-
aeheve, Valea Mare ( / a r â n d a p a t a k ) . Dtiduiu. achcvc. Valea Vlare ( / a r â n d a p a t a k ) . Dudaiu.

epargner, si nous voulons realiser unc stratigraphic.


Le lit de la riviere est modifie tous lcs ans. Du materiel inconnu surgit de cettc facon en
merae temps â la surface.

www.cimec.ro 20
RECHERCHES PALEOLITHIQUKS K \ TRANSYLVANIE, K.\ 1**27

J u s q u ' e n 1925, je n'avais decouvert que des traces du chelleen inferieur, tandisqu'en 1926
et 1927 j ' a i rencontre des produits presentant le caractere du chelleen superieur, des coups de
poings a y a n t subi quelques coups de taille â peine (fig. 16, 1 7 \ avec l'intention de fabriquer
une arme ou un outil affile de la motte naturelle.
J e suis convaincu que je ne m'eloigne pas de la verite, en considerant ces produits prechel-
leens. On a decouvert tous les tyj^es principaux du chelleen inferieur, tels le coup de poing
migdaloîde (fig. 18) et ovaloîde (fig. 19), le disque taille â grands traits (fig. 20). Ensuite une
serie de produits aj>partcnant â l'etage superieur du chelleeu, tels le coup de poing ovale (fig.
21), lanceloîde (fig. 22) et le disque mieux taille. II est represente â Iosăşel aussi par un disque
dont u n coin proeminent est plus minutieusement taille (fig. 23).

Fig. 27. Coup de poing demi-acheve, Eig. 28. Rrotuna-Prevaleni


Valeu Marc (Znrândnpnrak). Dndaiu. et environs.

P a r suite d'une innondatiou, vers la Noel de 1925, le lit t o u t entier de la riviere s'est mo-
difie et des outils surgirent â la surface, qui jusqu'alors gisaient caches. P a r m i ces produits on
peut choisir les types du chelleen inferieur et superieur, aussi bien qu'une serie de coups de
poing triangulaires, reduits du type de La Micoque. L/hypothese que cette civilisation n ' a i t pas
ete inconnue en ces j>arages me fut confirmee par la decouverte d'un nombre plus reduit de
couj)s de poing en forme de lance et de demi-coups de poing â l'envers h a u t ^).
Toutes mes determinations sont basees sur la typologie et sur la technique. Des fouilles
systematiques ne furent pas encore possibles, faute de moyens pecuniaires.

') Voir Vî. Rosku, Dic Spuren der La Micoqur-Knltur in Siebenbiirgen, Vie Eiszeit, II, 1926,

www.cimec.ro 21
Dr. MARTIN ROSKA ~

Quant â la terrasse Dcalul Rofi et La Cocini; nous en attendons les r6sultats strati-
graphiques et faunistiques qui confirmeront toutes nos suppositions.
Nous avons beaucoup â attendrc de ces recherchcs stipendieuses. C'est ce que temoignent
les fouilles faites â:
5. Valea Mare (Zarândapatak, distr. d'Arad), vers le Nord-Ouest de Miezeş, ou j ' a i decou-
vert â deux endroits une station paleolithique.
La premiere station je l'ai rencontrec sur la rive
droitc de la rivierc debouchant vers le Sud-Ouest dans
la Valea Iosaş, appel6e «Dudaiu».
Par lcs petites tranchces que j ' a i creus6es a ccrtains
points de cettc terrasse j ' a i pu me convaincre de la pre-

Fig. 29. Coup de poing, demi-


acheve, Brotuna.

Fig. 30. Coup de poing ovaloîde,


Brotuna. Fig. 31. Coup de poing ovale, brise, Brotuna.

sence en bas d'une couche d'argile brune (comme â Cocini), epaisse de 36 cm.
Cette couche sera plus haut epaisse de 65 cm.
Les paleolithiques se sont etablis â coup sxir dans ces parages egalement, puisque la pierre
â fusil et l'opale de foie y sont rencontres in situ. Des produits finis y furent trouves dans une
quantite plus reduite, mais d'autant plus de produits demi-finis. A part cela, des rcstes de
fabrications ont surgi â la surface, â l'occasion des petites fouilles qui y furent executees.
Le coup-de-poing plus ou moins migdaloîde (fig. 24), le coup-de-poing demi-fini nous
indiquant le type triangulaire reduit de La Micoque (fig. 25 ct 26), le coup-de-poing ovalc, dcmi-

www.cimec.ro 22
RECHERCHES PALEOLITHIQUES EN TRANSYLVANIE, EN 1927

fini, nous autorisent a admettre que l'industrie de Dudai appartienne au facies de civilisation
de La Micoque qui est contemporain de l'etage superieur de l'acheuleen.
A Sud-Est de cette station, sur la rive gauche de cette riviere, â la borne qui s'appelle Gruiu
(aupres du bosquet de la cote 285), le materiel b r u t est situe dans des nids. Un de ces nids
a mesure 12 m de long sur 7 m de large. Les produits finis ou demi-ouvres, tels des nucleus, des
percuteurs, des restes de fabrication, gisent dans une couche d'argile brune, epaisse de 60 cm.
Vers le milieu du nid en question j ' a i rencontre le bord d'un foyer, ce qui est un pheno-
mene important nous autorisant â esperer que des recherches poursuivies energiquement fe-
ront surgir â la surface des preuves faunistiques en dehors des preuves stratigraphiques.
L'exploration de ce foyer n'a pas pu etre executee.
Nous esperons toutefois que d'ici un an nous ayons â notre disposition les fonds qui nous
permettront de faire u n pas en avant sous ce rapport.
L'aspect des produits ne differe point de celui de Dudaiu. J e fais re-
marquer qu'on a trouve ici egalement le coup de poing lanceloîde et le
demi-coup de poing â l'envers h a u t , tous les deux demi-tailles ' ) .
J'omets â cette occasion l'industrie ac-
cessoire, represent^e en grand nombre â Io-
săşel, aussi bien qu'â Valea Mare. Son grou-
pement exact ne pourra ctre fait qu'apres les
recherches stratigraphiques.
6. A Nord-Ouest de la commune Brotuna
(distr. de Hunedoara, fig. 28), sur la haute
terrasse de la rive droite du Crişul alb, sur
Fig. 32. Racloir, le soi-disant Dealul-cremenos, l'opale en bois
Brotuna.
se trouve in situ en grandes quantites.
E n parcourant la foret seculaire, j ' a i ren- Fig. 33. Racloir,
contre des fosses en forme d'entonnoir, creusees expres. L'examen de leurs Brotuna.

bords et de leur environs m'a convaincu que j'avais affaire â de vraies


mines paleolithiques dont on avait extrait le materiel brut qui fut mcme taille sur place en
partie, mais â grand traits seulement, ainsi que nous le demontrent les nucleus, les percu-
teurs, les restes innombrables de fabrication, par endroits meme un produit fini.
Le caractere des produits est en partie chelleen inferieur (fig. 29, 30) et en partie chelleen
superieur (fig. 31). Les produits secondaires, surtout les racloirs, sont tres riches (fig. 32, 33).
7. A Sud-Ouest de Brotuna, â la borne de la commune Prevaleni (distr. de Hunedoara,
fig. 28) sur le soi-disant Vârful Cremenei, j ' a i rencontre egalement des mines, comme dans
le voisinage de Brotuna. Les produits â demi tailles qui en sont provenus ont le caractere du
chelleen inferieur.
Nous esperons pouvoir disposer sous peu des fonds necessaires, pour faire la verification
de ces produits au point de vue stratigraphique et faunistique. Le foyer de Valea Mare nous
autorise â l'esperer.
Dr. MARTIN ROSKA
Cluj

x
) Par suite des fouilles executees â Dudaiu et â ses que ces deux stations appartiennent â la phase
Gruiu, en 1930, on a trouve des indications serieu- compignienne du mesolithique.

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L'EPOQUE NEOLITMIQUE DE LA BESSARABIE
DU NORD-OUEST
C O N T R I B U T I O N S Â LA C H A R T E A R C H E O L O G I Q U E D E LA R E G I O N

Cette etude representc un expose succinct des donnees archeologiques que j ' a i acquises
par suite de recherches pratiqu€es de 1913 â 1923 dans le sol de la Bessarabie septentrio-
nale, renfermant des materiaux de l'epoque neolithique, decouverts et etudies j>ar moi pen-
dant la susdite periode. A partir de 1922, j ' a i pu d6couvrir nombre de stations de l'hommc
primitif, decrites dans les publications suivantes: Trecutul preistoric ul Basarabiei de Nord l)
(Natura no. 3, Mars 1925, p . 18), Urmele omului diluvial în Basarabia 2 ) (Buletinul Muzeului
Naţional de Istorie Naturalâ din Chişinâu, fasc. I, 1926) et Der palăolithische Mensch in Bessa-
rabien (Georg Stilke-Verlag, Berlin, 1927).
Le matenel le plus rccent de l'epoque protoneolithique et n6olithique en Bessarabie sera
decrit amplement dans la seconde partie (Das Neolithikum Bessarabiens) de ' m o n ouvrage
Urgeschichte Bessarabiens, qui paraîtra sous jieu.
L'epoque neolithique nous a laisse â nous aussi une grande quantite" de restes conserv6s
dans les stations abondamment munies de ses materiaux.
Ces stations se trouvent la plupart des fois sur des jilateaux coinmodes et bien situes,
en forme ordinairement allongee, le long de nos grandes rivieres, le P r u t h ct le Dniester, aussi
bien que sur les bords des rivieres y debouchant.
C'est lâ que menerent leur vie paisible les tribus de Iaboureurs primitifs jusqu'â l'e-
poque oîi elles furent contraintes de quitter les lieux sous la jiression des invasions ennemies.
Ce sont les temps neolithiques de la ceramique peinte, correspondant k la fin de l'6poque
plus recente de la pierre, â laquelle il convient d'attribuer la premiere apparition, sporadique
tout de meme, du cuivre dans nos stations.
Ou ont-elles disparu, les peuplades de la ceramiquc jieinte? Ou ont-elles repris demeure
et qu'est-ce qu'elles ont cree?
Tout ce que nous pouvons avancer de positif, c'est qu'une regression commence d6jâ â
se produire vers la fin de notre neolithique.
Cette regression est clairement denoncee par les restes de civilisation que nous ren-
controns dans les răgions superieures des couches de nos stations, presentant un caractere
de degenerescence.
Voilâ les resultats atteints sous ce rapport par les fouilles minutieuses entreprises sous
ma surveillance jiar le Musee National de Chişinău dans la station de Darabani No. 1, situ^e
dans le bassin du Dniester.

2
' ) Passt prehistoriquv dc /« lîessarnbic du Nord, ) Vestiţ>rs dr Vhomme diluvien en Hessarahie.

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I / E P O Q U E N E O L I T I Q U E D L LA B E S S A R A B I E D U NORDOUEST

Les restes de ceramique y furent decouverts en 1923 dans la fosse No. 4, â differentes
profondeurs, dans l'ordre ci-dessous:

Profondeurs cn cm. Produils cerumiques.


0,0 5 Tessons de vases â parois sans ornetnents, aux bords rerourhes et â rayures resultant de
l'ouvrage â la roue.
5 11 Vases â parois epaisses, niodeles grossierement, sans ornements.
11- 31 Vases â ornements incises, spiraux et spiraloldes.
31- 34 Tessons jaunes-roussâtres ă motifs differents d'ornementation incisee.
34 41 Tessons bien cuits, sans o r n e m e n t s ; noirs et bruns, a ornements en forme de lacet.
48 70 Interruption. Horizon sterile.
70 77 Tessons noirs â coquilles finement broyees. Certains exeraplaires presentent des o r n e m e n t s
incises. Tessons rouges a ornements incises quadrilles.
77 85 Tessons bruns et noirs â parois minces.
Parfois bruns, ils presentent des ornements en couleur noire. Les tessons noirs ont une
ornementation incisee, simplement lineaire.
86 92 Tessons incompletement cuits â ornements incises; â environ 92 cm, des tessons noirs, sans
ornements, â coquilles finement broyee».
92 - 102 Ceramique peinte.
102 108 Tessons noirs meles de tessons peints et de fragments de couleur rouge.
108 126 Ceramique peinte et, â la base du niveau de l'horizon, sous des debris de parois, des tessons
bruns â ornements plastiques.

Des resultats analogues furent obtenus â l'occasion d'autres fouilles egalement, oîi la
ceramique peinte se trouve â un niveau plus bas que la ceramique monochrome ou fait com-
pletement defaut.
P a r t o u t les produits de la ceramique peinte sont accompagnes de tessons bruns et noirs,
â la surface lisse, ordinairement sans ornements ou â ornements incises, lineaires et plasti-
ques, consistant de proeminences de formes variees.
Nous passons maintenant â l'analyse de chacun des depots neolithiques qui nous sont
connus.

STATION D E D A R A B A N I No. 1
A y a n t joui d'une etude plus detaillee que toutes les autres, cette station fut decouverte
par moi des 1913, â l'occasion des fouilles et du recueil du materiel paleontologique, ren-
contre par les piocheurs â l'extraction du gypse, dans des depots d'argile loessoîde, au-dessous
de la couche de civilisation de la station neolithique.
La station se trouve sur une hauteur oblongue, dont les versants se profilent presque
â pic, — h a u t e u r qu'une isthme etroite unit au plateau de la region, — et sur le bord d'un
ravin ancien, au fond duquel coule u n ruisseau au nom de Zamcesko, debouchant dans le
Dniester.
Malheureusement la moitie de la couche de civilisation s'est perdue entierement, e t a n t
fouillee p a r les ouvriers qui deblayaient la surface des depots de gypse.
La surface de la portion de la station non atteinte par les fouilles est d'environ deux
hectares, mais elle ne s'est pas conservee entierement non p l u s ; elle est traversee par des
lignes de tranchees et par des fosses de frontiere, tandis que sa surface est de la terre arable
labouree tous les ans.
Les fouilles que j ' y ai faites pendant plusieurs annees, la collection des antiquites se
t r o u v a n t en etat Ubre â la surface de la couche, des travaux dc reconnaissance et enfin des

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Dr. CESLAV AMKKO.IKVICI

fouilles plus amples qui furent entreprises par le Musee National de Chişinâu sous ma direc-
tion, nous ont donne la possibilite de recueillir un materiel abondant qui nous fait voir la
civilisation materielle et spirituelle des habitants primitifs de la station dc Darabani.
Toute une serie de fragments ceramiques, d'objets en pierre et de produits plastiques pri-
mitifs nous devoilent les mysteres de la vie qui y pulsait jadis.
L'objet le plus rapproche de notrc etude doit etrc neccssairemcnt l'habitation humainc
ou pour mieux dire les restes de cette habitation.
Malheureusement il nous est impossible de nous faire une image claire et detaill6e de
l'arrangement des habitations, transformees en monceaux de debris entrcmel6s et effrites.
Certaines indications nous permettcnt tout de meme dc rcconstituer l'aspect dc l'habita-
tion neolithique, relativement asscz bien.
Elles consistent principalement de fragments de parois, â savoir d'une mixture cuite
de glaise et de substances vegetales. Ces fragments sont frequemment tres bien liss6s ou pre-
sentent des concavites qui ne sont autre chose que les empreintes de la charpente des parois,
formee de pieux et de clayonnagc. Le fondemcnt des « maisons » neolithiques etait une fosse
pas trop profonde. On y enfoncait les pieux et ceux-ci, raffermis par la claie et la glaise, for-
maient les parois, qu'on finissait par ravaler.
Les planchers sont restes non cuits, tels qu'on en voit encore dans les demeures des paysans.
La construction des toits serait tout-â-fait inconnue, s'il nous avait rnanquc l'indice quc
nous offre â cet egard une urnc domiforme (Hausurne) de la station de Turdaş ' ) , pres de
Orăştie, en Transylvanie, appartenant â unc civilisation apparentee â celle de Darabani.
La seule chose que nous pouvons allegucr sans contrcdit cst que l'habitation neolithique
de Darabani avait un caractere â demi souterrain du type Hiittengrubc.
Pcndant les fouilles, on n'a pu rencontrer les traccs claires de l'âtre. On a decouvcrt tres
rarement sur les planchers dcs eclats de tisons mel6s de tessons, d'os animaux peu carbonis6s
et de graines calcinees.
Un trait interessant mais peu explicablc cst un tas dc pierres non ouvrces ct amoncelees
en forme de pyramide, qui furent decouvertes sur le planchcr dc l'une des habitations ex-
humees.
Des apparitions communes sont les moulins â bras et lcs pierres â polir en forme de
tablettes qu'on rencontrc en grandcs quantites aux differents endroits dc la couche de civili-
sation.

CERAMIQUE

La plus simple classification qu'on peut faire au premier coup d'ccil scra sa division en
deux groupes principaux: ceramique monochrome et ceramique polychrome.
II faut mentionner egalement un troisieme groupe compose d'une scrie de residus cera-
miques garnis d'ornements peints, aussi bien que d'ornements incises et creuses.

1. C E R A M I Q U E MONOCHROME

Les formes des vases, autant que la deduction est possible, sont variees. P a r m i ces formes
on rencontre: des pots simples de cuisine, assez larges, des ecuclles, des vases â corps convcxe,
au goulot assez etroit, des vases â filtrer, des plateaux, des cruchcs â unc espece dc bouchons
') Voir M. Hoernes, Die neolithische Keramik in fiir Erforschung u. Erhaltung der Kunst-u. historischcn
Osterreich dans le Jahrbuch d. Zentral-Kommission Denkmăler, vol. III, I-cre Parlie, 1905, p. 19, fig. 38.

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L'EPOQUE NEOLITHIQUE DE LA BESSARABIE DU NORD-OUEST

en terre cuite, ce qu'on rencontre assez souvent, de petits vases en forme de tasses et des
ecuelles plutot des «vases-doubles », sans fond, dont la destination reste inconnue.
Bon nombre des vases decouverts etaient munis de couvercles, representes par des disques
legerement convexes du cote superieur, ayant un trou au milieu. Les couvercles couvraient
ordinairement les bords des vases ou etaient appuyes dans certains cas sur des proeminences
en forme d'anses annulaires appliquees au dedans ou en dehors du goulot un peu au-dessous
de son bout. II faut admettre dans ce dernier cas l'existence de couvercles plus compliques
ayant pu remplacer assez convenablement les pots habituels disposes â la renverse.
Les fonds des vases sont la plupart du temps plats, bien qu'on en rencontre parfois de
ronds ou â pieds.
Le transport et l'accrochement des vases avaient lieu au moyen de manches, d'anses et
de certaines proeminences plastiques, trouees ou non trouees, qu'on appliquait â la surface
des vases.
Les anses ont la forme d'arcs, triangulaires ou quadrilateraux.
Les proeminences plastiques ont des aspects varies: tantot cylindriques, en forme de cors,
t a n t o t en forme de boutons ou ressemblant â ce qu'on observe sur certains vases troyens â
figure humaine (Gesichtsurne) x ), mais dans un etat plus rudimentaire.
On peut mentionner aussi en ce lieu les proeminences plastiques en forme de tete d'oiseau,
lorsqu'elles ne sont pas des fragments de figurines.
Cette categorie comprend deux exemplaires: le premier a u n visage de h i b o u ; le second
rappelle une tete de vautour. Tous les deux ont des becs et des yeux, representes par des
trous d'une forme correspondante. La tete de vautour presente des signes de cavites en guise de
fosses nasales. La tete en est recouverte d'une serie de concavites representant le plumage.
Les vases sont ouvres â la main exclusivement, sans l'intervention de la roue.
La cuisson est la plupart des fois moyenne, mais paraît de temps â autre meme inferieure
â ce degre egalement. Pour obtenir une meilleure resistance des vases, on ajoutait â l'argile
une certaine quantite de coquilles finement broyees, de sable et de graines de silice.
La plupart des produits ceramiques est garnie de differentes sortes d'ornements. On
ornait bien des fois non seulement le cote exterieur des vases, mais bien aussi le cote inferieur
du fond et l'interieur des parois.
Les elements de l'ornementation sont groupes en trois categories: a) incises, b) creuses et
c) plastiques.

a) Ornements incises
Les ornements incises sont les plus frequents et representent toute une serie de motifs,
des plus simples jusqu'â des motifs assez compliques.
Les plus repandus et typiques de notre station sont les ornements spiraux et spiraliformes.
A cote des spirales, on rencontre des figures geometriques, â savoir: des arcs, des demi-
cercles, des cercles concentriques, des ovales, des ellipses, des lignes verticales et obliques
reliant les figures mentionnees et constituant des combinaisons variees, depourvues souvent
de toute symetrie.
Les arcs s'embrassent parfois reciproquement ou forment des tangentes â directions dif-
ferentes.
x
) Carl Schuchardt, Schliemanns Ausgrabungen im fig. 70, 71.
Lichte d. heutigen Wissenschaft, Leipzig, 1890, p. 92,

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I)r. CEST.AV \MBR0.TEVIC1

IIs accompagnent ordinairement des eercles, des ovales et des ellipses et sont disposes
â leur interieur dans des positions variees, par deux ou par plusieurs. en formant des groupes
entiers.
On rencontre aussi des ornements « solaires ». formes de cercles â une espeee de rayonne-
ment.
L'ornement rectiligne est compose de lignes en forme de ruban entourant les vases dans
les sens les plus varies. Ici encore, nombre de combinaisons, selon le groupement et la dis-
position des lignes.
Nous mentionnons egalement les ornements en forme de vagues et en zigzag, en forme
de carres et de croix.
Les ornements cruciformes ne sont rencontres que sur le fond de eertains petits vases.
b) Ornements creuses
La forme la plus simple de cette espece d'ornements consiste de certaines excavations
qu'on pratiquait par l'enfoncement au moyen de l'ongle et du doigt.
On ornait de cette facon le bord dcs vases depourvus de toute autre ornementation et
ouvrăs assez grossierement.
Une forme plus perfectionnee de eette categorie d'ornementation est prcsentâe par les
ornements ceignant les vases de lignes entieres, horizontales ct brisees, â I'effet de niotifs
angulaires. Cette sorte d'orncmcntation etait appliquee non sculement aux parois, mais aussi
aux manches et aux proeminences des vases.
Un interet particulier presentent les outils en 08 que nous avons decouverts â Darabani.
Ils servaient â pratiquer les ornements enfonccs, des plus simples aux [ilus compliques, voire
meme jusqu'aux rangees de lignes paralleles recouvrant la surface des vases. Ces instruments
sont des lamettes recourbees en os, munics d'un cote d'iine rangce de dents alternativement
pointues et non pointues.
II suffit de passer cet outil â la surface molle du vase non euit pour la couvrir de rangees
de lignes droites paralleles.
On obtenait au moyen du meme outil des groupes de lignes eourbes.

c) Ornements plastiques
Au point de vue de la forme, ces ornements peuvent etre divises en quatrc groupes:
a) proeminences horizontales; b) proeminences rondes: c) proeminences en forme de boutone
et d) proeminences en forme de fer-â-cheval.
Les plus repandus sont ceux du deuxieme groupe.
Les proeminences en forme de boutons sont rondes. ovales et oblongucs, entre le goulot
et le commencement des vases proprement dit, groupees par plusieurs, isolecs ou, ce qui arrive
plus rarement, disposees par deux ensemble.
Les ornements plastiques en forme de fer-â-cheval sont les jilus rares. ()n les rencontre
pres des bords des vases ou un peu au-dessus du milieu de leurs corps.

2. C E R A M I Q U E PEINTE
II convient de souligner que cette espece de ceramique n'atteint pas iei un developjie-
mcnt particulier, malgre qu'elle presente de tres beaux cxemplaires accusant mcmc un gout
artistique distingue.

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I/EPOQUE KEOLITHIQUE l)E l . \ RESSAK\KIK 1)1 \OHP-OlEST

Le* restes de ccramiquc pcinte, comme je l'ai dit auparavant, se trouvent toujours aux
cndroits inferieurs de la couche de civilisation. II faut donc les considerer plus anciens que la
oeramique monochromc.
L'ouvragc des vases est
parfait. Leur surface est recou-
verte d'une couleur jaune elaire,
rose et rouge.
Le cote interieur des vascs
etait orne egalement. Les cou-
leurs employees sont: rouge,
rouge-brun, violet-brun et noir.
Les ornements sont en une ou
en deux couleurs.
On rencontre des motifs
rectilignes, arqucs, spiraux,
denteles, triangulaires, angu-
laires, cruciformes, solaires,
serpiformes et ainsi de suite. La
forme typique des vases est â
goulot large.
A part cela, nous rencon-
trons des ecuelles, des tasses,
des vases-doubles en forme de
binocle *), toutes les fois sans
fond, â destination inconnue,
des coupes (Schbpftbpje) et
ainsi de suite. Ces vases sont
rnunis d'anses, de manches et
de proeminences en forme dc
tete d'animal.

PRODUITS DE LA
PLASTIQUE

Ces produits sont divises F i g L j _ 7 Darabani

en deux groupes: des statuettes


reprcsentant des hommes et des figurines d'animaux.
Les premieres sont des nus feminins; les dernieres, notamment des boeufs. Les figurines
feminines sont planes ou convexes.

') Ces objetK originaux sont rencontres souvent une destination rituelle. Ceci est confirme aussi par
dans le cadre de la soi-disant civilisation premy- la decouverte de vases-doubles en compagnie de
cenienne. D a n s notre station on rencontra une fois restes funeraux â Rilcze-Zlote (district de Rorszcziow,
la moitie d'un vase-double. Le t u y a u avec la portion en Galicie orientale). voir O. Ossowski, Sprawozdanie
superieure de l'arc gisait â l'endroif inferieur de la rzwarte z wycieczhi paleoetnologicznej po Galicyi w
couche de civilisation. Au dedans du t u y a u fut trouvc roku 1892 dans le Zbior wiadomosci do antropologii
un eanif en silice. J'estime que ces objets aient eu Krajowej, vol. X V I I I , p. 18.

www.cimec.ro 2«>
Dr. CESLAV AMBKOJEVICI

Les statuettes planes reprcsentcnt Ic corps humain debout, tandis quc lcs statucttes con-
vexes le representent ordinaircmcnt assis ou â dcini couche. L'image humainc cn cst souvent
schematique. Lcs statuettes cruciformcs cn pcuvent scrvir d'excmplcH.
La tete, dans le cas de nos statuettes, est une espece de cone allongc', sans demarcation
entre la tete et le cou. D'autrcs fois cctte partie sc prcscntc cn formc cylindriquc aboutissant
â unc boule en formc de bouton
qui representc la tete.
Lcs trous travcrsant la tcte et
les excavations rej>resentent lcs
yeux et rarement la bouche. Le
nez est une proeminence qu'on
modclait au moycn dc dcux doigts.
Les mains font dcfaut ou sont
rudimentaires. Les pieds sont
reunis et finissent, soit par un
piedcstal sur lequel il jmuvaient
ctre assis, soit en forme de cones
allonges ct j)ointus.
Le cote posterieur et les
hanchcs sont d'habitude tres
developpes. Pour l'accrochement
des statuettes on pratiquait des
trous, soit aux ejmules, soit ă la
poitrine dcs figures humaincs. Le
sein et le nombril paraissent en
forme de creux r o n d s ; les organes
scxucls sont grattcs ou jdastiques
cn attitudes variecs. Lc genou est
modele primitivement en forme
de convexitc prcscntant souvent
des creux ronds.
Les ccinturcs dc chastete\
ainsi qu'on lcs dcsignc ordinairc-
ment, quoique j'estime plus con-
vcnable l'cxj)lication donnce par
M. Ferdinand Reizenstein ') au
Fig. 2. 1—28 Darabani sujet de ces « ceintures d'Aphro-
dite» dont la mission scrait dc
tenter les representants du sexe contraire, sont figurees par une ligne grattee, peu recourbee
en h a u t , au-dessus du cote posterieur. Cette ligne est horizontale au devant et traverse des
deux cotes les proeminences des hanches.
La ligne de la ceinture forme d'autres fois la base d'un triangle equilateral, â savoir le
triangle « d'Astarte » ou « du sexe ».

x
) Voir Urgeschichte d. Ehe, p. 15, fig. 7, 8, 9 (fîdition Kosmos, Stuttgart).

www.cimec.ro 30
L'EPOQUE NEOLITHIQUE DE LA BESSARABIE DU NORD-OUEST

Bcaucoup plus rarement, les ceintures en question sont representees d'une maniere plastique
et entourent le corps de nos statuettes. La separation des pieds etait souvent marquee par des
lignes serrees p a r t a n t en arriere de la ligne de la ceinture et au devant du bout du triangle sexuel.
Les ornements i n c i s e s ,
creuscs et pcints deces statuet-
tes n'en sont pas moinsinteres-
sants. Les ornements incises
consistent de combinaisons de
rnotifs rcctiligncs, angulaires,
en zigzag, spiraux, etc. Les
orncment8 creus6s accompag-
ncnt les ornements incis6s.
Sur quelques statuettes
les memes formes d'ornements
sont souvent repetees, soit
tcllcs quclles, soit avec de
16gercs modifications portant
aussi sur les idees du culte
religieux de ces temps-lâ.
Certaines formes de ta-
touage pouvaient meme servir
de symboles religieux aux
porteurs de pareils symboles.
P a r m i les statuettes peintes
nous ne connaissons qu'un
seul exemplaire plan et cruci-
forme. La couleur rouge dont
il a ete peint s'est si mal
conservce, qu'il est de toute
impossibilite d'cn retracer les
dctails orncmentaux.
Un int6ret particulier pre-
eentcnt les signes incises ren-
contr6s souvent â nos statu-
ettes. Ils apparaissent dans la
rcgion abdominale, â cote des /tc £m SirmynsXî]
organes scxuels ct se com-
posent de quadrilateres divises Fig. 3. 1—5 Darabani 6—13 Lipcani

p a r dcs lignes croisees en qua-


tre carres mineurs. De petites fossettes sont souvent imprimees entre les branches de cette
croix. La signification plus profonde de ces signes nous est confirmee par leur presence sur
des representations plastiques feminines d'autres points de la dispersion des civilisations
ncolithique tardive et eneolithique. II suffit de mentionner la s t a t u e t t e de Cucuteni x ), pres

') Dr. M. IlOrnes, Urgeschichte d. bildenden Kunst in Europa, fig. 42, p. 211.

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I)r. CKSI.W VMBROJEVICI

de Ja8sy, en Moldavie, et les soi-disant vases Gesichtsurnen de Troie ') 011 enfin la eroix erochue
dont est ornee Ia statuette en plomb de Troie 2 ).
Si le « svastika » (Hackenkreuz) est le symbole du feu, de sa naissance et de la naissance
en g6n6ral, il est evident que les signes existant sur nos statuettes 3 ) sont cgalcincut tres
etroitement lies â la destination mentionnee plus haut, qui donne aux statuettes deerites tout-
â-1'heure leur signification de d6esses-meres, des produits d'un art qui n'est pas physioplastiquc
comme tel, mais biert ideoplastique, religieux 4 ).
Parmi les figurines representant des animaux, celles des bovides sont les plus nombreuses.
II y en a aussi qui representent des ovid6s, des porcs et des oiseaux. Le poil des animaux est
figure souvent par des lignes incis6es. Les images animales plastiques sont rencontrees beau-
coup plus rarement que les statuettes humaines.

O B J E T S EN TERRECUITE
Un grande nombre des objets en terre cuite sont connus de la majorite des stations neoli"
thiques de l'Europe et ne presentent aucun trait nouveau. Des particularit6s locales existent,
quand meme.
Une apparition commune sont les toupies de fuseaux â ornemcnts simples, incis6s ou
pointilles, ou, ce qui arrive la plupart du temps, completement d6pourvucs d'ornements. De
meme, les poids du metier â tisser 5 ) .
Les poids ont des formes variees: piriformes, coniques, pyramidaux, cylindriqucs,
oblongs, etc.
Leurs dimensions en section verticale varient de 4,7 cm ă 8,1 cm.
L'usage frăquent de ces toupies et de ces poids est confirme par leur abondance et par le
fait que leur trous sont â force d'usure tres 6mouss6s, ainsi que la base corrod6e des poids.
On rencontre souvent des objets de parement, tels que les rassades, munis de trous. Nous
mentionnons, entre autres, de grandes plaques discoldes, des rassades en forme spherique ou
constituant parfois en section des hexagones reguliers et enfin de petites lames quadrilaterales,
Les objets dont la destination n'est pas suffisamment certaine sont les cones en minia-
ture rencontres aussi â Iablanica 6 ) et â Troie 7 ), ainsi que les objets menus en forme de bou-
tons â excisions â leur partie superieure.
Interessantes sont de meme les cuillers fragmentaires ou entieres que I'on rencontre assez
souvent. Quelques-unes sont communes, de petites dimensions, pourvues d'ornements incisds
en forme d'entailles ou peintes, â manches perces pour l'accrochement.
Nous mentionnons encore les grandes cuillers (Schbpflbffel), travaill6es tres artistiquement
en forme de tasses, et pourvues de longs manches.
1
) Carl Schuchhardt, Op. cit., p. 92, fig. 70. *) Les statuettes a base pointuc poiivaient 6tre
2
) Schuchhardt, Op. cit., p. 88, fig. 63. implantees dans la terre â Toccasion de pri^res, eto.
'•) Aucune des 8tatuettes de genre masculin quc •) Comme modelc peut servir la reconstitution du
j'ai decouvertes apre8 la conclusion de cette etude metier â tisser des stations lacustrcs n^oIithiqucM.
ne possede de pareils signes. L'ornementation des fi- qu'on trouve dans Der Mensch zur Kiszeit in Europa
gures masculines est tout-â-fait differente de celle par Dr. Ludwig Reinhardt, voir fig. 344, p. 526.
des figurines feminines. •) Voir Dr. Miloje M. Vassits, Die neolithischr.
La description detaillce des idoles de genre mascu- Station Iablanica bci Medjuludzje in Serbien, fig. 87
lin decouvertes en Bessarabic suivra dans mon ou- et 88, pp. 38, 39.
vrage Urgeschichte Bessarabiens, Il-e Partie (Das ') Schliemann, llios, No. 492. p. 463.
NeolUhikum Bessarabiens).

www.cimec.ro 32
L'EPOQUE NEOLITHIQUE DE LA BESSARABIE DU NORD-OUEST

Leur surface interieure etait parfaitement lisse et arrondie ou cotelee (gerippt). Dans
ce dernier cas elle formait en section une ligne brisee. La marge des bords de ces grandes
cuillers etait ornee d'une seule ligne composee d'une serie non interrompue de fossettes.
D'autres objets en terre cuite etaient les billes rondes â lancer, ressemblant â celles qui
furent decouvertes par von Stern â Petreni 1 ) (district de Bălţi, en Bessarabie, dans la station
situee entre le village de Glodeana et Leonardovca (district de Bălţi) par le geologue T. S.
Porucic 2 ), â Iablanica 3 ) (Serbie) par M. Vassits, â Butmir 4 ) (pres de Sarajevo, en Bosnie) et â
Lengyel 5 ) (comitat de Tolna, en Hongrie).
Des objets dignes d'attention sont encore les fragments de lumignons, un escabeau destine
â l'installation de l'idole et une crecelle en terre cuite.
Les fragments de lumignons ont des traces de peinture et se composent des parties du
bassin troue â huile, du goulot creusc d'un petit fosse, ainsi que d'une petite tasse ayant une
petite excavation pour servir â la fixation de la meche.
L'escabeau est â pieds courts. Sur sa partie inferieure sont incisees dcs figures tres sche-
matiques d'hommes et de plantes.
La figure humaine est faite en profil, habillee de vetements, la main levee en h a u t . Les
plantes sont en forme de tiges â points representant probablement des fruits et des semences.
La destination de l'escabeau ă l'installation des idoles est prouvee egalement par la commu-
nication de M. V. V. Chvoika 6 ), dont il ressort qu'il a decouvert une fois une figurine assise
preciscment sur un escabeau en terre cuite similaire â l'exemplaire que nous avons rencontre
nous-memes.
La crecelle est une sphere vide en terre cuite, renfermant quelques petits caillous. La
surface en est munie de proeminences en forme d'aiguilles, dont trois seulement se sont con-
servees, tandisque les autres sont brisees. Le secouement de ce jouet produit un son clair.
Voilâ un detail precieux de la vie des representants de la civilisation neolithique.

O B J E T S E N P I E R R E . SUBSTANCES O R G A N I Q U E S

Les outils en pierre sont des haches, des haches-marteaux, des ciseaux, des pierres â lancer
en forme arrondie, des scies en silex, des couteaux, des fleches, des perţoirs, des grattoirs,
des nucleus et des modeles en miniature de haches plates.
Les objets mentionnes plus h a u t presentent toute une serie d'exemplaires, â partir de
la premiere etape de leur confection jusqu'au dernier fini.
P a r m i les haches-marteaux on rencontre souvent des exemplaires â trous incomplets.
La reproduction ") en miniature d'une hache («Schuhleislenkeil») en terre, mesurant 5 cm
de longueur, offre un trait interessant.

*) Voir Dr. I. Andrieşescu, Contribufie la Dacia dans la region de la civilisation tripoljenne, publie
înainte de Romani, p . 39. d a n s les Memoires de la sect. d''Archeologie russe et
2 slave de la Sociite archeol. Imperiale russe, vol. V,
) Collection d e M. T . S. P o r u c i c â Chişinău.
3 fasc. I I , 1904.
) D r . V a s s i t s , Op. cit., fig. 97, p p . 4 1 , 42, 4 3 .
4 7
) R a d i m s k y - H o e r n e s - S c h r o t e r , Die neolithische Sta- ) A c o m p a r e r les m o d e l e s m i n i a t u r e s de haches
tion von Butmir bei Sarajevo in Bosnien, vol. I, des differents m a t e r i a u x d e c o u v e r t s â C u c u t e n i , pres
p. 25. Jassy (Musee d ' E t h n o l o g i e de Berlin), â Sprenchi-
5 G e s p r e n g b e r g , p r e s B r a ş o v (Mitleilungen d. Anthro-
) Vosinski, Das Schanzwerk von Lengyel, vol. I I ,
T a b l . X X V I , fig. 194. polog. Gesellschaft in Wien, 1900, p . 192, fig. 9 6 — 9 9 ) ,
6
) Voir V. V . C h v o i k a , Les fouilles de Vannee 1901 â Lengyel ( W o s i n s k i , op. cil., I I , p p . 8 5 . 142, 197).

33
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3 Dacia I I I — I V 1927/932.
I)r. CESLAV AMHItn.lKVIC.I

Les flechcs cn silex, dont la l'orinc csi ordinairement triangulaire, sont lout-a-fait rarea
dans notrc station. Lcs materiaux dont on faisait lcs outils cn pierre elaient la inarnc, la roche
verte (chloryte), le schiste argileux, Ia pierre calcaire ct Ic granit. Celui-ci provient, selon
toutes les probabilites, des prooininences riverainos du Dnicstcr, situecs dans la rogion dcs
villages d'Ojeva et de Lomacinţi.
Le silex est abondant dans le rayon du village de Darabani cn l'orme dc concrctious pro-
\ e n a n t des depots marneux appartenant au Senoman inlorieur.
Parmi les objcts cn os mentionnons Ics suivants: dcs tuyaux vidcs qui scrvaicnt probablc-
ment au forage des outils en j)icrre ; des poignards, des poincons de formes et dimensions variccs ;
des lames rondes, percees au înilieu cl scrvant probablemcnt d'ohjets de paremcnt ; des ciscaux
grands et petits; des instruments en forine de eouteaux servant au lissage de la surfaoe des
vasos en argile; de petites pelles et certains instruments oretes au moyen desquols on faisait
les ornements imprimes.
Les objets en corne de cerf sont des hoyaux, des polles (inosurant 34 oin), des lances â
basc percee, des outils â tresser â trois trous, de petits oiseaux â trous, des objots rappelant
par leurs formes les fameux «bâtons dc commandement» paleolitniques et enfin los instruments
â cogner appeles en allemand «Faustschlagivt>rkzeugc».
Des dents percees de chien, des defenses de sanglicr ot dos eoquilles marines (Pectunculus
pilosus) servaient d'ornements du cou et sont froquontcs dans notre station.
Un exemplaire de canine ă destination ornomontale et au trou ineomplet offre un interet
particulier.
Les objcts en pierre, en os et en oorno, demi-ouvros, detoriores, de moino que finis, sont
tres abondants.

O B J K T S KN METAL KT KIS V E R R E

Parmi les objets en metal il faut mentionner iino bague on fil eourbe, de^'ouvert*^ a l'ho-
rizon superieur de la couche de civilisation, â coto de tessons de oorauiique inois^o.
L'analyse qualitativc faito â Plnstitut do (Ihimie de rUniversită de Cernăuţi (liullitin
d'analyse No. 225 de l / I I , 1923) a prouvo qu'il s'agit de euivre pur.
Le dessus du fil possodo uno sorio oomplete <rcgratignuros rajqiolanl la l'ornio dos ooailles.
L'un de ses bouts est plus minee que r a u t r e et que sa partie moyenm^.
La presence de cet objot en ouivre dans la partio sii|)oriouro de la eoiiehe de civilisation,
â cote des restes de la eeramique monoohromo, demontre la [x'notration graduelle du cuivre
dans nos stations vers la fin du noolithique et Bouligne la jcunoss»» relative de la oivilisation
de la ceramique monochromo par rajiport â e.elle de la poterie pointo.
Tout aussi interessant est le fragment d'un manolio tordu d'une masse vitreuse bruiie-
verdâtre, temoignant des eonnaissanoes de nos potiers neolithiques dans Tart d'obtenir une
haute temperature au moyen de Iaquelle on faisait ciiiro los produils do la poterie dans des
fours et dans des oheminees fermees.

R E S T E S D E FAUNK

Parmi les residus oulinaires (KiichenabfUlle) deoouverts au dedans et au dehors des habi-
tations, on rencontre aussi en grandes quantitos les restes des animaux qui ont fourni la

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L'fiPOQUE NEOLITHIQUE DE LA BESSARABIE DU NORD-OUEST

n o u m t u r e â 1 homme neolithique de Darabani, ainsi que le materiel dont on preparait les


divers objets de l'mventaire domestique. On rencontre surtout les coquilles des mollusques
d'eau douce Unio pictorum et Anadonta, constituant parfois des agglomerations entieres
rappelant dans des dimensions tres diminuees les monceaux de restes de la cuisine danoise
appel6s Kbkkenmoddinger ou Skarndynger.
Les os, les cornes et les dents du gibier et des animaux domestiques ont ete determines
par l ' I n s t i t u t de Zoologie de l'Universite de Czernowitz.
On en peut enregistrer les restes du Cervus elaphus, du Bos taurus, de la Sus scrofa fer.,
de la Sus scrofa domestica, de la Ovis aries, du Canis familiaris (intermedius?) et du cheval
sauvage Equus caballus, appartenant â la race des chevaux lourds.

Fig. 4. 1—10: C£ramique peinte de Darabani.

P a r m i les os humains, il faut mentionner la decouverte de l'os cranien, a. savoir l'occi-


pital, rencontre â une petite profondeur de la couche de civilisation â cote de tessons de vases,
de quelques coquilles et du fragment du poids d'un metier â tisser.

A la fin de cette breve etude sur les donnees resultees de Fexploration de la station neo-
lithique de Darabani, il m'incombe de faire remarquer que la plupart des objets decouverts
constituent ma propre collection archeologique, ramassee p e n d a n t dix annees de t r a v a u x
consacr€s â l'etude du Nord extreme de la Bessarabie au point de vue paleo-ethnologique.
L ' a u t r e portion, resultee des fouilles systematiques que j ' a i entreprises p e n d a n t l'ete de 1923
avec le concours materiel accorde par le Musee National d'Histoire naturelle de Chişinău, est
devenue la base de la section d'archeologie prehistorique, aupres du dit Musee.

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Dr. CESLAV AMKKO.I KVICI

Au mois de mars 1922, j ' a i mis quelques cxemplaires d'antiquites de la station de Dara-
bani â la disposition de M. le dr. I. Andrieşescu, sous-directenr â cette epoque-lâ et actnelle-
ment Directeur du Musee National d'Antiquites de Bucarest.

STATIONS N E O L L T H I Q U E S D E LA B E S S A R A B I E DU N O R D - O U E S T
MOINS R E C H E R C H E E S

Nous nous sommes occupes jusqu'ici de l'etude succincte de la station de Darabani. Dans
ce chapitre nous allons envisager sommairement les donnees qne nous avons obtenues par
des travaux de reconnaissance.

Fig. 5. 1 — 1 1 : Ceramique incisee de Darnbani.

1. M O R I Ş O A R E L E L U I PAŞA OU P A Ş I N S C H I I E MLÂNCHI
(bassin du Dniester, dans le rayon du village de Darabani)

Dans la plaine appartenant aux habitants de Darabani, â une distance d'environ x/2 km
de la rive du Dniester, furent decouvertes les traces d'une station neolithique.
Parmi les objets y decouverts, il convient de mentionner: des fragments de muraille, des
tessons de ceramique peinte, un fragment de couteau etroit en silex, des fragments demi-ouvres
en silex, des pierres â polir et des coquilles de Unio pictorum.
On a trouve, en dehors de cela, sur la colline de la rive gauche du ruisseau Morişoarele
lui Paşa, en face de la premiere station, des tessons sans ornements et des fragments de silex.

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L'EPOQUE N E O L I T H I Q U E DE LA BESSARABIE DU NORD-OUEST

2. STATION D E R E A B O I I A R (rayon du village de Caplevca)


La situation topographique de cette station est analogue â celle de la station No. 1 de
Darabani. On y a recueilli, â la surface de la couche de civilisation, des tessons de ceramique peinte.

3. C H I T R O Ş I (rayon du village de Darabani, bassin du Dniester)


Dans le voisinage de « F â n t â n a lui P e t r u » on a decouvert la moitie anterieure d'une
hache-marteau polie, en pierre crue, verte.

Fig 6. 1, 3, 4, 7: Lipcani; 2, 5, 6, 8, 9, 10, 11: Darabani


4. LÂSÂI GORB (bassin de la riviere Şepit, affluent du Dniester,
rayon du village de Caplevca)
A la surface de la hauteur appelee « Lâsâi Gorb » on a rencontre des fragments demi-
ouvres en silex, des tessons de vases, depourvus d'ornements ou rarement peints, des anses
de vases et des fragments de muraille.

5. CHIŞLA N E D J I M O V A (bassin du Dniester)


Dans la region de la station paleolithique de Chişla Nedjimova : ) on a decouvert aussi
des traces de civilisation neolithique, â savoir: quelques haches en pierre, une fleche en silex
en forme triangulaire, bien finie et une rassade percee en pierre.
') Voir Ceslav Ambrojevioi, «Urmele omului dilu- Chişinău, fasc. I, 1926) et l)er palăolithische Mensch
vial în Basarabia» (Bulet. Muzeului Naţional din in Bessarabien (Georg Stilke-Verlag, Berlin, 1920).

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l)r. CESLAV AMBHOJKVICI

6. MOTUS (bassin du Dniestcr, rayon du village de Pcrcăuţi)


La station est situee â la surface de la hauteur allongee aboutissant d'un cote au rivagc
du Dniester. Parmi les restes de civilisation n6olithique recucillis ă cet endroit, nous men-
tionnons lcs suivants: fragments de parois delabrees, fragmcnts dc masse de scorie, des char-
bons, des tessons â orncments incises et peints, ainsi que des cclats dc silex ouvr6.

Vis. 7: 1—10: Daruluuii

7. VORONOVIŢA (bassin du Dnicster)

Les environs du village Voronoviţa prescntent u n interet special en ce qui conccrnc


la prehistoire, puisqu'il renferment des antiquites neolithiques t o u t aussi a b o n d a n t c s que
des residus de la civilisation paleolithique. A l'endroit appelc par les h a b i t a n t s de ce
village « N a wygonie» et dans le terrain de M. Streletz, aussi bien quc dans les t r a n -
chees et dans le profil du rivage, j ' a i pu recueillir un matăriel neolithique asscz riche,

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:\n
L'KPOQIK NKOLITIIIQUK DE I.A BKSSARABIK Dl NOKD-OIKST

consistant de tessons de vases, â oraementation tres variee (analogue â Darabani [}), de quel-
ques fragments de lames en silex gris et noir, non retouchees, de deux haches plates, de
fragments de paroi, d'os d'animaux domestiques et de coquilles Unio pictorum.

8. LENCĂUŢl (bassin du Dniester)


Dans le voisinage immediat d'une splendide station appelee «Barvinskaia Gora > et
a p p a r t e n a n t ă la phase superieure aurignacienne (Voronoviţa I), se trouve une eminence
allongee, appelee « Go-Maria». C'est lă q u ' o n t ete decouvertes des traces d'une vaste
station neolithique. On rencontre p a n n i les materiaux decouverts de nombreux tessons
de vases, la plupart sans orncments, quelques haehes plates, demi-ouvrees, des lames,
des grattoirs, des fleches et des coquilles Unio pictorum.

9. B A B I N (bassin du Dniester)
On y rencontre des residus de la civilisation neolithique sous l'ancien cimetiere du
village, pres de la station paleolithique
« J a m a » . Lâ ont 6t€ trouvees quelques
haches d'un polissage parfait, en silex gris- VB^J^^A. V
sclair, et des debris de parois. Une a u t r e \ ^Hf J
station neolithique est situee â Tendroit
appele « Muravesko ».

10. R E S T E V - A T A C H I (bassin du Dniester)


Mon ouvrier, Jacob Cazimir (habitant
du village Chişla-Nedjimova), pendant qu'il
se trouvait â la recherche des traces de
l'homme quaternaire sur la rive du Dniester,
a decouvert dans un ravin appele Şipotov-Iar, Fig. 8: Lipcani
situe aux alentours du village de Restev-
Atachi, une belle hache en silex, en couleur claire.

11. MOLDOVA (bassin du Dniester)

Un etablissement neolithique fut decouvert en 1915 dejâ sur le plateau de la hauteur


situee â proximite du village de Moldova.
C'est de cette station que sont provenus: des tessons incises et plusieurs outils en pierre.
J ' a i vu en 1923 une belle hache de Moldova chez M. Natraşevschi, administrateur agricole
de Romăncăuţi.

J2. CORMAN (bassin du Dniester)

Le village Corman est domine par une eminence appelee « T o m y n a » , bien connue â
present, grâce â une station tres i m p o r t a n t e , a p p a r t e n a n t â l'aurignacien superieur,
decouverte par moi en 1914. Sur cette eminence on rencontre aussi, bien que r a r e m e n t ,
des traces d'une civilisation neolithique. P a r m i ces dernieres sont â mentionner deux
petites haches plates en silex gris.
Une a u t r e station se trouve dans une clairiere, â l'endroit appele « Skoki».

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l)r. CESLAV AMHKOJKVICI

Parmi les objets recueillis â Skoki il y a des tcssons presentant des ornements
incises, la tete brisee d'une figurinc humaine, dont les yeux ne sont quc de simples
trous, â la bouche et au nez simplcmcnt marques. La partie inferieure du corps d'une
idole feminine est entouree d'une ceinture, ornee de differentes lignes grattees, dispos^es
en forme d'eventail. En dchors de cela, on a trouve la partie inferieurc du corps d'une
autre idole, sans aucun ornement, dcs lames en silex, des grattoirs et des fragments de
parois. Cette station promet un materiel scientifique tres interessant.

13. Ş E B U T I N Ţ I (â proximitf du Dniester)


Dans lc terrain des habitants du village Şcbutinţi, a l'cndroit appele « Sokira», passe
un chemin conduisant de Briceni â Şebutinţi. Dans lc profil de la route et dans la fosse
a ete decouverte la couche de civilisation d'une station neolithiquc. II convicnt dc mcntionncr
parmi Ics objets qui y ont ete trouves des dcbris de poterie sans ornement et une hache
cn pierrc, dont l'ouvragc etait â pcinc eommenn'.

14. NEPOBOTOVO (bassin du Dniester)


On a decouvert les traces d'une station neolithique dans le domaine dc M. A. N. Beimers,
situe tout prcs du rivage du Dniester, en facc du villagc dc Bolşoi bcrcg (Haut rivagc) dans
la <( gubernia » de Podolie en Ukraine.
Parmi lcs decouvertes qu'on y a faites, nous signalerons: des tessons de ceramique peinte
et incisee, des fragments de lamettes en silex, bien retouchccs, une belle scie en silex, la base
d'une statuette femininc en terre cuite et la figurine d'un animal.

15. VOLOŞCOVO (bassin du Dnicster)


De nombreuses trouvaillcs nous ont permis de constater que dans lcs environs de ce
village etaient florissantes trois civilisations, â savoir ccllcs des p6riodes paleolithifjuc,
protoncolithique et de la periode neolithique. La prcmicrc station neolithiquc, plus
importante, est situee sur une petite eminence, a proximite dc l'cglise et vis-â-vis du
cimetiere. J ' y ai recueilli de tres nombreux restcs d'une ccramiquc incisee et peinte, deux
statuettes feminines en terre cuite, sans tete, dcs lames en silex, retouch6es, des os
d'animaux domestiques, des coquilles Unio pictorum et des fragmcnts de parois
A part cela, on rencontre bon nombre de tessons ncolithiques et des instruments en
silex, aussi bien que des coquilles Unio pictorum, sur une colline situee au-dessus d'un
ravin appcle « Haidamackij J a r ».

16. SÂNGEB
Le plateau de la hauteur distancee d'un kilometre â l'Est du village de Sânger renferme
une station neolithique.
A l'occasion du labourage du champ, M. Boţul, maître d'ecole, a d«'^couvert lcs objets
suivants: cinq haches en pierre calcaire molle, un fragment de hache-marteau en granit, une
rassade percee en pierre, la partie superieure d'une figurine fcminine et un tres joli poignard
en silex, au manche casse.
La region mamelonnee des alentours du village de Sânger et des localitcs voisincs aura
offert un emplacement commode â l'homme neolithique. Les recherches futures permettront
sans doute la decouverte en ces parages d'un grand nombre de stations neolithiques.

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L'EPOQUE NfiOLITHIQUE DE LA BESSARABIE DU NORD-OUEST

17. CLIŞCĂUŢI

P e n d a n t ses recherches pedologiques, M. le professeur N. P . Florov a decouvert la station


neolithique situce dans le rayon du village de Clişcăuţi (â 3 k m du village de Şişcăuţi), sur le
plateau d'une petite eminence.
On y a recueilli des tessons de vases et des fragments de paroi.

18. R A Y O N DU V I L L A G E D E N E L I P Ă U Ţ I (decouverte faite incidemment)

A une distance de 2 % k m , â l'Est du village de Nelipâuţi, sur le penchant de la colline


appelee « Dealul Noua-Suliţă », on a rencontre le fragment d'un couteau en silex gris clair.

19, 20. V I L L E D E B R I C E N I (bassin de la riviere L o p a t n i c , affluent du P r u t h )

Les environs de la ville de Briceni ont ete habites eux aussi â l'epoque neolithique, grâce
â la frequence des collines rocheuses et d'eminences mineures â surface plus ou moins unie
consistant de calcaires toltriques.
On connaît trois stations dans le rayon de Briceni.
Les couches de civilisation de ces depots ne depassent jamais l'epaisseur de 70 centimetres.
Les couches de terre revetissant les surfaces et les penchants des collines et des eminences
mineures sont minces et constituent une defense peu certaine des restes de vie prehistorique
renfermes dans les couches de civilisation des stations de la region de Briceni.

STATION No. 1
1
A une distance de l ^ km de Briceni, â droite du chemin conduisant au village de Tabani, il y a
une eminence qu'on appelle « Lâsaia Gora ». Elle est flanquee par le ruisseau Lopatnic, l'un des affluents
du Pruth.
Le fil de ce ruisseau est coupe par un barrage, dont il resulte un lac artificiel. Le Lopatnic arrose
le pied de cette hauteur du cote Sud, Ouest et Nord. A l'Est, la Lâsaia Gora est reunie aux eminences
du relief ambiant. Son sommet presente un plateau dont la surface atteint 5 — 6 hectares. La couche
de civilisation de ce plateau a une epaisseur moyenne de 40 cm.
Parmi les objets qui y furent decouverts nous mentionnons: de nombreux tessons de vases, entre
autres le fragment d'une cuiller simple en terre cuite, la tete brisee d'une statuette representant un
belier; des fragments, ainsi que des exemplaires intacts, d'instruments en silex; des pierres â fronde;
des moulins â bras; des pierres â polir; une hache plate en pierre; un ciseau en pierre polie; de beaux
exemplaires de pierres â fusil et des residus organiques, tels que des fragments de bois petrifie, de bois
de cerf, des dents et des os d'animaux et des coquilles Unio pictorum.
Les residus des vases correspondent par leur forme et par leur ornementation â la ceramique incisee
de Darabani. Les ornements en consistent de spirales, de lignes droites, d'arcs, d'elhpses, de cercles, de
croix, de fossettes et d'autres motifs de meme nature.
On rencontre frequemment ici, comme â Darabani, des fragments de vases en forme binoculaire.
Un phenomene etrange est l'exemplaire d'ornement plastique rappelant par sa forme la lettre im-
primee z (»;) de l'alphabet russe.

STATION No. 2

Une deuxieme station, beaucoup plus reduite que la premiere, est situee egalement pres du Lopatnic
sur le penchant de la hauteur qui se trouve â gauche du chemin conduisant au village de Tabani.
Cette station ne consistait vraisemblablement que de quelques habitations.
Les restes de poterie correspondent â ceux de la premiere station. On y a decouvert en outre des
fragments de parois effritees, un fragment de hache-marteau trouee, en granit, et une fleche en silex
â la pointe brisee.

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l)r. CESLAV AMBROJEVICl

STATIOIN No. 3 ( d e c o u v e r t e p a r M. le professeur N. P. F l o r o v ) .

Cette station est situee ii cotc <hi cimetiere M b r a l q u c . I'aute dc tcinps disponihlc, j c n'ui pus cu lu
possibilite de fnire <les recherches iluiis le ruyon <le ee d c p o t .
L'ubsencc <le lu ccruiiiique peinte <luns les stntions incntioiinccs <lu ruyon <le Hriccni et le r u p p o r t
i n t i m e u n i s s a n t les exeinplnires ccrnmiqucs <le Briceni ii ceux <le Diirubuni nons nhligeut n u t t r i b u e r
les s t a t i o n s de Briceni u In fin <le l ' e p o q u e n e n l i t h i q u e . c'est-u-dirc ii lu periode de flornison <le lu
e c r a m i q u e ineiscc.

21. CORESTĂUŢI (bassiu de la riviere Mocrâi Racoveţ)


Les restes de l'epoque neolithique, representes par des fragments de parois et par bon
nombre de tessons de vases, sont rencontres dans le rayon de la route conduisant de Briceni,
un peu en haut du pont situe pres du jardin de M. N. Crupeo, au fosse du jardin et au champ
qui limite un petit ruisseau, affluent du ruisseau Mocrâi-Racoveţ.

22. CEPELELIŢI

Des traces d'une station neolithique ont ete constatees dans le potager, dans le verger
et dans lc champ appartenant â M. V. Balinschi.
Parmi les objets y decouverts il y a: des fragments de parois, des tessons â ornements
peints et incises, une hache en silex au fil brise, des fragments d'instruments en silex, une
figurine en terre cuite representant un bceuf, des fragments dc figurincs humaines, en argile,
â ornements incises, un fragment de rassade paree d'un ornement rectiligne incise et un exem-
plaire de hache en terre cuite, tres dcteriore, de petites dimensions.

23. GHINCĂUŢl

La couche de civilisation d'tine station neolithi<|ue apparaît daus 1<- t<-rrain <l<> la propriete
de M. Eugene N. Stamo. Des fragments de parois, des tessons de vases peints sont rencontres
sur la route conduisant â Rujniţa et sur le champ du cote de la petite ville d'Edinţi.
Parmi les antiquites qui y furent decouvertes, il y a: un poids en forme conique, un frag-
ment de poids analogue, une meule et un fragment de hache-marteau, en pierre polie, â douille
ebauchee.

24. CARACUŞENl
Pendant le creusage d'un puits dans le domaine de M. M. Stamati on a d«M:ouverl la moitie
anterieure d'une hache plate en silex.

25. TÂRGUL LIPCANI (bassin du Pruth)


Dansla banlieue de la ville, sur la rive du P r u t h , on rencontre frequemmimt des fragments
d'une forte couche de civilisation appartcnant â une station neolithique. Au-dessus sont
situes les installations menageres et les jardins des habitants de Lipcani. La couche de civi-
lisation a ete detruite par endroits â l'occasion des travaux de construction de chemins et
de rues. On peut toutefois l'observer dans les fosses du chemin conduisant â Rădăuţi (de
l'ancien Royaume, sur la rive droite du P r u t h , vis-â-vis de Lipcani), ainsi que dans les terrains
appartenant â MM. Maidaniuc et Râhiţchi, â M. N. S. Miţo, agronome de l ' E t a t , au
relais de la «zemstva», etc. La couche de civilisation a une epaisseur de 175 cm et meme
davantage.

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L'EPOQUE NEOLITHIQUE DE LA BESSARABIE DU NORD-OUEST

Parmi les antiquites que j ' a i decouvertes moi-meme â Lipcani, il y a: des restes abondants
de ceramique, un riche materiel de pierres â fusil ouvrees, demi-ouvrees et intactes, un percoir
bien retouche en silex, des fragments de couteaux prismatiques, le t r a n c h a n t en silex d'une
faucille dentelee, une belle alene en os, un petit cone en terre cuite, similaire â celui qui fut
decouvert a Darabani et des fragments de parois.
Les restes organiques sont representes par un crâne dolicocephale, par une clavicule et
par deux vertebres humaines, par des dents et des os d'animaux et par des coquilles Unio.
Le dirigeant de l'ecole primaire de Noua-Suliţă (petite ville du district de Hotin), M.
Calinic Istrati, a trouve â Lipcani des fragments d'idoles feminines en terre cuite, des tessons
interessants et u n petit vase presqu'intact.
J e mentionne egalement les objets decouverts par M. Jacob, juge de Lipcani, â savoir:
deux statuettes en terre cuite, dont l'une represente un bceuf et l'autre, une vache, des restes
de ceramique, le joli t r a n c h a n t d'un couteau en silex d'une longueur de 22 cm et un bout de
lance en bois de cerf, â base trouee.
La ceramique neolithique de Lipcani, a ornements incises et peints, est identique â celle
de Darabani. Sont encore â mentionner des fragments de vases, ouvres grossierement, aux
parois epaisses et â demi cuits. Ils furent rencontres â une profondeur de 175 cm, â cote du
tesson d'un vase peint, d'eclats de tisons, de pierres brutes et d'os animaux. Parmi ces frag-
ments de vases, il y en a peu qui soient pares d'ornements simples, pratiques â l'ongle. Ces
derniers sont probablement les restes de la plus ancienne ceramique neolithique locale.
L ' u n des plus rares exemplaires de plastique religieuse neolithique est un petit trone en
terre cuite, decouvert par M. M. S. Miţo, agronome de l ' E t a t , â l'occasion de la construction
d'une cave dans son nouveau domaine.
E n meme temps que le petit trone furent decouverts aussi des tessons de vases peints,
un petit vase intact, â ornement simple fait au moyen d'une couleur brune-violacee.
Le petit trone fut rencontre â un metre de profondeur au-dessous d'une couche de paroi
effritee. II a quatre pieds (dont l'un est brise au-devant) d'une hauteur egale de 3,3 cm.
Le siege du trone est en forme concave, tandisque le dossier est compose de deux figures
feminines stylisees, tellement specifiques de nos stations neolithiques. Ces figures sont reunies
du cote des hanches par une attache rappelant celles qui reunissent les vases-doubles.
L'objet merite une attention toute particuliere. II ouvre a nos yeux de nouveaux horizons
dans le domaine de la connaissance de la vie spirituelle de nos ancetres et de leur culte reli-
gieux. E n bois aura-t-on probablement travaille de la meme facon.
J e profite de l'occasion pour exprimer mes meilleurs remerciements â M. N. S. Miţo qui
a eu l'obligeance de mettre cet objet precieux â ma disposition pour l'etude et le complete-
ment de ma collection archeologique.

26. MĂMĂLIGA (bassin du P r u t h )


On est ici en presence de restes d'une station neolithique sensiblement endommagee par
suite des t r a v a u x d'extraction de Ia glaise gisant sous la couche de civilisation. Cette station
fragmentaire est situee â la lisiere du village, â une distance d'environ 50 metres au Sud de
l'eglise.
P a r m i les restes de civilisation neolithique nous citons: des exemplaires de ceramique,
une petite hache en pierre polie, une grosse hache demi-ouvree et une plaque en gres, trouee
au centre, â forme discoîde, ayant evidemment servi d'objet de parement.

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Dr. C E S L A V AMHROJKVICI

Les tessons de vases, munis d'ornements incises et peints, sont analogucs â ceux de Dara-
bani, tandis qu'une analogie avec la ceramique dc Lipcani est offertc par d'autres vascs decou-
verts par M. Istrati, aux parois epaisses, incompletement euits, grossierement modeles et
depourvus d'ornements.

CONCLUSION

La couche de civilisation de la station de Darabani doit etre divisee en deux horizons


principaux: a) I'horizon inferieur et pourtant plus ancien, â ceramiquc peinte prcdominante,
et (i) l'horizon superieur, plus reecnt, â ceramique incisee, monochrome.
II convient d'attribuer ce dernier, â rinterieur duquel fut rencontre l'objet en cuivre, â
la fin de l'epoque ncolithique.
Pas toutes les stations sont pourvues des deux horizons a et fi. II en resulte donc logique-
ment que les stations, telles que celle de Briceni, renfermant seulciuenl dc la ccramique
incisee monochrome, correspondent â l'horizon f] (superieur) de Darabani et n'ont ete habitees
que vers la fin de la periode neolithique.
Comme exemplaires des plus anciens de notre ceramique neolilhique il convient de con-
siderer les vases aux parois epaisses, demi-cuits et grossierement modeles, de Lipcani et de
Mămăliga, qui furent decouverts â la base de l'horizon â ceramiquc pcinte.
De nature manifeste est egalement le rapport entre nos objets (materiaux) et ccux qui
furent decouverts dans les provinces voisines â dispersion de civilisation neolithiquc: l'Ukrainc,
la Moldavie, la Transylvanie et les contrees balkaniqucs, toutes ces regions etant considerces
comme un territoire commun de propagation de la soi-disant civilisation premyeenienne.
E n Thessalie x), dit M. le professeur Gorodtzov, furent trouves des restes d'une civilisation
tripoljenne dans une couche au-dessous de la couche de civilisation mycenienne, ce qui nous
autorise â l'attribuer â la fin du troisieme millenaire av. J.-Chr.
En tout cas, il faut rapporter nos stations caracterisees par la ceramique peinte aux
temps de la predomination en Europe d'un regime xerothermique de l'optimum climat:<jue
sous-boreal, c'est-â-dire aux temps de formation de notre «tchernosiom» ou tcrrc noire, amsi que
le demontre M. L. Kozlowski dans son bel ouvrage, «Wczesna, starsza i srodkoiva epoka bronzn
w Polsce» 1928. Les recherches 2 ) auxquelles je me suis voue pour etudier Ics restcs
de la vegetation provenant de nos stations caracterisccs par la ccramique peintc ont prouv6
la parfaite justesse des conclusions de M. Kozlowski, partagees egalement par l'crudit ct
eminent geologue, le prof. G. Polanskyj (Leopol) 3 ) J'ai trouve par ex. â Darabani 1 des
restes de plantes, telles que Buxus sempervirens L. ou Quercus ilex L., c'cst-â-dire des
plantes qui n'existent plus aujourd'hui en Bessarabie, mais qui sont caractcristiques pour
des regions mediterraneennes. Ces plantes xerothermi<[ucs font la preuve q u ' a u x temj)s ou
la civilisation premycenienne etait florissante, notre climat etait bcaucouj) j»lus chaud et
plus sec qu'â l'epoque actuelle. II est de toute evidence que la solution des nombreuses
questions que souleve la civilisation de la ceramique jx'inte, les phascs sej»arees <!<' sa l<'iit<'
evolution et enfin la disparition totale et soudaine dc cette civilisation, dans des rtSgions

1
) V. A. Gorodtzov, Bătovaia Arheologhiia (Mos- d. Musee Nation. Chişinău, f'asc. I I . ) .
3
cova, 1910), p . 150. ) Podolische Studien e t c . v o l . I (Sammelschrifl d.
2
) V i d e : A m b r o j e v i c i , Zur Kenntnis d. medilerran. mathemat.-naturwiss.-iirztl. Sekt. d. SerCenko-Gesellsch.
Elemente der spătneolithisch. Flora Bessarabiens ( Bull. d. Wissen., Leopol, vol. X X . ) .

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L'EPOQUE NfiOLITHIQUE DE LA BESSARABIE DU NORD-OUEST

oîi elle etait a u p a r a v a n t si largement repandue, devra etre cherchee j u s t e m e n t dans lc


caractere de ce climat, une des conditions antropogeographiques des plus importantes.
E n ce qui concerne l'endroit ou il convient d'etablir la patrie originaire des porteurs de
la civilisation premycenienne et le rapport â determiner entre cette civilisation et celles de
l'Egee et de la Mesopotamie, le probleme reste ouvert et une solution serait en ce moment
prematuree. Elle appartient donc â l'avenir.

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Cernăuţi, Dr. CESLAV AMBROJEVICI
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LA STATION PREHISTORIQUE DE RUGINOASA
Situee â une distance de 200 m environ de la gare de Ruginoasa, dans le village du memc
nom (departement de Baîa), cette station presente elle aussi le caraetere commun a toutcs
les autres stations de ce genre, celui d'etre perchee sur la crete d'une colline — dans notre cas
« la colline de Drăghici ». Cette colline, impressionnante par son hauteur (50—60 m environ,
au-dessus du niveau de la vallee et de l'6tang qui s'6tcndent a ses pieds), ainsi que par son as-
pect, avance hardiment tel un eperon dans la plaine, vers le Nord, en d6tachant du reste de la
chaîne des collines ses pentes cscarpees, qui font partie, â leur tour, d'une unit6 g6ographique
plus importante, â savoir le plateau moldave.
Les recherches faites au point Susdit se rattachent â la campagne de fouilles entreprises
pendant l'ete de 1926, dont le plan, dans ses ligncs gencrales, a ete, comme d'habitude, etabli
d'avance par la Direction du Musee d'Antiquites de Bucarest, les fouilles dans les differentes
stations ne devant etre commencees qu'apres l'examen prealable des lieux. Pour ce qui est
de la station de Ruginoasa, les fouilles ont 6t6 entreprises â la suite des indications tres justes
fournies par M. le reviseur D. Drăguşeanu du village de Drăguşcni, qui avait 6te informe
de la decouverte, sur la colline en question, de divers fragments de figurines prehistoriques.
Les fouilles ont eu une duree effective de 12 jours. Comme lc plateau surmontant la col-
line etait entierement cultive, avant de conclure un arrangement avec le proprietaire des ter-
rains dans le sens de lui faire sacrifier une partie au moins de la recolte, on a commence â
creuser un petit fosse, a (6 m sur 2 m), du cote Ouest du plateau, au point ou le terrain s'in-
cline en pentc douce. C'etait donc un sondage, fait pour faciliter un peu l'orientation, en ce
qui concerne la stratigraphie, aussi bien qu'en ce qui concerne la nature ct la quantite — au
premier coup d'ceil apparemment satisfaisante — du materiel.
On a entrepris, par la suite, les fouilles suivantes: vers Pextremit6 Nord-Ouest, c'est-â-
dire sur le plateau meme, on a creuse en diagonale, de l'Ouest vers l'Est, une tranchec A, de
100 m 2 (20 m sur 5 m). Un peu plus au Nord, et, a u t a n t que possible, â Pextremite meme du
plateau, on a trace un autre fosse, B (3 m sur 10 m), parallele a la tranchee prec6dente. Du
cote Sud de la colline on a creusc de meme trois tranchces paralleles, C, D et E, chacune d'elles
de 12 m sur 3 m, dont la troisieme, E, presente au milieu du cot6 occidental un embranche-
ment de 3 m sur 5 m. On a ete oblige de proceder ainsi, au lieu de creuser unc seulc surface plus
etendue, parce que, en pareil cas, on n'aurait pas eu le moindre espace pour y deposer la terre
deblayee, le cote Nord et le centre du plateau etant encore, comme on I'a d6jâ rcmarque, occupes
par des cultures de maîs, dont on a ensuite rachete et deblaye des parcelles, vers les extremites
surtout. A Paide d'un fosse F (52 m sur 2 m), qui cotoyait l'extrcmite occidentale du plateau,
on a relie, en partie du moins, les deux extremites Nord et Sud, ou on avait creus6 les tran-
chees dejâ mentionnees. Vers le centre du plateau, mais surtout du cote Sud-Est, on a trac,6,
dans la direction Est Ouest, un fosse, G (3 m sur 25 m). Un dernier fosse, H (3 m sur

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LA S T A T I O N P K K I I I S T O I U O l I. |>K KKGINOASA

10 m), a 6t6 dirig6 vers Fextr6mit6 Nord, un pcu arrondie, du plateau. On avait projete de creuser
un autre foss6, en diagonale, sur la crete meme de la colline; ce projet, cependant, pour des
raisons variecs, n'a pas pu etre realise. D'un total donc de 4000 m 2 environ — ou. on avait
trouv6 dcs fragments prehistoriques epars — on a fouille une surface de 444 m 2 , c'est-â-dire
u n peu plus de 1 0 % .
Vu que dans tous les fosses, dont il a ete dejâ question, la disposition des couches
et la nature des objcts trouves sont identiques, nous allons decrire quelques uns de ces fosses
sculcmcnt, dc prcference ceux qui sont situes â des endroits differents.

LA T K A N C H K K A (5 m sur 20 m). — La plus grande profondeur atteinte est de 1,70 m vers


l'EBtet 1,30 m verB 1'OueBt (v. fig. I).
Juaqu'â 0,25 m de profondeur, il y a unc couche de terre v6getale, noire et molle. Le nombre des tessons
est asscz important, de mcmc que dans les autres tranchees. La pâte, generalement bien cuite, en
est d'un rougc vif.
Parmi les fragmcnt»
ccramiques on remar-
quc: des parois 6-
paisses, ornees â l'ex-
t£rieur dc bandcs en
rclicf; des fonds de
vasc, ayant appar-
tcnu â dc grands va-
ses, fabriques en une
patc grossiere ; des
rebords vcrticaux ou
rctrouBB^s, des anses
dc forme commune,
dcs fragmcnts de pe-
titfl vascH dcmispheri-
qucs (de petits bols)
et des vases â pied,
le tout travaille en
une pâte beaucoup
plus fine. Ce qui est
curactcristique pour la
plupart de ces frag-
ments, c'cst la prc- Fig. 1 . — - P l a n des fouilles de R u g i n o a s a .
sence d'une croute cal-
caire tres adhcVente ct parfois assez cpaisse, qu'on retrouvera malheuresement sans cesse sur les tessons
de t o u t genre (ce tcrrain ctant calcaire ct pierreux par excellence). C'est u n hasard vraiment malen-
contreux, surtout lorsqu'il s'agit, c o m m e dans le cas present, de la ceramique p e i n t e : parfois il est
absolumcnt impoflsible de distinguer l'ornement trace â la surface du vase ou du fragment de poterie.
On .i dccouvert, cn outre, quelques fragments de figurines humaines striees, du type des figurines
trouv^es â Cucuteni (style A), et des figurines repr^sentant des a n i m a u x . U n b o u t de manche plat de
cuiller qui, sous la croute calcaire, garde encore des traces de couleur. D e s haches en pierre, cassees.
J'.ntre 0,25 ct 0,40 m, le sol s'endurcit. On rencontre quantite de gros cailloux, des ossements d'a-
n i m a u x ct des coquillagcs. Le nombre des tessons augmente. La pâte en est de la mfime qualite que
dans la couche superieure, du mâme degre de cuisson. Toujours le m e m e rapport quantitatif entre
les fragmcnts de vases â parois epaisses et les fragments des v a s e s en pâte plus mince et dont les
formcs sont propres aux milieux â ce>amique peinte. U n petit vase en forme de « coupe â pied ». U n
fragment d'un autre petit vase, aux bords retrousBes vers l'exterieur, sur lequel on apercoit encore des
traces de coulcur rouge. Quelques vases minuscules. A cote des anses de forme ordinaire, on a recueilli

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IIOKTKNSIA DUMITKKSCI

deux anscs en fornic dc corncs <lc bcte, donl unc ajilatie cl percce dc deux Irous a la base. Plu-
sicurs torses et tron<;oiis dc figurines Bteatoj>yges, du type dcjâ reneontrc. Dcs fragmcnts de figiirincs
rejircscntant dc petits auiiiuiux. dont l'un paraît etre unc tcte dc brcbis. Dc |)ctits cclats de silcx, une
jietite lainc lcgercmcnt recourbce, j>rcscntant unc ncrvurc dorsalc cn saillic. Des haehes cn jiicrre, en-
tiercs ou fragmentecs.
b'ntre 0,40 m cl 0,55 m, Ie sol est trcs dur; il cn sera dc incine jusiju'au fond dc la tratiehcc. Le iiom-
brc des tcssons csl considerablc. lls sont presque tous jicints, coiiiiuc on peut cncore le reniarqucr ţa
et lâ, aux endroits quc la croute calcaire nc lcs recouvrc j>as — ou bicn si l'on grattc un JICU cctte cn-
veloppe. Memes fragments ccramiqtics tyjiiqucs. rcjircsentaiit lcs iiicmcs formcs dc vases, incntionnecs
ci-dessus. A inainl endroit, vers le centrc de la tranchee, il y a de petits ainas de coquillagcs, dcs quan-
titcs considcrablcs de vases ct de corncs dc bctcs, de grands inorceaux de bousillage. A un ccrlain
endroit, situe un |>eu â droite du ccntre de la tranchcc, on a trouvc dcs coqtiillages, des inottes de
bousillage, trois hachcs en pierre presqu'intactes, uii fragment importanl d'un beau vase du tyjie « coupe
â jiied », ct beaucouj) d'autres tessons. A cote dcs anscs cn fonne de cornes, il faut signaler dcs anscs
sc rejiliant en angle vif et une aulre, rejircsentant une tetc de boeuf (fig. 1(), no. 1). Vers l'extrc-
mitc orientale de la tranchce on a trouve dc gros cailloux cn jiierre calcaire, quchjucfois, en forine de
dalles, ce qui n'a rien d'ctonnant, vu qu'â un certain endroit, sur le plateau, on a rcmarque un grand
nombrc dc trous asscz profonds, creuses j>ur les habilanls du village ct dont, selon le tcmoignagc dcs
ouvricrs, ils avaicnt extrait la j>ierre dont ils avaient bcsoin ').
Entre 0,55 et 0,70 m, le nombrc des fragments esl le ineme qu'aiijiaravanl, ik I'excejitioii toutcfois de
l'angle orienta] ou, sur une etendue de 5 m X 8 m, on a alteint une couche de terre glaise. Dans lc
reste de la traiicbcc on a rclcvc, j>ar cndroits, dcs traces de cendres ct dcs dalles cn |)ierre. ()n a trouvc

FOVIXIES c;.
LEOENDl

HVMV5 o$S
fRACM, CERA,WIQVţ» [ t AVTPr
■OVS»MI:U r r TEimt CIIIVLLU

ARCTl l

Fig. 2.

aussi des fragments de grands vases, presentant dcs oriiemenls jieints, un tesson provenant—selon
toutes Ies j>robabiIitcs—d'un vase de forme earrce, dont lc rcbord cvase cst jicrcc d'un grand trou
circulaire; des manches casses dc cuillers |>eintes. aux bords strics jiarfois de petites rayures; quelqucs
figurines trontjuees rejiresentant des animaux domestiques; des cclats ininuscules de silex; une flcche
dont la base manque et enfin une hache en jiierre.
A l'angle oriental du cote Sud de la tranchce, on a creusc un aulrc fossc, />, mcsuraiit "> m dc longueur
et 1 m de largeur; â 1,70 m de profondeur on a atteint une couche de terre vegetale. I,e sol semble
d'abord foule; il est mele d'humua et on y rencontre parfois quelques tessons; j>cu â pcu ccs dernicrs
vestiges de la vie humaine disparaissent completement. Dans le reste de la tranchee on a creuse jusqu'â
une profondeur de 0,80 m. Cependant, comme le nombre des restes trouvcs y ctait tout-ă-fait in-
signifiant, on a aussi creuse — â l'extremite occidentale et toujours du cote Sud de Ia tranchce — un
autre fosse c (5 m sur 1 m); ce sondage avait jiour but de reveler ce que le sous-sol jiouvait cncore
receler. On a creuse jusqu'â 1,30 m de jirofondeur; â la jiartie su|icrieurc, la lcrre plaisc etait me-
langee d'humus, de coquillages et d'ossements, ţiarfois aussi de rares tessons; au-dessous, cependaiit,
le sol etait tres dur, â veines calcaires; nulle trace de tessons ou d'autres objets.

LA TRANCHEE C(12 m sur 3 m), situee du cote Sud dc la collinc, mesurant 1,10 m de jirofondeur.
Jusqu,ă 0,40 m, le sol y est flasque.
On remarque l'abondance des tessons, les fragments d'une jarre enornie et d'autres fragrnents de vases
de grande taille. Sur certains tessons la peinture est cette fois-ci |>Ius visible, j>arfois meme bien con-
servee, â cause du terrain qui garde encore un jteu d'humiditc. On trouvc ensuite quelques fragments
l
) On retrouve donc la meme formation gcologiquc de gres tertiaire — coiumuiie d'ailleurs au jilatcau
qu'â Cucuteni — des couches de pierre calcaire et moldave tout enticr; cf. Ztschr.f. Kthnol., 1911, p. 584.

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I,A STATION PREHISTORIQUE DE KUGINOASA

faits cn pâtc miiicc, sans pc-intnre, rnais â oniements en rclief ou cn creux, et d'autres encore â decor
incisc. II y n une jirofusion remnrquable d'anses de formes tres variees, de simplcs oreillettes percees,
jusqu'aux niiscs rcjireseiitant dcs tetes d'iiiiiiiiiiux. INOIOIIH encorc la moitie d'utie boulc d'ocrc, dcs mottes
dc bouHilbige ct aussi, quclqucfoin uussitot au-dcHHoun meme des vaHen peintH, de largen dalles en pierre.
Entre 0,40 m et 0,50 m, Ic nombre des tessonH peints est imposant. On y diHtingue des motifs
formcH de bandcs cn spirale ou en iticuitdres. II n'y a point de fragments â pcinturc lineaire. On
retrouve les fragmcnts d'une COUJM- n |)ied, dont la peinture n'aj>j>ui-;iit pas, â cause de la croîite cal-
caire qui la recouvre; d'autrcs tesaons ou corps dc vaHCH plus jietitH. LeH fragments de jarrc aux j>a-
rois ornees de traits HaillantH, traces du bout den doigts, ne sont pas rares, j>as J>IUH que len j>etits tes-
sons en j)âte un jieu plns fine, ornes de motifs saillants, en spirale (fig. 17, no. 7). Kemurquons encore
trois fraguicnts de figurincH humaincH, le preraier un torse, ICH deux autres des troncs casses au-dessous
dc la taillc — dont un sans stries; deux tctes de boeuf, dont les cornes manquent, mais Ie fanon est
cncore visible.
Entre 0,50 el 0,60 m, lc HO! n'eHt j>us encorc durci. II y a bon nombre de tessons j>eints ou monochromes;
JCK fragmcnts jicints jiresentcnt des motifs varies. Les couleurs employecs nont j)IuHieurH nuancen de rouge,
bordces d'un trait fonce ou noir, t r a n c h a n t sur le fond beige ou roux. Quelques silex ct outils en os.
DCH morceaux de bousillage cn plus grande quantitc q u ' a u p a r a v a n t ct conscrvant encore des traces de
c h a u m e ; enfin, quelques dalles cn j>ierre.
Entrc 0,00 et 0,70 m on remarque, dans unc etendue de qtielques metres, le long de la tranchee, dc gros
morceaux rlc bousillagc. On decouvre quclques tessons tres joliment pcints, dont I'un est recouvert
d'un cote d'ornements violets sur un fond d'un beige verdâtre, tandisque de l'autre cote il preaente un
decor rouge sur un fond orange. Quelqucs autres fragments en silex et en j>ierre.
Entre 0,70 et 0, 80 m, le nombre des tessons diminue. Les fragments de poteric j>einte y sont p o u r t a n t
en majorite; ils jiresentent les mftmes formes et motifs decoratifs q u ' a u p a r a v a n t . On a decouvert dans
cette cnuchc un petit bracclet en fil de cuivre, brise â l'un des deux bouts (fig. 4, no. 12). Le bou-
sillage, gnrdant les traces dcs branchages et du clayonnage, se retrouve sur un espace t o u t aussi grand
que dnns lu couchc precc'dente; j>ur endroits on nperţoit de grandes dalles en pierre.
Entre 0,80 et 0,90 m, le bousillage aj>paraît encore, de meme que les tessons peints. On a trouve, en
outrc, la moitie d'une j>etitc couj>c â j>ied, dont le calice etait orne, ă la base, de rainures verticales.
Entrc 0,90 et 1,00 m, Ie nombrc des tessons retrouves diminue sensiblement; cependant on trouve tou-
jours les deux genres — fragments peintn et fragments sans peinture — melanges. Une petite figurine
cuHSce, cn argilc, represente un aniinal tres robuste: I'cchine, tres saillantc, part du sommet meme de la
t c t c ; Hur la poitrine on aperţoit deux rangeen dc inainelleB. D'une faţon generale l'aspect de cette bete
est celui d'unc louve. II y a encore beaucoup d'ossements d'animaux, des dalles en pierre et de gros
c a i l l o u x ; â l'angle Norrl apparatt lu terre vierge.
Entre 1,00 m et 1,10 m, \e nombre rles fragments ceramiques e t a n t tout-â-fait insignifiant, la tranchee
est reduite n un nimple foHHe (5 m Hiir I m), creuse au milieu du crite oriental du plateau.
Entre 1,10 et 1,20 m, il y a encore quclques tessons, de meme q u ' u n tout pctit vase; mais on
ntteint aussitot la couche dc gros r-ailloux et rle granden dallcH, qui recouvrc la surface toute enticre du
fr>sse. Cette couche de pierres apparaît egalement aux angles Nord et Sud de la grande tranchee.

LA TRANCHEE F (52 m sur 2 m), creusee jilutot en j>ente, â cause de la depression, vers l'Ouest du
terrain, est un long foBse dont la j>rofondeur mesure, â certains endroits, jusqu'â 1,65 m.
Jusquă 0,40 m, le sol y est vegetal et moii. Les tesHonH sont raren et de j>eu d'imj>ortance. La j)âte,
bien cuite, garde encore des traces rle jieinture.
Entre. 0,40 et 0,60 m, le BO! est un j>eu durci, bien qu'â la jiartie sujierieure de la couchc la terre
Hoit vtfgetalc et contienne encore des coquillages et de petites mottes de bousillage. Les tessons decouverts
sont, j>ar rapjiort â la petite largeur du fosse, assez a b o n d a n t s ; cependant, comme la plupart sont en-
rluitB dc calcaire, on ne peut rien conclure q u a n t aux ornements dont ils sont decores, quoique ces
tcssons soient asscz grands et varieH. II y en a jiourtant nur Iesquels la peinture est parfois visible.
Vers le centre du fosse on a decouvert une jietite figurine en argile, d'une facture tout-â-fait nouvelle:
les bras en sont detaches du corps et la jiartie inferieure est evasee. II faut egalement noter quelques
torses ct jambes rle figurines, stries ou non, de petites tetes d'animaux et quelques outils, dont un frag-
ment de hache-marteau en pierre.

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HORTEINSIA DUMITHESCU

Entre 0,60 et 0,80 m, le sol renferme beaucouj) de coquillagcs et de gros cailloux. Le noiiibrc des tessons
augmente considcrablement. II y cn a de toute sorte, dcs plus jiriinitifs, orne's dc bandes alvcolaires ct
d'incisions, jusqu'aux tcsssons jieints. Un bcau torsc de figurine, ornc d'incisions en spiralc (fig. 27,
no. 1) — le plus beau des torses trouves jusqn'ici, ă cause de la rcgularite ct dc la profondeur de l'or-
nement creuse—a ete dccouvert vers le Nord du fosse, â c6tc de trois jainbcs, detachees, de figurines.
Les outils sont rares: â peine quelques silex informes ct unc pctite lainc.
Entre 0,80 et 0,90 m, on trouve surtout beaucoup dc tcssons en pâte grossiere, munis de pro^mincnces-
anses, et d'autres, cn pâte plus fine, inais recouvcrts d'unc croute calcairc; il y en a deux, toutefois, un
fond ct un corps de vase, avec un fragincnt du rebord, qui sont assez bicn conservcs pour quc la peinture
en soit encore visible. On a recueilli, en outre, une fusal'ole plate, cn argile, (|ucbpies jambes de figurines,
non striees, et un pe'tit ciscau en pierre. Vers le milicu de la tranehce, mais dans une ctcndue assez
restreinte, beaucoup de bousillage et de nombreux coquillagcs.
Entre 0,90 et 1,00 m, cominc on n'a plua dccouvcrt dcs rcstcs importants, aux dcux bouts, la tranchee
n'est plus fouillee que vers le centre, oîl le nombre des tessons peints est assez grand.
Entre 1,00 et 1,10 m, des tessons ct de pctits outils cn siicx ct cn picrrc.
Entre 1,10 et 1,25 m, la terre glaise, mclee de calcairc, apparaît de tcmps a autre. U y a des tcssons
sans peinture, mais â ornements en relief; ccpcndant, la plujiart des tessons sont pcints.
Entre 1,25 ct 1,45 m, il y a surtout dcs fragments ccramiques peiat.s. Les dallcs cn pierre calcaircs
apparaissent.
Entre 1,45 et 1,65 m, on atteint la couche de terre viergc; ccpcndant, dans Ic talus occidental du fossc
on decouvre un beau vase, en forme de deux cdnes tronques rcunis, â pctit picd; il cst recouvert d'un
ornement pcint — motifs en spirale, rougcs sur fond beige-clair —- mais il est malheureuseinent cnduit
en partic d'une couche de calcaire, qu'on a essayă d'ecailler, autant que possible. II y a cnsuitc un petit
bol, egalement pcint, presentant, d'un cotc, une ansc-procminence et d'autres fragments ccramiques
peints: un fragmcnt de petit vasc, orne de petits boutons en creux, des figurines d'animaux, dont unc
semble representer un chien, la partie postcrieure d'unc figurine d'assez grandc taillc, represcntant un
quadrupede, ct cnfin unc haehe-marteau en picrre, cassee sur lc diamctrc mâme du trou circulairc.

P o u r rendre l'expose des resultats des fouilles aussi precis quc j)ossible, nous avons
donne la description et la disposition des restes trouves dans les trois tranchees les plus
i m p o r t a n t e s , p a r m i les h u i t tranchees creusees. Cependant, dans t o u t e cette station pr6-
historique on n'a trouve q u ' u n e seule couche de civilisation, qui correspond â la couche â
ceramique peinte A de Cucuteni. Comme, â l'exception d'une jjetite difference en ce qui
concerne l'epaisseur de la couche d ' h u m u s et d'une depression fortuite des differentes
couches, il y a une parfaite identitc q u a n t a la disposition des restcs des objets pre-
historiques, on peut resumer la stratigraphie des fouilles effectuees, en une esquisse rapide,
comme suit:
La couche d'humus, dont l'epaisseur varie de 0,25 ă 0,40 m, renferme un grand nonibrc de tcssons
— peints ou non, — en une pâte fine et bien cuite, aussi bien qu'en une pAte grossicrc, la plupart prcsentant
des formes propres aux milieux â ccramique peinte; elle contient en mcmc temps dcs anscs de forme com-
mune et des anses en forme de cornes ou de tetes d'animaux. Les figurines steatopyges, striees ou non,
du type trouve â Cucuteni, style A, et les figurines representant de petits animaux ne manquent pas non
plus, de meme que les outils en silex, les haches, les petits ciseaux et Ics haches-marteaux en picrre.
Dans la tranchee F la couche d'humus atteint 0,50 m d'epaisseur; il senible qu'il ait du exister jadis,
â cet endroit, une depression du terrain, comblee par la suite, d'oft il resultc ă jirescnt le jdi legcr qui
apparaît sur le versant Ouest, tres escarpe, de la colline. La configuration du tcrrain reste la mSme,
jusqu'â la couche de terre vegetale.
Entre 0,40 et 0,80 m, on remarque I'abondance des tessons, notamment pcints, et des figurincs en argile.
Ce sont les tas de coquillage qui apparaissent ensuite, les mottes de bousillage gardant encore les empreintes
de la paille et des pieux (fosse H; fig. 3, no. 2), les cendres ct, j>ar cndroits, Ies grosses pierres calcaircs.

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LA S T A T I O N P K E H I S T O K i y U E D E KUGINOASA

C'cst juatemcnt â 0,80 m. de profondeui qu'on a decouvert lcs dcux objets cn cuivre, le petit bracelet
du fossc C et Panneau cn cuivre, du fossc'G.
Entre 0,80 et 1,20 m, le nombrc des tessons des deux genres diminue scnsiblement. Le bousillage et les
OBBcments d'animaux se retrouvcnt encore. On atteint la couche de terre glaise et de pierres calcaires,
parfois de dimensions importantes et polies â la surface superieure, d'autres fois tellement rapprochees,
qu'on ICB croirait rangees cxprcs.
Entre 1,20 et 1,40 m, il y a ă peine quelques fragmcnts ceramiques; ensuite rien que des dalles en
pierrc ct dc la tcrrc vierge. La tranchce F, cependant, fait exception: on y a trouve, jusqu'â 1,65 m. de
profondcur, dans le talus oricntal, lc plus inclinc, des vases brises, â ornements peints, tombes peut-etre,
par hasard, d'une couche supericure.

LES HABITATIONS

A en juger d'aprcs le nombre, parfois assez important, des fragments de bousillage calcine,
sur lcsqucls on apcrcoit cncore les traces de la paille ct des pieux (fig. 3, no. 2) et qui sont
frcquents dans les couches suptfrieures du terrain, mais aussi et surtout entre 0,80 et 1,00 m, il
est certa'n qu'il y avait dans cctte station dcs habitations du type cabane, detruites
sans doute par l'incendie, comme
dans la plupart des stations simi-
laires. D'aillcurs l'hypothese de
l'existence des habitations, â cet
endroit, cst confirmcc aussi par lcs
restes de cendrcs, provcnant sans
doute dcs foyers, et par les dcchets
d'alimcnts — un grand nombrc
d'osscmcnts d'animaux et dcs co-
quillages en abondance. *
On ne peut rien conclure, de Fig. 3.
l'emplacemcnt des fragments de
bousillage, sur le type auquel auront appartenu ces cabanes, sur leur forme — circulaire ou
carree — et sur les dimensions qu'elles auront pu avoir. Un seul fait semble etre tout-â-fait
certain: ccs habitations n'ctaient pas troglodytiques; bien au contraire, elles s'elevaient â la
surface du sol. 11 est egalement probable que les dalles en pierre, decouvertes entre 0,80 et
1,20 m, ct qui appartiennent â la formation geologique du terrain, aient servi de plancher aux
huttes, c'est-â-dire t o u t comme dans la couche correspondante de Cucuteni ^). On a trouve
aussi un chapiteau en bousillage (v. fig. 3, no. 1).
II n'y a pas de traces, â Ruginoasa, de l'existence d'un retranchement, ou d'un fosse,
pareil â ceux qu'a remarqucs M. H u b e r t Schmidt a Cucuteni 2 ) ou bien â ceux d'Ariuşd et
meme de quelques stations de Thessalie. II ne peut pas etre question non plus de voir ici des
tombes de n'importe quel genre.

ARMES ET OUTILS EN SILEX, EN P I E R R E ET EN O S ; OBJETS DIVERS


E N A R G I L E E T E N METAL

Bien qu'on ait trouve environ 55 exemplaires en silex, ils ne presentent pas beaucoup
d'importance, attendu qu'il n'y a que de petits fragments d'outils, aux formes tres peu vari6es.
l 2
) Ztschr. fiir Ethnologie, 1911, p. 584. ) Ibidcm, p. 590.

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HOin IINSIA DUMiTKKSCH

La m a j o r i t e des objets t r o u v c s (v. fig. 1, n<»s. [\ 10) consistcnt d c c l a t s ininccs, de petites l a m e s ' )
— m u n i e s d ' u n e ou de d e u x n e r v u r e s dorsales quclqiicfois â la pointe cffilce et r e c o u r b c c ,
d ' a u t r e s fois a u x b o r d s deeoupes en p e t i t e s <lenls et enfin de q u e l q u c s c x c m p l a i r e s de ra-
<'loirs et de g r a t t o i r s , tel celui <jui cst rejiro-
d u i t au n o . 9, fig. 4 (rej)rescnte, |>ar m c g a r d e ,
la p o i n t e effilee en b a s ) . Kn silex est de m e m e le
jiercuteur p r c s q u c rond d a n a la fig. 9, n o . 1 1 .
Le silex d o n t on s'est servi est, d ' u n e facon
generale, d'un gris-blanchâtre, quelquefois
incme t r a n s j ) a r e n t . (lertains d<> ces outils, 1<>
iiumcro 10, iig. 1, j>ar exenijile, <|iii ressemble â

u n j)oignard m i n u s c u l e , p o u v a i e n t e t r e utilises
comme armes. Quant aux armes jiroprement
d i t e s , on n ' e n p e u t eiter q u e deux fleches
triangulaires, dont l'une (fig. 4, n o . 1) a la
p a r t i e inferieure a b î m e e . L ' a u t r e , d e b e a u c o u p
p l u s p e t i t e , est c o n v e x e des d e u x c o t e s ; elle
p r e s e n t e , a la b a s e , d e u x p e t i t s oreillons r a .
b a t t u s 2 ) . II faut n o t e r q u ' e n ce q u i c o n c e r n e
la t e c h n i q u e des retouches, cet exemplaire
est i n f i n i m e n t s u p e r i e u r â l ' a u t r e .

P a r m i les outils en pierre polie, les j)lus f r e q u e n t s s o n t les h a c h e s 3 ) et les p e t i t s m a r t c a u x


— en forme de t r a p e z e s u r t o u t (fig. 5 — 9 ) ; u n m o d e l e c a r a c t e r i s t i q u e est le n o . 1, fig. 5 ; lcs

') Dolzozatok-Travaux, 1911, p. 245, fig. 87 (Ariuşd). 1903 -1904, col. 105—106, fig. 122; â Cucuteni, Ztschr,
8
) Des exemplaires analogues ont ete decouvcrts ă / . Ethnol., 1911, p. 590, fig. 3 ; en Thessalie, Tsountas,
Bod aussi: Mitt. d. Prăh. Comm., etc, I, Bd., 1903, Dimini kai Sesklos, pl. 42.
3
p. 367, fig. 3; â Şipeniţ, Jahrb. d. k. k. Z.-Kom., ) Tsountas, op. cit., pl. 40; p. 306, fig. 230.

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I.A STATION PRfiHISTORIQUE DE FUJGIINOASA

dimensions dcs ces h a c h e s v a r i c n t de 12 â 16 cm, pour la longueur, et de 2,5 cm â 5,5 cm p o u r


la largcur d u t r a n c h a n t . Un a u t r e modele, t r i a n g u l a i r e , a u t a l o n j)ointu, est celui d u n o . 5,
fig. 6 ; d ' a u t r e s cncorc, e t r o i t s , o n t la Iamc t r a n c h a n t e , tel le no. 1 1 , fig. 7 ; c'est ce q u ' o n
appelle dc p c t i t s ciseaux (v. fig. 6, n o s . 10—13 et fig. 8, n o s . 12 et 16). P a r m i les outils t r a -
jx'/.oi'daux les exemplaires a dimcnsions plus
r e d u i t e s sont s u r t o u t dcs h e r m i n c t t e s .
Ces outils sont taillcs en roches de n a t u r c
differcnte, ainsi q u c l ' i n d i q u c n t la couleur de
la j)icrrc, en j)remier lieu, et sa d u r e t e . B o n
n o m b r e de ces outils s o n t c a s s e s ; ceux q u i se
s o n t conservfa i n t a c t s sont t o u j o u r s trcs ebre-
chcs et r e c o u v e r t s d ' e g r a t i g n u r e s , ce qui in-
dique q u ' o n s'en est assez longtemj)s servi.
A u p o i n t de v u e q u a n t i t a t i f , la secondc

place r e v i e n t a u x h a c h e s - m a r t e a u x 1 ) , d o n t ce-
p e n d a n t il n ' y a p a s u n seul e x e m p l a i r e d'in-
t a c t : et cela s u r t o u t â cause d u t r o u circu-
laire, p r a t i q u e a u c e n t r e , qui fait q u e l'outil
soit p r e s q u e t o u j o u r s fendu le long de son dia-
m e t r e (fig.8, n o . 14). L ' e x e m p l a i r e r e p r o d u i t a u
6
*'•(?• > n o . 9, fig. 8, p e r m e t de nous faire u n e idee de la
forme allongee q u ' o n t parfois ces outils. Q u a n t
a u n o . 13, fig. 9, c'cst u n p e t i t outil d u m e m e g e n r e , d o n t le b o u t p o i n t u est casse ou, a u m o i n s ,
e x t r e m e m e n t use. Le t y p e a r r o n d i en m a s s u e y est e g a l e m e n t r e p r e s e n t e : c'est le n o . 9, fig. 9.

•) Cucuteni, Ztschr. f. Ethn., 1911, p. 591, fig. 8; Thessalie, Tsountas, Op. cit., pl. 41; pp. 319—322.

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IIOKTENSIA DUMITKKSCU

A cot6 de ces objets il y en a d'autres, remarquables pour leurs formes peu communes,
tel par exemplc l'objet en pierre, ayant la forme d'un losange un peu irregulier (fig. 9, no. 5),
et dont l'usage ne peut guere etre precise. En tout cas, â en juger d'apres ce que l'on voit, il
s'agit peut-etre d'une lime â aiguiser. De meme, l'objet quasi-rectangulaire, en pierre polie
(fig. 9, no. 12), peut avoir servi — si l'on con-
sidere les petits traits verticaux sillonnant la
pierre — soit dans la ceramique, au polissage et
â la decoration des vases de grande taille, soit
aussi de pierre â aiguiscr. Un autre objet
en picrre polie, ayant la forme d'une fleche
ovale, terminec par un pctit manche, pouvait
etre une arme de trait (fig. 9, no. 14).

Les outils en os ou en corne (fig. 4, nos.


15—32) ne manquent pas non plus. Les pre-
miers sont representes par: des outils bien
polis, plats, et â pointe arrondie, qui servaient
— selon toutes les probabilites — de polissoirs,
pourla poterie, ou biende ciseaux (nos.15—16);
des outils pointus, des poignards faits d'un
cubitus (no. 18), et d'autres outils plus petits
— pour la fabrication desquels on se servait
surtout des os arrondis — â la pointe tres
effilee, faits pour piquer; des poincons et des alenes d'epaisseurs vari6es *).
Les objets en corne servaient surtout de manches aux objets en silex et en pierre, commc

l
) Cucuteni, Ztschr. f. Ethnol., p . 592, fig. 9 ; Thessalie, T s o u n t a s , Op. cit., pl. 45 et 46.

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I.A STATION PRfiHISTORIQUE DE RUCINOASA

il arrive toujours dans lcs milieux a tradition neolithique (fig. 4, nos. 22, 23, 26, et.'Jl). Les de-
fenses de sanglier (fig. 4, no. 29), lorsqu'clles ctaient percees au bout, etaient sans doute
utilisees comme amulettcs.

Objets en argile. — II cst remarquable qu'on n'ait trouve dans cette station pas un seul exem-
plaire de poids de filet, si frequents dans d'autres stations contemporaines. II n'y a aussi que
deux fusalolcs cn argilc: la premiere, de formc tout-â-fait ordinairc, primitive, ronde et plate,
trouee au ccntrc; la seconde, assez soigneusement executee, a la forme d'un cone tronque, dont
le diamctre de la base est de 0,042 m (fig. 10, no. 5). Au centre, sur la ligne virtuelle qui re-
pr6senterait la hautcur du cone tronquc, la fusalole est percee d'un trou, vers lequel s'enfonce
aussi le ccntre de la base. La surface laterale en est ornee de plusieurs rangees de petits trous,
dispos6s en rayons J ).
II y a, par contre, un grand nombre d'objets menus en terre cuite, de forme conique sur-
tout, mais aussi, parfois, en forme dc pctits boutons (fig. 10, no. 1), portant encore des traccs
d'ornements sur les b o r d s ; ou bien encore de petites toupies (fig. 10, no. 4 et fig. 11, nos. 4 et 6),
dont les dimcnsions varicnt de 1 cm â 3 cm pour le diametre de la base, et de 1 cm â 4 cm
pour la hauteur du cone. II n'cst pas aise de pr6ciser quel etait le role de ces objets. Un exem-
plaire d'une hauteur assez r6duite de Bod (Priesterhugel) est considere par J. Teutsch comme
a y a n t ete le couvercle d'un vase minuscule 2 ). Des objets analogues ont ete decouverts â
Ariuşd aussi ■*) — oii ils n'apparaissent que dans la couche superieure, — â Petreni 4) et jus-
qu'en Thessalie 5 ).
Dans cette memc station de Ruginoasa on a trouve deux autres objets, toujours en forme
de cone; c'est ce qu'on appelle des sceaux en argile •). Tous les deux presentent â leur base
une spirale en relief, soigneusement executee; l'un de ces sceaux (fig. 10, no. 8) est muni d'un
manche perce d'un trou circulaire. Selon l'opinion generalement admise, on se servait de ces
sceaux au tatouage. La decouverte d'une petite boule d'ocre, dans le voisinage, paraît con-
firmer cette hypothese.
Le fragmcnt d'un objet en argile peinte, au bord tranchant, represente peut-etre un frag-
ment angulaire d'un vase carre; ou bien encore un pied de table, toujours de forme carree ' ) •
Comme objets cn metal 8 ) (en l'espece, en fil de cuivre), il n'y a que deux exemplaires,
en forme de bague (fig. 4, nos. 12 et 13). Le premier, dont le diametre mesure â peine 4 cm, peut
ctrc pourtant un bracelet, parcequ'il est ouvert, ayant deux bouts, dont l'un garde encore intacte
la pointe effilec. Le second objet, au diametre de 1 cm, est une petite bague qui, quoique
fendue d'un cot6, conserve encore sa forme circulaire.
Un autre objet en metal, trouv6 au cours des fouilles, mais egare ensuite, etait un petit
hamecon, cn fil de cuivre aussi fin que celui des bagues.

•) Tsountas, Op. cit., fig. 14, 15, 18, pl. 44. Tsountas, Op. cit., p. 340, fig. 270, 271; p. 341, fig.
*) Mitt. d. Prăh. Comm., e t c , I, Bd„ 1903. p. 374, 272—273.
7
fig. 67; p. 369, fig. 11, le diametre de la base 2,5 cm. ) Tsountas, Op. cit., p. 181, fig. 86.
3 K
) Ibidem, p. 388, fig. 125. ) Dolgozatok-Travaux, 1911, p. 250, fig. 92 (hache
«) Trudy, X I I I , 1, pl. VI, fig. 20,21 (le diametre en cuivre), p. 251, fig. 93 (bracelet en cuivre), d'Ariuşd ;
de la baae 1,25 cm.; la hnuteur, 2 cm.). Mitt. d. Prăh. Comm., etc, I, Bd., 1903, p. 368, Bod:
6
) Tsountas, Op. cit., pî. 44, fig. 20. comme objets en cuivre on a trouve un fil recourbe
8
) Mitl. d. Prăh. Comm, etc., I, Bd., 1903: Bod en forme de cercle, une alene et un hamecon.
(Prie8terhiige)-Brenndorf) p. 369, fig. 12. 13; Dolgo- Tsountas, Op. cit., p. 350, fig. 291 (une bague en
znlok-Tmvaux. 1911, p. 237, fig. 71, no. 1 (Olteni); cuivre).

65
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5 Duiia III IV 1927 932.
IIORTKNSIA DUMITRESCU

La fleche en fcr (fig. 4, no. 14) ayant 7,5 cm de longueur et 2 cm de largeur maxima -
trouvee â une profondeur de 0,20 cm, par consequcnt presqu'â la surface m e m e , — appartient
â une epoque beaucoup plus reeente que l'epoque de notre stalion. Nous en parlons seiilenient
sous benefiee d'inventaire et comme preuve qu'il n'y avait qu'une couche de ceramique peinte,
les restes trouves pres de la surface devant etre classes, au point de vue chronologique, dans
une 6poque tout-â-fait differente.

LA C t i R A M I Q U E

LA T E C H N I Q U E . — En ce qui concerne Ia ceramique, on releve, ici comme ailleurs.


un fait caracteristique pour la plupart des stations â ceramique peinte: la presence, dans
toute cette couche de civilisation, â cote des tessons peints, d'un grand nombre de tessons sans
peinture. Les tessons peints sont tres soigneusement travailles: l'argile en est bien epuree et

nements incises. Aucune des deux variet.es de ceramique n'a ete fabriquee au tour.

LES FORMES. Comme le nombre des vases intacts est extremement reduit, les
formes en doivent etre deduites et reconstituees, a u t a n t que possible, d'apres certains
profils de vases casses, bien que ceux-lâ non plus ne soient pas tres nombreux.
A cote des formes de grandes jarres, aux parois recourbees vers l'exterieur et au rebord
plutot vertical ou u n peu penche vers l'interieur (c'est-â-dire tel qu'on peut se le figurcr d'apres
le profil de la jarre brisee, fig. 10, no. 2), quelques vases aux memes dimensions presentent
un profil qui est l'oppose du premier, c'est-â dire retreci d'abord vers l'interieur du vase et
evase ensuite vers le rebord (fig. 11, no. 1); cependant, nous sommes ici, peut-etre, en pre-
sence d'un fragment de vase du type « coupe â pied » — naturellement, en renversant le dessin —

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I.A STATION PREHISTORIQUE DE RUCINOASA

bien que la hauteur dc 0,38 m du fragmcnt fasse penser â un vase mesurant cn tout au moins
0,50—0,60 m.
Une forme asscz commune c'cst Ia forme representee par un vase dont la partie superieure
cst cassee (fig. 12, no. 4), aj)partenant â la catcgorie des vases sans peinture, que nous
dcsigncrons comme la forinc a ' ) . Les deux diametres, de la base ct du rcbord, sont egale-
ment reduits; le plus grand diametre est au milieu, sur la panse du vase — ou sont placees
aussi lcs dcux pctites anses percces; ce type est, lui-aussi, un derivc du tyj>e originaire, pi-
riforme, si commun dans le cercle de ceramique carpatho-balkanique 2 ) . Ou bien encore la
forme b (fig. 12, no. 2), â panse spherique, au rebord tres largc, dont les parois, legerement
reeourbees vcrs l'interieur ct inclinees sur la j)anse du vase, se r a t t a c h e n t au corps du vase
un pcu au-dcssus de la lignc mar-
quant la j)Ius grandc amj)leur du
vasc, et sur laqucllc sc j>lacc aussi
l'oreillette percee, rcpresentant
l'anse. L'exemplairc no. 12, fig. 13
(0,085 m hauteur), dont le rcbord
cst un peu plus bas et lcs parois
sont presque verticales, n'est lui
non j)lus qu'une variante de la
formc b. — On pourrait considcrcr
aussi comme dcrivces dc cette
meme formc b d'autrcs formes de [.
vases peints, au goulot tres cvase
et â dimcnsions tres variees — qui
se rapprochent de la forme de
deux cones tronqucs reunis 8 ).
Les rapj)ort8 dcs dimcnsions
varicnt â l'infini pour ce type de
vase. II y a, par exemjde, la formc
c, rcj>rcscntce par un elegant vasc
j>cint (pl. I, no. 1), qui corresjiond
aux formes D d'Ariuşd 4 ), et â
ccrtains exemplaircs dcCucuteni 5 ),
dc la couche A; ce vase a le goulot
haut et tres ouvert, perpendiculaire au corps elegamment arrondi du vase — qui se termine
â la partie inferieure par un pctit pied. Lcs oreillettes percees (une seule, pour le vase en
question) se retrouvent aussi sur cette forme, disposees, comme d'ordinaire, sur la partie
j)rocminente du vase.
Pour la forme nouvelle — d — la hauteur des deux cones tronques diminue, le diametre

') Une forme pareille est reproduite dans Dolgo- voir I. Andrieşescu, Contribuţie la Dacia înainte de
zatok-Travaux, 1911, p. 203, fig. 33; un vase sans Romani, Iaşi 1912, p. 51, etc.
3
peinture, intact, trouvă â Ariuşd, ibidem, p. 217, ) Cf. Mitt. d. Prah. Comm., p. 384, fig. 102 et 104
fifţ. 5 1 . - - Wace and ThompKon, Prehi.itoric Thessaly, (Bod).
p. 112, fig. 61, b (Tsangli). *) Dacia, I, 1924, p. 13, pL V, fig. 6.
s
*) Pour 1'etiKle des formes propres h ces regions, ) Schuchhardt, Alteuropa, 1926, pl. X X I X , fig. 3.

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HORTENSIA IH'MI'I KI.SCl

de la basc reste le moine el celui de l'orifice s'agrandit, de sorte que l'ouverture parait etro
pratiqucc directement dans lc corps du vasc, bicn qu'on observe un petit rebord qui l'en-
toure; tout le vasc cn cst aplati. Mome forine et mcinc position de l'anse qu'auparavant.
Quelques vascs peints devaient, comme Ic prouvent nombre de tessons, sc rattacher â cette
forrae, d (pl. I I I , no. 2 ; pl. V, no. 3).
On remarque egalement une forme assez commune dans le Sud-Esl de l'Europe, un petit
bassin ou oeuelle — forme e — analogue aux formes A d'Ariuşd '), au fon'd ctroit ct aux parois
obliques, qui donnent au vasc beaucoup d'ampleur; quelquefois la ligne nuc dcs parois est
briscc et un pcu ondulee, pour esquisser un goulot tres bas (fig. 13, no. 7); lcs surfaces en sont,
d'une facon gcnerale, rccourvcrtcs dc peinturc (v. pl. V, no. I ct fig. 16, no. 5 ; v. aussi
fig. 15, no. 2).
Un autre type dc vasc, tres frequent dans lc ccrclc
dc la eoramiquo peinte-), cst le type /', dc petitcs diincn-
sions, au corps dcmi-sphcriquc et au goulot droit, rotroei
parfois vers l'ouvertUTe. Cette forme, souvent munie d'imc
proeminonee pereee, plaeoo â la j>artic inferieure du vase,
est representec par quelques excmplaircs, pcint.s ou non
pcints (pl. I, no. 2 ct fig. 14, no. I ; v. aussi fig. 14, no. 5).
Une variantc de ce type est la formc g, differant dc la
prccedente par l'existence d'nn rebord etroit, mais accen-
tue (fig. 16, n o . 8 ) ; le vase intact devait avoir une forme
tres resscmblantc si celle de quelqucs petits vases de Cu-
cutcni 8 ).
Les petits vases du typc « coupe â pied» semblent
etre egalement tres communs 4 ). Quoique la pâte dont ils
sont fabriques soit quelquefois assez mince, elle n'est ja-
mais bien cuite, ni dccorce dc pcintures. Un tesson d'un
petit vase de ce genrc (fig. 13, no. 6), dont les parois pre-
Fig. 13.
sentent une oreillette percee, a le fond etroit, pose sur un
pied c o u r t ; de plus, il est orne â la partie inffirieure de
deux rainures horizontales, entre lesquelles la surface du vase est un peu boinbee. Le petit
vase no. 1, fig. 13, presente aussi un pied 5 ) , de meme que le vase (reproduit au no. 3 de la
meme figure), en forme d'ccuelle â rebord ctroit et ă oreillette percee 6 ) . Le vase no. 2, fig. 13,
est lui-aussi en forme de gobelet, orne â la partie inferieure de la coupe, de cannelures verticales.
II est tres probable qu'il y ait eu aussi des vases â pied — de grandes dimensions, sans
doute du meme genre que le vase peint, en forme de deux cones tronques reunis (pl. I, no. 1),

l
) Dacia, I, 1924, p. 6, pl. I ; Dolgozatok-Travaux, 34—35 (Olteni et Ariuşd); 7'rudy, XI, pl. X X V ;
1911, p. 189, fig. 9; p. 190, fig. 2 et 9. Dacia, I, 1924, p. 15, pl. VI.
6
*) Dacia, I, 1924. p. 7, pl. I I . fig. 3 ; Mitt. d. Prăh. ) Wace and Thompson, op. cit., p. 47, fig. 23,
Comm., etc, I, Bd„ 1903, p. 373, fig. 45; p. 384, fig. « (Tsangli); p. 187, fig. a et b; Tsountas, op. cit.,
102 et 104. Cucuteni, Schuchhardt, op. cit., pl. p. 162, fig. 72.
6
X X I X , fig. I. ) Arch. Ertesito, 1912, p. 63, fig. 8. II pourrait
3
) Zeitschr. f. F.thnol., 1911, p. 582. fig. 2, dernier Stre tout aussi bien j>ris pour un couvercle; cf. Şi-
vase â droite. peniţ, Jahrb. d. k. k. Kommission, 1904, pp. 23—24.
*) Dolgozatok-Travaux, 1911, pp. 204—205, fig. fig. 20.

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LA STATION PRfiHISTORIQUE DE IUJOINOASA

— comme le p r o u v e n t quelques grands pieds fragmentaires, fabriques en une p â t e assez


cpaisse; le premier de ces fragments, peint, ne p e u t pas r e p r e s e n t e r — â cause du diametre
trop reduit — la coupe d ' u n vase-support, mais plutot un de ces pieds, tres bas, d'un vase aux
parois epaisses.
Les vases du t y p e « coupe â pied », qui
servaient de vases-supports ou qui doivent
avoir eu un role quelconque dans certaines
pratiques religieuses J ) , sont asscz bien repre-
sentes. P a r m i ceux qui sont reproduits dans la
fig. 18 (ou lc8 nos. 1 et 5 sont renvers6s, comme
l'indique d'aillcurs le t r o u rond qui, de m e m e
que pour le no. 3, doit se t r o u v e r toujours au-
dessous de la coupe), a u c u n d'eux nc presente

d'ornements peints, t o u t e la surface e t a n t re-


couverte d'une epaissc croute calcaire.
Le vase no. 1, fig. 18 (ou bien fig. 13,
' n o . l l ) , dont la hauteur est â present de
0,196 m , execute en une p â t e assez epaisse,
est creux â l ' i n t e r i e u r ; la coupe, largement
{,;„ 14 ouverte, â parois obliques, est assez mal deve-
loppee, p a r r a p p o r t a la h a u t e u r que devait
avoir le vase tout entier. Le no. 3, fig. 18, represente une forme nouvelle de coupe â pied,cette fois-
ci c e p e n d a n t en position normale. La h a u t e u r , â l'etat actuel (c'est-â-dirc la h a u t e u r du fragment
conserve) mesure 0,27 m. La forme du vase, telle q u ' o n p e u t la deduire du profil actuel (fig. 13,
no. 10), evasee â la partie inferieure — pour donner au vase une base aussi large que possible — et
etranglee au centre, au {>oint de soudure de la coupe, ressemble e t o n n a m m e n t â la forme

') VOir I. Andrieşescu, op. cit., p. 62.

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IIORTKNSIA DUMITRKSCU

typiquc rencontree â Ariuşd, â O l t e n i 1 ) , et, pour certains exemjdaircs, fragmcntes aussi, â


2
Cucuteni ) . L a coupe de ces vases d e v a i t ctre d c m i - s p h e r i q u e , â procminence percee; au
fond de la coupc il y a, c o m m c d ' h a b i t u d e , le t r o u circulairc. D ' u n e facon generalc, cc t y p e de
v a s e « coupe â pied » est pareil â Ia moitie d ' u n vase-binocle, de P e t r e n i 3 ) ; le fait n ' a rien
d ' e t o n n a n t , d'ailleurs, et M. Andrieşescu voit
en ce t y p e une variete de ces vases doubles 4 ).
Le n o . 5, fig. 18, r e p r e s e n t e aussi un cxcin-
j)laire brise, mais â dimensions plus r e d u i t e s .
De m e m e que le no. 1, il n'a pas pu etre
j)hotograj)hie en position n o r m a l e 6 ) . Quoique
la coupe ressemble jdutot a la couj)c de
l'exemplaire r e p r o d u i t au no. I, la partie infe-

Kig. 16.

rieure — c'est-â-dire le j)ied meme — devait


se rapjîrocher, q u a n t au jirofil, d u vase n o . 3 ;
la forme d u v a s e , d a n s l'ensemble, e t a i t , selon
t o u t e s les p r o b a b i l i t e s , tres r e s s e m b l a n t e a celle
des vases F d'Ariuşd H ). \sj<er ^ ******
Le n o . 2, fig. 18, r e p r e s e n t e la p a r t i e in-
ferieure d ' u n v a s e d u m e m e t y p e , d o n t la Kig. 17.
h a u t e u r est de 18 c m .
Q u a n t a u x nos. 1, 3 et 4, pl. V I , ils r e p r e s e n t e n t plusieurs tessons — â o r n e m e n t s p e i n t s ,
en chevrons — q u i , â en juger d'apres leur formes, proviennent sans d o u t e des parties
7
inferieures de certains vases similaires ) .

l h
) Arch. firtesito, 1912, planrhe en coulears, p p . 56-57, ) Mitt. d. I'răh. Com., etc, I, Hd., 1903, p . 384,
fig. 3 ; Dacia, I, p . 17, pl. VIII, forme C, fig. 1—2 a. fig. 107 et aussi fig. 108. Le trou se trouve nu ineme
*) Au Musee des Antiquites de Rucarest. e n d r o i t ; le vasc est donc rcnverse.
8
) Trudy, X I I I , 1, pl. VI, fig. 5. «) Dacia, I. p. 16, pl. V I I , fig. 5—7.
7
*) Contribuţie, p . 6 1 . ) lhidvm.

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LA STATION PREIIISTOKIQUE OE KUGINOASA

On a deja rcmarquc que presque tous les vases brises dont il a ete question jusqu'ici ne
pr6sentent aucun ornement peint. On a decouvert neanmoins la partie sujierieure, c'est-â-dire
la coupe — elegamment decoree de dessins en spirale, peints en rouge sur un fond beige-rose,
â l'interieur, et ornce de triangles aux cotes recourbes et de demi-cercles, â l'exterieur (pl. II)
— d'un vase pareil qui, intact, doit avoir eu la forme du vase no. 1, fig. 18.
Signalons, lâ aussi, â la soudure de la coupe au pied, la petite proeminence percee, retrouvee
sur l'exemplaire no. 1.0, fig. 13.
Une forme asscz inaccoutum6e doit avoir ete celle du vase brise, represente au no. 5,
fig. 11. Carre, plat, largement ouvert, comme un bassin dont le fond se retrecissait petit â
petit, ce vase presente un rebord fortement retrousse, muni, d'un cote, d'un trou circulaire;
ce trou, par lequel on peut tres aisement passer le pouce, doit sans doute avoir servi d'anse.
Les petits vases sans peinture, exccut6s souvent en une pâte assez mediocre, et genera-
lement connus sous Ie nom de « vases de culte », presentent la forme commune aux vases de
ce genre: ce sont de petits gobelets *),
(fig. 13, QO. 4) ou bien des vases ova-
les 2 ), dont I'embouchure garde aussi
un contour ovale, et les deux moittfs
semblent intfgales, â cause de la forme
tres pointue d'une des deux oreillettes,
plactfes des deux cotes du vase. D'au-
tres, encore, prennent la forme de pe-
tites ecuelles. II y en a d'autres, tres "
j)etits, qui j>resentent les memes for-
mcs, mais qui sont inuriis, â la partie
inferieure, d'un petit pied (du meme
genre que l'excmplaire no. 7, fig. 11)
et qui doivent avoir meme servi de
supports de certains vases au fond
arrondi et â dimensions assez reduites.
On a dejâ rencontre de petits exem-
plaires, tout pareils â ceux-ci, â Bod Fig. 18
3 4
(Priesterhugel) ) , â Ariuşd ), et jus-
qu'en Thessalie 5 ) . Un vase semblable a ete decouvert â Căscioarele tt), station situee dans la
plaine de la Valachie. Un peu plus rares sont les vases et les fragments de parois de vases per-
ces de trous, dont l'emploi n'est pas certain, a t t e n d u qu'ils pouvaient servir soit de passoires,
soit d'abat-jours 7 ) . Un petit vase de ce genre, dont la partie superieure est cassee et qui
affecte la forme assez commune de petite coupe, c'est le no. 8, fig. 13.
Le no. 5, fig. 13, en forme de demi-sphere, est assez ressemblant, quant aux traits
gen6raux, au vase no. 3, fig. 13; cependant, comme la partie qui representerait le pied est

') Milt. d. Priih. Comm., etc. I, 1903, p. 373, fig. 44. 1911, p. 210, fig. 13; Mitl. d. Prăh. Comm., 1903.
2 p. 390, fig. 125.
) Un pctit vusc semblublc a ete decouvert â Sul-
6
liiiiu; v. I. Anrlrieşescu, Dacia, I, p. 85, pl. X X I , ) Tsountas, op. cit., p. 165.
no. 7, ou pl. X X I I , no. 1. ") Dacia II, 1925, p. 159, fig. 18, no. 4.
;|
) Dacia, l, p. 373, fig. 50, 51, 53. ') I. Andrieşescu, op. cit., p. 64, notc 122
<) Arch. firtcsilii, 1912, p. 63, fig. 13; Dolgozatok,

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IIOKTENSIA DUMITKKSCl

percee d'un trou circulaire, il cst probable que cet exemplaire ait ete plutot un couvercle ] ) ,
le soi-disant pied constituant en realite" la poignce du couvcrcle.
Des objets en argile qu'on pourrait appeler des cuillers (â cause de leur ressemblance frap-
pante aux cuillers modernes, et qui sont caractcristiques pour les stations â ceramique peinte),
ont ete trouves dans cette station aussi; p o u r t a n t , il n ' y ' e n a pas un seul exemplaire d ' i n t a c t :
parmi les nombreux fragments, une quarantaine environ ne representent que des manches,
la plupart casses. lls sont presque tous decorfo 2 ) d'un ornement peint, en meandres ou en spi-
rales (fig. 14, nos. 8 — 1 1 et pl. V, nos. 2 et 4).
Ces manches de cuillers en argile sont,
pour Ia plupart, plats, plus rarement ar-
rondis ou pointus au b o u t ; parfois leur
bords sont stries de petites rayures. Lc plus
souvcnt ils presentent aussi un petit trou,
pratique soit aussitot au-dessus du creux,
soit au point ou le manche s'amincit; il y en
a meme qui ont deux trous, l'un â cote de
l'autre 3 ). Le creux de la cuiller etait, sans
doute, ovale et peu profond, â l'avenant des
cuillers de nos jours 4 ) ; parfois, cependant,
le creux en etait circulairc et profond B )
(fig. 12, no. 1), comme celui des cuillcrs
â soupe. Le manche de ce dernier exem-
plaire doit avoir ete inclin<\
C'est ce type de manchc tres large (i ),
auquel se rattachcnt la plupart des man-
ches trouves ă Ruginoasa, qui induisit J .
Teutsch â penser que ces exemplaires doi-
vent avoir appartenu â des vases d'un genre
tout â fait sp6cial, Schăfschalen ou Melk-
gefăsse, dont l'aspect 6tait sans doute rap-
proche de celui du vase mentionne ci-
dessus (fig. 12, no. 1).

Les anses. — La plupart des anses sont


ly
. *ig- - simples: des oreillettes, d'oîi sont sortis en-
suite les autres types. D'abord informes —
pour les vases primitifs et de petite taille — arrondies ensuite ou triangulaires et percees,
surtout de haut en bas, d'un trou circulaire, ces anses apparaissent sur la plupart des formes
de vases caracteristiques pour les stations â ceramique peinte. Les autres varietes appartiennent

') Un couvercle pareil, quant â la forme, est celui 220, fig. 5 5 ; Tsountas, op. cit., p. 196, fig. 101.
5
d'Ariuşd, Dacia, I, p. 19, pl. X , fig. 12. ) Dolgozatok-Travaux, 1911, p. 221, fig. 56 et
«) Mitt. d. Prăh. Comm., I Bd., 1903, p. 3 7 2 ; p. 5 7 ; Mitt. d. Prăh. Comm., I Bd., 1903, p. 371, fig.
382 ( B o d ) . 20-24.
») Ibidem, p. 372, fig. 29 (Bod). «) Mitt. d. Priih. Comm., I Bd., 1903, p. 372, fig. 40-
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*) Dolgozatok-Travaux, 1911, p. 219, fig. 5t; p.
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Ruginoasa, pl, I
LA STATION PRtfHISTORIQUE DE BUGINOASA

surtout aux formcs de vases sans pcinture. Lcs anses trapezoîdales, percces chacune de deux
trous (fig. 10, no. 7), sont, elles aussi, assez frequcntes. A cote des anses ordinaires, tubulaires
ou demi-cireulaires, placccs sur Ie vase en position horizontale ou verticale (fig. 19, nos. 2, 4 et 6 ;
cette dernicre est une ansc tordue), et les derives dejâ evolues — comme par exemple l'anse
vcrticale, plate, — ayant la forme anguleuse d'un pentagone (fig. 19, no. 1) et l'anse horizon-
talc qui prcsente au milieu une crcte pointue (fig. 10, nos. 6 et 7), et qui pourrait
ctre aussi un d6vcloppcment de l'anse-proeminence triangulaire, percee de h a u t en bas (fig. 19,
no. 8), — il y a un grand nombre d'anses plates, triangulaires, pcrcees d'un petit trou â la base
(fig. 19, no. 7). II y a aussi, bien que leur nombre soit plus reduit, des anses en forme de cornes
(fig. 17, no. 5), qu'on peut consid6rer comme d6riv6es d'une anse trapezoîdale plus petite, dont
les bouts pointus sont tres accentues. Le petit trou, a la base, ne manque pas non plus 1 ). Les
anses en forme de cornes 2 ), dont les dimensions varient — les anses plates (fig. 19, no. 9),
aussi bien que les anses arrondies ou pointues (fig. 19, nos. 10 et 11), percees elles aussi d'un pctit
trou â la base —, sont egalement caractcristiques et communes, pour les vases peints (fig. 16,
no. 4), aussi bien que pour ceux sans peinture.
Une petite assiette ronde, placee obliquement sur le rebord d'un fragment de vase gardant
encore des traces de peinture, doit avoir servi non seulement d'ornement, mais bien aussi
de poign6e, puisqu'clle constituait un point d'appui de celui qui maniait le v a s e ; ce n'est la
d'ailleurs qu'une simplc hypothese.
La presence des anses repr6sentant des tetes d'animaux, telles que le no. 9, fig. 13, n'a
rien d'etonnant, ces anses 6tant un dcs traits caract6ristiques, non seulement pour le cercle
de la ceramique peinte orientale (on les a retrouvees â Cucuteni, aussi bien que dans les
fouilles de Tripolje et de Şipeniţ), mais aussi dans le cercle, plus etendu, de la ceramique du Sud-
Est, â Butmir, Turdaş et Sultana 3 ) . Les petits exemplaires brises (fig. 3 1 , nos. 3, 4, 5 et 6)
presentent quelques analogies avec certains exemplaires de T r i p o l j e 4 ) ; quant â l'anse no. 6,
fig. 32, elle est assez rapprochee par sa forme (bien que le mufle, renverse dans la gravure,
n'en eoit pas aussi arrondi) d'un exemplaire de Şipeniţ 5 ). Le meme double emploi, d'anse et
d'ornement plastique â la fois, peut etre attribue aux trois proeminences tronquees, placees
sous le rebord d'un fragment de vase, dont deux representaient les cornes et celle qui est
au milieu, le mufle d'un animal cornu 6 ) (fig. 16, no. 1).
Un type plus rare est celui des deux fragments de vase (fig. 16, nos. 2 et 3 ; fig. 25, nos.
1 et 2) presentant sous le rebord vertical du vase, en h a u t relief, un visage humain, dont on
distingue l'arcade sourciliere en saillie, d'oîi part le nez long, un peu arque sur le premier
fragment, parfaitcmcnt droit sur lc sccond (fig. 25, nos. 1 et 2). Les yeux sont representes,

') Des anses ressemblant, jusqu'â un certain point, des .iii-i- forrnces par deux tetes de figurines hu-
aux formes dejâ mentionnees, ont ete decouvertes â maines.
Bod aussi, Mitt. d. Prăh. Comm., I. Bd, 1903, p. •'') Jahrbuch fiir Altertumskunde, Zent. Kom., I—II,
375, fig. 5 9 — 6 8 , 75, 7 4 ; p. 383, fig. 50 et 5 1 . 1907-1908. Koszylowce, Galicie; Beiblatt, col. 149 6,
2
) Mitt. d. Prăh. Comm., I B d . , 1903, p. 3 , fig. fig. 39 a et 6. D e s anses representant une tete d'animal,
70, 7 1 ; K o s z y l o w c e , Jahrb. f. Altertumskunde, Zent. assez sommairement dessinee, ont ete dejâ rencontrees
Kom., I — I I I , 1907-8, coL 150 a, fig. 42. Voir aussi Căs- â Ariuşd, Daci'a I, p. 22, pl. X I I , fig. 3.
cioarcle, Dacia II, p. 166, fig. 54 et 51. «) Trudy, X I I I , 1, Petreni, pl. V I , fig. 13, 14 et fig.
3
) Cf. I. Andrieşescu, Contrihuţie, e t c , pp. 6 8 e t 6 9 ; 15, avec un fragment du vase-meme dont elle faisait
Dacia, I, p. 82, fig. 12 a, b; pl. X V I I , fig. 9 ; p. 82, partie; Tsountas, op. cit., p. 216, fig. 119; pl. X X I I I ,
fig. Ll. fig. 1 - - 3 (surtout des tetes d'animaux â cornes).
4
) Trudy, XI, pl. X X I V , ou I'on j>eut voir aussi

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HORTKNSIA DUMITHKSCl!

dans Ic premier cas, par dcux jiroeminences arrondics, placccs dcs dcux cotcs du nez; dans le
sccond, par dcux entailles obli(|iics. La bouche n'y est pas indiqiicc. II faut notcr quc, vers lc
bout du nez, pour le premier exemplaire, vcrs le milicu, j>our lc sccond, lc nez est pcrce d'outre
cn outre, de sortc qu'il cn rcsulte dcux pctits trous circulaires. II est peu probable que ccs
trous aient rcprcsentc les narines mal placecs; on scrait jdutot cnclin â j)cnser qu'on les ait
jiratiques j)our j)crmcttre d'y jiasser un fil â susj>ension, la j>rocminence du vase ayant en
ce eas lc role d'une ansc. On ne saurait affirmer que le vase ait eu rcelleinent la forme indi-
quce, de j)rofil, par lcs courbcs du vasc, c'est-â-dirc s"il sc rct rceissait, sclon les aj)j)arcnccs,
brusquement vcrs le fond, tel un bassin; ou bien si, vu l'cjxiisseur des parois, il n'y ctait coujie,
ce qui cst moins j)robable. II cst cgalement risque d'affirnier qu'on soit en presence de frag-
ments de vases idcntiqucs, (juant â la forme, aux Gesichtsurm'ii de Troie. D'ailleurs, l'aj)j)ari-
tion de ces ebauchcs anthropomorphes, assez rares toutcfois, a ctc signalcc dans Ic cerclc de la
ceramique peinte, oti il y a de j>etites anses ă formes humaines *), aussi bien que dans le
ccrcle de la ceramique du Sud-Est dc l'Europe, â Gradac, ă Zlokucan (Yougoslavie) 2 ), et
dans d'autres ccrcles neolithiques du Nord: au Daiicmark ;1) ct en Scandinavic, j>uis, â une
epoquc moins reculee, aux statuettes des menhirs, et j>lus recemment encorc, â l'epoque [>ro-
tohistorique, sur certaines urnes du Sud dc l'Italie 4 ) et de l'Est de la Prusse f>).
Quant aux objets en argile qui rejm'sentaient — assez imparfaitement d'ailleurs — un
jiied (fig. 11, nos. 1 e t 2 ) , ou jilutot unc chaussurc (dont une, a forme allongee, est ornce d'un
trait peint en rouge fonce), on n'cn a retrouve (juc la |>artie inferieure; ccjx'iidant, commc il
rcsulte clairement d"un examen j>lus attentif, ils etaient continucs a leur j>artie superieure
par dcs parois (fig. 11, no. 1) renfermant une cavite. On peut suj)j)oser, j>ar consequent,
qu'ils aient dil sc rapprocher, d'une facon gcnerale, et en condition intacte, des vases designcs
sous le nom de r h y t o n 6 ) : une plus grande resscmblance avec eux jircscnte rexemj)lairc ă
anse de Tell-Metchkur"), dc memc que celui trouvc â (lăscioarcle H ).

L ' O R N E M E N T A T I O N . — Au point dc vuc du decor on JXMII distingiK-r dcux catcgorics


de vases: les vases sans peinture, mais decorcs d'ornements varies, et lcs vases â ornements
peints. La premiere categorie comj)rcnd lcs fragments â ornements en creux — assez com-
muns — qui consistcnt de (juelqucs rangccs dc rainurcs, plus ou moins jirofondes, plac^es
sur le rebord-mcme du vase, ou bien un jieu j)lus bas (fig. 20 et fig. 2 1 , nos. 2, 4 ct 7), et les
fragments â ornements en relief— des bossettes en saillie, qui devaicnt recouvrir la sur-
face tout entiere du vase. L'ornement j>rimitif, obtcnu en jxissant, dans un seul scns, les
doigts sur la pâte encore tendre du vase (fig. 2 1 , no. 4), et celui qu'on executait â l'aide

5
' ) Trudy, X I , p . 785, fig. 86, 8 5 ; p . 804, fig. 92, ) Hoerncs-Mcngliin, op. cit., p. 5 3 1 . Sur le pro-
9 4 ; pl. X I I I , fig. 15 (Tripolje): Ics t r a i t s d u visage bleme des origines ct des influences, cf. Pârvan,
y sont i n d i q u e s p a r trois p o i n t s , c o m m e p o u r lcs Getica, p p . 367—370.
8
idoles en m a r b r e de T r o i e ; cf. Schuehhardt, Alt- ) Dacia, I I , 1925, p . 161, fig. 22, No. 4.
7
Europa, p . 92, fig. 4 6 : voir aussi Dolgozatok-Traraux, ) S e u r e - D e g r a n d , Bull. Corr. Hell., 1906: Explo-
1911, p . 194, fig. 20 (Ariuşd). Tsountas, op. rit., ration dc quelques Tells de la Thrace, p . 409, fig. 4 3 ;
pl. X X I I I , fig. 4 — 6 . T s o n n t a s , op. cit., col. 276, fig. 206, u n vase rcsscm-
2
) IIoernes-Mcnghin. Urgesch. d. bildenden Kunst, b h i n t cn ligncs pcncralcs il celui-ci.
8
e t c , p . 285, fig. 1; v. aussi Dacia, I, S u l t a n a , p . 8 5 , ) Dacia, I I , 1925, p . 162, fig. 2 3 ; il g a r d e encorc
pl. X X I , fig. 3 ; pl. X X V , fig. 3 ; p . 85, fig. 4 et 10. des t r a c e s de coulcur. Un a u t r e e x e m p l a i r e en Ilul-
3
) Ibidem, p . 3 3 1 , fig. 1. garie, â K a r a - A r n ă u t , Izvestia-Muzei, 1923-24, fig. 97.
«) D e c h e l e t t e , Manuel, I I , 3, p . 1505, fig. l-lo.

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Ruginoasa, pl. II
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(La coupe d'un vase â pied)
LA STATION P R E l I I S T O R I Q U E DE RUGINOASA

d'un outil â dents, rcssemblant â un peigne') (fig. 2 1 , nos. 1, 3, 5 et 8), sont egalement
tres connus.
Le d6cor des fragments nos. 8 et 9, fig. 20, tout en rangees de points en creux, paraît
avoir quelque analogic avec un ornement du meme genre, trouve sur certains fragments de
Tripolje 2) et de Bonţcşti 3 ) . A cote de eette ceramique, reputee tres primitive, il y a une
autre variete, cgalement sans peinture, mais sur laquelle, par des ornements incises ou sculptes
(fig. 16, nos. 6—9), on a essaye de reproduire le decor caracteristique de ]a ceramique peinte.
L'apparition de cctte variete n'a rien d'etonnant, puisqu'elle a un complement dans l'orne-
mentation, â motifs analogues, des figu-
rines en argile; elle est frequente dans
la plupart des cercles a ccramique peinte.
On a trouve aussi u n fragment
orne avcc deux centres concentriqucs
en relief.
Des fragmcnts â ornements creux,
en spirale, comme le no. 6, fig. 16, se
rencontrent aussi â Butmir et â Tri-
polje 3 ).
On n'a trouve â Ruginoasa que
quelques tessons vernis: c'est un vernis
d'un marron verdâtre.

La ceramique peinte c'est ce qu'il y


a de plus abondant ct de plus caracte-
ristique dans cette station. A cause dc
la croiite calcaire qui recouvrait la plu-
part des tessons, et qui — assez souvent
— avait detruit la peinture meme qui
ornait la surface du vase, il est difficile
de discuter l'existence du vernis et
de preciser si la peinture seulement, ou
bien la peinture et le fond du decor, en
meme temps, presentaient un vernis.
Le plus souvent le fond et la peinture
Ig-
sont mats tous les deux, c'est-â-dire tout •
comme dans la couche A de Cueuteni.
Cependant, ccrtains des petits fragments presentent parfois un certain vernis, commun â
la peinture et au fond du decor, obtenu sans doute â l'aide d'un procede mecanique: le vase,
apres avoir ete peint, a ete frotte et poli â l'aide d'une pierre ou d'un outil en os.
La couleur. — On a dejâ remarque que, la pâte des vases et des tessons etant bien cuite, la
eouleur en est, d'une facon generale, j a u n â t r e , rousse ou en d'autres teintes du rouge. E n ce

a
^) Dolgozatok-Travaux, 1911, p. 221, Olteni; p. ) Trudy, XI, p. 784. fig. 85.
230, fig. 65, Ariuşd; Tfiountas, I-ere periode lithique, 3
) IIoernes-Fiala, Butmir, II, pl. VIII, fig. 22;
op. cit., p. 342, fig. 274—275. Trudy, XI (Tripolje).

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IIOIM'KNSIA DUMITMKSCU

qui concerne la maniere d'appliquer lcs couJeurs, il faut observer qu'en certains cas cette
teinte meme des parois bien cuites scrt de fond au df'cor. Cependant, le plus souvent, pour
les excmplaires quc nous possedons, la couleur servant de fond a une nuance plus claire que
celle des ornements, appliquee ulterieurement: clle varie du blanc qui, applique - sur le rouge de
la pâte, affccte une tcinte rosee (pl. I, no. 1 ; pl. I I I , no. 4 et pl. VI, no. 1), ou du gris sale
(pl. IV, en bas) et du beige jusqu'â l'orange et au beige-brun, ainsi qu'on le voit sur les plan-
ches cn couleur. La couleur des ornements peints varie du rouge clair, du rougc vif ct du rouge
brique, jusqu'au rubis, â l'amaranthe et au violet.Entrc lcs deux teintes, la couleur du fond et celle
des ornements, subsiste une troisieme,
qui sert de bordure aux ornements:
c'est, en regle generale, le noir. Ce sy-
steme trichrome, de meme que l'usage
de certaines nuances, sont communs â
la plupart des stations â ceramique
peinte de style A x ).
Les motifs ornementaux. — Les tes-
sons sont en assez grand nombre pour
nous permettre de conclure que, pour
certains vascs, r o r n e m e n t peint occupait
la surface ext6rieure du vase ou bien
seulemcnt la surface interieure, tandis-
que, pour d'autres vascs, les ornements
fcj^ \'^r &^_ 5 peints s'fitendaienl des deux câtcs <ln
vase 1 |N: 1 x
M i\ v* Hfefe> (P - P - ""•ij-
\i., I -•.. Les ornements peints sont surtout
^ B B T M ' W' negatifs, car la peinture n<- fail <|u«' bor-
der et souligner ainsi le motif ornemen-
tal, forme en realit^ par Ie fond du v a s e ;
le principe de cette ornemcntation est le
inome que cclui qu'on a remarque dans
I i couche A de Cucuteni. Les dessins
qu'on rencontre sur les vases et les
tessons sont les motifs en spirale et
Fig. 21 Ieur variantes, de meme que les des-
sins en bandes simples et en bandes
a îneandres.
Cependant, comine le plus souveiit il y a une grande ressemblance entre les dessins
oxecutes en couleurs et les motifs soulignos j>ar ccs traits de coulcur — c'est-â-dire les motifs
qui constituent l'ornement — on peut dire, en t e n a n t compte du procede, q u e : les bandes de
oouleur, recourbees en volutes et spirales, simples ou ornees, reunies les unes aux autres â
') Kn Trans^lvanie, en Moldavie, dans le depar- puys en ce qui concerne l'emploi d'une couleur |)lus
tement de Kiew et en Thessalie: cependant ce qui claire pour le fond, aussi bien qu'en ce qui concerne
est assez naturel d'ailleurs chacjue pays a ses com- Ia prcferencc accordee ă certains ornements et nuanccs
binaisons propres de couleurs, bien qu'il arrive assez tres resemblants.
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souvent qu'il y ait des analogies entre lcs divers
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Ruginoasa, pl. III
*f

Ruginoasa, pl. IV
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(Fragment d'une vas peint sur les deux faces)
I.A STATION PRfiHISTORIQUE DE KUGINOASA

l'aidc des triangles aux cotes recourbes, fonl ressortir lcs motife orncrnentaux - - ncgatifs — cn
spirale, en forme de S couche*') (pl. II), ou cn spiralc double, dont le bout s'arrondit en pastillc
(pl. II, cn haut—■ le meme quo le no. 3, fig. 15; pl. III, no. 1—Ic meme que le no. 1,
fig. 5), ou encore en spirale au bout egalement arrondi, â une ou plusicurs volutes (fig. 15,
no. 5). Au contraire, lorsque c'cst la peinture qui rcproduit, â son tour, le motif en spirale â
pastillcs, ou bicn dcs combinaisons faitcs avec lcs triangles aux cotes recourbcs, l'ornemcnt
nâgatif represente, comme dessins, des fragments de spires ct des scgmcnts dc cercle (pl. I,
no. 3, ct pl. V, no. I, Ic meme quc le no. 5, fig. 17). Un autre motif ornemental c'est le
cercle, au centre indiquc par une pastille de couleur 2 ) ; il en resulte un ornement en forme de
couronne. ()u cncorc la moitie d'une ellipse, au centre marquc par une pastille ovale (pl. I,
no. 2). De meme, sur le rcbord des vases, soit a l'exterieur, soit â l'interieur, on apercoit dcs
dcmi-ccrcles avec, au centrc, la moitie d'une pastillc rondc de couleur :î ), entoures de triangles
aux bords recourbtfs, surtout a bandcs obliques (pl. II, en b a s ; fig. 15, nos. 2 ct i-; fig. 17.
no. 6 et fig. 22).
Les ovalea au bout pointu, qui constituent l'espace menage cntrc lcs txiangles aux cotcs
courbes, pcints, apparaissent surtout
dans les nos. 1 et 2, fig. 17 ; ces ovales
sont parfois plus allonges encore,
comme, par exemple, sur le rebord
d'un joli fragment peint (pl. V, no. 1
et fig. 17, no. 5 ) ; d'autres fois ils sont
coupes, au centre, par un trait de
couleur, ce qui les fait ressembler â
Vm. 22.
dcs tangentes 4 ).
Pour certains vases la surface
ext^rieure, surtout, est entierement recouverte de dessins formes dc
bandes paralleles, d'une teinte plus foncee que le fond, horizontales Fig. 23.
5
ou obliques ) . Ces dessins se retrouvent sur les vases â dimensions
plus reduites, aussi bien que eur des vases de grande taille. Sur le fragmcnt de vase no. 4 ?
pl. III, lcs bandes de peinture, d'un rouge vif, bordees d'un trait noir, se rcunissent pour former
des triangles renfermant des ovales d'un blanc-rose. II y a un grand nombre de fragments,
de grands vases surtout, ornes de bandes paralleles qui, â distances egales et â certains points,
symetriquement disposes, s'unissent d'une maniere progressive, deux par deux, renfermant
â l'interieur des motifs spiralo-meandriques 6 ) (pl. V, no. 3 et fig. 15, no. 6).
II y a ensuite des motifs geometriques formes par des bandes disposees en angles aigus
opposi'^s par le sommet (pl. V, no. 2 ) ; il en resulte des espaces rhomboîdaux au centre
5
') < ii. iii. iii. cf. Schuchliardt, op. ci't., pl. XXIX, ) Dolgozatok-Travaux, 1911, p. 236, fig. 74—76
fig. 1, 2, 3 ; ibidem, fig. 4. (Olteni).
2
) Dacin, I, 1924. p. 11, pl. IV, fig. 9 (Ariuşd). ") Un ornement tres rapproche de celui-Iâ, execute
Mitt. d. Prăh. Comm., efc, 1903, p. 386, fig. 120. cependant en couleur, c'est l'ornement trouve sur un
3
) Mitt. d. Priih. Comm., etc, 1903, p. 384, fig. fragment du Tell Metchkur: Seure-Degrand, Bull.
1 0 2 ; p. 385, fig. 110; Tsountas, op. cit., pl. 29, Corr. Hell., 1906, Exploration de quelques Tells de
fig. 8, deu demi-cercles avec une pastille au centre, Thrace, p. 420, fig. 6 5 ; en Thessalie il y a aussi des
dessincs toujours sur le rehord d'un vase, mais a y a n t essais et des varietes de ce genre, assez mal reussies;
l'ouverture en has. cf. Wace and Thompson, op. cit., pp. 96 et 97,
*) Mitt. d. Prah. Comm., 1903, p. 386, fig. 120. fig. 48, c; p. 139, fig. 85, b.

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IIOHI KNSIA DHMI'I K K S r . l i

desquels se trouvenl <!<• jx-tiis losanges <Ie couleur '). OJI retrouve aussi, Bur certains vases,
des triangles jx'ints, disposăs sur le rebord du vasc, <m encore des rangces de trianglcs (<jucl-
quefois aux cotes recourbcs) et des losangcs <|ui font ressortir sur l<-s parois du vase des
dcssins en zigzag (pl. I I I , 110. 2 ; pl. V, no. 2 ; fig. 17, no. 3 ; fig. 23 et 24). Les frag-
ments des coupes a pied sont surtout deeorcs de bandes de peintures, en zigzag, qui font
apparaître sur lc fond du vase des orncinents angulaircs, cn meandres, ou en crochets au
bout arrondi, lorsque l'ornement j>eint est lui-nicme en iiieandres (pl. VI, nos. 1. 2, 3 et 4 ;
fig. 14, no. 4) '-).
Sur un fragment de vase d'assez grandc taillc on remarque, sur un fond b<'ig<', un motif —
peint en rouge pâle et contourc de noir — en formc de sjnrale en S, dont Ies bouts sc recour-
lx-nt pour renfermer deux ovales :i) (J>1. I I I , no. 3, et fig. 14, no. 6). Pour cet exemplaire,
!<• rouge <lcs ornements ne recouvre j>as toute la surfacc dcs meandres hordcs dc noir; la cou-
leur est ajqdiquee de maniere â laisser decouvertes dcs bandes enliercs du fond j>Ius j>âle,
<jui cclaircissent un j)eu la taclic sombre de la |>cinture. C'est le meme effet qu'on rechcrchait
lorsque, sur certains ornemcnts 4 ),
on laissait aj>j>araîtrc !<• foixl i'Iair
du vase, au centre des triangles,
des jiastillcs et des demi-j>aslilles
peints sur le rebord du v a s e ; ou
bien, lorsque ccs ornemcnts âtaient
troj> reduits, on en rcmplissait l'in-
terieur de j>etits traits (j>l. I I I , no.
1; fig. 15, nos. 1, 2 et 3 ; fig. 17, no.
6). C'est ainsi qu'on en vient j>eu
â peu aux rubans stries de traits
parallcles, <jui font la transition
vers le style B, oîi cet ornement
lg
" * lincairc prend un grand develop-
pement (â Cucuteni, Drăguşeni,
e t c ) . D'autre part, bicn que le rcsultat obtcnu soit le meme, on emploie le procede contraire,
â savoir: au centre d'un espace menage sur le fond <lu vase incme, on trace un mince filet de
couleur (pl. I, no. 3 ; pl. IV, no. 1 et fig. 17, no. 5 ) ; c'est le procede qu'on retrouve sur certains
vases du style A de Cucuteni 5 ).
Les manches â cuillers, peints, sont pour la j>luj)art decores de motifs en spirale (pl. V,
no. 4) ou en chevrons (pl. V, no. 2), soit de dcmi-cercles â pastille au centre, disposes sur le
bord du manche, soit encore de bandcs de coulcur, disposccs horizontalement ou en biais.
(fig. 14, no. 9), par consequent ressemblant aux dessins deja vus â Bod ").

») Mitt. d. Prdh. Comm., 1903, p. 385, fig. 112. III, fig. 8, etc. (Ariusd).
*) Mitt. d. PrLh. Comm., 1903, p. 384, fig. 103; «) Mitt. d. Prăh. Comm., 1903, p. 378, fig. 97;
Dolgozatok-Travaux, 1911, p. 234, fig. 71 (Ariuşd); p. 377, fig. 86 (Bod).
6
Dacia, I, p. 10, pl. III, fig. 6; p. 16, pl. VII, fig. 3, ) Ztschr. f. Klhnol., 1911, Hubert Schrnidt, p. 582,
6, 7, etc.; Tsountas, Sesklos et Dimini, pl. 29, fig. 9; etc. — Schuchhardt, Alteuropa, pl. X X I X , fig. 4.
6
pl. 8, des rrochets peints. ) Milt. d. Prăh. Comm., 1903, p. 382, fig. J00;
3
) Cf. Mitt. d. Prăh. Comm., 1903, p. 390, fig. 134 p. 371, fig. 72.
(Bod); Dacia I, 1924, p. 7, pl. II, fig. 14; p. 10, pl.

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Ruginoana, f• I. V
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(Fragments de vases et manches de cuillercs)
lluginoasa, pl. V(

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I.A STATION l'KKHISTOHIOUK l)K IUIGINOASA

Quant ă la maniere de disposer les motifs ornementaux, c'est-â-dire la symetrie qu'on


y observe et les contrastes et lcs variations qu'on obtient, il n'est pas â propos d'insister lâ-
dcssus, Irs restes Irouves dans cette station nous ctanl parvenus dans MII 6ta1 trop prâcaire.
Pour les petits vases, dont les differentes parties ne sont nullemcnt accentuees, la question
de la composition ornementale ne se posc mcme pas. Cependant, pour la petite coupe no. 2,
pl. I, on remarque un ccrtain souci d'esthetique dans l'arrangement symetrique des ornements
peints et des bandes du fond, qui, partant du cercle de base, divisent la surface du vase en
plusieurs champs triangulaires, occupcs par des demi-ellipses â pastille ovale au centre. Un
arrangcment analogue de l'ornement, bien quc plus simple, se retrouve sur un petit vase de
la mcme forme, de la couche A de Cucuteni x). D'apres l'examen des tessons conserves, on
pcut conclure que I'orncmcnt peint, meme sur les vases de grande taille, n'etait pas dispose en
zones qui soulignaient les differentes parties du v a s e ; au contraire, il en recouvrait la surfacc
tout entiere de dessins en spirale et en rncandres 2) ou de bandes paralleles. Notons cependant
qu'il y a un certain choix dans l'arrangement des divers dessins sur la surface du vase: le motif
en demi-cercles, au centre marque d'unc pastille, ne se retrouve, comme il est naturel d'ail-
leurs, que sur le rebord des vascs. Ailleurs l'ornement varie selon la place qu'il occupe â la
surface du v a s e ; d'autres fois encorc (v. pl. I I , en haut), l'ornement convient parfaitement â
la forine plate ct largement ouverte du vase, le motif en spirale en S couche s'enlacant ici tres
liarmonieusement tout autour de l'assiette.
II est evident, comme l'indiquent certains fragments de vases d'assez grande taille,
que, pour les vases « coupc â pied» surtout, les espaces decores alternaient avec de
larges bandes verlicales, qui se trouvaient en general dans la direction des anses 3 ) (pl. VI,
nos. 2 et 3).
Quant au grand vasc a pied ') (pl. I, no. 1), on remarque que la surface en est partagee
en deux registres par une bande de couleur, tracee â la racine du goulot du vase. Dans les
deux zoncs l'ornement consiste seulement ') de deux grandes s p i r a l e s — a u bout arrondi en
forme de pois — affrontecs 6 ) , mais tordues en sens inverse. Contrairement â ce qu'on a dejâ
vu, l'ornement y cst realise par la peinture (ornement positif) et non pas par le fond 7 ).
La peinturc polychrome des vases (car on s'est presque toujours servi de trois couleurs),
la particularitc qu'ellc presente d'cmployer surtout des bandes et tres rarement des lignes
simples, Ic caractere năgatif de l'ornement et aussi la tendancc des ornements d'occuper la
surfacc tout entierc du vase, lc fait, enfin, que la spirale n'est pas difformee, voilâ a u t a n t
de raisons serieuses pour classer la ceramique de Ruginoasa dans un style correspondant
a la couchc A dc Cucuteni.

') II. Schmidt, Ztachr. f. Ethnol, 1911, p. 582, ') On connaît dejâ des ornements pareils — sim-
fig. 2. ples, laissant beaucoup d'espace libre tout autour —
'*) Cependant on ne rencontre gucre le« motifn en en Oalicie (Koszylowce), Jahrb. d. Altert., 1907-8, col.
npirale et en mcandrcH cornbines dans un meme or- 147 b, fig. 27, et en Thessalie, Tsountas, op. cit.,
nement, comme il arrivc assez souvent en Thessalie; pl. 9.
8
Wacc and Thompson, Prehistoric Thessaly, pl. I ) Meme chose â Cucuteni et â Şipeniţ; Jahrb. d.
(Kli.ikiii.ini). etc. k. k. Kom., 1904, fig. 9; Ariuşd, Mitt. d. Prăh. Comm.,
■) Particularite relevcc aussi en Thessalie: Tsountas, 1903, p. 390, fig. 135.
"/- cit. ') C'est-â-dire tout comme en Thessalie: Tsountas,
1
) Un vase tout parcil est celui de la couche A de op. cit., pl. 25, fig. 4, dans la seconde periode li-
Cncuteni: Schuchhardt, op. cit., 1926, pl. XXIX, fig. thique, B, 3 a.
3, et celui d'Ariuşd, Dacia I, 1924, p. 13, pl. V, fig. 6.

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HORTENSIA DUMITHKSCi;

LA PLASTIOUK

On a decouvert, dans cette Btation aussi, dcs figurines huinaincs assez nomhrcuscs ct ca-
racteristiques, c'cst-â-dirc du type connu dans la couche A de Cucuteni — et appartcnant sculc-
mcnt au Bcxefeminin 1 ). Bien
qu'au premiercoupd'oei] ces
figurincs donncnt l'impres-
sion d'une execution asscz,
soignee, un examen plusl
attentif fait ressortir une
ccrtaine negligence dcs d6-
tails, pour lcs diffcrentes
partics du corps. La tete
n'est qu'une continuation
du long cou 2 ) sans ctrc f)lus
largc quc cclui-ci (fig. 26,
nos. 1 et 4 ) ; quant au vi-
sage, il existc â pcine par
Tchauche d'un ncz en « bcc
d'oiscau». La poitrinc cn est
plate, le dos aussi; les bras
Fip. 26.
et lcs mains font deTaut; ils Vif. 25
sont tout au plus indiqucs
par les petites proeminenccs pointucs limitant les epaules.
La taille est tres mince, le ventre parfois gonfle et la st6ato-
pygie ass, jrononcee (fig. 26 ct 27). Les jambes, colI6cs, se
tcrminent en pointe, â l'aide de laqucllc on fixait la statuette 3 ).
D'autres fois cependant (p. ex. fig. 27, no. 2 ; fig. 28, no. 22),
les pieds avaient une base p r o p r e ; on avait essaye, de plus,
de rendre d'unu facon plastique la ligne des cuisses et peut-
6tre Ies genoux memes. Parfois, lcs figurines — dont les jambes
5
finissent en pointe — ont les cpaules perc6es de deux petits
troux (lcs tout-petites n'ont qu'un seul trou), ă l'aide dcs-
quels on pouvait meme suspendre la figurine, bicn qu'on
n'ait aucune preuve â l'appui dc cette hypoth6se.
Les seins, rarement indiqucs, se presentent comme deux
petits boutons (fig. 28 a, no. 17, ou bien fig. 26, no. 3), oîi, entre
les deux seins, il y a un troisieme b o u t o n ; cclui-ci ne peut pas
repr6senter le nombril, comme pour les nos. 25 et 19, fig. 28 a
Fig. 27. — mais plutot un orncment, de meme que lcs trois trous
J
) Ce type steatopyge est assez frequent dans le Wace and Thompson, Prehistoric Thessaly, p. 127,
S u d - E s t de l'Europe: Hoernes-Menghin, op. cit., p. fig. 76, a et /*.
299, et p. 317, fig. 4, Vidin (Bulgarie), etc. — *) Peut-etre des tupports faits expres, comme, par
I. Andrieşescu, Contribufie, pl. V (Cucuteni). exemple, ceux de Thessalie: Wace and Thompnon,
2
) En tout cas ces figurines n'ont jamais le cou op. rit., p. 49, fig. 25, b.
excessivement long de certaines figurines de Thessalie:

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I-A STATION PKFJIISTOKIQUK DK KUGINOASA

dispostfs de la meme maniere (fig. 28 a, no. 3). Les dimcnsions de ces figurines v a r i e n t : il y
cn a dont la h a u t e u r totalc dcvait dcpasser 20 cm et d'autres, minuscules, qui atteignaient
â peine 2 cm (fig. 28 a ct b, nos. 9—19). Malheureusement il n ' y a, parmi ces figurines, pas
une seule qui nous soit parvenuc i n t a c t e : elles sont toutes cassees, soit â la taille, ou le corps
ctait plus mince, soit dans la dircction des hanches, soit le long du creux, tres profond,
qui scpare les deux j a m b e s collees, (fig. 28 a et o), ce qui fait q u ' o n trouve un grand nombre
de j a m b e s isolces (fig. 29 a et b), E'n e x a m i n a n t ces j a m b e s , on r e m a r q u e que la partie
intcrieure, oîi elles etaicnt unies dcux par dcux, est assez polie; elle presente parfois une

Fi 28fl
K- - Fig. 28 6.

petite entaille, le long de la j a m b e ; d'autres fois, l'entaille n'existe q u ' â la partie superieure
dc la j a m b e ou l'on apercoit presque toujours un petit t r o u , qui ne perce pas la j a m b e de
p a r t en p a r t . Ces details nous p e r m e t t e n t de supposer que chaque j a m b e etait fabriquee â
p a r t , pour etre ensuite reunie â l'autre, â l'aide d'une petite axe en bois ou en os, qu'on intro-
duisait dans les dcux trous dcjâ mentionnes. Les deux j a m b e s , reunies, etaient ensuite rivees
a la partie superi. ure du corps, comme il ressort clairement de l'examen des fragments nos.
4, 6, 7 ct 8, fig. 29 b, ou l'endroit et la maniere dont on a soude le tronc a u x j a m b e s sont tres
visibles. Ce proc6de de fabrication des figurines etait sans d o u t e en usage s u r t o u t pour les

81
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<. I>u,in III IV 1927/932.
IIOHTENSIA PUMITRESCU

figurines d'une certaine importance; toutefois, meme parmi celles-lâ, il y en avait qui n'elaient
pas fabriquees de cette maniere, comme le prouve le curicux fragment de figurine (fig. 27,
no. 4, ou bien fig. 28, no. 5), dont le tronc paraît etre creux â l'intcneur.
La plupart de ces figurines cassees ont le corps tout entier — sauf la tete et le bout pointu
des jambes — recouvert d'un ornement strie, forme de motifs lineaires, en chevrons et en
spirales, qui s'etend parfois sur le cou aussi (fig. 28 a et b, nos. 2, 3 et 20). On a d€-
couvert cependant, bien qu'en plus petit nombre, d'autres figurines qui, tout en gardant
exactement la merac forme, ont la surface Hsse, sans stries; mais elles ne sont pas recouvertes

;
de peinture, comme les figurines de la couche B de Cucuteni, de Drăguşeni, etc.

ftt

10 11 W ig 13 14 15

ifi
10 17
1? 18
18 „„
1Q „ 2 101. OO
22
16 17 18 19 20 21 22
Fig. 29 a Fig. 29 6.

Cet ornement strie, rempli d'une matiere calcaire (pour augmentcr l'effet decoratif du
dessin) a ete toujours considere comme representant le tatouage ou les vetements. Dans
la disposition de cet ornement, surtout sur les figurines d'une ccrtainc grandcur, on observe
quelques normes, bien qu'assez arbitraires. C'est ainsi que, sur l'exemplaire no. 1, fig. 28, et
nos. 1 et 3, fig. 26, deux incisions partent d'un point place â la naissance du cou pour se pro-
longer en angle jusqu'â la taille; le dessin se repete sur le dos de la figurine. II en resulte donc,
de chaque cote, trois triangles, dont les deux se trouvant vers l'exterieur sont remplis d'inci-
sions paralleles aux deux incisions primitives, tandis que le triangle central est rempli d'in-
cisions paralleles, mais horizontales; le dos de la figurine est orne de dessins plus vari6s encore,
ou apparaissent les lignes courbes. Pour le no. 3, fig. 26, il y a, semble-t-il, l'indication de

www.cimec.ro !i^
LA STATION PREHISTORIQUE DE RUGINOASA

l'encolure du vetement, bien que l'ornement soit continue aussi sur le devant du cou (et,
pour les nos. 2 et 3, fig. 28 a et 6, sur le devant du cou et sur la nuque 6galement), ce qui
pourrait indiquer qu'il s'agisse d'un collier. Sur la partie inferieure du tronc l'ornement est
compose- d'incisions obliques (fig. 28, nos. 5 et 22), ou de chevrons (no. 21), ou d'incisions
tressccs (fig. 29, nos. 4, 6, 10, 11, 12, 19), qui sont analogues aux incisions exccutees sur les
j a m b e s des figurines similaires trouvees â Ariuşd *); et enfin de dessins en spirale. D'autres
dessins en spirale, tres profonds, soigneusement executcs, se retrouvent sur l'exemplaire no. 6,
fig. 28, ou bien no. 1, fig. 27. Les autres fragments sont ornes de dessins lineaires, ou bien de
losanges ou de mcandres (fig. 27, no. 2
et fig. 28, no. 19) 2 ).
Quant â la minuscule figurine cas-
s6e, recouverte de stries (fig. 28, no.
I 2 3 ^
9), clle presente au-dessus des hanches
une petite ceinture, formee de petits
points en saillie. Un fragment de j a m b e ,
â ornement stri6 (fig. 29, no. 17), pre-
sente aussi un petit ruban en relief, mais
sans ornements, t o u t pareil au ruban
de la petite j a m b e non strice (fig. 28
b, no. 10). Une autre j a m b e de figurine,
6galement sans stries (fig. 29, no. 7),
presente elle-aussi une ceinture en
sailUe, ornee d'incisions, dont le bout
pcnd le long de la hanche. Une
ceinture semblable — dont les deux
bouts s'entre-croisent sur le devant,
comme la ceinture d'une figurine fe-
minine de Petsofâ 3 ) — mais qui ne fait
qu'une seule fois le tour de la taille,
nous est d6jâ connue de Cucuteni 4 ).
La figurine cassee (fig. 28, no. 23) pre-
sente des stries seulement sur la partie
inf6rieure du corps. La ligne qui separe
les cuisses y est indiquee; elle finit â Fig. 30.
la partie superieure, sous une ceinture
placee au-dessous du nombril et indiquee par deux incisions paralleles, procede dejâ re-
marque au no. 2, fig. 26, ou bien a u x nos. 21 et 23, fig. 28 a.
Sur certaines figurines minuscules (fig. 28 a, nos. 9 et 12), on remarque â la cheville un
rubun — ou bandage — pareil â celui qui ceint les hanches. P a r analogie avec une j a m b e
de figurine de Koszylowce 5 ) , sur laquelle on representait la chaussure â l'aide d'une bande

3
») Dolgozatok-Travaux, 1911, p. 242, fig. 84; p. ) Helmuth Ph. Bossert, Alt-Kreta, e t c , fig. 128.
243, fig. 85. *) Zeitschrift f. Ethnol., 1911, p. 593.
2 6
) Dessins rencontres d6jâ â Cucuteni, Hoernes- ) M. Ebert, Reallexikon d. Vorg., vol. VII, pl.
Menghin, op. cit., p. 299; â Bod, ibidem, p. 309. XXVII, fig. C.

83
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h*
HOKTENSIA DUMITRESCU

pareille, formce de petits points, on arrivc â pcnser quc. sur lcs cxcmplaircs cn question, on
indiquait de ccttc maniere la hautcur dc la chaussure.
Quant aux quclqucs autres rcstcs ilc figurincs sans strics, l'cxamcn dcs parties snperieures
du corps (fig. 28, nos. 15, 16 ct 2 5 ; fig. 29, nos. 1, 2 et 3) ct dcs jambcs (fig. 29) conserve'es,
dcmontre qu'ils n'ont ricn dc particulier, dans la tcchniquc du modclage, sauf le no. 15,
fig. 28, qui cst presqu'informe, et lc fragment p l a t — no. 1, fig. 29 — qui devait avoir au
milieu un trou circulairc.
Tout ă fait differente comme aspcct cst la figurinc no. 24, fig. 28 a ct b. La tcte n'cn presentc
aucune particularitc; par contre, le tronc,
brisc, n'a pas la plasticite" dcs autres fi-
Si gurines, mais il s'cvase vcrs la partie in-
feVieure ; il est orne d'incisions paralleles
et obliques p a r t a n t du dcvant pour se
terminer au point opposc, sur le dos:
les deux bouts des incisions se termi-
^fl WL jH B 41 ^ ^ ncnt par un point. Notons aussi quc
^ r W H '^^^^ les bras modeles ăloign6s <ln
W 5 y H corps *). II est impossiblc dc deviner la
position des mains, puisqu'un dcs bras
est casse â l'epaulc meme et cc qui restc
cncore de l'autre indique sculcmcnt quc
lc bras ctait plic au coudc ct tcndu en
avant. Le no. 14, fig. 28, reprcsente un

P
B ţjf ^ petit bras casse du mcme genre, ayant

8 Q
Ban8
IP ^ P \»^H W^ doute appartenu im<- figurine.
7 8 Q La plastique animalv. — A cotc dcs
quclqucs tctes d'animaux (fig. 3 1 , nos.
3, 4, 5 et 6), qui servaient d'anses et
dont il a ctc qucstion au chapitre rcs-
W 11 1Q
pectif, on trouvc, cn asscx grand nom-
bre, divers fragmcnts ct aussi des fi-
W
. . 1o gurincs cnticrcs reprcscntant dcs ani-
10
maux, dc dimcnsions variees; ils sont
Fig. 31.
si bien modclcs, lcs caracteres particu-
liers — et quelquefois le sexe meme — sont reproduits avec un tcl soin quc, lc plus sou-
vent la ressemblance au modele est frappante et l'identification dcs animaux — prcsque tou-
jours domestiques — est trcs ais6e. Voici, par exemple, un petit animal, un cochon (fig. 30,
no. 5) assez exactement modele; ou bien des tetes dc mouton (fig. 3 1 , nos. 6 ct 8), dont
les cornes sont cassees. Les autres figurines repr6sentent des quadrupedcs, appartenant
peut-etre â la race bovine (fig. 30, nos. 1, 4 et 7 ; fig. 32, no. 4 ) ; les petites statuettes a queue
courte et relevee representaient peut-etre des chiens et parfois meme des chevres 2) (fig. 30,
') Hoernes et Fiala, Butmir, II, pl. III, fig. 13, fig. 16; Hoernes, op. cit., p. 309; Wace and Thompson,
petite figurine sans tete, mais conservant encore les op. cit., p. 128, fig. b. — Şipeniţ, Jnhrb. d. k. k. Kom.,
bras, dont l'un est replie et releve. 1904, col. 118—119; Trudy, XI, p. 795, fig. 91, et XIII,
www.cimec.ro
z
) Mitt. d. Prăh. Comm., 1903, p. 383, fig. 97; p. 370, 84 pl. V I ; Dolgozatok-Travaux, 1911, p. 244, fig. 86.
I.A STATION P R E H I S T O R I Q U E DE RUGINOASA

nos. 8 et 12). Le no. 2, fig. 32, represente la partie anterieure d'un quadrupede rohuste,
dont le mufle est cass6. Ce fragment est interessant par l'echine tres accentuee, qui part
du sommet de la tete, aussi bien que par les deux rangees de mamelles, qui le font ressem-
hler ă une louve ou â une chienne de grande taille. Pour le no. 10, fig. 3 1 , les petites
rayures qu'on remarquc sur le ventre de l'animal figuraient aussi, peut-etre, les tetons ou
hien le pelage floeonneux. Les autres figurines sont trop fragmentees pour qu'on puisse les
identifier — â l'exception toutefois des nos. 12 et 13, fig. 32, qui ressemblent d'assez pres
â des tetes de hrebis.

CONCLUSIONS

La station de Kuginoasa fait partie


du groupe oriental de la ceramique
peinte. Ceci n'est cependant qu'une ma-

f
niere de parler, pour la situer geogra-
phiquement, jmisqu'il ne peut j>as etre
question, dans le cercle de la cerumique
j>einte, de provinces orientales, occiden-
tales ou meridionales, qui — sur des
hases propres ou â cause des influences
etrangeres — aient acquis des caracteres
tres differents des autres. Au contraire, f^
comme on l'a fait remarquer au cours
de cet expose, non seulement les instru-
ments en pierre, en silex et en os, mais
aussi la ceramique (au j)oint de vue
de la technique, des formes et des orne-
ments), et jusqu'â la plastique, presen-
t e n t des analogies avec un cercle beau-
coup plus vaste, c'est-â-dire avec les
10
i \1

objets trouves â Ariuşd, Bod, Olteni et


d'autres stations de Transylvanie, aussi 13 <
bien qu'avec les objets trouves en Bes-
Fig. 32.
sarahie (Petreni), ceux du pays de Kiev
(Ia civilisation de Tripolje) et, a un degre plus reduit, avec les ohjets trouves en Galicie et aussi
en Thessalie. Ces analogies font ressortir l'homogeneite des civilisations de la ceramique peinte,
les differences qui existent etant dues surtout â l'evolution dans le temps, et non pas â la di-
versite des regions ou apparaît ee genre de c6ramique peinte.
D'autre part, on a remarque quelques ressemblances, bien qu'accidentelles — ce
qui fait qu'on les mentionne seulement en passant — avec certains objets provenant de
quelques stations eneolithiques, situees dans la plaine de la Valachie: Sultana ^) et
Căscioarele 2 ).

2
l
) Dacia, I, 1924. ) Ibidem, et p. 37, note 3 ; p. 31, note 4; Dacia,
II, 1925.

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HOHTENSIA DUMITRESCU

La station de Ruginoasa, cependant, etant, parmi les stations connues de la Moldavie,


l'une des plus rapprochees de la station — devenue classiquc — de Cucuteni (25—30 km â
vol d'oiseau), il n'y a rien d'etonnant a ce qu'elle presente, au point de vue de l'cmplacemcnt,
aussi bien que des autres, mentionnes d6jâ, une parfaite identit6 avec la station de Cucutcni ' ) .
Cette circonstance nous permet de classer la ceramique de Ruginoasa dans le style A 2 ) ct de
considcrer l'unique couche de civilisation qui s'y trouve, contemporaine de la couche A de Cu-
cuteni 8 ) . II y a cependant un fait, qui reste caract6ristiquc pour la station de Ruginoasa: c'cst
l'existence de cette seule couche de civilisation, qui — mesuree j u s q u ' a u x rochcrs de base de
la station — atteint parfois une profondeur de 1,40 m, ce qui d6note une longue durec ct unc
grande intcnsite* de production, comme l'indique d'aillcurs aussi le grand nombre de tessons
et de figurines trouv6s â cet endroit. Pour diverses raisons cependant: soit qu'on n'ait pas pu
tirer de la station tout ce qu'elle aurait 6te capablc de fournir, soit â cause des degâts caus6s par
les labourages successifs et les plantations de vignes, soit aussi â cause de la croiite calcaire
qui recouvrait trop souvent la peinture des vases — on n'a pas trouv6 ici bcaucoup de vascs
intacts (comme, par exemple, dans la station tres importante d'Ariuşd), et on n'a pas dccou-
vert de formes et d'ornements tres vari6s, â l'exception toutefois dcs fragments de vases â
ebauches plastiques anthropomorphes, du genre des Gcsichlsvasen.
Cependant, en ce qui concerne la ceramique, et surtout la technique de ses ornementa,
â cote du proc6d6 assez commun de rendre l'ornement par des bandes peintes, on remarque
aussi la tendance â le rendre par des bandes formăes de traits de couleur 4 ), commc â Ariuşd •')
et Ronţeşti 6 ) , ou — bien qu'on ait distingu6 plusieurs couchcs — on n'a pas pu pr6ciscr des dif-
ferences de style. De plus, on sait qu'on a aussi trouv6, â Ruginoasa, des idoles steatopyges
sans stries, en meme temps que des idoles stri6es. Nous ne savons pas, au juste, si dans la
couche A de Cucuteni, â cote des figurincs typiques, striees, il y en avait aussi sans stries.
Au cas ou on ne les ait pas trouv6es, on serait justific â penser qu'â Ruginoasa leur pr6sence
indique qu'on se trouve â un point de transition, du style A, des figurines striees, au style B,
des figurines sans stries, mais peintes. Meme chose pour l'essai de rendre par des traits l'or-
nement peint, quoiqu'en ce qui concerne le cas present, il ne soit pas possible de faire appuyer
cette hypothese par des donnees stratigraphiques.
C'est â la meme hypothese que nous conduit la presence, â Ruginoasa, du cuivre, lequel,
absent â Cucuteni A, n'existe qu'â Cucuteni B. En ce cas la station de Ruginoasa devrait etre
datee de l'eneolithique — contrairement â la couche A, de Cucuteni, plac6e par M. Hubert
Schmidt dans le neolithique pur 7) — mais elle doit etre contemporaine de la station d'Ariuşd,
oîi on a 6galement trouve du cuivre, sans qu'il puisse etre question d'une veritable 6poque
des m e t a u x , mais de I'epoque chalcolithique 8 ) . II est possible, cependant, quc l'abscnce du
cuivre dans les fouilles A, de Cucuteni, soit due au hasard et que cette station apparticnne
elle-aussi a l'eneolithique.

3
') C'est-â-dire dans la mesure dans laquelle on a ) H. Schmidt, loc. cit.
pu etablir ces analogies avec le materiel publie jus- ' ) V . ci-dcssus, p. 75 et suiv.
qu'â present; il est probable, cependant, qu'on pour- «) Dolgozatok-Travaux, 1 9 1 1 ; Dacia, I, 1924.
8
rait trouver des ressemblances plus grandes encore; ) Dacia, I I I — I V , Vladimir Dumitrescu, La sta-
v. I. Andrieşescu, Contribuţie, e t c , pl. I I I , IV, V ; tion prfhistorique de Bonfeşti, pp. 106 ct suiv.
7
H . S c h m i d t , Zeitschrift f. Ethnol., 1911, p. 5 8 5 ; C. ) Jahrbuch des Deutsch. Arch. Inst., 1923-24. An-
Schuchhardt, op cit., pl. X X I X , fig. 1—4. zeiger, col. 3 5 1 — 3 5 2 .
2 8
) Voir les motifs ci-dessus, p. 79. ) Fr. Lâszlo, Daci'a, I, 1924.

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I,A STATION I'REHISTORIQUE DE RUGINOASA

Toutefois (pour laisser de cote les hypotheses formulees ci-dessus), ce qui importe ici c'est
Je fait que les deux petits objets en cuivre de Ruginoasa — une bague et un bracelet en fil
de cuivre l) — nous permettent d'affirmer que cette station, meme si ses debuts remontent ă
l'epoque n^olithique, s'est maintenue jusqu'â l'epoque du cuivre.

Kome, le 26 Ffvrier 1928. HORTENSIA DUMITRESCU


Ancien membre de VEcole roumaine de Rome
A.i.sistant au Musee National d'Antiquites
de Bucarest

') Ci-deHBUB, p . 2 1 , fig. 4, nos. 12 et 1 3 .

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LA STATION PREHtSTORIQUE DE BONŢEŞTl

II y a dejâ quclques ann6es, le regrette directeur du Musee National d'Antiquites, Vasilc


Pârvan, avait decide d'entreprendre lui-meme unc campagnc dc fouillcs dans lc village dc
Bonţeşti, suivant les renseignements fournis par M. Simionescu-Râmniceanu. Scs multiples
occupations l'ont cependant empeche dc rcaliser son projct jusqu'cn automne de 1926. Vers la
fin du mois de Septembre, Vasile P â r v a n se rendit au susdit villagc ct, lc 5 Octobrc, il y com-
mencait dejâ les fouilles par le fosse A (v. lc plan, fig. 1). Mais, â causc dc la rcchutc d'unc
congestion pulmonairc, qui l'avait retenu au lit quelques mois auparavant, il dut rentrer
â Bucarest et je fus chargc de continuer les fouillcs dc Bonţeşti, aux points dejâ fixcs
par lui.
Ces fouilles, ex6cut6es par une equipe de 15—20 ouvriers, continuerent pendant dcux
semaines, d u r a n t lesquelles, ainsi qu'on le vcrra tout â l'heure, on a fouille tout ce qu'il y
avait encorc â fouiller â Bonţcşti.
Le village de Bonţeşti, sis â 13 km au Nord de la ville de Focşani, ressortissant toutcfois
du departement de Râmnicul-Sârat, est constituc dc quelques maisons 6j>arses sur lcs collincs
des Sous-Carpathes de l'extreme Nord-Est dc la Valachie et sur les bords du petit tor-
rent de Mira, qui se precipite vers la riviere de Milcov. La station prchistorique de ce
village se trouve â 150—200 m â l'Est de ce torrent, sur la rive droitc d'un autre petit tor-
rent. Comme il apparaît dans le plan ci-joint (v. p. 89), cctte station jirehistorique ctait sisc
sur le promontoire d'une grande collinc, que les eaux prccipitces du sommet ont rongee et
creusee, de sorte qu'il y a aujourd'hui deux petits jiromontoires, scparcs par un ravin triangu-
laire, assez escarpe. Dans les parois de ce ravin on voyait, vcrs le Nord, aussi bicn que vcrs Ic
Sud-Ouest, commc dans une section—des couches variccs de terrc cuitc ct dc bousillage qui se
succedaient horizontalement. Dans les couches et entre elles on voyait des tcssons et des char-
bons, qui, en meme temps que les couches d6jâ mentionnees, ont indiquc â M. Simioncscu-
Râmniceanu l'existence d'une station prehistorique â cet endroit.
Comme les couches de terre cuite etaient visibles surtout sur la paroi Nord du ravin,
Vasile Pârvan commenca les fouilles au-dessus de cet endroit, dans un terrain inclinc un
peu vers le ravin.
La premiere fouille A, creusee en forme de fosse ayant j)lus dc 2 m dc largeur ct 26,50 m
de longueur, est orientee dans la direction Est-Ouest. Deux autres petits fosscs se detachcnt
de celui-ci: a, ayant aussi 2 m de largeur et 6 m de longueur, non loin de I'extr6mit6 Est du foss6
A,—et 6, a y a n t 3 m de largeur et seulement 2 m de longueur, prcs de l'extrcmite Ouest du foss6.
Le role de ces deux petits fosses etait de reunir la tranch6e A au ravin ou l'on voyait Ics
couches des diverses stations, pour faciliter ainsi le controlc stratigraj)hique dcs fouilles.
P e n d a n t les derniers jours des fouilles de Bonţeşti, le terrain librc entre le ravin et les fosses

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LA STATION P R E H I S T O R I Q U E DE BONŢEŞTI

A et a (â l'Est de a) a 6te fouillc aussi, en grande partie jusqu'â une profondeur de pres de
80 c m ; c'est lâ qu'on a dccouvert quclques-uns des petits vases intacts de Bonţeşti. E n meme
temps, sur l'autre versant de la colline, au Sud-Est du ravin, et parallelement a celui-ci, â
une distance de 3 m vers l'interieur, on a commencc â creuser la tranchee C, exactcment en
face de l'cndroit ofi l'on voyait, dans le ravin, des couches de terre cuite et de bousillage.

I. — L E S T R A N C H E E S
LA TRANCHEE A (26,50 m 8ur 2 m ; direction N . E . - S.O.). Coiiune on l'u dejâ dit, le terrain etait
incline'vers le ravin, de sorte qu'â I'endroit oîi le fosse a part de la tranchee A, le niveau est de 70 cm
plus eleve qu'a l'endroit ou le meme foss<* « aboutit au ravin. Cepcndant, nicmc dans la direction de
la tranchee A (N.E.—S.O.), la surface du
terrain n'etait pas absolumcnt plane, mais
,iii coiitraire asscz accidentcc (coinme il ap-
paraît dans la fig. no. 2), un peu plus elevee BONŢEŞTl.
donc â l'Est et plus inclinee vers l'Ouest. II [COLLINEMIRA]
ne peut pas etre question, j>ar consequent, dc 20 50 in
preciser en bloc la profondeur des differents
cndroits de la tranchee A. Dc plus, conime on
Ie verra tout a l'heure, les couches variees
des stations rncmcs ne sont pas parfaitcment
horizontales et continues, ce qui constitue
aussi un autrc obstacle â l'unification [>rc-
cisc dc la stratifrraphie, <l;<iis la tranclice A.
Jusqu'â 40 cm de profondeur, en aucun
cndroit de la tranchee on ne trouve la moin-
drc trace d'habitation, mais seulemcnt dc
la tcrre: â la surface, une mince couche de
terrevegetale; ensuite, du loess. Le fait que
dans cettc couche superficiclle il n'y a uu-
cune tracc de station humaine, bien quc
dan» lcs autrcs stations prchistoriques on
trouve des fragments de poterie, mcme
dans cette couche, prouvc cpa'â Ronţcşti
cette couche n'a jamais ete remuce par Jes
travaux d'agriculture. D'ailleurs le tcrrain, Fig. 1. Le plan dcs fouilles dc Bonteşti
qui â cet endroit s'ecroule incessamment,
est irnpropre u l'ugriculture et est recouvert entiercment dc ronccs.
Vers l'Est, ce n'est qu'â une cinquantaine de centimetres qu'on trouve quelques fragments de
poterie, en une pâte tres grossiere et â peine cuite. En echange, â l'Ouest, dans deux tiers de la tran-
chee, ces rares fragments apparaisscnt â une profondeur de 40 cm. A partir de cette profondeur on trouve
aussitot de petits fragmcnts de bousillage calcinc, tres emiettes — et melanges â la terre et aux tes-
sons, d'une qualite scmblable â ceux d^jâ mentionnes. Mernes phenomenes vers l'Est jusqu'â une
profondeur dc 1,10 m, environ: au centre de la tranchee, jusqu'â 1,50 m et vers l'Ouest, jusqu'â une
profondeur d'un metre seulement; de sorte qu'on trouve une couche creuse au centre. II faut noter ce-
pcndant que les fragments de poterie ou d'autre genre (poids de filet, etc.) ne sont nullement nom-
breux, et la rarcte des fragments de bousillage calcine et des autres est l'indice d'une station de peu
d'intcnsitc ct dc courtc durcc.
Au-dessous de cette couche, dans toute la tranchee, il y a une couche de remblai, sans fragments^ d'une
cpaisseur tout-â-fait incgalc: vers l'Est, d'un metre environ; au centre, de 1—1,25 m et vers l'Ouest, de

') A noter quc la surface qui s'etend de 6,50 ete fouillee que jusqu'â une profondeur de 1,50 m,
jusqu'â 9,50 m, h partir de l'extremite Est de cette de sorte que la hauteur qui en reste empeche la
tranchee A, pour dcs raisons d'ordre techniquc, n'a communication entre les fosses A et a.

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VLADIMIK DUMITRESCI

25—30 cin & peinc, atteignanl cependant <le nouveau u l'extrăniittS Ouest une âpaisseur de 50—75 cm '),
A pnrtir de ccllc profondeur variable il y a unc couche de tcrrc et dc bousillnge cuit, tasse cn asscz
griui<le quantitc ilnns jiresque toutc l'ctcndue <le lii truiichec, dans le voisinugc plutot <lc ln pnroi Sud quc
<lc la pnroi INord <lc In trnnchcc '), innis intcrroinpuc |>ar cndroits; cctte couchc a une ejmisseur inegnle,
Mirinnt de 30 a 80 cm. La contiiiuitc csl nssez doiiteuse, pour les 1 inetres <lc l'cxtreme Ouest de lu trnn-
<hee, â cause dcs lacunes trcs importantes, comme il apparatt d'ailleurs dans ln section (v. fig. no. 2).
A I'interieur dc cette couchc de bousilluge ct de tcrre cuite nu rotige et, iniincdintenient uu-dcssous, appa-
raissent aussi Ics truces de ln vie journnliere: des outils et des instruinents cn pierre, en os et en argile,
des fragmcnts <le figurincs d'hoinmcs ou d'uniinuux et dcs fruginents dc poterie, en grundc majoritc,
comme d'hnbitude. Lu ceramiquc ă orncnicnts plustiqiies cst ussez rnrc: uii contrnirc, Ics frugmcnts c6-
rumiqucs n orneiiients crcuscs sur lu surfucc cxterieure, pnrfois ă vcrnis mnrron ou noirâtrc, parfois mats,
abondent; qiiiint aux fragments dc ccrnmiquc pcinte, jiolychrome (trichronic) surtout (mais aussi mo-
nochromc), ils sont cn assez grand nonibrc, inoins frcquents ccpendunt que les autres. II y a tres pcu
d'exemplaircs peints sur Ics deux parois.
A unc profondeur de 40—50 cm a peine, sous cctte couchc, sur une distance dc 5 m â partir de l'extr6mitc
Est de la tranchde, il y u une autrc couche de terrc ct de bousillagc cuit, inclinee vcrs l'Ouest et d'unc
epaisseur vuriunt dc 90 â 25 cm. Entre la derniere couche de tcrre et de bousillagc et cellc dont il s'agit,
il n'y a quc du remblai, contenant quelqucs frugmcnts du iiieme genrc quc ccux deja inentionn^s. A l'Ouest
<Ic la hnuteur non fouillcc il n'y n pourtunt, coiiimc continuution de cette troisieme couchc dc bousillnge
cuit entassc, qu'une mince bande de 10 cm â peine, sur la distancc de 11,50 m â 16 m (de l'Est vers
l'Ouest), qui en section apparaît inclinee de l'Ouest â l'Est (v. fig. no. 2), et qui s'etend â une profon-
dcur variant de 30 îi 80 cm au-dcssous de la couche supcricurc dc terre cuite (couche no. 2).

Fig. 2. — Section du talus Sud des fouilh-s A.

A l'extremite Ouest de la tranchec, une autre bunde, nyant 10 cm d'epaisseur et 1 m seulement de


longueur, reprcsente la continuation de cette couche (no. 3) de terre cuite.
A l'Est, aussi bien qu'â I'Ouest dc la portion non fouillce, â unc profondcur presqirinvnriuble dc 50 cm,
au-dessous de la couche precădente (no. 3), il y a une quatrieme couche de bousillagc et de terre cuitc, ilont
l'epaisseur varie de 40 â 60 cm et qui apparaît en section (v. fig. 2) comme une couche inclinăe â partir
des deux bouts vers le centre de la tranchee. Malgre l'interruption provoijuce jiur ln portion non fouill<''e
il est evident que ln couche de l'Ouest, aussi bicn que celle de l'Est, font jmrtic d'unc mcme couche
unie et continue (no. 4), representant, elle aussi, une station dctruite par l'inceiiilie.
Presquc immcdiatement au-dessous de cette couche apparalt ln terre non remuce, excejite cepcndant
l'extrcme Est de la tranchee, ou, dans unc etendue de 2,50 m. il y a une niincc couche, de 10—15 cm, de
terre cuite (couche no. 5).
A l'interieur de ces dernieres couches, dc inenie quc dims Ia tcrre <lc rcinhlni <jui lcs sejiurc. les frugincnts
de tout genre se retrouvcnt en mcme quantitc ct dc meiiie nuture qu'u l'intcricur ct nu-dessous dc la
couchc no. 2.
La plus grandc profondeur dc la tranchce A varie de 5 m. â l'Est. â 4,6(( in, au lentrc. et A 3,70 m.
â l'Ouest.
x
) Au fait la surface uon fouillee mentionnce dans <juc <-elle de l'Ouest <le la huuteur, d'uutant. plus
la note jirecedente ne nous permet pas de preciscr qu'on ne l'a jias decouverte au meme niveuu. II
si la couche de bousillage cuit, u l'Est <lc c<;ttc s'ugit jiourtunl jirobuhlciiicnl <1<- la iiicinc <ouche.
hauteur, est răellement Ia meme (en continuatiou) un peu ondulce, iju'on reinarque ti l'Oucst nussi.

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LA STATION P R E H I S T O K I Q U E OE BONŢEŞTI

LE EOSSE a (6 m sur 2 m, N.O.—S.E.) est incline du Nord au Sud, de sorte qu'il y a entre leniveau
sup6rieur de l'extrcme Sud ft de I'extrflme Nord une difference de 70 cm.
Vcrs le Nord, une couche de loess, de 50—55 cm de profondeur environ, ne contient aucune sorte de restes
de Btation lnim.iin. , constituant donc une couche dcposee â une epoque ou les habitants prehistoriques
avaient dcjă nbnndonnc cet endroit; cependant, vers le Sud, â cause de l'action erosive des eaux, la couche
de loess est presqu'inexistante.
A partir d'une profondeur de 60 cm (Nord) — 20 cm (Sud), npparaissent de petits fragments isoles de
bousillage et de terre cuite, mclangcs â dcs tessons en pâte grossiere et presque depourvus de decor (quel-
ques bossettcs seulement). Ces rcstes, avec la terre qui les renferme, constituent une couche peu compacte,
d'unc cpnisseur de 50 cm environ, presqu'in'sensiblement inclinee vers le Nord, oîl son epaisseur est d'ail-
leurs un peu plus grandc (60—65 cm). Une autre couche lui succede: 20—25 cm de remblai, depourvu
presqu'cnticrement dc traces d'habitation humaine; au-dessous, une seconde couche de bousillage et de
terre cuite, cette fois-ci dcnse et compacte (mclangee â des tessons et â d'autres restes identiques â ceux
de la couchc no. 2 de la tranchce A), dont l'epaisseur, de 80 cm au Sud (dans le ravin), diminue gra-
duellement, n'ayant plus que 60 cm â I'extremite Nord du fosse. Cette couche n'est pas parfaitement
horizontale non plus, mais au contraire sensiblement inclinee vers le Nord (ayant donc une orientation
exactement opposec â cellc du terrain ou l'on a creuse cette tranchee). II resulte de ces deux causes
que Ja difference entre le niveau de cette couche et le niveau du tcrrain est tout-â-fait inegale aux deux
cxtremit6s du fosse- a: au Sud, la couche no. 2 commence â une profondeur de 1,20 m, tandis qu'â l'cx-
tr6mit6 Nord du fosse elle apparaît â 2,80 m de profondeur.
Au-dessous de cette couche no. 2, il y en a une autre, de remblai, dans laquelle on trouve quelques tessons,
de mcme que des restes insignifiants de bousillage cuit. Cette couche est elle aussi inegale, comme epais-
seur, mcsurant 40 cm au Sud et 60 cm au Nord; elle est aussi inclinee vers le Nord. II y a ensuite une
autre couche de bousillage et de terre cuite (no. 3) correspondant â la couche no. 3 dans la tranchee A,
mais d'un aspcct un peu bizarre en section: sur un tiers de la tranchee (vers le Nord), il y a une couche
unie, qui mesure â I'extr6mit6 Nord 10 cm â peine de profondeur, mais qui s'clargit graduellement, vers
le Sud, atteignant jusqu'ă 35 cm de profondeur. A partir du point oîi elle atteint sa plus grande epais-
seur, elle se divise en deux bandes minces, mesurant â peine 10 cm chacune, qui sont presque parfaitement
parallt-les jusqu'â l'extremit6 Est et que separe une couche intermcdiaire, epaisse de 20—25 cm environ,
de remblai, contenant des restes et des fragments de bousillagc. II ne semble pas qu'il y ait ici 2 couches
diffcrentes, mais seulement un phenomSne curicux r6sulte de l'incendie des babitations, car, dans le
talus Ouest de la tranch6e, il n'y a en section, qu'une seule couche mince de debris, no. 3.
Une couche, variant dc 60 â 80 cm, de remblai, renfermant quelques restes, separe cette couche no. 3 de
la couche inf6rieure, no. 4, dont les fondements sont presqu'horizontaux et qui varie, comme epaisseur,
de 80 â 60 cm. A l'interieur de cette couche les fragments de poterie et d'autres genres sont plus nombreux.
Lâ, dans quelqucs pots bris6s, on a retrouve des grains calcines de ble.
La fouille s'arrSte â une profondcur extrâme — par rapport au niveau — de 4,70 cm, â l'extremite Nord
et â 4 mctres, â l'extremitc Sud, dans la terre vierge, ou l'on ne trouve plus rien du tout, phenomene
correspondant aussi â l'absence de restes, â partir de cette profondeur, dans le ravin voisin.

LE FOSSfi b (2 m sur 3 m, N.O.—S.E.) a 6te creuse\ comme il apparaît dans le plan ci-joint (v. fig. 1),
prcs de I'extr6mit6 occidentale de la tranch6e A, pour reunir cette tranchee au ravin, qui, â cet endroit,
pr6sentait une section tres d6tai!16e des couches successives d'habitations incendiees et de remblai.
Lâ auBsi, â cause du voisinage du ravin, aussi bien qu'â cause du terrain incline vers le ravin, la couche
de loess est â peine visible. Jusqu'â une profondeur de 20 cm il y a quelques fragments de poterie, mal
cuits ct sans aucune sorte d'ornements. Ils doivent Stre consideres comme appartenant â la couche
qu'on a d6sign6e ailleurs par no. 1, mais dont la presence â cet endroit n'a pas pu 6tre etablie avec cer-
titude, ce qui demontre le peu d'intensit6 de la station correspondante â cette couche.
De 20 jusqu'â 100 cm de profondeur il y a une couche de remblai, qui ne renferme absolument aucune
trace d'habitation ou de vie humaine. C'est â peine â partir de 100 cm, mais visible surtout â partir d'une
profondeur de 110 cm, qu'apparaît une couche de bousillage et de terre cuite, entasses, — qui correspond
â la couche no. 2 dans les tranchees A et a, inclinee elle-aussi du Sud au Nord, de meme que la couche
no. 2 du fosse a. Parmi les decombres, il y a quelques fragments de poterie et d'autres restes presentant
tous les mtmes caractcres que ceux de la couche no. 2 dans A et a. Cette couche a, elle aussi, une epais-

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Vl.ADIMIK DUMITRESCU

seur <lc 60 --80 cin. Au-dcssous d'ellc on retrouve uhsoliimciit la mcnic succession de couchcs quc duns
la tranchce a, c'est-ă-dirc une couche intermcdiuirc, cnsuitc la couche no. 3, une autrc couchc intcrme-
diaire, cpaissc, ct ciifin une couchc cjinisse, no. 4, faisant pendunt au no. 4 dans la trunch^e «. I.es frng-
inents, sauf ccux <lc bousillnge ct de terre cuite, sont cependant plus rnres que dnns les uutrcs trunchccs;
innis coiiunc ils sont du nicme gcnrc, il n'y n pas licu d'insistcr lu-dcssus.

I,A TBANCIIKK C(10 m sur 2 m ; Kst Ouest) a cte crcusce, romme on l'a dcjâ indique, <lc l'autrc
cote du ravin coupant cn <lcux l'ancienne station prchistoriquc <lc Bonţesti, ft l'endroit ou, dans lc ruvin,
on pouvuit aiscincnt apercevoir-- -n une profondeur <lc 1.80 m environ — une couche cpaisse de bou-
sillage, <le tcrre <'iiite <'l <le tessons. Cependant, lcs fouilles, continuees jusqu'îi plus de 2 m de profondcur.
n'ont ricn fourni: pas lu moindrc trnce de station humninc; nu contrnire, on n decouvert quelques couches
successivcs <lc gravier, de terre et <!<■ gros cuilloux <lc torrcnt, qui prouvent <|u'il s'ngit d'un tcrruin
d'nlluvions et aullement <lu « terroir» d'une ancienne stution prchistorique.
Avec ce dernier fossc lcs fouilles de Bonţeşti ont pris fin: tout <-c <jui pouvait etre fouille l'avaît cte.
Le seul endroit qui uuruit encore pu fltre fouillc cttiit cclui <|iii se trouvuit entre les trnnchccs b, A, a
et le rnvin; mais coinine le terrnin semhlnit prct ft s'ecrouler et le ruvin ettiit ussez profond, les fouillcs
n'ont pus pu ctrc eoiitinuces lft non plus. Au Nor<l <le lu Irnnchce A, il uurnit ete inutile <!<' le fuirc. Kn
cffet. tous les restes trouves duns celle trunchec ont ete tircs surtout <lu voisinuge du talus Sud de lu trnn-
chce. La section de lu fig. no. 2 u ete culquce sur le tiilus Sud <le cettc trtinchce, ptircc<}uc sur Je tnlus
Nord on ne pouvuit ricn distingucr clnireinenl: ni les couches de stutions, ni les couches interinedinircs.
S'il n'nvnit muuquc que quclques couchcs, on aurait pu croirc <ju'il s<> fut tif-i seuleinent <lc rintcrruji-
tion de quelques-unes, comme on l'n dejn remurque, pour lu seclion I^st-Ouest. Muis, coinuie toutes
les couches font dcfnut <luns <-e tnlus Nord de ln trtiiichcc Af nous sonimes d'nvis que <-cllc-ci soit hicn
l'extremite Nord des stutions successives de Bonţeşti. Un uutre jihenomciie ijui |)tiraîl <-onfiriiier cette
hypothcse est la prcsence, ininicdiatement uu Nord de la tranchcc A, d'unc colline assez hasse, cerlai-
nement nnturelle, au-delA de ltiquelle les habitunts prehistoriques ne semhlcnt pns nvoir hâti Icurs dc-
meures. L'absence complcte de toute trace de station duns le tnlus nord du rnvin dcmontre lu mfime
chose; c'est lâ d'ailleurs qu'on j>eut vcrifier l'exuctitude de notre nffirmation, â savoir que lc tcrtre au
Nord de la tranchee A est naturel et non jms bSti par les honimes.
Voilâ donc les motifs qui nous ont fait cesscr les fouillcs de Bonţeşti.
II resulte donc, de ces faits, qu'il y a ă Bonţeşti, visibles dnns les tranchces A,a et b, 4 couche des
bousillage et de terre cuite, et, h un seul endroit (A l'nngle oriental de la Irnnchee A), cinq couches sem-
blnbles qui sont l'indicc d'nutunt dc stntions jirehistoriques succcssives. Parmi celles-ci lu derniere sta-
tion, no. 1 et la station no. 3 semblcnt avoir cte de tres pcu d'intensitc et d'une tres courte durec. Au con-
traire, les stations no. 2 et no. 4 ont ete probablcment mieux peuj)lees et plus longtemps habitces. Les
traces de la stntion no. 5 n'ont pu ctre relevecs qu'en un seul jioint: cette stulioii est suns doutc lu jilus
nncienne. Au point de vue des curacteres de ces stntions, Ies ijuutrc (voirc incme trois) stutions infcrieures
sont tout-â-fait semblublcs; il n'y a que la jiremiere, de haut en bas, ou l.i cernmiijue jx'intc fuit conijile-
tement defaut, qui a un asj)ect diffcrcnt.
Telles etant les conditions, il peut ctrc qucstion de ruj)j)orts assez ctroits entre lu situation strnti-
gruj)hique de Bonţeşti et celle d'Ariuşd, ou, lă uussi, des diffcrentes couches successives de stutioiis il n'y
a que la couchc sujicrieure qui soit comjilcteinent depourvue dc ceramique peinte ! ) et dont Ie jieu d'in-
tensite '*) soit evident, tundis quc les autres ont toutes le meme aspect 3 ).
Neanmoins, Ies stations successives de Bonţeşti n'etaient ccrtainement jias limitccs au petit terrain
qui comprcnd nos fouilles A, a et b et l'es|>ucc intermcdinire: ellcs dcvaient occuper une airc beuucoup
|>lus vaste: le j)r<)montoire <lc la colline ijui rcnfermait toul le ravin actucl s'etendait jirobablement aussi
vers le Sud-Kst. Sur tout ce jiromontoire de ln colline les stutions jirchistoriques de Bonţeşti se sont
succedees, chose demontree par lcs couches de bousilluge et de terre cuite, trouv6es au Sud, en facc du
fosse b, et au Nord du ravin, tout le long <lu bord. Mais, en tout cas, comnic—selon toutes les j>robabilites —
le promontoire ne pouvait pus avoir unc troj) grandc etendue, l<-s stntions non |>lus nc pouvaient jins
s'etendre trop loin.

2 2
) F. I .i-/l<>. Dolgozalok-Travaux, ((Tuj), 1911 j>. ) Dacia, I, p. 1.
3
185, fig. 5 et Dacia, I, p. I. ) Ibidcm.

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i\A STATION PREHISTORIQUE DE BONŢEŞTI

II. LES IIABITATIONS


Vu l'etendue infime de nos fotiilles de Bonţeşti et en tcnant compte surtout du fait que
toutes ces fouilles — en raison de la position qu'avait cette station prehistorique — ne sont
en realite (juc dcs fosses, on comprcnd aisement (juc le probleme dcs habitations n'a |>u etre
elucide qu'en jmrtie.
La techniquc dcs habitations de Bonţeşti est ccllc adoptcc generalement dans l'eneoli-
thique de l'Europe oricntale: une charpcnte dc pieux plus ou moins espaces et reunis par un
treillis de verges tressees, sur lcquel on a aj>plique l'argile j>ctrie â paille dont sont composees
les parois des habitations. Sans avoir aucun indice â ce sujet, nous supposons cepcndant qu'â
Bon^eşti aussi les toits devaient etre faits de poutres et de chaume. Les restes de bousillage
cuit sont trop fragmentes pour nous j)crmettre d'affirmcr que les parois d'argile aient ete polies
ou non. II est certain, comme l'indique un fragment (fig. 6, no. 5) trouve entre les couches
2 et 3, qu'elles etaient quelquefois ornementees ; mais on ne peut pas savoir si Ie decor apparaissait
â l'interieur ou â l'ext6rieur des habitations. Ce decor est constitue de desseins en relief
ou « en repousse » qui, sur le fragment dejâ mentionnc, ont une forme ovale. II est interessant
dc remarquer qu'â ce point de vue aussi il faut de nouveau penser aux fouilles d'Ariuşd, oîi
l'on avait d6couvert des fragments d'ornements pour les parois des habitations ' ) . D'ailleurs,
au cours de cet expose il faudra comparer souvent nos resultats â ceux d'Ariuşd.
La j>rescncc, parmi les debris des habitations, d'un fragment de chapiteau de bousillagc
cuit, prouve sans doute qu'â l'entree des habitations il y avait deux ou plusieurs pieux-
colonnes. Ccla pourrait signifier d'ailleurs que les habitations etaient rectangulaires et non
pas circulaires. (Voir aussi les chapiteaux trouvcs a Ruginoasa — Dacia I I I — I V , p . 61 fig. 3,
no. 1, et â Fedeleşeni, deux stations â ceramiquc peinte en Moldavie).
II ne semble pas que les habitations dc Bonţeşti, des differentes couches, aient ete con-
siruites comme des habitations dcmi-troglodytiqucs, ainsi qu'on a dejă eu l'occasion de l'observer
ailleurs 2 ). L'inclinaison dcs diffrrentes couches de bousillage et de terre cuite ne peut guere
dcmontrcr cela: cn obscrvant la fig. no. 2 (reprcsentant le profil du talus Sud de la tran-
ch.ee, A), on constate quc lcs couches nos. 2, 3 et 4 (et la portion no. 5) forment, vers le milieu
dc la tranchcc (mais plutot vcrs l'Est que vcrs l'Ouest), une sorte d'auge, resultant de l'incli-
naison dcs couches de rextcricur vers le centre. E t , comme cette inclinaison—presque generale—
sc reniarqiie sur unc distancc dc j>lus de 20 m, il ne peut pas etre question du trou oii
une habitation ait etc bâtie, mais au contrairc d'unc depression du terrain. Cette constatation
est d'ailleurs confirmce par lc fait meme que, dans la tranchee a, les couches no. 2 et no.
3, ont — comme on l'a dejâ vu (v. j>. 91) — une inclinasion du Sud au Nord, de sorte
que ces (îouchcs, continuces hypothetiquement, dans cet ordre, j u s q u ' a la tranchee A, coînci-
dcnt jjarfaitcmcnt avec ces dernieres, qu'elles vont rejoindre dans la depression du terrain, dont
on a dcjâ jiarlc. Reste â elucider le j>robleme de la depression: s'etait-elle produite anterieure-
ment aux stations prehistoriques trouvees dans ce terrain ou bien Jorsqu'elles etaient dejâ
detruites par l'incendie et abandonnees? Nous sommes enclins â croire qu'il s'agisse d'une de-
pression ulterieure 3 ), (^ar, apres la premiere ou la seconde station prehistorique, cette depres-

' ) V. F. Lâszlo, daiiB Dolgozalok-Travaux, 1914, â n o t r e r e g r e t t e d i r e c t e u r , Vasile P â r v a n , l ' e t a t des


p . 310, fig. 15—16. choses et il a e t e , l u i - m e m e , d ' a v i s q u ' i l fallait p e n s e r
2
) V. Dacia, I I , Fouilles JeGumelnifa, p p . 27 et suiv. â une depression posterieure aux stations pre-
3
) Au rnois de n o v e r n b r e 1926, n o u s a v o n s expose h i s t o r i q u e s de B o n ţ e ş t i .

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VLADIMIH DUMITHKSCU

sion assez insignifiante aurait ete comblee de terre et le terrain aurait ete, jusqu'ă un certain
point, nivel6 â l'aide des decombrcs de ces stations. Cette question depasse naturcllement
notre competence, puisqu'elle est du domaine de la gcologic; elle n'est pas, d'ailleurs, d'une
grandc importance: ce qui compte c'est qu'on pcut affirmer que lcs habitations dc Bonţeşti
n'ont pas ete troglodytiqucs.
Quant â la forme et aux dimcnsions dcs habitations, on ne pcut absolument rien
affirmcr. En ce qui conccrnc lcur dcnsitc dans les stations respectives, on nc peut pas 8e
prononcer avec certitude. II a ete dit plus haut (v. p. 89) que, dans la couche supcrieure
(no. 1), lcs fragments de bousillagc cuit ctaient pcu nombrcux et p e t i t s ; et, de plus, le fait que
les autres traces laissees par la vie humainc dans cette couche sont tres rarcs, nous fait penser
que les habitations correspondant â cctte derniere couchc ctaicnt rares et la station assez
pauvrc. Au contraire, la couche no. 2, qui est presquc continue, peut ctre suivie, comme on l'a
dejâ vu, dans la tranchce A, aussi bicn que dans 1' a. L'epaisseur de cctte couche et en meme
temps l'abondancc relative des fragmcnts dc potcrie et d'autre genrc, jointes â cctte continuitc,
nous indiquent une station intensive et, ccrtainement aussi, de longuc duree. Les habitations
de cette station on du ctre donc plus nombreuses, et par conscquent, les ruincs n'ont pas 6t6
isolces, mais au contraire entassees en une masse compacte et continue. Vers l'extremite Ouest,
seulement, de la tranchee A, les traces sans suite de cette couche indiquent que les habitations
devenaient plus rares, ce qui s'explique par le fait qu'on etait â l'extremite de la station.
Les habitations de la couche no. 3 n'etaient pas nombreuses et la station n'a pas 6te de
longue duree, comme il apparaît du manque de suite et d'epaisseur de la couche correspondante
de bousillage et de terre cuite, dans la tranchce A, aussi bien que dans lc fosse a. Les habitations
de la couche no. 4 doivent cependant avoir etc plus nombreuses et la station correspondante
dc plus longue duree, si l'on tient compte de l'epaisseur de la couche de bousillage et de terre
cuite, de meme que du grand nombre de restes de tout gcnre. On ne peut ricn affirmer au sujet
des habitations de la couche no. 5, puisque, ainsi qu'il a 6t6 dejâ indiquc, l'existence de cette
couche n'a pas pu etre constatce qu'â l'extremite oricntale de la tranchee A. D'ailleurs son
absence complete dans le reste de la tranchee A, de meme que dans la tranchee a, pourrait
signifier que la 6tation respective, qui est la premiere, au point de vue chronologique, etait
limitee â un terrain plus reduit, situe surtout â l'extremite Sud-Est de l'ancien promontoire de
Bonţeşti.

III. — ABMES, OUTILS, O B J E T S DIVEBS


Comme l'inventaire des objets â decrire dans ce chapitre n'est pas tres riche, nous avons
juge bon d'adopter en premier lieu, â titre de crilerium, dans l'ordre descriptif, le mat6riel
qui a servi â la confection des objets et en second lieu les differents autres objets.
Pas un seul des instruments et outils, en assez petit nombre d'ailleurs, trouv6s dans les
fouilles de Bonţeşti, n'appartient â la couche no. 1. Ils ont ete tous decouverts dans et entre
les couches nos. 2, 3 et 4, et tres peu au-dessous de cette derniere couche l). Au point de vue
de la technique on ne peut constater aucune difference entre les exemplaires trouves dans la
couche no. 2 et ceux des couches no. 3 ou no. 4, de sorte qu'on en donnera une meme et seule
description 2 ). E n ce qui concerne la forme, le peu d'objets vraiment caracteristiques sont trop
a 2
) Et respectivement dans la couche no. 5, qu'on ) On aura l'occasion de constater, dans le reste
n'a decouverte qu'en partie, et que, pour cette meme de l'inventaire de Bonţeşti aussi, la mâme unit6
raison, on ne mentionnera plus. entre les couches nos. 2, 3, 4 et 5.

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I,A STATION PKfilIISTORIQUK l)K HONŢEŞTI

fragmentes pour constituer un criterium ccrtain â etablir Ics differences eventuelles entre les
outils et lcs instruments des diffcrentes couches.
a) LES INSTRUMENTS EN SILEX se reduiscnt â tres peu de fragments de lames et
dc racloirs, qui doivent avoir eu dcs formcs ct des dimcnsions absolument normales. . Ils sont
faits d'une maticre d'un brun fonc6 (v. fig. 3, nos. 9—15), ayant toutes un cote parfaitement
plat et l'autre stri6 d'une ou deux nervures dans le scns de la Iongueur. Une lamc en silex
(v. fig. 3, no. 12), porte, sur une arcte, quelqucs
dents, qui semblent avoir 6t6 faites expres,
pour transformer l'outil en une scie.
On a trouvc aussi une fleche en silex, frag-
mentee, decoup6e dans un silex blanchâtrc, par
le proccd6 des retouchcs, affectant la formc

Fig. 4.
d'une prisme triangulaire, dont les deux sur-
faces et les deux cotes 8ont un peu convexes.
Quelques-uns des percuteurs plus ou moins
spheriques (v. fig. 4) sont eux aussi en silex.
b) L E S INSTRUMENTS ET OUTILS
EN P I E R R E trouves â Bonţeşti ne sont pas
plus nombreux: quelques percuteurs des mcmes dimensions et formes que ceux en silex (v.
fig. 4); quelques fragments de meules â moudre les grains, du type connu x ), dont une, cassee
en deux, est de 55 cm sur 25 cm.. II y a aussi un maillet ă rainure (v. fig. 3, no. 3), mais â
pointe tres peu aiguisce ct plutot plat, differant en cela des maillets trouves en France,

') Ddchelette, Manuel. I, p. .'$45, tig. 127.

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VI.AMMIH DUMITRESCU

qui sont—• selon les descrij>tions q u ' c n d o n n e Dcchelctte ' ) — ovoîdes et coniques. Le poidfl
de celui de B o n ţ e ş t i est d ' u n peu j>Ius d'un kilo. La r a i n u r e , simjde, se t r o u v e bicn cn dessus
du milieu. T o u s les objets m e n t i o n n c s j u s q u ' i c i sonl confcclionncs cn j>ierre assez soigneu-
s e m e n t taillce, mais n o n polic.
Les outils eonfcctionncs cn j>icrrc j>oIic sont dcs hachcs, dcs martcaux ct dcs limcs â
aiguiscr.
Les haches, au n o m b r e de trois (v. fig. 3,
nos. 1, 2 et 6), sont faites cn u n e pierrc blan
c h â t r e et pas troj> d u r c La premiere (fig. 3,
n o . 1) cst tres m i n c c , a y a n t j d u t o t la forinc
d ' u n t r a p e z e , â base convcxe vers l'extcrieur
ct tres t r a n c h a n t c . Une a u t r c (fig. 3, no. 2)

8 9 «0 II

14 15 16 17 18

01 jg 20
Fig. 5.

est p r e s q u e r e c t a n g u l a i r e , t r c s longuc, p a r r a p -
p o r t â la largeur, epaissc â l ' e x t r c m i t e supe-
rieure et mince â l ' a u t r c b o u t , qui se t c r m i n c
p a r u n c o u p a n t r c c o u r b e ct t r a n c h a n t . La troi-
sieme, d o n t on n ' a d c c o u v e r t q u e la p a r t i c in-
ferieure (v. fig. 3, n o . 6), p r c s e n t e Ies m e m e s
c a r a c t e r e s ; le c o u p a n t n ' e s t n u l l e m e n t tranchant.
Les haches-marteaux, t o u j o u r s a u n o m b r c de trois (v. fig. 3, nos. 7, 8 ct 17), nc s o n t en realilc
q u e des f r a g m e n t s . U n de ces f r a g m e n t s rej>resente la p a r t i e infcricurc (v. fig. 3 , n o . 1 7 ) ; la
brisure coîncide au d i a m e t r e du t r o u dc l'outil. Cette brisure a etc d'aillcurs retouchde aj>rcs

' ) Manuel, I, p . 528 (v. fig. 190, p. 530).

www.cimec.ro '»(,
I.A STATION PREHISTORIQUE DE BOINŢEŞTI

coup, phenomene dcjâ rencontre aillcurs ' ) . Lcs deux autres fragments font partie du centre
des outils. Cette fois-ci, les brisures ne sont pas retouch6es, mais les fragmcnts ont eu deux
trous chacun. A l'occasion de la decouvcrte d'un autre exemplaire fragmente, â deux trous,
j ' a v a i s pens6 2) que le proprictaire de l'outil n'avait pas voulu s'en defaire et qu'il avait par
cons6quent continu6 ă s'en scrvir, apres l'avoir de nouveau perfor6. J e me demande cependant
si des outils tout petits et bris6s en deux pouvaient avoir encore un b u t utilitaire ou bien si
ces fragments â deux trous n'avaient, par hasard, un emploi dont l'explication depasse le cadre
des prcoccupations utilitaires et habituelles des proprietaires respectifs.
Les limes â aiguiser sont elles aussi au nombre de trois (v. fig. 3, nos. 4, 5 et 16). La pre-
raiere (fig. 3, no. 4) garde, au fait, la
forme trap6zoîdale des haches; mais,
comme clle est exccssivcment mince et
presque plate — et, de plus, confection-
ndc en gres — il nous semble qu'elle
n'ait pu ctre q u ' u n aiguisoir. La seconde
est presque parfaitement rectangulaire,
aux c6t6s un peu convexes (v. fig. 3,
no. 5) et prcsque plate. II ne lui manque
plus que le trou a suspension pour res-
sembler parfaitement aux Umes-types
decrites par D6chelette 3 ) . La troisieme,
enfin, trcs soigneusement retouchee (v.
fig. 3, no. 16), â present r6duite en frag-
ment, devait avoir la forme d'un cy-
lindre.
c) L E S I N S T R U M E N T S E T OU-
T I L S E N OS ne sont pas du t o u t nom-
breux. La plupart sont confectionn6s en
os c o m m u n ; il y en a cependant (v. fig.
5, nos. 1, 2, 5 ct 7) qui sont travailles
en corne d'animaux. Le plus grand nom-
bre est cclui des poincons (fig. 5, nos.
1—12) qui pouvaient servir aussi bien
de poignards, bien qu'ils soient, pour la
plupart, trop petits pour etre propres
â cet cmploi. Un exemplaire fragment6
(v. fig. 5, no. 12) se termine â une extremite par une pointe et â Fautre par une large arete tran-
chante, a y a n t sans doute servi â couper ou â râcler les peaux de bete 4 ) .
Rappelons icl, pour ne plus revenir sur ces objets en os, les quelques osselets de chevre
trouv6s dans le vase repr6sent6 â la fig. 8, no. 14 (dans la couche no. 1), — dont u n perfore,
ce qui prouve qu'ils devaient servir de pendentifs (v. fig. 5, nos. 14—18). Les osselets de chevre,

4
*) Dacia, II, Fouilles de Gumelnifa, pp. 27 et suiv. ) Des outils semblables â Gumelniţa, Dacia, II,
2
) Ibidem, p. 53. p. 96, fig. 72, nos. 14—16.
3
) Manuel, I, p. 529, fig. 189, â droite.

97
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7 Dacia III—IV 1927/932.
VLADIMIH DUMITRESCU

perforăs ou non, se rencontrent assez souvent dans les stations ou necropoles pre- et proto-
historiques de l'Europe l). 11 faut encore mentionncr un fragment dc dej'ense de sanglier polie
(v. fig. 5, no. 13), trouve â un niveau infericur, dont lc posscsseur entcndait certainement faire
aussi un objel d'orncmcnt, commc on l'a dejâ constate ailleurs 2 ).
d) L E S O B J E T S EN A R G I L E sont rarcs: quclques fusaîoles pour Ies filcts (ou pour
les metiers) ct quclqucs fragraents dc cuillers.
Les poids de filet de peche, une dizaiuc, sont faits cn une argile assez bien pctrie et bien
cuite au four. De dimcnsions tout-a-fail norniales (15 cm <le hautcur environ), la plupart ont
une formc â pcu prcs conique (v. fig. 6, nos. 1, 2 et 4 ) ; il y en a eependant qui sont ovales
et aplaties des deux cotes (v. fig. 6, no. 3). Chacuue presente, cominc d'habitude, un trou
ă la partie supcrieure, par oii devait passer la corde ă suspension; d'ou, sur certains exem-
plaires, des traces d'erosion.
De mcme que dans d'autrcs localites â ceramique peinte, on a trouvc, â Bonţcşi i aussi,
en asscz grand nombrc, dcs fragmcnts de cuillers en argile (cuite ou non) mais j)as une seule
cuiller d'intacte. L'examen des fragments conservcs permet de conclure quc la j>luj)art devaient
probablement avoir eu un manche triangulaire et j)lat (v. fig. 7). II n'y a qu'un exemple de
manchc ă peu j)res circulaire (v. fig. 7, no. 13), un autre de manche conique (v. fig. 7, no. 16) et
il y a aussi un manche triangulairc plat dont la pointe est remplacce par un bout bilobe (v.
fig. 7, no. 5). Un seul fragment de manche de cuiller est pcrfore (v. fig. 7, no. 5), comme
ailleurs 3 ) , sans doute pour etre suspendu. Un grand nombre de ces manches sont complotcment
depourvus d'ornemcnts (surtout ccux de petite taille; v. fig. 7, nos. 11—17). Certains, j)armi
les plus grands, prcsentent dcs ornements peints, en trois couleurs, aux motifs en mdandres
fragmentes (v. fig. 7, nos. 1, 2, 3 et 4) ou en spirales fragmentees (v. fig. 7, no. 10). Mais, comme
ces ornements peints rentrent parfaitement dans le cadre des ornements de la poterie, en ce
qui concerne la technique, aussi bien qu'en ce qui concerne les modeles, nous en donnerons la
description tout-â-1'heure, en meme temps <jue cclle dcs ornements de la ccramique. Pour
l'instant il faut seulement noter que toutes les cuillers, peintes ou non, ont etă trouvces dans
les couches nos. 2, 3 et 4 ; pas une sculc dans la couche no. 1. Rapj)elons aussi qu'on a trouve des
cuillers a manches peints, cn grand nombre, â Bod (Priesterhiigel) 4) et â Ariuşd "'); mais on
en a trouve aussi a Ruginoasa ").
Les quelques fusaîoles (v. fig. 8, no. 11) n'ont ricn de particulier, de sorte qu'il n'y a
pas lieu d'insister lâ-dessus.

IV. — L A C E R A M I Q U E

Les stations de Bonţeşti ne constituent pas, â ce j)oint de vue non plus, une exception,
car ici, comme ailleurs, l'enorme majorite dcs objets trouves dans les fouilles aj)partient â la
ceramique, malheureusement assez mal conservee en ce qui concernc l'integritc dcs formes.
1. Au point de vue de la lechnique, meme caractcre general et unitaire qu'ailleurs: toutc
la ceramique de Bonţeşti a ete faite â la m a i n ; pas un seul fragment indiquant que les potiers

J 3
) Cf. Vladimir Domitrescu, L'Etă del ferro nel ) A Bod (PrieHlcrliiiircl): Hoerncs-Menghin, Ur-
Piceno fino alVinvasione dei Galli Senoni. Bucarest, geschichte, p. .'J09, fig. 1.
1929, p. 108. *) Ibidem, p. 309, fijr. I.
2 6
) Cf. Gumelniţa, Dacia, II. p. 97. fi>r. 73. nos. ) Arch. Ert., 1912, p. 61, no. 12; etc.
e
18—21. etc. ) Dacia, III IV, p. 69, fig. 14, nos. 8—11.

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LA STATION PREHISTORIQUE DK BONŢEŞTl

de Bonţeşti se fussent servis du tour. Mais, en echange, toute la ceramique n'a pas ete confec-
tionnee en une pâte egalement fine. La ctframique de la couche no. 1 est d'un aspect plutot
grossier, la pâte n'cn etant jamais tres fine, rnais bien des fois melee â de petits cailloux. Les
parois des vases sont par consequent assc/, epaisscs.
La poterie des couches inferieures (nos. 2, 3, 4 et 5) peut etre repartie en deux categories
en ce qui concerne la technique: une serie de vases travailles en pâte grossiere et mal moulue,
mclee â de petits cailloux, et une autre serie, en pâte plus fine et sans impuretes. Les vases peints
sont preeque tous en pâte plus fine, â l'exception de quelques fragments de grands vases —

des jarres peut-etre - qui devaient forcement avoir des parois epaisses; par consequent le
potier n'etait pas oblige d'etre tres soigneux en preparant la pâte. Contrairement aux
autres, la plupart des vases peints ont et«» cuits au four et leurs parois presentent, en section,
une teinte brique j a u n â t r e .
2. L E S F O R M E S de la poterie de Jionţeşti, sans etre troj) nombreuses, sont assez variees.
11 n'y a pas, en general, de difference trop sensible entre les formes des differentes couches
des stations successives de Bonţeşti. Deux formes cependant sont caracteristiques pour la
couche no. 1 (la plus recente, au point de vue chronologique); c'est par lâ que nous allons aborder
la description des formes.
La premiere forme — a - - est representee par trois exemplaires, de dimensions assez
restreintes tous les trois (v. fig. 8, nos. 13 et 14; fig. 9, nos. 2 et 7), le plus grand ayant â

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VLADIMIK DUMITKKSU

peine 10,5 cm de hauteur. C'est une forme similaire â celle d'un pot â confiture, au goulot
tres bas et au corps presque parfaitement cylindrique. De plus, deux de ces vases ont
chacun deux anses-proeminenees, placees l'une vis-â-vis de l'autre, au-dessous du goulot
du vase et perforees de haut en bas. II n'y a pas, que je sache, des exemplaires analogues
dans les autres stations caracteristiques pour la ceramique peinte; et le fait qu'â Bonţeşti
ces vases ont ete trouvcs dans la couche no. 1 — tout-â-fait depourvue de poterie peinte —
prouve que ce n'est pas une forme qui doive etre rangec parmi celles de la ceramique peinte
de l'Europe du Sud-Est.

Fig. 0.

La seconde forme — fi — representee par un seul exemplaire trouve lui aussi dans Ia
couche no. 1, est un bol (v. fig. 8, no. 2 et fig. 9, no. 4), de dimensions assez reduites, ayant
le fond presque pointu et presentant deux
anses-proeminences, placce chacune d'un
cotă, dans la partic superieure du vase,
et percees verticalement. Un autre vase,
trouve dans les couches inferieures, affecte
aussi la forme d'un bol (v. fig. 10, no. 6), Fig. 10.
mais il est grossierement execute et presente
quatre proeminences irreguberes qui font le tour de la panse; il semble avoir servi plutot de
couvercle.
De cette forme de bol presque parfait, on passe â unc autre assez ressemblante — y —
qui est cependant un peu plus retrecie â l'orifice et dont le fond est plus plat (comme exemple
caracteristique voir pl. I, no. 1). C'est d'ailleurs l'une des formes les plus communes de la
ceramique peinte du type A, qui h Bonţeşti n'a ete decouverte que dans les couches infărieures,
renfermant la ceramique peinte. On pourrait la designer, au fait, par le nom de coupe.
A cote de cette forme il y a la forme — d — celle d'ecuelle largement ouverte, dont la levre
mince est presque toujours parfaitement verticale, et dont les parois sont un peu convexes

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LA STATION PREHISTORIQUE DE BONŢEŞTI

vers l'exterieur, bien que le vase se retrecisse brusquement vers le fond toujours trop etroit,
par rapport au diametre de l'ouverture. Les exemplaires les plus caracteristiques pour les
diverses variantes de ce t y p e sont ceux qui se trouvent dans la fig. 8, nos. 1 et 5 ; fig. 9, nos. 5
et 6 ; fig. 11, no. 5. II est d'ailleurs superflu d'insister sur les analogies de cette forme, tres
frequente dans les stations de l'Europe orientale â ceramique peinte, avec la ceramique de
l'6poque cuprolithique balkano-danubienne.

Fig. 11.

Les vases en forme de deux troncs de cone reunis font defaut â Bonţeşti, de meme que
dans t o u t e autre station â ceramique peinte du style Cucuteni A; il y a en echange une forme
generalement commune, tres semblable â celle-ci, ayant un grand nombre de variantes, que
nous designerons comme type — e. La plus simple des variantes (v. fig. 9, no. 1) n'a pas un
goulot distinct du corps du vase: a partir du bord, les parois s'elargissent un peu vers l'exte-
rieur, jusqu'au-dessous du milieu, pour se retrecir de nouveau, tres brusquement, vers le fond
6troit et plat. Cette variante est trcs comraune dans la ceramique peinte du style A ; on la

www.cimec.ro JOI
VLADIMIR DUMITRESCU

trouve â Ariuşd l ) et a Bod 2 ), en Transylvanie, aussi bien qu'â Cucuteni 3 ) et a Ruginoasa 4)


en Moldavie. II y a ensuite une variante â petit goulot vertical. â partir duquel les parois se
recourbent un peu vers l'cxterieur, pour se rejoindre ensuite au fond (fig. 8, no. 8 ; fig. 9, no. 8 ;
fig. 11, nos. 3 et 12; voir aussi pl. I, no. 2). La troisieme variante a le rebord un peu retrousse
vers l'exterieur; le centre du vase est extremement convexe (fig. 8, nos. 4 et 10; fig. 9, no. 3
et fig. 10, no. 5). Les exemplaires qui correspondent â la premiere variante ne presentent jamais
des procminences. Au contraire, les excmplaires appartenant aux deux autres variantes ont
presque toujours une (fig. 9, no. 8) ou deux (fig. 8, no. 4) proeminences pcrcees de haut en bas
et placees â l'exterieur, sur la partie la plus gonflec du v a s e ; naturellement, lorsqu'il y a deux
proeminences sur le meme vase, elles se trouvent l'une en face de l'autre.
Un autre type — # — est celui des rares fragments de vases ă pied. Ln exemplaire (v.
fig. 8, no. 12) rentre tout â fait dans le cadre des vases
a petit pied, de la poterie peinte du style A — voir Ru-
ginoasa 5 ) ; l'autre fragment, cependant (v. fig. 10, no. 4),
doit avoir fait partie certainement d'un vase piriforme, a
pied, du meme type que quelques vases trouv6s dans la
couche A de Gumelniţa 6 ) .
II faut mentionner aussi la forme type — £ — repre-
? sentee par deux vases presqu'entiers, qui pourraient etre
appeles des urnes.
La premiere (fig. 12), trouv6c dans la couche no. 1,
est munie de deux trous plac6s pres de la base, ce qui
I prouve que cette urne n'avait pas un role utilitaire. mais
peut-etre funerairc( ?).
Fig. 12. L'autre (fig. 13), trouvee ă une assez grande profon-
deur, est brisee pres du fond, mais peut etre consideree
eoinme etant de forme a peu pres eylindrique.
La derniere categorie de vases — representee non seulement par des fragments, mais aussi
par des vases tout entiers, est celle des vases-miniatures (v. fig. 10, nos. 2 et 3), tout-â-fait com-
muns aux stations prehistoriques du Sud-Est de l'Europe.
II n'y a pas de doute qu'â cote de ces formes il y ait eu â Ronţeşti de grosses jarrcs a
parois epaisses, comme il apparaît clairement de quelques grands fragments trouves pendant
nos fouilles. Cependant, comme ces fragments n'ont rien de caracte'ristique, on ne peut pas
indiquer avec certitude la forme de ces jarres. — Les quelques profils dans les figures 8 et 11,
sur lesquels on n'a pas insiste au cours de ce bref expose des formes de la poterie de Bonţeşti,
representent des variantes sans importance des types generaux decrits plus h a u t . II faut cepen-
d a n t specifier ici que le profil no. 6, fig. 8, ne represente pas un vase de forme inusitee; c'est
le profil d'un vase du type s — la seconde variante — mal place par le dessinateur, puisqu'il
devait etre incline â gauche. A noter l'absence totale des supports peints (â pied), tellement
nombreux et tout-â-fait caracteristiques pour les stations â ceramique peinte du stylc A.

1
) V. Dacia, I, p. 7, pl. II, no. 3. *) Dacia, III—IV, j). 69, fig. 14, no. 1.
2 5
) Mitt. Prăh. C.,K. Akad. Wiss., Wien, 1,6, 1903. ) Ibidem, p. 66, fig. 11, no. 7.
p. 384, fjg. 102 et 104. «) lbidem, II, p. 55. fig. 22, no. 2.
*) Zisrhr. f. Ethnol., 1911. p. 585, fig. 2. â droite.

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LA STATION PKEHISTOKI Ol I. DE BONŢEŞTI

Les anses. — ()n constatc â Bonţeşti, dans toutes les couches, une grande rarete des anses
- ce qui n'a d'aillcurs rien d'etonnant dans une station â ceramique peinte —, â Texception
cependant des anses-procminences — qu'on a dejâ mentionnees pendant la description des va-
riantes des formes des vases — percees surtout de h a u t en bas, mais parfois aussi horizonta-
lement. Ce sont Ies seules anses un peu nombreuses; les autres anses librement developpees, en
forme cylindriquc-demi-circulaire, ne se retrouvent guere que sur quelques fragments, placees
surtout verticalcment (v. fig. 8 no. 16 et fig. >f
11, no. 7), mais parfois aussi horizontalement
(v. fig. 11, no. 6), ou d'autrcs encore qui nc
sont en rcalitc que des proeminences, mais
allongees et percees quelquefois par dcux
trous verticaux (v. fig. 11, no. 2). Le frag-
ment no. 15, fig. 8, qui paraît etre unc ansc
tres bizarre, ne peut pas cependant etre dc-
termine avcc certitude.
Parmi les differentes formes de vases
dccritcs plus h a u t , il n ' y a que le type y
et le t y p e d qui n'ont jarnais d'anses d'aucun
genre. D'ailleurs, cn ce qui concerne le
type (5, les fragments en sont, comme on
l'a dejâ vu, trop rares, de sorte qu'on
ne peut pas affirmer que les vases de ce
type n'eusscnt pas eu absolument d'anses.
11 faut preciser, en meme temps, que les
anses, ainsi que les anses-proeminences, n'ap-
paraisscnt que tres rarement sur les vases
peints.
3. L E S O R N E M E N T S de la ceramique
sont â Bonţeşti assez varife.
Au point dc vue de la technique des or-
nements, on peut distinguer quatre groupes:
I, la ceramique a ornements en relief; I I , la
ceramique â orncments i m p r i m e s ; I I I , la cc-
ramiquc â ornements incises et creuses; IV,
la ccramique ă ornements peints.
Ces diverscs categories d'ornements se
rencontrent separcment, en general, mais pas
exclusivement. Cependant, le plus souvent, les differents vases ou fragments sont ornes â
l'aide d'un scul de ccs procedes.
I. Les ornements en relief sont les moins nombreux. Ils consistent seulement de proemi-
nences et de cannelures. Au fait, le plus souvent, il est absolument impossible de preciser
quelles proeminences avaient servi d'anses et quelles etaient celles qui ne servaient qu'au
decor. On peut neanmoins affirmcr qu'en general les proeminences non perforees, et disposees
sans grand souci de la symetrie, doivent etre considerees comme des ornements. On les trouve,
telles quelles, soic isolces (v. fig. ° , no. 1), soit deux par dcux, Les cannelures ne se retrouvenl

www.cimec.ro in:i
VLADIMIH DUMITRKSCU

â Bonţeşti (jue sur lcs vases de la forme e, de la seconde et de la troieieme variante,


et disposees toujours horizontalement, sur la partie superieure du vase (v. fig. 8, no. 10;
fig. 11, nos. 3, 4 et 12; e t c ) . Elles ne sont jamais trop profondes, de sorte qu'on va les
considerer comme des ornements en relief (et non pas en crcux), car les saillies qui les
sejmrent constituent un veritable ornement en relief. Un seul fragmcnt de poterie, de
Bonţeşti, presente une surface exterieure â deux niveaux difftfrents; mais on ne peut pas
preciser s'il s'agit r6ellement d'un ornement, ou seulemcnt d'une technique speciale des parois
du vase mentionne.
Ces ornements en relief sont communs a toutes les couches de la station de Bonţesti.
I I . Les ornements imprimes â l'aide d'un objet dur sont, eux-aussi, assez rares. Ce sont
ou bien de petits trous parsemes irregu-
lierement, isol6s ou en groupe, â la sur-
face du vase (v. fig. 14, nos. 1 et 4), ou
bien disposes en files regulieres, horizon-
tales (v. fig. 15, nos. 4 et 5), qui pren-
nent quelquefois la forme de bandes
alveolaires ou incrust6es, plac6es, soit
sur le rebord meme du vase, soit plus
bas, parallelement â ce dernier. D'ail-
leurs ces ornementsimprimcs — de meme
que les ornements en relief — sont trop
peu nombreux et trop communs, de sorte
qu'il n'y a pas lieu d'insister davantage
sur les analogies auxquelles ils se pre-
tent.
I I I . Les ornements incises sont de
beaucoup plus frequents que ceux en
relief ou imprimes; on peut mcme af-
firmer que ce sont les ornements lcs plus
frequents de Bonţeşti, bien qu'ils ne
soient qu'un peu plus nombreux que les
ornements peints. II faut d'ailleurs noter
Fig. 14. que ccs trois premieres catcgories d'or-
nements se rencontrent ă Bonţeşti dansj
toutes les couches des stations prehistoriques; mais non pas en proportions 6gales, bien en-/
tendu, puisque toute la ceramique n'est pas non plus 6galement repartie entre les diffe-
rentes couches, celle de la couche no. 1 etant en quantit6 extremement reduite.
II convient d'observer que les ornements incises ne sont pas parsemes au hasard â la
surface du vase, mais qu'ils sont au contraire disposcs avec une certaine regularite et selon cer-
tains motifs ornementaux qu'on verra tout-â-1'heure. Les vases qui portent de pareils
ornements sont ceux des types y, d et e; il est probable, comme semblent l'indiquer certains
fragments plus grands, qu'il y avait meme des jarres â ornements incis6s. Parfois, mais assez
rarement, on trouve des vases dont la surface est sillonnee par une serie de traits incises,
verticaux et paralleles; il n'y a qu'un seul fragment entierement recouvert de traits incises,
qui forment en realite des angles concentriques: une serie d'angles a y a n t la pointe dirigee

www.cimec.ro 104
LA STATION P R E H I S T O R I Q U E DE BONŢEŞTI

en h a u t , alternant avec une autre s6rie, ayant la pointe en bas (v. fig. 15, no. 7). Sur un
fragment d'un vase d'assez grande taille, mais dont on ne peut pas determiner la forme
exacte (v. fig. 15, no. 5), on apercoit, sous le dessein imprime, dont il a ete dejâ question,
des triangles ă la pointe en bas et â la base appuyee sur l'ornement i m p r i m e ; l'interieur de ces
triangles est recouvert de traits qui s'entrecroisent pour former une multitude de losanges. Le
decor en triangles — dents de loup — e t a n t tres connu dans la ceramique neo-eneolithique
du Sud-Est de l'Europe, il n'y a pas lieu d'insister ici lâ-dessus.
Tous ces ornements incises, decrits plus h a u t , sont neanmoins, j u s q u ' â un certain point,
isol6s, puisqu'on ne peut pas les faire rentrer dans le cadre d'un systeme precis d'ornemen-
tation, bien qu'au fait ils puissent etre
consid6res, quelques-uns au moins, com-
me dcriv6s des orncments en meandres.
Au contraire, les derives del'ornement en
spirale sont beaucoup plus frequents
dans la ceramique incisee de Bonţeşti,
quoiqu'il faille preciser qu'il n'y a pas
une seule spiralc de complete.
Remarquons, en meme temps, que
tous ces ornements, que nous tenons
pour derives du motif en spirale, ne sont
pas simples, lin6aires; ils constituent
de vraies bandes d'ornements. II y a
toujours 2 traits paralleles et incises
qui forment les ornements dcrives de
la spirale, comme il apparaît des fig.
14 et 15 et du no. 5, fig. 9. II va sans
dire que parmi ces ornements en spirale
s'intercalent souvent d'autres ornements
incises (v. fig. 14, no. 5, e t c ) , et no-
t a m m e n t les groupes de trois traits
verticaux et paralleles. L'ornementation
incisec en bandes spirales n'est pas
un ph6nomene isole dans une station â
c6ramique p e i n t e ; il a dejâ ete relev6, Fig. 15.
non seulemcnt â Bonţeşti, mais aussi â
Cucuteni x ). Beaucoup d'ornements de ce genre ont ete cependant trouves dans les stations
6n6olithiques de la vallee inferieure du D a n u b e ; â Gumelniţa, dans la couche B, mais surtout
dans la couche A (ou ils sont extrcmement ressemblants â ceux de Bonţeşti), il y a beaucoup
d'ornements en bandes incisees, en forme de s p i r a l e 2 ) ; on en trouve aussi â Sultana 3 ) et ail-
leurs, mais pas aussi nombreux.
A cote de ccs ornements incises, on trouve â Bonţeşti — cette fois-ci cependant seulement
â partir de la couche no. 2, en descendant — quelques fragments â ornements creuses, surtout

3
») Ztschr.f. Ethn., 1911, p. 585, fig. 2, â gauche. ) Ibidem. I. p. 95, pl. X X X , p. 97, pl. X X X I I .
2
) Dacia, II, p. 76, fig. 54.

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YI.AIHMm DHMITHKSCU

en forme de cannelures horizontales, paralIMcs â l'orifice du vase (v. fig. 15, no. 9 et fig. 14,
nos. 1, 2, 3), dont ccrtaines sont rcmplies d'une couleur blanche (v. fig. 14, no. .'{). Ces cannelures
creusces, dc meine que la matiere blanche qui Ics remplit, sont trcs coinniiincs dans la cera-
mique eneolithique du Danubc ') ct dcs autrcs regions: c"cst pourquoi nons n"v insistcrons
plus. II faut cependant jm'ciser quc dans lcs stations â c^ramiquc peinte, situccs au Nord
dc Bonţeşti, on n'a pas trouve — quc je sache — des fragments ornes dc la sorte, â l'aidc d'unc
couleur incrustce.
IV. Sans etre la plus nombrcusc, la ceramique peinte cst, cn echangc, la plus importante:
c'est cllc qui constitue le caraetere principal dc la station prchistoriquc dc Bonţeşti. II faut
notcr, d'orcs et dcjâ, que dans la couchc no. I o n n ' a pas trouve un scul fragmcnt de c6ramique
pcinte. Au contraire, dans toutes lcs autres couchcs la cerainique jieinte abondc.
A Bonţcşti la ceramique jicinte n'a pas un caracterc unitairc; on y distinguc trois cate-
gorics: a) la ceramique monochromc; b) la ccramique bichrome; et c) la ccramiquc polychromc
(trichrome).
a) La ceramique monochromc cst ccllc dont la surfacc exterieure est rccouverte d'unc
mince couchc de coulcur, marron ou noirâtrc, tres j)olie cnsuitc. Ccttc c a t c g o r i e — j u s t e -
mcnt parceque la jicinture n'en est qu'une enveloppe, sans consti-
ftt Bfe ^fe^te* tucr un orncmcnt — comporte anssi dcs ornements inciscs. C'est dans
m Gt cette categorie que se rangent la plupart dcs exemjilaires rejîre-
^BHF I ^^HV^ " , X ''^" ' ' r l ' '"'■ ' l " ' " " 'I'M decrits, >u parlanl des
flpbs fc'- ments inciscs.
^Ht^ | b) La ccramiquc hichromc csl recouvertc «!<■ dcux coulcurs: l'unc
^ ■ • ^ ţg qui constitue l<- fond <ln decor; l'autre, les ornements. C'esl â cette
AT # 4 ^ ^ y 5 categorie qu'appartienncnt lcs fragmcnts nos. 10 ă 14, fig. 15 et tous
lcs fragments dc la fig. 16. Sur lc premier fragment lc fond cst j>eint
'1*-I-,J._ en cremc et l'orncment en rougc. Pour lcs autres le fond est d'un
Fig. 16. noir brillant et l'ornement d'un gris blanchâtrc, qu'on a obtenu en
recouvrant lc fond du vase d'unc tres mince couche de couleur 2 ).
Pour les vases des categories o et b la peinture est toujours seulcmcnt â l'ext^rieur.
c) La ceramique trichromc cst cclle qui est la mieux rcj)rescntce, parmi les trois categories
de ceramique peinte de Bonţeşti. Le fond en est presquc toujours d'un beige t a n t o t j a u n â t r e ,
t a n t o t j)res<juc blanc (v. Ics jilanchcs I, II ct III, cn coulcurs). L'ornement cst cn rouge dont
les nuances varient (jiour prendre quelquefois — pl. I I , no. 6 — unc tcinte m a r r o n ) ; il est
toujours borde d'un trait, plus ou moins prononce, selon les cas, de coulcur j)lus fonc^e,
allant du brun et du brun violac*'^ jusqifau brun noirâtre.
La peinture trichrome — differcmmcnt de la peinture mono- et biehrome — est appli-
quee parfois non seulcment a l'exterieur du vase, mais aussi a l'intcrieur, gardant cepcndent
les memes caracteres qu'â l'exterieur. Les vases peints des deux cot^s sont toutefois assez
r a r e s ; ils sont absolument tous du type y. Citons, entre autrcs, comme exemples, le vase
de la fig. 18 et celui du no. 1, pl. I. Mais la jdupart des vases pcints en trois couleurs ne sont
peints qu'â l'exterieur; il n'y a que tres peu dc fragments qui prouvent l'existencc de cer-

') Dacia, II, p. 69, et p. 70, fip. 42, no. 2. M. H. Schmidt), m'aseure qu'ellc u tout ă fait le
2
) M. I. Nistor, qui a v u â Kerliu la ceramique meine aspect que la eeramique de Mouţeşti qu'on
de Troie II aux ornements j»einl>< en Itlane (selon peut voir |>lus haul, fig. 15, IIOH. 10—l!l et fifţ. 16.

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www.cimec.roBonţeşti, pl. I
f-A STATION P R E H I S T O R I Q U E DE BONŢEŞTI

t a i n s v a s e s d o n t l ' i n t e r i e u r seul e t a i t p e i n t ; ce s o n t t o u j o u r s d e s v a s e s d u t y p e y, a l'orifice


toutefois tres largc.
A u p o i n t d e v u e d e s m o t i f s d ' o r n e m e n t a t i o n , il f a u t e x c l u r e , d e s le d e b u t , les v a s e s a p p a r -
t e n a n t ă la c a t e g o r i c a, d o n t la c o u l e u r n e r e p r e s e n t e , c o m m e o n l ' a d e j â d i t , q u ' u n f o n d . Les
motifs d ' o r n e m e n t a t i o n des c a t e g o r i e s b et r r e n t r e n t t o u s d a n s le c a d r e d e l ' o r n c m e n t a t i o n
iricandro-spiraliquc
Kn effet, â c o t e des d e n t s - d e - l o u p (v. p l . I I , n o . 4) e t des a n g l e s ( v . fig. 17, n o . 14 et p l .
I I , n o . 9) e t â c o t e d e s l o s a n g e s e t d e s c a r r e s d i s p o s e s e n e c h i q u i e r (Schachbrettmuster; v. pl.
I I , n o s . 1, 2 , 3 e t 5, d e m c m e q u e lcs n o s . 1, 2, 3 et 5, fig. 17) s u r l e s q u e l s n o u s a l l o n s r e v e n i r
t o u t - â - 1 ' h e u r e , il y a — s u r t o u t d a n s la

* I
ceramique t r i c h r o m e — des orncments
certainement derives du meandre (v.
s u r t o u t p l . I I , n o . 8, m a i s a u s s i fig. 1 7 ,
n o s . 8, 9 e t 1 2 ; e t c ) . R i e n d e p l u s c o m -
mun, d a n s la c e r a m i q u e p e i n t e d u s t y l e
A, q u e lcs o r n e m e n t s e n m e a n d r e s et
ceux en angles, dans le cercle Nord-
Est—■ cf. A r i u ş d ' ) , C u c u t e n i 2 ) , R u g i -
noasa 3), e t c , aussi bien q u ' e n Thes-
salie 4 ) , — d e s o r t e q u ' i l n ' y a p a s lieu
d ' i n s i s t e r s u r ce p o i n t . U n e m e n t i o n s p e -
ciale t o u t e f o i s pour les o r n e m e n t s en
echiquier (Schachbrettmuster), <jui, â
notre avis, doivent etre ranges toujours
d a n s la serie d e s o r n e m e n t s d e r i v e s d u
m e a n d r e . Les exemplaires de Bonţeşti
sont les seuls representants de ce genre,
dans le cercle de ceramiaue peinte de
FEurope orientale. II n ' y a p a s e n effet
u n e s e u l e s t a t i o n â cerami<ju<; p e i n t e d e
la R o u m a n i e (la T r a n s y l v a n i e , la B u c o -
v i n e , la M o l d a v i e e t la B e s s a r a b i e ) , d e
la P o l o g n e (la Galicie) o u d e la R u s s i e
(1'UkraYne et la Podolie) ou l'on ait
r c t r o u v e ce m o t i f . A u c o n t r a i r e , il e s t Fig. 17.
e x t r e m e m e n t f r e q u e n t d a n s la c e r a m i q u e

p e i n t e d e la T h e s s a l i e 5 ) ; o n le t r o u v e a u s s i d a n s la c e r a m i q u e d e l ' e p o q u e c u p r o l i t h i q u e d e la
T h r a c e °) (â s a v o i r la B u l g a r i e ) . A u N o r d d u D a n u b e , e n R o u m a n i e , les seuls exemplaires
c o n n u s e t a i e n t les I o s a n g e s d i s p o s e s e n d a m i e r , d e G u m e l n i ţ a " ) , m a i s ces d e r n i e r s n ' e t a i e n t

1 5
) Dacia, I, p. 7, pl. II, no. 14; p. 10, pL III. no. ) Ibidem, p. 45, f'ig. 2 1 ; p. 137, fig. 83, m, p, o. —
6 et 8; e t c , etc. Tsountas. Dimini kai Sesklos, rol. 188, fig. 99, pl. 8,
2
) I. Andrieşescu, Contribuţie la Dacia InainU de no. 2, etc.
Romani, Iaşi 19J2, pL III. «) li. C. Hell, 1906, p. 381. fig. 18 6; Izvestia-Muzei,
») Dflrirt, III - I V , p. 78. Sophia, 1914, p. 185, fig. 156, A et B (en relief); etc.
4
) WaceandThompson, Prehistoric Thcssaly. passim. ■) Dacia, II, p. 74. fig. 19.

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pas recllement peints en couleurs, mais seulement au graphite. Cet element ornemental con-
stitue un autre trait d'union entre la ceramique peinte de l'Europe orientale et la c6ramique
thessalienne, element inconnu jusqu'ici dans le cercle septentrional, puisque — comme on l'a
dejă dit — le motif en damier n'a pas 6te trouve en aucune autre station â ceramique
peinte de l'Europe orientale. La jiresence de ce inotif justement dans une station situee ă la
limite meridionalc de la ceramique peinte de l'Eurojie orientale est assez significative, â notre
avis; nous allons d'ailleurs rcvenir lă-dessus. II nous faut de meme ajouter quelques paroles
sur l'execution de ce motif ornemental.
La couche de couleur qui constituait le fond cr£me de l'ornement — sur le fragment le plus
i m p o r t a n t : pl. I I , no. 1, et fig. 17, no. 1, s'ayant H6 ^caillee par endroits, on peut ais^ment
constater qu'en dessous il y avait un autre decor en damier dont les carreaux fonces 6taient
rougeâtres. Superposee â ces carreaux rouges, la couche beige constitue les carreaux clairs du
damier; les autres carreaux, au centre d'un rouge-brique, sont bordes d'un trait fort, en
brun noirâtre. II est remarquable que les angles de ces carreaux ne se touchent pas, comme
il arrive pour les damiers reels: ehaque earreau est par consSquent un peu isole\ Pour un
autre fragment (v. pl. I I , no. 5), le fond n'est plus beige, mais rouge-brique. Sur ce fond le
decor en damier est un peu irregulier, jiuisque les carreaux n'y sont
pas jiarfaitement carres, et leurs angles ne se rejoignent p a s ; ces
carreaux, peints en rouge-marron, sont bordes dc marron fonce"
jusqu'au noir. Sur le reste du fond, disjionible entre ces carrcaux,
on a trace une infinite de traits verticaux et paralleles, et d'autres
traits horizontaux, toujours paralleles, de teinte beige; ces traits qui
s'entrecroiscnt en angle droit, forment un autre damier constituant
en meme temps une peinture â quatre couleurs, puisqu'il y a
deux nuances de rouge, un marron fonce et un beige.
Certains fragments (v. pl. I I , no. 2) presentent, au lieu des
carreaux, de petits losanges reguliers; d'autres enfin (v. pl. I I , no. 3) sont ornes de losanges
tellement irreguliers qu'on ne distingue plus du tout l'ornement en damier.
Les ornements les plus frequents dans la peinture trichrome sont toutefois ceux d6rives
du motif en spirale (v. pl. I I I ) . A ce point de vue non plus la ceramique peinte de Bonţeşti
ne differe pas des autres stations â ceramique peinte du style A de l'Europe orientale (v.
Ariuşd*), Cucuteni 2 ), Ruginoasa 3 ), Tripolje 4) e t c ) . II ne s'agit point, au demeurant, de la
vraie spirale, mais seulement de la « spirale en S » 6 ) et de ses combinaisons. La spirale en S
est surtout visible sur le vase no. 2, pl. I, de raemc que le no. 1, pl. I I . — On peut la voir aussi
sur le vase de la fig. 13, dans une composition vraiment interessante, dans laquelle le motif
ornemental a resulte d'une peinture negative. II nous faut toutefois noter que la bordure
brune noire ne se voit plus, de sorte qu'on pourrait tres bien avoir affaire â un ornemcnt
bichrome, et non plus trichrome. Les motifs derives de cet ornement sont des fragments
de cercles, des ornements en forme de cccur (v. pl. I I I , no. 2), mais surtout plusieurs cercles
â l'interieur rouge et au bord brun â nuances variees; ces cercles sont peints sur u n fond
plus ou moins beige (v. pl. I, nos. 1 et 2 ; pl. I I I , nos. 1 et 3). En dehors de ceux-lâ, il y a

^) Dacia, I, p. 7, pl. I I ; p. 11, pl. IV, no. 13; p. ») Dacia, III—IV, pp. 76—77.
13, pl. IV, no. 6; p. 16, pl. VII, no. 4; e t c , etc. *) Trudy, XI, pl. XXVIII, no. 2, etc.
6
*)Ztschr.f.Ethnol, 1911, p. 585, fig. 2. — C. Schuch- ) C. Schuchhardt, Op. cit., p. 157.
hardt, Alteuropa, 1926, pl. X X I X , nos. 1—4.

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U ^ A ^

T

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Bonţeşti, pl. II
I,A STATION PREHISTORIQUE DE BONŢEŞTI

une quantite de fragmcnts de poterie â bandes recourbees, paralleles, dont l'interieur rouge
et les bords gris ressortent du fond beige, strie lui-aussi de traits rouges (v. pl. I I I , no. 4), ou
d'autres similaires sur lesquels il n'y a pas lieu d'insister.
Pour en finir, il nous faut mentionner aussi le fragment de base d'un grand vase — dont
l'ornement consiste en boucles ovales, peintes en rouge sur le fond blanc-creme. Les bor-
dures des ces boucles sont toutefois incisees, au lieu d'etre peintes, fait qui constitue une
exception (v. fig. 19).
Nous avons indique, en lignes ge-
nărales, l'ornementation de la ceramique
de Bonţeşti, sans nous arreter aux dătail
sinsignifiants qui ne măritent pas une at-
tention sp6ciale.

V . — LA P L A S T I Q U E

Parmi les presque q u a r a n t e fragments


plastiqucs trouves pendant les fouilles de
Bonţeşti, il n'y en a pas un seul qui ap-
partienne â la couche sup6ricure, no. 1,

representant la plus recente station prehistorique


de ce promontoire. II n ' y a cependant aucune
difference, en ce qui concerne la technique,
entre les divers fragments trouves dans les cou-
ches nos. 2, 3 et 4, ce qui fait ressortir d'au-
t a n t mieux l'unite de ces trois couches. E n
tout cas il faut noter les details suivants, con-
Fig. 19. cernant certains fragments plus caracteristiques.
La figurine no. 1, fig. 20, a 6te trouvee dans
la tranch6e A, â l'interieur de la couche no. 4, â une profondeur de 4,60 m. Celle qui est
reproduite au no. 2, fig. 20, a 6te trouvee dans le fosse a, entre les couches no. 2 et
no. 3. Le fragment no. 6, fig. 20, a ete decouvert â l'angle forme par la tranchee A et le fosse

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VLADIMIK DUMITRKSCU

/», â une profondeur de 1.80 m ; il appartient donc â la couche no. 2. Knfin le sanglier (fig.
21, no. 2) a ete trouvă dans la tranchee A, â 2,40 m dc profondeur. vers l'Kst de la tranchee,
par consequent entre les couches nos. 3 ct 4.
Comme d'habitude la jtlastiquc humaine pr6domine â Bonţeşti; mais la |>lastique ani-
male n'y fait j»as dcfaut non plus.
I. La plastiqm- hiimainc n'est rejiresentee jtar aucun cxcmplairc intact ou presqu'entie-
rement conserv^; il n'y a que des troncons ou de petits fragments, suffisant â ctahlir,
cn grandcs ligncs au moins, lcs traits ca-
^ f l t e d ^ tt^flr R| v raetcristiques dc la [>Iastiquc liumaini dc
4i *&*
Honţeşti. Voila jxuirquoi la description dc
^^^^^^^C* ^ * *^^ chaque exemplaire ;'i parl esl impossible;
il faut nous contenter d'en indiquer tout
au moins Ics earacteres gcncraux.

şf tşf II n'y a pas un scul fragment de fi-


gurine dont la tcte soit conservce; toute
hypothese serait donc risqu^e. Le cou
pouvait etre j»arfois asscz h a u t et fort,
comme il resulte du seul fragmcnt lc con-
scrvant. cncorc (v. fig. 20, no. 2). Les trois
cxcmj»laircs gardant encore lcurs bras
un seul ou bien tous les deux — ont des
bras tcndus horizontalement, plats et assez
courts (v. fig. 20, nos. 2, 4 et 6). Deux dc
ces fragments ont les mains percees, pres
du j»oignet, jiar un trou (v. fig. 20, nos. 2
\ et 4 ) ; de sorte que les mains de ces deux
10
figurines sont lout-a-fait pareilles â celles
d'un exemplaire de lîod, pres de Bra-

fit f
şov ' ) . D'ailleurs cette habitude de pcrcer
les mains est assez commune aux figurines
appartenant a la ccramiquc pcinte de l'Eu-
roj»e oricntale 2 ). La partie superieure du
14 '5 IO
corps est presque toujours j»arfaitement
3
j»late, presentant — dans certains cas (v.
Fig. 21.
fig. 20, nos. 2 et 4 ; fig. 2 1 , no. 9) — deux
seins gonflcs, indice du sexe des figurines respectives. I,a forinc du corj»s liumain n'est pas
cependant toujours respectee, ni meme dans ses lignes j»rincipales: un de ces excinj»Iaires
(v. fig. 21, no. 9) a une poitrine circulaire, plate, aux seins procmincnts; les bras font defaut; â
Tendroit de la taille, le corps s'amincit d'unc manicrc ctrange, mais il raj»j»ellc, quant aux formes,
une figurine trouvee en Thessalie :t) et une autre dccouverte en Italie '). Les autres fragments
ont les hanches clargies et arrondies vers l'exterieur; il y a raeme, parfois, au-dessus des
hanches, une autre pctite j»roeminencc Iatcralc (v. fig. 20, nos. 1, 3 et 6) pareille â celles relevees

3
') Hoeriies-Menphin, Op. cit.. p. 311. f'ifr. .K ) Tsountu», Op. cit., <„i. 150, fig. 62—63.
4
-) I. Andrieşescu. Contribuţie, p. 101. ) Nolizie deţili Seavi, 1900, |>. tlH. fig. 3.

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Bonţeşti, pl. III
LA STATION PREHlSTOKigUE DE BOJNŢEŞTl

sur certaines figurines appartenant ă la ceramique peinte de l'Kurope orientale du style Cucu-
teni B; la cependant, ces procminences sont perforees ] ) . Le ventre est parfois gonfle (v. fig.
20, no. 1); quelquefois il prescnte une petite protuberance en relief (representant le nombril,
fig. 20, no. 2), de meme que certains exemplaires trouves ailleurs 2 ). Le plus souvent, pour-
tant, le ventre est assez plat, de mcme que Ie dos (qui l'est toujours, pour tous les exem-
plaires). La courbure des hanches correspond cependant â une steatopygie exageree (fig. 20
et 21) tout-a-fait pareille a celle de certains exemplaires d'Ariuşd 3 ) et de Bod—Braşov 4 ).
Le sexe n'y est jamais indique; mais la taille l'est quelquefois, â l'aide d'une entaille
prolongee sur le devant j u s q u ' a u sillon qui separe les jambes (fig. 20, no. 1); ou bien â l'aide
d'un trait a y a n t la mcme direction que l'entaille mentionnee (fig. 20, nos. 3, 10 et 13) et qui
pourrait indiquer aussi le sexe de l'idole. Les jambes ne sont jamais detachees, bien qu'un
trait et u n sillon (v. fig. 20, nos. 1, 3, 5 et 9 ; fig. 2 1 , no. 14) prouvent qu'on voulait
representer les deux jambcs. Les jambes conservees intactes indiquent q u ' a u x extremites
elles se terminaicnt par une seule plante de pied (v. fig. 20, nos. 1, 5, 9 et 1 1 ; fig. 2 1 , nos. 13
et 14). Une seule fois Ies jambes d'une figurine sont faites en forme de cylindres a l'extremite
inferieure pointue (v. fig. 20, no. 15), telles qu'elles sont representees sur mainte figurine de
Drăguşeni ou des autres stations â ccramique peinte de l'Europe orientale 5 ) .
De ces observations d'ordre general il
ressort que toutes les figurines humaines de
Bonţcşti sont steatopyges et, a u t a n t qu'il est
possible de l'affirmer, feminines. Sauf les traits
indiquant la taille et separant les jambes, pas un
seul trait ou ornement n'apparaît sur les frag-
ments plastiques de cette station. Seul le frag-
ment no. 1, fig. 20, presente, sur le dos, un trait
incise; la peinturc aussi fait defaut, mais sur ce
meme fragment, no. 1, fig. 20, Ie trait incise etait
rempli d'une couleur rouge.
I I . — La plastique animale. Certains exemplaires de plastique animale sont assez bien mo-
delcs, pour qu'on puisse les identifier: le no. 2, fig. 21, bien conserve, est certainement un
sanglier; le no. 5, fig. 2 1 , est un petit animal â cornes, un mouton, sans doute. Quant aux
autres, mal conserves et assez negligemment modeles, il est impossible de les identifier. Signa-
lons cependant la partie posterieure d'un corps (fig. 21, no. 6), dont la queue relevee est bifur-
quee, et un autre fragment crible de petits trous incises (v. fig. 2 1 , no. 8). Cette habitude de
creuser de petits trous sur les corps des figurines representant des animaux est assez repandue 6 ) ;
elle satisfaisait certainement le gout tres prononce des ornements, sans avoir aucune signifi-
cation precise. »
* *
Enfin, nous devons dire qu'on a trouve â Bonţeşti un fragment de table de culte, en
terre cuite, qui aurait du avoir, probablement, au moins cinq pieds (v. fig. 22). Vu son e t a t
precaire, nous n'insistons plus.
J 3
) V. par exemple celles de Drăguşeni (Dacia, ) Dolgozatok-Travaux, 1911, p. 242 —243, fig. 83—85.
III—IV, p. 140, fig. 19, no». 4 et 16, et tous les *) Hoerne9-Menghin, op. cit., p. 311, no. 1, o, b, c;
«lctails eur ce procede). no. 2, a, b, c.
2
) A Drăguşeni, Dacia, III IV, pp. 140 - 1 4 1 , •') Dacia, III—IV, p. 142, fig. 20.
fig. 19, no. 3. «) Ibidem, p. 147, fig. 23, no. 14.

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VI. — C O N C L U S I O N S

Au fait, a en juger d'apres les restes qui nous sont parvenuB, la station prehistorique de
Bonţeşti avec ses couches successivcs ne peut pas avoir ete d'une grandc importance, au
point de vue de l'intcnsit6 des diverses induslrics. L'emplaccmcnt de cette station est
pourtant assez significatif. En cffct, il est assez rapproch6 du cours de Buzău, originaire
du dcpartcmcnt de Trei-Scaune ct qui travcrse les Carpathes ă Cotul Buzâului. De cette
maniere la rivierc dc Buzău fait la liaison cntre les stations du dcpartement de Trei-Scaune,—
Ariuşd, Olteni et celles du v o i s i n a g e ' ) — e t les stations du Nord-Est de la Valachie, par
consequent avec Bonţeşti, qui est situe ă l'Est de la vallee de Buzău. II n'y a donc rien
d'etonnant que les stations successives de Bonţeşti ressemblcnt beaucoup â celles de la vallee
superieure dc l'OIt (dans le departement de Trei-Scaune), non seulement au point de vue
du caractere principal — la ceramique peinte — mais aussi pour certains details.
Au cours dc l'expose fait sur les objets de Bonţeşti, lorsqu'il s'agissait de les comparer
â ceux de la region transylvaine, nous avons souvent cite Ariuşd; pour nous en tenir encore
aux comparaisons avec cette station, rcmarquons d'ores et dejâ qu'â Ariuşd aussi — de meme
qu'â Bonţeşti — il y a, au memc endroit, plusieurs stations successives 2 ), dont la station
superieure — la dcrniere, au point dc vue chronologique — est completemcnt depourvuc de
ceramique peinte 3 ) et differe — par ce fait meme — de toutes les autres, pour lesquelles la
c6ramique peinte est justement un des caractercs principaux.
E n dehors de cette resscmblance, d'ordre gencral, nous avons relevc des similitudes assez
frappantes, dans la ceramique peinte, et surtout pcinte en trois coulcurs (v. plus haut, j). 108),
entre Bonţeşti et Ariuşd; meme ph6nomcne pour certains clements de la plastique (v. plus
h a u t , p . 111). Mais, en dehors des ressemblances avec Ariuşd, nous avons releve â Bonţcşti des
ressemblances frcquentes entre la ceramique peinte de cette localite et celles de Cucuteni A
et Ruginoasa, de sorte que la station de Bonţeşti se rattache non seulcment â celle d'A-
riuşd et aux stations similaires de la vallec de l'Olt, mais aussi bien aux stations a c6ramique
peinte du style A de la Moldavie.
Sur les autres elements des dccouvertes de Bonţeşti nous ne nous arreterons plus, puisque
nous nous en sommes occupes dejâ aux paragraphes respectifs. II est question pourtant de
savoir si, par hasard, la ceramique peinte de Bonţeşti n ' y fut importec. Dans ce dcrnier cas
elle ne constituerait pas un element caractcristique dcs stations respectivcs.
L'emplacement dcs stations successives de Bonţeşti et les elemcnts qu'elles ont en com-
m u n avec celles d'Ariuşd, de mcrae que la rarete — relative — de la ccramique peinte de
Bonţeşti, seraient des arguments â l'appui de cette opinion; d ' a u t a n t plus que la ceramique
peinte trouvee â Monteoru, dans le departcment de Buzău, est consideree comme un 61ement
importe de la civilisation de Cucuteni du style B 4 ).
II y a cependant â Bonţeşti un elcment, dans la ceramique peinte, qui nous impose une
explication tout-â-fait differente: c'est l'ornement en damier (Schachbrettmuster) qu'on ren-
contre sur quelques fragments de vases a peinture trichrome. E n effct, nous avons d6jâ remarqu6
(v. plus h a u t , pp. 107^—^108), que cet ornement n'apparaît guere ailleurs dans la c6ramique
peinte de l'Europe orientale; il est au contraire tout-â-fait commun â la c6ramique peinte thes-
salienne et â celle de l'epoque cuprolithique balkano-danubienne. Dans ce cas il est 6vident

x 3
) Dolgozatok-Travaux, 1911, p. 227 et suiv. ) Dacia, I, p. 1.
4
*) Ibidem, pp. 235 et suiv. ) Arch. Anzeiger, 1924, col. 3 4 8 - 3 5 6 (H. Schmidt).

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I.A S T A T I O N P K R H I S T O K I Q I J E DK BONŢEŞT1

que les vases peints presentant ce motif ornemental — et dont la technique de la peinture est
tout-â-fait pareille a celle des autres vases trichromes de Bonţeşti — sont fabriques â cet endroit
meme, et non pas importfa. Ce serait une absurdite d'affirmer qu'une partie de la ceramique
peinte de Bonţeşti est indigene et l'autre, importee du Nord; de sorte qu'il faut absolument
s'arreter ă la conclusion que la ceramique peinte de Bonţeşti est entierement de provenance
localc. Dans ce cas, elle ne peut pas etre consideree comme un element fortuit, car la neces-
site de la considerer justement comme un element caracteristique s'impose; c'est pourquoi
la station de Bonţeşti doit, â juste titre, etre incorporec dans le cadre de la ceramique peinte
de l'Europe orientale.
La ressemblance entre Bonţeşti et les autres stations â ceramique peinte, du style A, une
fois 6tablic, l'epoque des stations successives de Bonţeşti peut etre aisement determinee. A
l'exception de la couche superieure que nous considerons comme appartenant â l'epoque du
bronze — bicn qu'au fait Pabsence du metal et des autres elements caracteristiques nous fasse
douter de cette hypothese meme — toutes les autres couches representent des stations de
l'epoque eneolithique. Dans ces stations non plus on n'a pas trouve des objets en metal, qui
pourraient nous servir d'indice, mais les autres elements sont suffisamment caracteristiques
pour qu'on puisse, par analogie avec les stations du meme genre, les dater â cette epoque.
En effet, les stations d'Ariuşd (sauf la couche superieure), aussi bien que celles de Cucuteni A
et de Ruginoasa, sont certainement cuprolithiques, par consequent de l'epoque eneolithique.
F . Lâszlo donnait â Ariuşd et aux autres stations pareilles de la vallee superieure de
l'Olt le nom dc stations premyceniennes ' ) . Plus tard 2 ), il designa la couche superieure par
le nom de proto-mycenienne et les couches infcrieures par celui de premycâniennes. II avait
empruntfi 6videmment ce terme de premycenien â von Stern, qui l'avait dejâ employe pour
la station de Petreni, en Bessarabie 3 ) . En tout cas, la presence du cuivre dans les couches
inferieures d'Ariuşd 4) prouve qu'elles sont encolithiques et non pas neolithiques. D'autre
part, si la couche superieure d'Ariuşd ressemble â celle de Monteoru — selon les observations
de Lâszlo 6 ) — elle appartient de ce fait â l'epoque du bronze et non pas â l'cpoque de transi-
tion de la pierre au bronzc H ) ; et, par analogie, il en est de meme de l'epoque plus recente
de Bonţeşti. P a r consequcnt, si les couches â ceramique peinte d'Ariuşd sont de l'epoque
cneolithique, on serait enclin â considcrer la station A de Cucuteni et l'unique station de Rugi-
noasa, rien que par analogic, commc cncolithiques. A Cucuteni A, cependant, le professeur H .
Schmidt n'a pas trouvc un scul objet en m e t a l ; il a donc considere la station respective comme
faisant partie d'une epoque purement ncolithique 7 ). Les fouilles recentes de Ruginoasa, ou
la station toute entiere est identique a celle de Cucuteni A et ou l'on a raerae trouve deux
objets en cuivre 8 ) , dcmontrent que ces stations doivent etre aussi datees â l'epoque cupro-
lithique (eneolithique). De cette faţon est prouvee l'exactitude de la date par nous attribuee
aux couches nos. 2, 3, 4 ct 5 de Bonţeşti 9 ) .

' ) Dolgozatok-Travaux, 1911, p p . 226 e t suiv. ginoasa en Dacia, I I I — I V , p. 65.


2
) Dacia, I, p . 2. *) D ' a u t r e part la presence des haches-marteaux
8
) Trudy, X I I I , 1, p p . 5 3 — 9 4 . perforees, p a r m i les objets trouves â Bonţeşti, in-
4 d i q u e la raeme e p o q u e e n e o h t h i q u e , selon l'affirmation
) Dacia, I, p . 2.
5 de J a c q u e s de M o r g a n ( v . J . d e M o r g a n , Uindustrie
) Ibidem.
•) Selon le» uffirmations de F . Lăszlo (Ihidem). neolithique et le proche Orie.nl, d a n s Syria, I V , 1923,
7 p p . 23 et s u i v . ; cf. p . 26).
) Zschrt. f. Kthnologie, 1911, p . 582 et suiv.
8
) I I . D u m i t r e s c u , La station prehistorique de Ru-

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H Dacia III IV 1927/932.
VLADIMIR DUMITRESCU

La station encolithique de Bonţeşti est situee â l'extreme Sud-Ouest du cercle ă cera-


rnique peinte de l'Europe orientale; elle appartient donc â la premiere phase de la c6ramique
peinte de l'Europe orientale, etant contemporaine de celles d'Ariuşd, de Cucuteni A et de
Ruginoasa. C'est â sa position geographique que la station de Bonţeşti doit, en meme
temps que ses relations avec les stations similaires du Nord (Transylvanie et Moldavie), les
elements qui accusent des ressemblances et une civilisation commune aux stations thessa-
liennes â ceramique peinte, aussi bien q u ' a u x stations cuprolithiquea danubiennes-balkani-
ques: voir les ressemblances entre la ceramique â incisions de Bonţeşti et celle de Gumelniţa,
qu'on a dejă signalee. Certains elements de la plastique (v. plus haut, p. 110, fig. 2 1 , no. 9)
pourraient etre consideres comme des traits d'union, qui vont meme au Sud de ces regions,
jusqu'â la mer Egee. — Le peu de restes que les phenomenes physiques ont laisse subsister
de la station de Bonţeşti ne nous permettcnt pas de preciser avec certitude quelles ont ete
l'intensite et l'importance reelles dcs stations successives de cet endroit.

VLADIMIR DUMITRESCU
Ancien mvmbre de Vtlcole roumaine de. Rome.
www.cimec.ro Conservateur au Musee National d'Antiquite's de Bucarest
UNE NOUVELLE STATION Â CERAMIQUE PEINTE,
DANS LE NORD-OUEST DE LA MOLDAVIE
Sur la route Roman—Folticeni, ă une distance d'environ 26 km de cette derniere ville,
se trouve le grand et riche village de Drăguşeni, edifie sur la rive gauche de la riviere de Mol-
dova. Un chcmin detache au centre de ce village se dirige vers l'Est et, apres avoir franchi
un plateau â 300 m au-dcssus du niveau de la mer, prend la direction N.O.N., j u s q u ' a u village
de Broştcni.
A l'extremite Ouest de ce plateau, immcdiatement au-dessus du point ou la chaussce de
Broşteni commence â le gravir, se trouve la station prehistorique de Drăguşeni, que les
paysans designcnt, comme d'habitude, par le nom de « Cetăţuia » (la Citadelle). Cet endroit
du plateau est appele aussi « la colline de Simeon Rusu », du nom de l'ancien proprietaire du
t e r r a i n ; vu d'en bas il a l'aspect caracteristique d'un promontoire.
La station prehistorique de Drăguşeni n'est pas la seule de ce genre, dans la region.
Abstraction faite des stations â ceramique peinte, un peu plus eloignees de Drăguşeni, telles
que la station de Rădăşcni vers le Nord, et celle de Ruginoasa x ) vers le Sud-Est, il y en
a quelques stations prehistoriques dans le voisinage immediat de celle de Drăguşeni et sig-
nalees par M. le reviseur Drăguşanu, dont nous avons aussi vu quelques unes. Parmi ces
stations, la plus importante, qui aurait sans doute donne des resultats de beaucoup plus
satisfaisants que ceux de Drăguşeni, c'est la station de Cristeşti, situee â la limite Nord du
village du meme nom, â 7 km au Sud de Drăguşeni. Cette derniere station est sise sur un
petit plateau-promontoire, â 50 m â l'Est de la route Roman—Folticeni, plateau qui formait
autrcfois la rive gauche de la riviere de Moldova.
Ainsi que l'indique un vase bitronconique, decouvert par M. Drăguşanu dans cette
station de Cristeşti, il s'agissait d'une station â ceramique peinte, du style Cucuteni B. Cependant,
le terrain etant cultive et le proprietaire n'ayant pas consenti â renoncer â la recolte, meme
s'il en avait ete suffisamment dedommage, les fouilles projetees dans cette station n'ont pas
eu lieu. Les autres endroits dans le voisinage de Drăguşeni, ou l'on a decouvert des restes
prchistoriques, ont tous une importance secondaire.
Charges de diriger les fouilles par feu le directeur du Musee National d'Antiquites de
Bucarest, Vasile P â r v a n , nous avons ete reduits â nous contenter de fouiller le promontoire
de Drăguşeni, qui, bien que d'une etendue plus grande que la station de Cristeşti, ne presen-
tait pas de traces d'une station autrement iraportante, fait confirme d'ailleurs par les fouilles
qu'on y a effectuees.
Le promontoire sur lequel est situee la station prehistorique de Drăguşeni se trouve
— comme on l'a dejâ remarque — â 2 km E. de Drăguşeni, dans le voisinage et au Nord de
x
) Cf. Dacia, III—IV, p. 56 et suiv.

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VLADIMIR DUMITRESCU

lu route Drăguşeni—Broşteni. A cet endroit le plateau decrit une lurge courbe vcrs le Nord-
Est, pour prendre ensuite, d'une facon j>Ius ou moins constante, lu direction Nord-Est-
Nord. Vers le S-E et â l'Est, le promontoire se confond avec le reste du platcau. P a r
contre, vers le Sud-Ouest, l'Ouest et l e N o r d , le plateau se termine par une pente tres accentuee
(50°), qui atteint parfois jusqu'u 60°—75°. Cettc pente est coupee par deux terrasses succes-
sives qui ont ete, en grande partie, rongees par les torrents. La hauteur du promontoire «Ce-
t ă ţ u i a » cst de 365 m au-dessus du niveau de la mer et de 45 m au-dessus de la vallee qui
s'etend â ses pieds; il doit par conscquent avoir servi de rempart aux habitants pr6histo-
riques de ces endroits. Vers l'Est, cependant, la defense doit avoir ete moins aisee, d ' a u t a n t
plus qu'on n'a decouvert de ce cote aucune espece de retrunchement ou de fosse, comme on
en a trouve â Cucuteni *) et â Ariuşd 2 ).
Nous avons t'-i.ilili â

Fig. 1 . — Le plnn de la station et des fouilles de Drăguşcni. de fouiller c e t t e surface

seulement. Des fouilles


plus avancees et plus etendues auraient ete, justement â cause de cette pauvrete, tout-â-fuit
inutiles u Druguşeni.
Pendunt les dix journees pussees â Drăguşeni, â l'occusion des fouilles, j ' a i 6t6 se-
conde tres avantageusement par la collaborution de mu femme.
L E S T R A N C H E E S (v. fig. ] ) . — La premiere tranchce (A), creusee du cdte" Sud-Ouest dc la station,
dans Ie voisinajţe de l'endroit dont — ă l'aide de (ţuelques fosses creusdes sans aucun plan on avait extrait
un materiel assez intcressant 3 ) , avait naturelleincnt le caract^re d'un sondage pratique dans le but de
preciser la situation stratigraphique et la nature dc la station. Lc premier projet — c e l u i de preciser Ia strati-
(ţraphie — a ete pleinement realise â l'aide de ce sondage; quant au second, il a complctement ■ ■■ I ■.
3
') H. Schmidt, Ztschr. fiir Ethnologie, 1911, p. 585 ) Ces objets se trouvent a present au Mus^e du
et 8uiv
- Lycee, dans la ville de Folticeni. Cf. Dacia III -
2
) F. I .i-/l... dans Dolgozatok-Travaux, 1911, pp. IV, pp. 54 et 55.
230 2 3 1 .

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U N E N O U V E L L E STATION Â C E R A M I Q U E P E I N T E DU S T Y L E CUCUTENI B.

La nieine chosc nous est arrivce, corame on le verra par la suite, pour la plupart des tranchees creusees
sur le plateau. En effet, avant notre arrivee, on avait trouve un grand nombre de fragments de cera-
mique peinte. Or, dana la plupart des trunchecs creusees sur le plateau, la ccramique peinte faisait
completement defuut! Cet etat des choses s'explique sanB doute par le fait qu'en cette station la n a t u r e
du sol n'ctait pas favorable â la conservation de la peinture des vases.
Bien entendu, l'absence de la ceramique peinte ne constituait pas un motif serieux et suffisant pour
nous faire renoncer aux fouilles de Drăguşeni. Cependant, la ceramique trouvee, depourvue d'orne-
ments, etait clle-mfime extrcmement fragmentee: il n'y a pas une seule tranchee ou l'on ait trouve un vase
tout cntier ou succeptible d'ctre reconstitue; rien que des fragments, le plus souvent tout â fait insigni-
fiants. Outre cette situation precaire de la ceramique, il faut noter l'extreme penuric d'outils, d'instru-
mentl et d'autres objets usuels ou de parement. II n'y a que les figurines, humaines ou animales, dont
lc nombre soit plus i m p o r t a u t ; toutefois, comme la plupart ont ete trouvees sur le versant Nord, tres
escarpc, de la colline, rien ne justifiait, meme â ce point de vue, la continuation des fouilles.

LA T R A N C H E E A (20 m sur 2 rn) E. N. E. —- O. S. O. — creusee pres de I'escarpement Sud-


Ouest de la station, etait fuite dans le but d'obtenir des precisions sur la situation stratigraphique.
La couche d'humus a une cpaisseur de 40 cm. Cependant, dans cette couche-meme on retrouve
des d£bris, tires sans doute des couches inferieures au cours des labourages intensifs: jusquă une pro-
fondeur de 20 cm, on recueille seulement des tessons infiniment petits, dont on ne peut tirer aucun
indice sur la forme des vases. II n'y a pas la moindre trace d'ornementation. De 20 jusquă 40 cm de
profoudcur lcs frugmcnts dc potcric sont un peu plus grunds et nombreux, surtout dans la partie occi-
dcntale de la tranchee. Presque tous les tessons, minces, a u t a n t qu'epais, sont modeles en une pâte fine,
cuite au rougc. Quoique le profil des parois en soit assez harmonieux, ces tessons sont tous faits â la
main et il n'y en a pas un seul qui presente une patine et des ornements peints, incises ou plastiques.
Parmi ccs fragments ce"ramiquc8 «I y en a d'assez grands, aux parois tres epaisses, qui proviennent sans
doute de grandes jarres. Parmi les tessons on retrouve trois silex, dont un presqu'intact. Vers 40 cm
dc profondeur, notamrrient vers le Sud-Ouest, on dccouvre quelques fragments de bousillage calcine, me-
lange de paille.
De 40 — 60 cm de profondeur, les tessons sont tres nombreux, sur toute Ia surface fouillee; ils ne
different cependant en rien des frugments dejâ vus, si ce n'est qu'ils sont parfois plus grands et par
consequent [>Ius comtnodes u identifier, quant aux formes. L'absence de tout ornement ne manquait
pas de nous etonner, au cours des fouilles-niSmes. II n'y a qu'un nombre extremement restreint de
fragments qui presentent des anses, soit derivees des proeminences, soit demi-circulaires. Dans cette
masse de tessons on trouve aussi trois fragments de figurines, dont une representant une femme et les
deux autres de petits animaux cornus. Notons aussi un fragment de meule en pierre, polie des deux
cfttes, et quelques silex, dont un perţoir trcs soigneusement retouche (v. fig. 4, no. 3). Le bousillage est
tres rare et on le retrouve seulement â l'angle Sud-Ouest.
Entre 60 — 80 cm de profondeur, Ies fragments ceramiques, absolument identiques par leurs formes
et par I'absence deB ornements, ă ceux qu'on a dejâ trouves, deviennent plus rares; on ne les rencontre
plus que dans les deux tiers de la tranchee, vers le Nord-Ouest. A l'extremite Sud-Ouest il n'y a plus
rien du t o u t : la terre glaise n'a certainement pas ete remuee. Parrni les debris trouves vers le Nord-Est,
il y a deux tessons, pr^sentant chacun une petite proeminence. Remarquons encore une fusaXole en
terre cuite et le fragmcnt d'une autre fusaYoIe, des fragments de figurines en argile et quelques menus
objets en silcx. Vers le centre de la tranchee on trouve meme des fragments isoles de bousillage calcine.
Entre 80 — 100 cm de profondeur il n'y a plus que de rares fragments ceramiques, tout â fait
insignifiants, et quelques petits fragments de bousillage, tout cela seulement dans la moitie N.-E. de la
tranch£e. Dans le reste de la tranchee il n'y a absolument rien, fait d'ailleurs tres explicable, vu que
nous avons fouille un sol argileux, qui n'avait certainement pas ete remue a u p a r a v a n t .
Au-delă d'une profondeur de 100 cm il n'y a pas la moindre trace de vie humaine. On arrete les fouilles
â 150 cm, â cause de l'absence des debris, aussi bien que de la durete du sol. Nul doute qu'â ce
point il ne peut pas etre question d'une couche inferieure, plus ancienne au point de vue chronologique.

L E S T R A N C H f i E S B (10 sur 3 m) et C (20 sur 2 m), creusees â deux endroits differents de la


station (cf. le plan, fig. 1), ont donne des resultats tout-â-fait analogues â ceux de la tranchee A, de sorte

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VLADIMIK DUMITRKSCU

qu'on n'eu donnera pas une description dctuillcc. Pour la iiiemc raison ces deux tranchees n'ont |ius ctc
elargies, comme on avait projete' de le faire, si lcs râsultats en avaienl (;l»; au moini mâdiocres.

I-A TRANCIIKK D ( 1 0 s u r 2 m) E. 0., â l'angle Nord d e l a station, est a |>eu pres parallele au
ravin. Aprcs avoir atteint la biiRC dc Ia coucbc de civilisation, on a clargi la tranchcc sur imc tlistance dc
5 in au milicii, dii cotc mcriiliimal: dc sortc que la Burface de cette trnncliee cst â prlsenl dc 30 m
currcs.
Lu couche d'humus, d'uiic cpaisscur dc 20 cin u pcinc, c>t complctcinciit depourvue de traccR de
vic humaine.
Entre 20 et -10 c.m de profondeur on deeouvrc un graiul nombrc dc tcssons, la j>ltij>iirt identiques
aux fragments trouves dans la tranchcc A. Cc|iciidant on a trouvc ici qucltjiicH fragmcnts dc ceruiiiique
pcintc, cn une sculc couleur, parfois cn brun clair, aillcurs cn brun foncc n rcflcts violcts. Cc fond du
tlecor jiresentc un vcrnis jaunâtrc; mais lc plus souvent la coulcur cn cst tcruic.
Entre 40 et 55 cm de profondeur il y a bcaucoup tlc fragmcnts ccramiques <lu meme gcnrc, surtoul
sans peinture. Le bousillagc cnlcine, entnsse cn grandc quantitc vcrs l'Kst. tlc la trancbcc, inoins cpais
tlans Ic rcstc, provicnt dc dccoinbrcs tlont on ne jicut ricn distingucr, bicn qu'il soit toiit A fait ccrtain
qu'â 55 — 60 cm on est au nivcau de basc tles habitations. Au-dcssous de ce niveau prcsomjitif tlcs
habitations, lcs tcssons sont trcs rares; parmi les tcssons jicints, qui sont en minoritc, ceux qu'on rcn-
contrc lc jilus souvent sont Ics fragmcnts â orneinciits cn brun-violet.
I'.ntre 60— 85 cm (jiarfois mcmc °0 cm) il y a trcs jieu de tcssons ct, ca ct lâ, tle petitcs mottes dc
bousillage. Dans Tanglc occidcntal dc lu trancliee il y a une sorte de fosse â ordures, remjilie d'osse-

Fig. 2. — Profil d'un tlcs talus tlc la tranchec D.

ments, de tessons, de ccndrcs ct dc charbons; nous cn avons cxtrait quclqucs figurincs cassccs, humaines
ou animalcs. Par ailleurs il y a meme quelques objets en silex.
Lcs fouilles continuent jusqu'â 100 cm tlc jirofondcur, pour s'arrtHcr â la couche de tcrre glaise
non remucc, sans traces de vie humainc.

LK SONDAGK /•' (8 sur 2 m) donnc lm infmcs rcsultats que la tranchce / ) ; inutilc donc d'y insistcr.

A la suite de ces fouillcs qui uous ont dcmontrc d'un cotc la pauvretc tlc la station tle Drăguşeni
et, de l'autre c6tc, l'etat prccui«e duns lcqucl RC trouvcnt h |>rcRcnt les diffcrcnts rcstes de ccttc station,
il semblait inutile de contin^er lcs fouillcs rcgulicrcs. ()n s'cst donc contcntc dc faire toute une scrie
de sondages sur la terrass* supcrieure de la « Citadelle » (v. Ic plun, fig. 1) ct de fouiller en mfime temps
la partie superieure du ruvin du Nord ct du Nord-Ouest, pour cn extruire, autant quc possible, du matericl
moins endommagc. Parmi ces sondages, Jes jilus importants n'ont ricn fourni. I/absence dc tout reHte
dans les sondages pratiqucn sur la tcrrassc jirouvc quc cellc-ci —- dc mâme quc la tcrrasRe inKrieure —
n'a jamais etc hnbitee ct qu'elle n'a pas scrvi de rcmpart non jilus.
Les excavations faites dans lc talus, h la partic sujicrieure du ruvin mcme, s'etendent sur une
certuinc distance le long du cotc Nord de lu stution, jiuiRtju'â cet endroit la pente n'ctait JIUS trcs raidc.
Aux autrcs points les fouilles etaient seulement dcs fosscs ct dcs tranchccs, parallelcs au bord du jila-
teau, qui ne depassaient jamais Ia profondeur d'un mctre, oîl ellcs s'arrctaient â la couche de terre
glaise. Dans toutes ces tranchees creusees duns le tnlus on releve une depression des couches du sol, y
comprise la couche d'humus. — Les fouilles faitcH dans le ravin n'ont donnc dcs rcsultats que sur lc
cote N et au centre du cotc O (cf. le plan, fig. 1). De ce c6tc on a partout trouve un grand nombrc
de fragments ceramiques (la plupart peints) et aussi des figurines en argilc, repr^sentant des hommes

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UNE NOUVELLE STATION A CERAMIQUE PEINTE DU STYLE CUCUTENI B.

ou des uiiimaiix; quelqucs outils el instruments, en petit nombre, comme d'habitude.— Par contre,
sur la lisiere S.-O. on n'a rien trouve.
La pente assez raide du talus nous porte â croire qu'il etait impossible aux habitants prehis-
toriqucs de Dr&guseni de bâtir leurs moisona sur le talus m c m e ; de sorte que le» debris trouves dans
la partie supcrieurc du talus y sont parvenus, sans doute, â la suite d'une depression des couches.

Voici un resume stratigraphique, dans lequel peut rentrer la stratigraphie de presque toutes les
fouilles effectujes sur le plateau de la « Citadelle » de Drăguşeni:
— 20 c m : humus sans auriin debris;
20 — 40 r,m: humus mclange de fragments divers;
40 — 65 c m : heaucoup de fragmcnts ceramiques; quelques restes, trcs rares, d'autres genres; des
mottes de housillagc calcine;
vers 65 — 70 c m : Ic niveau dcs fondcments des hahitations (beaucoup de bousillage calcine);
70 — 90 — 95 c m : quelques debris de toute espece, tombes au-dessous du niveau des habitations, â
cause des diffcrentes fosses creusees sans doute par les habitants respectifs.
95 c m : terre glaisc non remucc.

LES HABITATIONS

En ce qui concerne les habitations, il faut, au fait, nous borner â l'examen des materiaux
dont clles tftaient bâties, puisqu'on n'a pas le moindre indice
q u a n t â leurs forme et dimensions. Les fragments, plus ou
moins importants, de bousillage calcine (v. fig. 3) trouves aux J
divers points des fouilles, trahissent l'emploi des pieux, comme m
soutiens dcs parois en argile des habitations. Ces pieux devaient 4m
etre d'ailleurs assez rapprochcs, parce qu'il n'y a pas un seul
fragmenl <l<- bousillage, trouve â I Irăguşeni, qui gardc la moindre Wm\
trace dcs branchages d'osier; on remarque seulement les traces ^H
des pieux a pcu pres circulaires. Sur ces pieux on appliquait
ensuite le bousillage d'argile petrie, melee de paille; c'est ainsi
qu'on elevait les murs des habitations, d'ordinaire — mais pas Fig. 3.
toujours — polis â la main. II nous semble que ces habitations
fussent bâties entieremcnt â la surface du sol, et non trogloditiques en partie, comme ailleurs ] ) ,
car les fragments de bousillage se retrouvent au meme niveau et on n'a releve nulle part des
fosses qui puisscnt etre consider6es comme l'int6rieur d'une habitation trogloditique 2 ). Une
derniere observation, enfin, d'ordre g6neral, au sujet des habitations: il n'y a pas une seule,
parmi les tranchees executees, oîi le bousillage calcine soit entasse en grande quantite, on
bien sur toute la surface fouillee, ce qui veut dire, sans doute, que les habitations de la sta-
tion prehistorique de Drăguşeni n'etaient ni trop rapprochees ni, par consequent, tres nom-
breuses. Le nombre des habitants ne pouvait etre tres important non plus, fait atteste
d'ailleurs par la p6nurie d'outils et d'instruments, surtout par rapport au nombre d'outils
trouves dans d'autres stations â ceramique peinte 3 ) .

') Cf. p. ex. Gumelniţa, couche A: Dacia, II, pp. 27 et trop profonde pour appartenir â une habitation.
3
et suiv. ) Cf. par exemple Ruginoasa. Dacia, III—IV,
2
) La fosse mentionn^e ci-dessus etait trop etroite pp. 61—66.

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VLADIMTIt DUMITRESCU

INSTRUMENTS, OUTILS, ARMES

Lc nombre de ces objets ost extrcincment reduit, de sorte qu'on en donnera la descrip-
tion dans un chapitre unique, tout en indiquant — naturellement — les materiaux dont ils
sont faits. II faut ccpcndant notcr, avant tout, l'abscncc totale du m6tal (cuivrc ou bronze),
dans Ia station dc Drăguseni. Mais nous rcvicndrons Ia-dcssus dans les eonsiderations finalcs
sur la station de Drăguşeni.

Le silex y est represente par unc quarantaine d'exemplaircs, la plupart cass6s, et seule-
ment par un nombrc tres reduit conscrvcs intacts ou â peu pres. Prcsquc tous ccs outils sont
» ggm ^ ^^ ^ tailles en un silcx d'un brun clair. II y

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1 l l c u I u e 8 u n s taillcs en un silex noir
brillanl (fig. I. 3), qui n'esl pour-
Mâmi ^ f t •''. A fip tanl pas de l'obsidienne. II n'\ a que
dcs lames-couteaux fragmcnt6es, exccu-
tees toujours par le proccd6 connu, du
d6tachcincnt, de sorte qu'un cot6 en est
toujours plat, tandis que l'autre prcsente
soit une mince nervure m6diane (cf. fig.
4), soit mcme deux nervures parallcles,
ă distance egale dcs bords. Les racloirs-
grattoirs sont un pcu plus nombreux que
les c o u t e a u x ; il y en a m6me qui sont
intacts. Ils apparticnncnt â plusieurs
typcs (cf. par cxcmple fig. 4, nos. 5, 6, 8,
11 et 12), dc dimensions assez r6duites.
Un de ces grattoirs prcsente un c6t6
taillc cn dcnts aigu^s, comme une scie
(fig. 4, no. 4 ) ; mais Ics dents n'en sont

lilUi pas asscz rcgulicrcs pour nous pcrmettrc


d'affirmcr qu'il s'agit cn cffet d'un outil
fait pour scrvir dc scic ct non pas d'un
outil 6brcche par hasard, ct aprcs coup.
On a cgalement d6couvert quclques per-
22 23 24 2 5 2 6 27 goirs au bout pointu. Un de ces exem-
FiK. 4, plaires, â la pointe cassee (fig. 4, no. 3),
est d'une ex6cution tres soign6e: vers le
bout, les bords en sont retouchcs, proccdc employc d'ordinaire, dans le Sud-Est de l'Eu-
rope, seulement pour les flechcs cn silex, et non pas pour les autres objets. Un fragment
informe de hache en silex et quelques percuteurs presque sph6riqucs (fig. 5, no. 8) complctent
l'inventaire des outils et des instruments en silex. Reste â parler ici de deux pointes de
fleche en silex (fig. 4, nos. 1 2 ) dont l'unc a les dimensions tres reduites. Toutes les deux
sont presque triangulaires, aux surfaces un peu convexes, et retouch6es ! ) . Cependant ellcs
') C'est la forme de toutes Jes fleches en silex trouvees jusqu'ici duns les stations eneolithiques de Koumanie.
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UNK NOUVKKLK STATION A CEKAMIQUK PKINTK DU STYLK CUCUTKNI B.

ne sont pas tres reussies, surtout si on les compare aux exemplaires du meme genre, trouves
ailleurs ' ) .

Les instruments en pierre sont encore plus rares: On n'a trouve que trois ciseaux et un
fragment de hache, le tout taille en une pierre blanchâtre, polie (cf. fig. 5, nos. 1, 2, 5 et 6).
Le plus long ciseau mesure 16 cm.
II faut mentionner ici, bien qu'il ne s'agisse pas cette fois d'instruments en pierre, trois
haches-marteaux ex6cutees en argile fine, sechee, non cuite: une de ces haches est en forme
de trapeze (fig. 5, no. 3), dont la base inferieure constitue la lame de l'outil; une autre, presque
rectangulaire (fig. 5, no. 4), a les bords un peu a r q u e s ; la troisieme, enfin, est parfaitement
rectangulaire (fig. 5, no. 7). Klles sont toutes
presque platcs. Ces objets en argile n'a-
vaient certainement un role utilitaire; ils
ne pouvaient donc etre que des objets
votifs, â signification de symboles religieux,
imitant les haches en pierre ou en silex.
Rappelons ici que des haches similaires en
argilc ont 6t6 trouvees â Cucuteni 2 ), aussi
bien qu'en Transylvanie.

Les instruments et les outils en bois de


cerf et en os sont egalement tres peu nom-
breux. Remarquons d'abord un fragment
en bois de cerf, qui appartient â une serie
d'outils assez coramuns dans toutes les sta-
tions de ce genre (un m a n c h e : fig. 5, no. 10).
I l y a aussi un poignard en os poli (taill6,
selon toutes les probabilit6s, en un cubitus
de bceuf: fig. 5, no. 9), qui est lui-aussi
tout-â-fait commun dans le Sud-Est de
l ' E u r o p e 3 ) , ainsi que deux poincons tou-
jours en os poli (fig. 5, nos. 11 et 12), bien
effi!6s, de meme que le poignard. Sur la
meme planche, a cote de ces objets, on a
6galement reproduit une corne de bouc Fig. 5.
(fig. 5, no. 13), interessante non seulement
au point de vue de la faune, mais aussi et surtout â cause de quelques traces de polissage
(on y avait coupe les nceuds), qui indiquent qu'elle etait en train d'etre faconnee.

Comme objets en argile il n'y a que deux fusaloles rondes et aplaties, dont une toute
entiere et l'autre cass6e, percees au centre, ressemblant â certaines fusaîoles d'Ariuşd 4 ).
3
') l»< - cxemplaire» analogues, dans le cadre de la ) Cf. Cucuteni (Ztschr. f. Ethnol., 1911, p. 592 et
clramique peinte: Kuginoasa (Dacia, III—IV p. 62, suiv., fig. 11 et 12); Petreni (Trudy, X I I I , 1, pl.
fig, 4, no. 2); Cucuteni, I. Andrieşescu, Contribuţie la XVIII, 19—20); Şipeniţ (I. Andrieşescu, Op. cit.,
Dar.ia înainte de Romani, Iaşi, 1912, j>p. 28—29. p. 41).
2
) I. Andrieşescu, Op. cit., p. 41. «) Dolgozaţok-Travaux, 1911, p. 238, fig. 78.

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VI.ADIMIK DUMITKKSCU

A cote de ces objets, il faut rappeler aussi un fragmcnt de pcrle allongee, en argile, le seul
«joyau» dccouvcrl a Poccasion dcs fouilles dc Drăguseni, et un pctit disque cn argilc, aux bords
decoupcs (fig. 23, no. 13), donl L'usage nc peut pas ct.re determine.

LA C E R A M I Q U E

l)c mcmc que dans n'importe quellc station prehistorique du Sud-Est de l'Europe, a Dră-
guşeni aussi, au point dc vuc quantitatif, la ccramiquc occupe le premier rang parmi les
objcts decouvcrts. Malbcurcusement, commc on l'a dcja vu, la ceramique de Drăguşeni nous
est parvcnuc dans un etat toul-â-fait prccaire, cn cc qui concerne les formes, aussi bien que
les ornements.

1. La teclmiqne.
Nous avons dit, â l'occasion des obscrvations sur la stratigraphic, qu'au
point dc vuc dc la lechnique, toute la ceramique de Drăguşeni,
sans exccption, prcsente un caractere coinmun: cllc est faite a
Ia main. D'ailleurs l'absence du tour du potier est un fait 6tabli,
pour la ccrainique cneolithique du Sud-Est de l'Europe ; les rares
exeniplaircs de poterie tournce, trouvcs dans les tertres de la Ma-
ccdoine, ont cte sans doute importes de Troie *). Par contre, en
ce ( m
T PM^ l coneerne la facture des vascs, il ne peut plus etre question
t ^k p d'une pareille unite. La plupart des fragments c^ramiques trou-
3f ves dans cette station sont modelcs en argile fine, bien pctrie, et
^^^^H^^^^^ dcpourvue (rimpurelcs. Les vascs modeles en cette pâte onl tou-
jours ete bien cuits au four, de sorte que les parois presentent
en section une teinte jaune ou rouge-briquc 2 ). Cependant, pour
les grands vases, aux parois plus cpaisses, I'argile n'est pas assez
bien moulue; mais pour les pctits vascs elle est d'unc purete et
d'une finesse impeccables. La plupart des tessons de Drăguşeni
ne sont pas vernis; il n'y a que de rares vases â vernis, pareils
â ceux de Petreni 3 ) .
On a toutefois decouvert quelqucs dizaines de fragments ce-
ramiques ouvres en une pâte mal petrie, en argile impurc, mclangce de petits cailloux et de
paille. Les vases auxquels ils appartiennent ont ete mal cuits; c'est pourquoi la section des
parois est d'un noir grisâtre (fig. 6). Tous ces fragments ont etc trouves exclusivcment dans
les fouilles pratiquees dans le t a l u s ; ils y etaient meles aux tessons en pâte fine. II n'y a pas
un seul qui ait ete trouve dans les fouilles faites sur le p l a t e a u ; de sorte qu'on ne peut pas
se faire une idee precise 6ur les rapports stratigraphiques qui existaient cntre eux et, par
consequent, sur les rapports chronologiques avec les autres fragments. Cependant, comme
dans le talus ces fragments en pâte grossiere ctaient meles aux tessons peints et comme,
d'autre part, des tessons pareils en pâte mal petrie et mal cuite se retrouvent aussi
dans d'autres stations â ceramique peinte du style B4), nous croyons pouvoir affirmer

:l
») Cf. H. Schmidt, dans Ztschr. f. Kthnol., 1902, ) Ihidem, p. 65.
4
p. 76; ibidem, 1905, p. 96 et suiv. ) A Cucutcni; cf. I. Andrieşescu, Op. cit., planchcs
2
) Meme ehose pour certains vases de Petreni: I—II.
Trudy, XIII, 1. pp. 64—65.

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UNE NOUVELLE STATION A CERAMIQUE PEINTE DIJ STYLE CUCUTENI B.

qu'il ne faut pas conclure de ces differences de technique â une difference chronologique
aussi ' ) . Un petit nombre seulement des fragmcnts de ce genre ont une patine de la meme
couleur que la |>âte (fig. 14, no. 1); ils presentent alors une facture plus soignee 2 ).

II. Les formes. L'ctat actuel de Ia ccramique — rnal conservee et parfois meme effritee —
rend impossible toute discussion ou description detaillee des formes trouvees â Drăguşeni.
Cependant bcaucoup dc fragments (surtout ceux qui conservent encore une partie du rebord
du vase respectif) sont assez grands pour qu'on
puisse retablir, d'une facon gcnerale, les formes
de la ecramique de Drâguşeni et en reconnaître '
les analogies ou les ressemblances dans le cadre
de la ceramique peinte du Sud-Kst de l'Europe.
Une formc assez frequente â Drăguşeni cst
V'Scuelh'COupe (type «), largement ouverte, de di-
mensions assez rcduites ou moyennes, forme re-
present6e cependant quelqucfois par des exem-
plaires d'assez grande taillc. Les vases les plus
caraeteristiques pour cette categorie sont Ics ecu-
elles â rebord vcrtical ct legcrement retrousse (fig.
7, no. 8, e t c ) , ou encore parfaitement vertical
(fig. 7, no. 7; fig. 12, no. 3) et meme, quelque-
fois, plus ou moins incline vers l'interieur, sans
etre cependant separe du corps du vase autre-
mcnt que par une lisiere, souvent presqu'imper-
ceptible ellc-meme. De cette lisiere reelle ou vir-
tuellc, les parois du vase descendent obliquement
et un peu arquees vers le fond etroit, quelquefois
plat (fig. 7, no. 7), ailleurs legeremcnt arrondi
vers lc centre. Les formes de vases analogues â
celle-ci sont tres frequentcs dans le Sud-Est de
I'lMirope, notamment dans le cercle de la cera-
miquc peinte orientalc. Notons surtout quelques exemplaires de Cucuteni 3 ), de Petreni 4 ),
de Şipeniţ 5 ), d'Ariuşd 6 ) et dcs environs 7 ).

' ) M. Andrieşescu semble penser que ccs fragments l'aide d'une planche — comme l'affirmait Von Stern
et Jeur tccJmifjue indiqucnt une cpoque |>osterieure â pour les tessons de Petreni (cf. Trudy, X I I I , 1, pp.
]'cj>o<juc <lcs vascs plus fins (cf. op. rit., j>. 49); 64—65), puisqu'on n'aperţoit aucune trace de cette tech-
III.ii il refuse de se jirononccr uvant la publication nique sur la partie interieure de nos tessons. D'ailleurs
dcs rcsultats comj>lcts dcs fouilles entrejirises â Cu- le fait en soi ne presente pas beaucoup d'interet.
3
cuteiii (loc. cit., note 28). Neunmoins, cornme II. ) Cf. H. Schmidt, dans Ztschr. f. Ethnologie, 1911,
Schmidt (Ztschr.f. Ethnol., 1911, p . 585 et suiv.) affirme p. 586, fig. 3 (troisieme â droite) et C. Schuchhardt,
que la ccramique ă techniquc |>rimitive se retrouve â Alteuropa, 1926, pl. X X I X , nos. 7 et 9.
Cucutcni «in beiden Perioden», nous avons raison — *) Cf. surtout Trudy, X I I I , 1, pl. X I , no. 3 et
nous semble-t-il — de croire que la presence de cette pl. X I I , no. 5.
5
ceramique ne constitue pas un indice chronologique ) Surtout Jahrbuch d. k. k. Zentral-Kom., N. F . , I,
nssez certuin. Wien, 1903, col. 104, fig. 103.
2 8
) II n'y a pas un seul tcsson, â Drăfţuşeni, dont ) Cf. Dacia I, p. 6, pl. I, surtout les nos. 9 et 10.
7
on puisse affirmcr qu'il a ctc faţonne â l'interieur â ) Dolgozatok-Travaux, 1911, p. 195, fig. 22 (Olteni).

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VLADIMIR DUMITRESCl!

Tres etroitement lice ă cette forme est une seconde forine de vase (type ft), qu'on peut
rapprocher d'un vase de Koszylowce • ) ; inais lcs parois ne fonnent pas un angle droit sur
la base, comme dans le cas de ce dernier v a s e : au contraire, le profil en est entierement arqu6
(cf. fig. 7, no. 4 et autres).
Un autre type d'ecuelle (type y), qui rcssemble plutot aux ecuelles du Bas-Danube et
qui n'a, par consequent, rien d'unc coupe, est celui presente â la fig. 16, dont le diamctre (32 cm)
est un peu plus grand que la hauteur. Le profil exterieur de ce vase pr6sente deux courbes
differentes: la courbure supericure, basse,
arquee vers l'interieur, indique le rebord
evase du v a s e ; l'autre, convexe, descend
j u s q u ' a u fond presqu'horizontal.
Quelques fragments revelent l'exis-
tence â Drăguşeni de certaines coupes
formees d'un seul cone tronque, dont
la grande base est represcnt6e par l'ou-
verture tres large du vase 2 ) . Des vases
semblables ont 6t6 trouv6s â Petreni •'),
aussi bien qu'â Koszylowce 4 ), â Ariuşd
et dans les environs 5 ) et jusqu'en Thes-
salie 6 ) ; ce sont des exemplaires tout-
â-fait pareils â ceux-ci.
Un fragment de grand vase — dont
il est impossible de pr6ciser la forme,
sauf l'ouverture, qui devait en etre tres
large — qui n'apporte d'ailleurs rien de
nouveau, est represent6 au no. 12,
fig. 7.
Mais la plus frequente parmi les
formes de la c6ramique trouvee â Dră-
guşeni, c'est sans doute la forme bitron-
conique (type <5), dăsignee d'ordinaire
par le nom, inexact, de bi-conique. C'est,
au fait, une variante du type piriforme
«la plus importante et la plus caract6-
ristique parmi les formes c6ramiques du
Fig. 8. neolithique oriental», selon l'expression
de M. I. Andrieşescu 7 ) .
Les exemplaires caracteristiques de Drăguşeni ne depassent jamais la hauteur de 15—18
cm, diff6rant par cela des grandes jarrcs piriformes bitronconiques, qui sont surmont6es d'un

1
) G. Wilke, Spiralmăander-Keramik, p. 44, fig. pl. 25, o.
53—54. ») Dolgozatok-Travaux, 1911, p. 191, fig. 11—12
2
) Pour plus de comraodite nous rangeons cette (Olteni).
forme aussi eous le type fi. •) Wace and Thompson, Prehistoric Thessaly, p.
3
) Trudy, XIII, 1, pl. XII, no. 10; etc. 93, fig. 45, de Tsangli.
7
*) M. Ebert, Reallexikon der Vorgeschichte, vol. VII, ) Op. cit., p. 51.

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UNE NOUVEM.E STATION A C.EKAMIQUE PEINTE DU STYLE CUCUTENI B.

g o u l o t 1 ) . Les deux cdnes tronques ne sont jarnais egaux. Le tronc superieur est toujours
plus h a u t , occupant parfois les deux tiers de la hauteur totale du v a s e ; de plus, il a le profil
arqu6 vers l'inteneur, tandis que le tronc inferieur presente un profil arque vers l'exterieur
(v. fig. 7, no. 10; fig. 8, nos. 1 et 2 ; fig. 9, no. 1). Cependant la ligne de soudure des deux troncs
de cdne n'est jamais marqu6e par une arete aigu6, mais par une crete arrondie. Le rebord
des vases est, sans exception, un peu retrousse, sans etre jamais trop evase. Les vases de ce
genre ne sont jamais de grande taille, de
sorte que les parois n'en sont pas 6paisses;
elles sont, au contraire, parfois tres minces
(4—5 m m d'6paisscur t o u t au plus). II n'y
a qu'une partie des parois qui soit un peu
epaissie, pour certains exemplaires: c'est la
ligne de soudure des deux cones tronqucs
(p. ex. fig. 8, nos. 1 et 2 ; fig. 27, no. 10);
mais il y a meme des exemplaires sur les
quels ce renflement n'est pas visible (fi^.
9, no. 1). Le fond est lui aussi plus epais,
parfois, et un peu arrondi vers le centre.
Ces d6tails une fois donnes, il ne nous
reste plus qu'â nous arrflter un moment aux
formes analogues, trouvees dans les autres
stations â c6ramique peinte (puisqu'au fait,
sous cet aspect la forme des deux cones
tronqu6s est caracte'ristique pour la cera-
inique peinte). Le vase deCristeşti, de meme
q u ' u n grand nombre de vases de Cucuteni 2 ),
de Petreni 3 ) , de Tripolje 4 ), certains vases
de Koszylowce 6 ) et de Kostowce 6 ), et d'au-
tres de Şipeniţ 7 ) ne sont que des variantes
d'une meme forme. II est remarquable que
cette forme, ou plutot cette variante des
vases piriformes n'existe pas â Cucuteni A
et dans les autres stations similaires, pas
plus qu'â Ariuşd 8 ) et en Thcssalic. Fig. 9.
II y avait p o u r t a n t , â Drăguşeni aussi
— de meme que dans les autres stations â ceramique du style Cucuteni B — de grandes

') V. par exemple les urnes peintes de Bilcze- 5


) Reallex. d. Vorgeschichte, VII, pl. 26 a; G.
Zlote, en Galicie: M. Hoernea, Die neolithische Keramik Wilke, Op. cit., p. 44, fig. 56.
in Oiterreich, fig. 2 5 1 — 2 5 4 , et celles de Cucuteni: *) G. Childe, The East European relations ofDimini cul~
C. Schuchhardt, Op. cit., pl. X X I X , no. 10. ture, dans Journal of Hell. Studies, 1922, p. 261, fig. 6.
2 7
) Ztschr. f. Ethnol., 1911, p. 586, fig. 3, â g a u c h e ; ) Jahrbuch d. k. k. Z.-Kom., N. F „ I I , 1904, col.
Schuchhardt, Op. cit., pl. X X I X , 6, 8. 3 3 — 3 4 , fig. 27 et 32.
3
) Trudy, X I I I , I, pl. V I , nos. 2, 4, 8, 9 ; pL X X V , ) En realite il y a â Ariuşd des formes voisines
nos. 6, 7, etc. de celle-ci, mais elles different toujours sur quelques
4
) Trudy, I X , pl. X X V , le cinquieme de la qua- points des types caracteristiques qui nous interessent:
trieme rangee. v. Dacia, I, p. 7, pl. I I , nos. 13. 14 et 15.

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VCADIMIR DUMITHKSCU

jarres en forme de deux troncs de cone, surmontces d'un goulot (tvjiefc'): c'est cc que prouvcnt
certains cxemplaircs dont lc goulot, mesurant quclques centiinctres dc hautcur, sc conserve
encore par endroits (fig. 10, no. 1), et d'autres cxemplaires dont lc profil raj)j)cllc la
meme formc d'urne j)iriformc bitronconiquc (fig. 11, pour la partie inferieure; fig. 9, no. 3,
pour la jiartie mediane ct fig. 12, no. 1, l'ăpaule d'un vase). Un autre fragmcnt circulairc
j)cut bicn rcprcsenter le goulot (1*1111 vasc, mais aussi la basc d'un supjxwt dc vasc. 11 nous
semble ccpcndant qu'il s'agisse du goulot d'un vasc, pour la formc duquel il faut s'en raj)j)orter
aux exemplaires caraeteristiqucs dc Cucuteni *) et de lîilczc -).
Toujours ă ce tyj)c piriforme il faut
sans doutc rattacher certains fragmcnts dc
vasc (tyjic )/), dont lc j>rofil indiquc qu'il
s'agit dc vascs tres pctits, au rebord tou-
j o u r a l e g e r c i n e n t r e t r o u s s e (fig. 7, n o s . I, 2 ,
3) et ă l'cj>aule parfois assez accentuee (fig.
7, nos. 2 ct 3). I'our Ics vascs a l'cjiaule
tres accentuee, le j>lus grand diametre du
vase est situc justcmcnt â l'ejiaule; j>our
lcs autres, au contraire, la largeur maxima
se trouve â peu prcs a mi-hautcur. Le
fond est toujours bcaucouj) j>lus ctroit que
l'ouverture du vase. II est tres vraisem-
blable que le fragmcnt no. 11, fig. 7, dont
le rebord est pourtant trcs evase, ait appar-
tenu ă un vase au profil ressemhlant, d'une
facon gcnerale, a celui du no. 2, fig. 7.
D'ailleurs cette forine cst cllc aussi trcs
communc, dc sortc (ju'il n'y a pas licu d'in-
sister sur les diverses ressemblances 3 ) .
A cote de ees vases, dont la plupart
avaient sans doute un role bien dcfini dans
la vie domestique, on a decouvert aussi â
Drăguşeni (juchjiK^s fragmcnts de vases en
miniature (tyj)e £)» de mcme (ju'un vase
Fig. 10. brisc, reprcsentant un animal.
D'ailleurs, juirmi les vases dont il a
dejâ ete question, certains (tel le no. 3, fig. 7) apj>articnncnt aussi aux vases en miniature.
Citons, entre autres fragments de ce genre, un fragment tres reduit, dont lc profil arque vers
l'interieur se termine en angle aigu â la base (fig. 7, no. 5). Ce n'est j>as la j>rcmicre fois
qu'on releve la frequence des vases en miniature dans le nco-encolithique du Sud-Est de

l
) V. le vase rej>roduit j>ar C. Schuchhurdt, Op. ") Hoernes, Dic neolit. Keramik, fig. 251—254.
:l
cit., pl. X X I X , no. 10, et le vase reproduit |>ar V. ) La j)lu|iarl dcn f'ragiiicnls de rette forme aj)-
Pârvan, Inceputurile rieţii romane la gurile Dunării, jmrticiinciit â dcs vascs ayant cu, sans doute, l'as-
Bucureşti, 1923, p. 57, fig. 35, dcux exemj>Iaires tout- pcct dc cerlains vascs dc I'ctrcni (v. j>ar cx. Trudy.
â-fait identiques non seulement pour la formc, mais X I I I , 1, j>I. I, no. 7), au fond arrondi ou non.
aussi en ce qui concerne tous les details du decor.

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iJNE NOUVELLE STATION Â CEltAMIQUE PEINÎE DU STYLE CUCUTENÎ B.

l'Europe. II suffit de citer comme exemple, pour la ceramique peinte, la station d'Ariuşd l),
et pour la ceramique du Bas-Danube celles de Sultana ^), de Gumelniţa 3 ) et de Căscioarele 4 ).
Tout aussi nombreux, dans les limites de cette region assez etendue, sont les vases
representant des animaux (type #) r>). Le vase trouve â Drăguşeni a l'aspect d'un animal
cornu, campe sur deux jambes t r a p u e s ; il se termine par une queue informe, e t a n t creux
â la partie superieure (fig. 7, no. 9).

Comme dans toute autre station â ce-


ramique peinte, â Drăguşeni aussi les anses
sont assez rares. On releve, sur quelques
fragments insignifiants, deux petites proe-
minences percees, placees des deux cotes
du vase, immediatement au-dessous du
grand diametre du vase. Sur quelques autres
fragment8 de vases un peu plus grands on
trouve une anse qu'on a obtenue en pcrcant
Fig. 11.
une grande proeminence appliquee sur le
c o r p s d u v a s e ( v . p a r exemple
le fragment de la fig. 13); il
est d'ailleurs tres vraisem-
blable que ces vases aient
eu deux anses chacun, pla-
cees des deux cotes, sur la
ligne qui marquait la plus
grande largeur du vase, fait
releve 6ur certains vases d'A-
riuşd"), dont la forme se
rapproche â celle du meme
fragmcnt. II n'y a qu'un
nombre tres restreint de frag-
ments qui presentent de ve-
ritables anses demi-circu-
laires (librement develop-
pees), placees horizontale-
ment (fig. 11) toujours sur 4
la partie la plus renflee du Fip. 12.
vase. P a r contre, quelques
autres cxemplaires presentent des anses plus petites, un peu aplaties, placees — comme il
apparaît sur les fragments conserves — sur la ligne de soudure du goulot au corps du vase.
D'ailleurs cette penurie d'anses est tout-a-fait explicable dans une station â ceramique peinte:

i) V. Dacia, I, pp. 20—21. (Reallexikon d. Vorgeschichte, VII, pl. 26 b) et ceux


2
) Ibidem, p. 85, pl. X X I — XXII. d'Ariuşd (Dacia, I, p. 21 et Dolgozatoh, 1911, p. 144,
») Dacia, II, p. 61. fig. 86).
: 8
) Ibidem, p. 164. ) Dacia, I, p. 10, pl. III, no. 6.
5
) V. comme exemples, le vase de Koszylowce

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VI.AIHMIK DUMITRESCU

puisqne les anses modifient ou brisent la continuite de l'ornement peint, on les a, autaut
que possible, supprimees. Mais, avant de terminer avec Ies formes, il n'est pas sans int6ret
de noter aussi l'abscnce de ccrtaines formes, caracteristiques pour la eeramique peinte.
II ne faut pas s'etonner, par exeinple, de l'absence du support â pied unique, plus ou moins
elargi â la partie superieure, comme une pommiere; car c'est un type caract6ristique pour
la ceramique peinte du style Cucuteni A l ) . Mais, ce qui est fait pour nous 6tonner, c'est
l'absence de tout tesson qui puisse indiquer l'existence du vase-binocle, souvent rencontrc
dans les stations â ccramique peinte du style A 2 ), aussi bien que du style B :J ).
Remarquons enfin l'absence des vascs-passoires, si frequents dans les stations du Bas-
Danube 4 ), mais aussi dans les stations â ceramique peinte B ).

t I I I . ISornompntation. — Au point
de vue du decor, la c6ramique de Dră-
guşeni pcut rentrer dans les trois cat6-
gories principales qu'avait 6tablies von
Stern pour la c6ramique de Petreni "),
â savoir:
n) La ccramique monochrome, sans
aucun ornement.
b) La ceramique â ornements in-
ciscs et imprim6s, quelquefois meme en
relief.
c) La ceramique peinte.
II va sans dire que, de meme qu'en
ce qui concerne la technique, ou le rap-
port entre les groupes de ceramique n'in-
dique pas un equilibre quantitatif, au
point de vue de l'ornementation non
plus, les trois groupes ne pr6sentent pas
un pareil equilibre.
Nous avons dejâ dit que le mauvais
etat des tcssons ne nous permet de don-
ner aucune indication certaine sur le
Fig. 13. rapport quantitatif existant entre la ce-
ramique vernie et la c6ramique m a t e ,
sans patine. De meme, et pour les memes raisons, on ne peut pas savoir qucl 6tait le rapport
reel, au point de vue des quantites, entre le groupe a, d'un cote, et les groupes b et c, de l'autre.
Mais nous sommes en mesure d'affirmer que la ceramique du groupe 6 ne repr6sente

^) V. pour Cucuteni, Ztschr. f. Ethnol., 1911, p. 585, en Galicie; â Şipeniţ, ctc. (V. le» r6f6rences detaillees
fig. 2, au centre, et C. Schuchhardt, Op. cit., pl. X X I X , donnees par M. I. Andrieşescu, Op. cit., p. 6 1 , et
4 ; pour Ruginoasa, Dacia I I I — I V , p. 6 9 ; pour Ariuşd, les notes respectives).
Dacia I, p. 16, pl. V I I et p. 17, pl. V I I I . etc. ') Cumelniţa, Dacia II, p. 6 0 ; Căscioarele, ibidem,
2
) Par ex. Tripolje A, Trudy, X I , pl. X X V I , rnaÎH p. 1 6 3 ; etc.
&
â ornements incises. ) Cf. I. Andriescscu, Op. cit., p. 63 et note 121.
3
) Trudy, X I I I , I, pl. VI, no. 5 ( P e t r e n i ) ; ensuite •) Trudy, X I I I , 1, p. 65.

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UNE NOUVELLE STATION A CEKAMIOLE PEINTE DU STYLE CUCUTENI B.

meme pas */1QQ du nombre total de tessons trouves â Drăguşeni, de sorte qu'elle constitue
une minorite absolue ' ) .

a) La ceramiquc monochrome sans aucun omcmcnt comprend beaucoup de tessons, tous


en unc pâtc finc et sans impuretcs. Quclques fragments — surtout parmi les tessons tires
du talus — conservcnt encore un vernis obtenu par le polissage tres soigneux de la surface
exterieure, sans qu'on y ait applique une couleur. Vu qu'â Petreni meme, ou la cera-
inique est de beaucoup mieux conservee, les tessons polis et monochromes sont tres rares 2 ),
il n'est pas impossiblc qu'â Drăguşeni aussi — station appartenant a la meme civilisation B —
l.i situation ait ete tout-â-fait parcille. En
tout cas, â l'heure actuelle Le nombre des
fragments m a t s et monoehromes (la couleur
naturelle de la pâte, donc un jaune ou un
rouge-bri(jue) est pr6ponderant. II est donc
evident q u ' a u point de vue dc l'ornementa-
tion, ce groupe ne presente aucun interet.

b) La ceramique ă ornements incises,


imprimes ou en relief est egalement assez
mal repr6sentce, de raeme que dans les
fouilles de von Stern, k Petreni. Les or-
nements incis6s et imprimcs se retrouvent
seulement surcertains fragmentsd'une tech-
nique inferieurc 3 ) , trouves seulemcnt dans
les fouilles du talus, et non pas dans les
fouillcs faites sur le plateau. Mais les or-
nements en relief se retrouvent sur certains
fragments d'une technique supericure, aussi
bien que sur des fragments â technique
primitive, provenant du talus, aussi bien
que du plateau. Toutefois ces ornements
en relief se reduisent â quelques proemi-
nences trouvees sur de rares fragments, soit
isolees, soit deux par deux (fig. 6, no. 1), ex-
F i g . 14.
trememcnt primitives et irregulieres comme
ex6cution. II n'y a q u ' u n seul cas ou quelques petites proeminences, disposees horizontale-
ment, constituent un ornement en forme de bande en relief, au-dessous du rebord du vase
(fig. 14, no. 2). Le seul ornement en relief, de quelque importance, est forme par des canne-
lures verticalcs ct paralleles qui commencent, sur un tesson (fig. 14, no. 1), â 2 cm au-dessous

J 3
) A Cucuteni lu situation paraît etre differente, ) A ce point de vue notre remarque au sujet de
|>uiH(jue M. Andrieşescu mentionne I'afaondance de Drăguşeni concorde avec l'observation d'ordre gene-
cette ccrainique (Op. cit., p. 49), qu'il designe j)Ius ral, faite par M. Andrieşescu (Op. cit., p. 77), sur la
loin (ibid., note 28) c o m m e « c e groupe particulie- ceramique â ornements inciscs; â l'exception toutefois,
remcnt caractcristique ». j>our ce groupe, de Tripolje et de Butmir (Ibid.,
*) Trudy, X I I I , 1, p. 65. I>p. 77—78).

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9 Dacia I I I — I V 1927/932.
VLADlMIB DUMITRESCU

du rehord du v a s e ; c'est d'ailleurs l'unîque tesson en pâte grossiere, dont la surface exterieure
ait ete recouverte d'un vernis de la meme couleur que la pâte. Keniarquons, â ce sujct, que
cet ornement ne doit pas etre range dans le cadre des cannelures deja rencontrees dans l'eneo-
lithique, horizontales ou ohliques, mais dans le groupe des cannelures verticales, extreme-
ment reguliercs, qui trahissent, â ce qu'il nous semhle, l'influence du mctal.
Les handes d'entailles ! ) qui se trouvent sur le rehord legereinent retrousse des vases
(fig. 14, nos. 4—8) en pâte toujours grossiere, et qui ne se rencontrent jamais sur
les vases fahriques en pâte fine, doivent etre considerees comme dcs ornements mixtes,
reliefes et incises. Moins souvent cette bande d'entailles se retrouve â Drăguşeni
placee horizontalement a quelques centimetres au-dessous du rehord du vase (fig. 14,
no. 5). Inutile d'insister sur cet ornement, de meme que sur Ies hossettes, puisqu'cllcs sont
tres communes 2 ) , et qu'on les reneontre jusque dans la cerainique indigene gete, de l'epoque
La Tene :1).
Les ornements incises, plus exactement egralignes, de Drăguşeni sont traces, le plus
souvent, â l'aide d'un ohjet â la pointe un peu emoiissee (v. fig. 14, nos. 4 et 0), hien qu'il
y ait aussi quelques tessons qui denotent l'usage d'un outil tres pointu. Parmi ces ornements,
certains sont tout simplemcnt des traits verticaux, incises, qui recouvrent au moins la partie
superieure du vase (fig. 14, nos. 6 — 9 ; e t c ) . D'ailleurs, eoinme la plupart des fragraents
trouves, qui presentent ce genre d'ornements, apparliennent au rebord ou ă la parlie du
vase qui se trouve aussitot en-dessous, il n'est pas aise d'etablir si le reste du vase etait
recouvert d'ornements parcils. Toutefois — en t e n a n t compte surtout de certains fragments
plus importants (fig. 14, nos. 2, 6 et 8) et de quelques fragments et vases analogucs dc
Cucuteni ') ou de Petreni '"') — nous somines d'avis que ccs traits verticaux et imparfaite-
ment paralleles etaient destines surtout â decorer l'espace eompris entre le rebord et l'epaule
du vase. A cote de ces traits on trouve sur un tesson un ornement en zigzag (fig. 6, no. 2 ;
fig. 14, no. 7) et sur un autre un ornement ondule (fig. 14, no. 2). L'ornement en zigzag
consiste d'une serie de traits, groupes par trois, paralleles et profondement ineises, disposes
en chevrons, motif si cominun dans le Sud-Kst de l'Europc. Au conlraire I'ornement onduh';
est forme par quelques lignes incisees et ondulees, dont quatre ou cinq (au centre) ininterrom-
pues, auxquelles s'ajoutent par endroits de courts traits brises; de sorte que I'orneinent
prend la forme d'une bande. De cette bande se detachcnt, vers le fond du vase, d'autres
groupes dc traits incises, cette fois-ci paralleles et verticaux. II suffit de remarquer, â cc
sujet, que l'ornement ondule, de mPmc que l'orneinenl en ehevrons, est tres connu dans la
ceramique incisee des stations a eeramiijue peinte ").
II y a deux sortes d'ornemcnts imprimes, â Drăguşeni: des trous irreguliers, pratiqu6s
— â l'aide d'un objet dur — dans la pâte encore tendre du vase, et les cordes imprimees.
Les petits trous irreguliers ne se reneontrent a Drăguşeni (jue sur de rares fragments; ils y
sont places au-dessous de l'ornement lineaire ineise, sur I'epaule meme du vase 7 ) . Par contre
les cordes imprimees apparaissent â Drăguşeni sur les deux tiers, au moins, des fragments

' ) Cf. I. Andrieşescu, ()p. cit., pp. 76—77. ") I. Andriesescu, Coutribuţie, pl. I (Cucuteni);
2
) lbidem, loc. cit. Stcrn, Trudy, X I I I , I , pl. I, n o . 7 ( P c t r e n i ) .
3
) I. Andrieţiescu, Piscul Crăsani (An. Acad. Kou- ' ) (^cs o r n c m c n t s inciscs s o n t t e l l e m e n t frequents
niuine), Uucarest, 19215, fig. 92 e"t s u i v . d a n s la ccramicjuc |)rchistorique dc la Dacie, qu'il
*) I . A n d r i e ş e s c u , Contribufie, pl. I—II. est i n u t i l c d'insister sur les analogies (ju'ils p r e s c n t e n t .
5
) Stern, Trudy, X I I I , 1, pl. I, n o . 7, et ailleurs.

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UNK NOUVELLE STATION A CKKAMIQUK FKINTK I)U STYLE CUCUTENl B.

eeramiques â ornements sans peinture (v. par exemple fig. 6, nos. 2 et 3 ; fig. 14, nos. 7 et 9).
Parmi ees fragments. quelques uns presentent de courts traits paralleles, obliques ou presque
v e r t i c a u x ; d'autres, une ligne en zigzag sous le goulot du vase (fig. 14, no. 7 ) ; d'autres enfin
prcsentent des chevrons jmralleles en direction horizontale et formant un zigzag qui fait le
tour du vase (v. fig. 6, no. 2 ; fig. 14, nos. 8 et 9), mais interrompu par endroits, de
meme que l'ornement analogue ineise. Sur un fragment decore de la sorte, les extremites des
chevrons finissent par un petit trou incise (fig. 6, no. 2). Par opposition a l'Europe Centrale,
dont la ceramiquc cordce constitue un des caracteres les plus frappants, dans la region car-
patho-balkanique les vases a ornements cordes sont rares 1 ). II y a j>ourtant des vases pareils
â Cucuteni 2 ), aussi bien qu'â Petreni : ! ).

c) La cSramique peinte dont on ne peut


j>as j>reciser la quantite, j>ar raj)j>ort â la
ceramique monochrome, est representee par
des fragments infiniment j>lus nombreux
que Ies tessons de la ccramique incisee-
imprimec, ce qui j>rouvc qu'â Drăguşeni la
peinturc constitue un element vraiment
caraeteristique pour la ceramique locale.
Sur tous les tessons tires du talus, la
couleur constituant I'ornemcnt a ete ap-
pliquăe sur les parois du vase, lorsque fifij
ceux-ci avaient dejâ ete vernis en jaune
clair. Parmi les rares fragments peints, / .
trouves dans Ies tranchecs 1) et E, â l'angle
N. du plateau, certains etaient jmlis, d'autres
ne l'etaient j>as. E n ce qui concerne les
tessons trouves dans les trancbees A,B,C
— sur lesquels on n'a releve des traces d'or-
uementa j)eints <jue lorsiju'ils etaient par-
faitement se<:hes - l<; jx»lissag<r fait comj>le-
tement defaut; mais il est impossible d'af-
firnier <ju'a l'origine il en avait ete de meme.
I,r I'OIKI |)«tli • 111■ aj>|)araît, â Drăguşeni,
sur la pluj>art <1<ÎS fragments peints, con-
stitue la base du decor, sur la<jiiell<' <m aj>j>lique ^'nsuit^- la couleur des ornements. Des vases
au fond jieint, sur Ieijuel on trace l'ornement, ont ete decouverts â Cucuteni 4) (beige, orange,
creme), a Şij>cniţ. "') et â Petreni"), de meme qu'en Thessalie 7 ) . Cependant â Drăguşeni cette
couleur du fond, tres fine, est — peut-etre â cause du polissage — presqu'effacee; c'est ce qui
fait qu'on n'en tienne pas compte, de sorte qu'il faut considerer la ceramique peinte de Dră-
guşeni comme monochrome; ou jdutot, j>our etre plus precis, c'est Vornementation de la ceramique
s
' ) I. AndricşcBcu, Contribuţie, p . 78. ) G. Childe, East Kuropean relations of Dimini
-) Ihidv.m, p . 78 ct n o t c 199; voir aussi pl. I I . culture, p . 255.
3
) Trudy, X I I I , I, pl. I , n o . 7. ' ) S t e r n , Trudy, X I I I , 1, p . 6 5 .
4 7
) I. Andrieşescu, Conlribuţie, p . 90. ) G. Childe, Op. cit., p . 255.

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VLADIMIK DUMITKKSCU

peinte dc Druguşeni i/tii est monochrome, puisque sur un ineme fragment l'ornement, meme
complique, est rSalise â l'aide d'une seule couleur. Un seul fragment, trouve dans la tranchee D,
ă une profondeur de 85 cin environ, fait exception ă cette regle ge'nerale. 11 s'agit d'un frag-
ment polychrome qui, non seulement par la technique de la decoration, mais aussi par le
motif, differe totalement du reste de la ceramique trouvee dans cette station. Le fond en est
peint en beige (fig. 15, no. 1) et l'ornement en larges bandes rouges, bordees d'un mince trait
violet, forme de fragments de ineandres. En ce (|iii concerne le motif orncmental, ce fragment
ressemble surtout â beaucoup de vases d'Ariusd ') et â quelques fragments de Bonţeşti 2 ) ;
quant â la technique de l'ornement (colore — borde d'un trait de c<raleur plus foncee — et
applique sur un fond clair) ce tesson est identique aux vases de la couche A, de Cucuteni 3 ) et
dc Tripolje J ) , de meme qu'â ceux d'Ariuşd 5 ) , de Ruginoasa 6 ) , de Bonţeşti 7 ), e t c , des
stations qui apparticnncnt toutes â la meme epoque que la couche A de Cucuteni.
A cote de ce fragment, un autre (fig. 9, no. 1) presente en dehors de l'ornement peint en
brun, quelques points blancs, exactement comme tel vase d'Ariuşd 8 ) ; mais, â l'exception de
ces points, il ne differe en ricn des autres fragments peints de Drăguşcni. De toute facon, la
presence â Drăguşeni du tesson trichrome, mentionne' ci-dessus, est un fait tres curieux.
S'il s'agissait seulement de la polychromie, le fait en soi n'aurait rien d'extraordinaire,
attendu que, meme dans les cadres de la ceramique peinte du style B — ă Iaquelle se rattache
la ceramique de Drăguşeni — on rencontre des vases â ornements polychromes °). Mais les
vases â ornements polychromes, dans le genre du vase dont il est question ă present, ne se rencon-
trent guere — nous l'avons dejâ remarque ci-dessus — quc dans les cadres de la ccramique
peinte du style A, et n o t a m m e n t â Ariuşd. Ce qu'il y a donc d'exceptionnel c'est le fait que
le fragment dont il s'agit ait ete trouve, â Drăguşeni, dans les fouilles regulieres faites sur
le plateau, parmi les fragments du style B, et dans une station ou — comme l'indiquent
les fouilles assez profondes — il n'y a pas eu, au meme endroit, une civilisation A, ant^rieure ă
la civilisation B. II s'ensuit donc que ce fragment ne peut pas s'y trouver par hasard, â la suite
d'un remuement accidentel des couches differentes de civilisation. II n ' y a donc qu'une seule
explication possible et vraisemblable: la persistance fortuite de certains elăments du style
A, dans une couche de civilisation et dans une station qui appartiennent certaincmcnt
au style B.
La couleur des ornements peints varie a Drăguşeni du brun (le plus souvent) au brun-
rouge (assez rarement), â l'amaranthe (rarement aussi), au violet pur (parfois) et au rouge (tres
rarement) l 0 ) . II s'agit donc de diverses combinaisons de ces trois couleurs: brun, violet
et rouge. Cependant, comme on l'a dejâ remarque ci-dessus, on ne rencontre, sur un
meme vase, que des ornements d'une seule couleur. Encore un «l« i.ul sur la technique
des motifs d'ornementation, a v a n t de passer aux ornements-memes: les bandes peintes,
en une seule couleur, n'apparaissent que tres rarement â Drăguşeni (de meme qu'ailleurs,
dans la ceramique peinte du style B); et alors elles garnissent le rebord des vases en forme de

J 7
) Dacia, I, p . 7, p l . I I , n o . 1 4 ; p . 10, pl. III. nos. 6 ) Ibidem, I I I — I V , loc. cit.
s
et 8 ; e t c , e t c . ) Dolgotatok, 1911, p . 222, fifţ. 58.
2 9
) Dacia, I I I — I V , le» p l a n c h e s en couleurs. ) A P e t r e n i , p a r e x e m p l e : Trudy, X I I I , I, p. 65,
3
) Ztschr. f. Ethnol., 1911, p. 585. et pl. V I I I , n o s . 1 e t 2 ; I X , nos. 2 et 9, et X , no. 3.
4 10
) Trudy, X I , pl. X X V I I I , n o . 2, etc. ) II f a u t n o t e r q u ' o n n ' a p a s t r o u v e , â D r ă g u s e n i ,
s
) E x . Dolgozatok, 1911, p . 206, fig. 36, e t c . un seul tesson p e i n t en noir.
•) Dacia, I I I — I V . les p l a n c h e s en couleurs.

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UNE NOUVELLE STATION A CERAMI^UE PEINTE 1)1 STYLE CUCUTENI B.

deux cones tronques (fig. 8, no. 2, etc.), ou bien elles font ressortir la partie la plus
renflee du vase, etant placees, soit aussitot au-dessus, soit au-dessous du plus grand diametre
du vase. Remarquons en passant l'identite, â ce point de vue, de la ceramique de Drăguşeni
avec beaucoup d'exemplaires simi-
laires de Petrcni ' ) , de Koszylowm 2 ),
de Kostowce :i ), et des autres stations
ă ceramique peintc du style B du
Sud-Est de l'Europe. Mais l'element
caracteristique du decor des vases de
Drăguşeni, c'est la ligne: e'est elle qui
constitue la base de tous les orne-
ments.
Ces ornements — lin6aires donc,
pour la plupart — sont constitues
BUTtOUt p a r : la bande formee de quel-
ques lignes paralleles, â direction ho-
rizontale ou verticalc, parfois meme
oblique ; les chevrons (il n'y a jamais
de vrais meandres); et le motif en
spirale, mais surtout les derives de cc
motif. Cependant, comme le plus
souvent le systeme de l'ornemen-
tation et j u s q u ' a u x divcrs motifs spe-
ciaux sont en rapports etroits avec
telle ou telle forme de vase, nous
sornmes obliges de les examiner nous-
aussi ă ce point de vue. T o u t d'abord,
une observation d'ordre general.
II va sans dire qu'en regle gene-
rale la peinture cst appliquee sur la
surface exterieure du vase et seule-
ment dans des cas rares — pour Ies
vases du type y (fig. 16) et pour quel-
ques vases du typc /?, aux parois eva- Fig. 16.
sees et â l'orifice tres large — elle est
appliquee â l'interieur du vase 4 ). Pour ces derniers exemplaires, naturellement, elle recouvre

») Stern, Trudy, X I I I , 1, pl. V I , no. 8. ecuelles peintes â l'interieur sont aussi tres nom-
•) Reallexikon d. Vorgeschichte, V I I , pl. 26 o, etc. Tîreuses dans les stations datant de l'epoque du
:l
) (>. Childe, The East European relations, p. 261, cuivre danubienne-balkanique (selon l'expression de
fig. 6. G. Childe, The dtiwn of european civilization, 1927, pp.
4
) C'est ce qu'on ohwerve aussi dans les autres 164 et suiv.). Citons Gumelniţa (Dacia, I I , p. 74),
stations â cerarnicjue peinte, pour les ecuelles-coupes Cernavodă (Prăhist. Zlschr., X V , fig. 12), Kodjadermen
largement ouvertes: v. Petreni (Trudy, XIII, 1, (Izvestia Muzei, Sophia, 1 9 1 6 — 1 8 , p. 132), la vallee
pl. X I I , no. 10, e t c ) : Kostowce (G. Childe, East de Tonsus (Rev. Arch., 1902, 2, p. 348, fig. 17 a
European relations, pl. X I I , « ) ; Thessalie (Tsountas, et b), Tell Metchkur (Bull. Corr, Hell., 1906, p. 402,
Dimini kai Sesklo, pl. 9), etc. — Cependant, les fig. 37), et'c, etc.

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VLADIMIK DUMITRKSCU

p r c s q u e t o u t e la s u r f a c e i n t e r i e u r e d u v a s e . P o u r t o u s les a u t r o s v a s e s , j>ar e o n s e q u e n t jxmr


L'6norme m a j o r i t e des e x e m p l a i r e s t r o u v e s , la p o i n t u r e - o r n e m e n t est a j q d i q u e o s u r la s u r f a c e
e x t e r i e u r e . T o u t e f o i s , a D r ă g u ş c n i — c t p a r t o u t a i l l e u r s d a n s la e i v i l i s a t i o n B — c e t t e s u r f a c e
. . n'cst jamais entierement recouvcrte
| d'ornements, ceux-ci e t a n t d'habitude
disj)osos s u r la jxirtie siijx'rieure d u v a s e ,
j>our r e s s o r t i r d a v a n t a g e . Nous allons
nous expliquer tout-â-1'heure, j>ar dos
e x e m j i l e s , lors<jii<- n o u s jtassorons en re-
v u e les d i v e r s o r n c m c n t s e t la m a n i e r c
d o n t ils sont disjioses s u r chaqiK' f o r m e
de vase.
P o u r lcs v a s c s d u t y p e a , l'orne-
Fig. 17. montatioii jtlacee oxclusivoment â
l'exterieur— est limitee presque toujours
â la p a r t i e s u j x ' r i c u r e , c ' e s t - a - d i r e , d ' u n c f a c o n g e n e r a l e , a u r e b o r d d u v a s e . Cc n ' e s t q u e t r e s
rarement qu'elle dcscend au-dessous de cette limite, sans j a m a i s a t t e i n d r e le f o n d d u v a s e ,
ce q u i e s t d ' a i l l e u r s t r o s oxj)licable e t p a r f a i t e m e n t l o g i q u e , p u i s q u e le r e s t e d u v a s e , â p a r t i r
du milieu, n ' e t a i t visible q u e lors-
qu'on iclcvait le v a s e . Lc j>lus
s o u v e n t u n e lisiere — u n c bande
horizontale, j)einte, — separe la
j)artie s u j x ' r i e u r e d e s v a s c s j>eints,
d u tyjie a , d c la j>arti<r i n f e r i e u r e ,
s a n s j x ' i n t u r c ou do<M)roo t o u t a u
jilus <1<> <|u<'l<jucs traits horizon-
taux, j»arallclcs e t assez minces
(fig. 17 e t fig. 18, n o s . 1 et 2 ) . A u -
d e s s u s d e c e t t e b a n d e o u d c ces
traits, l'ornement j)eint s'etend,
p l u s ou rnoins deveIoj>pe, s u r t o u t
r<'sj)a<"<' l i b r e j u s q u ' i i r c m b o u c h u r e
du vase.
Sur certains fragments, l'or-
n c m e n t e s t r e d u i t â u n c serie d c
t r a i t s v c r t i c a u x ot j)arallolcs, p a r m i
l e s q u e l s s ' i n t e r c a l e n t câ et lâ d e u x
traits p l u s cjiais. M a i s e e t ornc-
m e n t si s i m j d e n ' a j ) j ) a r a î t q u c t r e s
r a r e m c n t . U n a u t r e f r a g m e n t (fig.
Fig. 1H. 1 5 , n o . 2) e t a i t o r n e d e groupes
de traits verticaux et j)aralleles,
bordes par deux traits plus e p a i s ; â partir d'un d e ces t r a i t s , u n faisceau de t r a i t s pa-
rallcles, bordc lui-aussi de t r a i t s plus epais, se d i r i g e a i t o b l i q u e m e n t dc droite â gauche.
D ' a u t r e s f r a g m e n t s assez p a u v r e m e n t decores (fig. 11 et fig. 14, n o . 10) devaient presenter

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UNE NOUVELLE STATION A CERAMIQUE PEINTE DU STYLE CUCUTENI B.

seulement quelques groupes de traits obliques paralleles, de droite â gauche, tout au


plus ' ) . Un dernier fragment, enfin, appartenant â un vase similaire, presente un orne-
ment constitue par deux bandes formees de traits paralleles un peu arques â droite: chaque
bande cst bordee d'un trait plus epais et separee des autres par un espace libre, sans peinture.
Cet orncmcnt, forme par dcs groupes de traits minces, paralleles, encadres par d'autres traits plus
epais, se retrouve a Drâguşeni sur des vases de formes egalement differentes, ainsi qu'on le
verra plus loin; il cst d'ailleurs tres commun â la ceramique peinte de l'Europe orientale
(surtout du style B). Citons, entre autres, Cucuteni 2 ), Petreni 3 ) Koszylowce 4 ) Bilcze 5 ) , mais
aussi la Thessalie "). D'ailleurs nous allons retrouver cette bande — formee de plusieurs traits
paralleles — dans d'autres combinaisons d'ornements, sur le meme type de vases.
De ces mclanges et alternances des groupes de traits verticaux ct paralleles avec les groupes
de traits parallelcs, obliques, on obtient un ornement qui devait recouvrir la surface superieure
tout entiere dc beaueoup de vases. Voici par exemple le vase (dont on ne conserve que la
moitie) rcpresente par la fig. 17. Selon toutes les probabilites il a du etre orne de trois bandes
de traits verticaux et de trois autres de traits obliques. Cepcndant, comme ces bandes man-
quent de continuit6, l'espace menage entre ellcs a ete, lui aussi, recouvert d'un ornement, cette
fois-ci plua complique et non pas lincairerde chaque cote du groupe de traits obliques, il y a un
petit segment de ccrcle et u n ornement en forme dc triangle curviligne, aux cotes concaves.
Ce genrc de dccor esl extrememcnl commun, pour les vases <lu type '/. <laiis les Btations <lw
style Cucutcni B. Nul doute qu'il existe â Cucuteni aussi des exemplaires pareils â celui dont
il est question â Drăguşeni; mais comme on n'a pas encore publie les resultats detailles des
fouillcs entreprises par M. Hubert Schmidt en 1909—1910 â Cucutcni, il nous est impossible
d'etablir avec precision lcs analogies que presentent ces deux stations. Nous pouvons en
echange citer un vase de Petreni 7 ), dont l'ornemcntation est presqu'identique ă celle de notre
vase de Drăguşeni. Beaucoup d'autrcs fragments 8 ) presentent d'ailleurs d'autres ornements
semblables, qui sont naturellement, ou bien plus simples, ou plus compliques.
Non seulcmcnt les boucles peintes, mais aussi les boucles non peintes, disposees entre
les ornements peints, sont assez frequentcs â Drăguşeni, comme d'ailleurs dans toute la region
a ceramique peinte du style B (v. pour Drăguşeni, fig. 10, no. 2, e t c , pour la meme forme
de vases). Les groupes de traits obliques apparaissent aussi dans d'autres combinaisons d'or-
ncmcnts, sur le meme typc de vases; nous n'insisterons cependant pas lâ-dessus.
Par contre, nous allons insister davantage sur l'autre ornement, qu'on retrouve egalement
sur bon nombre de vases du type a (fig. 9, no. 2 ; fig. 17) et qui est dispose de differentes ma-
nicres. Sur la plupart des fragmcnts (v. surtout fig. 9, no. 2) il apparaît en forme de triangle
curvilignc, aux cot6s arques vers l'interieur; parfois deux de ces triangles, rcunis par les
pointes, renferment entre eux un espace en forme d'ellipse (fig. 17). Cet ornement trian-
gulaire, curviligne, n'est pas, â inon avis, un ornement independant par soi-meme, mais bien
un ornement servant â mieux faire ressortir les ornements a m b i a n t s : les cercles, lcs boucles et

') Ce« hypotheweH sont faites, naturellement, d'a- no. 1, et pl. X, no. 2.
4
j>res le» indicationH, j)lus ou moins certaines, qu'on ) Reallexikon d. Vorg., VII, pL 25 a.
peut tirer de ees fragtnents —- qui j>ouvaient d'ail- '•>) Ibidem, I, pl. 6 o.
lcur» aj)j)artenir â dcs vases plus richement decores. «) Wace and Thompson, Op. cit., p. 173, fig. 117—
2
) Ex. V. Pârvan, Inci>j>uturile vieţii romane la gurile 118, etc.
Dunării, p. 57, fig. 35. ') Trudy, X I I I , 1, pl. X I I I , no. 5.
3 8
) Voir entre autre» surtout Trudy, XIII, 1, pl. VII, ) Ibidem, pl. VIII, no. 1; pl. X, no. 5. etc.

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VLADIMIH DUMITRESCU

les traits obliques. L'artisan, ne pouvant pas laisser libre toute la zonc sejiarant ees ornement»,
n'en a laisse qu'une bande etroite, tandis que le reste a ete peint, de sorte qu'il en resulte les
triangles curvilignes aux cotes arqu6s vers l'interieur. Sous cet aspect l'ornement est asscz
connu dans la ceramique peintc du style B; on le rencontre tres souvent, surtout a P e t r e n i ' ) ,
et notamment aux vases pareils â ceux du type «, de Drăguşeni. On le releve cependant aussi
sur quelques fragments du type f, â Drăguşeni, aussi bien que sur beaucoup de grandes
amphores îi goulot — du mâme type par conscquenl —, â Petreni 2 ), aussi bien qu'en Galicie :J ).
La place qu'il occupe sur ces grands vases indique justement qu'il s'agit bien d'un ornement
sans importance et sans valeur intrinseque. En effet — comme il appert clairement des
exemj)les c i t e s — il ne remplit pour ces vases qu'un rolc tout ă fait secondaire: il est in-
troduit dans le decor rien (jue pour separer (ou joindre) certains ornements, formes a Petreni
juir des bandes de traits jiaralIMes, en Galicie surtout j>ar de simj)les traits. II n'est j>as, par
consequent, un ornement important, isole, mais un ornement qui sert de trait d'union entre
les autres. Nous avons insiste a u t a n t sur cette demonstration, â notre avis assez fondee, pour
arriver a une autre, a savoir: ce n'est pas cet ornement triangulairc aux cotes arqu6s vers
l'interieur qui est derive et obtenu par « t h e transformation of such naluralislic motives
into geometrical figures — the jumping dog, for instance — into a irregular triangle », comme
l'affirme M. Gordon Childe 4 ), mais au contraire c'est le «jumping dog » qui est derive du
triangle irregulier. Cet animal stylise n'apparaît jamais intercale â l'int6rieur d'une bande
â ornements communs geometriques ; il se retrouve presque toujours dans un espace libre, sans
doute parmi les autres ornements des vases respectifs, mais sans aucun rapport avec eux. Au
contraire, le triangle irregulier, curviligne, est toujours — comme on l'a dejâ fait r e m a r q u e r —
â cote de et en rapports tres etroits avec les autres ornements geometriques du vase. II nous
semble donc que cet element gcometriquc, utilise d'abord tel quel dans la {>cinture, a 6t6
transforme ensuite par les artisans en un ornement zoomorpho stylise et non pas vicC'Versa 5 ) .
Pour en finir, il faut se demander aussi si le fait que l'ornement zoomorphe de ce genre (et,
en general, de toute espece) est de beaucouj) plus rare que l'ornement geometrique correspon-
dant, ne constitue un argument en faveur de notre t h c s e ; a Drăguşeni il n'y a pas un
seul ornement anthropomorj)he ou zoomorphe.
Un autre ornement imj>ortant, trouve sur les vases du type a, le dernier de ce genre
sur lequel nous allons insister — j)uisqu'il nous semble inutile de j)asser en revuc les autres
motifs, d'une importance tres reduite — est forme de cerclcs et de traits combines. Les cerclcs
sont parfois dcssines â l'aide de bandes assez larges (fig. 18, no. 1); ils sont d'ailleurs un peu
aplatis (elliptiques); d'autres fois, au contraire, ils sont indiques rien que par un trait asse/
epais (fig. 18, no. 2). L'interieur de ces cercles n'est jamais comjdetement vide: parfois une
serie de traits paralleles et obliques traversent le cercle de droite â gauche (fig. 15, no. II ;

J
) Trudy, X I I I , 1, pl. X , n o . 4 ; X I I , n o . 5; etc. representant dcs figures huinaincs, duns le ca-
2
) Ibidem, pl. V I I , n o . I, et d'autrea Bemblables. dre de cctte ccrumiipae, rcposcnt exclusivcment
■') H o e r n e s , Die neolithische Keramik, fig. 251—254. sur des e l e m c n t s g c o m c t r i q u e s non dcformcs, ce (jui
4
) East European relations, p p . 259—260. v e u t c e r t a i n e m e n t dire q u e l ' o r i i e m e n t a t i o n anthro-
5
) L ' e n d r o i t n ' e s t p a s i n d i q u e p o u r u n e discussion p o m o r p h c (et n a t u r c l l e m e n t l ' o r n e m e n t a t i o n zoomor-
detaillee sur l'ornement representant des honimes p h c aussi), d a n s la c e r a m i q u e p e i n t e e s t - c u r o p e c n n e a
ou des animaux, dans la ceramique peinte de ete rdalisec ă l'uidc des c l c m c n t s g c o m c t r i q u e s sur-
l'Europe o r i e n t a l e . C e p e n d a n t il n o u s s e m b l e qu'on tout, et que ce n'est pas roriiciiicntution geome-
p e u t i n v o q u e r aussi, â l ' a p p u i de l ' e x p l i c a t i o n que triquc qui est une stylisation dc rorncmcntation
nous avons proposee, Ie fait q u e les r a r e s p e i n t u r e s naturaliste.

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UNE NOUVELLE STATION A CERAMigilE P E I N T E l)U S T Y L E C U C U T E N I B.

fig. 18, no. 2 ) : aillcurs c'est une croix cn X , formee soit par deux groupes de trois lignes qui
s'entre-croisent (fig. 15, no. 4 et fig 18, no. 2), soit par plusieurs lignes pareilles — ce qui
arrive surtout lorsque cet ornement se trouve sur des vases de forme differente, du type e par
exemple. Sur certains de ces ornements en forme de cercles remplis de traits, â l'interieur, il
y a des deux cotes de ces traits un petit cercle ou un segment de cercle, peint au meme ton
que le reste de l'ornement (fig. 18, no. 2). L'ornement en forme de cercles â traits obliques ou de
croix en X , â l'inteneur, est assez frequent dans la ceramique peinte du style B, de l'Europe
orientale, et il n'apparaît jamais dans la ceramique peinte du style A, que je sache. Tres
commun â C u c u t e n i a ) , â Petreni '-) et â Şipeniţ 3 ), il existe aussi â Koszylowce 4 ), mais on ne
l'a pas retrouve â Tripolje. E n Thessalie l'ornement en X est assez frequent 5 ) , bien qu'on
ne le rencontre jamais â l'int6rieur d'un cercle 6 ) .
Toujours â l'interieur d'un secteur de cercle, laisse du fond du vase (negatif), on observe
parfois au centre un noyau arrondi 7 ) , realise en couleur. Quelquefois les cercles portant un
X â l'interieur sont accompagnes et bordes, â droite aussi bien qu'â gauche, par quelques lignes
courbes (fig. 18, no. 2), a cote desquelles il y a un triangle irregulier.
Inutile d'insister sur l'ornementation des vases du type/?, parceque les fragments conserv6s
en sont tres rares et insignifiants. Ce qui est certain c'est qu'ils etaient toujours peints â l'in-
terieur; et, comme il appert des fragments conserves, le decor peint consistait de rangees
de petits traits, de fragments de cercle (les boucles), disposes sur le rebord des vases, et d'or-
nements varitfs, du meme genre.
Comme il n ' y a q u ' u n seul vase du type y, celui-lâ meme etant incomplet et reconstitue
de plus de trente pieces (fig. 16), nous nous bornerons â la description sommaire de l'or-
nement peint â I'interieur de ce vase. Le fond en est recouvert de traits obliques entrecoupes
en angle droit et formant des losanges de dimensions inegales 8 ) . Les parois comprises entre
le fond et le rebord du vase sont recouvertes, en partie, de bandes formees de 4—5 traits,
recourbes pour former des fragments de spirale (puisque la vraie spirale n'est jamais comple-
tement dessinee). Les traits qui forment la bordure de ces bandes ne sont jamais plus epais
que les traits qui se trouvent â l'interieur. Le rebord du vase, legerement retrousse, est orne,
lui-aussi, et toujours â l'interieur, de trois lignes circulaires concentriques.

' ) Les traits oblique» apparaisHent sur quelqueH retrouve meme independant d u cercle (v. Jahrb. d.
vases incdits du Musee d'Antiquites de Bucarest; k. k. Z.-Kom. N . F . , I, 1903, col. 104, fig. 100).
la croix cn X , e g a l e m e n t ; v. aussi V. P â r v a n , Op. cit., .') N o u s a v o n s vu plus h a u t (v. fig. 18, n o . 2)
p . 57, fig. 35, et C. Schuchhardt, Alteuropa, pl. que Ies cercles pareils, petits, remplis de couleur,
X X I X , n o . 10. entiers ou f r a g m e n t e s , s o n t assez c o m m u n s . A D r ă -
2
) S t e r n , Trudy, X I I I , 1, pl. I, n o . 12 a; pl. VII, guşeni on les r e n c o n t r e m e m e s u r des vases d ' u n e a u t r e
no. 1 ; pl. X , n o s . 1, 5, 7, 9, e t c . ; la croix en X , aussi forme et en diverses c o m b i n a i s o n s . C'est u n e l e m e n t
hien q u e les t r a i t s o b l i q u e s , o n t la m e m e direction. assez f r e q u e n t aussi d a n s la c e r a m i q u e p e i n t e d e l ' E u -
3
) Jahrbuch d. k. k. Z.-Kom. N . F . , I I , 1904, col. rope o r i e n t a l e : v. C u c u t e n i (V. P â r v a n , Op.cit., loc. cit.),
4 3 _ 4 4 , f i g . 4 0 , 52, e t c . Petreni (V. S t e r n , Trudy, XIII, 1, pL V I , n o . 8 ;
«) G. W i l k e , Op. cit., p . 44, fig. 5 3 — 5 4 . pl. IX, no. 3, etc), Cristeşti, e t c A Tripolje ces
'') W a c e a n d T h o m p s o n , Op. cit., p . 1 8 1 , fig. 1 2 5 ; cercles e n t r e n t d a n s la c o m p o s i t i o n d ' a u t r e s dessins,
T s o u n t a s , Op. cit., pl. X X I V , n o . 8. m a i s en realite ils y sont isoles ( v . Trudy, XI, pl.
*) E g a l e m e n t i n d c p e n d a n t du cercle, cet o r n e m e n t X X I I I , n o s . 2, 6, e t c ) .
8
se r e t r o u v e assez s o u v e n t sur la c e r a m i q u e peinte ) L'ornement en losanges irreguliers, realise par
e n e o l i t h i q u e de l ' I t a l i e (Iiul. di Paletnologia Italiana, l'entre-croisement des lignes d r o i t e s , est connu en
X I X , p l . V, n o s . 30, 39, 48, 58, e t c ) . Inutile d'in- Thessalie aussi: Wace and Thompson, Op. cit., p.
sister BUT le fait q u e , â Ş i p e n i ţ aussi, cet o r n e m e n t se 154—155, fig. 97, a, i, etc

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VI.ADIMIH DIIMITHI.SCi;

Pour les vases du tvpe <), l'ornementation apparaîl toujours â la surfacc extcrieure. Ce-
|>cndant, certains cxcinplaircs dc cc tvpe, dont lc rebord cst d'ordinairc 1111 peu rctroussc, prc-
senteiit â l'interieur, imnicdiatement au-dessous du rcbord. unc bandc hnrizontalc |)einte.
Kn soinme, l'ornementation extcrieure se reduit au sysleine suivant : iinmcdiatcment au-dessous
du rebord il y a une bande horizontale circulairc, dont la largeur varie de I â 2 cen-
tiinclres (fig. 15, nos. 6 et °). I)e cette bande et de dcux j>oints opposcs') partcnt deux
series de 3, 5, ou b traits paralleles ct vcrticaux, qui divisent ainsi le vase cn deux moitics
cgales. Parfois ces traits sont assez cpais (fig. 15. no. 6 ) ; d'autres fois, au contraire, ils sont
trcs ininccs. Ccs traits s'arretent au-dcssous dc la bandc circulairc, borizontalc, qui souligne
la partie Ia plus renflee du vase. Au-dessous de cctte bande, jusqu'au fond du vase, il n'y a,
cn regle gcncralc, aucun o r n c m e n t ; de sorte que le decor peint des vases du type d est limitc
d'habitude a la partie supcrieure du vase. Ce n'est que trcs rarcinent qu'on remarque, au-
dessous de la bande cn question, ct parallelement â cclle-ci, une ou deux lignes horizon-
tales. D'ailleurs ce genre d'orncmentation, liinitcc â la partic- sujx'rieure du vase, en usage pour
es vases du type d, cst frcquent dans la cerainique peinte, du stylc B, de I'Kurope orientale,
de sorte qu'il est inutile de fournir dcs donnees jilus dctaillccs. D'une facon gcnerale aussi,
au-dessous de la bande peinte sur le rebord, il y a toute une serie de traits j)arallcles ct hori-
zontaux. trcs minccs, j)rcs(juc toujours intcrromjuis â l'cnt rc-croiscmcnt dcs dcux groujx's dc
traits verticaux, mais aussi, parfois, Ics depassaut jtoursc conlinucrde l'aulre cote. Cette ineme
scrie de traits horizontaux (form6e cependant par un nombre plus rcduit de traits) se retrouve
quehjuefois immcdiatement au-dessus de la bandc placee sur la jiartie la jdus rcnflce du vase.
Pour la pluj)art des vases, l'esjîace com])ris entre ces deux series de traits horizontaux est de-
pourvu d'ornements. On releve cependant, sur eertains tessons, dcs groujies de trails obli(|iics,
phenomene dejâ rencontre ailleurs, sur le meme type de vases a ) . 11 y a un seul fragmcni
(fig. 8, no. 1), sur lequel une ligne se recourbc en spirale siniple, rcjictcc j>Iusicurs fois (d<tnl
les extremites sont en realite des boutons dc coulcur, conime ceux dcja rencoiilrcs s u r d ' a u t r c s
tessons (v. par ex. fig. 8, no. 3), placee au-dessus des Irois traits horizontaux. (jui se trou-
vent â leur tour au-dessus de la bande inferieure. Cet ornement rappelle certains ornements
j)lus compliques de Petreni 3 ) , executes p o u r t a n t d'une autre inanicrc. Aillcurs, jiar eontre,
au-dessus et au-dessous de la serie inferieure dc traits jiaralleles, il y a dcs ornements en
boucles pareilles â celles des vases du type fx, sans etre toulcfois combines avec d'autres
elements encore (v. fig. 8, no. 2). Ces boucles qu'on trouve sur les vases du tyj)e <) ont
ete souvent remarquees sur des vases du meme type de Petreni 4 ) et d'aillcurs.
Tous les vases du tyjie d sont recouverts d'une jicinture unie, brune surtout. Seul l'exem-
plaire reproduit au no. 1, fig. 9, presente, en dehors de cette couleur unie, une orncmentation
differente, obtenue â l'aide des files de points blancs, horizontales ct verticales 5 ) .
Les fragments de vases du tvpe e sont de beaucoup moins nombreux, de sorte que lcs orne-
ments dont ils sont dccores sont en nombre reduit aussi; nous allons les passer vite en revue:
Lc goulot dc certains vases etait orne de quelques trails horizonlaiix et parrallcles (fig. 10,

' ) 11 n ' y a â D r ă g u ş c n i p a s u n seul vasc i n t a c t , de cc ■'') V. s u r t o u t Trudy, X I I I , 1. pl. V I , n o . 8.


4
t y p e , p o u r q u ' o n puisse c o n s t a t e r ccla de visu. On ar- ) Ibidem, X I I I . 1, pl. V I I , n o . 7.
5
rive c e p e n d a n t â c e t t e conclusion p a r r e x a m e n des c x c m - ) Mcmc chosc sur un f r n g m c n t d ' A r i u ş d ; v. ci-dessus.
plaires dc ce t y p e , des a u t r e s s t a t i o n s similaires. j). 132, n o t c no. 1.
2
) P a r e x . K o s z y l o w c e , Reallexihon d. Vorgeschichte,
V I I . pl. X X V I , «.

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UNE NOUVELLE STATIOIN Â CERAMIQUE PEINTE DL STYLE CUCUTENI B.

no. 1). Le corps du vasc n'etait orne, en regle generale, que sur les deux tiers superieurs. L'or-
nement prefcre etait une bandc formce de plusicurs lignes paralleles, dont deux, aux extremites,
plus 6paisses (fig. 11), comme on cn voit ailleurs a u s s i 1 ) ; pui s des bandes soit vraiment spira-
liques, soit a tendances spiraliques seulement. Pourtant il existe meme des bandes faites
de ligncs en zigzag (fig. 2 1 , no. 1) ou de ligncs ondulees (fig. 10, no. 1); ces bandes se trouvent,
dans les dcux cas, immediatement au-dessous du goulot du vase. D'autres fois on recueille
des tessons peints, ornes non seulement dc largcs bandes, mais aussi de traits paralIMes,
courbes surtout, tendant par consequeiit â la spirale (fig. 13); de meme que des tessons sur
lesqucls ces bandcs rcnfcrment entre cllcs rornement en cercle, barre d'un X â l'interieur (fig.
12, no. 2), ou bien ellcs formcnt d'autres ornements (comme par exemple la fig. 9, no. 3), tres
rapproehcs des orncments similaires trouvcs aillcurs "). L'ornement angulaire — fait de plusieurs
chevrons parallclcs, dont lcs cotes sont t a n t o t dcs traits assez minces, t a n t o t des traits
plus cpais — apparaît aussi sur un certain nombre de tessons (fig. 2 1 , no. 1).
Les vases du type //, trouves â Drăguşcni, sont trop fragmcntes et trop rares, pour qu'on
puissc cn connaître avec certitude Ie systeme decoratif. Pourtant il est assez probable, comme
semblent l'indiquer certains fragmcnts, qu'ils etaient ornes de la meme maniere que les vases
du type «5, auxquels ils sont d'ailleurs assez rapprochcs,
quant â la forme.
Les rares vases du type 'Q (vases en miniature) et l'unique
vase du type ft (vase zoomorphe) ne prcsentent aucun or-
nement.
Cependant, avant de terminer avec l'ornementation, il
faut rapj)Mer quelques ornements, trouves sur dcs fragments
trop petits et trop informes pour qu'on puisse identifier la
forme du vase auquel ils a p p a r t e n a i e n t ; c'est pourquoi on
ne les a pas encore examines.
Un tcsson (fig. 15, no. 8) conserve encore un ornement en spirale, formee d'un trait de
COuleur inintcrromj)u, epais, cnroule en spirale parfaite; ce qui prouve — comme l'a dejâ
dcmontre M. I. Andrieşescu :<) — l'erreur de M. Wilke, pour lequel la ceramique peinte etait
cn oj)position avec la ccramique spiralo-meandrique 4 ), et par consequent tout â fait differente.
lln autre tesson (fig. 15, no. 13) presente des deux cotes d'une bande enroulee, bordee de deux
traits epais de couleur, des ornements en losanges, formes de traits obliques qui se coupent ?).
Sur un autre tesson il y a toute une serie de chevrons, la plupart faits de minces traits de couleur,
quelques uns cependant faits de traits assez epais qui devaient etre disposes verticalement
sur le corps du vase.
Enfin, le dcrnier tesson dont il sera question presente un ornement plus complique: au
centnî (fig. 18 fais) un X fait de traits epais de couleur; dans chacun des quatre angles de
cet orncmcnt il y a le sornmet d'un autrc angle concentrique; les cotes de ces angles se prolon-
gcnt dans toutes fa^s (juatre directions, cn realisant ainsi un ornement tout â fait ressemblant
â un autre, de Tsangli 6 ), en Thessalie.

') Trudy, X I I I , I, pl. I- XII. de Drăguşeni, avec ceux de Thessalie, nous avons
-) Ibidem. insiste plus haut lors de la description du vase du
'■') Contribuţie, p. 74. type y (v. p. 137).
4 6
) Op. cil, loc. cit. ) Wace and Thompson, Op. cit., p. 96, fig. 48, b.
4
) Sur la rcssemblance de l'ornernent en losanges,

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VLADIMIIt DUMITKKSCli

LA P L A S T I Q U E .

II n'y a presque pas d e s t a t i o n âneolithique, dans le Sud-Est de l'Europe, oîi, â cote de la


ceramique et des autres vestiges (\c, la vic quotidienne, on n'ait pas trouvc des oeuvres plasti-
(jucs, des figurincs rejm'sentanl dcs hommcs ou des animaux, «jui doivent etre rattachees non
j»as a u l a n t aux idees artistiqucs, mais plutot aux superstitions ct aux croyances religieuses l).
La station de Drăguşeni, malgrc sa pauvrete, ne fait pas exccj)tion â la regle generalc. Si
I'on tient compte de l'exiguite de la surfacc fouillee, le nombre des idoles trouvces dans
ectte station cst assez important, ainsi qu'on le verra tout-â-1'heurc.

I. — LA P L A S T 1 Q U E H U M A I N E

î*
cst representee par une cinquantaine de
figurines — dont deux seulement pres-
qu'cnticres et les autres j>lus ou inoins
fragment<;cs—fabriquees toutes en argile
assez bien petrie, mais pas toujourscuite.
INous en avons rcproduit, sur les j>hotos
rcspcctives, 43 exemjdaires («juehjues
fragmcnts informes en ont Ht', omis),
bien «jue jiarmi ceux-ci un bon nombre
ne soient que des fragments tres dete-
rior6s (v. fig. 19 a, 19 b et fig. 22 «, 22 b).
Or, si l'on tient compte du fait «jue, â
Cucuteni, dans la couche B, M. l l u b e r t
Schmidt n'a trouvc pendant les fouilles
qu'il y a entrepris«>s que 41 figurines
reprcsentant des hommes ou des ani-
'10 maux 2 ) , dans des fouilles beaucouj) plus
etendues que celles de Drăguşeni, on
concoit l'importance du grand nombr«"
des fragments plastiqucs, trouvcs dans

I 1
cette derniere station. Toutefois, nous ne
donncrons pas la dcscription de tous ces
fragments plastiques de Drăgu.şeni, par-
ceque, en dehors du fait qu'ils ne sont
16
15 18 «jue des fragments, la jdujiart sont seulc-
Fig. 19 mcnt lcs variantes d'un meme type.
Nous nous bornerons â la description
des fragments mieux conserves et â l'indication, en traits gen«^raux, des types.
a) Les figurines feminines eonstituent, comme d'habitude, renorme majoritc de la plastiquc
humainc.

') I. Andrieşescu, Contribuţic, p. 97. dans la ineme note M. Andrieşescu declarc q u e : « par
'-) Ibidem, p. 98, note 3. D'autre part il ne semble le nombrc des fragmpnts plasti(iues trouvds, la station
pas que le chiffre 41, donnc pour Cucuteni Ji, de Cucuteni est placee aux premiers rangs des stations
indique seulcment des figurines entieres, puigque iHÎolithiqueH ».

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tJNE NOUVKLLK STATION A CKRAMIQUK I'KINTK DIJ STYLK CUCUTKNI B.

1. Une figurine feminine presqu'entiere (fig. 19 a et 6, no. 2 ; fig. 20) legerement ebrechee
â la partie inf6rieure. La tete en est presque r o n d e ; sur le visage le nez est modele en « bec
d'oiseau » x) tres saillant, qui divise tout le visage en deux moities presqu'egales; des deux cotes
du nez, des trous traversant la figurine de part en part indiquent sans doute les y e u x ; la
nuque est absolumcnt plate. U n cou assez long, mais tres epais, reunit la tete au corps de la
figurine. Les bras en sont «indiques par la saillie laterale des epaules» 2) et perces â la
b a s e ; ils affectent une forme vaguement triangulaire. Le corps est un peu bombe au-desssus
de la taille, indiquee par un trait horizontal incise, tout autour du corps; l'indication des
seins manque, mais il s'agit certainement d'une figurine feminine, parceque au-dessous de la
taille le sexe y est indique par un court
trait vertical, incis6. Au-dessus de la
ligne m6dianc horizontale, un petit trou
indique l'ombilic. Le dos est t o u t â fait
plat, j u s q u ' â la taille; les hanches sont
un peu arqu6es et le dcrriere, bien qu'il
soit d'une facture assez realiste, n'indi-
que nullemcnt la steatopygie. Si jusqu'â
ce point le corps de la figurine correspond
plus ou moins au corj>s humain, la partie
inferieurc — lcs jambes — est represen-
tee par un simple prolongement du corps
un peu renf!6 â la hauteur des genoux,
effile ensuite, pour se terminer en pointe
— bris6e â l'exemplaire dont il s'agit
mais conserv6e â d'autres exemplaires.
2. La partie superieure d'une figu-
rine plate (fig. 19 a—6, no. 3), la tete
pareille â cclle de la figurine precedente;
les bras sont toujours represcntes par
dcs saillics laterales, mais plus courtes,

11 t
larges â la base et non percees. Deux
petits seins ronds, bien placcs, au point
de vue de la hauteur, indiquent le sexe.
Le corps est plat (face et dos), tres mince
â la taille et 6largi ensuite aux h a n c h e s ; 16 17 18
le reste m a n q u e .
Fig. 19 b.
3. La moitie superieure d'une autre
figurine feminine (fig. 19, o—6, no. 4), dont la tete est pareille aux tetes dejâ vues, mais
plus arrondie, le cou plus court et plus epais, les bras courts et triangulaires, aux extremites
un peu relevees, et troues aux b o u t s ; deux seins arrondis indiquent le sexe. Les hanches un
peu arqu6es presentent, chacune d'elles, un trou lateral; le ventre gonfle est perce d'un trou
horizontal, de gauche â droite. La partie inferieure manque.

2
*) V. â cet egard les donnees detaillees, dans Dacia, ) Selon I'expression de M. Andrieşescu, Contri-
II, p. 83 (Gumelniţa). bufie, p. 101.

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VI.AlHMIK DHMITKKSCl'

4. Un fragmcnt dc figurine feminine (fig. 19, a, b, no. 5), qui dcvait etre plus grandc
quc Ics figurines prcccdcntcs. La tete arrondic, coinmc ccllcs qu'on a dejâ vucs, se rattachc
au tronc j>lat par un con assez long ct maigrc. Lc bras droit, cassc â IVpauIe, manquc; Ic bras
gauchc, uii peu court, n'affecte j)lus la formc triangulaire. Sur la poitrine les deux j>etits
scins, assez eloignes l'un dc l'autre, sont d'une facture rcalistc, allongcs et jxmdants. Cette
manicre de rej>rcsenter lcs scins, sans etre aussi communc que l'habitude dc modeler les seins
arrondis, cst cependant cn usagc pour certains exemplaires plastiqucs — dans la rcgion ă
ccramiquc j>cintc est-euroj>eenne, j>armi lesquels il faut surlout noter Ics cxemj>laircs dc Kos-
zylowce *) et ensuite ceux de l'Ukralne 2 ).
5. Un fragment (fig. 19, a—6, no. 9) dc figurinc (feminine?) j>ctite, assez mal conservee.
La tete, de la mcme facturc que celles des figurincs precedentes, est cejiendant, j>ar raj>port
au tronc, plus jietite; les joucs sont cassees. On conscrvc pourtant encore un fragmcnt de
la joue droite, sur Icquel on aj>erc,oit un coin du trou qui dcvait figurer l'ccil. Le cou en est
extremement epais, par raj>j>ort au reste du corj>s. Le bras droit, conserve, prouve qu'a ce
point de vue non plus cette figurine ne differait pas des autres: il est petit et presquc trian-
+-^*N gulaire, continuant l'epaule; il n'est pas perce. Le
tronc dc la figurine est plat; le fragment est casse
au-dessus de la taille. Un trait oblique, incisc, flan-
quc de deux rangees parallclcs dc points inciscs, part
de l'epaule droite j>our sc dirigcr (sur lc dcvant, aussi
bicn que sur le dos de la figurine) vcrs la hanche
gauche. Cette orncmcntation « en echarj>e », relevee
â Drăguseni uniquemcnt sur ce fragmcnt, se retrouvc
telle quelle (en biais, de l'cpaulc droitc jusqu'au
flanc gauchc) sur deux idoles de Cucuteni:J). Une Fig. 21.
autre idole, toujours â Cucuteni, j>resente deux
echarpes croisees 4 ); et une autre encore, cn Thracc "), cst recouverte dc jdusicurs echarj>cs
verticalcs, incisees, ornees de rangees paralleles de ]>oints.
6. Un fragment central (fig. 19, a—6, no. 15) de figurine femininc d'asscz grandc taillc.
Le tronc — ou du moins ce qu'on en conscrve encore — est j>lat au-dessus des hanchcs
arrondies. Le sexe y est indique j>ar un trait jircsque vertical sur lc dcvant; aussitot cn-dessus
de ce trait il y a une saillie arrondie, comme on en a dcjâ vu sur certainc figurine examinec
plus haut (no. 3): ce serait un proccdc tres curieux de rendrc lc nombril. Au-dessus de cette
saillie il y a deux traits j>eints en brun-olive, qui ceignent lc tronc. C'est, a Drăgu.şeni, le seul
fragment de figurine j>einte; mais â Cucuteni "), de mcme que dans les autres stations est-
europeennes 7 ), â ceramique peinte, du style B, et jusqu'en Thessalie 8 ), les figurines peintes
sont assez nombreuses.
En ce qui conccrne rinterpretation qu'il faut donncr â la peinture remarquce sur le corps
des figurines humaines dans la civilisation B, et aux innombrablcs strics trouvees sur les

*) Reallexikon d. Vorg., VII, pl. 27, d. ') A Petreni, Trudy, X I I I , 1, pl. VI, no. 16; â
2
) Trudy X I , pl. X X I I , nos. 3 et 7. Kiev: G. Childc, The dawn of European civilization,
3
) I. Andrieşescu, Contribuţie, p. 101, et nole 29. 1927, p. 162, fig. 73 r ; etc.
8
«) lbidem, p. 101, note 29. ) A Tsangli, j>ar exemple: Wace and 'J'hompson,
5
) Bull. Corresp. hell., 1906, p . 425, fig. 69. Op. cit., fig. 76, j , k.
•"•) Ztschr. f. Ethnol., 1911, p. 594, fig. 13.

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UNE NOUVELLE STATION A CERAMIQUE PElNTE DU STVLE CUCUTEIM B.

figurines dc la couche A, dc Cucutcni, aussi bien qu'ailleurs, dans la region du Sud-Est de


l'Europe, la discussion est engagee depuis longtemps dcjâ et le dernier mot n'est pas encore dit.
Bon nombre d'archeologues — S. Miiller x ), M. Vassits 2 ) et Dechelette a ) — etaient d'avis qu'il
s'agissait d'unc maniere de representcr le tatouage pratique par les populations auxquelles
appartcnaient lcs idoles respectives. Hcernes 4) n'accordait pas beaucoup de credit â cette
explication; M. I. Andrieşescu 6 ) pcnse que, selon toutes probabilites, beaucoup de ces inci-
sions ct de ces traits de couleur indiquent l'habitude de se tatouer et de se peindre le
corps, beaucoup d'autres cependant repre-
sentent des vctements et de veritables or-
ncments, explication qui nous semblc assez
vraisemblable fi). On arrive ccpcndant â se
demander si, par hasard, ces peintures et 1
ces traits incises ne representent exclusi-
vement les vctements. En voici les raisons:
de memc que le~> veritables incisions sont
caracteristiques — dans la ceramique peinte
de l'Europe orientale—pour la civilisation^4
seulement (puisquc les incisions, dans la
couche B, se reduisent â quelques traits,
toujours les memes: ceux qui indiquent la
taille, le sexe, e t c ) , de meme les petites
idoles au corps peint ne se rencontrent que
dans la couche B. Or, si les incisions repre-
sentaient le tatouage, ellcs devaient appa-
raîlre aussi — et avec le meme sens — dans
la couche B; car il serait arbitraire d'ad-
mettre que, de l'epoque de la couche A
â l'epoque dc la couchc B, la population —
la memc qui avait crce les deux civilisa-
tions, — ait renoncc â une habitude aussi
\\ \ f *
1f
caracteristique que lc tatouage, pour adop-
tcr u n usage inconnu jusque lâ, cclui de se
peindre sculement Ie corps. Voilâ donc les
raisons qui nous font penser que ces deux
4 -'.4 25
procedcs d'orncr les petites idoles humaines, Fig. 22 a.
en usage dans la civilisation de la ceramique
peinte, ne sont au fait quc deux manieres differentes d'indiquer les vetements, de sorte
qu'il n ' y a, entre lcs civilisation A et B, qu'une difference de procedes (difference relevee
aussi dans la ceramique des deux styles) et non pas une difference fondementale de coutumes
ethnographiques 7 ) .

8
') Nordische Allertumskunde, p. 261. ) Fouilles de Gumelniţa, Dacia, II, pp. 83 et suiv.
2 7
) Archiv f. Anthrop., 1902, p. 546. ) II va sans dire que l'explication proposee ci-dessus
y
) Manuel, I, p. 597. n'est valable que pour une region assez restreinte, par
*) Urgeschichte d. bildenden Kunst, p. 211. rapport au terrain sur Iequel on retrouve les figurines
6 hutnaines, â l'epoque neo-eneolithique. Toutefois. il
) Contribufie, p. 105.

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VI.ADIMIK DUMITKKSCl!

Nous avons donnc la description de tous lcs fragments d'une certaine importance. Quant
aux autres fragments, il suffit de faire quelques observations d'ordre general, qui touchent
cependant, ă certains egards, les figurines masculincs egaleinent.
La tete cn est toujours arrondie ou prcsque r o n d e ; sur le visage ne sont indiqucs quc
le nez, en « bec d'oiscau », et les yeux — un trou de chnquc cote du ncz. II n'y a pas une
seule, parmi les figurincs dc Drăguşeni, qui presente plus de deux trous parcils, bien quc sur
d'autres figurines, appartcnant â la meme civilisation, il y ait deux ou trois paires de trous,
voire meme plusieurs ' ) . D'autre part, la
bouche n'est jamais indiquee sur ccs figu-
rincs de Drăguşeni. La poitrine et le dos
en sont, le plus souvent, plats, et trcs ra-
rement seulcment,un pcu bombcs. Les seins
sont pour la plupart arrondis (v. aussi,
cn dehors dcs exemples donntfs ci-dessus,
les fig. 19 a, no. 16 et 22 a, no. 22). Selon
toutcs les probabilitcs, ils etaient appli-
ques sur la poitrinc, aprcs le modelagc
dcs figurines, et fixes dans dcs trous creu-
ses expres (ainsi qu'on peut le voir aise-
ment sur lc fragment no. 22, fig. 22, ou,
le sein etant tombc, seul le trou corres-
pondant cst visible). Les bras ctaient, le
plus souvent, de simples allonges late-
rales des epaules, percees ou non. Un scul
cxemplaire de Drăguşeni (dont le sexe,
d'ailleurs, ne peut pas etre precisc) paraît

16 F '7J- 18 V 1Q
ft M9.0
avoir eu les bras bien modelcs et redrcsses
en h a u t (v. fig. 19, a — 6, no. 18), comme
on en voit aussi sur beacuoup de figurines
des stations du bas-Danube 2 ). Si la poi-

< f f
trine et le dos sont plats, le ventre et le
derriere sont, par contrc, toujours renfles
«
et modeles exactement, au point de vue
2?
de l'anatomic, sans exagcration toutefois;
23 24 25
F i K . 22 b. de sorte qu'il ne peut pas etrc question
de steatopygic pour aucune figurine femi-
nine de Drăguşeni, si ce n'est pour le no. 11, fig. 22 a—b, dont le dos stcatopyge est modele
comme celui d'un exemplaire d'Ariuşd 8 ) . A de rares exemplaires on apercoit sur le ventre une

nous semble que, si les incisions indiquaient le tutouuge, peinture des fipurines uicnt represente les vetements
toutes les figurines prehistori(jues — ou au nioius lu et les ornemcnts dont le [»euple respectif iivuit l'hn-
plupart — du Sud-Est de l'Europe devraient presen- bitude de se purer.
ter des oruements incises. II n'en est rien, puisqu'un ') I. Andrieşcscu, Contribuţic, p. 101; Dncia, II,
prand nombre n'en ont aucune espece d'incisions. pp. 83 et suiv., Gumelniţa.
2
Comme les vases etaient incises et peints (quelquefois ) Gumelniţa (Dacia, II, p. 83, fig. 64).
a
ornes d'incisions peintes), dans un but purement deco- ) Dolgozatok-Travaux. 1911, p. 242. fig. 83.
ratif, il est tres vraisemblable que les incisions et la

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UNK NOUVELLE STATION A CERAMIQUE PEINTE DU STYLE CUCUTENl B.

saillie, represcntant le nombril (fig. 19 a, no. 16 ; fig. 22, no. 9, en dehors des exemplaires dont on a
donne la description ci-dessus); â d'autres, on trouve un point incise (fig. 19 a, nos. 4, 12 et 16).
II n'y a quc tres pcu d'exemplaires dont lcs hanches soient exagerees, par rapport au reste du
corps (fig. 19, a, nos. 3 ct 16); d'autres ont les hanches percees d'un trou lateral (fig. 19, a,
nos. 4, 12 et 16; 22 a, no. 11) — procede bien connu dans la plastique humaine de la cera-
mique peinte du style R de l'Europe orientale'). La taille des figurines est souvent indi-
quee par une ligne incisee qui ceint le corps de la figurine (fig. 19, nos. 2,12 et 13 ; fig. 22, no. 11);
de cette ligne horizontale 2 ), ou bien, lorsqu'elle manquo, de l'endroit ou elle est placee d'or-
dinaire, part sur le devant un trait court vertical, incise, qui indique le sexe 3 ) . Dans d'au-
tres cas, le sexe des figurines feminines est indique de meme par un triangle incise, la pointe
cii bas (fig. 22 a, no. 17 et 22 a, nos. 2 et 5) comme d'habitude 4 ), triangle suppose etre le pagne
destine ă cacher la nudite r>). Cependant, le fragment no. 1, fig. 22 a — ou il n'y a qu'un angle â
la pointe en bas, prosentant un trait median, vertical et incise — prouve qu'il s'agit bien de
l'indication du sexe-meme, et non pas d'un ornement stylise, qui le recouvre.
Pas une seule des figurines de Drăguşcni n'a ete munie de deux j a m b e s ; elles n'ont
qu'une jambe unique, terminee en pointe et presentant une saillie â la hauteur des genoux
(fig. 19 et 22). Parfois, ccpendant, une ligne verticale incisee (fig. 22 a, no. 5) descend du
triangle du sexe, pour indiquer et scparer les jambes H ). Deux seulement, des figurines cas-
s6es, trouvees â Drăguşeni, se terminent en bas (fig. 22, a—b, nos. 2 et 17) par une plante de
pied 7 ).
b) Les figurines masculines qu'on peut identifier avec certitude se reduisent â Drăgu-
şeni â trois exemplaires (fig. 19 a—b, no. 1, la meme qui est represcntee â l.i fig. 21—et nos.
10 et 11), constituant donc une minorite absolue, tout comme ailleurs 8 ). Deux de ces figurines
(fig. 19 a—b, nos. 10 et 11) ne sont en realite que des fragments, aux hanches un peu
arquees, au dos plat. Le sexe y est indique d'une maniere tout-â-fait realiste.
La derniere de ces trois figurines de Drăguşeni (fig. 19 a—b, no. 1) est tout ce qu'il y a de
mieux conserve dans cette station et, en mcme temps, tout ce qu'il y a de plus interessant. II
s'agit, cn effet, d'un exemplaire unique dans la plastique humaine prehistorique, du Sud-Est
de l'Europe. La tcte petite n'est plus plate et spherique: elle est tres soigneusement modelee
d'apres la realite: elle est un peu arrondie, bombee par derriere. Sur le visage, un grand nez,
toujours en « bcc d'oiseau », fait saillie; des deux cotes du nez, les yeux sont representes par
deux petites proemincnces, collces sans doute au visage, de la meme maniere que les seins des
figurines feminines dont il a etc dejâ question (v. ci-dessus, p . 141). Les oreilles sont egale-
ment executecs en relief, ct d'une facture tres realiste: l'oreille droite est cassce â la racine,
mais l'oreille gauche — intacte — est plate et collee â mi-hauteur de la tete. Au-dessous du
nez la bouche est indiquce par une legere entaille, horizontale, aussi bien que par la levre infe-

3
' ) I. Andrieşescu, Conlribufii; p. 101, ct aussi ) Ligne <pai separc, en m e m e t e m p s , les j a m b e s ; v.
Realhxikon d. Vorg., V I I , pl. 27, d ( K o s z y l o w c e ) ; I. Andrieşescu, Contribuţie, p . 101.
G. Childc, Thc dnwn of ruropean civil., p . 162, fip. *) Ibidem, p . 101.
s
b, e ( K i e v ) . ) Ibidem, note 30.
2 «) Ibidem, p . 101.
) A cote de c c t t e lifjnc incdiane incisee et de la
7
figurine ft c c h a r p c (fig. 19, n o . 9), u n seul frafţment ) Procede q u ' o n a r e m a r q u e â plusieures figurines
(fipr. 19, n o . 7) p r e s e n t e un trait horizontal incise, du b a s - D a n u b e (v. Dacia, I I , p . 8 3 , fig. 64, n o . 1).
8
sous le cou, a v e c u n p e t i t t r o u au milieu, i n d i q u a n t ) I. Andrieşescu, Contribuţie, p . 101.
s a n s d o u t c un collier.

145
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10 Dada Ilf-lV 1927/932.
V I.ADlMIH Dl M I T K K S C I

rieure, tres epaissc el saillante (<>n «liraii meme sensuelle). Le menton fiiyant se perd «lans
l'6paisseur <lu cou. Mais ce nYsl pas la li'tc seuleiiient que l'artisan a su rendre tellement
vivante, si prochc <!«> la realite; il en est. d<> ineme d'une grandc partie du eorps. II n«; rest«'
|>liis «111*1111 p<-lil fragmcnt tlu bras gauclu; etemlu <!<' eote, en contimiation de l e p a u l c ,
niais affectant iine forme tubulaire, non plate. Le bras droit, entierement conserve (et tubu-
lairc aussi) cst rejdh'* et dirige vers la boiiehe; l'extremite en cst renflee, pour figurcr un
poing ferinc. L<> tronc n'est pas plat non plus, mais homhc, un peu trop mcme. Un trail
horizontal incise in<li<|u<' la taill<%; au-«lessous, sur le devant, le sexe y cst indiquc d'une
maniere tres r«''alist<'; au «los la petile i«lol«' jiresente unc stcatopygic <;xag«';r«'>e. La partic inf«';-
rieure d«' la figiirine est toujours cyliiidrique; <>ll<* s<; termine par une basc platc, de sorte
<piVllc peut s<> lcnir debout.
Pour en finir, un<> derniere observation tl'or«lr«; gen<'>ral: il n'v a pas a Drăguşcni IIIK* sculc
figurine repn'senlee assise.

II. LA P L A S T I Q l l E A N I M A L E est d'aillcurs assez mal rcpr«';s«;nt«';c ' ) , puisqu'on


n*a decouvert a I)iăguş«'ni «pi<- 11 pctitcs idoI«;s zooniorphcs (cntiercs ou bris«';cs). L«;ur facture
laissc toujours â dt'sirer, quoi«jue les artisans prchistoriqucs n'aicnt pas n«';glig«'; lcs d«;tails
morj>liologi«ju<;s. Toutcs ces figurines zoomorphcs d«' Drăguşcni sont d«; dimensions j)lutot
icduites (tout au j>Ius 6—8 cni tle longueur); «'lles sont faitcs cn argih; fine ct bi«;n pctric,
parfois «'iiite. L<;s exemplaires mi«>ux «•onscrv«'s rejnesenteiit tous tles animaux cornus
(fig. 23, nos. 1—10). Quant aux autres exemplaires (fig. 23, nos. 11—12, 14—15), on n'en
saurait ricn prcciscr, â catisc du mauvais ctat tlans letjuel ils se trouvent. D'aillcurs il n'y a
j>as un seul, parmi ecs animaux, dont <>n puisse savoir avcc ccrtitudc l'espcce qu'ils re-
j>r«'scntent -).
Pour ce qui cst des d«'>tails de forme, ils n<> comportent quc dcs rcmanţucs d'ordre gencral.
Lcs corncs — des exemplaires «jui lcs conscrvent encore — sont toujours trt>j) grandcs par
raj>port aux dimcnsions dc la figurinc (j>. cx. fig. 23, nos. I et 4). La tete — lorsqu'cllc subsistc
(fig. 23, nos. 7 et 8) — n'est qu'une continuation du t r o n c ; cllc nc j>rcscntc aucune indication
des parties du visagc (sauf, bicn entcndu, lcs cornes — dejă mcntionn«';es). La t«A;te n'est ce-
pendant rej>rescntcc <|uc j>ar lcs dcux cornes (v. fig. 23, nos. 1, 2, 4, 5 et 6), attachccs â l'extrc-
mite suj>t';ricurc dc la figurinc. Le corj>s n'cst jamais trcs soigncusemcnt modclc: il sc tcrmine,
le plus souvcnt, j>ar quatre jambcs courtcs ct grosses, ou bien, d'autrcs fois (fig. 23, nos.
5 et 7) il est presquc j>lat ct tcrmine [>ar «juatre saillics laterales. Au contrairc, la j>Iuj>art des
figurincs ont, â l'extremitc suj>crieure, unc queue courte et 6paisse, ressemblant â unc qucuc
d'ours (fig. 23, nos. 1 — 7). Le sexe n'cst jamais indiqm'; sur «-«'s figurincs zoomt>rphes, commc
il arrivc j>arfois ailleurs 3 ) .
Parmi lcs fragments infonncs, «jui pourraient nc j>as appartenir â des figurines zoomor-
phes, il convient dc mentionner encore un (fig. 23, no. 14), dont le tronc tubulaire prcsente
sur le dcvant deux serics de points, paralhMcs-horizontalcs. Les autres fragments (fig. 23,
nos. 10, 11, 12 et 15) sont troj> informes pour m«>ritcr unc attention sjx'cialc.

') Le meme phenomene a ete reniarque â Cucuteni du style Cucuteni A (v. par ex. Uu^inoasa), ofi
B, ou on n'a trouve (jue 9 figurines representant l'on peut assez souvent se rendrc compte de l'esp«>ce
«les anitnaux (v. I. Andrieşestm, Contribuţie, p. 98, â hnpiclle apparticnt l'animal dont il s'apit (v. Dar.ia,
note 3). III—IV, pp. 84—85).
2
) Different en eela rle cerlaines Btationa similniics. •') Ibidem.

www.cimec.ro 146
I INE NOUVELLE STATIOW A CRRAMIQUK PEINTE DU STYLE CUCUTENl B.

II scrait mal â propoe d'insister en ce lieu sur l'irriportance de la plastique prehistorique.


Nous nous bornerons a constater que, puisque les figurines humaines de Drăguşeni ont ete
trouvees parmi les decombres des habitations, et non pas dans des tombes, elles doivent
etre considerccs comirie des « images primitives de la deesse tutelaire » de la vie humaine quo-
tidienne, et non pae comme des images de la deesse tutelaire des tombeaux ' ) . Les figurines
representant des animaux symbolisent — paraît-il — les victimes animales qu'on immolait â
la divinite tutelaire et doivent par eonsequent etre rattachees elles-aussi au culte et aux
croyances religieuses des populatione prehistoriques.

CONCLUSIONS

La stalion prehistorique situee sur la


colline de Simeon Rusu, â Drăguşeni, n'a
pas ete — comme il ressort de l'examen
** * V
approfondi des objets y decouverts—d'une
grande importance ou de longue duree. La
rarete des instruments et des outils, la ce-
ramique moins abondante que dans les
autres stations similaires, le fait que les
fraguientH de bousillage calcine ne sont pas
entasses — toute cette pauvrete revelee
par nos fouilles, voilâ a u t a n t d'arguments
en faveur de cette conclusion. Seul le
noinbre assez grand de fragments plastiques
(gurtOUt de figurines humaines) nous in-
dique qu'au point de vue de la religion les 9
7
,
habitantfi prehistoriques de ce plateau n (--
taient pas inferieurs aux habitants des

tap
autres stations similaires, contemporaines.
Les outils sont trop rares et depourvus
de traits caracteristiques pour nous fournir 11 12
10
quelque indication chronologique que ce
soit. Mais les caracteres de la ceramique,
aussi bien que ceux <l«- la [dastique de Dră-
guşeni, nous obligent â attribuer cette sta-
tion a Vipoque du stylc Cucuteni B, poste-
13
I ^
1 !î
rieure donc â l'epoque Cuciiteni A. En
effet, les formes de la ceramiijue de Dră-
gusimi sont toutes caractcristiques pour la ceramique peinte du style Cucuteni B,
malgre qu'on n'ait pas retrouve â Drăguşeni toutes les formes caracteristiques de ce style.
De plus, le decor de la ceramique de Drăguşeni, realise en plusieurs couleurs, ne consiste en
realite que d'ornements monochromes. Ces ornements sont, pour la plupart, lineaires. Les
ornements en bandes unies sont tres rares et assez insignifiants; un peu plus frequents

') Suivanl l'opinion dv Dt?chelettc; <f*. Manuel, F, p. 603.

www.cimec.ro 147
VLADIMIK D(iMITI{|-:scii

soni les ornements forincs de traits juiralleles e t — c o m m e on l'a dejâ vu — asse/ raremenl
hordcs des deux cât6s (1*011 trait plus 6pais, mais de la iiicmc couleur que lestraite interieurs.
Voilâ pourquoi la ceramiquc peinte de Drăguşeni — de meme que la ceramique pcinte de
Cucuteni B, et des autres stations similaires de l'Europe orientale — rentre, en partie du
moins, dans le cadre du groupe Bandheramih <!<• l'Eurojic eentrale et orientale. Ces obser-
vations portent sur le systeme ornemental. Au point <le vue <les motifs dceoratifs, nous
avons relev6 l'absence des mcaiidres ' ) . Au contraire, les lignes verticales, hori/ontales et
â hâtons nnnpiis, sont asse/ comiiiuncs. ()n ne reneontre la spirale <jue sur deux fragments,
mais les lignes ondulees, les cercles et les autres ornemente (lineaires 011 en handes lincaires),
qui tiennent de la spirale, abondent. Par conscqiient, comme nous l'avons dejâ remarque
ailleurs, les motifs decoratifs <!<• la ceramique peinte de l'Europc orientale ne different j>as
— d'une faţon generale— des autres motifs decoratifs <le l'Eurojxţ centrale et orientale.
A cote de cette c6ramique peinte, les quelques fragments <le ceramique â ornements
incises et imprimes ne constituent j>as non j>Ius un earactere etranger aux autrcs stations
â ceramique jieinte, du style B: â Cucuteni, aussi bien iju'â Petreni et ailleurs, il y a une
ceramique identique a la ceramiquc dc ce genrc de Drăguşeni.
La plastique de Drăguşeni rentre, elle-aussi, parfaitement dans le cadre de la plastique
du style B: quelques elements jieints, de rares et insignifiantes incisions: tous les autres details
de technique et de forme sont tout-a-fait communs aux stations ă ceramique j>einte du style B.
Tous les elements s'accordent donc pour demontrer qu'il y a, â Drăguşeni, une station
dont l'existenee <*st limitee ii l'eptxjue B. En effet, nous avons demontre ailleurs que le seul
fragment de ceramique peinte, polychrome, du style A, doit etrc regard6 comme une simple
reminiscence du style A, due au hasard, et non j>as comme un indice j>our dater la fon-
dation de la station dont il s'agit ă l'6poque du style A.
Quelles sont donc les limites chronologiques dans lesquelles peut etre situee la station
de Drăguşeni, si elle appartient au style Cucuteni B? Pour repondre îi cette question il faut
examiner la situation, au point de vue ehronologique, de la station Cucuteni B.
M. Hubert Schmidt, ayant j>ris comme j>oint de depart, entre autres, les quelques objets
en cuivre trouves â Cucuteni, dans la couche B, conclut <jue l'iţxistence de la station respectivc
s'est continuee jusqu'â l'epoqui; du cuivrc 2 ). C'est pourquoi c.ette couche est censee appar-
tenir â l'epoque chalcolithique (« Es wâ're also die jilngere Kultur B von Cucuteni der Stein-
Kupferzeit zuzuschreiben»)3). A Drăguşeni cej>endant il n'y a pas de traces de metal. Mais,
comme dans les fouilles entrej>rises â Ruginoasa on a trouvc aussi un jietit bracelet en cuivre,
â cote d'une fleche en fer, dans un milieu tout-îi-fait caracteristique jxuir le style Cucuteni A,
et sans aucun element du style B ' ) , il est evident que la couche correspondante de Cucutcni
— A — doivc etre regardee, a cotc dc Ruginoasa, coinme apj>artenant â l'epoque chaleoli-
thique. Cela pourrait signifier d'ailleurs que la couche j>osterieure B .(et, par consequent, la
station de Drăguşeni) doit etre rangee exclusivement dans l'epoque du cuivre, au point de vue
chronologique. Cette hypothese est confirmee par le fait que M. H. Schmidt 5 ), aussi bien que
M. I. Andrieşescu, ont trouve â Sărata-Monteoru, dans un milieu appartenant â l'6poque
du bron/e, des vases peints, apj>arentes au style Cucuteni B, que M. H . Schmidt considere,

') Quoique le fragment polychrome soit orne de *) II. DumitrcHcu, Fouillps dc Ruginoasu, dans
fragments de meandres. Dacia, III—IV, pp. 56—87.
2 5
) Ztschr. f. Kthnol., 1911, p . 591 et s u i v . ) Archeolog. Anzeig., 1924, col. 348—356.
3
) Ibidem.

www.cimec.ro 14»
UNE NOUVELLE STATION A CfiRAMIQUE PEINTE 1)1 STYLE CUCUTENI B.

â juste titrc, comme des vascs importes l). Nous en concluons donc, pour Drăguşeni, que
cette station doit etre contemporaine des debuts de l'epoque du bronze dans l'Europe cen-
trale — quoiquc nous n'ayons pas trouv6, au cours des fouilles, le moindre fragment d'ob-
jets en metal. Cette etation prcscntc toutefois un caractere neolithique2) tres prononce.
C'est d'ailleurs lc earaetere de toutes les stations dc l'epoque du cuivre, dans le Sud-Est dc
l'Europe ct dans lcs Balkans, dc sorte qu'â ce point dc vue non plus la station de Drăguşcni
nc fait pas cxception a la regle gcncralc. C'est donc un trait commun â toutes les stations a
ccramiquc pcinte du Sud-Est dc l'Europc que cette forte continuitc tiaditionclle dans la
preTcrencc accordcc â la pierre, en premier lieu, et â l'os, comme matieres premieres des
outils, des instruments et des armes. Dans la station si denuee dc Drăguşeni, ce traditiona-
lisme c'est t o u t cc qu'il y a dc j)lus naturel.

VLADIMIU DUMITRESCU
Ancien membre de Vr'.role Roumaine de Home
Conservateur au Musee h'ational d\-inti<iuites
liome, 1928. de liuraresl.

») Archeol. Anzeig., loc. cit. Hubert Schmidt caracterise la Btation <lc C u c u t e n i


2
) Nou» gdoptODI la juste expressio» dont M. (Ztschr. f. Ethnol., 1911. p . 591 et suiv).

www.cimec.ro 149
RAPPORT Sl'K LKS SONDACKS I)K
Gn\l)IŞTKV-Kl)M)KA\CA
La station de « Grădiştea-Fundeanca », situee au Sud-Est du village de Chiselet (district
d*Ilfov), couronnc un tcrtrc pareil â loiis CIMIX qui sWhelonncnt lc long du Danubc, se distin-
guant seulement par sa hautcur (5 m cnviron) qui le raet ă l'abri dcs inondations. Sa forme
est oblongue et presente les dimensions suivantes: 70 m dc longucur dans la direction E - 0
sur 40 m de largeur dans la direction dc N-S. Dcux sondagcs faits par lcs Allcmands pcndant
la guerrc ont signale la station â l'attention des habitants. Une promcnadc archeologique
faitc pcndant l'ete de 1924 a pcrmis dc ramasscr au ras du sol un matcricl assez intcressant
qui se trouve actuellement au Musce National d'Antiquites. Une exploration prcliininaire,
entreprise au mois de Juillet 1925 sur la suggestion de feu le professeur P â r v a n , qui etait
venu au cours d'une inspection visiter les fouilles des stations voisines de Gumelnila, Căscioa-
rele et Boîan, a confirme l'hypothese qu'â cct endroit se trouvc rcinplacement d'une station
contemporaine a celles-ci.
Les ouvrages d'exploration se sont bornes â un fosse long de 8 ni et large de 2 m, coupant
la crete du tertre dans sa longueur, et ă cinq fosscs-sondagcs aux dimcnsions suivantcs: lcs
fosses a et 6 a y a n t 3 m de longucur sur 2 m de largcur; c, 3 m dc longueur sur 3 m dc largcur;
d, 3 m de largeur sur 4 m de longucur et c, 2 m de longueur ct de largeur, echelonnees
dans les directions N - 0 et S-E. Leur profondeur varie de 1 m a 3,40 m.
L'examen du matcriel permet de dresser le suivant tablcau stratigraphique:

0—25 cm. Couche de humus contenanl des tessons fort tritures provciiant dc vascs inoulcs u la inain.
25—45 cm. Fragments ceramiques plus grands et plus nombreux, de ineme qualite et de meme tech-
nique que les precedents. On distingue deux groupes: lcs uns en pâte finc et grise, lcs autres en pflte plns
epaisse cuite au rouge. La plupart sont recouverts d'unc croute calcaire. l',n fait d'ornements il y a des
dessins lineaires, des incisions et des cannelures. I'eu d'objets cn terre glaise: â peine une fusaVoIe et une
figurine d'animiil. Quelques objets en os: des alenes et un hurpon. Enfin unc assez grande quuntitt'de silex
et de fragments de torchis conservant encore rempreinte des brindilles de paille.
45—80 cm. Moins de tessons, mais de mcme qualit<■ et ornementation, puis des coquillages, des os,
des blocs de pierre. des polissoirs. des fragments de petites ineules â niiiin. des silex. du torchis, de l.i
terre cuite, des cendres, un fragment ceramique orne de « boutons » et une fleche en silex. <)n doit signaler
ici la premiere couche d'habitations.
80—100 cm. L'urgile commence a durcir et contient inoins de tessons. ()n rcniiirquc des restes d'â-
tres, des fragments de terre cuite, de torchis, d'os, de silex.
100—130 cm. L'argile devient seche et dure. Tr»>s peu de tessons dont une fuible partie (trnce de can-
nelures. A signalcr un os qui semble avoir ete tra\ailh ; .
130—775 cm. L'argile est dure et sablonneuse pur endroits. I'eu de tessons el iisse/ ordiiiuires. La
quantite de silex demeure constante.
175—200 cm. Fragments ceramiques recouverts pour lu plupart d'un vernis noir. Deux tessons
sont ornes de parentheses incisees.

www.cimec.ro 150
KAPPOKT SUK I.ES SONDAGES DE GKĂDIŞTEA-Fl NDEANCA

200 250 ciii. Terrain argileux contenanl dea OB d'animaux, des tessons â vernis noire, rouge ou
griH, des pierrcs cl dcs f'ragineiits de silex.
250—300 cin. I,ii icrre glaise fort sechc contient des os d'aniinuux, des arâtes de poisson, bcaucoup
dc coquillages, de la tcrrc cuite, bcaucoup de torchis, du bois cn cendres ct fort peu de tessons.
300—320 cm. Absencc complete dea tcssons. A siginiler de* cmprcinteH dc picux ct des ccndrcs de bois.
320—340 ciii. Abscncc complete de tout vestiee.
340 cm. Terre vierge.
Le caractere restreint de ces explorations ne permet de formuler aucune conclusion sur
lcs habitations de cette station. Nous pouvons cependant affirmer l'existence de deux couches
d'habitations humaines. La couche B, plus recente, n'atteint que la profondeur de 80 cm,
tandis que la couche A, enfoncee â plus de 2,50 m de profondeur, recele une quantite consi-
derable de torchis, de terre cuite, de cendre de bois et rappelle les habitations creusees dans
le sol, caracterisant la couche A de Gumelnita.

A R M E S E T I N S T R U M E N T S EN S I L E X E T EN PIERRE

Les exemplaires en silex abondent ici


comme dans toutes les stations prehisto-
riques echelonnees le lon{ţ du Danube.
Nous avons pu compter jusqu'a 85 pieces
dont la plupart â l'etat de fragments et
d'eclats. La plupart a ete fournie par la
couche B, mais on doit considerer que
seulement quelqnes sondages ont atteint le
maximum de profondeur. Les couleurs va-
rient. Le jaune-vcţrdâtre, le marron et le noir
aussi sont les teintes les plus repandties.
Les armes sont representees ]>ar un seul
exemplaire: une pointe de fleche en silex ' ) ,
fort bien conservee, de forme triangulaire,
simple, â base droite, sans barbelures, aux
deux cotes legerement arques, presentant
un profil plat et les dimensions suivantes: /
hauteur 6,4 cm, largeur 3 cm. La facture I
cn est tres soignee et t^moigne d'une grande \'\
application (fig. 1, no. 6).
Nous possedons aussi un outil: une
hache en forme de trapeze qui nous semble
incompletement conservee. La coupe â
grands plans reveh; une facture negligee.
On peut distinguer les deux aretes laterales.
Le t r a n c h a n t est recourbe en dehors. Les
dimensions sont les suivantes: longueur 7 cm,
largeur 5,3 cm (fig. 1, no. 10).

') V. I. Andricşcscu, l'ouilles dc SuUana, Ducia. I. p. 73, pl. XII, lig. 2.

www.cimec.ro 151
HORTENSIA DUMITRESCU

Quelques laincs entieremcnt conservees jiresentent des ncrvures sur lcur facc supcriciirc,
l'inferieure dcincurant absolumcnt lissc. I,u plus grunde lanic nicsurc 12 cm. Une autre,
plus petite, a bout reco urbe, a dii scrvir dc coutcau ct ruppcllc Ics grunds exemjiluires de
Gumelniţa (fig. 1, nos. 1—3).
A mcntionner quclques rucloirs u dimciisions rcduites, dcux poincons (fig. I, nos. 4 et .r>) u jioin-
tes effilces, mesurunt chucun 6 cm dc longueur et des eeluts de silex. Lu jiresence dc quchjues
« nuclel» implique l'existence âcet endroil d'un centre dc fubricution. Mous n'uvons j)u trouver
eej)endunt dcs percuteurs, muis seulcincnt dcs jucrrcs ovulcs «jtii cn rcinjdissuient l'office.
Instruments en pierre non polie. — Ces objcts ont ete retires des deux couches A et B. Nous
uvons trouve h. 2,10 m dc profondeur dcs frugments de incules ă muin de grundeur moyenne
ct de forme hubituelle, ussez epuisses et concuves au milicu. A signaler uussi une moitie de
j>etitc meule uyunt servi â broyer des couleurs, perforee au fond j>ar suite d'un long
u s a g e ' ) . Des fragments de polissoirs en
pierre, de forme incertaine, presentcnt
les dimensions suivantes : 8 x 1 0 cm et
1 0 x 1 2 cm sur 3 cm d'epaisseur (fig. 1,
nos. 11—13).

INSTRUMENTS EN BOIS DE CERF


E T E N OS

Dn poincon en os, bombe uu milicu,


et ă pointc cffilce <*t recourbcc, est ebreche
â l'une de ses extremites. Sa longueur
atteint 7,i> cm. I)e nombreux cxcmj>luircs
ont etc trouvcs îi Căscioarele -) (fig. 2,
no. 9).
Un harpon cn bois de ccrf, casse au
bout et pourvu de cinq crochets, mesurc
14,5 cm de longueur (fig. 2, no. 4). Des j)i-
eces analogues ont etc fournics j>ar les sta-
tions de (iiimelniţu 3 ) ct dc B o l a n 4 ) .
I )cs frugments de defenses de sanglier,
j)ercees et polies, ont servi probablement dc
pendeloqiics ct d'amiilcttes (fig. 2, nos.
6 ct 7).
Deux bois dc cerf dont une j>ieee, j>our-
vuc tres probublemcnt d'une lame de silex
j>assee duns une ouverture pratiquee â cette
fin °), servuit de manchc. Ils mesurent 15 em de longueur (fig. 2, nos. 2 et 3).

') Dacia. II, Gh. Ştefan, Fouilles dv Căscioarele, p. ') Ibidem, p. 284, pl. XXV, fig. 16—21; cf. aussi
193, fig. 47, n<». 1. Cuscioarele, ibidem, p. 191, fifj. 45.
■i) Jbidem. p. 192, fig. 46. •') Izvesiiu-Muzei, Sophia 1916-18, Kodjadermen, p.
3
) Ibidem, p. 88, fig. 66, no». 20 25. 96, fig. 86.

www.cimec.ro 152
RAPPORT SUR LES SONDAGES DE GRĂDIŞTEA-FUNDEANCA

Un poignard, forme d'un cubitus de bceuf recouvert d'une croute calcaire, conserve cncorc
des traces de polissage et mesure 16 cm de longueur (fig. 2 no. 1).
Le n<>. 5 (fig. 2) presente un os long de 8 cm ayant une vague ressemblance â une figu-
rine hurnaine taillee â son extremite. Des exemplaires analogues ont ete trouves â Căseioarele ' ) .
Une petite plaque en os poli mesurant 6,5 cm de longueur, qui semble avoir ete destinee
â dcvcnir une pendeloque, est restee inachevee, n ' a y a n t pas ete percee.

LA C E R A M I Q U E

La poterie n'est representce que par des tessons d'une technique primitive provenant
de vases moules â la main.
Couchc A.— Cette couche contient des tessons en j>âte mal petrie, â peine cuite, recouverts
d'un vernis brun, rouge et surtout noir, quelquefois noir â l'interieur et rouge â l'exterieur
ou bordant seulement les bords du vase.
L'6paisseur des parois est dcterminee par
Ies dimensions de chaque vase.
Couchc. B. — On distingue des tessons
de qualites differentes: des fragments de
grandes jarres en pâte epaisse, contenant
des caillous et des coquillages et des frag-
ments d'ecuelles en pate j)lus fine, j a u n â t r e ,
rouge ou grise, temoignant d'une meilleure
cuisson, tous egalernent recouverts d'une
croute calcaire. L'absence (\c vases comj)lets
et mcme de fragments j>lus imj>ortants ne
j>ermet que des hypotheses touchant les
formes qui ne sembhmt pas avoir varie
d'une couche â l'autre. On retrouve ici aussi
les formes caracteristiques: le vase piri-
forme avec toute sa gamme de variantes,
ainsi que la forme en double tronc de cone,
tres fr6quente dans les deux couches.
Un fragment j)ourvu d'une anse, trouve
â 0,40 m de profondeur, laisse deviner son
COntOUT j>ar son profil, aussi bien cjue j>ar
certaines analogiesd'ornementalion. La j>âte
fine et rougeâtre â l'interieur en est entiere-
ment recouverte d'une croute calcaire. La
panse i^st ornee de ligni^s j>aralleles raj>j>ro-
chees et tres finement tracees, a y a n t les
Fig. 3.
intervalles greles de j>oin<;onnages. L'anse
cylindrique. tres harmonieuse, est disposee en sens vertical. Ces details etablissent une cer-
taine analogie avec quelques vases de Sultana 2) et de Căscioarele :J ).

') Dacia, II, p. 190, fig. U, nos. 4—8. •^) Ibidem, II, Gh. Ştefan, Les fouilles de Căscioa-
'-) Dacia, I, \. Andrieşescu, f.cs fouilles de Sidtana, rcle, p . 174, fig. 3 1 , n o . 8.
p. <>3, pl. XXIX, no. :$2.

www.cimec.ro 153
HORTENSIA DUMITHKSCI

De nombreux fragments de parois. ainsi que de bords verticaux, obliques ou recourbcs,


soit en dehors, soit en dedans, semblent prouver la frequence d<-s formes d'eeuellcs <>t de vascs
tres evases.
Une forme plus svelte semble appartenir â un vase â long goulol mince, termine" par un
rebord replie <'n dehors <>t sillnnnc d'entailles â sa bordure (fig. 3, no. 8).
Nous signalons enfin des fragments de passoires (pl. J I I , 110. 13) pareilles, â celles de
Bolan et de Gumelniţa ' ) , et des fragments de grandes jarres en forme de «doha».
On a trouve aussi des fragments de couvercles appartenant au meme type convexe
pourvu d'une grande anse. L'exemplaire le plus complet (7,5 cm de hauteur, 13,5 cm de <Iia-
metre) est pourvu d'une anse large de 5,5 cm et temoigne d'une technique primitive. D'autres
fragments j>lus endommages ont perdu
l'anse et gardent seulcment l'empreinte de
la soudure.
Un exemplaire ceramique un peu curieux
cst represente par un fragment d'anneau.
La pâte en est noire â la surface, grise â l'in-
terieur et scmblc avoir cte recouverte d'un
vernis. La forme a du etre circulaire et pre-
sente un double rebord creuse en dedans et
recourbe en dehors. Cette forme, ainsi que
l'epaisseur des parois, justifie l'hypothese
que ce fragment ait du appartenir â un sup-
port pareil â celui trouve â Lengyel 2 ), me-
surant 12 cm de diametre. Les dimensions
sont les suivantes: 8 cm de diametre et
4,5 cm de hauteur.
L'observation des unses permet de con-
stater que Ja ]>hi[>art des fragments a[>[>ar-
tenant â des vases primitifs et â de grandcs
jarres sont pourvus de proeminences effilâes
ou bombees, posees d'habitude horizontale-
ment sur les parois du vase, â des hau-
teurs variables. Ces proăminences sont quel-
quefois percees, â leur maximum de cour-
bure, d'un trou minusculc qui s'clargit
parfois, marquant I'eVolution vers l'anse
â forme nettemcnt cylindrique. Ce genre
Fip. 4. d'anse prend d'habitude la direction ver-
ticale (fig. 4, no. 13).
Les anses plates sont reprcsentees par un exemplaire qui a dîî appartenir â un grand
vase (fig. 4, no. 14).
Une autre anse tout-â-fait caracteristique est formee [>ar un angle aigu soude au corps
du vase qui complete ainsi un triangle interieur (fig. 4, no. 16).
' ) Dacia, I I , Vladiniir D u n i i t r e s c u , Fouillrs de Gu- -) M. Wossinsky, Das priihislorisrhv Sthauzivvrk
melniţa, p . 59, fig. 27, n o s . 1 1 — 1 3 . von l,enfţyel, Budapest.

www.cimec.ro 154
RAPPORT SUR LES SONDAGES DE GRĂDIŞTEA-FUNDEANCA

L'anse d'un fragment de couvercle tâmoigne d'une technique tout-â-fait rudimentaire,


nVtant pas appliqu6e sur le couvercle, mais pereee dans une masse de pâte, lourdement
entassee ;i cette fin â la partie superieure du couvercle. Le trou pratique p;ir une poussee
oblique presente 1111 diametre i n e g a l . — Le role d'anse peut etre rempli aussi par des boutons
tres proeminents souvent bombes ou effiles et groupes en series de deux (fig. 3, no. 3).
Ornvmvnlation. — La couche inferieure abonde en fragments â vernis diversement nuanec,
Quelqueş fragments d'ecuelles ou de couvercles (fig. 4, nos. 2, 7 et 9) presentent des dessins
incises et injectes d'une substance blanche. On peut reconstituer ce motif ornemental qui
derive de la spirale et rappelle celui d'un grand vase de Căscioarele ] ) . On doit signaler aussi
des fragments monochromes ornes de baguettes moulees â la main.
Cette eoiiehe f, analogue â eelle <l<- Snltana. ree.ele qiiclqucs fragments ;i ve n>. orne>
d'arcs paralleles graves a I'ongle 2 ) et rappelant en quelque sorte l'ornement en forme de paren-
theses de Cumelniţa 3 ) et de Căscioarele (fig. 4, no. 10). Un rebord d'ecuelle, recouvert
â l'exterieur d'un vernis noir, est orne â l'interieur de lignes verticales finement graphitees 4 ).
La couche B est caracterisee par la frequence des ornements incises et excises, tels que
des simples lignes irregulieres, tracees surtout â l'intericur du vase, des zigzags creuses plus pro-
fondement (fig. 3, no. 15), des ligncs paralleles formant des bandes couvertes de dessins irre-
guliers ou de minces rubans greles de points, rappelant la moitie de vase citee plus h a u t . On
rctrouve enfin lcs moulures verticales, obliques ou courbes, placees immediatement au-dessous
du rebord, analogues ă celles signalees dans la couche A (fig. 3, nos. 4 et 16).
Un autre ornement est forme d'entailles transversales assez inegales sillonnant le rebord
du vase ou l'extremite du goulot. Les incisions forment parfois des chaînettes, t a n t o t compli-
(juees, t a n t o t primitives comme de simples dents de scie. Des chaînettes alveolaires, parfois
doubles ou triples (fig. 3, nos. 1, 2 et 7—12), decrivent des angles ou des ondulations imme-
diatement au-dessous du rebord, rappelant les nombreux exemplaires de Crăsani 5 ) .
De nombreiix tessons assez grands, en pâte fine et recouverte de patine, sont ornes de
inoulures et de cannelures repandues sur toute la surface du vase ou reparties seulement dans
certains points (fig. 1, no. 3 ; fig. 3, no. 14). Cette technique ornementale accuse l'influence
de la technique du metal.

* * .*

Objets vt ornements en terre cuitv.— Un fragment de pied de table de culte trouve â 1,30 m
de profondeur, prtfsente une forme reetangulaire, concave â la surface inferieure, rappelant
les formcs de lioîan, de Gumelniţa et de Căscioarele "). La pâte est epaisse (12 mm) et rouge par
Ja cuisson. L'ornement se compose de bandes formees d'incisions transversales irregulieres.
Neuf perles de forme allongee assez commune, dont deux entierement conservees, mesu-
icnl 7,5 cm et 11 cm (fig. 2, nos. 14 et 15). Une fusaîole est haute de 3,5 cm, a y a n t 3,5 cm
de diametre et 2 cm de diametre a l'ouverture (fig. 2, no. 11).

') Dacia, II, p. 158, l"m. 17; cf. aussi Gamelniţa, ') Ibidem, I I , Gumelniţa, pp. 73—74.
5
ibidem, j». 76, f'ifţ. 53. ) I. Andrieşescu, Piscul Crăsani, Annales de VAca-
*) Jbidem, I, I. Andriepescu, Les fouillex de Sultana. demie Koumaine (eri r o u m . ) ; 1923, p . 17, fig. 38.
p . 8 5 , pl. X X I I , n o 1 8 ; e t c . p. 23, fig. 59.
8 8
) Ibidem, I I , |). 79, fif{. 60 el 61 ; <f. aussi Căscioarele, ) Dacia, I I , p . 265, pl. X , fig. 1 4 ; ibidem, p. 81,
ibidem, p . 171, f'i(j;. 3 1 . fig. 6 3 , nos. 22 — 2 1 , et p . 186, fig. 42, no. 1.

www.cimec.ro 155
HORTENSIA DUMITRESCU

Un petit objet en lerre cuite, en forme de parallclipipedc, mesure 5 cm dc longueur


et tout a u t a n t de largeur. Deux objets analogues trouves â Boîan et â Căscioarele ') — dont
l'un tout simple et r a u t r e orne de dessins — ont du servir a la fabrication d'objets ceramiques
(fig. 2, no. 17). A mentionner aussi des fragments de poids <lc lilets de peche.

LA P L A S T I Q U E

La plastique est representee par une seule figurine d'animal eornu, moulee en pâte noi-
râtre, rouge â l'interieur. Cettc pieee trouvee a une profondeur de 40 em presente les dimensions
suivant.es: longueur 8 cm, hauteur 2 cm, largeur du dos 2,2 cm. Les pattes de devant n'ont pas
pu etre retrouvees, celles de derriere sont courtes (1,2 cm) et tfpaisses, ainsi que la queue, qui
est f lanquee par deux petites proeminenees laterales et semble avoir e^te assez longue. La gueule
est figuree par un point place au centre d'une surface triangulaire. Les yeux creuses â l'aide
d'un instrument pointu sont assez grands. La tete ne conserve qu'une seule corne assez hautc
(1,5 cm) par rapport aux proportions de l'animal. La formc est plutot curieuse s'elevant d'a-
bord en hauteur pour se recourber 'ensuite en arriere (fig. 2, no. 12).

Les analogies qu'on a pu retracer avec les autres stations de la vallee du Danube suf-
fisent â ranger dans l'6poque eneolithique la couche A, caract6ris^e par la ceramique polie;
tandis que les arguments de technique (aspect de la pâte) et de style (forme gimerale des vases
et motif ornemental â cannelures) determinent lc groupement de la couche B dans la pre-
miere epoque du bronze.
IIORTENSIA DUMITRESCU
Aaaittant nu Musfic National tTAntiquitia d? Bucareat.
Bueareat, 1925.

') Dacia, II, p. 189, fig. 43, no». 11, 15, 16.

www.cimec.ro 1S6
LA STATION I'RKIIISTORIQUE \m ERCIIIU PRES
l)E IIURUEŞTI
II s'agit de la station prehistorique situee sur la Măgura («le tertre»), l'imposante
eminence en forme de coupole, qui domine le village de Perchlu ! ) . Ce village, appartenant â
la coramune de Hurueşli (departement de Tecuci), se trouve â 16 km NE de la gare d'Adjud,
dans la vallee de Polocin, un petit affluent du Sereth (fig. 1).
Le village de Perchiu a dans l'archeologie de la
Găiceana \ Roumanie une double importance. D'abord â cause de
\

Corni\*
;
M Wferch/u 1 \
la Măgura et puis parce que c'est ici que naquit en 1882,
Vasile Pârvan. Malheureusement, le regrette maître d<
l'archeologie carpatho-danubienne n'a jamais eu l'occa-
sion de connaître Ia station prehistorique de son vil-
^. Confeşti \
r •' 1 / lage natal. Lorsqu'il eut deux ans, son pere, qui etait
rnaître d'ecole, quitta la localite avec toute la famille.
^>4W » \ I \ Depuis, Pârvan n'a jamais plus revu la region de Perchîu.
Ruqmeşti v
\ W Poiana l
î y fe
V

_A •Nicoresti J

~\ \Mârlşeşti ° \ \
j ^\ lecuct «j

Fig. 1.

La Măgura, situee au S du village,


a une h a u t e u r de 230 m env. au-dessus
du niveau de la mer et de 50 m env.
au-dessus de la vallăe de Polocin.
Grâce â sa forme caracteristique et â
sa position avancăe, presque isolee, Fig. 2.
on la distingue â une distance remar-
quable (fig. 2). De son sommet on a une vue assez etendue sur la vallee du Polocin et les collines
adjacentes, depuis la region d'Adjud jusque dans la contree de Găiceana. Vers l'ouest l'ceil
domine, par dessus la vallee du Sereth, les colhnes de la Moldavie du SO jusqu'aux cretes

') Prononcer Perekiou, l'accent sur l'i.

www.cimec.ro 157
UADll KT KCATfcRlNA Vll.l'K

des Carpathes. Seulcmeut vcrs l'cst l'hori/.on est assc/ tot ferine par les collincs voisincs qui
arrivcnt â certains cndroits a depasscr la haulcur absolue dc 300 m.
Aux âgcs prchistoriqucs, cette situation, qui permettail la domination d'une importante
etendue de territoire, dcvait contribuer en |)rcmicr lieu â fairc dc la Măgura dc Pcrchîu unc
place favorable â la fondation d'un etablissement humain. Kn outre, l'cndroit j>resentait,
par son isolcmcnt ct par scs j)cntes hautes et raj»idcs, d'excellentcs qualites dc defense contre
es attaques. C'est pourquoi lc sominct dc l'cmiin'ncc csl jiarscmc dc lcssons jirehisloriques,
vestigcs d'un tres ancien habitat.
L'aire de cet habitat, legere-
ment renflee ct dc forme ovale,
s'etend sur unc longueur de 90
rn env. et sur une largcur de 30 m
jusqu'a 50 m env. (fi^. 5). La tran-
sition entre la limite de cctte aire
et les pentes exterieures se fait
tres doucement. A quelques ine-
tres en bas du sommet ces pcntcs
sont intcrromjmcs jiar unc terrassc
«Uroitc, sur laquelle on ne trouve
jias de vcstigcs dc vic huinainc.
Au N et â l'O, lcs pentes de
Fig. 3. la station descendent sur le village
de Perchiu (fig. 3) et sur la routc
Hurueşti—Adjud. Sur les autres c6t6s, la Măgura est etranglee par deux vallons profonds
qui la separent des collines envi-
ronnantes. L'unique liaison avec
ces collines est formee par une
portion de terrain de 1 0 m X 2 0
m , qui est en meme temps la
seule voie d'acces dans la station
(fig. 4-5).
Avant les fouilles jireliminai-
res que nous y avons executees
en aout 1927, la station prehisto-
rique de Perchiu n'a jamais con-
stitue l'objet d'une recherche sci-
entifique. En echange, sa couche
archeologiquc a ete p a r t o u t r e m u e e
par le labourage et surtout par les Fig. 4.
fouilles profondes qu'cxige la cul-
ture de la vigne, dont la surface de la station cst prcsque partout couverte. C'est pour ce
motif que les resultats certains de nos fouilles ne concernent que les objets decouverts, les
observations de caractere stratigraphiquc ne presentant par elles-memcs aucunc ccrtitude.

www.cimec.ro 15»
LA STATIOIN PREHISTORIQUE DE PERCHIU PKfiS DE H U R U E Ş T J

Nos J'ouilles de 1927 consistent en (ţuatre sondages (a, (1, y et h) que nous avons executes
en divers endroits de la station (f'ig. 5).
a) Tranchee orientâe E-O. Dimensiona: 6 mX 1,50 m. Profondeur: 1 m. Pratiquee au point le plus
eleve de la station. Terrain cultive de ble. Sous la couche vegetale une couche de terre noire con-
tcnunt des tessons, de la lerre calcince, dcs pierrcs informes, des ossements d'animaux, un fragment de
ailex informe et de petits fragments de charbon. Cette couche prend la forme d'une fosse large de 2 m
env. et profonde de 0,80 m, enfoncce dans la couche de terre vierge, constituee de loess. Parmi les
tessons on distingue ceux qnî appartiennent ă des vases de facture primitive, poreux, effectues â la main,
parfois insuffisainincnt cuits, dc ceux
qui proviennent de rlcipiente truva-
illcs toujours â la main, d'iinc pftte
tres raffin6e ct parfaitcment cuits.
Fragment de statuette steatopygc en
terre cuitc (fig. 6, 17). Ansc de vase
inodelec en forme de tete cervine
(fig. 6, 14). Tcsson dccore d'incisions
(fig. 10, 2). Tesson dccore de lignes
peintes (fig. 6, 7).
(I) Tranchee orientec E-O, pra-
tiqu6e â l'extrcmite septentrionalc
de la station. Dimensions: 8 m X 1,50
in. Profondeur: 1,30 in. Le terrain
cultivc de inillet. Sous la couc-hc
v6g6tale, couche d'epaisseur irreguli-
ere dc tcrre noire contcnant de la
cendrc, des d6bris d'habitations cal-
cines,de lu terrc calcinde, des tessons,
des osscments d'animaux, dcs jiierres
informes. Bois dc ccrf ct corncs de
hoeuf (fig. 1 1 , 7 , 6, 10, 11). Fragment
de silcx informe. Petit coutcau dc
silex u dcux tranchants, dont un â
dcnts dc scie (fig. 1 1 , 7 4 ) . Poids dc
forinc ovalc (fig. 11, 4. Ceramique
variee. On distinguc deux fragments
de rebords cvases de technique soi-
gnec dont un prcHcntaiit des ornements peints (fig. 6, 3).

y) Tranchce orientee N-S, pratiquee sur la lirnite E de la station. Dimensions: 4 m X 1,50 m. Pro-
fondcur : 2,70—3 m. Terrain cultive de millet. Sous la couche vegetale, couche epaisse de 2,60 m
jusqu'a 2,80 m de terre noirc inolle mclangee de terre brune, de cendre, de terre calcinee, de debris
e t de pierres calcinees, d'ossements d'animaux, de tessons et de tres nombreuses pierres informes de grosses
dimensions. Parmi les osscments les fragments d'un crâne de bceuf. Le contenu de la tranchee y est
tres remue: il ctait dejâ connu par les ouvriers, parmi lesquels il y en avait qui avaient fouille
autrcfois h cct cndroit pour chercher des « tresors ». Cette tranchee est la plus riche en ceramique et
cn pierrcs et aussi la plus profonde. Les tessons poreux â decor incise, ou ceux provenant de vases faits
cn pâte raffinee lustree, sont tres nombreux.
S) Petite tranchce orientee INO-SE, pratiquee au centre de la station, dans un terrain cultive
de vigne. Dimensions : 2 m X l m. Profondeur: 2 m. Sous la couche vegetale, couche de terre noire
mclangee de debris d'habitation, consistant de nombreux fragments de terre calcinee melangee de
paillc. U n de ces fragments porte la trace d'une planche de bois (fig. 11, 7). Terre calcinee, petits
morceaux de charbon, scories. De nombreux poids elliptiques en terre cuite : au total sept pieces
(fig. 11, 3, 5, 8, 9, 13). Trois fragments de mcules en pierre (fig. 11, 12). Petit vase en pâte raffinee
(fig. 6, 7). Divers tessons en pâtc soignce.

www.cimec.ro 159
ItADlJ KT KCATERINA VUI.PE

L'inventaire dc nos fouillea consiste en objeta ceramiques: poteric, figurines, poids, e"n
quelques ustensiles de pierre el en plusieurs bois de cerf uses. Nous n'avons decouveri an-
cunc trace de metal.
Potcrie. Dans la ccramiquc de Perchiu,
qui est travaillee exclusivement â Ia main,
iiii distingue deux eatcgories essentiellement
differentes, â savoir 1°) les tessons de vases
de couleur rose ou rose-jaunâtre, en pâte
raffinee, parfaitement euite, ayant un decor
peint (fig. 6-7) et 2°) les fragmente de vases
â teclinique inoins devcloppce, de coulruis
foncees, — g " s i brun, rougeâtre, noir —,
presentanl parfois un luslrage monochrome
produit â Taide d'un polissoir et ayant
comme ornements des incisions. de3 proe-
mincnces, des lignes en relief et de petites
alveoles (fig. 8-10).
Dans la premiere categorie on doit
remarquer un petit gobelet rougeâtre de
forine largc et â base etroite (fig. 6, 7 ; 7, 5),
le seul qui ait ete trouve complet dans uos
fouilles de Perchiu; puis des profils de re-
bords provenant de vascs â goulot cylin-
drique large (fig. 6, 6; 7, 4, 6) ou îi ouverture
evascc (fig. 6, 9 ; 7, 7), des fragments de
Fip. 6. terrines a rebords simples (fig 6 , 5 ; 1,3),

Fig. 7.

de nombreux fragments de panses k profil courbe en angle vif, dont plusieurs poilrvus de proc-
minences percees (fig. 6,8, 10, 15,18,20), un fraginent appartenant â une panse du ineme type,

www.cimec.ro J60
LA STATION PRfiHISTORlQUE DE PERCHlU PRES DE HURUEŞTl

maiH ornee d'une anse model6e en forme de tete de cerf (fig. 6, 14; 7, /) et, enfin, plusieurs
tessons sur lesquels s'est conservee la peinture (fig. 6, 1-4; 7, 4). Les couleurs des ornements
present6s par ces tessons: noir sur l'argile rose-blanchâtre du vase (fig. 6, 7, 4), brun
sur l'argile rouge lustree du vase (fig. 6, 2) et noir sur le lustrage ocre-rouge du vase
(fig. 6, 3: 7, 4).
Pour tous ces elements on reneontre des analogies dans la ceramique peinte eneolithique
<»t du debut de l'âge du bronze, assez bien connues dans un grand nombre de stations de la
Moldavie, de la llcssarahic et de la Valachie du N-E, comme par ex. â Cucuteni, Ruginoasa,
Petreni, Şipeniţi, Monteoru, Băeşti-Aldeni,
etc.*). Les 6l6ments cites et surtout les tes-
sons peints monochromes, s'accordent tres
bien avec les 6l6ments de la division Cu-
cuteni B de la ceramique peintc prehisto-
rique, division dont la chronologie a ete eta-
blie approximativement entre 2200 et 1500
avant J.-C. 2 ).
La seconde categorie ceramique de
Perchiu consiste en plusieurs fragments de
vases â anses sur6levees, pourvues parfois
d'une proeminence servant a appuyer le
pouce (fig. 8 , 2 , 4 ; 1 0 , 7 , 9), puis en tessons
de terrines (fig. 8, 20), en tessons de petits
gobelets â rebords 16gerement evases (fig.
8, 3, 13; 9, 15), en fragments de vases plus
grands, â rebords simples (fig. 8, 10-11,
15; 10, 2, 7, U), 6vas6s (fig. 9, 16; 10, 2,
6, 8) et retrouss6s (fig. 8, 7,8,12, 18; 9, 1,
3, 7, 10, 11, 12-13, 16-18), en anses sim-
ples (fig. 8, 14) et, enfin, en proeminences
allong6es (fig. 8,16) et percees (fig. 8, 79).
Comme ornements on a de petites proemi-
Fig. 8.
nences (fig. 8, 7 3 ; 9, 20), des lignes en
relief simples (fig. 8 , 8 ; 9, 8-9) ou interrompues par des striee profondes (fig. 8, 17-18; 10,70),
des series d'alveoles (fig. 8, 3; 10, 3), des series de stries primitives (fig. 8, 70-/7 ; 10, 2), des
Iignes paralleles produites par l'impression d'une corde (fig. 8, 7 5 ; 10, 77), des zigzags en relief
(fig. 9, 7 ; 10, 5), des bandes remplies de stries croisillees (fig. 9, 2; 10. 7) et des cercles incises,
remplis de stries concentriques et decores de trois alveoles (fig. 8, 6).

') Cf. Vladimir DumitrcHCU, La cronolofţia della la ceramique peinte moldave, est d'accord aussi avec
rvramica dipinta delVEuropa orienlale, dana VEphe- les conclusions. au mcme sujet, de MM. Hubert
meris Dacoromana, IV, Roma 1930, p. 259 sqq. Dans Schmidt (1500), Dussaud (1500), Evans et Glotz
la cartc annexce â cet ouvrage figure aussi la station (1580): cf. Dumitrescu, op. cit., p. 304. M. V. Gordon
de Perchlu HOUS le nom de Hurueşti. L'auteur men- Childe, qui dans The Daivn of european civilization,
tionne cette station (o. c, p. 260) d'apres lc matcriel London 1927. p. 169, mettait l'an 1700 â la fin de
provenant de nos fouilles. la poterie peinte. encline, lui aussi, dans u n de ses
'•) VI. Dumitrescu, op. cit., p. 304 sqq. L'an 1500, derniers travaux, The Danube in prehi.itory, Oxford
quc M. Dumitrescu admel comme date ante quem dc 1929, p. 110, â pousser cette date vers 1500.

161
www.cimec.ro
11 Dacia III IV 1927/932
U A D U KT KCATKItllNA VUl.PK

La plupart dc ces tessons se retrouvent dans la ceramique de la plus ancienne


couche de Poiana, qui date du XVl-e siecle env. av. J.-C. *). C'est surtout le cas des frag-
ments â lustrage noir ou brun, â anses surelevees (fig. 8, 2, 4-5 = 10, 1, 4, 9) 8 ), â lignes
simples en relief (fig 9, 8-9) :{), â petites proeminenccs (fig. 9, 20) 4 ) et â ccrcles incis6s remplis
de stries (fig. 8, 6) 5 ). D'autres exemplaires, comme lcs tessons â cordons en relief obliques
tombant sur des lignes horizontales (fig. 8, 18 — 10, 10), sont connus des dernieree couches
des stations eneolithiques et du d6but de l'âge du bronze de la region danubienne â S de
Bucarcst, par ex. de S u l t a n a " ) , de Gu-
ni. Iii11: M 7 ) , de Căscioarele H) et de Boian 9 ) ,
qui, en general, arrivent toujours jusqu'au
XVl-e siecle 1 0 ), c'est-â-dire vers la date que
nous avons attribu6e â la premiere couche
de Poiana.
Mais c'est aussi la date la plus avanc6c
dc la prcmiere categorie d6crite ci-dessus, de
type Cucuteni B. D'ou il s'ensuit que les deux
especes de poteries caracterisant la station de
Perchm sont contemporaines. A leurs diff6-
rences techniques et stylistiques ne correspond
pas une difference chronologique. Cette con-
statation s'appuie aussi sur les analogies
fournies par les stations de Monteoru et de
Băeşti-Aldeni, dans la Valachie du N E , ou
les debris de vases de la cat6gorie Cucuteni
B se trouvent avec des restes c6ramiques
identiques aux fragments de Perchlu et de
la premiere couche de' Poiana n ) . De meme,
il est utile, malgr6 la r6scrve I6gitime que
nous a impos6e le caractere d'incertitude de
Fig. 9. la couche archeologique de Perchlu, de men-
tionner que les deux cat6gories c6ramiques
ont ete trouvees ensemble, dans toutes nos fouilles.

8
l
) R a d u et Kcaterina Vulpe, Lea fouilles de Poiana, ) Gh. Ştefan, Les fouilles de Căscioarele, Dacia,
1927, Dacia, I I I — I V , p. 346. Cf. aussi Radu Vulpe, II 1925, p. 170, fig. 30, 2 ; p. 171, fig. 3 1 , 2 ; etc.
Staţiunea protoistorică si daco-romanâ dela Poiana în *) V. Christescu, Les stations prâhistoriques du lac
Moldova de jos, dans Viafa Romînească, X X I I , 9—10, de Boian, Dacia, II 1925, p. 294 sq., fig. XXXV—
Bucureşti 1930, pp. 298 sq. et 310. XXXVI.
10
*) Cf. R. et Kc. Vulpe, Les fouilles de Poiana, 1927, ) Cf. VI. Dumitrescu, />a cronologia della ceramica
Dacia, I I I — I V , p. 277 et fig. 2 3 , 5 , 7 / . dipinta, p. 294 sqq. et les tabelles des p p . 301 et 307.
11
») Jbidem, p. 2 7 9 , fig. 23, 18\20. ) Jbidem, p. 264. Sur les analogies cntre les stutions
*) Jbidemr p. 287, fig. 35,2. de Monteoru et de Poiana I, cf. R. et Kc. Vulpe, Dacia
r
-) Jbidem, p. 278, fig. 2 0 , 2, 4-5; 21, 2,6. III—IV, p. 227, n. 2. Pour la contemporaneit6 de
•) I. Andrieşescu, Les fouilles de Sultana, Dacia, Cucuteni B et Monteoru, cf. aussi I. Nestor, Zur
I 1924, p. 77, fig. X V , 1 5 ; p. 80, fig. 7 ; etc. Chronologie der rumănischen Steinkupferzeit, Prăhisto-
7
) VI. Dumitrescu, Fouilles de Gumelnifa, Dacia, rische Zeitschrift, X I X , 1928, p. 143 (Tabelle).
II 1925, p. 68, fig. 36, 2 ; p. 69, fig. 39, 2 et 40, 7 ; etc.

www.cimec.ro 162
LA STATION PR^HISTORIQUE DE PERCHÎU PRES DK HURUEŞTl

Autres objets cframiqws. Outre les tessone de vases, on a trouve â Perchiu un fragment
de figurine feminine steatopyge (fig. 6, 17 et 7, 2), analogue s u r t o u t â un exemplaire de
B u t m i r 1 ) , un fragment d'un petit r^cipient cubique (fig. 6, 16), peut-etre d'un simulacre de
maison a ) , une tres petite miniature de gobelet conique et huit poids en terre cuite de formes
pyramidales (fig. 11, 8, 13), cn tronc de pyramide (fig. 11, 9 = 12, 2), ovales (fig. 11, 4, 5)
et conique (fig. 11, 3 et 12, 3).
Objets en pierre. Outre les nombreuses pierres informes de dimensions diverses trouvees pen-
dant toutes nos fouilles, mais surtout dans la fosse y (v. plus haut, p . 159), il nous faut mentionner

trois fragments de meules en pierre de type prehistorique (fig. 8, 9; 11, 12 et 12, 7) 3 ) , un


couteau en gres â un seul tranchant (fig. 11,2) 4 ), un fragment de silex informe et un autre
taille en forme de lame â deux tranchants (fig. 11, 14). On doit remarquer la rarete des
objets cn silcx.
Objets en os. II n'y a â mentionner sous ce titre que quatre pointes de bois de cerf por-
t a n t des traces d'utilisation (fig. 11, 1, 6, 10, 11) 5 ).

Conclusions. Les t r a v a u x modernes de viticulture, qui ont bouleverse les restes de la


station de Perchîu j u s q u ' â la terre viergc, ont rendu la stratigraphie de cette station tout-â-

') Hcernes-Menghin, Urgeschichle der bildenden Kunst, tres rapprochees de celles de Perchiu, cf. R. et E c .
Wien 1925, la fig. de la p. 287, en bas et â gauche. Vulpe, Dacia, I I I — I V , p. 320 et fig. 103, 1-2.
2
) V. un objet analogue â Căscioarele, Gh. Ştefan, *) Des couteaux semblables ont ete trouves â Poiana,
Dacia, II 1925, p. 156, fig. 14, 2. R. et Ec. Vulpe, Dacia, I I I — I V , p. 322 et fig. 102, 3-4.
») D6chelette, Manuel, I. p. 344 sq., fig. 127, 2. ■') V. les objets pareils de Poiana, ihidem, p. 323,
Pour les meules des premicrcs couches de Poiana, fig. 104, 5, 32.

163
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ir
KADIF E T KCATKUIIN A VUI.I'E

fait incertaine. De l'examen dc cette stratigraphie on nc peut retenir que l'aspect homogenc
ct l'epaisseur rcduite (1—2 m en moyenne) de la couche arch6ologique, ce qui nous pcrmcttrait
de conclure quc la station <le Perchîu n'a cu qu'une seule pliase dans toute son cvolution. Ccci
cst confirmc, d'aillcurs, par lc f'ait que I'inventaire <lcs objets rcsultcs <1<- nos fouillea s<' r6fere
a unc seule epo<juc. C.ette siinplicitc clirnnuloţriquc a ctc constatcc aussi <laiiH l'inventaire
analogue <!<• plusieurs autres stations de la
Roumanie, dnnt la stratigraphie a pu âtre

suggere par la similitudc tres etroite entre certains Fig. 1 2.


elements de la poterie â decor incise de Perchiu (v.
plus liaul. p . 161) et la ceramique caractcrisant la premierc phasc de la station de Poian.i.
C'est la date que nous avons admise comme point de dcpart dc la chronologie dc Poiana
(v. plus h a u t , p . 162).
Cette date tombe en plein âge du bronze, cc qui cst cgalement d'accord avcc la raretc
des objets en silex et en pierre trouves dans nos snndages (v. ci-dessus, p. 163). On sait que les
stations plus anciennes, eneolithiques, sont caracterisecs par une proportion considcrable de
pareils objets. Quant a l'absence complete du inctal a Pcrchiu, c'est unc circonstance tres

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LA STATION PREHISTORIQUE DE PERCHlU PRES DL HURUEŞTI

explicable t a n t qu'il s'agit seulement d'un habitat ' ) . Les traces d'un habitat consistent, par
(h'linition, en debris et en restes inutilisables. Or, le metal, surtout le bronze, est une matiere
toujours utilisable. On ne rejetait pas un objet en bronze use\ mais on le refondait, dans la
meme forme ou dans une autre. Si l'on retrouve, tres rarement, un objet en cuivre ou en bronze
parmi les debris d'une station, le fait est dîi au hasard. La majeure partie des outils faits en
cuivre ou en bronze, qu'on voit dans tous les Musees, proviennent de tombes ou de cachettes,
c'est-a-dire d'cndroits ou ces objets ont ete enfouis intentionnellcment. A Perchîu on n'a
encore trouve" aucun endroit semblable.
La Btation de Pcrchiu se trouve dans une des plus irnportantes regions de la Dacie. C'est
la region de la confluence du Sereth et du TYotuş, c'est-a-dire du croisement de deux grandes
routes naturelles, celle de la vallce du Sereth, parcourant toute la Moldavie dans sa longueur,
et celle dc l'Oituz et du Trotuş, qui, en traversant les Carpathes par un des meilleurs defiles,
constitue la plus directe liaison entre la Transylvanie et l'ernbouchure du Danube 2 ).
C'est â l'importance economique et strategique de cette region que l'on doit la longue per-
sistance et le developpement de la station de Poiana, qui dominait l'embouchure du Trotuş 3 )-
En comparaison de cette station, l'ctablissement de Perchiu a eu une duree tres ephemere
et une importance beaucoup plus reduite, ce qui s'explique surtout par son isolement, cache
comme il cst, dans une vallee secondaire, â plusieurs kilomctres du courant de vie et d'activite
humaines qui ont anime de tout temps la vallee du Sereth. Si les premiers habitants de la
« Măgura » n'ont pas choisi pour leur etablissement un endroit plus proche encore de cette
vallee, c'est, probablement, parce que les places favorables y etaient dejâ occupees. E n dehors
de Poiana, on connaît dans la region de la confluence du Trotuş et du Sereth, au moins
encore trois stations prehistoriques, â savoir les deux etablissements de Corni (sur la rive
gauche du Sereth, â la hauteur de Perchiu) ') et la « Movila » de Rugineşti (sur la rive droite
du Trotuş, pres d'Adjud) B ). On ne les a pas encore explorees, mais, en jugeant d'apres leur
etendue «;t lV;paisseur de leurs couches, elles sont bien plus importantes que l'etablissemenl
de Perchiu. Les objets recucillis jusqu'â present â la surface de ces stations nous montrent
qu'elles sont contcmporaines de Poiana I et, donc, aussi de l'etablissement de Perchiu.
II cst probable que celui-ci a ctc fondc â quelque intervalle aprcs les autres.

') Sur cettt' questinn cf. uussi VI. Durnitre»cu, La <jui rapproche cette ceramique de celle de Piscul
cronoloftia della ceramic.a dipinta, p. 262 sq. Crăsanilor (d'epoque Latene: Pârvan, Getica, Bucarest
'-) Cf. Vusile Pftrvan, Caslrul dela Poiana şi drumul 1926, pp.173 sqq. et 740 sqq.) et celle des dernieres
roman i>rin Moldova de jos, dans Analele Ac.ademiei couches de Poiana, d'epoques Latene et romaine,
Române, sect. ist., scr. II, lom. XXXVI, Bucureşti 1913, elles sont tout-â-fait erronees.
p. 27 sq(j. et R. Vulpe, Viafa Romîneasc.â, XXII b
) De breves relations sur cette station ont etc
9—10, Bucuresti 1930, p. 309. publiees par M. Sava Athanasiu, professeur â la
') R. Vulpe, loc. cit. Faculte de Sciences de Bucarest, dans les Dări de
1
) Cf. C. Solomon, Descoperiri si cercelări asupra scamă ale Institutului Geologic al României, VII, 1915
câtorva stafiuni anlic.e din jud. Tecuciu, dans Bulel. (compte-rendu du 20 novembre). Les tessons et les
Comisiunii Monum. Istorice, XX, 1927, p. 107 sqq. objets provenant de cette station, conserves dans la
Nou» uvons visite une dc ces stutions pendant l'ete de collection fţeologi<iue de la Faculte de Sciences de
i'aniiee 1928. La poterie, que nou» y avons trouvee, Bucarest, ou nous les avons vus grâce â l'amabilite
est tres semblable ă la seconde categorie de la cera- de M. Athanasiu, sont d'une parfaite similitude avec
mique de Perchîu ct a la poterie de Poiana I, ce ceux <jui caracterisent le plus ancien etablisscment de
qui resulte aussi de la fig. 14 de M. Solomon. Quant Poiana.
aux considerations chronologîques <le M. Solomon,

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H A D U KT ECATERIJNA VULPE

Ce n'est, jusqu'â de nouvelles fouilles dans la r6gion, qu'une simple hypothese. Ccpendant,
il n'est pas sans aucune importance de mentionner, â eet egard, qtic la « Măgura » de Perchhi
n'a plus jamais ete preferee comme etablissemcnt apres la fin dc cclui que nous avons cxplore.
Lcs tessons et Ies objets de la premiere moitie de l'âge du bronzc sont les seules traces de vie
humaine que contient la couche archeologique de cette station.
Dans la lumiere de ces considerations la station de Perchiu nous apparaît comine un
etablissement d'ordre secondaire correspondant a une periode de population tres intense, lors-
que les plateaux entourant l'embouchure du Trotuş ') ne suffisaient plus pour les peuplades
attirees par la richese et l'importance de cette region.
Certainement, nos sondages pratiques dans la couche anthropozoique de la « Măgura »
de Perchiu sont loin de remplacer des fouilles plus etendues, mais ils suffisent pour qu'on ait
une idee sommaire sur le passe de cette station. Quant aux possibilites d'obtenir des informa-
tions plus detaillecs, l'incertitude stratigraphique, que presente la station, nous enleve, mal-
hcureusement, une grande partie des espoirs que nous serions enclins a mcttre dans dc futures
explorations.
HADU et E C A T K R I N A VULPE

J
) Le plaleau du NO compri» entre le Sereth et le iriiere nioitie de l'âge du bronze, encore incditH, trouves
Trotuş etait aussi occupe, â cette epoque, par quelque â (lonţeşti prcs de Sascut, inaintenanl en possession
tribu. en jugeant d'apres plusieurs objets de la prc- de M. le General Şt. Holban a Bucarest.

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LES STATIONS l'RKI IISTORIQUES DE VADASTRA
Le village dc Vădastra est situc a 14 km â N. O. de la petite ville de Corabia, port du
Danube, et a 26 km au Sud de la ville de Caracal, chef-lieu du departement de Romanaţi*).
L'ancien chemin rornain, qui partait de la cite romainc dc Celei (Sucidava) vers Turnu-Roşu,
en suivant la riviere de l'Olt, passe â quelques kilometres vers l'Est du village de Vădastra. Ce
village, situ6 dans un terrain peu accidente, est travcrse par un ruisseau marecageux formant dans
la partie Ouest du village un marais, seche en partie par les villageois, qui y ont fait des ouvra-
ges sp6ciaux. Ce marais, nomme par les habitants « Obârşia », a des bords escarpes. Sur ces bords
on voit, par ci, par lâ, dcs tumulus. Au milieu du marais, tout pres du village de Vădastra, se
trouve un tumulus qui a une forme differente des autres. Ce tumulus est ovale et a la forme
d'une table (fjg. I a ) ; les habitants l'appellent « Măgura Cetate » ou bref « Cetate » (Cite). Cet îlot
a 6te reconnu comme station prehistorique des 1872 par le journaliste-archeologue Cesar Bolliac.
Quoique dans sa description sommairc de la localite il ait mentionne aussi les « tumulus-necro-
poles » sc t r o u v a n t sur les bords escarpes du voisinage, son attention s'est p o u r t a n t dirigee
exclusivement sur la « Măgura Cetate ». Cette station a ete pour lui l'objet de recherchcs assidues,
qu'il a faites pendant trois 6t6s, en 1872, 1874 et 1876. Les fouilles qu'il y a pratiquees ont
fourni un materiel ubondant, public en partie dans son journal « Trompeta Carpaţilor»2).
Sur le conseil de mon illustre professeur et directeur du Musee National d'Antiquites
dc Bucarest, fcu Vasile P â r v a n , j ' a i fait, pendant l'ete de 1926, de nouvelles recherches qui
m'ont permis d'identifier toute une region riche en vestiges prehistoriques et romains. En
dchors de l'îlc fouillee par Bolliac, nous avons decouvert dans une ctendue de 5 ha. â peu
pres du bord inferieur, qui s'erige en colline au-dessus du marais, des tessons tout â fait dif-
fcrents de ccux de « Măgura Cetate ». Ces tessons avaient comme caracteristique une ornemen-
tation spiralo-meandrique, faite par des incisions profondes ou excisions, remplies de matiere
blanche. Les sondages que nous avons faits n'ont donne de resultats que dans le tumulus qui
B*enge sur hr soiumct de l'escarpement ct qui est designe par les habitants sous le nom dc
« Măgura Fetclor » (lc tumulus des filles, fig. I (1). Les fouilles qu'on a pratiquees apres ont re-
v6l6 une n6cropolc â incincration. Quoique les tessons aient ete trouves sur une surface assez
ctendue, ils ne se trouvaicnt — â l'exception du tumulus mentionne plus haut — qu'â une
profondeur ne dcpassant pas 40 cm. L'emplacement habite, caracterise par cette ceramique,
n'a pas encorc ctc trouve. Nous avons cru que ce fut peut-etre a cause des plantations dc
maîs ct de vigne, mais les cinq sondagcs que nous avons faits n'ont donnc aucun rcsultat.
Alors, nc trouvant pas l'cmfjlacement, nous avons fouillc le tumulus.

') Dir.ţionarul geogrufic ul Homăniei (Le diction- -) Trompeta Carpaţilor, Bucarest, 20 Aout 1872,
naire g6ogruphique <le la Roumnnie), Burareat 1902. 20 Juin 1874 et 27 Juin 1876.
art. Vădastru.

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VASILE CHRISTESCU

Des recherches faites sur l'escarpemenl au Sud du marais, vers I ktn â peu pres de
« Măgura Fetelor », dans Ic terrain dc M. Protopopescu, ont rcvclc des tessons romains dans
une grande e t e n d u e ; d'ailleurs, cette place etait designee par les habitants sous lc nom de
« Malul roş» (l'escarperaent rouge). Le temps ne nous a permis de rcchcrchcr que les tu-

Fig. I.

mulus situes au Sud du marais. Tous ces tumulus ne presentaient aucune trace de ccramique
et d'autres objets antiques ou prehistoriques; mais, par leur formc, ils rcsscmblcnt îi « Măgura
Fetelor ».
Dans le pâturage de la communc Vădăstriţa (â 3 km vers S. O. de Vădastra), dans la
plaine, nous avons trouve des vestiges romains. Les sondages y pratiqucs ont r€vele des briques,
des tuiles, une fleche, deux crampons en fcr et d e l a chaux. Evidemment, nous ctions en prcsence

www.cimec.ro I6B
LES STATIONS l'KEHiSTORiyUES DE VADASTRA

d'une station romaine (fig. I y). Le peu de tempg que nous devions consacrer aux fouilles,
ainsi que le manque d'argent, nous ont empeche de continuer les recherches et les fouilles
P e n d a n t trois semaincs nous avons fouill6 «Măgura Fetelor» et «Măgura Cetate >> (cette
derniere dans les parties non fouillees par Bolliac) ] ) . Nous faisons dans ce qui suit un cxpose
des resultats de ces fouilleft.

I. MĂGURA FETELOR
Position. Mâgura Fetelor est un tumulus qui a la forme d'une calotte 2 ). II est situe â
5 m au-dessus de l'escarpement au Sud du marais Obârşia et s'eleve j u s q u ' a 64 m au-dessus
du nivcau de la mer. Le tumulus cst situe â S. 0 . du village de Vădastra, â la lisiere meine,
dans le tcrrain dc Panaît Grecu et J.
Kiroiu. La surface totale, â partir de
l'escarpement j u s q u ' â la route Vădastra-
Vădâstriţa, est de 5000 m 2 ; en r6alite,
le i ii iii iiIii situe au milieu de ce terrain,
a les dimensions: 40 m E. 0 . X 50 m N. S.
Nos rechcrches ont ete dirig6es vers le
centre du tumulus.
Nous y avons pratique une tranchee
A de 6 x 6 m. Puis, du coin S. E. de cettc
tranch6e, nous avons fouille un fossc a,
aux dimensions de 2 x 6 m et â di-
rcction N. O.—S. E . ; enfin, une autre
tranchee ZJ, vers le Nord, de 4 x 10 m,
jusqu'a l'extremite du tumulus. Nous
avons fouille en tout une superficie de
H8 m 2 , a y a n t atteint une profondeur de -<CZ/>

4,20 m (v. le plan des fouilles fig. II) Fig. II Măgura Fetelor.

Strntigruphic. A cause dc lu terrc qui u etc remuee, probublement au fur et u mesure qu'un y
dcposait d'autres vases, nous n avons pae pu reconnaitre precisement une succession des couches ccra-
iiiii[ii. G6ncraletnent, nous uvons remurque que, jusqu'â 2 m de profondeur, lu terre, tres remuee, ne
renfermuit quc des fragmentl ccrumiques de lu cutegorie suivunte: en pâte bien petrie, quelquefois bien
cuite, putinee et u dccorn Hpirulo-mcundriques incises on excises, remplis de matiere blanche. Plus rares
sont Ies tessons sans patinc et â d6cor en relief. Tout aussi rares sont les fragments de petits vases,
uyant la ftute fincment fiulincc ct la couleur surtout brune; quelquefois ces vases presentent des raies
lcgcrcs sur l'«qiuule. Hne cutcgorie de tessons, en quuntitc rcduite egulement, est caracterisee par une
pftte tres groHHe et IÎHHCC probablement u Tuide d'un fragment de bois. Lu couleur en est generulement
grise; ces tesnons seniblent etre des frugments de grundes jarres. II est â remarquer que certains frag-
rnents marginaux, ayant la forme de la fig. 3, no. 1, ne depassent pas 1,80 m en profondeur, tres rarement
2 m. Dans rinventuire des objets nous pouvons mentionner: un petit vase, probablement de culte, non
cuit, ayant la forrnc d'une corne (fig. 44, no. 18); un vase minuscule non cuit, trouve dans lu tranchee
B (fig. 44, no. 21). Dans la tranchee B, â 1,65 m de profondeur, on a trouve aussi la figurine acephale
fig. 44, no. 2, et, a 1,85 m, la figurine fig. 44, no. 1 7 = 4 5 , no. 5. Les silex sont petits et en etat de
fragments. Comme objets en pierre: quelquen frugments de hnchen, de couleur bleue, des pierres d'une

2
') I'endunt toute lu cumpugne des fouilles, j'ai ) Voir L. Rey, Observations sur les premiers habitats
joui dc la precieuse collaboration de ma chere cpouse de la Macednine dans B. C. H., 1916—1918, p. 8.
u luquclle j'exprime cn ce lieu inu grutitudc devouăe.

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VASILK CHRISTESCU

forme particuliere (fig. 44, no. 25). Objets cn o s : unc <lcnt d'animal, trcs bien polie (fig. 44, no. 15);
unc rondelle (fig. 44, no, 22). Les OH, nsscz nombreux jusqu'ă cctte profondeur, sont de brebis ou d'ag-
neau, rarcment dc bocuf. Lcs uns sont travailles rudimcntaircmcnt dans unc formc pointuc (fig. 44, no. 8 ) ;
ces os sc rencontrent, cn quantitc de plus cn plus reduite, jusqu'n lu dernicre profondcur des fouillcs.
Ouelques <>s ont ctc trouvcs cttlcincs (fig. 44, non. 20 ct 23). A 1.80 m dc prnfondeur, vers lc coin
S. O. <lc lu tranchce .4, on u trouv6 <lu millct. l'nc dcrnicre remarque: tous les tessons trouvcs jusqu'â
cette profondeur etuient pleina <lc ccn<lrc ct par cndroits apparaîsiaient <lc petites iiiottcn de terre cuite.
A purtir de 2 m vcrs la dernierc profondeur, Ia lituation chungc un pcu. A 2 m, dnns la purtic N.
E. dc la tranchee .4, lu tcrre presentnit <1CH trnccs dc chnrbon. Tout prcs il y nvnit une pierre. Sous le
churbon, on u trouvc <lc petitl os ct dcs frugmciits dc ciunc, probnbleinent d'cnfnnt, tres putr6fi6s. A
2,15 m <lc profondcur. toujours dnns ln pnrtic N. E. dc ln trunch6c A, ont ctc trouvecs deux picrrcs
(lu premicre de 0,11 X 0.07 X 0,05 m ; In scconde dc 0,16 X 0,20 x 0,04 m). Dnns cette tranchee, vers 2,40 m
<le profondcur, par ci, par lii, duns toute lYtcndue, on voynit de lu terrc cuite et quelques picrrcs dc pc-
tites dimcnsions. Dnns lu partie N. (). dc lu trtinchce A on n rciiiurquc, vcrs 2,80 m de profondcur, unc
sorte de foyer, plutdt un melnngc de ccmlrc, de tcrrc cuite et de charbon; on y a trouve des fragmenti
de grunds vases. Vers 3 m de profondeur, dnns lu partic S. O. de lu trnnchee A, apparaissaient six
pierres, dc pctites dimensions, irregulieretiicnt disposecs.
Vers 2 m dc profondeur, nppnrnisHnicnt, toujoure dnns lu trunchec B, |)lusiciirs picrres, dc la terrc
cuite, surtout vers la paroi Nord, ninsi <pic de grosses scoiics d'os. A 2,30 m, les fouilles ont r6v6Ie,
dans la trnnchce B, les pierres suivuntcs: ilnnH lu pnrtie Sud un groupe de trois pierres u petites dimcn-
sions, irrcguliereroent disposdcs. Entre elles il y nvuit un tns de terre cuite (ayant un diametre de
0,20 m approximativcmcnt). D a n s la partie Nord de lu tranchde, il y avait deux uutres pierres; tout prcs,
cn pcnctrunt duiis lu pnroi Nor<l <lc In trnnch6c, il y avait une sorte <le foyer (dimensions 0,60 m N-
S X 0,60 m K-O). Pres du foyer on a trouve dcs scories d'os. Vcrs lc milieu de la trnnchee, on a trouvc
aussi deux pierres: l'une plus prochc de la paroi Oucst; l'autrc, dc la paroi Kst. La dcrnierc est aussi
pliis grunde.
Duns le fosnc a, vcrs 3 m <lc profondeur, prcs dc lu trunchee A, ou u trouvc uussi unc sorte dc
:
foyer. Celui-ci n'cst autrc chose qu'une plncc rccouverte sur 1 m d'une croîite de terre culcince, dont
l'cpaisseur nc dcjnisse pns 4 cm. II rcsscmblc plutdt ă un plnnchcr cnduit de tcrre glnise, identiqne ft ceux
qui se trouvent de nos jours dnns ICH muisons dc nos paysuns.
Duns toutcs les fouilles, les tessons commciiccnt îi jiurtir dc 2 ni <lc profondcur îi nppuruîtri-
duns des quuntitcs <Ic plun en plun grnnden '). Tous les VHSCH et len fruginents sont plcins dc ccndrc.
L'inventuire cernmique est tres riche entrc 2—3,50 m de profondeur; vers le fond des fouilles lii
ijunntite de tessons diminuc de plus cn p l u s ; îi 4,20 m nppnruît ln terrc glnise. Vers le fond, les frng-
ments ccrnmiques indiquenl de grnnds vases. Tous les tessons Bont rcmplis de cendre. Les vases ă dccor
par incisions profondcs ou cxcisions. pntincs et remplis dc cendre, uppuruissent jusqu'â ln dcrnicrc pro-
fondcur; mais, n pnrtir de 3 m et jusqu'â 4 m, les frngments de vases sans patine se multiplient extrn-
ordinniremcnt. Ceux-ci ne sont pns toujours ornement6s; mnis, lorsqu'ils sont decores, leur dccor cst formc
d'alvăoles disposees en bandc ou d'ineisions. Le d^cor cn relief (proeminences ou bandes onduI^CB) y
> e»t rencontre plus rarcment.
U n e autre decoration habituelle de ces vuscs est celle formee pur des entailles dans Ie rcbord ou sous
la levre du vase (v. par cxemple les fig. 25, 29, 30). Gcn6ralcment, ccs fraginentH trahissent la
presence de grands v a s e s ; ils ont et6 trouves presque tous pleins de cendre. On a trouve aussi cn grundc
nbondance, s u i t o u t entre 2—3 m, des tessons de petits vases, & patine brune ou brune-rougeâtre et A
raies fines. A partir de 3 m jusqu'â la derniere profondeur, il y avait aussi dcs frugmcnts putincs, surtout
marron et â raies fines; mais ces fragments trahissent de grands vases (fig. 36, no. 1). Les fragmcnts
ceramiques â anses ou â oreillette ne furent plus rencontrcs ă partir dc 2 m de profondeur. \< silex
trouves etaient tous de petites dimensions et en ctat de fragmcnts. Dans Ics fouilles, ti diverses profon-
deurs, on a trouve de petites haches en pierre, de couleur surtout bleu fonc6. Des pierres servant d'usten-
siles apparaissaient aussi; purmi celles-ci, une pierrc circulaire, ayunt uu trou uu milieu, probablemcnt
un casse-tSte (fig. 44, no. 24). Les objets en os etaient en petit n o m b r e : quatre poinţons ct une cpinglc

') II est â remarqner qu'on ne trouve iutacts que de fragments. Parfois les ftagments sont superposes,
les petits vaBes, tandisque les grands sont en ctat c o m m e si les vases ctnient l'un dans l'autre.

www.cimec.ro 170
L E S STATIOMS P R E H I S T O I U O U E S I)E VĂDASTKA

fineinenl travaillee (fig, 44, no. 10). On a trouve aussi deg os, travailles rudimentairement, ressemblant
a cclui de la fig. 44, no. 8 ; puis une cuiller en os (fig. 44, no. 12) ct quelques fragments polis (fig. 44,
noa. 2—3). II est & remarquer que plus on avance en profondeur, plus les outils en os apparaissent mieux
travaillcs et mcme polis, tandisque vers la surface ils sont plus rudimentaires.
Hn chaj)itrc important dc cct invcntaire est constitue par les figurines cn argile (fig. 43 et 45).
La plupart cn ont ete trouv.es dans la tranchec B et â partir de 2,50 m dc profondeur. Les objets en
ineTal sont dans une quantite tres reduite. On a trouve seulement trois poinţons, parmi lesqucls deux
sont dcs fragmenti (fig. 44, nos. 13, 14, 16; 17 et 19: terre melangee de cuivre). L'analyse a
j»r6cise' quc cc inetal est du cuivre pur.

SILEX ET OBJETS EN P I E R R E
Silex (fig. 1). Pendant les fouilles on a trouve 150 silex, presque tous en etat fragmentaire.
La plupart ont ete trouves jusqu'a 2 m de pro-
fondeur. Presque tous sont bien travaill6s et
ceux qui sont entiers ne depassent pas 8 cm de
longueur l). Sauf les lames qui sont minces et etre-
cies, ayant une ou deux nervures sur le dos,

10 17

9 QO
cc c21 22 ţ

9A
'A(> 28 29 3° 33

l'inventaire des silex comprend encore: des


35 3_ 38 3g pergoirs (fig. 1, nos. 1—5, 7, pcut-etre aussi
14 et 18); des racloirs (id. no. 39, peut-etre
FÎK. i.
35); des grattoirs (id. nos. 8, 23, 38); un
') La lamc, fig. 1, no. 24 fig. 3, no. 2, courbcc Elle a ete trouvee p a r un paysan dans son terrain
et a y a n t deux nervurcs sur le dos, est travaillce â sa situe a une distance de 80 m de notre t u m u l u s , cn
jiartic infcrieure commc pour former unc sorte dc meme temps que d'autres l l s i l e x d e la mcme forme,
m a n c h e ; cet i n s t r u m e n t semble avoir servi plutot qui ont ete detruits.
de faucillc quc dc couteau. Sa longuciir r^i de 13 cm.

www.cimec.ro 171
VASILE CHIUSTESCU

nucleus (i<l. 110. 36) et deux pctits percuteurs (fig. I. no. 3 7 ; fig. 44, no. 26). Le percoir fig. 1,
no. 1, poli, est travaille â ses extremites laterales en arctcs; la partie oppos6e ă la pointe est
travaillee en pedoncule, prohahlement pour etre fixc. Cc percoir aurji peut-etre scrvi de pointc
dc fleehe. Le silex fig. 1 no. 18, presente, prcs dc la jminte, un trou jillant presque jusqu'â
la ncrvure medianc. Le grattoir fig. 1, no. 38 cst discoi'de').
Objets en pierre (fig. 2 el 3). On y a dccouverl 12 hachcs cnticrcs ct fragmentaires. Elles

sont toutes en pierre, de couleur hleu-fonce, excepte sculement celles de la fig. 2, nos. 12 ct L3,
qui ont une couleur jaunâtre-hleuâtre (la couleur du gravier). Les petites haches sont jdus
polies; les plus grandes ont, par contre, un polissage rudimcntaire. La grandeur des hachcs
varie de 4 cm â 14 cm (le fragment fig. 2, no. 13). Elles ont jiresque toutes la forme rectangu-
laire ct le talon epais (le type designe j>ar les Allemands « dicknackiges Beil »). Le tranchant
est droit ou demi-circulaire. Un fragment de hachc-marteau (fig. 2, no. 6). Cinq objets en pierre
du type fig. 2, nos. 14 et 15, qui sont lisses, mais non jiolis, scrvaient j)cut-ctrc de j)ilons. lJn<"
ju'erre (fig. 2, no. 16) presente en relief une forme semblahle au type no. 15, mentionnc plus

') A. »-t (;. .1.- Mortillel. Musee prthi.storique, pl. X X X V I I , fig. 2 9 8 .

www.cimec.ro 172
LES STATIONS PUEHISTORIQUES DE VÂDASTRA

haut l ) . Une aulre pierre, non travaillec, presente un trou de la formc d'une calotte (fig. 2.
no. 17); dans qucl but a-t-il cte fait, nous ne saurions le preciser. Quelques pierres, de dimen-
sions variSes, du type fig. 44, no. 25, servaient peut-etre â lisser ou â aiguiser. Une pierre rondc,
avec un trou circulaire, ctait un casse-tete (fig. 44, no. 24).

LA CERAMIQUE

^IKDwaKfc**» ^^ifl profondeur des fouilles 2 ), uous sommes reduits


10
â tâcher de faire la description de cette cera-
Fifţ. 4. mique en considerant tout d'abord — pour la
division en groupes —- la technique et l'orne-
ment, et puis la forme, cette derniere etablissant une difference moins pregnante. D'apres ces
considcrations, nous pouvons distinguer les groupes suivants:
I-er groupe. La pâte de ces vases est travaillee tres soigneusement; il paraît qu'on ait
cmploye une sorte de tour. Sans etre parfaitement pure, la pâte est bien petrie. La cuisson en
2
') Nous croyons que ccttc pierre, quoiqu'elle ait ) Font exception les fragments, assez peu nom-
p l u t o t lu forme d'un moulc, nous indique un objet breux, constituant le I I I - e m e groupe, ainsi qu'une
du t y p e fig. 2, no. 15, en train d'fitre travaillc. partie des vases du II-eme groupe.

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VASILE CHRISTESCU

est faite â la flamme. Toua lcs vases de ce groupe soni patines en une couleur brune*bleuâtre,
marron ou jaunâtre, rarement noire ] ). Pour la decoration des vases on employait les incisions
profondes ou les excisions 2 ). Les motifs ornementaux habituels sont: des bandes en zigzag
ou droites, des meandres et des spirales. Le travail de ces motifs ornementaux, disposes tres
variablemeut en stylc geometrique, trahit sou-
vcnt quehpie inaladresse et n'a pas la precision
de ceux de BoYan3), par exemple; il y a ce-
pendant des fragments dont la prccision des
lignes, meme spiralcs, est â peu pres par-
faite (par ex.: fig. 4, nos. 1, 3, 7, 10; fig. 7.

Fig. 6.

nos. 3, 4 ; fig. 8, nos. 1, 5, 7; fig. 9, nos. 1, 7,


9; fig. 13, nos. 2, 1 1 ; fig. 15, nos. 9, 10, 1 1 ; pj_ 7
fig. 16, nos. 14, 15; fig. 17, nos. 8, 9, 10; fig.
22, no. 4 ; fig. 24, nos. 3, 6). Nous croyons qu'on employât aussi restampille (par ex.: fig. 8,
nos. 5, 7). Les parties negatives des ornements sont remplics de matiere blanche. Cette matiere
J
) Quelquefois on ue peut pas distingucr la patinc, S c h u c h h a r d t , Alleuropa, 1926, pl. X X I V , fig. 6. On
puisque le vase est recouvert d'une epaisse couchc rencontre cgalement cette techuique ă Hutinir (Fiala-
d'argile calcaire (par e x . : fig. 22, no. 5). Hoernes, Die ncolil. Station von Butmir, I I , pl. X I I ,
*) Au premier coup d'ocil cette techniquc du fig. 15). Mais il faut accentuer que ce n ' c s t la q u ' u n c
decor ressemblerait â celle dcs vases ncolithiques simplc apparence.
3
thuringiens (Schnurkeramik) ; mais, chez nous, au lieu ) V. Christescu, Le» atationa prihistoriques du lac
de la corde, on a employe l'incision et l'excision. Pour de Boîan, — Dacia, Fouilles et dfcouvcrtes arch. en Rou-
comparaison voir chez nous fig. 13, no. 2 et, chez manie, I I , 1925, station A, pl. I I I — X I I passim.

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LES STATIONS P B I S H I S T O R I Q U E S DE VÂDASTHA

blunchc remplit presque toujours les ornements sur le corps du vase et meine sur son bord,
toutes les fois que le decor de ce dernier est incise; mais, si le bord n'a aucun ornement, il
est colore d'une matiere rouge. L'emploi de cette matiere rouge est restreint surtout au bord du
vase ou aux parties saillantes des ornements, qui ont quelquefois la forme de proeminences
(par ex.: fig. 13, nos. 4, 6; fig. 16, nos. 3, B,
11). Sur le support du vase fig. 33, no. 4 fig.
41, no. 2, toute la partie superieure du pied,
qm* n'a pas de decor, ainsi que la partie infe-
rieure du plateau, sont colorees au moyen
d'une matiere rouge. Des fonds des vases du

' type fig. 15, no. l = f i g . 41, no. 1 et fig. 24,


no. 8, sont aussi colores avec de la matiere
rouge. Par le double emploi de ces deux cou-
Fig. 8.
leurs, l'ornement recevait une variation assez
distinguee *).
Les formes des vases constituant ce groupe indiquent plusieurs types. L'ecuelle est repre-
sentee par plusieurs fragments. L'ecuelle a d'habitude les parois obliques (fig. 3, no. 9 fig. 9,

') Sur les vases incrustes, v. Wosinsky, Die in- du lac de Boîan, Dacia, II, p. 260 note 1), sont, selon
kruslierte Keramik, Berlin, 1904 pa»sim. (Les frag- toutes les probabilites, de Vădastra-Măgura Fetelor.
ments, pl. CXI, fig. 1, 2, 4, 5, 6, donnes par Wo- Ils ont ete apportes peut-âtre par Bolliac en meme
sinsky comme trouves en Roumanie, â Petreşti 40 de temps que le materiel trouve a Măgura Cetate). Sur
Cruci, et trouvâs par nous dans le catalogue du Musee le» vases incrustes voir aussi Wilke, art. Einlage,
d'Antiquites de Bucarest comme provenant de 'LIII- Ebert's Reallexikon d. Vorgesch., III, p. 54 sqq.
Hinog-Dobrogea (v. aussi notre: Stations prihist.

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V A S I I . I ; CIIKISTESCl

110. 10) ou un peu gonflces (fig. 3, no. 1 0 - f i g . 7, no. L; fig. 3, n<>. I l = lig. 2 3 , u o . 3 ;
pcut-etre les fonds des vases fig. 24, nos. I, 5, 9, appartiennent-ils â des vases de cc type).
D'autres fois l'eeuelle a les parois ohliqucs jus(|u*au iiiilicu, puis verticales (fig 34, no. I fig.
7, no. 6 ; fig. 34, no. 2—fig. 2 1 , no. 2 ; fig. 34 no. 3 fig. 23, no. 6). L'obliquit6 des parois peut

passent pas u n tiers de la h a u t e u r du vase,


puis elles deviennent vcrticales; la levre
est formee p a r u n c coupure horizontalc dans
les parois (fig. 34, no. 4 = f i g . 4, no. 11). II convient de r a t t a c h e r â cc type les vases fig. 4 1 ,
no. l = f i g . 15, n o . 1 (voir plus bas) ct fig. 24, no. 8, qui ont la partie inferieure en formc d<'
cone, t a n d i s q u e la p a r t i e superieure est cylindrique. Ces coupes ncccssitaicnt des supports.
On dccorait le vase soit sur t o u t e la surface p a r des incisions profondcs remplies dc hlanc, soit
sur la partie superieure seulement, la p a r t i e inferieure e t a n t peinte d ' u n e maticre rougc (fig.
24, n o . 8). Nous sommes inclines â ranger p a r m i les coupes les vases dont la panse a u n profil
semhlable â celui du t y p e precedent, mais d o n t lc goulot a lc rcbord trcs evase et l'orificc
tres ouvert (fig. 34, no. 1 5 ; fig. 34, n o . 8 = f i g . 16, n o . 1 0 ; fig. 34, n o . 9 = f i g . 16 n o . 9 ) ; ou
bien les vases d o n t la panse est termince par u n e 6paule gonflce, projetant verticalcment

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LES STATIONS PKEHISTORIQUES DE VĂDASTKA

la paroi (fig. 34, no. 5—fig. 4, no. 10) ] ) . Plus r a r e m e n t a p p a r a î t dans cc groupe Ie pot (fig.
34, no. ] 4 = f i g . 10, no. 2). Une forme frequente eat celle des vases a y a n t la partie inferieure
tronconique et la partie superieurc sphcroîdale; cette dcrniere a b o u t i t â un goulot â parois
obliques qui font elargir l'orificc (fig. 34, no. 11—fig. 5, no. 9 ; fig. 34, no. 1 6 = f i g . 9. no. ] ;
fig. 35, no. 1 ; fig. 34, no. 6 ; fig. 34, no.
1 0 = f i g . 16, no. 5). A ce t y p e appartiennent.
aussi les vases fig. 33, no. 3—fig. 40, no. 6 ;
fig. 9. n o . 6 = f i g . 4 1 , n o . 6, que nous decri-
vons plus b a s . Le vase â pied cst rencontre
souvent (fig. 16, no. 6— fig. 35, no. 6 ; fig. 42,

Fig. 13.

no. l = f i g . 24, no. 3 ; fig. 24, nos. 4, 1 0 ; fig. 33,


no. 5 = f i g . 40 no. 1 — c'est u n pied de vase
casse, qui a ete employe ensuite comme vase
— et le support fig. 33, no. 4 = f i g . 4 1 , no. 2).
Fig. 12.
Kn dehors de la forme habituelle cylindrique,
le pied de vase p e u t avoir aussi une forme pris-
m a t i q u e (fig. 24, nos. 3 renversee et 10). Un tesson scmble indiquer un vase qui — d'apres
son profil h o r i z o n t a l — peut avoir une forme polygonale (fig. ] 6 , n o . 2). Les couvercles, â

') Cette forme cst caracteristique pour la cera- Manuel d'archeologie prehistorique, I, p. 548, fig.
mique cordee (Schnurkeramik, v. IIoernes-Mcnghin 199 b). Cette forme a un correspondant analogue et
Urgesch. d. bild. Kunst., 1925, p . 321, fig. 3, de Lo- tres frequent dans le II-eme groupe ceramique de
hositz en Boh6mie; Schuchhardt, Alteuropa, 1926, notre station.
pl. X X I V , fig. 8, dc MerKchurg-Thuringe; Dcchclcttc,

177
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12 Dacia I I I - IV 1927/932.
V A S I L E CHHISTKSCt)

forme circulaire, tros peu concaves â l'interiour, sont doooros sur Ics dcux faeos (fig. 14, nos. ,'i.
4, 6, 8, 9, 10). Au milieu dc la facc oxterioure on fixail ccrtcs un bouton (fig. 14, no. 10).
Lcs vascs dc ce groupc ne semblent pas avoir eu dcs anscs. ()n n'cn a trouvc quc dcux, mais
cn forme dc lobc (fig. 14. nos. 1 ] , 14). Ces ansos etaiont attaehoos sciilcmcnt anx pctits vascs,

Le lobe qui servait d'anse â ce vase est aussi H


decore â la partie superieure d'incisions. Le
decor des vases de ce groupe est compose exclu-
sivement de motifs g e o m e t r i q u e s : de bandes .
et de lignes en zigzag, de m e a n d r e s , de spirales, etc. Ces motifs sont presque toujours com-
bines De m e m e , le decor de ces vases est tres varie L ' o r n e m e n t a t i o n la plus habituclle est
celle des bandes en zigzag, disposces en meandres sur t o u t e la surface du vase ou seulement
sur une p a r t i e ; le reste d u dccor c t a n t forme de motifs sj)iraux ou d ' a u t r c s motifs (fig. 1 1 —
tous les fragments sont du meme v a s e ; fig. 1 2 ; fig. 17, nos. 1, 10). Les parties ncgatives sont
rempUes de matiere blanche, meine lorsqu'elles sont aussi ornementees d'incisions obliques et
paralleles, ou obliques et qui s'entrecoupent. Plus r a r e m e n t apparaissent des b a n d e s droites,

') Tsountas, Dimini et Sesklo (en (ţrec), Athencs 1908, p. 347, fi(ţ. 263 et 285.

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LES STATIONS PRIÎHISTORIQUES DE VĂDASTRA

disposees en m e a n d r e s (fig. 6, no. J ; fig. 9, no. 9 ; fig. 17, no. 4 ; fig. 22 nos. 6, 7) ' ) . Sur
le fragment fig. 9, no. 10 on distingue l'ebauchage d ' u n tel deeor. Sur la paroi interieure d ' u n
vase on voit une eroix ; la paroi e x t e r i e u r e est aussi o r n e m e n t e e de motifs s p i r a u x e t mean-
driques (fig. 9, no. !î) '-). l i ' o r n e m e n t forine de lignes incisees en zigzag vertieal et disposees

j^^^Wr^ \V^

Fig. 16. Fig. 17.

') Cet orncmcnt se retrouve dans la ceramiquc se trouvent sur les vases gra|»hites de Thessalie (Tsoun-
ncolithiquc dc la Transylvanic, soit incise: â Turdaş tas, Dimini ct Sesklo, J>1. 21, fig. 4, deuxieme j>eriode
(II. Sclunidt, Ztschr. f. EthnoL, 1903, p. 450, fig. neolithi(|ue H3fi) ; des motifs analogues incises, mais
31 a, b, c; p. 451, fig. 32 b, c) ; a Alud (Nagy-Enyed, d'une technique differant de celle de Vădastra, se
id., j). 451, fig. 32 a ) ; â I'etris (Szamosujvâr; Wo- retrouvent en Thrace (Seurc-IJcgrand, Expl. de quel-
sinsky, Inkr. Keramik, pl. I X ) ; a Apanagyfalu (id., ques tells de Thrace, B. C. H., 1906, p . 411, fig. 47),
pl. V I I I , 5 ) ; dans d'autrcs localitcs indeterminces cn Serbie â Klicevac (Wosinsky, o. c, pl. C I V ) ; en
fid., pl. V I I , 2, 3 ) ; & Tisza-Dol), c. Abay, en Hongrie Macedoinc ( F . B. Welch, Macedonian Pottery, B. S. A
(Arch. Krtesilo, X X V I , 1906, p. 436, fig. en bas, X X I I I , 1918-1919, p. 46. fig. 3 c, e, f , ) .
â gauchc); â Korpâd (Kovâcs Istvan dans Dolgo- 2
) Dans cette forme, la croix apparaît comme
zatok-Travaux de Vlnxtitul arrheologiquc de Cluj, 1913, motif ornemental dans la ceramique des stations
[>. 6, fig. 3, no. 6 ) ; soit peint: aux alentours de Braşov [acustres des Alpes Orientales (Wosinsky, o. c , pl.
( K r o n s t a d t ; lloernes Mcnghin, o. c , p. 307, fig. 5, CXLIV, fig. 1—3; Hoernes-Menghin, o. r., p . 345,
7, 8 ) ; â Ariuşd ( F . Lâszlo, Les stations de repoquc fig. 3 ; p . 347, fig. 4, 7 ) ; puis â VuJedol, en Slo-
primychiienne dans le comit. de llăromszel, Dolgozatok- vcnie, vers le Danube (Wosinsky, o. c , pL X V I I ,
Travaux, 1911, p. 2 4 8 ; id.: Les lypes de vases peints fig. 17, 18) et â Szarvas (id., pl. X V I I I , fig. 10);
d'Ariusd dans Dacia, I, 1924, p. 10, pL I I I 6 8. p. 11, dans la cerami^iue thuringiennc ct bohcmienne-sej>ten-
pl. IV 15; p . 13, pl. V 3 , 5, p . 16, pl. V I I , 3, 6, 7). trionale (Hoernes-Menghin, o. c. p. 323, fig. 1-—3).
Au Sud, des motifs decoratifs identnjues aux notres

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VASILE CHRlSÎESCU

en zone se trouve sur l'epaule d'un vase (fig. 8, no. ] ) ; des lignes en zigzag, finement iu-
cis6es et dispos6es en m6andres, se trouvent sur le fraginent fig. 10, no. 3. La spirale est le
deuxieme motif principal dans l'ornementation des vases de ce groupe. Tout â fait distingu6e
apparaît-elle sur les frayments fig. 18, nos. 1, 4, 5, 7, 8, et fig. 19, tous du meme vase (Ies
bandes spiralcs sont separăes en zones par deux files de polygones, surtout de losanges)
et sur les fragments: fig. 4, nos. 6—10; fig. 8, no. 5 ; fig. 17, nos. 7—9 (la spirale du frag-
ment no. 9 est m6andrique); fig. 20, nos. 3, 5, 6 ; fig. 2 1 , nos. 6, 7, 9, 10, 12—14; fig.
22, nos. 1, 4 ; ainsi que sur le vase fig. 33, no. 3. Pour varicr le d6cor, la spiralc est presque tou-
jours en compagnie du meandre ou d'autres motifs ornementaux. Ainsi: â une zone de spiralcs
succede une autre de meandres (fig. 20
nos. 4, 5). Les filcs des polygones irre-
gulicrs ou rhomboîdaux entrent tres sou-
vent dans la combinaison des 6l6ments
decoratifs, etant employ6es surtout â la
separation des zones spirales (voir fig.
19), ou â la decoration des parties su-
perieures du vase (fig. 5, nos. 1, 2, 5 ;
fig. 7, nos. 1, 3 ; fig. 20, no. 1). Comme
616ment separateur, ces files de poly-
gones, disposees doublement dans une
zone entourant le milieu du vase (fig. 32,
no. 2) sont, â leur tour, variees par des
rectangles horizontaux, qui ne sont autrc
chose que des parties laiss6es non tra-
vaillees dans les bandes positives, dans
lesquelles ont 6t6 plasticises les poly-
gones (fig. 2 1 , no. 1; fig. 33, no. 3).
E n suivant le meme but, de varier le
plus possible l'ornementation, le potier a
laisse assez souvcnt non travaillees des
parties entieres de la paroi ext6rieure du
vase en forme de rectangles, triangles ou
trapezes; quelquefois les cot6s de ces sur-
faces sont entailles, de meme que ces
Fig. 18. parties deviennent â leur tour des motifs
ornementaux (fig. 7, nos. 1—6; fig. 9,
nos. 7, 8 ; fig. 10, no. 2 ; fig. 13, nos. 3, 7, 9 ; fig. 15, nos. 1, 5 ; fig. 18, no. 6 ; fig. 23, nos. 2, 3 ;
fig. 24, nos. 1, 3 ; fig. 33, no. 3). D'autres fois les petits rectangles sont laisses en relief en
forme de protuberances; elles sont presque toujours peintes d'une matiere rouge, tandisque
les autres ornements sont remplis de matiere blanche (fig. 13, nos. 4, 6, 10; fig. 15 nos. 8, 10;
fig. 16, no. 11). D'autres fois, la spirale est elargie (fig. 6, no. 1 1 ; fig. 16 no. 8 — la levre
peinte de rouge — ; fig. 2 1 , no. 2). Sur Ie fragment fig. 8, no. 1, on voit la spirale qui rappelle
les crochets unis de la ceramique peinte. L'ornement fait de petits triangles incis6s se trouve
assez rarement. Les incisions sont remplies de matiere blanche; les parties negatives sont tra-
vaillees separement par des points incises (fig. 4, no. 12; fig. 5, no. 3). L'ornement â points

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LES STATIONS FREHISTOKIQUES DE VÂDASTKA

incises est rencontre tout seul sur un tesson decouvert â 0,20 m de profondeur; la pâte de ce
fragmcnt n'cst pas, patin6e comme celle des autres. Un autre ornement â points ineises se
trouve sur la partie inferieure d'un vase (fig. 24, no. 9). Generalement, I'ornement k points
inciscs est employ6 â la d6coration de couvercles sous la forme des bandes spirales ou
meandriques (fig. 6, no. 7 ; fig. 14, nos. 3, 6, 8, 9) *). Exceptionellement et seulement dans
un seul exemplaire apparaît l'ornement en damier (fig. 6, no. 4) 2 ). Cet ornement est original;
les cot6s sont entailles et les anglcs sont un peu irreguliers. Les rebords des vases sont souvent
d6cor6s d'incisions obliques et horizontales (fig. 16, nos. 10, 1 3 ; fig. 23, no. 4), rarement spi-
rales (fig. 16, no. 9). Les anses en forme de lobe sont aussi decorees d'incisions obliques
et spirales (fig. 14, nos. 11,14 — sur ce tesson on voit aussi des points incises). A part, dans
l'ornementation de vases de ce groupe, se trouve le motif en forme de raies legcrement en relief
et qui couvre I'epaulc ou la panse du vase (fig. 2 1 , no. 1 ; fig. 32, no. 2 ) ; ce motif ornemental
ne se rencontre qu'en compagnie du motif des polygones. II est en liaison etroite avec la

V
^ ~ ~ ^

Fig. 19.

maniere de l'orncmentation de vases patin6s du deuxieme groupe. Les pieds de vases sont
aussi d6cor6s des vases toutes les parties visibles comme d'ailleurs.
Generalement, en regardant les ornements qui se trouvent sur les vases de ce groupe, on
constate une variation exceptionnelle, accentuee aussi par l'emploi harmonieux, sous le rapport
d6coratif, des matieres blanche et rouge. Ces ornements donnent l'impression de broderies,

') Les bundes u points itn î-• - se retruuvent 'l;m- dans Ztsrhr. f. Elhnol., 1905, p. 107, fig. 73) et en
la ceramique de la TranHylvanie â Tnrdaş ( H . Schmidt, Thessalie, â Dimini (Tsountas, op. c, p. 202, fig. 113,
Ztachr. f. Ethnol., 1903, pp. 4 4 2 — 4 4 4 , fig. 16, 17 114) et â Tsangli ( W a c e - T h o m p s o n , Prehist. Thessaly,
19), pui» en Jugoslavie, â B u t m i r (Hocrnes, Butmir, p. 106, fig. 56).
2
II, pl. V, fig. 1, 11); â Iablanica (Vassits, Arch. fur ) N o u s croyons que ce soit une influence etrangere;
Antrop., 1902, p. 575, fig. 131) et â Vin«a (Vassits, mais dans la maniere dont cet ornement est fait
Prăhist. Ztschr., 1910, p. 23 sqq., pl. X l V - a ) ; en Ma- nous v o y o n s l'originalite des ceramistes locaux.
cedoine, â Ha^io Elia ( H . Schmidt, Maked. Tumuli

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VASILE CHRISTKSCU

maladroitemcnt executees, mais fines q u a n d memc (surtoul fig. ( ), no. 1). II csi â signaler (|uc
la partie positivc de l'ornement, c'est-â-dire celle qui n'etait pas eoloree cn rouge ou blanc,
ctait toujours patinec. Malheureuscment, dc Fcnormc q u a n t i t c dc tcssons, a p p a r t e n a n t â ce
groupc. 011 a pu rcconstitucr quclques vascs â pcinc (fig. 32, no. 2 ; fig. 33, no. 3 ; fig. 9,
nos. 0, 8 ; fig. 15, no. 1): on a trouvc encore
tiii vasc-support et un vase fait d'un pied dc
vase ă pied (fig. 33, nos. 4, 5).
'fîtkt L e v a s e lc plus caracteristique cst celuide
la fig. 33, no. 3 = 4 0 , no. 6, trotive cn fragments
cntre 2 et 3,50 m dc profondeur. A y a n t unc

h a u t e u r de 14 cm, sa p â t c p r e s e n t a n t p e u d i i n -
puretes est hien pctric (epaisseur - 6 m m ) ; la
cuisson en est faite ii la flamme. P a r t o u t , sur
les parties positivcs du dccor, lc vasc est patine
cn couleur hrunc. Le goulot lui m a n q u e , d(^ Kip. 21.

mcmc quc quclques autres parties dc la p a n s e :


sa forme est ncanmoins precisc: spheroîdale vcrs la partie sup6rieure, tronconique vers la
partie infericure. Le goulot paraît avoir cte tres peu eleve, eomme dans Ic eas dc vases de Ia
meme forme de Kodja Dermen ' ) . Notre vasc cst splendidement decorc. La panse cst scpaice;

') H. Popov dans Isvestia. liull. dc la Soc. arch. bul- seniljliihlcs, ayant l'orifice etroil ct la ({orge rciluilc,
gare, 1916-1918, pl. IV, fip. 3. Comme analoftie en cc qui se retrouvent dans la ceramique peinte de Ia Hessa-
concerne la forme, voir les vases de Butmir (Hoernes- rabie (Stern, Petreny dans Trudy. XlII-e Congrks
Fiala, Huimir. II, p l . I I I . fig. 2; pl. VI, fij;. 1 et Iloer- archfologique, 1905, p. V I I I , fig. 5), de la Galicic (Hoer-
ncs- Mcniihin. I>I>. c. p. 28.'5, fip. I, 2). Dcs formcs nes-Menghin, op. c.,j). 291, fig. 2), puis en Transyl-

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I,I,S STATIONS I'llKHISTOKIQl KS 1)1, VĂDASTRA

en deux p a r une h a n d e formee de deux files de polygones et r e c t a n g l e s ; â la partie superieure


on voit de belles spirales excisces. Les triangles restes entre les spirales o n t ete â leur tour de-
cores de j)ctits carrtfs inciscs. La partie infericure du vase a ete decorce p a r I'excision des groupes,
chacun de cinq lignes; les parties positives non travaillces o r n e m e n t a l e m e n t affectcnt la forme
trapezoidalc. P a r t o u t les parties negatives sont
remplies de matierc hlanche.
D ' u n e forme analogue â notre vase est le
fragment fig.9, n o . 6 . Plus petit ( h a u t e u r : 8 c m ) ,
il a les parois plus allongees vers la base. La
p â t e , u n [)euimj)iire, esl bienj>etrie ;elleest pour-

t a n t mal lissee â l'interieur. A la p a r t i e supe-


rieure, la p â t e est plus epaisse (9 m m ) , t a n d i s
q u ' â la p a r t i e inferieure elle n ' a que 5 m m . Le
decor est semblable â celui du vase p r e c e d e n t ;
Fig. 22. mais ici une b a n d e anguleuse sej)are la panse en
d e u x parties. La p a r t i e superieure est decoree
dc sj)irales incisees, separees j>ar des b a n d e s verticales, t a n d i s que la p a r t i e inferieure a des
incisions m e a n d r i q u e s . Les incisions p r c s e n t e n t des traces de m a t i e r e b l a n c h e . La t e c h n i q u e
et le decor de ce vase sont inferieurs â ceux d u vase precedent ! ) .

vanie, h Ariuşd (F. Lâtzlo, Dolgosatok-Travaux, 1911, 85). Quoique les vases de Butmir et de Kodja Der-
p. 175, fig. 29). En Thrace aussi (Abbe Jerome, LV- men aient un decor spiral, la maniere dont est
poquc niolithique dana la vallie de Tonsus,— Rev. Arch., decore notre vase nous determine â le considerer
1901, p. 339, fig. 7 ; p . 340, fig. 8). Uu peu different dans un cadre â part.
est le vase de Sesklo H'sountas, op. r , p. 181, fij;. ') V. la note precedentc.

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VASILE CHRISTESCU

Le troisieme vase caracteristique est l'urne fig. 32, no. 2—fig. 40 no. 7. Trouve en frag-
inents, sa forme a ete pourlant facilement reconstituec. La pâte, hien petrie, a peu d'impurettfs;
il est precisement contoure ; la cuisson en est faite â la f lamme. A l'exterieur, les parois ont une
patinc brune-rougeâtre. D'une hauteur de 21,5 cm, notre vase a une forme tronconique vers
la base. Vers le milieu, la panse se gonfle pour se retr^cir de nouveau vers le goulot; mais ce
dernier s'elargit de nouveau pour former un large orifice, ayanl le diametre cgal au diametre
dc la panse dans la partie la plus gonflee (diam.— 24 cm). Les variations du contour sont
aussi precisees au point de vue du decor. La ligne du goulot est marquee par une file
d'entailles triangulaires ressemblant aux dents de l'acier. Le milieu de la panse est aussi
marque par une bande formee d'une
double file de polygones, plasticises par
des incisions j)rofondes. L'epaule du vase
est travaillee en legeres cannelures
obliques et un peu irrtfgulieres; cet or-
nement a ete fait d'une legere pression
sur la pâte molle. Cette zone de canne-
lurcs est partagSe symetriquement en
quatre parties par quatre protuberances
verticales.
La partie infericurc du vase n'a pas
d'ornements ; meme la patine y manque.
L'urne ne prescnte pas dc traces de ma-
tiere blanche *). Nous devons rattacher
â ce vase — surtout au point de vue du
decor — le vase fragment fig. 9, no.
8 = f i g . 4 1 . no. 7.
Un autre vase est celui qui a la
partie superieure cylindrique, tandis-
que la partie inferieure a la forme
d'un cone (fig. 15, no. l = f i g . 4 1 ,
no. 1); ce vase avait toujours besoin
d'un support. La variation du contour
est aussi marquee par une variation
ornernentale. La partie superieure est
ornee d'une zone d'incisions formant
des carres; cette zone est encadrec par
deux bandes patiuees. La partie inferieure est partagee symetriquement en quatre parties par
quatre bandes â doubles rangees de polygones; ces bandes se rencontrent â la pointe
du cone. Les parties negatives du decor sont remplies de maticre blanche, tandisque

') Daii» la forme, ce vase ne s'eloigne pas trop pl. X X I X , no. 6) et en Galicie â Kuda Rodzaniecka
du type precedent; il trouve un correspondant un M. Much, Kunsthistorischer AtJns, Sammlung von Ab-
peu different dans la ceramique peinte, & Petreni bildungen vorgcschichtl. Funde aua den Lăndern der
(Stern. o. c, pl. I X , 3 ; pl. X , 2), â Şipeniţ (dans la osterr.-ung. Monarchie, Wien 1899, pl. V I I , flg,
B u c o v i n e ; au Musee de prehistoire de Bcrlin. III-Sme 18 (non peint).
walle, vitrine 3 ) ; â Curnteni (Schuchhardt, Alteuropa,

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I,I;S STATIONS PKEIIISTOKIODES DE VĂDASTRA

les parties positives sont patinees en brun. C<- type de vase est rencontre rarement *).
G6neralement, la pâte est bien petrie et sans impuretes; les dimensions de ces vases sont
toujours petites.
Le support de vase fig. 33, no. 4 ~ f i g . 4 1 , no. 2, a ete trouve â 4 m de profondeur. La
hauteur en est de 9,5 cm. Ce support se compose d'une assiette, a y a n t un diametre de 11 cm,
qui s'appuye sur un pied assez fort, mais vide â l'interieur. La pâte, bien petrie, est cuite ă
la flainme. La patine, de couleur brune-rougeâtre, se trouve seulement sur le pied, a savoir
sur les parties positives du decor. La decoration a 6t6 restreinte seulement au pied du vase.
Entre deux groupes de bandes doubles se trouve une zone de carres incises, remplis de matiere
blanche. Au milieu de cette zone passent deux autres bandes en forme spirale; ces bandes
sont patinees. La partie inferieure de l'assiette est peinte avec de la matiere rouge 2 ).
Le vase fig. 33, no. 5 = f i g . 40, no. 1, trouve a 3,20 m de profondeur, a ete fait par
l'adaptation d'un pied de vase. On a lisse, â l'aide d'un instrument ou d'une pierre, la partie
qui soutenait auparavant le vase, apres que celui-ci cut ete probablement brise, si bien qu'on
en distingue â peine les t r a c e s ; cette partie lissee servait ainsi de base au nouveau vase, qui a
une hauteur de 5 cm. La pâte avec peu d'impuretes est cuite presqu'au rouge, sans avoir
de patine. Le decor est fait d'incisions qui ne donnent rien de precis.
L'ornement ainsi r6sult6 semble plutot repr6senter la stylisation naive de quelques 616-
ments floraux.
Legroupe II. Ce groupe comprend une serie entiere de vases assez differents au point de vue
de la technique et moins au point de vue de la forme et de l'ornement. En considerant
la technique, la forme et l'ornement, nous pouvons etablir deux categories â l'interieur de ce
groupe. Au point de vue de la technique nous avons: 1) la categorie de vases non p a t i n e s ;
2) la categorie de vases patin6s. Les vases non patines ont une pâte avec des impuretes, mais
bien p6trie. Le contour des vases est bien precise. La cuisson a 6t6 faite â la flamme; quelque-
fois les vases ne pr6sentent aucune trace de cuisson. Les ornements sont en relief ou faits par

l
) Ce vase n'a aucun correnpondant dann la ce- mais toujourn â baBe conique, de Kolan et de Glin)
rami(iue des Ralkans, de la Transylvanie ou dans la (v. surtout Je vase de C l i n a ; I. Nentor, Dacia, Illa
ceramique peinte. Le» vases caracteriHeH par la partic Des vases coniques ont ete trouves aussi ă
inferieure finisfiant cn pointe (mit spitzem Hoden) se Kutmir. ( R a d i m s k y - H o e r n e s , Bulmir, I, pl. VI, fig. 2),
rencontrent surtout dans la ccramique des Carpathes mais ceux-ci sont tout â fait differentH de nos vases,
du Nord, en B o h e m i e (Scharka, pres de Prafţue), en parce qu'ils neforment p a s d e u x parties bien distinctes,
Allemagne d'Ouest (MichelHberg), au D a n e m a r k ; au l'unecylindrique et l'autre conique, c o m m e les notres,
Sud, neulement â Troie, mais en argent (Hoernes- rnais ils ont la forrne d'un cone d o n t la base serait
Menghin, op. c, p. 253, fig. I) ct en argile dans les l'orificc. Le vase cite ressemble plutot au petit vase
sites II—V (H. S c h m i d t , Sammlung Troyanischer en argile non cuite, trouve a Măgura Fetelor (fig.
AltertUmer, p. 9 1 , no. 2058). U n vaue, â la base co- 44, no. 18).
n i q u e , — â Laibacher Moor (Hoernes-Menghin, op. r., 2
) Les supports ou les vases â pied ressemblant
p. 347, fig. 9). II est & remarquer que tous ces â notre support ne se trouvent pas dans la ceramique
vases ont la partie infcrieure gonflee, tandisqu'a balkanique. Les vases de Rutmir ont le pied court.
notre vase la partie inferieure n'a pas de ren- Ressemblants en quelque sorte seraient les pieds des
flcment, ayant la formc d'un cone parfait. Nous vases de Vin^a (Vassits, Prăh. Ztschr., 1910, pl. 11
s o m m e s forcds â conclure que les vascs de ce typc. a, b); mais ceux-ci se courbent Burtout vers la base,
trouves h Măgura Fetelor, bien que sous des influen- qui est aussi plus large. Au contraire, des vases â
ces ctrangeres — peut-etre du Nord — sont un pro- pied semblables se rencontrent â Lengyel et Iordans-
duit original des ateliers ccramiqucs locaux. Peut- miihl (Hoernes-Menghin, op. c, p. 257, fig. 1, 2).
<ITI- soiit-ils ausni des miniatures imitant les grand* Ces sont les vases d e n o m m e s par les Allemands « Pilz-
vaHes, iii) jieu difflrentfl duns les d«'-tails de la forme, gefăse*.

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VASILE CHRISTESCU

incision. Tres souvent les vases n'ont aucun decor. Les vases patines sont soit petits, surtout
les eoupes, soit: grands, surtout les ecuclles. Generaleinent, les petits vases sont faits en nne pâte
mince, sans impuretes, bien petrie et polie. La patine habituelle est de couleur brune, plus
rarement jaunâtre ou brune-rougeâtie. I,es grands vases ont une pâte plus epaisse, mais pure,
ayant ete travaillee avec le mcme soin. La patine habituelle <le ees vases esl brunc, j a u n â t r e
011 marron. Les petits vases patines presentent un deeor forme de raies legerement cannelees
sur l'epaule, tandisque lcs grands vases patines ont sur la panse des raies obliques ou spira-
les, quelquefois en compagnie de I'ornement a ineision. Au point de vue de la forme
on ne peut faire une difference nette entre les vases de la premicre categorie et ceux de Ia se-
conde. Une espece de vase qui se trouve
» i
en grandes quantites et qui — d'aprcs
ce qu'on a pu remarquer — appartient
exclusivement â la categorie de vases non
patines, est le pot ă grandes dimensions
et â pâte grossiere. Ce pot est pourvu
â la hauteur du goulot d'une anse ronde,
verticale (fig. 35 nos. 3, 7, 9). L'anse
est quelquefois horizontale (fig. 42, no. 3 ) ;
d'autres fois, l'anse, toujours verticale,
mais d'une forme â peu pres triangu-
laire, e.st fixee sur la panse du vase (fig.
35, no. 4). Sur un autre vase, peut-etre
une tasse, l'anse est fixee sur la partie
inferieure, pres de la base; l'anse fig. 29,
no. 16, a appartenu a un vase de cette
catcgorie. De nombreux fragments de
grands vases indiquent d'autres types dc
pots, mais sans anse (fig. 25, nos. 1—6;
fig. 26, nos. 2—4, 6, 9 — 1 1 ; fig. 35, nos.
2, 5, 8 ; fig. 36, no. 2). II y a des vases
dont les parois forment ă l'orifice un
large rebord (fig. 36, no. 10); d'autres
ont un goulot semblable â ceux du 1-er
Fig. 25. groupe (fig. 36, nos. 5, 9, 14) ^). II
semble que le pot fiit aussi commun
aux vases patines (fig. 36, no. 1). Un autre vase, commun aux deux eategories, c'est
l'ecuelle. Dans la premiere categorie, ce type se presente aux parois plus gonflees â la partie
superieure (fig. 36, nos. 3, 6, 11). Un tesson en pâte grossiere, mais bien contoure, indique
une ecuelle ayant une oreillette sur le fond et deux proeminences sur les parois extcrieures
(fig. 36, no. 4). Dans la seconde categorie, le type-ecuelle est accompli: les parois bien polies et
patinees se replient en angle pour former l'orifice (fig. 36, no. 12). Ce type ne se trouve que vers
la surface des fouilles. Quelquefois le repli des parois donnc naissance ă une tfpaulc (fig. 36,
nos. 7, 8, 1 3 ; fig. 38 no. 4), qui dans quelques cas peut etre decoree de raies legeres et

!
) V. plus haut page I I , la note 1.

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LES STATIONS PREHISTORIQUES DE VĂDASTRA

de proeminenees (fig. 28, no. 7 = f i g . 37, no. 3 ; fig. 32, no. 3 -fig. 4 1 , n o . 3). D'autrcs vases
de mcme formc ont lcs parois h a u t c s ; l'epaule est munie d'un decor â raies legeres, courbes
(fig. 37, no. 1). Une autrc forme de vase, patinc legcrement, est celle de tasse pourvue d'une
ansc tubulairc, horizontale ou verticalc (fig. 37, nos. 6, 9) ] ) . D'ailleurs ces fragments pourvus
d'anses, ainsi que tous lcs vases â anses, ont ete trouves jusqu'â 2,50 m de profondeur.
En liaison avec lcs vases â anses, nous devons considerer une serie de petits vases, patines
ou non patines, dont la partie inferieure a la forme tronconique; vers le milieu la paroi sc
courbe vers I'intericur, cn se dirigeant vers l'orifice. Les anses partent dc la levre du vase et se
fixent sur l'arcte du milicu de la panse 2 ). Les anses sont rondes (fig. 32, nos. 1, 4 = f i g . 40,
nos. 3, 4 ; fig. 37, no. 13) ou de forme â peu
pres triangulairc (fig. 37, no. 12) 3 ). D'autrcs
fois ces anses ont une formc quadrangulaire
et sont disposees verticalement (le bras ex-
t6rieur est rond vers la partie inferieure,
tandisquc vers la partie supcrieure il s'a-
platit, en s'erigeant au-dessus dc la levre du
v a s e : fig. 29, no. 14) 4 ). A d'autres vases,
I'anse de la meme forme a le bras exterieur
r o n d ; cclui-ei se termine, vers sa partie su-
pcrieure, en pointe (fig. 30, no. 13) 5 ) . Quel-
qucfois des vases a y a n t cette forme n'ont
aucune anse (fig. 37, no. 2).
La coupe est repr6sentee par de nom-
breux tessons (fig. 37, nos. 4, 5, 8). Kllc
est presque toujours patinee. Les dimen-
sions sont p e t i t e s ; asscz souvent le vase a
sur l'epaule dcs raics lcgcres (fig. 37, nos.
7, 10, 11, 14; % 38, nos. 1, 6). Dans la
categorie des vases patines il y a une serie
de petits vases, trouves seulement en frag-
mcnts. Ces vases ont une pâte fine, minee,
patinee en brun ou noir, raremcnt j a u n â t r e .
La panse en est gonflee, en formant unc
epaule decoree de raies legeres; la part ic
supcrieure du vase, â partir de l'epaule,
cst dc forme cylindrique (fig. 38, nos. 3, 7, 10). Cette forme est un correspondant des vases

3
' ) Des vascs â anscK t u h u l a i r c s ont i'-tt'- t r o u v c s â ) Des c o r r e s p o n d a n t s de c e t t e a n s e o n t ete r e n -
Butmir ( R a d i i n s k y - H o e r n e s , Butmir, I, p. 18, fig. contres â Căscioarele, pres du D a n u b e (Gh. Ştefan,
35), et â GlasinaA ( F i a l a , IJntersuchung. priihisl. Grab- Căscioarele, Dacia, I I , p . 167, fig. 28, 6 7 , 69).
hiiffel auf' dem Glasinac. Wiss. Mill. a. liosnien u. 4
) U n e a n s e s e m b l a b l e . cn Bosnie ( F i a l a , Ausgrabun-
Herzeg., I V , 1896, p . 27, lig. 6 4 ) ; en V a l a c h i e , â Glina gen auf dem Debelo lirdo bei Saiajewo (de l'epoque
( I . N e s t o r , o. c.,). du b r o n z e j u s q u ' a u Latene). Wiss. Mitt. B. u. H.,
'*) Un v a s e s e m h l a h l e a e t e t r o u v e aussi d a n s la V, 1897, pl. 5 1 , fig. 7).
6
Btation eneolithiijue de G u m e l n i ţ a (VJ. Dumitresru, ) Un correspondant â J a b l a n i t a (Vassits, Iabla-
Gumelnifa. Dacia, I I , p . 6 1 , fig. 3 3 , n o . 1). nica, Arch. f. Anthr., 19(12. p . 5 7 3 , fig. 125).

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VASILE CHRISTESCH

de la meme fornie du l-er groupe ' ) . A d'autres vases de eetle forine, rejtaule se develojtjte
en elargissanl la jtanse el en rcduisant la jtartie suj)cricure. Cette ejtaule develojtjtee recoit
une ornementation semblable aux autres (fig. 38, nos. 2, 5, 9 ; fig. 39, no. 2). llne forme ajtjta-
reiitec est eelle du vase indique jiar Ie fragment fig. 39, no. 12. C e n e i a l e m e n t ccs vases
n ' o n t j)as d'anses. IIs ont souvent sur l'epaule
une petite jtrocininence o r g a n i q u e ; quelquefois
cctte proeminence est jtourvue d ' u n t r o u ; c'est
une oreillctte par laquclle on introduisait la
fieclle au m o y e n de laquellc on susj)endait le
vase (fig. 29, nos. 4, 5 ,8, 11, 13). D'autres

Fig. 27.

vases ont pres de la levre des t r o u s faits dans


le m e m e b u t . II est a r e m a r q u e r que ces vases
ont ete trouves en grande q u a n t i t e entre 2
et 3 m. de profondeur 2 ) . A p a r t i r de 3 m les
petits vases patines, a y a n t la forme mentionnee Fig. 2H.
plus h a u t , sont remplaccs p a r des fragments
de grands vases, mais de la m c m e teehnique. L p â t e epaisse, niais avec j)eu d'imj)uretes,
a une patine tres fine, de couleur j a u n â t r e ou m a r r o n . Le d6cor fait dc raies, s u r t o u t de raies
spirales, ne se borne pas seulement â l'cpaulc du vase, mais il occuj)e t o u t e la jianse (fig. 28,
nos. 10, 1 2 ; fig. 29, nos. 1—3, 6, 9). Quelquefois les vases ont des procminences organiijues,

') V. page 11, la note I. -) Ces vases se rencontrent dans lesitations eneo-
lithiques dii Biis-Danube.

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I.I.S STATIONS PR^HISTORIQUES DK VÂDASTRA

a y a n t la forme de reliefs verticaux (fig. 29, nos. 2, 6) ou de boutons (fig. 29, nos. 3, 9). L'or-
n e m e n t en reliefesl parfois combină avec l'ornement â incision (fig. 23, no. 1 1 ; fig. 29, no. 9 ;
fig. 36, no. 1). Une a u t r e forme de ces vases est cellc d'un vase a y a n t l'cpaule â peu prcs
verticale, cannelee, dc laquclle se replie lc goulot pour formcr l'orificc (fig. 38. no. 8). Une
forme a p p a r c n t ^ e cst celle du vase patinc
seulement â l'intcrfeur, a y a n t â l'cxterieur
de lcgeres cannclurcs (fig. 39, no. 1). Un
autre vase patinc aussi â l'interieur est
cclui indiquc par le tesson fig. 39, no. 9.
Unc formc diffcrentc ont quelques vases

C'< - » — « . . _
■ j k *•; ^^Bfi ^TT du type fig. 39, no. 8. Ces vases, en p â t e fine,
patinee en noir, ont la forme de d e u x troncs
de cone aux bases collees. Le profil de la panse
affecte la forme d ' u n angle a i g u ; l'orifice en
est ctroit. Ces vases ont ete trouves vers 2 m de profondeur. Des fragments trouves nous in-
d i q u c n t dans ce groupe, comme aussi d a n s le I-er groupe, des vases â pied.
E n ce qui conccrnc l'ornementation, on a pu r e m a r q u e r que les vases de la premiere ca-
tegorie, c'est-â-dirc ceux qui ne sont pas patines, sont dccores soit d'incisions. soit d ' o r n e m e n t s
en relief. Le dccor â incisions, le plus simple, est celui forme p a r des lignes irregulieres, tracees
sur la p â t e crue â l'aide d ' u n t u y a u de paille (fig. 25, n o . 2). Les lignes incisees peuvent
etre de forme spirale (fig. 26, nos. 9 — 1 1 ; fig. 3 1 , n o . 6) ] ) . Un ornement unique, t r o u v e
') Len ornenients ft legeres incision» spirales se Serbie (ces fragments paraissent 6tre analogues
retrouvent aussi sur les fragments de Zlokuian, en aux nâtres en ce qui concerne la technique, au^si

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VASII.K CIIHISTKSCl

sur un tcsson, est forme d'incisions faitcs â l'aide dc l'ongle ayant la forme de parcn-
theses disposees cn rangecs (fig. 20, no. 5) '). Sur un fragmcnt marginal 011 voit dc petits
anglcs incises sous la lcvre du vase; ils ont lcs pnintcs dirigccs vcrs la lcvre du vasc (fig. 31,
no. 5). Plus frcqucnt cst lc dccor â cntaillcs. Lcs cnlaillcs sont l'aitcs sur la levre (fig. 31, no. 4)
ou disposccs cn rangce simple ou double
sous Ia levre (fig. 25, nos. 1, 3, 4, 6, 7;

1111 fig. 26, nos. 1—3; fig. 30, nos. 2, 7; fig. 31,
nos. 1, 2). Oii trouvc presque toujours, paral-
IMcincnt â la rangce des cntaillcs disposccs
sous la levre du vasc, unc autrc rangcc dis-
posee sur la pansc (fig. 25, no. 6). IJn aulre
decor esl cclui forme de rangces d'alvcoles,

seules ou en compagnie des rangees d'entailles


(fig. 25, nos. 1, 5 ; fig. 26, no. 6; fig. 30, no. 8;
fig. 31, no. 3). Dans d'autres cas, une double
Fig. 32.
rangee d'alveoles est disposee autour du milieu
de la panse (fig. 26, no. 4). Sur d'autres vases
toute la surface est remplie d'alveoles, creusees â l'aide d'un instrument (fig. 30, no. 10).
Les motifs orncmentaux en relief sont des raies lcgercment en relicf (fig. 26, no. 8; fig. 30,

bien que les formes. IIoerncs-Menghin, op. c , p . 285, (VI. Dumitrescu, «/>. c, \t. 79, fig. 6 1 ; p . 80, fig. 6 2 ) ;
fig. 5). ă Căscioarele ( G h . Ştefan, op. c , p . 171, fig. 31), â
x
) Le motif o r n e m e n t a l en parentheses, disposees Boîan, station H (V. Christescu, op. c , p . 297, pl.
v e r t i c a l e m e n t , se rencontre sur les vases des stations X X X V I I I , fig. <i) ct â Glina, j>rcs de la rivicre Dâin-
eneolithiques du D a n u b e : â Sultana (Andrieşescu, bovitza, d a n s la plaine vala(|iie (I. Nestor, Glina,
Fouilles de Sultana, Dacia, I, p . 93, pl. X X I X , fig. Daria, III).
29, 33, 3 4 ; p . 95, pl. X X X , fig. 12); â Gumelniţa

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LES STATIUNS r K E U I S T U H l Q U E S DE VĂDASTRA

nos. 6, 1 1 ; fig. 3 1 , no. 15) et des bundes ondulees, â alveoles. Ces bandes ondulees, assez
frequentes dans la decoration en relief, peuvent etre disposees horizontalement sur la panse
du vase (fig. 26, no. 8 ; fig. 30, no. 8 ; fig. 3 1 , nos. 10, 14), obliquement (fig. 26, no. 7 ;
fig. 3 1 , no. 9), verticalement (fig. 30 no. 14) ou en guirlunde (fig. 31 no. 8). Les motifs
ornementuux des alveoles et des bandes se trouvent reunis dans le decor d'un vase (fig. 30,
no. 14). Les j>ro6minences ont lu forrne de boutons urrondis (surtout uux vases plus grossiers:
fig. 30, no. 1 1 ; fig. 3 1 , nos. 11, 12, 18); aux vases rnieux travailles, les boutons sont plats,
quelquefois etant mcme crcuses en alveole (fig. 30, nos. 4, 7, 9). Une sorte de proeminence,
trouvee tres rarement, est celle de forme demi-circulaire et un peu en relief (fig. 3 1 , no. 16). Un
tesson, le seul qu'on ait trouve, en j)âte grossiere, presentc u l'exterieur de lurges cannelures (fig#
28, no. 9). Les orncments des vases patines sont j)resque toujours des raies legerement en relief,

dispos6es verticalement, obliquement ou en spirale sur l'epaule (fig. 29, nos. 4, 5, 7, 8,


10—13) 2 ). Sur les grands vases, trouves vers le fond des fouilles, les raies occupent toute la
pansc (fig. 29, nos. 1—3). Ces vases recoivent quelquefois aussi des omements â incisions,
c'est-â-dire des points incises (fig. 29, no. 9), ou de petites excavations a y a n t la forme de dents
d'acier (fig. 36, no. 1). Comme ornements en relief â cette categorie de vases nous trouvons des
jrrotuberences verticales (fig. 29, nos. 2, 6) ou des boutons (fig. 29, nos. 3, 9). II y a aussi
quelques vases entiers qui font partie de ce groupe:
Une ecuelle (fig. 33, no. I fig. 39, no. 4), ayant la pâte avec peu d'impuretes, bien petrie
et polie, mais peu cuite, a ete trouvee vers 2,50 m de profondeur. Elle n'est pas p a t i n e e ; les
j>arois minces en sont bien contourees. Un vase, trouve aussi vers 2,50 m, a y a n t la pâte sem-
blable, mais avec une legere patine brune, a une forme plus differente: j u s q u ' a u milieu les
parois sont obliques, puis elles s'erigent verticalement; l'orifice ( d i a m . = 14 cm) est beaucoup

') Des types seinblables â Hoian, station A (V. Christescu, o. c , p. 271, pl. XVI).

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VASILK CHRISTESCU

plus large que la base (fig. 33, no. 2 l'ig. 40, no. 5) *). Un autre vase. trouve avec des
cendros â 3 ni de profondeur, ayant une pâte avec quelques impuretes. inais bien petrie et
cuite â la flamme, a la forine ressemblante en quelque sorte â celle du vase precedent, k cette
seule difference que, â ce vase, la partic superieure est un peu gonflee et vers l'orifice les
parois sont courbees vers l'int6rieur. Sous la lcvre et sur la ligne m6diane de la panse se trou-
vent des rangees d'alveolcs (fig. 33, no. 6 fig. 40, no. 2). Tout â fait differente apparaît dans la
ceramique de cette station une petite tasse, trouvee â 2 m de profondeur, en pâte grossiere, non
cuite; le polissage en est mal fait.La base en est arrondie; vers l'orifice les parois s'amincissent

Fig. 34.

pour former la gorge. De la levre du vase s'erige en liaut une anse j>late qui, apres avoir forme
une belle courbe, vient se fixer â l'endroit ou le goulot est separe du corj)s (fig. 32, no. 5 = f i g .
41, no. 4) 2) Un vase semblable est indique peut-etre par le fragment fig. 39, no. 13, en pftte
plus fine. Un vase minuscule (h. —2 cm), trouve k 0,80 m, en pftte fine, non euite, a la base

') Un correspondant u ete trouve aussi duna lu (H. Schmidt, Ztschr. f. Ethn., p. 440, fig. 3).
2
Thrace meridionale, â Macri, pres de Dedeagatch (G. ) Ce type de vase se rencontre au Sud du Dunube,
Kazarow, Vorgeschichtl. aus Rulgurien. Prăh. Ztschr., en IJulgurie, ă Sveti Kirilowo (G. Kuzurow, Vorgesch.
1918, p. 182, fig. 2), et un peu different, â Butmir Funde aus Sveti Kirilowo — Priih. Ztschr., VI, 1914.
(Fiala-Hoernes, Butmir, p. 29, fip. 12); puis â Turdaş p. 69, fig. 2a).

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LES STATIONS l'HEHISTOHI OUKS Dl. VĂDASTRA

concave et la jmnse gonf lee; â la j)artic superieure il rcdcvicnt vertical (fig. 44, no. 21). Un
autre vasc minuscule ( h . = 4 cm) a la formc d'unc pointc dc hois de cerf (fig. 44, no. 18).
Le groupe III cst compose de quelques fragments qui indiqucnt des vases ayant une forme
et des ornemcnts diffcrents. Le jdus caractcristiquc est un vasc en pâte mince, avec
des impuretcs, mais bicn petrie et cuitc jusqu'au rouge. Ce type a une forme spheroidale; le
goulot en est un pcu haut ct rcplic en dehors pour elargir l'orifice. La levre mince presente des
entailles; la ligne dc separation, cntre le goulot et le corps du vase, est marquee par une rangee
de j>ctits boutons. La j>anse du vase, ainsi que toute la surfacc, est decoree d'incisions obli-

Fig. 35.

ijucs qui s'cntrecoupcnt (fig. 27, no. 1) l). II faut rattacher â ce type aussi le fragment de vase,
cn j)âte j)lus grossicre, a y a n t comme decor des incisions angulaires; sur les cotes des angles
sont rangcs dcs boutons (fig. 28, no. 2). L'ornement des incisions angulaires se trouve aussi

x
) Cc vasc a un cnrrespondant dans la ccrainiquc trouves â Coţofeni au Nord de Craîova. (Au Musee pre-
incis^e dc T u r d a ş ; lc vase, d'une forme analoguc au historique de Berlin, I I I - e m e salle, vitrine 5). Des
nAtrc et ayant sur la ligne du goulot une rangee dc procmincnces en forme de petits boutons appliques
petits boutons appliqucs, a cte classifie par II. Schmidt se trouvent sur un fragment de Tell Ratcheff, en
daiiH Ic 7-eme grouj>e de la ccramique dc Turdaş Thrace (Seure-Degrand, Expl. de quelquen telh de
(Ztschr. f. F.thn., 1903, p. 4 5 1 , fig. 33). Kn Oltcnie Thrnre, R. C. H., 1906, p. 377, fig. 13).
(Petite-Valachie), dcs fragments semblables ont ete

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13 Daeia III IV 1927/932.
VASII.K CHRlSTESCt

snr un fragment marginal d'un vase ayant la levre â entaillcs (fig. 20, no. 2). On peut rat-
tacher aussi â ces vases le tesson fig. 28, no. 5 et l'anse fig. 28, no. 4. Un autre ornement â
incisions (fig. 28, no. 1) est celui forme d'incisions obliques d'un cote et de l'autre d'une ligne
innli.ini'. incisee, moins oblique (en aretcs de poisson). II semble que l'anse fig. 28, no. 8, se
rattache â ces vases. Les tessons mentionnes plus haut ont 6t6 trouves vers 2 m de profon-
deur. A cette profondeur on a trouve aussi des tessons de grands vases, patines ca et lâ en
une couleur brune-rougeâtre. Ces vases pourvus de grandcs anscs plates, n'ont pas pu etre dcfinis

Fig. 36.

q u a n t â leur forme, car ils etaient tres fragmentes. Sur l'epaule et sur les anses il y avait un
decor de cordes angulaires (fig. 27, no. 3 inverse, et no. 4). Quelques-uns pr6sentent sur le goulot
une rangee de petits boutons appliques. Ces tessons, trouv6s tous vers 2 m de profondcur,
sont en petite quantite ! ) .

l
) Des tessons cordes, mais ayant rorneinent dans les regions Carpatho-Balkaniques (v. I. An-
autrement dispose, se trouvent ipcidentalement â drieşescu, Contribuţii la Dacia înainte de Romani,
Căscioarele (Ch. Ştefan, op. c, p. 173, fig. 33, no. 9). Iaşi, 1912, p. 78).
Ceneralement, la ceramique cordee est peu representee

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LA PLASTIQUE

La plastique est tres bien reprdsentee dans la necropole de Mâgura Fetelor. On y a trouve
22 figurines entieres et fragments (fig. 43 et 45).
L'idole fig. 43, no. ] , en argile, trouvee â 3 m de profondeur, a la base circulaire, un peu
concave; vers le milicu elle a une st6atopygie prononcee. A la partie superieure sont indiquees
les 6paules, dont une est detruite. Le potier n'a pas ete si adroit pour en modeler les b r a s ;

aussi n'a-t-il pu executer la tete que tres schematiquement, en pressant la pâte aux doigts.
La hauteur de cette idole est de 6 cm ' ) . La figurine acephale id. no. 2, trouvee â 1,50 m, semble
avoir ete travaillee de la meme maniere. Sa hauteur est de 5 c m ; son diametre, de 2 cm. Un pro-
gres en ce qui concerne la technique est indique par l'idole id. no. 4, trouvee â 1,20 m. La base
lui m a n q u e ; les epaules en sont modelees en forme de bras courts, tandisque la tete a une forme

') Les correspondants de cette figurine se rencon- stations â ceramique peinte de la Transylvanie (ibid.,
trent dans la ceramique peinte de la Calicie (Hoernes- pp. 309, 311). Nos figurines pourtant sont d'un tru-
Mcnghin, op. c , p, 31S de Bilcze-Zlote) et dans les vail superieur.

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VASILL' crtRisTEScU

ronde, dans laquelle on a indique, par la pression des doigts, les yeux et le nez. Sur la poi-
trine on voit deux seins â peine perceptibles. II n'y a aucunc tracc de steatopygie *). L'idole
id., no. 5, trouvee en tftat de f'ragment vers 4,20 m de profondeur, ressemble a l'idole id. no. 4.
Cette idole a des traces de matiere rouge.
La figure fig. 43, no. 6 = 45, no. 4, represente une tete ovale, ayant le nez en relief pointu 2 ).
Elle a ete trouvee â 3 m de profondeur. La figure fig. 43, no. 7, repr6sente aussi un fragmcnt de
figurine en argile. qui a la tete plate et ronde, mais avec la face de*truite. Sous le cou il y a

Fig. 38.

dcs traces d'un decor â incisions meandriques. La figure id\, no. 11, reprdsente le fragment d'une
idole de grandes dimensions (la partie restante: h . = 10 c m ; l . = 5 cm). La forme de cette fi-
gurine n'est plus circulaire ou steatopyge comme celle des autres, mais plus plate (ăpaisscur:
3,5 cm). La tete en est ronde (la face en a ete d^truite par l'imprudence des ouvriers); le cou en
l 2
) Ce type se rencontre â Vinca (Vassits, Prăh. ) Cette tfite d'idole pr^sentc des analogies avec
Ztsehr., 1910, pl. 9 h), â Iablanica (Hoernes-Menghin, les idoles de Iablanica, en ce qui concerne surtout
op. c , p. 291, fig. 1), â Sultana (I. Andrieşescu, la plasticit6 du nez. Notre figurine est comparati-
Dacia,. I, p. 101, pl. XXXV, fig. 3, 4), â Căscioarele vement d'une facture inf6rieure â celle des idoles de
(Gh. Ştefan, op. c, p. 178, fig. 39, no. 2). Iablanica (Hoernes-Menghin, op. c, p. 291, fig. 1, 4).

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cst gros. Lc bras gauche lui manquc ; son bras droit cst court. Deux petits scins indiquent lc sexe
feminin. L'idole acephale id. no. 10, trouvee â 2,20 m, a un contour diffcrent. La poitrinc, un peu
cn rclicf, a deux pctits seins modeles par l'encochemcnt dc la pâte a l'aide d'un instrument. Le
corps, rctreci vers la poitrinc, s'clargit vcrs lc vcntrc, qui est un peu gonfle. Sous le ventre, la
partie inferieure de la figurinc fut laissee non travaillee. Au lieu des pieds, nous avons une sorte
dc base en forme de piedestal, dont le devant est coupe en facettes, tandis que Ie dos a ete
laissc non travaille"; d'ailleurs le dos dc I'idole cst tout â fait neglige. Peut-etre l'idole etait-elle

Fig. 39.

fixec dans Ja tcrre par sa partie inferieure. Au devant, la figurine presente des traces de
couleur rouge. Sa hauteur est de 9,5 cm. D'autres figurines steatopyges sont indiquees par
lcs fragments id. nos. 3, 14, 15. Ce sont les parties inferieures de quelques idoles en argile,
travaillccs avec soin. La st^atopygic cst harmonieusement contource; la separation des pieds
est indiqm'c par une profondc incision mcdiane. D'aprcs la figurine id. no. 14, oiî le sexe est
indiquc par un trianglc, on pcut deduire que toutes ces idoles etaient feminincs. Nous croyons
<pic la forinc de ces figurines ait ete scmblable â cclle des figurines decorecs d'incisions pro-
fondes, rempliea dc matiere blanche (fig. 43, no. 8 = 4 5 , no. 2 ; fig. 43, no. 1 2 = 4 5 , no. 1:
fig. 43, no. 13). La partic superieure, ctant plus mince, en a ete detruitc. La hauteur de ces frag-
ments varic dc 4 â 7 cm ; tous les trois ont etc trouvcs entre 2 ct 2,50 m de profondeur,

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VASILE CHRISTESCU

Les figurines fig. 43, nos. 8, 9, 12,13, forment, par la leohnique et l'ornernentation scm-
blabies â celles des vases du I-er groupe, un groupe diffrrent dans la plastiquc de Mâgura Fetelor.
Toutes ces figurines ont 6te trouvees entre 1,90 et 2,50 m de profondeur. L'idole fig. 43, no.
12=fig. 45, no. 1, est une figurine acephale en argile, bien contour6e. La partie sup6ricurc, plus
plate, pr6sente un ventre un peu gonfle. La partie inf6ricure, avec une st6atopygie harmonieuse,
s'etrecit vers Ia base, qui prend une forme de piedestal circulaire. Tout le corps de la figurine,
excepte la base qui est peinte en rouge, est d6cor6 d'incisions profondcs. A la partic su-

Fig. 40.

p6rieure, l'ornement est polygonal; vers la base nous voyons dc meme trois rang6es de carres.
La partie centrale est d6coree d'incisions spirales. Semblable â cette figurine est l'idole
fig. 43, no. 13. Ici, le decor est m e a n d r i q u e ; vers la base il y a trois incisions circulaires, remplies
de matiere blanche. La fig. 43, no. 8 = 4 5 , no. 2, represente la partie centrale d'une idole, tra-
vaill6e comme les deux precedentes. Cette figurine, d'apres les dimensions du fragment
( h . = 6,2 c m ; l . = 4 cm), a ete assez grande. Le decor est fait d'incisions remplies de matiere
blanche. Au devant, les incisions sont angulaires, tandisqu'elles sont, par derriere, spirales.
La fig. 43, no. 9, repr6sente le buste acephale d'une grande idole (la hauteur du b u s t e : 9,5 c m ;
1.: 5,5 cm). Ce buste aplati â la partie superieure (l'epaisseur â l'endroit des 6 p a u l e s = l cm) est
renfle du c6t6 du ventre (3,5 cm). Bien que finement contoure, le buste a 6t6 fait sans b r a s ; il

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a partout une 16gere patine marron. Le d6cor en est meandriquc (v. pour comparaison le decor
du tcsson fig. 8, no. 6) ' ) .
Tout â fait differentes sont les figurines fig. 43, no. 1 6 = 4 5 , no. 3 et 43, no. 1 7 = 4 5 , no. 5.
La premiere, trouvee a 4,20 m de profondeur, repr6sente la tete d'un a n i m a l ; c'est un'fragment
de vase. Polie et patin6e k l'int6rieur en une couleur noirâtre, cette tete d'animal se presente
a l'ext6rieur ainsi: le front en est cntaille au milieu, de sorte qu'il forme deux parties distinctes,
encadrant les yeux. Ces parties, travaillces de la sorte, semblent etre une stylisation des

oreilles. L'oeil droit a 6t6 d6truit, mais le gauche est reste intact. La maniere dont cet oeil est tra-
vaill6, c'est-â-dire par l'encochement leger de la pâte, en forme de segment de cercle, nous
rappelle la maniere dont sont travailles les yeux des figurines humaines de IablaniCa 2 ). Sous

') Ce groupe de figurines doit etre rattache aux en Serbie, â Gradai pres Zloku an (Hoernes-Menghin,
figurineB trouvdes en amont du Danube, â Cârla op. c, p. 285, fig. 3, 6) et en Bulgarie d'Ouest, â Vid-
(L. I r.nr/. Vorgesch. Funde aus Rumănien. — Wien. bol (ibid., p. 317, fig. 4). La technique du travail ne
Prăh. Ztachr., IX, 1922, Heft 2—4, pL I, fig. 2 et dans differe pas trop de celle des figurines de la ceramique
Ebert's Reallexikon, IV, 2 art., Ghirla), ou â Os- peinte de Cucuteni, Ruginoasa (v. ViL Dumitrescu,
trovul Corbului (Al. Bărcăcilă dans Dacia, I, p. 293, Dacia, III). '*
fig. 244—248. 253, 254); puis avec les idoles trouvees ' ) Hoernes-Menghin, op. c, p. 291, fig. 1. Les

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VASILE CHRISTESCU

les yeux on voit en relief un inuseau e n t r ' o u v e r t ; la partie superieure de ee museau a ete de-
truite. La tete est un peu large ( h . = 6 e m ; 1.= 5 cm). Sur toute la surface exterieure elle est
j)einte en rouge; sous le cou, â l'endroit ou il s'unit aux parois du vase, on voit les traces d'un
d€cor en bande polygonale; les excisions sont remplies de matiere blanche (ce decor est fre-
quent aux vases du I-er grouj>e). La figurine a et£ confectionnee de Ja mcnic j)âte et en.meme
temps que le vase dont elle faisait partie integrante '). La dcuxicmc figurine (fig. 43, no.

1 7 = 4 5 , no. 5) a ete trouvee â 1,90 m de profondeur. Elle est en argile non cuite et semble
representer un animal; l'absence p o u r t a n t des deux j>ieds suscite des r^serves. Sur Ie dos,

figurines de Iablanica ont l'ocil plus ovale. Voir auHsi Cucuteni (au MuBee prchi»t. dc Herlin, I l l - e m e salle
la tete de la figurine de Vinfa (Vassits, PrâTi. Ztschr., vitrine 1). A VinCa on a trouve un petit autel â trois
1910, pl. 9, fig. b). pieds, ayant trois tfites d'animaux (Vassits, PrSh,
x
) Des rouvercles, ornes des figurines — des tfttes Ztschr., 1910, j>. 39, fig. 9).
d'animaux — se trouvent dans la ceramique peinte de

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I.KS STATIONS P R J Î H I S T O R I Q U E S DE VĂDASTRA

pres du cou, il y a une incision profonde. La tete est triangulairc ' ) . La fig. 43, no. 2 1 , semble
indiquer aussi un anirnal. Les fragmentfi fig. 43, nos. 18, 19, 22, sont Jes parties inferieures des
figurines prohahlcmcnt du type id. no. 13. (!ellcs-ci ont des traces de couleur rouge. INous
croyons que la fig. 43, no. 20, nous montre l'essai qu'a fait, peut-etrc un enfant de eonfectionner
une tete de figurine en argile grossicre et i m p u r e ; on voit aussi une incision spirale
(qui n'est pas im dessin),
Gcneraleiiient, la plasliquc de Măgura Fetelor est assez variee. Les diverses idoles etaient
entcrrtfes avec les urnes, dans lesquelles on mettait les cendres dcs defunts. Quelques-unes de ces
idolcs recevaient un ornement scinlilahlc â ceux des vases. Jl est â remarqucr que toutes les fi-
giirines hiiiuaincs sont dcs idoles fcminines 2 ).

^', m Q m 3 mf4 m^ W.

Fig. 43. Fig. 44.

') Unc figurine Bemblable, inais moins bien tru- avances, au point de vue de la plastique ils sont plus
vaillee, a 6te trouvce a Lengyel (Wosinsky, Lengyel, retrogrades. Toutes les figurines ont des attitudes
pl. X X X I V , 266 o, b, avec une svastika incisce). Peut- verticales, les pieds non separes. Cette figurine serait
ctre cettc figurine nnus indiipje-t-elle l'cssai naîf un essai dc dcviation de la regle.
i|ii'nii a fuit de represcntcr un homme ussis; son ut- '-) La croyance des peuplades encolithiques, rive-
titudc est en quelque sorte semblable â celle de la raines du Bas-Danube, dans une divinite feminine,
figurine dc Zerclia, en Thessalie (Hoernes-Menghin, representant la terre nourriciere, uinsi qu'on l'a con-
op. c, p. 309, fig. 4). Si, nu point de vne de la tcchniquc statcu l'ocasion des autres fouilles (Sultana, Gumelniţa.
du dccor, lcs ccrumiste.H dc Ma'jin.i Felelor sont asse/ Căscioarelc, Boîan). nous est confirmee encore une fois.

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VASILL CHRISTESCl

L E S O B J E T S EN OS E T E N METAL

Objels en os. Les objets en os rie sont pas assez nombreux. Dans les fouilles, surtout jusqu'â
2 m de profondeur, sont apparus des os nombreux, rudimentairement travailles, la plupart
ayant la forme du type fig. 44, no. 8. Us sont apparemment des simulaeres, c'est-â-dire des
imitations des instruments travailles par polissage (comparez p. ex. la no. 1 avec la no. 8) *).
Une cuiller en os (fig. 44, no. 12) a ete trouvee â 2,80 m de profondeur. La partie concave
est plus polie, tandisque l'exterieur est laisse non travaille\ La levre est rompue 9a et lâ
(longueur: 8 c m ; largeur: 6 cm) 2 ). Quatre poincons varies en forme (fig. 44, nos. 1, 5, 6, 9)
ont ete trouves â partir de 3 m, excepte 1 le no. 6 qui a ete trouve pres de la surface 3 )
Vepingh id. no. 10, a 6t6 trouvee â 3,10 m de profondeur. Tres bien arrondie et polie, elle

Fig. 45.

s'aplatit vers la partie superieure en formant la t e t e ; celle-ci a deux parties bien distinctes:
e trou circulairc et la.partie sup6rieure en forme de croissant (longueur: 12 c m ; epaisseur au
milieu: 8 mm) 4 ). Trois fragments a"os polis, ayant servi probablement de parure, ont 6te

*) Ces objets nous confirment encore une fois le en OB le type de cuiller d'Ariuşd (F. Lâszlo, Les st.
caractere de necropole de notre station. D'apres leur primyc. du comit. de Hdromsztk, Dolgozatok-Travaux,
confection, ces os ne pouvaient pas âtre utilises; ils 1911, p. 175, fig. 10, nos. 10—12). Un correspondant
imitaient donc tout simplement lcs instruments et identique au n6tre a ete trouv6 dans la deuxicmc
servaient ici de simulacres aux rites funeraires. station de Vădastra, â Măgura Cetate; puis dans la
*) Des cuillers semblables, mais en argile, ont ete plaine valaque ă Glina (I. Nestor, op. c).
3
trouvees en Bulgarie, â Sveti Kirilowo (G. Kazarow, ) Pour les fig. 5, 6, 9 v. Mortillet, Mus. prfhist.,
Prăh. Ztschr., 1914, p. 19) et en Transylvanie, â Prie- pl. XXXVIII, fig. 311—314.
1
sterhugel (Hoernes-Menghin, op. c , p. 309, fig. 1); puis ) Des epingles en os, mais plus maladroitement tra-
â Lengyel (Wosinsky, Lengyel, Budapest, 1890, pl. vaillees, ont et6 trouvees en Bulgarie, dans la caverne
X X X V I I , fig. 289). Ces cuillers en argile, au de Morovitza (circ. Teteven, au Nord des Balkans),
manche long et aplati, ont comme correspondant dans la couche 6neolithique (Filow, dans Jahreshefte

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trouv6s vcrs 3 ra de profondeur (id. nos. 2—4). Une molaire d'animal a ete travaillee par le
polissage comme objet de parure (id. no. 15). Un autre objet en os, peu poli, a ete trouve vers la
mâme profondeur que les pr6c6dents (id. no. 11). Une lame en os, tout simplement lisse, mais
pointue, a 6t6 trouv6c pres de la surface (id. no. 7), ainsi que la rondelle id. no. 22.
Objets en metal. Le m6tal a ete trouv6 dans
une quantit6 tres r6duite entre 3 m de pro-
fondeur. Au commencement nous avons trouve
deux petites mottes de scorie pr6sentant des
des traces de cuivre (fig. 44, nos. 1 7 , 1 9 ) ; puis d'au-
tres objets sont apparus. Ce sont: deux poincons,
dont un en 6tat de fragment; l'autre, entier, long
de 9 cm, est travaille en aretcs (id. no. 13) ] ) ;
de la mcme facon semble avoir 6t6 travaille aussi
le poincon fragmente (id. no. 16). Le fragment id.
no. 14 est rond et termin6 en pointe tres aigug; Fig. 46.

on ne peut pas determiner l'objet auquel il avait


appartenu. L'analyse chimique de ces objets aprecis6 que le metal n'est pas autre chose
que du cuivre, soit attaqu6 sous la forme de carbonate, soit recouvert d'argile 2 ).

CONCLUSION

D'apres la manicre dont la terre et le materiel se pr6sentent dans les fouilles, d'apres le
fait que presque tous les vases et les tessons sont remplis de cendre, ainsi que du fait qu'on
a trouv6 des os calcin6s, nous concluons que Măgura Fetelor est une necropole d'incineration 3 ) .
Cette deduction s'impose aussi par le fait qu'on n'a pu 6tablir aucune trace d'habitation hu-
maine. Les divers objets trouves, tels que silex, figurines, petites haches en pierre, instruments
en os ou mcme en metal paraissent avoir ete introduits dans les vases ou pres des vases, em-
ploy6s comme urnes funeraircs. La terre a ete remuee; ce fait est prouve aussi par le vase
fig. 33, no. 3, dont les fragments ont ete trouves â diverses profondeurs entre 2 et 3,50 m. Les
os rudimentairement travailles (fig. 44, no. 8) nous prouvent encore une fois que notre station
est une n6cropole. Ces os semblent etre des simulacres d'instruments travailles, par con-
s6quent ils ne pouvaient pas etre utilises par les vivants. II semble que les possesseurs de la

des kais. Archăologischen Jnstituls, 1913, Beiblatt, ') Ce tyj»e de p o i n ţ o n en cuivre est frequent dans
p. 344, fig. 4). U n e autre epingle en os, ayant quelque les stations neolithiques danubiennes. II a ete trouve
ressemblance â la n6tre, mais avec la tete non se- â Vădastra, â Măgura Cetate, puis â Gumelniţa (VI.
paree en d e u x parties, se trouve dans le neolithique Dumitrescu, op. c, p. 97, fig. 73, nos. 22, 23), â Căs-
du Nord (Eberts Reallexikon I V , 2, 1926, p. 181 k. cioarele (Gh. Ştefan, op. c, p. 196, fig. 49, no. 8) et
Norrlanda-Gottland). N o u s p o u v o n s considerer notre â Glina (I. Nestor, op. c).
2
6pingle c o m m e u n t y p e d^rive du t y p e Nadel mit ) Nous sommes redevables â l'amabilite de M-me
Ringscheibe avec u n prolongement trapezoîdal (mit Silvia Busuioc-Christescu, chimiste, qui a fait l'a-
trapezoider Fortsetzung), caracteristique pour la Ga- nalyse du m6tal trouve dans les deux stations de
licie, la Moravie et la Silesie (Eberts Reallexikon, Vădastra.
V I I I , p. 4 0 4 ; pl. 1 3 3 , / ^ . Pourtant, au point de vue 3
) La presence d'un crâne d'enfant dans les fouilles
chronologique c'est impossible, car notre cpingle a ete est due au hasard. E n considerant Ia profondeur â
trouv6e dans un milieu plus ancien, tandisque laquelle il a €te trouve, nous p o u v o n s admettre que
Tepingle en question est caract6ristique pour la l'enfant ait ete enterre beaucoup plus tard, vraisem-
I I I - e m e cpoque du bronze (d'apres Montelius). l)lablement â une epoque tres recente.

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VASII.K CHKISTKSr.il

civilisation de Măgura Fetelor, apres avoir briile leur morts, eussent mislcs ccndrcs dans des
vases qu'ils faisaient cuire â l'endroit meme ou ils les cnterraient. Nous pouvons dc cette fa<;on
expliquer l'apparition dans les fouilles des soi-disant foyers, e'cst-â-dire de pctites places avec de
la terrc calcinee, sans avoir une formc precise ct unc epaisscur plus grandc, tclles qu'on les
trouve habituellement aux foycrs qui ont ete le plus en usage. Mais ce systeme n'etait pas la
regle; au contrairc, la plupart dcs vases, surtout ccux du I-cr groupc, qui se trouvent strati-
graphiquement dans toute la profondeur, ctaicnt cuits avant d'etre entcrres. Dans ccs vascs,
en dchors des cendres des morts, on mcttait aussi des objets ou des idoles feminincs, symboles
dc la terre nourriciere.
Au point de vue chronologique, d'apres l'cnormc quantite de tessons, il semble quc ce
tumulus ait ete longtcmps employc commc nccropole. D'apres le matlricl trouvc nous pou-
vons la datcr â l'epoque eneolithique. Cc fait est confirme aussi par lcs objets cn cuivrc pur.
Mais d'apres quelqucs elements nous dcvons nous dcmander si cette necropole ne se prolonge
peut-etrc j u s q u ' â l'epoque du bronzc.
Ainsi l'anse caracteristique fig. 29, no. 14, ne trouve son correspondant que dans la station
de Debclo Brdo, en Bosnie, qui va de l'tfpoque du bronze jusqu'au Latene.
Est-ce que nous pouvons admettrc une migration de ce type d'anse de la Bosnie vers
Măgura Fctelor, ou plutot le contraire? Nous inclinons pour cette dcrnicrc hypothcsc, d ' a u t a n t
plus q'une telle anse a ete trouvee aussi â Măgura Cctate. Un autre element serait l'epingle
fig. 44, no. 10, qui — ainsi que nous l'avons dit plus haut — semble ctre travaillec d'apres le
type « Nadel mit Ringscheibe u. trapezoider Fortsetzung ». E n ce cas, nous devons prolonger la
durcc de notre station jusque dans le Bronze I I I , ou mcme IV. Mais en considerant la profon-
deur â laquellc notre epingle a cte trouvee, ainsi que le milieu c6ramiquc de caractere en6oli-
thique, nous perseverons â croire que cette 6pingle ait ete confcctionnee en mcme tcmps que
la ceramique, c'est-â-dire dans 1'EneoIithique. Nous avons dit plus h a u t qu'une detcrmination
precise, stratigraphique, nous est impossible; pourtant, en etudiant l'inventaire, on peut remar-
quer que, tandisque les vases du I-er groupe sc trouvent approximativemcnt dans la meme
quantite dans toute la profondeur, les vases du Il-e groupe se trouvent diversemcnt: vcrs la
surface, des vases grossiers pourvus d'anses; vers le milieu, une quantite plus grande dc petits
vases patines, surtout des coupes; vers lc fond, de grands vases patincs ou non patines. Aussi
la ccramique du Il-e groupe se trouve-t-elle â pcu prcs exclusivement dans la premiere partie
des fouilles. Bien qu'on ait remuc toute la terre, il est impossible que cette rdpartition dc la
ceramique soit duc au hasard. Cc fait est confirmc aussi par lcs objets en os. Prcs dc la surfacc
on trouve des os nombreux, travailles rudimentairement, — tandisque vers lc fond ils dimi-
n u e n t ; en echange, on en trouve d'autres qui sont bien polis.
En resume, nous croyons que la năcropole de Măgura Fetelor, en c o m m e n ţ a n t son exis-
tence vers le commcncement de l'epoque cneolithique, ait dur6 pendant toute cettc c p o q u c
Elle a ete exposee â la longue aux influences — d'ailleurs pas trop pregnantes — de la civilisation
plus recente de Măgura Cetate. C'est ainsi que nous pouvons expliquer la presence, ă la partii^
superieure de Măgura r etelor, des elements communs aux deux stations. La ceramiquc si vari6e
se rattache â la ceramique spiralo-meandrique des pays voisins, mais elle presente aussi des types
appartenant â la ccramique peinte ou meme â la ceramiquc cordec dc l'Europe ccntralc. La
plastique est tres apparentee â la plastique bulgarc occidcntale et serbe, mais en meme temps
elle est apparentee aussi â la plastique de la ccramique peinte. Dans ccs parages-ci s'associaicnt
les influences des trois pays differents; les rrcateurs dc la civilisation de Măgura Fctelor nous

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LES STATIONS PREHISTORIQUES DI; VĂDASTRA

montrcnt pourtant un esprit artistiquc tout â fait superieur par la manicre originale et variee
dont ils confectionnaient et decoraient leurs vases.
En ce qui concerne la maniere de vivre des possesseurs de cette civilisation, nous ne
poiivons rien conclure, aussi longtemps que nous ne fouillerons pas leur site, qui doit etre dans
le voisinage.
La necropole de Mâgura Fetelor nous revele une nouvelle forme de la civilisation eneolithique
en Houmanie, supericure au point de vue artistique aux civilisations similaires de la Bulgarie
et dc la Jugoslavie. Des elements de cette civilisation ont ete identifies aussi dans d'autres lo-
calites de la Petite Valachie: â Corabia J ) â Floreşti (fig. 46,) 2) puis sur le Danube, â Ostrovul
Corbului (l'îlot du Corbeau) 3 ) , k Ostrovul Banului, â Turnu-Severin, â Ostrovul Şimian 4 ), â
Gârla 5 ). Nous croyons qu'en fouillant systematiquement ces stations nous aurons des resultats
precis en ce qui concerne cette civilisation.

H. MĂGURA CETATE

Situation. Situe â l'Ouest du village Vădastra, au inilieu d'un marais, ce tumulus â forme
ovale a une etendue de 5600 m 2 approximativement, une longueur de 85 m E-V et une lar-
geur de 65 m N-S. Sa hauteur par rapport au niveau de l'eau du marais est de 2,50 m. Diffe-
remment de la « Măgura Fetelor », qui a la forme d'une coupole (Kugelhiigel), le tumuius Ce-
late a la forme d'une table 6 ) .
Dans les comptes-rendus que Bolliac a faits sur ses fouilles, il dit qu'il a creuse des fosses
aux extr6mites du tumulus seulement; aussi n'avons-nous entrepris de fouilles que surtout
du cot6 Sud-Est du tumulus, en suivant aussi les indications de quelques vieux paysans, te-
moins des fouilles de Bolliac. Nous avions toutefois dejâ creuse a u p a r a v a n t un fosse â l'Ouest.
Nous avons rceherche' aussi le centre et le Nord du tumulus par des fosses et des tranchees.
En dehors de nos d6couvertes, nous avons obtenu encore des indications qui m e t t e n t au
vrai jour les assertions de Bolliac. Celui-ci avait affirme l'existence de traces romaines,
d'apres quelqucs monnaics de Philippe l'Arabe, trouvees sur le t u m u l u s ; il a affirmc aussi
I'existence de traces de constructions romaines dans la partie occidentale du tumulus. Les
recherchcs que nous avons faites n'ont donne aucun resultat. Nous avons, par contre, trouve
des traces romaines, non pas sur notre tumulus, mais â 1 km vers l'Ouest, sur l'escarpement
Sud du marais d'Obârşia.
G6neralement, nos fouilles ont ete* pratiquees dans une etendue de 160 m 2 et en profon-
deur j u s q u ' â 1,50—1,70 m (v. Ic plan fig. I I I ) , a savoir: les fouilles I, composees d'un fosse

') Ouns le talus du D a n u b e . (I •■- tesauns ont ete en attendant leur publication, se trouvent au Musee
vus par mo n collegue I. Nestor dans la collection regional de T. Severin.
5
particuli6re de M. Ilie Constantinescu, profe»scur au ) Voir plus haut p a g e l W , note 1.
lycce de Caracal). *) Măgura Cetate est du t y p e decrit par L. R e y ,
a
) Tessons trouv6s par N . P. Sandu du village de Observationn sur les prcmiers habilals de la Macidoine,
Oobroviccşti (commune de la Floreşti), sur la riviere B. C. H., 1917-1919, p. 17: « Table-plate-forme termi-
d'Aiuaradia (au Musee rdgional de CraYova). nale tres etendue, pentes en glacis aux arStes v i v e s ».
8
) Al. Barcăcilă, op. c, p. 293, fig. 244—248. Măgura Fetelor au contraire a la forme d'un t u m u l u s ,
4
) Communiqucs par M. Al. Bărcăcilă, auquel nous ayant, comme les tumulus rle la Macedoine, un
gavons infiniment gre de son amubilite. Les t e s s o n s , caractere funăraire.

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VASlLE CHKISTESCU

(dimensions: 2 m S - N x 8 m E-V) dans la partie occidentale du t u m u l u s ; les fouilles II dans la


partie Sud-Est, composees du fosse I I (dimens.: 2 m N - S x 10 m E-V), la tranchee A (dimens.:
4 m E - V x 6 m N-S), le foss6 I I I (dimens.: 1 m E - V x l 5 m N-S) et la trancht'e B (dimens.:
5 m N-S x 8 m E - V ) ; les fouilles III, composees de la tranehee C, dirigce du centre du tumulus
vcrs le Nord (dimens.: 3 m E - V x l 5 m N-S).
P a r t o u t le materiel trouvtf est le m e m e : stratigraphiquement on ne p e u t distinguer q u ' u n e
seule couche.

SECTJVISEA X . y

Fig. I I I : Măgura Cetate.

La straligraphie. — Les fouilles I. On a fouille jusqu'â 1,70 m de profondeur. Jusqu'â 0,50 m il y


avait de la terre vegetale. La terre se maintenait noire et rarcfide jusqu'â 0,80 m. A partir de cette
profondeur elle commencait â etre plus dense pour devcnir tout â fait consistante vers 1,30 m ; aussi
ga couleur 6tait-elle moins fonc6e. A 1,50 m la terre avait une coulcur jaunâtre et â 1,70 m, jaune-
blanchâtre. Jusqu'â 1 m de profondeur se trouvaient de petites mottes de terre calcinee et de petites
pierres. A 1 m on a trouve des pieires des plus grandes dimensions, mais irregulierement dispos^es; ces
pierres disparurent â partir de 1,30 m. On a trouv6 aussi des ^cailles, surtout d'escargot, et dcs os d'a-
nimaux domestiques: de chiens et surtout de boeufs et de chevaux. Les os dc boeufs et de grands
animaux ont ete trouves en grand nombre surtout vers 1 m de profondeur. A partir de 1,50 m on ne
lcs trouvait plus. La ceramique est â peu pres la meme dans toute la profondeur. Pres des tessons â
la pâte soigneusement travaillee, avec peu d'impuretes et bien petrie, patinee en brun-rougeâtre, jaunâtre
ou grisâtre, avec des ornements en relief l^ger, raremcnt incises, on rencontrait aussi des tessons a la
pnte grossit-re, non patinee, ayant habituellement l'ornement en relief ou incise: des bandes ondulde*-.

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LES STATIONS FKEHTSTORl OUES DE VÂDASTRA

iles proeminences, des entailles. Lcs silex ont ete auesi trouv6s dans toute la profondeur: des lames,
un nucleus (trouv6 â 0,60 m), quelques percuteurs. A 0,90 m on a trouv6 un fragment d'os
poli, puis un ciseau en pierre '). II est â signaler que dans les fouilles, jusqu'â 1,50 m de profon-
deur, on a rcncontrc beaucoup de pierres de couleur bleu fonce qu'on employait peut-fitre & la con-
fection des instruments en pierre. A 1 m, on a trouve une figurine acephale (fig. 63, no. 1 =
fig. 49 no. 5), puis une pcrlc en argile.
Lesfouilles II (fig.
IV, V), dans la partie
Sud-Est du tumulus.
D'abord nouB avons
creus6 le foss6 II, puis
lcs tranchees A et B ;
pour r e c h e r c h e r la
couche de civilisation
vers le Nord, nous a-
vons pratiqu6 aussi le
fo8s6 III. Les r6sultats
ont 6te assez interes-
sants, puisque nous a-
vons trouve l< - resteB
d'une habitation, ainsi
qu'un tombeau. Pour
plus de pr6cision, nous
donnons les d6tails de
chaque partie fouiII6e.
LefosB6II(fig.IV),
avec la direction E-O,
avuit les dimensions
Fig. IV.
10 X 2 m. La terre
v6getale allait jusqu'â
0,55 m. On a trouv6 â ce point de petites mottes de terre calcinee qui se multipliaient au fur et â
mesure qu'on avanţait en profondeur. Deux pierres (dimensions: 25 X 15 X 0,6 cm et 15 x 10 X 0,3
cm), n.M.v <■<■■. & 0,50 Mi, 6taient situees â 0,20 m de la paroi Sud et â 1,50 m de Ia paroi Ouest. A ia
iiitiiii- profondeur apparaissait de la cendre â 3 m de la paroi Ouest, pres de la paroi Nord. Des os de
grands animaux, de boeufs surtout, apparaissaient
aussi. A partir de 0,55 m jusqu'â 1,05 m, la terre de-
LEGENDE ! venait jaunâtre; elle 6tait pourtant facilement fouillee.
Vers 0,75 m, dans la moiti6 Ouest du fosse, on a
T E R R E VEGETALE rencontre un foyer; tout autour, la terre etait tres
consistante et melangee de cendres. A 0,95 m le
TERRE ET TESSONSfFOVILLESj
foyer est complStement decouvert. Situe â 1,20 m de
PIERRES la paroi Ouest, il avait 2,20 m 1,90 m et avancait
DEBRIS CALCINES dans la paroi Sud. Pres du foyer se trouvaient de
nombreux tessons, parmi lesquels une petite hache
CHARBON ET C E N D R E
en pierre. A cette profondeur les os 6taient en grande
TERRE JAVNE quantite. Ce sont les memes os de grands animaux
domestiques: de boeufs surtout, moins de chiens; il y
avait aussi quelques-uns de rongeurs. Parmi les tessons, semblables â ceux trouves plus haut, il y en
avait d'autres, patines en marron-noir. Les ornements sont en relief et incises. Les proeminences sont
plates ou mamelonn6es. On a trouv6 ici quelques anses du type fig. 51, nos. 14-16, ainsi que d'autres
rondes. L'inventaire est complete par un os poli â forme indeterminable, et par un autre courbe (fig. 64,
10. 11), par un poids et par quelques silex. A partir de 1,05 m la terre argileuse devenait plus consiBtante.
l
) II fut perdu â l'occasion du transport du mat6riel.

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VASlLE CHRISTESCU

Les os sc maintenaicnt cn grandc quantilc jusqu'a 1,20 m, puis ils diminuaient jusqu'il 1,50 m, pour
disparaître ensuitc couiplctcniciit. Jusqu'â 1,20 ni Ics tcssons se trouvaicnt aussi en grandc quantitc.
Ceux-ci indiquaicnt de grands vases & pâtc bicn pctric et au contour pr6eis ou des vases plus petits â
la pâte fine et patin6e en noir. U n nouveau motif ornemcntal ctaicnt les cannclures. Dans ccttc fouillc
on a trouvc Ic vasc fig. 55, no. 5 et une lame cn oi (fig. 64, no. 1 ) ; aucun silcx. Le foycr trouvc avait
une hauteur de 30 cm, mais vcrs l'Oucst, sur unc jiortion de 1 m 0,60 m, il avait 0.40 m dc hautcur.
II avait 2,20 m de longueur E-V et 1,90 m de largeur, inais il se |)rolongcait sous la paroi Est. Lc foyer
ctait composc de tcrrc calcin6e compacte commc les tuiles, mclangee de charbon et de cendrc. Au dcdans
on a trouv6 plusieurs vascs entiers, situ6s l'un ă cAte dc I'autrc dans unc position projiice ă la cuisson
(fig. 55, no. 4 ; fig. 58, noB. 4, 5), un support de vase (fig. 58, no 7), unc petite hachc cn pierre et plu-
sieurs silex.
La tranchec A (fig. IV), faite jiour dclernrincr le foyer du fosse I f, avait la dircction N-S et les dimen-
sions 6 m X 4 m ; elle a etc fouillec jusqu'ă 1,50 m. Jusqu'a 0,50 m, la terre vcgetale etait mclangcc de
petites m o t t e s de terre calcinee. Les tessons sc multipliaicnt â mesure qu'on avan^ait dans la jirofondcur;
ils sont cn pâte grossifire, mais il y en
a encorc d'autrcs, moins nombrcux, en
jiâte finc, patinee en couleur jaunAtre-
rougeâtre. Le d6cor est cn rclicf, par
incision ou en cannelures. Les anses et
les jirocmincnccs sont scmblables ă celles
du loss6 II. D'autres objets d6couverts:
Cl une fusalole (fig. 48, no 8), une [>ctite
hache en pierre et quclqucs silex.
Entrc 0,50 — 0,75 m, la terre affcc-
tait une couleur jaunătre et vers le coin
Nord-Ouest elle 6tait mclangce a de
nombreux morccaux dc bousillage. Les
tessons assez norabreux sont grands et
seniblables aux jir6cedcnts.Quel(jucs-uns
ont uue jiatine noire tres bellc. l l n frag-
inent en jiâtc finc, jauntitre, a des in-
cisions rcmjilies dc inaticrc blanche (fig.
50, no. II). On y a trouve aussi beaucouj»
de silex. Vers le Nord de la tranchcc, la
terre etait dure et avait unc couleur
rougeâtrc; ici, â 0,75 m dc profondcur,
on v o y a i t le prolongeracnt du foyer du
Fig. V.
foss6 I I . Vers le S-E., sur une longueur
de 2 m et une largeur de 1,70 m, la
terre etait noircie par la fumee. On y a trouve aussi dcux jiierres (dimensions: 20 X 15 X 10 c m ; 18 X
1 3 x 1 2 cm). Au S-O., la terre argilcuse, sans tessons, etait melangec â de petits morceaux de bousillagc.
Sur 1 X 1,30 m pres de la paroi Ouest et â 0,50 m dc la paroi Sud, le fond dc la tranchec ctait cnduil
de terre glaise (* Lehraboden »). Parmi les morceaux dc bousillage, il y avait une pierrc (23 X 23 X 2 cm).
Le foyer colle contre la jiaroi Nord (lc prolongement du foyer du fosse II) avait dans cettc tranchcc unc
sujierficie rectangulaire, aux dimensions de 1,20 0,70 ni. A 0,50 m vers lc Sud il y avait un autre
foyer, a y a n t une forme irrcguliere; les diraensions: 2 X 1,20 ni. Entre les deux foyers, la terre se main-
tenait argileuse jusqu'â la derniere profondcur. Pres du foyer, dans lc coin N - E . , â 1 m dc profondeur,
dans la terre trcs dure, il y avait des fusains. Vers le N-O. la tcrrc argilcuse ctait friable et inclangce de
charbon et de morceaux de bousillagc. A 1,20 in la terre 6tait trcs dure; autour dcs foyers elle etait
noircie par la fumee et melangee de charbon. D'ailleurs, les tcssons scmblables â ceux trouvcs jusqu'ici
n'apparaissent plus. Parmi les objets de l'invcntaire on jieut c o m p t e i : un poinc,on en os, noir et poli
(fig. 64, no. 8), un poids â filet, un clou cn fer (fig. 64, no 16). D'ajircs lcs rcsultats dcs fouillcs on con-
state ici les traces d'une ou de plusieures h a b i t a t i o n s ; rnais lcs dcbris nous emjiechent jiourtant d'en
determiner une forme precise.

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LES STATIUNS P R E H I S T U R I Q U E S DE VADASTKA

Le fosse I I I , a u x IIIHK n i«>11-: 1 III E-U X 15 m N - S , a ete trace â 4 m. au ISord du fosse I I . Au poiut
dc vuc strutigraphiquc il cwt semhlablc uu foss6 I I ; rnais duns le fosse III on n'u trouve aucune truce
<rhnbitation ou de foyer. L'invcntuirc se compose de choses c o m m u n e s : quelques silex et fragments ce-
rumiqucs scmblubles ă rcux du foss6 I I . Lcs grunds os apparaissaicnt cn grande qunntite â 1 m cnviron
de profondcur.
La tranchec H (fig. V), uux dimcnsions 5 m N - S X 8 m E-U, creusec jusqu'â 1,50 m de profondeur,
a cte tracee â 2 m au Nord du fossc II et u 3 m u l'Uuest du fosse I I I . .Strutigraphiquemcnt elle se pre-
scntc ninsi: jusqu'â 0,55 m, de la terre v e g c t a l e ; jusqu'â 1,10 m de profondeur, la terre est noire et friable.
A parlir de ccttc profondeur, elle affecte une rouleur j a u n â t r e ; c'est de la terre argileuse, mclangee de
rnnttcs de tcrrc calcinee et de cendrc. A 1,30 m la couche de terre argileuse, d e v e n u e assez j a u n e , est tres
durc sur t o u t c la superficie de la tranchcc. C'est une couche enduite d'argile ressemblant â celle de la
tranchcc A. E n t r e 0,60 m ct 1 m les os a t t e i g n c n t la plus grandc q u a n t i t e . Un a trouve aussi quelques
ecailles. surtout d'escargot. A 0,75 m de profondcur sont apparues les pierres. A 0,85 m dcs pierres plus
grundcs ctaicnt disposees a v e c quelque rcgularite dans la partie E s t de la tranchee. Leurs dimensions ne
dcpussuicnt pas 20 c m en longueur ct en largeur. La disposition de ces pierres ne semble pas avoir ete
due au hasurd, car, plus bus, dans le coin S-E., on a trouve un squelette. Celui-ci 6tait tres pourri; le
crânc est m i c u x c o n s e r v e ' ) . Le squelette etait oriente U - E . II etait place la face vers le ciel; les j a m b e s
ci.in-ni un pcu accroupies, pcut-âtrc â causc de lu pression de la terre ou peut-Stre parce qu'il a ete en-
tcrre coinmc ţ a En tout cas, on nc peut le comparer a u x squelcttes accroupis («liegende Hockerskeletten»).
Sa longucur cst de 1,70 m. Vers la tcte, la tcrre urgileuse et dure etait melangce de terre calcinee et de
ccndrcs. Pres de la tfete etait placc le vasc fig. 58, no 1 ; â droite, sur la cuisse, on a trouve un petit
gluivc en fcr trcs o x y d e et t o u t prcs, les fragments d'un couteau toujours en fer (fig. 65, no. 1 et 2).
Pres du squclctte on a trouve encore un petit bracelet en fer (fig. 64, no. 21). N o u s d e v o n s rattacher
â ce t o m b e a u lc p o i n ţ o n en fer, trouvc dans la tranchee A (fig. 64, no. 16). D'apres ce qu'on a v u , le
squelette y decouvert cst cclui d'un guerrier de l'epoque du fer qui a ete enterre â un endroit ou il y avait
autrcfois DD gîte h u m a i n , probablcmcnt detruit et abandonne â l'epoque de l'entcrrement. A 1,30
iii, dans lc coiu N-U., oîi on a trouve les traces d'un foyer â peu pres circulaire, on a trouve aussi deux
pierres de forme â peu pres reguliere, a y a n t unc face lisse. (Diarnetre du foyer: 1,50 m. Dimeneions des
pierres: 26 X 18 X 8 c m ; 28 X 17 X 15 cm) L'inventaire de cette tranchee est assez riche. E n dehors
des tessons scmblubles & ceux des autres fouilles, on a trouve encore: â 0,60 m et â 1 m de profondeur,
d c u x p e t i t s vases de la mfîme forme (fig. 58, no. 3 ) ; â 1,50 m, dans la derniere couche de civilisation, on
a trouvc un tcsson a y a n t une svastika en relief (fig. 63, no. 13). A 0,75 m on a trouve une tete de fi-
gurine (fig. 63, no. 2). D'autres o b j e t s : un objet en cuivre, a y a n t la forme d'une ligne â pecher (fig. 64, n o .
20), unc fusulole; â 0,60 m, un p o i n ţ o n en os (fig. 64, no. 5), un casse-tete en pierre (fig. 48, no. 10), sem-
blablc â cclui t r o u v c â Măgura Fctelor. A 1 m, quelques os polis et une petite hache en silex (fig. 48, no.
7); â 1,15 m , une cuiller en os (fragment) semblable â celle de Mâgura Fetelor (fig. 64, n o . 17), une perle
cn urgile, un poids â filct. A 1,25 m, on a trouve une belle pointe de fleche en silex (fig. 48, no. 6) et
une petitc hache cn pierre, couleur bleu fonce. A 1,30 m, en dehors des objets trouves pres du s q u e l e t t e ,
on a t r o u v c cncorc un pctit anncau en cuivre (fig. 64, no. 19) et â 1,40 m, u n poincon en cuivre (fig.
64, n o . 15). U n e grandc q u a n t i t e de perles en argile et des silex ont ete trouves dans t o a t e la tranchee.
A 1,30 m de profondeur, â 2 m de la paroi Est et â 0,50 m de la paroi N o r d , o n t ete trouves â un
seul endroit 14 silex: des l a m e s , des racloirs ou des n o y a u x .

Les fouilles III se resument s e u l e m e n t â la tranchee C, tracee â 8 m vcrs le N et â 3 m vers l'U.


de la tranchce B . ( D i m e n s i o n s : 3 m E-U X 15 m N - S ) . Stratigraphiquement la terre se presente ainsi:
jusqu'â 0,50 m, de la terre v e g e t a l e , friable; la terre se m a i n t i e n t noire et friable jusqu'â 1 m. A partir
de 1 m, la terre argileuse d e v i e n t plus ronsistante. A 1,40 m est apparue la terre glaise. D e s 0,50 m
apparaissuicnt des os de grands a n i m a u x ; ces os sc multipliaient considerablement vers 1 m de profondeur.
La plupart en sont de c h e v a u x , d'apres les crânes qu'on y a trouves. II est surprenant de voir un si
grand nombre de c h e v a u x dans un espace si reduit. A 0,80 m on a pu identifier d e u x foyers contre la
paroi Est de la t r a n c h e e ; le premicr a une forme rectangulaiie (longueur: 1,10 m ; largeur: 0,75 m ) ; le
sccond a une forrne ovale (long.: 1,50 i n ; larg.: 1 m ) . L'inventaire ceramique ressemble â celui des autres
fouilles: les tessons en pâte m o i n s fine, au decor en relief ou â incisions sont a c c o m p a g n e s de tessons en

') M a l h e u r e u s c m e n t , la face en a ete detruite par un ouvrier.

209
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14 Darin I I I — I V 1927/932.
VASll.i: CHRlSTESCL

pâte fine, patinee. Nous devons iuentioniicr lc fragment fig. 63, no. 12, en pâtc fine, patine rn bleu fonoc
et â decor spiral; ce fragment a ete trouv6 a 0,80 m de profondeur. En dehors des silex, trouvds
jusqu'â la dcrniere profondeur (lames, grattoirs ou percuteurs), l'inventaire est complete par: deux
poincons cn os, unc figurinc nccphale en argile grossicre, trouvee a 0,80 m. et une tfite de figurine tou-
jours en argile grossiere, trouvce a 1,20 m (fig. 63, nos. 3, 4).
En resume, la Btratigraphic de cctte station nous indique la prcscnce de plusieures habitations. Les
habitations trouvecs dans la tranchee A paraissent avoir ete detruites par un incendie; les murs etant
eboules, nous ne pouvons pas les reconstituer.

L E S S I L E X E T L E S O B J E T S EN P I E R H E
Les sile.x (fig. 47, 48 et 49) trouves dans la station de Mâgura Cetate sont moins nombreux
que ceux trouves dans la Măgura Fetelor,

IIIMHI
mais ils sont plus grands. On en a pu comp-
ter 100, dont 35 d'intacts. Les lames varient
de 5 â 9 cm de longueur; elles sont d'habi-
tude larges et ont une ou deux nervures sur
le dos (fig. 47, nos. 1—9, 1 2 , 1 6 , 1 7 , 1 8 , 2 1 ,
26). 11 est a remarquer que les lames nos.
17 et 26 ont la partie inferieure travaillee
comme u n pedonculc. La lame no. 18 est
courbee et elargie vers la partie ou elle
H m m, * 1 4 » %M doit etre saisie. Une telle forme nous fait
mk _m Am Â!Ă\ 17 eroire que cette lame ail servi aussi <l<- ra-
Lwg. flj fll fll fl flflf/ 4 cloir. La Iame par un pe-
I W I I 23 fl I fl doncule; peut-etre a-t-ellc dc
fl r <' ■ ) HB fl ^C? fl I ,i lame 6 a le tranchanl
Kl vwL fl^. ,- ^BV* ^^P^ **- O A \ mmmm^
■ ^l V 7Ţ ^HmmmmmmT*£s~ 1
droit dent6. On a trouve beaucoup de lames
^^f ^ | 20 T^- JUKIIVJ W
toutes cependanl en etal fragmen-
taire, sauf les lames fig. 47, nos. 10—15.
Parmi ces lames minces sont â remarquer
les lames nos. 13 et 14 qui ont un petit trou
dans le t r a n c h a n t g a u c h e ; ces lames, d'apres
leur forme, paraissent avoir servi aussi de
percoirs. Une apparition distinguee est la
lame no. 15, finement travaillee, terminee
par un pedoncule. Dans l'inventaire des
Fig. 47.
silex entiers sont â enumerer: les pergoirs
(nos. 19, 20); les grattoirs (nos. 22 — peut-
etre celui-ci a-t-il servi aussi de racloir — 23, 24); les racloirs (nos. 25, 29). On a trouve cinq
racloirs du type no. 25 dans un groupe de 14 silex dans la tranchee B. II faut compter encore
trois percuteurs du type no. 30 et cinq noyaux, dont un (no. 27) tres grand (long.: 9 cra) ! ) ,
puis une belle pointe de fleche 2) de forme triangulaire, tres fine (fig. 48, no. 6 = f i g . 49, no. 3 ;

') A. et G. de Mortillet, Mus. prehist., pl. X X X I I I , Dacia, I, p. 73, pl. X I I , fig. J, 3, 7, 8 ) ; â Gumelniţa
fig 244. (VI. Dumitrescu, Dacia, II, p. 45, fig. 11, n o s . 14,
2
) De pareilles pointes de fleche ont ete trouvees 15, 19) et â Căscioarele (Gh. Ştefan, ibid., p. 148,
aussi â Sultana (I. Andrieşescu, Fouilles de Sultana, fig. 5, nos. 7, 8, 13, 15).

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LES STATIONS P R E I I I S T O R I Q U E S I)K VĂDASTRA

long.: 6,5 cm, larg. de la base: 4 cm). Une autre pointc de fleche, trouvee dans un champ
non loin de notre station, est travaillee plus rudimentairement et a la meme forme triangu-
laire, mais plus allong£e (fig. 48, no. 4 = fig. 49, no. 8 ; la pointe, brisee); la couleur en est rougeâtre.
Une hache en silex a 6te trouvee â 1 m de profondeur dans la tranchce B (fig. 48, no. 7 = f i g 49,
no. 2). Cette hache est terminee â la partie supcrieure par un talon p l a t ; le tranchant s'elargit
en demi-cercle. II paraît que l'ouvrier ait voulu arrondir le tranchant dans les deux parties;
c'est pour cela qu'â la partie droite (sur la figure) l'arete de la hache disparaît dans la ligne
du tranchant, tandisqu'â la partie gauche l'arete est differenciee du t r a n c h a n t ' ) .
Objets en pierre. On a trouve cinq haches en pierre; l'une d'elles a ete perdue. Les haches
sont tres lisses et polies; les aretes sont arrondies. Les haches plus grandes ont une couleur
brune-noire; les plus petites ont une
couleur bleu fonce. Une grande hache
(fig. 48, no. 1= fig. 49, no l ; l o n g . : 14,5
c m ; larg. au milieu: 6,5 c m . ; epaisseur:
3 cm) a une jmrtie du talon brisee. Sa
forme est cclle du type denomme j>ar
les Allemands « dicknackiges B e i l » ; Ie
tranchant en arc de ccrcle est asyme-
trique. De couleur et d'une facture ana-
logue est la hache fig. 48, no. 2 = f i g . 49,
no. 6, dont le t r a n c h a n t fait dcfaut;
mais la forme en est differente, puisqu'ici
le talon est plus aigu, de sorte que cette
hache se rapproche du type «spitz-
nackiges Bcil» 2 ). La petite hache f ig. 48,
no. 3 -fig. 49, no. 7 (long.: 4,5 cm) se
raj)proche par sa forme de la hache fig. 48,
no. 1 ; le t r a n c h a n t en est asymetrique.
La j)etite hache fig. 48, no. 5--fig. 49,
no. 4, de la memc longueur que la pre-
cedente, a une forme plus rectangulaire;
le t r a n c h a n t en est droit.
Parmi les objets en pierre il faut
enumerer aussi un petit casse-tete (fig.
48, no. 10), semblablc â celui trouve â
Măgura Fetelor. Nous devons considerer
aussi comme objets servant d'outils Fig. 48.
diverses j)ierres de grandeurs variees,
(juelquefois lisses et en facettes. Leur couleur est bleu fonce comme celle des haches; d'autres
j)Ius petites ont une couleur marron. E n comparaison du nombre des haches, le nombre de
ces j)ierres est tres grand.

') Cc type de hache se rapproche des haches en Tres ressemblante â la notre est celle trouvee â Căs-
silcx, trouvees â Sultana, dcnommees « dicknackiges cioarele (Gh. Ştefan, op. c, p. 148, fig. 6, no. 5).
2
Beil » (Andrieşescu, op. c, p. 64, pl. I, fig. 14, 15). ) I. Andrieşescu, op. c, p. 69, note 1.

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VASILK CHRISTESCU

LA C E R A M I Q U E
La ceramique de Mâgura Cetate se presente moins varice <jue celle de Măgura Ketelor,
surtout en ce qui concerne le decor. Quoiquc, coinparativenient, les tessons trouves dans cette
station soient moins nombreux que ceux trouves â Măgura Fetelor, les vases entiers ou se
pretant â etre reconstitues sont plus noinbreux; dans un seul foyer, dans le fosse I I , on en
a trouve cinq. Stratigraphiquement il n'v a qu'une seule couche dc civilisation ; par consequent,
tous les vases trouves, a fonnes et dec.ors diffiSrents, sont contemporains. Hxccption n'v

Fig. 49.

fait que le vase trouve dans la tranchee B, pres du squelette; celui-ci differe fondementale-
ment des autres vases, sous le rapport de la la technique, aussi bien que sous celui de la
forme.
La technique. La pâte de beaucoup de vases, quoique renfermant des impuretes, est bien
petrie. D'autres vases ont une pâte plus pure et plus lisse; quelquefois ces vases presentent une
patine au rebord. D'autres grands vases ont l'interieur bien lisse, tandisque I'exterieur en est
neglige. Les parois exterieures sont parfois decorees de raies en relief, tracees aux doigts sur
la pâte molle. D ' h a b i t u d e le goulot de ces vases est lisse, de meme que l'interieur (fig. 55, no. 1).
D'autres fragments nous m o n t r e n t des vases patines sur toute la surface. La patine en est mar-
ron, brune-rougeâtre, plus rarement noire ou bleue (comme les vases du I-er groupe de Măgura
Fetelor). Le contour des vases est â peu pres toujours bien precise. Generalement la cuisson en

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LES STATIONS PREHISTORIQUES DE VĂDASTRA

cst faite â la f l a m m e ; p o u r t a n t quelques vases nous indiquent la cuisson au four. Ceux-ci


sont cuits j u s q u ' a u rouge. La technique est, en general, celle des vases des stations eneolithi-
ques du Sud-Est europeen et surtout des stations de la plaine valaque.
Form.es. Les vases de Măgura Cetate sont de dirnensions variees. La forme la plus rencon-
tree est l'ecuelle, si bien representee dans la ceramique de la plaine danubienne. Ici on Ia trouve
dans toutes ses variations, â partir de la forrne la plus simple (fig. 56, no. l = f i g . 62, no. 2 ;
fig. 59, no. 9), pourvue quelquefois d'une proeminence ou d'une orcillette ou meme d'une anse
(fig. 59, no. 6 ; fig. 62, no. 7), j u s q u ' a u x autres formes moins simples (fig. 62, no. 9 ; fig. 55,
no. 1 ; fig. 59, no. 8), qui ont la paroi separee
en deux par une a r e t e 1 ) . On a trouve un
fragment de vase de cette forme (fig. 14,
no. 1), dont Ia paroi decoupee â la partie
inferieure pour etre amincie, presente une
belle patine bleuâtre-noire 2 ). Aux vases
rnoins fins l'arete est seulement indiquee.
Les vases plus fins ont souvent une proe-
minence, qui est situee sous l'arete â la
partie inferieure (fig. 59, no. 11). L'arete
affecte une forme de pltis en plus proemi-
nente, t e n d a n t â devenir un element fini â
part sous le rapport ornemental (fig. 59, no.
4, fig. 60 no. 3 : l'arete en forme de corde,
pourvue d'une oreillette; fig. 60, no. 6: l'a-
rete s'est developpee ici en forrne d'epaule,
travaillee â son tour en aretes obliques).
Tres ctroitement rattaches â ce type
sont les vases de la meme forme, mais dont
la partie sup6rieure est verticale, parfois
differenciee par une a r e t e ; cette forme est
toujours pourvue de deux anses p a r t a n t
de la levre pour se fixer sur l'arete 3 ) . L'un
de ces vases, en pâte fine, euite au rouge,
a sur l'arete deux petites proerninences, si-
tuees chacune d'un cote et de Tautre â mi- Fig. 50.
distance entre les deux anses (fig. 55, no. 3).
Un autre vase de ce type, patine en brun k la partie superieure, est celui de la fig. 62, no. 10.
Le vase fig. 55, no. 4--fig. 6 1 , no. I, du meme type, a un orifice en losange; la pâte en est un peu

') Dcs vase» de la memc lcclmique ont cte trouves au licu d'etre vcrticale, est un peu courbee vers
a BoJan, station B, dans la dcrniere couche cneoli- l'interieur (v. plus haut, fig. 32. no. 4). D'ail-
thique (V. Christcscu, Dacia, II, p. 293, pL XXXIV, leurs ce type de vase a ete trouve dans la cera-
fig. 1) et ă Căscioarclc (Gh. Stefan, op. c , p. 170, mique dcs stations eneolithiques de la plaine valaque
fig. 30, nos. 2, 3). (VI. Dumitrescu, op. c, p. 64, fig. 33, no. 1), ainsi
2
) Comme dans le groupe I de Măgura Fctelor. que dans ]a station de Sălcuţa, sur le D a n u b e , â l'Ouest
') Ce t y p e dc vase a ete trouvc aussi â Măg. Fc- de notre station (au Musee de Berlin, 3-eme salle.
lclor, ii cette seule diffcrencc cpi'ici la partie supericurc. vitrine 5).

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VASILE CHRISTESCU

plus grossicre. Une forme, derivee de l'ccuellc, est accusce p a r unc scrie dc grands vases,
trouves en e t a t de fragments. Ccux-ci, quoique la p â t e en soit i m p u r e , ont les parois minces
et bien contourees. La cuisson en est parfois tres forte, jus(ju*au rougc ; l'intcrieur du vase
cst bien lisse, le goulot aussi, t a n d i s q u e la panse h a u t e ct sveltc a une orncincntation â
lignes en relief faitcs en j>assant les doigts
sur la j)âte molle. Les vases sont p o u r v u s de
jietites anscs triangulaires — p r o b a b l e m e n t
d e u x — situfes d ' u n cote et dc l ' a u t r e du vase,
SOIIH lc goulot (lig. 57, n o . 1).
Une formc et unc t e c h n i q u e analogues,

mais a y a n t l'anse remplacce j)ar u n e pro6mi-


nence, sont indiquees p a r le tesson fig. 59, n o .
3. La coupe est representee p a r une serie de
Fig. 52.
variantes.
Un des t y p e s en est la petite ecuclle (fig.
58, nos. 2, 4), en p â t e grossiere, non cuite. Des formcs analogues nous i n d i q u e n t Ies fragments
en p â t e fine, p a t i n e e en j a u n â t r e - r o u g e â t r e .
Une a u t r e forme presente le vase fig. 55, n o . 5 = f i g . 6 1 , n o . 3, d o n t la p â t e avec
peu d ' i m p u r e t e s est bien petrie et lisse; Ia cuisson en est faite â la f l a m m e . II faut rat-
t a c h e r â ce t y p e quelques vases en p â t e grossiere, non cuite ou u n peu cuite, d o n t la
forme se r a p p r o c h e du verre (fig. 59, n o . 7).
D'autres coupes ont une forme j>lus compliquee, b i c o n t r o n i q u e . La p â t e , quoique
renfermant des impuretes, est bien petrie et le c o n t o u r des vases est bien precise;

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I.ES STATIOINS l ' H E H I S T O H I Ol ES I)E VĂDASTHA

quelquefois la panse est pourvue d ' u n e oreillette (fig. 58, nos. 3, 6 et 5 = f i g . 6 1 , n o . 4) J ) .


Une forme bicontroniquc a aussi le vase t r o u v e dans le foyer du fosse I I , d o n t la levre
' et l'anse font dcfaut (fig. 60, n o . 5).

53
F>g- > plus long. L ' u n de ces fragments, patine et
decore de cannelures,est p o u r v u d'une anse
p a r t a n t de la levre pour se fixer sur l'epaule
du vase (fig. 62, no. 5). II p a r a î t que les grands vases de cette forme, non patines, n'aient
pas eu d'anse (fig. 59, no. 1).

*) Cctte forme est frequente dans la ceramique (Gh. Ştefan, op. c , p. 157, fig. 15, no. 6 ; fig. 16, nos
cncolithique du Sud-Est europeen. Dans la plaine 2, 3). EHe se trouve aussi dans la ceramique peinte,
valaque elle a cte rcncontrce â Sultana (I. Andrie- couche B, de Cucuteni (Musee des Antiquites de Bu-
şescu, op. c , p. 77, pl. XV, fig. 8, p. 85, pl. X X I , carest, I-ere salle, v i t r i n e 3 ; Musee prehist. de Berlin,
fig. 4, 6), â Gumelniţa (VI. Dumitrescu, op. c, p III-eme salle, vitrine 1).
55, fig. 22, no. 8, p . 61, fig. 29, no. 8) et â Câscioarele

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VASILK CHKISTKSCU

Un vase en pâte grossierc, trouve dans le foyer du fosse I I , a la forme d*un pot â largc
base, â la panse un peu gonflce et â l'orifice aussi large que la base. Sur la panse il a quatre pe-
tits boutons (fig. 55, no. 2 = f i g . 61, no. 6) ] ) . D'autres fragments, non patines, mais en pâte
fine et bien lisse, indiquent des vases dont les parois. verticales a la partie superieure, accu-
sent une obliquite prononcee â la partie infericure. Ces vases sont pourvus d'une proeminence,
situ6e soit sous la levre, soit sur la panse (fig. 60, no. 5). Un fragment marginal presente un
bec par lequel on versait lc liquide (fig. 62, no. 3). Le vase fig. 56 no. 4 = f i g . 61, no., 5 est
un type commun aux stations eneolithiques danubiennes 2 ).
Le vase est muni dc deux anses qui partent du goulot et se fixcnt sur l'epaule. Le goulot,
a partir de l'endroit des anses, l'epaule ct la pansc sont decores d'incisions parallclcs, ponctuecs
aussi par des incisions.
La prcsence de vases â support est demontrce par les deux supports qu'on a trouves.
L'un (fig. 58, no. 7 = f i g . 62, no. 4), en pâte impure, mais bien petric et bien cuite, a la forme
d'unc bande circulairc,
courbce vers l'intcrieur;
au milieu, au centre de
la courbe, il y a une
arete. L'autre support
de vase (fig. 56, no.
2 = f i g . 62, no. 1) nous
indique aussi la prescnce
de vascs a picd.
Ce support est â la
partie s u p e r i e u r e en
forme d'ccucllc, dont le
goulot cst differcncic par
une a r c t e ; sur ce goulot
il y a quatre petites pro-
tuberances. La partie in-
ferieurc de ce support
est comme le prolonge-
ment de la partie superieure, ayant la forme d'un pied â base Iarge. La ligne du contour
est harmonieuse et elle donne â notre vase un profil eiegant. A Ia partie infcrieure on ob-
serve aussi une incision profonde en forme d'arc. Si le support etait cloisonne au milieu,
nous pourrions supposer que c'eut ete un vase â pied; mais l'absence de la cloison nous in-
dique un support de vase, qui a ete certainement imite d'apres les vases â pied. Ceux-ci de-
vaient etre assez peu nombreux, puisque nous n'en avons trouve aucun exemplaire 3 ). Dans
la ceramique de cette station on a trouve aussi des vases cribles (fig. 54, nos. 1,4).

1
) Un correspondant â Sultana (I. Andrieşescu, epoque plus recente, son evolution ayant ete seule-
op. c. p. 77, pl. X V , fig. 10). m e n t au point de vue ornomental. (Voir Ie vase ă
2
) II a ete trouve en etat de fragments â Sultana cornes de Bolan, station B, dont la formc est iden-
(1. Andrieşescu, op. c , p. 93, pl. X X I X , fig. 31), â tique â cclle de notre vase. V. Christescu, op. c , p.
Fundeanca Chiselet (fouilles faites par M-me II. Du- 286, pl. X X V I I , fig. 1 e t pl. X X I X , fig. 24).
mitrescu) et â Căscioarele (Gh. Ştefan, cp. c , p. 174, ") U n vase â pied ayant la forme de notre support
fig. 34, no. 4). Cette forme a persevere jusqu'a une a et£ trouve â Sălcuţa. Le vase de Sălcuţa est p a t i n e ;

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LES STATIONS PRfiHISTORIQUES DE VĂDASTRA

Parmi les couvercles, l'un, petit, un peu concave â l'interieur, a la partie exterieure un
peu conique; au milieu, un trou par lequel, probablcmcnt, on introduisait la ficelle â laquelle
il etait suspendu. L'exterieur est dccore de lignes spiralcs (fig. 63, no. 7) x ). Un autre cou-
vercle, plus grand, a la forme d'une ecuelle renversce. Bien travaille, ce couvercle est pourvu
de deux anses horizontales. L'exterieur est orne de cannelures (fig. 57, no. 2 —fig. 6 1 , no. 2) 2 ).
Les anses des vases sont aussi variees. Le type le plus frequent est celui des anses rondes,
fixees verticalement ou horizontalement (fig. 50, nos. 9, 1 3 ; fig. 5 1 , no. 2 ) ; plus rare est l'anse
aplatie (fig. 52, no. 13) ou tubulaire (fig. 59, no. 10). L'anse triangulaire (fig. 51, no. 15—fig. 59,
no. 5) se rencontre, tout comme â Măgura Fetelor, en compagnie de l'anse rectangulaire, dont
le I>ras exterieur s'elcve en point aigu ou en s'elargissant au-dessus du bras superieur (fig. 5 1 ,
nos. 16, 14) 3 ) . Tres rarement on trouve les anses en forme d'oreillettes (fig. 54, no. 16).
Ornements. F n comparaison de la ceramique de Măgura Fetelor, les vases de Măgura Ce-
tate ont une decoration moins riche; ces vascs n'ont souvent aucun decor. D'ores et dejâ,
nous pouvons affirmer
que les ornements des i&j M ^ S ^ i ^ . J
vases de Măgura Ce-
t a t e sont communs â
la ceramique des sta-
tions eneolithiques du
Bas-Danube. Le decor
est fait par incision
ou en relief. (Nous a-
vons reuni dans la fig.
50 differentes sortes
de tessons decores par
incision). Un tesson
presente un decor â
incisions, en forme de
p a r e n t h e s e s (dispo-
secs commc les fenilles
de sapin); il paraît
que ces incisions aient
ete faites â I'ongle (fig. 63, no. 8). Le couvercle fig. 63, no. 7 a un decor ă incisions en
forme de cercle ou ellipses, disposees concentriquement 4 ). L'ornement â entailles se ren-
contre moins souvent (fig. 50, no. 1 5 = f i g . 51, nos. 2, 5) 5 ). On rencontre plus souvent le

2
l;i lcvre cn cst simple ct les parois sont pourvues de ) Des formes correspondantes â Sultana (I. An-
dcux oreillcttes (MUB. preh. de Berlin III-eine saHe drieşescu, op. c , p. 85, pl. X X I I , fig. 5, 7), â Gu-
vitrine 5). Rupproche en quelque sorte de la fornic melniţa (VI. Dumitrescu, op. c , p. 61. fig. 29, nos. 1,
de notre aupport est le vase-support, â decor geo- 2; p. 75, fig 52, no. 5), u Căscioarele (Gh. Ştefan,
metrique, trouvc en Thruce, â Plosku Moghila (Phi- cp. c , p. 166, fig. 27, no. 49; p. 146, fig. 36, no. 2).
lippopolc) ct dutc pur Scure-Degrand â l'epoque du 3
) Voir plus haut: « Măguru Fetelor », p. 21 note 4.
fer (B. C. 11.. 1906, p. 431, fig. 71). 4
) Cet ornement se trouve â Căscioarele (Gh.
') Des formcs corresponduntes â Gumelniţa (VI. Ştefan, op. c , p. 176, fig. 36, nos. 4, 5, 7), derive de
Dumitrcscu, op. c, p. 61, fig. 29, no. 27), â Căscioa- l'ornement en spirale, tel qu'il se trouve â Gumel-
rcle (Gh. Ştcfan, op. c , p. 164, fig. 26, nos. 6, 9, 10; niţu (VI. Dumitrescu, op. c , p. 77, fig. 57).
5
p. 174, i'ig. .'54, no. 6). ) Cet ornement se trouve duns lu ccramique res-

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VASILE CHRISTESCU

decor fait par evidage; le motif le plus frequent c'est l'alveole (fig. 53, nos. ] , 3, 4, 6, 7, 10, 1 I).
Tout â fait differente est l'ornementation des fragments fig. 51, no. I2,fig. 50, nos. 3 et 8, par
l'emploi de la corde ' ) . Les fragments fig. 50,
no. 3 et fig. 51, no. 12, ont le mciiie inolif orne-
mental: dcs anglcs doubles, parallcles. L'orne-
ment fig. 50, no. 8, est plus complique et semblc
avoir formc des groiipcs indcpctidants sur la
panse du vase. Cet ornement est forme de
triangles conccntriques, la pointe en bas. Ce
groupe de trianglcs est encadrc des deux
cotcs par de petits motifs iiiiprimcs â l'aide
de la corde 2 ). Les motifs du decor en relief
sont: des raies mises en relief â l'aide des
doigts pass6s sur la pâte molle (fig. 51, nos. 5,
1 1 ; fig. 52, nos. 2—5 ; fig. 53, nos. 4, 6 , 1 0 ; fig.
54, no8. 2, 5, 15, 17: fig. 63, nos. 6, 11); puis
l;i bandc â alvcolcs (fig. 53, nos. I. ".> : fig. 54,
nos. 3, 6) qui est rencontree plus rarement
que les rangees d'alveo-
les; la bande est inter-
rompue assez souvent
par des procininences.
Celles-ci sont rencontrees
souvent en forme de
boutons (fig. 53, no. 3 ;
fig. 54, nos. 8—10, 12;
fig. 63, no. 14; fig. 55,
no. 2). Ces boutons sont
evides au mi-
lieu (fig. 54,nos.
Fig. 57. 13, 17). De pe-
tits b o u t o n s
V ^
sont ranges pres de la levre d'un vase (fig. 53, no. 9). On
trouve plus rarement des proeminences allongees (fig.
52, nos. 4, 5) ou pointues (fig. 53, no. 11); tout aussi
rares sont les petites proeminences rectangulaires (fig.
52, no. 6 ; fig. 54, no. 16). Sur le tesson fig. 63, no. 13,
on voit une svastika en relief. C'est le seul ornement
de ce genre qu'on ait trouve dans la ceramique de cette Fig. 58.

bemblante de Coţofeni pres de Craiova. Cette station de Căscioarele (Gh. Ştcfan, op. c , p. 173, fig. 33,
a ete fouillee par les Allemands pendant la guerre de no. 9).
2
1916-1918; les fragments sont exposes dans le Musee ) Cette maniere de decorer est denommee par
prehist. de Berlin, III-cme salle, vitrine 5. Hcernes: « die felderteilende Stilart», ou « Hahmenstil >
i
l
) L'ornement corde est peu repandu dans la cera- (Hoernes-Menghin, llrgesch. d. bild. Kunst., 1925,
mique du Bas-Danube. Nous pouvons citer le tesson p. 266 sqq.).

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LES STATIONS PREHISTORIOUES DE VÂDASTRA

station. L'ornement en cannelures est rencontre assez souvent. II est â remarquer que
les vases patines ont les cannelures bien travaillees (fig. 51, nos. 6, 9, 10, 1 5 ; fig. 57, no.
2), tandisqu'aux autres vases non patincs elles sont plus irregulieres (fig. 52, no. 8).
La spirale est rej>rescnt6e dans la ceramique de Măgura Cetate sur un fragment de

Fig. 59.

vase â fond p l a t ; la pâte avec peu d'impuretes est tres bien petrie et patinee en une
couleur noire-bleuâtre. La spirale, faite par excision, est irreguliere; cela prouve la mala-
dresse du potier.
II paraît que la spirale se repete sur toute la surface du vase. Ce tesson a ete trouve
dans la tranchee C. Nous devons mentionner aussi l'ornement â incisions du couvercle,
fig. 63, no. 7.

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VASILE CHRISTESOJ

Comme different et etranger au milicu eerumique oii il u 6t6 trouv6, nous devons con-
siderer lc vasc fig. 58, no. 1, trouvc u la tctc du squclcttc dc lu trunchce B. Ce vuse, suns avoir 6te
fait cn une pâte tres fine, u cte pourtant confcctionnc au tour. Ln huse plute cn est nettement
prccisee; lu pnnse gonflee sc j>rolonge n lu pnrtie sujx'ricurc j>nr un goulot cylindrique. Pnrnlle-
mcnt u lu Icvrc on voit un bourrelct. surmontc j>ur unc unse qui vicnt sc fixcr sur ln pnnsc l).

LA P L A S T I Q U E

On u trouvc duns notre stution cinq figurincs humuines en etat de frngments (fig. 63,
nos. 1—5). Lu figurine fig. 63, no. 1 fig. 49, no. 5, u ctc trouvee duns le fossc I. L'urgile, hicn
Iisse, u ete pussee pur lu flnmmc. Lu j>urtie existnnte rej>rcsente seulement le corj>s, suns tete
ni brus. A lu pnrtie suj>erieure, pres de In cussure, on voit deux seins minusculcs; plus

J
) Nous ne trouvons tles correspondants de ce derent ce vase coinmc unc fabricution locale sous
vase que dans la ceramique Latene de la plaine va- rinfluence dcs arnphores grccques). Coinparativemenl,
laque: â Crăsani (I. Andrie«şeseu, Piscul Crâsani, Hu- notre vase rcpresentc une incontestable supcrioritc
carest, 1924, p. 58, fig. 136 et V. Pârvan, Getica, Bu- techniqne.
carest, 192(>, p. 193, fig. 70. Les deux auteurs consi-

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I.ES STATlONS PR^HlSTORlQUES DE VÂDASTRA

bas on distingue une sorte de bouton, representant peut-etre l'ombilic. La partie inferieure
a une forme tronconique, evidee â l'interieur; de cette facon la figurine a l'aspect d'une cloche
cn argilc. Le potier a voulu, evidemment, representer une femme en robe ' ) . La figurine fig. 63,
no. 2—fig. 62, no. 11, trouvee dans la tranehce B, n'a plus que la tete, de forme â peu pres
cylindrique; vers l'extr6mite celle-ci a une sorte de bonnet, travaille en meme temps que la
tete. Ce bonnet a 6te fait en ajdatis-
sant et en recourbant un peu l'ex-
tremite du cylindre. Sous ce bonnet
on a imprime, â l'aide des doigts,
deux alveolcs, indiquant les yeux 2 ).
Ne possedant que la tete, nous n'en
pouvons pr6ciser le sexe. II s'agit
aussi d'etablir si le bonnet est en
realite un bonnet ou plutot une
sorte dc coiffure. La figurine fig. 63,
no. 3 = f i g . 62, no. 8, trouvee dans
la tranch6c C, rej)resente un autre
type. En argile grossiere, non cuite,
cette figurine acej>hale a sur la
poitrine deux seins minusculcs; les
bras sont tres courts, inegalement
travailles. Les pieds sont bien se-
pares. La figurine est steatopyge 3 ) .
Les fragments fig. 63, nos. 4 et 5,
representent les parties superieures Fig. 61.
d'un meme type de figurine, tres
frequent dans la jdastique du Sud-Est europeen. La tete est a p l a t i e ; seulement les cavites
des yeux et le profil du nez sont indiques j)ar la pression des doigts contre l'argile. Au
fragment no. 4 on a indique les oreilles toujours par des trous (on ne les voit pas dans la
photographie).

OBJETS EN ARGILE, EN OS ET EN METAL


Objets en argile. On a trouve trente j)erles en argile, dont 22 au meme endroit dans la tran-
chee B (â 0,80 m de profondeur). Leur forme est celle d'un cylindre un peu aminci vers les ex-
tr6mites (fig. 48, nos. 11—13, 15—19). La perle no. 14, trouvee â 1,10 m, a une forme tronco-
nique. On a trouve encore quatre fusaloles du type fig. 2, nos. 8 et 9, et cinq poids â filet du t y p e
fig. 64, nos. 22—24.

2
') Un correspondant, a Gumelniţa (VI. Dumitrescu, ) Un correspondant en serait la figurine de Căs-
op. c , p. 83, fi(r. 64, no. 4). Contrairement â notre cioarele (Gh. Ştefan, op. c , p. 178, fig. 39, no. 20),
11 f u 1111 <■. celle-ci n'a pas la partie infcrieure evidee dont le bonnet fait toutefois defaut.
3
en forme de cloche, mais elle est cylindrique. Notre ) Cette figurine est rencontree aussi dans laplastique
figurine nous indique des rapports avec le Sud egcen des stations eneolithiques de la plaine valaque: â Căsci-
(v. la bibliographie chez Vi. Dumitrescu, op. c, p. oarele (Gh. Ştefan, op. c , p. 178, fig. 39, nos. 2, 3), â
85, notes 1 et 2). Gumelniţa (VI. Dumitrescu, op. c , p. 83, fig. 64, no. 5).

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VASILK CHRISTESCU

Objets en os. Quoique la quantite des os trouves soit tres grande, le nombre des os tra-
vailles est tres reduit. Deux lames, trouvees â 1 m de profondeur, dont une plus large et lisse
sur les deux faces, a les extrămites amincies (fig. 64, no. 1 — ce serait peut-etre un lissoir) x);
l'autrc, plus petite et plus mince, est tres lisse sur une facc et vers la pointe elle cst travaillee
en forme de ciseau (fig. 64, no. 3). Le poincon, fig. 64, no. 7, est un peu grand (12 c m ) ; nous sup-

posons qu'il ait ete employe aussi comme poignard. Moins bien travaille, mais du meme type,
est le poincon no. 6. Les poincons nos. 8 et 9 sont en os noirâtre, tres lisse et par endroits meme
poli. Les figures nos. 5, 10 et 13 nous montrent trois poincons differents. Nous croyons quc le
premier (no. 5) et le deuxieme (no. 10) aient ete employes aussi comme pointes de fleche.
La base du premier consiste d'un tranchant qui pouvait etre fixe dans une verge; la partie

') A. et G. de Mortillet, Mus. prehist., pl. LII, fig. 495.

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LES STATIONS PREHISTORIQUES DE vADASTRA

infericure du deuxieme est ouvragee de telle faţon qu'on pourrait l'attacher â une verge. Le
poincon no. 2 est ouvrage rudimentairement; on a trouve encore quatre exemplaires de ce
type. Une cuiller en os, en etat fragmentaire, a une forme semblable â celle trouvee â Măgura
Fetelor (fig. 64, no. 17) ' ) . On a trouve encore une rondelle en os (fig. 64, no. 18)
et trois os polis qui servaient. j>robablement

squelette, longue de 35*cm (la lame â elle seule a une largeur de 20 cm). Quoique tres
oxyd6e, cette ep6e a une forme distincte. II paraît que la poignee ait ete en bois,
puisqu'il n'en est restă que la soie en fer et le bouton (fig. 65, no. 1). La poignee
du couteau, trouve en fragments pres de l'6pee (fig. 65, no. 2), paraît avoir ete executee
de la mâme fagon.
Les objets en cuivre sont: deux poincons, dont l'unrecourbe probablement â cause dela
pression de la terre; tous les deux sont aplatis et ressemblent â celui trouve â Măgura Fetelor;

') V. plus haut, fig. 44. no. 12.

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VASILE CHRISTESCl

ils ont cte trouves dans la tranchee B (long. 10 c m ; fig. 04, nos 14, 15) •). Plus different est
l'objet en forme dc ligne â pecher, trouve aussi dans la tranchee H, ă 0,30 m (fig. 64, no. 20).
Pointue aux deux extremites, la ligne a lc corps cn aretes 2 ). Dans Ja tranchce B on a trouve en-
corc l'anneau cn cuivre, fig. 64, no. 10; cct anncau cst confcctionnfi d'un mincc fil en cuivre;
les extrcmites en sont jirolongccs et suj)erj>osees, en indi«juunt un commencement de sj)irale.
Diametrc—2 cm. II est u remarquer que tous les objcts «'ii mctul, sauf un, ont ete trouves dans
la tranchee B •').

C OINCLUSION

La station prchistnriquc de Măgura Cetate est l'une des


stations communes u la pluine dunubienne. Au point de vue
toj)ogruj)hique, notre station differe des types connus jusqu'u
present duns ces regions. Llle ressemble cn quelquc sorte â la
station de Gumelniţa, qui, malgre sa grunde ctcndue, uffecte
unc formc dc tublc. Au point de vue strutigruphi«juc on a vu
que les gîtes humuins n'ont j>us dure si longtcmps, car la
couche de civilisation va rarement jusqu'ă 1,70 m de profon-
deur. D'apres ce qu'on a j>u remurquer, les hubitations etaient
concentrees surtout duns lu j>urtie S-E du t u m u l u s ; ici on a
trouve dcs debris et des foyers. II est difficile a rcconstituer
le plan d'une tcllc habitation; les dchris n'en ont conserve au-
cune forme j>recise. La construction dcs maisons se faisuit uvec
le bousilluge habituel; mais celui-ci scmble n'avoir j>as et«' fixe
ici sur des brindilles, puişjqu'on n'en a pas vu de traces. Les
traces de bois brule sont j>eut-etre les rcstes dcs j>ieux qui ont
soutenu lu muison. D'upres les dimensions des foyers, il semble
que les hubitutions uient ete ussez grundes.
II n'est pas douteux qu'une habitation ait eu jdusieurs
Fip. 65. chambres. Le plaiicher etait cnduit dc tcrre glaise, tel qu'on en
voit aujourd'hui m«*;me aux habitations nistiques. D'aj>n;s les
restes, nous pouvons admettre que l'habitation de la trancht'e A ait ete dctruite jiar le feu. L'oc-
cupation principale de ces hommes j>rehistoriques etait ccrtainement l'elevage du betail. Les
nombreux os, surtout de grands animaux: bccufs ct chevaux , ainsi que lcs nombrcux silex:
racloirs, grattoirs, confirment notre avis. La lignc a j>echcr en metul, uinsi quc les poids u
filet, nous montrent qu'ils prutiquuicnt uussi lu pi'îche. Les idoles feminines nous indiquent
Ia croyunce quc ces hommes avaient dans un culte de la terrc nourricicre; c'cst Ia croyance com-
mune aux eneolithiques du Bas-Danube. Chronologiquement, d'a{>r«v,s 1<; mat<5riel trouve, nous
pouvons encadrcr la civilisation de notre station dans la grande civilisation eneolithique, du type
Sultana, richement representee dans les regions <lu Bus-Dunube. INous croyons j>ourtant que -

J 3
) V. plus haut, fig. 44, nos. 13 et 16. ) I/analyse chimique de» objets en mctal, faite
2
) Des lignes â pecher en cuivre, mais moins par M-me Silvia Busuioc-Christescu, a montre que,
hien travaillees, ont cte trouvees â Gumclniţa (VI. en dchors des objcts indiqut's par nous comme ctant
Dumitrescu, op. c, p. 99, fig. 74), et â Căscioarele en fer, tous les autres sont en cuivre.
(Gh. Ştefan, op. c, p. 196, fig. 49. no. 14).

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I.I.S STATIONS P R K I I I S T O R I Q U K S DK VÂDASTRA

en comparaison de la civilisation de Măgura Fetelor — celle de Măgura Cetate soit plus re-
cente. E n 6tudiant le m a t e n e l , nous avons vu qu'il n'y a pas beaucoup d'clements communs
aux deux s t a t i o n s ; les influences r6ciproques ont ete tres r6duites. Sans contester la coexi-
stence des possesseurs de ces deux civilisations â une certaine epoque, nous devons admettre pour-
t a n t qu'il y ait eu deux peuples differents. Incontestablement, les vieux habitants de Măgura-
Fetelor avaient un gout plus raffine" et peut-etre une civilisation superieure â ceux de Măgura-
Cetate. C'est pour cela peut-etre qu'il n'y a pas eu un trop grand rapprochement entre les
deux civilisations. Un t r a i t caracteristique de la Măgura Cetate c'est le tombeau de l'epoque
du fer. II est fort probable que nous nous trouvions en presence du tombeau d'un guerrier gete,
ou plutot barbare. Les armes ne sont pas celles d'un guerrier romain.

VASILK CHRISTKSCU
Docteur ex lettres
Professeur « VEcole normnle de Piteşti

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15 Dacia III IV H27/932.
FOUILLES DK CLINA
La station prehistoriquc ('aisant l'objet du present compte-rendu ') se trouve â 10 km —
a vol d'oiseau de Bucarest, vers le Sud-Est. Elle est situee dans le territoire de la commune
Bobeşti-Bălăceanca (hameau de Glina).

'i

Fig. 1. La butte « movila » dc Clina. vue de Nord-Ouest.

De l'ancienne rive droite de la riviere Dâmboviţa, actuellement canalisee, se detache


une presqu'île formee de deux mamelons separes par un col etroit, plus bas que le r e s t e ; la
pointe de cette presqu'île, e'est-â-dire le second mamelon, celui (jui avance dans l'ancien
lit de la riviere, prend actuellement une forme legerement arquee, dans la direction Sud-Est-
Nord-Ouest, avec le flanc Ouest profondement concave, le courant de l'eau l'ayant erode ă
une epoque qu'on ne saurait preciser.
l
) Les fouilles de Glina et le materiel qu'elles ont Zeilschrift (tome XIX, 1928, cahiers 3/4, p. 110—143)
fourni ont servi de base â une etude <jue l'auteur de Rerlin, que nous citerons desormais en abr6ge Pr.
a publie sous le titre « Zur Chronologie der rumii- Ztschr. Une partie du matericl y est aussi reproduite.
nischen Steinkupfrrzeit » dans la revue Priihistorische

www.cimec.ro TZU
Tel qu'il est, ce mamelon allonge* avance obliquemenl vers le lit de la riviere qui, â present,
excepte le canal etroit de la Dâmboviţa, constitue en ce point une « lunca » large de 2 km en-
viron, dc sorte qu'il prend 1111 cours indcpendant : l'âtablissement prehistorique avait utilise
en realite imc île, puisque les sondages pratiquls sur le col, d'une part, sur le premier ma-
melon, d'autre part, ont prouve" qu'ils sont tous les deux de formation recente.
Sur cette « movila » (comme l'appellent les habitants des hameaux environnants), de nom-
breux resles prehistoriques, dissemine's ;i -.\ surface, B'offrirenl ;i l'attention <l<- M. R. Vulpe,
qui a visite le premier remplaeement.
Cette eminencc cst, d'ailleurs, digne de l'attention de l'archcologue: en prenant a Buca-
resl Ie train pour Olteniţa, on suil le cours <le la Dâinboviţa et puis celui de l'Argeş, — deux
rivieres le long dcsqucllcs b's etablissements prehistoriques, — commenţant â Clina meme,
passant par Tânganu, Budeşti, Valea-Popii, pour aboutir a Olteniţa (Gumelniţa), — s'echelon-
nent pour indiquer, paraît-il, une ancicnnc voie de communication. Apres avoir parcouru une
portion de plaine monotone, la voie ferree deseend, â partir de Căţelu, la rive gauche de la
Dâmboviţa et l'on entre dans l'ancien lit de la riviere; la « movila » de Glina frappe alors le
regard auquel la lenteur du train permet de scruter les environs. Assez isolee, mais cependant
tres proche de la rive, eincrgeant de l'eau qui l'encerclait autrefois de toutes parts, disposant
au Sud-Est d'une large baie retenant encore l'eau et permettant au regard de parcourir tout
autonr <b-s distanoes asscz vastes, oelte « movila » (appclcc aussi « la \ i i c i » . « aux Noyers »,
â cause de quelques noyers qui y poussent encore) offrait â ses habitants prehistoriques une
position sure, faeile â defendre et suffisamment etendue.

I>KS F O U I L L E S
Pendant l'ete de 1926, j ' a i visite la station, selon les instructions de notre tres regrette
maître, V. Pârvan. ,]v lui on ai rapporte des tessons et apres avoir obtenu l'approbation d'y
pratiipier des fouilles, j ' a i inis, le 31 aout de la meme annee, la pioche dans la station. Cette
prcmicre campagne a dure du 31 aoîît au 18 septembre 1926.
.I'ui trrcuHi', ponr ooinnionccr, la tranclicc /l,longue tle 10 ct large de 3 m, qui devait m'eclairer sur l;i
B'tratigraphie et que j'ai poussăe jusqu'â une profondeur de 2,60 m. Les resultats de cette premiere re-
clicrchc m'uyanl conduit â unc *rr\v <lc concliiHionH HlraligrajdiitiucH, j'ai attaque un autre point de la
Station cn creusant lu surface B, <lc 20 m sur 5 m, qui devait completer le mutericl recucilli dans un
clal lro|i l'ra(inicritair<- <lans la premicrc tranchce ct me <lonner des points d'appui plus precis au sujet
<lc lu question <ICH habitations: la tranchce A ne m'avait fourni dans cette direction tfue des impressions
plutot vugues. O t l c dcuxicme tranchee, crcusee jusqu'ă une profondeur de 3.10 m, fournit un muteriel
assez richc <-n parfaite concordance stratii^ruphique uvcc celui de la tranchee d'essai A. Ses dimensions
pliis lurircs pcnnircnt quelques ohservations |)1UH precises sur les hubitations de la couche II. En meme
temps, j'ai ctc oblig^ de renoncer â toute tentative d'obtenir <les resultats siirs et complets: tout comme
lu trunchcc A, cllc nc presente que tlen ruincs enchevetrees et en partie bouleversees: aucune trace de
Iroiis <le piloti.H.
Pendant l'etc tle 1927, j'ui ouvcrt une troisieme tranchee C', de 15 m sur 5 m, afin de controler encore
une fois lu strutiizrujihie au sujet de laqucllc on m'avait exjiriinc des doutes. La fouille de cette nouvelle
Irunchcc confirma cn tous jioints l<>s rcsultats <les dcux autrcs. I)c nouvelles fouilles, que le Musee de
Bucarcsl u l'intcntion <lc fairc jiratiquer tlanH la station, auront le but d'enrichir lc materiel dejâ recolte
et tl'clurfjir notre <onnaissance des civilisations y rencontrees. Pour le momcnt il s'agit de rendre compte,
d'uuc tnnnicrc succincte, sur Ics fouilles d'cssui tlcju cxecutces. Qu'il me soit permis de le faire sous l'c-
fţide d'unc rcinunjuc jircliininaire qui rcussira u justificr, je l'espere, le caractere incomplet et surement
provisoire des resultuts uctjuis: Ics fouillcs de Glinu ont etc, de prime uhord, conţues comme de simples
fouillcs d'rssai ct 1'aitcH uu moyen dcn rcssources mises alors â notre disjiosition.

227
I5«
www.cimec.ro
ION NKSTOI.

L'ctudc attentive consucrce u la question capitale de la stratigraphie ctuhlit l«■- l.tii- suivunts: noiu
sommes en prfsenre de trois rourhes de rivilisntion sueressives. Chaquc COUche cst claircment marquee par un
iiivcuu d'hubitution auquel corrcspond chaquc fois un notivel aspect de civilisation. ',» [ue >\> u\ de ces
couches nc soicnl scparees par aticun nivcau intermcdiairc ct ncutrc, ct qu'uu contraire elles se tou-
chcnt, la prescnce dc ccs deux factctirs parallclcs. lc nivcau d'hahitation ct Ic caractcre dc la civilisatiou
suffit ă Ics definit comme tcllcs. En ce qui conccrnc l'aspcct dc ctiaqtie coiichc 011 jicut fairc les rcinar«|ucs
stiivantes. A partir dc la couche d'htiinus, d'unc epuisseur moyenne dc 'M) cm, contcnunt elle aussi de nom-
hrctix rcstcs dcplaccs |>ar la charruc. jusque \crs I 111 dc prnfoiidcur, s'ctcnd la couche dc civilisation hi pltis

Fig. 2.

recentc que je dcsignerai par lc chiffre III. Elle se compose de toutcs sortes de restcs fortcment mfiles â
des cendres. Des fragments et parfois des tas de bousillage cuit, des foyers • I< j*I.i < < ou non d«5plac6s
attestent l'existence de cabanes detruites par le feu. Mais ce qui donne partout â cette couche un carac-
tere special, c'est que les restes d'objets de toutes sortes — purmi lesquels les restes ceramiques pr^do-
minent, — et les restes d'habitations ne giscnt presque point. du tout «lans la terre, mais bicn dans la
cendre.
C'est pour cela que la couche a un aspect bouleversc et ne nous u pas pcrmis de suivre des traces
precises, sauf les foyers trouves en place. Le fait que de nombreux foyers ont ctc trouv^s dispers^s fait
supposer que l'on ait pietine la place, ou bien, ce qui est plus vraisemblable, que les restes soient rest^s
longtemps â decouvert et que les intemperies aient exerce Icur infhience destructrice.

www.cimec.ro 228
< , l , l \ V l<)26

Diversea fosses creusles par ICH habitanti de cette couche ont |>crcc
a cnviron 1 111 de profondeur, |>ar dcs resleH d'habitutionH un peu
iii..111- disj>erscs et par un invciituire ct unc ccramiquc «lifferents.
C'est la couchc II, u cabancs enfoncces en terre, qui atteint une
profondcur d'cnviron 2,50—3 m. Elle est forniec d'une tcrre juuiie
qui, cn maints endroits, porte des traces d'inccndic et est noircie par
des restes organiques. Nous obscrvons inoiiis de cenilre que duns lu
couche superieurc; duns son epaisscur, noiih trouvons d'abord un
niveau suj>erieur contenant les restes des babitutions et au-den-
s o u s — des reHtes im'napers constiluaut un inveiitaire vuric; a ce
niveau inf6rieur les ossements d'aniuiuiix apparăissent en quuntite
considerable (c'ent purfois un v«-rituble ossuaire). tandis «jue «luns lu
couche III ceux-ci se trouvaient <lisj>ers('-s un peu partout.
Ajires avoir dejiasse lcs traces des hubitatiom appartenant
a la couche II, vers 2,50—3 m «le jirofondeur, uj)j>uruissent d'uutrcs
restes j)Ius rares et m o d e s t e s ; c'est la couchc I qui va jusque vers
3,50 m et qui sc jiresentc en fţenerul jiuuvre. uvcc <les re*tes rares et
une seule fois dans un enseiiible (jui caracterise une habitation. Le
tout est entoure d'une terre assez dure, jaune-fonce.
II faut remar«jucr que, si la couche II t«>uche d'une facon im-
mcdiute la couche I I I , si donc lcs deux civilisations se sont succt'dees
de tres j>res, la couche I est bcaucouji olus isolce de la couche II:
dans la tranch«':e H Je niveaii des liubitulions de la couche I se trouve
u I m au-dessous du jioint lc jilus bas (|u'altciniiciit les habitations
de Ia couche II. Nous devons en consequencc admettre un intervalle
dc tcmps jilus long cntre les civilisations I ct II qu'entre / / et ///.
Les couches / et / / ne se touchent que |>ar les «liverses fosses
appartenant aux cabanes de la couche //.

I>cs trois c.oucheH de Glina contiennent les restes d'an-


ciennet hahitations d«^truites [>ar le feu. Une scule fois, dans
la couche / / / , tranchee C, on a rencontre du housillage non
cuit, ou legerement cuit. Le trait general, commun aux cabanes
des trois couches, est qu'elles sont hâties d'un treillage couvert
d'un crepi en tcrre petrie et melangee de paille. Ces huttes, ainsi
construites, possedaient chacune un foyer, rond ou ovale, au
diametre depassant rarement 1 m et forme d'une couche, epaissc
en moyenne de 5 cm, de terre petrie et bien battue, dont Ia
surface sup^rieurc a ete soigneusement nivelee. Ces foyers sont
toujours cuits au rouge, de sorte qu'ils ont gagne une consistanc«ţ
de brique et autour comme au-dessus d'eux on trouve beaucoup
de cendres, d'os, de petits fragments de charbon, sans parler
des restes ceramiques qu'on y trouve comme partout ailleurs;
ils sont souvent casses et leur fragments disperses, de maniere
qu'aucun releve certain du nombre complet et de la position
reciproque des foyers aux endroits fouilh':s n'a pu etre fait.

www.cimec.ro 229
ION NESTOH

Dans ia couche /. Ics ruines des habitations apparaissenl presque toujours ăparses et spo-
radiquee. Cette premiere couche, mince par rapporl aux autres, se prăsente d'ailleurs hahitcc
d"iine manicrc j>assagcre. pcu dc tcmps, et, vu la rarctc dcs rcslcs d'hahitatinns cl l'inventaire
reduit, la tribu <11■ i s"y ctail clablic etail peu uombreuse. (Cette couchc a ete, d'aillcurs, fouillee
sur unc ctciiduc plus rcduitc que lcs deux aulrcs). Dans la tranchcc ('. sculcincnt, cntrc 2.60
ct 3 ni dc profondeur, un amas de bousillage cuit. â cotc (lu<|iicl sc trouvail un foyer intact,
rond, au diametre de 50 cni. nous offre un cnscinblc plus complet; d'apres lcs dimensions de
la massc dc crcpi ct d'aprcs cclles du foyer, on pcut deduire que la cabane ctait assez petite;
il y a, d'aprcs lcs obscrvations faitcs, bcaucoup dc probabilite" (pic ccttc cabanc, de meine qtie
ccllcs dc la couche II, cusscnt ctc en fosse, niais la fossc dcvrait ctrc, cette fois, pcu profondc.
A cote dc ccs ruincs un a rccucilli lcs fragments du grand vasc â decor cxcisc (lig. 4), qui
se trouvaicnt dans un terrain briilc ct mclangc dc cbarbon et <lc ccndrcs.
Dans la deuxieme COUCIKMIC civilisation, les babitations o n t e t e plus jţrandes cl construitcs
dans dcs fosses. Lln foyer trouve intact dans la tranchcc ('., a 1.15 m <le profondciir, rond, au
diametre de I m, ct dcs fragments dc briquc dc fover trouvcs cpars atlcslcnt pour cette couche
aussi l'existence de cette sorte d'âtre.
La couchc / / / , avcc son aspcct bouleverse, i'ournit <piand incmc assez <lc restes d'liabi-
tations, sans toutefois permettre <lc ri<Mi prcciscr <piant a la forine ct aux dinicnsions dcs ca-
banes. La grande quantite de cendres quYlle contient provient, certes, tout d'abord <bi l'inccndie
des cabanes, petitcs et dens<'s, scinble-t-il, ct puis <Ic l'activite prolongce dcs nonibreux foyers
trouves intacts ou dispcrscs. Dans la plupart <lcs <as lcs fragmcnts dcs parois briilccs sonl
aussi disseniincs, notainincnt autour dcs foycrs. Ces foyers sont ou bien ronds, au diametre
d'environ 1 m, ou ovales â grand diametre variant de 1 in a 1.10 m ct â pctit diainctre de 0.55 m
â 0.60 m.

LLS CIVILISATIONS

La civilisation que noue a livrce la premiere couche *lv Glina cst dcjâ connue par les fouillcs
quc M. \ . (^bristcs<u a prati<piees pcndant rannee 1025 dans unc îlc du lac <lc lîoian, i'iitn^
Olteniţa et Călăraşi, dans la vallee du Danube. C'est la civilisation de la station // <lc Boian qxw
M. Christescu a etudiee et richement illustree dans son compte-rendu public en Dacia II
(1925), p . 249—276.
Cependant, l'etat trop fragmentaire des restes trouvcs ci cn incmc ti'injts le caractere
tout nouveau dans nos regions d e e e t l e civilisation, — «ju'on voit surtout dans lcs rcstcs ccrami-
ques, — ne lui ont pas permis, — aprcs l'avoir justement definie <lans scs ^-aracteres lcs j)lus
saillants, — d'etablir d'une manierc troj) rigoiireuse I'CJXXJIIC cl le st^le <lcs objcts trouvcs.
La couche qui portait â Boian cette civilisation ctail rccouv^'rti' d'une couclie â r<'st<'s dc La-
Tene. En meme temps, â la j>resence du mcandrc commc ornement trcs i'rc<|iicnt s'ajoutait
l'impossibilite presque d'etablir les formes des vases d u n c manicrc j>ositiv<;. Ccs raisons
ont determine V. P â r v a n ă la considerer commc datant <lc I'CJXKJUC <!<■ Ilallslall (voir
Getica, j>. 389, 421, 425, 430 et 762).
Les fouilles de Glina ne peuvent ctrc nullemcnt considcrccs conimc ayant fourni dcs j>oints
d'appui â la solution de toutes lcs questions qu'on doit se j>os<:r â j>roj>os d'une civilisation

www.cimec.ro ^30
< ; U N A \<r>(,

prehistorique. Lcs rcstes sont tres fragmentaires et trouves dans des conditions j»cu claircs.
Ici, comme â Boian, ils apparaissent sporadiquemcnt, câ et lâ, de sortc qu'on n'a pu constater
la prcsence de la couchc qu'â ccrtains cndroits (Christescu, op. cit., j). 259). Ce sont prcsquc
exclusivcment dcs rcstcs ccramiques, dcs tcssons. Le mobilier des huttes prchistoriqucs qu'on
trouvc d'habitudc dans d'autres couchcs, — divcrs instrumcnts en silex, en f»ierre, en os, cn
corne ct meme cn argilc, — cnfin Tinvcntairc usucl quc suppose une vic j>rimitive, — cst tres
rarc ici, comuic â Boian, — j>resque inexistant. Si l'on comparc la richessc dc cc mobilier, dans
la couchc II dc Glina, â cc quc fournit la couchc I, on saisit tres claircment les conditions un
j)cu inaccoutuinces et jiresque singulieres
dans lesquelles cette civilisation sc pre-
sente. Ricn nc plaidc en faveur de l'hypo-
these des ti»mbes; ce sont plutot de rarcs
et petitcs cabancs d<»nt lcs restes, dcjâ
epars ct dctruits j»ar les intemjicries, ont
ctc dcjdaces cn outrc j»ar Irs fosses dc la
couche I I . De nouvelles fouillcs sculcment
pourront eclaireir ccs circonstanccs.
Kn nous en tenant â cc que nous po8-
sedons dejâ dc cette civilisation qu'on devine
florissante et distingucc par un art geo-
metrique suffisamment atteste, nous avons
cru pouvoir faire quelques jirceisions au
sujct de la ceramique, presque son seul
repr/îsentant, comme on l'a dcjâ note. Ces
pr6cisions ont etc exposees dans notre ar-
ticle [)ublie dans la Prăhistorische Zeitschrift
dc Berlin, auquel nous nous permettons de
rcnvoyer le lectcur.
A ce quc nous avons dcjâ dit dans l'ar-
ticle citc, il faut ajouter les remarques sui-
vantes concernant la pâte des diverses
classes de ceramique etablies:
1. La classe I a est en pâte d'habitude
epaisse, bien pctrie, quoique contenant
souvent des im[>uretes. Tantot plus dense,
tantot plus pon^use dans la cassure, cette
1
/ Fig. 4.
pâte est toujours solide et assez bien cuite.
Sa eouleur prcsente diverses nuances entre le noir et le brun-jaunâtre.
2. La pâte de la classe II est bonne, parfois tres fine, polie, de couleur brune
ou noire.
3. La classe I I I est faite d'une pâte habituellcment primitive, parfois meilleure, mais tou-
jours non jiolie et d'une coulcur grisâtre ou jaunâtre (cuisson â tempcrature tres basse).
Le reste dc l'invcntaire accomj>agnant cette ceramique dans la premiere couche de Glina
a ete decrit et discute lui aussi dans notre article cite (p. 123).

www.cimec.ro 231
ION NESTOK

II
La civilisation de la dcuxieme couche de Glina, connue elle aussi chez nous —, surtout
par les fouilles de Gumelnifa, oii elle constitue la couche A, — a ete suffisamment decritc et
documentee par M. VI. Dumitrescu dans les deux volumes dejâ parus de Dacia. Nous
l'avons, en outre, decrite nous-memes dans la Prăhist. Zeitschr. (p. 123 ff.); nous renvoyons
donc ici encore le lecteur ă notre 6tude publiee en allemand et aussi ă notre article inti-
tule « Nachtrag zu Cernavoda », article ecrit en collaboration avec Mr. Ie Dr. A. Langsdorf
de Berlin et se trouvant sous pressc; il va paraître dans le prochain cahier de la Priihist.
Zeitschr. (1929).

Les figurines, entieres et fragmentaires, trouvees â Glina et appartenant toutes â cette


couche, doivent etre enumerăes et decrites d'une maniere complete.
Nous commencerons par celles en os, — parmi lesquelles nous distinguons des figurincs
humaines et des figurines animales, — pour finir par la description des figurines en terre cuite,
divisees elles memes, â leur tour, en humaines et animales.
Le premier rang revient â l'idole plate en os poli fig. 5, no. 3, la seule de ce type
qu'on ait trouvee â Glina; le t y p e est bien connu dans l'eneolithique bulgaro-valaque

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< ; U N A \<>2<>

et semble appartenir â une pcriodc moyenne de cette epoque. Les fouilles des dernieres
annees, en Bulgaric aussi bicn qu'en notre pays, sont assez connues pour nous dispenser de
citations oiseuses.
La tete dc l'idolc dc Glina a la forme d'un hexagonc, â pcu pres regulier, qui est assis sur
un de ses angles. Elle portc six trous circulaires groupes par trois le long de deux cotes opposes
dc l'hexagonc. Les yeux sont indiques par deux petits trous coniques, tandis que la bouche
est reprfaentee par trois trous de cette sorte plus petits. Le cou est tres court. Les bras ont
la forme de deux appendiccs en forme de trapeze, dont chacun a un trou rond. Entre les deux
bras sc trouve un trou conique pratique sans symetrie. Dans la region du ventre se trouve une
rangee de huit trous coniques, dont le sixieme est plus grand que les autres, pour indiquer
peut-etre le nombril. Cette rangee borde la ligne superieure d'un triangle fortement incise,
indiquant le sexe. Une lignc legerement incisee divise le triangle en deux parties egales pour
se continuer en bas, brusquemcnt elargie cn forte cntaille. Elle devient de plus en plus pro-
fonde, jusqu'au point ou elle perce l'^paisseur de la partie inferieure de l'idole, en separant
lcs dcux pieds. Des rangees de trous coniques sont disposees sous l'angle obtus du trianglc
d'une maniere presque parallele a ses cotes. Les pieds, dont l'un est absent, sont separes sur
une longueur de 17 m m ; â l'extremite inferieure la jambe subsistante porte une incision du
eote' extărieur qui indique grossierement le pied. Cette incision est encadree par deux trous
coniques. La face ainsi decoree de l'idole est legerement convexe. Le dos de I'idole a dans la
region moyenne unc incision correspondant comme situation a la base du triangle incise sur
la face ante>ieure; au-dessus de cette entaille se trouvent, disposes symetriquement, deux
trous coniques. L'idolc est haute de 0,108 m ct largc dans la region des bras de 0,032 m, tandis-
que sur la ligne des hanches elle n'a qu'une largeur de 0,031 m ; la tete a une largeur de 0,03
m tout au plus.
Toujours en os est travaillcc une scric de quatre idoles d'un autre type, lui aussi assez
bicn connu dans lc sous-cercle de civilisation bulgaro-valaque. Ce type est tres rudimentaire
et s c h e m a t i q u c ; ses representants sont plutot de simples simulacrcs de figurines. Ces figurines
sont travaill6es d'une maniere parfois tres expeditive.
La premierc (fig. 5, no. 15) cst un simplc os dont la partie superieure a ete taillee en forme
de prisme triangulairc pour figurcr la tete. Les yeux sont indiques par deux trous qui se
trouvcnt dc chaquc cote de la saillic mediane devant figurcr lc nez, en meme temps que la
bouche. La base en a cte aplatie en partie par frottement afin que l'idole ait pu rester debout.
H a u t c u r : 0,059 m.
La fig. 5, no. 16, reprcscnte un type semblable au precedent, mais travaille d'une ma-
niere plus ncgligentc; lcs trous dcstines â indiquer les yeux m a n q u e n t ; la base en est, en
cchange, mieux aplatie. H a u t c u r : 0,057 m.
Lcs exemplaires fig. 5, no. 6 et 6, no. 3 sont d'un type un peu different; les trois ex-
crescences naturelles de l'os ont ete emoussees pour donner l'impression approximative de tetes
d'idoles. Ces figurines semblent representer plutot des a n i m a u x ; elles gardent leur equilibre,
quand on les pose debout, sans avoir subi aucune modification â cette fin. Leur hauteur
est, respectivement, de 0,058 m et de 0,068 m.
Les figurines en terre cuite de Glina representent des animaux ou des hommes. Parmi
les figurines zoomorphes, la seule qu'on ait trouvee entiere est celle reproduite par la fig. 6,
no. 9. La tete est modelee en forme de trois lobes, produits par l'ecrasement de la p â t e
entre les doigts; l'un des ces lobes, plus epais, se ramasse vers son extremite en une sorte de

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ION NESTOH

museau, tandis que lcs deux autres lobes, j>lus aplatis, doivent figurer les oreilles. I)u boul
du museau, partent, des deux cotes, vers les oreilles, deux incisions legeres, mais assez larges:
ce sont, â coup siir, les y e u x ; du cote gauche <lc la tctc une autre petite incision descend vers
le cou cn formanl un angle aigu avec l'incision figurant l'oeil. Le cou lui-meme jiorte, â sa basc.
une incision <jui I'entoure sur lcs irois quarts <lc snn pourtour en laissant libre le cdte" droit.
Le corps arque ressemble a un jued d'homme au bouf levă el porte comme decoration une scrie
de scjit incisions longitudiualcs tracces jtlutot irrcgulicrcniciit. (lcs incisions sont assez larges
cl j)rofondes ct gardent dcs restes de matiere blanclie. l>a lcgcrc jiroeminenee qui sc voit sur
la partie infcrieure de la poitrine donne rimjiression <lc jKittes rej>liecs sons lc <<»rj»s. Ilaut<>iir:
r *

0,033 m ; longueur totale 0,068 m. L'animal que eette figurine doit rejiresentcr est difficile
â preciser.
J u s q u ' â un eertain point semblable a eelle decrite j)lus haut paraît avoir ete la figurine
rej)roduite par la fig. 6, no. J. Nous en possedons seulement la partie anterieure <|iii ncst
pas elle meme assez bien conservee: une portion qui va de l'extremite du museau au front
et les deux faces laterales de la tete, ou devaient etre les oreilles, sont effritees. Les yeux sont
indiques par deux incisions larges et j)rofondes. Au-dessous de la proeminence <jui reprcsente
le museau, un triangle, aux lignes fortements ineisces, figure d'une maniere inusitee la gueule
largement. ouverte a ) . Une incision qui touche la pointe du triangle entoure l<> cou sans <JII<'

') C'est, que je saehe, le premier exemple ou le J'ineline â croire <|iie nous uyons al'faire â une inala-
triangle ait ce role tout-â-fait insolite. II imlique, d'ha- dresse du inodeleur qui a voulu rendre l'anima] la
hitude. sur les ficurines anthropomorphes, le sexe. cueule heante. II a dexaint la ţrueule toui siinpleiiieni.

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C;LINA 192*.

ses deux bouts se rejoignent sur la nuque. Sur la poitrine se trouve une incision oblique; sur
la tcte, quatre incisions courtes partent du fmnt vers la nuque, comme pour indiquer une
criniere (?). Sur le dos on observe deux incisions transversales un peu obliques et pres de
Ia cassure 1111 bout d'une autre incision. Le corpa est arque comme chez les animaux couches
sur les pattes et deux petites enflures se trouvant â la base de l'extremitâ anterieure de la
figurine laissent supposer qu'on ail voulu representer ici aussi I'animal avec les pattes de
devanl repliees. La base de la figurine est plate.
Telle qu'on la voit maintenant, la figurine ressemble â un c h a t ; d'un lion elle a la criniere
cl l'aspect general; on ne peut, par consequent, rien preciser au sujet de l'animal qu'on a voulu
representcr. I l a u t e u r 0,053 m ; longueur du fragment 0,05 m.
L'animal represente par la figurine fig. 6, no. 4, semble etre un lievre, sans qu'on puissc
cependanl l'affirmer d'une manierc positive. L'oreille droite manque completement; de la gauche
il subsiste encore une partie. Deux petites alveoles situees sur les deux cotes du museau court
et proeminent indiquent probablement les yeux ou — peut-etre — les naseaux (?). Des
deux pattes, sur lesqucllcs reposait la partie anterieure, seule la p a t t e gauche subsiste intacte.
Llle esl figuree par un lobe plat qui avance obliquement. Aucun decor; la pâte, comme celle
des figurincs dejâ decrites ailleurs, n'est pas assez bonne et elle est negligemment hssee;
pas de polissage. L'impression d'ensemble est que cette figurine a ete modelee avec un plus
grand souci de rendre la realite. H a u t e u r 0,064 m.
La derniere piecc de Glina appartenant â la categorie des figurines zoomorphes est aussi
im fragment, â savoir une tete de belier qui conserve encore son cou (fig. 5, no. 1). La corne
droite est cassce; le museau est de meme endommage. La piece a ete travaillee avec un
certain* soin. Klle est modelee avec precision; les comes ont ete plates et arquees dans une
courbe hardie qui leur dirigeait la pointe en avant. Le museau est fin et mince; la bouche est
indiquce par une incision assez forte.
La face posterieure du fragment est restee un peu informe, tandisque la face anterieure
a ete polie et peinte. On ne peut pas preciser la couleur dont on l'a peinte; il n'en est reste que
des traces en forme de couches minces, qui sont maintenant de la meme couleur que le reste
du fragment, mais non polies ' ) . Le front porte un triangle peint; un autre triangle peint en-
toure le m u s e a u ; le cou lui-meme est peint d'une bande horizontale; la corne encore existante
porte, de distance en distance, trois bandes transversales peintes; enfin, les yeux sont indiques
au moyen de la peinture.
liaiiteur du fragment: environ 0,045 m.

Les idoles humaines en terre cuite de Glina sont. tres rarement entieres.
L'exemplaire fig. 6, no. 10, est le seul auquel rien ne manque. II a la tete modelee par
l'ecrasement de la pâtc molle entre les doigts. Le resultat en a ete une forme qu'on appelle ha-
bituellement «tcte de chouette ». Pas de cou; les bras —deux appendices coniques qui s'avan-
cent — donnent, avec l'attitude generale de l'idole, qui a le torse penche en a v a n t , l'impres-
sion de vouloir embrasser. Une bosse conique situee sur le dos â la hauteur des bras repre-

x
Pour lu rcprcsentation de la pueule ouverte dans le ) Le f'ragment a ete trouve dans la tranchee C,
Hous-cercle dc civilisation bulgaro-valaque, voir le au milieu des ruines incendiees d'une habitation ;
\ asc /.oomorplic de Kodja-Dermen cn Hulgarie dans il est lui-meme fortemcnt brule et a maintenant
Vlaveatja VI (1916—1918) pl. VI fifi. I (article de une coulcur jaune.
M. H. Popov).

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ION INKSTOK

sentc la stcatopygie. L'abdomen est legerement bombc. La base dc la figurinc s'elargit un peu
cn forme d'estampille ] ) . Aucune indication du scxe. H a u t c u r : 0,05 m ; largcur de l'ouverture
des b r a s : 0,043 m.
Une idole presquc identique, mais â laquellc manquc la tete ct le bout du bras droit et
qui a eu le ventre plat, est celle rej)roduite â la fig. 6, no. 12. La base en cst aussi aplatic en
cstampille, mais plus fortement. L'attitude dc l'idole est la meme que celle de l'idole pr6ce-
dente. H a u t e u r : 0,035 m.
L'idolc fig. 6, no. 2, cst j)resque entierc, sauf un bras et quelques legeres cassures. La tete
est modelee en « tete de chouette»: elle porte commc toute indication du visage deux larges
alveoles separees jmr une crete mcdiane. Le cou en est court et cpais. Le bras droit, le seul
qui subsiste, est etendu horizontalement et un peu arque en bas â son extremite\ La jmrtie
inferieure de la figurine est en section ovale et s'elargit en forme d'estampillc â la base qui
cst crcuse. Toujours aucune indication du sexe. Hauteur 0,085 m.
Parmi les autres pieces de plastiquc humaine en terre cuite de Glina, representees par des
fragmcnts plus petits, nous devons citer cn premier lieu cclle qui sc trouve â la fig. 6, no. 11.
C'est la partie superieure d'une idole feminine dont le visage est model6 en forme de « tete de
chouette ». La tete, qui a la forme d'un tronc de cone, est creuse. Le cou est tres c o u r t ; le
bras gauchc est casse; le bras droit a la forme d'un court appendice en forme de cone aplati.
Les seins sont reprcsentes par de petits boutons plats, appliqu6s; la sein gauche est placc dans
la rcgion de l'epaule. Sous les seins se trouvent deux lignes horizontales incisees, arquees
cn b a s ; elles sont limitees des deux cotes par deux incisions verticales p a r t a n t de la rcgion
des epaules. Hauteur du fragment: 0,034 m.
La fig. 6, no. 5, represente aussi la partie superieurc d'une figurine cn terre cuitc, eette-fois-ei,
steatopyge. « Tetc de chouctte » au nez un peu casse et au cou epais et trop long. Le bras gauche
inanque; le bras droit, lui-meme legerement endommage, est court et conique, un simplc
troncon.
Les seins etaient indiques par deux boutons plats appliques, dont le gauche s'est d6tachc.
On observe la trace qu'il a laissee sur la poitrine; au-dessous de cette tracc se trouve une en-
flure conique qui peut representer la grossesse ou le nombril. La steatopygie est representee
par une proeminence situee sur le dos â la hauteur des bras et dont le bout est ramene' en haut.
Hauteur du fragment: 0,063 m. .
Le fragment de la partie supericurc d'unc idolc qui a ctc richement ornementce (fig. 5,
no. 5) est, malheureusement, tres petit. II en subsistc seulemcnt une partie du cou et l'cpaule
gauche avec le bras.
Dans la cassure superieure, lâ ou devait sc trouvcr la tete, on remarque eneore la tracc
d'au moins quatre trous minces ayant reprcscntc la bouche. Sur le cou se trouvent trois
incisions, d'une direction generale horizontale, qui se reunissent en un seul point. Le bras
cncore existant s'aplatit vers son extremitc. L'ejmule porte une serie de cinq incisions trans-
vcrsales. L'idole a ete creuse jusqu'â la hauteur des epaules; elle apj)artenait, donc, au tyj>e
connu « en cloche » (voir le fragment plus complet de Gumelniţa: VI. Dumitrescu, Dacia II,
j>. 83, fig. 64 12 , qui donne une idee de l'aspect qu'aurait eu notre figurine). Largcur du frag-
m e n t : environ 0,065 m.

') Ce detail est considere par M. L. Frunz eomnie idolen des vorderasiatischen Kulturkreises, dans Jes
servant â indiquer la robe en forme de cloche plutot Mitteilungen der anthrop. Gesellsrhaft in Wien, tome
qu'â servir de socle de la fipurine. (Zu den Frauen- 56 (1926) p. 403).

www.cimec.ro 23(.
ULINA 1926

La partie inferieure d'une idole ă section presque rectangulaire plate est interessante par
le fait que les deux appendices terminaux inferieurs semblent vouloir representer les pieds:
on a tir6 et puis ramene la pâte encore molle (fig. 5, no. 2). Le fragment, fortement brîile,
est h a u t de 0,042 m.
Un autre fragment, representant toujours la partie inferieure d'une idole, n'a aucun
caractere special: la section en est presque ronde et s'elargit vers l'extremite superieure du
fragment (les hanches); la base est legerement aplatie en forme d'estampille. Hauteur du
fragment: 0,051 m. (fig. 5, no. 11).
Le fragment fig. 6, no. 7, porte un petit triangle incise, au milieu duquel on a applique
un boutpn plat. Est-ce le nombril, et dans ce cas le triangle indique-t-il la region du ventre
tout simplement et non p a s l e s e x e ? Le fragment a une section ovale et sa base est elargie et
creuse. H a u t e u r : 0,037 m.
On ne peut rien preeiser â l'egard du fragment fig. 5, no. 4 ; tel qu'il est, il semble seule-
ment avoir appartenu a une figurine ind£terminable.
La « tete de chouette » fig. 6, no. 8, a ete probablement appliquee sur un couvercle.
Nous avons trouve â Glina un seul fragment d'idole plate en terre cuite (fig. 6, no. 9). II
comprend une portion du cou avec les deux bras. Hauteur du fragment: 0,036 m. (Le dessin
doit etre renverse).
La derniere piece plastiquc en terre cuite de Glina est le fragment (fig. 6, no. 6) qui semble
representer un pied de figurine plus grande, quoique ni le talon, ni les doigts ne soient pas indi-
ques d'une maniere claire. Longueur de la plantc: 0,043 m ; hauteur du fragment: 0,021 m.
E n general la plastique de Glina se presente pauvre et assez grossiere. Sauf les quel-
ques fragments ornes d'incisions et le fragment peint, elle est sans decor; le modele est presque
toujours schematique et sans aucune finesse. La seule piece qui se distingue par son style
est conservce en un etat piteux.
II convient cependant de remarquer les qualites du modeleur qui a faconne les pieces
fig. 6, no. 10 et 6, no. 12. Le torse penche en avant et les bras ouverts comme pour embrasser
trahissent, pour cettc plastique encore rudimentaire, une vivacite d'observation et une memoire
de l'image plastique remarquables. Le geste lui-meme est difficile â expliquer: c'est une atti-
tude rituellc, ou, avec plus de probabilite peut-etre, l'idole represente une divinite protectrice.
On a l'impression quc l'artiste ait eu l'idee vague d'une divinite feminine fccondant et conser-
vant la vie. De sou idee paraît avoir surgi ce geste, comme l'expression supposee d'un amour
que son âtnc sentait vaguement grand et mysterieux comme toutes les choses initiales.
La figurine plate en os est d'un travail tres soigne. L'os est bien poli; la taille, precise
et reguliere.

III
La troisieme couche dc Glina, la derniere, nous offre, pour la premiere fois chez nous,
une civilisation tout-â-fait nouvelle. On l'avait dejâ rencontree qa et lâ dans notre pays, mais
ce sont les fouilles de Glina qui nous ont donne l'occasion de la connaître d'une maniere plus
complete et stratigraphiquement certaine. C'est pour cela que nous chercherons a la decrire
avec plus de dctails et a la documenter plus amplement que les deux premieres.
C'est d'abord la ceramique, l'el€ment le plus frequent et le plus caracteristique, qui
doit retenir notre attention.
On distingue â l'interieur de cette ceramique trois sortes de produits:

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J. Yases â enduit j a u n â t r e , poli avec mi certain soin ou d'unc inaniere plus in'gligcntc:
la pâtc csi assez impiirc, mais relativement bien petrie ci cuite tantdt micux. tantot moins;
la cassure prescnte dcs nuances «^ris, noir ou brun.
2. Vascs â la surface polie avec plus 011 moins dc soin, dc coulcur gris-foncc, ou noir
(parfois l'inegalite de la cuisson produil sur lc meme vase des auances diverses, variant du
noir au brun-clair); la pâte cst ici pure, bien petrie, solide et resoniiante. cuite au noir (U'
diverses nuances.
,\. O t t c troisieine espeec a unc pâtc tres iinpurc qui conlicnt dcs cailloux parfois tres
gros. Klle cst raremenl pctrie avec soin; le plus souvcnt cllc l'est d'unc inaniere tres gros-
sicre. I ,es vascs dc ccttc eategorie scml>lciil clrc cnils â la riammc cl I rcs faihlcmcnt; ils prc-
scntcnl dans Ia cassurc unc coulcur gris-clair; 011 obscrvc parfois dans lcs coucbcs marginalcs
dc la cassurc unc coulcur j a u n â t r c . Tres friablcs et d'un aspect tout-ă-fait grossier, lcs frag-
mcnts dc ccttc catcgoric appartiennent pour la plupart îi dcs pots qui ont le profil cn forme
dc S a la courbc legere, 011, peut-etre (voir plus bas) â dcs vascs cn cntonnoir. Asscz souvcnt
ccs fragmcnts posscdcnt un cnduit grossicr d'aspect rugucux, qui dcvait les rendre plus resis-
t a n t s a l'action du fcu *).
O s deux premieres especcs sont reprcsentees par des vases ayant, la plupart des fois,
dcs dimcnsions relativement petites.
*
Les quclques vases enticrs ou les fragmcnts qui nous pcrmettcnt d'en reconstitucr la formc,
que nous posscdons de cette couche, nc scmblent nullement reprcscnter ă eux seuls la serie
complete des formes de la civilisation dont ils font partie. Nous allons tenter toiit-de-meme
de definir ces formcs en nous servant aussi dcs fragmcnts plus grands.
Une forme qui revient assez rarement a Glina cst cellc representee par lc vasc Pr. Ztschr.,
fig. 2 c. II cst modclc d'une manicrc assez maladroite; scs parois sont cpaisses, mais son
aspect gcneral cst assez joli â cause de l'engobe lustrc rose-jaunâtre qu'il portc ct qui cst noirci,
sur presqu'un quart dc Ia surface du vase, par la funicc. La pâtc est, dans la cassure, jaune-
rougeâtre. Le fond est plat, un pcu irregulier, d'unc formc plutot elliptique; la panse est
formee par deux troncs de cone qui ont lcs ligncs du profil un peu convexes. Lc col, qui
rcntre un peu, a le profil concave et s'ciargit vers l'ouverturc du vase. Les deux anses con-
sistent de bandes ctroites s'appuyant sur la panse et sur le bord du vase. EIIcs trahisscnt la
ncgligencc du modclage. Un peu a v a n t dc rcjoindrc Ic bord du vase, elles presentent chacune
une petite crcte transversalc. Ces cretes ne semblcnt pas ctrc appliipiccs; elles ont ctc plutot
modelees dans la pâte mcme des anses. Le vase a une hautcur de 0,091 m.
Ce que ce vase presente d'interessant au point dc vuc typologique cst cn prcmicr licu sa
silhouette basse et puis ses anses. Ces dcrnicres scmblent imitcr unc structurc quc le potier
n'a pas bien comprise et qui se trahit dans quclques details.
L'anse imite en effet un type concu sous la formc de deux bras incgaux, l'un trcs court,
horizontal, qui part du bord du vase, et l'autre plus long, vertical, appuyc sur la pansc.
Le premier repose sur ce dernier en le depassant un pcu vers l'exterieur. J e crois que ce
dcrnicr dctail soit indique sur notrc vase, d'une manicrc maladroitc, par les crctes minccs dcs
deux anscs.

') A Glina, â cote d'autrert n o m b r e u x fraginents, <lu feu). Ce proce<le se r e n e o n t r e , <l'apres Viollier, <lans
le vase en e n t o n n o i r lui meine (fip. I I ) j)orte u n enduit p r e s q u e l o u l e s les s l a l i o n s neolii liiipie^ ile la Suis>e.
de e e t t e sorte. (II eonserve aussi des t r a c e s de l'action ( Pfahlbauten, zehnter Bericht, Ziirirh 1924, p . 177).

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GI.IJNA 1926

\l. riubert Schmidl a âtudie quelques anses apparaissant dans la ceramique de la Ma-
cedoine et qui sont construites d'apres le principe Buivant: nn elargissement lateral du bord
du vase et la Boudure du lobe ainsi forme â un bras vertical ou oblique qui repose sur la
panse ' ) .
Le vase de Glina a les auses appliquees; nous eroyous eependant reconnaître claire-
ment en elles uiii' imitation maladroite d'un type d'anse base sur le meme principe que celui
de* anses <!<■ la Vlaeedoine: la preuve en <-si que le bord du vase de Glina <•>!. aus points
de soutien des anses. pousse vers l'exterieur <ît un peu en haut, de sorte que l'embouehure
du vase a pris un aspect elliptique, vu d'en haut, et concave, vu de profil.

Fig. 7.

Le procede est connu aussi, comme nous l'avons vu, en Macedoine, mais son evolution y
est, en partie, differente (voir l'article cite de M. H. Schmidt), tandis que, â Glina, l'elar-
gissement de I'embouchure du vase et les cretes saillantes rappellent a peu de chose pres
les anses de Monteoru, confectionnees d'apres le meme principe que les anses dejâ citees de
la Macedoine, mais presentant en outre, parfois, le detail que nous croyons voir aussi â
Glina: le bras horizontal depasse le bras vertical.
II s'agit donc de l'imitation grossiere a Glina des procedes typologiques qui seront plus
tard courants dans la civilisation de l'epoque du bronze du type de Monteoru. II nous

') hic Kcramik dvr makedoniachen Tumuli. <lans la Zeitsrhrift fiir Elhuologie, 37. 1905, pp. 91—113.

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10 N NKSTOK

semble, en tout cas, evident que le vasc de Glina se place, par les details discutes, dans un
cadre typologique tres rapproche de celui de Monteoru. C'est, a Glina, l'epoque du bronze
qui s'annonce par cette tendancc a donner une certaine elegance noble aux vases et a traiter
les anses coinme des elements decoratifs.
Quant â la formc du vase de Glina, elle rappellc une forme connue de la Silesie et de la
llohcme, 011 elle appartient a la eivilisation du type de Jordansmtihi'). II ne faut donc pas
perdre de vue ces indications, qui etablisscnt des relations entrc la civilisation de Glina III
et celles de Jordansmuhl et de Monteoru. ()n aura l'occasion de constater que ces indicationa

stylistiques donnent un certain contour au cadre ehronologique dans lequel il faudra placer
la troisieme couche de Glina.
Le vase fig. 7, no. 1, a une forme semblable â celle du vase dcjâ decrit, mais plus svelte
et sans les details typologiques discutes plus h a u t ; les cretes ont ici le caractere dc simples
proeminences appliquees sur les anses. Le vase fig. 8, no. 6, du meme type, est modele tres
negligemment; les anses en sont cassees et son aspect est grossier. Ces deux vases ont la mcme
pâte lustree que le premier.
Les autres formes, plus frequentes, de Glina, sont, en premier lieu, celles qui se ratta-
chent au type du petit vase en forme de tronc de cone simple avec la pointe en bas. Le fond
est toujours p l a t ; parfois, il a une bordure saillante; les parois sont droites et l'ouverture
est plus grande que la base (fig. 7, no. 9, 1J ; 8, no. 3, 8, 10; 9, no. 19).
x
) T r e s s o u v e n t r e p r o d u i t . Voir p . ex. W i l k e . Spiral-Miiander Keramik, p . 54 nvec fig. 73.

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GLINA 1926

La forme fig. 8, im. 5, esl celle d'un bol â fond plat et aux parois courbes. Elle possede
un petit pied. Le fragment fig. 7, no. 3, indique une forme analogue, mais sans le petit pied.
Le vase de Glina, fig. 7, no. 2, rappelle une ancienne forme de la ceramique rubanee et
peinte de la Boheme (Schrânil, Vorgeschichte Bohmens und Mahrens, pl. I I , fig. 6, 15 et 2 0 ;
pl. I, fig. 13), mais plus evoluee: notre vase a le goulot plus haut et aussi une petite base
plane. Plus evoluee encore se presente cette forme a Glina dans des fragments: fig. 10, no. 8
et fig. 9, no. 22, (ce dernier avec un petit bouton rond sur l'epaule) qui ont de meme un
goulot court, mais la separation entre celui-ci et la panse est plus accentuee. La panse elle-
meme semble avoir ete spherique, sans base, ou â base tres petite. Cette forme se rencontre

Fig. 9.

aussi â un goulot de hauteur egale â celle de Ia panse (fig. 9, no. 5, avec une anse large et
au goulot plus accentue) ou avec un goulot plus h a u t que la panse (fig. 9, no. 23, avec
un bouton). Dans d'autres fragments on remarque une tendance de la panse â se briser le-
gcrement en angle (fig. 9, no. 10); le goulot recoit de plus en plus une existence propre
et une allure independante (fig. 10, no. 3 et 6, no. 6). La forme, fig. 7, no. 14, a la panse
legerement brisee en angle et la base plane assez large; le profil du goulot, u n peu oblique
vers l'exterieur, est court et nettement separe de la panse. Le vase entier, fig. 8, no. 4,
est presque identique au precedent q u a n t â la forme; il a seulement un goulot plus bas et,
au lieu d'une oreillette, comme le precedent, il possede une excrescence large et incurvee. C'est
le vase que les archeologues allemands appelent communement « Zapfenbecher ».

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16 Dacia Ll F—1V I027/9.J2.
ION NKSTOK

L'evolution de cette forine ne s'arrete pas ici; la panse se brise de plus en plus jusqu'â
ce qu'elle prenne la forme de deux troncs de cone superposes, formant un angle assez aigu
(fig. 7, no. 5). Le fragrnent fig. 9, no. 9, porte les restes d'une anse large.
Les ecuelles semblent avoir ete assez nombreuses et variees â Glina. Quelques fragments
rappellent les formes des ecuelles de la couche II (fig. 7, no. 16 et fig. 9, no. 14). Le profil
fig. 9, no. 14, est lui-aussi assez apparente â des formes du type mentionne de la couche I I :
il represente l'ecuellc aux parois incurvees vers l'interieur âupres du bord, mais qui
semble plus haute que celle de la couche I I . Une autre forme d'ecuelle est celle au goulot
court, un peu incurve vers l'exterieur et qui forme une epaule plus ou moins accentu£e
(fig. 10, no. 4).
Le fragment fig. 5, no. 12, en pâte assez bonne, gris-fonce, â engobe b r u n lustrc, a la
forme d'une ecuelle avec la partie inferieure en forme de tronc de cone, tandis que la partie
superieure a un profil en forme de S. Elle a eu quatre oreillettes, en forme de tres petites
anses, disposees symetriquement sous le bord ! ) (comparez aussi fig. 8, no. 7 et 9, no. 8,
12, 18).
En laissant de cot6 d'autres fragments peu clairs, nous arrivons aux formes auxquelles
se r a t t a c h e n t les nombreux fragments â pâte grossiere et ornees en general de boutons tra-
vaillăs « au repousse ». Les formes les plus fr6quentes, presque les seules, — qui apparaissent
aussi en des variantes ne differant entre elles que par les dimensions et par de legeres modi-
fications de la ligne du profil—, sont celles repr6sentees par les fragments fig. 9, no. 11, 15.
Ce sont des pots, presque toujours grands, â la base plate et large et aux parois qui montent
dans une courbe t a n t o t plus douce, t a n t o t plus accentuee. Le profil qu'ils donnent est toujours
en forme de S plus ou moins allonge.
Unique, â ce qu'il semble, est â Clina le vase en entonnoir, fig. 11 recoristitue" presque
en entier. Sa base est plate, de beaucoup plus petite que l'ouverture et possede une mince
bordure. De la base montent lcs parois, d'abord sous la forme d'un court pied, puis sous celle
d'une panse renflee, de laquelle se detache obliquement vers I'exterieur un goulot court et un peu
rentre â sa base par rapport â la panse, cela â l'ext6rieur seulement: l'interieur du vase pre-
sente en ce point une surface unie.
Le vase fait l'impression d'avoir ete construit de deux pieces: on a travaille s6par6ment
la partie inferieure et le goulot avec une portion de la p a n s e ; les deux parties ont et6 rac-
cordees ensuite. Le vase est modele avec precision. L'interieur a des irregularităs, tandisque
l'exterieur a ete d'abord lisse, pour etre ensuite enduit d'une pâte diluee et mal petrie qui
l'a couvert de rugosites; le goulot et une tres petite portion de la panse cn sont toutefois
libres. Le bord du vase porte des impressions obliques; au-dessous du bord se trouve, tout
autour, une rangee de boutons travailles « au repousse ». Des deux oreillettes non percees que
le vase a eues sur la panse, une seule subsiste encore. Unique est d e meme le vase fig. 7,
no. 12 aux parois minces et â large anse en bande. Les fragments fig. 7, nos. 8 et 13, nous
semblent avoir appartenu â des couvercles.

') La forme de ce vase est connue dans la civili- de Berlin, IV a N o . 538). Les deux n'ont pas d'anses:
sation de Tripolje, ou elle appartient au style II le vase de Cucuteni seulement a eu deux proeminenceh
(Manmts, I (1909), p. 242, fig. 20) et aussi dans celle sur l'^paule.
de Cucuteni ou elle appartient au style B (Musee

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O U N A 1926

On observe sur les vases de la troisieme couche de Glina des anses et des oreiliettes. Sur
les vases de la I l l - e cat6gorie, les anses semblent etre assez r a r e s ; les oreillettes n'y sont pas
non plus trop frequentcs. Ces dernieres se rencontrent d'habitude sur les vases de la cată-
gorie I et I I et sont, ou simplement tubulaires, ou bien travaillees en forme de selle.
Des cordons en relief, arques comme des sourcils, partent parfois de leurs extremites supe-
rieures (fig. 10, nos. 11, 14, 16, 17).
Les oreillettes sont placces d'habitude sur l'epaule ou sur la panse des vases. Elles se

Fig. 10.

voient rarement sous le bord du vase, comme sur le fragment fig. 5, no. 12, et elles ont
alors la forme d'anses tres petites.
Les anses etaient parfois appliquees sur le vase au moyen d'un tenon qu'on fichait dans
la pâte molle. D'autres anses sont cannelees ou portent des incisions longitudinales. Les anses
brisees, fig. 9, no. 15 et 8, no. 1, remontaient au-dessus du bord du vase. (L'anse fig. 9,
no. 1, appartient probablement â u n vase de l'epoque de La-Tene).
On observe, en general, dans la ceramique de Glina I I I , l'usage courant et egal des anses
en forme de bande et des oreillettes d'une forme speciale, et la tendance â faire de ces appen-
dices utilitaires des elements decoratifs.

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!(.'
IOIN NESTOIt

L'ornementation de la ceramique qu'a livree la couche 111 de Glinu cst rarc et assez pauvre.
Excepte le bourrelet alveolaire, (jui cst commun, et les rangces d'impressions faites â l'ongle ou
au moyen d'une coquillc, qui apparaissent asscz frcquemment dans la poterie grossiere, on
nc trouve que dcs fragments rares et souvent isoles qui portent dcs ornemcnts. On doit men-
tionner aussi, cominc des ornemcnts frequents, les strics grossieres ct irregulieres qui
semblent parfois avoir ete imprimees ct qui couvrcnt assez souvent lcs parois dc la incme
poterie grossiere (voir plus bas).
l'arini lcs fragments ornemcntcs il faut citer en premier lieu ccux (jui portent dcs cercles
imprimcs disposes j>ar rangees. Le diametre des cercles varic dc 8 â 12 mm. Parfois leur centre
cst indiquc par un j>oint. Les cerclcs occuj>cnt sur le fragmcnt fig. 5, no. 7 ( — 12. no. 26)
lc bord du v a s e ; sur les autrcs fragmcnts (fig. 12, nos. 2, 20) ils sont disposcs, â ce qu'il
paraît, sur la j>anse, ou bicn sur lc goulot du vase. Dcs traces de matiere blanche sub-
sistent cncorc dans quclqucs circonfcrcnccs.
Avec un instrument toujours cylindriquc, mais j>lus mince (diametre 5 mm) et plcin
cette fois-ci, on a j>roduit dcs rangces d'imprcssions sur lc fragment fig. 11, no. 22. Dans la
~*X ^^^^* cassure infcrieure du tesson on remarque lcs traccs
<■ ._. *-— •'-* JBT d'une autre rangce pareille aux autres. <>n n'observe
V du cote intcrieur du fragment aucunc j>rocmincncc,
WM (juoique lcs impressions soient trcs j>rofondes: on a
B7 use donc d'unc contre-prcssion qui a maintenu l'equi-
libre de la pâte (pâte assez grossicre). Plus pctites
cncore sont les imj>ressions qu'on observe sur lc frag-
ment fig. 12, no. 23, ou elles sont de meme tres pro-
fondcs. Les impressions de la rangee supcricure ont
un diametre de 1,5 m m ; cclles de la rangce inferieure
sont plus largcs; lcur diamctrc mesure 2,5 mm. On n'a
use cette fois d'aucune contrc-prcssion, ce qui a cu pour conscqucnce quc dc j>etits boutons
sont nes sur le cotc interieur du fragment; ces boutons ont etc ensuitc aplatis el on les
remarque â peinc cncore. La j>âte en cst bonnc, mince, compacte, j>olie et de coulcur gris-fonc6.
Sur le fragment fig. 12, no. 29, dont la pâte est un j>cu moins bonnc et non j>olic, deux
rangees d'impressions circulaires sc rencontrent en un angle aigu. I^llcs sont trcs peu pro-
fondes et ont un diametre de 5 m m . D'une maniere plus compliquee sont travaillces les impres-
sions sur le fragment reproduit â la fig. 12, no. 1, oîi elles etaient disposees, comme d'habi-
tude, en filcs. Elles sont j>roduites par la juxtaposition de deux dcmi-cercles empreints: le
demi-cercle droit est imprime obliqucmcnt, tandis que le gauche est imj>rime plus verticalcment;
il en resulte une difference dc nivcau qui s'observe sur le fond de l'imj>rcssion circulaire.
P â t e mcdiocre, plutot grossiere, epaisse, non polie.
Les impressions qu'on rencontre sur la ccramique dont nous nous occupons montrent plus
loin, â d'autres fragments, des variations non plus de technique, mais de formc. Sur le fragment
fig. 12, no. 10, on voit des rangces d'impressions en forme de pentagone, iinpriinces assez
profondement au moyen d'un instrument vide. La rangee inferieure est faite avec le meme
instrument que la rangee superieure, mais cclui-ci a ete porte obliquement, de sorte que trois
cotes seulement des pentagones ont ete imprimes. P â t e pure, mais mal petrie, non polie, cuite
inegalement, de couleur gris-fonce. Sur le fragment fig. 12, no. 2 1 , des pentagones plus grands
ont ete imprimes avec un instrument non plus vide, mais plein, donc â surface en forme de

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GLINA 1926

pentagone. Les pentagones se touchent par un de leurs cotes. Le fragment est un bord qui
semble avoir appartenu a un bol en pâte impure, epaisse et non polie, de couleur gris-clair.
De la meme pâte que le fragment fig. 12, no. 10, est celui reproduit â la fig. 12, no. 9 ; il
porte, comme le precedent d'ailleurs, une s6rie d'impressions faites obliquement avec un ins-
trumcnt â bout plat, et qui ont produit de petits arcs de cercle en relief. C'est un decor qui
apparaît assez frequemment tout seul, en une rangee ou deux, sur le goulot des vases â
profil en forme de S. Sur notre fragment, la rangee d'arcs de cercle en relief est bordee au-
dessus des traces d'une rangSe d'impressions faites avec un instrument de section en forme
de losange ă peu pres et au bout aigu. L'instrument a ete empreint obliquement; les
impressions ont par consequent la forme
de poires couchees. Sur leur fond on re-
marque la pointe poussee plus profonde
ment de r i n s t r u m e n t . Sous la rangee d'arcs
de cercle cn relief on observe trois rangecs
d'impressions de cette sorte.
Deux fragmcnts, l'un (fig. 12, no. 5),
iin bord, l'autrc (fig. 12, no. 25), une cpaulc
oii flanc de vase, portent chacun unc rangce
d'impressions profondes de forme â peu
pres rectangulaire.
Les incisions en forme de virgule que
l'on voit sur le fragment fig. 12, no. 15,
(bord de bol, sernble-t-il, en pâte grossiere
non polie) ont ete produites par l'impres-
sion profonde d'un instrument aigu que
l'on a pousse a travers la pâte, en haut,
c'cst-â-dire de la partie renflce de la vir-
gule, — plus profonde, — vers sa pointe, —
de plus en plus superficielle. La pâte a
ete en partie enlcvee par suite de cette
operation.
Sur le fragment fig. 12, no. 28, les
impressions semblent avoir etc produites Fig. 12.
par une incision en forme d'angle droit et
puis par l'enlevemcnt superficiel de la pâte comprise entre les cotes de l'angle. Au-dessus de
l'oreillette â cornes fig. 10, no. 11, on observe des impressions verticales, courtes, faites avec
un instrumcnt â bout plat et disposees en une rangee Des impressions en forme d'alveoles,
disposees en une rangee decrivant une courbe partent de la proeminence du fragment fig.
9, no. 2.
L'incision apparaît sur deux fragments sous la forme de fortes lignes verticales disposees
sur le goulot du v a s e ; les lignes sont espacees et irregulieres sur le fragment fig. 12, no. 14,
rapprochees et plus regulieres sur celui reproduit a la fig. 12, no. 27.
Des incisons legeres, quoique assez larges encore, disposees en groupes qui traversent
la surface du vase, en se rencontrant en des angles divers, sont â remarquer sur le fragment fig.
7, no. 16. Plus frequents sont les fragments qui portent des incisions tres legeres, disposees en

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lO,\r NI.STOK

groupes plus ou moins reguliers: ce sont des stries qui couvrent asscz souvent la surface
exterieure ou meme interieure dcs vases grossicrs ct qui scmblcnt avoir cte faites â l'aide
d'un j)eignc (fig. 12, no. 11).
Un fragment de goulot d e v a s e , cn pâte mediocre ct â cngobc jaune lustrc, portc sous lc
bord unc rangce d'incisions fines cn forme d'arcs de ccrcle, bordce au-dcssous d'impressions
profondes faites avec un instrumcnt ă bout plat et disposces cn zigzag ') (fig. 8, no. 9).
Sur le fragmcnt fig. 5, no. 8, la tcchniquc cst cclle de l'incision fortc et profonde. Le
fragment provient dc la partie superieure d'un vase â panse spheriquc et qui avait un petit
goulot incurve vers l'exterieur. La pâte est bonnc. Sur la tranchc du bord on remarque les
restes d'une ligne en zigzag, en relief. Le bord, l'epaule et la panse sont dccores de motifs rec-
tilignes incises, disposes dans un ensemble regulier. Les losanges qu'on observe sur la pansc
sont formcs par des angles qui s'entrecoupent.
Si l'on considere tous les fragmcnts ornes decrits jusqu'â present, on peut remarquer
qu'il s'agit, dans la plupart des cas, de la technique de l'estampillage; cela veut dire que les
ornements ont ete empreints a l'aide d'instruments appropries. En dehors dc cette techniquc,
nous avons vu apparaître aussi la technique de l'incision qui se presente sous la forme dc
simples piqures (Stiche, d'apres la terminologie allemandc) d'une part, de lignes simples ou
formant un decor plus complique, de l'autre (Furchen, d'apres la meme tcrminologie).
Dans une technique tout differente de l'incision cst travaille le decor de trois fragments,
qui sont ă Glina des pieces uniques.
Le premier fragment, fig. 10, no. 18, â pâte bonne, noire, Iustree, a une procminencc
poussee de l'interieur dont partent des groupes de lignes. Le groupe â gauche est forme de ligncs
droites alternant avec des lignes ondulees; ces demieres sont, en realite, forme'es de tres
petites spirales continues. Le groupe est borde â sa partie inferieure d'une serie dc spiralcs
en forme de S. De cette derniere ligne part, un peu obliquement, un autrc groupe de ligncs
qui sont, cette fois-ci, toutes droites. Les deux autrcs groupcs de lignes sont, eux-aussi, com-
poses de ligncs droites. La seconde piece est un pctit fragmcnt d'anse plate, de la meme
pâte que le fragment precedent. (fig. 12, no. 7). Les cotes longs de l'anse sont soulignes par
des canaux profonds, flanques chacun vers l'intericur d'unc rangcc de losanges reserves par
deux lignes profondes en zigzag qui s'entrecoupent.
La troisieme piece enfin, â la pâte bonne, de couleur gris-jaunâtre et lustree, est, — pa-
raît-il — u n fragment de la partie superieure d'un bol (fig. 7, no. 15, (— 12, no. 16).
Sur le bord se trouvent deux canaux profonds, entre lesquels on obscrve une ligne ondulee
formee de petites spirales continucs. Au-dessous de cet ensemble se trouve une ligne plus
mince, mais toujours assez profonde, qui a la forme d'un zigzag a r r o n d i ; elle est suivie, â
son tour, au-dessous, d'une serie d'incisions en forme de S allongees et incline'es â droite.

J
) C'est un ornement connu du Nord; K. Brunner Prusse occidentalc.
(Die steinzeitliche Keramik der Mark Brandenburg, Une indication plus precise sur la direction dans
dans la Archiv fiir Anlhropologie. tome 25 (1898), p. laquelle il faudrait, peut-Stre, chercher l'origine de ce
243 sqq.) l'a trouve sur un fragment de Klein-Rietz decor sur notre fragment nous est donnee par la con-
et mentionne que Tischler l'avait nomme Strichzone. statation de Nils Abcrg (Das nordische Kulturgebiet.
Brunner cite aussi les endroits ou ce motif apparaît in Mitteleuropa, p. 203) que le vase en entonnoir de
en Allemagne: tres frequent sur Ies vases des Stein- Jordansmiihl en Silesie porte sur son goulot le decor
kammergraber de la Pomeranie et de Mecklembourg, en question. Aberg ajoute la remarque que c'est seu-
il est documente par deux exemples en Schleswig- lement le groupe oriental des vases en entonnoir qui
Holstein, et, toujours par deux exemples, dans la cst d«''corc sur le goulot.

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<;i,INA 1926

La technique du decor de ces trois fragments est celle des canaux produits par une serie
de piqures profondes, faites a l'aide d'un instrument aigu; ces piqures se suivent de tres pres,
ce qui donne naissance â un canal dont le fond et les parois presentent une serie de seuils.
Les spirales sont produites, elles-aussi, par des piqures faites avec une certaine adresse; sur
le fragment fig. 12, no. 16, on peut compter, d'apres les trous que la pointe de l'instrument
a laisses au fond du canal, quatre piqures pour chaque S.
C'est une technique dejâ connue; M. Gtttze l'a decrite â propos des vases de R5ssen, en
Allemagnc ' ) . Sur les vases richement ornementes de Rossen les canaux sont faits avec u n
instrument â bout plat, « ă bout angulaire », d'apres l'expression de M. Gotze; ils sont lâ moins
profonds qu'â Glina; M. Gotze les appelle Stichkanăle et remarque que cette technique est
propre â la c^ramique neolithique de l'Allemagne du Nord-Ouest.
Sur des tessons de Tordos les canaux sont produits par un instrument â bout aigu, comme
chez nous. M. H . Schmidt decrit lui-aussi la technique de ces canaux caracteristiques, qui
d6corent â Tordos les fragments appartenant, d'apres la classification de M. Schmidt, au
groupe I, â systeme d'ornementation horizontal-vertical ; il les appelle intermitierende
Furchen2).
Les decouvcrtes faites par les Autrichiens, pendant la guerre, â Gârla — une île du
Danube - et publiees par M. Leonard Franz, contiennent des tessons — attribues â l'epoque
du bronze — qui presentent la meme technique que M. Franz appelle, â son tour,
Absatzstich 3 ).
On connaît des tessons provenant de Debelo-Brdo qui sont decores de la meme maniere 4 ).
Dejâ en 1885 cette technique avait appele l'attention du grand R. Virchow qui, en dis-
c u t a n t quelques tessons de Tangermiinde (en Saxonie), la decrit en l'appelant «gestichelte
Einritzung » et en ajoutant que les seuils ou les terrasses produites au fond des canaux sont
destines â retenir la matiere blanche dont on les remplissait 6 ) .
K. Brunner, en 1898, trouvait cette technique sur la ceramique neolithique de la Marche
de Brandenbourg et notait qu'elle predomine dans la partie Ouest de la Marche 6 ) .
Enfin, cette technique qui ne manque pas certes de noms et qui apparaît — si l'on s'est
servi d'un instrument aigu — dans le Nord â l'epoque neolithique et dans l'Europe centrale 7 )
et du Sud-Est, sporadiquement, vers la fin du neolithique (respectivement eneoilthique), est
utilisăc d'une maniere constante, â cote de l'excision, â Szarvaz sur la Drave, non loin de Esseg,
dans la Slavonie et aussi â Vucedol, non loin de Vukovar, dans la meme region 8 ) . P e n d a n t
la derniere ann^e (1929), j ' a i eu l'occasion de pratiquer des fouilles dans une station pres
dc Bucarest, appelee Tei. J ' y ai decouvert une nouvelle civilisation dont la ceramique
est orn€e de la maniere decrile plus h a u t . Vu la rarete de cette sorte de vases â Glina
I I I , on p e u t a d m e t t r e qu'ils n'appartiennent â vrai dire â la civilisation de Glina I I I ,
mais sont plutot â interpreter comme signe. d'un contact entre les deux civilisations

!
) Zeitachrift fur Ethnologie, 3J (1900), p. 247. pologie, e t c , p. 337 et au9si les Verhandlungen de
2
) Zeitschrift filr Klhnologie, 35 (1903), p. 441. 1883, p. 440.
:| 6
) Wiener Prăhistorische Zeilschrift, IX (1922). ) Archiv fiir Anthropologie, 25 (1898), op. cit., p.
4
) Wissenschaftliche Mitteilungen aus Tiosnien u. 265—266 et p. 279.
7
der Herzegovina, V (1897). pl. XLIX, fig. 5, 8. 12. ) Par ex. â Mondsee.
s
17, 19. ) D'apres les originaux qui se trouvent dans le
6
) Voir dan» la Zeitschrifl fiir Elhnologie, 17 (1885). Musee de Berlin (Prăhistorische Abteilung).
les Verhandlungvn der Berliner Gospllschaft fiir Anthro-

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IOIN NKSTOK

mentionnces (Glina I I I et Tei). Les tessons de Glina I I I peuvent d'autre part n'avoir
penetre que posterieurement dans la couche de Glina I I I et n'avoir de cette sorte ab-
solument rien de commun avec la civilisation de Glina I I I . La continuation des fouilles
de Tei va nous apporter, nous I'esperons, Ia solution de ce probleme.

L'ornementation en relief esl â Glina I I I plus frequente et plus variee que l'ornementation
en profondeur. Un seul fragment â ornement en relief reclame une attention speciale. C'est
une piece unique, qui sort du cadre orne-
mental dans lequel se maintient le reste
de la ceramique â deeor en relief: le frag-
ment, fig. 12, no. 19, â pâte contenant
beaucoup de cailloux, epaisse, de couleur
gris-fonce et non polie, porte les traces de
deux cordons horizontaux en relief, dont le
second semble s'enrouler â son cxtremite
droite en forme de spirale.
Dans la masse des autres restcs cera-
miques, c'est le bourrelet alveolaire qui est
le plus frequent decor en relief; il est
commun non seulement dans la poterie de
tous les temps de notre pays, mais aussi
ailleurs; c'est une idee ornementale des
plus r c p a n d u e s ; soit qu'il imite d'anciens
cordons tresses qui servaient â suspendre
les vases, soit qu'il represente un element
d'ornementation architecturale simple et
d'invention naturelle, il apparaît â Glina
sur la poterie usuelle, ainsi que cela se voit
un peu partout et â toutes les epoques
(exception semble faire, a l'epoque neo-
lithique, seulement le cercle de civilisation
Fig. 13. nomme «septentrional » ou le bourrelet
alveolaire est moins repandu et moins fre-
quent). La meme c h o s e v a u t , j u s q u ' â un certain point, pour les diverses proeminences. Celles-ci
apparaissent â Glina sous une forme allongee et aplatie; l'extremite de ces proeminences est
concave.
Le bourrelet alveolaire et les proeminences allongees ne se rencontrent que sur des frag-
ments â pâte commune, a p p a r t e n a n t â des vases usuels grossiers. Ces deux ornements sont
apphques ou bien modeles dans la pâte meme de la paroi.
Apparentes au bourrelet alveolaire sont des cordons en relief traverses par des incisions
profondes et larges. Un autre fragment, fig. 13, no. 7, appartenant â u n goulot de vase,
porte sous le bord un cordon en relief que l'on voit flechir â l'extremite droite du fragment;
le cordon porte des incisions profondes, obliques, de sorte qu'il donne l'impression d'avoir
ete tordu.

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CMNA 1926

Les ornements en relief decrits plus haut sont assez frequents; les boutons confectionnes
« au repousse » sont, cependant, l'ornement en relief que les potiers de Glina I I I ont execute
avec une predilection constante et qu'ils ont traite de la facon la plus variee. L'instrument
a l'aide duquel on produisait ces boutons etait un simple bâton, ou bien un fragment de
roseau. En fichant l'instrument dans la pâte molle on repoussait la pâte qui etait projetee
de la sorte du cote oppose en forme de petites proeminences. Le diametre habituel de l'in-
strument etait de 7—8 mm. Ce qui prouve que l'instrument etait parfois tubulaire c'est
qu'on remarque dans certains cas dans le trou produit par le refoulement de la pâte une
colonne centrale restee â sa place (fig. 14.
no. 10); dans d'autres cas, on remarque
au fond du trou l'impression d'un cercle
representant Ia circonference de l'instru-
ment. Celui-ci trahit â lui seul l'usage d'un
instrument tubulaire, la colonne de pâte
que ce dernier avait epargnee ayant ete
enlevce. Quclquefois une nervure attachee
â la paroi du trou trahit une fissure de
I'instrument.
Les trous sont d'habitude profonds;
ils occupent toute l'epaisseur de la paroi
du vase. Des trous grands, une peu ob-
liques et moins profonds, — ils ressemblent
plutot â des alveoles — ont ete faits sans
doute au doigt. (fig. 14, no. 5). D'autres
fois, il s'agit d'une pression oblique pro-
duite sur la pâte molle au moyen d'un
instrument non plus cylindrique, mais
p l a t ; cette pression produit une alveole
large et oblique. Dans ces deux derniers
cas la proeminence correspondante â la
pression faite sur la pâte est plus irregu-
liere que sur les exemplaires travailles â
l'aide d'un bâton cylindrique. 20

La pâte molle qu'on repoussait de Fig. 14.


cette maniere sortait, comme on l'a dejâ
dit, du cote oppose sous forme de bouton en relief. Ces petits boutons ronds subissent presque
toujours divers autres traitements. Ils sont ou legerement aplatis, ce qui leur donne un dia-
metre plus grand que celui du trou qui les a produit, fig. 14, no. 2 8 ; ou bien, et ceci arrive
le plus frequemment, la pâte en relief est ecrasee legerement entre deux doigts; parfois l'ecra-
sement est plus fort et produit un aplatissement du bouton dans le sens vertical, oblique ou,
plus rarement, horizontal (fig. 14, no. 13, 17, 20 e t c ) .
Cet ecrasement impiete parfois sur la paroi du v a s e ; sur un fragment (fig. 14, no. 21), seule
la pâte de la paroi du vase est ecrasee, sans qu'il y ait aucun bouton. D'autres fois on a ramene
legerement les boutons en haut (fig. 14, no. 9 etc.); sur le fragment fig. 14, no. 29, un procede
semblable a ete pratique pour deux petites proeminences plates, appliquees, non repoussees.

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ION NKSTOK

Enfin, dans ccrtains cas, les boutons portent une concavit6 produite â l'ongle ou â l'aide
d'un instrumnt (fig. 14, no. 26). E n t r e deux boutons s'intercale parfoi6 une crete verticale
saillante, appliquee (fig. 14, no. 12). Le bouton qui se trouve sur le fragment fig. 14, no. 27,
est produit â l'aide d'un instrument â bout conique.
Le mouvement de la main de l'ouvrier qui maniait l'instrument pendant le travail nous
est indique par l'incision involontaire qu'il a laisse sur le fragmcnt fig. 14, no. 7.
L'ornementation ă boutons travailles « au repoussă » ne s'applique que sur le goulot des
vases, sous le bord, presque toujours en une seule rangee faisant le tour du goulot. On rencontre
cependant quelquefois aussi deux rangees de boutons, mais cela arrive tres rarement. Les
boutons sont produits indiffercmment du dchors vers l'intărieur ou de l'int6rieur vers l'ex-
tcrieur. Le second procede semble toutcfois pr6dominer.
L'espece ceramique decoree de cette facon avec une predilection presque exclusive est
celle que nous avons dccrite plus h a u t sous le chiffre I I I .
II est â remarquer que le bord de ces vases est souvent ondule â l'aide d'incisions ou d'im-
pression6 droites ou obliques; les impressions sont produites parfois de maniere â pourvoir
le bord d'une bordure sinueuse.
Si les vases usuels grossiers sont si pauvres en ornemcnts ct s'ils font preuve d'une ima-
gination peu inventive et d'une habilete artistique assez reduite, les vases plus fins, eux-aussi,
t o u t en presentant d'autres rares elements de d6coration, sont ornementes d'une facon tout-
â-fait restreinte et monotone. Ce sont toujours des motifs en relief, dans la plupart des cas
des boutons ronds qui sont ou plats, ou pro6minents; ils sont toujours appliqu6s, isol6s ou
par groupes de deux ou trois sur l'epaule des tasses et d'ecuelles soigneusement polies
(fig. 13, no. 1, 4, 8, 9, 20, 25, 26). Le bouton qui se trouve sur le fragment fig. 13, no. 11,
a u n diametre de 2 cm et il est legerement concave.
Sur des fragments de la classe I et II se rencontrent assez souvent des appliques en relief
en forme de fer â cheval; elles sont petites et peu saillantes, en general; on a quelquefois
l'impression qu'elles aient ete produites par une pression oblique exercee â l'aide du pouce
sur la paroi du vase (fig. 13, nos. 5, 6). Sur des fragments de la classe I apparaissent assez
rarement des appliques de cette forme, plus grandes et plus saillantes (fig. 13, nos 13—15,
18—19).
Enfin, le dernier motif ornemental de ces deux classes, I et I I , de Glina I I I , est constitu6
par des appliques en relief, t a n t o t plus saillantes, t a n t o t plus basses, en forme de signe d'ex-
clamation. Ellcs se rencontrent presque toujours sur des fragments de bols ou 6cuelles h6mi-
sph6riques, sans rebord, toujours par couples, et semblent etre n6es des oreillettes parfois tres
concaves qui restaient non percees (fig. 13, nos 9, 17).
II reste â remarquer que l'epaule de quelques vases (ecuelles, semble-t-il), a p p a r t e n a n t
aux classes I et I I , porte parfois des lignes en relief, obliques, produites par pression sur la
pâte et qui donnent a l'epaule l'aspect d'avoir ete tordue.
Consideree en general, l'ornementation de la ceramique de la I l l - e couche de Clina t r a h i t
en bonne partie la tendance de traiter la pâte en profondeur, et non pas â la surface, — et
cela d'une maniere presque violente. II ressort dc ce traitement la claire conscience que le
potier avait de la maleabilite de la pâte, de son elasticit6, non seulement de sa mollesse qui
permet de travailler sa surface par l'incision ou meme par l'excision. L'application assez răduite,
â Clina I I I , de ces principes, leur realisation timide et presque â tâtons d6montrent qu'ils
n'y sont pas de nature spontanee et originale. Les boutons travailles « au repousse' » sont nes

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U.IINA 1926

et s'appliquent suffisamment par le caractere mentionne de l'ornementation de Glina I I I ,


ils s'inserent naturellement dans les principes dirigeants de celle-ci, mais il ne faut pas oublier
qu'ils representent le principe fige dans une formule stereotype. D'autre part, les boutons
plats appliques, les stries, la surface â engobe soigneusement poli et sans aucun decor que
l'ologance de sa forme et de son lustre, de maint vase de Glina I I I , trahissent non seulement
une tendance â faire valoir la surface, mais aussi un sens nouveau de Pelegance nue de cette
surface. Au milieu de cette oscillation des idees ornementales de la ceramique de Glina I I I
se placela pro6minence repouss6e du fragment fig. 10, no. 18, qui represente,—etrangere â Gli-
na, mais non pas dans le cercle de civilisation carpatho-danubien,—l'application hardie et ori-
ginale du principe de la maleabilite de la pâte. Et il est tres caracteristique que precise-
ment dans nos r6gions, dans le cadre d'une
civilisation sans originalit6 propre et issue
d'un melange encore insuffisamment eclaire
— la civilisation de Glina I I I , — ce sens
de mal6abilite de la pâte et de l'elegance
de la surface s'annonce aux abords de 1'6-
poque du bronze. L'heritage de la cera-
mique peinte est clair dans l'elcgance de la
surface des vases de Monteoru. De meme
dans la civilisation de Monteoru, la pâte
•••?•'•
met sa maleabilite, sa plasticite au ser-
vice d'une s6rie de formes qui la font
valoir suffisamment.

P a r m i les objets en argile (tout autres


que la ceramique), trouves dans la couche 16 TÎT 18
I I I de Glina, ce sont les fusaîoles qui sont
les plus nombreuses. La forme la plus
usit6e est celle d'une rondelle plate â trou (
central, de diverses dimensions, — des plus 25
Fi 15
petites, par ex. fig. 15, no. 14, jusqu'au 8- *
plus grandes, fig. 15, no. 12 le diametre
varie de 3 cm â 10 cm. Elles sont rarement ornementees. Celle de la fig. 15, no. 22, a, sur
les deux faces, le trou encadre par des incisions grossieres qui s'entrecoupent en circonscri-
v a n t u n carre. Une autre a la surface laterale taillee d'une serie d'incisions verticales qui
coupent deiix incisions horizontales. Une troisieme enfin, plus epaisse que les deux autres, a
sur la surface laterale une serie d'incisions profondes verticales (fig. 15, no. 20). Sur u n de
ses cot6s, neuf petits trous se groupent en cercle autour d'un trou central plus grand et plus
profond, mais qui, lui non plus, ne perce pas la rondelle de part en part. De l'autre cote
de la rondelle se trouvent dix trous groupes en cercle autour d'un centre imaginaire.
On a trouve aussi un petit nombre de rondelles plus epaisses et non percees (fig. 15,
nos 9, 10, I I , 15). Leur utilisation est difficile â preciser.
Un autre t y p e de fusaîole, plus rare, est celui d'une rondelle plate, mais surmontee de
chaque cote par un tronc de cone (fig. 15, nos 17, 21). L'objet en terre cuite (fig. 13, no. 3)

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ION NESTOK

ressemble â une fusaîole de ce type, â cette seule difference que lcs deux troncs de cone le
long desquels passe le trou sont devenus des cylindres assez hauts.
Le troisieme type de fusaîole de Glina I I I , lui-aussi assez rarc, a la forme de deux troncs
de cone superposes; l'un des troncs de cone est phis bas (jue l'autrc (fig. 15, nos 5, 16).
II rcste â mentionncr commc objets en terre cuitc: unc pctite sphere (fig. 15, no. 23);
un objet a y a n t la forme d'unc handc plate, recourbee, dont les bouts ont chacun un trou (fig. 15,
no. J, avcc un bout casse) et dont la dcstination est peu claire; la moitie d'une hache-mar-
tcau â trou d'emmanehement, votive (Priih. Ztschr., fig. 5, no. 10).
Les inslruments en silex ne sont pas, dans cette couche, trcs n o m b r e u x ; on n'en a trouvc
que soixante environ, auxquels s'ajoutent dcux fragmcnts de nucleus ct quelques percuteurs.
Les outils sont, pour la plupart, a t y p i q u e s ; on possede en outre des racloirs, des grattoirs.
des lamcs et dcs poincons d'un travail negligent. C'est un appauvrisscment cvidcnt de l'ou-
tillage en silex, si l'on considere surtout la richesse dc cet outillage et le soin avec lequcl on le
travaillait, dans la couche I I . Ceci tient du fait que dans la couche I I I le mctal (le cuivrc)
a commence ă etre travaille d'unc maniere plus intense (voir plus bas).
Commc instruments en cornc (ce sont presque toujours Ics hois dc cerf), on doit citer des
cornes dont le bout a ete poli pour devenir plus t r a n c h a n t ; d'autres cornes ont lc bout taille
cn biseau; d'autres enfin, ont le bout aiguisc d'un seul cotc et possedent en outre un trou
d ' e m m a n c h c m e n t ; elles ont servi d'herminettcs. II faut citer aussi le fragmcnt fig. 5, no. 10
A, B, C; il provient â coup sur d'un manchc dc hachc.
Les instruments en os, eux aussi plus rares quc ceux de la couchc II et travaillcs d'une
maniere plus negligente, sont, ou dc longs poignards, ou des poinţons ou des ciseaux. Une dent
pcrforcc doit etrc citec comme objet de parure en os ' ) .
ION NESTOU
Assistant au Musâe Natiortal d'Antiquitts
de liucarcst

') En ce qui conceme les objets en pierre et en nes dans lu Prăh. Ztschr.. p. 130.
metal qu'a livres cette couche, voir les d6tails don-

www.cimec.ro 2.">2
LES FOUILLKS DE POIANA
CAMPAGNE DE 1927

I. E T A T D E LA STATION AVANT NOS F O U I L L E S i)

L'importante station antique de Poiana (departement de Tecuci) etait connue depuis


longtemps par les ren-
seignements f o u r n i s
en 1892 ct 1899 â l'A-
cademie Roumaine
par Spiru Haret, il-
lustre mathematicien ,^^^^^___
et homme d ' E t a t rou-
main 2 ), qui etait en
mcrae temps un ar-
dentprotecteurdesan-
tiquites de son pays.
Mais, faute de circon-
stances f a v o r a b l e s ,
son collegue de l'Aca-
demie, l'archeologue
Grigore Tocilescu, ne
p u t realiser son inten-
tion d'y faire des re- Fig. 1. La station de Poiana, vue de la depression du NO
cherches scientifiques.
Ce n'est qu'en 1912 que notre regrette maître Vasile Pârvan, qui venait d'etre nomme Di-
recteur du Musee National d'Antiquites, â la place de Tocilescu et d'etre elu Membre de l'Aca-
demie Roumaine, a pu proceder pour la premiere fois â l'exploration du « camp » de Poiana,
comme il l'appelait â ce moment-lâ. A la suite de sondages preliminaires qu'il y executa pendant
l'ete de 1913, il conclut, dans une communication faite â l'Academie Roumaine, a l'existence
d'une station dace continuee aussi â l'epoque romaine et situee sur la grande route qui reliait
la Dobrogea â la Transylvanie par les vallees du Sereth et du Trotuş 3 ). Les evenements qui se

1 3
) Nous remercions vivement M-lle Maria Şt. Holban ) Vasile Pârvan, Castrul dela Poiana ţi drumulro-
de l'extreme obligeance qu'elle a eue de revoir le texte man prin Moldova de jos (avec un resume enfranţais:
francais du present memoire. Le camp de Poiana et la voie romaine â travers la Mol-
2
) Cf. Analele Academiei Române, Desbateri, vol. davie inferieure), dans Analele Academiei Române,
XV, p . 16 et vol. X X I I , p. 26 sq.; cf. Pârvan, op. cit., Memoriile secţiunii istorice, seria Il-a, tomul XXXVI,
dans la note suivante. 1913—1914, pp. 93—130.

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RADU ET KCATKKlNA VULPE

suivirent apres 1913 empechercnt le regrette savant roumain de pousser plus loin ses recher-
ches dans cette importante region de la Moldavie.
L'occasion de reprendre Texploration de la station de Poiana lui fut donnee en 1926
â peine, lorsqu'il chargea notre collegue, M. Gheorghe Ştefan, de proceder aux premieres exca-
vations proprement dites. Les rfoultats de ces fouilles sont encore inedits et paraîtront dans
un prochain numero de la Dacia ! ) .
L'annee suivante, en 1927, notre maître nous confia la continuation des fouilles et
nous recommanda de deblayer, si possible, toute la couche archeologique de la station, en vue
d'une exploration systematique de grande envergure. Cette exploration totale devenait indis-
pensable â cause des ravages incessants dus â l'action erosive des eaux de pluie et de la fonte
des neiges, qui menacaient de detruire la station avant que la science eut pu s'approprier
tous les secrets qu'elle recele. D'autre part l'examen minutieux de ces couches promettait
des rcsultats feconds,
en j u g e a n t d'apres
l'importante r e c o l t e
d'objets mis au jour
par M. Gh. Ştefan
dans la campagne ar-
eheologique de l'annee
preccdente.
Nos fouilles se pro-
longerent pendant
tout le mois dejuillet
1927. Une importante
superficie de terrain
fut deblayee jusqu'â
la terre vierge; les re-
sultats scientifiques
furent des plus beaux
Fig. 2. La station vue du plateau voisin du NK.
(On voit aussi les fouilles ZYXW)
et des plus abondants,
mais l'etendue de la
station est trop considerable pour etre exploree dans une seule campagne archeologique et
reclame un travail de plusieurs annees.
Nous avons eu la douleur de perdre notre maître avant de commencer l'execution de
la derniere mission qu'il nous avait confiee. Nous nous faisons un pieux devoir de rendre â
sa memoire Phommage de notre reconnaissance en tete de ce compte-rendu qui aurait du lui
fournir de nouveaux renseignements et contenter son ardente curiosite de savant passion-
nement epris de tout ce qui touche â l'histoire des Getes.

II. SITUATION DE LA STATION


La station, nommee par les habitants des environs Cetăţuia (— la citadelle), est situee
tout pres du village de Poiana 2 ), â 25 km de la ville de Tecuci et â 5 km de la bourgade de

') Les plus importants des renseignements pro- tom. 11), Bucureşti 1926 (avec un resume en franţais),
cures par ces fouilles ont dejâ ete utilîses par Pârvan passim (v. Vindex et les planches X X I et X X I I , 1).
2
dans Getica (Analele Arad. Rom., sect. ist., ser. III, ) On prononce Poîâna avec Paccent sur le premier a.

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LES FOIJILLES DE FOÎAINA

Nicoreşti, sur la rive gauche du Sereth (roum. Siret), â 200 m de hauteur relative et â 300 m
au-dessus du niveau dc la mer. Sa position est d'une importance militaire exceptionnelle,
dominant une grande partie de la Moldavie inferieure. De lâ on peut contempler dans
t o u t e son etendue la vaste et pittoresque region comprise entre le Sereth, le Trotuş et les mon-
tagnes de Vrancea, r6gion qui a ete dans la derniere guerre le theâtre de la celebre bataille
de Mărăşeşti.
La Cetăţuia, qui â l'epoque antique etait sans doute beaucoup plus 6tendue, si l'on pense
â l'ceuvre crosive des agents metheoriques â travers les siecles, garde encore des proportions
consid6rables: 280 m de longueur (N-S) sur
une largcur variant de 5 m â 100 m (fig. 4).
Dans le contour g6n6ral de la haute rivc
du S6reth elle constitue unc eminence s6paree
du reste par un large vallon, peu profond,
qui ne donne aucunement l'impression d'une
fortification artificielle. La station est d'une
forme allongee, cintree au milieu et se divi-
sant en deux parties: l'une plus large au S,
avec un petit eperon vers l'O et deux autres
vers le S et le SO et une partie plus etroite
au N, form6e par un seul promontoire un peu
plus eleve. Du cote de l'escarpement faisant
presque le tour de la station, on peut dis-
tinguer p a r t o u t la couche anthropozoîque
d'env. 3 m de profondeur, recouvrant le
massif de lcess qui constitue la base du terrain.
T o u t e la paroi abrupte de l'escarpement,
j u s q u ' â la riviere, est parsemee d'innom-
brables vestiges de vie humaine, entraînes
par les eaux des pluies qui ont a t t a q u e les
couches de la station.
Les courants d'air sont tres violents sur
cette h a u t e u r isolee. Les pluies sont plus rares
que dans les regions basses de la vallee du
Fig. 3. Le torrent qui entoure l'extremite N de la
S6rcth. L'eau se trouve assez difficilement. station.
Les h a b i t a n t s de l'actuel village de Poiana
doivent la chercher assez loin, soit dans une petite depression situee vers le N E , soit aux
sources qui jaillissent au pied meme de l'escarpement qui encercle la Cetăţuia. Les pluies suffi-
sent cependant â la fertilite de la region, qui est renommee par ses vignobles.
Le terrain de la station n'est pas cultive actuellement. II sert seulement de pacage communal.
II est int6ressant de remarquer que la station de Poiana est situee approximativement
â la limite meridionale de la zone forestiere moldave. Au N de Poiana se trouve une des plus
grandes forets du S de la Moldavie x ), tandis que plus bas commence une zone tres pauvre en

x
) Le nora de Poiana, donnă â la localite, est du poiană signifie «clairiere» (dans les langues slaves,
â cette situation topographique. En roumain le mot poljana).

www.cimec.ro 255
-*m

POIANA
PLAN DE LA STATION ET DES ROVILLES

f C H H L'

www.cimec.ro
LES KOUILLES DE POIANA

bois qui lie la steppe valaque du Bârăgan â celle bessarabienne du Bugeac. Ce fait explique
en grande partie l'exceptionnelle prosperite de la station de Poiana dans l'antiquite. On a dejâ
observe dans la plaine valaque, â Piscul Crăsanilor et dans la region de Mostiştea x), l'impor-
tance capitale dcs regions dc transition entre la forct et la steppe, qui se font signaler par la
densit6 des etablissements humains. De tout temps l'homme a prefere vivre dans une pareille
region qui lui fournissait avec la raerae facilite la terre de culture et le bois dont il pouvait
construire sa maison ou fabriquer ses outils.
Quelques centaines de mctres cn amont de la station, sur la lisiere de la foret, se trouvent
quelques tumuli dont nous ne pouvons pas encore savoir, avant de les explorer, s'ils se ratta-
chent â l'etablissement de Poiana, oui ou non. Quant â la rarete relative de semblables monu-
ments antiques dans cette region, elle est due sans doute au voisinage immediat de la foret,
t o u t comme â Tinosul en Valachie 2 ).

I I I . LA D E S C R I P T I O N D E S F O U I L L E S

Avant de commencer nos explorations, nous avons remarque que le terrain presentait di-
verses traces d'excavations anterieures, marquees sur le plan ci-joint (fig. 4). Tout d'abord, la
moitie S de la station est sillonnee d'un fosse transversal (fig. 4, a), qui aurait ete creuse
depuis quelques dizaines d'annees, au dire des habitants, et a servi â l'enterrement d'un grand
nombre d'animaux domestiques morts au cours d'une epizootie. D'autre part, pendant la derniere
guerre toute la bordure de la station vers l'escarpement fut remuee par une ligne de tranchees
creusees dans la partie superieure de la couche archeologique (fig. 4, j).
Les petits sondages que notre maître Vasile Pârvan avait faits en 1913 3 ) ne se voient
plus, etant pratiques dans les points les plus exposes aux erosions. Les fouilles exccutees en
1926 par M. Gh. Ştefan sont marquees sur le plan de la fig. 4 par les lettres b, c, d et e. Les
trous / et g representent les excavations incompletes dues au dilettantisme de M. Solomon,
professeur au lycee de Tecuci. Au point h (fig. 4) se trouve la trace d'une excavation com-
blăe, sur l'origine de laquelle nous n'avons encore aucun renseignement.
Malgre toutes ces tranchees et excavations, la station garde encore une grande etendue
intacte, qui exige plusieurs annees d'efforts pour une exploration systematique. Comme c'etait
justement la mission que nous avait confiee notre maître, le regrette Vasile Pârvan, nous avons
commence par fouiller les extremites les plus exposees aux erosions des agents metheoriques.
Nous avons divise notre travail selon la topographie du terrain, c'est-â-dire en deux zones,
dont l'une renfermant la partie centrale et meridionale, avec les fouilles A, B et C, faites par
R a d u Vulpe, et l'autre renfermant la partie septentrionale, avec le groupe de fouilles ZYXW
et la tranchee V, executees par Ecaterina Vulpe. Dans les pages qui vont suivre, nous presen-
terons separement la description de ces fouilles, pour passer ensuite â un expose commun,
lorsqu'il s'agira de la description des objets trouves, ainsi que des conclusions 4 ) .

l 4
) R. Vulpe, Regiunea Mostistea-Călărasi, dans Bu- ) Avant de commencer l'expose de notre pre-
letinul Comisiunii Monumentelor istorice, XVII, 1924, miere campagne d'explorations â Poiana, nous
p. 84. Cf. auasi Pârvan. Getica, p. 174 sqq. et p. tenons â remercier le Rev. pere Alex. Gafton de
740 aqq. Poiana et M. le Capitaine C. Tănăsescu de l'E-
*) R. et Ec. Vulpe, Les fouilles de Tinosul, Dacia, cole militaire d'aviation de Tecuci, qui nouB ont
I, 1924. p. 168 sqq. prete leur aimable concours pour le transport du
8 materiel archeologique jusqu'en gare de Tecuci.
) Castrul dela Poiana, e t c , p. 96 et fig. 2—5.

257
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17 Dacia III—IV 1927/932.
KADU ET ECATERINA VULPE

A) PARTIE CENTRALE ET MERIDIONALE

1. Les fouilles A

Ces fouilles concernent la saillie la plus avancee du cot6 0 de la station. Elles furent faites
en trois etapes. D'abord, pour me renseigner sur l'aspect de la stratification, j ' a i p r a t i q u e une
coupe transversale A', longuc dc 10,40 m et large de 3 â 4 m. Puis j ' a i deblaye t o u t e la partie
0 de la saillie (A") et en dernier lieu la surface A'" vers l'interieur de la station (fig. 4 et
fig. 7). E n t o u t , l'etendue fouillee mesure env. 250 m 2 â la siirface et 450 m 2 â une profondeur
de 3 m, â cause de la legere inclinaison des parois du promontoire. La s t r a t i g r a p h i e des fouilles
A, que nous illustrons par la coupe de la paroi E de la portion A"" (fig. 6), presente les cou-

ches suivantes:
a) La couche vierge de
LEGENDE:
lcess commencc en generul â
PLANS: COVPES: une profondeur de 3 m. Au-
TOWBE TERRE VEGETALE dessus se trouve une couche
TERRE CALCINEE TERRE.CENDRES ET TESSONS brune de transition d'une e-
paisseur variable, renfermant
DEBRIS CALCINES TERRE CLAISE de rares dcbris de terre cal-
ID. AVECDVGRAVIER tysr: CENDREETOSSEMENTS «■int'-i- ou du charbon et rare-

liiHi TERRECALCINEE ET CHARBON TERRECLAISE ET CENDRE ment quelque tesson primitif


poreux ou d'un vernis noir
CENDRE DEBRIS CALCINES ou encore
Illllimff quelque objet en fer
\M SCORIES
SCORIES 1 TERRE CALCINEE
TERRE CALCINEE o u en terre glaise. Dans la
l-V L , L, l , L, L

AttAS DE TESSONS CHARBON coupe A'" (fig. 6), on voit


VESTICES D'HABITATION EN A TERRE BRVNE cette couche interrompue par
un amas de cendre ct de char-
CRANDE DEPRESS10N DE COVCHE TERRE VIERGE
bon, z, appartenant ă la
COKTENV DIVERS T E K R E N O N FDVILLtE couche supeneure /3.
Fig. 5. (}) Au-dessus se trouve
une couche cpaisse de couleur
ocre grisâtre, epaisse d'env. 1 m (fig. 6) et renfermant des restes d'hubitation calcines, des ossements
d'aniraaux. du charbon, des tessons et des fragments de divers objets. Parmi les tessons, les fragments

COVPE A

:
m^> 3
*" 5 r
* 4SV]%'^^M
'mMM M^^^^r > .-* *>%M d

Fig. 6.

de la ceramique primitive travaillee â la main l'emportent sur ceux de la ceramique truvaille'e au tour.
La frequence de la ceramique primitive â lustrage noir ou brun, qui ne se rencontre plus qu'exception-
nellement dans les couches suivantes, est tout â fait caracteristique pour cette couche l). Dans cette

*) Parmi les tessons trouves dans la couche fi nant en total â env. 30 amphores differentes. Sur les
des fouilles A, on peut compter 60 provenant de rapports de quantite entre ces deux categories cn-a-
vases primitifs â proeminences et plusieurs apparte- miques dans les diverses couches, voir plus bas, p . 282.

www.cimec.ro 2SH
LKS K O U I L L K S l)K l'OIANA

couche on a trouve aussi des clous et de petits couteaux en fer, des perles en verre de couleur, des fibuleg
Latene III â bouton terminal et â moulure sur I'arc (v. plus bas, p. 326, fig. 106, 9, 13), une fibule de type
Nauheim (plus bas. fig. 106, 15) et plusieurs fragmcnts de moulins â main de type primitif traditionnel (plus
bas, p. 320, fig. 103, 1-2). I)e meme, â ce niveau paraissent des aiguisoirs en pierre (p. 320, fig. 101, 1,15)
des alcnes en os, des bois de cerf jiortant des traces d'emjiloi, des fusaYoles, des polissoirs (p. 317), un
fer de lance â douille (p. 333, fig. 114, / ) .
Cette couche est prolongee dans la couche a par les trous suivants, qui sont pour la plupart des
tombes â incineration creusees sous les habitations ou â cote d'elles (v. aussi la fig. 7).

Niveau Diametre Hauteur


No. metres C O N T K N- U
metres metres

I 2,50 1,20 0,40 Beaucoup de cendre, de terre calcinee, du charbon, dcs ossements
d'animaux, des tessons de vases primitifs ou travailles au tour, un frag-
ment d'amphore â anse bicylindrique, un fragment d'anse d'une p e t i t e
tasse rougeâtre de technique superieure (plus bas, p. 313), une pointe
de fleche â trois tranchants, en bronze (p. 334, fig. 113, 1) et une urne
primitivie ,en terre cuite, remphe de cendre.
2 2,50 1,50 0,40 Cendre et terre rnolle. Os de volaille. Quelques fragments de vases
grisâtres travailles au tour.
3 2,60 1,50 0,40 Cendre et terre molle. Beaucoup d'ossements d'animaux. Beaucoup
de tessons de vases primitifs ou grisâtres travailles au tour. Un fragment
d'une coupe evasee ornce â l'ebauchoir.
4 2,50 1,40 0,40 Grande quantite de cendre pure. Quelques ossements d'animaux.
Une dent humaine. Des tessons de vases primitifs.
5 2,50 1,20 0,40 Cendre et terre brune. Quelques ossements d'animaux. Debris de
vases primitifs. U n fragment de grosse assiette â proeminence du type Cră-
sani (v. plus bas, p. 294). Un fragment d'une grosse coupe evasee tra-
vaillee ă la main et presentant un lustrage noir (v. plus bas, p. 2 8 5 ) .
6 2,50 1,20 0,60 Cendre et terre molle. Des fragments de vases poreux â cordons
(plus bas, p. 294) ou â procminences du t y p e Tinosul (plus bas, p. 294).
Au fond, les tessons d'une grosse urne en forme de double tronc de c6ne
(p. 283), remplie de cendre e t de terre brune fine.
7 2,80 1,30 0,40 Cendre et terre noire molle. Quelques ossements d'animaux. Tesson
â technique primitive.
8 2,80 1,50 0,40 Cendre et terre molle nielee de charbon et de debris calcines. Os-
sements d'animaux.
9 2,50 1,30 0,40 Cendre et debris calcines. Tesson de vase primitif & lustre brun.
10 2,50 1,30 0,40 Cendre et charbon.
11 2,90 0,40 0,20 Cendre. Ossements d'animaux. Fragment de la base d'un vase rouge
de technique superieure. Les cavites .« et t de A", situees aux n i v e a u x de
2,20 et de 2,40 m, sont aussi des t o m b e s â incineration, en jugeant d'apres
leur contenu. Kn s on a trouve une urne primitive â lustre noir et deux
pyramides en terre cuite.

On a trouve, toujours dans la couche ft de la fouille A'"', dans le point r, au niveau de 2 m, quelques
ossements humains incomplets. Quant ă la tombe i (fig. 7), situee â 2,70 de profondeur, dans laquelle
on a trouve une urne d'un type particulier (plus bas, fig. 34,5), elle doit etre d'une epoque plus ancienne
que ri II.' de la couche ji.
y) La couche iinmcdiatement superieure, d'une couleur jaune foncee, d'une epaisseur de 0,50 m jusqu'â
1 m, est trds riche en vestiges de vie humaine, tels que cendre, charbon, terre calcinee, ossements d'ani-
inaux et divers objets en metal, en os ou en terre cuite. La ceramique de fabrication superieure est plus
riche que celle de la couche precedente. Les moulins â main primitifs sont tres rares. Us sont remplaces
jiar les catilli et les metae de provenance romaine (plus bas, p. 322, fig. 103, 3-7). Parmi les autres objets, je

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KADli ET ECATKKINA VULPK

mentionne les clous et les petits couteuux e>, fer, les fragments de verre trunsparent, les perles en verre*
noires, noir et jaune. jaunes, bleues, les pointes de fleches ă trois tranchants en bronze. les aiguisoirs en
gres et une boucle d'oreille en fil dc bronze tordu (plus ba*, fig. 1 08, 12). Lcs fibules sont du type romain de
la fin du Latene III â bouton terminul et ă moulure sur l'nrc (fig. 1 06, 9-10). Dans les points u ct v, u 1,80 m
et â 1,40 m de profondeur, on a trouve des scories et des morceaux de fer brut, indices de petits ateliers
metallurgiques domestiques.

Fig. 7. Plan des fouilles A.

Dans la nieme couche au niveau de 1,90 m sous la couche vegetale, au j>oint g (fig. 7), on a trouve
une petite couche de 2 m env. de diametre, de terre glaisc melee de terre calcinee et de charbon, pres de
laquelle se trouvaient les ossements incomplets d'un enfant. II s'ngit probablement d'une modeste tombe
pres d'une habitation.
Dans le point e (fig. 7), au niveau de 1,40—1,80 m, on voit un foyer en terre calcinec de 2 m env.
de diametre, sur lequel on a trouve une importante quantite" de tessons de grands vases â technique pri-
mitive et â technique superieure. Parmi ceux-ci je citerai les fragments d'une hydria grisutre, i ruvuillec

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L E S F O U I L L K S Dfi POIAJNA

HU tour, un couvercle orne de zigzaga incises et un vasc primitif du type 2 dccrit plus ba« (p. 290). On y a
trouve aussi une plaquc en picrre informe et une pointc de fleche cn bronze â triple tranchant. Comme on
a trouvc" autour dc cet atre un grand nombre d'objets domcstiqucs, des couteaux, des clous, un
fer dc lancc, un anneau cn bronzc, des morceaux de moulins â bras du type roraain, des aiguisoirs
en grcs, dcs pcrles cn verrc, des fusaKoles, on pcut conclurc qu'il s'agit ici des debris d'unc
habitation asscz riche.
Au mflmc nivcau se trouvc la pctite c a v i t e / ( f i g . 7) de 0,50 m cnv. de diametre, remplie de cendre,
d'osscments d'animaux et contcnant une urne primitive en pâte poreuse de l'cpoque Latene (plus b a s ,
I>. 290, typc no. 1). II s'agit ccrtainement d'une tombe de c r e m a t i o n l ) .
Aux niveaux de 1,30 et de 2,75 m, en A' (fig. 7, o et n), on voit des taches de terre calcinee, qui
sont des vestiges d'hahitations. La mcme signification doit etre attribuce â la surface de terre calcinee
ct de > li.nl...ii d (fig. 7) situee au nivcau de 1,10—1.30 m.
On observe que toutes ces tombes et ces restes d'habitation se trouvent â un niveau qui marque ap-
proximntivcmcnt la limite infericure de la couche y.

Fig. 8. Le foyer a de la fouille A" (couche 6).

Dans la fouille A" (fig. 7) la couche y descend dans la couche inferieure par deux trous (x, y) de
0,30—0,40 in de diamctre et dc 0,60—0,70 m env. de hauteur. Le premier, x, est rempli de terre glaise
et de cendre. L'autre presente au fond une couehe de terre calcinee couverte de cendre. Cc sont
certainement des tombes de crcmation.
d) La derni&re couche, de couleur noire, d'une epaisseur moyenne de 0,80—1 m env., est la plus riche
renfermant en grande quantitc toutes sortes de vestiges de vie humaine. La ceramique est caracterisce par
la predominance absolue des vases travailles au tour, de fabrication indigene ou d'importation. Quant
aux types, ils sont les mSmes quc dans les couches precedentes. La ceramique travaillee â la main, â lu-
strage noir, caracteristiquc dans la couche fl, manque ici completement. Parmi les autres objets carac-
teristiques de cette couche je note les pointes de fleches â triple tranchant en bronze, les petits couteaux
en fer, lcs clous et les crochets en fer, les fers de lance, Ies fibules romaines â long ressort bilateral et â
bouton terminal, les perles en verre, jaunes simples ou jaunes â ornements noirs, les tessons de vases,
en verre, transparents, verts, bleus, indigo, puis les moulins â bras du type romain, qui ont remplace

l
) Dans le point h (fig. 7), au bord dc l'escarpe- residus de vignes et d'ecailles de poisson, c'est-j-
ment et au niveau de 1,20—1,80 m, on a trouve unc dire de matieres organiques assez bien conservecs,
fosse remplic de terre rnolle, melec de beaucoup de ce qui prouve qn'il s'agit d'un depot de nos jours.

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KAIM' Kl IXATKKINA VULI'K

definitivemetit les mouliiis priinitifs, lcs idoles niusculines en tcrre cuitc, les fusalolcs, les jiolissoirs, les
pyramidea cn terre cuitc, les aiguisoirs cn gres. les miroirs en nietal blanc. lcs boucles d'oreille et les un-
neaux en bronze. les uiguilles et les hainecons en fer, une clef roiiiaine en fcr, une pointe d'rpce cgalemcnt
cu fer. La couche rcnferme uussi une grunde quantite d'ossements dc gros bctail. dc c h e v a u x , dc moutons,
de volaille, etc. On a trouvc un grand nombrc de grosses plaqucs dc picrre non travaillecs. Kn quelqucs
endroits on a rcncontre dcs fragment6 de gros chenets en terre cuite ( p l u s b a s , fig. 102, 11-12). En A', k, entre
les niveaux de 0,40 et 0,80 m, on v o i t une couche de terre ealcince et de gravier presse, sur une ctcndue
de 3 m env. sur 3 m, sur laqucllc on a trouve des osscinents d'animaux et des tcssons. Dans le point
f, au niveau de 1.10 m, il y u un amas pareil dc terre brulee et de gravier, mais beaucoup jilus petit,
dans lequel on a trouve un urdillon dc fibulc cn bronze â ressort en forme d'arbalete. unc pyramide en
terre cuite, une fusalole ct unc iiionnaic d'argcnt
romaine, republicaine. C'est sans doute une tombc
de crcmation. Dans le point 6 en A". au niveau
dr 0.30—0,60 ni, il y a un foyer en terre calcinee
a enduit calcaire, dans lequel on a trouv£ quelques
jietits vases |>rimitifs, jioreux. un coutcau en fer,
iin clou en fer, une pointe d'cjicron en fer et un
petit vasc pritnitif en miniature. Un autre amas
de terre briilce et de debris calcincs cst dans le
point m, au incnie niveau, ou l'on a trouve en-
semble plusieurs tessons, quatre |)yramides en terre
cuite et un fragmcnt de fer de lance.
En o, au niveau de 0,40—1,40 m, il y a un
amas dc debris calcin6s, cpais de 0,80—1 m e n v . ,
tres riche en tessons, en vases entiers et en divers
objets. Parmi les vases enticrs, je dois mentionner
jilusieurs urnes jirimitives du type I (j)lus bas.
p. 200). quelques vases jioreux du type 2 (plus
bas, j). 200), une coupe grisâtrc du type evas£
(jilus bas. j>. 298) et les debris d'une amphore
jaunâtrc. effilee et 6troite.
I'armi les autres trouvaillcs on peut rcion-
naître les morccaux d'un moulin dc type romain.
une anse en bronze â tete de belier, un ressort
de fibule romaine cn bronzc, dcs fragmenls dc
verre transparent, un fragment dc la jiointc d'uii
jxiignard de fcr, des clous, dcs crochcts, de jictits
couteaux de fer, un aiguisoir cn grcs, un unncuu
cn bronzc du tyjic Lutcne 111 (fig. 1 09,14), etc. Trcs
imj)ortantes sont trois monnaies romaines, rcjni-
Fig. 9. Le foyer o de la fouille A" (couche <5). blicaines ct impcriales. en argent, trouvccs en-
semblc. La jilus rccentc est du rcgnc de Vespa-
sien. Ce riche amas nous fournit tous les indices d'une habitation bien j)ourvuc. dctruite par un inccndie.
Les vases entiers etaient remplis de ble carbonisc ou meme en voie dc fossilisation, melc de coquillcs de
petits escargots. Tout pres de ce foyer, un jieu jil'js haut. au niveau dc 0.80 1.30 m. il y a un autre
amas de terre calcinee, a', qui est aussi un vestige d'habitation.
Toujours en A", sur l'espace o (fig. 7), au nivcau de 1,30 m, on a trouvc Ics dcbris â cnduit jaunâtre,
d'une habitation. E n A'", p (fig. 7), au niveau de 1,60 m sc trouve un amas de tcrre calcinee sur une
ctendue de 2,50 m X l m . A u point j , â 1,30—1,40 m, on voit un amas de debris de vases de technique su-
perieure, specialement d'amphores.
E n general, on observe qu'en A'" la couche 6 descend jusqu'â 4 m, en traversant t o u t e s les autrcs
couches inferieures (fig. 6 o). II s'agit d'une fosse faite â l'cpoque de la dernicre couchc, servant jieut-etrc
d'habitation troglodytique, Cependant il n'y a aucun autre indice certain pour crmfirmer une jiareillc
hypothcse.

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L E S F O U I L L E S I)E POIAINA

e.) Au-dcsBus de toute la stratification il y u iine couche de lerre noire vcgetale, inclee de tessons 011
d'autres vcstiges de vie humaine, sc rapportunt lous u lu dernicre couche anthropozo'fque, 6.

2. La fouille H

Cette fouille fut effectuee sur l'un des saillant*


meridionaux de la station, sur une etendue de 75 m 2
env. â la surface et de J45 m 2 env. â 3,20 m plua bas.
Les couches sont d'epaisseurs variables et tres irregu-
lieres, ainsi (ju'on peut le voir dans la coupe B de la
fig. 10. Elles sont les memes que dans la fouille A et
en găneral d'aspect et de contenu pareils. m
a) La terre vierge, se trouvunt au niveau dc
2,80—3,20 m, presente
inclinaison de l'E
ă cet endroit de la station unc
ă l'O, suivie aussi pur les deux pre- wmm^m:
mieres couches archeologiques superieures (fig. 10), dont
la pluB ancicnne, epaisse de 0,40—0,50 m, est formee
d'une terre brune melee dc tres rares vestiges humains. t-§m
Elle est travcrsee par de larges ct frequentes depressions
de la couche j a u n c grisâtre (ft'), dont je parlerai t o u t â
I'heure, d6pressions deacendant dana la terre vierge mSme '^jTjăEm
jusqu'au nivcau de 3,40 m (fig. 10). C'est pour cette
raison qu'on ne pcut pas attribuer â la couche brune '/
les divers objetB de l'epoque Latene trouves au fond de la*
fouille B.
P') La couche grise, formce de terre molle et de
SES-g
grosses masses dc cendre, presentant une epaisseur tres
varice, de 0,40 m â I'extr6mit6 O et de plus de 1,20 m
â l'extremite E , est tres riche en dcbris de t o u t e sorte,
Wm
tels quc <•1I.IIIM.II. ossements d'animaux, terre calcinee,
tesBons, etc. La c6ramique est en mujeure partie com-
posec de debris de vases primitifs porcux ou â lustrage
noir, qui Be t r o u v e n t â c6tc d'amphores d'importation ou
de vases grisâtrcs travailles au tour. Parmi les autres
objets on v o i t des fusaYolcs et des pyramides en terre
^m
cuite, des aiguisoirs en grcs, des p e t i t s creusets, un frag-
m e n t de fibule â ressort bilatcral, une perle cruciforme
en terre cuite, un petit morceau d'anneau en bronze et un
petit c o u t e a u en fer.
A ce n i v e a u (2,10 m â l'E et 3 m â l'O), sur toute
la aurface de la fouille B, il y a plusieurs taches de terre
calcinee c o m p a c t e , quelquefois melee de gravier (fig. 11, o,
b, e, / , j , k, l), qui d o i v e n t etre considcrees c o m m e foyers.
Les objets et les tessons qui y furent trouves sont pareils ^-
n ceux qui caracte'risent t o u t e la couche /?'. A u point b ,*--':
(fig. 11) il y a un petit a m a s de scories.
A sa limite inferieure, cette couche s'enfonce dans la
couche brune u par plusieurs fosses circulaires analogues
â celles de la fouille A, decrites plus h a u t (p. 259). Comme
ces dernieres, elles sont des t o m b e s d'incineration. Voici
leur description s u c c i n c t e :

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KADU ET K C A T K I U N A VULPK

Niveau Diametre Hauteur


No. C 0 N T E N U
metres metres metres

1 2,60 0,60 0,30 Cendrc. Ossements d'nnimaux. Cornc de bieuf. TCSHOIIH dc vases pri-
niitifH poreux: un exemplaire <lti type 2 (plus bas, p. 290) Fragmcnts
d'urne u lustrage noir du type 2 (plus bns, p. 283). Tessons de vases gri»
d'une techuique supericurc. Pyramide cn tcrre cuite.
2 2,20 0,60 0,30 V. la coupc B, fig. 1 0 . Ccndre. Terre calcince. Tcssons de vases pri-
initifs poreux. Tessous dc vnses primitifs a lustragc noir. Proeininences
du type Tinosul (V. p. 294,). Debris de vases grisâtres solides.
3 2,70 0,50 0,30 Cendre. Terre calcince. Charbon.
4 2.70 0,80 0,40 Ccndre. Terre molle. Terre calcinec. Charbon. E x c l u s i v e m e n t deB tes-
sons primitifs, poreux.
5 2,30 0,50 0,40 Cendre.
6 3,00 0,40 0,20 Cendre blanche. Tessons de vases primitifs poreux ou ă lustrage
noir. Tessons ă proeminenccs du type Tinosul (plus bas, p. 294).
7 2,50 1,10 0,60 V. la coupe B, fig. 10, 7. Cendre. Charbon. Terre calcin6e. Tessons
de vases poreux â procminences et de vases & lustrage noir. Sur la fosse.
un amas de terre glaise couleur citron, mclee de charbon.
8 2,30 1,80 et 0,80 V. la coupe B, fig. 10, 8, de forme conique, plus large en haut. Cendre
0.50 et terre glaise. Tessons de vases primitifs porcux et â lustrage noir.
Tessons â proeminences Tinosul. Tessons de vases gris travaillcs au tour.
Fragments d'amphores. Au fond de la fosse il y a une petite couchc
(0,20 m d'epaisseur) de cendre compacte.
9 2,40 1,10 0,60 Au fond, une petite couche de cendre compacte melce de charbon; au-
dessus une couche cpaisse dc terre glaise melde de cendre et de charbon.
Puis une autre, de cendrc compacte ct dc charbon, recouvertc d'unc
tranche de terrc couleur citron et enfin une couche cpaisse de 0,05 m
de terre calcin6e mclee de gravier: aspcct caract6ristique des t o m b c s
d'incineration x ) . Comme inventaire: tessons de vases primitifs poreux et
â lustragc noir. Aucun vaHC travaille au tour.

Au point t, au niveau de 3 m (fig. 11), on a trouvc dans un coin d'une grande deprcHnion de la couche
de cendre q, immediatement au-dessus de la terre vierge, les ossements d'un petit enfant, qui gisait sur
Ie cote droit, dans une position repliee, la tete vers le N et Ies picds vers I'O. DanH la terre environ-
nante, molle et melee de charbon et de cendre, furent trouves quelques osBcmciits d'animaux et un Heul
tesson, reste d'un vase primitif de couleur rougeâtre II s'agit ici peut-etre d'une simple tombe d'inhu-
mation, creusee â la base d'une habitation assez pauvre, remontant ft la plus uncicnne periode Lutcne
de la station. Dans la depression de la cendre voisine on a trouve une pointc de flechc en bronze, un
petit vase en forme de rhyton en miniature, un aiguisoir prismatique en gres, quelques fragments
d'amphore d'importation et quelques tessons dc vases primitifs porcux â lustrage noir.
Au point u (fig. 11), â 2,30 m de profondcur, se trouve une tombe d'incincration, renfermant une
urne primitive en pâte poreuse.
/?' ) Au-dessus de la couche grise (i', sur la coupe B (fig. 10). est marquee une couche de couleur jaune-
grisâtre /8", parsemee de taches de cendre compacte, de terre glaise couleur citron ou de terre calcin^e.
Cette couche, qui â l'extremite O a une epaisseur de 1,30 m e n v . , pour s'amincir jusqu'â 0,10 m vers l ' E ,
est au fait u n simple detail de la couche precedente, avec laquelle elle presente d'etroites ressemblances
et un inventaire tout â fait identique. T o u t c o m m e cette derniere, ellc est riche en debris de foyers d'habi-
tations, qui sont signales par des taches de terre calcinee melee de cendre, de charbon ou de gravier
(V. fig, l l t h, o, r, v, y, z, gm, p, s, w), situees generalement aux n i v e a u x de 1,30 m jusqu'â 2,30 m. T o u t

l
) Analogies £ Tinosul: cf. Dacin, I, 1924. p. 187 sqq.

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LES FOUILLES I)E POIANA

prcs d'un de ces foyers (fig. 10 et 11, r), on a trouve au niveau exact de 1,80 m, juste sur la coupe
representee â la fig. 10, un crâne humain isole sans autres vestiges d'ossements.
y) Couche de terre compacte d'une couleur ocre foncee et d'une epaisseur de 0,30—1 m, ayant une
position horizontale independante de l'inclinaison des couches inferieures (fig. 10). Elle renferme des
debris de terre calcince, du charbon, de la cendrc, des ossements d'animaux et divers objets. La cerami-
que est surtout reprăsentce par des tessons de vases de technique superieure, tels que des amphores, des
petits vases â vernig rouge, les uns â anse du type Boscoreale (plus bas, p. 313 et fig. 91, 5), des coupes
grises travaillces au tour. La ceramique primîtive est repr6sentee seulement par des restes de vases en
pâte poreuse (plus bas, p. 289). Parmi Ies autres objets on doit mentionner un bracelet en fil de bronze
â deux noeuds cn spirale, d'epoque Latene III (p. 328), des pointes de fleches en bronze, en fer et en os,
des clous en fer dc toutes les dimensions, des couteaux en fer, une fibule demi-circulaire â charniere (plus
bas, p. 327), des fragmcnts de bois de cerf utilises (p. 323), des moulins du type romain, des aiguilles en
fer, un anneau en bronze en spirale, un clou en bronze, des pyramides en terre cuite, un vase-support

Fig. 11. Plan de la fouille B.

d'une technique primitive, un petit creuset â proeminences, des tessons de vases de verre transparent.
des morceaux de bitume encore inflammable, des plaques informes en pierre sablonneuse, etc.
Cette couche renferme aussi des vestiges de foyers, marques sur le plan de la fig. 11 par les lettres
g, d, c, m, i, x, et situes au niveau de 0,80—1,50 m. Le plus important est le foyer x (fig. 11), au niveau
de 0,90—1,50 m, large de 2 , 5 0 x 2 , 5 0 m env. et epais de 0,60 m, constitue de terre calcinee compacte et
de gravier. L'inventaire consiste de beaucoup de tessons de vases primitifs poreux et de vases gris tra-
vailles au tour, d'un fragment de fibule, de defenses de sanglier, de clous en fer, de fusaîoles, de bois
dc cerf, d'une dent d'ours adaptee comme amulette et d'un moulin â bras du type romain, complet.
Purmi les tessons on trouve presque tous les fragments de deux amphores d'origine grecque, l'une de
couleur rouge et l'autre jaunâtrc.
6) Couche horizontale de terre noire, tres riche en vestiges humains, epaisse de 0,40 m. La ceramique
est surtout composee de restes d'amphores et de vases gris et rougeâtres travailles au tour. Je mentionne
un moule de vase â omements en creux, de petits vases rouges vernis, des gobelets â anse du
type Boscoreale (p. 313), des debris de grands vases gris travailles au tour, des fragments de coupes
grises evasees, des fragments de grosses hydriae importees et de nombreux tessons d'amphores, en

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RADU ET E C A T K K I N A VULPK

graiide partie â anses bicylindriques. Parmi les autres objets je cite quelquei COUteaux en fcr, dcs cloun
en fer, un anneau siinple en bronze. plusicurs frngments de mouliu* u brus roiuains, plusieurs fusalolcs.
une pyramide en terre cuite, un polissoir, un fragment de la base d'un rhyton en forme de tcte de cheval,
IIn hamecon en fer, un morceau dc iniroir en metal blanc, un aiguisoir en gres. des fragmcnts
dc fibules, un fraginent de vase en bronze, une aiguille en fer et quclqucs phi(|ues informes en pierre sn-
blonneuse.
Au point ml sur le plnn (fig. 11) il y a unc petite couche de terrc calcince et de gravier. â 0,70 m de
profondeur. En zv (fig. 11), juste sur la coupe B (fig. 10), ă 0,30 m de profondeur. immediutcmcnt sous
la couche v6getale, il y a une autre couche dc terre calcinee, longue de 0.10 m, ^paisse de 0.10 m. Coinme
on a deja v u dans les couches preccdentes, ce sont des vestiges de foyers. Au point *l (fig. 11). juste sur
la coupe B (fig. 10), â 0,20 m de profondeur, on a trouvc un pctit vasc poreux d'une techntque primi-
tive, tout entier.
e) L'ecorce vegetale, epaisse de 0,20 m, est mehîe de rares tessons et d'objets appartenant ii la couche
noire â.

3. La tranchee C
11 s'agit d'une tranchee longue de 12 m et large de 2 m, creusee â travers la bordure K
de la station, elcvee en forme de vallum. Sa profondeur varie de 3 m â I'extremite' O â 4 m ati
centre, pour decroître jusqu'a la disparition complete le long de la pente exteVieure du rallum.
La stratigraphie de cette fouille, d'un aspect tres mouvementc (fig. 12), est en g£n6ral la meme
que dans les autres parties fouillees de la station.

Fig. 12. Paroi sud de la tranchce C.

a) Tout d'abord, au-dessus de la terre vierge, qui est â une profondeur de 4—4,40 m au centre, il y
a la couche brune epaisse de 0,30—0,40 m, tres pauvre en vestiges anthropozoîques. Coinme dans la fouille
JB, on observe ici aussi unc inclinaison de la terre dans la direction E-O, inclinaison suivie par toutes les
couches superposees, comprenant aussi Ia couehe vegetale.
{}') Couche grise dc 0,50—1 m d'^paisseur, renfermant d'epaisses masses de cendre mel6e de charbon,
de terre glaise couleur citron et de terre calcinee. Comme inventaire, â mentionner les fragments d'un
raoulin â bras du type primitif. un polissoir trouv6 sur le foyer a (fig. 12), deux petits inorceaux d'un fil
dc bronze, u n ardillon de fibule, une aiguille en bronze courbee, un fragment de couteau en fer, un
morceau de fer informe, une pyramide en terre cuite, une pointe d'alene en os. La ceramique est sur-
tout formee de debris de vases primitifs poreux â procminences Tinosul. ()n voit aussi des tessons de
vases gris d'une technique superieure ou des fragments d'amphore.
A u milieu de la tranchee (fig. 12, 6 ) i l y a une tombe d'incineration de forme cylindrique, au dia-
m^tre de 2 m et profonde de 0,30 m, renfermant des cendres rougeâtres, un crâne de cheval et des
tessons de vases priraitifs poreux, ainsi que des vases â lustrage noir.
P") Comme en B, cette couche de terre glaise, epaisse de 1—2 m, mâlee de grandes taches de cendre,
de charbon et de terre calcinee, n'est que le complement de la couche fi'. L'inventaire presente les mPmes

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LKS F O U I L L K S DK POIANA

types. 0 u u n l u une
pointe de fleche en bronze et â un tesson de verre incolore, ils se rapportent aux cou-
ches superieures et ils sont arriv6s â ce niveau tout fortuitement et bien plus tard, de mSme qu'une monnaie
de cuivre de nos jours. A la base de la couche /3" on voit une couche de charbon de bois de chene, longue
de \ m et mince de 0,05—0,30 m, marquee en quelques endroits par des foyers compacts (fig. c - c'- c").
Dans cette couche on a trouv6 dc nombreux morceaux de fer brut, informes. longs jusqu'â 0,17 m et epais
jusqu'â 0,03 0,05 m, puis la pointe d'un gros clou en fer, un objet en terre cuite en forme de disque
semblable a un bouchon plat d'amphore et une pointe de fleche de forme rhomboYdale (fig. 113, 18). I.a
grande couche de charbon ct le grand nombre de morceaux de fer brut sont des indices assez concluants
pour l'hypothese de l'existence ici, â l'epoque Latene, d'un atelier de siderurgie.
Au point </, la couche fi" est interrompue par une fosse remplie de terre glaise melee â beaucoup de
cendre. Rien cornme objets.
y) Couche jaune brunâtre, 6paisse de 0,50—1,50 m, renfermant de la terre glaise, des cendres, de la
terre calcinee, du charbon et des tessons. C'est un monticule de terre glaise compacte, presentant une
pente lcgere vers l'O et tres brusque vera l'exterieur de la station. II s'agit donc du profil du vallum de de-
fense de la station. A sa base, au centre, il y a une couche de cendre, c (fig. 12), de 0,50 m d'epaisseur,
puis une couche d'argile couleur citron, / , 6paisse de 0,05 m, une ligne tres mince de ccndre et de charbon,
#, une couche de terre calcin6e melee de cendre, h, cpaisse de 0,10 m et une couche de terre glaise melee
de cendre et de terre calcin6e, t, 6paisse de 0,30 m. Kt tout cela repose sur une couche de cendre, j , en-
fonc6e dans la couchc fi. II s'agit ici des restes d'une habitation incendiee a v a n t la construction du vallum.
Klles sont interrompues par les fosses k et Z, remplies de terre glaise et de cendre, prolongation de la couche
y. A u x points m et n on v o i t des vestiges de foyers (fig. 12).
L'inventaire de la couche y est forme d'une fibule en bronze du type N a u h e i m , tres bien conservee
(plus bas, p. 327 et fig. 1 0 6 , 1 8 ) , d'une perle en verre indigo, d'une pointe de fleche en bronze â trois tran-
chants, d'un gros crochet en fer et de tessons provenant en majorite de vases d'une technique supe-
rieure. Parmi les fragments de vases primitifs poreux, il y en a avec des proeminences du type Crăsani
(V. plus bas, p. 294).
d) La couche noire, tres riche en vestiges humains et epaisse de 0,50 m vers l'O, s'amincit au-dessus
du s o m m e t du vallum, pour disparaître completement sous Ia mince couche vegetale qui couvre la pente
extcrieure. La grande majorite des tessons de cette couche appartient â la ceramique d'une technique
suj»6rieure.
Au point o (fig. 12) on v o i t une couche, longue de 1 m et epaisse de 0,20 m, de terre calcinee et de
d6bris de foyer.
e) L'6corce v 6 g 6 t a l e , 6paisse de 0 , 1 2 — 0 , 1 5 m vers l'O, est t o u t â fait mince sur la pente de l'K.

R. V.

B) P A R T I E SEPTENTRIONALE

1. Le groupe des fouilles Z, Y, X, W


Les fouilles de la partie septentrionale de la station ont commence â l'extremite N
par la fouille Z, execut6e sur une etendue de 9,50 m X l 4 m, â laquelle s'ajouterent ensuite
la fouille Y de 8 m X 10 m, la fouille W de 16 m X 4 m et la fouille X de 10 m x 6 m. Au
total on y a fouill6 une etendue de 337 m 2 consideres au niveau general de la station, soit
455 m 2 , si l'on pense â la surface decouverte 3 m plus bas. Cette difference provient de la
legere inclinaison des pentes qui entourent le promontoire.
Puisque ces quatres fouilles sont contigugs, je vais en faire une seule description strati-
graphique dans . ce qui suit.
La terre vierge, formee de loess jaune, se trouve â une profondeur d'env. 3 m et presente
une legere inclinaison de l'E vers l'O. Sur le plan de la fig. 17 on voit marquee par la ligne x-y
un pli h a u t d'env. 1 m, que la terre vierge fait par hasard â cet endroit et qui se prolonge vers
le N en disparaissant dans la fouille Z. Le bout x du pli est visible s u r l a coupe X (fig. 16).

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KADl KT KCATKKINA VULPE

La terre vierge est traversee j u s q u ' â 0,20 m de profondeur par des trous circulaires remplis
de riches vestiges de vie humaine et qui ne sont que les fonds des tombes d'incineration des
couches areheologiques superieures. Ces couches se presentent dans l'ordre suivant (v. les
coupes /i, Y, X , fig. 14, 15, 16):
d) Couche de couleur l)rune. d'une epnisseur d'env. 0,50 ni. en depassant par cndroit* menie 1 m-
De memc que la terre vierge, cette eouchc est percce par dei tombcs qui dcsccndcnt dcs couchcs supc.
rieures. Kllc rcnfcrmc
de trcs rares vestiges
dc vic huinainc. parnii
lcsqucls il n'y a aucun
foyer et aucune toinbe
dcterminable. On y a
trouv6quelque8 dcbris
dc vases primitifs prc-
scntant un lustre assez
l.nlili' et de hautes
anscs de vnses et une
poignee d'epee en
bronze. du typc cg^en
(Voir le point A sur le
plan. fig 17), q u i c o n -
stituc un precieiix do-
cuinent pour pr^ciscr
ln il.iii- de la couche
(plus bas, p. 332).
a") Cette seconde
conche, d'unc couleur
Fig. 13. Vue du promontoire septentrional de la station avec les fouilleR ZYXW.
fţrise violac^e, qu'on
ne peut distinguer
d'une maniere precise que dans quelques endroits sur la coupe Z (fi(ţ. 14), entre la couche brune a' et la
grande couche grisâtre fi' (V. ci-dessous), s'impose mieux â l'attention par plusieurs objets, qui, bien que d'c-
poques differentes, sont toutefois plus recents quc les objets qui caracte'risent la couchc brune a' et en
meme t e m p s plus anciens que les objets
caract^ristiques de la couche ji'. Ces
objets iiiiii ii ii ili.iin"- s o n t : 1. les urnes
â galbe recourbc et â rcbords obliques
faites cn une pâtc grisatre (V. plus bas,
p. 278 et fig. 20, 4), trouvces dans le
point B (V. le plan, fig. 17) et puis
l'ecuelle decoree de zigzags incis6s trou-
vee dans le point C (fig. 17) avec trois
crâncs h u m a i n s ; 2. les divers tessons en
pâte primitive â beau lustrage noir et
â decor incis6 rempli d'une substance
blaiK'hc (plus bas, p. 279) et 3. la fibule
Fig. 14.
d'epoque pre-Latene non achevee, dccrite
plus bas (p. 325 et fig. 1 0 6 , 2 4 ) . On a
trouve autour du point D (fig. 17), au meme niveau et â des endroits diffcrents, trois meules primitives (jilus
bas, p. 320 et fig. 103, 1-2), une tete de massuc en pierre (V. p. 320 et fig. 101, 24), une petite hachc plate
en pierre verte (V. p. 320 et fig. 101, 16) et un couteau â lame recourbce, en pierre (V. p. 322, fig. 101, 79).
Tous ces objets prouvent que la partie N de la station a ete peuplce d'une maniere tres sporadique dans les
trois epoques qu'ils representent entre l'âge du bronze de la couche brune a' et la periode Latene II de
la couche grisâtre Ş'. Une plus grandc prccision de ces faits est â esperer des fouilles futures.

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f,KS FOUILLES DE POIAINA

(?) Couche de couleur grise claire, d'une epaisseur variant de 0,20 m â 1 m, formee de inasses
.ii.irin.- de cendre et de debris calcines. A celle-ci appartiennent les tombes nos. 2—3, 21—23, 26 et 28,
figurees sur le plan (fig. 17) et sur le tableau ci-joint (p. 272). Au point F (V. le plan fig. 17), â 1,70 m
de profondcur, il y a unc etendue de forme irreguliere recouverte de terre calcinee, de cendre, de charbon
et de tessons de vases primitifs. La terre calcinee est amassee au centre de cette etendue, sur une surface
de forme circulaire au diametre de 0,70 m. Tout pres de cet endroit on a trouve un fragment de meule
primitive et un disque plat dc gres. Vers le S se trouve un grand fosse irregulier dans lequel on a decouvert
les fragments d'un grand vase en pâte poreuse (plus bas, p. 289, fig. 42), les fragments d'un vase primitif
orne de cordons en relief (fig. 62, 1) et un poids en terre cuite (p. 316). Tout cet inventaire rappelle le
mobilier d'une habitation.
Quant au reste de la couche ft' grisâtre, il est assez pauvre en objets. Dans la ceramique predomi-
nent les tessons de vases travailles â la main, surtout ceux de la categorie raffinee, lustres, sans exclure
les debris de vases poreux. La ceramique superieure est representee, en dehors de plusieurs fragments de
vases grisâtres indigenes, par la petite anse d'un vase grec peint en noir (plus bas, p. 315) et par quelques
fragments d'amphores. Parmi les objets en metal on doit mentionner une pointe de fleche de bronze
â douille, de forine rhomboldale (fig. 113, 19), des pointes de fleches â trois tranchants (fig. 113, 1-77), dont
une reproduite en os, plusieurs anneaux en bronze, dont un du type Latene â quatre trous lateraux
(fig. 110, 8), quelques aiguilles en bronze et plusieurs fragments d'objets en fer. Quant aux divers
petits couteaux, aux clous en fer, aux fragments d'epees en fer, aux divers fragments de fibules Latene
III ou romaines, aux perles de verre â câtes verticales (fig. 105, 6) et â la monnaie republicaîne de la
fnmille Cordia (plus bas, p. 339 fig. 119, 4), trouv6e dans la couche /S', je n'ai pas encore la certitude
s'ils appartiennent â cette couche au point de vue chronologique ou s'ils ne se rattachent plutot aux
couches superieures.
fi") Au-dessus de la couche grisâtre /?' on observe une couche de couleur grise brunâtre, epaisse de
0,20—0,80 m, qui est prolongee par de nombreuses fosses jusqu'â la terre vierge, â travers toutes les au-
tres couches intermediaires. Ce sont les tombes nos. 1, 4, 6, 7, 10, 11, 13—15, 16, 19, 20, 24, 25 et 27;
dont je donne la description dans le tableau de la page 272.
Dans cette couche ft" se sont conserves les quelques vestiges de foyers (V. le plan, fig. 17, a, b, c, d,
e,f, g ct h), qui presentent une forme ronde d'un diametre de 0,70—0,80 m et d'une epaisseur de 0,10—0,20
m. Ces foyers sont en terre glaise tres compacte, calcinee, quelquefois melee de gravier et sont entourespar
de gros amas de cendre, de debris de charbon et de morceaux de scories. Tout pres du foyer e on a
11 <>u v < aussi un morceau de poix. Presquc tous ces foyers sont des vestiges d'habitation. Ces vestiges
sont encore plus 6vidents â l'endroit h (fig. 1 7), ou il y a tout un complexe de debris et de terre calcinee
et dans la coupe Y (fig. 15),

Fi
couche fi" est d'une ri- ?- 15,
chesse remarquable. Sur-
tout les objets en fer et la ceramique travaillee au tour sont d'une abondance caracteristiqtie. On y a trouve
un grand nombre de fragments informes en fer, de petits couteaux â lame rectiligne (fig. 115, 23), un
soc de charrue (fig. 116, />), de nombreux clous, des eperons, des fourchettes en fer (fig. 112, 1-2),
des pointes de fleches â trois tranchants, en bronze et en fer; puis, une grande quantite
de petits fragments d'objets en bronze, des aiguilles, de divers anneaux, une bague, des pen-
dentifs du type Latene III (fig. 109, 9), une fibule du type Nauheim, une fibule en fer, une fibule

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RADU ET ECATEKIJNA VULPK

protoromaine, des frugnients de miroirs (p. 334), des frugments de sifflets en os, des aiguilles et de»
alenes en os, un jouet en o», des aiguisoirs en gres, des moulins
a bras du type romain, des fusaKoles en terre cuite, des perles
en verre, etc.
y) La couche sulvante, de coulcur jaune rougeâtre, renfcrraant
une quantite considerable de restes ceramiqucs, de debris culcincs,
de cendre, de charbon et d'ossements d'animaux, est d'une cpais-
seur de 0,30—0,50 m.
Au point i (sur le plan dc la fig. 17), il y avait un grand tas
de debris calcines, de e 0,40 m dV'puisseur, sous lesquels, â 1 m de
profondeur, s'etendnit un gisement plat de terre calcin6e, de forme
rectangulaire, de 2 m x 3 , 9 0 m. La terre cnvironnante etait inclee
de beaucoup de cendre et de churbon et d'une quantite importuntc
de gros morceaux de bousillage, qui conservaient encore l'empreinte
des planches en bois et du clayonnuge et m£me dcs traces de chuux.
Parmi ces debris on a trouve un nombre de 12 gros clous de fer
(p. 338, fig. 116, 1-3), plusieurs crampons en fer, des fragments de
divers objets en fcr, un fragment de niiroir en bronze, uue pyramide

JBH. en terre cuite (p. 316), d'innombrables ossements d'animaux, parmi


lesquels une defcnse dc sanglier et enfin dc nonibrcux frugments
de vases d'une technique supcrieure, purmi lesquels Ies tcssons
d'une hydria grisâtre et 10 goulots d'umphores jaunâtres du type
e decrit plus bas (p. 311).
Au point k il y avait une fosse de 0,30 III do profondeur et
de 0,75 m de largeur (V. la coupe X, fig. 16), ou on a trouve
plusieurs fragments de vases primitifs poreux. A I'endroit / (fig. 17.
fouille Z) il y avait un grand fossc rcmpli d'une quantite considcrublc
d'ossements d'animaux, parmi lesquels je mentionne en spccial les
*/jk :i comes d'une chevre. Parmi ces ossements on a trouvc plusieurs
tessons de vases â technique superieure, ainsi que des fragmcnts
mm d'amphorcs â anses bicylindriques (p. 312), un goulot d'amphore
fine, peinte en rouge, les fragments d'un bol en pâte rosee, lcs
fragmcnts d'une passoire (p. 309), les fragincnts d'un vasc d'une
techniquc raffinee romaine, le goulot d'une cruche rosee, les
fragments d'une casserole â gargonille (fig. 60, 8), puis dcs
tessons d'une tcchnique infcrieure, un creuset et un vase en forme
de barquette (fig. 98, i , p. 317). On y a trouvc aussi des frag-
ments d'objets en fer et en bronze, un anneau en bronze, un frugment
de fibule, une figurine masculinc en terre cuite un petit couvercle
conique et deux perles en verre, dont une plus grande, ă pro£-
minences (p. 324 et fig. 105 ,4).
Dans la couche y o n a trouve: une monnaie d'Auguste et des
principes juventutis (p. 339); une epingle en fer â tâte formee d'on-
dulations (p. 327 et fig. 117, 12), une pendeloque en bronze, des
tessons de verre transparent, des perles en verre, des anneaux
en bronze, une bouclc d'oreille en bronze, des anneaux en fer,
des fibules en bronze et en fer, une anse de couvercle en
fer, de petits couteaux en fer, des clous, des crampotfs, des
fusaîoles en terre cuite, un poliBsoir pour les vases (fig. 97, 4),
des pyramides en terre cuite (p. 97, 16), des aiguisoirs et
une figurine en terre cuite reprcsentant une t6te de cheval
(fig. 99, 3).
Dans la ceramique predominent les fragments des vases d'une technique superieure. On doit obBerver
que de nombreux tessons dc la ccramique grisâtre indigcne appartiennent ă des anses de grundes

www.cimec.ro 270
LES FOUILLES DE POIANA

dimensions. La clramique primitive, reduite â la categorie inferieure poreuse (plus bas, p. 289), est peu
nombreuse.
6) Apres la couche juunâtre y suit une couche noire, d'une epaisseur generale de 0,50 m, qui diminue
vers le cAte E pour finir par disparaître presque coinpletement. Aux endroits m, n, o (fig. 17), on ob-
serve des tas de gravier melc de terre calcinee, autour desquels on a trouve une grande quantite de cendre
et de charbon. Celui de n presentc une forme circulaire au diametre de 1,50 m Tout pres, vers 1*0, on
observe une petite
etendue de terre glaise

Fi 17 Plan d
Dans la c o u c h e 8- - « 8 fouilles ZYXW.
noire fi, la c£ramique
d'une technique -u
părieure, indigene et d'importation, est tout â fait preponderante. Parmi les autres objets qu'on y a
trouv6s, je citerai un fragment de plaque en bronze trouee, un pendentif d'epoque Latene III
(p. 329), un pendentif triangulaire, des boucles d'oreille en argent et en bronze, des fibules ro-
maines, une broche en forme de croissant (p. 327 et fig. 106, 23), le fragment peut-etre d'un etui â
aiguilles (p. 332 et fig. 109, 26-27), un fil de bronze â extremites repliees (p. 337 et fig. 109, 35 ),
de petits couteaux en fer, des eperons, des clous, puis des perles en verre â cotes verticales, des
tessons de petits vases en verre, une monnaie en bronze perforee et â effigie indechiffrable et un
fragment de sifflet en os (fig. 104, 20).

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KADIl ET ECATERINA VULPE

t) La mince couihe veg6tale renferme des tessons appartenunt ă la couche precedente.

INiveau Diam. Haut. ()bservations


No. metres metres metres C () J\ T K N U

7 2,75 1,20 1,50 Cendre, charbon, terre calcinee, tessons. Au-dessus Coupe X(fig. 16).
il y a des debris calcines. Forme conique. Fouillee seule-
ment â demi. Appartient â la couche fi".
2 2,90 1,40 0,90 Cendre blanrhe. Fragments de vascs primitifs poreux Coupe X(fig. 16).
et â lustrage noir. Charbon. Appartient ă la couche fi'.
3 2,00 0,90 0,60 Voir la coupe X (fig. 16). Apparticnt ă la couche / j ' .
4 3,30 2,75 1,25 Une couche de cendre au fond, puis des couches hori- r^orme conique.
zontales de charbon et des couches obliques de terre cal- V. la coupe X
cinee et de cendre blanche. Beaucoup d'ossements d'ani- (fig. 16).
maux. Anse d'amphore. Tessons primitifs. Grand vase
simple. Fragment de gros vase grisâtre travaille au
tour. Tessons de vases primitifs â lustre noir. Disque
grisâtre. Fer de lance. Fragmeut de gros coutelas
recourb6, en fer. Lame de petit couteau en fer. Un
fragment de fer informe. Anneau en bronze aplati. Perle
noire en terre cuite. Appartient â la couche /3".
5 2,90 1,20 — Terre calcinec. Terre noire mclee de ceudre et de
charbon.
6 3,00 2,00 — Cendre. Charbon. Fragments de vases primitifs. Ai-
guille en bronze.
7 3,00 3,00 Cendre. Charbon. Ossements d'animaux. Fragments Forme conique.
de vases primitifs poreux et â lustrage noir. Fragments
de vases grisâtres travailles au tour. Une fusaiolc. Frag- Coupe Y(fig.l5).
ment de lame de couteau en fer. Arc de fibule en
bronze. Lame de fer ph6e. La tete d'une pincettc en
bronze. ()s taille en forme d'anneau assez large. Appar-
tient â la couche fi".
8 2,10 1,80 — Cendre. Charbon.
9 2,90 1,50 Cendre. Charbon.
10 3,00 2,00 — Cendre. Forme conique.
11 2,80 2,40 Cendre. Charbon. Beaucoup d'ossemcnts d'aniraaux. Forme conique.
Fragments de vases primitifs poreux et â lustre noir ou Effectuee en d6-
jaune. Fragments de vases grisâtres. Fragments d'ampho- truisant une par-
res. Fragraents d'objets en fer. Fil en bronze, courbă. tie de la tombe 10.
Grosse pierre de forme irreguliere. Appartient â la cou-
che P".
12 2,30 1,20 — Charbon. Terre calcinee.
13 3,00 1,50 0,80 Cendre. Charbon. Ossements d'animaux. Petite pyra- Forme conique.
mide en terre cuite. Appartient â la couche Ş" (V. la
coupe Y, fig. 15).
14 3,00 1,15 Cendre. Charbon. Appartient â la couche fl". Peu Formc conique.
visible sur la coupe Y (fig. 15).
15 3,00 2,00 Cendre. Charbon. Ossements d'animaux. Fragments Forme conique.
de vases primitifs. Fusai'ole ornee de stries. Deux grosses
pierres de forme irreguliere. Petite monnaie en bronze,
indechiffrable.

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LKS K O U I L L K S I)K P O I A N A

Niveau Diam. Haut.


N o . metres metres metres C 0 N T E N U Observations

16 3,20 2,00 — Cendre. Charbon. Ossements d'animaux. Fragments Forme conique.


de vases primitifs poreux et â lustre noir. Fragment de
vase grisâtrc travaille au tour. Un vase simple du t y p e 2
dccrit plus bas. p. 290. U n e fusalole.
17 2.50 1,60 Ccndre. Charbon. Ossements d'animaux. Clou en fer.
Divers fragments informes de fer.
18 2,70 Non fouillee.
19 2,70 1,45 l,J0 Minces couches de terre calcince, de cendre, de char- Forme conirjue.
bon et de tessons. Appartient â Ia couche fi".
20 4,00 2,00 Cendre. Charbon. Ossements d'animaux. Fragments Forme conique.
de vases primitift poreux et lustres. Fragments de vases
grisâtres travailles au tour. Fusaloles. Tube en os de 0,18
m dc longucur. Anncau en fer. Pointe de fleche. Appar-
tient â la couche fi".
21 2,40 1,60 0,80 Cendre melce de bcaucoup de charbon. Ossements V.lacoupeZ(fig.l4)
d'animaux. Tessons de vases primitifs. Appartient â la
conche fi'.
22 2,40 1,40 0,70 Idem. Idem.
23 2,50 1,20 0,55 Cendre. Charbon. Terre calcinee. Tessons primitifs. Forme cylindrique.
Apj)artient â la couche fi'.
24 3,00 1,20 Cendre. Charbon. Terre calcinee. Ossements d'ani- Forme conique.
m a u x . Tessons de vases â lustre noir. Fragments de
vases primitifs poreux. Appartient â la couche fi"'.
2r> 2,60 1,80 1,20 Minces couches horizontales compactes, de cendre, Forme de tronc de
de charbon, de terre calcinee et de bousillage. Appartient cone.
â la couche fi".
26 2,30 0,80 0,60 Cendre. Charbon. Quelques fragments de vases pri- Forme cylindrique.
mitifs poreux. Appartient â la couche fi'.
27 3,85 2,75 Cendre. Charbon. Terre calcinee. Grande quantite d'os- Forme coni<|ue
sementB de grands animaux et de poissons. Anse d'am-
phore. Fragment de gros vase grisâtre travaille au tour.
Tcssons de vases grisâtres j)Ius petits. Tessons de vases
primitifs â lustre noir. Klements differents de 5 coupes
â rebord evase (plus bas, p. 298). Petite urne en
double tronc de cdne, en pâte primitive lustree.
Petits fragtnents d'objets en bronze. Fusalole â decor
incise. Monnaie concave en bronze, indechiffrable.
Appartient â la couche fi".
28 2,60 1,20 0,80 Cendre. Charbon. Appartient ă la couche fi'. Forme cylindrique.

II faut ohserver que les fosses â forme cylindrique, de dimensions plus reduites, â l'inventaire plus
j>auvre, qui n'arrivent j)as d'habitude jusqu'â la terre vierge, sont des prolongements de la couche fi'.
Par contre, les grandes fosses, «jui percent les couches inferieures jusqu'au niveau de 3,20 m et meme de
3,85 m, ont unc forme conique et presentent un inventaire tres riche. Cet inventaire, de la m e m e com-
position partout, prouve que ces fosses coniques sont contemporaines. Klles appartiennent toutes â la
couche fi". II faut rcmarquer «jue dans deux de ces fosses, qui ne sont que des tombes d'incineration,
on a trouvc des monnaies en bronze, qui malheureusement ne peuvent nous procurer aucun renseig-
nement, par suite de la grande alteration produite par les flammes, pendant la cremation. D a n s une

273
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18 Dacia III- IV 1927/931.
RADU ET ECATERINA VULPE

autre tombe conique (4), ces monnaies 6taient remplacees par un petit disque forme d'un tesson de
vase grisâtre, arrondi (V. plus bas, p. 316).

2. La fouille V

C'est une longue tranch6e traversant


le promontoire N de la station, â 8,50 m
au S de la fouille e (sur notre plan, fig. 4)
de M. Gh. Ştefan et pratiqu6e dans le b u t
d'explorer le segmcnt de fortification situe
de ce cote de la station. Dimensions: 22 m.
de longueur et 2,50 m de largeur. Cette
largeur ne se trouve que j u s q u ' â 1,50—1,70 m
de profondeur. A partir de ce niveau la
tranchee ne continue en profondeur que le
long de la paroi N, sur une largeur reduite
â 1,50 m. La terre vierge est atteinte â
3,75 m. L'exploration a 6t6 pouss6e en
general j u s q u ' â une profondeur de 4 m
(V. la coupe V, fig. 19, 29) et en quelques
endroits meme de 5 m (V. la coupe K,
fig. 19, 30). Les couches se pr6sentent dans
le meme ordre que dans les fouilles pr6-
cedentes.

n) La terre vierge suit un plan horizontal


sur une largeur de 12 m vers l'extrlmite' E,
'<• reste s'inclinant vers I'O. Au-dcssas d'elle
se trouve Ia couche brunc renfermant de tres
rares vestiges de vie humaine, Ipaisse de
0,60 m. env. On n'y a trouv6 aucun objet.
Fig. 18. Le grand foyer i de la fouille Y. fl»T„«..„^j«_u >A» J«
6 s
' p) La m
0,80—1,25 grande coucbeprdsente
d'lpaigseur, grisâtre, de
un ca-

ractere assez homogene, sans nous permettre de la diviser en deux parties comme dans le groupe des
fouilles ZYXW. Le contenu en est le meme. Une grande quantite de cendre, dans laquelle se trouvent
des tessons de vases de toutes les catlgories. Parmi les autres objets on doit mentionner quelques
www.cimec.ro 274
LES KOUILLES DE POlANA

aiguisoirs en gres, plusieurs fusaloles, dont certaines â lustre noir, un gros polissoir pour les vases, une
perlc bleue en verre, des fragments de petits vases en verre transparent incolore ou bleuâtre, plusieurs
morceaux de fer informe, des pointes de fleches â trois tranchants, un fragment de miroir, un bouton u
omement en relief (p. 330 et fig. 109, 29), un anneau ă ornement et divers fragments de formes
ndcterminees
La couche (} est traversec par quelques fosses qui atteignent la terre vierge. Leurs numeros, dans la
description suivante, sont en continuation de ceux des fosses decrites dans le tableau precedent des
fouilles ZYXW (ci-dessus, p. 273).

Niveau Diam. Ilnut.


No. metres metres metres C O N T E N U Observations

29 4,00 1,40 0,70 Au fond, couche de eendre, dans laquelle on a trouve Korme conique.
un pied de coupe grisâtre. Puis, couche de terre
gluise couleur citron. Couche mince d'ossements d'ani-
raaux. Couche mince de cendre fine. Couche de charbon.
Couche de terre glaisc couleur citron, de 0,25 m
d'lpaisseur. Couche de debris de bousillage, de pierre et
d'ossements de grands animaux. Defense de sanglier.
Parmi les objets: ceramique primitive poreuse et â lus-
trage noir, dont un fragment presentant des hachures
eroisees, incisees (plus bas, p. 279), doit provenir d'une
couche voisine, plus ancienne; ceramique grisâtre tra-
vuillee au tour; petit tesson taille en forme de disque
(V. p. 316); fusalole noire lustree.
30 5,00 0,80 2,00 Beaucoup de cendre. A mi-hauteur, une couche de
terre calcinee. Au-dessus de la terre calcin£e, un tesson de
vase grisâtre travuille au tour. Au fond, un tesson â
lustre noir et â d£cor lineaire en relief, provenant
peut-etre d'une couche voisine plus ancienne.
31 3,75 1,20 Cendre et charbon. Au fond, les fragments d'une coupe V. lacoupe F,fig.l9.
evasee d'une technique superieure, en pâte rosee, peinte
de lignes rouges (p. 314, fig. 90, 8). La tombe se trouve
â l'extremite E de la tranchee, sous la pente exterieure
de la station.
32 1,00 1,10 Beaucoup de cendre compacte. La meme situation â
l"<-xt ri'iiiii•"- E de la tranchee. Idem.

y) La couche jaune rougeâtre, de 0,40—1,80 m d'epaisseur, presente un renflement en forme de tertre


â l'endroit de l'arete du bord E de la station. C'est le profil d'un vallum en terre glaise, melee de beaucoup
de charbon, de cendre et de debris calcines (fig. 19, v). Sur la partie interieure de ce vallum s'etendent (sur
une long. de 7 m) les debris d'une habitation, formes de petites counhes alternees, de charbon, de
cendre et de bousillage (fig. 19, r). On voit une fosse large de 0,60 m et profonde de 0,50 m, remplie de
cendres et de debris, dans la section, au point s (fig. 19).
La couche jaunâtre y est tres riche en objets bien differents de ceux de la couche inferieure /3. La
ccramique â technique superieure est predominante. Parmi les tessons de vases grisâtres travailles au
tour se trouvent des fragments de gros recipients. La ceramique primitive est representee seulement par
les vases en pâte poreuse. Trăs ubondante la ceramique d'importation et surtout les amphores. Parmi
les autres objets on doit citer des fusaloles, un fragment de vase en verre bleu, une pyramide en terre
cuite, des aiguisoirs, de petits couteaux en fer, un clou â large tete, un eperon (fig. 116, 10), un pendentif en
bronze en forme de grelot (p. 329 et fig. 111, 13), un bout de bracelet â incisions (p. 329 et fig. 108, 11), une
fibule romaine â bouton terminal et â long ressort bilateral et un fragment de miroir en metal blanc.

275
www.cimec.ro
18*
KADll ET KCATKKINA VUI.I'K

d) Lu couche y et le vallum sont recouverts de lu couche noire d, tr6s riche en tciuoignages de vie
humaine, epaisse de 0,40—0,60 m, presentant une forte inclinaison dc l'K u l'O (fig. 19). Au point ( de
la coupe V (fig. 19), on peut voir le reste d'un foyer. Lu cerumique truvuillee u lu muin est u pcine
representee pur quelquea vases et frugments de pftte poreuse. Parmi les uutrcs objets, dcux fruginents
de moulins â bras du type romuin, un uiguisoir en grcs noir. un fragment d'objet en os, une ulcnc «'ii
os et un clou plat eu fer.
e) La strutigraphie de la fouille V finit par la couche vdgetule, de 0.20 m d'epuisseur, la seule qui
couvre toute la pente exterieure du rempart (fig. 19).

Fig. 20. Ceramique de l'âge du bronze et de l'epoque de Hallstatt.

On peut se rendre compte que la fouille F p r e s e n t e en general les mSmes couches que le groupe ZYXif',
sauf les deux subdivisions a" et /?", que je n'ai pas pu distingucr â cet cndroit. Quant ă ln couche a,
elle est encore plus pauvre en elements, qu'on pourrait dater avec precision, que la couche corresjiondante
a' des fouilles ZYXW. La couche /3, bien qu'assez riche en vestiges de vie humaine, ne fournit pourlaut
aucun element â date precise, de sorte qu'elle doit âtre placee dans les piSriodcs Latene II et III
d'apres son analogie seulement avec la couche correspondante fi' du grouj>e de fouilles ZYXW. Quant
â la date des deux autres couches, y et 6, elle se justifie par les elements fournis par celles-ci. Klles sont
de la fin de la periode Latene et du I-er siăcle upr&s J.-C.
K. V.

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I.KS KOIUI.I.KS I)K POIANA

FV. LES O B J E T S T R O U V E S DANS L E S F O U I L L E S

J. Ceramique

A) C E R A M I Q U E DE L'ÂGE DU B R O N Z E E T D E L ' E P O Q U E D E HALLSTATT

Nous placcrons dans ccttc categorie les quelques vases et tessons que nous avons trouves
immediatement au-dessus dc la terre vierge ct qui, compares a la ceramique des couches La-
tene, prâsentent des differenccs remarquablcs. Ils sont travailles â la main, avec soin, en pâte
fine grise, rougeâtrc ou noirc, lustres ct ornes de lignes incisees, qui sont remplies parfois d'une
substance blanche. Les exemplaircs â parois cpaisses et â lustre noir ressemblent beaucoup
par leur techniquc â la ceramique faitc â Ia main dans le Latene II (V. plus bas, p. 282). Pour-
tant, onlcs distingue la plupart des fois par leurs formes et ornements et aussi par l'examen de
la couche qui les contenait. On distingue les types suivants parmi les vases entierement con-
scrves ou dont lc galbe peut ctre complctement reconstitue:

1. Vases â large ouvcrture et a deux grandes anses surelevees. II y en a deux exemplaires entierement
conserves ct deux â demi hriscs (fig. 21, 3, 5). L'un des deux vases est de forme spheroîdale, orne d'incisions
en zigzags (fig. 21, 3). L'autre est conique, en pâte rougeâtre et decore d'une ligne horizontale incisee entrc
dcux series dc trnits obliques (fig. 21, 5), identiques â ceux qui caracterisent la ceramique de l'âge du bronze
trouvce â T i n o s u l ' ) et â Monteoru 2 ) .
Le t y p e de ces vases est l'un des plus caracteristiques de la ceramique de l'âge du bronze dans le
S-E de l'Europe. Tres repandue dans la peninsule Balkanique3), en Pannonie *) et en Dacie,
de inAme que dans le bassin de la mer Egee °), il manque tout â fait parmi les vases de l'Occident
europeen. On le trouve aussi â l'âge du fer dans les regions plus conservatrices, comme par ex. en II-

') R. et. Kc. Vulpe, Dacia, I, 1924, p. 191 sqq. the Br. Sch. at A t h e n s , X X V I I , 1925-26, p. 6 2 , f i g .
et fig. 19, 1—2, 4 — 5 , 8. Le nom provisoire dVreeo- 41, A, 1; B, 5 ; C, 3 et 5 ; W. A. Heurtley, A pre-
lilhique, que, faute d'indications plus precises, nous historic site in Western Macedonia and the Dorian
avions doune a I'cpo^pie de la c^ramique la plus an- invasion, pl. X I V , passim. Pour la Serbie nous pou-
cienne de Tinosul fibid.. f». 193), doit fltre remplacc v o n s citer un prototype de l'epoque eneolithique de-
dcsormais par celui de Vâge du bronze, par analogie corc dc bandes spirales incisees et provenant de
avec la ccramique idcntique trouvee â Poiana avec Kragujevac: M. Valtrovic, Preistorijski sudic, Sta-
des 61ements â date plus precise. rinar, V I I , 1891.
*) La prcmiere etude sur la ceramique de Mon- *) Archaeologiai Erlesito, 1881, p. 202, fig. 5 et
teoru, dont nous avons dejâ remarqu6 la ressemblance 9 ; 1894, p. 67, fig. 3 — 4 .
6
a u x tessons de la plus ancienne couche de Tinosul ) W. DSrpfeld, Troja und Ilion, I, A t h e n 1902.
(Dacia, I, 1924, p. 193), sera publiee dans un nu- p. 263, fig. 1 3 1 ; p. 264, fig. 1 3 5 ; p. 291, fig. 2 0 0 ;
mcro prochuin de la Dacia par M. I. Andrieşescu, p. 301, fig. 215; Chr. Tsountas, Aî TiQo'iaroQiy.ui
qui a e x e c u t c , en 1926 et 1927, des fouilles syst^- 'AxQonoXei' Aifir\viov xai ZtaxXov, Athenes 1 9 0 8 .
matiques dans cette importante station du district p. 134, fig. 3 4 — 3 5 ; p . 136, fig. 3 8 ; p . 140, fig. 4 2 ; p
d<- Huzău. 141, fîg. 4 5 ; W a c e — T h o m p s o n , Prehistoric Thessaly.
a
) Surtout en Macedoine, ou il est en etroite re- Cambridge 1912, fig. 145, e, g ; fig. 1 4 9 ; Ch. Dugas.
lation avec. les vases ă deux anses surelevees du La ceramique des Cyclades, Paris 1925, p . 114, fig. 76.
bassin de la mer E g 6 e ; cf. L6on R e y , Observations Cf. aussi 'E(prj//,SQi<; 'AQyaioloyvxr), 1898, p. 92.
SUT les prcmicrs habitats de la Macidoine, II, Paris fig. 2 0 ; 1899, pl. 9, fig. 2 7 ; 1906, pl. 9, fig. 5 :
1922, p. 196, fig. 15—16 et pl. I V — V ; Stanley Casson, 1908, p. 9 0 ; 1912, p. 1, fig. 15, 1 ; 112, fig. 6 et
Excavalions in Macedonia, The Annual of the Bri- 8. De ce t y p e derivent les xâvftaooi de l'cpoque
tish School at Athens, X X I V , 1919-1921, p. 22, fig. classique: cf. Korsdyke, The poltery called Minyan
16; X X V I , 1923-1925, p. 24 et pL I, d\ Heurtley- ware, The Journal of Hellenic Studies, XXXIV.
Hutchinson, lieport on excavations at the toumbas and 1914, p. 130 et fig. 3.
tahles of Vardaroftsa, Macedonia, 1925-1926, Ann. of

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R A D U E T KCATKRIINA VULPE

lyric, entre ln Suvc et l'Adrintique 1 ). E n Dacie, oîi il fut trouve n Şunţul M n r c - ) , n Vutinu *), ii Mon-
teoru 4 ) , dans l'île de Corbu 6 ) , & Gâmbns •), e t c , il appnrtient ă l'fige du bronze ct uu coiiiiiicncement
de l'âge du fer.
2. Trois ecuelles apluties au rebord retrousse, dont deux un pcu uvuritfes, orntfes d'incisions en zigzag
et de points (fig. 21, 4) ou de cercles concentriques inciscs (fig. 2 1 , 6 20, 2) ' ) . La troisicme, plus petite,
la seulc enticrement conservee, est d^pourvue de toute dccoration (fig. 2 1 , 7 ) .
3. Deux urnes en pâte grisâtrc, dont
l'unc entiere ct l'autre ă rebord casse,
d'une forme curieuse, ayant un gnlbc
recourbe qui presente trois purties piin-
cipalcB, ă savoir: une basc spb6roldale
uplatie, termincc par unc petite bosse,
au-dcssus lc goulot en tronc de cone et
cnfin rouverturc triungulnire, tres ob-
liquc, a petit rcbord r e t r o u s s c L'anse
dcmi-circulairc, simple, reunissant lu
bnse au goulot, cst surmontee d'une
autre beuucoup plus petite qui va ă
l'ouvcrture. L'ornemcntation, pareille ă
ccllc des vases precedcnts, consistc d'in-
cisions: lignes simples parallcles, ligncs
cn zigzag, traits pointilles (fig. 21, 1-2) ct
dcscerclesconcentriques(fig. 2 1 , 2 — 20,4)
Ces vases furent trouvcs avcc l'ecuellc de
]n fig. 2 1 , 6, dans la coucbe a" de la
fouille Z (V. plus haut, p. 268).

Fig. 21. Ceramique de l'âge du bronze. C'est pour la prcmiere foii qu'on
rcncontrc des vases complets de cette
forme8). Cepcndant leur type eHt en
gcn<?ral apparente â la categorie des brocs â bec de la region egeennc 9 ) et de tous les vases â ou-
verture oblique qui caracterisent en premier lieu, â cote des vases contemporains â deux anses, d^crits

') Par e x . â Glasinac, cf. Fiala, Wiss. Mitt. aus p. 4 1 1 , fig. 4—7). D6chelette, Manuel, I I , 1, p. 419
Bosnien u. d. Herxeg., VI, 1899, p. 4 1 , fig. 17; â ot fig. 190, 23, le considere c o m m e une espcce de
Sanskimost, ibid., p . 66, fig. 1 2 ; p . 79, fig. 62, e t c . ; symbole eolairc
â Donja D o h n a , ibid., I X 1904, pl. L X , 2 4 ; etc. ") U n autrc e x e i n p l a i r c plus petit ct â ouverture
'"■) D a n s le B a n a t : cf. Koska Mârton, Dolgozatok-Tra- cassee. trouvc toujours cn R o u m a n i e , â B r a ş o v , est
vaux, 1912, p. 73 et fig. 23, 29 et 65. conserve dnns le musee regionul de cette v i l l c Kn
3
) Archeolog. Ertesito, 1899, p. 165, fig. IV. 28; dehors de R o u m a n i e , on en rencontre seulement de
p. 169 et fig. V, 29 et 33. faiblcs c l e m e n t s d'affinite dans la ccrumique du monde
4
) Andrieşescu, Dacia, III—IV (en cours de pu- egcen, comme par e x . le renflement ('E<pr]fi. ' AQX-I
blication). 1908, p. 5, 1) ou la courbure du goulot (ibid., pl. 5, 2).
D
6) Al. Bărcăcilă, Dacia, I, 1924, p. 285. fig. 143. )Cf. 'Ey. AQX, 1899, pl. 9, 1 — 2 ; 1908, pl. 5, 2 ;
«) Pârvan, Getica, p. 382, fig. 263. 1906, pl. 8, 2 — 3 ; pl. 9 , 4 — 5 , 8, 1 2 ; 'AQXaioloyixbv
") Ce motif est assez commun dans la ceramique \sfatov,I, 1915, p. 6 1 , f i g . 3 ; p . 62, f. 4 ; p. 2 6 3 , f. 2 7 ;
egeenne (Ch. Dugas, La cframique des Cyclades, p. I I I , 1917, p . 155, fig.116, 2 ; I V , 1918, p. 46, fig.1,7—8 ;
16, fig. 4, b', pl. I I I ; Hoernes-Menghin, Urgesch. d. pl. I I I , 1 3 ; p. 53, f. 3 ; naQuQt., p. 19, fig. 4 ; e t c . ; Ann .
bild. Kunst3, p. 331, fig. 7 — 8 ; p. 341, fig. 1—11 of the Brit. Sch. at Athens, X , 1903-04, p. 197, fig. 1 ;
et macedonienne (L. Rey. Bull. d. corr. hell., XL, X X I V , 1919-21, p. 20, fig. 1 3 — 1 4 ; X X V I , 1 9 2 3 - 2 5 ,
1916, p. 279, fig. 1 3 ; Heurtley, Ann. of the Br. Sch. p. 18, fig. 7; X X V I I , 1925-26, p. 27, fig. 2 ; p . 64
at Ath., X X V I I , 1925-26, p . 27, fig. 7 ; pl. X I I I , 31), passim; X X V I I I , 1926-27, p. 183, fig. 3 0 ; pl. X I V
de meme que dans celle des âges du cuivre et du passim; Dugus, La ciram. des Cyclades , p. 27, fig. 7
bronze de l'Europe centrale (cf. Hoemes-Menghin, p. 80. fig. 5 1 ; pl. I, 1.
o. c, p. 327. fig. 6 ; p. 331, fig. 2 — 5 ; p. 3 4 3 , f i g . 3 — 5 ;

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LES FOUILLES DE POIANA

plus haut (fig. 21, .9,5), la c6ramique du S-E europeen dans les dernieres p6riodes dc l'âge du bronze et
meine au commencement de l'âge du fer *). A ce dernier âge appartient une urne de Pateli dans la Ma-
c6doine occidentale, â large panse sph6ro!dale surmontee d'un goulot en tronc de cdne â ouverture oblique
et â petite anse ximple reliant le bord â la panse. urne qui, malgre son galbe droit *), constitue la plus rap-
prochee des analogies que HOUH pouvons apporter, dans l'etat actuel des recherches, â nos exemplaires
de Poiana, qui doivent etrc de la meme 6poque, fait qui va d'accord aussi avec les observations strati-
graphiques (V. plus haut, p. 268).
4. Petit vase fun6raire de forme basse en
double tronc de t-6ne, ă anse brisee, travaille

®£>1^^
en pftte rougefttre lustrle, d6core de legeres
incisions & zigzag (fig. 20, 1- 27, 10). Cette
ornementation, de meme que la forme, rap-
pelle celle de quelques vases funeraires de l'e-
poque de Hallstatt trouv6s â Brezje en Car-
niole et â Statzendorf en A u t r i c h e 8 ) . Notre
exemplaire de Poiana, renfermant de la cendre
et de la terre calcin6e, fut trouve dans la
partie sup6rieure de la couche la plus an-
cienne, de la fouillc (

Fig. 23. Ceramique et epee de bronze de la


I-ere couche de la station («).

Fragments de rebords de vases.


1. Tesson du bord d'un petit vase fin â lustre
noir, presentant le tronţon d'une anse (fig. 23, 6—
2 8 , 1 5 ) . Un tesson du bord d'un vase â deux anses.
decore d'une bande de triangles incis6s, remplis de
hachures, qui s'entrecroisent 4 ) , est represente â la
fig. 23, 12.
Fig. 22. C6ramique de l'âge du bronze. 2. Fragment d'un rebord simple vertical orne
de rainures paralleles horizontales (fig. 23, 18, 20).
3. Fragment du rebord d'une terrine â lustre noir, decoree d'une bande horizontale composee de ha-
chures obliques faites par l'impression d'une corde et remplies d'une substance blanche (fig. 31, 7).
A la fig. 23, 22 il y a un autre tesson decore de la m6me maniere.

') Ec.vVulpe, Considirations sur certaines formes ca- vitr. 62 (Statzendorf) et salle X I I I , vitr. 69 (Brezje).
racttrisant Văge du bronze de VEurope sud-orientale, *) Ce motif rappelle la decoration des vases de
dans lcs Milanges de VEcole Roumaine en France, l'epoque premycenienne de la Mac6doine; cf. L. R e y ,
1929. p. 536 (p. 28 de l'extrait, P a n s 1930). Observ. sur les premiers habitats de la Maced., II,
2
) Cf. Stanley Casson, Macedonia, Thrace and pl. X I V , 9 ; W . A. Heurtley, Early Iron Age Pottery
Illyria, Oxford 1926, p . 156, fig. 63 ft droite. from Macedonia, Antiq. Journ.. V I I 1927, pl. V I ,
^) Au Musee d'hist. naturelle de Vienne, sallc X I I , fig. 5, 1 et 10.

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KADl ET KCATKKUNA VIJI.PK

Fragments provenant dc la panae des vatea.


1. Les tessons d'unc grosse urne en double tronc de conc, au (julbe u cassure, de couleur rougeutre
(fig. 2 3 , 2 1 ; 28, 9 = 37, 3).
2. Frngment d'un vase du type ft deux anses surelevees, decorc de plusieurs scries de traits obli-
qucs (fig. 22. #). motif bien coiinu dans la ccrtimiqiic de l'âgc du bron/.e de Tinosul ') ct dc Monteoru 2 ) .
3. IVagmcnt dccorc de cercles concentriqucs inciscs (fig. 20, .1 22, 7), cotiimc uux vuscs dccrits ploi
haut (p. 278, nos. 2—:»).
Fragmenta provenant des anses de» vasvs.
I. DiffcVentes anscs de vascs du type u deux
uuscs surclevccs. II y en u de simplcs (fig. 23, 72), a
pluquc pour l'uppui du poucc (fig. 20, ■ 22, 1; 22,
10; 23, 4, 23; 28, 70). u proeminence cylindrique (fig.
23, 8. 9), prcscntuut un uiiglc (fig. 23. 24), uplutics
u la partic supcricure (fig. 23, .'î), a cnniiclurcs tor-
dues (fig. 23, 10) 3 ) ct aux cotcs snillunts (fig. 2 2 , 6 ;
2i, 3,13,14, 7 6 ; 28. «. 73).

Kig. 24. Ceramique de l'âge du bronze


e t du Latene II (cat^gorie « 1 ) .

2. Tesson de vase â goulot cylindriquc et u


anse simple, decore de Iignes horizontales et ver-
ticales cn relief (fig. 22, 3) *).
3. Tesson â petite anse demi-circulairc platc
et â lignes horizontules en relief (fig. 22, 2).
4. Tessons â anses ovalcs simplcs (fig. 2 2 , 5 ;
Fip 25> Idem
23,7-2,77; 24,7,4,7). - -
5. Anse de grosse urne â lustrc noir, bifun|uce vers sa base (fig. 20, 3; 22, 7), parcille â l'anse
d'une urne trouvce â Vrebac en Croatie et appartenant au commencement de l'âgc du fer 5 ).
6. Kraginent d'une petite ansc dcmi-circulaire â quatre uretes longitudinules (fig. 23, 7 = 2 8 , 77).
7. Divers fragments de petites anses cylindri(pies u lustre noir (fig. 23, 14-15).
8. Anse demi-circuluire horizontalc u godrons. uppurtenunt u une terrine noire (fig. 38, 9).

') R. et Kc. Vulpe, Docto, I, 1924, p. 191, fig. macedoniennc de l'ftge du bronze: I l e u r t l e y - H u t c h i n -
19, 1—2. 8. son, Ann. of the lir. Sch. at Alh., X X V I I , 1923-26,
*) G. Wilke, Vorgeschichtliche Beziehungen zwischen p. 24, fig. 12, c.
Kaukasus und dem unteren Donaugebiete; ein Beitrag 4
) La m e m c technique se rencontre dans le decor
zum Arierproblem, Mitt. d. anthr. Gesellsch. in Wien. de ccrtains vases mucedoniens de I'âge du bronze -
XXXVIII, 1908, p. 151, fig. 81. ibidem, p. 24, fig. 12, p.
'') On trouve des anses pareilles dans la ceramique 5
) Au Musce archeologique de Zngreb.

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LES FOUILLES DE POIANA

Fragments de bases Je vases.


1. Fragment d'un vase spheroYdal â base rentree (fig. 22, °).
2. Fragments de pieds de vases noirs lustres, â colonnettes (tig. 25, 'i, 9) et â fentes triangulaires
(fig. 25, 6, 12).
3. Fragment de pied de petit vase noir lustre tt cmpattement simple (fig. 25, / / ) .
4. Pointes dc vases lustrcs h base ronique (fig. 25, 5, 10).

Nous dccrirons, parmi les tessons de la deuxieme periode Latene, ceux des fragments â
Iustrage n o i r q u i ne peuvent pas etrc attribues avec certitude â la ceramique de l'âge du
bronzc, et de l'epoque hallstattienne, faute d'elements assez caracteristiques. Nous esperons
que les fouilles de Poiana nous aj>porteront a l'avenir des renseignements plus precis sur cette
importante categorie ceramique.

B) CfiRAMIQUE D E L ' E P O Q U E LATENE

Lefl vases et les tessons appartenant aux dernieres trois couches de la station de Poiana sont
si nombreux qu'ils depassent de beaucoup ce qu'on a trouve dans les stations contemporaines du
Danube inferieur explorees jusqu'ici. Cependant, une classification detaillee, correspondant
d'une maniere absolument exacte aux trois couches. est tres difficile, car il s'agit de divisions
chronologiques trop breves et troj> raj)j>rochees (— de la moitie du Latene I I j u s q u ' a u pre-
mier siecle de notre ere — ) , ayant donc souvent des types communs aux trois couches. D'autre
part, il serait pr^mature d'essayer une classification detaillee de la ceramique Latene de Poiana,
apres une seule campagne de fouilles. A cet egard, il suffit de nous rapjieler combien les rap-
ports entre les couches d'une station sont capricieux et comment on rencontre souvent dans
une certaine couche des objets dont on sait pertinemment qu'ils se referent â u n tout
autre niveau.
Neanmoins, les fouilles de 1927 de Poiana nous ont permis d'etablir quelques precisions
assez imj)ortantes pour la ceramique Latene de la Dacie. Surtout nous avons pu observer con-
s t a m m e n t , entre les couches fi'—fi" et les couches superieures, certaines differences typologi-
ques, dont nous n'exposerons ici qu'une partie, en a t t e n d a n t pour le reste la confirmation
des prochaines fouillcs. D'abord la situation chronologique de la ceramique primitive â lus-
strage noir ou brun, travaill^e a la main et qu'on connaît de Crăsani, de Tinosul et de toutes
les stations contemjioraines de la plaine roumaine, est desormais plus precisement etablie. Elle
appartient seulement â la couche fi —fi'\ c'est-â-dire â l'espace ecoule entre la premiere moitie
de l'epoque Latene II et la derniere moitie du I-er siecle av. J.-C. (V. plus bas, p . 3^5). Elle n'ap-
paraît plus dans les couches plus recentes, y et b. Au contraire, dans ces couches les vases pri-
mitifs, en une pâte impure et poreuse, qui sont assez rares dans la couche fi'—fi", representent
â eux seuls la ceramique travaillee a la main. Quant â la ceramique travaillee au tour, com-
jjrenant, de meme qu'â Crăsani et â Tinosul, les vases indigenes â technique superieure et les
vases grecs ou romains d'importation, elle croît en proportion et en quantite au fur et â
mesure qu'on monte vers la derniere couche, du I-er siecle apr. J . - C , oîi elle est t o u t â fait
preponderante.
Pour suivre ce jjrogres graduel de la ceramique travaillee au tour, correspondant â une
diminution j)rogressive de la ceramique travaillee a la main, nous croyons interessant de com-
parer, d'apres les rapports statistiques des diverses couches, les fluctuations de l'element le
j)lus caracteristiquc de la ceramique primitive, c'est-â-dire la proeminence avec les variations
numeriques de I'element le plus commun de la ceramique superieure, Vamphore.

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RAI>U ET ECATERINA VULPE

Dans notre communication sur h's fouilles de Tinosul ' ) , nous avons deja fait une confron-
tation semblable. INous avons compare le rapport de 160 proeminences pour 90 amphores, con-
state a Tinosul, avec le rapport dc 500 proeminences pour 30 amphores, trouve â Crăsani par
M. Andrieşe6cu, et nous avons explique la difference par le rapport chronologiqiic qui existe
entre les deux stations. Car l'e'tablissement de Crâsani, etant plus ancien, contptait un plus
grand nombre de tessons de cerainique primitive, tandis que la station de Tinosul (dont la
derniere couche date de la moitie du l-er siecle apr. J.-C.) possedc une plus grande proportion
d'amphores importees. A Poiana, station qui a une durec plus grande que les deux autres
ensemble, cette confrontation statistique peut etre faite mctne d'une couche â Tautre, en
observant toujours les memes differenccs numeriques entre les deux cattfgories ceramiques.
Nous donnons ci-apres un tableau graphique des rapports cntre le noinhre des tcssons â proe-
minences et le nomhre des amphores dans les diverses couchcs des fouilles A et /?, tahleau dans
lequel on peut suivre l'evolution progressive de la ceramique superieure de Poiana, correspon-
dant au progres continu des influences greco-romaines sur la rive gauche du Danuhe.

Fouille A Fouille B Total (A + B)


Couche D a t e
procmin. amphorew proemiii. amphorei proeniin. ainphorcs

nv+n 1 5 0 - 5 0 av. J.-C. env. 60 30 61 8 121 38


y 50 av. J.-C. -50 apr. J.-C 16 39 26 19 65
d I—III s. apr. J.-C. env. 0 94 20 12 114

Dans la description de la ccramique de l'6poque Lat^ne, que nous exposerons ci-apres,


nous avons etabli la classification suivante:
a) Ceramique travaillce â la main:
1. Ceramique â lustrage noir ou brun, â pâte raffinee (seulement la couche fi);
2. Ceramique primitive â pâte impure, poreuse (dans toutes les couches Latene).
b) Ceramique travaillee au tour (dans toutes les couches Latene):
1. Ceramique indigene;
2. Ceramique d'importation.

a) C ^ R A M I Q U E T R A V A I L L E E Â LA MAIN

I. Ceramiquv ă păte raffinee

La plupart des vases de cette categorie sont fabriqu^s en une pâte pure, mais parfois assez
mal cuite. Leur surface presente un lustrage noir, plus rarement brun ou rougeâtre. Les formes
sont assez peu variees. De meme, leur ornementation se reduit â de rares procminences ou
â des lignes tracees sur la surface brillante. Parmi les vases entiers, on distingue les types suivants:

1. Urnes funeraires â profil allonge, jiresentant une forme en double tronc de cone. Cette forme rap-
pelle celle de l'urne tellement repandue â Tâge du bronze dans toute l'Europe centrale et en Italie et con-
tinuant aussi son existence pendant l'âge du fer, lorsqu'elle est connue sous le nom d'urnc du type Villa-
nova 2). Les fouilles de Poiana de 1927 nous en ont fourni 4 exemplaires complets (fig. 26, 7, .?, 7-8) et la
moitie superieure d'un cinquieme. Leurs anses, â profil simple et a quatre aretes, presentent quel-
quefois diverses particularites decoratives, comme par ex. une pro6minence pour l'appui du pouce (fig. 26, 3).

1
) Dacia, I, 1924, p. 203 et n. 2. ghin, Urg. d. bild. Kunst ', p. 475, fig. II, 1,3, p. 477,
2
) Cf. par ex. A. Grenier, Bologne Villanovienne fig. 8—10; p. 497, fig. 6; p. 531, fig. 3, 6, etc
et fitrusque. Paris 1912. p. 233 sqq. et Hoernes-Men-

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LKS FOUILLKS DK POIAINA

uiie fcntc triaugulairc et dcs lignes courbes en relief, ideutiques a celles observees â Piscul Crăsani. L'urne
reprfaentee â la fig. 26, 7 ie distinguc pur lu trunsition j>lus attenuee des deux plans de son profil.
2. Urnes funcraires ă j>anse cn double tronc de cflne plus renflee et â long goulot cylindrique. Les anBes
comme au type pr6c6dcnt. Troii exemplaires (fig. 26, 2,9, 11) et la moitie superieure d'un quatrieme.
3. Urnc funeraire â forme spheroldale ă rebords retrousscs, pourvue de deux petites anscs simple»
et d'une base â empattement (fig. 26, 6).
4. Cinq petits vases et un fragment reconstituable d'un
sixicme, tous de caractcre funeraire, fabriques d'une pâte
rougeatre pure et presentant un lustrage presque imper-
ceptible (fig. 27, 1-4). Leur forme rajipelle en general cellr
du type 2 d<scrit ci-dessuB (fig. 26, 2). Pas d'ornements.
5. Pctit vasc noir en forme de douhlc tronc dc cflnc
ujilati, dcpourvu de toute anse (fig. 27, 7). II fut trouvc
dans lu tomhe dc la fouiilc A, rempli de cendre et de
charbon.
6. Pctite cruche grisâtre â goulot tre» etroit, pourvuc
d'une pctitc anse simple (fig. 27, 9).
7. Petit vase â bnse etroite et a ouverture Bimplc

#VA
plus large (fig. 27, 5, invers6).

Fig. 26. Idem.

8. Pot simple â panse legerement


renflee (fig. 27, 77).
9. Petit vase â base large et â orifice
e"troit, pres duquel on voit une longue proe-
minence (fig. 27, 6).
10. Haute terrine, â fond etroit et â
rebords retrousses, pourvue de deux proe-
minences latcrales remplaţant toute autre
sorte d'anse (fig. 26, 5).
10 n 11. Haute ecuelle conique â large ou-
Fig. 27. Ceramiquc de l'âgc du fer, faite â la main. verture, â rebords retrousses et â deux pe-
tites anses simples (fig. 26, 4, inverse).
Vases en miniature.
1. Une nioii ir d'uu exemplaire de 0,07 m de hauteur, imitant les vases du type 4 decrit ci-dessus.
2. Petit vase haut de 0.05 m, imitant la cruche du type 6 d^crit ci-dessus (fig. 64, 3). Le goulot est
coupe apres la cuisson.
3. Deux petits vases hauts de 0,06 m et de 0,035 m, imitant grossierement un rhyton â tete de faucon
(fig. 6 4 , 1 , 10). NOUB avons trouve aussi un fragment d'un autre vase semblable, plus grand.

www.cimec.ro 28.1
Fig. 28. Ceramique de l'âge du bronze et du Latene II (categorie a

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L E S F O U I L L E S I)E P O I A N A

4. Petit vase huut de 0,35 m, imitunt le type 7 decrit ci-dessus.


5. Fragment d'un petit vase a rebords retrousses.

Fragmentă de vase.s.
Fragmenls provenant des rebords des vases:
1. Terrines simples â base plate, spheroîdale ou conique (fig. 30, 5 ; 31, /, 3-6, 11-13). Certains
parmi ces fragments presentent des procminences ou de petites anses sur les rebords.
2. Terrincs de mcmes formes, mais â re-
bords retrouss^s en dehors (fig. 29, 2-4, 6-8;
30, 2). Longue proeminence rectangulaire â
deux saillunts forcs (fig. 29, 8).
3. Terrine» â rebords accuses â l'exterieur
(fig. 2 9 , 10, 12).
4. Terrines â rebords aplatis et retrousses
en dcdans (fig. 29, 11).
5. Terrines et ecuelles â rebords evases (fig.
32, 7, 3). Un de ces fragments presente une
grosse anse plute dlcoree de Htries longitu-
dinales (fig. 32, 1).

Kig. 29. Ceramique lustree faite â la main


(categorie a 1).

6. Terrines et ecuelles â rebords larges, evases, â


angle aigu et de diverses dimensions (fig. 32, 2, 4-6;
33, 1-6). De nombreux fragments, dont l'un presente
un lustrage noir â l'exterieur et rougeâtre â l'interieur.
A mentionner aussi un tesson orne de lignes tracees
ă l'ebauchoir (fig. 33,5), element qui rappelle les vases
gris travailles au tour (p. 296).
7. Terrines â rebords legerement retrousses â l'in-
terieur (fig. 29, 1; 30, J, 3, 5 ; 31, 7, 8, 10-12).
Fig. 30. Idem.
8. Pots simples â parois verticales ou tres peu
obliques, ornes quelquefois d'une proeminence rec-
tanguluire (fig. 30, 4) ou d'une ligne courbe â relief (fig. 30, 8).
9. Pots u punse renflee et â rebords legerement retrousses (fig. 28, 2, 6; 30, 6, 72).
10. Ecuelles coniques â rebords retrousses â l'exterieur (fig. 34, 1-4).
11. P o t s de grundes dimensions â rebords retrousses en angle aigu. U n des fragments est pourvu
d'une anse â quatre aretes (fig. 34,5).
12. P o t s â parois epaisses et â rebords largement evas6s (fig. 28, 4; 35, 1-5), presentant quelquefois
de petites proeminences.
13. \ i-i - â haut goulot cylindrique et â rebords legerement retrousses (fig. 24, 6, 8-10; 34, 6-8)
et quclquefois pourvus d'une petite anse (fig. 24, 7 0 ; 28, 72).

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RADU ET ECATERINA VULPK

Tessons portant des ornements:


Spirale en rclief sur un fragment provenant d'uu grand vase a parois epaisses (fig. 36, 3). Traits -im-
ples en relief. (Fig. 36, 7-2) Prolminences cylindriques, aplaties (fig. 37, 5, 9; 38, 7, 7). semblables â celles

Fig. 31. Ccramique de l'âge du bronze et du Latene II (a 1). Fig 32. Idem.

Fig. 33. Ceramique lustree (o I). Fig. 34. Idem.

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LES FOUILLES DE POIANA

des vases ă pâte poreuse (p. 294 et fig. 4 9 , 4 ) ; prismatiques (fig. 37. 6). rectangulaires (fig. 37,4, 10),
demi-circulaires (fig. 3 6 , 5 ; 37,8), triplees (fig. 37, 2), etc. Lignes en forme de V en relief (fig. 36, 6).
Corne d'abondance en relief (fig. 36, 4). Deux tessons fores apres la cuisson (fig. 38, 2, 4). Les tessons â
pro6minences proviennent en general de vases â parois epaisses.

10 U 12
Fig. 37. Idem. Fig. 38. Ceramique de l'âge du bronze et du Latene II (o 1).

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KADU ET ECATERINA VUI.PK

Fragmcnts d'anscs:
1. Petites anse's simples dcmi-circulaires (fig. 38, 5, 10,13), â bords legereincnt retroussăs (fig. 38, 5)
ou â arete mediane longitudinale (fig. 38, 13), rattachees verticalement au vase.
2. Petites anses simi>lcs (fig. 38, 12), prismatiques (fig. 38, 11) ou aplaties (fig. 38, 8), disposees
hnrizontalement sur le vase.
3. Anses appartcnant a dcs urncs des t.ypes 1—2 ddcrits plus haut ( p . 282 et fig. 24, 2, 3',
39, 7-5, 9-10).
4. Anscs platcs appartenant â des vases de grandes dimensions, dont quelques-unes decorees de can-
nelures (fig. 24, 5 ; 28, 3, 7; 39, 6, 7) ou d'un rec-
tangle rcmpli dc strics â grille (fig. 39, 6*).
5. Anse en angle aigu (fig. 38, 6).

Fragments provenant dcs bases des vases:


1. P o t s â base simple sans c m p a t t e m e n t (fig. 25,
8, 13; 40, 7), quelques-uns dcs fragments appartenaut
â des vases dc grandes dimensions.
2. Vases â e m p a t t e m e n t plat (fig. 40, 2) ou
rclevc (fig. 40, 7, 3 , 5).

f^ ^ *m.

Fig. 39. Ceramique lustr6e (a 1).

3. Vases â grosse paroi, prcsentant unc


concavite â l'exterieur de la base (fig. 40, 4, 6).
i. Vases dcpourvus de la partie superieure
(fig. 98, 2). Ce qui cn reste rappelle les vases du
type 4 decrit plus haut (p. 282 et fig. 26, 2, 9,11).
Fig. 40. Idem.
5. Pieds cylindriques, appartenant â des
vases â lustrage noir (fig. 25, 7, 2, 7; 26, 10).

On remarque en general que de nombreuses formes de la categorie ceramique d6crite


jusqu'ici annoncent dejâ certains types de la ceramique grise travaillee au tour (V. plus bas,
p. 304). On trouve quelquefois meme des tessons de la technique des vases â lustrage noir, qui
trahissent les premiers indices d'un travail maladroit au tour. Nous pouvons a d m e t t r e , avec
une assez grande certitude, que la ceramique grise travaillee au tour est derivee, par une evo-
lution directe, de cette ceramique primitive â pâte raffinee et lustree. C'est par ce passage
direct d'une categorie â l'autre qu'on p o u r a i t expliquer la disparition de la ceramique a lustrage
noir vers la fin dc l'epoque Latene I I I , quand, par contre, la ceramique grise travaillee au tour

www.cimec.ro 288
LES FOUILLES DE POIANA

arrive u soii plus haut developpement. (^uant â la ceramique primitive en pâte poreuse, qui n'a
aucune relation avec les deux autres cat6gories, elle persiste, bien quc toujours en diminuant,
jusqu'â l'cpoque ou finit la station de Poiana, c'est-â-dire jusqu'au I l l - e siecle apr. J.-C.

2. Ceramique ă pâte poreuse


Les vases de cette categorie sont tres nombreux et communs â toutes les couches d'epoque
Latene de Poiana. Cependant leurs types sont moins varies que ceux de la categorie que nous
venons de decrire. Leur technique est tout â fait primitive, restant inferieure meme â celle des
plus rudes recipients de l'epoque neolithique. Leur pâte est impurc, epaisse, poreuse, mal cuite,
travaillec d'une maniere extremement simple et grossiere,
sans aucun souci d'embellissement et de variation des
formes et des ornements, qui sont toujours des plus
simples: des cordons en relief â depressions continues, des
proeminences et des stries. II semble etrange de constater

* • • •

Fig. 41. VuHes faitB â la inain, en pâte poreuse Fijt. 42. Crande urne en pâte poreuse
(cat6gorie a 2). fipocpies Latene et romaine. (categorie o 2).

la coexistcnce de ces vases avec ceux d'une technique superieure et avec les amphores d'importa-
tion. Mais nous devons repeter l'observation que nous avons dejâ faite â l'occasion des consta-
tations analogues de Crăsani, de Coconi et de T i n o s u l l ) , que les vases de cette categorie etaient
cmployes dans la plupart des cas comme des urnes cineraires dans les tombes de cremation. II
s'agirait ainsi d'une tradition rituelle, qui meme apres l'introduction de la technique au tour,
aurait exige des vases fabriques selon l'ancienne coutume. C'est neanmoins une question â etu-
dier. Ces vases n'apparaissent jamais dans les couches anterieures aux premiers vases grecs
d'importation et â l'emploi du tour. Par consequent, la tradition â laquelle ils se rattachent
n'a pas son origine dans les lieux mcmes ou ils furent trouves. Ce probleme ainsi pose devient
tres intcressant meme pour l'ethnographie de la Dacie â l'epoque Latene, mais il ne pourra etre
approfondi qu'apres toute une serie de fouilles et d'etudes faites dans les stations qui pre-

») K. et Ec. Vulpe, Daria. I. 1924. p. 197.

289
www.cimec.ro
19 Ihuin III -IV 1927/9:12.
KADU ET ECATERIINA VULPE

sentent des phenomenes identiques et sur une plus grande aire que celle que nous connaissons
aujourd'hui et qui se limite surtout aux etabhssements Latene de Piscul-Crâsani, de Tinosul
et de Poiana ').
Les vases trouves en 1927 â Poiana, en assez bon etat de conservation, sont tres nombreux,
mais ils appartiennent â un nombre limite de types, dont nous avons dresse la liste suivante:
1. P o t s ă galbe lege-
remcut rcnfle ct â rcbords

/ retrousses, utilises d'habi-

\ - T7>°W tude c o m m c
raires, tout
urnes cin6-
comme
nosul et â < i.i-.ini (fig. 41,
2-8; 4 3 , 7-9, 18;
Ti-

61,2;
6 2 , / ) . II y a 26 pieces
tout entiercs ou trcs pcu
endommagces et 3 frag-
mcnts qu'on pcut aise-
ment reconstituer. 11B sont
de dimensions varices: de
(),09m â 0,42m de hauteur.

Ittfl X
< ' iiiniit' ornements: des cor-
dons identiqucs â ceux
bien connus dc Crăsani et
de TinoBiil (fig. 4 1 , 4-7;
62, 7), des Iignes strieeH
accompagnces de points
(fig. 43, 9), des proemi-
nences de toute sorte,
qualrc par vase (fig. 4 1 ,
2-3,8,18; 6 1 , 2), des inci-
sions en zigzags repctcs •).
des stries horizontales
ou verticales autour du
goulot et des stries en
3
feuillcs de sapin ). Les
vases de ce t y p e n'ont
17 18 10 ^ ~ ^
point d'anse.
Fig. 43. Ceramique en pâte poreuse, faite â la main (catcgorie o 2).
2. Tasses ă large ou
verture, â fond etroit et â anse reliant le rebord â la base (fig. 27, 8; 4 1 , 10-11; 4 3 , 1-4, 10). Idcntique
â celles de Crăsani et T i n o s u l 4 ) , mais plus nombreuses a Poiana quc partout aillcurs. N o u s cn avons trouvc

') On connaît encorc deux stations importantes niauie orientale il n'est apparu jusqu'ft p r l s e n t qu'a
presentant le meme type de civilisation, â Sighisoara Crăsani (Andricsescu, o. c , p. 17, fig. 39) et â Poiana.
et â Zimnicea, mais celle de Sighişoara n'est pas ') Andriesescu, o. c , p p . 44 et 101 et fig. 6 2 — 6 4 ;
encore exploree d'une maniere satisfaisante et les Pârvan, Getica, pp. 189 et 742 et fig. 5 9 — 6 3 ; R. et
resultats des fouilles faites dans celle de Zimnicca E c . Vulpe, Dacia, I, 1924, p. 197 et fig. 25, 9 et 32.
par M. Andrieşescu sont encore inedits. Parmi les exemplcs analogues de Pcpoque n£oli
2
) Cf. Andrieşescu, Piscul Crăsani, en Analele Ac. thique et dc l'âgc du bronze mentionncs pur M
Rom., Mem. secţ. ist., ser. I I I , tom. I I I , Bucureşti Andrieşescu, o. c , p. 44, n. 1, nous p o u v o n s inter
1926 (avec u n resume francais), pp. 63 sqq. e t 106 eq. culer un gobelet de la m e m e forme que ceux de P o
3 iana, dc Tinosul et de Crăsani, trouvc dans la pre
) C'est un motif elementaire de la decoration geo-
metrique incisee de l'Europe â I'âge n e o l i t h i q u e ; cf. micre couche de Kilindir en Macedoine: S. Casson
Hoernes-Menghin, Urg. d. b. K.'\ p. 274, fig. B b. Antiq. Journal, V I . 1926. pl. I X , fig. 2.
Dans Ia ceramique primitive T.atene III de la Rou-

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I,F.S FOUILLES I)E POIANA

27 exemplaircs entier*
•*l d'innouibrables inoi-
ties. Leurs dimensions,
abstraction faite des
cxemplaireB en uiinia-
ture, dont nous allonn
nous occuper plus
bas (p. 293), sont dif-
f^rentcs: dc 0,16 m a
0,14 m de hauteur et
de 0,07 m a 0,25 m de
diametre au rcbord.
(les vases ont d'habi-
tude unc scule anses
uiais il y a aussi dcs
exemplaires qui en ont
deux ou trois (fig. 41,
10-11). Lcs anses de
quclqucs-unsdcs exem •
plaires pluspetits pren-
nent l'aspect d'une
simplc proeminencc
sans trou. II y a aussi
deux exemplaires qui
en «ont enticrcment
dcpourvus, ayant plu-
tot l'air de couvcrcles.
C.omme orucinents: des
cordons en rclicf appli-
ques autour du rcbord
(fig. 41, 10; 43, 3-4), le
long dc l'anse (fig. 41.
10) ou verticalement
sur Ics parois du vasc
(fig. 41, 10), des cor-
dons verticaux â ex-
tremites recourbees et
de» strics profondcs
Slir I .111 .

3. Six pots entiers


de forme simple, â
galbe lcgerement renfle
au milicu (fig. 41, /. 9;
43, 6, 17, 20), parfois
dcpourvus d'anse (fig.
41, 1, 9; 43, 6, 17) ou
meme de tout ornc-
rnent. Les autres sont
ornes de proeminences
(fig. 41, 1; 43, 6, 17)
quelquefois p e r c e e s
et de atries verti-
cales.

291
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KADU ET ECATERINA VIJLPK

4. Vuse nemblable au type precedent. inais â rebord plun elroit et ii une ne.ule proeminence
allongee (fig. 43, 19).
5. l'lus de la moitie d'un vasc tres simple en forme de tronc de cone, sans aucun orncment (fig. 43. 5).

Fig. 45. Idem. Fig. 46. Idem.

Fig. 47. Idem. Fig. 48. Idem.

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LES FOUILLES DE l'OIANA

6. Vase ă large rebord rctrousse, la partie Hupeneure de la panne renflee (fig. 62,3). Sans or-
nements.
7. PluHieurs Hiipports de VHBCB (fig. 43, 11-16). Comme ornements: des cordons continuels (fig. 43,
12-14), dcs briiis de cordons a tete rccourbcc ou de cordons inciscs. Dimensions: entre 0,10 et 0,14 m
de huuteur.
8. Gros fragment appartenant â une terrine plate percee de gros trous (fig. 43, 10). Probablement une
passoire primitive.
Miniiiluns:
1. Imitatiom des vases du type 2 deVrit ei-dessus (fig. 99, 11, 12; 100, 9 , 1 3 ; 129, 8-9). II y en a 18
pieces. Comme ornements: des stries (fig. 99, 11 100, 13), des petits cordons en relief, des cordons â
cxtremite recourbcc (fig. 100, 9). Un exemplairc â deux anses. Les anses sont transformees d'habitude
en Bimplcs procminenccs (fig. 99, 12). La plus petite hauteur: 0,015 m.
2. ImitatioiiH du type 3 decrit plus haut,
mais ă bnsc plus etroite que l'ouverture (fig.
9 9 , 4 , 1 0 , 1 3 , 1 5 ; 100, i , 4, 6, 12, 14). Un seul
cxem|iluirc suns uucun oriicmcnt (fig. 99, 10
100,6), les uutres â 4 procminences') ou â
deux series de cinq prociiiinences groHsicres
(fig. 99, 1 3 = 1 0 0 , 1 4 ) . La phiH petite hauteur:
0,02 m.
3. Imitutionn du ty[>e 1 decrit pluH huut
(fig. 99, 6, 7; 100, 2, 3, 3, 7, 11, 17). II y en a 4
exemplaircH, dont. deux dcpourvus dc tout or-
nement (fig. 100, 5, 7); l'un est â 4 procminences
(fig. 100, 3) ct le dernier est orne de 4 lignes
courbes en relief (fig. 99, 6 100, 2).
4. Mini.it ni ■■ de vase conique â anse ver-
ticale dcpassant le rcbord (fig. 9 9 , 5 = 1 0 0 , 8 ) .
5. Imitations des vases-supports decrits
plus haut au type 7 (fig. 99, 6* = 100,16).

Frafţmrrtls provenartt des rebords des vases:


1. Trcs nombreux ceux qui apparticnnent
aux vases d£crits plus haut au type 1 (p. 290).
Les rebords sont retrouss^s legerement (fig.
45; 47, 2, 5; 48, 3-5, 7, 9; 49, 6; 50, I -4, 61-4 =
Fi
44,1, 4, 16), cn angle obtus (fig. 47, 1,48,1,2, g - 4 9- Idem.
6,8; 5 1 , 5 — 4 4 , 2 , 1 5 , 24) ou aigu (fig. 47, 3-4;
50, 5 " 4 4 , 3, 19). Parmi les ornements, en dehors des cordons en relief (fig. 45, 5-6; 47, 1-3; 48, I, 7-8;
50, 2, 5, 7, 10) et des proeminences (fig. 45, 5 ; 47, 2; 48, 4; 50, I, 6, 9,10), on observe des lignes en relief
(fig. 45, 1,9; 47, 4 ; 48, 2, 6), des alveoles (fig. 47, I ; 50, 14) et des stries variees (fig. 45, 2-3, 8; 50,
7, I I , 13).
2. Frugments provenant des tasses decrites plus haut au type 2 (p. 290). Les memes ornements
(fig- 46).
3. Fragments de vases du type 3 decrit plus huut (p. 291). Les memes ornements (fig. 44, 17; 49,
1-5, 7-8; 51, 1-4, 6-13, 15). Purmi ces tessons, il y en a qui presentent un faible vernis rougeâtre, pro-
duit au moyen du polissoir, mais qui ne peut etre confondu avec le lustrage de la ceramique en pâte
raffince (V. plus haut, p. 282).
4. Fragment de terrine basse et plate â parois tres epaisses (fig. 51, 14 - 44, 22) 2 ).
5. FragmentB de vases en miniature des types decrits ci-dessus aux nos. 1 et 3.

') Exemplcs umilairei â Crăsani, cf. Andrieşescu, -) Une assiette pareille, d'epoque romaine, a ete
i. c . p. 27 sq. et p. 96. trouvee â 8 a s a t pres de Poljne, en Serbie: M. Vasic,
Slarinar, I, 1906, p . 45, fig. 5.

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RADl Kl ECATEHÎNA VULPK

Fragments de paroia de vases:


Trfts aotnbreux ceux appartenunt uux typcs J et 3 decrits plus liaut. Comme ornements: des c«»r-
d(»ns en relief, des proeininences. des incisions et des alvcole» (fig. 52-57). Les cordotiH en relief s(»nt siiuples
ou disposes dc differentes inuiiicres. coninie pur ex. en ligncs doubles (fig, 52, 7, 3; 53, 5-6; 54, /, 9, 11;
57, 4), croisees, perpendiculaircs (fig. 52, 7; 53, 7, 7; 54, 7; 56, 7). en angle uigu (fig. 52. .»; 54, 8), en
guirlandes (fig. 52, 7; 54. 6; 55, 2; 57, 7), en rayons (fig. 54. 7, 70). en ligncs courbes (fig. 52, 10: 54, 2),
en zigzag, en lignes ondulees. IIs sont modclcs aux doigts de plusieurs inanicrcs: en alvcoles continucs.
en petites pyramides, eo petites proe*minences alveolees,
torducs, en pctitcs guirlandes, en depressions rapprochles,
cn scginents rectungiiluircs, ctc. Purmi Ics proeiiiinenecs
nous distinguons les lypea Crâsani ' ) , c'est-a-dirc dc formc
cylindriquc, trai»ucs, siniples (fig. 52, 2; 54, 2, 10; 55, 7:
56, 9; 57, 5, 12) ou alvcolecH (fig. 55, 6,8, 77; 56, / / ;
5 7 , 2 , 6 , 9 / / ) ou marquees d'une croix incisee (fig. 55, 7)
et de forme elliptique, divisees cn trois parties, pui» les
proeminences rectangulaircs (fig. 57, 13). les pctites j»ro-
ciiiinences coniques (fig. 55, 9) et enfin lcs proeininences

13
Fig. 50. Idem.

du type Tinosul 2), c'est-â-dire en forme de


poignees plates et triangulaires (fig. 55, 2-3).
Les stries sont: irregulieres, dans tous les sens
(fig. 56, 7, / / ) , en ligne multiple ondulec
(fig. 55, 72, 75; 56, 5, 9, 70), en zigzag
(fig. 55, 74; 56, 2-3, 8). en fascicules de
traits paralleles (fig. 56. 6, 8) et en combi-
naisons de lignes en zigzags, horizontales et
verticales (fig. 56, 2-3). Tous ces motifs se
trouvent aussi combines sur le meme vase.
comme par ex. des proeminences avec des
cordons en relief (fig. 54, 7, 8, 10; 55, 7-2;
57. 77), des proeminenees avec des stries (fig. 56, / / ) . des stries avec des cordons en relief (fig. 55, 15;
56, 4-5), des proeminences avec des alveoles (fig. 55, 5) et des proeminences avec. des stries et des
cordons en relief (fig. 56. / / ) .
Anses:
1. Simples. demi-circulaires, verticales (fig. 58. / , 2, 4-6).
2. Un grand nombre d'anses provenant de tasses du type 2 deerit |»Ius haut (p. 290). La plupart prc-
sentent des saillants aux extremites, ce qui [irouve que les anses etaient fabriquces separement pour
etre appliquees ensuite uu vase (fig. 58. .'/, 7-9, 12-13).
') Andrieşescu. o. c, pp. 17 sqq. et 102 et fig. 93 I I."». »)R.et Ec. Vulpe, Daeia, 1. 1924. p. 195 et fig. 22.6 et 26.

www.cimec.ro ■291
LES F O U I L L E S D E POIANA

Fragments provenant des basea de va$es:


1. Tesson de bases simples provenunt des vase» des types 1 et 3 (fig. 58, 7 / , 18; 59, 5-9) decrits pJus
huut (p. 290). Un de ce» fragments appurtient â un grand vase, dont le fond mesuruit 0,18 m de diam.
Un autre fragment a lu base percee comme les pots â fleurs modernes (fig. 59, 5) ').
2. De nombreux tessons provenant des vnses du type 2 decrit plus haut (fig. 44, 20; 59,3,10). L'un
de ces tessons a deux unscs (fig. 59, 3).
3. Frngment provenant d'un vase du type 5 dccrit plus haut (p. 292).
4. Divers fragments de vases â base â cm-
puttement (fig. 4 4 , 2 1 , 23; 58, 70, 74-75; 59, 7 , 4 ) .
5. Frugment de vasc u pied (fig. 58, 76),
peut-fitre d'un support du type 7 decrit plus
haut (p. 293).
6. Frngments de bases de miniutures des
types 3 et 5 decrits ci-dessus (p. 291).
7. Tesson plut, epais de 0,025 m (fig. 59, 2).
II est difficile de savoir s'il fait partie de la buse
d'un vnse. Nous avons trouvc un exemplaire
similuire â T i n o s u l 2 ) .

Fig. 53. Idem.

b) CERAMIQUE TRAVAILLEE AU TOUR

1. Ceramique indigene
Les vases de cette categorie se caracte-
risent par leur pâte fine, solide, tres bien
cuite, de couleur grisâtre, plus rarement rou-
geâtre, travaillee avec une grande habilete.
Leurs formes soignees et en grande partie
imitees des vases grecs ou romains d'impor-
tation, sont assez variees. Ils sont de dimensions diverses, allant des plus fines miniatures
jusqu'aux grandes amphores et hydriae. Les ornements sont assez limites: des traits

') On a trouve des vuses presentunt lu m6me par- laquelle I'âme prend Ia forme d'un serpent pour
ticularite en Bulgarie, ou ils etaient employes comme sortir de l'urne. Cf. Izvestija, Bullet. de la Soc. arch.
urnes funcraires, cc qui u dctermine M. G. Kazarow â hulgare, V, 1915, p. 19.
les mettrc cn rupport nvec la croyance thrace, selon *) Dacia, I, 1924, p. 198.

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RADl ET KCATKIUNA VlW'i:

horizontaux ou verticaux, des figures fţeometriques et des lignes oiidulces, incisccs on plus
souvent imprimees â l'ebauehoir apres la cuisson. C'est une tcclmiqiic orncmcntalc qu'on a

l'ig 57. Idvi

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r,Ks F O I U L L E S DK POIANA

dejâ observec â Tinosul et â M â n â s t i r e a ' ) , mais qu'on n'a pas trouvee â Piscul-Crăsani et â
Coconi. Les proeminences sont tres rares aux vases de cette categorie et ont toujours i n
caractere purement utilitaire. On doit observer que les vases des couches plus anciennes
ont une couleur grise noirâtre et qu'ils deviennent plus clairs â mesure qu'on avance dans
les couches supcrieures. Nous devons remarquer de raerae que les vases de grandes dimen-
sions apparaissent seulement dans les couches les plus r6centes.
Lcs vases entiers sont en petit nombre.
P a r contre, les grands fragments, qui permet-
t e n t la reconstitution des vases, sont tres
nombreux. Nous en distinguons les types
suivants:

1. Forme biconique semblable en general â


celle du type 1 des urnes travaillees â la main
et & lustruge noir (p. 282) au nombre de 9 e x e m -
plaires de t o u t e s les dimensiona: de 0,08 m jus-
qu'â 0.30 m de hauteur (fig. 6 0 , 1 - 4 , 9 ; 128, 1-2).

Fig. 59. Idem.

Ils ont une seule anse simple. Comme orne-


ments, des traits verticaux luisants, traces â
l'ebauchoir sur la partie superieure de la {>anse.
2. Forme biconique basse â goulot cylin-
drique et â anse simple (fig. 60, 75), analogue â
celle du type 2 des urnes primitives â lustrage

M J0 noir (p. 283). II y en a 2 exemplaires de 0,09 m

de hauteur. Ornements comme au


cedent.
type pre-

3. Cruche â panse large et â goulot etroit


(fig. 60, 5), semblable au type 6 des vases pri-
mitifs u lustrage noir (fig. 27, 9).
4. P e t i t vase biconique assez large, â deux
S ■implei et ornt' dc stries verticales, polies, tracees â l'ebauchoir (fig. 60, 10).
Petit vase pareil, dont la partie superieure est tres basse (fig. 60, 14).

l
) R. et Ec. Vulpe, Dacia, I, 1924, p. 201 sq. et dans la Transylvanie orientale: Pârvan, Getica, fig.
fig. 28, 5, 7, 1 0 ; Gh. Ştefan, Dacia, I I , 1925, p. 396 411; 434; 451; 4 5 3 - 4 5 4 .
et fig. 9 ; 10; 12. La ineme technique se rencontre

www.cimec.ro 297
KADl KT ECATERLNA VliLPE

(>. Large» tasses cylindriques â bord legcrcment retroussc et îi une seule anse simple (fig. 60, 11-12).
Dimensions: entre 0.08 et 0.13 m de huuteur. Ornements lincuires polis u l'ebauchoir.
7. Tasscs semhlubles aux preccdcntes. muis u purois legcrcinent obliques (fig. 60, 13) ' ) .
8. Gros' recipient â panse renflec. au rehord largement retrousse et A dcux proemincnces (fig. 62, 4).
Ornements luisants: dcs ligncs horizontalcs simplcs alternant uvec des zigzags. Cc type est analogue
â ceux de la ccramiquc lustree faite â lu muin (p. 285).
9. Ecuelle au fond co-
nique, ;i c m p a t t e m e n t presen-
i.nit deux troui fuits apres lu
cuisson (fig. 60, 6). Ornement
luisant: rayons obliijues sur
rintericur du fond.
10. Ecuelle semblable,
ni.ii-.iii fond arrondi.
11. Ecuelle semblable â
rebord legerement retroussc
(fig. 80,5). Ornement siui|>le
luisant.
12. Ecuelle sembluhle.
mais un peu plus haute, u
rebord legerement retrousse
et decoree de lignes luisantes
faites â l'cbuuchoir (fig. 60, 7).
13. Grande ecuelle [)lus
haute que la precedente,
uiais assez ressemhlante,
pourvue d'une petite anse
demi-circulaire, posee sur le
rebord (fig. 6 1 , 1). Ce type se
trouve «l.in- la ccramiquc
primilive lustr^e (p. 285).
. y 14. Grandes coupcs <\
pied 6levc et â rebord lar-
gement evase (fig. 128, 4,6-7),
tres imiiMiim iiniii rencon-
trees dans la ceramiquc des
stations Latenc de la Dacic '-).
12 <*
13 14 Le premier exemplaire abso-
Fig. 60. Vases grisâtres travailles au tour (categorie b 1). £ p o q u e s Latene lument complet a et6trouv£ â
et romaine. Poiana (fig. 128, 4). Presque
tous les exemplaires de cettc
station sont decores de lignes horizontales et de traits rayonnants lustres â T^bauchoir (fig. 128, 4, 6-7).
Ce t y p e , dont l'origine remonte aux vases en metal de l'epoque Hallstatt 3 ) et â certains vases en terre

l
) Exemplaires semblables en Transylvanie, â Si- Dacia, II, 1925, p. 393 et fig. 7: 18, 19, 2 5 ; â Tinosul
ghişoara (Pârvan, o. c , p. 579, fig. 418) et en Bul- R. et Ec. Vulpe, D o c i o . I, 1924, p. 198 sq. et fig.
garie, a Kadine Most (Ivanov, lzvestija, I, 1910. 25: 6—7, 1 0 ; 2 7 ; 3 — 4 ; 2 8 : 5, 7, 1 0 ; 2 9 ; 3 2 ; â Si-
p. 187, fig. 50). ghişoura, â Zimnicea, â Sânzieni, ă Chepeţ, â Co-
'-) A Crăsani: Andrieşescu, pji. 50 sqq., 58 sq., malău, â Dalnic, â Olteni. ă Cernat, â Pecica: Pârvan,
103 sq. et fig. 116—126, 128—129, 1 3 8 — 1 4 1 , 148, o. c , p. 582 sq. et 792, fig. 4 4 3 — 4 4 8 , 4 5 0 — 4 5 7 , 458
1 5 3 — 1 6 5 ; Pârvan, Getica, pp. 199 sqq. et 742 et fig. et pl. X X X I X , 2.
3
8 7 - 1 2 2 ; — â Coconi: R. Vulpe. Bul. Com. Mon. ) R. et E c . Vulpe, Dacia, I, 1924, 'p. 199 et n. 4 ;
Istorice. 1924. fasc. 3 9 : â Mânăstirea: Gh. Stefan, Pârvan. Getica, pp. 583 sq. et 792,

www.cimec.ro 298
L E S F O U I L L E S l)E POIANA

cuite dc 1H Grece archai'que ' ) , qui â lcur tour se rattachent â la tradition des coupes â pied eleve <le
l'âge <lu bronze <lu S-E de l'Europe *), n'a persistS jusqu'â l'lpoque Lutene que seulement daoa !<•

ltpoque romaine t) ' 8 Q 10


Fig. 64. Petits vases en miniature. fipoques Latene et romaine.

') ' AQ%aioXoyixri 'Efprjfieglc;, 1890, pl. 6, fig. 6 ; *) Les relations entre les vases Latene â pied eleve
1906, p. 83, fig. 13; 'AQ%a.lokoyixdv AeXxlov, I. de la Roumanic avec les vases similaires de l'âge du
1915, p. 78, fig. 15; II, 1916, pl. 7, fig. 6 2 ; p. 205, bronze et meme de l'epoque eneolithique de l'Europe
l'ig. 2 4 ; III, 1927, p. 240, fig. 172; Hull. de corr. rentrale, ont ete dejâ remarquees par I. Andrieşescu,
hell., X X X I V 1911, j». 417, fig. 7 9 ; Ann. of the Brit. Piscul Crăsani, pp. 51 sqq. et 103 et par Vasile Pârvan,
Sch. at Athens, X I V , 1907-1908, j>. 32, fig. 2, / ; p. Getica, p. 583 sq. IN'ous ajoutons qu'â l'âge du bronze
36, fig. 4 ; j>. 41, fig. 7; p. 45, fig. 10; p 47, fig. 8; on trouve des vases similaires tres rapproches â ceux
X V , 1908-1909, j». 25, fig. 3, p; p. 150, fig. 15; p. 156, cites de Crăsani, de Tinosul et de Poiana, en Grere
fig. 1 9 ; X V I I 1910-1911, pl. X V I I , fig. 50 et pl. X V I I I , et en Macedoine: Ann. of the Br. Sch. at Athens, XVII,
6 7 ; X X I V 1919-1921, p. 111, fig. 2 ; X X V I I I , 1926- 1910-1911, pl. VII (epoque minyenne) ; XXVIII,
1927, p. 63, fig. 7; p. 79, fig. 19; Journ. ofHell. studies. 1926-1927. p. 181, fig. 28. 5.
X I , 1890, p. 17», fig. 1, pl. V I I .

www.cimec.ro 299
KADli I.T E C A T E R I N A VULPE

btissin infcrieiir du Danube, c'est-â-dire duns le monde gctc, ou il nrrive il uuc expunsion coiisidcriihlc. ctiinl
representc en nicsurc cgnlc dmis ln ccriuniipic primitive lustrcc ct dana ln ceramîque grise. tnivnillcc RU tour.

Fig. 65. Couvcrcles de vases grisâtres d'epoquc Fig. 66. Ceramiquc grisatre travaillee au tour
romaine. (categorie b 1). Fpoques Latene et romuine.

Fig. 67. Idem. Fig. 6R. ldem.

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L E S F O U I L L K S l)K POIANA

15. Casserole sphiroldale â empattement et u petite gargouilie pres du rebord, sur lequel s'appuient
les deux extremites d'une unse rappeluht cclle d'une corbeille (fig. 60, 8). Les deux bouts de cette anse
sout marques par trois proeminenc.es trapues. Ornement: groupes de hachures luisantes.

Miniature»:
1. Petit vaBe biconique rougeâtre, de 0,04 m de hauteur, sans anse (fig. 64, 4).
2. Petit pot sans anse, de 0,03 m de huuteur (fig. 64,8).
3. U n e moitic d'un petit vase du type 4 d6crit ci-dessus (fig. 64, 7).

Couvercles:
Ces objets accessoires (fig. 65 ; 79, 1-4, 12),
sont de dcux formes: plutes ou coniques, ces der-
nieres <;tant plus c o m m u n e s . Comme dimensions
ils varient de 0,03 m â 0,25 m de diam. N o u s
avons trouve un seul exemplaire, depourvu de
rebord pour le fixer au vase auquel il appar-
tient (fig. 79, 3 — 6 5 , 4). II y a aussi un fragment
• 111 î presente d e u x trous faits apres la cuisson
(fig. 65, 10). Coinme ornements ces couvercles

presentent des lignes simples ou ondulees, lui-


santes (fig. 65, 14-16: 7 9 , 1 , 1 2 ) ou des plis ho-
rizontaux produits dans le galbe meme de
l'objet pendant le travail au tour (fig. 65, 2-3, 6',
79, 2).

Fragments de rebords de vases.


1. Tessons appartenant â des vases du t y p e
1 decrit plus haut (fig. 66, 3, 5, 7, 8,10-12,14-16).
Sur un fragment on peut observer un ornement
luisant trace â l'ebauchoir, en forme de petite
branche de sapin (fig. 66, 7). C'est un motif qu'on a trouve trcs souvent â Poiana, dans la ceramique
primitive en pâte poreuse contemporaine, ce qui nous fournit encore un argument pour affirmer le
caractere indigene de la ceramique grisc â techni<pje superieure que nous decrivons ici.
2. Tessons de vases du type 2 decrit plus haut (fig. 66, 1-2, 6). A un de ces fragments le raccordement
de l'anse au rebord du vase est marque par une courte saillie horizontale (fig. 66, 9 = 18, 8).
3 . Frngment d'un goulot long et etroit (fig. 66, 4), semblable â ceux des vases du type 3 decrit plus
haut (p. 297). Le rebord est fortement retrousse et tres cpais.
4. Tessons de vases du type 4 decrit plus haut (fig. 66, 15).

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KADU ET ECATEKUNA VULPE

5. Fragineut de pelil \ u*e de forme voiiine n «elle du type 5 dccril plus lniut (p. 297).
6. Tessons de vases appartenant au type 6 (fig. 66. 1.1, 17; 67, 1-7). Urande richesae d'ornements
lineaires. luisants. Un frugiiient perce de deux trous fuits apres la cuisson. Un frugment uppartenunt a
un vase de ce type. mais dont le rebord est sepure de lu punse pnr un goulot tres bns (fig. 67, 2).
7. Tessons se rupportant â des vases du type 7 (fig. 67. 8).
8. TesHons de petites tnsses cylindriqucs. semblubles uux vuses des types 6 et 7 decrits plus huut
(p. 298), niuis plus trapues (fig. 67, 13). Orncs de lignes verticales, liiisautes, tracSes ă l'cbauchoir. La petite
anse qu'on observe â certuins de ces vases et qui
presente un profil en angle aigu, est reproduite d'apres
celle des petites tasseH rouges de provenunce romaine
(V. plus bus, p. 313).
9. Tessons de vases sphcrolduux (fig. 67, 10-12.
14-15; 74. 9; 78, 11, 27; 79, 17), dont les petites anses
sont, soit pnreilles a cclles du type precedent, soit sur-
montees d'uuc plaque suillunte comiiie duns Ics vuses du
tresor de Boscoreulc (V. plua bus, p. 313). Dani tous les
deux cas ces anses prouvent que le type, dont nous nous
occnpona, a son origine dans lu ceramiquc d'importation.

Fig. 71. Idem.

10. Tessons de petites casserolea spheroK-


dales, trapues (fig. 67, 9).
11. Tessons de vases spheroldaux au re-
bord retrousse, ornes de lignes luisantes, dont
la plupart ont servi de passoires (fig. 68, 1-4,
6, 8-9; 74, 7; 79, 6).
Fig. 72. Idem.
12. Fragment d'e>uelle sphcrol'dale sem-
blable â celle du type 10 decrit plus haut (fig. 68, 7).
13. Fragment de terrine tres epaisse (fig. 68, 10 78, 26).
14. Fragments d'ecuelles â rebords bas et simples (fig. 69, 1-2, 8).
15. Fragmcnts d'ecuelles du type 9 (fig. 69, 3-4).
16. Fragment d'assiette tres fine, d'un beau lustrage gris, â rebord tres peu eleve (fig. 69, 7).
17. Tessons d'ecuelles â rebord legerement retrousse (fig. 69, 5, 6; 70, 8-10 ; 74, 7, 6, 8, 10-12;
78, 12, 16, 18, 20, 22). Ou observe â un fragment une anse horizontale comme aux i ' in II. - de la
ceramique primitive lustree (fig. 69, 6).
18. De nombreux tessons d'ecuelles du type 11 (fig. 69, 9; 70, 3, 5-7, 11-12; 78, 5).
19. Fragment de terrine â rebord evase obliquement (fig. 74, 3; 78, 19-24).

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LES FOUILLKS |)E POIANA

20. Fragments de grosses ecuelles du type 13 (fig. 75, 7)


21. Fragment de vase du type 12 (fig. 7 3 , 7 ;
78, 3).
22. Les fragmcnts BC rapportant aux coupes
cVasees du type 14 decrit plus haut (p. 298) sont
les plus nombreux de toute la ccramique grisc
trouvee â Poiana. NOUB en distinguons cinq va-
riantes selon la forme du rebord: a) â bordure
large et oblique (fig. 70, 4 ; 7 1 , 3 ; 7 4 , 2 ; 78,22;
79, 73), c o m m e dans les t y p e s analogues de la ccra-
mique primitive lustrce (p. 2 8 5 ) ; b) â bordure sem-
blable, mais presquc horizontaic (fig. 70, 7 ; 7 1 , 1 ;
74, 7 6 ; ) ; c) â bordure plus etroite, repliee en angle
droit (fig. 7 1 , 2, 4 ; 7 2 , 7 ; 7 3 , 4-5, 7 ; 75, 2 ; 78, 7 5 ;
7 9 , 5 ) ; d) â bordure pareille, mais avec une arete
prononce>, tournee vers l'interieur du vase (fig.
70, 2 ; 72, 7 - 6 ; 73, 2 , 6 ; 78, 2 3 ; 79, 7 6 ; 80, 4) et e)
a bordure tres 6troite (fig. 73, 3 ; 78, 73). Toutes
ces variantes prcsentent le meme ornement: des
lignes luisantes tracces â Tcbauchoir. La variante
d est la plus caracteristique et la plus frequente
dans toutes les stations Latene que nous connais-
sons jusqu'aujourd'hui dans la plaine roumaine. Un
exemple interessant du rapport de succession di-
Fig. 73. Idem.
recte qui relie cette ccramique grise travaillce au
T <®^7^fi'?!.'.'///.(lL'.'.'('/l|jWl!!ll

F i g . 74. Idem

www.cimec.ro 303
HADH KT KC.ATKHIINA VHI.PK

tour â la reramique primitive lustree, rapport signulr [>ur DOUS plus liuut (p. 2<iH). uous est fourni par iin
tcsson de la variante (/, en m t m e piite et de la meiiic
couleur, mais travaille' selon l'ancienne technique:
c'est-â-dire faconnc u lu iiiuiii ct lustrc au polissoir.
I.es traces du tour y manquenl completement.
23. Tesson de vase coni([iie au gulhe rectilignc
et iiu rebord retrousse et perfore apres la cuisson.
24. Tessons de vases de forme sph6ro!daIe du
type 15 dccrit plus haut ou trcs peu diffcrcnts (fig.
75, 3-7; 7 6 , 1 - 3 , 5 ; 79, 7 , 1 5 ; 80, 3). Ornements linea-
ires luisants, dont nous rcuiarqiions une bande
remplie de hachures croisces (fig. 75, 3).

25. Fragments de guulots ctroits â rebord en


l'oriiK' d'cntonnoir (Fig. 7 6 , 4 ) .
26. Fragments dc gouluts ctroits â replis ver-
ticaux pour fixer le couverclc (fig. 76, 8, 10; 79, 8)..
27. Fragments de gros vases â parois ^paisses
jusqu'â 0,02 m, de formes rappelant cclle des vases
du type 1 dec.rit plus haut (p. 297) ou ayant des
rcbords trcs cpais (fig. 74, 20; 76, 6-7; 7 7 ; 78, Z, 4, 7,
P, 10,17; 7 9 , 1 0 ) . Kcs orncments consistent de lignes
horizontales luisantes ou dc plusieurs ligncs ondu-
lees, tracees â l'uide d'un pcigne.

Fragmentg de panaea.
1. Vases du type 1 decrit plus haut (fig. 78, 6).
Fig. 76. Idem. Ornements luisants (fig. 81, 6).
2. Tessons de vases du uicme type, mais beau-
coup plus grands. Ornements: lignes luisantes (fig. 8 1 , 4 ) ou incisions ondulces tracees â l'aide d'un
peigne (fig 8 1 , 7 , 2 , 5 , 1 2 ) .

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LLS FOUILLES DE POIANA

3. Vases du type 2 (p. 297). Sans ornement».


4. Vases du type i. Ornements luisants: lignes verticales.

Kig. 78. Idem.

5. Fragments de passoires du type 11. Ornements lineaires luisants (fig. 81,9). Un fragment de pas-
soire cylindrique, etroite, au fond plat (fig. 8 0 , 6 = 8 1 , 7 ) .

305
www.cimec.ro
20 Doeia III—IV 1927/932.
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www.cimec.ro Fig. 79. Idem


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KADU ET E C A T E R I N A VULPE

6. Coupes 6vas6es (p. 298, ao. 22).


7. Tessons de tubes cylindriques a gargouille (fig. 78, 2 = 8 1 , 15-10), rappelant les vases du type 15.
8. Tessons de gros vases a parois cj>aisscs. Ornemcnts: plusieurs lignes ondulccs, incisle? a I'aide
d'un peigne (fig. 82).
9. Fragment de panse d'un vase spheroTdal, en pâte fine, grisâtrc, idcntiquc a celle qui caracterise
la ceramique dont il est question, mais travaillee tres grossierement, sans aucune tracc de tour et presen-
tant une procminence pointue .i eotc d'une proeminence trapue, percee d'un petit trou cntoure d'un cercle
incisc non loin de qticlqucs strics paralleles, ainsi que
de quelques petits triangles excises (fig. 79,11 8 1 , 13).
C'est un tesson tres curieux, qui dans une pâte â tech-
niquc sujierieure rapj>elle toutcs les caracteristiques de
la ceramique traditionnelle, en c o m m e n ţ a n t par l'âge
du bronze ') et jusqu'aux pro^minences trapucs de
l'epoque Latene. Nous ne j>ouvons pas encore nous
^^ jirononcer ă son sujet.

Anses:
1. Anses verticales, j>lates, en forme de signe
d'interrogation, appartcnunt surtout aux vases du
tyjie 1 (fig. 80, 9; 83, 3, 7-8, 10-11, 14, 17).

Fig. 81. Ceramique grisâtre travaillee au tour


(categorie 6 1). E p o q u e s Latene et romaine.

2. Petites anses demi-circulaires ou rectan-


gulaires des vases des types 6 et 7 (p. 2 9 8 ;
fig. 83, 2, 9,12).
3. Petites anses simples appartenant â des
vases du type 5 (fig. 83, 1).
4. Petite anse du type Boscoreale (p. 313)
appartenant â un vase du type 2 (fig. 79,
7 7 = 8 3 , 6).
Fig. 82. Idem.
5. Anse plate de gros vase spheroYdal
(fig. 8 3 , 5).
6. Anse cylindrique, demi-circulaire, simple, disjiosce horizontalement sur un fragment de gros vase
spheroldal en pâte noirâtre (fig. 83, 4).

l
) Le cercle â petit trou central se retrouve â Poiana rope: cf. Dechelette, Manuel, I I , 1, j>. 379 sqq., fig.
dans les vases de l'âge du bronze et d u c o m m e n - 1 4 9 — 1 5 1 ; V. Christescu, Les stations prihistoriques
cement de la periode Hallstatt decrits plus haut du lac de Boian, Dacia, I I , 1925, j>. 264, pl. V I I I .
(p. 278). Les petits triangles excises caracterisent une 7, 1 3 ; pl. X .
categorie de la ceramique de l'âge du bronze de l'Eu-

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»

LES FOUILLES DE POIAKA

7. Anses longucs, rectilignes, semblablee â celles des amphores et presentant des formes differentes:
plate ă quatre nrfltes, â trois verges cylindriques unies, â trois verges cylindriques, dont celle du mi-
lieu est tordue (fig. 83, 16) et enfin n deux verges tressfes entre deux baguettes cylindriques rectilignes
(fig. 8 3 , 7 5 ) ' ) .
8. Anse rougeâtre reotiligne consistant d'unc verge prismatique tordue (fig. 83, i 3 92,10).
9. Fragment d'anse simplc de petite amphore ocre-rougeâtre.

Bases:
1. Bases plates sans empattement (fig. 78,2.5; 84, 32). Bases plates â empattement tres peu eleve
(fig. 8 4 , 1 - 4 , 1 3 - 1 4 ) . Bases plates â empattement
identique, trcs richement dccorees de cercles,
de hachures et de zigzugs luisants, appartenant
â des ccuelles (fig. 80, ,rt; 8 4 , 6 , 7 7 ) . Quelques-
unes sont percees fl'un trou fait apres la cuis-
son (fig. 84, 3).
2. Bases platee et larges â empattement
large et tres peu eleve, appartenant â des ter-
rines d'une execution tres fine et decorees de
eerclei luisants (fig. 80, 2^ 84, 5).

3. Pieds â empattement peu eleve (fig. 84, 9,


70, 7 3 , 7 4 ) .
4. Fond conique d'un vase brun-rougeâtre (fig.
84, 8) rappelant les amphores grecques.
5. Calottes de passoires (fig. 81, 8, 10-11,
14).
6. Bases de tasses cylindriques du type 6 (fig.
84, 7,; 8 5 , 2 ) , identiques aux bases decrites ci-dessus
Fig. 83. Idem.
aux types 1 et 3.
7. De nombreux pieds de coupes evasees du type 14 (p. 298), cylindriques, vides et â empattement
concave (fig. 85, 7, 3-6*, 10-11). Presque tous sont decores de lignes horizontales luisantes (fig. 8 5 , 7 , 5 ,
77; 128, 3 , 5). La cassure de quelques-uns de ces pieds presente des stries de soudure (fig.

l
) Une anse pareille se voit sur un gobelet en ar- en Bulgarie, Sofia 1925, p. 19, fig. 14. La replique
gent de Vărbitza en Bulgarie, ceuvre grecque du ceramique de Poiana est certainement plus recente.
I V - e — I l l - e s. av. J . - C , cf. B. Filovv, 7,'nrf antique

www.cimec.ro 309
ItAIU' I I i:CAI ERIN \ VULPE

7 9 , / / 85, 10), ce qui prouve qu'on les fnbriquait scparcmcnt pout lcs appli({ucr cnsuite aux coupcs
cvasees auxquellcs ils appartiennent.
8. Bascs a cmpatteniciit. pcu eleve\ appartenant a dcs vascs dc grandes dimcnsions.
_^ 9. Base cylindrique plate sans empattemcnt,
d'une amphorc grisâtrc d'execution indigcne, d'aprcs
le modclc des nmphores grecqucs (fig. 85, 9).
10. Fragmcnt dc la base d'un gobclct cn pâte
grisâtrc, decore dc roscttes estampces cn relief (fig. 91,
2), rappclant Ies coupes dclienncs bien connucs â
ornemcnts cn rclief'), qu'on fabriquait aussi en Dacie,
coinmc lc prouvent les fragments de moules & dccor
cn creux trouves â Crăsani z ) et mfme ă Poiann (V.
plus bas, p. 317).

2. Ceramique d''importation

Dans cette derniere categorie nous com-


prenons l'enorme q u a n t i t e de fragments d'am-
phores trouves â tous les niveaux et les dif-
ferents tessons de vases rouges â technique
raffinăe, bien differente de celle de la categorie
prec^dente et que nous avons trouves sur-
t o u t dans les deux dernieres couches de Po-
iana, V et V I (~y et (5, V. plus b a s , p . 345).
n
Fig. 85. Idem.

a) Vases de grandes dimensions

1. Nous n'avons trouve aucunc am-


phore absolument enticre â Poiana ct
celles qui sont prcsque complctes sont cn
trop petit nombre. Par contrc, j)armi
les innombrables tessons, il y a bicn dcs
fragments faciles â reconstitucr. Parmi
les amphores presque completes, ă men-
tionner un exemplaire d'une grandcur

(#1
moyenne, d'une pâte jaune rougeâtrc,
â base conique, terminee par un trcs
petit empattement, â goulot ctroit ct â
anses simples (fig. 86, 1, 4).
Parmi les plus grands fragments nous
citons ceux de deux amphorcs dc grandcs
dimensions (env. 0,40 m de diam. au Fig. 86. Ccramiquc d'iinportation (categoric b 2).
milieu), de couleur rougc amarantc ou Epoques Latene et romainc.
carmin.

*) Cf. F . Courby, Les vases grecs ă reliefs, Paris fabriques grecques dc vascs â decor en relicf: ibid.
1922, p. 379, fig. 76, 3 ; pl. X I , b, d. On voit ces mo- p. 419.
2
tifs aussi sur des bols de fabrication italique: ibid., ) Andrieşescu, o. c, p. 75, fig. 216—-217; Pârvan
p. 417, fig. 91, 4 et 7. Ce sont des motifs elementaires Getica, p. 206 sqq., fig. 172—173.
qui font partie d'un repertoire coinmun â toutes les

www.cimec.ro 310
LES FOUILLES D E POIANA

Fragments de rebords d'amphores.


a) Goulots bas et larges (env. 0,20 m de haut. et 0.11 m de largeur), appartenant â des amphores
a anscs epaisses, â deux a i e t e s , et faites en pâte de coulcur rouge amarante, carmin ou rouge brique.
Quelques exemplaires â goulots plus trapus (fig. 80, 8; 86, 3 ; 87, 4; 88, 3,17,13), de 0,08 m de haut. et de
((,08 III. de largcur. Sur un fragmcnt on voit trois trous pratiqucs aprîs la cuisson.
b) Goulots aussi largcs que les prcccdents, mais bcaucoup plus longs (cnv. 0,30 m de haut. ct 0,07 m
dc diam. interieur) et un peu renflcs au milicu, appartenant â des amphorcs jaunâtres â anses bicylindri-
ques (fig. 8 7 , 5 , 7). Un fragment perce de
trous aprcs la cuisson (fig. 89, 1).
r) Goulots longs (env. 0,30 in) ct trcs ctroits
(cnv. 0,035 m dc diam. inter.), appartenant â
des amphorcs jnunâtres, plus rarcmcnt roupc-
âtres, â grosses anscs presentant une ou deux
aretes (fig. 87, 3, 6). Cc sont les plus nombreux.

Anses d'amphores.
On n'a trouvc â Poiana jusqu'â present
aucune anse d'arnphore â inscription. L'exccp-
tion quc constitue ă cet cgard l'amphorc tha-

sicnne, decrite jiar Vasile Pârvan cn 1 9 1 3 x ) , reste


toujours unique.
a) Anses epaisses cylindriques (fig. 88, 2, 5), de
couleur rouge brique ou carmin.
b) Idem, â section ellipticjue (fig. 88, 4,11), dc
couleur rouge briquc, carmin, amarante, brune ou ocre.
c) Idem, â section triangulaire, de couleur rouge
brique, carmin, vermillon, brune, ocre.
d) Anses plates, minces, â arete, de couleur rouge
brique et vermillon (fig. 8 8 , 1 2 ) .
Fig. 87. Idem. e) Anse epaisse cyUndroîde, â rainure mediane
de couleur rouge brique.
f) Anses e|)aisses â deux aretes (fig. 9,10), de couleur rouge brique, vermillon, ocre et surtout
jaunâtre. Tres nombreuses.
g) Anses plates, minces, â rainurc mediane (fig. 89, 6), de couleur rouge brique, vermillon et surtout
carmin. Asscz nombrcuses.

') C.nstrul dela Poiana, p p . 100 sq. et 126; fig. 6 mais sur les escarpements voisins vers le N - E . Actuel-
ct pl. IV, 2 - -3. A u dire des habitants locaux cettc lement elle se trouve en possession du colonel Richard
amphorc u'a jias et<! trouvec dans la station meme, Petrescu â Bucarest.

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RADU ET FCATKRINA VULPK

h) Anses bicylindriques (fig. 89, 7, 4, 5), dc couleur rouge brique. rose, cariiiiu et surtout jaiinâtre ').
Un fragment â incisions transversalcs parallclcs faites njires lu cuisson (fig. 80, 7 89, 12); jirobuhlcment
une espece de taillc de inarchand improviscc.

Fragments de panses d'amphores.


Trcs nombrcux et de memcs couleurs que les tessons jirecedemment decrits. Quelques-uns sont
decores de lignes parallclcs ondulces, incisces u l'uidc d'un peigne (fig. 88. 7, "; 89. 9-10).

Fragments de hases d'amphores.


a) Fonds jilats â rcbord trcs pcu clcvc (fig. 90, 9).
Couleurs: rouge briquc, vermillon et carmiii.
h) Fond plat jilus etroit ct ă emjiattcmcnt trcs
clcve (fig. 90, 16). Couleur rouge briquc.
c.) Bascs coiiiques ctroites, termiiices en petit
cercle pcu elev6 (fig. 89, 3, 11; 90, 74). Coulcurs:
rouge brique, rose et surtout jaiinâtrc.
d) Bases coniques ctroitcs, tcrniinccs cn pctit
cylindre (fig. 89, 7-8; 90, 5, 77, 13), dont lc fond
presente parfois une petite alveole. Couleurs: rouge
brique, vermillon, rosc, juunâtrc.

Fig. 89. Idem.

e) Bases coniques larges, terminecs cn jiointc


arrondie (fig. 89, 2; 90, 4, 10,12). Couleurs:
rose, vermillon, carmin, ocre. Tres nombreuses.
f) Bases coni(jues âpointe effib'c (fig. 90,
2-3, 7). Couleurs: rouge brique, rose. vcrmillon
et surtout jaunâtre. Tres nombreuscs. D'apres
les stries de soudure que presentciit quelques-
uns de ces fragments, on peut voir que les
pointes par lesquelles se terminaient lcs am-
phores de ce type etaient fabriquccs scjiarc-
ment (fig. 90, 75). Un fragment de pointe
semblable est taillc obliquemcnt ajircs la cuis- Fig. 90. Idem.
son (fig. 90, 7).
2. On a trouve a Poiana plusieurs restes de grands vases qui, d'apres lcs parois trcs cjiaisses, jieuvent
etre identifies â de solides pithoi ou hydriar travaillcs au tour (fig. 12; 62, 2; 87, 1-2), ou â d'cnormes dolia
en une pâte imjnire, mais bien cuite 2 ), qu'on doit distinguer dc cclle de la ccramique primitive poreuse.
Ce sont des recipients servant â conserver des aliments. ilcs graincs, du vin et de l'huile. I^eurs tyjies, lcur

') Tres communes, de meme qu'â Crăsani et â -) De memc (ju'â Crâsuni (Pârvan, Getira, p. 205)
Tinosul. Cf. Andrieşescu, o. c , p. 76, fig. 203; R. et et u Tinosul (Daeia, I, 1924, p. 206).
Ec. Vulpe, Dacia, I, 1924, p. 204.

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LES KOUILLES UK POIANA

technique et leur orneraentation en lignes ondulees, incisees â l'aide d'un peigne, revelent leur origin"
romaine, mcme si l'on avait appris ultericurement â les fabriquer sur place.

(I) Vases de petites dimensions et leurs fragments


1. Petits j>ots ii panse renflcc et â parois cpaisses (fig. 86, 2; 91, 25). Un tesson appartenant â ce lypc
dc vases prescnte un vernis rouge-brun.
2. Tesson du rebord d'une casserole â
parois ^paisses d'un vernis rouge fonce et
d'une forme rappelant le type 24 decrit plus
haut dans la categorie des vases indigenes
â technique sujierieure (fig. 91, 24).
3. Nombreux fragments de petits gobe-
lets prcsentant un beau vernis rouge iden-
tique â celui de» vases romains de terra
sigillata. Le» jietitcs anses sont simples et
delicates, demi-circulaires (fig. 91, 10, 13,
16, 26), rectangulaires (fig. 91, 15, 20; 93,
3), en angle aigu (fig. 91, 19; 93, 2) ou
demi-circulaires, surmontces d'une barrette
horizontale (fig. 91, 8-9, 18; 92, 7/), c'est-
â-dirc identiqucs aux anses des vases en
argent du cclebrc tresor de Boscoreale, du
I-er siecle apr. J.-C. r). C'cst une forme
d'anse que nous avons rencontree plusieurs
fois dans la ccramique indigene travaillee
au tour (p. 302; 308).
4. Tessons de pctite tasse hemisphcriquc
.i rebord simple (fig. 92, 2), h vernis
rouge.
5. Tessons dc jietits gobelets de formes
scmblablcs a celles du tyj»e 3 jirecedcnt, pre-
sentant des ornements en relicf et un vernis
rouge. Ccs ornements sont tres simples, con-
sistant de petites cotes verticales 2) (fig. 9 1 , 1 , 3-5,11,23) ou de lignes courbes 3 ) (fig. 91, 12). Sur un frag-
ment toujours ă vcrnis rouge nous observons des ecailles triangulaires incisees profondement (fig. 91, 6)4).

a
') Cf. A. Michaelis, Der Silberschatz von Bosco- ) C'est probablement un fragment d'un vase â
reale, Arch. Anzeig., Berlin, 85, 1896, Heft 1, fig. decor floral de l'epoque d'Auguste: cf. Dechelette,
3—4. Parmi les objets de ce tresor, actuellement o. c, I, pp. 48 et 69 sqq., pl. I et VI. Nous devons
exjiose au Louvre, dans la salle des bijoux antiques. aussi ajouter un petit fragment presentant un or-
les vases â anse ronde surmontee d'une barrette jior- nement floral â guirlande et verni d'unc glaţure
tent les nos. 190S et 1907-1916. Les j>etits vases ce- bleue verdâtre (fig. 91, 7). II appartient probablement
ramicjues pourvus d'anses semblables peuvent etre â l'epoque d'Auguste. La glacure est connue dans
d'une epoque encorc jilus ancienne. Ainsi par ex. on les la ceramique meridionale des Fcpoque hellenistique
rencontre en Ukraine au Il-e siecle av. J . - C : M. Ebert» et devient generale â l'epoque romaine: cf. Courby.
Prăh. Ztschr., V, 1913, p. 68. fig. 76 et en Grece Les vases grecs ă reliefs, p. 500. Le motif floral â guir-
des le IV-e s. av. J.-C.: Keramopoullos, 'AQ/. AeXxîov, lande est assez frcquent sur les vases antiques â re-
I I I , 1917, p. 226, fig. 163, 1. En Gaule, de meme liefs: ibid., p. 417, fig. 91. 20—21; p. 409, fig. 89,
qu'en Dacie, ils sont tres frequents â I'epoque d'Au- 2 1 ; p. 407, fig. 88, 29—30; p. 382, fig. 77. 11. Ce
guste: Dcchelette, Les vases ciramiques ornes de la tesson n'a pas ete trouve dans nos fouilles, mais
Gaule romaine, I, Paris 1904, p. 47 et fig. 34—35 et 50. bien parmi les debris des fouilles de 1926 de M. Gh.
2
) Selon Dechelette, o. c , I, p. 71 sqq., pl. VIII, 3. Ştefan. (V. plus haut, fig. 4, fouille b).
ce motif, qui n'est qu'une degenerescence dcs go- *) C'est une degenerescence du motif â feuillage,
drons, apparait vers 70 ap. J.-C. tres commun dans l'orncmentation grecque et ro-

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R A D U ET ECATEKIJNA VULPE

6. Petites tasscs cylindriques â vernis rouge (fig. 91, 14, 23; 9 3 , 1 , 4), d'un type qui a servi de modcle
â celui des vases du typc 6 de la c6ramiquc indigcne grisâtre (plus haut, p. 298). Les anses sont comme
cellcs dcs gobelets precedemment decrits au type 3, â l'exception des anses du type Boscorenlc.
7. Goulot d'amphore fine, â parois minccs de couleur rose jaunâtre pcintcs de zigzags ct de hachurcs
rouges (fig. 93, 17). Base d'unc nmphorc du ineiiie type (fig. 9 3 , 1 8 ) . La decoration du goulot rnppellc lcs
ornements luisants de la eeramique indigene truvaillec au tour (V. plus hnul, p. 296).
8. Fragment de rebord de gros vase spheroidnl â vernis rougc hrillant (fig. 93, 9).
9. Petits picds appartenant n des vases ii parois fines, â pansc spheroîdale, peints en rouge (fig. 92, 15;
93, 6-8,16).
10. Fragmcnts de terrines fines, vernies completement en rouge ou seulcment decorces de cercles
rouges peints sur le fond rose de lu pâte (fig. 90, 8; 92, 3, 5-6; 9 3 , 1 0 - 1 5 ; 9 4 , 1 7 ) . Les formes de ces ter-
rines sont lcs mâmes que cclles qui ont servi de modcle aux formes dccritcs plus haut, nux types 14—19
de la c6ramique grisâtre.

11. Fragments de terrines plates decorees â l'intcrieur d'un verni rouge uni (fig. 94, 2,13), de cercles
rouges peints sur le fond jaunâtre du vase (fig. 9 4 , 1 6 , 1 9 ) on d'un noir uni parsem6 de points incises
(fig. 92, J = 9 4 , 1 0 ) .
12. Fragments de rcbords de coupes evasces (fig. 90, 6; 92, 14; 94, 3,11-12), deforme idcntique â cellcs
du type 14 de la ceramique grisâtre indigene (p. 298). mais faites cn une pâte diffdrente de couleur blan-
châtre ou rose jaunâtre et peintes completement en orange ou en rouge fcu ou seulement ă cercles hori-
zontaux rouges (fig. 94, 3,11). La technique tres raffinee de ces vases, ainsi que le soin minutieux de leur
execution et la substance, inconnue en Dacie, dont ils sont faits, sont autant dc preuves 6videntes temoi-
gnant de leur caractere d'importation. D'ailleurs, leurs fragmcnts furent trouves en assez petit nombre.
Le profil de lcurs rebords en angle aigu, accus6 par une arete cn saillic. se retrouve exactement dans la
c6ramique du Vl-e siecle av. J.-C. de la Laconic '), oti les vases de ce type, rencontres dcs l'6poque geo-

x
maine. Pour les vases grecs â relief decores â ce motif, ) Droop, Ann. of the Brit. Sch. at Alhens, XV
cf. Courby, o. c, p. 353, fig. 7 3 ; pl, I X , e; pL X I I , 1908-1909, p. 156, fig. 19.
4. 8, 13; pl. X I I I , 23—24.

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L E S Î O U I L L E S DE POIANA

mctrique ' ) , persistent jusqu'ft Tepoque roinainc, voire meme jusqu'â l'epoque byzantine : ) . Ce sont des
renseignements tres importants pour connaître l'origine dc nos coupes evasces de I'epoque Latene, repro-
duites en pftte lustrec et cn pâte grisâtrc (V. plus haut, p. 298). Celles-ci sont imitSes d'aprea des modeles
grecs. sur la circulation desqueK jusqu'en Daeie, les fragments que nous venons dc dccrirc nous don-
ncnt unc prcuvc dc toute evidence.

17. Tessons â decor peint forme de lignes hori-


l"ig. 93. Idem. zontales rouges sur le fond rose jaunâtre du vase
(fig. 94, 15) ou de lignes horizontales alternees de
zigzags bruns sur un fond vernis jaunâtre (fig. 94, 8). De meme, une petite anse â vcrnis noir brillanl.
appartenant â un vasc j>eint grec (fig. 94, 9).

C) DIVERS ATJTRES OBJETS EN TERRE CUITE


1. Fusa'ioles. On a trouve' â Poiana un tres grand nombre de fusaloles (fig. 96, 11). Nos fouilles de 1927
ont fourni â clles seules un nombre total dc 183 pieces. Elles presentent des types assez differents: biconi-
qucs (fig. 95, 23, 28, 40, 46, 47), les plus frequentes, puis spheriques (fig. 95, 7, 53), spheroîdales ou biconi-
ques â pâles ajdatis (fig. 95, 27, 43, 44; 99,16,17; 100, 37), aplaties â poles arrondis (fig. 95, 32-33, 52;
!
) Droop, ibid., X I V , 1907-1908, p . 32, fig. 2, f; mycenienne, V. plus haut, p. 299, no. 2.
2
XV, 1908-1909, p. 25, fig. 3, p, r, etc. V. plus haut, ) Dawkins-Droop, Ann. of the Br. Sch. at Ath
p. 299, no. 1. Pour lcs exemplaires de l'Egee prc- XVIT, 1910-1911, pl. X V I I , 50 et X V I I I , 67.

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RADIJ E T KCATKIIINA VUKPK

9 9 , 2 2 - 2 3 ) , aplaties a faces planes (fig. 95, 54; 99, 24,26), aplaties Bur un seul cflte en trouc de cone
(fig. 9 5 , 2 6 99, 79), «n inoyou de roue (fig. 95, 24), de forme grossiere et de forme cylindrique cintree
(fig. 9 5 , 2 5 99,18). Gomme diinensions: env. 0,04 m de diam. Comuie dccorntion: des Mtries longî-
tudinales, des zigzngs inciscs (fig. 95, 36-39- 99, 16-18, 21). etc.
2. Quinze pcrles en tcrre euite, dont les fornies rappellent les fusatfolcs que nous venons de dccrire,
siiuf un exemplaire (fig. 95, 1-2; 100, 30-32). Dimensions: 0,02—0,01 m dc diam. Un excmplaire aplati
a le bord ornc d'incisions (fig. 99, 18). I'n autre de forme spheroulnle. inromplotement pcrfore. prescnte
im lustrnge noir (fig. 95, 7).
3. Trois anncaux en terre cuite, du diumctre interieur d'env. 0,01—0,02 m et au diam. exterieur de
0,02—0,04 m. Nous n'cn pouvons pas definir I'einploi. Peut-etrc etaient-ils portes comme perles ou
comme amulettes. L'un d'cux est ornc de stries incisees (fig. 99, 20 - 100, 33).
4. D e u x disques plnts en terrc cuitc, de 0,08 m de dinin., troucs nu milieu (fig. 95, 30, 34; 99, 27).
Tls ont pu servir de fusaloles ou d'cngins de peche.
5. Quinze tcssons de vaseB, la plupart â technique

• 0,000? •© superieure, taillcs cn forme de disques et pcrccB d'un


petit trou nu ccntrc (fig. 9 5 , 1 0 , 13-22). Dinmetrcs: env.
0,01—0,04 m. Aasez c o m m u n s uussi u Crăsani et ă
Tinosul, ces objets scrvaient probablement d'amulettcs

00009 o u de jouets d'cnfants. Ccux qui ont et6


isoles dans les tombcs pouvnient nuBsi repreBenter des
simulacres de monnaies, exiges par le culte
trouve^

raire ') (V. plus haut, p 274). Outre ces teBsons on voit
fune-

5 picces pareilles qui n'ont pan cncore ete percees

Ş•#<&#©© 50 5J
32 3 3

Fig. 96. Objets en terre cuite. FusnloleB (77),


Fig. 95. Fusaîoles et pctits disques en terrc
poids (.7—4, 6—10) et bousilluge calcin€ (5).
cuite.

(fig. 95, 11-12; 100, 29). On doit ajouter â ces fragments aussi une base ronde de vase rougeâtre travaillc au
tour, au bord taillc avec soin (fig. 1 0 0 , 2 9 ) et la pointe effib5e d'unc amphore (fig. 100, 25). Ce dernier
tesson rappelle la base d'amphore du type / , citce plus haut, dont Ia pointe terminale 6tait decoupee
apres la cuisson (p. 312).
6. Poids pyramidavx. Ces objets, d'un usage encore mal dcfini et trcs communB dans nos regions des
l'âge neolithique et jusqu'â l'epoque romuine, ont ete trouves â Poiuna en 1927, au nombre de 22

x
) A Poiana (V. plus haut, p . 273), de meiite qu'â p. 336). Comme on n'a pas rcmarque ce fait dans
Tinosul (Dacia, I, 1924, p. 186), on a trouve dans les stations plus anciennes, telles que Piscul Crăsani,
les tombes d'incincrution des monnaies de bronze. Coconi, e t c , nous nous autorisons â conclure qu'â
ce qui rappelle le culte funeraire romain, exigeant Tinosul et â Poiana nous s o m m e s en presence d'une
ces monnaies pour l'obole de Charon (cf. Cagnat- influence romaine directe.
Chapot, Manuel d'archeologie romaine, I, Paris 1916.

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L E S K O U I L L E S D E POIAINA

piece», la plupart tres fragiles (fig. 96, 1-4, 6-10; 97, 16-17). Ils presentent une base carree (fig. 1 0 2 , 2 ) ,
a y a n t une hauteur de 0,07 in jusqu'â 0,18 in.
7. Polissoirs. On a trouv€ 15 pieces (fig. 97, 4-15, 18-19; 102, 10) du meme t y p e que celles trouvees
a Tinosul ' ) .
8. Un bouchon d'umphore en pâte primi-
live, en forme de champignon (fig. 97, 2 ; 102, 2).
9. Dcux gros fragments d'argile impure
appartenunt â des chcnets ornc's d'alveoles li-
ii..un- ou de cordons en relief 2 ) (fig. 97,
1-3= 102, 11-12).
10. U n v a s e curieux â t e c h n i q u e primitive en
forme de terrine simple, elliptique, & fond plat et
au rebord bas et droit, divisc dans sa longueur
pur une paroi percee de trous verticaux et presen-
tant ă unc extremite une petite gargouille (fig.
9 8 , 1 ) . II a ete trouve dans les fouilles de la partie
septentrionale de la station, avec un fragment
d'un d e u x i e m e exemplaire. Ce vase servait pro-
b a b l e m e n t c o m m e lustre de caractcre religieux 3 ).
11. Kragment de moule de vase â de>,or en
relief, dont un exemplaire a ete decrit plus h a u t
(p. 310). II est de la meme technique superieure
et en m e m e pâte et presente des ornements
lineaires en creux (fig. 129, 21) ).
12. Lampe en pâte primitive en forme de 10 " is
tronc de cdne trapu, a y a n t au lieu d'ouverture Kig. 97. Objets en terre cuite. Kragments de chenets
une simple perforation (fig. 99, 9 = 1 2 9 , 1). (2 et 3), bouchon d'amphore (2), poids (76)
Nous a v o n s trouv^ aussi un fragment de lucarne et polissoirs ( 4 — 1 5 , 17—19).

d'importation romaine, â ver-


nis rouge (fig. 100, 18) 5 ) .
13. Figurines. Nous en
avons 6 exemplaires â
forme humaine et un seul
representant une tete de
cheval (fig. 99, 3 - 1 2 9 , 6)
et pouvant etre, soit l'or-
n e m e n t d'un chenet de l'e-
Kig. 98. Vase en forme de barque, â gargouille (2) et urne noire
poque Latene *), soit l'extre-
travaillee â la main (categorie a 1).
4
) II s'agit probablement des rayons du motif dege-
1
) Dacia, I, 1924, p. 209 et fig. 39, 14. nere de la rosette, ainsi qu'on peut le voir sur certains
2
) Dechelette, Manuel, II, 3, p. 1399 sqq. Des bols de Delos: cf. Courby, Les vases grecs ă relief, p.
fragments analogues â ceux de Poiana furent trouves 379, fig. 76, 3. Sur la fabrication des vases du t y p e
aussi â Sighişoara (encore inedits: communication delien par les h a b i t a n t s de la Dacie â l'epoque de
photographique de M. D . R o s e t t i de Bucarest). Latene, cf. P â r v a n , Getica, p p . 208 sqq. et 742 sq.
3 6
) C'est la m e m e signification que M. D a w k i n s donne ) Dans les stations d'epoque Latene de la plaine rou-
â un exemplaire pareil de l'epoque minoenne trouv^ â maine, on a trouve seulement â Piscul Crăsani une lampe
P a l a i k a s t r o : Ann. ofthe Br. Sch. atAthens, X, 1903-1904, grecque en terre cuite: Andrieşescu, Piscul Crăsani, fig.
p. 197, fig. 1, k. De m e m e , M. Gh. Ştefan considere 288 et Pârvan, Getica, pp. 185, 210 et 741 et fig. 175.
8
c o m m e «vase rituel» un specimen analogue, mais beau- ) Cf. Dechelette, Manuel, I I , 3, p. 1401 sqq. U n e
coup plus simple, decouvert dans la station eneolithique tete de belier provenant d'un chenet en terre cuite
et de l'âge du bronze de Căscioare en Roumanie: fut trouvee aussi â Piscul Crăsani. Elle est omise
Dacia, I I , 1925, p. 162 et fig. 18, 9. dans l'ouvrage cite de M. Andrieşescu.

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H
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www.cimec.ro Fig. 99. Objets en terre cuite.


LES Î O U I L L E DE POIANA

mit6 d'un rhylon en pâte primitive. Les protomes humaines sont toutes masculines ') et appartiennent â
deux types: l'un plus 61anc6, aux maius et aux pieds dcgages (fig. 129, 2-3,11) et l'autre plus grossier, ayant
l'air plutdt d'un tronc de cone, dont les petites saillies de l'extremite inf6rieure â peine constituent des
indices de pieds et dont la paroi est marqu6e tres rudement par les indications sommaires des yeux, de
la bouche et du sexe (fig. 99,1-2 129, 4-5). Ce
dernier type a 6t6 trouv6 aussi en Bosnie, ee
rapportant â la fiu de l'epoque Latene 2 ).
14. Petite toupie (0,02 m de haut.), de forme
biconique, pourvue de cinq rayons horizontaux,
faite en une fine pâte grisâtre (fig. 129, 20).
15. Objets divers d'usage ind6fini. On
distingue:
a) Un objet ovale en pâte primitive, perce
de trous sur toute sa surface (fig. 129,14). On
a trouve des objets semblables â Piscul Coco-
nilor 3 ) et ă Braşov 4 ).
b) Un objet en forine de petit couvercle
conique, d'un lustrage brun jaunâtre, parseme
de points et de stries incis6s (fig. 129,26).
c) Petits cdnes simples de 0,02—0,03 m
de hauteur (fig. 129, 7, 13).
d) Petit disque simple (fig. 129, 17-18).
e) Fragment de perle ovale, â perforation
non terminee et entour6e d'un cordon en relief
(fig. 129, 10).
16. Fragment d'une grande brique carree,
d'origine romaine, mais sans aucune inscription
ou ornement, ni autre signe, trouve dans la
couche la plus r6cente de la fouille A. C'est
le seul fragment de brique trouve jusqu'â pre-
sent â Poiana. W W 30 31 32 ^ # 34 ^35T T36 H
J3
17. Creusets. On a trouve un nombre total
Fig. 100. Objets en terre cuite.
de 7 picces entieres et 3 fragments. Ce sont de
petits vases de forme conique brules pendant
leur usage jusqu'â la vitrification complete (fig. 100, 20-26). Leur nombre assez important est la preuve
d'une industrie du bronze assez developpee â Poiana (V. p. 348 ) 6 ) .

l
) Lcs figurines masculines, certainement d'ori- doivent 6tre regardees plutot comme des figurines
gine m6ridionale, font leur premiere apparition en bipedes, d'une facture tout â fait simple et expe-
Gaule â la I l l - e p6riode Latene et en liaison avec Ia ditive. II est vrai qu'elles ne presentent aucun signe
p6n6tration romaine: Dechelette, Manuel, II, 3, p. particulier, pour nous affermir dans cette interpre-
1301 sqq. La meme chose doit Stre supposee pour la tation ou dans l'autre, mais il est plus probable que ce
Dacie, ou les idoles anthropomorphes sont presque soient des simulacres humains, assez communs â la
absentes â l'6poque Latene: Pârvan, Getica, pp. 623 fin de Pepoque de Latene, que des tetes chevalines
et 799. Les figurines masculines de Poiana, qui ap- isol6es, qui seraient les seuls exemples de cette espece
paraissent seulement dans les couches Latene I I I , qu'on ait rencontres jusqu'â present.
2
repr6sentent, de mfime qu'en Gaule, une influence ) Fiala, Wiss. Mitt. aus Bosnien u. d. Hercegovina,
romaine caract6ristique. Pour la grande frequence IV, 1896, p. 52, fig. 106.
des figurines humaines dans les tombes romaines cf. *) R. Vulpe, Bul. Com. Mon. Istorice, XVII, 1924,
Cagnat-Chapot, Manuel, I, p. 335. Nous saisissons fasc. 39, p. 47, xi (sans photographie).
cette occasion pour revenir aux deux petites figu- *) Un exemplaire inedit, conserve au Musee regional
rines rudimentaires trouvees â Tinosul (Dacia, I, 1924, de Braşov.
5
p. 209 et fig. 41, 4, 5), que nous avons considerees ) Pour les creusets pareils de l'epoque Latene I I I
comme des t6tes de chevaux, mais qui, inversees. trouves en Gaule, cf. Dechelette, Manueî, II, 3,p. 1544.

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RADU ET ECATEKINA VULPE

2. Objets en pierre

1. Hache-marteau en pierre polie (une espece de dioritc noir parsemî' de gruins bluncs), trouvee au
fond dc Ia trunchee Z et appartenant donc au plus tfit â l'âgc du bronze (fig. 101, 23 102, 7). Ce n'est
pas l;i premiere fois qu'on rencontre un objet du type et de la technique neolithiquc dans un milieu de
bcaucoup posterieur. II y a des cxemples encore plus surprennnts a cet 6gurd, tels que les petits cou-
teaux en silex de Piscul Crăsani et de T i n o s u l ' ) .
2. Percuteur s])hcriquc en gres taillc (fig. 101, 27 — 102, 5). Pour les divers usages qu'on en pouvait
faire, on doit pcnscr aussi â celui de hroyeur pour les meules primitives, dont nous avons trouve un assez
grimd notnbre â Poiana dans les premicres couches de l'cpoijue Latene (V. plus bas, no. 6).
3. Percuteur sphcrique travaille en gres gris vcrdâtre avec c o m m c n c e m e n t de perforation (fig. 101,
24— 102,6). Cette perforation nous suggere l'em-
ploi de cet objet, qui a du servir de tete de mas-
sue, comme â l'ejioque ncolithique 2 ). Toutefois,
ce percutcur a ete trouve' dans une couche de l'e-
poque Latene. Ce cas doit £trc ajoute â ceux
des survivances tardives citees ci-dessus (no. 1).
4. Petite hache plate en pierre polie, de
couleur verte (fig. 1 0 1 , 1 6 ) 3 ) .
5. Seize aiguisoirs entiers et plusieurs frag-
ments de formes cylindriques, plates ou prisma-
tiques (fig. 101, 7 - 7 5 , 2 7 , 2 1 ) , tailles en gres de
diverses couleurs: gris, verdâtre, noir, brun, jau-
ii.u ir. blanc, etc. Quelques-uns sont j>ourvus
d'un petit trou dc suspension (fig. 101,6, 8,10).
A signaler surtout un exemplaire prismatique,
trouve en /. taille en grcs noir et presentant
un tres beau lustre (fig. 101, J «= 102, 8).
6. Moulins ă bras. On n'a trouvă dans au-
cune station j>reroniuinc de lu Ducie un si grund
nouibre de ces objets, comine â Poiunu. Cette
ubondance doit ctrc misc, naturellement, en
rapj)ort avec la nombreuse population de ce
centre de jiremicre importance, uinsi qu'avec
lu richesse agricole des j>laincs cultivables qui
«'etendaient jusqu'nu-delâ de la foret voisine.
Parmi les nombreux moulins ă bras nous distin-
guons deux cutegories principules: a) meules
primitives et b) moulins d'origine romaine.

23 24 a) Meules primitives. Cellea-ci consistcnt


V7
Fiir. 101. Objets en pierre. de grosses pierres OVHICS â fuce plute ou 16ge-
rement concave (fig. 103, 7-2), du m£me tyjie
que celui rencontre â l'âge neolithique dans les stations de toutes les regions de l'ancien mondc *). On
a trouve 7 exemplaires complcts et d'innombrables fragments, e x h u m e s le plus s o u v e n t de la partic sep-
tcntrionale de la station. Cette categorie de meules, â laquelle nous devons ajouter aussi quelques
grosses plaques rectangulaires en gres grisâtre d'un emploi j)robablemcnt idcntique, est caracteristique des
plus anciennes couches de Poiana et specialement de la couche grisâtre de l'cpoque Latene I I . Elle dis-
paraît vers la fin du Latcne III, etant remplacec par l'autre catcgorie.
b) Les moulins â bras a"oriţ-ine rnmaine (fig. 103, 3-7). travailles en lave poreuse, consistent de deux

1
) Andrieşescu. Piscul Crăsani. pp. 78 et 108; Dechelette, ibid., p. 514, fig. 184. Le trunchant oblique
R. et Ec. Vulpe, Dacia, I, 1924, j)p. 173, 178 et 210. est fortuit.
2
) Dechelette, Manuel, I, p. 523, fig. 187. *) Dechelette, Manuel, I, p- 344 sqq.
") C'est un type de petite hache d'origine neolithique:

www.cimec.ro 320
?

±1

www.cimec.ro Fig. 102. Objets en terre cuite, en os et en pierre


KADU ET ECATERINA VTJLPE

pieces (lu meta et le calillus ')i qui furent trouvees separement daus toute l'etendue des deux dernieres
couches de la station. Ce n'est que sur le foyer x de la fouille /( qu'on a trouve les deux elements ensemble.
On a au total 9 picces entieres ct d'innombrables fragments. L'un dcs exemplaires complets est pourvu
d'une petite barre en fer â la concavitc de la partie superieure (fig. 103, 7), barre quiservait â fixer
le fuseau autour duquel se fuisait lu rotation pendant la trituratiou.
7. De nombreuses pierres dc formes naturelles, cueillies dans le lit du Siret et pr6scntant des formes
fucilement aduptables .i differents usages ou ayant incme des traces d'emploi Iaisg6es par la main de
l'homme. Nous distinguons:
a) Dix-sept pieces de formc allongce, cylindriques, prismatiques ou plates, en gres de memes cou-
leurs que les uiguisoirs decrits plus huut (p. 320, no. 5) et ayant eu probablement le meme emploi. Di-
mensions: jusqu'â 0,18 m de haut. et 0,05 m de largeur.
b) Deux eclats plats d'une roche de gres rougeâtre, imitant la forme des couteaux â Ianie recourbee
du type dace et generalement balkanique de l'^poque
Latene 2 ) et pr6sentant des traces d'ajustement par
la main de l'homme. Leurs tranchants â la partic
concuvc de la courbure et leurs pldoncules ne laissent
aucun doute au sujet de leur eraploi. Dimensions: 0,12
et 0,15 m de long.; 0,040 et 0,045 m de larg. â la
base (fig. 1 0 1 , 1 9 , 2 0 - 1 0 2 , 3 - 4 ) .
c) Trois concretions de calcaire poreux, de forme
spherique, de 0,03—0,04 m de diam. et d'un usage in-
defini (fig. 101,25-26). Ces concretions naturelles se
trouvent assez souvent dans la masse de loess qui con-
stitue la couche principale du terrain de la region.
d) Un morceau de gres verdâtre d'un aspect stra-
tifie\ presentant la forme d'un pilon prismatique
cintră (fig. 101, 22).
e) Une plaque rectangulaire en gres verdâtre, de
0,13x0,09 m, d'un emploi inconnu.
11 D'innombrables pierres informes, plutdt plates,
provenant des couches alluvionnaires de la base du
terrain sur lequel est situee la station et trouvees dans
toute l'etendue de la station et â tous les niveaux, sur-
tout pres des foyers. Cette derniere circonstance nous
prouve qu'elles ^taient utihsees comme chenets impro-
vises ou t■ i;i î ■ 11 r chauffces au feu pour servir enBuite â l
Fig. 103. Meules prehistoriques et moulins â bras
pr^paration des galettes de pain 3 ) et de divers gâteaux.
d'epoque romaine.

3. Objets en os, en corne, etc.


1. Fragments de boîtes cyhndriques en os, du type greco-romain, servant â renfermer les petits
ustensiles de la toilette des ferames. On a au totul 3 fragments provenant de parois et deux couvercles
differents (fig. 108,18; 129,15, 23-24, 32-33). Dimensions: 0,025—0,05 m de haut. et 0,02—0,03 m. de
diam. L'un des fragments est decore de petits cercles concentriques incises â l'aide d'un compas (fig.
108,13=129,32).
2. Trois «sifflets» cylindriques de 0,07—0,08 m de long. et le fragment d'un 4-eme (fig. 108,19;
129,34-36). L'un d'eux est decore de dents de loup incisees (fig. 108, 19 --- 129, 36).
3. Un os plat, perce de deux petits trous, long de 0,06 m et servant probablement de jouet d'enfant
(fig. 129, 27) manie â l'aide de deux ficelles.
4. Deux epingles de longueurs differentes (0,06 m et 0,17 m), dont l'une presente un trou vertica)
et trois petites stries (fig. 129, 28) â sa partie superieure et l'autre, plus longue et d'un beau lustrage,
est surmontee d'une tete boinbee percee d'un trou transversal (fig. 104, 28).
x 2
) Ibidem, II, 3, p. 1387; Cagnat-Chapot, Manuel ) Pârvan, Getica, pp. 487, 497, 506 sqq.
s
d'arch. romaine, II, Paris 1920, p. 231. ) Dechelette, Manuel, I, p. 344.

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LES FOUILLES DE POIANA

5. Trois munches d'instruments metalliques, dont l'un est de forme conique simple (fig. 129, 29);
un autre, cylindrique, presente une tâte spheroîdale et un trou lateral comme un sifflet, bien qu'il n'ait eu
d'autrc emploi que celui de manche d'alcne, dont il garde encore les traces de fer (fig. 129,37). Le
troisieme, taille â godrons, a servi de manche de couteau ou d'epee (fig. 129, 38). C'est sans doute un
objet d'importation.
6. Cinq tubes longs de 0,04 m â 0,18 m et larges de 0,01 â 0,015 m de diam. (fig. 104, 20-21, 29-30),
d'un usage inconnu.
7. Trois umulettes presentant des trous de suspension: un eperon de coq (fig. 129,25), une dent
d'ours (fig. 129, 30) et une coquille marine, objet d'importation *).
8. Divers os ou cornes d'animaux, de 0,03 jusqu'â 0,23 m de long., ayant une extremite polie et
pointue (fig. 104, 7-11, 13-17, 22-24, 27, 31). Ils sont au nombre total de 18. Quelques-uns ont la base
percee d'un trou D'apres leurs traces d'usage et leurs dimensions, ils ont du etre employes de differentes
manieres: comme aiguilles, alenes, poincons, etc.
9. Pointe de fleche de forme pyrami-
dale â trois aretes et â douille (fig. 129, 26),
imitant d'une faţon approximative les nom-
breuses pointes de fleche en bronze â trois
trunchants, trouv6es â Poiana (V. plus bas.
p. 334).
10. D'innombrables os d'animaux pre-
sentant des traces d'emploi:
a) Six extremites de bois de cerf, de
0,10 - 0,30 iii de long., aiguisees par la main
dc l'homme et presentant des traces de feu
o j de lame de couteau (fig. 104, 5, 32). I.eur
usage etait probablement le meme que
celui des objets d6crits ci-dessus au no. 8.
b) Des cornes de cerf longues de 0,20
m (fig.* 104,1-2), dont une en forme de T,
trou6e â la basc (fig. 102, 9=104, 2). On
en a trouve de pareilles en Bosnie, dans
les couches de l'âge du bronze de la pala-
fitte de Donja Dolina 2 ). Son usage reste
problematique.
c) Racine de bois de cerf taillee des deux
c6t6s en forme de disque plat, de 0,02m d'e-
22 23 24 2520 „ -
paisseur et de 0,08 m dc diametre (fig. 104, 6).
d) Une vertebre d'animal, taillee etper-
Fig. 104. Objets en os.
for6e au milieu (fig. 104, 12), ayunt servi
peut-fitre d'amulette.
e) Trois extremites de cornes de boeufs, de 0,07—0,12 m de long.. taillees et polies (fig. 104, 4,18,19).
f) Un fragment de câte d'animal presentant une tache verte â la suite de son contact avec un objet
en bronze.
g) Deux extremites pyramidales d'os de volailles, longues de 0,035 â 0,06 m (fig. 104, 25-26), qui
ont pu servir de pointes de fleche improvisees.
h) Deux fragments d'os tailles et polis, de 0,04—0,05 m de long., d'un usage qu'on ne saurait preciser.
i) D6fenses de sanglier trouvees en tres grand nombre (fig. 104, 3). Elles ne presentent pas des

') Les amulettes constituces de dents d'ours et de cf. Dechelette, o. c, II, 3, p. 1295.
2
coquilles se rencontrent aussi en Bosnie, toujours ) Truhelka, Wiss. Mitt. aus Bosnien u. d. Herc,
â l'6poque Lat6ne: cf. Wiss. Mitt. aus Bosnien u. d. IX, 1904, pl. X X X I , 6; X I 1909, pl. V, 6. Au mu-
Herc, I I I , 1895, p. 69, fig. 70 (Jezerine) et VIII, see r6gional de Braşov il y a un exemplaire iden-
1902, p. 441, fig. 113 (Gorica). Pour la frequence de tique, encore inedit, trouve â Herman, pres de Bra-
ces sortes d'amulettes aux epoques prehistoriques, şov, dans une station de l'âge du bronze.

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KADU ET KCATEKIINA VULPE

traces d'emploi, mai» nous les citons dana ce paragraphe, purce que, u ccite de nombreux ossements de
cerf ou de bison '). elles constituent lu preuve que la population de l'untique stution de Poiana profitait
largement du riche gibier qu'abritait la grande forât voisine.

4. Objets en verre
1. Perles. On en a trouve en tout 36 picces entieres ou fragmentaires dc provenance grcco-romaine,
c o m m e d'ailleurs tous les objcts en verre trouves â Poiana et dans toute la Dacie *). Lcs perles de Poiana
sont translucides et quelquefois opaques. Nous distinguons ces variantes:
a) Une perle sph6roidale formee d'une mosaYque de grains curres, jauncs et blancs (fig. 105, 7). Une
perle pareille figure dans un collier datunt du comraencemeut de l'6poque Lutcnc, trouve en Crim6e et
reproduit par Dechelette *).
b) Six perles et un fragment d'une septieme, de
forme arrondie (fig. 105, 1-3,13,15,18,21,22), ornees
de cerclcs de diverses couleurs: blunc sur indigo, blunc
sur brun, blanc sur azur et ă ccntrc indigo, brun sur
jaune et vert sur beige. Les perles de cette varinnte,
et surtout celles â cercles blancs sur indigo, sont trcs
c o m m u n e s â l'epoque Latene, dans toute l'Euro|>e ' ) .
c) Cinq petites perles uzurees, indigo et trans-
parente (fig. 1 0 5 , 2 4 , 2 6 , 28, 29, 31, 34, 35, 36), ana-
logues â cellcs trouvees dans la station d ' l p o q u e Latene
III de Stradonitz en Boh£me ).
d) Une grundc perle biconique de couleur indigo
fonce, orn6e de huit proeminenccs de mcme couleur
et de cercles jaunes (fig. 105, 4 = 108, 5), trouv6e
dans une fosse d'cpoque Latene III de la fouille Z. A
la iiK'iiii- epoque se rapportent les exemplaires anu-
logues trouv6s en B o h e m c â Stradonitz • ) .
e) U n e perle spheroîdale de couleur jaimutre,
ornee d'une bunde de feuilles vertes (fig. 105, 17).
f) Une perle cylindriquc de couleur brune, d6coree
de Iignes blunches (fig. 105, 19), rappelant la perle trou-
3 4
r*,Q* ^ B ^ ^M^OB^2if£^ ^ ^ vee dans une c o u c h e d ' e p o q u e L a t e n e l I I â Stradonitz 7 ).
Ap Wtf ■ fl fek f Hfc tfl^^^ 8) ' '"' allong6e, brillante,
^M EM B fonce (fig. 105, 12). Une |><TI<- pareille ete trouve> â
flj H B ^ l ^ ^ ^ ». W*B* H ^7 Dobrichov en Boheme dans couche Latene III ).
^ S E ţ l ^B^^^ 5<5 ^tvt ^1) ' ,, ' r ' 1 ' aplatie en forme de losange, de couleur
5* brune transparente (fig. 105, 10).
Fig. 105. Objets en verre. y p e t i t e p e r i e biconique de couleur blanche
(fig. 105, 23).
j) Fragment de perle de forrne annulaire, de couleur bleue, sillonnee de lignes azurees (fig. 105, 25).
Une perle de forme identique a ete trouvee ă Stradonitz •).
k) Fragment de perle spheroîdale â stries en spirale brunes sur fond jaunâtre (fig. 105, 14).

l
) Ce bovide, qui actuellement est en voie de dis- *) Pârvan, Getica, pp. 557 sq., 591 sq., 788, 793.
3
parition, etait autrefois beaucoup plus c o m m u n , son ) Dechelette, o. c , I I , 3 , p. 1318, fig. 575.
uire de dispersion s'etendant vers le S dans t o u t e la ') Ibidem, p. 1316.
6
Moldavie, ou il paraît avoir existe jusqu'au X V I I I - e ) Pifi-Dechelette, Le Hradischt de Stradonitz en
siecle, selon Demetre Cantemir, Descriptio Moldaviae, Bohime, Leipzig 1906, pl. V I I , 76, 79, 80, 83.
I, 7. D'ailleurs les armoiries de ce pays ont eu tou- ') P i c - D e c h e l e t t e , o. c, pl. V I , 39.
7
jours comme symbole principal la tete de bison. Ac- ) Ibidem, pl. V I I , 70.
8
tuellement, les derniers exemplaires euiopeens de ) Pi<5, Urnengrăber Bohmcns, pl. L X X X V , 35.
cette espece d'animal se conservent seulement dans *) Pifi-Dechelette, o. c , pl. V I I I , 13, 17.
l<-s forSts de la Lithuanie.

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LES FOUILLES DE POIANA

l) Petite perle ovale de couleur blanche (fig. 105, 30).


m) Grosse perle ovale de conleur brune opaque (fig. 105f 8).
n) Sept fragments de perles differentes de forme spheroidale, transparentes ou de couleur bleue et
brune (fig. 105, 9, 16, 27, 33).
o) Une perle en forme de petit vase/spheroYdale, â rebord brise, d'un email blanc sillonne de nervures
bruncs (fig. 105, 5 108, 1).
p) Deux perles et un fragment d'une troisicme, de forme spheroldale, presentant des cotes verti-
cales en relief et ayant une couleur verdâtre ou bleuâtre ffig. 105, 6,11, 20). C'est un type tres commun
dans toute l'Europe au commencement de l'epoque imperiale romaine x ).
q) Morceau sph6roIdal de la grandeur d'une perle, en une pâte vitreuse, bleue, scorifiee (fig. 105, 32).
2. Fragments de vases. Tres nombreux. Appartiennent aux dernieres couches de la station, c'est-
â-dire â l'epoque Latene III et â I'6poque romaine. La plupart sont transparents. Tres peu en sont colories
en indigo â points blancs (fig. 105, 37, 54) ou en vert (fig. 105, 42). Nous avons quelque doute en ce
qui concerne l'anciennete d'un fond de vase fabrique d'une pâte opaque blanche bleuâtre (fig. 105, 43).
Parmi lestessons transparents et incolores nous distinguons des fragments de rcbords simples (fig. 105,
38—39, 51) ou retrousses (fig. 105, 40, 44, 45), des rebords de petits flacons (fig. 105, 52—53), des rebords
de coupes â cdtes verticales en relief (fig. 105, 50, 56), d'un type tres r6pandu dans l'empire romain 2 ),
puis les fragments de bases de coupes larges (fig. 105, 47—49) et des fragments de bases circulaires ă
empattement tres reduit (fig. 105, 46, 55, 57). Un petit tesson de verre bleu, parseme de points blancs,
tai!16 en forme de petit BOU (fig. 105, 41), rappelle les nombreux tessons en terre cuite tailles en forme de
disque, d6crits plus haut (p. 316).
3. D'innombrables fragments sans importance, pour la plupart transparents et incolores. Quelques-uns
pr6sentcnt des traces de pnssage par le feu.

5. Objets en metal
Les objets en metal trouves â Poiana sont extremement nombreux, plus nombreux que
dans aucune autre station de la plaine du Danube inferieur. En 1927 nous avons recueilli en
t o u t 4 objets et fragments d'argent, plus de 300 pieces en bronze et bien plus de 350 pieces
en fer, sans compter les innombrables fragments sans forme definie.

A) O B J E T S DE P A R U R E

a) F i b ul e s

1. Fibule en bronze, moulee et inachev6e (fig. 106, 24--108, 4). D'apres le bouton terminal du pied elle
doit appartenir â un type intermediaire entre Certosa et Latene I, donc aux siecles V—IV av. J.-C. 3 ).
Cet exemplaire prouve qu'on fabriquait â Poiana des bijoux en bronze et nous montre en meme temps la
manicre dont on executait les fibules. On fondait le metal dans un moule horizontal, obtenant ainsi la
forme et l'ornementation de l'arc et du pied et la forme tres grossiere de l'ardillon. Puis, de la lame
plate qui resultait, on travaillait la fibule â l'aide du marteau, en amincissant et en roulant en spirale
le fil de l'ardillon, dont la pointe restee libre etait pli6e vers la plaque d'arret. qui etait faţonnee aussi
ft I'aide du marteau.

') On le rencontre communement dans les Musces de hors, trouvee toujours â Poiana, dans les dernieres
Serbie, de Croatie, de Dalmatie, de Bosnie, de ITstrie, fouilles de 1928, dont l'etude est en preparation.
de Carniole, de Vienne, dans celui du Louvre (Salle C'est le type caract6ristique aux regions getes du
des bijoux antiques, collier 686), etc. Danube inferieur, rencontre dans plusieurs localites
*) Idem. Un exemplaire complet fut trouve en de la Bulgarie au N des Balkans (Filov, Izvestija,
Thrace dans la region de Ia Propontide, cf. Bullet. Bullet. de la soc. arch. bulg., I, 1910, p. 156, fig. 1 b;
de corr. hell., X X X V I , 1912. p. 296, fig. 2. Popov, ibid., II, 1923-24, p. 128, fig. 60) et â Tinosul
8
) L'aspect de cette fibule inachevee rappelle (R. et Ec. Vulpe, Dacia, I, 1924, p. 214 et fig. 43
exactement celui de la fibule complete du type « ge- 48, 2).
te», c'est-â-dire â bouton terminal courbe en de-

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UAIMJ ET ECATEKINA VULPE

2. Fragment tres d6teriorc d'un arc de fibule dcmi-circulairc en bronze (fig. 111,54), qui paraît etre
d'un type ă charniere et â moulures sur l'arc, assez fr6quent dans le S-E eurupceii a l'epoquc Latene ').
3. Fibule cn bronze du type Latene II ă appendice prolongc sur l'are, auquel il n'est pan assujctti
(fig. 106, 2 108, 75). Un autre exemplairc identique, toujours en bronze, a rappcndice brise (fig. 106, /
108, 76) '). Tous les deux furent trouvees au fond dc la couchc fi', dont ellcs servent a d6tcniiincr l'cpoqur.
4. Quatre grandes fibules en bronzc ă ressort 6troit et h arc simplc rcctiligne parallcle â l'ardillon
(fig. 106, 3, 7, 8, 26). L'une d'elle» prcsente une moulurc sur l'arc (fig. 106, 8). Fpoquc Latcne III ct pioto-
romaine 3 ).
5. Deux fibules en bronze â arc simplc sur61ev6 en anglc vif (fig. 106, 4, 30). Mcmc cpoque.
6. Fibule en bronze â ressort, ă arc simple plat ct â petit bouton tcrininal (fig. 106, 6). \^n autrc cxcm-
plaire semblable a l'arc plus 6troit (fig. 111,2). Les deux appartienncnl â la fin de la periode Latene III.
7. Fibule en bronze de la meme epoque a bouton terminal ct ii arc Hiirmonte d'unc iiioulurc et clargi
vers le ressort (fig. 106,5).

c/T^

21 -4- ft / M V
22 23 / 9

Fig. 106. Fibules.


8. Quatre fibules â arc simple et â long ressort (fig. 106,72-72,25,2(9), dont l'une cn fer (28).
9. Quatre fibules en bronze du type provincial romain du commencement de l'Empire '), â long res-
sort, â protub6rance sur l'arc et â bouton terminal coniquc (fig. 106, 9-10, 7.7-74). Elles furent trouv6es
dans les deux dernieres couches de la station.
10. Trois fibules en bronze du type Nauheim 5 ), â arc plat et rectiligne, dont l'extr^mitc en forme
de cuiller protege le ressort (fig. 106,15-17). Un exemplaire identique cn argcnt fut trouve â Tinosul •). Ces
fibules appartiennent â la premiere moitie du I-er s. apr. J.-C 7 ). L'arc d'une d'elles cst borde de dente-
3
') Specialement en Illyrie, en Grece et en Asie ) Cf. O. Almgren, Studien ilber Nordeuropăische
Mineure, d'ou il est originaire: cf. V. Curcic, Jahrb. Fibelformen, Leipzig 1923, p. 23 ct pl. I, 15.
fiir Altertumskunde, II, 1908, p. 1 sqq. et fig. 20—23 «) 76i«fem, p. 36 et pl. IV, 68—69.
5
et Chr. Blinkenberg, Fibules grecques et orientales, ) Cf. D6chelette, Manuel, II, 3, p. 1256.
Kdbenhavn, 1926, p. 204 sqq. •) Dacia. I, 1924, p. 211 sq. et fig. 43^48, 11.
2 7
) Un exemplaire identique â Ichimeni, distr. Do- ) Dcchelette, l. c. et n. 1.
rohoiu: Pârvan, Getica, pl. XXXVI. fig. 1.

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LES POUILLES 1)K POIANA

lures ct surmonte d'une protome d'oiseau qui s'abrcuve dans un petit vase (fig. 106, 75 = 107). Un fragment
de pied dc fibulc, pr6sentant les inemes dentelures marginales, appartient au memc type. Jusqu'â pre-
scnt lc typc dc fibule Nauheim n'a ete trouve en Uacie, cn dehors de Poiana, qu'â Tinosul et en Transyl-
vanie ' ) .
11. Fibule cn bronze trouvee dans la fouille C, tres bicn conservee, derivee du typc precedent et appar-
tenant â la meme 6poque (fig. 106,18 108, 74). La plaque du pied est ajouree comme â certaines fibules
de la periode Latene III *), tandis que l'arc plat et rectiligne presente les memes rainures longitudinales
que les fibules dc Nauheim. Le ressort est enveloppe dans un tube de bronze soud6 â l'extremite de l'arc.
12. Fibule en bronze â charnicre et â arc plat
cn forme de losange allonge. L'arc prcsente vers lc
pied un appcndice transversal qni fait pcndant au
ressort (fig. 106, 21). C'est un type provincial romain.
13. Fibule cn bronze, pareille, â arc plus large,
mais sans appendicc transvcrsal (fig. 106,22).
14. Broche en bronze en forme de croissant,
ornee de ccrclcs ponctues incises (fig. 106, 23).
Type provincial romain de l'epoque imperiale 3 ).
En dehors de ces exemplaires, un grand nombrc
dc fibules trcs d6tenor6es et d'innombrables frag-
ments ne peuvent etre toujours rapportes aux types
decrits ci-dessus, faute de dctails suffisamment ca-
Fi
racteristiques (par ex. fig. 106, 19-20, 27, 29, 31; * I07, Fibule r o m a i n e en bronze-
111,1, 3-8). Exceptc un fragmcnt cn argent(fig. 106.
27) et quelques fragments en fer (par ex. fig. 106, 29, 31; 108, 2; 111, 6, 8), tous les autres sont en bronze

b^ flpingles

Parmi les nombreuses aiguilles en bronze et en fer trouvees dans toutes les couches Latene de Poiana,
nous ne consid£rons comme epingles ornementales que celles dont la tete presente ce caractere d'une
manicre assez evidente. Ce sont:
1. Une epingle en fer forgc, â tete divisee en deux parties ondulees (fig. 117, 12). On rencontre
quelque chose de rapproche' en Illyrie, mais en bronze *).
2. Une ^pingle en fer, dont la tete forgee en forme de disque plat est dcterioree (fig. 117,17).
3. Une epingle en fer â tcte de forme annulaire (fig. 117, 43). C'est â un objet pareil que pourrait
appartenir le fragment de la fig. 117, 41-42. Dans la fig. 109, 50 on voit une courte epingle du memc
type, mais en bronze.

c) Pendanls tToreilles

Nous donnons cette interpretation aux differents objets annulaires en bronze (fig. 110,9,73,73,24,
25,27) ou en argent (fig. 110,4), formes d'un fil tordu, dont l'une des extremit£« est aplatie et l'autre
pointue 5 ) et dont le diamctre est d'env. 0,04 m. II y a cn tout 6 exemplaires en bronze, dont l'un est
orne de petits renflements aux extremitds (fig. 110, 9- 108, 72). II y a une seule piece en argent, trouvee
en dehors des fouilles, sur les pentes SO de la station et dont l'extremite plate est ornce de petits traits
et de petits cercles incis6s (fig. 1 0 8 , 9 = 1 1 0 , 4 ) . Tous ces pendants d'oreilles appartiennent aux epoques
Latene I I I et romaine.
Nous devons ajouter â ce jiaragraphe aussi les deux petites boucles en bronze â bouts effiles, qui sont
rcpresentccs â la fig. 109. 16-17.

1
) Pârvan, Getica, pp. 554 et 787. Herzeg., I, 1893, p. 123, fig. 28.
2 5
) Dechelette, o. c , p. 1257, fig. 537, 3, 5 et 8. ) Un exemplaire, en general de la meme forme.
3
) Un exemplaire identique au musce de Zagreb. mais plus simple, fut trouve â Glasinac en Bosnie:
provenant de Sisak. Truhelka, Wiss. Mitt. aus Bosnien u. d. Herzeg.. I.
*) Stratimirovic, Wiaa. Mitt. aus Bosnien u. d. 1893, p. 93, fig. 114.

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RADU ET ECATERINA VULPE

d) li a g u e. s

On ne peut citcr â cette rubriquc qu'uu nnneau simplc en bronze. forme' d'une lame epnisne, a centrc
large et aux extr^mites effiKes (fig. 109,29=108,17).

«■) Hracelets
On a trois exemplaires:
1. Bracclet en bronze, forme d'nne lame cpaisse simple, plus largc au milicu ct aux extremit6s effile>*

Fig. 108. Objets en os, en verre, en argent, en bronze et en fer.

2. Bracelet filiforme en bronze, dont les extremites sont attachees l'une â l'autre par des spirales
terminales (fig. 110,17), type simple tres repandu dans toute l'Europe pendant la pdriode Latene III 1 ).
En Roumanie, en dehors de Poiana, il est signale â Cerbel ct â Remetea 2 ).
3. Bracelet filiforme fabrique d'un alliage d'argent et de cuivre, aux extremites prolongees pour se
continuer l'une l'autre. Une de ces extremites est aplatie en forme de tete de serpent (fig. 108, 10--110, 3).

') Dechejette, Manuel, II, 3, p. 1227. i) Pârvan, Getica, p. 543 et fig. 372 et 378.

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LES F0UILLE9 DE POIANA

C'est un type assez repandu en Dacie â l'epoque Latene et souvent reproduit par des exemplaires plus
richement orn6s. Vasile Pârvan le consideVait comme specifiquement gete x ).
Nous pourrions regarder toujours comme faisant partie des bracelets, deux fragments aux extre-
mit6s orn^es de stries (fig. 110, 75, 19 108, 77, 73), et un fragment plus epais en bronze, de forme demi.
circulairc, simple (fig. 110, 76), ainsi qu'un petit fragment en bronze raassif (fig. 110, 28). A la fig.
117, 47, on a probablement un fragment de bracelet en fer, constitue d'un gros fil divise en deux bran-
ches plus minces.

f) P r n d e n t ifs
I. Deux petits grelots coniques en bronze, perfores â la pointe (fig. 111, 12—132).
2. Huit pendeloques en forme de petites baguettes ornăes de moulures rondes (fig. 109, 2—5,9—72).
Certaines parmi elles sont attachces & de petits anneaux filiformes (fig. 109, 9—77) d'un type identique
h celui du bracelet no. 2 dlcrit ci-dessus, de l'epoque Latene III.

*JM Ofoor
f\\

4
40 50 51 52 G 47
Fig. 109. Menus objets en bronze.

3. Petit pendentif constitue par un seul fil en bronze en forme d'ancre â tige tressee (fig. 109, 73).
4. Pendeloque en forme de petite baguette â pointe spherique courbee (fig. 109, 7).
5. Petit breloque en forme de couteau courb6 (fig. 109, 8). C'est peut-etre une amulette grossiere
qui voulait imiter les gros couteaux courbes des Getes 3 ).
6. Petit pcndcntif forme- de deux triangles plats, perpendiculaires l'un sur l'autre (fig. 109, 6) *).
7. Petite larne rectangulaire en bronze, bordee de trous, servant â la suspension de plusieurs pende-

') Ibidem, pp. 544 «qq. et 787. d'anneaux du type 5 (V. ci-dessou», p. 330), ont ete
•) Identiques â celui de Tinosul: Dacia, I, 1924, trouvees â Bazaurt pres de Bazargic, avec des mon-
p. 217, fig. 43. naies romaines republicaines et imperiales jusqu'ă
3
) Pour ces couteaux, cf. plus haut, p. 322. Hadrien: Filow, Izvestijo, Sofia, VII, 1919-1920, p.
') Des plaques en argent, grav6es, ayant sur les 152, fig. 112.
bords des pendentifs semblables, attaches au moyen

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R A D l ) ET E C A T E K I N A VULPE

loques (fig. 1 1 1 , 9 ) . On trouve de nombreux e x e m p l e s dr rette sorte de pendeloque collective duiis lee
p a y s illyrions ;'i l'cpoquc Lutcnc ').

g) Anntaux divers

II s'agit de divcrs anneuux en brnnze ou en fer d'usagcs differcnts, inais pouvnnt pour la plupart
etre interpretes romme des picres dc pendeloques. Nous distinguotis:
1. H u i t anneaux en bronze (fig. 1 0 9 , 3 0 ; 1 1 1 , 3 9 - 4 7 ; 45-48) et sept anneaux en fer (fig. 1 1 7 , 4 4 - 4 6 ;
53-54, 57, 64), entiers, simples, circulaires, de diame-
tres divers (0,015—0,04 m). Lcs 3 fragments en fer et
les 4 fragmcnts en bronze, reprcsent6s aux fig. 111, 42,
44, 52; 117, 49-50, 56 se rnppnrtent n des objcts
idcntiques.
2. Anneaii en broiize, circulaire, tordu (fig. 117,63).
de 0,12 m de diam.
3. Annenu en bronze de 0,05 m de diam., orne'
de quatre trous lntcraux servant â la suspension de
diverses breloqucs (fig. 110, 8). II y a des annlogies
nvec les autres p a y s du S E de l'Europe 2 ) .
4. D e u x anncaux form6s d'un double fil de bronze
tresse (fig. 111, 53). Un fragmcnt d'nnnenu identiquc
(fig. 1 0 9 , 2 4 ) .
5. Anncau en fil de bronze (fig. 109, 14) d'un typc
identique â celui du bracelet no. 2 dlcrit plus haut
(p. 328) et appartenant â l ' c p o q u e L a t o n e I I I . D'innom-
brables fragments (fig. 109, 12, 15, 18-20) d'anneaux
du m e m e t y p e , servant tous de m o y e n s de suspen-
sion pour les pendeloques no. 2 ou no. 6 dccrits ci-
dessus (p. 329) Un petit anneau identiquc fut trouve
â Tinosul 3 ) .
6. Anneau en bronze forme d'un fil roul6 en
spiralc (fig. 109,32).
7. Anneuu en fer rylindrique ct 6troit, ayant
servi peut-âtre de piece dc renforrement â l'extr6mitc
d'un manche d'ustensile quelconque (fig. 1 1 8 , 7 7).

23 27 h) B o u t o n ,i
Fig. 110. Objets en argent (4) et en bronze 1. Bouton circulaire convexe orne d'une fleur â
4 petales en relief (fig. 109, 29).
2. Petite plaque discoîde convexe en forme de bouton, mais dcpourvuc de tout accessoire servant
â l'assujettissement d'un v e t e m e n t (fig. 111, 11), motif qui nous empeche d'affirmer quelquc chose de
precis sur sa destination. Nous le citons c o m m e bouton seulement d'apres sa forine.

i) Appliquea

1. Fragment de plaque en bronze percee de trous rapproch6s (fig. 111,79).


2. Fragment de plaque carree en bronze percee d'un trou au milieu (fig. 111,22).
3. Fragment de plaque en bronze presentant un c6tc crenele (fig. 1 1 1 , 2 0 ) .
4. Plaque en bronze formee de deux disques plats soudes, depourvus de t o u t o r n e m c n l (f'ig. 113, 37).
5. Plaque en bronze de forme hexagonale allongce, presentant un pli mddian en relief (fig. 1 1 3 , 2 2 ) .
6. D e u x fragments d'une plaque en bronze rnassif, de 0,002 m d'epaisseur, dont une face est lissc

J 2
) Par e x . â Jezerine: R a d i m s k y , Wiss. Mitt. a. ) Cf, par ex. Fiala, ibid., I, 1893, p. 145, fig. 4 6 ;
Bosnien u. d. Herzeg., III 1895, p. 122, fig. 305; V, 1897, p. 2 3 , fig. 38.
p. 127, fig. 3 2 8 ; p. 163, fig. 5 0 4 ; etc. ') Dacia, I, 1924, p. 217 et fig. 43.

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LES FOUILLES DE POIANA

et l'autre sillonnee d'unc ligne droite en relief (fig. 112,14; 113,36). L'un de ces fragments est entoure
de troncons de prolongements radiaux (fig. 113,36) et cette particularite permet la reconstitution de
l'objet auqael il appartenait et qui etait une grande applique â orncment palmiforme, ajouree, identique
:. «ellc trouv#e a Stradonitz en Boheme et appartenant â l'epoque Latene III *).

Fig. 111. Objets en metal.

7. Applique constituee d'une plaque rectangulaire en bronze â contour dentele, presentant sur une
face deux petits clous organiques et sur l'autre les traces d'une raince feuille d'argent decoree d'incisions
(fig. 108,7—113,32). Elle a 6tc trouvee dans I'une des dcux dernieres couches de la station.

Fig. 112. Objets en bronze (7 15) et en fer ( 2 - 6, 16—17).

8. Fragment d'applique rectangulaire en bronze, simple, ayant un petit clou organique, servant
â l;i maintenir sur un objet cn bois (fig. 113,23).

■) Fic-Dechelette, Le Hradisrhi dv Stradonitz en Boheme. pl. XIX, 18-26.

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HAIH' I I ECATERINA VULPK

j) Garnitures direrses

1. Divers fragments de fils de bronze tordus (fig. 110, 12, 14), trcsses (fig. 1 0 9 , 3 2 — 3 3 ) ou gimples.
2. Lamelles etroites en bronze, de formcs irrcgulieres. L'une d'elles prescntc un indiec d'cmploi: elle
a ete rouleV autour d'un objet plat, peut-etre d'unc gaine d'cpee (fig. 111, 49).
3. Fragments de petits tubcs cylindriques en bronze (fig. 109, 26—27).
\. Fragment d'objet en bronzc constituc par une alvcole cylindriquc renfermee dans un coin de pa-
rallclipipede (fig. 109, 25). D'une identification tres difficile.
5. Divers fragments dc plaques en bronzc de formcs irregulicres, dont on ignore IVmpIoi.

B) A R ME S
Les objets de cette categorie trouves k Poiana sont plus nombreux que dans aucune des
stations explorees jusqu'aujourd'hui dans la region comprise entre les Carpathcs et le Da-

nube inferieur. Mais en fait d'armes de dimensions plus importantes, comme des ep6es, des
lances, e t c , on n'a decouvert qu'un tres petit nombre de pieces dont la plupart sont r^duites
â l'etat de fragments. Par contre, les 52 pointes de fleche trouv6es dans nos fouilles, sans compter
les divers fragments, constituent un nombre assez important et assez significatif pour un grand
centre de population comme Poiana, qui a du etre plusieurs fois, pendant sa longue evolution,
l'objectif de violentes et nombreuses attaques. Ce nombre doit nous rappeler aussi le renom
dont jouissaient dans l'antiquite les archers des deux grands peuples qu'on peut considerer par
rapport â la station de Poiana, c'est-â-dire les Getes et les Scythes l).

a) £p6es

1. Poignee d'ăpee en bronze, plate, â soie mince entre deux petites ailettes relevees, trouvec daus
la plus anciennc couche de la station (fig. 23, 79). Elle est d'une execution tres primitive.mais elle prescnte
l
) Pârvan, Getica, pp. 397 sq., 514 sq., 763 et 782.

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LES FOUILLES DE POIAISA

une importance considerable par son type qui rappelle les epees Sgeennes du minoen r^cent I I ' ) . servant
ainsi de principal element â dater la premiere couche de la station de Poiana, qui est du commencement
de la Ill-e p£riode de l'uge du bronze 2) et constituant un nouveau document dans la discussion, encore
ouverte, sur l'explication dcs affinitSs qui existent entre les civilisations prehelleniques du bassin eg6en
et les civilisations des premiers âges des metaux des regions carpatho-danubiennes s ) .
2. Les couches intermcdiaires ne nous ont fourni aucun objet. de cette nature. Ce n'est que dans les
dernicres couches de la fin de l'epoque Latcne
et du commencement de notre erc, que nous

IMMH
avons trouve^ trois fragments d'epees en fer,
dont un segment dc la partie supcrieure d'une
lamc â deux tranchants, large de 0,05 m,
conscrvant encore un reste de la croisiere
(fig. 116,26).
3. Les autres deux fragments sont des
pointes d'6pees effilăes, â deux tranchants, se
conservant sur des longueurs de 0,115 m et
de 0,175 m (fig. 112,5-6).

b) Lances

1. Nous considerons comme appartenant


â des douilles de fers de lances les fragments
tubulaircs repr6sentcs â la fig. 114, 1-2.
2. Le fer de lance en forme de feuille de
saulede la fig. 114,12, long de 0,105 m et â soie
garnie de deux trous servant â l'assujettir â
la humpe, ne nous paraît point etre posterieur
â l'6poque romaine
3. La pointe en fer, pyramidalc et â longue
soie, represcntee â la fig. 114,27, est pro-
bablement une espcce de sabot de lance.
4. On doit consid6rer aussi comme prove-
nant de talons de lances, mais â douille, les
diverses pointes coniques en fer, evid6es â 25 20
l'intcrieur *). Fig. 114. Ob'ets en fer.

l 2
) A. E. Remouchamps, Griechische Dolch- und Schwert- ) La date de l'epee de Gezer, fixee par M. Re-
formen', ein Beitrag zur Chronologie der europăischen mouchamps au minoen recent II, correspond (d'a-
Bronzezeit, duns Oudheidh undige Mededeelingen, Leiden, pres le tableau annexe â son ouvrage cite, p. 77)
VII 1926, p. 37etfig 22. II s'agit de l'epee de Gezer â la fin du XV-e siecle av. J.-C, ce qui dans la chro-
(Palestine), la plus rapprochee de la forme de notre nologie danubienne veut dire la transition entre la
exemplaire. (V. aussi R. Dussaud, Les civilisations Il-e et la Ill-e periode de l'âge du bronze: Hoernes-
prâhelle'niques dans le bassin de la mer Egee 2, Paris, Menghin, Urg. d. bild. K. 3, p. 818. Cf. aussi Pârvan,
1914, p. 291 et fig. 209) et qui represente l'expansion Getica, p. 292.
3
vers le SE d'un type 6geen. M. Remouchamps, ibid., ) Pour les elements egeens dans les regions da-
p. 37 et n. 3, reconnaît â ce type aussi une expansion nubiennes cf. V. Gordon Childe, The Minoan Influ-
verB le N, document6e par un exemplaire trouve â ence on the Danubian Bronze Age, dans Essays inAegean
Karaglari prcs de Panaghiouriste en Bulgarie (Ebert, Archaeology presented to Sir Arthur Evans in honour
Reallex. d. Vorgeach., II, s. v. Bulgarien, pl. 103 b. of his 75-th Birthday, edited by S. Casson, Oxford
V. aussi S. Casson, Macedonia, Thrace and Illyria, 1927, p. 1 sqq.
pp. 135 et 173). Une expansion du meme type vers *) Les talons de lance, connus d'abord par les
l'Occident a ete reconnue â l'aide d'un exemplaire de Grecs et les Romains (Cagnat-Chapot, Manuel, II,
facture primitive, tres semblable â celui de Poiana, p. 331), furent repandus par ceux-ci au cours de leur
trouvă pres de Zurich en Suisse, cf. Dechelette, Ma- expansion dans toute l'Europe. Pour la Gaule cf.
nuel. II, 1» fig. 66. Dechelette, Manuel. II, 3, p. 1149 et fig. 481.

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R A D U ET E C A T E K I N A VULPE

c) Pointes de fliche

1. Trois pointes de flechc en bronze, â duuille et u feuille en forme de losauge, de 0,04 -0,045 m
de longueur (fig. 1 1 3 , 1 8 - 2 0 ) .
2. Pointes de fleche en bronze, â douille et â trois ailettes longitudinules â burbelures, d'une exc-
cution fine et minutieuse, d'une longueur variant de 0,028 m â 0,045 m (fig. 1\3, 1-16, 26-27, 30). La
douille prcsente un trou setvant â l'assujettir â lu tige de lu fleche. II y a en tout un noinbre de 28
picces. On a trouvc des pointes de fleche identiques u Mnnguliu, duns lu cite greco-romuine de Callatis ')
dans le Deltu du Dunube '). â Sozopoli cn Bulgurie '). daus lu Russic mcridionule *) et en Turkestan '').
Leur type est connnu dans lu Dacie dcs l'âpoque de Ilullstutt, ă luquellc se rupportent les pointes de
fleche u trois ailettcs longitudinales, appelees «scythiques» et trouvees â Aiud *). A Poiaua, ou elles s o n t
les plus communes, elles ont «i<- trouvees surtout dans les couchcs des periodes Latene II ct I I I .
3. Quatre pointes de fleche en fer â trois ailettes â barbelures ct â soie, d'env. 0,04 m de long. (fig.
113,28-29,31).
4. Pointes de flcche plutes â douille et â barbelurcs, de 0,05—0,065 m de longueur (fig. 113,3-8).
II y a en tout 5 pieces entieres et 9 fragments. La douille est forgee.

C) USTENSILES
a) Miroirs

On compte en t o u t : un miroir complet (fig. 113, 44), un miroir un peu ebreche (fig. 113, 46), quatre
moities (fig. 113,33,43) et 12 fragments plus petits provenant d'autres miroirs (fig. 113, 40-42, 47-48),
Tous ccs miroirs sont discoYdes, de diametres variant de 0,03 in a 0,06 m, en metal blanc, marteles
sur leur face concave et tres bien polis sur leur convexite. Ils n'ont et6 trouvcs que dans les deux
dernidres couches de la station. Leur technique tres compliquee et raffiu6e porte lu marque d'une in-
dustrie developpee, ce qui nous fait supposer que c'est un article importe d'un pays meridional peut-etre
de l ' I t a l i e 7 ) .
b) Pincettes de toilette
Nous donnons cette interpretation â un fil en bronze, plat, pli<£ ă bras 6gaux (fig. 111, 51). Le frag-
ment de la fig. 1 1 1 , 1 6 est probablement aussi une tfite de pincette.

c) Outils de chirurgien
Nous considerons comrae tels les petits couteaux â lames fines, ctroites et longues, des fig. 1 1 5 , 2 4 .
26, 32, 40, pareils â ceux trouvcs â Stradonitz en Boh^me '). ainsi qu'un frugment de lame trâs finc
courbee (fig. 1 1 5 , 9 ) .
d) Rasoirs
1. Petit couteau en fer, recourbe, ayant le tranchant sur le c6te concave. long de 0,04 m (fig. 115,
8). C'est un rasoir du type Schlichtingsheim, d'apres le nom d'une localit6 de la Sil6sie, de l'6poque
Latene I I I " ) . Le fragment reproduit dans la fig. 115, 16, long de 0,08 m, paraît appartenir au m£me
type de rasoir.
2. On doit considerer toujours comrae rasoir le petit couteuu â lame elliptique et â soie courte, re-
levee en arriere, de 0,04 m de long., reproduit â la fig. 1 1 5 , 6 .

â
>■) T h . Sauciuc-Săveanu, Dacia, I. 1924, p. 157, ) R. P u m p e l y , Excavations in Turkestan; expe-
fig. 78. dition of 1904; prehistoric civilization ofAnau, Washing-
2
) C. Moisil, Bulet. Com. Mon. ist., I I I , 1910, p. ton 1908, pl. 39, 7 et fig. 288. Pour l'usage de la fleche
176, fig. 12. â trois ailettes en Orient, cf. J. de Morgan, La pri-
s
) Isvestija, Sofia, I I I , 1925, p. 239, fig. 53. histoire orienlale, I I I , Paris 1927, p. 291.
*) I. Fundukle, Obozrjenie mogil, valov i gorodist «) Pârvan, Getica, p. 353, fig. 2 4 5 ; p. 356, fig. 248.
7
Kievskoj gubernij, Kiev 1848, pl. V I I I b et X V I I I 6; ) Ibidem, p. 530.
8
Ouvaroff, Antiquitis du Bosphore cimm6rien conser- ) Pic-Dcchelette, Le Hradischt de Stradonitz, p. 86,
rees au musee imperial de VErmitage, St. Petersbourg fig. 10.
1854, pl. X X V I I , 1 1 — 1 7 ; M. Ebert en Reatt. d. ») Dechelette, Manuel, I I , 3, p . 1279, fig. 553, 10.
Vorgesch., X I I I , s. v. Sildrussland, pl. 33 c, 1, 3 — 4 .

www.cimec.ro 334
LES KOUILLES DE POIANA

e) Couteaux
Les couteaux trouve» ., Poiana sont tous en fer forge, â un seul tranchant et appartiennent â deux
types:
1. Couteaux â lame droite et â soie effil6e, quelquefois perc6e d'un trou servant â l'assujettir au manche
(fig. 115, 17-23, 25, 29, 33,36,38,41). On compte 8 couteaux entiers et 26 fragments. Les dimensions
sont generalcment assez petites: les exemplaires entiers ont une longueur variant de 0,08 â 0,14 m. Les
fragraents appartiennent egalement â des couteaux, mais plus grands (fig. 115, 14,30,39,42). La lame
est ătroite et pointuc »), pr6sentant quelquefois une rainure d'6coulement le long du dos. Le manche etait
certainement en bois, d'apres les traces qu'on voit encore sur quelques fragments.
2. Couteaux â lame
recourb6e, â tranchant sur
le cdte concave (fig. 115.
4-5, 7,11, 13,15, 31, 34) 2)
ou â tranchant simplement
rectiligne (fig. 115,1-3, i 2,
27, 35) 8 ). On a trouve en
tout 7 couteaux complets
et 16 fragments. Les exem-
plaires complets ont une
longueur de 0,07 m jusqu'â
0.18 m. Quelques frag-
ments dc lames courbes
d'une largeur de 0,02-0,025
m proviennent de pieces
plus grandes. peut-fctre de
gros coutelas du type si
fr6quent parmi les armes
daces 4 ).
En dehors des cou-
teaux et des fragments
decrits plus haut, â men-
3S 39 33
tionner encore 10 frag- ^4 & $7 38 *39 ^
mentsde grandscouteaux, Fig. 115. Objets'en fer.
dont Ia lame mesure plus
de 0,02 m de largeur et 17 fragments de couteaux plus petits, tous en fer, ne pouvant etre attribues
avec certitude â aucun des deux types mentionnes ci-dessus.

e) Ciseaux
C'est l'interpretation que nous donnons â un clou prismatique en fer, â tete plate et â bout tran-
chant (fig. 118, 2) 5 ). On pourrait aussi considerer comme des ciseaux similaires les divers objets allonges.
en fer ou en bronze, representes aux fig. 113, 38,45; 118,3,5-7, 19, 22 (longs de 0,04 â 0,08 m). Les
objets prismatiques en fer figures â la page. 336 (fig. 116,6-7), longs de 0,13 m, doivent etre regardes
comme de grands ciseaux de menuisier.

f) Alines
Nous pouvons consid6rer comme telles les petites pointes en fer reproduites aux fig. 114, 7 7-16*;
117, 8, 18, 24. L'objet represente â la fig. 114,9, long de 0,07 m, est peut-âtre une alene plus grande,
â douille. Quelques-uns des poincons et quelques-unes des aiguilles en fer ou en bronze que nous re-
produisons aux fig. 109, 51; 110, 29; 117, 73-76; 118, 20-24, ont pu servir egalement d'alenes.

x 8
) Analogies â Tinosul, Dacia, I, 1924, p. 218 et ) Ibidem, p. 486, fig. 330, 10.
fig. 47, 5, 9 et 48, 1, et â Dobrichov, Pic, Urnen%răber *) Ibidem, p. 498, fig. 342.
6
Bohmens, pl. LXVIII, 21—22; LXXI, 9. ) Dechelette, Manuel, II, 3, p. 1367, fig. 601. 1.
») Pârvan, Getica, p. 491, fig. 335.

www.cimec.ro 335
RADU ET ECATERINA VULPE

g) Forces
Les deux fers courbes eu forme de D reproduits â la fig. 116, 8-9 ne sont que des tetes de forces
du type bien connu du Latene III et rencontre en plusieurs endroits d'Europe, comine par ex. dans
la station de La Tene, â Idria pres dtf Bacia, ă Stradonitz, â Ornavasso, ctc. *).
b) Tranchet
C'est l'usage qu'a pu avoir la petite lame triangulaire â pedoncule perpendiculaire de la fig. 111, 15.
i) Soc de charrue
C'est un objet triangulaire en fer massif, â la pointe un peu recourbee (fig. 116, 5) rappelant en quelque
sorte le soc de charrue de Tinosul *).

j) Fourchettes ă chaudron
II s'agit de trois fourchettes en fer, simples, ă deux dents 16gcrement recourb^es et â soie courte
et effilce. Leur longueur moyenne est de 0,12 m
(fig. 112,1-2, 4). Des fourchettes similaires sont tres
repnndues dans toute l'Europe a P6poque de Latene
III, quand s'est cxcrcee l'iufluence dcs pays gr6co-
romains, ou l'on connaissait depuis longtetnpB <■<•-
XQeayQCU ou harpagones s ). On les employait dans la
cuisine pour retirer du fcu les chaudrons ct les gros
morceaux de viande 1 ). Nos exemplaires de Poiana,
auxquels on peut ajouter ausai un fragment conser-
vant seulement la soie et la naissance des deux dents
(fig. 112, 3), se distinguent des autres fourchettes
trouvees en Europe par leur simplicite et par leur
soie effilee, qui implique un manche en bois.

k) Vases en bronze
1. Trois fragments de la partie superieure d'un
vase â rebords etroits, un peu evascs, trS» d£te>iorăs
et avec des marques qui dlnotent l'action du feu
puissant (fig. 112, 7-9). Ces fragments ont €t€
trouves dans la fouille A avec une bande eu bronze
(fig. 112, 10, 12), qui constituait sans doute la bor-
dure d'un autre vase. Elle est garnie de deux clous
rives. Quant â la forme du vase, on ne peut la rc-
14 15 17
22 constituer, nos fragments ătanl â cet Igard absolu-
Fig. 116. Objets en fer. ment insuffisunts.
2. Dans une des dernieres couches de la fouille I
egalement, a ete trouvee une ause de vase cn bronze fondu, de forme cylindrique, longue de 0,14 m
et de 0,025 m de diam., ornee de cannelures longitudinales et termin€e par une tfite de bclier dccoree
de petits cercles inciscs en guise de petites boucles de laine (fig. 112, 11). Elle garde les trois clous de fer
qui la fixaient au vase. C'est un type d'anse trfts repandu dans lcs provinces danubiennes de l'empire
romain, dans les premiers siecles de notre ere 6 ). II est signalc encore en Roumanie â Constanţa
— Tomi •) et â Balcic — Dionysopolis 7 ).
J
) Dechelette, Manuel, II, 3, p. 1283 et fig. 555. PompeY (Château de Chantilly, cabinet des antiq.), â
2
) Dacia, I, 1924, p. 219, fig. 48, 9. Belgrade (Musee National), en Hongrie (Archaeol. F.r-
*) Dechelette, o. c, II, 3, p. 1422 6qq., fig. 637—638; tesito, 1882, p. 71, fig. 4; 1900, p. 387, fig. 2), en Bul-
Pic-Dechelette, Stradonitz, pL XXXV, fig. 11; etc. garie (Izvestija, Sofia, I, 1910, p. 168, fig. 6; G. Seure,
*) Dechelette, loc. cit., p. 1422. Bull. corr. hell, XLIX, 1925, p. 429, fig. 11, 82), etc.
") On le retrouve dans les musees de Dalmatie, ") Pârvan, Getica, p. 27 et pl. IV, 4; cet exemplaire
d'Istrie, de Bosnie. de Vienne (Kunsthist. Mus., salle n'est pas scythiquc, mais greco-romaîn du premier
IX, vitr. VI, no. 16; salle XV, vitrine I, no. 42—43; siecle ap. J.-C, identique â celui de Poiana.
Naturhist. Mus., salle XIII, vitr. 91, no. 37, 884), â 7
) C. Moisil, Bul. Com. Mon. htorice, 1914, p. 29,

www.cimec.ro 336
LES KOUILLES D E POIANA

3. Fragmenl de petit couvercle circulaire en bronze. de 0,055 m de diam., simple, avec une petite
anse (fig. 113, 34).

1) Clefs e.t serrure


1. Clef romaine, en fer, longue de 0,06 m (fig. 112, 77). Des exemplaires identiques ont ete trouve^
n D o b f i c h o v cn Boheme, station de l'cpoque impcrinle romaine ' ) .
2. Clef en fer, bien conservee, longue dc 0,18 m, â long pedoncule termine en anneau plat et â
languette plate e t compliquee (fig. 112, 16). Son excellent ctat de conservation et la singularite de son
t y p e , nous font incliner n rattribuer plutât â une epoque plus recente qu'â celle de la derniere couche
nrchcologiquc dc Poiana.
3. Pieee de serrure en bronze (fig. 111, 14) d'un type assez repandu dans l'Empire romain au I-er
s. apr. J.-C 2 ) .

m) Ainuilles
On a trouve un grand nombre de
fils en fer et en bronze, qui ne peuvent
fitre considtfres qu'en partie comme ai-
guillcs ou fragments d'aiguilles. Parmi
ceux-ci, qui depassent le nombre total
de 30 (plus de 20 en fer et plus dc 10 en
bronze) et sont de differentes epaisseurs,
nous distinguons dcs aiguilles droites
(fig. 109, 40-41; 117, 2-3, 5-10; 13-21,

o
29, 32) et dcs aiguilles recourbees par
l'usage (fig. 109, 3(1-39, 47, 52;
117, 10, 16). Leurs longueurs va-
rient de 0,03 â 0,085 m. D e u x aiguilles
seulemcnt sont cntieremcnt conservees,
ayant garde le trou et la pointe. L'une
est en bronze (fig. 109, 46) et l'autre
cu fer (fig. 1 1 7 , 2 7 ) .

Quclques longues aiguilles en fer


(fig. 117, 23-24) et en bronze (fig. 109,
35, 37-, 110, 20, 30), tordues, ont les deux
extremites pliees en sens divergents,
l'une poiutue et l'autre aplatie et sans
trou. Lcur usage demeure obscur. Peut-
âtre servaient-elles en chirurgie.
■3Q
7/ 7
n) Hamecons 60 72 7TS'TA'fy
3 76 &
9 71
6607 68 ^ 70
On a trouve trois hamecons en fer
(fig. 117, 33-34; 118, 29), moins bien Fig. 117. Objets en fer
3
conserves ipae l'cxemplaire de Tinosul ) .

o) Clous
On a trouve un assez grand nombre de clous en fer â Poiana: plus de 30 clous entiers de toute sorte
et unc tres grandc quantite de fragments. On distingue trois t y p e s :
1. Dix-sept clous de dimensions moyennes, â tige cylindrique ou prismatique (par ex. fig. 114,
13-16, 19-23). La plupart ont la tete circulaire, plate, large, arrivant jusqu'â 0,037 m de diam. (par
ex. fig. 114, 14, 30). A la fig. 114, 19 on en voit â tete conique.

fijţ# 3 — 4 - O. Tafrali, La cite pontinue de Dionyso- Musees concernant l'empire romain, comme par ex.
polis, Paris 1927, pl. I X . en Illyrie â Knin, â Zagreb, etc.
3
') Pic, Urnengrăber Bbhmens, fig. 66, 3. ) Dacia, I, 1924, p. 218 et fig. 47, 19 = 48, 5
-) On trouve des pieces semblablea dans les divers

337
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22 Dacia I I I — I V 1927/932.
R A D U ET KCATFRINA VULPK

2. Sept petitn cloua, jusqu'îk 0,09 m de longueur, u petite tete et u grosse tige prisinatique (fig.
117, J: 118, 52-54).
3. D i x clous prismatiques en forme de T, d'unc longueur urrivunt jusqu'u 0,27 m (fig. 116, 1-3). Ils
ont 6t6 trouvcs enBcmblc parmi les debris de la maison decouverte dans la couche jaunutre (Latene
I I I ) de la fouille ZYXW.
4. II y a en outre plus de 40 fragments en fer (fig. 117 et 118) qui se rattuchent specialement au pre-
mier type de clous que nous v e n o n s de decrire.
5. D e u x clous plats â tâte trianguluire pcrcee (fig. 116, 18-19), longs de 0,07—0,085 m.

p) Crampons

On en c o m p t e vingt-sept, tous en fer. Ces cram-


pons sont pour la plupart ]>rismatiques ct ont les
crochets en angle droit (fig 1 1 8 , 3 1 - 4 1 ) . D e u x e x e m -
plaires seulemcnt sont cylindriques et recourb6s en
forme de fer a cheval (fig. 1 1 8 , 2 8 , 3 0 ) . Les crampons
de Poiana p e u v e n t se diviser, d'apres leurs dimensions,
en d e u x catcgories : ceux qui ont une hauteur mo-
yennc de 0,05—0,06 m et ceux qui atteignent 0 , 0 9 —
0,10 in. Ces derniers sont au nombre de 9.
Les clous pli6s en angle droit, qui sont repro-
duits â la fig. 1 1 8 , 4 5 - 4 7 , 5 6 - 5 8 et qui ont ete trou-
ves au nombre de cinq, sont j>robablement des frag-
m e n t s de crampons â double crochet.

q) ttriquets

II s'agit d'un briquet en fer de forme clliptique,


long de 0,05 m (fig. 118, 14), d'un t y p e tres r6pandu
ă l'epoque romaine ' ) . Le fragment de fer recourb6
de la fig. 1 1 8 , 2 3 doit dtre attribue peut-6tre â un
objet similaire. L'objet ondule en fer, reproduit â
Figţ. 118. ObjctH en for. la fig. 1 1 6 , 2 2 , termine par un anncuu, paraît 6tre
egulcment un briquet.

r) Eperons

On en a trouve quatre exemplaires en fer, demi-circulaires, termines en b o u t o n s coniques et â 6peron


simple, court et aigu (fig. 1 1 6 , 1 0 - 1 3 ) . On v o i t un excmplaire c o m p l e t e m e n t forge, mais sans 6tre en-

Fig. 119. Monnaies romaines en urgent.

core plie (fig. 1 1 6 , 1 2 ) . Les autres exemplaires sont d6jâ courbcs ct e m p l o y e s , ce qui rcsulte de leur etat
fragmentaire. Le type de ces 6perons est tres c o m m u n â la fin de l'epoque Latene en Gaule, en Bohâme 2 ) ,
e t c , ainsi qu'en Dacie 3 ) .

l 3
) Cagnat-Chapot, Manuel, I I , p. 464. ) P â r v a n , Getica, p. 527 et fig. 364.
«) Dechelette, Manuel, I I , 3, p. 1201 sqq.

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LES FOUILLES DE POIANA

D) MONNAIKS
a) Monnaies d'argent
On a trouvc dans les fouilles de 1927 huit pieces en tout:

No. Keferences Etat de conservation Fouille et couche Observations

a) flpoque rcpublicaint
1 Babelon l), I I , p. 329, Plutia, 1. Lisible. A'", couche y. Au revers inci-
sion: E'
V. fig. 1 1 9 , 3 .
2 Manque chez Babelon.—- Reclo: Assez lisible. A , couche 6.
tete a long cou, primitivement
V. fig. 119, 1
traitee, inscription mal imprimce. etl20.
Verso: c o m m e e n Babelon, I I , p . 565
V O L T E I , mais ecrit de droite â
gauchc.
3 lî.il" l.in. I I , p. 442, Scrgia. Partiellement Iisible. Y, couche y . V. fig. 119,5.
4 I5iilnl.ni. I. p. 383, Cordia, 1. Partiellement lisible. W, couche /5, proba- V. fig. 119,4.
blement provenant
d'une couche supe-
rieure.
5 Babelon, I I , p. 28, Iulia, 50. Lisible. Usce. A, couche d. V. fig. 119,6.
6 Babelon I, p. 201, Antonia, 111. Tres usce. Difficilement A, couche 6. Incisions:
lisible. recto: S ; verso: C
V. fig. 119,2.

j3) £poque impSriale


1 Colien, I*, p. 6 9 , 2 ) Augustus, 43. Tres lisible. Passee par Z, couche y.
le feu.
2 Cohen, I*, p. 388, Vespasianus, 276. Tres lisible. A'", couche 6. V. fig. 119,7.

b) Monnaies de bronze
Trois pieces, dont une, fort usee, presente sur le recto une tete de divinite feminine avec l'in-
scription BOMA et sur le verso un bige avec une inscrip.
tion indcchiffrable; c'est ccrtainement une monnaie de
type rtfpublicain, mais qu'on ne peut pas classer d'une
maniere plus precise.
Les deux autres piăces sont tres detcriorees et abso-
lument illisibles, par suite du passage par le feu. Seules
leurs formes et leur massivite peuvent les faire consi-
derer comme des monnaies. Fig. 120. Argent (1/1).
1. L'une, de fornie concave, trouvee dans la tombe
4 de Z, est probablement une monnaie dace du type celtique. Ce serait donc une des premieres
monnaies daces en bronze mises au jour jusqu'â present 3 ).

J
) E. Babelon, Descriplion historique et chronologique frappees sous Vempire romain Medailles imperiales,
des monnaies de la Ripublique romaine, vulgairement Paris 1880.
3
appeUes monnaies consulaires, I-II, Paris 1885—1886. ) Nous nous permettons de faire cette hypothese
2
) H. Cohen, Description historique des monnaies en nous appuyant sur l'exemple fourni par une mo-

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RAIHJ ET E C A T E R I N A VHLPE

2. L'autre. plus petite (0,01 m de diam.), de la mt-iiie grandeur que les iiioimaieH eu argent de-
crites plus haut, paraît etre une munuaie de cuivre revetue d'uue feuille d'argent. Le passagc par le feu
a efface toute trace d'inscription et d'effigie.

V. OBJETS TROUVES EN DEHORS DE NOS EXPLORATIONS


Les objets antiques renfermes dans les riches couches de la station de Poiana ont tou-
jours pu etre recoltes aisement sur les portions rongces par l'action annuelle de la fonte des neiges
et des eaux de pluie. Les pentes escarpees entourant la station et les ravins des torrents qui se
forment pendant la saison des pluies, sont toujours couverts d'abondants debris archeologi-
ques qui finissent tot ou tard par etre entraînes dans le lit du Siret. Cette dispersion conti-
nuelle des antiquites de Poiana, due aux agents naturels, a permis â divers collectionneurs
dilettantes du pays de les recueillir et de les
eparpiller sans aucun profit la plupart des fois
pour la science. Tres peu nombreux sont ceux
qui ă leur passion des antiquites ont ajoiite
un plus grand souci de leur conservation.
Parmi eux nous citons specialement MM. P .
Solomon et Mih. Dimitriu de Tecuci, qui ont
reussi â realiser d'interessantes collections
privees. La collection de M. Dimitriu en par-
ticulier, dont nous allons decrire, avec sa per-
mission, les principaux exemplaires provenant
de Poiana, demeures inedits jusqu'â prăsent,
merite une mention speeiale pour le goilt et le
soin delicat avec lesquels elle a ete arrangee').
II est incontestable que les objets que
nous allons enumerer sont depourvus de toute
valeur stratigraphique, mais nous trouvons
Fig. 121. Collection M. Dimitriu (Tecuci).
qu'il soit interessant de les ajouter â ceux
Fragments de vases (2 et 4 - 6 ) , fusaYole (7) et
pierre â aiguiser (3). trouves par nous, en t a n t qu'ils presentent
des caracteres nouveaux et que nous avons pu
nous rendre compte qu'ils proviennent reellement de Poiana.

naie en bronze du type concave dace, â effigie assez meme de Ia station, ou les destructions execut^cs
claire, trouvee toujours â Poiana par les habitants au printemps de 1928 par tous les deux aux extre-
locaux et etant actuellement en possession du cure niiir■- N, S et S E de la meme station. Nous n'in-
de Poiana, Pr. Alex. Gafton. Jusqu'â present on sistons pas ici sur le fait de se mcler sans aucune au-
ne connaissait pas de monnaies pareilles en bronze: cf. torisation â des explorations dejă commencees par les
Pârvan, Getira, pp. 604 et 796. delegues responsables de la Commission des Monu-
') Tout en appreciant l'utilite des recherches de ments historiques, ce qui constitue une contrevention
MM. Solomon et Dimitriu, en tant qu'Us se limitent â au t e x t e de la loi. Ces fouilles clandestines, qui o n t
cueillir les objets superficiels destines â une dispa- eu pour but unique la chasse a u x objets, ont cause
rition certaine, nouş sommes obliges, â notre grand des dommages irrcparables, bouleversant les couches
regret, d'appeler leur attention sur l'action, nocive et les detruisant sur les portions ainsi fouill6es, a v a n t
pour la science, qu'ils commettent lorsqu'ils s'en- qu'on n'ait pu etudier leur contenu et Ieur situation.
gagent dans des explorations qui depassent leur Nous nous bornons ici aux constatations. La Commis-
competence, tels par ex. les fosses pratiques par M. sion des Monuments historiques, qui est deja en pos-
Solomon â Poîana au printemps de 1927, au centre session de notre rapport dctaille sur ces faits, prendra,

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LES F O U I L L E S D E P O I A N A

O B J E T S 1)1. LA COLLECTION MIH. D I M I T R I U D E T E C U C I

a) Cframique
1. Moitie verticale d'un vase de l'âge du bronze du type â deux anses posees verticalement sur les
bords. decrit plus haut, p. 277 (fig. 121, 5). Elle est ornee tres simplement â Iignes incisees et pointillees.
2. Partie supeneure d'un vase gris de forme spheroîdale travaille au tour, de la categorie b 1 decrite
plus haut (p. 295), â goulot etroit et sans aucun ornement (fig. 1 2 1 , 4 ) .
3. Fragment de petit vase gris, categorie b 1 (p. 295), â rebord un peu evase et â manche demi-
circulaire pourvu d'un anneau transversal (fig. 121,6), simulacre du « noeud d'Hercule» tellement
c o m m u n dans la ceramique grecque et romaine l) et copie aussi par les Getes de la plaine danubienne,
ainsi quc le prouve ce fragment.
4. Partie supeneure d'une grande jarre en pâte grise â parois epaisses, travaillce au tour, ornee de lignes
horizontalee ct ondulccs incisees (fig. 122).
5. La moitie d'une ccuclle cn pâte grisâtre,
travaillce au tour, dc la categorie b I (plus haut.
p. 295), â large ouv crture, a basc ctroitc ct au
bord vertical simple (fig. 124,4).
6. Fragment d'une exuelle de la meme
technique (plus haut, p. 298), â bord horizon-
i.il un ]>cu evase et ă large anse (fig. 124, 5).
7. Fragmcnt d'unc coupc evasee du t y p e
14 si comimin â Poiana c o m m e dans toutes les
stations Latene de la Dacie (V. jdus haut,
p. 298). La particularite importante de cc
tesson ornc â l'intericur de lignes rayonnantes,
lustrees, faites u l'ebauchoir, comme la jilus
grande partie des vases apjiartenant â cette ca-
tcgorie que nous avons trouves â Poiana (plus
haut, j). 296), est que l'ornement est remplacc
sur la bordure evasee |>ar des traits combines
maladroitemcnt jiour rajqiclcr des lettres exc-
cutees toujours a l'aide d'un cbauchoir (fig.
123). L'intention du potier d'y faire des signes
alphabctiques est cvidente, mais on n'y peut Fig. 122. Collection M. Dimitriu (Tecuci).
distingucr que certaines lettres â droite, commc Fragment dc jarre grisâtre d'epoque romaine.
par cx. un / , un N, un X et un D angulaire
(plutot un I), les autres signes vers la gauche
ne paraissant etrc qu'une serie de traits en forme de M repete et d'un triple X, faits en maniere de
jeu. On nc posscde pas malheureusement de plus grands fragments pour etablir s'il s'agit d'une
inscription en langue latine ou grecque, eventuellement gete 2 ) , ou plutot d'une ornementation grossiere
cn forme d'alphabet, ceuvre probable d'un potier illettre 3 ) . Ce tesson presente dans tous les cas un

c c r t a i n e m e n t , les mesures necessaires pour empecher Izvestija, I I I , 1912-1913, p. 222 sq., pl. I I I , 3 ; Pâr-
la rcpctition de jiareilles actions. [ N o t e intercalce van dans le Bulletin de Vlnst. pour Vetude de VEu-
ajircs la rcdaction du prcsent rapport, â Ia suite des rope sud-orientale, I, 1914, p. 127 sq.
3
destructions repetces en 1928]. ) Les vases â large rebord plat portant des inscrip-
J
) C'est u n m o t i f servant d'apotropee, trcs rcpandu tions incisees ou peintes sont tres c o m m u n s en Grece:
parmi les bijoux et applique aussi aux anses des cf. par ex. ' AQ%ato).. 'E<pr)fieQÎ<;, 1890, pl. 6, fig. 6
vases en terre c u i t e : cf. V. Curcic, Der Heraklesknoten, (Megare); 'AQXUIOL AeXxlov, I I , 1916, pl. 7, fig. 62
Wi$8. Mitl. aus Bosnien u. d. Herr.. X I 1909, p. 75 (Corinthe); Ann. of the Brit. Sch. at Athens, XXIV,
sqq. et fig. 1—3. 1919-1921, p. 111, fig. 2 (Sparte). L'exemplaire de
'-) II ne serait jioint surprenant de trouver par ex. Megare presente la plus grande similitude avec le
une scrie de n o m s gctes ecrits â caracteres grecs. tcsson de Poiana en ce qui concerne la grandeur des
On a dejft un prec^dent â cet cgard. dans l'inscrip- lettres, qui occupent tout l'espace offert par la partie
ti«m de la baguc d'Ezerovo en Thrace: cf. Filov, plate du rebord.

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HAIHI ET ECATEKIISA VULPE

grand interct au point de vue dc l'influence iiicridionnlc sur lcs artisans de DOtre Btation <lc Poiana,
A la fin dc l'epoquc Latcnc, A laquclle il apparticnt. Meme s'il ne s'agit qnc <l*un jcu il'imitation dc
quelquc. potier gete, sa connaissance approxiinativc dei lcttrcs grecqucs ou romainea') prouvc quc lcs
rclations cntre les Getes <lc la Mol-
davic ct lc inondc grcco-romnin
il'outrc Damibc ctaicnt devenuea
extrcmement etroitcs A la veille <lc
la directe expanaion romaine en
Dacie.
8. Fragmcnt d'un petit vase
rougeâtre travaille au tour, dccore
dc grosses hachures ohliqucs [icintes
cn noir. rougcâtre ct jaiinc (fig. 121.
2), sclon la technique decrite plua
liaut â la p..'JI 1. II s'agit plutol il'unc
fabrication indigene, qur <l'unc im-
jiortation.
9. Terrine briaee, <lc forme
Fig. 123. Collection M. Diinitriu (Tecuci).
simplc, m a i s d e tcchni<juc sujicricurc:
Fragment de vase grisâtre travaille au tour, â inacription.
travnillec au tour cn unc fine jiâtc
rougeâtre et jiresentant un
vernis rouge amarantc (fig.
1 2 4 , 6 ) . C.'cst sans doute un
objet <riinj>ortation roniainc.
10. Fragment d'un petit
vase A dci-oration cn relief
(fig. 126, 5), de provenance
romainc. iniportc (terra si-
gittata).
11. Partic suj>cricurc
d'une amphore grecquc de
couleur jaunâtrc, A anses bi-
cylindriquea (fig. 1 2 4 , 3 ) , ae
rapportant au tyj>c b < 1«'-<• rit
I■ In haiit (|>. 311).
12. KusaYolc cn tcrrccuitc
hiconiquc, ajilatic, dccorce
iI'iiK'isions rayonnantes j>ro-
duitea I I'aide d'une corde
(fig. 1 2 1 , 7 ) . La technique <lc
<-ct orncmcnt, raj>|>clant la
ceramique i-onlcc de I'âge
... tm r> ii «.• ■»» n- •. • /T' -\ neolithiauefSchnurkeramik),
Fig. 124. Collcction M. D n i n t n u ( I c c u c i ) . ' ' "
» , , . » , . /o\ T.' J /■> s\ k- • • / T \ ct iiicnii' <'<'ll<' <lu bron/.c.
Mouhn â bras, romam (2). Fragments de vases (.1 6). Aiguisoir (/).
prouverait <juc notre fuaalole
appartient plutot â l'epoque la jilus reculce dc la station <lc Poiana -).
x
) La forme imprecise de la lettre D ou I nous p. 341), tandia qu'il fait ilcl'aul <lans i"(Jccident
empeche de nous prononcer avec toute la certitude de l'Europe A l'cpoque romainc. jicut noua faire in-
aur le caractere grec de l'inscription, les autres signcs clincr en favcur <lu caractcrc grcc du modcle qu'au-
qu'on peut distinguer, / , N, X et M, appartenant rait voulu imiter l'inhabile |>oticr gcte <lc Poiana.
egalement â I'alphabet grec qu'â l'alphabct romain. 2
) V. plus haut (p. 279) un autre exemple de cera-
Seul le type du vase, qui est tres frequent en Grece mique dc l'âgc du bronzc A orncmcnt corde.
(V. plus haut, p. 299, n. 1 et aussi le no. 3 de la
4
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L E S F O U I L L K S UK P O I A N A

13. F r a g m e n t en terre cuite presentant des trous et des rainures excisees sur uncote (fig. 1 2 5 , 3 a-b)
e t , sur l'autre, de grosses excisions demi-circulaires concentriques. II s'agit probablement d'un frag-
m e n t de chenet d'argile analogue â ceux trouv6s dans nos fouilles (V. plus haut, p. 317).

I>) Objets divers

14. O e u x gros aiguisoirs en grcs, dont la forme rappelle un parallelipipede (fig. 121, 3 ; 124, 7) et
dont 1' u n p r e s e n t e des t r a c e s profondes p r o d u i t e s p a r l'usage (fig. 1 2 1 , 3).
15. Un catillus d'une meule â main faite en calcaire poreux (fig. 124, 2). II se distingue des meules trou-
v6es dans nos fouilles et decrites plus h a u t ( p . 322), par son diametre qui est sensiblement plus large, par
son cpaisseur, beaucoup plus r6duite et en somme par sa forme, qui n'est plus celle d'un cone arrondi (V.
plus haut, fig. 103). II s'agit donc d'un type nouveau signale pour la premiere fois â Poiana et qui paraît
etre un peu post6rieur aux plus anciens exemplaires de l'autre type').
16. Plaque en marbrc vcine, d'une teintc
rougcâtrc, dc forme legercment trap6zoIdale
(0,075 m + 0 , 0 8 m X 0,085 m), d'une epaisseur
de 0,01 m, pr6.sentant un cote lisse ct l'autre
ă bords hiseautcs (fig. 125, / ) . L'une des ex-
tr6mites est cassee, de sorte qu'on ne peut
connaître e x a c t e m c n t la longueur reelle de
la plaque. Klle ne presentc aucun dessin et
aucune inscription. Oes plaques semblables
o n t ete trouv6es â divers cndroits de l'empire
romain, coinme par exemplc en Asie Mi-
neure 2 ) , en Illyrie 3 ) et en Gaule *). D'apres
I'opinion de M. Richard Caton 5 ) , elles ser-
v a i e n t en m6decine pour meler les drogues
d61icatcs. L'excmplaire de Poiana est sans
d o u t e un objct d'importation. II fut trouve
. ihnis les ravins au SO de la station, dans
un ainas de debris provenant de sa der-
niere couche.
17. Peigne en os â tete triangulaire
d6coree de p e t i t s ccrcles concentriques in-
cis6s et pourvu de deux petits disques des
deux cotes du trou dc suspension (fig. 126, 6).
C'est u n objet de l'epoque Latene III • ) . Fig. 125. Collection M. D i m i t r i u (Tecuci).
18. Grosse perle en verre de coulcur Plaque de marbre rouge veine ( i ) . Fer de lance (2)-
bleue, ornee de spirales brunes (fig. 126, 3) e t F r a g m e n t de chenet (3).
une perle b e a u c o u p plus petite, cylindrique,
de couleur indigo fonce, ornee de petites proeminences (fig. 126, 9). T o u t e s les deux appartiennent
â la p6riode Latenc III.

S!
') Les moulins romains rcpandus dans le monde ) Richard Caton, Notes on a group of medical and
barbare, a v a n t l'expansion politique des Romains surgical instrumcnts found near Kolophon, dans le
dans les p a y s respectifs, appartiennent au t y p e si Journal of Hellenic studies, XXXIV 1914, p. 118
richement d o c u m e n t e par nos fouilles dans les deux et pl. X I , 31.
:)
dernicres couches de la station de Poiana (Dechelette. ) A Prozor en Croatie, S. Ljubic, Popis, I, Zagreb
Manuel, I I , 3, p . 1386, fig. 617—618). La forme du 1889, p. 146 et pl. X X X V I I I , 205—206.
catillus d o n t il s'agit ici et qui est documentee sur- *) II y en a plusieurs exemplaires dans le Musee
tout dans les provinces romaines (Cagnat-Chapot, d'Antiquit6s de R o u e n (salle de la Mosa'ique), prove-
Manuel, I I , p . 231 et fig. 476), appartient probable- nant de divers endroits de Ia Normandie.
m e n t â la derniere couche de Poiana, â cclle que *) Loc. cit., p. 118.
nos fouilles ont rcvelee c o m m e appartenant au pre- •) Dcchelette, Manuel, I I , 3 , p. 1285.
inier sifcle apres J.-C.

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KAIHi KT KCATKKINA VDLPK

19. Petit fragment (0,04 in <le long.) <le lame d'une e.pee en fer u deux tranchants, â nervure mcdinnc
et <jui devait avoir une largeur approxiinative <le 0.05 ni (sans fig.). Le frngmcnt n'est pas asscz eonclunnt
pour snvoir s'il s'ugit d'une ep6e celtique de l'epoque Lntcne ou d'un glaivc roinaiu jdus lurge et
jilus court.
20. D e u x fers de lance â douille (fig. 125, 2; 126, 4), dont la jdus petitc esi â barbelures (fig. 126, 4).
21. Pointe <le flcche en bronze (fig. 126, 7) du t y p e 1 decrit j>lus haut (j). 334).
22. Fihule en bronze hien conscrvce d'un tyjie cnructeristique de l'Spoque Lntene II, îi deux grosses
moulures sphăroldales sur l'arc el uu poinl <le conjonction de Pappendice terininul (fig. 126, J ) 1 ) .
23. Fihule en hronze d'cjxxjue
Lntene III îk ressort clroit et n petit
- Wk bouton terminal (fig. 126, 2).

%M, 24. L'urc d'une fihule du t y p e


Nnuheim, en nrgent, <lecoree d'une
petite protome rudimentaire d'oi-

fftftt
seuu aquatique (fig. 127), tres sem-
bluhle â l'arc de fibule en bronze
decrit plus huut (j>. 326, no. 10). Lu
jirotoine est simjile, hien conservee
et ornec de stries nngulnircs imitnnt
l'uspect des plumes. Klle est d'une
pnrfnite similitude nvec ln jirotome
d'un oiseuu constitunnt lu tetc d'une
epingle en urgent romuine, trouvee
â Sisak en C r o a t i e 8 ) . Sur le cote
interieur de l'arc on pcut voir les
10 11
traces de la pluque d'arrct, qui est
Fig. 126. Collection M. Dimitriu (Tecuci). njourec coinine aux fibules cnrnc-
1—2, 7—8, 10—13, B r o n z e ; 4, Fer; 3, 9, Vcrre; 5, Terra aigillata; tcristiques de l'epoque Lutcnc I I I 3 ) .
6, Os. 25. Hngue en bronze u châton
simplc (fig. 126, 8), d'epoque Latfene
III et romaine.
26. Petit grelot conique en bronze (fig. 126, 10) du tyjie 1 decrit plus hnut (j>. 329).
27. Buguette en bronze, tordue (fig. 1 2 6 , 1 3 ) , servunt prohnhle-
ment de manche de miroir, de l'epoque romaine.
28. Alene prismnti<jue en bronzc, un |>eu renflc<- vers lu buse
(fig. 1 2 6 , 1 2 ) .
29. Petit objet en bronze inussif en forme de sourdine de violou
Fig. 127. Collection M. Dimitriu (Te (fig. 126, 11), d'usnge imprcYis. II appartient n l'cpoque romnine, en
cuci). Fibule romaine en nrgent. jugeant <l'uj>res les exemplnires identiijucs iju'on u trouvcs dnns les
fouilles de lu cite romuine d'Aquileia uu N <le l'Adrintique *) et
dans les environs de la ville de Siscia sur ln Suve, uujourd'hui Sisnk6).

VI. CONCLUSIONS ARCHfiOLOGIQUES


Les fouilles exposees dans la premiere partie de ce mcmoire presentent une jiarf'aite iden-
tite entre elles en ce qui concerne le nombre, la disposition, l'aspect et le contenu des diverses
couches qui constituent toute l'archive de l'antiquc station de Poiana. Dans ce qui suit nous
allons preciser, dans les limites du possible, les differents rcnseignemcnts fournis par l'examen
de ces couches, en coramen(;ant par l'essai d'un bref tableau chronologiquc, dont lcs details,

x 4
) Ibidem, p. 1253, fig. 7. ) Actuellement nu Musce Municipul de Trieste.
2 5
) Actuellement au Musee Nutionul dc Zngreb. ) Au Musee National de Zngreb.
3
) Dechelette, Manuel. II, 3, p. 1257, fig. 537.

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II.S l(>i l l . l . l s 1)1 POIA,NA

encore assez vagues pour le moment, faute de documents suffisants, seront precises et eclaircis
par de nouvelles fouilles.
Dans nos descriptions stratigraphiques nous avons distingue en general six couches
nettement visibles sur les parois des sections, â savoir: a, la couche b r u n e ; /T,la couche grise;
/ ? " , la couche jaune grisâtre; y, la couche jaune foncee;<5, la couche noire et e, la couche ve-
getale. Mais c'est une division purement visuelle et, pour lui donner une valeur chronologique,
nous devons la confronter avec la typologie des objets contenus dans les couches. Nous arri-
vons ainsi â quelques petites modifications de la serie que nous venons d'enumerer, modifi-
cations dont le resultat donnera la chronologie de la station de Poiana.
Tout d'abord la couche brune, a, a du etre divisee en deux couches; a', plus profonde,
renfermant de tres rares vestiges de vie humaine, mais accusant une grande anciennete, re-
m o n t a n t jusqu â la premiere moitie de l'âge du bronze, d'apres les documents ceramiques
trouves en B et en Z et d'apres le manche d'epee decouvert en Z ; et a", couche que nous
n'avons pas encore pu distinguer nettement dans toutes les sections, entre la couche brune et la
couche grise, mais dont l'existence, visible en quelques endroits, est confirmee par les urnes
â ouverture oblique trouvees en Z, immediatement au-dessous de la couche grise ft' (V. plus
bas, p . 268). Quant â la fibule pre-Latene, du type geto-thrace, decrite plus haut (p. 325), qui
est ant6rieure â tous les documents contenus dans la couche/?', elle doit correspondre a une
couche qui n'a pas encore pu etre distinguee d'une maniere precise dans la stratigraphie de
nos fouilles. Nous Ja designons par la lettre a'".
Nous avons vu aussi que fi' e t / 9 " ne sont que les details stratigraphiques de la meme couche
chronologique, ayant un meme inventaire et sans differences marquees entre elles. D'ailleurs
nous n'avons pas eu l'occasion de faire cette division dans toutes nos fouilles. II ne s'agit donc
ici que d'une seule couche, la I l l - e (—P'-\-fi").
Les couches y et 6 ne souffrent aucune modification, etant assez differentes au point de vue
chronologique.
Quant â la couche £, qui est un simple revetement de terrain vegetal forme tout natu-
rellement au cours des derniers deux millenaires, elle n'a aucune importance pour l'archeo-
logie. Les rares objets qu'elle renferme appartiennent egalement â la couche noire d.
En recapitulant, nous arrivons â etablir six divisions chronologiques dans la stratigra-
phie de la station de Poiana, â savoir:
I (=a'): Il-e — I l l - e periodes de l'âge du bronze. Rares vestiges de vie humaine.
II (=a"): fin de l'âge du bronze — debut de l'epoque de Hallstatt. Stratigraphie tres
obscure.
III ( = a ' " ) : fin de l'epoque hallstattienne. Stratigraphie tres obscure. Fibule pre-Latene
du type thrace.
IV ( = / 2 ' + / ? " ) : Latene I I — commencement du Latene I I I . Stratigraphie tres riche et tres
compliquee. Ceramique primitive en majorite. Frequence de la ceramique
primitive â lustrage noir. Les premiers vases travailles au tour. Les premieres
amphores. Moulins â main du type primitif traditionnel. Fibules Latene I I et
Latene I I I . Pointes de fleche en bronze â triple tranchant, tres frequentes.
Duree approximative: 150—50 avant J.-C.
V (=y)' Latene I I I . Les premieres influences romaines. Preponderance de la ceramique
importee et de la ceramique indigene. travaillee au tour sur la ceramique
primitive. Disparition de la ceramique primitive â lustrage noir. Disparition

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HADl) I;T ECATEHINA VULPE

des moulins â main du typc traditionnel et leur remplacement par des moulins
â main du type romain. Anneaux et brucelets en fil de bronze u deux na'uds en
spirale (p.330 et fig. 109,11,14; 110,77). Pointes defleche en bronze â triple trun-
chunt. Pointes defleche cn fer. Fibules du commencement de l'ere romuinc. Fi-
bules du type Nuuheim. Duree upproximutive: 50 uvunt J.-C. — 50 npres J.-C.
VI ( = ^ ) : Epoque romuine. Tres grund nombre de tessons et d'objets. Prdsence presque
exclusive de lu cerumique n technique superieure. Kichesse et vuriet6 de
la c6rnmique importee. Presence assez rure de lu c6rnmique primitive, dont
la seule cntcgorie en pâte poreuse subsiste encore. Moulins u brus du type
romain. Anse de patere en bronze, greco-romnine, en forme de tete de belicr
(fig. 1 1 2 , / / ) . Beaucoup de tessons de vuses en verre, incolores. Clefs romuincs.
Gros frugment de brique romuine suns inscription. Eperon en fer. Beuucoup
de frugments de miroirs en metul blunc. Beuucoup de crochets en fer. Fibules
romuincs de l'epoque imp6rinlc. Fibules derivees du type Nuuheim. Broches
rhomboîdules ct en forme de croissunt. Monnuies romuines r6publicnines, trou-
vees uvec des monnuies d'Auguste et de Vespusien, cette derniere consti-
tuunt l'ultime document precis de la couche. Duree approximative: la der-
niere moitie du I-er et tout le Il-e siecle npres J.-C. Certains objets nous
permettent d'envisager aussi le I l l - e siecle ap. J.-C.
Par consequent, la station de Poianu u 6tc hnbitee pendunt une longue periode allant au
plus tard de 1600 av. J.-C. env. jusqu'apres l'an 200 de notre ere. Toutefois, pour la plus grande
partie de cet intervalle, c'est-n-dire lu duree des trois premieres couches, nous ne poss6dons que
des renseignements trop insuffisnnts et sporndiques, pour nous fnire une idee plus pr6cise de ce
qu'n ete ln stntion de Poinnn pendnnt les siecles qui se sont 6coul6s depuis lu deuxieme moiti6
de l'âge du bronze jusqu'uu milieu de l'epoque Lntene. Cette p6nurie d'informutions ne doit
pus etre nttribuee n une populution trop fnible ou depourvue de continuite. II fnut consid6rer
que tout ce qui nous reste de ln stntion de Poinnn constitunit uux epoques nntiques seulement
ln zone periphcriquc d'une grnnde nire qui s'est ecroulec nu cours des temps sous l'nction des
euux de pluie ou de ln fonte des neiges. II est tres possible que lu populntion lu plus nncienne
dc Poinnn, certninement moins nombreuse que celle des epoques ulterieures, se soit etublie
sur un promontoire plus etroit et d'une d^fensc plus fncile, situe sur I'escnrpement O et nu-
j o u r d ' h u i completement ecroule. C'est ln seule hypothese qui pourrnit expliquer l'nbsence de
tout vestige d'hnbitntion sur l'etendue uctuelle de ln stntion nux nivenux des premieres trois
couches, dnns lesquelles on n'n trouve que des objets d'un cnrnctere plutot fun6rnire.
Pnr contre, les trois dernieres couches, formces entre env. 150 nv. J.-C. et le I l l - e siecle
upres J . - C , sont tres riches en informntions sur le peuplement de In stntion de Poinnu, qui
u ete tres dense et ininterrompu durunt cet espnce de plus de trois siecles. E n t r e les cnrncteres
de ces couches il n'y n pus de differences nssez mnrquees pour qu'on puisse conclure u de grnndes
lncunes dnns l'evolution de In stntion de Poinnu. Mnis lu strntigruphie de ces dernieres couches
nous montre encore un progres continu de ln richesse et de ln vnriation des objets et des types,
ninsi qu'une prepondernnce croissnnte de Iu cernmique truvuillee nu tour sur celle trnvnillee
n ln muin et une penetrntion incessnnte des influences grecques et surtout romuines.
Ln couche IV (=f}'-\-fi"), ln plus epnisse, ln plus riche en debris et lu plus complexe de
toute ln strntigruphie de ln stntion, nous revele une 6poque u lnquelle lu populution de Poiunu
n ete extremement nombreuse, en jugeunt d'upres les nombreux foyers, qui representent u

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LES FOUILLES DE POIANA

notre avis a u t a n t d'habitations. Toutes ces habitations ont ete consumees par un incendie
general et rapide, qui ne peut etre que l'effet d'une guerre, suivie par la conquete et la destruc-
tion de la station. En favcur de cette deduction plaide aussi lc fait que la plupart des pointes
de floche de Poiana, generalement en bronze et a trois tranchants (p. 334), se trouvent dans
cette couche. Sans doute, comme d'habitude, la guerre et l'incendie ont mis fin aux stations
de toutes les autres couches, mais dans aucune d'elles les fleaux n'ont laisse des traces si pro-
fondes et si generales. La cendre, melee de charbons et de debris brules, s'y trouve en couches
massives et compactes. Dans tous les cas, la complexite de la couche IV est tellement exception-
nelle, que nous esperons en tirer d'importantes constatations et de nouveaux eclaircissements
â l'ocasion dcs fouilles ulterieures.
Les habitations dc Poiana ctaient construites en bois tout simplement x ). C'est ainsi qu'on
peut expliquer leur disparition totale dans les divers incendies. D'ailleurs la richesse des fo-
rets voisines et la rarete de la pierre justifient amplement cette maniere de construire, qu'on
a constatee dans toutes lcs epoques dans les regions de la rive gauche du Danube, depourvues
d'autre materiel de construction, comme par ex. â Sultana, â Gumelniţa, â Căscioare, a Boian 2 ),
â Crăsani, â Tinosul, etc. Mais contrairement â ce qu'on avait si abondamment constate â Ti-
nosul 3 ) et surtout â Crăsani 4 ), le bousillage et le clayonnage se trouvent â Poiana en une trop
petite proportion. II est probable que les habitations de cette station aient ete faites en employant
a b o n d a m m e n t le bois, comme par ex. dans presque toutes les regions de la Russie moderne.
Les parois en bois ont pu tout au plus etre recouvertes d'un enduit de terre glaise simple, dont
dcs quantites appreciables ont ete trouvees, melees de cendre, dans toutes les couches et spe-
cialement dans la couche IV.
Le plus remarquable vestige d'habitation decouvert dans nos fouilles est le grand foyer
i de Y, de forme parfaitement rectangulaire, long de 3.90 m et large de 2 m (V. plus h a u t , p . 270)
a p p a r t e n a n t â la V-e couche, de l'epoque Latene I I I . En considerant son etendue et sa forme,
de meme que la grosse ligne de charbon et de cendre qui entoure cette masse de terre et de
bousillagc calcines, nous serions enclins â y voir plutot le reste d'une chambre d'habitation
incendiee, dont lc sol en terre glaise a ete rougi par la chaleur du grand feu nourri par le bois
des parois ct dc la charpente. Nous pouvons dcduire les dimensions considerables des poutres
de cette charpente, d'apres lcs dix gros clous prismatiques (0,25 m de long. et 0,03 m d'epaiss.)
qui ont etc trouves enscmble dans les debris calcines amass^s au-dessus du sol. De ces debris
on a retire les tessons de plus d'une dizaine d'amphores d'importation et les fragments d'un
grand vase grisâtrc a technique superieure (v. plus haut, fig. 63). Ces objets prouvent qu'il
s'agit ici d'un assez grand depot d'aliments. Les vases qui viennent d'etre enumeres pouvaient
aussi bien contenir de l'huile, du vin ou des ccreales. Pour la presence de ces dernieres, nous
aurions meme iine preuvc directe dans les nombreux debris de moulins a bras du type ro-
m ain trouves t o u t autour du grand rectangle calcine.
D'autres restcs de depots, moins etendus et d'une forme moins nette, mais d'un inven-
taire aussi riche et caracteristique, ont ete trouves aussi en A, en B et en Z, appartenant
tous â la V-e couche. E t pour completer l'enumeration des vestiges des principaux bâtiments

J
) Rien cn pierre. Le« pierres isolees, informes, cf. Dacia, I, 1924 et II 1925, passim.
3
qu'on a trouv£es, servaient aux foyers. Quant aux ) Dacia, 1, 1924, p. 181.
4
briques, on n'cn a decouvert qu'un seul fragment. ) Andrieşescu, Piscul Crăsani, pp. 25 sq. et 96;
2
) Pour toutes ces stations eneolithiques et de Pârvan, Getica, pp. 184 sq. et 741.
l'uge du bronze, Kiluees duns la vallee du Danube,

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KADU KT KCATKKINA VULPI.

decouverts dans lcs fouilles de 1927, il faut rappelcr aussi Ics restcs dc rimportant atelier ine-
tallurgique trouves â la base de la IV-eme couche en C. D'ailleurs, des objets en rapport avec
la metallurgie, comme par exemplc lcs petits creusets en terre refractaire qui servaient â la
fonte du bronze, ont cte trouves en assez grand nombre dans presque toutes les foiiillcs. C'etait
probablement un metier assez repandu a Poiana â l'epoque Latene.
Les quelques grandes depressions que nous avons observees aux diverses couches et sur-
t«»ut â la IV-eme, sont probablement des sous-sols d'habitations troglodytiques, ă moitie en-
fonies sous terre. P o u r t a n t , cette maniere de bâtir n'etait pas trcs frequente a Poiana, oii
la plupart des maisons etaient entierement au-dessus du sol, de incinc qu'a Crăsani ou a Ti-
nosul ' ) .
Les informations les plus complctes que nous offrc la stratigraphie de Poiana sont celles
qui concernent les tombcs. S'il nous a etc iinpossible d'identifier tontes les toinbes et surtout
un bon nombre de celles des premieres couches, jiarce que jdusieurs ont ete detruites au cours
du temps par les t r a v a u x des etablissements ulterieurs, nous avons toutefois assez de rensei-
gne.inents jiour bien connaître le rite funeraire des couches de l'ej)oque Latene, qui consistait
exclusivement de la cremation, commc dans toutes les stations eontemjioraines de la Dacic '-).
Les ossements d'enfant trouves â la base de la IV-e couche constituent la seule exception, qu'on
pourrait expliquer j>ar une infinitc d'hypotheses, dont la plupart auraient comme fondement
un accident ou un supplice inflige au cours d'une guerre. Quant aux divers crânes humains
trouves isoles dans presque toutes les fouilles et surtout au niveau de la IV-e couche, on ne
saurait les mettre en rapport avec des tombes â inhumation. Aucune jireuvc n'existe en fa-
veur d'une pareille interpretation.
Cependant, ces crânes ne constituent pas non j>lus une enigme, si l'on pense â l'habitude
generale chez les peuples primitifs ou seulement demi-barbarcs, de tous les temps ct surtout
de l'antiquite, de conserver les tetes des ennemis tues dans lcs guerres et de s'en vanter en les
exjiosant, soit â l'entree de l'etablissement, ville ou village, soit aux portes de la maison
du vainqueur. Cette coutume, qui est meme â l'origine d'un motif dccoratif architectonique assez
repandu du temps des E t r u s q u e s 3 ) jusqu'aujourd'hui 4 ) et qui pcrsistait cncore dans quel-
ques regions de la peninsule Balkanique j u s q u ' a u commencement du X l X - e sieclc 5 ) , nous
est documentee pour les deux principaux peuples qui habitaient ou avoisinaient a l'epoijue
Latene la Moldavie actuelle, c'est-â-dire les Scythes et les Gctes. Pour les Scythes, nous
avons le temoignage d'Herodote "). Pour les Getes, la preuve nous est fournie par la Co-
lonne Trajane, ou l ' o n v o i t u n e forteresse dace, dont les murs sont ornes de tetes de Romains
tues 7 ). Les fouilles de Poiana nous fournissent maintcnant la confirmation archeologique de
ce fait 8 ) .

x
) Andrieşescu, o. c , pp. 24 et 95; Pârvan, Getica, pp. provenant de la Mac^doine.
182 et 741; R. et Ec. Vulpe, Dacia, I, 1924, p . 181. *) IV, 64—65, ou cctte coutumc est decrite avcc
2
) Pârvan, o. c , pp. 626 sqq. et 801. de nombreux details.
2
) Pericle Ducati, Uarte etrusca, Torino 1926. II, ') K. Lchmann-IIartlebcn, Die Trajanssăule, Bcrlin-
p. 91. Lcipzig. 1926, pl. 15, XXV. Les Celtes avaient aussi
*) Ce serait la clef de voute modelee en forme de l'habitude de porter en triomphe Ies tStes des en-
tete humaine. nemis tues cn luttc; Cf. Dcchelette, Manuel, II 3,
D
) Guides-Joanc: Etats du Danube, Paris 1888, p. 195, p. 1036.
8
pour Montenegro, ou cette coutume a ete abolie par ) Un crâne isolc a ete trouve aussi â Piscul Cră-
le prince Danilo I. Au Musee ethnographique de Bel- sani; Pârvan, Getica, p. 168.
grade on voit un crâne fixe â l'extremit6 d'un pal,

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LES FOUILLES DE POIANA

Pour la premiere couche, appartenant a l'âge du bronze, nous ne pourrions encore nous
prononccr en ce qui concerne le rite funeraire. Les renseignements sont encore bien insuffi-
sants. Nous savons seulement que les vestiges renfennes dans cette couche appartiennent
plutot â des restes â caractere funeraire, qu'â des indices d'habitation. Par contre, les urnes
a ouverture oblique, appartenant â la Il-e couche, posterieure â l'âge du bronze et anteri-
eure â l'epoque Latene, attestent un rite d'incineration.
Quant aux autres couches, elles sont toutes percees de tombes â incineration. Ces
tombes presentent en general dcux formes principales: les tombes coniques, â base large,
qu'on reconnaît dans les sections (fig. 10, 7 ; 1 4 , 2 2 ; 16,1,4) par leur profil triangulaire et
qui appartiennent surtout a la IV-e couche et les tombes cylindriques, â profil rectangulaire,
se trouvant a tous les niveaux. Leur contenu est d'habitude le meme que celui des tombes
de Tinosul *), c'est-â-dire de la cendre et du charbon, des debris de bousillage calcine, des
restes d'aliments, des tessons ou des vases entiers et enfin divers objets qui ont appartenu
au mort, poses autour de l'urne cineraire de type primitif, qui se trouve rarement en bon etat.
Parmi les tombes de type cylindrique il y en a qui ont l'ouverture un peu plus large
que la base.
Nous avons trouve aussi des tombes â incineration tres modestes, consistant quelquefois
d'un simple petit trou rempli de cendre d'ossements, rarement contenues dans une urne
primitive.
Nos fouilles de 1927 nous ont fourni aussi des informations touchant les fortifications
de la station, â propos desquelles notre regrette maître Vasile Pârvan ecrivait des 1913 ces
observations:
« Les fortifications naturelles ont diminue de beaucoup le travail de l'ingenieur antique.
Vers l'O la pente etait inaccessible: 200 m de hauteur â pic. Des autres cotes un ravin assez
large separait la « citadellc » du rcste du plateau eleve, — qui la dominait vers l'E, ainsi que
vers le S et surtout vers le N, en la defendant de cette facon contre les vents violents de l'hiver.
Ce ravin cependant a ete encore ajuste dans le but d'une plus sure defense de la station. Cela
vcut dire que le promontoire qui constituait la station a ete muni sur les cotes vers le N, vers
l'E et probablement vers le S, d'un vallum en terre, en face duquel a ete creuse, dans le ravin,
un fosse profond, dont on peut clairement distinguer la forme meme aujourd'hui, apres tous
les 6croulements et lcs remplissages subis au cours des siecles. La porte E de la station, tres
rentree vers l'interieur, ctait defendue comme dans tout camp regulier par un titulus, aujourd'hui
presque detruit, mais encore visible sur une longueur de 35 m environ» 2 ).
Ces constatations, formulees a la suite d'une seule visite de quelques heures, sont bril-
lamment confirmees dans leur essence par les fouilles. II s'agit de l'existence du vallum, qui
pouvait ctre mise en doute avant les fouilles, car l'elevation du bord E de la station ne se de-
tachait que tres peu sur la legere inclinaison plane E - 0 de la surface de celle-ci et qui pour-
t a n t vient d'etre attestee definitivement par nos sections C et V, ainsi que par la fouille d pra-
tiquee par M. Gh. Ştefan (V. plus haut, fig. 1). Les seules modifications que nous sommes obliges
de faire k la description tracee par Vasile Pârvan concernent l'extension du vallum sur les
cotes N et S et l'existence d'un titulus. Les fouilles W-Z executees â l'extremite N de la sta-
tion, de mcme que la fouille B executee â l'extremite S, ne nous ont pas fourni la moindre trace
du vallum, qui cependant est precisement visible sur le cote E, dans les sections C et V. La pente
l 2
) Dacia, I, 1924, p. 187 sqq. ) Castrul dela Poiana, e t c , p. 96 (l'original en
roumain; p. 125, resume en franţais).

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KADU ET ECATERINA VULPE

naturelle etait assez inaccessible, saus douie, \ers ces extremites, pour n a v o i r pas besoin d'une
fortification artificielle. De meme, en ce qui concerne le titulus mentionne par P â r v a n , le re-
sultat archeologique de notre sondage i (fig. 1), nul, prouve que cc n'est q u ' u n petit pli du
terrain, produit par l'effondrement du chcmin rudimentaire qui le cotoie. Quant â la porte
de la station et au modelage artificiel du ravin, dont parle P â r v a n , scules les fouilles ult6-
rieures pourront nous apporter des renseigncments precis.
Le vallum de la station, ainsi limite, est
constitue par un rempart de terre glaise â talus
abrupt vers l'cxterieur et â pentc douce vers
Tinterieur de la station. La date de sa construc-
tion, qui est ante>ieure ă la formation de la
V-e couche (jaune fonce), mais tout â fait poste-
rieurc â la IV-e (grisâtre), doit etre portee â
la fin de l'cpoque Latene, donc tout prcs de

Fig. 128. Ceraraique superieure grisâtre.

l'epoque romaine, â laquelle Vasile P â r v a n


le r a p p o r t a i t l ) . Quant â la question de
savoir si c'est un rempart indigene, analoguc
â celui de Tinosul 2 ), ou un vallum construit
par les Romains, c'est un probleme dont
la discussion doit etre differee jusqu'a plus
Fig. 12'). Objetl en terre cuite e t en os.
amnles informations.
La fortification de Poiana n'avait pas dc palissadc. On n'en a trouve aucune trace. C'est
probablement â cause du talus assez eleve et assez abrupt du ravin de l'E de la station qu'on
s'estimait suffisamment defendu par un simple rempart en tcrre. Cettc explication nous est
confirmee aussi par le fait q u ' a v a n t l'epoque Latene I I I la station de Poiana etait depourvue
de toute fortification artificielle. On peut supposer, tout au plus, a titre d'hypothese, qu'elle
avait vers l'E une haie de branchage, pareille â ce qu'on peut observer dans beaucoup de vil-
lages primitifs de tous les temps 8 ) . Si le ravin de l'E de la station suffit par lui-meme a la

1 3
) Ibidem, pp. 95 et 124 sqq. ) Hirt, Die Indogermanen, Strassburg 1905, I,
2
) Dacia, I, 1924, p . 176 sqq. p. 387 sq.

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LES FOUILLKS DE POIANA

d6fense de celle-ci, au cours de t a n t de siecles, il est evident que l'adjonction d'un simple vallum
en terre â l'6poque Latene devrait etre regardee comme un perfectionnement satisfaisant,
de sorte que, malgre l'abondance du bois fourni par la foret voisine, la construction d'une pa-
lissade nc semblait pas necessaire. Puis on doit considerer l'important obstacle naturel que
constituait â toutes les 6poques de la station la foret qui est aujourd'hui â quelques centaines
de metres â N de Poiana, mais qui devait s'etendre jadis beaucoup plus au S vers Huleşti et
Nicoreşti. Elle cachait ainsi completement la station du cote E et rendait moins n6cessaires
les fortifications artificielles plus compliquees.
E n g6n6ral, les conclusions arch6ologiques que nous venons d'ebaucher, d'apres la strati-
graphie et d'apres l'6tude des objets recoltes de nos fouilles de 1927, nous ont fourni assez
d'6l6ments pour connaître les conditions essentielles dans lesquelles s'est developpee la vie
de l'antique station de Poiana, une des plus importantes de toute la plaine du Danube infe-
rieur. Nous esp6rons que de nouvelles fouilles nous fournissent des details plus precis nous per-
m e t t a n t d'accomplir jusqu'au bout la tâche qui nous a ete confiee par notre regrette maître
Vasile P â r v a n .
Quant aux nombreux et importants problemes historiques effleures par ces conclusions,
comme par exemple ceux qui concernent le caractere ethnique des habitants de la station, qui
probablement ont 6te des Getes, puis les divers evenements qui ont marque leur evolution, le
developpement de leur civilisation, les relations avec les Grecs et les Romains, le nom de la
station,— que nous serions inclines â croire etre Piroboridava de Ptolemee x) et d'un papyrus
recemmcnt decouvert en Egypte 2 ), etc. —, nous devons les remettre au prochain volume de la
Dacia, dans lequel paraîtra le rapport de notre seconde campagne de fouilles executees â
Poiana en aout-septembre 1928. Car ces fouilles, que nous avons entreprises lorsque le present
m6moire 6tait dejâ prepar6, nous ont fourni de nouveaux et de nombreux renseignements, d'une
importance sp6ciale pour les questions historiques qui nous interessent et dont la discussion ne
pourrait etre abordee separement.
RADU et ECATERINA VULPE

') Geogr., I I I , 10, 8. Voir aussi la transcription car- et dans la Revue historique du Sud-Est Europeen, Paris-
tographique dans 1'AtlaB ptolemeen edite par Muller. Bucarest, V, 1928, p. 40. Une d6monstration plus
*) A. S. Hunt, Register of a Cohort in Moesia, detaillee de l'identification de Poiana avec Pirobo-
dans la Raccolla di scritti in onore di Giacomo Lum- ridava a ete recemment publiee par Radu Vulpe:
broso, Milano 1925, p. 265 et suiv. Cf. aussi G. Can- Piroboridava: Consideraţiuni archeologice ţi istorice
tacuzene, Un papyrus lalin relatif ă la defense du asupra Cetăfuii dela Poiana în Moldova de Jos, Bu-
bas-Danube, en Aegyptus, Rivista italiana di egitto- cureşti 1931 (r6imprim€ d'apres Viaţa Romînească,
logia e di papirologia, IX, Milano 1928, p. 63 et suiv. XXII 1930, 9—10 et X X I I I 1931, 5 et 6.)

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LE DEPOT DE HACHES EN CUIVRE DE BANIABIC,
DEPARTEMENT DE TURDA-ARIEŞ
Quelques amis devoues de l'« Association du Musee de Transylvanie» ont decouvert,
au mois de mai 1928, chez un plombier de Cluj, 18 haches en cuivre; ils ont reussi â en
acheter 15 qu'ils ont deposees ă la section archcologique de la susdite Association.
Ayant fait des recherches sur le sort des trois autres, j ' a p p r i s qu'une d'elles avait ete
fondue et qu'une autre se trouvait â Bucarest; quant â la troisieme, elle est demeureo
introuvable.
Apres m'etre interesse ou et quand ces haches avaient ete" trouvees, j ' a p p r i s qu'elles
avaient ete decouvcrtes par un meunier de Micuş.
Charge par la direction de l'Institut Archeologique de l'Universite" de Cluj, je me suis
rendu â Micuş. Dans cette localite se trouvent plusieurs meuniers auxqucls j ' a i demande des
renseignements; personne de cette commune n'etait au courant d'une pareille decouverte.
En rentrant, je rencontrai par hasard, au moulin de Baniabic, le meunier en question.
J e trouvai chez lui une hache mal moulee et je reussis â grand' peine â lui en acheter encore
deux autres, intactes. II ne me renseigna pas sur les lieux oîi elles avaient ete decouvertes.
Plusieurs jours apres, le meunier de Baniabic vint me trouver au Musee et m'apporta encore
deux haches. II m'assura de vouloir m'indiquer la place oîi il les avait trouvees, seulement
apres s'etre entendu avec les proprietaires; les fouillcs ne pourraicnt commencer qu'apres
la recolte, puisque autrement d'autres personnes pourraient fouiller, pendant la nuit, espe-
rant trouvcr des tresors; ils detruiraient ou voleraient ainsi tout ce qui pourrait s'y trouver
encore.
J'attendis en vain que le meunier m ' a n n o n ţ â t la fin des recoltes. J e me rendis une
seconde fois â Baniabic, mais le meunier en question n'etait pas chez lui. J e pus, toutefois,
fixer que le depot avait ete trouve aux limites de la commune de Baniabic.
Ainsi le heu precis nous est aujourd'hui encore inconnu, de meme que les circonstanc.es
dans lesquelles les haches ont ete decouvertes; esperons que cette question soit 6claircie au
plus tot. Pour l'instant nous possedons 19 haches; comme je l'ai dejâ dit, l'une en a eTe"
fondue, une autre est â Bucarest ou ailleurs, une troisieme est introuvable; un quatrieme
exemplaire, mal moule, appartient au meunier, qui le garde comme souvenir. Comme nous
le voyons, le depot contenait 23 pieces. La figure ci-jointe represente les haches qui sont en
ma possession.
Au point de vue typologique ce depot est pauvre, ne representant q u ' u n type principal;
son importance est grande pourtant non seulement pour la raison qu'il est le plus grand
depot d'instruments en cuivre decouvert jusqu'â present en Transylvanie, mais aussi par les
relations de civilisation qui ont du exister entre cette region et d'autres territoires.

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LE DEPOT DE HACHES EN CUIVRE DE BANIABIC, DfiP. DE TURDA-ARIEŞ

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23 Dacia III—IV 1927/932.
Dr. MARTIN KOSKA

La variante la plus simple est representee par la hache no. 1 de notre figure. Elle est pres-
que droite, son tranchant est lcgerement a r q u e ; elle n'a pas pu etre employee comme mar-
teau, son tranchant e t a n t aiguise.
La seconde variante est representee par les 18 autres haches. De meme que les haches
de la premiere v a r i a n t e , elles sont presque droites; le t r a n c h a n t est p o u r t a n t plus arqu6. La hache
no. 18 se distingue par le trait que, non seulement le t r a n c h a n t , mais aussi le reste du corps
sont arques. Une autre difference doit etrc remarquee: la partie superieure de certaines haches
est droite, contrairement â d'autres dont cette partie est concave. Le t r a n c h a n t de ces haches est
egalement aiguise. Toutes ces haches, surtout la hache no. 2 et no. 10, ont ete employees; la
hache no. 12 cst mal moulee. La douille est en general ronde ou ovale. Leur patine est assez
profonde ce qui nous prouve qu'elles ont ete trouvees dans un endroit sec; le temps les a ă
peine rongees. Vu qu'aucune hache n'a la meme forme, la meme grandeur ou le meme
poids, il est facile â deduire qu'elles sont toutes faites avec des moules differents. E n effet
il n'y a que deux haches (no. 2 et no. 14) qui ont le meme poids, mais ces deux haches nous
representent les variantes du meme type.
Le poids de chaque exemplaire est d e :
\o 1 . . . 901 gr No. 8 . . . 850 gr No. 15 . . . 875 gr
» 2. . 890 » » 9 . . 1130 » » 16 . . . 1015 »
» 3. . 1006 » » 10 . . . 1002 » » 17 . . . 1075 »
» 4. . 810 » » 11 . . . 1000 » » 18 . . . 945 »
» 5 . . . 1007 » » 12 . . . 1140 » » 19 . . . 1065 »
» 6 . . . 1004 » » 13 . . 1100 »
» 7. . 800 » » 14 . . . 1006 »
Ce type de haches en cuivre, de meme que leurs variantes, est repandu â l'epoque de
cuivre sur un territoire assez bien determine.
Le trace occidental de ce territoire est bien determine par le moule de Laibach ] ) et par
u n exemplaire de hache ressemblant â celui-ci, trouve en Moravie ou ce type apparaît spo-
radiquement. En Boheme ce type est absent pour l'instant 2 ). Hampel mentionne aussi un
exemplaire de Galicie, mais ce type est tout different du notre et de ses v a r i a n t e s ; aussi n'en
peut-il pas etre question 3 ) . A Breslau se trouve pourtant un exemplaire decouvert â Rusch-
Kowitz.
E n Hongrie ce type existe en nombre considerable. Un exemplaire remarquable,
trouve â Szekesfehervâr, fait actuellement partie des collections du Naturhistorisches
Museumde Vienne 4 ). Un autre exemplaire, decouvert â Tapoca, fait partie de la collection de
l'« Association du Musee de Transylvanie». Ce type est connu en Transylvanie a v a n t la
decouverte du depot de Baniabic en deux exemplaires: 1 de Cluj (Kolozsvâr) et 1 de Călan
(Kalân, distr. de Hunedoara). Dans le Vieux Royaume, en Valachie, Much nous cite u n depot
contenant 26 pieces trouvees â Vădastra (La petite Valachie) 5 ) , mais notre type n'est pas
represente.
x 3
) Hampel, Neuere Studien iiber die Kupferzeit, ) Studien et Much., Die Kupferzeit in Europa,
Zeitschrift fiir Ethnologie, 1896. Jena, 1893, p. 45, fig. 40, de Komarow.
2
) Schrânil Josif, Die Vorgeschichte Bohmens u. *) Cf. Pulszky, Magyarorszdg Archaeologidja, vol. I,
Măhrens, Berlin-Leipzig, 1928, p. 89 et la pl. XVII, p. 110, no. 2 et Hoernes, Natur- und Urgeschichte
no. 11. des Menschen, vol. II, p. 265, fig. 129, no. 5.
5
) Op. cit. 59.

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LE DEPOT DE IIACHES EN CUIVRE DE BANIABIC, DEP. DE TURDA-ARIEŞ

En Bulgarie, dans le departement de Sevlieno a ete decouvert un seul exemplaire identique


â notre type l).
Plus loin, vers le Sud, dans l'Ile de Crete, dans la couche Early Minoan ont ete decouvertes
des haches en cuivre qui pourraient etre comparees a. notre t y p e 2 ) .
Vers l'Est de la Transylvanie nous retrouvons notre type dans Ie Sud de la Russie jusque
dans les regions Ouralo-Altaîques 3 ) . Aspclin cite non seulement des exemplaires en cuivre, mais
aussi des exemplaires en bronze, qu'il croit dater vers la fin de l'epoque du bronze, ce qui nous
prouve que ce type s'est maintenu pendant longtemps 4 ) .
J ' a i enumere ces diverses donnccs qui sont importantes lorsqu'il s'agit de l'origine de
ce type de hache.
Selon l'opinion scientifique, l'origine de ce type de hache serait â rechercher dans les
regions Ouralo-AltaYques; d'ici ce type est arrive jusque chez nous (Transylvanie) et s'est
etendu sporadiquement jusqu'en Autriche et en Moravie.
Nous ne pouvons pas combattre cette opinion, vu que, en Transylvanie, nous ne dispo-
sons que de 21 pieces, en dehors desquelles, — ainsi que je l'ai dejâ dit — on en a trouve
encore quatre.
J e crois p o u r t a n t devoir acccntuer un fait: ces haches sont contemporaines des haches
en cuivre a y a n t deux tranchants opposes, que je considere cornme un produit transylvain.
Ces haches sont les outils des mineurs; elles ont ete trouvees presque toujours aux environs
des mines. Ainsi, un exemplaire qui se trouve dans la collection prehistorique de l'« Associa-
tion du Musee de Transylvanie » a ete decouvert pres des mines de cuivre de Balanbania
(Balanbânya), dep. de Ciuc; trois exemplaires du musee regional de Târgu-Ocna (Moldavie)
ont ete trouves aux environs des salines. Un exemplaire de la collection prehistorique du
Naturhistorisches Hofmuseum de Vienne a ete trouve aux environs des mines d'or de Slatina
(Serbie, dep. de Zajec) 5 ) ; enfin, un autre exemplaire faisant partie de la collection du Lycee de
Negotin a ete trouve pres des anciennes mines de Brestovac (Serbie) 6 ) .
Non loin de Baniabic, ou l'on a decouvert Ies haches en question, se trouvent les salines
de Turda. Pour arriver â ces salines il y avait des voies commerciales assez frequentees. Ainsi
nous pourrions considerer ces haches comme a y a n t servi â tailler les blocs de sel et fait
partie de la marchandise d'un commercant ambulant. Elles sdnt des produits de la T r a n -
sylvanie.

Cluj. Dr. MARTIN ROSKA

a
) Ebert, Reallexikon, vol. I I , pl. 110, no. b. Posta, pl. TI, no. 7. Ebert, Reallexikon, vol. VII, pl.
2
) V. Gordon Childe, The dawn of european civili- 86, no. e, vol. IX, pl. 239.
zation, London, 1925, p. 34, fig. 1—2. *) Antiquites du Nord finno-ougrien 1. livraison,
3
) Comte Eugene du Zichy, Voyages au Caucase p. 59, fig. 234 et 236.
5
et en Asie Centrale, Budapest, 1897, vol. II. Descrip- ) Mitteilungen d. Anthr. Ges. in Wien, vol. X I X ,
lion de la collection archeologique, par Dr. Bela de pl. V, no. 8.
8
) Ibidem, pl. V, no. 9.

355
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23*
LE DEPOT DE BRONZE l)E LOZNA-MARE,
DEP. DE SOMEŞ
Ce depot de bronze a 6te decouvert en 1910 par Gheorghe Popp â la limite Comăruţă du
dep. de Lozna-Mare, dans les terres labourees appelees « Au pied de la petite colline » (Sub
deluţ). G. Popp a decouvert ce depot, par hasard, pendant le labourage. II paraît que la
charrue, en defoncant la terre, ait mis au jour le dcpot en question en mcme temps qu'une
assiette en argile, dans laquelle ont ete depos6s les objets en bronze.
Une partie de ce depot a ete donnee, par l'etudiant Cornel P o p p , â l'« Association du
Mus6e de Transylvanie »; elle a ete inscrite â l'inventaire sous le no. I I . 3124—II. 3129 (les
no. 4, 9 de la fig. 1 et 4, 8, 9, 10 de la fig. 2).
Le reste du depot a ete donne, par le meme Cornel Popp, au Mus6e de Dej, fonde par le
maire actuel de Dej.
A la fig. 1 j ' a i groupe les objets suivants:
1. Un bracelet en fil de bronze â section ovale.
2. Un bracelet en fil de bronze â section concentrique.
3. 4, 5. Des anneaux en bronze â section carree.
6. Un anneau en fil de bronze â section concentrique; les bouts du fil se sont aplatis et r6unis.
7. Une hache â douille au t r a n c h a n t large, du type Transylvain.
8. Une aiguille en bronze, cassee, dont le bout s'epaissit.
9. 10. Des boutons en bronze, a y a n t les trous creuses â l'interieur.
11. Une pendeloque en bronze a y a n t la forme d'une coupe.
A la fig. no. 2 j ' a i groupe les objets suivants:
1, 2. Des pointes de lance, en bronze, â douille.
3, 4, 5, 6. Des parties laterales de mors. Elles se composent d'une partie arquee, a y a n t
au milieu un trou ovale, pour y mettre une courroie; au bout il y a u n bouton en forme de
segment, qui s'elargit au bord tout autour. P a r derriere (voir no. 4) on a moul6 une
tringle qui partage en deux le creux du segment et qui est destin6e â consolider et â fixer
les courroies. Le no. 6 porte les traces d'une vieille dechirure.
7. Un marteau de guerre, en bronze, mal moule et casse; cette trace est ancienne.
8, 9, 10. Des fragments de vases en argile â rayures finement t r a c e e s ; leur teinte est
brune-rougeâtre.
Ces fragments nous demontrent clairement que l'assiette en argile dont il 6tait question
a servi seulement â couvrir u n vase dans lequel etaient poses les objets en bronze.
On a decouvert aussi une chaîne en bronze, qui s'est egar6e pendant les fouilles.
II arrive que sur certaines pieces en bronze, faisant partie d'un depot quelconque, se
trouvent des traces de rouille; dans notre cas il n'en est pas question.

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LE DEPOT DE BRONZE DE LOZNA-MARE (NAGYLOZNA), D E P . D E SOMEŞ

Tous les objetfi presentes proviennent d'un seul depot, ce qui nous demontre leur prove-
nance. La patine des objets est ancienne et rcmarquable. Ces depots ne sont pas rares en
Transylvanie. Ils nous rajipellent le contact de deux civilisations: la fin de l'epoque du bronze
ct le commencement de l'influencc scytho-hallstattiene.
Hampel cst d'avis que les depots plus importants composaient Ia fortune de gens qui,
en temps de guerre, ne voulant pas laisser leurs bicns dans les mains des ennemis, les ense-
velissaient sous terre.

Fig. 1

Les depots sont de plusieurs genres. J e me rapporte seulement aux depots caches par des
commercants, â ceux destines au culte etc. Les circonstances dans lesquelles on a decouvert le
d6pot de Lozna-Mare nous demontrent clairement qu'il ne peut etre question que de la for-
tune de personnes qui, craignant qu'elle ne tombe dans les mains profanes, l'ont enfouie
sous t e r r e ; les lieux choisis sont eloignes de tout chemin frequente, dans la vallee de Someşul-
Mare vers la grande plaine hongroise et, dans une autre direction, vers les territoires riches
en sel, comme par exemple ceux de Ocna Dejului.
Notre depot date du IX-eme siecle av. J . Chr., donc du temps ou l'industrie de l'epoque
du bronze etait florissante; l'on remarque pourtant l'influence scytho-hallstattiene.

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Dr. MARTIN ROSKA

Fig. 2.

Ce depot fait partie de l'industrie locale, car il existe une relation entre notre depot et
ceux trouves sur la route conduisant aux salines de Ocna Dejului.

Cluj. Dr. MARTIN ROSKA

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TOMBEAU CELTIQUE DE CRISTURUL SĂCUIESC,
DEP. D'ODORHEI
Samuil Borbely, ancien professeur de Cristurul Săcuiesc, a honore son nom en offrant â
la section archeologique dc l'« Association du Mus€c de Transylvanie » sa collection archeo-
logique.
De cette collection font partie les vestiges d'un tombeau ccltique; leur importance est
grande, car ils proviennent d'un tombeau â chariot. Ils sont portes â l'inventaire sous le no.
IV 2594—2600 f.
Le gdnercux donateur a fixe â l'occasion de chaque decouverte le lieu de la decouverte
et ce qu'on a dtfcouvert.
Le professeur Ludovic Horvâth, ancien eleve de Samuil Borbăly, qui a decouvert en 1902
ce tombeau, m'6crit cette lettre explicative:
« E n 1902, j'etais cn troisicme annee â l'Ecole normale. Le 24 mars je me trouvais sur
la pente nommee CsiirOsodal, tout pres de la route qui mene â Cecheşti (Csekefalva), ou l'on
extrait de l'ardoise. J'ai remarque un morceau de fer qui emergeait de la t e r r e ; je reussis
â grand' peine â l'arracher de la terre. II avait la forme d'une pelle. En creusant avec ce
morceau de fer, j ' o b t i n s plusieurs morceaux qui, reunis, avaient la forme d'un grand cercle.
J'apportai une pelle et une pioche grâce auxquelles je decouvris un grand vase aux parois
epaisses d'environ quatre doigts et en forme de baquet. II etait tout craque â cause de la
terre qui pesait sur l u i ; le vase etait entoure de cercles. A l'interieur il y avait de nombreux
d6bris en meme temps que des vases entiers: des cruches au corps rond, au goulot long et
mince. Ces vases 6taient mous et ils se briserent lorsque je voulus les faire sortir de l'ardoise.
Une epee, dont j ' a v a i s arrache un morceau au debut, etait allongee sur le grand vase â forme
de baquet. Dans ce vase, sous les debris, je trouvai des objets en bronze (des spirales, des
boutons), un couteau en fer, enfin quelques poignees de cendres et des os incineres. J e remis
les objets decouverts â mon professeur Samuil Borbely, qui me gronda de ne l'en avoir pas
#
annonce immediatement. Samuil Borbely a fixe ensuite, dans ses notes, le lieu precis ou ce
depot avait ete decouvert: au-dessus du gisement d'ardoise â une distance d'environ 60 m
(30 stânjeni) du bout de la rue qui mene â Cecheşti, vers les vignes de cette localite ». Nous
avons reţu du savant professeur les objets suivants:
1. La partie superieure et la pointe d'une epee en fer.
2. Une pointe de lance en fer.
3—6. Des vestiges provenant d'un cercle de roue.
7—7 a—b. Un couteau en fer dont le manche en bronze represente la tete d'un
cheval.
8—8 a. Un bouton en bronze dont le clou est en fer.

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Dr. MARTIN KOSKA

9. Un anneau en bronze.
Enfin les vestiges d'une assiette celtique et d'une assiette plus grossicre provenant de
l'6poque scytho-hallstatticne.
La raison de la reunion en un merae endroit de ces d6bris peut s'expliquer par le fait
que le guerrier celtique fiit enterre dans un endroit ou existait un ancien tombeau, ou bien
nous avons affaire â un ph6nomene de gout vari6,
comme nous l'avons dejâ rencontr6 dans le tombeau
celtique, decouvert â la villa Winkler d'Aiud (Nagy-
enyed).
Tous les objets nous prouvent clairement que nous
sommes en presence d'un vrai tombeau et, bascs sur les
donnecs de M. H o r v â t h , nous pouvons d6duire qu'il
etait inciner6. Les cercles provenant du chariot ont
une largeur de 4 c m ; les restants de ces cercles sont
infimes; ils suffisent pourtant — selon l'opinion de M.
Horvâth — â nous prouver que nous avons affaire a
un tombeau â chariot.
La pointe de lance est longue de 16 c m ; elle est
tellement rong6e par la rouille qu'on peut â peine —
grâce â des caract6ristiques — remarquer qu'elle est de
provenance celtique.
Le couteau â manche en bronze est unique dans
toute la Transylvanie. Ce manche est assez court et ne
repr6sente que la tete et le poitrail du cheval; il est
legerement rigide, affect6, un peu stylis6, mais pourtant
assez suggestif. Les yeux sont repr6sent6s par deux
petits trous qui, â ce qu'il paraît, portaient, au moment
de la d6couverte, deux pierres rouges, brillantes, qui
ont ete perdues et qui n'etaient probablement que de
l'email. Les trous des yeux se rencontrent â l'int6rieur
de la tete. La criniere est â peine esquissee. L'artiste
a repr6sent6 les nascaux par des lignes creus6es dans
le metal.
Le bouton moule, en bronze, avec son ornement â
quartiers, dont le motif s'entrelace, est un produit tres
caracteristique de la p6riode « B » de Reinecke.
Nous pourrions consid6r6r comme faisant partie
de cette p6riode l'6p6e qui, de mâme que le couteau,
est une arme percante; mais sa lame est un peu large
et la partie superieure a perdu la ligne arqu6e, carac-
teristique aux epees de la periode « A » de Reinecke. A ce sujet nous pouvons constater
un leger provincialisme, semblable a. celui de l'epee de «Bandul Câmpiei» (Mezobând) ! )
qui porte des traces, dans la faţon dont est travail!6 le manche, de la fin de l'6poque

l
) Dr. E. Kovâcs: Les fouilles de Mezobdnd (Abrege) Dolgozatok-Travaux. IV, 1913, pp. 265—429.

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TOMBEAU CELTIQUE DE CRISTURUL SACUIESC (SZEKELYKERESTUR), DEP. D'ODORHEI

celtique. J e considere ce tombeau comme d a t a n t du IV-eme siecle av. J . Chr. J u s q u ' â


pr6sent, on a toujours considere le tombeau decouvcrt par moi prcs de la commune Balsa,
D6p. de Szabolcs (Hongrie) *), comme 6tant le tombcau celtique â chariot le plus oriental.
Grâce aux nouvelles d6couvertes de Cristurul Săcuiesc, l'on peut pousser cette limite plus
â l'Est.
Cette dăcouverte nous indique suffisamment la tactique des Celtes: apres avoir conquis
les vall^es principales (du Mureş et du Someş), ils commencerent â occuper les vall6es secon-
daires. Ainsi, ils pouvaicnt se defendre avec succes dans toutes les dircctions et avancer
vers l'Est.

Cluj. Dr. MARTIN ROSKA

') M. Roska: Tombeaux celtiques et autrea monuments de Balsa. Dolgozatok-Travaux, VI, 1915, pp.
18-49.

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LA CERAMIQUE D'HISTRIA. - SERIE RHODO-IONIENNE
L'abondancc et la variete de la eeramique d'Histria suffiraient scules ă prouver la richesse
de la grandc ville grecque de la mer Noire. Les dates extremes des fragments quc l'on y a
trouves comprennent une ere tres vaste commencant au V I I e siecle a v a n t notre ere pour finir
a l'epoque byzantine ' ) . Pendant treize siecles environ, les categories principales des c6ra-
miques du monde antique aj)j>araissent donc â Histria. C'est dire l'interet des trouvailles
dejâ faites auxquelles est attache le nom de Vasile P â r v a n .
Le lecteur ne trouvera pas ici un travail d'ensemble sur la ceramique d'Histria. Une
simple revue generale excederait deja les limites de cet article 2 ). Notre etude ne comprendra
qu'un choix d'objets appartenant â la serie rhodo-ioniennc qui est, pour le moment, sinon
peut-etre la j)lus ancienne 3 ), du moins la plus abondante en fragments de la fin du VIIc
et du debut du VI C siecles a v a n t notre ere. Dans cette serie nous ne nous occuperons que
de certains specimens trouves jiar V. Pârvan au cours de ses fouilles. C'cst donc un choix
dans une categoric bien definie.
Parmi ces vases ou fragments les uns sont entres au Musce des Antiquites de Bucarest,
les autres ont ete recueillis par nous â Histria meme, dans des amas de tcssons mis provi-
soirement â l'abri et non encore classes par V. Pârvan. Pris j)ar des tâches sans cesse gran-
dissantes, il s'etait decharge sur nous du soin de les publier 4 ). Nous ne croyions pas alors
que cette mission acceptee avec plaisir allait devenir un pieux devoir, comme une sorte d'e-
xecution testamentaire d'un vceu du grand disparu. Nous aurons, par Ia suite, l'amer regret
d'arriver sans lui â des conclusions qui l'eussent satisfait, car elles confirment ce qu'il avait
pressenti. Que sa memoire au moins plane sur ces t r a v a u x qu'il ne verra p a s !

SfiRIE RHODO-IONIENNE
On sait que le point de provenance de la ceramique rhodienne orientalisante est encore
discute â l'heure actuelle. Dans la serie des classifications des cdramiques antiques publiees

!
) Ces dates sont celles des fragments trouv^s a v e c u n e q u a s i - c c r t i t u d e , d a n s le g r o u p e des căra-
jusqu'â p r e s e n t et s u r e m e n t identifies. II est pos- miques orientales du V l I I e siecle a v a n t n o t r c ere.
4
sible que des decouvertes ulterieures reculent la ) Unc rapide vue d'enscmblc sur la ccramique
d a t e initiale. archaîque d'IIistria a ctc donnce par V. Pârvan
2
) Monsieur I. Andrieşescu, Directeur du Musce dans son Rapporl sur Vactiviti du Musee National
N a t i o n a l des A n t i q u i t e s de B u c a r e s t , a v e c u n e cour- des Antiquites pendant Vannee 1915, p. 24 ct 25
toisie et u n e obligeance e x t r e m e s a bien v o u l u m c t t r e (en r o u m a i n ) . Quelques vases de la mî'ine pcriode
â m a disposition les collections de c e r a m i q u e g r e c q u e o n t e g a l e m e n t ete r e p r o d u i t s j>ar le r e g r e t t c savant
d u Musee. Ce m ' e s t u n agreable devoir de l'en re- d a n s son l i v r e : Les dâbuts de la vie romaine aux bouches
m e r c i e r ici. du Danube (en roumain). Nous les signalerons au
3 cours d u texte.
) U n f r a g r a e o t , de categorie encore i n d e t e r m i n e e ,
a ete t r o u v e r c c e m m e n t . Mais sa t e c h n i q u e le p l a c e ,

www.cimec.ro 362
LA CEKAMIQUE D'HISTRIA — S E R I E R H O D O I O N I E N N E

par les soins de l'Union Academique Internationale, on a adopte pour la designer le terme
de « rhodo-ionicn » ' ) . On entend signifier par lâ qu'on ne la separe pas du grand groupe
des ceramiques qui, au VIIc siecle av. J . - C , fleurirent dans l'Orient mediterraneen 2 ). Les termes
de Rhodien, Milesien, Kamireen, que l'on a
proposes tour â tour pour designer ce style
indiquent bien quelle incertitude regne
encore sur le lieu de sa fabrication. L'attri-
bution d'origine a la puissante ville de Milet
a pour elle de nombreuses vraisemblances.
Nous verrons I'appui relatif que les trou-
vailles faites â Histria, colonie milesienne,
donnent â cette derniere hypothesc.
Le fragment 3 ) le plus ancien de ce
style que l'on ait trouve j u s q u ' â present
Fig. 1. Fragment de grande roupe â pied rhodo- appartient â une de ces grandes coupes â
ioniennc (grand. nat.), provenant des fouillcs de
V. Pârvan pied dont la caracteristique est le decor en
zones, divis6es elles memes en panneaux rappelant l'ordonnance en triglyphes et en metopes
(fig. 1). Les groupes d'orne-
ments en forme de clous alter-
nent avec des protomes d'oi-
seau d'eau ou dc bouquctin 4 )
(voir fig. 2 un dtfcor semblable,
sur une coupe de la Biblio-
thequc Nationale de Paris, Ca-
binet des Medailles). Le frag-
ment que nous possedons, bien
que trcs petit, montre les ele-
mcnts caracteristiques de ce
decor. II fait partic de la se-
conde zone d'une grande coupe
comme le prouvcnt les bandes
et filets circulaires de la partie
sup6rieure. Le fait que l'un Fig. 2. Detail emprunte â une coupe rhodo-ionienne du Cabinet des
Mcdailles, montrant comment se presentait l'ordonnance generale du
d'eux est retouche de rouge
decor dans la coupe â laquelle appartenait le fragment ci-dessus.
indique qu'il ctait probable- (Paris, Cabinet des medailles)
ment Ie centre d'un groupe de
cinq ornements. A droite, dans la metope, on apercoit l'amorce d'une tete de bouquetin (le
cercle reserve en clair indique une tache du pelage). L'epaisseur du fragment montre qu'il
appartenait â une grande coupe que ses caracteres placent dans Ia categorie dite de style
severe, premiere periodc du style rhodo-ionien (milieu du V l l e siecle). II convient toutefois

2 3
) Voir Ch. D u g a s , Câramiques des îles de la mer ) N° 1. La description des vases ou fragments
EgSe sauf la Crete, p. 8 (Classification des Ciramiques signales ici a ete placee â la fin de cet article. N o u s
antiques n° 1). prions le lecteur de bien vouloir s'y reporter.
2 4
) On a de plus en plus tendance â designer du ) CVA, Bibliolheque Nationale. pl. 4 n<> 7.
nom de « grec oriental » le style de ce groupe..

www.cimec.ro 363
MARCELLE LAMBHINO

de remarquer que ce fragment differe des exemplaircs courants par deux caracteres :
1). L'emploi des coulcurs de retouche. 2). Alors que dans les coupes de cette s6rie les
pointes des ornements en forme
de clous regardent Ic centre,
dans la notre, elles sont tournees
vers l'exterieur. L'ensemble du
dccor y etait donc place en un
sens contraire â celui que l'on
voit sur la coupe figuree ici
(fig. 2). Cette disposition est
peu courante, mais non sans
exemple 1 ). Ainsi que I'emploi
des retouches, elle indique une
date un peu plus tardive. Nean-

Fig. 4. Plat creux rhodo-ionien repre'sente'


• I.IM- le sens m^me ou il «i.iit suspendu
Mus6e des Antiquitcs, Bucarest

moins l'absence d'incisions, la sobriet6 des


motifs de remplissage dans le champ, le fait
que les ornements en clous sont â une petite
distance de la ligne superieure, nous parais-
sent justifier le maintien de cette coupe
dans la cat6gorie dite du style s6vere, en
la p l a ţ a n t tout â la fin de cette p6riode.
Le fragment suivant 2) (fig. 3) pro-
vient du Mus6e des Antiquites. Un long
sejour dans l'eau salee l'a use aux coins
Fig. 3. Fragment de couvercle appartenant â un
grand vase (grand. nat.). Musee des Antiquites, comme un galet. Le d6cor en zones 6troi-.
Bucarest tes est relativement bien conserv6 3 ) . Quel-
ques retouches rouges sont encore visibles.
La courbure accentuee des zones du d6cor en contraste avec la lente courbure de la surface g6ne-
rale, l'engobe rose qui recouvre la face interne sont a u t a n t d'indices qui prouvent que
nous avons ici u n fragment de couvercle a p p a r t e n a n t â un grand vase.

!
) Voir Kinch, Fouilles de Vroulia (Rhodes), p. â ce que l'on affirme parfois, la technique dite «rhodi-
256, fig. 128. enne» est excellcnte. L'engobe, le vernis noir, les couleurs
2
) Numero 2 de la description. de retouche rouge et blanche ont presque toujours trcs
s
) Nous avons constate â Histria que, contrairement bien tenu et ce, dans de deplorables conditions.

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LA CERAMIQUE D'HISTRIA — SERIE RHODO-IONIENNE

Le style est nettement marquc d'influences corinthiennes: emploi de l'incision, abandon


de la technique en reserv6, motif
du combat d'animaux (taureau et
lion affrontes). D'autre part les
caracteristiques rhodiennes exis-
t e n t â l'ordinaire: argile rou-
geâtre, Iegerement micac6e, melee
de petits eclats calcaires, presence
d'un engobe, style des elements
de remplissage dans le decor. Ce
fragment appartient donc â la
troisieme periode du style rhodo-
ionien, periode que l'on pourrait
nommer d'influence corinthienne.
Toutefois, comme la technique de
notre fragment est excellente, le
desein tres soigne, le decor touffu,
il semble que l'on pourrait le pla-
cer sinon â la fin de la seconde
p6riode dite de style libre, du
Fig. 5. Plat creux rhodo-ionien. Mâme presentation moins au debut de la troisieme.
Musee des Antiquit6s, Bucarest A la meme categorie appar-

tiennent de petits plats egalemcnt


caract^ristiques de la fabrication
rhodo-ionienne ') (fig. 4, 5, 6). La
stylisation des fleurs de lotus, tres
accentu6e sur certains fragments
est un indice de leur date plus tar-
dive. N6anmoins,dan8 les meilleurs
exemplaires de cette s6rie (voir la
fig. 4) on trouve encore quelques
jolis motifs d'une grâce naturelle
et d'un d6licat effet d6coratif.
La meme fleur de lotus avec
cceur en forme de palmelte se
retrouve sur un fragment de di-
nos trouve â Vroulia 2 ) et sur
un fragment du British Museum
provenant de Naucratis 3 ) . Elle est
une des caract6ristiques de la der-
Fig. 6. Plat creux rhodo-ionien. Mâme presentation
ni6re periode du style camireen. Musee des Antiquites, Bucarest

2
) N o s 3 â 5 de la description. Voir pour le n° 5, 2
) Kinch, Vroulia, pl. 24, 6 c.
3
V. Pârvan, Lea dtbuts de la vie romaine aux bouches ) E. R. Price, Journal of Hellenic Studies, 1930,
du Danube, p. 27, fig. 9 (en roumain). I, p. 85, fig. 5.

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MAKCELLE LAMBHINO

S T Y L E SAMIEN OU « D E FIKELLURA»

Nous continuons la suite des series rhodo-ioniennes avec deux fragments du style dit de
Fikellura ou de Samos, selon le lieu d'originc qu'on lui attribuc. ' ) . Par sa technique â engobe,
il se rapproche en effet beaucoup plus des scries pr6e6dentcs que de celles qui vont suivre.
Cette categorie de vases, que l'on doit considerer comme une variante tardive de la ceramique
rhodo-ionienne est representee â Histria p a r une cenochoe presque complete et p a r d'assez
nombreux fragments. Leur decor est lineaire ou vegetal. Le plus
ancien 2) est probablement celui que nous donnons figure 7. Son
decor caracterise une categorie bien determin6e dont la forme 3 )
est u n compromis entre l'amphore et ce qui sera plus tard le

Fig. 7. Fragment de petite


amphore de style samien (ou
de Fikellura), (grand. nat.).
Provenant des fouilleg de
V. Pârvan

mjmm^

SsSv-
■^O^V^V^L ^t^LriLrily

Fig. 8. Petite amphore


s a m i e n n e montrant la
forme du vase auquel ap-
partcnait le fragment pre-
Fig. 9. (Enochoe de 8tyle samien. On distingue l'attache de l'anse e t le decor cedent. (Paris, Cabinet
interieur de I'embouchure (Musee des Antiquites, Bucarest) <!'■■■ Medailles)

lecythe attique (fig. 8). Le galbe tres pur est u n des triomphes de la ceramique rhodienne.
Le style de Fikellura â ses debuts semble bien avoir ete une cat6gorie de luxe, destinee aux
offrandes de prix.

! 2
) On sait que Fikellura est une necropole de Rhodes, ) N ° 6 de la description.
3
pres de Caniiros. ) CVA, Biblioth&que Nationale, pl. 5 n ° 3.

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LA CfiRAMIQUE D'HISTRIA — S E l U E RIIODO-IONIENNE

L'umoehoe ') (fig. 9 et 10) est un des rarcs vases d'Histria qui nous soit parvenu presque
entier -). Klle est ornee d'un decor lineaire et vegetal execute avec soin. On y remarque les
croissants qui sont une caracteristique du style de Fikellura. L'embouchure etait probable-
mcnt trilobee, comme il est d'usage dans
cette se>ie. On conserve le point d'at-
tache inferieure de l'anse qui paraît avoir
6t6 trifide. Sur I'cmbouchure, l'arret du
decor indique approximativement le
point d'attache superieur de l'anse. Sous
le pied un grand A peint au rouge est
la marque de I'atelier qui a execute ce
beau vase (fig. 10).
Avec les vases de Fikellura prend
fin la vraie tradition du style grec
oriental proprement dit 3 ) , remarquable
par la purete du dessin, une grâce et
une scnsibilitc particulieres dans l'in-
terpretation de l'animal.

SERIES RHODO-IONIENNES
DE DECADENCE
Groupes de vases ă bandes polychromes Fig. 10. Dessous du pierl du meme vase montrant la
inarque de l'atelier. (Musee des
Dans les series rhodo-ioniennes dc Antiquites, Bucarest)
decadence, les caracteres de technique
particuliers, loin de disparaître, ont tendance â s'affirmer. On peut les resumer ainsi: l'argile
rougeâtre conticnt de petits cclats calcaires et, assez rarement, quelques paillettes de mica.
Les stries du tour sont tres a p p a r e n t e s ; elles forment parfois un leger relief â la surface. Celle-ci
montre toujours quelques petites rugosites et n'a pas le beau poli de la ceramique attique.
Lc noir du dccor n'est pas uniforme. II offre une variete de nuances allant du noir pur
au rouge clair, le brun fonce etant le plus generalement repandu. Dans une bande circulaire,
par exemple, le ton dominant est parcouru de filets plus fonces ou plus clairs. Ceci indique
que l'aspect general est obtenu â l'aide de deux couches de couleur. On a egalement l'im-
pression quc, pour la seconde couche, le decorateur rhodien s'est servi d'un pinceau â plu-
sieurs soies determinant chacune un trait. La regularite de ces traits indique d'ailleurs que
le decor a du etre execute sur le tour en imprimant un mouvement de rotation au vase.
Quoiqu'il en soit de ces suppositions, le procede est constant. E t , si l'on en juge par la re-
gularite avec laquelle se superposent le plus souvent les teintes, il est certainement voulu.
II en resulte une polychromie discrete et delicate — entendons qu'il ne s'agit que des varia-
tions du noir — qui fait le plus grand honneur â la technique rhodienne 4 ).

x
) N<> 7 de l.i description. que nous avons pu le constater sur les fragments
2
) Voir V. Pârvan. ouvr. citâ, p. 2(1, fig. 10. du Cabinet des Medailles. Ici, comme dans d'autres
3
) Voir page 363, note 2. cas, la decoration «rhodienne» se mentre l'heritiere
4
) Notons cependant que les memes particularites directe des procedes myceniens.
ee trouvent dejă dans la potcrie mycenienne, ainsi

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MARCELLE LAMBKINO

A ces caracteres generaux s'ajoutent dans la s6rie qui va nous occuper maintenant la
pr6sence de bandes polychromes (noir, blanc, rouge). Ce decor caracteristique employc, soit
â l'ext6rieur, soit â l'interieur, permet de r6unir en un meme groupe des categories assez diff6-
rentes d'aspect.

A) S T Y L E D E B U C C H E R O , Â DECOR E X T E R I E U R
EN B A N D E S P O L Y C H R O M E S

(Imitation du type corinthicn)

Ce style est repr6sent6 â Histria par deux aryballes pansus 1 ) (fig. 11 a et b et 12). L'argile

Fig. 11. Aryballes pansus rhodo-ioniens. Pâte de «bucchero». Dccor â bundes polychromes.
(Musec des Antiquites, Bucarest)

fine et bien fumigee est pailletee de mica. Les vases ont 6t6
entierement revetus d'un engobe blanc sur lequel on a peint
des bandes alternativement rouges et noires. On a menage
entre chacune d'elles un espace qui laisse apercevoir l'engobe
blanc, ce qui d6termine des bandes blanches plus etroites.
L'effet est u n peu different de celui que donne le ruban
polychrome, mais le principe est le meme. C'est toujours
l'emploi des couleurs habituelles, rouge, blanc, noir. Ainsi,
lorsque le vase 6tait intact, la teinte foncee de l'argile ne
s'apercevait pas. Elle ne ternissait en rien l'eclat de ces
vases qui, dans leur neuf, devaient offrir une gaie polychromie Fig. 12. Dctail de l'aryballe
(fig. 11 a) montrant le decor
et etre tres apprecies. de la base (Id.)

l
) N° s 8 et 9 de la description. Le n° 8 a ete reproduit par V. Pârvan, ouvr. citS, p. 26, fig. 7.

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LA CERAMIQUE D'HISTRIA — SERIE RHODO-IONIENNE

B) S T Y L E S Â DECOR I N T E R I E U R EMPLOYANT L E S B A N D E S P O L Y C H R O M E S

a) Serie ă surface exterieure recouverte d,un engobe blanc

En tcte et constituant cn quelque sortc une serie intcrmediaire se trouve un fragment


de grande coupc ^) dont le decor n'est compose que de bandes circulaires (fig. 13 a et b). L'exte-
rieur a cst recouvert d'un engobc blanc; lcs bandes circulaires, en noir brun, offrent les tons
caractcristiques notes precedemment. L'interieur b est recouvert d'un vernis brun noir, orne
de deux bandes polychromes.
Dans cc groupc dont lcs fragments paraissent tous appartenir a des skyphoi, l'argile
nue fait son apparition â l'cxtcricur des vases. C'est la marque d'une evolution significative.
L'engobe blanc, qui avait constitue jusqu'â present une des caracteristiques rhodo-ioniennes

«■
a b
Fig. 13. Frugment de coupe u surface exterieure recouverte d'un engobe blancs (Fouille de V. Pârvan)

b) Serie ă surface exterieure sans engobe

les plus tenaces, ne se trouve plus 2 ). A sa place apparaît la couleur naturelle de l'argile, beau-
coup moins agrcable â l'ceil 3 ) . Ce fait indique une date plus tardive (debut du Vle s.). C'est
aussi la marque d'une evolution gencrale due aux progres du dessin. A mesure que l'on sait
mieux varier les representations de l'animal, puis de l'homme, le gotit des scenes animees
remplacc les simplcs combinaisons des lignes ou la couleur. Le pittoresque compense la gaie
polychromie.
Outre les caracteres de technique signales plus haut et l'absence d'engobe, les skyphoi
de ce groupe 4 ) se signalent encore par une ornementation caracteristique (fig. 14 et 15). Le
decor du bord B) est forme en majeure partie de lignes verticales s'effilant â l'extremite in-
ferieure et groupees ă deux ou â plusieurs (fig. 14 o et c). Elles rappellent parfois de tres pres

') N° 10 de lu description. de Rhodes) qui n'utilisaient pas non plus l'engobe


*) A vrai dire, les fabrîquc» ceramique» du basBÎn blanc.
4
oriental de la Mcditerranee n'abandonneront jamais ) N 0 8 11 â 13 de la d e s c r i p t i o n .
5
tout ă fuit lu technique â engobe blanc. On lu retrouve ) C'est le seul d o n t n o u s puissions parler, n ' a y a n t
sur Ies grnndes umphores â estampilles, celles-lâ jusqu'â present que des b o r d s et pas de skyphos
veritablement rhodiennes. entier. Mais c'est heureusement aussi la partie )a
3
) C'est un retour â la technique des vases de plus c a r a c t e r i s t i q u e d u decor.
style rhodien geometrique (originaires principalement

369
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21 Daria I I I — I V 1927/932
MARCELLE LAMBKINO

les groupes de clous, caracteristiques des coupes de la penode pr6c£dente (fig. 14, c). De plus,
ces lignes effilees ne s'arretent pas aux lignes horizontales qu'elles rencontrent. Elles les
depassent, pour reapparaître sur le noir en teinte plus fonc6e ou rejoindre une seconde ligne
horizontale, parallele â la premiere. L'interieur est recouvert de vernis noir et orne" d'une bande
polychrome (rouge bordee de deux bandes blanches) pres du bord (fig. 15, o, 6, c).
Nous devons rapprocher de cette s6rie un petit groupe de fragments de s k y p h o i l )
(fig. 16). 118 en different par I'argile gănăralement plus rouge et plus dure, par la qualit6 du

b
Fig. 14. Fragments de coupes ou de skyphoi â surface exterieure 8ans engobe
(Fouilles de V. Pârvan).

vernis â la fois plus mince et plus brillant, par l'absence du ruban polychrorae pres du bord.
Ce ruban est remplace par une simple bande rouge, â la meme distance du bord (dans u n frag-
ment oîi l'interieur est rouge, la bande est noire). Mais leur d6cor exterieur offre certaines

b
Fig. 15. Face interne des mâraes fragments montrant la bande polychrome

similitudes avec celui du premier groupe: lignes effilees dcpassant la zone inferieure ou formant
un petit treillis caractăristique (fig. 16, d). Ces caracteres techniques rappellent ceux d'une
categorie 2) que Ch. Dugas propose d'appeler les « skyphoi â encoche».
Essayons m a i n t e n a n t de resumer. Les fragments â bande polychrome (fig. 14 et 15) ap-
partiennent â un groupe dont on a trouve u n certain nombre d'exemplaires â Naucratis (groupe
D de Prinz) 3 ) â Chios, â Delos, â Vroulia. Sont-ils vraiment de provenance n a u c r a t i t e ? Ch.

1
) Description, n 08 14, 15, 16, 17. 3
) Prinz, Funde aus Naukratis, p. 97; Kinch, Fouil-
2
) Ch. Dugas, Les vases de VHSraion (Exploration les de Vroulia (Rhodes), pl. 11, 3 et 5 et pl. 8, 2 et 3 ;
archeologique de Delos faite par VEcole francaise d'Athd- p. 228 et suiv.
nes), Paris, de Boccard, 1928, p. 191.

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LA CERAMIQUE D'HISTRIA — SERIE RHODO-IONIENNE

Dugas fait quelques reserves â cet egard *). Faut-il les croire originaires de Chios, comme
paraît le sugg6rer Pfiihl? 2 ). Pour le moment rien n'autorise â le supposer.
Certains caracteres des fragments de la seconde s€rie les rapprochent d'un ensemble
de fragments de l'Hcraion de Delos, groupes par Ch. Dugas. Nous ne pouvons mieux faire que
de le citer. « Les exemplaires qui la c o m p o s e n t » — il s'agit d'une s£rie —« sont tous des
s k y p h o i ; les caracteristiques en sont l'argile rouge, un peu violacee, dure, le vernis noir
brillant, et un decor lineaire tres simple dont l'execution offre les particularites suivantes:
1) les lignes verticales au lieu de s'arreter net aux bandes horizontales auxquelles elles
aboutissent, se prolongent sur elles; 2) l'epaisseur de ces memes lignes verticales est sou-

Fig. 16. Fragments de skyphoi, sans engobe exterfeur


et sans bande polychrome interieure
vent plus forte â l'extr^mite superieure qu'â l'extremite inferieure; 3) de plus, l'anse . .
est constamment peinte â l'interieur comme â l'exterieur, sauf les parties contiguSs aux
points d'attache qui, elles, sont frequemment r^servees; 4) enfin, on remarque souvent sur
ces vases, au-dessous de l'anse, une ou plusieurs fortes encoches obliques qui correspondent â
un usage tout â fait particulier de l'atelier d'oti ils sont sortis. Ce sont ces divers traits qui,
rcunis ou partiellement 3) represent€s sur chacun de ses exemplaires, donnent sa physionomie
propre au groupe .... qu'on pourrait appeler le groupe des skyphoi â encoches. J e ne possede
jusqu'a present aucune donnee qui me permette d'en localiser la fabrication » 4 ).
Si nous nous reportons aux fragments de skyphoi trouve» â Histria, nous y reconnaissons
les memes caracteristiques — sauf les anses dont nous ne possedons encore aucun vestige.

') Ch. Dugas, ouvr. citi, p. 56. 136 et suiv. et pl. 43, 25, 2, pl. 25, 3, 7, 10 ou l'on
2
) Pfuhl, Malerei und Zeichnung der Griechen, I, § trouve avec lea rosaces les memes groupes de lignes
139, p. 144. effilees). La serie des skyphoi â rosaces pointillees
3
) Mot goulignc par nous. est egalement signalee â Thera et â Gela (Dragen-
4
) Ch. DugaH, ouvr. citf, p. 191 et Buiv. Ajoutons que dorff, Thera, II, p. 196, fig. 388; Orsi, Gela, p. 610,
des coupes ou skyphoi appartenant aux categories fig. 414). Cette ceramique couvre donc une aire tres
precedentes se trouvent â Vroulia, Kinch, ouvr. citâ vaste qui paraît correspondre â l'expansion commer-
(coupes 11nn'-f- de rubans polychromes, p. 228; sky- ciale d'une ville puissante.
phoi â rosaces pointillăes comme notre fig. 16 a, p.

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MARCELLK LAMHMINU

Nous constatons quc le decor en lignes effilees depassant les ligncs liori/ontalcs se trouve ă His-
tria sur les fragments aj>j>arentes aux skyj>hoi naucratitcs (bandc jiolychromc j>res du bord
intcrieur) ct sur le sccond groupe — <jui nous jjaraît si proche de la categorie indeterminee
dc Dugas. N'y a-t-il j>as la ccrtaincs j>rcsomj>tions en faveur de lcur commiinc origine? Le
fait quc dc tcls fragmcnts existcnt concurrcmmcnt â Ilistria. aj>rcs s'etre trouves cnscmblc
ă Delos, cst significatif. IN'oublions pas qu'Histria cst unc colonic milcsienne. On doit donc,
au dcbut dc son existence s'attendre â y trouver jircsquc exclusivcmcnt des vases de pro-
venance milesienne, c'est-â-dirc du stylc quc l'on est convenu d'aj>pcler « rhodo-ionien ».
Un fait est â remarqucr, toutcfois. Milct est unc fondatrice dc colonies. Avant le milieu
du Vle siecle leur nombre approchait de la ccntaine. De bonne hcurc elle dut, ctant donn6s les
emplois multiples de la ccramique dans la vic antique, satisfaire â unc amplc demande creee
par les besoins de ses etablissements. On a dejâ supposc avec vraisemblance que la jmissante
ville avait pu utiliser les produits d'une fabrique proche, de la cote d'Ionie. Peut-etre mcme
a-t-clle eu recours â plusieurs ateliers voisins des le milieu du V I I e s. Ce serait une autre ma-
niere d'expliquer cette diversite de tcchniques ccramiques que l'on constate â Histria, des
l'cpoquc de sa fondation, â une date ou il semble que seuls les produits dc la metropole eussent
du y cxister J ) .
Les remarques que nous venons de faire n'ont d'autrc but que de montrcr quelques-uns
des problemes que posent les categories rhodo-ionicnnes â Histria. A une ej>oque ou les classifi-
cations des ccramiques antiqucs sont soumises â des modifications constantcs par lcs ajjports
nouveaux, elles ne peuvent avoir d'autre utilite, que de contribuer â la connaissance de la ce-
ramique rhodo-ionienne. D'une j>art en effet, des trouvailles ulterieures jmurront fairc aj>pa-
raitre sur le lieu meme des elements nouveaux, capables de modifier les observations prece-
dentes. D'autre part deux comparaisons — que nous esperons pouvoir faire b i e n t o t — s ' i m -
posent. L'une avec tous les fragmcnts trouves en Roumanic — non encore etudies — et
surtout en Russie Meridionalc. L'autre avec la ccramiquc dcs îlcs dc l'Oricnt mcditcrra-
neen et de l'Asie Mineure 2 ). A ce moment une idce d'ensemble â laqucllc Histria ap-
portera l'appoint de son anterioritc relative deviendra possible, et les classifications
pourront ctre etablies.
Nous constatons que la nature des poteries rhodo-ioniennes trouvees a Histria est
semblable â celle de l'Heraion de Delos 3 ). Ce sont cn gcncral dc bcaux vases dont cer-
tains etaient faits pour etre suspendus (coupes ou plats) des vases â j>arfum (aryballes,
le lecythe amphorisque) ou joliment dccores (ccnochoe du stylc dc Fikcllura). C'ctaient
donc, non pas des ustensiles ordinaires, mais des exemplaires de choix destincs â servir
d'offrandes dans un temple. Si nous tenons compte du fait quc l'on a trouve cgalement des
statuettes et des vases statuettes de Cores rhodiennes tout j>res de ces fragrnents, on est
autorise â conclure que le temple auquel les vases etaient dcstines honorait une dcesse.
C'est dejâ la conclusion â laquelle etait arrive le regrettc V. Pârvan 4 ). Quclle ctait cette de-
esse? On a coutume de mettre les statuettes de Cores en rapj>ort ctroit avec le culte
d'Aphrodite. Est-ce vraiment de cette deesse qu'il s'agit ici? Serait-ce une Hăra comrae

' ) II faut r e m a r q u e r que K i n c h r e g a r d e c o m m e fa- ment â S a m o s scra â cet c g a r d d ' u n e g r a n d e utilite.


3
b r i q u e e s p a r u n atelier local, donc r h o d i e n , les coupes ) Sauf les vases-couronnes si c a r a c t e r i s t i q u e s , d o n t
q u ' i l d e n o m m e «coupes des t o m b e a u x » . K i n c h , ouvr. n o u s n ' a v o n s t r o u v e a u c u n vestige. Voir D u g a s , Les
cite, p . 1 4 3 . vases de VHeraion de DSlos, p . 34.
2 4
) Le r e s u l t a t des fouilles qu> se p o u r s u i v e n t actuelle- ) V. P â r v a n , Rapport, p . 25.

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I.A C E K A M I Q U E D ' H I S T K I A SEKIK KIIODO-IOMENNE

â Dclos, ou encore une Hera Limenia comme â Corinthe '), hypothese d'autant plus scdui-
sante que le sanctuaire d'Histria etait probablement sur la cote el pres du port? II est
malaisc pour le moment de se }>rononcer.
A Histria d'ailleurs, ledieu preponderant est Apollon. Maisonsait qu'â l'cjioquc prehellenique
les peujdes riverains de la mer Noire adoraient une divinite fcmininc analogue â la grande Mere
de Crete et d'Asie Mineure 2 ). D'autre j>art L'ălăment jire-ionien, carien ou creto-asiatique 3)
que l'on trouve â l'origine des grandes villes grecques d'Asie avait laisse les traditions de culte
d'une grande deesse. Ce culte ne se perdit jamais completement, meme dans les villes qui,
comme Milet, eurent pour patron Apollon. Le culte d'une d vinite feminine au debut de la
fondation d'Histria, eonforme aux traditions indigenes et aux traditions milesiennes s'explique
aisement. D'autre jsart, eertains indices (trouvaille de statuettes de deesse assise, â haute
coiffure), indiquent que eette deesse est la grande divinite ehthonienne, protectrice des tombes,
si repandue dans tout l'Orient hellenique au VI le et au VI« s. Le fait que l'on a trouve â
Histria meme une base de statue dediee â Latone 4) ne peut-il laisser supjmser que, des l'origine,
le culte d'une deesse s'associa â celui de l'Apollon milesien sous forme d'un couple Latone-Apollon,
et ceci d'autant plus naturellement que Latone est â l'origine une Chthonienne? L'avenir dira ce
que I'on doit en penser. Notons pour terminer que le sanctuaire d'Histria, tout comme celui
de la Hera de Delos ou de la Hera Limenia, etait en pleine fJoraison â Ia fin du Vlle et
au debut du VI e siecles avant notre ere.

DESCRIPTION
1. Fragment de coupe (fig. 1). — Argile rose et grise, micacee. Stries tres apparentes. Surface
interieure recouverte d'un engobe blanc ivoire. Traces d'un engobe plus mince, rose, sur la
surface exterieure. Decor en noir lustre, tourne completement au rouge orange ; les details inte-
rieurs reservcs sur le fond. Pas d'incisions. Retouches d'un rouge vineux. Interieur: decor
en zones divisees en metopes par un groupe d'ornements en forme de clous. Entre les clous,
protome de bouquetin (on apercoit k droite la courbure du col et une t a c h e d u pelage reservee
sur le fond. Dans le champ, svastika et triangle orne d'un point. Vers le centre, bande et filet
circulaires. Retouches rouges: tache sur un des clous, un filet circulaire. Revers: filets circu-
laires en noir jauni. PIus grande dimension 0,057. Epaisseur 0,009.

STYLE L I B R E
(Exemplaire de transilion entre la 2e et la 3e periodes)

2. Fragment de couvercle (fig. 3). — Argile micacSe, rougeâtre, recouverte d'un engobe jaune
clair â l'exterieur, rose â l'interieur. Les bords sont ronges et amenuises par un long sejour

' ) II. I ' a y n e , The lllustraled London Netvs, 28 nov. aperţus nouveaux nous a suggere les reflexions
1931, p . 890 e t s u i v . : Taureau de bronze trouve cpji suivent.
4
d a n s l'IIeraion de P e r a - K h o r a â utie (tuinzaine de K m . ) S. L a m b r i n o , p. 397 du present v o l u m e ; Are-
preH de (-orinthe, avee dedic.ace â Hera I.imenia. thuse, fasc. 29, 1930, p . 104 et suiv. ou l'auteur
2
) Kostowtzeff, Revue des Etudes Grecques 1919, p. rappelle les r a p p o r t s e t r o i t s qui u n i s s e n t parfois le
468 e t 4 7 7 ; Vasile P â r v a n , Getica, p. 163 et s u i v . ; p . culte de L a t o n e et de H e r a , â une epoque plus
759 du resunie franţais. tardive, il est vrai. Mais, dejâ â la fin de V l l f
3
) I/expression est de Ch. Picard, Ephese et siecle a v a n t n o t r e ere, cette g r a n d e deesse chtho-
Claros, p. 4, dont le travail si riche en nienne p e u t etre une L a t o n e - H e r a .

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- 373
MAKCKLLK LAMBRINO

dans l'eau. Decor en noir lustrc incise, tourne en partie au brun. Traces de retouches rouges.
Exterieur: decor en zones. Zone superieure: fauve ou sphinx accroupi. Zone inferieure: combat
d'un lion et d'un taureau. Rondelles et demi-rondelles dans le champ. L'intcrieur non d6cor6
Longueur max. 0,073. Largeur max. 0,062. Epaisseur 0,002.

TROISIEME PERIODE

3. Fragment de plat creux (fig. 4). — Argile rougeâtre avec traînees grises, micac6e. Deux
trous de suspension sur le rebord. Surface: engobe blanc ros6 â l'int6rieur. A l'exterieur, engobe
de meme couleur que l'argile mais beaucoup plus mieace. Dccor cn noir lustre. Retouches rouges.
Technique tres soignăe. Interieur: sur le rcbord, entre deux bandes circulaircs noires, crochets
de măandre, s'arretant de part et d'autre des points de suspension. Vers lc centre, bandes et filets
circulaires (une bande noire sur le cote du rebord, une bande rouge, le filet en noir jauni), zone
circulaire de fleurs et boutons de lotus. Revers: sur le bord, bande circulaire en noir brun.
Deux bandes circulaires en noir brun (chacune d'elles parcourue par deux filets en noir plus
epais; l'ensemble donne noiv-jaune-noir). Au centre filet circul. noir. Diametre: 0,142. H a u t e u r
0,023. Largeur du rebord 0,013.
4. Idem (fig. 5). — Argile rouge clair melee de traces grises, sans mica, dure et bien cuite.
Stries tres apparentes. Deux trous de suspension dont un seul conserve. Surface recouverte
d'un engobe blanc rose dans l'interieur. D6cor en noir peu lustr6 t o u r n a n t au brun rouge. Rc-
touches en rouge et en j a u n e (?). Intărieur. Rebord: meme decor que figure 4, tournd en
partie au rouge, entour6 de deux bandes circulaires noires. Vers le centre bande circulaire noire,
bande circulaire orange (cette teinte paraît bien etre une couleur de retouche, et non du noir
jauni), deux filets circul. rouges. Zone circulaire de lotus tres stylis6s, p a r t a n t d'un double filet
circulaire rouge. Au centre gros point (le milieu r6serv6) et filet circul. rouges. Revers: trois
bandes circulaires en noir tourn6 au rouge; le centre non d6cor6. D i a m e t r e : 0,13, H a u t . 0,0167.
Largeur du rebord 0,17.
5. Idem (fig. 6). Argile rougeâtrc, dure, micacee. Stries tres apparentes. Un trou de sus-
pension sur le rebord (l'autre disparu dans la cassure). Surface recouverte dans l'int6rieur
d'un engobe blanc. Decor en noir lustre tourne au rouge brun. Interieur. Rebord, meme d6cor
que precedemment. Le dessinateur semble avoir menage un autre dessin entre les points de
suspension. Vers le centre, bandes et filets circulaires en noir pass6 au rouge (donnant des
teintes differentes). Lotus ouverts et fermes autour d'une bande circulaire. Un point noir
(endommag6) au centre. Revers: aucun d6cor.
Diametre, 0,013. H a u t e u r 0,019. Largeur du rebord, 0,015. Reproduit par V. P â r v a n ,
Les debuts de la vie romaine aux bouches du Danube, p. 27, fig. 9.

STYLK SAMIKN OU DK FIKKLLURA

6. Fragment de petite amphore â panse allongee (fig. 7). — Argile jaune ros6. Surface extc-
rieure couverte d'un engobe blanc, endommag6. Paroi mince. Piece fine. Technique soign6e.
Decor lineaire en noir brun, peu lustre. Traits paralleles en diagonale d6terminant des losanges.
Au milieu de chacun, une croix.
Plus grande dimension 0,042. Epaisseur 0,003.

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LA CERAMIQUK D'IIISTKIA - SEKIE KHODO-IONIENNK

7. Oenochoe (fig. 9 et 10). Argile rosee avec traînees grises et petits cclats de calcaire;
quelques paillettes de mica. D'apres la cassure de l'attache infărieure, l'anse paraît avoir 6t6
trifide. Surface recouverte â l'ext6rieur d'un engobe rose, legcrement micace. Decor en noir
lustrc tournant au jaune dans les traits fins, devenu rouge vif lâ oii la premiere couche de
noir a disparu. Ni incisions ni retouches. Kmbouchure. Interieur: large bande circulaire noire
â la partie superieure. Ext6rieur: entre deux filets circulaires, rectangles s6pares par des points
(tres petit fragment visible). Au-dessus zone de meandres separes par des rectangles, entre
deux filets circulaires. Le decor s'arrete â une certaine distance de l'anse; le reste noir. Epaule:
d6eor en zones s6parees par un double filet circulaire. Godrons non inscrits. Sur le filet infe-
rieur, points entre chaque godron. Zone de croissants. Panse. Meme decor en zones circulaires:
fleurs et boutons de lotus renvers6s, alternant avec des croissants. Vers le pied crochets de
măandre, zone de fleur et boutons de lotus. Le dessus du pied noir. Le decor de l'attache du
pied est peu soigne, en contraste avec le fini de celui de l'epaule et de la panse. Le dessous
du pied (fig. 10), l6gerement convexe; sur la surface reserv6e, grande marque peinte en rouge,
en forme de A,
Hauteur max. (actuelle) 0,22. Diametre de la base 0,101. Diam. max. 0,19. Diametre
â la base du col 0,05. Reproduit par V. Pârvan, ouvr. cite, fig. 10, p. 28.

TROISIEME PERIODE. — SERIES DE DECADENCE

A. VASES DE BUCCHERO A DECOR POLYCHROME

8. Aryballe pansu (fig. 11 o et fig. 12). — Argile gris rougeâtre imparfaitement fumigee.
Quelques paillettes de mica. Surface recouverte d'un engobe blanc. Decor en noir peu lustre,
tournant au brun et au vert olivâtre. Retouches en rougevineux. Embouchure: filet c'rculaire
noir au bord interne. Sur le plat, filets noirs et bande rouge circulaire. Filet circulaire
sur le bord externe. L'anse est ornee de lignes ondul6es verticales. Epaule: godrons non inscrits.
P a n s e : bandes circulaires alternativement rouges et noires, separees par des bandes plus
6troites, blanches, formees par l'engobe qui reapparaît. Base (fig. 12): languettes formant
rosace. Au centre d6pression legerement ombiliquee.
Hauteur 0,083. Diametre max. 0,085. Voir Vasile Pârvan, ouvr. cite, p. 27, fig. 9.
9. Idem (fig. 11 b). —Argile fumig6e, de couleur gris noirâtre, micacee. Suiface primitive-
ment recouvertc d'un engobe blanc, tres endommag6. La surface est devenue rougeâtre aux
endroits ou la couverte a disparu. D6cor en noir peu lustre, tres endommage d'un cote par
le sejour dans la terre. Retouches en rouge vineux. Embouchure: sur le plat, le decor a dis-
p a r u ; sur le bord exterieur, zone de languettes. Epaule et panse: meme decor que n° 8 (fig. 11 o).
Base: meme decor.
H a u t e u r 0,078. Diam. max. 0,08.

B. STYLES Â DECOR INTERIEUR EMPLOYANT LES BANDES POLYCHROMES

a) Serie ă surface exterieure recouverte d'un engobe blanc

10. Fragment de coupe ou de plat (fig. 13). —Argile rosee, micac6e. Surface recouverte d'un
engobe blanc. Decor en noir lustre. Retouches rouges (d'un ton assez vif) et blanches. Inte-
rieur: fond noir; le decor est constitu6 par des bandes circulaires rouges, bordees de deux bandes

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MARCELI.E I.AMBRINO

circulaircs blanchcs. Le tout a etc apjdiquc sur unc bandc dc noir cpais qui subsiste scul j»ar
[)laccs, lc blanc ayant cn partie disparu. L'espace entre les bandes est couvert d'un noir 6pais
tournant au brun ct rejKindu d'une maniere irreguliere. Rcvers: cngobc blanc. Decor en bandcs
circulaires de noir plus ou inoins epais, formant dcs tons differents.
Plus grande dimcnsion 0,06. Epaisseur 0,06.

b) Serie ă surface exterieurc sans engobe

11. Fragmenl de skyphos (fig. 14 a et 15 a). — Bord superieur du vasc. Argile j a u n â t r c , assez
dure. Piece bien cuite. Surface orangec. Dccor en noir peu lustre. Retouchcs rougcs ct blanchcs.
Le blanc que I'on aj>erţoit sur la photographic ctait unc tachc rcccnte de chaux qui a dis-
paru apres un lcger frottemcnt. Interieur: recouvcrt d'un vcrnis noir a rcflcts melalliques.
Pres du bord, bande circulaire rouge cntre deux bandcs blanchcs. Revers: filct circulaire au
bord, en noir brun. Groupe de dcux lignes, j)erpcndieulaires au bord, legercment effilees, dc-
passant la ligne horizontale.
H a u t e u r des lignes verticales 0,03. Epaisseur moyennc 0,04.
12. Idem (fig. 14 b et 15 b). — Partie suj)crieure d'un skyphos. Reste d'un ornement pro-
bablement placc â egale distance des deux anses. Argile rose et grise. Surface orangce. Dccor
en noir lustrc. Retouches rouges et blanchcs. Intcricur: vernis noir brillant ă reflets metalli-
q u e s ; bande circulaire rouge accostce de deux bandes circulaires blanches. Revers: feuillc
de lierre ou extrcmite d'un bouton de lotus.
Longueur max. 0,04. Epaisseur 0,005.
13. Idem (fig. 14 c et 15 c). — Argile rose et grise. Quelques paillettes de mica. Surface brun
clair sur laquelle les stries du tour sont fortement marquecs. Decor en noir peu lustre, ne-
gligemment applique, endommage par le sejour dans l'cau. Retouches rouges ct blanches.
Interieur: noir (tourne en partie au rouge). Bande circulaire accostee de dcux bandes blanchcs.
Revers: decor en noir tourne au brun jaune. Groupe d'ornements ayant vaguemcnt la formc
de clous; la pointe effilee depasse la ligne horizontalc infericurc.
Plus grande dimension 0,045. Epaisseur 0,04.

GROUPE DE FRAGMENTS Â BANOE I N T E R I E U R E ROUGE

14. Fragment de skyphos (fig. 16 a).—Petit fragment du bord. Argilc rougeâtre avec quel-
ques traînees grises. Surface brun clair. Dccor en noir mince et brillant â reflets metalliques.
Retouches rouges. Interieur noir. Bande circulaire en rouge vineux. Revcrs: bande circulaire
en noir; large bande reservee, ornee d'une rosace de points noirs; bande circulaire en noir
tourne au brun.
H a u t e u r max. 0,032. Epaisseur 0,003. Voir un decor semblable dans Kinch, Vroulia,
pl. 25.
15. Idem (fig. 16 b).—^Argile rouge briquc, parsemee de traînees grises qui lui donnent un
ton violace par places. Surface brun clair. Decor en noir mince a reflets mctalliqucs, t o u i n e
en partie au rouge. Retouches rouges. Interieur noir; bande circulairc d'un rouge vineux.
Revers: pres du bord, bande circulaire noire d'une exccution irreguliere. Bande reservec, ornee
d'un groupe de sept languettes â pointe effilee. Sur la courbure, largc bande circulaire en noir
tourne au rouge vif, ornce d'un mince filet circulaire en blanc j a u n â t r e (l'emploi d'une retouche

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I,A CEKAMIQUE IJ'IIISTRIA SKRIE KHODO-IONIENNE

blanche cst douteuse; mais d'autrc part, cc filet est d'un ton plus net et plus clair que
I'argile et ne paraît pas etre reserve).
Longucur du rebord 0,06. Epaisscur 0,003.
16. Idem (fig. 16 c). Argile rouge violace melee de traînees grises et de petits eclats de
calcaire, assez dure. Surfaccjaune orange clair. Dccor en noir lustre tourne completement au
rougc. Intcrieur: vernis rouge (transformation du noir); reste d'une bande circulaire noire.
Revers: groupe de ligncs cffilces recouvrant la hande horizontale.
Plus grandc dimension 0,03. Epaisscur 0,003.
17. Idem (fig. 16 d). — - Argile rouge brique mclce de traînces grises. Stries tres apparentes.
Dccor cn noir lustre, tournc complctcmcnt au rouge orange vif. Interieur: vernis noir tournc
au rouge. Revers: groupe de ligncs cffilces traversant deux filets horizontaux et s'arrctant
â la handc circulaire inferieure.
Plus grande dimension 0,023. Epaisseur 0,003.
www.cimec.ro MAKCELLE I-AMBRIINO
F 0 U I L L E S D'H I S T R I A
D E U X T E M E A R T I C L E ')

C'est avec une vive 6motion que nous avons commence la redaction de cet article. II est
le deuxieme de la serie, consacree aux resultats des fouilles d'Histria, que mon chcr et regrette
maître, Vasile Pârvan, a inaugurce dans cette revue. Malheurcusement, la mort l'a ravi trop
tot â la science et le premier message d'Histria, publid dans cette revuc, devait etre le dernier
de sa main.
J e n'ai pas l'intention de faire ici l'eloge du grand savant que fut Vasile P â r v a n . J e veux
simplement rappeler le m6rite qu'il s'est acquis en ce qui concerne la connaissance du mondo
antique par les fouilles d'Histria. Des 1914, il a mis la pioche dans les ruines de la vraie Histria,
malgre l'incertitude de Gr. Tocilesco, son predeccsseur â la chaire d'histoire ancienne de l'Uni-
versite de Bucarest, qui hesitait entre Casapkioi et Caraharman. Avec unc surete remarquable,
il sut distinguer l'emplacement de l'ancienne ville grecque parmi les divers 6tablissement6
antiques dont les traces s'echelonnent entre ces deux localit6s. Son choix s'arreta sur les restes
antiques qui se trouvent â quatre kilometres, en ligne droite, a l'est du village de Caranasuf 2 ).
Ils sont situes â l'extremit6 d'une large langue de terre qui s'avance sur une des grandes lagunes
formees par le Danube au sud de ses embouchures. L'etendue de l'etablissement ancien, que
le relief du sol indiquait assez clairement, sa situation et les fragments de poterie grecque et
romaine qui se trouvaient â fleur de terre, lui firent voir avec certitude ou il devait chercher
cette colonie milesienne. Et les fouilles qu'il entreprit aussitot ont pleinement confirmă le choix
qu'il avait fait.
Le travail a ete commence en 1914. Encouragc par lcs monuments importants qu'il a ex-
traits de terre des les premiers jours, Vasile P â r v a n a poursuivi les fouilles avec energie et con-
tinuite jusqu'â la veille de sa mort, survenue en juin 1927. Seule la guerre avec l'occupation
etrangere du territoire et les circonstances malheureuses de l'apres-guerre ont interrompu les
travaux pendant quatre ans, de 1917 â 1920. Durant les neuf annees ou il a dirig6 les fouilles
d'Histria, mon maître a mis â jour les belles murailles de la ville fortifiee sur une longueur d'en-
viron 500 metres 3 ). En penetrant par la grande porte, il a d6blaye unc partie de la voie

2
) Premier article: V. P â r v a n , Fouilles d'Histria, t. X X X I V , 1912 (le plan se trouve â la fin de la s6rie
dans Dacia, II, 1925, p. 198—248. des planches).
2 3
) Voir le plan de la region d'Histria dans V. Pâr- ) Voir le plan sch6matique de la ville fortifi6e
van, Jahrbuch d. deutsch. arch. Inst., 1915, Arch. Anz., d'Histria (fig. 1). II est la rcproduction de cclui qui
p. 258, et dans Histria, I V (Anal. Acad. R o m . , Mem. a ete publie par V. Pârvan, Histria, IV, dans lcs
secţ. ist., t. X X X V I I I , 1916), p. 5 8 2 ; voir aussi le mcmes Anale..., t. XXXVIII, 1916, contre la p.
plan de la Dobroudja â Tepoque romaine, dans V. 704. II date des premieres annces de fouillcs. Al'in-
Pârvan, Ulmetum, I, publie dans les memes Anale.... terieur on v o i t les thermcs, dans le coin sud-ouest

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FOUILLES D'HÎSTKIA

principale, qui va de l'oucst ă l'est, et une rue lateVale avec les constructions qui les bordent. Dans
la region sud de la ville, l'imposante construction des thermes est apparue ' ) , adossee au mur
d'enceinte, et les restes de plusieurs autres edifices. En meme temps, â ete mise â jour une
longue sene de monuments divers: statues, vases, figurines de terre cuite, inscriptions, mon-
naies, qui sont venus eclairer l'histoire de la ville et celle du territoire voisin des embouchures
du Danube. Ces monuments s'6chelonnent sur treize siecles, du V l l - e av. J.-C. au Vl-e de
notre ere. Quant â leur importance, je n'aurai qu'â mentionner les vases rhodo-ioniens 2) du
V l l - e siecle av. J . C , les statuettes de terre cuite du Vl-e et, parmi les nombreuses inscrip-
tions, au moins la charte des privileges d'Histria: OQoiHoia AafiEQiov Maţlfiov^), et Valbum de a
gerousia locale du temps d ' H a d r i e n 4 ) . L'interet de ces trouvailles qui etaient venues donner une
confirmation eclatante au choix de mon maître, a fait d'Histria un objet de sa constante
sollicitude parmi ses multiples preoccupations. Mais, brusquement, la vieille cite grecque
s'est vue privee de son inventeur et de celui qui avait mis en valeur ses premieres richesses.
Cependant, Histria rcstera toujouis attachce au nom de mon maître comme un des plus
beaux ornements de son activite" scientifique, si breve et si ple'ne. E t si Vasile P â r v a n
ne dirige plus les fouilles de cette colonie milesienne, quelque chose de lui continuera â y
vivre. L'esprit et la m6thode de mon maître seront toujours lâ, joints â son cher et ineffa-
cable souvenir.

* *

A la mort de Vasile P â r v a n , la Commission des Monuments Historiques, sur la proposition


de M. I. Andrieşescu, directeur du Musee National des Antiquites, m ' a charge de continuer
l'ceuvre de mon maître â Histria. J e les prie de trouver ici l'expression de mes remerciements
pour l'honneur qu'il m'ont fait.
Cet honneur m'imposait un premier devoir. C'etait de publier les răsultats des fouilles exe-
cut6es en 1926, la derniere annee oti Vasile P â r v a n a dirige les t r a v a u x . Ce sera l'objet de cet
article. II contient la description sommaire des edifices mis â jour et l'etude des inscriptions
trouv^es pendant cette campagne de fouilles; j ' e n ai ajoute quelques-unes qui 6taient restees
in^ditcs des ann6es ant^rieures. Malheureusement, parmi les papiers de mon maître on n'a
pu trouver son carnet de fouilles. J'ai du me contenter des indications qu'ont eu l'amabilite
de me fournir M. H . Metaxa, sous-directeur du Musee National des Antiquites, et les trois eleves
de Vasile P â r v a n , qui assistaient aux fouilles de 1926, MM. V. Christescu, V. Dumitrescu et
Gh. Ştefan. M. V. Christescu a, en outre, mis â ma disposition la photographie du graffite (no. 8),
prise au moment ou il est apparu au grand jour.
Le second devoir qui m'incombait, 6tait de publier toutes les constructions et les nom-
breux objets trouv6s de 1914 â 1926 et qui sont encore, pour la plupart, inedits. Comme nous
l'avons dit plus h a u t , les fouilles ont mis â jour un tres grand nombre de monuments divers.
Dans les deux premieres ann6es, Vasile P â r v a n fit rapidement connaître les resultats de ses

1
(en y), d^couverts des le debut, auxquels nous ) Voir la note precedente.
2
avons ajout6 les constructions d^blayes en 1926. Le ) Voir les vases etudies p. 362 et suiv.
3
plan g6neral des fouilles, danB leur etat actuel, est ) V. Pârvan, Histria IV, n<> 16 (p. 558 et suiv. et 710
en voie d'execution. II sera communique au public du resume francais) = Suppl. Epigr. Gr., I, no 329.
4
savant dans notre prochain ouvrage qui sera con- ) Jbidem, no 20 (p. 596 et suiv. et p. 718 du re-
s.nri' aux constructions d'Histria. sume f'ranrais) = Suppl. Epigr. Gr., I, nO 330.

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S. I.AMBIUNO

travaux dans trois comptcs rcndus sommaires. Ensuite, pour nc pas retarder la publication
de la collection toujours grandissante d'objets que le sol d'Histria nous a reveles, il s'imposa
la tâche de communiquer sans delai au monde savant les monuments les plus importants et
les plus significatifs par leur contcnu. II en cst rcsulte deux volumes d'inscriptions ct un grand
article qui conticnncnt cn tout 167 numeros. Nous possedons, par conscquent, sur Histria
les publications suivantes de Vasile Pârvan :
1. Rapport provisoire sur la premiere campagne de fouilles ă Histria (en roumain), dans
YAnnuairede la Comm. des Mon. Hist., 1914, p. 117—121 ^).
2. La deuxieme campagne de fouilles ă Histria (en roumain), dans le meme Annuaire,
1915, p . 190—199 2 ).
3. Rumănien, dans le Jahrb. d. k. d. arch. Inst., 1915, Arch. Anz., col. 255—270 3 ).
4. Histria, IV, (cn roumain avec un resume en francais), dans les Anal. Acad. Rom.,
Mem. Secţ. Ist., Il-e scr., t. X X X V I I I , 1916, p . 533—732, X I V planches ct 1 plan ').
5. Histria, V I I (en roumain avcc un resume en francais), dans lcs memes Anal. Acad.
Rom., I l l - e ser., t. I I , 1923, p . 1—132 et X planches 5 ).
6. Fouilles d'Histria, dans Dacia, I I , 1925, p. 198—248 fi).
Dans ces divers ouvrages, il est traite surtout dcs monuments epigraphiques, toujours
accompagnes d'un ample commentaire. Les deux premiers offrent, en outre, un bref apercu
des constructions ct des vases trouvcs. Dans d'autres ouvrages d'une portee plus generale,
Vasile Pârvan a cgalement traite des monuments d'Histria 7 ). Mais l'enscmble dcs constructions
et des objets devait entrer dans une serie de six volumes (I. Introduction: la vie antique de villes
grecques du Pont Thrace; I I . Les ruines deblayees; I I I . Les fragments d''architecture, de sculpture
et de peinture; IV. Les inscriptions (paru en 1916); V. Les terres cuites et les vases; VI. Menues
decouvertes), dont il avait trace le plan des 1916 8 ). II laissc cntendre dans ses ccrits qu'il travaillait
â deux de ces volumes, Histria 7 / i 9 ) et Histria V 1 0 ), et â un ouvrage qui devait porter comme
titre Le mur d'enceinte d'Histria n ) . Malheureusement, l'enorme effort que lui a coutc la publica-
tion de Getica a retarde leur achevement et sa mort prematuree nous a prives de ces ouvrages.
Tout est â reprendre et j'espere pouvoir publier dans un avenir aussi proche que possible
les volumes qui manquent dans la serie projetee par Vasile Pârvan. Ils ne contiendront quc les

7
*) L ' a r t i c l e contient une description de l'empla- ) Voir, p a r e x c m p l e , La penetration helUnique el
c e m e n t de la ville, suivic des c o n s t r u c t i o n s et des hellenistique dans la vallâe du Danube ( d a n s le Bul-
objets decouverts. lelin de la section historique de VAcad. Roum., X,
2
) Publie ensuite d a n s le Rapport sur Vaclivite du 1923, p. 23—47), passim, et Les debuls de
Musee National des Antiquitâs au cours de Vannee la vie romaine aux bouches du Danube (en rou-
1915, B u c a r e s t , Rasidescu, 1916, p . 18—29. On y main), B u c a r e s t , « C u l t u r a N a ţ i o n a l ă », 1923 (on y
t r o u v e u n e description s o m m a i r e des constructions, trouve trente six photographies representant des
de q u e l q u e s s c u l p t u r e s , vases et i n s c r i p t i o n s . c o n s t r u c t i o n s , des s t a t u e s , des vases et des figurines
3
) Description de l ' e m p l a c e m e n t , a c c o m p a g n e e d ' u n e de t e r r e cuite, des i n s c r i p t i o n s et des fragments
c a r t e de la region d ' H i s t r i a ; q u e l q u e s photographies d'architecture).
8
f o n t voir des details d u m u r d ' e n c e i n t e ( p o r t e p r i n - ) II l'a expose d a n s Histria, IV, p. 705—706;
cipale, t o u r s , courtines) et d e u x reliefs en marbre. cf. Dacia, I I , p . 198—199.
4 9
) Soixante et une inscriptions grecques et ro- ) Livre a n n o n c e d a n s La penHration helUnique...,
m a i n e s q u i v o n t d u V-e siecle a v . J . - C . j u s q u ' â l'em- p . 3 1 , n o t e 1, et p . 32, n o t e 1.
10
pereur Anastase (Vl-e siecle de notre ere). Nous ) Livre annonce dans La pânâtralion..., p. 33,
r e p r o d u i s o n s ici (fig. 1) le plan publie d a n s cet o u v r a g e . n o t e 5.
5 u
) S o i x a n t e inscriptions grecques et r o m a i n e s . ) L i v r e a n n o n c e d a n s Dacia, I I , p . 212, n o t e 1.
6
) Q u a r a n t e - c i n q inscriptions g r e c q u e s et r o m a i n e s . II d e v a i t c o n s t i t u e r u n f r a g m e n t de Histria II.

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FOUILLKS U'HISTKIA

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Fig. 1. Plan sommaire des fouilles: y% les thermes; /i, la basilique â abside;
a, a, terrain non fouille

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EckelU
O t 4 3 - * 5 6 7 8 9 10

Corx.sCruotion-« b » r b a r e s ( A. et D )

www.cimec.ro Fig. 2. Plan des fouiUes de 1926. A. terrain non fouille; B. les thermes; C, Je mur d'enceinte; D, portique couveit; E, coin du dallage
KOlJILLLS D'HISTKIA

trouvailles faites entre 1914 et 1926. Ma tâche sera, d'ailleurs, plus aisee, parce que ma femme
s'est chargee d'etudier les vases et les figurines de terre cuite. Des maintenant elle publie dans
ce volume meme de Dacio un choix de vases d'Histria ] ) . Moi-meme, je prepare Histria III ou
seront etudiees les sculptures mises â jour par Vasile P â r v a n . Ces publications ont ete
rendues possibles grâce â unc subvention accordee, en 1930, par la Banque Nationale de
Roumanie â la suggestion de M. C. Stoicescu, directeur g6neral, et qui nous a permis de
faire executer les photographies, les plans et les dessins necessaires. Nous leur exprimons
ici toute notre gratitude.

I. L E S C O N S T R U C T I O N S

Les fouilles de 1926 ont porte sur le coin sud-ouest de la ville fortifiee (voir le plan 2 ), fig. 1),
Dans cette rtfgion on avait decouvert des 1915 les restes assez bien conserves des thermes 3 ).

F i g . 3. Interieur de la basilique â a b s i d e ; â droite, la porte c

adosses au mur d'enceinte (en y). Entre 1915 et 1925, on avait deblaye tout l'interieur et le câte
sud. L'annăe suivante, on s'est attach^ â mettre â jour le cote exterieur des mur Est et Nord.
Une construction est apparue, appuy^e au mur Est des thermes, et l'amorce d'une autre au Nord.
Elles forment une premiere couche d'edifices. Une seconde couche, qui est venue recouvrir les
anciennes constructions, est representee par quelques fragments de murs d'une epoque poste-
rieure.

l 3
) Voir plus haut, p. 362 et suiv : Marcelle Lambrino, ) V. Pârvan, Rapport sur Vactiviti du Musee..., p. 19.
Ciramique d'Histria, serie rhodo-ionienne. Nous en donnerons la description et le plan detailles
*) Sur ce plan, voir plus haut, p. 378, note 3. dans notre Histria II qui est en preparation.

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S. LAMBIUNO

La construction qui s'appuic au nmr dcs thermcs cst unc basilique a abside, longue de plus
de 31 m, dirigee du Nord au Sud (fig. 2). Elle se composc de dcux pieces rectangulaires; dans
la seconde, le mur du fond s'ouvre sur une large abside.
En dehors dc la portc d'entree (e) et dc la portc qui scrt de communication (<l) entre les
dcux pieces, une troisicme portc (r) s'ouvre, vcrs l'exterieur, dans le mur Ouest dcla chambre
â absidc (fig. 3). La porte c a l m , 3 1 de largcur, tandis quc la porte e a 2 m , 3 1 . Cette derniere
est, par conscquent, Pentr6e principale. L'autre n'est qu'une porte laterale, de caractere se-
condaire.
Les murs de notre construction sc sont conserves â certains endroits sur une hauteur de
2 (coin Nord-Est) ou de 3 metres (contre-fort Oucst dc l'abside). Ailleurs, ils n'ont que 0 m, 50

Fig. 4. Basiliquc a absidc: intcricur dc l'abaide

de hautcur (mur Ouest; le cote Est de l'abside a disparu jusqu'au soubassement). La maconnerie
est en appareil irregulier. II y entre des blocs de pierre calcaire, mais surtout des fragrnents
irreguliers, assez grands, d'une breche verte, propre â la region. C'cst une picrre de meme na-
ture que celle des rochers sur lesquels reposent les fondations d'IIistria. Seuls les montants des
portes et les angles saillants sont construits en blocs de pierrc dc taille, dc qualite et dc dimcn-
sions diverses (voir les fig. 3—6). Les pierres sont reunics entre elles par du mortier. A environ
ln',50 de hauteur, l'appareil irrcgulier du mur est interrompu p a r u n chaînage en briques qui
devait courir tout autour de la construction. Malheurcuscment, il ne s'est conserve que sur
deux points: dans le contre-fort Oucst de l'abside (fig. 6) et sur une certaine portion des murs
qui forment le coin Nord-Est. Lechaînage est constituc par trois rangees de briques, d'une epais-
seur de 0 m ,035 et d'une longueur de 0 m ,26 separees par une couche de mortier cpaisse de

www.cimec.ro 3H4
FOUILLES D'HISTRIA

0 m ,03. l)uns le coin Nord-Est, ă cote de briques qui ont ces dimensions, eu apparaissent d'au-
tres qui ont 0,35 de long sur 0,035 d'epaisseur. Dans le mur Est on voit, en outre, une voute
formee de briques qui ont les dimensions 0,26x0,035 (fig. 2 , / , et fig. 7). Sa largeur â la base,
y compris lcs briques, est dc 2,L0 m. Elle s'est conservee sur une hauteur de 0,75 m et sa hau-
teur totalc, avec lcs briques, devait etre dc plus d'un metre. L'interieur de la voiite est rempli
de pierres irregulieres reunies par du mortier. Elle etait destinee â renforcer le mur â cet en
droit ' ) . Les murs ctaient couverts d'une couche de plâtre epaisse d'environ 0 m , 0 5 ; un bon
fragment, portant un graffite, s'est conserve sur le contre-fort ouest de l'abside 2 ). Le sol de la
construction 6tait recouvert de dalles dont quelques-unes sont encore en place '•').

Fig. 5. Basilique â abside: l'abside vue de l'exterieur

Lc mur dc l'abside est scmi-circulaire â l'interieur (fig. 4). A l'exterieur, il a la forme d'un
hexagonc dont trois cotâs et l'amorce d'un quatrieme se sont conserves (fig. 5). Ce quatrieme
cote" s'est ecroule â un endroit ou avait etc pratiquee par les constructeurs anciens une petite
ouverture 4 ). Lc mur en a conserve un des montants, haut de 0 m ,46, surmonte d'une brique
inclinee vers l'interieur de l'ouverture. Cette brique est l'amorce d'une petite voute qui ne s'est
pas conservee ct qui recouvrait l'espace libre. L'ouverture commence â une hauteur de 0 m ,30

') Nos fouille» de 1928 nous ont montre pourquoi cxacteinent sous la voute en briques. Nous en repar-
le mur avait beHoin d'un pareil renforcement; c'est lerons dans le compte rendu prochain des fouilles
(juc sous la vofite passe le p;rand canal de la ville. faites en 1928 et 1929.
2
En effet, parallelement au rnur Nord des thermes, ) Voir fig. 4 et 6, et plus loin, p. 409, no 8.
3
nous avons decouvert un canal rectangulaire, haut ) On en voit dans la chambre â abside et dans
d'environ 1 m, dont les parois sont formees de l'abside (voir le plan, fig. 2, et fig. 4).
(ţrandes dalles de pierre. II va de l'Ouest â I'Est, *) Voir le plan, fig. 2, F , et l'elevation de l'ouverture.
passe sous la porte c â environ 1 m de profon- Cf. fig. 4 (au fond, â gauche) et fig. 5 (â droite, au
deur; nous l'avons retrouve â l'Est dc la basilique, premier plan).

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2.r> / W « III - I V 1927/932
S. LAMBRINO

au-dessus du dallage, c'est-ă-dire j)resque au ras du sol, et â 0 m ,20 au-dessus du soubassemcnt.


Elle n'etait donc pas destinee â donner de la lumiere. Ses dimensions cxigues et lc fait qu'elle
cst situce si bas dans le mur de l'abside ne nous j)crmettent pas, pour le moment, de comprendre
a quoi elle pouvait servir.
Les murs de cet cdifice forment un cnscniblc unitairc par la qualitc de la construction J )
que nous avons decrite plus h a u t . II y a cependant deux reserves â faire. La premiere concerne

Fig. 6. Basilique â abside: lc rontre-fort de l'abside qui porte le graffitc, n° 8

le mur Ouest qui emprunte, pour un tiers de sa longucur, le mur des thermes. Cependant, les
deux edifices ne sont pas soudes l'un â l'autre. Cela se voit clairement ă l'cndroit 011 le contre-
fort Ouest de l'abside touche les thermes. Une lcgere crevasse 2 ) qui existe entre les deux murs
montre nettement la separation. D'autre part, les murs de la basilique sont bcaucoup moins
*) Nos fouilles de 1928 nous ont fait voir que tement qu'ils sont simplcinent appuyes au mur de la
l'edifice ne s'arretait pas â la porte e. Une troisicme basilique. Cette piece a donc ete ajoutce plus tard
piece le prolonge vers le Nord. Mais les murs de cette et l'edifice, dans sa prcmierc formc, est cclui qui a
nouvelle piece ne font pas corps avec ceux que nous ete deblaye en 1926. Nous aurons ă fairc, plus loin,
venons de decrire. D'abord ils ne sont pas en prolou- une reserve â ce sujet. Pour ces murs adventices,
gement direct des autres. Un des deux s'attache au voir notrc compte rendu prochain.
mur Nord â 2m,90 de l'extremite Ouest; l'autrc fait 2
) EHe est visible sur les photographies: fig. 4
une saillie de 0m,64 sur l'extremite Est. D'autre (â droite), fig. 5 (a gauche).
part, ils ne font pas corps avec l'edifice: on voit nct-

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F O U U X E S D'HISTRIA

epais quc Ics solides muraillcs dcs thermes. Enfin, il y a une difference dans la qualite dc la
construction. II cst vrai quc les murs dcs dcux edifices sont construits en appareil irregulier de
pierres reunies par du mortier et qu'un chaînage cn briques intervient pour leur donner une
plus grandc soliditc. Mais le chaînage du mur des thermes commence beaucoup plus bas que
cclui de la basiliquc (voir fig. 3 ct 4). D'autre part, il cst constitue par quatre rangees de briques
au lieu de trois, separ^es par une couche de morticr de () r ",04. Les dimensions des briques
sont, elles aussi, differentes. Elles ont unc longueur dc 0,30 sur une epaisseur de 0,04—0,55.
Tous ces details nous rnontrent que Ia basilique et les thermes sont deux constructions dif-
ferentes. En meme temps, nous pouvons affirmer quc la basilique cst la plus recente des deux,
puisqu'elle emprunte le mur dejâ existant des thermes.

Fig, 7. Busilique h uhside; voute pleine duns le mur Est

Ceci nous aidcra â fixer, au moins d'une maniere approximative, l'cpoque ou la basilique
a ete construitc. Mais nous nc pouvons le faire a v a n t d'avoir determine la date des thermes
qui, eux-memes, sont en rapport etroit avec le mur d'enceinte de la ville. Ce mur est d'une
6poque assez tardive. Un passage de VHistoire Auguste nous dit que Histria a ete detruite en
238 ' ) , â l'occasion dc la grande invasion des Goths et des Carpes. Les fouilles de Vasile Pârvan
ont pleincmcnt confirme cettc donnce historique. En effet, dans le dallage meme de la porte
principale de la ville, mon maître a trouve le grand album de Ia gerousia locale, qui date de 138
ap. J.-C. 2 ). D'autre part, dans le parement exterieur du mur d'enceinte, est apparu un grand
nombre de monuments epigraphiques de dates diverses, employes comme pierres de construc-
tion. On cn a trouve jusque dans les assises les plus basses et meme dans le soubassement. Ces
inscriptions s'echelonnent sur huit siecles. La plus ancienne est la dedicace â Apollon Ietros

x
) Scr. Ilist. Aug., X X I : Vita Maximi et Albini, Histria, VII, p. 105 et 132, et Municipium Aurelium
16, 3: fuit et Histriae excidium eo tempore, ut autem Durostorum, duns lu Riv. di Fil., 1924, p. 18.
2
Dexippus dicit, Ilistricae civitalis. Cf. V. Purvun, ) V. Pârvun, Histria, IV, p. 64, no 20.

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25*
S. L A M B R I N O

du V-e siecle av. J.-C. ' ) ; la plus recente est une dedicace â l'empereur Gordien III, qui date
de 238 ap. J.-C. 2 ). Cette derniere a ete trouvee dans le parement du soubassemcnt sur lequel
repose la courtinc i (voir le plan, fig. 1). Cela prouve que, apres lc desastre de 238, le mur d'en-
ceinte a ete refait de fond en comble avec les materiaux que l'on avait sous la main 3 ). Maintc-
nant, si nous nous reportons au plan (fig. I), nous voyons que les thermes s'appuient â la cour-
tine i et â la tour I et qu'ils epouscnt la forme que prend â cct endroit le mur d'enceinte. Par
consequent, l'edifice a 6t6 construit au j)Ius tot en mcme temps sinon quelquc temps apres la
reconstruction du mur d'enceinte, c'est-â-dire vers le milieu du I l l - e sieele. A son tour, la ba-
silique s'appuic aux thermes. Mais elle emprunte un des murs du bâtiment voisin. Elle est donc
nettement posterieure. Cela se voit d'abord dans les dimensions des briques qui ne sont pas de la
memc epoque. Ensuite, la qualite de la construction laisse beaucoup â de'sirer. Les thermes,
par exemple, en dehors de la solidite de leurs murs qui tient aux proportions de l'cdificc, ont
une maconnerie soignee et un plan tres regulier. Par contre, nous constatons un certain nombre
de negligences dans la construction de la basilique. D'abord, la porte d'entree n'est pas au mi-
lieu de la facade. Le mur â droite de l'entree a une longueur de 4 m , 9 5 ; celui qui est â gauche
n'a que 3 m ,70. Ensuite, le soubassement de l'abside forme â l'exterieur un cercle assez approxi-
matif. A la naissance de l'abside, â l'extremite Est, il fait une saillie de 0 m ,20 au pied du pre-
mier cote de l'hexagone; il s'apj)rochc ensuite du second cote pour s'6loigner un peu apres â
plus de 0 m ,20. En meme temps, les cotcs conserves de l'hexagone ont des dimensions diffe-
rentes: 2 m ,30—2 m ,15—2 m ,20. Ces n6gligences nous font mieux sentir la diff6rence d'epoque
qui existe entre cet edifice et les thermes. Pour ces raisons, la basilique paraît etre venue s'ap-
pliquer au mur des thermes apres un long intervalle de temps, peut-6tre au IV-e siecle. Cette
date tardive est corroboree par le graffite grave sur l'enduit de l'abside. II est vrai qu'il accuse,
comme on le verra plus loin 4 ), une 6poque encore plus tardive. Mais il a pu etre grav6 â l'occ-
sion d'une des reparations ou remaniements qu'â subis l'edifice.
La seconde reserve que nous avons â faire au sujet de l'unite de sa construction est la sui-
v a n t e : le mur interieur qui separe les deux pieces ne fait pas corps avec le restedela construction.
II s'appuie au mur sans y etre relie, et son epaisseur est plus r6duite 5 ). Cela nous montre qu'il
est venu s'ajouter plus tard â l'edifice primitif. Le nouveau constructeur a ajoute une nouvelle
maladresse a celles de son predecesseur. Au lieu de corriger le defaut de l'entree principale, il l'a en-
core accentue. Ainsi, tandis que la porte principale etait dej)lac6e â gauche, il a d6place la porte de
communication â droite 6 ), de sorte que l'axe des deux portes touche au coin Ouest de l'abside au
lieu de viser son centre. Somme toute, reste acquis lc fait que le plan jmmitif de la basilique 6tait
plussimple:unesallerectangulaire(Iongueur31 m ,15; largeur 11 m) a v e c u n e a b s i d e a u fond(6 m , 10
de profondeur). Nous avons vu plus haut que les dimcnsions des portes c et e indiquent clairement
quelle est l'entree principale. C'est donc une construction de type grec 7 ) et non pas une con-
struction romano-orientale qui aurait son ouverture principale sur le cote long 8 ).
J
) V. P â r v a n , Hislria, IV, p . 533, no 1. U n e in- fortifiee aussitot apres le g r a n d desastre de 238 », et
scription c o n t e m p o r a i n e a ete t r o u v e e u l t e r i e u r e m e n t Dacia, I I , 1925, p . 212 et 245.
p a r m i les pierres tombees du m u r d e v a n t la courtine *) P . 409, no 8.
b
l (plan, fig. 1). Voir, plus loin, n o t r e inscription no I. ) Le m u r extericur 0"i,87 et le mur interieur
2
) V. P â r v a n , Dacia, I I , 1925, p . 246, no 43. 0m,65.
3 6
) Voir Ies ouvrages de V. Pârvan cites p. ) Mur de gauche 3 ' n , 6 6 ; m u r de droite 3">,44.
387, note 1, auxquels il faut ajouter V. Pârvan, ') G. Leroux, Les origines de fâdifice hypostyle,
Histria, I V , p . 114; d u m e m e , Les debuts de la vie Paris, 1913, p. 281, fig. 69 B , et p . 288.
8
romaine, p . 7 6 : «... Histria... a ete tres p u i s s a m m e n t ) Ibidem, p . 281 et fig. 69 A.

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FOUILLES D'HISTHIA

Pour ce qui est de sa destination, nous croyons que c'etait un edifice de caractere civil.
Aucune trouvaille caracttfristique n'est venue donner le moinde indice qui nous permette d'af'
firmer son caractere chretien. D'autre part, sa direction Nord-Sud n'est pas p o u r n o u s suggerer
cette idee. D'aillcurs, les chrctiens d'Histria savaient construire des edifices religieux. E n de-
hors du mur d'enceinte et au-delâ des vallums qui defendaient l'entree de la ville fortifiee, on
a dăblaye" une basilique vraiment chr6tienne *). Elle se compose d'une salle carree avec une
abside dans le mur et son caractere chretien est nettement indique. D'abord, on a trouve â
cote du mur, dans les decombres, un petit chapiteau en marbre orne" d'une croix 2 ), qui devait
surmonter une des colonnettes de la basilique. D'autre part, elle est dirigSe selon les regles, de
I'Oucst â l'Est. Cela nous fait croire que notre basilique, au moins dans sa forme primitive,
n'avait pas un earactere chr£tien.
Est-ce qu'elle l'a eu, ce caractere, â partir du remaniement qu'elle a subi et qui a divise
son interieur en deux pieces ? On pourrait le croire. La premiere piece serait le pronaos ou nar-
thex et la seconde, celle qui a au fond une abside, serait le naos. Mais le narthex a toujours des
dimensions assez reduites par rapport â l'ensemble de l'6difice. Ici nous aurions un narthex
long de 12»',85 pour un naos de 9 m ,98 sans l'abside 3 ). D'autre part, la porte laterale c qui
s'ajoute â l'entree principale servait â un va-et-vient qui convient plutot a. un edifice de ca-
ractere civil. Malheureusement, le graffite de l'abside ne nous aide en rien. Comme il est grave
sur le dernier enduit qui a recouvert ces murs, il doit etre contemporain oîi postericur au re-
maniement que nous avons signale. Son sens aurait pu nous renseigner sur la destination de
la basilique dans les derniers temps. Mais il nous est restă incomprehensible.

L'amorce de la seconde construction que l'on a deblayee en 1926, est situee au Nord des
thermes. On n'a pu mettre â jour qu'une partie du coin Sud-Est. Une rangee de pierres bien
taill6es, qui s'appuie au mur ouest de la basilique, va parallelement aux thermes et â une dis-
tance de 2m,70. Elle porte les bases de trois colonnes. A cet endroit, devait s'elever un portique
couvert qui s'ătendait au long du mur Nord des thermes 4 ). Au Nord du portique, le sol est re-
couvert de larges dalles de pierres. Ce portique et le dallage doivent etre de la meme epoque
(ţue la basiliquc. Us couvrent le terrain qu'elle a laisse libre â l'Ouest, apres le moment ou elle
est venue s'appliquer aux thermes, au IV-e siecle.

* *
Comme on voit, la basilique, le portique et le dallage forment un ensemble d'edifices qui
semble dater de la meme epoque. Ils sont tous les trois posterieurs aux thermes. Cet ensemble
avec les thermes constitue la premiere couche de constructions, dont nous avons parle au debut.

l
) V. Pârvan, Jahrbuch, 1915, Arch. Anx., col, attaches â deblayer le terrain situe entre la basilique
256 e t s u i v . , et Rendiconti della Pontif. Acc. Rom. di â abside, les thermes et le mur d'enceinte (voir les
Arch., II, 1924, p. 125 et note 47. Voir auB»i Mgr. plans, fig. 1 et 2). Le dallage est apparu t o u t entier.
R. N e t z h a m m e r , Die christlichcn Alterlhiimer der Do- II a une forme trapezoidale et est borde de bases de
hrudscha, Bucarest, 1918, p. 160 et suiv., qui l'a colonnes et de piliers sur tout son perimetre. Le
publiec d'aprcs Ies fouilles de mon maître pendant portique courait donc sur les murs de quatre edi-
I'occupation etrangere de notre territoire. fices qui entouraient le dallage. Nous en donnerons la
a
) V. Pârvan, lieux citâs. description et le plan detailles dans notre prochain
3
) L'abside a une profondeur de 6"',10. c o m p t e rendu.
') D a n s les fouilles de 1928 nous nous sommes

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S. L A M H R I N O

A cet endroit, comme d'ailleurs sur tous les autres points fouilles jusqu'a present, une secondc
couche de constructions a ete mise â jour. II ne s'est conscrve que quelques fragments de leurs
murs qui ont une epaisseur de 0 m ,80 (fig. 2, a, a). L'un est â cheval sur le mur Ouest de la ba-
silique; deux autres qui se touehent a angle droit, sont apparus au-dessus de l'abside. Ce sont
des murs d'un travail tres grossier. Us sont formes de bloes irreguliers de brechc verte, relies
avec de la terre en guise de mortier. Lcurs fondations commencent â une hauteur d'environ
1 metre au-dcssus du sol de la basilique. Si nous comptons au moins 0 m ,50 de hauteur pour les
fondations, nous devons conclure que le niveau de ces maisons r6centes 6tait â environ l m , 5 0
au-dessus des edifices anciens. Tout l'espace entre les deux niveaux est rempli de terre et
de decombres. Dans le coin Nord-Est de la basilique, on a trouve une construction circulaire
(fig. 2, b) qui descendait presque jusqu'au dallage de la basilique. Elle a une ouverture dc
0 m ,70 et ses parois sont construites sur le meme mode que les murs. Son usage nous echappe.
D'apres sa forme, elle a l'air d'un puits, mais l'eau se trouve dans des couches beaucoup plus
profondes.
Les fragments de murs et cette construction ronde forment e'galement un ensemble qui
date d'une autre epoque. La ville reconstruite vers le milieu du I l l - e siecle et les 6difices qui sc
sont ajoutes au cours du IV-e siecle ont ete detruits et sur leurs decombres se sont 6levees les
maisons barbares dont nous venons de decrire les restes. Malheureusement, aucun objet carac-
teristique n'a ete trouve dans les fouilles qui piit nous aider â leur fixer une date approxi-
mative.
Un seul indice, assez maigre du reste, nous est donne par la basilique extra muros, que
nous avohs mentionnee plus haut. Elle est chretienne. Vasile Pârvan lui donne l'epithcte de
« byzantino-barbare » ] ) et la place au Vl-e siecle 2 ). Ses murs sont aussi grossierement construits
que ceux de ces maisons, de pierres irregulieres reunies avec de la terre. Toutes ccs construc-
tions sont donc de la meme epoque. Un autre indice est le graffite grave sur l'abside de la ba-
silique voisine des thermes. Si la date que nous lui assignons 3) est la vraic (seconde moiti6 du
IV 0 siecle, au plus tot), alors la ville reconstruite au I l l - e sieclc, avec ses thermes, sa ba-
silique â abside, son portique, a dii etre detruite apres cette date.
Rappelons egalement que Vasile Pârvan a publie parmi les monuments epigraphiques
d'Histria une serie de belles briques trouvees â l'intericur de la ville, devant la courtine b. Elles
portent, le plus souvent sur un cote et quelques fois sur une des faces, l'inscription Imp(erator)
Anastasius precedee d'une croix 4). Vasile Pârvan les a atribuees avec raison au premier em-
pereur de ce nom, qui a regne de 491 â 518, et les a mises en rapport avec les difficult6s cr66es
en Scythie Mineure par le general goth Vitalianus 5 ). L'empereur Anastase a dii reconstruire
la ville d'Histria pour avoir un point d'appui sur la cote contre le gen6ral rebelle qui dominait
la Scythie Mineure 6 ). Cette reconstruction qui temoigne d'une renaissance de la ville au com-
mencement du Vl-e siecle ne saurait etre contemporaine des maisons barbares. La qualite
des briques et la beaute des caracteres de l'inscription qu'elles portent nc va pas avec les murs
grossiers de la seconde couche. Cela nous fait croire que le mur d'enceinte, les thermes et la ba-
silique â abside, tout en traversant de rudes epreuves, ont dur6 jusqu'â l'epoque de l'empereur

a
) Jahrbuch, 1915, Arch. Anz., col. 256. 7 3 2 ; du m c m e , Dacia, I I , 1925, p . 248, no 45.
2 8
) Rendic. della Pontif. Acc. Rom. di Arch., II, ) Marcellinus Comcs, Chronicon, sub anno 515,
1924, p . 125 et note 47. ed. M o m m s e n (Chronica Minora, I I , 1, p . 99).
3
) Voir plus loin, p . 409, no 8. «) V. P â r v a n , /. c.
*) V. P â r v a n , Histria, I V , p . 701, no 6 1 , et p .

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FOUILLES D'HISTRIA

Anastase. Celui-ci s'est â nouveau occupe d'Histria et a fait reconstruire certaines parties de la,
ville ou, peut-etre, simj>lement construire certains edifices. La ville paraît n'avoir ete d6truite
qu'apres, au courant du Vl-e siccle, et les maisons barbares sont ensuite venues s'installer sur
les decombres des ancicns cdifices ' ) . La basilique chr6tienne extra muros a etă construite versj
la meme epoque.
Ces maisons et cette basilique chrctienne sont les derniers temoins de la vie ancienne k
Histria. Leurs murailles se sont conservees sur une hauteur de 0,50—1 m, ce qui prouve qu'elles
ont 6te detruites presque jusqu'au sol. Une autre vie ne recommenca plus. C'en etait fini de la
vieille cite milesienne.

II. LES INSCRIPTIONS


Les monuments qui suivent ont cte trouves pendant les fouilles de 1926; quelques-uns
etaient restes inedits des annees ant6rieures. Comme le carnet de fouilles de Vasile Pârvan n'a

Fig. 8

pu etre retrouve, je n'ai pu indiquer pour touş l'endroit oti ils ont ete decouverts. Ils sont
presentes en ordre chronologique, dans la mesure oii j ' a i pu leur assigner une date, au moins
approximative.

1. DMIcacc ă Latone (fig. 8 et 9) 2 ). Bloc de beau marbre blanc, a grain fin et â transparences
ivoire. II a ete trouve parmi les pierres tombces du mur devant la courtine / (fig. 1). Hauteur
0'",28; largeur 0m,77; epaisseur 0,">52. La surface superieure presente â gauche une large
excavation de forme irreguliere, dont le fond est rectangulaire, et un trou rond â droite (fig. 9).
Lâ devait s'emboîter la statue de bronze que supportait le bloc de marbre.
La base porte, sur sa face anterieure, une inscription qui nous est parvenue tres endom-
magee. Cependant, les caracteres (hauteur 0 m ,025 ) sont beaux, sobres et d'un excellent travail.
— Ligne 1: les deux tiers ont presque completement disparu. J e n'ai pu distinguer que les traces
d'une barre verticale, un reste d'une barre oblique suivie des traces d'un 0; plus loin, une barre
J 2
) Nous nous reservons de discuter en detail cette ) Cf. notre article, Deux types monetaires d'His-
question dans notre prochain Histria, II. tria, dans Arethuse, 1930, p. 101—108.

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S. lAMHKINU

horizontale qui appartenait probablement â un E suivie des traces d'un M d'unc forme trcs
curieuse. Nous y reviendrons plus loin. Avec les trois lcttres suivantes cela donnerait quelque
chose comme [. . .]E[IIOQ. — Ligne 2 : on lit au commencement NE&II. Un trou a fait sauter
(
les trois lettres finales du mot ăvEi )r]XEv; mais les bords de la cassure ont garde la haste de
K et la seconde barre verticale de N. Ensuite, nous apercevons la trace laissee par une lettrc
rectangulaire suivie de / r / , ce qui donne ini'. Suit la partie sup6rieurc d'un / et une barre
horizontale e n h a u t de
la ligne. — Ligne 3 :
nous distinguons au
commencement un /
et la partie superieure
d'un E; plus loin,
les restes trcs clairs
d'un Q.
Malgre" son e t a t
de niiiiil.iih.il. I'in-

scription a garde les


6l6mcnts essentiels.
On lit, â la premiere
lignc, lc datif Arjxol
suivi de ăvi{hj9C8V,
C'est donc une dedi-
cace â la deesse Arjxa').
La suite se r6sout fa-
cilement â l'aide des
deux mots extremes:
Eni...U[Qe]w, qui
vO ./vNlOîAHTO indiquent la date oîi
JO
K> le monument a 6te
co 6rig6. Le nom du
pretre eponyme peut,
U ,. tllli heureusement, se res-
■"'ll/lhl,/,
M "/tm tituer cn comparant
Fig. 9 un m o n u m e n t trouve
par Vasile P â r v a n
dans la premiere annee de fouilles â Histria ] ) . On y lit: im. 'lnnoXo^o ro 0EO66TO IEQEOJ.
Le meme personnage apparaît dans notre dedicace â Latone, qui a conserve le nom du
pere en grande partie. De ' lnnolo%o il est reste le 0 final, le / initial et Ia barre sup6-
rieure du premier 17. Malheureusement le nom du dedicant a presque completement disparu.
Les traces signalees plus h a u t dans la premiere ligne de notre inscription, un / â quelque
distance d'une barre oblique suivie d'un 0, nous suggerent la restitution: [6 dslvaj '' In-
[noJlo[%o?]. Elle paraît convenable pour des motifs que nous exposerons plus bas.
II y a cependant une difficulte: on lit ensuite [.. .]EJUIOQ qui appellerait un nom au

') v. Pâ rvan, Histria IV, n° 1, p. 533 et suiv., 707 et suiv.

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F O U I L L E S D'HISTKIA

genitif comme 'Aiaţii/efuo:. Dans ce cas, le pere du dedicant ne s'appelait pas Hippo-
lochos, mais il portait ce nom qui est d'ailleurs tres rare. II est cependant attest6 dans un
d6cret d6couvert ă H i s t r i a 1 ) ; mais le nom n'est pas vraiment histrien, car, comme on le
verra plus bas -), le personnage qui le porte est un Milesien. E t les traces des lettres AO
qui pr6c6dent sur la meme ligne nous empechent de l'accepter.
Nous lisons donc:

[6 âeîva...] 'I[nno]X6[%o?...]
EfJLlOQ Arjxol
[ă]vEftrj>i[£]y inlf ln[nol6%]o
xb &eod[6ro]
U[QE]«>.

L'inscription, aussi m u t i 1 6 c
qu'elle soit, prend une importance
particuliere pour deux raisons: son
anciennet6 et son contenu. La
forme des caracteres, leur gravure
sobre et tres soign6e et l'ortho-
graphc employee (o pour ov), la
font remonter a u x environs de l'an
400 av. J.-C. D ' a u t r e p a r t , la date
indiqu6e par le nom du pretre cpo-
nyme, Hippolochos, fils de Theo-
dotos, nous indique que notre mo-
n u m e n t est le frere de celui que
nous avons mentionn6 plus h a u t 3 ) .
Nous le reproduisons ici pour faci-
liter nos comparaisons:
s^i E N O r i r r o A O X O A P C A A n Ml
[ (•jejot-evoq 'lnnoX6%o 'AndkXojvi
9
^HTPnlANEOHKENEriirrOAOxO
JrjTQtoi ăvi&r]KEV im 'Innol6%o JTOOEOAoToiEPE/\
zo GEOSOTO UQEOJ.

La forme des caracteres, l'ortho-


graphe et la qualite de l'execution
Fig. 10
sont exactement semblables. Le nom
du pretre, qui est le meme dans les
deux inscriptions, confirme ces ressemblances. P a r consequent, les deux ăva\)r)[xaTa ne sont
pas simplement contemporains, ils sont de la meme annee, celle ou Hippolochos, fils de
Th6odotos, a rempli les fonctions de pretre d'Apollon, dieu eponyme â Histria 4 ).

3
>) V. Pftrvan, Ihicia, II, p. 203, no 7. ) P. 392, note 1.
*) P. 398, n« 2. M. L. Robert, Bull. Corr. Hell., *) Sur I'eponymat d'Apollon â Histria, voir V.
1928, p. 170, a demontre que le decret emane de Milet. Pârvan, Dacia, II, 1925, p. 199 et note 4.

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S. L A M B R I N O

Pour ce qui est de la date de ces monumcnts, nous pouvons nous reporter au raison-
nemcnt de Vasile P â r v a n concernant la d6dicace que nous venons de reproduire. Se basant
sur la forme des caracteres et l'orthographe de l'inscription, il l'a placce vers la fin du V-e
siecle av. J.-C. ] ) et a reconnu en elle un pr6cieux t6moin de la prosperitc matcrielle et
artistique qui rcgnait â Histria dans la seconde moiti6 de ce siecle 2 ). Puisque les deux monu-
ments sont de la meme annde, le raisonnement de Vasile P â r v a n est valable dans les deux
cas. Mais notre inscription apporte un 6lement nouveau dans la discussion: c'est la forme
curieuse de la lettre M qui se trouve â la preinierc ligne. Elle a quatre branches obliques
et celle de droite reste en l'air, â mi-hauteur. Quoi qu'elle soit tres endommag6e, on voit
n e t t e m e n t la branche de droite qui s'arrete au-dessus de la lignc. Cette forme archalque
de la lettre M avait dejâ disparu en Attique vers 550 3 ) et cela nous ferait croire que notrc
inscription est plus ancienne que la fin du V-e siecle. Cependant, les dcux dedicaces pre-
sentent dejâ le 2 au branches evasees qui cst attest6 en Attiquc â partir de 445 4 ). Ces
deux indications nous font croire que les deux monuments sont plus proches du milieu que
de la fin du siecle. E t , en effet, on voit encore sur une stele d'Athenes dc l'annee 424 des
exemples de M aux branches obliques dont cclle de droite ne touchc pas la ligne 5 ), â
cote d'autres qui ont les extremites des branches ext6rieures sur la meme ligne. Pour ces
raisons, il nous semble plus probable que les deux dcdicaces ont ete faitcs dans le troisieme
quart du V-e siecle E t il nous faut retenir cette survivance d'un M archalque â Histria, un
siecle apres la disparition dc cette forme en Attique.
Le monument public par Vasile P â r v a n avait etc dedie â Apollon Ietros par Theoxenos,
fils d'Hippolochos. Li'ăvâ'&rjfJ.a a ete fait pendant l'annce ou le pere etait pretre du dieu. Notre
dedicace â Latone a ete elevee sous les auspices du meme pretre par un pcrsonnage dont le nom
a disparu presque en entier. Nous avons donnc plus h a u t les raisons qui nous empechent d'ac-
cepter un ' Avaţji&ejiuoc; â la ligne 1. Certaines traces conserv6es sur la pierre nous ont fait
admettre la restitution [6 delva] 'I[n7io]X6[%o?]; u n autre fils d'Hippolochos aurait
eleve le monument â Latone. Cette hypothese est confirmee par lc fait suivant. Hippolochos
fait partie d'une famille attestee â Histria pendant quatre generatibns et dont les membres
servent comme pretres d'Apollon ou bien ornent son sanctuaire. Ainsi, plus tard, deux freres
faisant partie de la meme famille elevent en commun un temple 6 ) cn l'honneur du dieu pen-
d a n t l'annee ou leur grand-pere, Hegesagorcs, frere de notre Hippolochos, 6tait prctre d'ApoI-
lon 7 ). Theoxenos avec son monument et les deux freres avec leur temple ont non seulement
honore le dieu, mais leur geste etait destine â donner un 6clat particulier â la pretrise exercee par
un membre de la famille. Dans les deux cas, dedicants et pretre eponyme sont parents. E t comme

x
) V. Pârvan, Histria, IV, p. 533 et s u i v . ; cf. du Kern, Inscriptione.s graecae, Bonn, 1913, n" 15: 1. 11,
meme, La penetration hellinique, p. 25: « dedicaces â premier M\ I. 14, deux e x e m p l e s ; I. 16, premier
Apollon Ietros (base de statue et temple) faites M, etc.
6
vers la fin du V-e et le commencement du IV-e siecle ) Inscription sur un epistyle en marbre (V. Pârvan,
av. J.-C.»; cf. p. 3 0 — 3 1 . Voir aussi, du meme, Dacia, Histria, I V , p. 536, 538 et 7 0 7 ; cf. du mfime, La
an outline of the early civilizations of the carpalho- pinHration helUnique, p. 31): 'InnoXo^ov Jlălâec
danubian countries, Cambridge, 1928, p. 88. [x]ov 'Hyrjoayooefu)], EevoxXijQ Oe6£ev[o]Q,
2
) V. Pârvan, Dacia, II, 1925, p. 199. 'AnoXkoivi ['lrjtQon] inl ie'Qeui 'Hyrjoay[6Q]eo)
3
) Larfeld, Griechische Epigraphik, Miinchen, 1914, xov Qeo8[ oxov ].
7
p. 266. ) Voir l'arbre gencalogique de la famillc dans
4
) Ibidem. V. Pârvan, Histria I V , p. 539 et 7 0 8 ; cf. du mâme,
5
) IG, I, n° 40; voir la reproduction dans O. La pinitralion hellSnique, p. 3 1 .

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FOUILLES D'HISTRIA

8ou8 H6g6sagore8 deux freres, ses neveux, ont montre leur piete en commun, il est possible que
8ou8 Hippolochos toujours deux frercs, ses fils, aient 6lev6 au meme moment les deux monuments
â Apollon et â Latone. Cette maniere de voir paraît etre confirmee par les restes du nom du pere,
Hippolochos, conserves k la premiere ligne de notre inscription. II reste la difficulte des lettres
EjMOQ de la meme lignc, prec6d6e8 de deux ou de trois espaccs librcs. Faudrait-il voir dans ces
restes un adjcctif tir6 du nom d'une division religieuse ou administrative (cpvkq, dfjjuoq) d'His-
tria ? Toujours est-il qu'aucun des noms des quatre tribus ioniennes -) et des deux tribus par-
ticulieres â Milet 2 ), que nous pourrions
trouver dans notre cit6 mil6sienne, ne
conviennent pas aux restes conserves.
Passons maintenant â la valeur reli-
gieuse de notre m o n u m e n t qui est dedie â
Latone. La d6esse qui a donne naissance
â Apollon apparaît ici pour la premiere
fois â Histria. Elle est inconnue dans tou-
tes les colonies grecques de la Mer Noire.
Sa presence â Histria, qui est une colonie
mi!6sienne, est t o u t â fait naturelle et,
d'ailleurs, la deesse figure presque tou-
jours parmi les divinit6s dcs villes oîi est
adorc un de ses enfants, Apollon ou Ar-
temis. Notre inscription, qui datc du V-e
siecle, nous montre que Latone est venue
sur les rivages de la Scythie Mineure,
peut-etre des le moment meme de la co-
lonisation, dans le cortege du grand dieu
mil6eien qui est egalement le dieu emi-
nent des Histriens. Klle nous fait voir, en Fig. 11
meme temps, Ia favcur dont elle jouissait
â cote de son fils. E n effet, pendant l'annee oîi Hippolochos etait pretre eponyme, son fils,
Th6ox6nos, a 6lev6 u n m o n u m e n t â Apollon; mais on a cru necessaire d'accorder au meme
moment une m a r q u e egale de piete a Latone. D'autre part, les dimensions du monument 3 ),
la qualite de la matiere employee et le fini de l'execution nous indiquent clairement qu'elle
n'6tait pas inf6rieure a Apollon Ietros dans l'adoration que lui vouait cette colonie milesienne.
Le monument d6die â Latone 6tait une statue de bronze. E n effet, le bloc de marbre
presentc â la surface superieure une large excavation, â gauche, et une autre ronde, plus
petitc, â droite (fig. 9). Lâ devait s'emboiter la statue qui portait un a t t r i b u t â la main

' ) On connaît depuis longtemps â Histria la tribu nouvelle inscriplion de Tomi, dans Dacia, I, 1924,
des Aigikoreis (Tocilescu, Arch.-epigr. Milth., XVII, p. 173—179).
2
1894, p. 88, n° 12). Une inscription cjue nous avons ) LesBoiQEÎQ et lesOîvo)7ie~(G. Glotz, Lacitegrecque,
trouvee en 1929, encore in6dite, nous fait connaître Paris, 1928, p. 19; G. Busolt, Griech. Staatskunde, I,
les 'Agyaâeîg. Elles etaient dejâ attestees â Tomi 1920, p. 119). La seconde est connue â Tomi (Toci-
(Bilabel, Die ionische Kolonisation, Leipzig, 1920, lescu, Arch.-epigr. Millh., X I X , 1896, p. 228, n<> 94).
p. 123 et suiv.); une troisieme, celle des "OnXeiTEţ, 3
) Voir les dimensions respectives des monuments,
est venue recemment s'y joindre (V. Pârvan, Une fig. 9 et 10.

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S. LAMIiHINO

gauche. Elle devait etre de grandeur naturelle. Cela nous est suggere par le monument dont
on a honore Apollon. Au moment de la dtfcouvcrte, il se trouvait encastrâ dans le mur
d'enceinte comme pierre dc construction et on n'a pu noter quc lcs dimcnsions de la face ecrite ' ) .
Ulterieurement, il a ete extrait du mur pour etre mis îi l'abri des intemperics. Sa surface
superieure est apparue (fig. 10 et 11) avec «les cavites soigncusement modelees d'apres la
formc et la grandeur des pieds de la statue qui dcvait y 6tre fixe'e » 2 ). Dans le coin, pres du
pied gauche, un trou rond cst creuse. Si l'on juge d'apres Ics empreintes des pieds, dont le
gauche a 0 m ,23 de longueur, le dieu etait figure cn grandcur iiaturclle. Si, d'autre part, nous
tenons compte du fait que les bases des deux statues ont des dimensions prcsque identiques 3 ),
il nous est permis d'admcttre que les deux divinitcs ctaient reprfaentees â la meme 6chclle.
Nous connaissons les dimcnsions des
statues, mais, en outre, nous pouvons re-
constitucr, en une certainc mcsurc, leur
aspect â l'aide dcs empreintes qu'elles ont
laissees â la surface des bascs. E n effet,
celle d'Apollon presente â la surface supe-
rieure les traces des deux pieds (fig. 10 ct
11). Celui de gauchc est en a v a n t . La sta-
tue doit donc etre celle d'un homme cn
mouvcment. Les dimensions des picds nous
font voir encore mieux l'attitude que de-
vait avoir le dieu: le gauche a 0 m ,23 de
longueur, tandis que le droit n'a que
0 m ,215. P a r consequent, le pied gauche
F i g . 12 s'appuyait de toute sa longueur sur le sol
et le droit devait avoir le talon legerement
releve. Nous pouvons donc affirmer que le dieu se presentait dans l'attitude d'un homme qui
marche, la jambe droite legerement inflechie, la jambe gauche avance'e et solidement appuy6e
sur le sol. C'est la formule qui apparaît des le commencemcnt du V-e sieclc et que Polyclctc
emploiera avec predilection 4) apres 450. De plus, le trou rond qui se trouve pres du pied gauche
(fig. 10 et 11) nous indique que le dieu tenait de son bras gauche un a t t r i b u t . Cet a t t r i b u t
devait ou bien toucher directement la base, ou bien s'appuyer seulement sur un support.
Tels sont les traits que nous pouvons restituer â la statue d'Apollon erig6e par Thco-
xenos et les monnaies viennent heureusement nous faire voir quel en ctait l'aspect gtfneral.
Certaines monnaies d'Histria presentent un type d'Apollon 5 ) qui correspond exactement â

4
*) V. P â r v a n , Histria, I V , no 1, p . 533 et s u i v . ) A. de R i d d e r et W . D6onna, Uart en Grere,
2
) V. Pârvan, La pinitration hellânique, p. 30- P a r i s , 1924, p . 222.
5
3 1 ; cf. d u m e m e , Dacia, an outline, p . 88. ) Elles Bont a u n o m b r e de o n z e . Cinq se t r o u v e n t
3
) MSme h a u t e u r : 0 " , 2 9 . La base de Latonc est d a n s B. P i c k , Die Miinzen von Dacien und Mdsien,
plus large (0m,775 contre 0«J,69 p o u r celle d'Ap- nos 484, 487, 514 (pl. X I V , 27), 515, 519 (pl. X I V ,
pollon), p a r c e q u e la deesse, c o m m e on le v e r r a plus 2 6 ) ; six a u t r e s d a n s L. H u z i c k a , Inedita aus Moesia
loin, forme masse avec sa d r a p e r i e et se p r 6 s e n t e en Inferior, dans la Numism. Zeilschr., vol. 50, 1917,
l a r g e u r a v e c son a t t r i b u t . La base d ' A p o l I o n est plus p . 73 et s u i v . : nos 487, 487 a, 505 o ( p l . XXIX),
p r o f o n d e (0"i,77 c o n t r e 0m,52 p o u r celle de Latone) 505 6, 505 c, 523 o. Elles v o n t de C o m m o d e â Gor-
p a r c e q u e le dieu est r e p r e s e n t e en m a r c h e ; son a t - dien, sauf P i c k , no 484, sur laquclle figure u n em-
t r i b u t et ses p i e d s s o n t echelonnes en p r o f o n d e u r . pereur inconnu.

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FOUILLES D'HISTKIA

i'image que nous avons pu reconstituer hypothetiquement. Le dieu est figure debout, vetu d'une
large robe flottante qui lui desccnd j u s q u ' a u x p i e d s , les epaules couvertes d'une chlamyde ramenee
en arriere (fig. 12). De son bras gauche il tient la lyre qui est appuyee sur une colonnette. Sa
main droite, un peu ccart6e du corps, tient le plectrum (fig. 12, nf>» 1 et 3). Mais ce qui montre
la ressemblance entre la statue erigee par Theoxenos et cette image d'Apollon, c'cst la position
respective des pieds et de la colonnette. Les graveurs ont repr6sente le dieu s'appuyant sur la
jambe gauche, la jambe droite legerement inflechie; la colonnette vient toucher le sol pres du
pied gauche. Nous avons lâ exactement la meme disposition que celle que nous a revelee la surface
superieure de la basc. II est donc tres probable que les graveurs ont represente sur les monnaies
d'Histria I'ApoIlon de bronze que la piete de Theoxănos avait fait elever au dieu eponyme
de la ville. Sur certaines monnaies le dieu semble faire un geste de sacrifice au-dessus d'un
autel allume. Cet autel est un 6l6ment t a r d i f ' ) queles graveurs ont ajoute â l'image initiale 2 ) .
Les monnaies nous offrent les memes possibilites de reconstituer
la statue de Latone. En effet, Ia pierre qui porte la dedicace pre-
sente â la surface superieure une large excavation oti l'on ne voit
pas de traces de pieds. La statue avait une forme massive â la b a s e ;
une robe tres ample devait recouvrir les pieds de la deesse. Un trou
rond, situe â cot6, nous montre qu'elle portait, comme Apollon, un
a t t r i b u t â la main gauche. C'etait donc une femme amplement
drapee, dont les vetements descendaient jusqu'â terre et lui cou-
vraient les pieds. Elle tenait probablement un sceptre â la main. Fig. 13
3
C'est SOU8 cet aspect et avec cet a t t r i b u t que l'ont representee Scopas â Ephese ) et Praxitele
dans le Letoon d'Argos 4 ). Un type semblable apparaît sur cinq monnaies d'Histria 5 ) . Une
deesse y est figuree, qui se tient debout, toute droite, severement drapee dans un ample vete-
ment qui descend jusqu'â terrc. Sa main gauche s'appuie sur un sceptre et la main droite
s'6carte un peu du corps. La statue avec son a t t r i b u t presente une disposition identique â
celle qui est indiquee par la surface de la base. II y a cependant une difficulte qui s'op-
pose â notre rapprochement. La deesse passe pour He>a aux yeux des deux editeurs 6 ) et
L. Kuzicka a cru meme distinguer, â cote d'elle, sur une monnaie un paon, l'oiseau con-
sacre â l'epouse de Zeus. Seulement, l'exemplaire reproduit par l'editeur 7 ) (notre fig. 13)
n'indique pas clairement qu'il s'agit d'un paon. E t comme nous savons que le coq est
l'oiseau consacre ă Latone 8 ) , on pourrait egalement l'interpreter de cette maniere. L'etat
de la monnaie, qui est assez endommagee, nous le permettrait. Mais tenons-nous en â la des-
cription de L. Ruzicka et admettons qu'il a bien distingue un paon. Dans ce cas nous au-

') Parmi l e s . onze monnaies (voir la note pre- les monnaies, voir Journ. hell. Stud., VI, p. 87 et pl.
c6dente), trois seules ont I'autel (Pick, nos 514, 5 1 9 ; K 3 6 — 3 8 ; elle tient un sceptre â la main droite.
s
Kuzicka, n<> 523 a); elles v o n t d'EIagabale â Gor- ) B. Pick, ouvr. cite', nos 506 (Caracalla; « H e r a ? » ) ,
dien. Sur les huit autres qui v o n t de Commode â Ela- 508 (Geta), 523 (Gordien); L. Ruzicka, ouvr. cite, nos
gabale, I'autel n'est pas figure. 516 a (Severe A l e x a n d r e ; « Hera»), 523 b (Gordien;
■) Sur ces details voir notre articl^, Deux types « Hcra »). Sur ces details voir aussi notre article dans
monitaires d'Histria, dans Arithuse, 1930, p. Arithuse, 1930, pag. 105 et suiv.
8
103-104. ) Voir la note precedente.
7
») Strabon, XIV, 1, 2 0 ; cf. Ch. Picard, Ephese ) L. Ruzicka, ouvr. citi, no 516 a, que nous re-
et Claros, Paris, 1922, p. 400, et Daremberg-Saglio- produisons ici en dessin (fig. 13).
8
Pottier, Dict. des Antiq., I I I , p. 985 o. ) Cl. Aelianus, Tieql ţ<ţ><i)V, IV, 2 9 ; cf. Roscher,
x
) Paus., II, 21, 9. La statue est reproduite sur Lexikon, I I , col. 1968.

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S. LAMBRINO

rions, peut-etre, un excmple de ee eiirieux syncrctisme religieux, atteste ă Platees, (jui a fait
se fondre Latone ct Hera en une seule divinite ').
II y a donc bien des chances que la deesse representee sur les monnaies soit Latone. Hera
n'est pas attestee â Histria. Ce n'est sans doute pas un motif pour y nier son existence. Mais
la beaute de la base decouverte, les correspondances que nous venons d'etablir entre celle-ci
et les monnaies, enfin la situation privilegice que Latone a â cote d'Apollon, nous font croire
quc dans les deux cas nous avons affaire â la meme deesse.
Ainsi les monnaies nous auront permis dc reconstituer les deux statues de bronze que
supportaient les bases decouvertes. Nous connaissons maintcnant, au moins d'une maniere
hypothetique, deux beaux monuments qui ornaient l'hieron d'Apollon ă Histria. IIs sont des
teinoins precieux de la vie florissante qui regnait dans la cite milesienne â la seconde moitie
du V-e siecle av. J.-C. La prosperite materielle et artistique qu'ils nous font entrevoir est
egalement attestee par l'abondance et la variete des fragments de poterie decouverts jusqu'â
present. Cette prosperite va de pair, comine l'a dejă indique Vasile Pârvan 2 ), avec celle d'Apol-
lonie du Pont qui, ă la meme epoque, se fait eriger par Calamis la statue colossale d'Apollon 3 ).
Mais, la <( ville d'ApolIon » a ete privee de la statue de son dieu par M. Lucullus qui a <( detruit »
la ville en 72 av. J.-C. 4 ). Histria, quoique <( conquise » 5 ) par le meme general, n'a pas subi
ce deshonneur. Comme les monnaies reproduisent encore les statues de Latone et d'ApoIlon
â l'epoque qui s'etend de Commode â Gordien, comme d'autre part la dedicace â Apollon a
ete decouverte encastree dans le mur d'enceinte eleve apres la destruction de 238, il semble
bien que les deux bronzes du V-e siecle ornaient encore sous Gordien le sanctuaire d'Apollon.

2. Decrot de Milet (fig. 14 et 15). — Nous presentons ici deux fragments de marbre blanc
publies par Vasile Pârvan au fur et â mesure de leur decouverte: le fragment b en 1923 °), le
fragment a en 1925 7 ) . Ils prennent cependant une importance et un intSret tout nouveaux,
grâce â l'heureuse restitution proposee recemment par M. L. Robert 8 ) . Avec sa surete habi-
tuelle, il a reconnu dans les deux fragments les debris d'une meme inscription et, en les reunis-
sant, il a reconstitue un decret qui emane de la ville de Milet. Les deux lettres de la ligne 1
(Ml[Xr\oio)Vj) annoncent dejâ le lieu d'origine, et le formulaire employe â la ligne 2 le confirme.
Je conservais encore un leger doute, parce que les lignes du texte du fragment a, sur la
photographie publiee dans Dacia 9 ) , semblaient etre encastrees entre deux traits graves, tandis
que la photographie du fragment b ne presentait pas cette particularite. En examinant les
pierres â Histria, j ' a i vu qu'il n'en etait rien 10 ) et d'autres indices m'ont fait constater que les
J fi
) Plutarque, apud Eusebe, Praep. Kvang., III, ) Voir la n o t e p r c c e d e n t e . L e t e x t e fait u n e dis-
83 et s u i v . ; cf. D a r e m b e r g - S a g l i o - P o t t i e r , Dicl. des t i n c t i o n n e t t e c n t r e le cas de Apollonia (evertit) et
Antiq., I I I , p . 984 b. celui de H i s t r i a (cepit).
2
) Dacia, I I , 1925, p . 199. *) V. Pârvan, Histria, V I I , p . 13 et suiv., no 6
3
) V. P â r v a n , l. c, et G. Seure, Archeologie thrace, (dessin) et pl. I I , fig. 1.
I I , 2, P a r i s , 1925, p . 105. ') V. P â r v a n , Dacia, I I , 1925 (le v o l u m e a paru en
4
) Eutrope, VI, 10 ( p a r l a n t de l'expedition du 1927), p . 203 et suiv., no 7 (fig. 9 et 10).
8
general r o m a i n d a n s les B a l k a n s a j o u t e ) : usque ad ) Bull. Corr. Hell, LII, 1928, p . 13 et suiv.,
Danubium pervenit. Inde multas supra Pontum po- no XXVIII.
9
sitas civitates adgressus est. Illic Apolloniam evertit, ) V. P â r v a n , lieu citâ, fig. 9.
Callatim, Parthenopolim, Tomos, Histrum, Burziao- 10
) Les traits etaient dus au crayon du dessi-
nem cepit. Cf. V. P â r v a n , Le mur d'enceinte de Tomi, nateur qui a oublie de les faire d i s p a r a î t r e . Voir
d a n s les Anal. Acad. Rom., Mem. secf. ist., t . X X X V I I , notre fig. 14.
1915, p . 426 e t 434.

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F O U I L L E S D'HISTRIA

deux pieees appartiennent en effet au meme document ' ) . Nous avons dans les deux cas le meme
marbre blanc d'une excellente qualite. Dc plus, les deux fragments sont nettement tailles imme-
diatement sous la ligne 6 et leur face inferieure est soigneusement polie. Ils faisaient donc partie
d'un meme bloc qui devait reposer sur un autre 2 ). Ces indices confirment pleinement l'inge-
nieuse reunion des deux fragments, que nous devons â M. L. Robert.
Sa restitution retablit entierement le texte des lignes conservees. Le diexâ[Xow] qu'il
propose â la ligne 6 est confirme par la pierre. On y voit clairement dans la cassure la partie
superieure d'un O et d'un Y et meme u n rcste de la haste de droite du N. Ensuite, comme on
le voit sur notrc dessin, la pierre porte la moitie superieure d'un E et les branches evasees d'un
Y; un peu plus loin, ap-
paraît l'extremit6 de la
barre siipcricurc u'un .1 ,
6vas6, suivie d'un Y. Ces
restes conviennent â un ev-
3
/vovjg v]nâqypvxeg] ). ^^%jrS^w!^'î!^^!filPl*im^'^
II peut eembler cepcndant,
que la place est trop res-
treinte pour NOY de ev-
vovg. Mais, dans le reste de
l'inscription, on voit que m*h
0 est tres petit et que Y est
souvent tres rapproche de ' ^ ^ ^ ^ ^ H ■UK HBKM^' V
la lettre voisine, meme si Fig 14
elle a la forme carr6e (cf.
ovyy[evelg] â la ligne 3). D'autre part, BOY de fiovXrji (ligne 2) occupe u n espace aussi reduit.
La forme evvovg pour le nominatif pluriel n'est pas insolite; elle apparaît en Attique a
partir de l'an 302 av. J.-C. 4 ) .
Le d6cret se pr6sentait donc sous cette forme:
M 1 [ X 7] o i OJ v ] .
"Edoţ-e Tf]L fiovkfjt xai [roji drj/wn' yvoj/ir) en]ioxax6)[v 6 deiva]
'Ava£t,â4jM0g elnev lne[ibr\ 'IoxQiavoi, (pikjoi xai ovyy[evelg ovxeg]
xov drjjuov, 6ia(pvXăo[oovxeg xr)v nQovn]aQypvoav [avxoig nqog]
5 xr)/i nohv oîxeukrjxa [xai cpiUav. ev xe] xolg nQoxeQo[v %Q6VOIQ]
dieziXpvfv] ev[vov]g v[nâqypvxeg xoivrjt] xe xon br\/i[m XOJI Mdrj]-
[OLOJV xai iâiai — — — — — — — — — — — — —]

Vasile P â r v a n avait etabli, d'apres la forme des lettres, que les deux fragments avaient
6te graves au IV-e 5 ) ou plutot au I l l - e siecle av. J.-C. 6 ) . La forme evvovg que l'on voit sur

!) L. Robert, Bull. Corr. Hell., LIII, 1929, p. 151, Ill-e ed., 1900, p. 149, no 6. Cf. Syll. Inscr. Graec,
note 1. Ill-e ed., no 346, 1. 10: evvovg ovreg (302/1 av. J . - C ) ;
a
) Le fragment a conserve encore la place du tenon no 384, 1. 1 9 : evvovg xal cpD.oi (283/2); no. 400,
qui devait le fixer au bloc inferieur (voir le dessin 1. 10—11: oootfeioiv evvjovg (277/6); la meme Syll.,
dans V. Pârvan, Dacia, II, 1925, p. 203, fig. 10). Il-e ed., no 547, 1. 3: evvovţ eioiv (fin du
3
) C'est la restitution que me propose par Iettre Ill-e s.).
6
M. L. Robert. ) Dacia, II, 1925, p. 203.
4
) Meisterhans, Grammatik der attischen Inschriften, •) Ibidem, et Histria, IV, p. 13.

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S. LAMBRINO

l'un des deux et qui apparaît dans les inscriptions ă partir de Van 302, nous ramene vers
la meme 6poque, c'est-â-dire au commencement du I l l - e siecle.
Par la date ou il se place et par son contenu, ce dăcret milcsien prend une importance
particuliere. II nous atteste la persistance des relations entre Milet et Histria ' ) , quatre siecles
apres la fondation de la colonie. Les termes ovyyereig (ligne 3) et oîxeimrjg (ligne 5) viennent
affirmer le lien de parent6 qui existait entre les deux villes 2 ). Le d6cret semble avoir e i pour
objet, comme l'observe M. L. Robert 3 ), la concession de l'isopolitie aux Histriens. Du IV-e au
I l l - e siecle, on voit les colonies de Milct s'cmpresser de renouveler leurs relations avcc la me-
tropole. Olbia y apparaît avec une situation privil6giee: dans son traite d'isopolitie avec Milet 4 ),
bref et sommaire, on trouve rappeles les rapports ătroits qui ont toujours existe entre les deux
villes. Elles traitent sur un pied d'6galit6 absolue r>). Mais on a discern6, en meme temps, un cer-
tain eloignement d'Ol-
bia â l'egard de Milet
dans le fait que le
traite ne fait aucune
mention de sa qualit6
de colonie mil6sienne
et qu'elle semble ig-
norer le culte d'A-
pollou de Uidyme 6 ).
D'autres villes, comme
Cyzique et Kios re-
connaissent et rem-
plissent leurs devoirs
cnvers le d i e u 7 ) et
Fig. 15 par la elles se mon-
trent dans une situa-
tion subordonnce â la cite mere 8 ) . Lcs six lignes conservees de notre inscription ne nous per-
mettent pas de voir dans quelle categorie se rangeait Histria. De toute maniere, elle se
trouve au I l l - e siecle dans le groupe des colonies milesiennes qui maintiennent leurs an-
ciennes relations avec la metropole.

3. Decret en l'honneur d'un inarehand carthaginols (fig. 16 et 17). — Fragment d'une stele
en marbre, trouve dans le mur, â l'interieur de la tour G. Hâuteur 0»n,14; largeur 0m,19;

>) L. Robert, Bull. Corr. HelL, LII, 1928, p. 171. TOVQ oîxeiovq evvoiaven navrî xatq 7>t ăn jditxvv/idvcot
2
) L. Robert, ouvr. cite, p. 171, note 1. L'auteurfait fir)... Cf. aussi Hiller von Gărtringen, Insc.hriften von
ressortir la valeur du terrae avyyeveîc, et signale son Priene, no 55, 1. 27: ovyyevtxr)v oixetoTt/Ta.
3
equivalence avec oîxeloi en renvoyant â O. Kern, ) Ouvr. citS, p. 172.
Inschr. von Ma^nesia am Maeander, n<> 33 (decret *) A. Rehm, Das Delphinion, n<> 136 (avant 323
de Gonnoi pour Magnesie), 1. 4 et suiv. — Pour ce sens uv. J . - C ) . Cf. Fr. Bilabel, Die ionische Kolonisation,
de olxeloi-olxeiorr]; voir aussi A. Rehm, Das Dclphi- p. 137 et suiv.
8
nion in Milet (Milet, III), n<> 141 (228 av. J . - C ) , ou les ) A. Rehm, ouvr. cit6, p. 166 et suiv.
6
habitants de Kios, apres avoir reconnu que leur ville a ) Ibidem.
7
ete fondee par les Milesiens, se disent olxeloi des ) A. Rehm, outr. citi, n<> 137 (Cyzique, avant
derniers : (1. 21 et suiv.) TtQonrjxet âe rwt ârj/itoi l'annee 323?), n o 141 (Kios, annee 228?).
8
(celui de Milet) xxioTtjt ovrtTfJQ ânotxtac xalrrjv eî: ) A. Rehm, ouvr. citi, p. 167.

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FOUILLKS D'HISTRIA

epaisseur 0'",08. Hauteur des lettres: O'",01 les plus grandes (0 tres p e t i t : 0"»,005). Les caracteres
sont soigneusement graves; ils semblent etre du I l - e siecle av. J.-C.
Ligne 1: nous distin-
guons â la fin un I precede
des traces d'une lettre rec-
tangulairo qui doit etre un
P. — Ligne 2 : au commen-
cemcnt, la pierre a conserve
le c6te droit d ' u n Y.—Ligne
3 : au commencement, haste
verticale qui doit appar-
tenir â u n H. — Ligne 5 :
au commcncement, traces
d'un 0.— Ligne 7 : au
commencement, une barre
oblique qui semble appar-
tenir â u n A; â la fin,
apres 2", on voit les parties
iufcricures des lettres ®AI.
Le fragment represente Fig. 16
la partie sup6rieure de la
stele, comme on voit d'apres la ligne 1. Le cote droit s'est conserve aussi: â la ligne 8, apres
21T1KA, il y a u n espace libre, sans traces de lettres, suivi du rebord de la plaque.
Nous lisons:

["EâoŞt: r.f\i fiov?,fji xal TJ(~H drj<^iy-juou- iTtif/irjvi- ]


[EVOVXOQ ' Anaxo JVQIOV TOV IJaQ/iEviofxov,]
fo deîva e. g. 'AqioToby)]'/wv elnev eneidfr)..]
[6 belva A'OoxovQiJdov KaQ%r)dovfioQ]
5 foiTOV /leTane/iyâ/ievJOQ eÎQ Tr)v nohv^jifaQa-J
fxXrjfteÎQ vno ră>v <\Q]%6VTO)V xaî Tovfdfj-J
f/wv — — — — ] a i xaî naQ<^a^>anodooOJaij
frfji noXei xal Jeraodai TU. OITIXU.
f — — — — — JaoE noyleTfv — —J
io / — _ — — _ —] xo [— — — —]

J e suis redevable de la restitution des lignes 5—7 (naQaxkrjOeÎQ—wv âfj/iov) â l'obli-


geance de M. L. Robert.
Nous avons la un nouveau decret de la ville d'Histria, qui nous apporte des informations
nouvelles et d ' u n interet particulier. Le president de l'assemblee qui l'a vote s'appelle Apatou-
rios, fils de Parmeniscos. Son nom etait dejâ connu â Histria x ), mais celui de son pere appa-
raît dans notre inscription pour la premiere fois. Le decret a ete rendu en l'honneur d ' u n etranger

') II y a d'abord le fameux 'AoiaxayoQdţ ' Anaxov- gerousia d'Histria (V. Pârvan, Histria IV, no 20,
Qlov (Syll. Inscr. Graec, Ill-e ed., n<> 708); un'Ana- 1. 20).
ZOVQCOQ Arj/iriTQi'ov figure dan» Valbum de la

401
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26 Dacia 1 TI—IV 1927/932.
S. LAMBHINO

dont le nom s'est perdu et qui est fils de [ Atooxov ]QI37]Q. E t a n t present â Histria (1. 5), les ar-
chontes et le peuple lui ont demande certains services (I. 5—7): n [ aQaxXrjOetQ x) vjio uov aQ-J
%6vX(OV xai rov [d)']iiov]. Le fait qu'on l'honore dans ce d6cret montre qu'il y a consenti.
Les services demandes sont les suivants (1. 7—8): (1) [— — — ] a i xai (2) 7 r c t 0 < a >
anodooOfai (3) JerăoOai ră oirixă. Du premier terme il ne reste que la termi-
. ^^- s. naison; elle annonce un infi-
v
.—^^2. \ ;\ nitif. Le second est un verbe
qui n'est atteste nulle part
^AHiMjaîcrTî ailleurs. II est form6 du verbe
r7PI°YTOYTT^pM£ N ănodidooOai, bien connu
^MOYEITTENFinEI A dans les inscriptions avec
^^PiAOYKAPXHAoN^H l'acception d'«adjuger», «af-
fermer » ou simplement
^rEiir-rHr^rTOAiN «vendre», et de la pr6po-
'-' ^fCONTXijN H A! T O % > | sition naQOL 2 ) qui donne au
mot entier le sens de «ven-
'l >wx -TAEoAIXAri—U^M dre â un prix răduit». II
est donc un 6quivalent de
nciQanojXeTv, et de naQa-
ninQaoxeiv, termes consa-
«•!■<■
' > dans la languc des
inscriptions pour les ven-
tes d'aliments â prix r€-
d u i t 3 ) . E n troisieme lieu,
la ville a demande au personnage honore [ ] erâoOai ră oirixâ. La pierre n'a conservă
que la terminaison du premier m o t ; elle doit appartenir â un verbe en —erâoftai. Malheureu-
sement, nous n'avons pu trouver un verbe qui eut une pareille fin et qui put convenir au
complement qui suit 4 ). En echange, ră oinxd nous donne des 6claircissements sur la na-
ture des services demandes par les Histriens. Ce mot apparaît dans deux autres inscrip-
tions; mais comme elles sont aussi mutilees que la notre 5 ) il est diff icile de saisir son sens

J
) Pour l'emploi de ce verbe voir Syll., Ill-e ed., d'Aristagoras, fils d'Apatourios); O. Kern, Inschriften
no 737, 1. 5—6: naQaxXr}&eiQ vno rcov ăgxâvrcov von Magnesia, no 179, 1. 25—28: naQancoXrjoavra
xai râg [noXtog] (Delphes); m6me formule, ibid., IXatov dcpOovcoc; SXar (r) ov naQanoXi) rr~Q evearcbarfQ
n<> 689, I. 4—5 (Delphes); Hiller von Gărtringen, reifirJQ; Syll, Ill-e eU, no 731, 1. 24—25: naQa-
Inschriften von Priene, no 47,1. 5—6: naQaxXr/delg vno nQaOfjvat dâ avroig vnâ rcbv aQfpvru)[v i]v rcp
r[ov] drjfiov (Bargylia). Xtfidvi (Tomi). — Sur ces deux verbes voir A. Wilhelm,
2
) Le graveur a ecrit naoaanodooOat, sans respecter Arch.-epigr. Milth., X X (1897), p. 75 et suiv.
4
l'elision. Une faute semblable se trouve â la ligne 1. ) Les seuls exemples que j'ai trouv6s sont fieXercico
La serie de datifs â iota adscrit lui a fait 6crire rtot et evxerâofiat qui ne vont pas avec ră atrtxă.
&
drjlfKOi. Mais Ya final de naQa est un peu martele. ) Le Bas, Voyage archiologique, I I I , no 1564 bis,
Est-ce un accident ou bien le graveur a-t-il voulu reprise et restituee en partie par E. Ziebarth, Jahres'
corriger sa faute? Quoi qu'il en soit, ces negligences hejte des ost. arch. Inst., X I I I (1910), p. 108, 1. 5:
contrastent avec la gravure soignee de l'inscription. [...&aneQ] xai râ ainxâ ră năvra [ ]
3
) Voir, par exemple, Syll., Ill-e «5d., no 708, 1. xotv[ă] (Ephese). Un autre exemple â Thasos: Ch.
39—40: naQancoXcov aelrov ăfia xal oivov xal rco[v] Pioard, Bull. Corr. Hell., 1921, p. 157, no 9,1.2:/"ăvay-]
XoinGiV cbvicov răţ retfiăc; xadatQcbv XvotreXio- xalav rr~t ndXet atnxcb[v ]; cf. L. Robert,
rara roî; noXeiraiq (decret d'Histria en l'honneur Rev. de Philol., 1921, p. 100 et suiv. On ne peut faire

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FOUILLES D'HISTRIA

p n ' c i s ' ) . De toute maniere, ce terme nous fait comprendre que les autorites d'Histria se sont
adressees â un ctranger pour avoir le ble qui leur etait necessaire. L'etranger est donc un de ces
grands marchands de cerăales qui vien-
nent souvent au secours des villes avec
lesquelles ils sont en relations, pour les

sauver en cas de disette 2 ). Le marchand d'Histria


devait avoir en sa possession une cargaison de
ble que la ville a demandee â un prix reduit
pour ses besoins. L'aoriste de la ligne 9, suivi
d'un infinitif ([— —Jaoe ncolelv), nous montre
que l'etranger a, en effet, rendu son ble aux con-
ditions exigees, ce qui lui a valu les honneurs
du decret. '
L'etat de choses que nous fait connaître cette
inscription si mutilee, se retrouve dans d'autres
villes grecques, par exemple â Oropos: ineibf) Aic-
vvoiog 'AQIOZO)VOQ (marchand de Tyr) xai 'HXid-
bo)Qog Movoaiov (marchand de Sidon) evvovg
eioiv, xai eioayaydvzeg OLZOV, ătjiowdvzcov zcov
noXe/iaQ%o)v ânobdoOai zfji noXei, xaOvnr)xovoav
zf/g xaXcog iyovor/g zi/trjQ3), ou â Ephese: ineibf)
u\;., i 4 j^dr 'AyaOoxXfjg ['A ]yf)/iovog ' Pdbiog, olzov eioa-
yaycov eig zr)v nohv nvQ&v exzeig /ivQLovg zezQa-
Fig. 19 XLoyiklovg xal xazaXafichv zov olzov zov iv zf)i
âyoQăi ncoXov/ievo/i nXeovog bQay/xcov eyg, neiodeig
vno xov âyoQavo/tov xai fiovXd/ievog %aQLţeoOai zcdi bfJLicm incbXrjoe zov olzo/x ndvza
evcovdzeQOV xov iv zfji âyoQM ncoXov/ievov4). A Oropos et â Ephese, comme â Histria,

intervenir ici lcs exempleg de aixixd qui apparaissent de Le Bas, Voy. arch., no. 1564 bis (voir note prece-
dans les inscriptions (Dittenberger, Or. Gr. Inscr., dente), de XQr)fiaxa aeixcovixâ xal iXaicovixd. Ce se-
n» 177, 1. 7 fvoir surtout le commentaire, note 41, et rait le fonds de răserve que les villes destinaient â l'a-
n« 179, 1. 7) et les papyrus (Preisigke, Worterbuch, s. chat des aliments necessaires.
2
v. airtxo;) d'Egypte. HB se rapportent â un etat ) Voir les deux notes suivantes.
3
de choses qui est particulier â l'Egypte. ) Syll., N-e ed., no 547.
l 4
) V. Chapot, La province romaine proconsulaire ) Syll., Ill-e ed., no 354.
d'Asie, Paris, 1904, p. 274, note 1, rapproche xă aixixă

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S. I.AMimiNO

nous voyons les autoritcs s'adresser â des îiiarchands etrangers p o u r obtenir le ble dont
elles ont besoin.
Les deux decrets nous ont guide dans la restitution de la ligne 5. La lacune du commence-
ment pourrait etre combhSc avec un simple [naQayEVO/iEV ]OQ. Mais, dans les decrets eites,
avant l'idce de cession â la ville (ănodooOai) ou
de vente a bas prix (encbfojOE) , apparaît le terme
OTTOQ: OTTOV Eioayaycbv. Dans le notre, â la
ligne 7, on parle dejâ de naoanodooOai; le mot
OTTOQ devrait se trouver quelque part avant et
1 ne pourrait se placer qu'â la ligne 5. Les lettres
OE qui se trouvent au debut ne permettent pas
de supposer un OTTOV sioayayoiv. Pour cette rai-
son, nous avons pense a la restitution fafcov
Li£TanE/iy)â/iEVJOQ EIQ Ttjv nofov, â l'exemple du
decret rcndu en Egypte, en l'honneur de Ptolem6e
Euergete et de Bere'nice *), dont il est dit (1. 17—
18): hi TE Zvgîag xal 0oi.vixr)Q xal KVTZQOV xal
TTTt
i£ ăX\(ov n\£iovo)V Tonmv OTTOV /iETan£/iyjâ/iEvoi
OYFPOY
nePToa EIQ TTJV %d)QaV TlflăiV
xi)V AtyvTZTOV xawixovvrag.
/lElCoVCOV SlioojlOaV
La restitution pro-
TOVQ

APABIKOYD posee pourrait paraître trop longue. J e dois obser-


AAIABnAPGlKOY ver cependant que les lignes 1 et 2, dont les resti-
BOYAH AhMOS tutions sont tres probables, ont 32 et 31 l e t t r e s ;

v;
'- <p ÎETSH^N 9 la ligne 5 en aurait 34. L'6cart ne serait pas
trop grand. D'autre part, les lettres sont plus ser-

mm.
rees â la ligne 5. Elle en a conserve quatorze et,
pour une longueur identique, nous trouvons douze
â la ligne 2. La restitution est donc possible.
Le marchand honore par les Histriens dans
ce decret est originaire de Carthage et c'est lâ
l'interet capital de y~ < ^ "~7K~r^>
notre inscription. II
i. est le premier repre-
Fig. 20 sentant de la loin-
taine cite africaine,
qui apparaît dans le Pont Euxin. La date de son apparition est
non moins interessante. Comme nous l'avons dit plus haut, d'apres
la forme des lettres l'inscription semble avoir ete gravee au Il-e siecle av. J.-C. Cette date est
confirmee par un autre fait. Le marchand,. . ., fils de Dioscourides, a sa nationalitc n e t t e m e n t
indiquee. Est-ce un Grec etabli â Carthage ou un Carthaginois pur sang? On ne saurait le
dire, parce que un veritable Carthaginois peut se presenter, â l'etranger, avec son nom
theophore traduit dans la langue internationale qui est le grec 2 ). De toute maniere, il est

') D i t t e n b e r g e r , Or. Gr. Inscr., no 56. •) St. Gsell, Histoire de VAfrique du Nord, I V , p . 112
et 206, n o t e 6.

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FOUILLES D'IIISTKIA

de Carthage, et, si nous pensons que la villo punique a ete detruite en 146 av. J . - C , il est
tres probable que la prescnce de notre marchand â Histria est anterieure â cette date. En
effet, l'entreprise de Caius Gracchus de fonder une colonie a Carthage en 123—122 a echoue *)
et ce n'est que plus tard, en l'annee 44, qu'une se-
conde Carthage a pu naître 2 ) sur Pemplacement
de la ville detruite par Scipion. Les caracteres de
notre inscription ne sont plus en usage â Histria
â cette epoque, car, â partir de Sylla et de Cesar,
un autre modele d'ecriture fait son apparition sur
les monuments de notre ville :J ).
Si donc l'inscription ne sanrait etre poste-
rieure â 146 av. J . - C , tâchons de voir â quelle
epoque avant cette date un marchand de Car-
thage a pu trafiquer dans Ies eaux de la Mer
Noire. Les Carthaginois apparaissent en Grece des
le IV-e siecle, tel cet Annobas, fils d'Azroubal, Fig. 22
qui est proxene des Beotiens aux environs de 365
av. J . - C 4 ). II est dit aussi qu'une ambassade carthaginoise est allee en Orient aupres d'Ale-
xandre pour connaître ses desseins 5 ). Au dcuxieme siecle, au moment de la chute de Car-
thage, un Carthaginois, Asdrou-
bal, connu sous le nom grec de
Kleitomachos 6 ), est le chef de
l'ecole neoplatonicienne d'Athe-
nes. On ne connaît pas pourtant

fcWOvTTRcAfe
■7.
des Carthaginois qui aient penetre
en Orient au-delâ de la Mer Egee.
Si nous en trouvons un dans la
Mer Noire â Histria, nous croyons
que sa presence est due aux cir-
constances particuberes ou vit

_L.
Carthage au Il-e siecle. Vaincue
par les Romains en 201, obligee â
Fig. 23
abandonner les marches du bassin
occidental de la Mediterranee, elle essaie de se relever en cherchant d'autres regions ou
exercer son commerce. Sa nouvelle prosperite sera due surtout â la concurrence qu'elle

! 4
) Ouvr. citi, VII, p. 59, 61 et 640 et J. Carcopino, ) St. Gsell, Histoire ancienne de VAfrique du Nord,
Autour des Gracques, Paris, 1928, p. 266 et suiv. IV, p. 153 (IG, V I I , no 2407. La restitution du nom
*) St. Gsell, Revue Historique, 1927, t. CLVI, p. du proxene est due â Clermont-Ganneau, Re-
230, place la fondation de la seconde Carthage cueil d'archeol. orientale, III, 1900, p. 142—144), qui
apres I".■ - ^ -m.ii de Cesar, dans les neuf derniers donne en meme temps d'autres exemples qui
mois de l'annee 44. montrent la presence des Carthaginois â Athenes
•) Par exemple le decret d'Aristagoras, fils d'Apatou- et â Delos.
5
rios: Syll. Inscr. Graec, I l l - e ed., n" 708. Nous montre- ) St. Gsell, ouvr. cite, III, p. 17.
rons .uII' iii les raisons qui nous font croire que la date ") Ibidem, III, p. 405, et IV, p. 214; cf. Beloch.
assignce par Dittenberger (Syll. Inscr. Graec, Il-e ed., Griech. Gesch., IV, 1, p. 405.
n» 325) â cette inscription est la plus probable.

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S. LAMHHINO

fait aux negociants italiens dans les mers de la Phenicie, de l'Egypte et dans tout l'Orient *).
C'est â cette 6poque que doit se placer la pr6sence de notre marchand d'Hi6tria. D'ailleurs il
n'est pas seul, â cette epoque, dans les mers lointaines de l'Orient. Dans la vaVTixr) ovyyQ<t<pr],
etudiee par U. W i l c k e n 2 ) , on trouve une societe de marchands qui cxerccnt le commerce
dans la Mer Rouge et l'Ocean Indien, vers le pays de P u n t . Parmi les cinq cautions de cette
societe, nous voyons apparaître â cot6 d'un Massaliotc, d'un Eleate et d'un h a b i t a n t de
Thessalonike, un Ar]/tr]TQiog * AnoXkwvtov KaQ%r]doviog 3). II a comme titre [T<OV Tr)v ££<O?
ftdAJaooav 7T?.oi'Co/tev<ov, c'est-â-dire qu'il fait partie de la flotte commerciale op6rant dans
la Mer Rouge et l'Ocean Indien 4 ) . D'apres le caractere de l'ecriture, l'editeur croit que ce
papyrus se place dans la premiere moiti6 et, au j)lus tard, au milieu du Il-e siecle av. J.-C. 5 ) .
Les deux Carthaginois,
celui d'Histria et celui du
P u n t , aj>paraissent donc
vers la meme epoque
dans les mers de l'Ex-
treme-Orient. Les deux
exemples s'appuient re-
ciproquement; ils sem-
blent bien temoigner de
l'effort que fait Car-
thage et ses marchands
pour trouver une com-
pensation â la dcfaite
de 201 qui leur a fait
perdre la preponderance
commerciale dans le bas-
'■m&i
/4?
»-■ -*?
sin occidcntal de la Mer
^ ' ■î* Mediterrance.
Fig. 24. Photographie du graffite, prise au moment ou il a ete dccouvcrt
4. Fragment de la
partie sup6rieure d'une stele en marbre (fig. 18). H a u t e u r : 0»n,23; largeur: 0 m , 1 7 ; plus
grande epaisseur: 0m,10. II presente une partie de l'acrotere de droite et l'amorce du fronton
qui sur plombait la face ecrite. Les deux sont sommairement indiques. Au-dessous, quatre
lettres (hauteur: 0m,015) qui doivent se lire:
[TV%r]iJ âyaOffjiJ

Nous avons lâ le commencement d'un d6cret. Les caracteres sont soigneusement graves.
Leur forme carree et sobre place l'inscription au I l l - e siecle av. J.-C. 6 ).

J 5
) E. Pais, Histoire Romaine, I, Des origines ă Vachh- ) Ouvr. cite", p. 91.
vement de la conquele, 1930, p. 601. •) Voir Larfeld, Griechische Epigraphik, 1914,
2
) Punt-fahrten in der Ptolemăerzeit, dans la Zeitschr. p. 269. L'ecriture est analogue â celle du serment
fiir ăgypt. Sprache u. Altertumskunde,I,X, 1925,p.86-102. des Chersonesites (Latyschew, Inscr. o. s. Ponti Eu-
3
) Ouvr. citi, p. 90, 1. 20. xini, Il-e ed., 1916, n<> 401, et Minns, Scythians
4
) Ouvr. citi, p. 97: fj £$a) '&âXaoaa = la Mer and Greeks, p. 645, no 16), qui date du dcbut du
Rouge et l'Ocean Indien, d'apres Geogr. Gr. Minores, Ill-e siecle (Latyschew, ouvr. citS, p. 356, et Syll.
I, 515 et suiv. Inscr. Graec, Ill-e ed., n<> 360).

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F O U I L L E S D'HISTRLA

5.Dedicacc â Caracalla (fig. 19 et 20). Grand cippe en pierre calcaire. H a u t e u r : l m , 7 5 ; lar-


geurde la face 6crite: 0m,60; epaisseur sous la corniche: 0m,58.
Les premieres lignes du texte, qui contenaient les noms de Caracalla, ont ete martelees.
A la ligne 2, on apercoit les traces du K et de YA du mot favTojKfpaTopJa. — Ligne 5 :
les traces qui restent m o n t r e n t que la ligne ne contenait que favTOXQaJ.— Ligne 6 : on
voit les traces de TOP02 au commencement.
Nous lisons:
f'AyaOfj Tvyr\J.
[AVTO]X[QaTOoJa fKai-J
foaQa M. AvQ(rjhov) 'AVTO)-]
fvelvov 2efî(aoTov) viovj
5 famoxQ(i-J
TOQOQ A. SSTtTl'
fdov ZeovfjQov
Evoe.fi (OVQ) neQT(ivaxoQ) Zefi(aoTov)
'AQafitxov
io 'Adta^(rjvtxov) JJaQOtxov,
fiovXi) dfjfXOQ
* IoTQirjvcov,

Cette d6dicace a un ^^^^^^^^^^^^^^^^^


contenu presque iden- |.
tique â celui d'une autre
inscription, d6jâ publiee
par V. P â r v a n J ) , dont
nous reproduisons ici le
texte:

' AyaOfj Tv%r], / Av-


TOXQOXOQa KcUfoaga M.
AvQ(fjXtov) 'AvTcovel/
vov Evoe(î(fj) Ze.fi (ao-
TOV) vi/ov AVTOXQOLTO-
Qog / A. ZenTtfi(tov)
ZeovfjQov / Evaefi(ovq)
J7eQT(lvaxoq) Zefi(ao-
TOV) /'AQafi(ixov) 'A
btafi(r)vtxov) TlaQO/i-
xov, fiovlr) dfjfioq j
'IoTQtrjvcov. Fig. 25. Le graffite â l'etat actuel

E n mesurant la partie martel6e de notre t e x t e , on peut se rendre compte qu'il devait y


avoir cinq lignes. Comme â la ligne 2 on apercoit les traces du mot avTOXQaxoQa, la premiere
ligne devait porter ' AyaOfj TV%r). D'autre part, comme la ligne 5 contenait, d'apres les traces

i) Histria, IV, No. 33.

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S. LAMHIUNO

obscrvees, le commencement des titres de Septime Severe, le nom de Caracalla devait entrer
dans les trois lignes, 2 â 4. Pour faire tenir la titulature (jue porte Caracalla dans la dedicace
publiee par V. Pârvan, on aurait du avoir quarante-deux lettres en trois lignes, c'est-â-dire qua-
torzc lettres â la ligne. Or, dans la partie conservee, notre inscription presente de onze a treize let-
tres â ligne. Le nom etait donc trop long et on doit supposer que le fils de Septime Sevcrc n'a-
vait pas encore le titre de Pius — Evaefhjq, qu'il porte â partir du 1-ier avril dc l'annee 200 l).
Comme, d'autre part, il est ainoxQ<i.T(OQ, c'est-â-dire empcreur comme son pere, ce qu'il n'est
devenu qu'au mois de mai de l'annec 198, le monument a 6t6 probablement eleve cntre cette
date et le 1-ier avril de I'annee 200.
Nous aurions donc, jusqu'â present, a Histria trois monuments elev6s en l'honneur de
Caracalla qui s'echelonnent dans le temps de la maniere suivante:
1. V. P â r v a n , Histria, IV, no. 32, d6dicace â Caracalla simple Cesar: 196—198,

-k iXO 1
Fig. 26

2. Notre inscription, dedicace â Caracalla avroXQOVUDQ, mais pas encore F.voefî/jQ:


198—200, et
3. V. Pârvan, Histria IV, no. 33, dedicace â Caracalla avroxQ(iro)Q et evoefirfc;:
200—210 2).

6. Petit fragmentde marbre (fig. 21). H a u t e u r : 0m,095; largeur: 0 m , l l ; epaisseur: 0m,03.


Nous Usons:
— — — flVYj-]

[TWV] ldio)[v ă-J


[veOtjxev].

*) Liebenam, Fasti consulares, p. 110. II observe, en meme temps, que l'empereur aurait
2
) V. Pârvan, ouvr. cite, p. 644, a fixe cette datte du avoir â cote de HaqOixov le complement Meyia-
en tenant compte du fait que Septime Severe ne porte Tov; mais cette incorrection se trouve aussi ailleurs
pas encore le titre de Britanicus, qu'il reţoit en 210. (cf. CIL III, p. 2430).

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F O L I L L L S D'HISTRIA

C'est un fragment d'une petite stele funeraire. Elle date du commencement du I l l - e siecle
ap. J.-C. comme l' indique l' (i) cursif qui apparaît a Histria dans une dedicace â Septime
Severe ') et une autre â Maximus, fils de Maximinus 2 ).

7- IKMHCHCC â CJonlioii (fig. 22 et 23). Plaque de calcaire j a u n â t r e , tres friable. H a u t e u r : 0*n,36;


Iargeur: 0 ^ , 3 2 ; 6paisseur: 0 m , l l . Elle devait faire partie d'un autel ayant la forme d'un paral-
lelipipede et orne d'une corniche; le fragment garde encore les traces de la corniche.
Nous lisons:
Imp(eratori) Cae(sari)
M. Anto-
nio Gor-
[d]i[ano]

La qualite de la pierre, l'ecriture irr6guliere et negligee nous font croire que le monument
a 6te eleve par les paysans d'un des vici situes sur le territoire d'Histria. II est le second trouve
dans les fouilles et dedie â Gordien. L'autre exemplaire est une dedicace des cives Romani et
Lai consistentes vico Secundini 3 ) . Elle est gravee sur un bloc de pierre calcaire, de bonne qualite
et elle est surmontee d'une corniche ornee d'une rosace entre deux rinceaux. Malgre cela la
gravure est tout aussi irreguliere et negligee que dans notre nouvelle inscription.

8. (.nitlilr dc l;i hiiKiliquc ;'i nbsidc (fig. 24, 25 et 26). II se trouve â l'interieur de la basilique
dccritc plus h a u t , p . 384 et suiv., sur le cote droit de l'abside 4 ), â une hauteur de lm,50. Les
lettres ont 6te grav6es avec une pointe dans le crepi encore humide. Elles forment deux groupes.
 gauche, on aperţoit une serie de barres verticales et de cercles. Le texte, â proprement par-
ler, si toutcfois c'en est un, semble s'etager sur quatre lignes:

— cp
I I I o | 0 <p
0 0 x x —
lud.mka(ou d ou is)

Le groupe de gauche semble etre forme de dessins geometriques qui n'ont aucune significa-
tion. Le groupe de droite presente des caracteres grecs et des caracteres latins. Aux lignes 1 et 2,
qui sont tres endommagees, il n'est reste qu'un rp. La ligne 3 semble etre composee d'une serie
de x ou de ^, interrompue par des c. Â la ligne 4, on peut lire sept lettres dont la quatrieme
est endommag6e; la sixieme paraît etre un k.
Le sens de cette derniere ligne m'echappe. E n revanche, la forme des lettres offre des in-
dications concernant la date ou le texte a ete grave. II est en minuscules cursives. La lettre
u apparaît sous cette forme, avec la barre de droite descendant sous le niveau et s'incurvant
parfois sous la lettre, â partir du IV-e siecle ap. J.-C. 5 ) . La lettre m, avec la ligne de liaison entre
les barres verticales recourbee et la barre de droite parfois incurvee â son extremite inferieure,

4
') V. Pârvan, Histria, IV, r»o 31. ) Voir plus haut, p. 386 fig. 6.
2 5
) V. Pârvan, Dacia, II, 1925, no 42, p. 245. ) Le Blant, Retue Archeologique, 1897, t. X X X I ,
3
) Dacia, II, 1925, p. 246, n o 43. p. 172 et suiv.

www.cimec.ro 409
S. LAMBRINO

est attestee â partir de 338 dans dcs inscriptions de Rome et de la Gaule ' ) . E n Orient, nous
la trouvons avec cette forme dans un rescrit de l'empereur Maurice Tibere (582—602), trouv6
â Ephese 2 ). Le graveur de cc monument, a la fin du texte grec, a reproduit sur la pierre la
formule de la date, ecrite en latin. Comme il ne connaissait probablement pas cette langue, il
a imite servilement le texte qu'on lui avait presente en minuscules cursives. Nous y trouvons
m â la ligne 2, et, en meme temps, les lettres u et d qui ont des formes semblables â celles
de notre graffite d'Histria.
Les monnaies aussi nous donnent une indication chronologique concernant la minuscule
cursive employee en Orient. Les memes lettres sont employees sous les mSmes formes sur les
monnaies â partir de Tibere I I Constantin (578—582) 3 ) et de Maurice Tibere 4 ) .
L'epoque ou aparaissent ces formes de lettres dans les inscriptions et sur les monnaies nous
font croire que le graffite dont nous nous occupons a du etre grav6 au plus tot dans la seconde
moitie du IV-e siecle ap. J.-C.
SCARLAT LAMBRINO

1
) Ibid., 1897, t. XXX, p. 33: annee 338 (De Rossi, xantinei, I, p. 232, n« 12 et 13: «indice m sur-
Inscr. christ. urbis Romae, I, n<> 50); annee 424 (De monte de la croix » ( = pl. X X X I , 1 et 2); p. 231,
Rossi, no 642); annee 527 (Narbonne); etc. no 2: uICTOR T l i E R I . AuG ( - pl. XXII, 14);
2
) R. Heberdey, Jahreshefle des ost. arch. Inst., p. 235, no 38: « indice u» ( = pl. XXIV, 6); etc.
1907, Beibl., col. 67—69. *) Ibidem, p. 239, no 2: D(ominu8) N(oster)
3
) Sabatier, Description gSnerale des monnaies by- mAVRIC(ius); etc.

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CALLATIS

I l l e RAPPORT PRELIMINAIRE

F O U I L L E S E T R E C H E R C H E S D E 1926

Les fouilles entreprises â Mangalia pendant l'ete de 1924 nous ont permis d'etablir que
le centre commercial de l'anciennc cit6 de Callatis — ou une portion de ce centre — etait
situe sur le terrain occupe actuellement par la cour et la maison du marechal ferrant Con-
«tantin Dan. Cette conclusion nous a 6te fournie par les restes d'architecture et de ceramique
d6couverts â cette occasion.
Ces fouilles ont mis â jour du cote Sud de la ville actuelle de Mangalia, le long de la
plage, entre la r6sidence de la sous-pr6fecture et l'edifice de la douane, jusqu'au jardin
public, les vestiges importants de differentes constructions antiques. Ces vestiges subsistent
sous le sol de la ville, â un point ou la surface est presque plane, legerement inclinee
vcrs la mer.
Dans cette r6gion de la ville nous croyons reconnaître une partie du port antique de
Callatis.
Apres avoir identifie le quartier commercial et celui du port, nous nous sommes
demande si l'acropole callatienne pourrait etre delimitee, et, dans le cas ou nous
trouverions des points de repere pour en circonscrire l'ctendue, si le quartier com-
mercial et celui du port se trouvent dans l'interieur de la fortification callatienne aux restes
visibles.
Pour eclaircir cette question nous avions besoin de faire des fouilles dans les terrains
vagues avoisinant la basilique fouill6e, en 1915, par M. Teodorescu, ou apparaissent des restes
considcrables de la fortification.
Les sondages et les fouilles pratiques dans le boulevard Maria ont mis â jour, pendant l'ete
de 1925, entre la villa du docteur Buterescu et le terrain de H . Theocharidis, des murs com-
plexes aux colonnes en briques dans la partie superieure; dans la cour de Anastasios Curti et
dans la rue, en face de la maison de A. Curti, on a decouvert egalement un canal de grandes
dimensions.
Mais la question de l'acropole callatienne n'a pas ete resolue par ces decouvertes.
Cependant un grand mur decouvert par nous devant l'ancienne auberge, appelee encore
« H a n u l Stamatopol», nous a conduit assez pres de la solution de la question de l'acropolc
callatienne.
A la fin de la campagne de 1925 nous avons decouvert une partie de la muraille de la
fortification callatienne.

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THKOPHIKK SAUCIUC-SAVKANU

Dans la revue «Dacia» I I , 1925, p . 112, nous disions: « Le mur de la fortification


s'etend et peut etie poursuivi jusqu'â la ruc qui vieut de la route de Constanţa, le long de

Fig. 1

l'eglise roumaine. Le mur semble traverser cette rue sous la terre et se rallier, plus au Nord,
au mur qui vient de la mer. II serait tres interessant de savoir commcnt sc fait la jonction
des murs sur le terrain de Promethee Vasiliu, â cet endroit ou nous sommes tentes â
supposer une tour et une porte de la ville ».

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CALLATIS III

I. L E S FOUILLES

1. Les murailles de Vacropole


Les fouilles de l'ete de 1926, pratiquces en juillet, avec le concours de MM. Procopie
Bilan, Laur Gârbu et Dr. Hippolyte Ţopa, avaient pour b u t de poursuivre la direction
de la muraille p a r t a n t de la plage, au Nord de la maison de M. Motaş, et â l'Est de
«la basilique» dite de M. Teodorescu. Nous voulions savoir si cette muraille est coupee
par la muraille dccouverte par n o u s x ) , en 1925, pres de l'ancienne auberge dont le nom
actuel, ainsi que nous l'avons dit plus h a u t , est « Hanul Stamatopol » (voir le plan general
ă la figure no. 1).

Fig. 2

Cette muraille part de la plage et se dirige vers l'Ouest, en constituant le mur Nord de la
basiliquc mentionnee plus h a u t , l'arete de l'escarpement situe au Nord de la ville, parallele
â l'ancien fosse appele impropremcnt « Valul lui T r a i a n » (voir l'escarpement et le fosse â
la fig. 2). Elle peut ctrc suivie sur une distance de 375,5 m.
Cette muraille, large d'environ 3—3,20 m, est conservee, par endroits, j u s q u ' â une
hauteur de 2,45 m. A son point de depart, a. l'Est, elle s'est conservee â une hauteur
rernarquable. Mais le terme actuel de la muraille n'est pas le meme que dans l'anti-
quitc. La mer a ronge, au cours des siecles, les bords de Callatis (voir le rivage de Mangalia
â la fig. 3) et a detruit une portion considerable du rivage, y compris les blocs de la mu-
raille et des tours.
Le rivage, au point ou apparaissent â present des restes considerables de la muraille
antique, est h a u t et abrupt. On voit aujourd'hui encore, lorsque la mer est calme, beau-

') Voir le rapport Dacia II, 1925, p. 109 et suiv.

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THEOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

coup de blocs de la muraille apj)araissant ă la surface de l'eau. Voir la photographie 4,


qui, prise du large, representc le rivage ecroule avec les restes de la muraillc et d'une tour
en h a u t , bcaucoup dc blocs dans la mer, en bas.

Fig. 3

La muraille Nord de la ville presente sur sa face Nord un travail plus soigne (fig. 5)
que du cote Sud (fig. 6). La muraille, qui par endroits a une hauteur de 2,45 m, presente u n
retrait de 10 cm â partir de la base.
A l'extremite orientale de la muraille conservee se trouvait une tour pour la recon-
struction du plan de laquelle nous avons trop peu de restes (voir le plan â la fig. 7) Nous y

Fig. 4

avons trouve la terre bouleversee j u s q u ' â une profondeur remarquable, probablement par des
habitants en quete de pierres de taille. C'est une tour saillissant de l'cnceint, de 10,30 m
du cote Est et de 10.10 m du cote Ouest. La largeur de la tour, mesuree â la facade
Nord est de 11 m.

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CALLATIS III

A 88,30 m de l'extremite
orientale de la muraille Nord,
on remarque, au Nord de la ba-
silique, une seconde tour (dimen-
sions: 6,20 x 7,80 X 6,14 m). La
largeur du mur de cette tour
est de 1,78 m. Voir le plan â la
fig. 8.
La photographie de la fig. 9
represente le mur Ouest et le
coin Ouest-Nord-Ouest de cette
tour.
A une distance de 84,20 m
nous nous sommes heurtăs aux ves-
tiges d'une troisieme tour de dimen-
sions p l u s g r a n d e 8 : 8 , l x 9 , 2 x 8 , l m .
La largeur du mur de cette tour
est de 1,55 m. Voir le plan de
cette tour â la fig. 10.
La structure du mur de cette
tour est indiquee par les sections
suivantes: a la fig. 11, la section
du mur E s t ; â la fig. 12, celle du
S u d ; fig. 13, du Nord, et 14, de
l'Ouest. La figure 15 nous montre
une partie de l'intărieur de la
tour et le coin S-E bien travaill6
de cette tour, â une profondeur
de 2,30 m, tandis qu' â la fig. 16

nous avons le coin N - 0 et le cote


■• v >' • <i >' -• %A V *■<■ ' r * **—• • -*-: ■
Nord du mur de la troisieme tour.
Les fouilles qui y furent commen-
cees nous ont renseignes sur la
*w$&
structure et les dimensions de
cette tour.
De la troisieme tour de la
muraille au Nord de la ville,
jusqu'â l'extremite occidentale
de cette muraille la distance est
de 196 m. Nous ne doutons pas
qu a un pomt situe approxima-
tivement au milieu de cette distance, il y ait une quatrieme tour.

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THEOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

Nous n'avons jjas fait de fouilles lâ ou nous pensions d£couvrir la tour, Nous n'avons
pas voulu inquieter le projjrietaire, dont le jardin bien plante d'arbres fruitiers (si rares â
Mangalia) et de ceps de vigne cache sous terre les vestiges d'une tour.

1 LEGENDE:

— Mur inis u jour.


0 i^r — Mur encore cou-
vert de terre.
Bord du terruin
I'ouillc.
Profondeur de l.i
o I'ouille.
Huuteur du iiiur.
Fig. 7. Tour No. 1 □

N
II

©
o; — 3-

: 1
i 1-

; i

:© ©l
Fig. 9
i i —~—
Fig. 8. Tour No. 2

La muraille Nord, partant de la mer, atteint le terrain de Promethee Vasiliu, ou elle se


termine par une tour. Les fouilles y commencees durent etre interrompues et puis suspendues
ă cause de l'opposition du proprietaire du terrain.

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CAI.I.ATIS III

A peine avons nous reussi u preciser lu lurgeur de 4,50 m de la muruille Nord, deux coins,
le coin S-0 de l'interieur (voir le coin S-0 vu de l'Ouest, ă la fig. 17; vu du Nord â la fig. 18) et

4
9

r 9!
4

F^

© ©

Fte. 10. Tour No. 3

^ ^

-— 5

Fig. 12
Fig. 11. Tour No. 3 (Est) Tour No. 3 (Sud)

^mmmr^m^
*

Fig. 13. Tour No. 3 (Nord)

le coin N - 0 de l'interieur (voir la fig. 19) de la fortification; nous avons decouvert aussi une
petite partie de la muraille Ouest.

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27 Dmiu III IV 1927/932
THfiOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

Les fouilles, avant que les protestations du proprietaire du terrain ne nous eussent
oblige ă les arreter, n'avancerent que tres len-
tement â cause de monceaux de decombres
existants â cet cndroit.
A raligncmcnt du cote Ouest de la tour
suit la muraiUe decouverte par nous, en 1925,
sur le terrain pres du « Hanul Stamatopol »,
dont la tour a 6te indiquee par nous :
Dacia I I , 1925, p. 112, fig. 22.
Cette tour (dimensions: 15,5 X 19 X 15,5 m)
est situee â une distance de 52 m de l'ex-
tremite Ouest de la muraille Nord de la ville.
La muraillc de l'Ouest, qui vient de la
direction de « Hanul Stamatopol » et presente
une petite dăviation 1 ) (voir cctte muraille â
la fig. 20) vers le N-O, et la muraille du Nord,

ţWWWI

. \ - :A .J -
Fig. 15 Fig. 14. Tour No. 3 (Ouestj

venant de la mer, se cou-


pent sur le terrrain de
Promcteu Vasiliu, pres
de la route de Constanţa.
Voir le plan â la fig. 21.
Les protestations du
d&'*
proprietaire du terrain
nous ont empeches de
recueillir tous les €\e-
ments necessaires pour
preciser le point de croi-
sement des deux mu-
railles mentionnees plus
haut, ainsi que les di-
mensions de la tour au
coin N-O.
Fig. 16

') En ce qui concerne la deviation, nous avons de la tour est une reconstitution. La situation actuelle
parle dans la Dacia, II, 1925, p. 111, d'un angle, resulte des fouilles pratiquees en 1926.
qui n'est pas un angle droit complet. La partie N-E

www.cimec.ro 418
CALLATIS III

II serait tres interessant de connaître Ic mode de jonction des murailles dans cette region
de la ville. II est probable qu'il y ait eu une tour plus fortifiee. En tout cas, il ne s'agit

^2?SK^

Fig. 17 Fig. 18

Fig. 19

419
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27*
T H E O P H I L E SAUCIUC-SĂVEANU

pas d'une grande porte comme nous avions suppose tout d'abord. Ceci â cause du terrain qui etait
escarpc autrefois â ce point-lâ. Nous avons ecrit en Dacia, I I , 1925, p. 112, que la plaine actuelle
pres du « Hanul Stama-
topol» date d'une epoque
tres recente, que les vieil-
lards de Mangalia se sou-
vicnnent encore des gouf-
fres d'autrefois, bour-
res de decombres amon-
ccbîs â cet endroit au
cours du dernier demi-
siecle. Les fouilles etaient
egalement rendues tres
difficiles par la presencc
d'un abondant gravois
poussiereux qui devait
etre extrait d'une grande
FiR. 20 profondeur.
Mais tout cela valait
la peine, puisque nous avons sans aucun doute constate que la muraille E - 0 croise la muraille
S-N, dont la decouverte —nous ne saurions lc pas-
ser sous silence — fut pour nous une assez grande
surprise. Qui aurait cru que la muraille Nord de la
ville, â direction EO, cut pu prendre la direction
de l'ancienne auberge « Hanul Stamatopol»? < i
rrri
I
La decouverte de cette muraille et du point
de jonction des murailles EO et SN nous laisse
entrevoir les limites de l'acropole callatienne â
une certaine epoque de l'antiquite.
Le fosse, improprement appcle « Valul lui
Traian », longeant la periphcrie de la ville ac-
tuelle, — il figure sur la carte dressee par M.
le commandeur Dimitricvici de Mangalia, publiee
par M. le professeur 0 . Tafrali dans ses articles
sur la cite de Callatis,—ne faisait pas directement
partie de la fortification deCallatis que nous avons
decouverte. Le fosse paraît dater d'une epoque
anterieure ou posterieure â celle de la muraille. U
represente un moyen provisoire de defense de la
cite qui s'est developpee â une certaine epoque Fig. 21
autour de l'acropole callatienne.

2. Le quartier du port
Le terrain vague entre la douane et Ia rue situee au Nord du jardin public de Mangalia,
a ete aussi I'objet des recherches et des sondages archeologiques de l'ete de 1926.

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CALLATIS III

Nos fouilles furcnt commencees en un point situe ă 18 m au Sud de la douane et â iy2 m


â l'Ouest de la rue passant â l'Est de la douane, le long dc la plage.
A une profondcur de 2,5 m nous y avons decouvcrt unc fontaine. En continuant ies
fouilles dans la direction Est, nous avons decouvert, â un niveau plus eleve, plusieurs degres
d'escalier, cn pierre calcairc, desccndant a
cette fontaine (voir la fig. 22). Le prcmier de-
gre a ete rencontr6 â 90 cm sous terre. Les
six degres ont presque tous les memes dimen-
sions: 10 cm de hauteur, 40 cm de longueur
et 25 cm de largeur.
Au nivcau de l'avant-dernier degrc on
remarque une sortc de bassin rudimentaire.
A chaque extrcmite, des deux cotcs du de-
gr6, on voit dcux grandcs plaques en calcaire

Fig. 22

placees sur d'autres pierres ayant forme jadis


une sorte de reservoir d'eau.
A 17,50 m au Sud de la douane et â 12 m â
l'Ouest de l'escalier mentionne plus haut, nous
avons dccouvert une couche de blocs qui nous
a permis d'identifier un caniveau â direction
N E — E. Le caniveau a ete creuse dans des
Fig. 23 blocs larges de 75 cm (voirlafig. 23). La largeur
du caniveau varie de 20 â 40 cm. Sa profon-
deur est de 30 cm. Le caniveau est recou-
vert de plaques ciment6es en calcaire, epaisses de 10—12 cm.
II appartient au quartier antique du port, dont les constructions nombreuses et complexes
d'autrefois ne sont plus reprcsentees â l'heure qu'il est que par des vestiges aussi insigni-
fiants que peu reconnaissables.

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THEOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

3. La necropole pres du cimetiere turc

En dehors de la muraille Nord de l'acropole, nous avons signalc, en 1925, les vestiges
d'une necropole d'une assez vaste etendue (voir Dacia I I , 1925, p. 114), dans le terrain â bâtir
de la « Fundaţia Culturală Principele Carol ».
En 1926 nous avons decouvert unc autre necropole dans une region differente de la ville.
A l'Ouest de Mangalia, sur le chemin qui conduit aux bains sulfureux pres du « Ghiol », on
voit, derriere le cimetiere turc, un groupe de trois tumuli â proximite du point ou se
trouve le sarcophage de Gaios Philodespotes, dccouvert en 1895, avec une inscription pu-
blice par Gr. Tocilcscu, Arch.-epigr. Mitteil., X I X , p. 109, no. 65.
A l'endroit indique precedcmment, nous avons fait plusieurs sondagcs. On peut y voir en
cffet un grand nombre de tessons, de fragments de marbre et surtout d'objets simples c6-
ramiques, d'amphores, d'anscs et de pieds, dispcrses partout â la surface des champs, remu6c
par le fer des charrues.
Sur un tertre joignant les deux tumuli mentionnes plus haut et â une profondeur de
70 cm nous avons rencontre beaucoup de tessons,
d'anses et de pieds de vases en forme de tasses ct
d'assiettes. On y a decouvert egalement un petit
vase, haut de 9,5 cm en argile fine de couleur ocrc-
chair, ayant une cassure â son goulot (voir la fig. 24).
Dans un autre fosse, â 1 m de profondeur, nous
avons trouve, parmi les restes de cendres, de char-
bons et de tessons de nldoi, un autre petit vase
brise â trois endroits, h a u t de 7,5 cm, en argile bien
cuite, de couleur ocre-chair, parseme' dc taches noires
(voir la fig. 25).
Les vases de cette forme, trouv6s dans ce milieu,
n'ont pu avoir d'autre destination que celle de servir
au culte des morts. Fig. 25

Le sarcophage de Gaios Philodespotcs mentionnc


plus h a u t et ces vestiges ceramiques nous attestcnt l'existence d'une necropole dans cette
region de la ville, ou, â une profondeur de 1,5 m, nous rencontrons la terre vierge.

II. INSCRIPTIONS
1. En marbre et en pierre calcaire
a) Nous avons trouve â Mangalia, en aoilt 1926, un fragment de calcaire coquillier, haut
de 26 cm, large de 37 cm â la base, de 40 cm â la partic superieure, epais de 13 cm, qui porte
une inscription grecque. Ce calcaire, qui se trouve, â pr6sent, au musee de Mangalia, est
casse au-dessus et au-dessous.
II est taille â droite et â gauche et presente des rebords. Le travail de ces rebords date
probablement d'une epoque posterieure.
La surface portant l'inscription n'est pas lisse, â cause de la matiere difficile â travailler.
Les difficultes qui s'opposent au dechiffrement de l'inscription augmentent par suite d'une
autre circonstance. Toute la surface du calcaire, excepte les trois dernieres lignes de l'inscrip-
tion, est plus ou moins fortement grattee.

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CALLATIS III

De petits restes de lettres effacecs seulement en partie rendcnt difficile la lecture du


texte ecrit au-dessus.
II n'est pas douteux que ce calcaire et son inscription ait eu u n passe assez agite.
Nous croyons pouvoir distinguer trois ecritures dans le texte de cette inscription. II faut
d'abord preciser le nombre des lignes ou des restes de lignes reconnaissables. II y a 14 lignes,
dont la premiere, « in rasura », ne presente aucun vestige pouvant trahir avec certitude l'une
des lettres. Cette ligne est suivie p a r quatre rangees de lettres, qui ont un caractere d'impro-
visation negligente. L'execution des lettres est bien loin d'etre soignee. Les lettres ont
une grandeur qui varie de 1,2 cm â 2 cm.
A la ligne 3, elles sont de 1,6 cm, le kappa de la ligne 4, de 1,9 cm. Les lettres sont incisees
d'une facon irreguliere n'offrant ni la meme profondeur, ni la meme largcur.
De meme, l'intervalle qui les separe n'est pas cgal.
Rebus sic stantibus, il n'est pas aise de fixer le nombre des lettres de l'une des cinq
premieres lignes de l'inscription, d ' a u t a n t plus que la largeur du calcaire varie et que nous ne
sommes pas du tout ccr-
tains que la marge droite
ne'soit d'une date poste- •<w<*
<^Bi
rieure â l'inscription.
A cause de la surface
rugueuse, le lapicide est
souvent contraint d'evi-
■c^
ter lesaccidentsde la sur-
face, — surtout les nom-
breux trous,— et d'aban-
donner la ligne droite ainsi
que le prouvent tres clai-
rement, â la ligne 3, lcs
lettres xi dga^fl.
Voici la photogra-
phie du calcaire (fig. 26)
Flg. 26
et le texte en majus-
cules de l'inscription:

I IIIIII IIIIIIIIIIIIIIIIIIII I
9cm MO0IA . NIIE . IEPIAYAI
VV
8 cm NAI 6 c m ^E. TIAPAXM
" 4.5 cm ' TlilANKÂTA TA . . N TAMMKIQN
"*%.'**.'. TANEKTQN KA . . QMOIIQN
I I I IIIIIIII I II IIIII I II II III I
8.5 Cm PYKAEP . . E . KAI EIIIA . . AIIPA
2 cm N TQN EIIArQrEQN AIIOAAQN . ANE0.
ii em " Y POY TOY IIPEIBY : EN AE TQI A
10 4 cm 'A . MA . KOY TOY MOPIIQNOITO. M..
12 cm KAI TO AIKAITHPION AIIOAAQ .
12 cm TI NYKTOI ETllTAN ATIOPIA
18 cm TA 0OPTIA TQN EMTIOP
36 cm Ţ , EflITIMIQ

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TH EOPH ILE SAUCIUC-SĂVEAN U

Apres la ligne 5, suit une rangce de lettres totalement effactfes.


La ligne 7 et les suivantes presentent une autre sorte d'ecriture. Les lcttres « leviter t a n t u m
incisae » trahissent comme les rangees precedentes la hâte et la necessite de vaincre les ob-
stacles. Les lettres assez irregulicres sont plus petites (0,6) que celles des rangees anterieures.
Des la ligne 10, l'ecriture paraît devenir un peu meilleure a u t a n t que l'etat de cette partie
tres gâtee du calcaire nous l'indique.
Nous signalons ici quelqucs formes de lettres dc cette partie: L'alpha a la barrc transversale
droite, mais dans le mot dnoQia, â la ligne 12, la barre est brisee. Le kappa presente â la seconde
partie un angle aigu. L'omicron cst plus petit que les autres lettres. La secondc barrc du pi cst
plus courte. Le sigma n'a pas une forme carree. Les deux barres exterieures ne sont pas parallelcs.
A la ligne 2 : dans l'espace de 9 cm dcvant le ju nous eroyons voir dc fort petits restes
d'un alpha. Comptant sur cet alpha, les lettres /uocplX nous suggerent un nom proj)re comme
AajUOCplX. Cf. l'alpha doricum p. ex. dans l'inscription callaticnne, Dacia, I, 1924, p . 128, no. 1,
ligne 2, 5 et ailleurs.
Entre le phi et le iota il paraît y avoir un intervalle relativemcnt troj> grand.
Apres le lambda suit une lettre meconnaissable. II est difficile de preciser si a la fin de
la ligne nous avons un mot du radical IEQ et un autre du radical avX ou quelque mot compose.
A la ligne 3 : l'espace entre le delta et les lettres ridQa%ii est de 15 cm. Nous ne pouvons
pas reconstruire la forme du mot dQa^ir) que nous y rencontrons.
A la ligne 7, le dernier alpha se trouve au-dessus d'une lettre pas totalement raturce.
A la ligne 8, on lit rcov EÎoaycoyecov. Au sujet des EloayojyeTg Samiens, voir Laum, A. M.
1913, p . 5 et suiv. Voir aussi Sauciuc-Săveanu, Cultura cerealelor în Grecia antică, r>. 186.
Les EioaycoyeTg Samiens, au nombre de cinq, formaient un college d'imj>ortateurs publics.
Les lettres 'AnoXXcov . avsd' nous les complctons de la maniere suivante: 'AnoXXcov[ij
âvevx[i]xsv ou âvE'â[rjxav.
A la ligne 9, l'ypsilon devant le rho n'est lisible qu'en partie.
Apres le mot nQEofiv on remarque un double point.
Apres le dernier alpha de cette ligne on remarque encore une barre verticale.
A la ligne 10, les lettres A . jua . xov on est incline â les rallier au nom A [aj iidjojxov.
Au nom MoQOicov, cf. les noms M6QOCOV et MOQOI/IOQ chcz Pape-Bcnseler, l. c. s. vv. Voir
aussi Bechtel-Fick, Die griechischen Personennamen nach ihrer Bildung erklărt, ed. 2, 1894.
A la ligne 11 nous lisons le mot TO dixaorrJQiov. Nous ne pouvons pas prcciser si le mot
'AnoXX.co designe le dieu Apollon ou un simple mortel.
A la ligne 12, devant le premier tau, nous croyons voir une barre verticale. Peut-etre doit-
on lire ăvjri VVKTOQ. Cf. Dittenberger, Sylloge, ed. 3, 1025, 1. 40.
Apres VVXTOQ on lit les mots inl răv ânoQiaJv, et bientot apres, â la ligne 13, les
mots remarquables: ră cpoQrîa rcov i/uno [QCJOV.
A la ligne 14 nous relevons les lettres enirifi, qui peuvent composer une forme de l'ad-
jectif inirljuiog ou plutot du substantif ro iniriiiiov que nous rencontrons tres souvent dans
les inscriptions grecques dans l'acception de Vinin/ua=r)cinc, amende.

h) On a trouve â Mangalia un eclat en marbre blanc, haut de 11 cm, large de 5,5 cm,
epais de 3,7 cm. II n'y a aucun vestige de marge taillee. Voir la figure 27.
Les lettres sont hautes de 2 cm, le phi de 2,7 cm. Elles sont toujours incis€es entre deux
lignes tracees. La distance entre deux rangees de lettres est de 0,8 cm.

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CAM.ATIS III

La formc dcs lettrcs surmontees d'apices, — meme l'omicron est orne de dcux crochets —
indiquc unc date tres avancee.
Lcs lettres omicron, sigma et mcme le phi sont dc forme carrce.
L'alpha a une haste brisee. A Athenes les lapicides creent les formcs carrees â l'omi-
cron dc notrc inscription, cntre 120—210 aprcs J.-Chr. (Larfeld, Handbuch der griech. Epi-
graphik, I I , 2, p. 490).
Le sigma dc formc carrtfe se trouve, commc unc innovation, dans lcs inscriptions anti-
ques, des environ l'an 30 a v a n t J.-Chr. L'ypsilon porte, au point ou la barre principale se
hifurque, unc courtc ligne transversale. Lc prolongement d'une barre, comme nous la rcmar-
quons sur le [>hi dc la lignc 2 ct sur le delta de la lignc 4 est caracteVistique pour l'epigraphie
attiquc des annccs 50—120 apres J.-Chr. et se maintient dans les siecles suivants (Larfeld,
/. c. I I , 2, p. 487).
Nous lisons

A </> 0
I O Y
2 A

A la ligne 1 nous n'avons que deux petits crochets


ornant une ou dcux lettres detruites â prcsent.
A la ligne 3 devant lcs lettres O Y on voit une barre
verticale, qui peut etre un iota ou la seconde barre
Fig. 27
verticale d'un ny.
A la ligne 4, le reste de la
lettre devant les Z et A peut
etre la partie gauche de la
fourche d'un ypsilon.
De la ligne 5 nous n'avons
qu'un fort petit crochet.
c) Un fragment de vase en
marbre blanc, long de 12 cm,
large de 12,5 cm, epais de 4,5
cm â la partie superieure, de
2,5 cm a la partie inferieure.
C'est une petite partie d'un
rebord de vase, peut-etre bap-
tismal, qui porte les lettres

P 0 Y 0 E
Fig. 28

L'omicron a le diametre de 2 cm, le theta de 2,2 cm, l'ypsilon de 1,8 cm.


Le rho est certain, quoique nous n'ayons qu'une petite partie du rond â la partie supcrieure.

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THEOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

Le theta avec une petite barre horizontale au milieu, comme nous le trouvons ici, predomine
dans les inscriptions attiques de 50—120 apres J.-Chr. en face des formes du theta, avec ou
sans point au milieu, et du theta avec la ligne qui le partage en deux (Larfeld, 1. c. I I , 2,
p. 487).
Cette inscription de l'epoque chreticnne, que j ' a i vue chez un h a b i t a n t de Mangalia, peut
etre restituee ainsi:
loyyjqov 0e[ov

d) Un fragment de marbre, h a u t de 14 cm, large de 25,5 cm, epais de 28 cm, qui est cass6
â droite, â gauche et au-dessous.
II prcsente au-dessus sculcment une margc lisse et porte unc inscription, dont les lettres
ont la grandcur de 2,5 cm. Voir la figurc 29, no. 1.
On lit:

ozrYM iiiui
Apres la lettre M
nous ne voyons qu'une
barrevcrticale. Elle peut
etre n y .
Apres la barre ver-
ticale mentionnee plus
li.iui. nous voyons un
petit reste de lettre qui
peut appartenir â un
alpha, dclta, lambda ou
meme m y .
Fig. 29 Nous avons, peut-
etre, dans les dernieres
lettres de cette inscription, un mot qui prouve l'existence du yvjuvdfoiov a Callatis.
La forme des lettres my, sigma et ypsilon denote une epoque assez basse. L'omicron n'a
pas la forme petite.
Au-dessous de l'omicron nous voyons legerement incise, par une autre main, u n signe
semblable â un xi.

2. Sur Vargile et le plomb

a) Un fragmentde mfîog, au Musee de Mangalia, long de 19 cm, large de 8 cm, porte


sur le rebord, large de 5 cm, en deux rangees, les lettres suivantes:

OJQIXOQ
OIOQ

A la ligne 1 nous avons les lettres finales d'un nom, dont l'ethnique, â la terminaison oiog,
paraît suivre â la ligne 2. Voir la figure 29, no. 3.
Remarquable est la bonne forme de sigma, semblable a celle qu'on rencontre dans les in-
scriptions attiques aux environs de I'an 400 av. J.-Chr.

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CAIXATIS III

b) Un fragment d'embouchure d'un autre nlftoq, trouv6 â l'occasion de nos fouilles dans
le terrain de Prometeu Vasiliu, â present au Mus6e de Mangalia, large de 12 cm, d'une
circonf6rence ext6rieure de 1 9 X 2 cm, d'une courbe de 31 cm, avec deux incisions repro-
duites â la figure 29, no. 4.
c) On a trouve â Mangalia un fragmcnt d'anse avec unc petite partie du goulot, en argile
fine, d'une grande durete, de couleur terre de Sienne brulee, avec beaucoup de paillettes blan-
ches de m i c a ; il cst long de 11,5 cm, large de 5,2 cm, epais de 2,2 cm, la circonference de 12,2
cm, appartcnant actuellement â M. le docteur H . Slobozianu, Bucarest. Ce fragment porte
un sceau long de 3,8 cm, large de 2,6 cm, profond de 0,3 cm.
Le t h e t a , l'omicron et l'omega sont de forme plus petite.
On lit:
fJaoîojv I AÎOXQIOJV

E n t r e Gaotojv et AÎO%Q(OJV on voit les figures de deux jolis. vases, dont l'un en forme
d'oenochoe (voir Guhl-Koner-Engelmann, Leben der Griechen und Rbmer, ed. 6, 1893, p .
271, fig. 327, no. 26), l'autre en forme de noxr\Qiov sans anses.
Sur le cote 6troit du sceau, â droite, o n v o i t unesigle: la ligature des Iettres eta et beta.
Sur cette ligature dans les inscriptions attiques voir Larfeld, /. c. I I , p . 513, no. 7.
Nous connaissons beaucoup d'exemplaires d'anses de vases d'origine thasienne, trou-
v6es â Mangalia. Voir mon article, Dacia, I, 1924, p . 148, no. 2 et 3 et I I , 1925, p . 129 et
ss., no. 2, 3 et 4 et Tafrali, Rev. arch. X X I , 1925, p . 274, no. 14, et la meme inscription,
Tafrali, Arta şi Arheologia, I, 1927, p . 38, no. 14.
L'inscription de l'anse publi6e par Tafrali, Arta şi Arheologia I, 1927, p . 39, no. 19, qui
prouve les relations des Callatiens avec l'île de Thasos x ), doit avoir un autre nom que celui
indique â l'endroit cit6. La photographie ne nous donne pas la possibilite d'en restituer le vrai
nom. Mais je me permets de supposer que le nom de l'inscription publiee par Tafrali doive etre
lu de droite â gauche, comme dans l'inscription callatienne publiee par nous en Dacia I I , 1924,
p. 129.
Le nom Aischrion est bien connu dans le monde grec a n t i q u e ; nous le rencontrons â Callatis
pour la premiere fois.
d) Une ansc de vase, trouvee dans mes fouilles â une profondeur de 2 m, longue de 2,1 cm,
large de 4,5 cm, d'une circonference de 11,5 cm, epaisse de 2 cm, avec un petit fragment de l'em-
bouchure ct de la panse, en argile tres fine et dure, de couleur rouge clair, porte une em-
preinte a u x dimensions 5,2 cmX 1,7 cm, et Finscription:

âozjvvo/wv
'Ixeoiov
KXTJOOJV

A droite de cette inscription on voit la belle figure d'un oiseau, probablement un pigeon
dont la tete s6pare les lettres omicron et ypsilon de la terminaison du mot âorvvojuov.
Voir la figure 30, no. 1.
Remarquable est la forme carree (pas ronde) du sigma.
Le n o m ' Ixioiog, de meme quc KTTJOOJV, sont des noms assez communs dans le monde grec.

') Voir l'article de Seyrig, Quatre cultes de Thasoa, BCH, 51, 1927, p. 178—233.

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THEOPIIILE SAUCIUC-SAVKANU

e) Un fragment d'anse, long de 9 cm, large de 4,5 cm, cpais de 2,5 cm, d'une circonf6-
rence de 10,8 cm, en argile moins epuree, contenant beaucoup de paillettes de mica, de couleur
brun v a n Dyck, porte un sceau, large de 1,8 cm, qui est visible â une distance de 5 cm. Le
sceau a ete imprime de telle sorte qu'on ne sait pas s'il n'etait cncore plus long. On lit en
deux lignes les lettres suivantes, bien incisees, hautes de 0,6 c m :

MYPZIAEI
01 BAPAK

A cause du moment induit plus h a u t , nous ne savons pas si nous pouvons lier Ies lettres
MVQOIXEL aux lettres oi de la seconde ligne.
Pour le nom MVQOIXEL de notre inscription voir les noms propres MvQOiXog, MVQTIXOQ,
MVQTOQ, MVQTOJV, MVQOTVOQ, MVQOOQ. Pour le nom qui commence par les lettres liiiQax
nous n'avons pas une expljcation plausible. Y a-t-il quelque rapport avec l'îlc BagăXTj et le
golfe BaQaxrjg?
f) Un petit fragment d'anse de
xa s e
^'^fiS^^^. ^dfli^HB^^^H^MM^ ( v " ' r ' ; | figure 31, n<>. I). long
de 3,5 cm. large de 5 cm, 6pais de
2,5 cm, d'unc confe'rence de 11,5 cm,
en argile, de couleur terre d'Ombrc
clair, de travail et durete mediocre,
d6couvert dans mes fouilles, portc
une partie d'empreinte large de 2,5 cm
Fig. 31 , _r.
en longue de 6,5 cm.
L'inscription montre quatre lignes
de petites lettres â peine dechiffrables:

A . . . NO.
A
TOYT
BACIA
Fig. 30
La ligne 1 paraît avoir le m o t :
âfoTvJvofjuov ou ăfoTvfvofjiiovvTog.
A la ligne 4 sont remarquables les lettres ftaoiA.
Le sigma est de forme ronde.
g) Un fragment d'anse, â forte courbure, long de 1,8 cm, large de 5 cm, epais de 2,3 cm,
d'une circonference de 11 cm, en argile de couleur terre de Sienne brîilee, porte un sceau
particulier aux Thasiens, de forme carree (3,5 c m X 3 , 5 cm). Voir la figure 3 1 , no. 2.
L'inscription montre les lettres:

0ACIDN I AHC

Le theta est un omicron avec le point au milieu. L'omicron est tres petit et â peine vi-
sible. Le sigma est de forme ronde.
L'omega est plus grand.

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CALLATIS III

Entre QaaCojV et le nom dont la terrainaison est br/g on voit la figure d'un objet qui res-
semble â un poignard dans une gaine.
h) Un petit fragment d'anse de vase, long de 5,8 cm, large de 4,6 cm, epais de 2 cm,
d'une circonf6rence de 10,3 cm, en argile fine de couleur terre de Sienne brulee, montre
l'imprcssion d'un sceau aux lettres:

vda
ov

A la ligne 1, on nc remarque aucune lettre certaine. L'omicron est petit. Voir la figure
32, no. 2.
i) Un fragment d'anse, avec une partie de l'embouchure, en argile tres fine, â paillettes de
mica, de couleur ocre-j-blanc, long de 4 cm, large de 4,5 cm, epais de 2 cm, d'une circonference

de 10,2 cm, porte une empreinte, large de 1 cm et longue de 2 cm. L'inscription fragmentee pre-
sente â droite une couronne de lauriers et les lettres ZO Y bien lisibles. Ces lettres, nous n'en
doutons pas, etaient precedees par d'autres lettres, dont nous avons quelques restes â gauche
dc la couronne en relief. Ces petits restes peuvent indiquer plutot la lettre sigma. Voir la fi-
gure 32, no. 3.
j) Un fragment d'amphore, long de 14 cm, l'embouchure ovale (9,5 c m X 8 , 2 cm), avec les
restes de deux anses, porte sur son goulot un sceau, long de 4,5 cm, et large de 2,5 cm, negli-
gemment imprime. Voir la figure 33. En deux lignes, on voit incisees les lettres:

PTEM
YO YPPJI
A droite, au milieu, entre la premiere et la seconde ligne, on voit la figure d'un vase, pro-
bablement d'un Xav&aQOg.
A la ligne 1, le rho est presque certain. Nous croyons voir devant le rho encore un alpha.
Nous aurions ici un nom, dont la premiere partie est 'Ajgzeju.

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THEOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

A la ligne 2, la ţ)remiere lettre n'est j)as reconnaissable. Klle est peut-etre un omicron.
Apres les lettres o] v, probablement le genitif d'un nom masculin, on j)eut lire (")VQQI].
BVQQI], au lieu de TVQQT] (TVQQI]TOV, l a t . Tusci)?
k) Un fragment d'anse de vase, avec une petite partie de la bouche du vase, en argile
de finesse mediocre, de grande durete, de couleur ocre-chair brulee-f-blanc, long de 6,5 cm,
large de 5 cm, ej)ais de 2 cm, d'une circonference de 11,5 cm, presente une petite partie d ' u n
sceau large de 1 cm, aux lettres ov. Les lettres vont de droite â gauche. Voir la figure 34, no. 1.
I) Sur une anse de vase, d'une circonf6rence de 14 cm, en argile, de couleur ocre-chair -f-
blanc, avec beaucoup de paillettes de mica, nous voyons un cercle incise (d'un diametre de 1,3
cm) avec un petit trou rond au centre. Voir la figure 34, no. 2.
m) Un fragment de plaque en brique, long de 11 cm, large de 15 cm, cpais de 2,3 cm, j)re-
6ente une partie d'emprcinte, large de 2,5 cm, longue de 6 cm, qui est â gauche plus fortement
imprimee. On lit les lettres, grandes de 0,5 cm (l'omicron est plus petit, le sigma a u x barres
exterieures obliques):
'ĂQLOTOifOv}.
âoTvrof/io
tyiXovad

n) Un fragment d'anse avec une petite partie du goulot, â nervures â l'interieur du


goulot, en pâte grossiere, de couleur rouge-clair, porte une fragment d'empreinte, longue
de 3,3 cm, large de 1,6 cm, aux petites lettres (grandes de 0,4 c m ; l'omicron est plus petit).
On l i t :
CLOTVJ VO/IOV
fAVOV
— —■ dog

A la ligne 2, avant Ie n u , on voit la moitie droite d ' u n m u .


A droite des lignes 2 et 3 il y a un dessin representant u n raisin.
o) Chez Jean Charduvelis â Mangalia nous avons note, en fevrier 1927, un fragment d'am-
phore, â l'orifice d ' u n diametre de 8 cm et a u x restes de deux anses, larges de 5,5 cm. Sur le
goulot on voit une empreinte de deux rangees de lettres petites, incisees. On lit le n o m s :
' II QaxX)']daq
' ÂTioMwviog
A la ligne 1 j ' a i lu 'IlQaxlr]daQ, au lieu de 'HoaxlEi'drjq a t t e n d u par nous.

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CALLATIS III

p) Un fragment d'un objet rond, en argile fine et molle, de couleur ocre-chair, d'une circon-
ference de 11 cm, epais de 1,7 cm, presente des parties de 3 bandes concentriques ornees. La
premiere bande, large de 2 cm, est ornementee de dents de scie et de points, comme la piece
publi6e par Tafrali, Arta şi Arheologia, 1927, p . 28, no. 7.
La seconde bande circulaire, de la meme largeur que la premiere, contient une inscrip-
tion â peine reconnaissable. J e crois y voir les lettres A0O Y.
Apres l'ypsilon suit probablement encore un reste de lettre. L'alpha a la traverse brisee.
Le phi a la forme d'un triangle partage en deux par une barre prolongee. Voir la figure 32, no. 1.
De la troisieme zone ou ne voit que deux lettres, dont l'une peut-etre A ou A ; l'autre
est alpha.
J e ne connais pas le role de cet objet similaire â celui en pierre calcaire publie par Tafrali.
q) P a r l'amabilite du M. le docteur H . Slobozianu de Bucarest nous pouvons ajouter une
nouvelle piece a celles de poids en plomb connues par mon article de Dacia, I I , 1925, p . 132,
fig. 54 et par M. Tafrali, Arta şi Arheologia, I, 1927, p . 42 et suiv. Cette piece, propri6te de M.
Slobozianu, paraît avoir une forme carree. Elle a une largeur de 4 cm en h a u t , de 4,5 cm en bas.
La hauteur â droite est de 4,5 c m ; â gauche, de 4 cm. L'epaisseur au point du relief qui s'y
trouve est de 1,7 cm. Voir la figure 35. Le poids du plomb, qui pese 167,4 gr., est aplati â droite,
â cause d'une pression due au hasard, ce qui explique probablement la forme presque carree
du poids.
Le revers de la piece ne presente qu'une partie de la tete d'une divinite. Ce n'est qu'une
petite partie du visage qu'on voit: le coin exterieur de l'ceil et le cou sont â peine reconnais-
sables. La tete est bouclee du cote d r o i t ; une boucle est visible â gauche. La coiffure de
la tete, conserv6e â moitiă, paraît etre un nixaaoq. Au-dessus du petase on remarque un
appendice enfonc6 vers le nâxaooq. II n'est pas douteux que l'appendice ait servi â accro-
cher le poids.
Sur les revers on lit en deux lignes les lettres: Aio%i et X]Q .
Les lettres ont la grandeur de 1 cm, excepte le rho qui est de 1,2 cm. Le sigma est rond.
Les deux rangees de lettres sont s6parees par un objet en forme de massue ou plutot de
caduc6e. Le t a u â droite n'est pas douteux. II a et6 deteriore par la pression mentionnee plus
h a u t ou peut-etre par le coup de pioche. On remarque distinctement la barre verticale
du t a u . Les lettres Alo%i doivent nous indiquer le nom abrege du fonctionnaire responsable.
Les lettres X]QI sont l'abr6viation du XQtxrj. E n ce qui concerne ce mot, voir mon article en
Dacia I I , 1925, p . 132.

III

CERAMIQUE ET AUTRES PETITS OBJETS


Le resultat de la campagne des fouilles de 1926 a 6te, t o u t comme celui de la campagne
de 1925, tres peu satisfaisant au point de vue de la ceramique et des autres petits objets.
La plupart des recherches de l'annee 1926 ont ete faites autour des murailles de l'acro-
pole callatienne, oîi, comme je l'ai dejâ dit, il ne faut s'attendre que par exception â des
restes d'habitations antiques, d'ustensiles et d'outillage domestique.
La c6ramique que l'on y a decouverte presente un decor forme de raies courtes, incisees,
paralleles et disposees en rangees a intervalles plus ou moins grands (v. la figure 36, no. 1 et 3 ;
fig. 37, no. 1 et 2, ou ce d6cor se trouve sur le rebord des vases) et des combinaisons de can-

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THEOPHILE SAUC.IUC-SĂVLANU

nelures et /.ones de cannelures extraordinairement variees en ce qui concerne la forme, la


profondeur, la densite et les intervalles.

10

Fig. 38 Fig. 39

Plusieurs fragments de rebords de vases decouverts pres de la muraille, en argile tres fine
et dure, sont ornes de plusieures rangees (2—5) de raies courtes, paralleles.

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CALI.ATIS III

Les exemplaires reproduits aux figures 36, no. 4 et 5 ; 39, no. 1—9, peuvent completer
la sărie de tessons dăcrits par nous dans Dacia I I , 1925, p. 134 et s.
La figure 36, no. 5, nous montre un decor peint, circulaire, d'une patine blanchâtre.
Quant aux fragments căramiques trouv6s dans la năcropole pres du cimetiere turc actuel,

Fig. 40 Fig. 41—42 Fig. 4't

nous nc voulons mentionner que le grand nombre de tessons, surtout de petites ecuelles, une sorte
de cendrier en vernis noir et brun mat, tels que je les ai caracterises en Dacia I, 1924, p . 159.
Les fragments les plus interessants se trouvent aux figures 40 (Ies memes vases que 24 et
25)—45.
Remarquable est un tesson, dont la decoration est in-
diqucc â la figure 46.
Un petit fragment de vase en
argile au vernis noir, luisant, est re-
produit â la figure 47.
Un autre fragment de vase en
argile appartient au type de pateres
plates dont nous avons parle en
Dacia I, 1924, p . 163.
Le decor de ce fragment est re-
presente par des zones de cercles
form^s de raies courtes et paralleles,
incisees. Voir la figure 38.
A une profondeur de 2,5 m pres
de la muraille, nous avons decouvert
Fig. 48
un fragment de mortier sur un pied
de 11 cm. Le mortier est h a u t de
32 cm, et large de 27,5 cm. La partie superieure, dont la circonference est de 15 cm, a la forme
d'un arc. La paroi du mortier est epaisse de 7 cm. Elle est bien travaillee â l'interieur. Voir
la figure 48.
Une boule de calcaire d'un diametre de 8,5 cm a ete trouvee dans mes fouilles autour de
la muraille septentrionale de la fortification callatienne.

433
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28 Dacia III IV 1927/932.
THEOIMIILE SAUCIUC-SĂVEANU

Cette boule avait cu sans doute une destination militaire. Voir la figure 29, no. 2.
Les figures 49—53 nous montrent quelqucs picds de vases, j>robabIement tous d'am-
phores de formes diverses, trouves prcs dc la muraillc JNford de la fortification de l'acropole.
Un fragment de lamj>e ( Xv%vo<; ) , la partie superieure, cn j)âtc tres fine, de couleur ocre-
chair-|-blanc, ayant la patine brillante, long de 11,6 cm ct large de 6,3 c m ; l'epaisseur de la
j>aroi est de 0,7 cm. Le trou ă meche, conserve en jnirtie, ayant Ic diametre de 2,2 cm, montre
des restes de flammc.
Dans la deprcssion du milicu on voit une partie du trou â infusion, a y a n t le diametre de
0,8 cm et en relief la figure d'unc feuillc aux nervures tres bicn rcnducs.
Autour de ce milieu on voit une bande large de 2 cm ou alternent la rosette et le motif
decoratif gcometrique indiquc â la figure 37,5 et 54.
Une lampe ovale, decouverte pres
de la tour IV de la muraille Nord, hautc
de 3 cm, longue de
10,5 cm, large de
9 cm, montre â un
bout unc petite poi-
gnee, â l'autre un
trou ă meche ayant
le d i a m e t r e de
1,4 cm.
Au milieu un
peu abaisse et in- Fig. 50—53
dique par un cercle, on voit deux
t r o u s ; le diametre en est de
0,7 cm.
II n'est pas j>ossible de pre-
ciser le relief qui se trouve au
milieu, dans l'interieur du cercle,
a cause du mauvais etat dans
Fig. 49 lequel se trouve la piece. Fig. 54
La margc est ornee. Autour
du milieu on voit alterncr deux cercles concentriques avec un j>oint au centre et deux demi-
cercles concentriques avec le dard au centre. Voir la figure 36, no. 6.
La partie inferieure d'une lampc, longue de 7,3 cm, large de 6,2 cm, h a u t c de 2,5 cm, en
pâte tres fine et bien cuite de couleur ocre-chair, au vernis noir luisant â l'cxterieur.
Le trou â meche, avec des traces de flamme, a le diametre de 1,1 cm. Sur un cote de la panse
du Xv%voq on remarque un reste de poignee qui est perfore et servait â la suspension.
Voir la figure 37, no. 7.
A l'interieur on voit un omphalos ayant result»; de la compression subie par le fond du
pied bas.
Deux autres petits fragments de Xvyvoi se trouvent a la figure 37 no. 3 ct 4. Le premier
fragment est pare d'un decor de rangees de points.

Cernăuţi. THEOPIIILE SAUCIUC-SĂVEANU

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CALLAT IS
IV-e RAPPORT PRELIMINAIRE
FOUILLES ET RECHERCHES DE L'ANNEE 1927
I. L E S F O U I L L E S
1. Les fouilles du Boulevard Maria
La mairie de la ville de Mangalia, par le rapport no. 9 du 3 janvier 1927, adresse â la Com-
mission des Monuments Historiques aupres du Ministere des Cultes et des Arts, avait fait sa-
voir que des ouvriers engagcs au nivellement du boulevard Maria, le long de la plage, avaient'
rencontre aprcs la Noel, entre l'ancien edifice de la mairie, l'emplacement actuel du restau-
rant Luca, et le Cafe du port, â ras de terre, un mur large et epais bâti sur de grands blocs
equarris de calcaire.
«A cote de ce mur », dit le rapport, « et un peu plus loin on remarque beaucoup de
restes similaires de murs ».
La mairie de Mangalia demanda â la Commission des Monuments Historiques d'envoyer
un sp6cialiste â Mangalia. Le directeur du Musee National d'Antiquites de Bucarest, Vasile
Pârvan, dont la mort prematuree, le 26 juin 1927, a ete unanimement deploree, a y a n t recu
de la Commission (numero 22 du 31 janvier 1927) le rapport de la mairie de Mangalia, nous
a invite â faire d'urgence des recherches sur les lieux et â lui soumettre un compte-rendu
detaille de leurs resultats.
Le 12—17 fcvrier 1927 nous nous sommes rendus â Mangalia. Nous avons execute du 12
au 17 f6vrier de petits sondages et des fouilles dans le mur dccouvert par les niveleurs du
boulevard Maria. Le temps pcu convenable aux fouilles archeologiques ne nous a pas permis
de terminer les recherches commencees et de determiner la destination du mur.
E n communiquant au directeur V. Pârvan le resultat de ma tâche, dans mon rapport
du 1 mars 1927 je precisais ainsi:
« Micile săpături şi sondagii făcute de subsemnatul în jurul acestui zid nu au p u t u t evi-
denţiâ pe deplin, dacă zidul acesta face parte din fortificaţiunea vechiului Kallatis. Abia să-
pături mai mari ne vor puteâ lămurî rostul zidului şi al treptelor » ! ) .
Les fouilles archcologiques de l'ete de 1927 devaient commencer, bien entendu, â l'endroit
indique par la mairie de Mangalia. II fallait preciser le role du mur decouvert incidemment
dans le boulevard Maria par les ouvriers niveleurs. Les fouilles archeologiques pratiquees
pendant les premieres journees du mois d'aout 1927 ont pu rendre evidente sa destination.
C'est le mur qui au premier coup d'ceil paraissait avoir un escalier et une niche (voir la

') Les petites fouilles et les petits sondages que aux travaux de fortification de Tancienne Callatis. La
j'ai effectues autour de ce mur ne m'ont pas per- destination du mur et des marchepieds ne pourra
inis de me rendre compte s'il appartient, oui ou non, Stre precisee qu'â la suite de fouilles plus amples.

435
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28*
THfiOPHILE SAUCIUC-SAVEANU

figure 1); il est de mcme structure que la muraille au Nord de la iuaison de M. Motaş, pres de
la basilique de M. Tcodorescu.
Nous avons degage le mur sur une grande distance, â une profondeur de plus de 3 m, et nous
pouvons affirmer qu'il represente le cot6 Sud de la fortification de l'acropole calatienne.
Le cot6 Nord de la muraille montre une facade et une construction peu regulieres et tres
peu soignees. Entre les blocs du cote Nord on remarque du mortier roussâtre.
Du cot6 Nord, les quatre pre-
mieres rangces sup6rieures de blocs
ont une hauteur de 165 cm. La cin-
quieme rangee et les quatre ran-
g6es suivantes, hautes de 32 â 39
cm, accusent une saillie dc 10 cm
par rapport aux quatre prcmiercs
rangees. G'est une sorte de socle que
nous montre le fondement h a u t de
160 cm de cette muraille de la forti-
fication callaticnne. La muraille est
ici epaisse de 375 cm (voir la fi-
gure 2).
Le cote Sud de la muraille est
construit avec plus de soin que le
cote Nord, ce que nous avons constate egalement a la muraille pres de la basilique. Voir
la figure 3.
Les blocs y sont plus regulierement equarris, surtout â la partio supeneure des cinq
rangees de blocs, haute de 1,80 m.
Cette partie est reculee de 10 cm
de la fondation. Les blocs ont uno
hauteur moyenne de 35 cm.
Les rangees de blocs. se trou-
vant sous la ligne de blocs hauts de
35 cm, â saillie de 10 cm, sont mo
ins regulieres. La hauteur de ces
blocs varie de 31 â 38 cm. Leur lon
gueur est variable egalement. Bon
nombre de blocs ont le bord lisse,
large de 6 cm.
Cettc muraille, qui se trouve
sur l'emplacement du boulevard Ma- Kig. 2
ria, gît sous les terrains et les debris
de constructions situes â l'Ouest et â N.-O., sous ccux dc Marin Stavraca et sous l'entrepot
de Georgiade.
Nous ne doutons pas que cette muraille n e s o i t j o i n t e â la muraille du cote de l'ancienne
auberge appelee « Hanul Stamatopol ».
Nous ne saurions preciser si la ligne de la muraille decouverte par nous en 1925, pres de
I'auberge de Stamatopol, se croise directement avec la ligne de la muraille decouverte dans le

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CALLATIS IV

boulevard Maria. L'une ou l'autre pouvait former un angle avant de se couper, ce qu'il nous
est impossible de controler â cause des nombreuses constructions modernes du centre de la
ville de Mangalia.
M. Nicolai Stoya, qui possede un magasin dans la rue principale de Mangalia, au centre
de la ville, nous a declare qu'il avait rencontre en construisant sa maison une muraille sem-
blable â celle que nous avons decouverte â proximite de « Hanul Stamatopol ».
II est possible que les grands blocs que nous avons decouverts en 1925 dans la cour de C.
Anastasiou (voir mon rapport dans Dacia, II, 1925, p. 104, fig. 1) fassent partie de l'enceinte de
l'acropole callatienne.
Par ces fouilles nous avons constate l'existence d'une partie fortifiee de la ville antique,
d'une partie entour6e de murailles, l'existence d'une fortification solide et imposante, â l'in-
terieur de la ville, l'existence d'une
acropole, sans que nous en puissions
preciser la surface et sans que nous
puissions pr6ciser les d6tails de l'his-
toire, ni de l'acropole, ni de la mu-
raille. Mais les limites meme ap-
proximatives de l'acropole nous se-
ront tres utiles pour les futures
6tudes topographiques de Callatis.
Les fouilles pratiquees dans le
boulevard Maria, â 21 m au Sud de la
basilique, sur le torrain de M. Chr.
Melidi, n'ont donne aucun resultat.
Le fosse creuse par nous 6tait long Vi<r 3
de 3,5 m, large de 2,5 m et pro-
fond de 3 m.
2. Les fouilles dans le terrain de M. Magrin

Par les fouilles des annees 1924, 1925, et 1926 nous avons eu Loccasion de constater trois
quartiers de la cit6 antique de Callatis: 1) l'acropole, 2) le quartier commercial et 3) le quar-
tier du port.
Apres les 6tudes et les fouilles pratiquees autour de la fortification de l'acropole il parais-
sait absolument n6cessaire de faire des sondages dans les terrains se t r o u v a n t hors de l'enceinte
de l'acropole. Les terrains de M. Magrin de Constanţa, bondes d'amas de pierres, â droite de
la rue qui passe au Nord du jardin public et mene aux bains sulfureux du « Ghiol », attiraient
depuis longtemps notre attention.
On y rencontre, parmi les nombreux amas, de grandes pierres taillees, qui nous avaient
d6termin6 â faire des sondages dans ce quartier situe entre le quartier commercial et le quar-
tier du port. Nous piîmes commencer rapidement les fouilles grâce â la presence fortuite du fils
de M. Magrin qui nous permit tres obligeamment de faire des fouilles dans ses terrains et nous
montra l'endroit ou, amassant et rangeant des pierres par couches, il s'etait heurte â un
grand bloc de calcaire.
Nous commen^âmes â l'endroit indique par M. Magrin et apres un travail de quelques
jours employes â d6combrer du gravois, nous decouvrîmes, k une profondeur de 1,80 m, un

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THKOI'lllLK SAUCIIIC-SAVKAINtl

mur largc d'cnviron 0,45 cm (voir lc plan gcncral No. 4 ) ' ) . Lcs blocs de ce mur 6taient bien
taillcs du cote Sud et non taill£s du cote Nord. Ce mur, dont la largcur varie, tournc,
apres une longueur dc 5,56 m, en anglc droit, vers le Sud, ou il se pcrd soudainement, apres
,/' avoir parcouru unc dis-
4
tance de 4,10 m. Voir les
figurcs 5 et 6. Ln quetc
d'un mur parallelc â l'un
des m u r s dfcouverts,
nous avons creuse plusi-
eurs fosses au Sud du
point ou nous avons
commencc' lcs fouillcs.
A unc distance dc 18
m de l'cxtrcmite Sud du
mur long dc 4,10 m, qui
ne continuait pas, nous
avons decouvert les tra-
ces d'un mur pcu regu-
licr, long de 8 m et large
de 0,80 â 1,20 m, sur le-

quel se trouvait un
pan de mur de con-
struction grossiere et
negligee (voir la fi-
gure 7).
Le mur decou-
vert â une profon-
deur de 1,2 m, qui
porte le pan ou coin
du mur indique plus
haut, ne datc pas, par
sa structure et sa di-
rection, de la meme epoque que l'angle du mur
â ses deux cotes de 5,56 m et 4,10 m. Mais, meme
ces petits restes de mur et de coin mentionnes
plus haut ont disparu.
A une distance de 16,60 m de l'extremitc
de ce mur leger, nous nous sommes heurtes, â une
Fig.
2
) Le plan a l'echelle 1 : 100. Cette echelle ne concerne pas les distances de 24 m, 18. ,n , 16,»
16,38 m et 11 m.

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CAIJ-ATIS IV

profondcur de 1 m, â 1111 grand bloc qui paraissait ctrc deplacc. En continuant lcs fouillcs cn lon-
gueur et en profondeur, nous comprîmes que nous avions decouvert un ensemhle d'autres
raurs. Le mur principal â pente assez accentuee et de direction 0 - E atteint la hauteur de 1 m.

Fig. 6 Fig. 7

Fig. 8 Fig. 9

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THKOPHILE SAUCIUC-SĂVKANU

Au point ou nous avons decouvert ce mur, la couche supcricurc des blocs a ete un peu
deplacee: compose de blocs bien taillcs en calcaire durci par I'influencc dc I'acide carbonique
de l'air, hauts de 0,30 m et longs dc 1,25—1,50 m, lc mur cst largc dc 0,50—0,55 m. II main-
ticnt sa direction sur unc distance d'environ 10,5 m. A son bout Est il tourne, en angle droit
de la meme largeur, vers le Nord (voir la figure 9).
Aprcs unc distance de 2,25 m,
il reprcnd sa direction et forme un
angle droit sur un mur qui prend la
direction Est. Voir la figure 10.
On voit le mur oriental sur une
longueur de 2,10 m, puis le mur dis-
paraît sans laisser de traccs.
A 1,25 m dc l'cxtr6mite Sud du
mur â largeur de 0,50 â 0,55 et en
direction S-N, se detachc vcrs lc Nord-
Ouest un mur curviligne moins so-
lidemcnt construit, d'une date pos-
terieure. Voir la figure 11.
Fig. 10 Ce mur, large de 0,45 m et h a u t
de 20—35 cm, n'est pas rclic direc-
tement au mur Sud-Nord, au point oii il sc d£tache de ce dernier. II en est s6par6 par unc
couche de terre haute de 0,30 m, et se prolonge dans
cette direction sur une distance de 2,60 m, apres quoi
il fait une petite courbe et se dirige vers l ' E s t .
Sa longueur visible est de 4,2 m. II disparaît ensu-
ite sans laisser aucune trace. Cette partie du mur ne
nous a fourni qu'une grande quantite de restes de stuc
peint en couleur rouge.
Le mur â direction S-N continue et forme au
bout de 9,34 m un autre anglc droit vers l'Est. Le
mur de cette nouvelle direction a ete prolonge de 1,85
m et atteint une largeur de 0,60 m (voir la figure 12).
Le mur principal O-E presente â son extrcmite
Ouest une troisieme couche de blocs (voir la figurc
13). Le dernier bloc est long de 1,40 m et haut de 0,40
m. Entre 0,70 m et 0,10 m de son extremite Ouest ce
bloc a un niveau un peu creuse (voir la figure 14).
Le mur principal tourne â son extremite Ouest, en
angle droit, vers le Sud, ou il a une largeur de 0,60 m.
II paraît etre muni a. une distance de 0,66 m de
la direction de cette derniere direction d'une espece
de porte. C'est un interstice rempli de petites pierres Fig. 11
et, â l'Ouest de cet interstice, on remarque un
moellon tres peu taille ressemblant aux blocs qui se trouvent souvent devant le seuil des
portes.

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CALLATIS IV

Le mur m6ridional (voir la figurc 15), sc trouvant â 1,50 m sous la surface dc la terre,
continuc sur unc distance de 5,15 m. II est largc dc 0,60 m ct, â son extremite Sud, haut de
0,60 m. Sa structure est un peu diffcrente. Les grands blocs qu'on a rencontres dans le mur
O-E y font defaut,
L'extremite Sud du mur N-S ne presente pas la structure â laquclle nous nous at-
tendions.
Le mur y forme un angle
droit ct tournc vers l'Est. Nous
avons pu lc suivre sur une dis-
tance de 0,90 m ct 0,60 m. II a
unc largcur dc 0,54 m et atteint,
â 0,32 de son extremite Oucst,
une hauteur d'cnviron 0,60 m.
Le bloc angulaire a une hauteur
de 0,28 m.
A 1,56 m de I'extr6mit6 Sud
du mur N-S, sur un niveau plus
haut de 0,80 m quc le niveau dc
cette extr6mit6, nous avons d6- Fig. 12
couvert un caniveau long de 1,50
m et 6pais de 0,25 m, formc de deux blocs, larges de 0,50 m. Ces blocs, creuses au milieu.

Fig. 13 Fig. 14

ont une profondeur de 0,13 m et une largeur de 0,135—0,15 m. Ils sont inclines vers le N - 0
(voir la figure 16).

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THKONIILK SAIICIIU.-SAVKANU

D'apres le grand nombre de tessons et de figurines en terre euite, d'apres les restes de
mur et de stue trouves, la construction complexe dccouverte dans le terrain de M. Magrin pre-
sentait une importance considerable. L'edifice, en tout ou en parlie, doit avoir ete consacre
au culte, a en juger d'apres le grand noinbre de petites figurines representant loutes sortes
de divinites.
Jl faut continuer les fouilleă dans le terrain de M. Magrin. C'est une neeessite absolue.
Vu I'intention de M. Magrin de faire moreeler son terrain, nous ne devons pas perdre I'oc-
casion d'y pratiquer les fouilles neeessaires avant que des constructions modernes y soient

Fig. 15 Fig. 16

bâties par divers proprietaires n ' a y a n t aucun souci ou interet a menager le tresor de restcs an-
tiques caches au sein de la terre.
Nous aurons de la sorte la chance de preciser l'image peu nette de la region environnante:
l'ancien port de Callatis.

ii. RESTP:S ARCHITECTURAUX ET SCULPTURAUX


Le long des murs decouverts dans le terrain appartenant â M. Magrin, surtout â l'extre-
mite Sud du mur principal â direction O-E, nous avons rencontrc beaucoup de restes de stuc
epais de 1,5 cm. Tous ces restes, â surface lisse et bien polie, presentent deux couches facilc-
ment separables.
Ils sont peints â fresque. La plupart presentent une couleur rouge assez vive, t i r a n t sur le
vermillon x) (voir la figure 17, no. 6 et 7). II y a aussi des restes de couleur bleu cendre (voir la

') Cf. Eva Wunderlich: Die Bedeutung der rolen Farbe im Kullus dcr Griechen und Romer, Giesscn, 1926.

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CALLATIS IV

figure J8, no. 2, 4, 5) et d'autres de couleur j a u n â t r e (voir la figure 17, no. 4). La couche de cou-
leur bleu eendre est plus epaisse (jusqu'â 2 mm) que celle des autres couches.
Quclques restcs sont des pieces angulaircs, peintes j u s q u ' â la moitie de leur epaisseur, et
presentent une marge obliquement taillee.
D'autres restes angulaires offrcnt une bordure Iarge de 3 cm â un niveau qui est dc 0,7
cm plus profond que l'autre surface du stuc (voir la f i g a n r i i ' , no. 6, 7 et 18 no. 1). Certe bor-
dure a la marge peintc.
Chacune de ces pieccs n'etait peintc qu'en une seule couleur, soit rouge, soit bleu cendre,
soit j a u n e .
Deux pieces prcsentent sur un fond bleuâtre des taches de couleur rouge, jaune et blanche
(voir la figure 18, no. 1 et 3).
Par ces dernieres picces nous aurions une fresque multicolore. Les taches rouges, jaunes
et blanches se trouvent meme
sur le bord large de 3 cm retire
obliquement â l'interieur de l'au-
tre surface, de 0,7 cm.
Une sorte de fragments de
stuc assez granule" a une epais-
seur plus grande quc les autres
restes, de 2,2 cm. Voir la figure
17, no. 6. Ce fragment est peint
meme â sa bordure en coulcur
rouge et presentc des taches de
couleur bleuâtre et j a u n e . II y a
une bordure plus petite, de 2,2
cm, qui par une inclinaison de
0,4 cm BC rctire â un niveau plus
bas. La marge de cc bord est Fig. 17 Fig. 18
oblique et peinte en couleur rouge.
Un petit fragment de stuc, 6pais de 1,4 cm, prcsente une face peinte, plus lisse et polie,
de couleur rouge, tirant sur le carmin clair. Deux lignes courbees de couleur brun-noir y
forment une fourche. L'espace entre les deux branchcs presente de minces traccs de couleur
j a u n â t r e (voir la figure 17, no. 5).
Un autre petit reste de la fresque, 6pais de 1,2 cm, de couleur j a u n e , presente une ligne
ondoyante de coulcur rougc. Voir la figure 17, no. 4.
Nous ne savons pas de quellc maniere il convient de distribuer et d'arranger ces restes de
fresques et si nous avons affaire a une chambre rouge, â une autre bleuâtre, â une troisieme
jaune ou â une ou plusieurs chambres multicolores. E n dehors de ces restes de stuc nous avons
trouve encore quelques restes demontrant le decor interieur de la maison. Ce sont des reliefs
en stuc qui ornaient les chambres.
Dans les maisons de Pompei, les peintures nous renseignent sur la division des murs.
Nous connaissons, chez les decorateurs pompeiens, trois parties principales, comme sur les
lambris de bois du temps du Louis X V I : le socle, les plaines des pilastres et les moulures.
Cette division n'avait un autre b u t que d'attenuer l'impression de pesanteur du plafond. Sans
doutc, lcs rcstes des reliefs en stuc decouverts le long du mur O-E servaient â cet effet.

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THEOPHILE SAUCIUC-SAVEANlt

Lc motif de ce dccor plastique en stuc, ă oves, est mis en evidence, â la partie supericure,
par la figurc no. 20.
Le stuc plastique est le plus souvcnt dc couleur blanche; quelqucs pieces presentent qucl-
ques traces de couleur j a u n e . II y a quelqucs fragments dont les boutons et Ics oves ont l'al-
ternance des coulcurs rouge et bleuâtrc. Yoir la figure 2 1 .
Les fragments du travail plastique en stuc ont dcs dimensions differentes. Voir la figure
22. Nous pourrions en constater au moins trois categories, cn ce qui concerne les rapports
des differentes parties et ses dimensions.
La premiere categorie, epaisse de 1,7 cm, se composc de restes pr6sentant une alter-

nance de rouge et de bleu sur lcs boutons ct les oves du relief en stuc. A la seconde classe
appartiennent les pieces dont l'epaisseur est evidemment plus grande, â savoir de 3,5 cm.
Ce sont des restes de couleur j a u n e . Les restes de la troisieme catSgorie n'ont qu'une
epaisseur de 1,5 cm. Ils sont faits d'un mat6riel aisement pulverisable, donc moins răsistant,
de couleur blanche.
Un fragment de stuc, long de 6 cm, large de 5,5 cm, epais de 2,7 cm, pr6sente sur un bord

Fig. 21 Fig. 22

un peu incline, large de 3 cm, une rangee en relief de perles et de pirouettes, motif d6coratif
appele generalement astragale. C'est une alternance de deux raies paralleles, longues de 1 cm,
larges de 0,3 cm et d'une ehSvation ovale longue de 2,5 cm et haute de 0,5 cm.
Le bord d'astragale, de la couleur blanche du stuc, passe, apres une pentc de 0,5 cm, â un
autre bord, large de 3 cm, de couleur jaune (voir la figure 17, no. 1). Sur un autrc fragment,
ce bord jaune presente des taches irregulieres de couleur bleuâtre (voir la figure 17, no. 2).
Un fragment de stuc, moins bien conserve, presente, apres le bord d'astragale (le bord

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CALLATTS IV

n'est pas entier) un bord large de 2 cm. Apres ce bord de 2 cm suit une pente de 0,5 cm por-
tant des traces de couleur bleuâtre (voir la figure 17, no. 3).

Fig. 23 Fig. 24

Nous pouvons nous faire une idee du plancher, au moins d'une


piece de la maison decouverte aux murs peints â fresque, et ornes
de reliefs, par un petit fragment tres solide de mortier ou de ciment,
epais de 3,2 cm, qui presente â sa surface une couche de menus *
galets de diverses couleurs (voir la figure 18, no. 6).
Dans la cour du magasin Stere Gheorghiu â Mangalia nous Fig. 25

avons remarquă un fragment de chapiteau dont le diametre est de


40 cm (voir la figure 23).
Au meme endroit se trouve
aussi une piece de marbre profile.
Voir la figure 24.
Pres de la maison se t r o u v a n t
dans la cour de la « Geamia > de
Mangalia nous avons photogra-
phie un fragment de colonne en
calcaire, longue de 82 cm, d'un
diametre de 40 cm, â cannelures
distantes de 7 cm. L'epaisseur de
la paroi de la colonne creusee est
de 9 cm (voir la figure 25).
Un relief en calcaire de Man-
galia, propriete de M. H . Slobo-
zianu, de Bucarest, h a u t de 59 cm,
large en bas de 35 cm, en h a u t de
43 cm, epais de 14 cm, presente
sur un fond creuse, â une profon-
deur de 6 cm, la figure de J u -
piter â l'aigle.
Le relief n'est casse qu'en
bas, de sorte que les pieds de J u -
piter ne sont pas visibles. Voir la
figure 26.
Fig. 26 Le relief a, a. gauche et â
droite, un bord large de 3 cm.
Ces bords forment en h a u t une voussure de la meme largeur.

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THEOPHILE SAUCIUC-SAVKANU

A 12 cm au-dessus dc cette voussure le calcaire n'est pas sculpto.


La figure de Jupiter, haute de 35 cm, est une ceuvre bousillee. La tete en est mal conservee.
Les cheveux, le front, le ncz et Ia barbe sont deteriores. Le tronc est appuye plutot sur le pied
droit. La jambe gauche est legeroment plicc. Jupiter est vetu d'un manteau, qui ne laisse â
nu quc le cotc droit suporieur du corps. La main gauchc est munie d'une petite patere, tandis
que la droite cst appuyee sur un sccptre.
L'aigle, aux ailes ouvertes, se trouvc â droite de Jupiter. II a la tete tournde vers le dieu
ou plutot vers la gerbe et la grappe qu'on voit pres du picd dc Jupiter.
Nous avons ici un relief dc Jupiter, evocant la fecondito des champs et des vignes, de
Jupiter xaQnoqoQOQ.
Dans le terrain de M. Magrin, du cotc Sud du uiur princij)al 0 - E , â 2 m sous le sol et â
75 cm sous le niveau du mur, nous avons rencontre la figure d'une divinite archaîque ou ar-
chaîsante, en marbre (voir la figure 27), â l'endroit meme ou nous
avions dccouvert un tcsson de nt-Ooţ, beaucoup de fragments de
tuiles et de plaques en brique de diffcrentes dimensions et ou nous
avions constate aussi des traces dc feu.
Le marbre, en formc d'hermes, coupe en bas, haut de 8,7 cm,
large, â la hauteur dcs epaules, de 4,3 cm, en bas de 4 cm, ejmis de
2,9 cm et 2,5 cm, represente le buste d'une divinite plutot fcmininc,
assez bien conserve. Le nez en est ccrase. Le dos est poli. La tete est
d'une grande difformite, le visage large, le cou est cpais, presque
gonfle, les yeux sont indiques par deux dcpressions et deux courtes
raies lcgerement incisees des deux cotcs du nez, les coins de la bouche
sont nets.
Les cheveux s'etalent en deux nattes lisses sur les epaules.
La coiffure est indiquee par une depression circulaire au-dessus
sur la tete.
Fig. 27 Les limites du vctement sont indiqu6es cn h a u t par une
clevation triangulaire.
Quatre incisions longitudinalcs droites et paralleles, ă gauche, un peu courbees, et pa-
ralleles â droite, caracterisent les plis du costume.
Cette figure sans mains, dont le sein n'est j>as indiquc, rcpresente un type tres ancien
de divinite. Sous cette forme est representee une divinitc qui se rapproche des divinites orien-
talcs et egyptiennes. C'est probablement unc divinite communc aux regions voisines de la Me-
diterranee.
Chez Nic. Chirou de Mangalia nous avons remarque une figure assise, en calcaire, gros-
sierement taillce. La figure, haute de 26 cm, large de 19,5 cm, epaisse en haut de 6,5 cm, en
bas de 13,5 cm, a ete decouverte dans le terrain de Nic. Chirou, pendant la construction de sa
maison â une profondeur de 3 m. Elle est â present en possession de M. H. Slobozianu de Bucarest.
La figure feminine appuie sa main droite sur la tete d'un jeune homme, debout, h a u t de
12,5 cm. Ce dernier est soutenu surtout j)ar son pied droit, tandis que le gauche est un peu
en arriere. Le jeune homme est vctu de la ceinture au genou. Voir la figurc 28.
La main gauche de la figure assise repose sur la tcte d'un autre jeune homme plus elancc
et agcnouille. Ce jeune homme ne porte de vetement que sur l'epaule gauche et paraît tenir
dans sa main droite un objet qui lui traverse le ventre.

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CAU.ATIS IV

La figure feminine assise est vetue de deux vetements â gros plis, dont l'un descend jus-
qu'aux j)ieds. La chevelure de la figure assise se repand sur les ej>aules. Elle est coiffee d'une
OTeqx'nij ou plutdt du calathos, haut de 1,2 cm. Les bras de la figure sont robustes. La poitrine
n'est indiquee que tres vaguement du cote d r o i t .
A 3,5 cm de la marge droite, â la hauteur du bras gauche de la figure assisse, on re-
marque un objet rond, haut de 3,5 cm et epaîs de 2,5 cm.
La figure assise represente la deesse Cybele ou Magna Mater, dont le culte nous est
dejâ temoigne a Callatis par le tronc de femme que nous avons publie dans Dacia I, 1924, p.
124 et 125, fig. 34.
Sur les representations de Cybele, qui tient de coutume dans sa main gauche le t y m -

Fig. 28 Fig. 29

panon — parfois une corne d'abondance ou un sceptre — voir Decharme, Daremberg-Saglio,


Dictionnaire des antiquites grecques et romaines I, 2, p . 1686 et ss.
Les deux jeunes hommes, que nous voyons flanquer la deesse, appartiennent au culte
de Cybele. E n compagnie de Cybele se trouve ordinairement Attis qui joue un role important
dans le culte de Cybele. Sur Cybele et son culte voir Roscher, /i usfuhrliches Lexikon der griech.
und rdm. Mythologie, p . 1656 et ss.
Marbre, â couches bleuâtres, h a u t de 26,5 cm, large en bas de 19,5 cm, en h a u t de 13 cm,
ejiais de 5,5 cm, de Mangalia, proprietc de M. H . Slobozianu de Bucarest, presente une marge
â gauche et au-dessus. On rcconnaît la figure d'une femme assise.
La tete n'est pas conservee, mais on y remarque encore du plomb qui servait â fixer la tete
au cou. La main gauche et la main droite, hormis les avant-bras, sont coupees. Voir la figure 29.
La partie inferieure de la figure est taillee et nous ne voyons que trois trous profonds
de 2 cm et d'un diametre de 0,8 cm.

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THEOPHILE SAUCIUC-SÂVEANU

Ces trous relies par des lignes forment un triangle isocMe dont les eot6s ont respecti-
vement 7 cm, 7 cm et 4,2 cm.
On remarque un trou, au pli du coude gauche, â taches de rouille, et, en arriere, un petit
reste du trou, au bras droit.
La figure, en arriere, n'est pas soigneusement taillee, surtout au siege. L'6paule droite
de la figure paraît un peu elevee en comparaison a l'epaule gauche.
La figure est vetue d'un TCETIXOQ â plis simples, fixe 8 U r
l'epaule par une agrafe â gauche et â droite.
Le second vetement abrite le cote gauche du dos et en-
veloppe le bras gauche. »
C'est dommage que, vu l'etat deplorable de cette figure
assise, nous n'en puissions preciser la nature.
Chez un des baigneurs de Mangalia, du nom — paraît-il
— de Botez, j ' a i photographie un fragment de marbre, h a u t
de 14 cm, large de 19,5 cm, 6pais de 9 cm, coup6 en h a u t , en bas,
â gauche et â droite. Ce marbre represente un cavalier mont6
(voir la figure 30).
Les pieds du cavalier, vetu d'un %Lxd}v court avec ceinture
sont aussi coup6s. Du cheval on ne voit que la partie poste-
rieure aux pieds tronques.
Ce relief est monte sur une co-
lonne cassee, d'un diametre de 8 cm.
Le cavalier thrace 6tait l'objet
d'un culte intense â Thasos.
Un fragment de marbre, casse ă

■■

itl

Fig. 31 Fig. 31 a Fig. 30

droite et â gauche, haut de 91 cm, large de 24,5 â 31 cm epais de 37 cm, qui etait sur le
point d'etre employe comme materiel dans une construction en beton de Constanţa, rue Regala,
en face du Grand Hotel, a ete sauve, au mois de juillet 1927, par M. H. Slobozianu de Bucarest;
il possede un haut relief representant un cheval conduit par un cavalier (voir la figure 31).
Ce fragment de relief, actuellement en possession de son sauveur, est encadre au-dessus et
au-dessous par un bord large de 7,5 cm et h a u t de 2 cm. Au-dessus, â 6 cm de la marge gauche,
on voit un trou ovale (6,5 c m X 5 , 5 cm), profond de 4 cm. Sur le dos de ce marbre, â 22 cm de

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CALLATIS IV

la marge gauche, et â 19 cm de la marge au-dessus, on voit un autre trou (7,5 cmX 7 cm), profond
de 7 cm.
A 26 cm de la marge gauche et â 8 cm de la marge de dessus, on voit deux creux, â une
distance de 11 cm l'un de l'autre, qui indiquent que ce relief a ete monte et fixe aussi du cote
dorsal.
Ce marbre presente â son partie inferieure une tige longue en relief.
La marbre se ter-
mine en bas par un pro-
fil riche, indique par la
figure 31 a.
Le relief est h a u t de
2 cm. Le cheval, haut de
31, est un cheval de selle
harnache. La figure du
cheval nous rappelle les
chevaux des Houtzoules
de Bucovina, de meme
que la forme de l'arcon
ressemble â la selle des
memes Houtzoulcs.
Le cheval, dont le
sexe mâle est distincte
ment caract6ris6, â l'en- Fig. 32
colure courte et large,
â la criniere touffue et aux yeux saillants, paraît se cabrer dans sa marche fougueuse, en levant
la tete et le pied droit.
Un homme, dont la tete et la partie superieure gau-
che du corps ne sont pas conservees, conduit le cheval
par un licou dans sa main droite.
Le cavalier ou valet est vetu d'un %ITOJV court avec
ceinture. Les plis du yxxoiv nous indiquent le mouve-
ment alerte de l'homme et du cheval.
Une pierre calcaire de Mangalia, en apparence
taillee, que j ' a i vue chez M. H. Slobozianu â Techir-
ghiol-Movila, presente en relief un grand serpent s'en-
tortillant autour d'un objet meconnaissable. Voir la fi-
gure 32, no. 1.
M. H . Slobozianu possede aussi la plaque en marbre,
de Mangalia, paree d'un decor vegetal, indique â la fi-
gure 32, no. 2.
Un fragment de tete d'homme, en plomb, h a u t de 3
cm, large de 4,2 cm, epais de 3,5 cm, trouve pendant mes
fouilles, nous presente la partie superieure de la tete, â
savoir les cheveux et une petite portion du front strie
de trois incisions courtes. Voir la figure 33, no. 3.

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29 Dacia III—IV 1927/932
THEOPIIICE SAUCIUC-SĂVKANU

III. INSCKIPTIONS

1. En marbre et en pierre calcaire

a) En fevrier 1927, nous avons copie chez Haralamb Thcocharidis de Mangalia une inscrip-
tion de marbrc bleuâtre, haute de 37,5 cm, large de 25 cm, cpaisse de 9 cm, dont la surface
presente â certains endroits une patine de couleur brun noir.
Le marbre est partout coupc. A gauche, il paraît avoir une marge. Les lettres, hautcs
de 1,5 cm, sont soigneusement incisees. Voir la figure 34.
On lit

jnvog a
ev devaQia.
jua ânaQxioag d.
r ( v
5 ]} enavyeMav rdv re entyQ/a-
qjăjv eţjei xov nQoftvQov xal ofxe-
tpjavov eig xo xaxă îdtov. ivyQa/yat
âje xo \pi)(f)to[ia xovxo etg xeXfa-
[tjojva Xevxov Xi§ov xal âva&eT/vai
io ejtg xo teQov xov Aiovvoov xo d'i-
ojov/ievov ăvăXoifia tntxeXe^tv
âjvxov. Tăg dt: flvQag Xaficbv e]x
xjăg t. Qag cov olag teQtov emox/rjoei
X(b 7lQO&VQ(0.

Fig. 31

A la ligne 1, on voit trois restes de lettres. Le premier peut appartenir â un alpha ou lambda,
le second â un rho. Le troisieme est une barre verticale.
A la ligne 2, devant la lettre mu, on voit le reste d'une barre oblique a p p a r t e n a n t â un
alpha.
A la ligne 3, la derniere lettre ou reste de lettre paraît etre un omega. II est int6ressant
qu'au mot devaQta, la premiere syllabe montre la voyelle epsilon. Le lapicide, r e m a r q u a n t
l'erreur, l'a corrigee, en y ajoutant une barre verticale, ainsi qu'on peut lire detvaQta ou drjvaQta.
A la ligne 4, devant les lettres fia on voit un reste d'une barre oblique.
A la fin de la ligne 6, apres le6 lettres xal o. on voit, â la h a u t e u r de la ligne, une barre
horizontale.
A la ligne 5 et 7, sont remarquables les formes enavyekiav et evyQ.
A la ligne 9 on voit un petit reste de la barre oblique du m u .
A la bgne 13, qui est la plus effacee et la plus difficile â dechiffrer, apres l'alpha et le
sigma, on voit une barre verticale. La lettre suivante n'est pas certainement lisiblc. On croit
reconnaître les restes d'un sigma, ainsi qu'apres les lettres Qa.
A la fin de la ligne 13, devant les lettres v emox, assez lisibles, on voit un reste de courbe,
qui ne peut appartenir qu'â un omega. Au meme endroit on remarque les traces d'un a l p h a ;
il n'est pas douteux que le lapicide,ayant commis une faute, ait voulu corriger la lettre fausse.

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CALLATIS IV

On altendrait la lecture ohlQ leodg. La forme IEQOIV ne peut etre considcrce que comme un
expedient du lapicide.
Ce decret d'honneur, dans lequel jouent un role irnportant ro nQO&VQOv et ai {frjQai, fait
mention du sanctuaire de Dionysos (1. 10: ro leQov rov Aiovvoov), dont nous avons des
informations par d'autres inscriptions callatiennes.
b) Un fragment de marbre, trouve dans la cour du bureau des contributions de Man-
galia, ă une profondeur de 2 m, aujourd'hui chez M. N . Roşculeţ de Mangalia, haut de 13,5
cm â gauche et de 10 cm â droite, large de 31 cm, epais de 7 cm, porte une inscription en
lettres hautes de 8,5 mm.
Le marbre a des marges â gauche, en h a u t et â droite. II n'est casse qu'en bas.
Le bord, eleve en h a u t , est large de 4 cm.
L'inscription est gravee au-dessus â 1,5 cm du bord. Voir la figure 35.

On lit:
"Edoţje rolg floivdraiQ răg Ad-
[larQOQ răQ XftoviaQ v a c a t 11.5 cm
NOV/ÂTJVIOQ Novfxrjviov elne' v a c a t 4 cm
fEJneibij 'Aoiorwv 'AoiorovoQ e[y.J
5 fâjQioraQ ibv rov brj/Liov ejfiorj&ei
/r/ăi nolei xal fxatf ibiav exdorq) etc.

A la ligne 4, on ne voit, apres 'AQLOTO>VOQ, que la lettre epsilon.


A la ligne 5, apres le mot bdjuov, on voit u n epsilon suivi de fort petits et meconnaissables
restes de lettres. Le verbe ejfîorftei] n'est q u ' u n expedient du moment.
Les lettres sont soigneusement gravees.
Le theta a une raie courte horizontale au milieu de l'omicron; l'omega est de forme grande.
D'apres la forme des lettres on peut remonter avec cette inscription meme au commen-
cement du premier siecle a v a n t J . Chr.
Cette inscription, pleine de dorismes comme l'inscription precedente, est tres interes-
sante, car elle fait mention de la deesse Aa/J,drr)QXvxovia.
Le culte de Demeter avait une grande importance â Megare et nous ne doutons pas que

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.,,,.
THEOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

lcs Callatiens aient su venerer la deesse Demeter, hypostase dc la Grande-mcre 6g6enne *),
de la meme intensite.
Sur le role de la deesse des morts voir Cahen chez Daremberg-Saglio, Dictionnaire des
antiq. gr. et rorn. p. 702 et ss. Chthonia est l'epithete de Dem6ter, surtout â Hcrmione et â
Sparte. Voir Kern, Pauly-Wissowa, RE, s. v. Demcter, 2731 et 2726; Engelmann, Roscher,
Ausfiihrliches Lexikon der griech. nnd rom. Mythologie s. v. Chthonia, p . 906/7.
Nous entcndons ici qu'â Callatis existait une association dont les membres (ftoivăxai)
s'amusaient aux ftolvai 2 ).
Les âoivdrai (cf. vxoivâ.TOQe<; â Lindos) 3 ) de Callatis honorent, par umj) tjqpio/ia, un homme
dont le nom est Ariston, fils d'Ariston, eJxjăjQtOTaQ (sc. yeveăţ) 4 ) ă>v TOV dâjnov (sc.
KaXXauvov ) .
Par l'adjectif aQiOTag on fait allusion au nom de l'honorl.
E n ce qui concerne la personne d'Ariston, fils d'Ariston, il peut etre identique au titulaire
du decrct d'honneur vot6 par les thiasites de Callatis au temps du roi Cotys, fils de Rhoim6-
talcas. Voir mon article dans Dacia I, 1924, p . 140 et ss.
Nous voyons des associations 5 ) faire assaut de decrets d'honneur et de politesse â cet Ariston,
fils d'Ariston, qui appartenait â une famille influente et meritait bien de la ville de Callatis.
c) Pres des fouilles pratiqu6es dans le boulevard Maria, nous avons trouve, le 4 aout 1927,
un fragment de colonne de marbre, avec profil â partie
superieure. Le diametre de la colonne est de 55 cm, en
h a u t de 67 cm. La longueur du fragment est de 46 cm.
A 25 cm. dc dessus, le marbre est fac,onn6 au marteau.
On voit sur ce fragment de colonne quatre lignes de lettres
dont la grandeur varie entre 2 et 2,2 cm.
Le dechiffrement de l'inscription devient difficile â
cause de la fissure qui traverse les rangees de lettres
(voir la figure 36).
A la ligne 1, on ne voit qu'une barre verticale.
A la ligne 2 on voit, apres une raie oblique tourn6e â
gauche, les lettres 10. Apres ces lettres on voit une barre
verticale â l'angle aigu au bout sup6rieur de cette barre,
ce qui indique la lettre mu ou nu. Apres la fente de 3
cm on lit les lettres KOYA.
A la ligne 3, on lit TP, et, apres la fissure, les
F i g . 36
lettres NAPI.
A la ligne 4, on ne voit que de minces restes de la partie sup6rieure des lettres.
Nous croyons y avoir reconnu les restes d'un upsilon, d'un omicron ou omega, u n angle
aigu â la hauteur de la ligne, un angle qui peut appartenir le plus probablement â u n nu, d'au-
t a n t plus que cet angle est immediatement suivi par un petit reste de barre verticale.

1
) Voir aussi l'article r6cent de Picard: « Sur la 1909, p. 56, note *.
patrie et les pâregrinations de Dtmeter», R E G, *) Cf. Dacia, I, 1924, p. 140, 1. 7: yevvăaavTOQ.
40, 1927, pp. 320 et ss., 352. ■'') Les thiasites et les thoinates sont des associa-
2
) &oivd<x> a l'acception de &vo) dans l'inscription tions dont la base est le culte. Dionyse et D e m e t e r
Dittenberger, Sylloge, 1030. ont avec le culte des rapports tres etroits. Kern,
3
) Poland, Geschichte des griechischen Vereinswesens, l. c, p. 2754.

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CALLATIS IV

Cette colonne 6tait, sans doute, un monument de grande importancc dans le passe glorieux
de la ville de Callatis.
d) Un fragment de marbre bleuâtre de Mangalia haut de 44,5 cm, long de 17 cm, epais de 10,5
cm, que j ' a i vu chez M. H. Slobozianu â Techirghiol, ne montre de marge qu'au-dessus et â gauche.
L'inscription de 8 lignes, dont la face est cassee â droite en h a u t , a des lettres tres soigneu-
sement taillăes, grandes de 2,3 cm (l'omicron de 2,2 cm). Voir la figure 37.
A la ligne 1, le reste d'une lettre, peut-etre d'un alpha, delta ou lambda.
A la ligne 2, les restes d'une lettre precisent le tau qui y a ete.
A la ligne 3, les restes d'une lettre nous indiquent le delta.
A la ligne 4, nous voyons, apres le delta, une barre verticale suivie, â quelque distance,
par un petit reste de raie, qui se trouve â la hauteur moyenne de la rangee des lettres. Nous
avons ici sans doute la raie qui relie les deux barres verticales de l'eta. Les lettres A H nous
font penser au mot dfj/^og ou â un nom dont la premiere partie est Arj/M.
A la ligne 5, apres le double kappa on voit un petit reste de l'al-
pha, qui doit suivre. Ici nous avons le nom de la ville callatienne ou
plutot des citoyens callatiens.
Entre la ligne 5 et 6 il y a un intervalle de 6 cm.
A la ligne 6, nous avons la ligature des lettres mu et epsilon. Les let
tres de cette ligne composent le datif du nom propre To/ievg; mais nous
ne savons pas s'il ne suivait d'autres lettres indicant les To/JL£i[Taq.
Apres le nom qui indique la ville ou les citoyens de la ville de Callatis,
nous nous attendrions â lire le nom de la ville voisine de Tomis,
dont l'histoire a 6t6 souvent et etroite-
ment liee k l'histoire callatienne.
A la ligne 7, les sigmas sont de forme
cursive angulaire comme â la ligne 8, ou
apres le sigma nous voyons un petit reste
d'un upsilon.
e) Un petit fragment de marbre profile,
h a u t de 11 cm, long de 15,5 cm, epais de
Fig. 38 6 cm, de Mangalia, se trouve chez M. H. Fig. 37
Slobozianu k Bucarest. II n'y a qu'un petit
reste de marge en h a u t . Son profil a, apres un bord de 2 cm, une echine et une depression
large de 3,5 cm (voir la figure 38).
Le dos du fragment est assez bien taille. Les trois lettres de l'inscription sont incisees tres
soigneusement. Elles ont une hauteur de 2,8 cm.
La premiere lettre, qui est certainement un nu, n'est conservee qu'en partie.
A droite des lettres NIB on voit un reste de feuille petiolee en forme de cceur.
f) Un fragment de marbre blanc, haut de 16 cm, long de 16 cm, epais de 7 cm, de Man-
galia, se trouve chez M. H . Slobozianu â Bucarest. Le marbre prăsente des marges en haut,
k gauche et en bas. II est casse au coin, en haut, â droite. Voir la figure 39.
L'inscription du marbre presente 8 lignes dont le point de depart est â 1 cm de la marge
gauche.
Les lettres « apicatae » ont une hauteur de 1,1 cm (l'omega de 1,3 cm) et sont sculptees
avec soin.

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THEOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

D'apres les formes des lcttres, aux raies courtes, decoratives et aux barrcs prolongees
(voir surtout l'epsilon, le mu ct le sigma) ct d'apres l'omega, l'inscription peut etre placee
au deuxieme siecle ou au commcnccmcnt du troisieme siecle apres J . Chr.

ETAIPO
EPONTA
TOZ MOZXl
AIIOAAQN
MENQN API — I-
NAIONTOl PEPMA
ANEZTHZAN TIIN
WNIMONIMOYM

Fig. 39

A la ligne 1, devant lcs lettrcs eraiQO, sur l'espace de 3,5 cm, nous ne voyons aucun reste
qui nous indique une lettre ou l'autre. Peut-etre doit-on lire ol/eiaÎQ/oi. Voir â la ligne 7 le
verbe ăveo%r\aav.
A la ligne 2, il nous manque une lcttre, peut-etrc le g a m a : yJeQOVxa.
A la ligne 3, nous rencontrons le nom de Moschion connu â Callatis aussi par une autre
inscription. Voir mon article, Dacia I, 1924, no. 145, no. 4.
A la ligne 4, nous avons probablement un nom c o m m e ' AjlolXibvţiog, car apres l'omega
on voit une barre verticale.
A la ligne 5, apres l'iota on voit les restes de trois lettres. Ces restcs nous indiquent les
lettres oxco, et nous avons ici le nom d'Ariston.
A la ligne 6, apres le mot vaiovroQ, on lit les lcttres FeQ/ia. L'alpha est certain d'apres
les restes conserves. Le nom c o m m e n ţ a n t par
les lettres FeQjua nous interesserait beaucoup.
A la ligne 7, nous comprenons que, proba- A
blement les eiaÎQOi nommes plus h a u t erigerent IEIDZE}
u n monument quelconque. Ce monument est AEA>
indique dans l'inscription, â la ligne 7, par un IIAOI
mot du genre feminin.
A la ligne 8, devant l'omega bien lisible, nous \mtk iH''
ne voyons qu'une barre verticale. La derniere Fip. 40
lettre reconnaissable de cette ligne est un mu.
A cette ligne nous croyons qu'il faille separer les lettres QiVl des lettres fiovifiovfi
(fiovifwg?) sans que nous puissions preciser le sens de ccs mots.
g) J ' a i note chez M. H . Slobozianu â Techirghiol un fragment de marbre dc Mangalia,
haut de 11,5 cm, large de 11,5 cm, epais de 6 cm, qui presente des marges â droite et en bas.
Voir la figure 40.

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CALLATIS IV

Apres l'alpha de la ligne 1 nous voyons des restes de deux lettres, qui, â la partie infe-
rieure, ont des barres droites.
La deuxieme lettre apres l'alpha paraît etre, d'apres l'estampe, un upsilon.
A la ligne 2, apres le deuxieme sigma du mot eooxiefvj suit un epsilon. Cet epsilon est suivi
d'unc barre verticale qui â son bout superieur forme un angle aigu avec une barre oblique
qui peut appartenir â un mu ou nu. A la ligne 3, apres le lambda, il y a un espace
libre de 3 cm.
Apres les lettres rjloi on voit une feuille petiolee en forme de cceur couche.
Les formes des lettres / / , 2 et surtout de l'omega font dater l'inscription â une epoque
assez avancee.
D'apres cette forme de l'omega nous daterions une inscription attique de la periode entre
120 et 200 apres J . Chr. Voir Larfeld /. c. 490 et 500.
h) Un fragment dc marbre de Mangalia, h a u t de 25,5 cm, long de 19 cm, epais de 12 cm,
propriete de M. H . Slobozianu â Bu-
carest, n'a qu'â gauche un petit reste
de marge (voir la figure 41).
II porte des lettres hautes de
2,5 cm. • TO
A la ligne 1, l'omicron de forme [ÎEI
carree n'est conserve qu'en partie. WKYW
A la ligne 2, le sigma presente YPOME
une fluctuation entre le sigma carre, 5. AlflNA
comme nous le voyons â la ligne 5, et IEINAI
entre le sigma â la barre fourch£e en-
tre les deux barres horizontales, pa-
rallclcs.
De la derniere lettre de cette Fig. 41
ligne on ne voit q u ' u n trop petit
reste. II peut appartenir â un lambda ou â un mu.
A la ligne 3, l'omega a une forme cursive de l'epoque basse.
A la ligne 4, l'upsilon a une petite raie transversale â l'endroit ou il se bifurque. Apres
l'epsilon suit une barre verticale probablement d'un nu.
A la ligne 5, l'alpha a, entre ses deux branches, une barre fourchue.
A la ligne 6, apres la barre verticale, on voit un sigma angulaire cursif. Par une petite raie
qui se trouve k son milieu, — il est vrai, trop loin de la barre, verticale — le sigma se change
en un epsilon.
Est-ce l'infinitif elvat que nous rencontrons â cette ligne?
L'omega de la ligne 3 a une forme qui se trouve dans une inscription attique d'une epoque
basse, entre â peu pres I'an 210 et le cinquieme siecle apres J . Chr. (Larfeld, /. c , p. 501 et 505).
i) Un fragment de marbre casse k droite et au-dessous, h a u t de 39 cm, large de 38 cm,
epais de 21 cm, qui a ete tire du rivage pres de l'eglise grecque par J e a n Chardouvelis,
a present propriete de H . Slobozianu â Bucarest, presente des marges au-dessus et
a gauche.
Entoure d'un bord eleve, large de 7,5 cm au-dessus et de 5 cm â gauche, le fragment porte
une inscription des lettres, grandes de 3,5—4 cm.

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T H E O P H I E E SAUCIUC-SAVEANU

La forme des lettres, surtout l'omicron carre, dcnotc une epoque basse. Voir la fig. 42.
Exceptă la premiere ligne, rinscription est â peinc lisible. La face de l'inscription a ct6
longtemps frottee et c'est ainsi que s'explique l'etat deplorable de ce monument.
A la lignc 1, l'omicron a une forine carree.
Apres la dernicrc lettrc bien reconnaissable suit encore un mince reste d'une lettre me-
connaissable. Nous ne pouvons pas mcmc deviner quel nom sc cache dans ces lettres.
D'apres la ligne 3, il s'agit ici d'un nom propre feminin qui peut etre Zovxrjfia.
A la ligne 2 de la quatrieme lettre on voit une barre verticale et une barre transversale.
Cette lettre peut etre l'epsilon. On lit peut-etre 11711'( = rinore) suivi d'un mot qui com-
mence par les lettres evr.

ZOYKHBAK
TIIIT. YT
AIF. YfA
N. PIA
5. Y...K

Fig. 42

A la ligne 3, la troisieme lettre a une forme carree. D'apres l'omicron de la I i g n e l , nous


pouvons completer ici la lettre omicron pour lire Xinfojvoa, le participe aoriste du verbe
Xeînw.
A la ligne 4, apres la lettre nu, suit une barre verticale et, puis, une autre. On pourrait
penser au mot vrjma ou vrinta. Mais au meme lieu et en meme temps on croit voir les restes d'un
kappa.
De la ligne 5 nous avons trop peu dc restes. Le premiere lettre paraît etre un upsilon, Ia
cinquieme un kappa.
Les mots rînr (â la ligne 3), Xinfojvoa (â la ligne 3), et vrjma (â la ligne 4) pourraient
nous determiner â supposer dans ces restes d'inscription une poesie m6trique sepulcrale.
II serait tres interessant de pouvoir fonder cette possibilite sur d'autres passages.
i^ Chez M. H . Slobozianu â Bucarest se trouve un fragment de marbre de Mangalia, h a u t
de 24 cm, large de 18 cm, epais de 6,3 cm, qui porte une inscription latine, aux lettres grandes
de 0,7 cm. Voir la figure 43.
Nous avons ici une inscription de grande importance pour l'histoire callatienne.
A la ligne 1, apres la lettre a, on voit une raie horizontale.
L'inexperience du lapicide grec se t r a h i t souvent dans cette inscription. La forme du pi
latin se rapproche du pi grec, la seconde barre verticale e t a n t plus courte.
Le sigma denote beaucoup de maladresse.
A la ligne 15, le double a du mot « faano » t r a h i t peut-ctre le lapicide grec accoutume â
exprimer les quantites des voyelles.

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CALLATIS IV

A la ligne 3, nous lisons: beflljum pace.


A la ligne 5, lcs lettres appartiennent probablement au mot popjlo, la forme syncopec
au lieu de popujlo. Voir aussi â la lignc 7, pojplo Romano, et â la ligne 9, populjus Romanus.
Nous y entendons parlcr d'une gucrre du peuple callatien. On lit â la ligne 7: popjlo cal-
latino bellum.

Fig. 43

A la ligne 6, entre E et S, se trouve u n trou qui rend la lecture difficile. Peut-etre n ' y a-t-il
eu aucune l e t t r e ? A la fin de la ligne nous lisons: sub imperio.
A la ligne 7, entre les lettres « ei» et la lettre « e » l'espace serait suffisant pour une
petite lettre. Apres la voyelle «i», suit une barre verticale.
Nous y lisons: pojplo Romano u t ei
A la ligne 8 nous lisons le verbe « paxit » et peut-etre encore le mot tjoto.
A la ligne 9: populjus R o m a n u s .
A la ligne 10, peut-etre: o [ r a J t i o . . . ad hanc.

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THEOPHILE SAUCIUC-SAVKANU

A la ligne 11, fjacere, eximere.


A la ligne 12: voluntate licet.
A la ligne 13: societate.
A la ligne 14: ut scriberetur ac [poneretur ?].
A la ligne 15: loc]o optumo in faano Concorfdiac.
C'est u n fait remarquable que recriturc du mot fanum. Nous lisons: in faano. La quantitc
de la voyelle « a » du mot fanum, qui s'explique par fasnum (fas), peut avoir provoque le double
a de l'inscription.
Les mots sont separes, l'un de l'autre, par un point qui se trouve â la moitie de
la hauteur des lettres.
Ne voulant pas reserver cette inscription au mondc scientifiquc, je m'emprcssc de pu-
blier immediatement la photographie de l'inscription, dont le facsimile et l'interprctation
detaillee suivra plus tard.

2. Sur Vargile

a) Un fragment de vase en argile de couleur sepia-j-blanc. L'ext6rieur presente une


teinture de couleur ocre-blanche. L'argile est tres dure et presente beaucoup de paillettes blan-
ches et argentines de mica. Nous possedons le goulot du vase et l'ouverture. Lc pourtour du
goulot mesure 28 cm. Le diametrc
ext6rieur de l'orifice est de 9 cm.
L'cpaisseur de la paroi, qui montre
d'un cote et de l'autre de petits restes
de deux anses, est de 1 cm.
NOSIO
Ce fragment a ete trouve sur la
AEINO
plage de Mangalia pres de l'eglise
grecque. II a €t& longtemps sur le
bord de la mer. Cela rcsulte des res-
tes des colonies d'animaux marins
Fig. 44
recents qu'on voit â l'interieur (os-
tracodae) et â l'exteneur (bryozoa) (voir la figure 44).
Le goulot porte incisees les lettres indiquees plus h a u t , grandes de 0,5 cm.
Nous avons publie une pareille inscription en Dacia I I , 1925, p . 130 et 131, fig. 50
Le nom masculin Noooo nous est connu d'autre part, Pape-Benseler, Worterbuch der
griech. Eigennamen s. v. NOOOOQ. Cf. Noooirov de l'inscription callatienne publiee par nous en
Dacia I, 1924, p. 129, 1. 36. col. I. Aeivo peut etre adjectif, i. e. deivov, ou le genitif du nom
AETVOQ sur lequel voir Pape-Benseler, /. c. s. v. AeîvoQ.
Les noms composes qui commencent par l'element Aeivo sont tres nombreux.
h) Chez l'horloger Kleoboulos Eleutheridis de Mangalia nous avons vu, en juillet 1927,
un fragment d'anse de vase, qui avait un sceau â l'inscription suivante:
'AOTWO/IOV
Tifidoyov
Wăfi/tiQ

A droite de l'inscription se trouvait Ia corne d'abondance.

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CALLATIS IV

c) Un autre fragment d'anse de vase de Mangalia, au pourtour de 11 cm, presente un sceau


large de 2 cm et l'inscription suivante (voir la figure 45, no. 2).

iNOMOY
TIMAXOY
WAMMIZ
A droite de l'inscription on voit l'angle d'une corne d'abondance.
A la ligne 1, nous pouvons restituer le substantif ăoTvJvo/iov. Le nom Ti/iâyipv (cf. Ti/in-
Xtoag chez Pape-Benseler) ne peut etre autre que celui de Antimachos de l'inscription
suivante, ou se trouvent aussi lc nom Wd/i/ug et la corne d'abondance.

A 5
Fig 45

d) Un fragment d'anse avec une petite partie du goulot cotele dans l'interieur, et de l'ou-
verture d'une amphore en argile tres fine, avec beaucoup de paillettes noires en mica, de cou-
leur rouge anglais clair, de Mangalia, propriăte de M. H. Slobozianu â Bucarest, long de 12
cm, large de 4 cm, epais de 2,5 cm (le pourtour de l'anse est de 10,5 cm), porte un sceau long
de 4,5 cm, large de 1,7 cm et l'inscription suivante:

'AJoTWo/iov
9
Av]nftâxov
x
Vd/i/xig

Les lettres ont la grandeur de 0,5 cm. L'omicron est plus petit.
A droite de l'inscription on voit une marque, la corne de l'abondance, comme sur une
autre inscription publiee par nous en Dacia, I, 1924, p. 151, no. 9, fig. 55.
Le nom x]Jd[i[ii<;, que nous y lisons aussi dans les deux inscriptions anterieures, n'est pas
grec. II est bien connu en E g y p t e et dans l'Orient.
e) Un fragment d'anse avec une petite partie du goulot et de l'ouverture du vase, en ar-
gile plus fine, mais de la meme couleur que le fragment precedent d'anse, long de 8 cm, large
de 4,5 cm, epais de 2,5 cm (le pourtour de 11,5 cm) de Mangalia, propriete de M. Slobozianu

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THEOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

de Bucarest, porte u n sccau, long dc 3,8 cm, large de 2,4 cm. Les lettres de l'inscription sont
grandes de 0,5 cm, l'omicron de forme plus petite.
On lit
'ĂQaQot;
ăoTvroftov
'AvTijnâxov

A droite du nom ' AQOLQOQ on remarque une corne d'abondance. Le nom de la ligne 1
est tres intăressant. Cf. "AQCLQ, le genitif "A QOQOQ et 'AQOQOC; chez Pape-Benseler 1. c.
Nous avons preferc l'ecriture 'AQGLQOS, comme nominatif, d'apres l'inscription pr6ccdente.
Le fonctionnaire 6ponyme de Callatis est l'astynome qui doit etre cherch6 aussi sur les
anses de M. Tafrali, Arta şi Archeologia, I, p . 39, no. 25 (1. 3) et no. 27 (1. 2).
L'astynome Antimachos est le meme que l'Antimachos de deux inscriptions pr6cedentcs.
f) Chez M. Slobozianu â Bucarest se trouve u n fragment d'anse de Mangalia, conscrv6
dans le meme 6tat et de la meme couleur que les deux fragments pr6c6dents, long de 7,5 cm,
large de 4 cm, epais de 2 cm, le pourtour de 10,5 cm. II porte unc empreinte, longue de 4,5 cm,
large de 1,8 cm, profonde â droite de 0,5 cm. On lit les lettres suivantes, hautes de 0,6 cm
(l'omicron est plus petit):
AOTVIOJUOV
'Ajvu/idxov
fudrrjg

A droite de l'inscription on remarque le meme symbole: une corne d'abondance.


Du nu du nom Antimachos nous ne voyons que la seconde barre verticale. Mais il ne peut
pas etre autre que celui des deux inscriptions pr6c6dentes.
Le nom de la ligne 3 ne s'est conserve qu'en partie.
D'apres la partie finale de cette inscription et d'apres les deux inscriptions ant6rieures,
nous ne pouvons pas faire une faute en supposant que le nom de la ligne 3 soit d'origine 6trangere.
On pourrait penser par exemple au nom Zavoo]/laTrjq ou plutdt â ZaQjuaTtjg.
Dans ces quatre dernieres inscriptions d'anses, a u x trois lignes, nous avons deux Iignes
qui indiquaient le nom et la fonction de l'eponyme.Une seule ligne de ces quatre inscriptions varie
les noms. II est frappant que tous les noms de cette ligne soient non grecs, barbares.
Mais les noms de cette ligne, q u e peuvent-ils indiquer si non des fabricants? II est
tres regrettable que nous connaissions si peu de leur metier.
Nous ne devons pas oublier de mentionner que ces q u a t r e inscriptions ne changent pas
de marque. P a r t o u t nous voyons la corne d'abondance.
g) Un fragment d'anse de Mangalia, avec une petite partie du goulot en argile fine â pail-
lettes blanches en mica, d'une durete considerable, de couleur ocre-ros6, long de 7,5 cm, large
de 4,7 cm, epais de 2,1 cm, propriete de M. H . Slobozianu â Bucarest, porte u n sceau frac-
ture â gauche, long de 4,7 cm, large de 1,4 cm. L'inscription conservce presente les lettres sui-
vantes, hautes de 0,4 cm (l'omicron est plus p e t i t ) :

' AOTV VOfJLOV


XaQi . TOV

Apres ces deux lignes il y a un espace libre de 1,4 cm, oîi nous ne voyons qu'une marque
â motif vegetal, un bouton de fleur, de rose probablement.

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CALLATIS IV

Le nom d'astynome ne peut etre restitue que au XaQifoJrov. En. ce qui concerne le nom
XuoiOTug, il ne peut etre explique autrement que comme une variation du nom XaQionog.
Voir aussi le nom fr6quent XaQiorlo)V. Cf. Pape-Benseler, /. c , s. v.
h) Sur u n fragment d'anse, d'une courbure el6gante, de Mangalia, ă pr6sent chez M. H .
Slobozianu â Bucarest, long de 19 cm, large de 3,5 cm, epais de 3 cm, au pourtour de 10,5 cm,
en argile fine, presentant beaucoup de paillettes blanches en mica, d'une duret6 remarquable,
de couleur ocre-ros6, nous voyons imprimees au sceau convexe fracture â gauche, long de
6,5 cm, large de 1,5 cm, des lettres hautes de 0,6—0,8 cm (l'omicron est plus petit, le sigma
de forme ronde).
On peut lire les m o t s :
' AyaxÂetov
âoTVvojuovvfrog

A la 1-ere ligne, de la premiere lettre nous ne voyons que la partie inferieure. Ces restes
de la premiere lettre pourraient nous conduire aussi â la lettre eta. Mais comme la deuxieme
lettre est certaine, le nom de la ligne 1 ne peut etre que ' AyâxXeiog. Ce nom nous est mieux
connu sous la forme 'AyaxXfjg ou ' AyaxXdrjg.
La fonction d'astynome eponyme est indiquee ici par le participe present, qui est, au
moins, â Callatis, plus rare que le substantif. Voir Dacia I, 1924, p. 151 et ss.
Le sigma est de forme ronde comme aussi dans d'autres inscriptions trouvees â Callatis.
Voir p . e. mon article dans Dacia I, 1924, p. 149, no. 3.
Sur le revers de cette anse d'amphore on voit, 6gratignees, des feuilles.
i) Un fragment d'anse de vase, au pourtour de 10 cm, vu en juillet 1927 chez le proprie-
taire Kl6oboulos Eleuth6ridis de Mangalia, avait l'inscription (voir la figure 45, no. 1):

f'AoTWO/UOV/
Aîoxlvov
TijuâXeojg
Devant la ligne au nom Aio%ivov, on voit de petits restes d'une autre ligne. Nous n'he-
sitons pas â ajouter au nom d'Aeschines sa fonction d'astynome eponyme.
A droite de l'inscription, on voit l'image d'un raisin. Tafrali, Artaşi Archeologia I, 1927,
p . 39, no. 23, note une anse de vase de la collection du Musee d'Antiquites de Jassy avec les
noms Aloyvvov (sic!) TijuoXeajg et l'image d'un raisin. Sans doute l'anse de Jassy provient
de la meme fabrique que notre fragment. II faut ajouter aussi dans l'inscription de l'anse de
Jassy, devant le nom Aloxtvov, le mot f'AoTVvdfiov].
L'upsilon du nom Aloxvvov chez Tafrali, au lieu de Aîoxtvov, ne paraît etre qu'une
faute d'impression.
j) Le nom de l'astynome Aeschines se rencontre encore une fois sur une autre anse de
vase, propriet6 de M. Kleoboulos Eleutheridis de Mangalia.
Le sceau long de 5,5 cm, large de 2 cm, est muni de l'inscription:

'AoTVvo/ufov
Aîoxivov
'Ay&ftojv

A droite de l'inscription on voit l'image d'un raisin. Voir la figure 45, no. 4.

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T H E O P I I I L E SAUCIUC-SĂVEANU

k) Un fragment d'anse de vase, au pourtour de 10,5 cm, porte un sceau. Les lettres de
l'inscription sont tres soignees et ont la hauteur de 0,8 cm. On lit

aŢOVQ,
ăo Jrvvo/t/ov
— —■ qnirov

A la ligne 1, on ne remarque que de petits restes des lettres a, x et o. On y pourrait penser


restituer un nom tel 'AnJarovQ/iog.
A droite de l'inscription on voit un cercle rudiant represente par la figure 45, no. 5.
I) Un petit fragment d'anse de vase, de couleur rouge indien clair, porte les lettres:

â&(DV,
OTVVO/IOV
XEOÎLV

qu'on doit restituer comme suit:


'AyâJ&wv
ăjOTVVO/lOV
*I /XEOtOV

A droite de l'inscription on voit un bel oiseau. Voir la figure 45, no. 3.


II faut noter la forme ronde du sigma, que nous rencontrons si souvent dans les inscrip-
tions d'anses de vases trouvees â Callatis.
m) Sur une anse de vase, propriete de M. Kleoboulos Eleutheridis de Mangalia, au pour-
tour de 11 cm, j ' a i note deux sceaux de dimensions egales, imprimes l'un â cote de l'autre.
L'inscription de l'un porte les lettres voq; l'autre sceau tourne â l'angle droit porte une lettre
en plus: /ivoq. C'est le meme sceau, qui, en partie plus ou moins distinctement, a ete imprime
deux fois sur la meme anse de vase.
n) Chez M. H. Slobozianu j ' a i note, â Tcchirghiol, une amphore haute de 63 cm. Le dia-
metre de l'orifice est de 8 cm â l'exterieur et de 5,5 cm â l'interieur. La distance cntre la panse
(au diametre de 23 cm) et l'orifice de l'amphore est de 28 cm.
L'anse est large de 5 cm et epaisse de 2,5 cm. L'empreinte d'une estampille positive nous
a laisse incisees sur l'anse les lettres suivantes, lisibles:

iriTQN
EIII AYKQNOI
Le nom de l'eponyme Lykon nous le rencontrons pour la preraiere fois.
o) Sur un petit fragment de vase, courbe, â vernis noir luisant, on lit le graffite:

ACTEA
Voir la figure 46, no. 7.

Cette inscription peut etre grecque ou latine. Dans une inscription latine, la deuxieme
lettre de notre inscription, qui est de forme ronde, peut etre la troisieme de l'alphabet, tan-
disque dans une inscription grecque elle peut etre un sigma.

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CAIXATIS IV

p) Sur une partie d'epaule et bras inâles on reconnaît les restes d'un nu ou plutot d'un
mu. Figure 52, no. 17.

IV. CERAMIQUE ET AUTRES PETITS OBJETS

I. Figurines en terre cuite

La recolte des figurines en terre cuite a ete satisfaisante. C'est dommage que nous n'ayons
decouvert que des fragments de figurines.
Une seule figurine est intacte.
Une statuette, en terre cuite, trouvee pres de la deesse en forme d'hermes, haute de 14,5

Fig. 46 Fig. 47 Fig. 48

cm, est debout, sur une plinthe, h a u t e de 1,5 cm, enveloppee de son ytxu'jv^ la j a m b e droite
inflechie.
La figure feminine paraît tenir quelque chose dans la main droite. Les cheveux de la
figure sont soutenus par un bandeau.
La face est couverte t o u t entiere d'une patine contenant de la chaux. Voir la figure 47.
Un fragment de figurine feminine, en terre cuite, haute de 19 cm, montre la partie su-
perieure d'une jeune femme assise, sans tete ni pieds.
Elle s'appuie de la main droite sur u n siege. La main gauche est levee, mais nous n'avons
qu'une petite partie de cette main. La poitrine et la region ombilicale de cette figure nue
sont tres elegamment indiquees. Nous avons ici probablement la s t a t u e t t e d'Aphrodite. Voir
la figure 48.
A une figure de meme pose que la precedente appartient un petit fragment en terre
cuite (haut de 3,3 cm, large de 3,5 cm) qui nous montre une main droite. Voir la figure 53,
no. 6 et 54, no. 2.
Un objet de siege semblable nous montre la figure 53, no. 11, de la hauteur de 1,7 cm et
de la largeur de 2,5 cm.

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TIIEOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

Une figure assise, s'appuyant de la main gauche, fragment en terre cuite, haut de 6,2 cm,
large de 3,7 cm. On voit encore une petite partie de l'epaule gauche. Voir la figure 53, no. 17.
Un fragment de figurine en terre cuite, haut de 11 cm, large de 11 cm, repr6sente la Vic-
toire volant aux ailes ouvertes. Les plis du court %ITXOV, imniediatement sous la poitrine,
et le manteau, fixe sur l'epaule droite et gonfle, indiquent le mouvement vif de la Victoire.
Voir la figure 49.
Les plumes des ailes empennees sont indiquees tres sommairement.
Le dos creux montre, â la hauteur des epaules, une proeminence mince percee de deux
trous (le diametrc de 0,5 cm) â une distance de 2,5 cm l'un de l'autre. La Victoire ătait sus-
pendue, en rendant l'illusion du vol. Un travail tres soigne.
Au musee de Mangalia, donation de M. Chr. Melidi, se trouve un fragment de figurinc
feminine, le joli visage d'une personne potelee, â la fleur de l'âge, comme la tete publiee par

Fig. 49 Fig. 50 Fig. 51

Tafrali, Arta şi Archeologia I, 1927, p. 44, no. 34. Le fragment est h a u t de 5,6 cm, large de 5
cm et epais de 1,2 cm. Voir la figure 50.
Une admirable tete bouclee de figurine en terre cuite, haute de 9,5 cm, large de 4,5 cm,
brisee en arriere, coiffee d'un bonnet aigu, un pilos sans rebord, est representee â la figure 51.
Le nez en est ecrase.
Une tâte de figure feminine en terre cuite, haute de 4 cm et large de 3,5 cm, la face
endommagee, a les cheveux soutenus par un bandeau. Voir la figure 52, no. 1. La tete coiffee
â la grecque, le chignon en arriere.
D'une figurine feminine, en trois fragments, haute de 5 cm, large de 4 cm, nous
n'avons que la partie superieure du corps, sans bras. La figurine est coupee sous la poitrine.
La face a un type archaîque; la tete est coiffee d'une ai£(pdvf}. Voir la figure 52, no. 2.
Une petite tete de figurine feminine, haute de 3,7 cm et large de 3 cm, le chignon en
arriere, est ornee d'une QxecpâvT] par devant. Voir la figure 52, no. 3.
Un fort petit fragment d'un visage, en terre cuite, haute de 3,5 cm et large de 3,7 cm,
se trouve â la figure 52, no. 4.
Une petite partie d'une tete feminine, haute de 2 cm et large de 3,5 cm, en terre cuite,

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CALLATIS IV

presente le front et une partie des chcveux partages au milieu du front en une raie tres
nette (voir la figure 52, no. 5).
La partie post6rieure d'une tete chauve, haute de 3,2 cm et large de 2,5 cm. Voir la figure
52, no. 7.
La partie posterieure d'une tete chauve, haute de 4,3 cm et large de 2,4 cm, se trouve
peut-etre aussi â la figure 52, no. 6.
Un fragment d'une figurine vetue, haut de 6,4 cm, large de 4,5 cm et epais de 4 cm, se
trouve ă la figure 52, no. 8. La tete manque, ainsi que la partie au-dessous de la taille.
Les plis qui se concentrent

Mftflî
vers la main droite enveloppee
sont indiques d'une facon tres
schematique.
Un autre fragmcnt de figurine
fcmininc, h a u t de 4—5 cm et
large de 4,5 cm, nous montre
la partie supcrieure du corps vetu.
La draperie du manteau ceignant
le corps immediatement sous la
poitrine et protegeant le bras
gauche tenu coquettement en
arriere, trahit un gout extraordi-
naire et un raffinement exquis
(voir la figure 52, no. 10, et la
figure 52 a).
Un fragment dc figurine fe-
minine, en terre cuite, montre les
seins separes par une double bandelette, Iiee au milieu de la poitrine et plus large â
ses cxtremites. Le fragment est h a u t de 6 cm et large de 5,5 cm (figure 52, no. 9).
Un pctit fragment de figurine feminine, en terre cuite, haut de 3,4 cm et large de 3,5 cm,
la main droite appliquee sur la poitrine (figure 52, no. 11).
Une pctite partie de poitrine feminine, en terre cuite, haute de 2,5 cm et
^ large de 2,5 cm, avec les deux seins et un fragment de l'epaule et du bras
/ gauches, se trouve â la figure 52, no. 14.
Une partie du bras droit d'une figurine feminine vetue, en terre cuite,
Fig. 52 a haute de 3,5 cm et large de 2,7 cm. Le bras est leve (voir la figure 52, no. 12).
Notons encore les fragments suivants de figurines en terre cuite:
Un fragment de statuette feminine, haut de 6,5 cm et large de 4,3 cm, la partie superieure,
vetue d'un long chiton, sur une plinthe, haute de 0,7 cm (figure 53, no. 1).
Trois autres fragments similaires, l'un h a u t de 4,5 cm, large de 4 cm, la plinthe haute
de 1 cm. (figure 53, no. 2), l'autre, h a u t de 5,7 cm, large de 2 cm, la plinthe haute de 1 cm.
(figure 53, no. 3), lc troisieme, haut de 3,3 cm, large de 3 cm, la plinthe haute de 1 cm (fi-
gure 53, no. 10).
Les nos 16—19 de la figure 52 rcpresentent des fragments de figurines d'hommes, des
restes d'epaules.

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30 Dacia III—IV 1927/932
T I I E O P H I L E SAUCIUC-SĂVEANU

No. 16, une partie de l'epaule et du bras droits. Sur l'epaule robuste on voit un bouton
en relief (le diametre de 1,3 cm). Hauteur de 7,5 cm, largeur de 6,5 cm. Le vetement est lie
au bras j>ar des cordelettes.
No. 17, la partie posterieure d'une epaule et d'un bras d'hommc, h a u t de 7 cm, large
de 5,5 cm. On y reconnaît les restes d'une lettre N ou plutot M.
No. 18, un fragment de poitrine, haute de 4,5 cm, et large de 3,5 cm.
No. 19, une j>artie de la

I* Ui
poitrine, de l'epaule et du bras
gauches d'un jeune homme,
h a u t e de 4 cm et large de
4 cm.
Une petite jjartie de l'e-
paule et du bras gauches d'un
jeune homme, h a u t de 3,5 cm
et large de 2,5 cm (figure 52,
no. 20).
Une partie de l'epaule gau-
che, la partie posterieure d'un
homme robuste, probablement
d'un guerrier, haute de 7 cm
et large de 6 cm (figure 53,
no. 9).
Un fragment representant
Fig. 53 la region ombilicale avec le
triangle sexuel d'un jeune
homme, haut de 5,8 cm et large de 4,2 cm (figure 52, no. 15).
Une petite jiartie d'une j a m b e inflechie, haute de 5,2 cm et large de 2,3 cm (figure 53, no. 5).
Un admirable specimen de l'art grec est la petite tete en terre cuite, haute de 3,5 cm et
large de 4 cm, d'un satyre. La tete cassee est detachee du corps. Le visage courbe â droite, les

Fig. 55

oreilles animales grandes, les narines gonflees, la bouche large, l'ceil bovin, le front h a u t comme
une prolongation de la tete chauve, la partie posterieure de la tete bombee, le cou mince et
long, le menton leve en haut, donnent a cette tete un charme extraordinaire (figure 55, no. 2).
Un petit masque, en terre cuite, h a u t de 4 cm et large de 4,3 cm, de couleur brune, repre-
sente un vieillard furieux qui, ricanant horriblement, la bouche ouverte, arrondit detesta-
blement les levres.

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CALLATIS IV

Une chevelure abondante qui forme un bourrelet autour du front, couvre les oreilles du
vieillard (figure 55, no. I).
M. Chr. Mclidi a donne au Musee de Mangalia un fragment de figurine de jeune homme
assis, en terre cuite, h a u t de 7,8 cm, large de 4,5 cm et epais de 0,8 cm. La partie superieure
de la region ombilicale en h a u t n'est pas conservee et les pieds non plus. La main baissee est
enveloppee (figure 56).
La figure 53, no. 4, nous montre un petit fragment d'un cavalier monte, en terre cuite.
On y voit la main et le pied droits du cavalier, vetu d'un yixwv court, et une partie du ventre
de la monture.
Pied d'un enfant nu, place sur une m o n t u r e : fragment en terre cuite, h a u t de 3,7 cm et
large de 3 cm, â la figure 53, no. 16.
Un fragment de relief, en terre cuite, representant la partie posterieure d'une bete cou-
rant la queue levee, les jambes posterieures remarquablement etendues
en arriere, h a u t de 7,5 cm et large de 4,7 cm. Figure 52, no. 13.
M. H . Slobozianu possede â Bucarest une piece interessante en
argile tres fine et bien cuite, d'origine callatienne. Cette piece faisait
partie de la riche collection de feu Georgescu, secretaire de la mairie de
Mangalia. Elle nous presente quatre figures feminines en creux, en-
cadrees de tous lcs cotes (voir la figure 57).
Cette piece, haute de 33,5 cm, large, en bas, de 33 cm, en h a u t , de
30 cm, 6paisse â l'extremit6 inferieure de 4 cm, au milieu de 4,5 cm, est
un peu cass6e, â son coin gauchc en h a u t et, un peu plus loin, â droite,
en h a u t .
Le moulage en relief (voir la figure 58) fait sur commande de M.
H. Slobozianu a rempli les lacunes.
Ce moulage nous servira comme objet de notre description:
Les quatre figures feminines, en relief h a u t de 2 cm, sont encadrees de chaque cote, â gauche
et â droite, d'un pilastre â chapiteau, large de 2 cm, en haut d'un plafond dont le profil exte-
rieur (â largeur totale de 3 cm) se compose de quatre listels, larges de 9 m m , 6 m m , 9 m m
et 6 m m , dont le second et le quatrieme sont en retrait de 2 m m .
Le cadre, large de 6 cm, en bas, a le meme profil, mais les dimensions en sont plus grandes:
1,5 cm, 1 cm, 2 cm et 1,5 cm. Les quatre figures feminines sont debout, chacune sur une base,
separăe par une incision visible.
Trois de ces figures ont la meme hauteur (19 cm), la meme tenue calme et le meme port.
La quatrieme figure est plus petite. Sa pose et son vetement sont differents.
Les trois figures plus grandes, aux cheveux abondants, â haute coiffure, sont placees
chacune sur une base, haute de 1,4 cm et large de 8 cm. Elles sont vetues d'un yixoiv et d'un
ifxdxLOV â plis nombreux.
Le yixdiv est serre par une ceinture et ses plis tombent j u s q u ' a u sol. L' Ifidziov enve-
loppe la partie superieure du corps et les mains. La main droite enveloppee tient le bord de
1' Ifidriov; la main gauche est placee en arriere sur la hanche. Le corps s'appuie sur le pied
droit, la j a m b e gauche avance et s'inflechit legerement.
La quatrieme figure vetue d'un ifidziov, le bras droit releve dans la direction du vi-
sage et la main gauche baissee, soutenant les bord du ifidriov, se tient, la tete un peu in-
clinee, debout sur une base ronde mouluree, haute de 2 cm.

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30*
THEOIMHI.K SAUCIUC-SĂVKANU

Ces quatre figures encadrecs representent-elles un groupe et accomplissent-elles en commun


une pratique rituelle ou un acte different?
Les bases separees des figures enca-
drees nous font considerer cette piece
comme une forme, un cliche" d'un ate-
lier ceramique de figures feminines.
Le fabricant, voulant mouler tout
d'un coup plusieurs statuettes, employ-
ait cette figure qui n'est que la moitie
de devant. Les contours de devant se
formaient au moyen de cette forme,
tandisque les parties de derriere
etaient modelees sur un autre moule, de
memes dimcnsions et avec des listels
I correspondants. Le moule de la partie
I posterieure ne s'est pas conserve\
Mais les cadres â listels nombreux ?
En s'entrelacant, ils servaient â fi-
xer les deux moities du moule de
ces figurines.
Une piece creuse, qui s'amincit vers
un bout, en terre cuite, brisee, longue de 8 cm, large â un bout de 5,5 cm, â l'autre de 7 cm.
A son extremitc la plus mincc, elle
presente une petite courbure. Cette piece
ressemble â un bras ; surtout la courbure
nous rappelle le point ou la partie supe-
rieure du bras se rattache â l'avant-
bras. Autour de la partie superieure
est entortille un serpent, dont on voit
la tete au bout aminci de la piece
(voir la figure 59).
Nous rencontrons encore le serpent
sur trois autres pieces en terre cuite. Une
main gauche, longue de 7,5 cm, l'avant-
bras du pourtour de 6 cm, nous pre-
sente la figure d'un serpent, qui, entor-
tille autour du poignet, tend sa tete
sur le dos de la main (figure 60, no. 1).
Cette main dont l'index est brise,
porte une sorte d'anneau â cacheter â
l'annulaire. Cet anneau a une egrati-
gnure legere et visible.
& & | T — II •

Les deux autres pieces ne nous pre- _


: Fig. 58
sentent qu'une partie de deux avant-
bras, d'une longueur de 4,5 cm (figure 60, no. 2) et de 4 cm (figurc 60, no. 3).
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CALLATIS IV

On a trouve le pli de coude correspondant de I'avant-bras de la figure 60, no. 3, â un


reste de la partie superieure du bras â la figure 53, no. 15.
Le serpent se t r o u v a n t autour de ces trois bras nous indique, â n'en pas douter, un mo-
ment interessant au point de vue du culte religieux ' ) . Mais nous avons trop peu d'indices
pour pouvoir avancer quelque chose de certain.
Inttfressante est la piece (figure 53, no. 19) longue de 5 cm et large de 2,8 cm, qui a la
forme d'une raain. L'index est assez bien indique. La main
tient dans son plat un disque (au diamctre de 2,5 cm), em-
preint d'une rosette.
Son role? Peut-etre un objct de culte.
Un bonnet pointu, en forme de couvercle, pare de fines
ncrvures se rcunissant au sommet, en terre cuite, se trouve
a la figure 53, no. 18.
Un fragment d'oiseau, probablement de pigeon, en terre
cuite, long de 6,2 cm et large de 3 cm, est visible â la fi-
gure 53, no. 14. Les ailes sont indiquees par une incision
courbee; les plumes dc la queue, par une ligne droite.
Nous avons probablement une petite partie d'un pied
de lit â la figure 53, no. 12, ainsi q u ' a u no. 13.
Nous ne saurions indiquer le role des pieces, en terre
cuitc, aux numeros 7 et 8 (hautes de 9,5 cm et 9,5 cm,
larges de 6 cm et 5 cm) de la figure 53.

Fig. 59
2. Tessons de vases en nrgile

Nous avons â noter une recolte assez riche de ceramique ou plutot de tessons.
Nous n'avons trouve aucun vase intact. Les nombreux etablissements qui se sont succedes,
au cours des siecles, les frequcntes fouilles et fondations d'habitations, aux memes endroits,
ont fait qu'il n'y ait presque aucun endroit qui n'eut
subi de melange.
Les formes des vases les plus variees, a u t a n t que
nous pouvons en juger d'apres les tessons, ont ete
trouvees, et leur ornementation presente une grande
variete en ce qui concerne l'emploi du decor, t a n t o t du
decor k raies et â cannelures incisees, t a n t o t du decor
peint, t a n t o t du decor en relief.
II est difficile d'etablir une succession de couches
et une succession d'etablissements.
Les objets et surtout les fragments ceramiques des
differentes epoques se trouvent entremeles. Les frag-
ments les plus varies comme technique et comme ornementation, des siecles les plus recules, se
trouvent parmi les restes des siecles posterieurs et meme recents et apparaissent souvent
â la surface des fouilles. Les restes antiques se trouvent souvent â une petite profondeur,

l
) Cf. Ia dceesse aux serpents de l'epoque minoenne.

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I IIKOPIIII.i; SAI (II C-SAVKANI

tandis que des tessons dc l'epoque moderne ont ete decouverts a une profondcur dc 2—3 cm
sous le sol.
Voir p. e. un tesson, en pâte grossiere, decore d'un bourrelet simple et portant des em-
preintes digitalcs (figure 61, no. 16) ct un autre tesson, cn argile provcnant de couches con-
naissables (la troisieme de coulcur brun-noir), avcc une proeminence horizontale, portant une
empreinte digitale (figure 61, no. 15), ont 6t6 decouverts presque â la surface.

Fig. 61 Fig. 62

De la ceramique simple nous possedons de petits tessons de l'epoque la plus rcculee jus-
qu'aux siecles des grandes migrations dc notre cre. II sont ornes d'un decor u ncrvures j)lus ou

moins espacees (voir la figure 62, nos. 1—3), de depressions JJIUS OU moins fortes (voir la figure
62, nos. 5, 6, 11), de cannelures paralleles, â distance et â profondeur variables, tantot en
lignes droites, tantot ondulees, plus ou moins serrees (figure 62, nos. 7—10, 12—14), et quel-
quefois aux intervalles de zones lisses, non cannelees (figure 62, nos. 15).
L'argile varie; elle est plus ou moins fine, plus ou moin bicn cuite, quclqucfois d'une pa-
tine de couleur d'argile ou plus claire.

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CALLATIS IV

Dcux fragments de vase, en forme d'assiette, en argile tres fine et bien cuite, portent
sur les rebords droits (hauts de 3,1 cm et 2,5 cm, epais de 1 cm), â l'exterieur, des raies
courtes, paralleles, disposees par rangecs (sur l'un des rebords 4 ; sur l'autre, 5 rangees).
Au second fragment, tout le rebord est couvert de ce decor. Voir la figure 46, nos 15 et 16.
La partie superieure d'une amphore, haute de 22 cm, se trouve â la figure 6 3 ; la partie
inferieure d'une autre, haute de 40 cm, a la figure 64.
Un autre fragment d'amphore, la partie inferieure, haute de 21 cm, est represente â la
figure 65.
Deux amphore8 â peu pres intactes, d'origine callatienne, de dimensions differentes, et un
goulot d'amphore se trouvent â present chez M. H. Slobozianu, â Bucarest (voir la figure 66).

Fig. 66. Fig. 67.

La figure67, nos 1—7, 9—10, 12—16, et la figure 6 1 , nos 1—3, 5—7, 9—11, 13, 14, sont
des fragments marginaux de vases en argile, non vernis, de formes et de dimensions differentes.
Le fragment, fig. 67, no. 1, nous pr€sente une incision separant la panse du rebord aminci.
Les fragments nos 3, 4, 5 et 6 nous presentent un double rebord, qui s'explique par une
depression au milieu de la marge du rebord.
Remarquable est le fragment fig. 67, no. 5, charge de patine de couleur terre de Sienne
clair, dont le rebord renfle a deux parties, separees par une depression. Une partie du re-
bord est droite, l'autre r a b a t t u e en dehors. Sur cette derniere partie on voit applique un decor
de lobes en pâte identique. II a la largeur de l'index.
Le fragment fig. 67, n o . 7, a le rebord r a b a t t u en dehors, large de 2,4 cm.
Le fragment, fig. 67, no. 12, au rebord moulure, est le seul qui n ' a p p a r t i e n n e pas â
un vasc plat, comme tous les autrcs.
Un fragment d e vase en argile, de forme ronde, nous montre sous le rebord, apres
un bourrelet circulaire, une rangee d'oves â beau relief. Voir la figure 68. La patine du
fragment est de couleur ocre-chair.

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TllftDPHlLK SAUCIUC-SAVLANU

II faut relcver lc fragment dc vasc dc la figure 69, no. 16, dont l'orifice presente
trois douilles formees par une gracieuse courburc de l'embouchure dans lc gcnre de nos
theieres. Voir Guhl et Koncr, Das Leben der Griechen und Riimcr, cd. 6, p. 271, fig. 327,
no. 28 ct p . 275.
La courbc d'unc cmbouchurc cst visible aussi sur lc fragmcnt. represente par la figure
6 1 , no. 2.
Un petit tesson, cpais de 0,4 cm, presentc au fond, dc couleur ocrc-chair, un dccor de
lignes circulaires et de feuilles cn coulcur brun rougcâtre (fig. 46, no. 8).

Fig. 68 Fig. 69

Beaucoup de fragments decouverts apparticnnent au type de pateres plates â lustre


noir, decrites par nous dans la revue Dncia I, 1924, p . 163 et s.
Les rebords de vases de cette categorie sont plus ou moins h a u t s et cpais, plus ou
moins droits ou obliqucs, plus ou moins amincis, plus ou moins r a b a t t u s au dehors, et
meme descendent parfois perpendiculairement.
A la figure 69, nos. 8 et 12, nous avons deux fragments de rebords de vases r a b a t t u s de la
hauteur du fond de vase, d'abord en dehors et puis en bas.
Le no. 15 de la figure 69 represente le fragment d'unc patere de cette categorie, orne au fond
d'un admirable lustre noir, metallique, â 4 cercles concentriques aux diametres de 5,5 cm,
4,5 cm, 2 cm et 1 cm.
Un autre fragment (figure 67, no. 8), cn argilc fine, bien cuite, charge d'une patine brune
et par endroits de couleur terre de Sienne brîilee, est orne, â l'interieur, au centre, de 3 cercles
concentriques (diametres de 5,5 cm, 5 cm et 0,8 cm).
D'un beau lustre metallique est le fragment de la figure 67, no. 13. La paroi de ce frag-
ment de vase est epaisse de 0,8 cm. Le rebord est r a b a t t u en dehors par une courbure clcgante.
Parmi les anses de vases d'usage journalier en argile simple non peinte nous nous per-
mettons d'appeler l'attention sur les anses doubles et surtout sur la figure 70, no. 3. Cette
anse, d'une circonference de 13 cm, n'a pas une courbure elegante et legere, comme la figure

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CALLATIS IV

70, nos. 2 ct 6, d'unc circonference de 12,5 cm et 6,5 cm, mais elle presente apres une petite
courbc, longue de 6 cm, un angle droit.
Les anses de la figure 70, nos. 1, 4, 5, 7 ne prcsentent presqu'aucun ornement, car l'or-
nement consistant d'incisions ou de nervures longitudinales, plus ou moins accentuees, est
â peine visible.
L'anse, figure 70, no. 7, a, au milieu, une nervure qui se termine, pres de l'orifice, par
un dccor en forme de la lettre t a u .
Des anses aux nos. 8, 9, 11, 12, 13, chacune d'elles presentant deux nervures longitudi-
nales paralleles, qui se terminent pres de I'orifice des vases, par un bouton rond en rehef.
Le role des boutons ne peut etre que dccoratif.

Fig. 70 Fig. 71

Nous reproduisons ici quelques formes d'anses torses, de dimensions variees.


Deux anscs torses en argile extraordinairement fine, de couleur ocre chair, presentent
un vernis noir luisant (figurc 7 1 , 6 et 7).
Un fragment d'anse torse, avec une mince partie du rebord du vase, en pâte fine avec
beaucoup de paillettes blanches, presente, â l'exterieur, une patine de couleur terre de Sienne,
t i r a n t par endroits sur le noir (figure 70, 10).
D'autrcs anses de vases sont representees a la figure 71. Les anses horizontales nos. 1,
2 et 5 sont tres fortes. Elles appartenaient a. de grands vases.
Le reste d'anse, no. 3, au vernis tres beau, noir, luisant, presente des traces d'un decor
â cannelures horizontales. Les anses des tessons nos. 4 et 9 sont ornees de proeminences col-
lces, en forme de selle.
Le fragment no. 4 presente en dehors de la selle, en bas, une proeminence aigue.

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TIIEOPIIILE SAUCIUC-SĂVEANU

Les anses des fragments nos. 10 et 11 et les rebords rabattus en dehors adherent l'un â
l'autre.
La formc circulaire d'anse de vase, en argile, â vernis noir luisant, au no. 12.
Un reste d'anse d'un vasc â goulot etroit se trouve au no. 13.
Un tres petit reste d'anse d'un vase â paroi fine est represent6 â la figure 71, no. 14. Trop
petit est le reste d'anse â vernis rougeâtre dont la tournure est remarquable (no. 15). C'est
une forme singuliere que nous presente le fragment d'anse â la figure 71, no. 16, au vernis
noir, luisant.
L'anse de la figure 7 1 , no. 16 presente, en bas, une autre proeminence bris6e.
^ ^ La grandeur et la forme dcs pieds de vases varie. La

â ^ .
\B V fl Hf
pluparl des pieds conserv6s sonl pctits. I ue elevation cir-
culaire a l'cxtericur de la pansc dc vase au diametre plus
2 y0r ou moins g r a n d ; l'elevation est plus ou moins haute, t a n t o t
droite, t a n t o t oblique. Voir la figure 69, nos. 4, 5, 9, 11,
13, 14, 17.
Au centre d'une elevation circulaire formant le pied du
vase, on voit le fond ext6rieur de la panse du vase ayant
un omphalos plus ou moins apparent.
La ligne de suture est indiquee par une incision plus
ou moins profonde entre le picd et la panse.
A l'int6rieur du vase on voit, quelquefois au centre, un
âI ',\ 1 3 ^ţ^ simulacre de pied, de meme diametre que le pied veritablc
ll
U /Q* B ^flfch I'exterieur.
La plupart des pieds de vases trouv6s pendant nos fouillcs
sont en forme de tronc de cone creux, â vernis luisant, noir
ou rougeâtre. Voir la figure 72. La h a u t e u r et la dimension
de la base du tronc de cone varie. C'est la face moulurce des
troncs de cone qui rend gracieux leur aspect et la figure des vases en gen6ral.
Tous les numeros de la figurc 72, excepte 8 et 15, aux pieds bas circulaires, dont nous par-
lerons plus loin, nous pr6sentent des pieds en forme de tronc de cone creux.
La fragment no. 15 est une base circulaire, haute de 18 cm et au diametre de 5,5 cm, en
argile de couleur cendree. II presente en h a u t un petit creux. Peut-ctre ser-
vait-il â broyer des couleurs. La partie la plus basse, creuse, d'un petit vase
de luxe ă base circulaire, au diametre de 0,8 cm, est representee par la
figure 72, no. 8.
La possibilite de son emploi comme vase d'usage journalier paraît
etre exclue. Fig. 73
Le nombre des tessons d'amphores, en argile simple, est trcs considerable.
Aux types interessants des pieds notes par nous en Dacia, I, 1924, p . 159, figure 84 et Dacia,
I I , 1925, p . 134 et p . 116/7, fig. 19, nos. 7—18 et fig. 30, nos. 3, 5, 6—8, nous ajoutons encore
quelquesuns â la figure 69, nos. 1, 2, 6, 7, 10, et â la figure 73.
Un fragment de vase en argile de coulcur ocre chair, â plusicurs picds, sur lesquels il re-
posait, nous presente la figure 69, no. 3. Le pied conserv6, h a u t de 1,5 cm, d'un diametre de
3,5 cm, presente un trou, profond de 2,5 cm et presque circulairc, au diametrc de 1,5 cm.
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Voir le fragment note en Dacia I I , 1925, p . 135/6, fig. 55, no. 15.
CALLATIS IV

Nous poss6dons un grand nombre de tessons attribues aux vases dont le nom modcrne
c s t : bols. II n'y a aucun exemplaire d'intact.
Les fragments t a n t o t plus grands, t a n t o t plus petits, dont beaucoup furent colles par
nous, peuvent etre r6duits ă deux types principaux.
1) Les fragments â vernis noir m a t et 2) les fragments â vernis rougeâtre.
Un fragment de bol, â vernis noir, peu luisant, coll6 de trois tessons, en pâte fine, bien
cuite, pr6sente apres un rebord aminci, presque droit, large de 1,4 cm, sur la panse legerement
arquee, trois zones de decor en relief, separees par des lignes circulaires incis6es.
Dans la premiere zone, large de
1,2 cm, on voit une rangce circu-
Iaire de rosettes; dans la seconde
une altcrnance de rosettes aux raies
courtes, aigu6s et de d a u p h i n s ; dans
la troisieme, un d6cor â motifs v6ge-
t a u x , de feuilles d'acanthe, alternant
avec des feuilles en fer de lance.
Voir la figure 74, no. 4.
Un autre fragment de bol, colle
des tcssons â paroi epaisse de 0,4
cm, nous pr6sente un rebord aminci
presque droit, largc de 1,4 cm, et
trois zones au meme decor que le
Fig. 74 Fig. 75
fragment pr6c6dent. C'est probable-
mcnt une partie du bol pr6c6dent (figure 75, no. 1).
Le centre de la troisiemc zone est aussi le centre de la panse du bol, qui est, comme tous
les bols, sans base.
Au ccntre de la panse on voit d'habitude â l'exterieur, une rosette entouree d'un ou de
plusieurs ccrcles concentriqucs, tels que ceux representes par les deux tessons colles â la
figure 75, no. 2.
Un petit fragment d'un autre bol, â vernis noir peu luisant, presente, apres un rebord,
un pcu courbe, large de 2 cm (ou plutot 0,4 cm + 1 , 6 cm), une rangee circulaire de rosettes
(figure 74, no. 2).
Un autre petit fragment, â vernis noir d'un lustre metallique, a, apres un rebord large
de 1,4 cm et apres une bande large de 0,6 cm, entouree de deux cercles, une rangee de rosettes
(figurc 74, no. 3).
Un petit fragment de bol, â vernis noir mat, a un rcbord lisse aminci, presque droit, large
de 1,3 cm. On voit, apres le rebord, une ligne circulaire suivie, â une distance de 0,5 cm, par
trois autres lignes. Apres ces lignes on voit la zone d'oves et de dards, large de 1,2 cm, et se-
parce par une lignc circulaire, une petite partie de la zone des folioles imbriquees
(figure 74, no. 1).
Un tesson plus grand de bol, colle par nous de 4 fragments, â paroi epaisse de 0,3 cm,
charge d'une patine rougeâtre, a un rebord aminci â l'exterieur, large de 1,4 cm. Apres une bor-
dure circulaire, un peu elevee, large de 0,3 cm, suivent, separees chaque fois par une ligne cir-
culaire, trois zoncs: la zone d'oves et de dards, large de 1,3 cm, la zone de fleurs aux sepales,
petales et etamines couchees et flanquees â gauchc et â droite de trois points, large de 2,4 cm,
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THF.OPIIILE SAUCIUC.-SĂVEAMJ

ct la zonc de feuilles d'acanthe ct dc feuilles en fer de lance alternatives. Cette troisiernc zone
presente au centre du bol une rosettc tres jolie. Voir la figurc 76.
La deuxieme zone peut etre expliquee aussi comrae une zonc dcs bouquets de feuilles de
Iauriers â baies.
Un fragment de bol, â vernis rougcâtre, presente au centre la rosctte entouree par dcux
lignes circulaircs. Lc champ autour de la roscttc, dont nous possedons unc petite partie, cst
parseme de petits motifs. Dcux feuilles, l'une lanceolce et I'autre cn forme de palmette, alternent
avec un registre pare de pampres et de grappes. Cette partie de la panse est pleine du decor
garnissant lcs vidcs (figure 77, no. 1).
Les nos. 1—5 de la figure 77 nous presentent des fragments du centrc de quatre bols.
Le fragment no. 3 a un petit reste de nervures ornant la panse dc quelques bols.
Le fragment no. 8 nous en montre micux le decor de ncrvures.
La figure no. 7 nous presente un fragment de bol, un petit rcste de la zone des rosettes,

Fig. 76 Fig. 77

qui est separee par un bourrelet de l'autre zone, avec trop peu de rcstes conservds du dccor.
Le fragment de bol, â la figure 77, no. 6, nous presente des restes de deux zones: la zone
superieure a des traces de figures humaines, la zone inferieure, un dccor de feuilles d'acanthe
et de fer en lance.
Un petit fragment de rebord de bol (figure 77, no. 9), large de 1,8 cm, presente, apres une
bande large de 5 cm, paree d'une torsade simple, une autre bande, large de 0,9 cm, de bou-
quets de feuilles de laurier.
Nous ne saurions passer sous silence le grand nombre de fragments de bols decouverts
â l'occasion de nos fouilles â Callatis.
L'habitude d'employer cette forme de vases, nous pouvons peut-etre la rattacher â un
usage des Megariens, dont la ville a ete consideree comme la grand' mere de la ville callatienne *).
A Megare, nous le savons, les bols etaient en vogue, comme â Athenes et a Eleusis.
Les plus nombreux exemplaires de bols etudies par F . Courby, Les vuses grecs â rcliefs,
Paris, 1922, proviennent des villes citees.
J
) Nous signolons ici le livre de Highbarger, E. L.,T/ic rition. On dit quc cc livre est une collection utile
history and civilization of ancient Megara, I, Balti- de materiel.
more, 1927, dont nous ne connaissons que Tappa-

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CALLATIS IV

Un j)etit fraginent de bol, de couleur noiraud-luisant ă la partie superieure, de couleur


rougeâtre â la partie inferieure, nous presente un rebord aminci, large de 1,2 cm. Apres la bande
circulaire d'oves ct de dards, largc de 0,8 cm, on voit la zone de feuilles d'acanthe et de feuilles
en fer de lance (figure 78, n o . 2).
Un fragment de vase, a ouvcrture eVasee, au rebord rabattu en dehors, large de 2 cm et
orn6 de 3 depressions circulaires, presente, apres une bande d'astragales, une autre bande, plus
large, d'oves et de dards. De la quatrieme bande de tresses nous possedons un reste minus-
cule (figure 78, no. 1).
Un fragmcnt de bol cst â patine rougeâtre, excepte le bord large de 2,5 cm, qui est noir-
âtre. Apres le rebord, large de 1,5 cm, on voit trois zones, au decor en relief, separees par une
lignc circulaire, chacune large de 1 cm: 1. des volutes reunies (un element decoratif d'origine
mycenienne), 2. des tresses et 3. des rosettes. Apres les trois zones on voit un reste minuscule
de feuille, qui trahit le decor du reste de la panse du bol. Voir la figure 78, no. 7.

Fig. 78 Fig. 79

Des tresses, apres un rebord large de 1,6 cm, se trouvent sur le fragment de bol â Ia figure
78, no. 3.
Un fragment de bol, â patine rougeâtre, aux taches noirâtres, a un rebord aminci, large
de 1,2 cm. Apres deux lignes circulaires en relief, on voit une bande, large de 1,1 cm, de perles
et de pirouettes.
Separe par une nervure circulaire, on voit le champ d'une autre zone, rempli de feuilles
en fer de lance (figure 78, no. 5).
Un fragment de bol, plus fin, divise en deux parties par une ligne circulaire, montre
une bande (large de 1,9 cm) de rosettes, qui est suivie par une zone de feuilles en fer de lance
(figure 78, no. 4).
Un fragment de vase â l'orifice evase a, sous le rebord, large de 3,2 cm, une bande, large
de 0,8 cm, parce d'une rangee de petits cercles incises, â une distance de 0,6 cm.
La panse de vase paraît etre ornee de feuilles, d'apres ce que l'on peut conclure d'un
petit reste visible â droite du fragment (figure 78, no. 6).
Quelques fragments de bols, de couleur rougeâtre, sont, au rebord, d'une couleur t a n t o t
plus, t a n t o t moins argentee ou noirâtre. Voir la figure 46, nos. 2, 3, 4, 6. La largeur du rebord
varie fort peu, de 1.3 ă 1,5 cm.
Apres le rebord on voit le decor d'une rangee de points en relief, entouree de deux lignes

www.cimec.ro 477
T H E O P H I L E SAUCIUC-SĂVKANU

circulaires. Sous ce decor des points on voit des traces de nervures qui ornaicnt la
panse du bol.
Les numeros 5—7 de la figure 79 representent de fort pctits restes de bols: 5 et 6, frag-
ments de deux rosettes, 7, un dauphin en relief.
Sur un fragment de vase, â vernis d'un lustre mctallique, au rebord r a b a t t u en dehors,
large de 2,3 cm, on voit une bandc, large de 2,5 cm, par6e d'une rangee de bucrânes et de ro-
settes en relief. Voir la figure 79, no. 2.
A la figure 79, nos. 3—4, nous voyons deux petits fragments de vases cotcbSs (voir
Courby, /. c , p. 202), â vernis noir luisant.
Aux types de vases cotelcs peuvent appartenir les anses torses reproduites â la figure
71, nos. 6 et 7.
Un troisieme fragment fort petit (figure 46, no. 14) pr€sente les traces de cannelures des
vases coteles. Sous ces traces on voit 2 lignes circulaires incisees, et, plus bas, des restes
d'un decor incise\
Un fragment plus grand cn noir lustră, presente une cannelure horizontale (figure 6 1 ,
no. 12).
Un fragment de goulot de vase, â vernis noir luisant, est orne d'une tige de lierre. La tige
est incisee, tandis que les feuilles, en forme de cccur, sont remplies de pâte de la couleur du
vase, ocre chair clair (figure 46, no. 10).
Un fragment de vase petit, fin, â vernis noir luisant, est orne aussi d'une tige de lierre.
La tige et les feuilles sont remplies d'une pâte de couleur ocre chair (fi-
gure 46, no. 12).
Un autre fragment de vase plat presente aussi, sur le rebord, large de
Fig. 79 a 2,2 cm, epais de 0,6 cm, la figure d'une tige de lierre aux fcuilles remplies
d'une matiere de la meme couleur que la pâte du vase (figure 46, no. 11).
Un petit fragment de vase, en pâte grise couleur noirâtre, epais de 4 m m , perce d'un
petit trou, presente en relief, h a u t de 4 mm, une jolie feuille (figure 79, no. 1).
Un tesson de vase plat, en forme d'assiette probablement, est perc6, et porte, au trou,
un crampon en plomb, tel que nous l'avons publie en Dacia, I, 1924, p. 164, mais de di-
mensions plus petites, 4 cm de longueur et 0,6 cm de largeur.
Ce crampon est coupe â l'un de ses bouts. II semble que le crampon ătait plus long et
rattachait le vase â une autre piece (voir la figure 46, no. 1).
Sur le role de ces crampons nous avons parle dans Dacia, l. c.
Deux autres tessons, perces, de ceramique simple, sont â la figure 67, no. 4 et â la figure
61, no. 4. Des fragments marginaux perces de trous sont encore â voir â la figurc 6 1 ,
nos. 3 et 6.
Les trous ne servaient qu'â la suspension.
Digne d'attention est le fragment â la figure 67, no. 1 1 : la partie inf6rieure d'un vase,
qui paraît avoir ete un vase â double paroi. Ce vase a, au lieu de pied, un creux conique, elegant.
La paroi exterieure est epaisse de 0,4 cm, l'interieure de 0,3 cm. Ce fragment est en
argile tres fine et bien cuite, â vernis noir â l'exterieur ct â l'interieur, mais non pas â
l'interieur entre les deux parois. Le fragment n'a pas une forme habituelle. Voir aussi la
figure 79 a.
Le tesson est trop petit pour que nous puissions fixer sa forme et son role. II peut avoir
servi comme une sorte de thermophore de nos jours.

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CAIJ.ATIS IV

3. Autres petits objets en argile et en marbre

Une lampe en terre cuite eet munie, autour du trou â infusion, de deux cercles incises
et, sur le bord, d'un decor de deprcssions courtes et paralleles. La partie du trou â meche est
brisee et on n'y voit qu'une parure de trois boutons. La lampe (figure 80) presente une poignee:
une proeminence presque cylindrique, perforee horizontalement (voir le livre de Deonna, Uor-
nementation des lampes romaines, Rev. arch. X X V I , 1927, Oct.—Dec.)
Un fragment de Av^rog, long de 4 cm, Iarge de 7,5 cm,
h a u t de 3 cm, en argile fine et dure de couleur cendree, pre-
sente en relief un mince reste de deux cercles qui entouraient
le trou â infusion. La paroi est epaisse de 0,4 cm. De chaque
cote de la lampe on voit une poignee aigue, qui, vue de des
su8, a la forme d'un cceur bisectionne. Voir la figure 8 1 , no 2.
Un mince fragment de
l&yvoţi en pâte fine et bien
cuite, de couleur ocre chair,
presente â la partie supe-
rieure une anse, et, sur le
bord, 6 rangees de points
en relief. Voir la figure
81, no. 1.
Un autre fragment, de
kbyrvoc,, encore plus mince,
nous presente deux cercles
Fig. 80 excises (figure 8 1 , no. 3).
Fig. 81
Trois autres fragments,
dont un de couleur terre de Sienne brulee, luisante, font partie des orifices aux trous â meche
de trois "kvy^voi. Voir la ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ dimensions indiquees â la
figure 8 1 , nos. 4, 5 et 6. figure 82. Un autre frag-
Un f r a g m e n t de ment de XV%VOQ se trouve
lampe a le decor el les WF^SttSm^^a*<liai%apMiipif mSL a
' a figure
Chez I. Ionaşcu nous
avons vu une lampe en terre
cuite, longue de 5 cm, large
de 5 cm et haute de
Fig. 82
2 cm, presentant une ro-
sette au milieu du revers.
Des fragments d'une
plaque en terre cuite, longue
trfj? de 67 cm, large de 52 cm
■Kw.3Mvuu et epaisse de 4,5 cm, se
Flg> 8
* trouvent â la figure 84. La
plaque a un bord h a u t de 1,6 cm—2 cm et large de 3,5 cm.
A 3 cm du bord superieur de la plaque passe d'un cote â l'autre une elevation, haute de
1,5 cm. Voir les sections de la plaque â la figure 85.

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T H E O P H I L E SAUCIUC-SĂVEANU

Une autre jîlaque en brique est longuc de 67 cm et epaisse de 3,5 cin (figure 86).
Une cuve en argile, longue de 61 cin, Iarge de 48 cm et epaisse de 3 cm, est brisee, de
sorte que nous ne pouvons pas en indiquer la hauteur (figure 87).
Un grand nombre de tuiles, dont une longue de 34 cm, large de 15,5 cm et epaisse de
2,5 cm (figure 88).
Un disque en pâte tendre bien travaillee, epais de 2 cm, d'un diametre de 10 cm, porte
l'emprcinte circulaire d'une etoile (le diametre de 2,3 cm) en relief. Au bord, le disque est
j>erce de deux trous, probablement â suspension, qui se trou-
vent â un intervalle de 1 cm. Voir la figure 33, no. 4.
Un cone en argile, haut de 7 cm (la jjeripherie de la
D base est de 16 cm). A 2 cm du sommet, le cone est perce
d'un trou au diametre de 0,5 cm. La longueur en est de 2
cm. La pâte est fort bien travaillee et de couleur terre de
Sienne nat. clair.
Ce conc, objet qu'on appelle generalement poids de me-
tier de tisserand, porte, â 15 cm de la base, une empreinte
de motif vegetal: la palmette â forme svelte, haute de 1,5 cm
(figure 33, no. 1).
Une pyramide quadrilaterale, tronquee, en argile fine,
de couleur terre de Sienne brulee, haute de 7 c m ; la base
inferieure (dimensions 4 cmX 1,5 cm) est percee, â 1 cm de
son bout, d'un trou (au diametre de 0,7 cm).
Fig. 85 De petits morceaux des deux aretes de la pyramide sont
detaches par eclats. A 1,5 cm au-dessous de ce trou, on voit
une estampille ronde (au diametre de 1,9 cm) â peine reconnaissable et presentant en fort
bas-relief le buste d'un homme chauve sans barbe (voir la figure 33, no. 2).
Une rondelle, en argile, bien travaillee, de couleur ocre-jaune brule, dont le diametre
est de 4,5 cm et Pepaisseur de 1, l c m ,
a, au milieu, un trou au diametre de ^-
1 cm. Son bord est relativement
bien taille (figure 8 1 , no. 7).
Une moitie d'une autre rondelle,
en pâte et de couleur similaires, au
diametre de 3,8 cm, epaisse de 1,7
cm, presente au milieu un trou au
diametre de 1,5 cm. A l'interieur de
Fig. 87 Fig. 88
ce trou on remarque de petites can-
nelures qui semblent provenir de la pression d'une vis (figure 8 1 , no. 8).
Une fusaîole, en pâte bien travaillee et cuite, de couleur Sepia rom., a la forme d'un double
tronc de cone, haute de 2,3 cm, au diametre de 4 cm. L'un des deux troncs est plus taillc que
l'autre. Le trou traversant la fusaîole a le diametre de 1 cm. Le role de ccs fusaîoles? Nous
les connaissons des siecles plus recules (figure 8 1 , no. 9).
Un petit couvercle en argile, de couleur ocre-jaune briile clair, bien cuite, avec des
paillettes blanches et jaunes, en forme de disque (diametre de 6,5 cm), avec une poignee en
forme d'omphalos, un peu enfoncce sur u n cote, haute de 3 cm.

www.cimec.ro 480
CALLATIS IV

Par la formation de la poignee omphaloîdale, on peut constater sur le dos du couvercle


une depression conique. Des couvercles ont ete trouves presque partout dans les stations pre-
historiques de notre pays.
Un fragment en argile simple, perce d'un trou (diametre de 1,2 cm) se rapproche de la
forme d'un entonnoir (figure 6 1 , no. 15).
Deux morceaux d'une table ronde en marbre, trouves pendant mes fouilles dans le ter-
rain de M. Magrin, â une profondeur de 2,5 m, sont reproduits â la figure 9 1 , ou nous lisons aussi
leurs dimensions.

4. Objets en metal

Le m6tal est trcs rare â Callatis. Nous en avons trouve fort peu. Les objets respectifs sont
en bronze, en fer et en plomb.
Un petit vase enfonce, en bronze, de forme ovale, aux dimensions de 8 cmX 5,5 cm, h a u t
de 2,5 cm, â patine verte, ressemble â un cendrier (figure
89, no. 2).
Un anneau en bronze, large de 0,4 cm
et epais de 0,1 cm, au diametre de 2 cm.
Voir la figure 89, no. 13.
Trois pieces en forme d'anneaux, aux
diametres de 1,2 cm, 1,1 cm et 1 cm (fi-
gure 89, nos. 8, 11, 14) avaient un autre
role que l'anneau de la figure 89, no. 13
Un hamecon en bronze, bien con-
serve, long de 6,5 cm, â quatre aretes
assez vives, a le bout plat et une inci-
sion â la partie ou on attache le fil (fi-
gure 89, no. 12).
Un autre hamecon, long de 3,7 cm, mo-
ins bien conserve, est coupe (fig. 89, no. 9).
Un fil en bronze courbe, long de 4,4
cm, est visible â la figure 89, no. 10.
Une piece en bronze, en forme d'aiguille ou de poincon, longue de 10 cm, â quatre
aretes, devient plus plate vers le bout (figure 89, no. 16).
Une autre piece en bronze, longue de 7,5 cm, brisee, presente â un bout un petit
sillon, long de 1,5 cm. Ce sont des pieces d'outils d'usage pra-
tique (figure 89, no. 15).
Une lame de lance, en fer, longue de 13,5 cm, large de 5 cm,
est reprăsentee â la figure 90.
Un autre fragment de lame en fer, long de 8 cm, large de
1,8 cm, peut etre vu â la figure 89, no. 1.
Nous avons parle plus haut du poids et du fragment de tete Fig. 91
en plomb.
Pendant les fouilles pratiquees dans le terrain de M. Magrin nous avons rencontre aussi
des monnaies â une profondeur de 1,50—2 m (figure 89, n os 3—7).

481
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31 Dacia III—IV 1927/932
THKOPIIILE SAUCIIJC-SĂVKANU

Mais, des monnaies trouvees au cours de nos fouilles aucune ne peut nous donner une
information d'importance. Les monnaies decouvertes, aux diametres de 2,2 cm (no. 3), de
2 cm (n os 4 et 5) et de 1,6 cm (n os 6 et 7), sont ă peu pres totalement detruites j)ar le pro-
gres de l'oxydation ct ne peuvent nous donner aucun renseignement.
Mais Ics Callatiens avaient leur belles monnaies et savaient se conformer aussi sous ce
rapj)ort â leurs interets commerciaux.
Les monnaies dc Callatis j)ar exemple, qui montrent Fimage de Lysimaque, ne sont
qu'une imitation. Les monnaies d'or de Lysimaque etaient recherchees, comme celles du roi
Philipj)e de Macedoine, fraj)j)ces, comme nous enseigne incidemment notre illustre numismatc,
M. Soutzo, mcmc par les Scythes et par les Thraces.
Le Lysimaque des monnaies callatiennes reproduisent plutot le tyj)e de Mithridate
E u p a t o r ou de son fils Pharnace.
www.cimec.ro THfiOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
FOUILLES ET RECIIElîCIIES ARCIIEOLOGIQUES
A CALACIIIOI (CAPIDAVA?) EN 1924 ET 1926
Sur la rive droite du Danube, â 20 km au Nord de Cernavoda vers Hârşova, en face du
village de Calachioi, en Dobrogea, s'eleve un puissant massif rocheux, isole par une tranchee
dont les deux extremites touchent au Danube. Le trace de la tranchee est suivi par la
route actuelle conduisant â la commune de T o p a l u ; dans l'antiquite la tranchee etait cer-
tainement plus profonde et communiquait avec le Danube qui y penetrait, en y formant une
espece de bras.
Sur ce massif ainsi isole se trouvent lea ruines d'un important castellum romain. II est
dans un etat de conservation surprenante, en comparaison des autres casteila romaines de
la Dobrogea.
Nous avons commence les fouilles â cet endroit pendant l'ete de 1924 et nous les avons
reprises en 1926—27. A defaut du materiel roulant necessaire, notre travail s'est effectue pe-
niblement, parceque nous avons 6t6 obliges de creuser jusqu'â 7 et 10 m de profondeur —
tellement profondes etaient les fondations — et nous avons du etablir â cet effet jusqu'â 4
banquettes. Dans ces conditions nous pumes, pendant les trois campagnes, degager comple-
tement le cote exterieur du mur d'enceinte subsistant encore; nous avons aussi fouille j u s q u ' â
la base l'interieur de la grande tour du cote Nord-Ouest et â moitie la tour de l'angle nord. Mais
ces tours avec celles que nous fouillerons l'annee prochaine formeront l'objet d'un article ul-
terieur. Nous reservons â celui-ci l'etude de la partie exterieure du mur d'enceinte et du ma-
teriel archeologique trouve â sa proximite.
L'appellation de Capidava, qu'on a donnee jusqu'â present â ce castellum, n'est confirmee
par aucun monument epigraphique rencontre au cours de nos fouilles. C'est pourquoi nous
evitons d'insister sur cette question, vu qu'il est fort probable que les fouilles nouvelles que
nous entreprendrons l'elucideront â elles seules definitivement x ).
Pour des raisons semblables nous eviterons les considerations historiques jusqu'â ce que
nous serons en possession d'un materiel informatif suffisant â l'achevement des fouilles. Nous
nous limiterons donc â la description la plus precise des decouvertes faites j u s q u ' â present
et nous indiquerons les conclusions qu'autorise le materiel actuel attentivement et scienti-
fiquement etudie.

') Lu biblio^ruphie concernunt l'uppellution de telimon, toujours en Dobrogea) et decouverte en


Capidava et Hon identificution uvec les ruines en un lieu inconnu, probablement pendant la guerre;
truin d'ctre miHes uu jour pur no« fouillc- se trouve quant â l'identification, sans autres arguments plus
duns Pnuly-Wissowu, RE, p. 1510. Pour la denomi- precis, nous renvoyons â V. Pârvan, Descoperiri
nution il fuut y ujouter encore une inscription ine- nouă în Scythia minor, p. 467 et suiv.
dite conservee u present au musee d'Ulmetum (Pan-

483
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31*
GR. FLORESCU

LE MUR D ' E N C E I N T E

Le trace du mur d'enceinte. Pendant l'ete" de 1912 notre tres ven6r6 maître, V. P â r v a n ,
trop tot disparu, a entrepris un voyage â travers la Scythia minor. Lc hut de cette tourn6e
etait l'etude de la province en vue d'une campagne m6thodiquc de recherches archeologiques
qu'il allait entreprendre. C'est â cette occasion que V. P â r v a n , en s'arretant â Capidava, fit
un releve provisoire de la forteresse. D'apres ce relevc la forteresse affecterait la forme d'un
trapcze aux cotes brises vers l'ext6rieur ] ) . Ce plan fut leve selon la configuration du terrain,
car les traces de l'ancienne forteresse, cachees sous terre â 1—3 m de profondeur, nc pouvaient
etre pressenties, parce que des constructions barbares plus recentes, recouvcrtes de terre, ca-
chaient les anciennes et donnaient la configuration du terrain avant les fouilles. Les murs de
ces constructions barbares touchent obliquemcnt tous les cot6s de la forteresse antique —
d'ou l'apparence de cot6s brises d'un trapeze mcntionne plus haut. Ces murs barbares sont formes
de toutes sortes de pierrcs fixees au moyen de la glaise au lieu du mortier; ils sont friables
et s'ecroulent â la moindre poussee. Les fouilles nous ont contraint, apres un examen attentif,
de demolir ces murs. C'est le meme sort q u ' a t t e n d r a tous ces murs de l'int6rieur de la forteresse
lorsqu'on continuera les fouilles. Nous etudierons n6anmoins cette couche barbare pour donner
une monographie complete de notre forteresse.
Or, apres le deterrement du mur antique, la configuration de la forteresse apparaît parfai-
tement reguliere et ses 6lements architectoniques semblent dispos6s avec une sym6trie sa-
tisfaisante.
Le mur d'enceinte enclot une surface rectangulaire, a y a n t de longs cot6s paralleles au
cours du Danube, et orientee aux angles vers les quatre points cardinaux. La surface meme
du massif rocheux n'est propice qu'â cette forme et qu'â cette orientation. On pourrait n6an-
moins faire une objection â cette affirmation: le cote sud-ouest de la forteresse est complete-
ment detruit et vers la moitie d'ouest la destruction se poursuit â l'interieur dc la forteresse
sur une distance d'environ l / a du cote ouest-nord 2 ). Ensuite le cote sud-est, vers le Danube,
presente des irregularites. Quant au cotc sud-ouest, il n'y a aucun indice contraire â notre
supposition qu'il n'etait pas plus eloigne du cot6 nord-est, comme nous l'indiquons dans notre
plan. Au contraire, â l'angle sud de la forteresse subsiste le coin du mur qui indique la direc-
tion du cote dont il s'agit. Quant au cot6 du sud-est, il s'explique par la transformation de
la forteresse â une epoque assez avancee.
Nous allons passer â la description du mur. Cette description doit nous fournir des 616-
ments suffisants pour confirmer nos affirmations.
E n poursuivant le mur d'enceinte, du câte exterieur, en commenşant par le c6t6 Nord-
Ouest, au point ou fut arrete le vandalisme des freres Ghenciu, nous trouvons le trac6 suivant,
que nous illustrons dans le croquis de la fig. 1.
A partir du bord du precipice, le mur faisant partie de la courtine marqu6e dans le plan
par la lettre A, suit la direction nord-est sur une distance de 11,65 m. Puis il s'oriente vers
Ouest-Nord pour former la grande tour quadrangulaire, marquee dans le plan par le no. 1, qui
a le cote Sud-Ouest long de 12.35 m. Sur ce cote, â 2.40 m du point ou il s'appuie â la courtine,
J
) V. Pârvan, ibidem. est le cas de Ia forteresse romaine situe'e â Topalu
2
) Cette destruction est l'ceuvre des freres Ghenciu qui est mnintenant devustăe par Ie proprietaire d'une
de Bruila (v. V. Pârvan, /. c). Des forfaits pareils carriere attenante, malgre les essuis faits pour l'en
sont souvent accomplis meme de nos jours par des empecher.
gens qui se reclament de la culture classique. Tel

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FOUILLES ET RECHERCHES ARCIlEOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIDAVA) DE 1924 ET 1926

est pratiqu6e une cntree dc 1.40 m de largeur, bouchcc deja dans l'antiquite et conservee dans
c e t e t a t j u s q u ' a n o s j o u r s — le cotc du front a 18.60 m, celui du Nord-Est a 12.35 m. Les cotes
lat6raux sont parfaitement paralleles.
Apres cette tour la courtinc B continue dans la meme direction que la preccdente et a
une longueur de 35,40 m. Elle aboutit â la tour de l'angle Nord de la forteresse (no. 2 dans le
plan) qui a la forme semblable â un secteur de cercle aux dimensions suivantes: le cote recti-

LE CASTELLVAA
DE CALACHIOI
ICAPIDAVA?]

(Lr^U "HZJ o
I....I....I 1—E

Fig. 1

ligne appuye sur la courtine d6crite, 5.80 m ; l'autre cote rectiligne, 6.80 m ; l'arc de cercle 27.37 m
et entre les sommets des angles formes par les cotes rectilignes, avec les courtines adjacentes,
il y a une distance d'environ 9.20 m.
Sur le cote Nord-Est de la forterresse, en p a r t a n t de la tour no. 2, on trouve la courtine C,
dirigee vers Est-Sud, par consequent perpendiculaire au cote Nord-Ouest. Apres une distance
de 22,94 m, le long de cette courtine, nous trouvons les traces d'une nouvelle tour (no. 3), aux
cotes perpendiculaires â la courtine, long chacun de 6,30 m, le cote frontal en forme d'arc

www.cimec.ro 485
GR. FLORESCU

dc eercle, long de J 3,75 m et entre les parements extericurs des cotes perpendiculaires â la cour
tine a y a n t une distance de 9,15 m. Dc cette tour subsiste seulement 0,70 m en hauteur. Elle
a ete abandonnee, sans doute, lorsque les murs ont 6te remanies. La courtine sur la portion
corrospondante surpasso la hautour des murs de la tour, sans presenter aucuno traoe de com-
missurc ou do communication avec la tour. Ainsi la courtine reparee parcourt une distance
ininterrompuo de 22,94 m -f- 9,15 m. -(- 23,42 m. Dans notro roleve nous avons marque egale-
ment la tour no. 3. INous distinguons ainsi deux courtines: C = 22,94 m et D = 23,42 m.
Faisant suite â la courtinc D, on trouve une grande tour quadrilatorale (no. 4) dont
les cotes lateraux paralloles sont perpondiculairos aux courtines et mesurent chacun 11.70
m. Le cote frontal cst long de 17.80 m.

Apres cette tour nous trouvons la courtine F , longue de 20,90 m, qui finit le cote Nord-
Est de la forteresse et qui aboutit â une tour d'angle (no. 6) ayant la meme forme que la tour
no. 2 et les dimensions suivantes: les cotes rectilignes longs chacun de 6,10 m, le cote en arc
de cercle, long de 25,70 m ; Ia distance des sommets des angles exterieurs est dc 8,30 m.
Le cote Est-Sud de la forteresse se conserve entierement. En p a r t a n t de la tour d'anglc no.
6, nous suivons dans la direction Sud-Ouest la courtine G, qui, apres 38,30 m, cede la place sur
2,36 m â la porte de la fortcresse. Ensuite nous trouvons cncore 2,20 m de courtine et enfin
la tour rectangulaire no. 7 qui a les cotes longs: vers la porte de 7,45 m, le front de 10 m et
l'autre cote de 6,80 m.
Suit la courtine H, longue de 42,80 m. E n comparant le trace" de cette courtine H â celui
de la courtine G, nous observons une deviation de 0,65 m vers Est-Sud. Cette deviation se re-
marque immediatement, quand on compare les deux cot^s lateraux de la tour 7, l'un mesurant
7,45 m, l'autre 6,80 m. Cette courtine aboutit â une autre tour (no. 8), de forme irreguliere,
avec les dimensions: le cote adjacent â la courtine H long de 3 m, le cote frontal de 8,20 m,

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FOUILLES ET RKCHKRCHKS ARCHKOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIOAVA) OE 1924 ET 1926

le cot6 du Sud-Ouest de 5 m — ce dcrnier est oblique par rapport â la direction primordiale


de la courtine. La courtine suivante J, longue de 12 m, change totalement de direction; elle
oblique vers le Sud, de sorte que la forteresse s'elargit de ce cote.
Exterieurement on ne peut reconnaître si la courtine / continuait ou si elle faisait un
retour d'angle pour allcr clore l'enceinte vers le Sud-Ouest. E n fouillant l'interieur, nous avons

Fig. 3

retrouve les parements de l'angle forme par les deux m u r s : Est-Sud et Sud-Ouest. Le mur
Sud-Ouest se conserve seulement sur 0,65 m de longueur. Excepte ce vestige infime, rien
d'autre ne se retrouve de ce mur — comme nous l'avons remarque plus h a u t , l'interieur de
la forteresse est dâtruit â cet endroit.

Etat de conservation. Nous allons suivre dans cet expose le plan precedent. On partira
de la courtine  et on examinera, selon leur ordre naturel, les courtines et les tours, mais la
description sera lirait^e au parement exterieur du mur. La courtine A se conserve sur une
hauteur presque uniforme de 2,75 m et a par dessus une couche de plâtras et de terre vege-
tale, h a u t c de 2,10 m. (fig. 2). Le cote Sud-Ouest d e l a tour 1 (fig. 3), au point de jonction avec
la courtine A, se maintient â une hauteur de 2,90 m, ou l'on voit 7 rangees de pierres de taille,

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LEGEN D A .

PÂWÂNT V E G E T A L

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www.cimec.ro Fig. 6
KOUILLKS KT RKCHKRCHKS ARCHKOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIDAVA) DK 1924 KT 1926

ayant pareillement au dessus une couche de plâtras et dc terrc vegetale haute de 1,10 m. De
la porte d'entree de la tour vers l'angle gauche, face â l'entree, nous trouvons 6 assises de pare-
mcnt en picrre de taille (hauteur totale 2,50 m). De la sixieme assise du parement il ne sub-
siste qu'un seul bloc. A l'angle de la tour, le parement est entierement detruit, laissant appa-
raître seulement Yemplecton â une hauteur de 2,10 m ' ) . Quant â la couche de terre vegetale
qui recouvre le mur, elle diminue j u s q u ' â 0,20 m vers le coin du mur. Le cote frontal de la
tour vers l'angle Ouest, ne conserve plus de parement en pierre, excepte le socle, sur une di-
stance de 1,55 m. Plus loin on trouve encore unc rangee a une hauteur de 0,70 m. Elle est sail-
lante sur une distance de 2,35 m, comptcs du coin Nord de la tour et forme un deuxieme socle;
mais, â partir de ce point j u s q u ' â l'angle du Nord, elle perd le role de socle et supporte encore
deux rangces de pierres, dont la rangee superieure est moins hien conservee (fig. 4). La plus
grande h a u t e u r du parcment de ce cote est de 1,80 m ; elle a pareillement une couche de
plâtras et de terre veg6tale profonde de 0,30 m.
Le parcment du cot6 Nord-
Est (fig. 5) est conserv6, t o u t pres
de l'angle de la tour, â une hauteur
de 1,05 m, ou l'on trouve une seule
pierre. Apres, â une distance de
0,50 m, 4,13 m, 8,75 m, du meme
angle, nous trouvons en plus une
deuxicme, troisieme et quatrieme
rang6e de pierres de taille formant
le parement, qui ont respective-
m e n t une h a u t c u r d'assise de
0,25 m, 0,56 m, 0,55 m. A l'endroit
ou ce cot6 rencontre la courtine B,
on remarquc encore deux pierres
de la cinquieme assise 2 ) . La hau-
teur totale de ce cote au point de la Fig. 7
commissure avec la courtine B est
de 3 m et au-dessus, comme ailleurs, on retrouve la couche de plâtras et de terre vegetale,
h a u t e de 2,75 m.
La courtine B (fig. 6 et 7) garde son parement jusqu'â une hauteur de 3 m sur une
distance d'environ 25 m. A partir de ce point la hautcur diminue de 0,50 m ; apres 5 m, elle
diminue encore de 0,25 m j u s q u ' a u point de jonction de cette courtine avec la tour no. 2.
La tour no. 2 garde son parement sur le cote Ouest-Sud, pres de la jonction avec la cour-
tine B, j u s q u ' â une h a u t e u r de 3,10 m, puis, peu â peu, a v a n ţ a n t vers le coin, les assises de
pierres de taille disparaissent une â une â l'instar d'un escalier. Sur une portion d'un tiers de
la longueur du cot6, il reste une seule assise haute de 0,55 m (fig. 8). Sur le cote en arc de cercle
(fig. 8), nous trouvons aussi une seule assise sur une portion de 11,80 m ; plus loin elle disparaît
sur 3 m pour reparaître avec deux nouvelles assises formant toutes les trois une hauteur

') Cettc destruction a ete achevee par les freres portant â la pierre cTangle mentionnee ci-dessus,
Ghenciu, qui avaient exploitc comme carriere ces mais elle se poursuit vers la courtine B par deux
ruincs jusqu'â ce point. assises. Par rapport â ces deux dernieres assises,
2
) Ce numerotage des assises a ete fait en se rap- notre numerotage doit etre augmente d'une unite.

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Le cote V-S. Le cote arque. Fig. 8 Le cote S-E.

www.cimec.ro Fig. 9
FOUILLES KT RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIF)AVA) DE 1924 ET 1926

de 1,73 m sur un parcours dc 5 m. Apres une lacune des assises j u s q u ' a u socle, le parement
est de nouveau forme par une seule assise, qui se continue egalement sur le cote Est-Sud, mais
seulement sur une petite portion pres du coin. Sur ce cote apparaît une autre assise, puis tout
pres de la courtine C encore 3 autrcs atteignant en ce point une hauteur totale de 2,98 m, sans
compter la couche de debris et de terre vegetale profonde â cet endroit de 3,10 m (fig. 8).
La courtine C, pres de la tour, garde son parement jusqu'a une hauteur de 2,75 m ; plus
loin, â une distance de 2 m, ce parement s'eleve â 5.30 m. Ensuite, apres 3,50 m, il s'abaisse â
une hauteur uniforme de 4 m avec de petites variations par endroits (fig. 9). La tour abandonnee
(no. 3) garde pres des courtines respectives le parement jusqu'â une hauteur de 1,59 m y com-
pris les deux socles; plus loin il ne subsiste que le socle inferieur. La courtine C continue a
l'endroit de la tour et a la meme hauteur que la courtine suivante D jusqu'â la tour no. 4 (fig. 10).
Cette tour se trouve en mauvais etat. Sculement au point de jonction avec les courtines
respectives son parement a une hauteur d'environ 2,10 m ; vers les coins les rangees du pare-
ment disparaissent peu k peu j u s q u ' â ce qu'il ne se conserve qu'une seule rangee, qui se con-
tinue seule sur le cote frontal.
Toutcfois aux endroits oîi le pla-
cage manque, Vemplecton est par-
faitement conserv6 en general et
garde les traces visibles de ce pla-
cage. Mais lcs blocs n'ont pas ete
retrouves m6me au cours des
fouilles dans les decombres — ce
qui voudrait dire qu'ils ont ete
volontairement enleves pour servir
a d'autres constructions plus re-
centes apres la d6molition de la
forteresse.
La courtine E a ete conservee
â une hauteur uniforme de 2,90 m.
Fig. 10
La tour no. 5 a des cot6s hauts de
1 m ct repose sur deux socles.
De la courtine F, a y a n t un placage forme de blocs de pierre de taille, subsistent, pres de
la tour no. 5, deux rangees de blocs au-dessus du socle, sur une distance de 1 m ; puis une seule
rangee qui apres 1,50 m disparaît sur une distance de 2 m et se poursuit encore sur 6 m. A cet
endroit le parement augmente en hauteur de deux assises de blocs, plus loin, pres de la tour,
de 5 autres assises, mcsurant somme toute 3 m (fig. 11). Le reste j u s q u ' â 4,50 m de hauteur
est forme de plâtras et de terre vegetale.
La tour d'angle no. 6 a deux socles egalement (fig. 11). Sur le cote rectiligne Nord-Ouest
au-dessus du socle se trouvent intactes trois rangees de blocs a y a n t une hauteur de 1,55 m.
Apres une longueur de 3,40 m on ne retrouve que les deux socles. Le cote en arc de cercle ne
garde du parement qu'un seul socle qui disparaît trois metres plus loin, en laissant toutefois
apparaître un socle inferieur du â un denivellement du terrain â cet endroit. Pres de l'autre
angle nous retrouvons de nouveau les deux socles, puis une rangee de placage et encore la
deuxieme au-dessus d'eux (fig. 12). Le cote rectiligne Sud-Ouest conserve son parement presque
dans le meme etat que celui de Nord-Ouest.

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GH. FLORKSCU

La courtine G, construite en blocs dc picrre de taille, est presque entierement detruite.


Pres de la tour no. 6 se conservent â peine 5 rangees de blocs ayant 3 m de hauteur. Plusloin
sur 5 m de parcours on trouve deux rangecs, puis rien que le socle jusqu'â la porte. De la porte
on nc voit quc le seuil ct un bloc cquarri dc chaquc cotc dc l'entree, blocs qui scrvaicnt dc
montants îi la j>ortc (fig. 13). Kn
poursuivant l'cxploration du restc
de la courtinc G jusqu'â la tour no.
7, ainsi que le long des cotes de
celle-ci, nous constatons qu'il ne
reste plus ricn du parement. Seul
le socle atteste I'existence du mur
dans ce parcours. L'emplecton,
quoi(juc conserve â une hauteur
remarquablc, n'a pas une limite
pr6cise.
La courtine H laisse voir son
placage ă une hauteur uniforme
de presque 1,50 m (fig. 14). A
l'cndroit de jonction avec la tour
Fig- 11 no. 8 elle s'abaisse et continue
de cette maniere sur les cotes de
la tour et sur la courtinc / (fig. 15).
II r6sulte de notre expose sur l'etat de conservation du mur d'cnccintc quc les courtincs
sont en general assez bien conservces, â l'exccption de la courtine G, voisine â la porte. Toutes
les tours sont par contre tres mal
conservees. La destruction de ces
dernieres etait frequente. Le phe-
nomene s'explique aisement par
suite des guerres et des sieges
subis par la forteresse. Les at-
taques etaient dirigees contre les
tours et contre la porte. II est
de meme certain que les demo-
lisseurs pacifiques de nos jours
ont contribue â un degre peu
negligeable â cette destruction
par l'extraction des blocs de
pierres dont ils avaient besoin.
L''emplecton avec les traces bien
conservees des blocs enleves le
prouve suffisamment.
La technique architectonique et constructivc. E n observant le trace des murs de notre cn-
ceinte nous avons pu constater la regularitc de ses formes, le r y t h m e et l'equivalence de ses
elements architectoniques. Un simple coup d'oeil sur lc croquis de notre plan nous renseigne
â ce sujet.

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FOUILLES ET RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIDAVA) DE 1924 ET 1926

Pour cc qui est dc la similitude et du rythme, nous rappellerons la disposition caracte-


ristique des tours par rapport aux courtines. Le cote Nord-Est possede, â ses extremites, des
tours d'angle de la meme forme et presqu'aux memes dimensions; au milieu du cote on voit
une grande tour quadrilaterale et par rapport â celle-ci, symetriquement, — au milieu de la
distance separant cette derniere
des tours d'angle — deux autres
tours plus petites au cote frontal
arque.
Sur le cote Nord-Ouest on
trouve une seule tour quadrila-
t6rale un petit peu plus grande
que la tour carree no. 4 du cote
Nord-Est. Si nous nous fions â la
symetrie, elle dcvait occuper pro-
bablement le milieu du cote Nord-
Ouest, comme la tour no. 4 sur le
cot6 Nord-Est. La diff^rence de di-
mcnsions entre elles, d'ailleurs
petite, resulte de la r6fection re-
cente de la forteresse, quand la Fig. 13
tour no. 1 a du etre un peu
agrandie â cause de la longueur trop accentuee des courtines adjacentes.
II est probable que, vu le rythme et l'equivalence mentionnes, la courtine A ait eu la meme
longueur que la courtine B et abouti, vers le Sud-Ouest, â une tour d'angle analogue â celle
de l'angle oppose, no. 2. On re-
marque aussi que, du cote Est-
Sud, la loi de la symetrie a ete tres
bien observee, puisque la porte et
la tour no. 7 qui la flanque sont
precisement l'equivalent de la tour
no. 1 du cote Ouest-Nord. Mais le
reste du cote Est-Sud, en partant
de la tour no. 7 vers le Sud-Ouest,
s'eloigne de cette loi de la syme-
t r i e : la courtine H se deplace vers
l'exterieur, la tour no. 8 a une
forme irreguliere, la courtine / une
direction completement changee.
L'explication en est que ces ele-
ments font partie d'un systeme
de fortification plus recent. La
technique • constructive nous le confirmera tout â l'heure.
A la tour no. 3 du cote Nord-Est, nous devons remarquer encore une autre derogation aux
regles de la technique architectonique. D'abord la tour est, comme nous l'avons vu, presque
completement d e t r u i t e ; la courtine correspondante, par contre, se conserve jusqu'â t r o i s

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GR. FLORESCU

meţres de hauteur. Elle n'a cependant aucun raj)j>ort avec lu tour, aucune conjonction construc-
tivc et uucune commuuicution uvec I'interieur de lu forteresse. 11 est evident que lu tour no. 3
n'est pus conteinj)oraine de lu courtine correspondunte. Elle u ete ubundonnee j)endunt lu r6-
fection de lu forteresse.
II resulte de tout ce qui precede q u e : ces ruines de notre castellum, conservees jusqu'u
present, uppurtiennent u trois CJMMJUCS. Les reglcs que nous uvons observees duns lu technique
urchitectonique se rupportent u \a forteresse de lu premiere 6j>oque. Ces regles ont ete ubun-
donnces pendunt les refections des ejmques suivuntes. Nous constuterons d'une muniere pre-
cise en etudiant le systeme constructif. Avunt de pusser â cette question, on est oblige d'in-
sister sur les possibilites de reconstitution du eote sud-ouest.
D'apres ce que nous uvons vu, ce cote est completement dctruit. Les restcs de l'extremite
de lu courtine J, â l'interieur, n'indiquent que su direction. Pour j)ouvoir fuire une reconsti-
tution de ce cote, de lu premiere epoque suns doute, il fuudru recourir uux j)rincij)es que nous
uvons trouves dans lu technique urchitectonique de la partie conservee du mur d'enceinte.
Mais la configuration s'y oppose:
le Danube cn cffct longe ce cot6.
II est evident que notre forteresse
u eu des rapports economiques ou
milituires avec ce grund fleuve et
il n'y u pus de doute que d'im-
portunts truvuux urchitectoniques
aient ete executes de ce cotă. II
est inutile d'6mettre une hypo-
these appuyee par d'autres. Lors-
que je fouillerai l'intcrieur, j ' e s -
pere obtenir des informations au
sujet des rapports de la forteresse
avec le Danube.
Fig. 15 Le systeme constructif. Nous
passons â la technique construc-
tive pour confirmer Ies resultats obtenus u l'uide de lu technique urchitectonique.
Nous etudierons d'ubord les fondutions, puis lu purtie superieure du mur, le purement
et l'emplecton en exuminunt le muteriel et le systeme qui ont servi â l'erection de ce mur.
Les fondutions ont ete construites, suivunt Vopus caementicium, en pierre culcuire, ge-
nerulement de forme irreguliere et de dimensions vuriunt d'environ 0 , 0 5 x 0 , 1 0 m u
0,15x0,25 m, purfois meme plus. Les pierres sont bien encustrees duns un mortier de bonne
quulite compose de luit de chuux et de sablc bien crible. Aux courtines, les fondutions depas-
sent lu verticule du mur suj)erieur d'environ 0,10—0,25 m : elles en servuient probublement
de socles. Seules les courtines F et G — commc d'uilleurs toutes les tours — ont un socle dif-
ferent en pierre de taille bien equarrie et d'une connexion purfuite.
Muis pus toutes les fondutions sont construites d'upres la techniquc decrite plus
haut. Cette technique n'u ete employee — selon nos observutions — que pour les fondutions
des courtines — exceptees H et / — et des tours no. 3, 4, 5, et 7. Le reste uppurtient â une
autre technique ou meme a deux autres, car les fondations des courtines //,* / et de la tour 8
ont aussi une technique differente. La difference consiste d'un materiel plus varie, compose

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FOUILLES KT RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIDAVA) DE 1924 ET 1926

de pierre calcaire, de fragments de briques, de munuments morceles e t c , et de qualite infe-


rieure quant â la chaux et au sablc.
Les fondations ont donc trois epoques differentes de constructions: a la premiere appar-
tiennent les fondations des courtines — excepte H et I — et celles des tours 3, 4, 5 et 7, aussi
bien que — nous le verrons tout de suite — la partie superieure du mur des courtines F et
G; â la seconde, celles des tours 1, 2 et 6 ct â la troisieme le reste.
Passons maintenant â la partie superieure du m u r : le parement et Vemplecton.
Le materiel employe dans le parement des courtines — exception faite pour les courtines
F et G — consiste de blocs en pierre calcaire de petites dimensions, variant de 0,15x0,15 m
a 0,30x0,30 m. Leur forme meme est variee, tantot carree, t a n t o t rectangulaire. Les blocs
sont ranges en assises horizontales, imitant en quelque sorte Vopus quadratum. J'ai pu ob-
server le meme systeme de construction dans le petit castellum de Seimenii-Mari, oîi j ' a i f a i t
quelques fouilles pendant l'ete de 1924, et dans le castellum de Topalu en train d'etre detruit,
malgre les interventions faites aupres des autorites competentes. Dans les autres forteresses
d6couvertes jusqu'â present dans la Dobrogea, â Adamklissi, â Ulmetum, â Histria, on a par-
tout utilise pour le parement des courtines la pierre de taille. Mais cette pierre de taille, avant
de servir d'appareil de placage, avait ete utilisee â d'autres constructions ou avait eu par-
fois une destination monumentale. Dans les besoins pressants de l'epoque avancee au mo-
ment de la refection de ces forteresses, on aurait renonce volontiers â perdre du temps en ras-
semblant des blocs epars, s'il y avait eu une autre possibilite.
Pour les forteresses disseminees sur les bords du Danube, cette possibilite existait,
car sur la rive droite du fleuve il y a des massifs de pierre calcaire qui donnent encore
de nos jours un materiel suffisant de construction. Pourquoi alors n'a-t-on pas extrait
des blocs de taille? Răpondre â cette question c'est determiner l'epoque de la construction
du mur.
On s a i t l ) que le placage du mur avec des blocs de taille d'apres le systeme de Vopus qua-
dratum a commence â etre en usage au II-eme siecle av. J . C. et a persiste jusque vers la fin
du I-e siecle ap. J . C , lorsqu'il a ete remplace par d'autres systemes plus pratiques. Le bloc
de caementum etait devenu l'element constructif principal de l'architecture romaine. JJopus
quadratum a persiste neanmoins exceptionnellement jusqu'au IV-e siecle ap. J . C , dans des
circonstances favorables, modifie seulement en ce qui concerne la forme et l'arrangement des
blocs en assises 2 ). A partir du IV-e siecle, apparaît en Italie le placage appele opus tufaceum
et compose de blocs de tuf de petites dimensions, de forme carree, ranges en lignes horizon-
tales. Ce systeme constructif etait impose par les necessites de l'epoque. Les tailleurs de pierre
etaient rares â une epoque ou l'on travaillait surtout dans le caementum; la construction devait
etre rapide vu les perturbations qui affligeaient les frontieres de l'Empire — on n'avait pas
le temps d'equarrir le bloc de pierre et de le hisser en haut du mur par des operations metho-
diques et lentes. La pierre de petites dimensions etait faşonnee â quelques coups de marteau
et elle etait beaucoup plus aisee â manipuler. Enfin, il y avait t a n t de materiel de construc-
tion, provenant des ruines, qu'on l'a naturellement utilise aux constructions recentes. Ainsi
s'expliquc le placage de nos courtines, qui atteste une epoque avancee et la provenance de
sa technique constructive de l'Italie meme.
l
) Van Deman, Methods of determining the date *) Gr. Florescu, Aricia. Ephem. D. R., III, 1925,
of Roman concrete monuments, Journal of the Arch. P- 27.
Inst. of Am„ XVI, 1912,pp. 243 sq., 389 sq., 422 8q.,

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<;K. FLORESCU

Toutefois il faut remarquer une diffcrence merac dans cc systeme constructif. Le parc-
ment dcs courtincs / / et I et de la tour no. 8, travaille d'apres le mcmc systeme, presente une
grande diffcrcnce au sujct de la qualite dc la technique. Les picrres n'ont plus une forme re-
guliere carrcc, mais bien une formc prcsque polygonale et meme lcur face exterieure presente
une plus grande irregularite. Les espaces libres, resultes dc leur forme, sont remplis de mor-
tier. Enfin, pour consolider ce parement dans Vemplecton, ou il etait insuffisamment tenu, â
cause dc la formc des pierres, on a utilise, de distance en distancc, dans le sens de la hauteur,
des assises faites en grandes briques (v. les fig. 14 et 15).
Ces indices montrent que ce mur n'est pas de la meme epoque que l'autre: il a 6t6 construit
â une epoque troublee, oîi l'on craignait continucllement les grandes invasions des barbarcs,
sans aucun souci de l'esthetique.
Quant au paremcnt des cotcs dcs tours, il presente aussi des indices d'une refection;
puisque toutes les tours — excepte la tour no. 8 que nous avons datee â la 3-eme epoquc —
ont lc parement fait en pierre de taillc. Cette pierre n'a gen6ralement pas 6te travaillee sp6-
cialement pour la construction du mur, dont les restes se conservent aujourd'hui, mais elle
a ete apportee d'autres constructions d6truites dejâ â l'epoque de la construction de ce mur.
En effet, parmi les pierres du parement on trouve meine des fragments architectoniques (par
ex. au socle de la tour 6 et â la commissure de la tour 7 avec la courtine H) ou des monumcnts
epigraphiques — comme nous verrons au chapître suivant. Ensuite, meme les simplcs pierres
de construction n'ont pas ete travaillees cxpres pour la construction du mur oîi on les trouve
aujourd'hui. L'irregularite de leur arrangement nous empeche de l'admettre: cela n'aurait pu
arriver, si elles avaient ete travaillees pour cette construction, meme â une epoque tardive.
Elles ont etc separees des d6combres du mur original et encastr6es dans la nouvelle muraille
suivant qu'on les avait sous la main.
II reste encore une question â rcsoudre, concernant la tcchniquc constructive du pare-
ment: celle de la jointure du parement des courtines avec celui dcs tours. EIlc n'est pas faite
partout. On peut observer cette chose surtout aux tours no. 4 et no. 7. A la tour no. 4 la join-
ture subsiste jusqu'â 2,10 m de hauteur et disparaît ensuite. L'explication reside dans le fait
que jusqu'â cette hauteur, merae dans le parement de la courtine, il y a des pierres de taille —
seulement pres de l'angle — qui pcuvent se joindre avec la mcme sorte de pierres du parc-
ment de la tour. 2,10 m plus loin, le parement de la courtine se compose de pierres de
dimensions plus petites et par consequent la jointure 6tait plus difficile avec lcs grandes pierres
de taille de la tour. C'est ainsi que, vu aussi l'urgence que necessitait la construction du mur,
on a du renoncer â la jointure du parement de la partie superieure des murs respectifs, lais-
sant celle-ci faite seulement par Vemplecton.
A la tour no. 7 nous avons vu qu'il n'existe pas dc commissure entre la parement du c6te
Sud-Ouest et la courtine H. II faut encore remarquer qu'ici la commissure n'cst pas meme faite
par Vemplecton. L'extremite du mur de cette courtine est simplement appuy6e sur le cot6
de la tour. Nous avons vu aussi que cette courtine est deplacee vers l'extericur d'un metre
â peu pres par rapport â la direction du cote respectif de la forteresse. L'explication de ce fait
ne reside que dans la construction plus recente encore — une troisieme epoque donc — de
la courtine H et, par I'analogie de la technique constructive, aussi de la courtine / ct de la
tour no. 8. Mais alors tous ces elements, formant une portion continue du mur d'enceinte,
avec les caracteres que nous avons vus, semblent n'avoir aucun rapport organique avec le reste
du mur d'enceinte. IIs sont, au contraire, des elements d'un autre systeme de fortification.

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FOUILLES ET RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIDAVA) DL' 1924 ET 1926

En effet, en observant la forme du terrain du cote de notre mur, â l'interieur de la for-


teresse, on croit voir les vestiges d'une petite forteresse presque carree, dont un cote aurait
6te ce mur. II en resulte qu'apres la deuxieme destruction la vieille forteresse n'a pas ete en-
tierement reconstruite, mais seulement une partie vers l'angle Sud occupant â peu pres un
q u a r t de la forteresse anterieure. E n ce cas il faudrait a d m e t t r e que la forteresse ait ete aban-
donnee quelque temps, puisque la nouvelle petite forteresse n'aurait pas ete suffisante pour
la population et pour la vie active qui animait l'ancien castellum. Ce n'est d'ailleurs qu'une
simple hypothese jusqu'a ce que les fouilles nous aient fourni les preuves necessaires.
II nous reste â examiner Vemplecton et la stratification.
\Semplecton est construit en opus caementicium. Le materiel se compose de mortier, de
pierres calcaires de dimensions variees, de fragments de briques, de pierres gravees et meme
de fragments dc statues et d'autres objets sculptes en marbre ou en calcaire. J'ai trouve de
ces derniers dans les decombres, recouverts de mortier. Ils faisaient partie probablement de Vem-
plecton — dans le placage ceci n'aurait pas 6te possible â cause de leur forme. Le mortier
est de qualite inferieure â celui du socle, la chaux est de couleur foncee, le sable non crible et
melang6 de divers elements. Uemplecton meme indique donc une reconstruction du mur â une
epoque plus r6cente et dans des circonstances troubles. Pour la refection de la troisieme epoque,
Vemplecton n'offre pas d'autres elements de distinction que la qualite inferieure de la chaux
Ct du sable. Le mat6riel dur 6tait de la raeme sorte que celui de la deuxieme epoque.
La succession des couches en profondeur, le long du mur d'enceinte, nous confirme aussi
les trois epoques de la forteresse. La couche mince de terre vegetale est suivie d'une couche
6paisse d'environ 3 m contenant: de la pierre brute, gravee ou sculptee, provenant de l'em-
plecton, de la pierre quasi faconnee de petites dimensions, pres des courtines, equarrie pres
des tours, des briques entieres ou morcel6es, du plâtras et meme des fragments de mur en bri-
ques — ce qui indique que la partie superieure du mur etait construite en briques ou peut-
etre mâme en briques et en pierres rangees en assises alternantes; suit une couche de terre
foulee d'environ 1—1,20 m, melee â des tessons, â de petits fragments de briques et â tres peu
de pierre. Cette couche est divisee en deux par une dalle en mortier durci d'environ 0,10 m,
qui indique certainemcnt la seconde epoque de la forteresse; car le niveau du premier pavage
de celle-ci devait etre au-dessous de la moitie inferieure de la couche mentionnee. Apres la
premiere destruction celui-ci s'6leve â 0,50—0,60 m, c'est-â-dire â la hauteur de la dalle en
mortier durci provenant des decombres apres qu'on eut enleve le materiel propre â la construc-
tion. La deuxieme moiti6 de la couche en terre foulee renferm les memes elements que la pre-
miere et a eu la meme destination que la premiere: elle a servi de pavage.
On distingue bien les trois epoques: l'epoque de la construction et celles des deux refec-
tions. La technique de la constmction montre toutefois qu'un q u a r t seulement de la forteresse
a ete rebâti â la troisieme epoque. On peut supposer qu'â cette epoque le reste de la forteresse
ait 6t6 habit6 par une population civile tres appauvrie, la forteresse se reduisant â un quart
de l'ancienne etendue.
On observe cette decroissance, â l'epoque recente imperiale, meme au centre de
l'Empire, en Italie ^). Mais on pourrait aussi bien supposer que cette couche ait servi
de pavage â une population barbare, qui aurait habite ce castellum apres l'avoir conquis
et d6truit. Les fouilles de l'interieur de la forteresse nous y donneront une reponse precise.

') Gr. Florescu. Aricia. Eph. D. « . , 1925, III p. 6.

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32 Dacia III-IV 1927/932
GR. FLORKSCII

Pour l'instant nous constatons trois epoques pour le mur d'enceinte sans pouvoir les pră-
ciser davantage.
Les monuments epigraphiques encastres dans le mur nous fournissent des donn£es qui
peuvent etre utilisees comme un terminus ante ou post quern. J ' e n ai trouves de l'epoque des
Antonins, ce qui prouve que la vicille forteresse existait des leur temps — par cons6quent elle
a ete fondee pendant la premiere moitie du II-eme siecle. J'ai trouve aussi, utilise comme
pierre de placage dans le mur d'enceinte, un monument epigraphique dc l'empereur Maximin
— ce qui indique que la forteresse a ete reconstruite pour la premiere fois apres cet empereur,
peut-etre a la fin du troisieme siecle ou au commencement du IV-eme.
J e m'arrete lâ, sans m'engager davantage dans des considerations historiqut;s. Les fouilles
de la forteresse peuvent nous donner les informations les plus precises ă ce sujet.

MONUMENTS EPIGRAPHIQUES

La plupart des monuments epigraphiques illustres ci-dessous, je les ai trouves dans les
murailles des tours qui, comme nous l'avons vu, ont et6 construites en pierre de taille — le
cote de l'inscription â l'interieur. Les plus nombreux sont des autels votifs, fort imjmrtants,

parce que jusqu'â present on n'en connaissait q u ' u n seul, trouve dans notre castellum et pu-
blie par V. P â r v a n d a n s : Descoperiri nouă în Scythia minor, An. A. R. Tom. X X X V , p . 470
et suiv. J e les presenterai ici dans leur ordre chronologique, a u t a n t qu'il m'a cte possible de
les dater d'apres leurs elements.
1. La partie superieure d'une ara votive (fig. 16), en calcaire, trouvee encastree dans la
muraille Ouest de la tour no. 4 comme pierre de p a r e m e n t : c'est la huitieme pierre â partir

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FOUILI.ES ET RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIDAVA) DE 1924 ET 1926

du point oîi la rour reneontre la courtine D, â la premiere rangee au-dessus du socle. Le profil
de la corniche et de l'abaque est detruit sur trois cotes; d'apres le cote" conserve on voit
qu'il saillait de 10 cm. La hautcur totale du monument est de 0,60 m, dont 0,20 m pour la
hautcur dc la corniche et de l ' a b a q u e ; la largeur est de 0,46 m ; l'epaisseur de 0,47 m. La face
gravee comprend six ligncs, qui sont le commencement de l'inscription. La fin est perdue.
La hauteur des lettres varie de 3,5 cm â 4 cm. Les caracteres sont reguliers, mais les lettres
sont irregulierement disposees en lignes et donnent l'impression d'un amoncellement. On doit
remarquer ensuite la forme caracteristique de quelques-unes, par ex.: 0 parfaitement rond et
plus petit que les autres lettres, E â barres horizontales reduites au point qu'elles deviennent
des points, S penche vers la droite, R et P ayant la boucle superieure tres petite.
Nous lisons (voir page 498):

Les quelques lettres detruites n'empechent pas la lecture. Telles sont les deux lettres de
la fin du dernicr mot de la premiere ligne, oîi il faut voir une ligature: iV, dont il manque la
partie superieure de la haste verticale â droite, au sommet de laquelle il y avait certainement
Ja barre horizontale d'un T et â cote, â droite, un J, dont on voit une trace de la partie infe-
ricure. A la troisieme ligne sont detruites la 9-eme et la 10-eme lettre, â compter du commence-
ment dc la ligne. Elles etaient probablement V, dont nous avons une mince trace de la haste
oblique gauche, et T, dont nous avons egalement une petite trace de la partie inferieure de
la haste verticale. A la cinquicme lignc, la 3-eme lettre de la fin etait certainement un A. A la
sixieme ligne, la partie inferieure de la 4-eme jusqu'â la 10-eme lettre, c'est-â-dire V I T A E L I ,
cst d6truite.
On doit enfin considerer comme des erreurs d'orthographe les desinences des mots AN-
T O N I N O , â la quatrieme Hgne, et C A E S A R E , â la cinquieme, c'est-â-dire comme des desi-
nences d'ablatif en O et E au lieu d'un genetif cn / et IS. Elles sont dues â une connaissance
imparfaite dc la langue de la part du lapicide ou meme du redacteur de ce texte.
En t e n a n t compte de ce qui precede nous transcrivons:
l(ovi) O(ptimo) M(aximo) TonanftiJ et lunoni Reginae et pro saflutje imp(eratoris)
T(iti) Ael(i) Anlonino (sic) Aug('usli) Pii et Veri Aurelii Caesare (sic) posfuit Aelijus
Cara...
E n ce qui concerne le nom de l'empereur et du Cesar, on doit remarquer l'omission ou l'in-
version de l'ordre de Jeurs elements. Ainsi dans le premier nom on a omis H A D R I A N U S qui
aurait dîi ctre grave entre A E L I V S et A N T O N I N U S et dans le seconde on a interverti l'ordre
en 6crivant V E R V S A V R E L I V S au lieu de A V R E L I V S V E R V S . De pareils exemples sont
frcquents dans les provinces, surtout dans les vici (voir plus loin les inscriptiomes suivantes
ct V. P â r v a n , Histria, IV p . 617, ou le meme empereur, Antonius Pius, est appele T. Aelius
Antoninus Hadrianus ). Ce sont des erreurs dues â l'ignorance chez les populations rustiques
de la Scythia minor dcs formes epigraphiques officielles.
La date du monument est entre 139—161 ap. J . C. On ne peut le dater avec plus de pre-
cision.
Le cognomen du dcdicateur, CARA, est assez connu dans les provinces du Sud-Est euro-
peen de l'Empire Romain — voir l'Index du C. I. L. I I I , et specialement l'inscription no. 7436
de Nicopole, dans laquelle est mentionnee une femme a y a n t u n nom identique, A E L I A CARA.
Elle faisait peut-etre partie de la meme famille que notre A E L I V S CARA venu dans la region
de Capidava, soit comme militaire soit merae comme simple colon.

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C;H. FLORESCU

2. La partie superieure d'un autel votif, en pierre calcaire, trouvce encastree dans le mur
du eote Nord de la meme tour, comme une pierre de placage. La hauteur totale 0,72 m, dont
0,28 m pour la hauteur de la corniche et de l'abaque saillant de 8 c m ; la largeur du tronc 0,45 m ;
l'epaisseur 0,44 m (fig. 17).
L'inscription comprend 8 Iignes; les lettres ont une hauteur d'environ 4 cm et sont gra-
vees d'une facon maladroite:

Fig. 17

Quelques lettres sont detruites, mais elles peuvent 6tre facilement reconstituees. Ainsi
â la quatrieme ligne, la derniere lettre etait un P ; â la sixieme ligne, la j)remiere, seulement
Ia moitie gauche, etait un N; â la septieme ligne, les deux lettres du commencement etaient
A et N; â la huitieme ligne, la premiere et la seconde lettre, completement d6truites, 6taient
probablement AE, la 3-eme et la 4-eme lettre, detruites â moitie, ctaient SA, la 6-eme lettre
etait un A et la 7-eme un / . On doit remarquer la forme C A E S A R A I S au lieu de C A E S A R I S .
C'est probablement encore une faute du lapicide.
I(ovi) O(ptimo) M(aximo) Tonanti et Iunoni Reg(inae) et pro salute imfpj (eratoris)
T. Ael(i) Antonin(i) Pii Aug(usti) Marc(i) [Aujreli(i) Veri C[ae]sar<a>is posu(it)...
D'apres la calligraphie de l'inscription il s'agit encore d'un monument rustique du voi-
sinage du castellum apporte ici comme mat6riel de construction pour la r6paration*de la for-
teresse et erige par quelque vicanus â la sante de l'empereur Antonin le Pieux pendant qu'il
etait le Cesar M. Aurele: entre 139—161 ap. J . C.
3. La partie inferieure d'un autel votif trouvee dans la muraille Ouest de la tour
no. 1 comme pierre de placage (fig. 18). La hauteur totale est de 0,77 m, dont 0,30 m
pour la hauteur de la base profilee; la largeur et l'epaisseur, respectivement 0,48 m. Les

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FOUILLES ET RKCHERCHES ARCHEOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIDAVA) DE 1924 ET 1926

Icttres, gravecs maladroitemcnt, ont une hauteur d'environ 4,5—5 cm. Elles sont par-
faitcmcnt lisiblcs:

Fig. 18

E n comparant ce fragment â celui qui a ete trouve â Calachioi et publie par V. P â r v a n


dans Descoperiri nouă în Scythia minor, p . 470 et suiv, on constate que ce sont les parties in-
t6grantes du meme autel. Ils ont d'abord les memes dimensions, largeur et epaisseur, puis les
lettres, de meme h a u t e u r et de forme primitive, presentent les memes particularites, par ex.:
A non barr6. Enfin le sens du texte se complete parfaitement; le dernier mot, A V R E , du frag-
ment publie' se complete avec les deux lettres, L I , du commencement de la premiere ligne de
notre fragment ct, ce qui est decisif, â la marge inferieure du fragment publie on observe un
petit E au-dessous de la lettre V de A V R E (voir V. Pârvan, loc. cit., fig. 1 et Pl. I, fig. 1). Cet
E rapport6 â notre fragment viendrait au-dessus de la premiere ligne entre les lettres A et S
du mot abreg6 CAS. Cet E faisait certainement partie de l'abreviation: CAES, et s'explique
par le fait que le lapicide, ayant oublie de le graver â sa place, l'a inscrit au-dessus, â la place
respective, pour corriger le mot.
Notre fragment si longtemps separe de son autre partie, pubbiee par V. P â r v a n , vient
m a i n t e n a n t la compl6ter et l'eclairer d'une nouvelle lumiere:
I(ovi) O(ptimo) M(aximo) pro salutem Imp(eratoris) T(iti) Ael(i) Anton<ton>ini Pii
et Aureli Veri Caes(aris) Ebrenus magistras (sic) vici Scenopesis posuit. V(otum) s(olvit) l(ibens)
m(erito).
Le monument peut etre approximativement date aux ans 139—161 ap. J . C.
On doit remarquer dans cette inscription les deux noms d'origine t h r a c e : Celui du ma-
gister du village — Ebrenus — et surtout le nom du village — Scenopesis.
Le nom du magister doit etre lu Ebrenus et non Ebrinus comme on le trouve transcrit
dans l'ouvrage de M. G. Mateescu (I Traci nelle epigrafi di Roma, paru dans Ephemeris D. R.

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GR. FLORESCU

I, p. 182) d'apres une copic de cette inscription. que j ' a i mise ă sa disposition pour lui fairc
connaître ces deux noms thraces. Les barres horizontales de la lettre E en litige sont, il est
vrai, fort courtes, spccialement la barrc superieure; ccpendant, en les examinant ultârieure-
mcnt plus attentivement, nous avons pu les distinguer assez bicn. En les comparant aux au-
tres quatre E de cette inscriplion, on ne trouvc, il cst vrai, aucune rcssemblancc rclativcmcnt
â ces barres, mais, en comparant aussi les autres lettrcs entre elles, on n'en trouve aucunc.
D'ailleurs aucune lettre de notre inscription n'est uniforme. Cctte dissemblance doit etre attri-
buee plutot au manquc d'habilete du lapicidc qu'â unc difference de sens dcs lettres.
Le nom Ebrenus pourrait etrc rapporte a cclui de Kalinka (34, I, 41)"Z2/fy)firts,que, d'aillcurs,
M. Mateescu a corrige en ' EftQi-ţevtg. En tout cas, on peut clairement remarquer dans notre
nom les parties composantes: la racine Ebre (v. Tomaschek, Die alten Thraker, I I , 2, p . 7) —
variation de prononciation au lieu de Ebri, transcrit par M. Mateescu — et le suffixe nus, lati-
nise, analogue au grec vig (v. les exemples recueillis par M. Matecscu, loc. cil., p. 182, note 2).
De meme, dans le nom du village nous discernons les racines: Scen, comme dans ZXEV-
Tovdieg (Tomaschek, op. cit., p . 83) ou SxirţeQug (ibidem et G. Mateescu, /. c, p. 190), et op,
comme dans ' Pobonr\ (Tomaschek, op. cit., p . 90) ct le suffixe latinistf esis au lieu de ensis.
Ces deux noms attestent, d'une part, la densitc de l'element thraco-besse dans la region dc
Capidava, ou les villagcs ont gardc sous la domination romaine leurs noms originaux ct, de l'autre,
ils prouvent par leur forme latinisee la complete romanisation de cette rcgion â cette ^poque.
4. La partie supcrieure d'un autel votif, en calcaire, decouvert au meme endroit que no. 2
(fig. 19). H a u t e u r totale 0,83 m, dont 0,25 m pour la hauteur de la cornichc et dc l ' a b a q u e ; la
largeur du tronc est de 0,45 m ; l'cpaisseur, de 0,40 m. L'inscription comprend neuflignes. Les
lettres ont une hauteur approximative de 5 cm et sont assez irrcgulicrcmcnt gravccs ct rangees:

Fig. 19

La moitie droite de la premiere ligne est detruite. Elle comprenait probablement un abregc
du mot T O N A N T I , peut-etre les trois lettres initiales, et le raot E T . A la 2-eme ligne, la partie

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finale du mot R E G I N A E — abrege d'apres l'espace subsistant peut-etre en R E G I ou R E G I N —


a ete dctruite. La 5-eme lettre de la septieme ligne est un B cursif (pour la comparaison voir
Hubner, Ex. scr., p. L V ; AEM, X V I I (1894), p . 15 et CIL, X I , 5185, 9196). A la derniere ligne,
Ia 7-eme lettre, V, etait certainement liee â L ; la suivante, d'apres le fragment de la courbe garde
en h a u t , etait un O et enfin la partie superieure de deux hastes verticales, donc le nombre I I .
I(ovi) O(ptimo) M(axirno) fTon(anli) etj Iunoni Refgi(nae)J et pro salute imp(eratoris)
M(arci) Aurel(i) Veri et L(ucii) Veri posuit Eftacentus Bitimas Aproniano II et Paulo II
co(n)s(ulibus).
Ce monument â ete erige en 168 ap. J. C. en honneur des deux empereurs associes, M.
Aurele et L. Verus. Le cognomen Verus dans la denomination de l'empereur M. Aurele, apres
161, n'apparaît plus sur les monuments. II s'agit donc d'une forme retardataire due â la lente
proj>agation des nouvelles formules officielles dans les provinces romaines.
Les deux noms de l'auteur de la dedicacc sont d'origine thrace. Le premier, Eftacentus,
est assez connu (Tomaschek, op. cit., p. 8) avec la desinence romaine us; cependant, dans la
forme Efta, au lieu de Epta, n'apparaît qu'une seule fois: Eftecenthus (Isv. Muz., p. 79, no. 109,
fig. 5 4 ; G. Mateescu /. c, p. 147, note 2). Le second nom, Bitimas est inconnu jusqu'â pre-
s e n t ; toutefois, dans la partie du commencement, on pcut reconnaître le nom Bithus (Toma-
schek, ibidem, p . 13).
La presence de ces noms thraces dans notre inscription confirme la conclusion indiquee
au no. 3.
5. Autel votif en calcaire. II en manque la base et une infime portion du tronc (fig. 20).
II a et6 trouve au meme endroit que lc no. 1; c'est l'onzieme pierre du placage. Le profil de l'a-
baque et de la corniche est presque completement detruit, de meme qu'une petite portion

de l'angle de la face ecrite, a gauche. Dimensions: hauteur totale 0,60 m, hauteur du tronc
0,42 m, largeur 0,46 m, epaisseur 0,42 m. L'inscription comprend 9 lignes. Les lettres de la

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GH. FLOKKSU!

premicre ligne sont hautes d'environ 5 c m : les autres, de 4 â 4,5 cm. Leur trac6 est assez soignc,
mais, comme au no. 1, elles sont serrces en ligne â certains endroits. Le S en special est tou-
jours oblique et parfois presque horizontal.
II y a peu de lettres detruites: â la prcmiere ligne les dcux abreviations I ct 0 ; a la deu-
xieme, trois lettres I V N ; â la troisieme, seulement la partic suj)crieure du P . Mais on observe
aussi dans cette inscription des fautes conccrnant les d6sinences des cas: SALVTI au lieu de
SALVTE et I M P E R A T O R E au lieu de I M P E R A T O R I S et surtout le j)hon6tisme des mots.
Dans le mot I M P E R A T O R E il y a une vraie confusion des sons; apres la lettre P , nous avons
deux grouj>es de ligatures: dans le j)remier, E avec R et dans le deuxieme A avec M et T, suivi
immediatement d'un autre T libre. Cc mot se presente donc dans notre inscription: IMPERAMT-
T O R E . De meme le mot P O S V I T , ecrit dans notre inscrij>tion P E O S V I T , j>resente un curieux
phonetisme a y a n t un E intercale entre P ct O du commencement ' ) . J e crois que ces fautes
ne soient pas â attribuer seulement â la negligencc du laj>icide ou du r6dacteur de l'inscrip-
tion, mais aussi â leur insuffisante connaissance de la langue. Ils etaient dej)uis peu de temps
en contact avec la civilisation romaine. Notre inscription nous donne un argument de plus
dans ce sens. Car entre le mot imperatore et aug(usti) nous avons deux lettres, RO, qui sont cer-
tainement l'abreviation d'un nom de peuple, â qui appartenait l'empercur, soit sous la forme
adjectivale ROMANI, soit sous la forme substantivale ROMANORVM. Ce fait ne saurait
s'expliquer que pour la vieille habitude d'un etranger entre depuis peu dans le monde romain.
Ces particularites de I'inscription une fois eclaircies, nous transcrivons:
fl(ovi) O(ptimo)] M(aximo) et [Iunjoni Reg(inae) et pro salut(e) impera <mt> tor(is)
ro(mani) ou Ro(manorum) (?) Aug(usti) Antonini et Luci(i) Veri p <e> osuit Aeli(us) Lon-
ginus vet(e)ranus ala(e) II Aravac(orum) PROSEN'VSV' libe(n)s fsolvitj.
La derniere ligne presque entiere offre certaines difficultes â la transcription: si l'on ticnt
compte des signes qui les s6parent, nous aurions deux mots abreges, Prosen et usu, qui, â mon
avis, ne peuvent pas nous donner la possibilite d'une interpr6tation. Vu l'absence d'une regle
stricte de l'emploi de ces signes dans notre inscription (voir le dessin), nous pouvons consi-
derer une seule hypothese de transcription: pro sen(atus) usu. Les irregularit6s sont caract6-
ristiques dans notre inscription et cela s'explique, comme je l'ai dejâ mentionne, par la p6n6-
tration lente du romanisme dans la classe indigene des villages. Ce fait est suffisamment
prouve par la denomination incorrecte de l'empereur. II s'agit sans doute de deux empereurs:
M. Aurele et L. Verus, dont le premier est designe d'une facon inusitce dans les inscriptions,
Antoninus.
Le personnage qui erige le monument est certainement un indigene. Le nom romain Aelius
est de date recente — du regne d'Hadrien — et a ete recu par l'auteur de notre dedicace peut-
etre â son incorporation dans Vala II Aravacorum. Ce corps de troupe se trouvait â Carsium
(v. V. P â r v a n , Desc. nouă în Scythia minor, p . 487 et suiv. et Histria, IV, p. 666, 676 et 679),
tout pres de notre castellum d'ou notre corps de troupe aura r e ţ u , â partir d'Hadrien, un con-
tingent considerable de soldats.
D'apres les seuls indices, les noms des empereurs mentionnes, l'inscription date des annees
161—169 ap. J . C.
6. Autel en calcaire compact trouve comme une pierre de placage (la facc ecrite â l'inte-
rieur) dans le mur frontal de la tour no. 1, juste au-dessus du socle, d'ou nous l'avons detache.
x
) Je dois â M. le Prof. Sc. Lambrino Ia remarque laire de ce mot: CIL, III, 1248911 et 1421411.
des deux autres exemples d'un orthographe simi-

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FOUILLES ET RECHERCHES ARCIIEOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIDAVA) DE 1924 ET 1926

La hauteur totale: 1,40 m, dont 0,76 m pour le tronc, 0,31 m pour la base et le reste jusqu'â
1,40 m pour le couronnemcnt. Le profil de la base et du couronnement a ete detruit afin que
le bloc puisse etre dispose dans le mur (fig. 21). La largeur du tronc 0,62 m, l'epaisseur 0,46 m.
L'inscription comprend 11 lignes. Les lettres ont comme h a u t e u r : aux deux premieres lignes
environ 7 c m ; â la troisieme, 5,1 cm et aux autres 4,5—4,6 cm. Elles ont un trace soigne et
des formcs 6legantes. Celles des deux premieres lignes se distinguent par leur hauteur accentuee
par rapport a la largeur.
On peut lire facilement:

Fig. 21

De la premiere lettre de la premiere ligne on a seulement un fragment de la partie infe-


rieure d'une haste verticale — c'est probablement un T ; de meme de la deuxieme, qui est
fort probablement I ; â la fin de la ligne nous avons aussi les % de la haste verticale d'un T,
suivi d'un signe, figure â la marge inferieure de la ligne, et qui doit etre la base d'un V. Ensuite
la pierre est detruite complctement—il n'y existait plus q'une l e t t r e ; â la seconde ligne, la der-
niere lettre est H , qui etait peut-etre liee â I ; font defaut: â la 8-eme ligne la premiere lettre A ;
â la neuvieme, les deux lettres du commencement, probablement P P ; â la 10-eme, un V ; la
lettre suivante et la 9-eme sont deteriorees, T et E ; â la 11-eme ligne une seule lettre est com-
pletement detruite, T.
Nous transcrivons donc:
[T.J Iul(ius) T. fil(ius) Fab(ia tribu) Sa [turjninus praef(ectus) vehicul(orum) tri-
b(unus) miU(itum) leg(ionis) I Ital(icae) praef(ectus) coh(ortis) I Cl(audiae) equitatae scriba
tribunici(us) apparitor imp(eratoris) Caes(aris) Titi Aelii Hadriani [AJntonini Aug(usti)
Pii [P(atris) P(atriae) ] cond(uctor) Illyrici [utjriusque et ripae [tjhracicae.

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GR. FLORESCU

Le pcrsonnage honore de ce monument, peut-etre unc statuc dont la base etait formee
par ce bloc grave, se nommc T. Iulius Saturninus et nous est connu aussi d'autres inscrip-
tions (CIL. I I I t a b . c e r . no. X X I I I , p . 9 5 8 ; no. 1568, 4720, 12363; C7L, V, 5079 et 5080; Des-
sau, I, 1382, 1383, 1384). II est presque partout mentionne commc un entrepreneur des por-
loria publica de l'' Illyricum. Nous n'avons pas d'autrcs details plus pr6cis cn dehors dcs deux
inscriptions (CIL. I I I , p. 958 et no. 1568) qui nous font connaître le temps (146—157 ap. J . C.)
pendant lequel il a tenu en location ces portoria.
Notrc inscription comprcnd des donnces beaucoup plus precises. Elle comprend d'abord
la denomination complete dc ce personnage, ensuite l'6num6ration des fonctions qu'il a rem-
plies jusqu'au moment oîi on lui a elevc ce monument. En commencant d'en bas il est arrivc
jusqu'â l'ordre equestre et comme tel il a exerce les fonctions reservees â cet ordre. En t c n a n t
compte de l'ordre inversc dans lequel sont mentionnees les fonctions qu'il a rcmplies, il faut
admettre qu'il ait 6t6 tout d'abord entrepreneur des portoria publica, cond(uclor) Illyrici
fulj riusque et ripae ftjhracicae. En realite ce n'etait pas une fonction d ' E t a t . Pour I'cxercer,
la seule condition exigee etait que le sollicitcur disposât d'argent, condition que lcs affran-
chis meme pouvaient remplir.
Comme entrepreneur des portoria de cette grande circonscription douaniere il est rest6,
au moins, jusqu'en 157 ap. J. C. A partir dc cette date il a commcnc6 sa carriere de fonction-
naire. II a occupe d'abord dcux fonctions de rang inferieur: apparitor Augusti et scriba tribu-
nicius; il a rempli cnsuite ses devoirs militaires, les militiae equestres, fonctions preparatoires
â la carriere equestre. II a ete d'abord praefectus cohortis I Claudiae equitatae puis tribunus
militum legionis I Italicae; enfin il cst arrive â etre le chef du scrvicc postal, praefectus vehi-
culorum.
Pendant qu'il exercait cettc derniere fonction, on lui a probablcment eleve le m o n u m e n t
â Capidava. U n'y a pas dans les environs des ruines d'une autre forteresse romaine plus im-
portante. Le bloc n'a pu etre apporte de Seimenii-Mari ou de Topalu, ou, d'apres les ruincs
existantes, on peut supposer l'existence d'importantes forteresses romaines. Ces châteaux-
forts sont trop eloignes (v. plus h a u t la description du materiel de construction).
II s'agit donc d'un prccieux documcnt a t t e s t a n t l'existence d'une statio dans cct endroit.
En effet — vu l'usage d'exprimer des sentiments dc loyautc allant dc l'inferieur au su-
perieur dans la vie publique romaine — le monument de Saturninus cst un indice qu'il exi-
stait dans notre castellum un service public mis sous sa surveillance. Cet endroit 6tait un point
important dans le reseau routier de la Dobrogea, puisqu'il etait situe sur la grande voie qui
longeait le Danube. D'ici partait un autrc chemin vers Ulmetum jusqu'â la mer (V. P â r v a n ,
Ulmetum, 1912, p. 81 et 84 et suiv.).
II y avait donc ici une statio, confirmee d'ailleurs aussi par une inscription ant6rieure
(CIL. I I I , 14214 19 ).
E n ce qui concerne le titre de praefectus vehiculorum, nous savons qu'il etait porte dans les
premiers temps de l'Empire par le directeur general dc la poste a y a n t sa residence k Rome.
Plus tard cette direction s'est divisee en plusieurs sous-directions ayant leur residcnce tou-
jours â Rome. Pour certains districts postaux, les praefecti n'apparaissent qu'au temps de
M. Aurele l). Les regions danubiennes formaient un district postal ayant unc direction propre,
distincte de celle de Rome, comme le prouve une inscription publi6e dans CIL. ( I I I , 13283)

a
) 0 . Hirschfeld, Kaiserl. Verwaltungsbeamten, p. 190 et suiv. et la bibliographie y mentionnle.

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FOUILLES ET RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIDAVA) DE 1924 ET 1926

qui mentionne un C. Antonius Rufus qui etait en memc temps praefectus vehiculorum et con-
ductor puhlici ]>ortorii ' ) . Notre inscription en donne une nouvelle confirmation.
L'etenduc de ce district postal ne peut etre determinee par les donnees dont nous dispo-
sons actuellement. II est certain, ncanmoins, que les regions danubiennes formaient un di-
strict postal dont le chef s'appellait, â partir de M. Aurele, praefectus vehiculorum.
Nous arrivons â dater ainsi notre inscription au temps de M. Aurele, peut-etre meme au
commcnccmcnt de son regne. Car, si nous tenons compte du fait que Saturninus a ete appa-
ritor BOUS l'empcreur Antonin le Pieux, il faut admettre qu'il ait commence sa carriere entre
157 — derniere date â laquelle il est mentionne comme conductor portorii — et 161, date de la
mort d'Antonin. II a donc pu devenir praefectus vehiculorum dans les premiers dix ans du
regne de M. Aurele 2 ).
Les corps de troupe oîi Saturninus a accompli les militiae equestres sont la Cohors I
Claudia equitata ct la legio I Italica. La derniere se trouvait k Novae; la premiere est
mcntionnee par Not. Dignitatum en Cappadoce 3 ), mais c'est pendant l'epoque avancee
dc l'Empirc. On peut admettre toutefois l'hypothese qu'â l'epoque de notre monument elle
ait stationnc dans les regions danubicnnes, vu que les autres fonctions de Saturninus, le
tribunat de la legion, la direction du service postal et l'octroi des douanes, ont ete exercees
dans les memes lieux.
II y a encore une chose â remarquer: c'est l'appellation de la circonscription douaniere
dont Saturninus dirigeait l'octroi: Illyrici utriusque et ripae thracicae. II en resulterait
qu'on a affaire â trois districts: la Ripa thracica que nous connaissons dejâ (V. Pârvan,
Histria, IV, p . 588 et suiv.) et deux Illyricum dont nous ne connaissons jusqu'â present
q u ' u n seul. Mais le vrai sens de l'expression est plutot un autre. Le mot utriusque se
rapporte peut-etre, non pas â Illyrici, mais â p(ortorii) p(ublici) sous entendu, c'est-â-dire:
conductor portorii publici utriusque: Illyrici et ripae thracicae. Ce qui signifierait que
Saturninus a cu l'octroi des portoria de deux districts: Illyricum et Ripa thracica, comme
il arrivait souvcnt 4 ).

') Cf. Patsch, Rfirn. Mitt. des Insl., 8, p. 200 et lequel sont presentecs Ics differentes charges qu'a-
Hirschfeld, op. cit„ pp. 87 et 196. vait obtenues Saturninus. D'aprcs cette rcgle cpi-
2
) J'ai mis â la disposition de M. V. Christescu graphique j'ai pu dater l'inscription approximative-
mnn manuscrit pour utiliser cette inscription dans ment au c o m m e n c e m e n t du regne de Marc Aurele.
son ctude sur la vie economique de Ia Dacie Ro- Cette date, il est vrai, ne s'accorde pas aux con-
maine (Viaţa economică a Dac.iei Romane), 1929. structions hypothetiques de Christescu, mais, entre
Dans la note 13 p. 116 et appendice p. 134 sqq. il deux hypotheses, c'est â la methode scientifique d'ac-
cherche une autrc interpretation pour Conductor Illyrici cepter celle qui est appuyee sur quelque chose de
utriusque et ripae thracicae. C'est que, dit-il, par //- certain.
lyrici utriusque il faut concevoir deux eirconscriptions II s'ensuit donc que de t o u t e la theorie de Mr.
illyriennes en ce qui concernc les douanes et il fonde Christescu concernant notre inscription, si nous re-
cette intcrpr^tation sur les opinions de Hirschfeld tenons l'interpretation de Illyrici utriusque comme
(Verwallungsb., p. 79) et Rostowzew (Staatspacht, une hypothese tout aussi valable que celles de Ros-
p. 398). Mais, sans s'apercevoir que les opinions de towzew et Hirschfeld, il faut renoncer â tout le reste
ceux-ci sont, pour le m o m e n t , des hypotheses, il explicatif.
se met â construire d'a :tres hypotheses au-dessus 3
) Not. dign., or. X X X V I I I , 3 6 ; cf. Pauly-Wis-
d'cllcs. Ainsi, d'une hypothese â l'autre, il aboutit sowa, R.E, IV, Cohors, col. 273.
â refuter e x a c t c m e n t le seul element certain de l'in- 4
) V. Gr. Tocilescu, Mon. epigr. şi Sculpt., p. 185
scription d'ou on peut partir pour fixer l'interpre- e t suiv.
tation de l'inscription: c'est l'ordre inverse dans

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GR. FI.OKESCU

7. Fragment de pierre calcaire, bris6 en deux morceaux (fig. 22). H a u t e u r 0,38; largeur
0,25 m ; cpaisseur 0,35 m. On l'a trouve parmi les debris du cot6 Est de la tour no. 4.
De l'inscription subsistc encore quelques lettres en quatre lignes. On peut d6duire de l'6pais-
seur du fragmcnt comme de la grandeur des lettres et dc leur forme soignec quc le bloc entier
avait probablement une formc plate ct d'assez grandcs dimcnsions. II se trouvait peut-ctre
sur le frontispicc de quelque edifice public. Les lettres, bautes dc 8 cm, ont une formc r6-
guliere et harmonieuse.

Fig. 22

A la premiere ligne entre Q et A il y a l'espace d'une lettre dont on ne voit aucune trace.
E n tout cas on ne peut admettre qu'une lettre ayant une seule haste verticale — I ou T ; â
la deuxieme ligne, la seconde lettre peut etrc un E ou plutot un L ; â la quatrieme ligne on peut
supposer, d'apres la boucle â droite, que la premiere lettre soit un P , la seconde un R et enfin
un fragment de la partie superieure d'un C.
J e ne crois pas possible la reconstitution de I'inscription, dont notre fragment occupait
â peu pres le milieu. Toutefois, d'apres les lettres conservees â la deuxieme et troisieme ligne,
je suppose qu'il s'agisse de P. Vigelius Raius Plarius Saturninus Atilius Braduanus Caucidius
Tertullus, connu dans les inscriptions de Troesmis (CIL. I I I , 6183 et p . 2102) comme legatus
Augusti. Les deux lettres P R de la quatrieme ligne nous font penser â la reconstitution fle-
g(alus) Aug(usti) pr(o) ] pr(aetore), ce qui serait une preuve que ce Caucidius ait 6te un gou-
verneur de la province. Ce fait a ete revoque en doute jusqu'â pr6sent l). Quoique notre hypo-
these repose sur une autre et ne soit pas assez puissante pour remplacer I'opinion courante,
on peut dater ce fragment d'inscription, d'apres la forme des lettres de la secondem oiti6 du
deuxieme siecle, justement â l'epoque ou vivait Caucidius.
8. Partie inferieure d'un autel votif, en pierre calcaire, trouvee dans les debris du cot6
Nord de la meme tour (fig. 23). H a u t e u r totale 0,70 m ; largeur 0,44 m ; 6paisseur 0,35 m. De
l'inscription subsistent les quatre dernieres lignes. Les lettres, grossierement trac6es et d'une
hauteur de 5 cm, sont assez lisibles: (voir page 509).

2
) CIL, III, 6183 ct Prosop. Imp. Rom., p. 433, no. 434.

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FOUILLES ET RECHERGHES ARCHEOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIDAVA) DE 1924 ET 1926

La troisieme lettre â la fin de la seconde ligne est — je suppose — un F , quoique la barre


horizontale du milieu soit trop pres de celle d'en haut et que toutes les deux soient trop
courtes; entre cette lettre et les suivantes il y a un espace plus grand que celui usite entre les
lettres d'un meme mot, mais trop petit pour pouvoir admettre qu'il en manque une. II resulte
que les lettres suivantes, deux hastes verticales, appartiennent â un autre mot. Nous trans-
crivons donc:
Posuit de su(o) n(onis) Apr(ilibus) F(usciano) II et Silano [II] consfulibus.

Fig. 23

On peut faire des objections ă cette transcription. Nous avons affaire â des abreviations
inusitees, surtout SV pour Su(o). De plus, nous pouvons hesiter encore â admettre les consuls
transcrits, â cause de l'abreviation du nom du premier consul, dont on voit seulement l'initiale
â peine indiquee, aussi bien que pour la raison que le nom de Silanus n'ait pas le nombre des
consulats reglementaires, lorsqu'il etait le collegue de Fuscianus I I .
L'objection concernant les noms consulaires peut neanmoins tomber si nous suivons dans
les fastes consulaires le nom du Silanus. Nous trouvons ainsi en l'an 9 2 : C. Iulius Silanus avec
Q. Aru.... (1 sept.) consules suffecti; en 188: Seius Fuscianus II avec M. Serviluis Silanus II;
en 189: (Duilius?) Silanus avec Q. Servilius Silanus; en 238: Iunius Silanus (26 juin) — Clau-
dius Iulianus avec Celsus Aelianus, consules suffecti. II faut exclure les premiers (a. 92) et les
derniers (a. 238), parcequ'ils ont ete des suffecti qu'aucun des noms de leurs compagnons ne
correspond â l'abreviation du nom du premier consul de notre inscription. II reste â discuter
sur les consuls de l'annee 188 et 189. Quant aux derniers, nous les trouvons mentionnes dans
les inscriptions sous cette forme: fduobusj SilanfnisJ cos. (CIL. IV, 31154; X I I I , 8166).
Meme mentionn€s d'une autre facon ils ne correspondent pas aux lettres de notre inscription.

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GR. FLORESCU

II ne reste donc que les consuls de l'an 188: Seius Fuscianus II avec M. Servilius Silanua II.
Le premier eorrespond abrege par l'initiale, suivie dc l'indication II. Quant au eecond, il e6t
plus difficile de se prononcer, puisque lc chiffrc 11 inanque. On peut attribuer ce manque â la
negligence du lapicide, voire meme au redacteur de l'inscription, car, ă en juger d'apres les ca-
racteres epigraphiques, cet autel n'a pas ete â Capidava, mais dans un des villages environ-
nants, d'ou il aura 6te apportc plus tard comme mat6riel de construction. De plus, c'cst un
monument erige par un particulier (posuit de suo), peut-etre sans un controle serieux des au-
torites. Ce fait expliquerait suffisamment l'erreur de notre inscription.
9. Autel votif, en pierre calcaire, presque entier (fig. 24). L'anglc gauche du profil supe-
rieur et la face post6rieure sont detruits. H a u t e u r totale 1,34 m ; hautcur du tronc 0,90 m ;
Iargeur 0,45 m ; epaisseur 0,41 m. L'inscription comprend 11 lignes, dont la septieme cst mar-
telee. Les lettres, d'un trace regulier, ont une hauteur d'environ 3 cm. Celles dcs quatrc der-
nieres lignes ont presque 4 cm. de hauteur. On peut lire sans difficult6:

Fig. 24

Seulement deux lettres du commencement du dernier mot de la sixieme Iigne sont dete-
riorees. E n observant les restes conserves, on distingue assez facilement un A et probablement
un N (pas un V), car l'inclination de la haste droite est justifiee par l'irregularite de la position
des lettres inclinees d'un cote ou de l'autre et par le N dans la premiere lignc.
I(ovi) O(ptimo) M(aximo) Iunoni Reginae et pro salute Imp(eratoris) L(ucii) Septimi
Severi Aug(usti) et L(ucii) Sep(timi) Anto(nini) [Aug(usti) et L(ucii) Sep(timi) Getae no-
b(ilissimi) (?) Caes(aris)] posuil Cl(audius) Coc(ceius) de suo X Kalendas jlulias Vic(torino)
et Severo co(n)s(ulibus). '
Le monument est precisement date Ie 20 juin 200 ap. J . C. (Liebenam, Fasti cons. p. 27).

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FOUILLES ET RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIDAVA) DE 1924 ET 1926

A remarquer la denomination des empereurs composee des titres habituels. C'est pour-
quoi, en reconstituant la ligne martelee, j ' a i mis un point d'interrogation apres nob(ilissimi)
qui a pu fort bicn manquer, vu l'etroitesse de l'espace, â moins que le lapicide n'ait eu recours
â plusieurs ligatures, pour ne pas etre oblige de passer â la ligne reservee â l'auteur de la
dtfdicace.
Le nom du second empereur nous paraît encore plus etrange: L. Sep(timi) Anto(nini)
/ A u g ( u s t i ) ] . Sous cette forme on ne le trouve dans aucune inscription. Nous le trouvons sous
la forme de Severus Antoninus ou M. Aurelius Severus Antoninus (v. Prosop. Imp. Rom. I I I ,
p. 204); mais on ne peut deduire aucune explication logique pour cette forme. J e crois qu'elle
doive etre attribuee plutot â ce que notre monument n'a pas ete erige sous les auspices directs
d'une personne officielle, mais bien par un simple particulier, Cl. Cocceius, â ses frais (de suo). On
peut lui attribuer sans doute la confusion mentionnee dans les noms des empereurs. Pour cette
raison, notre reconstitution de la ligne martelee a certainement le sens exact, mais peut-etre
non pas la formule cpigraphique exacte qui existait jadis sur la pierre.
Le nom de l'auteur de la dedicace Cocceius est conu â Capidava par d'autres inscriptions
decouvertcs en ce point (CIL, I I I , 13737 et 14214 20 ) et qui mentionnent: Cocceius Vitales,
Cocceia Iulia et Cocceius Ilelius. Le nom du dernier apparaît aussi dans une inscription trouvee
ă Vlmetum. V. P â r v a n l'a identifie au personnage connu â Capidava (V. P â r v a n , Cetatea Ul-
mctum, p . 552 et suiv.). Cette inscription est datee du regne de Caracalla. Cl. Cocceius de notre
inscription (îtait donc surement un autre membre de la famille Cocceia de Capidava.
10. Fragment, faisant partie probablement d'un autel votif en pierre calcaire, mure, la
face gravee vers l'exterieur, dans le parement du cote Sud de la tour no. 1, dans la premiere
assisc au dessus du socle, â gauche de l'entree. Hauteur 0,35 m ; largeur 0,46 m. L'inscrip-
tion comprend sept lignes incompletes, la pierre etant brisee â droite et peut-etre aussi â
gauche. La hauteur des lettres est de 4—5 cm.:

A la premiere ligne, on voit les traces imprecises de quelques lettres effacees: la premiere
est peut-etre la partie inferieure d'une haste oblique d'un M, la seconde u n fragment de la
partie inferieure d'un C ou 0 , la troisieme reduite presque â un point nous empeche
de supposer quelque chose; a la seconde ligne: un F , une lacune, puis L, I, 0 , D, et en-
core les fragments des trois hastes d'un N ; â la troisieme ligne on distingue assez bien: I, V,
L, I, V, E, puis, apres l'absence de toute lettre, un I ; â la quatrieme ligne on distingue les
traces de la partie inferieure d'un M, puis I, N, la partie inferieure d'un I et peut-etre P et F ;
â la 5-eme ligne la derniere lettre detruite, cependant, d'apres les traces conservees, c'etait

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GR. KLOKESCU

probablement un F ; a la 6-eme ligne, au commencement, on observe le fragment de Ia courbe


d'un C; â la derniere ligne on distingue Ia partie sup6rieure de A, V, G, P et probablement de H.
[C. Iul(io) Vero Maximo nobilissimo Caesari] filio d(omini) n(ostri) /Imp(eratoris)
Caes(aris) C.J Iuli Ve[r]i / Maxijmini p(ii) f(elicis) /invijcti Aug(usti) Ffljavio) /Lu-
c]il(l)ian(o) IfegJ(ato) Aug(usti) pr(o) fpr(aetore)]. ..
II resulte que notre fragment faisait partie d'un monument erige en l'honneur de C6sar
Maxime le fils de l'empereur Maximin. La date est donc 235—238 ap. J . C. Si nous tenons
compte de l'absence d'autres titres de l'empereur: Germanicus Maximus et Sarmaticus Maximus,
qu'il prend en 236, nous pouvons supposer que le monument ait 6te 6rig6 en 235.
Le legat par les soins duquel ce monument a 6t6 erige est Flavius Lucillians connue par
d'autres inscriptions (CIL, I I I , 7605 et 14462; cf. Prosop. I m p . Rom. I I , p. 70, 200).
11. Fragment d'une stele funeraire en pierre calcaire, trouve dans les decombres du cot6
Est-Sud de la tour no. 4 (fig. 25). H a u t e u r 0 , 5 0 m ; largeur 0,95 m ; 6paisscur 0,33 m. Le cbamp
de l'inscription, limite des deux cotes par une bande etroite soigneusement taillee au ciseau,
a 0,46 m de largeur. L'inscription ne conserve que cinq lignes. La premiere et la derniere ont
ete detruites par la brisure de la pierre; on a de la premiere la moitie inferieure et de la der-
niere, la partie superieure. Les lettres ont une hauteur inegale, environ 4,5—5 cm, les unes de-
passant meme 5 cm. Elles sont serrees en lignes et ont beaucoup de ligatures.

FiR. 25

A la premiere ligne on distingue la partie inferieure de 5 lettres du commencement, V I X


et une ligature, A avec N ; cet A a la barre horizontale bris6e. A la seconde ligne, la 7-eme lettre
etait probablement un C, puis on a un V, peut-etre lie a I, et S. A la troisieme ligne on a un C
avec un O entre les extremites; la troisieme lettre etait sans doute un I. A la derniere ligne
on voit seulement la partie superieure des lettres: V, A et L formant une ligature, puis E , V,
I, A, T, O et R.
vixit an(nos). . . . Iulius Lufciujs co(n)iug(i) benemerenti posuit. Vale viator.
D'apres la forme des lettres, I'irregularite de leur disposition et l'abondance des ligatures
nous pouvons dater notre inscription au III-eme siecle ap. J . C.

MONUMENTS SCULPTURAUX

12. Fragment de forme presque triangulaire faisant partie d'une plaque en marbre, orn6e
de bas-reliefs (fig. 26). On n'en a qu'une infime portion de la marge superieure. Trouv6 dans
les decombres de la courtine G. H a u t e u r 0,39 m ; largeur 0,36 m ; epaisseur 0,05 m.
Le champ du relief etait encadre en h a u t et certainement aussi en bas par une bordure
travaillee en kyma lesbien et un peu plus stylis6e.

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FOUILLES ET RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIDAVA) DE 1924 ET 1926

Le relief conserve repr6sente: au milieu un trophee avec une cuirasse et un casque ayant
â gauche un personnage aux longs cheveux ondules, sortant d'un pileus phrygien caracteristique
â la population indigene. Ce personnage est vetu d'une tunique â manches et par dessus d'un
m a n t c a u retenu sur l'epaule droite par une fibule ronde et rejete en arriere sur l'epaule gauche.
A droite du troph6e, on observe la partie d'une draperie, â gauche un ecu hexagonal occupant
toute la hauteur du champ du relief.
Selon les restes des figures de notre fragment, il est fort probable qu'il ait fait partie d'une
frise, composee de plusieurs plaques identiques, qui decorait tout autour l'entablement d'un
monument commemoratif. A gauche du trophee on peut supposer, d'apres le fragment con-
serv6 du grand ecu, que le relief ait represente une serie d'armes enlevees aux ennemis, des
spolia. Des scenes variees de combat completaient probablement le reste de la frise. En ce cas
notre trophee repr6sente l'achevement d'une action
guerriere, dcployee sur la frise de gauche â droite,
et il represente, sans doute, un fait historique. C'est
un relief commemoratif et non pas un simple orne-
ment d6coratif.
Le th6âtre de l'action est indique par le barbare
qui est debout â la base du troph6e. Le pileus, le
vetement, la chevelure abondante — l'absence de la
barbe est due â sa jeunesse — nous permettent de
l'identifier â un Dace. E n ce qui concerne les armes
represent6es, rien que les ecus, elles ne peuvent nous
offrir aucun 6l6ment certain pour servir â notre iden-
tification, car on discute encore si les armes dans
les reliefs â trophee representent une realite histo-
rique ou une simple tradition artistique. Mais la res-
semblance de la forme des 6cus de notre trophee —
oblongue et hexagonale — depouilles de la nation
vaincue personifice par le barbare â la base du
troph6e, â la forme des ecus tenus par les Daces des
reliefs de la colonne trajane est un indice qui nous
les fait admettre comme daces. II s'agit donc dans
notre relief d'une guerre entre les Romains et les Fig. 26
Daces.
Pour determiner cette guerre, notre fragment ne possede d'autres indices que les indices
stylistiques et techniques, qui ont une valeur tout â fait approximative. On doit remarquer
ici le modelage nuance des corps, depuis le plus bas jusqu'au plus h a u t relief, d'apres le lieu
qu'ils occupent dans l'espace. Ils donnent ainsi l'impression de profondeur qui etait â la mode
j u s q u ' â l'6poque des Antonins. De plus, dans le modelage des formes on ne trouve aucune
trace de l'emploi du t r e p a n ; au contraire elles ont ete executees avec assez de naturel. Ce
sont les caracteres stylistiques propres â l'epoque trajane et â l'epoque anterieure. C'est
de ce temps qu'on peut dater notre relief.
A cette date on ne peut penser qu'aux guerres de Domitien et de Trajan contre les Daces.
Neanmoins je n'ai trouve dans les fouilles faites jusqu'â present aucune trace certaine de l'epoque
de ces empereurs. D'autre part on ne sait pas encore quand a ete fonde le castellum de Capidava.

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33 Datia III—IV 1927/932
GR. FLORFSCU

Si l'on admet un de ces empcreurs pour datcr notre relief, on <loit aussi admcttrc l'existence
du castellum â une de ces epoques. Pour l'epoque de Domitien les recherches archeologiques
faites en Dobrogea jusqu'â present ont abouti â un resultat negatif. C'est pourquoi nous som-
mes d'avis que notre relief se rapporte au grand ev6nement qu'a ete" la guerre de Trajan pour
la conquete de la Dacic. La representation plastique de cet evenement a ete rep6tee sur di-
vers monuments figures l).
Malgre 1'exiguYtc de notre fragment, nous remarquons quelquc ressemblanee â la repr6-
scntation du meme evenement sur d'autres monuments. La frise d'armes, qui est â gauche
de notre trophee, se retrouve dans la frise hexagonale du monumcnt d'Adamklissi 2 ) ; le type
de notre trophee, ayant un barbarc debout ă la base, est le meme du trophce d'Adamklissi.
II est vrai que dans ce dernicr figurcnt aussi deux femmes assises des deux cotes du b a r b a r c ;
mais la partie inferieure de notre relief est detruite et, meme si elle ne l'etait pas, l'absence
eventuelle des femmes pourrait s'expliquer par l'abreviation des scenes, mcthode en usage
dans le bas-relief romain.
Un seul fait s'oppose a la
resscmblance de notre trophce
â celui d'Adainklissi: la diffe-
rence dcs stylcs. Dans l'etat ac-
tuel de nos connaissances au
sujct des reliefs d'Adainklissi
nous savons qu'il ne datent pas
tous de l'cpoque trajane, mais
sont le resultat d'une rcfection
d a t a n t du temps de Constan-
tin. On nc peut admettre quc
pour une pareille architecture
des sculpteurs renommes n'ai-
ent pas cte engagfis.
Fi 27
«' II est donc fort probable
quc notre relief se rapporte â la
guerre de Trajan contre les Daces. II decorait un edifice ou un simple monument crige pour la
commemorer. Sans doute le monument se trouvait â Capidava, car il est difficilc d'admcttrc
que notre fragment ait cte apporte ici mcme pendant les invasions barbares, parce qu'il ne
presente aucune trace qui puisse nous indiquer qu'il a ete utilisc â autre chosc. Notre fragment
est donc un temoignage de l'existence probable de Capidava comme castdlum romain au temps
de Trajan. C'est lâ sans doute une simple hypothesc j u s q u ' a ce que d'autrcs informations
plus precises puissent elucider cette question.
13—14. Dans la meme figure en bas, â gauchc dc la plaque â rclicfs, on distinguc le fragment
en marbre du sceptre, enroulc par un scrpent, d'une statue d'Esculapc et, â droite, une main
en marbre de grandeur naturelle. De cette main on n'a trouve que la poignee j u s q u ' â l'articu-
Iation de l'avant-bas et les bouts des doigts en sont brises. Elle tenait un objet actuellement
pcrdu.

l 2
) Gr. Florescu, Arcul de triutnf al lui Constantin ) Gr. Tocilescu, Fouilles el Recher. Arh., p. 5 1 ,
cel Mare, p. 23 et suiv. fig. 33.

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FOUILI.ES ET RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES A CALACHIOI (CAPIDAVA) DE 1924 ET 1926

15. Fragment comprenant presque entierement le champ du relief d'une stele funeraire,
en calcaire, trouve encastre dans le placage du mur Nord-Est de la tour no. 1 (fig. 27). Hauteur
0,75 m ; largeur 0,88 m ; epaissuer 0,19 m.
Le relief, limit6 des deux cotes par deux pilastres â chapiteaux en feuilles, represente le
memc banquet funebre commun aux monumcnts funeraires du sud du Danube. Les figures
sont presque entierement detruites. En observant avec attention ces restes, on distingue trois
personnages couches dans un lit. Ils tiennent dans leur main gauche probablement quelques
mets et dans la main droite, levee, une couronne. Devant eux on voit une table â trois pieds;
ă gauche on voit une cathedra occupee par un personnage; â droite, on distingue une main,
certainement celle d'un esclave.
On apercoit dans la meme j>hotograj)hie, en haut, une autre pierre: la partie reservee
ă l'inscrij)tion de notre stele, qui est anepigraphe. Le monument se trouvait donc en vente avec
quelques autres dans l'atelier d'un maître macon. II a ete sans doute pris a cet atelier pour
servir comme mat6riel de construction â la premiere reparation de la forteresse. Le monu-
ment est donc anterieur a cette reparation et date probablement du III-eme siecle ap. J . C.

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FOUILLES l)E SARMIZEGETUSA
DEUXIEME COMPTE-RENDU (1925—1928)

Les fouilles areheologiques de Sarmizegetusa, engagees en 1924 ' ) , furent continu6es aussi
pendant les annees suivantes grâce aux subsides mis â ma disposition par la Commission des
Monuments Historiques sur la recommandation du feu savant Vasile P â r v a n et, apres sa dis-
parition unanimement deploree, sur celle de M. le professeur I. Andrieşescu, Directeur du
Musee National d'Antiquites a Bucarest, auquel je tiens â remercier aussi de la bienveillance
d'avoir publi6 ce compte-rendu dans la revue « Dacia ».
Les fouilles en question ont ete continuees chaque annee, â l'exception de 1926, pendant
mon sejour a Rome, en qualite de membre de l'Ecole Roumaine. C'est pour cette meme raison
que mon 2-eme compte-rendu n'a pas pu etre publie dans le volume I I de ladite revue.
Les t r a v a u x executes pendant ces annees et concentr6s sur un seul point du centre de la
ville romaine (marquee au numero X X I I dans le plan de la ville, â la page 263 du vol. I de
cette publication) avaient pour but le degagement complet de l'6difice imposant qui avait
apparu des 1924 et que j ' a v a i s consider6, â cette epoque-lâ, basc sur certains indices plus ou
moins surs, comme VAedes Augustalium dont il est fait mention dans l'inscription C. I. L. I I I ,
6270 (voir « Dacia », I, p. 246 sq.).
Le resultat des recherches des trois dernieres annees a confirme du tout au tout cette hypothese.
Mais, ce n'est pas tout. A ce meme endroit, au Sud de l'edifice deterră, nous avons pu d6-
couvrir aussi le «forum» de la ville romaine, dont l'existence n'y etait a u p a r a v a n t que pr6-
sumee 2 ).
Les t r a v a u x de deblayement ne sont pas encore termin6s. Ils exigeront, â mon avis, en-
core deux annees de fouilles. C'est le forum tout particulierement dont l'exploration minutieuse
nous fait esperer des informations inattendues sur l'histoire de la capitale dc la Dacie romaine
et de la Dacie proprement dite, sans compter les contributions precieuses que le deblayement
complet des ruines pourrait nous offrir au point de vue de l'architecture, de l'6dilit6 et de
la civilisation.
Avant d'aborder la description detaillee des decouvertes, je ticns â mentionner que le
territoire tout entier ayant fait l'objet de nos fouilles a ete exproprie et constitue d6sormais
la propriete du departement de Hunedoara.
Un gardien permanent y fut installedes 1928,ayantâcharge sa surveillance et sa conservation.

') Voir mon premier compte-rendu en Dacia, I, 1924, Je tiens â lui remercier de sa juste remarque au sujet
p. 224 sqq. de la dlnomination de «castrum», gliss6e par in-
*) Cf. mon premier compte-rendu en Dacia, I, p. 234, advertance dans mon article ăgalement. Cette d^no-
no. 27 et note 1. M. Fr. Drexel, en D. Lit. Ztg., 1927. mination, bien que naturalis^e par la tradition, serait
Heft 47,* col. 2304, est aussi d'avis que c'est ici sans aucun doute tout-â-fait inapplicable â Sarmi-
que le forum de Sarmizegetusa doit avoir ete situe. zegetusa.

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FOUILLES DE SARMIZEGETUSA

Conformement aux buts que se propose l'archeologie moderne, j ' a i juge tout aussi ne-
cessaire de mettre les ruines une fois deblayees â l'abri, a u t a n t que cela est possible dans nos

FORJJM.

Fig. 1. Plan de l'Aedes Augustalium

r6gions. Les parties les plus freles ont ete d'ailleurs conservees des l'automne de 1928, ce dont
je sais infiniment gre â la Commission des Monuments Historiques de la Transylvanie.

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C. DAICOVICI

I. A I-: D E S AU G USTALIUM

a) Considerations generales

Identificafion. Dans mon premier eompte-rcndu dejă, j ' a v a i s exprime l'opinion que l'edifice
dont je venais d'engager le deblaycment diit etre idcntique au «Aedes Augustalium» mentionne
dans l'inscription C. I. L. I I I , 6270 (cf. aussi 1509).
ORDINI J e m'ctais bas6, en emettant cette supposition sur les deux inscrip-
AVCVSTALIVM tions, decouvertes pendant les fouilles (Dacia, I, p. 243—244, no. 1 et 2)
PANTONIV5 oîi il est question des deux fils, M. Procilius Iulianus et M. Procilius
SVPERDECCOL Regulus, du meme pere qui avait decide la construction de l'edifice: M.
SARMIZMETRO Procilius Niceta.
POLISDD
J ' y avais aussi donne l'indication que cette inscription (C. I. L. I I I ,
Fig. 2. 1,'inscription de
P. Antonius Supcr 6270) avait ete decouvertc en 1851 dans le meme territoire. L'un des
fils mentionnes dans les inscriptions que j ' a i decouvertes (M. Procilius
Regulus) est justement celui qui, par obligation testamentaire, devait mener ă bonnc fin
I'oeuvre initiee par son pere. Trois autres fragments d'inscriptions dccouverts au cours de la
mcme annce (1924) ont cte consideres par moi comme une
sorte de « Album » des Augustales (p. 24!> sijq.), constitues ici,
de meme que dans d'autres cites d e l a D a c i e , dans un « ordo »
ou « collegium », non atteste pourtant jusqu'alors pour Sarmi-
zegetusa. Tous ces temoignages epigrapbiques proviennent
du cote Ouest de I'edificc (A1 A 2 et A 3 du plan, fig. 1).
A ces tcmoignages plus ou moins plausiblcs est venue
toutefois s'ajouter, l'anncc suivante, une autre inscription,
cette fois-ci convaincantc, provcnue de l'ailc Est de l'cdifice,
â une petite distance de la piece 27 (A dans le plan).
Elle est en forme de fusee de colonnette en marbrc, haute
de 0,30 m, au diametre de 0,16 m (â la base) et de 0,14 m
(au sommet). Les lettres sont hautes de 2,50 cm (voir fig.
2, 3 et 51).
On peut lire cette inscription sans difficulte au moycn
d'un dessin calque r ) commc suit:
ORDINI
AUGUSTALIUM
P. A N T O N I U S
r. , ,,. . S U P E R , DEC(URIO) COL(ONIAL)
v
Fie. 3. L înscnption dc ' ' '
p . . . ' S A R M I Z ( E G E T U S A E ) METRO-
P. Antonius buper >_ „_ ._. '
P O L I S , D(ONUM) D(EI)IT).
Un personnage du meme nom revient â Sarmizcgctusa dans une inscription pas trop cer-
taine (C. I. L. I I I , 1474). J e ne crois pas qu'il s'agisse du meme individu; le notre pourrait
etre tout au plus, â mon avis, un descendant de cclui dont il cst fait mention dans l'inscription
1474, vraisemblablement anterieure â la notre. La date de cette derniere ne peut etre que

*) Ce decalque s'est trouve etre tres necessaire puis- disparue du Musee local; en la retrouvant ensuite,
que, pendant mon absence â R o m e , l'inscription etait elle etait un pcu mutilee: habent sua fata...

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FOUILLES DE SARMIZEGETUSA

le commencement du I I I siecle apres J. Chr., tout en se deplaţant plutot vers les derniers
trente ans de sa premicre moitie ') que vers les premieres annees du dit siecle.
Lâ oîi le nom de notre personnage apparaît frequemment c'est bien dans les estampilles
sur les tuiles 2) qu'on a rencontrees au cours des fouilles (notamment du cote Est de l'edifice).
II n'y a plus aucun doute que celui qui avait fait dresser l'inscription en question eut as-
surac la charge d'une partie des travaux â executer et contribue, entre autres, certainement
â la construction (ou plutot â la renovation) du toit abîme par les intemperies, soit par la four-
niture de l'argilc necessaire u la fabrication des tuiles, soit par la fabrication meme de ces der-
nieres. Nous ne saurions preciser s'il avait 6t6 lui aussi un Augustalis.
Eu egard toutefois â son aisance et aux sacrifices qu'il consent dans l'interet des Augu-
stales, nous aurions peine â lui contester cette qualite. Dans ce cas nous pourrions compter
aussi un decurion parmi les Augustales de la cite de Sarmizegetusa.
L'inscription revele en echange d'une maniere indubitablc l'existence dans la capitale
de la Dacie d'un « Ordo Augustalium » qui n'avait ete atteste jusqu'ici dans la Dacie que pour
Napoca (C. I. L. I I I 14466). La constitution en « ordo » des Augustales doit etre advenue, ici
encore, des environ le Il-e siecle (v. plus bas).
Or l'identification de l'edifice meme au « Aedes Augustalium » paraît â mon esprit tout
.iii-i indubitable.

Nom et sens de Vedifice. La question qui se pose, apres la determination exacte des pro-
portions et du plan de tout l'edifice, est la suivante: le nom de Aedes Augustalium se rap-
porte-t-il â l'edifice tout entier ou â une partie seulement de l'edifice decouvert? On pourrait
invoquer deux arguments en faveur de la premiere these.
1. A l'exception de quelques annexes et bâtisses ulterieures, insignifiaafes, de meme que
de certains restes de construction anterieurs â l'edifice fondemental (v. plus bas,.'p. 521 sq.),
l'ensemble des ruines decouvertes presente une seule epoque de construction et constitue un
6difice unitaire, parfait et organique, construit selon un plan correspondant. II ne peut donc
ctre question de plusieurs constructions sur cet emplacement, pas plus que d'une reprise en
sous-fieuvrc d'une partie de l'edifice original. Le plan de ces ruines demontre clairement non
seulement la parfaite unite de la construction, mais bien aussi sa disposition symetrique ne per-
m e t t a n t aucune separation de ses elements constitutifs.
2. Les t6moignages qui nous ont porte â la conclusion de l'« Aedes Augustalium » n'ont
pas ete recueillis â un seul endroit des ruines, mais bien en trois points differents de l'edifice
en qucstion.
L'argumentation ci-dessus est susceptible neanmoins d'une juste objection. Le mot « aedes »
au singulier (« aedem Augustalibus, p. s. f. i. ») signifie couramment temple, sanctuaire.
En a d m e t t a n t cette acception unique, il resterait une autre question â mettre â point:
pourquoi n'a-t-on pas designe d'une maniere precise, dans l'inscription, le nom de la divinite
â laquclle ce temple avait 6te voue? Ce nom devait suivre logiquement, apres « aedes », au
g6nitif ou au datif.

x annee et designant toutes la colonie du nom officiel


) Le crit^rium en etablissant cette date est celui
bien connu de la denomination de Metropolis attri- de « Metropolis » (voir plus bas, p. 549) nous feront
buce â la colonie de Sarmizegetusa. Ce titre n'etait voir neanmoins que ce n'est pas lâ un terminus post
atteste jusqu'â present qu'â dater de l'an 238 (C. I. L., quem certain.
III, 1456). Maintes inscriptions anterieures â cette 2) V. plus bas. p. 542.

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C. DAICOVICI

Nous r6fl6chissons naturellement â une divinite repr6sentant l'idcc dc l'Augustus, de la


maison regnante, de Rome ou de quelque autre chose de semblable.
L'inscription ne nous fait savoir cn cchange quc la destination votive du « aedcs » en que-
stion: « augustalibus », aux Augustales.
L'cdifice rcspectif nc presente toutcfois, par soi-meme, ni commc aspect, ni commc pro-
portion, la caracteristique d'un templc stricto sensu. II est plus qu'un simplc sanctuairc, dont
les formes sont de toute facon plus ou moins consacr6es et dont lcs dimensions sont de beau-
coup inferieures â celles de l'ensemble de ruines auquel se rapporte le nom dc « aedes ».
Dans ce cas le scns qu'il convient d'attribuer au mot « aedes » est un peu plus largc que
le sens commun et devrait avoir, â mon avis, l'interpr6tation g6n6rale d'un « aedificium sacris
usibus destinatum » ] ) , a savoir d'un cdificc dont la dcstination cst 6troitement li6e au culte
et aux ccremonies rcligieuses, bien qiCil ne desservisse pas exclusivement l'accomplissement des
actes sacres 2 ).
En raccommodant ainsi les choses, jc suis cnclin â considercr l'edifice d6couvert â Sar-
mizegetusa un local social des Augustales de la capitale de la Dacie, analogue au phetrium de
Caere (C. I. L. X I , 3164: Vesbinus Aug. L. Phctrium Augustalibus donum dedit), dont
l'acte de donation a, dans sa partie dispositive, la memc expression que l'inscription de Sar-
mizegetusa.
II est tres probablc que le terrain ou fut 6lev6 cet edifice des Augustales ait appartenu
au municipe et que l'edifice mcmc ait ete considcrc au point dc vue juridique une propri6t6
municipale 3 ) .
Qu'â sa construction et â son embellissement ont contribuc aussi d'autrcs pcrsonnes,
cela est hors de doute 4 ).
Le merite de l'initiative et de la plupart des depenses en revient cependant â M. Procilius
Niceta et â son fils, Regulus. II est possiblc que, de l'ensemble des edifices, la portion que s'est
assignee M. Procilius Niceta ait repr6sente le centrc ou l'« aedes» proprement dit, destin6
aux ceremonies 6minemment religieuses et relatives au culte de l'empcreur, tandis que le reste
soit echu â la charge du municipe ou d'autres augustales 5 ).
La position et le plan methodique de l'edifice est, dans tous les cas, un indice de l'inter-
vention et du controle que le gouvernement du municipe a exerc6 sur sa construction. E u
egard aux rapports sociaux et municipaux de l'Ordo Decurionum et des Augustales, l'absence
de toute collaboration nous paraît meme impossible.

1
) Thes. L. L., I. 911, 5 1 — 5 2 . Petelia (C. I. L., X , 114, 14) cit6 par Premerstein)
2
) Aedcs,-is, dans le sens d'6difice profane est at- o. c. p. 851.
s
teste aussi par ailleurs; v. Thes. L. L. I ., 908, ) Parmi les inscriptions â differents travaux ac-
19—31. Pour notre cas s'accomoderait surtout l'at- complis par les Augustales â Sarmizegetusa, deux
testation de Paul. Fest. 89: Flaminia aedes— d o m u s (C. I. L., I I I , 1516 et 7960) pourraicnt sc rapporter
flaminis Dialis (cf. pourtant Lindsay, Festus. p 79). â des travaux e x c c u t e s â ce « Aedes Augustalium »
Cf. aussi l'inscription C. 1. L., V I I I , 14436: aedes bien que nous ne puissions rien preciser lâ-dessus.
sive r.uria et C. L L., V I I I , 18328. faute de donn^es plus certaines sur les circonstances
8
) Voir ă ce sujet A. Premerstein dans De Rug- dans lesquelles elles ont 6te d6couvertes. J'ai dejâ
giero. Dix. Epigr., I, pp. 8 5 0 — 8 5 1 . soutenu l'opinion de Hirschfcld (Dacia, I, p. 248) que
*) Voir plus haut l'inscription avec P. Antonius d a n s l'inscription C J. L. I I I 7960 il s'agit d'une
Super et le fragment d'inscription decouvert ici et decuria d'Augustales. Je m'arrete â la mfimc opinion,
publie dans le premier compte-rendu (Dacia, I, pp. d'autant plus qu'aujourd'hui « Ordo Augustalium » est
246 et 248, avec la note 2). Pour la dotation des lo- atteste de m e m e â Sarmizegetusa.
caux des Augustales, cf. l'interessanl testament de

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FOUILLES DE SARMIZEGETUSA

Sur la destination sp6ciale de pareils edifices nous pouvons extraire certaines indications
du mat6riel 6pigraphique, concernant les Augustales, qu'on a recueilli dans tout l'empire ro-
main. Les decouvertes archeologiques, d'autre part, nous fournissent des informations assez
positives sur certaines parties de notre edifice.
En g6ncral, cependant, comme il arrivait de tous les edifices publics â l'epoque de l'em-
pire, le grandiose 6tait souvent uni â l'utile, sans que ces details de construction aient neces-
sairement port6 directement sur la destination sp6ciale de l'edifice.
La destination imm6diate et directe que pouvait avoir une maison des Augustales etait
en premier lieu l'exercice des immolations et la cel6bration des ceremonies religieuses en l'hon-
neur de l'empereur. Ces pratiques etaient completees ensuite par les differentes solennites,
par des festins, etc. C'est toujours lâ qu'avaient lieu les assemblees du corps des augustales,
oîi 6taient prononcecs des d6cisions — decreta — comme dans n'importe quelle corporation
constitu6e de l'Empire *).
Dans le corps de ces 6difices doivent avoir ete installes aussi les differents offices de la cor-
poration (arca, par exemple), attest6e par voie epigraphique pour les Augustales des autres
r6gions 2 ), soit que cette maison ait appartenu au corps meme des Augustales, soit qu'elle ait
6t6 la propri6t6 de la municipalite, mais administree seulement par les Augustales 3 ) .
Nous verrons dans la partie descriptive de ce compte-rendu ce que peuvent nous
attester les decouvertes archeologiques sur la destination de l'edifice. Leurs indications fourni-
ront, je l'espere, une contribution precieuse â la connaissance du role que l'institution des Au-
gustales a jou6 dans les municipes.

Date de la construction. Nous manquons d'une documentation epigraphique, precise, sur


l'6poque de la construction de l'edifice.
Des annexes complementaires et des reparations partielles - ont ete executees sans doute
â des 6poque8 ult6rieures, de sorte que leur necessite 6tait conditionnee par son anciennete 4 ).
II n'a pu etre toutefois construit des les premiers temps de l'occupation romaine, puis-
qu'il renferme â I'extr6mit6 Nord de l'aile occidentale des restes d'une construction romaine
ant6rieure (v. plus bas).
L'inscription de fondation ne peut pas etre datee apres le Il-e siecle pour la raison
aussi que le titre de « metropolis » n'apparaît pas dans la denomination officielle de la cite,
— ce titre etant caracteristique â la premiere moitie du I l l - e siecle — aussi bien qu'â cause
des caracteres de la belle forme de lettres auxquelles furent ecrites les deux inscriptions de
ses fils, d6couverte8 par moi et contemporaines de la premiere.
La pr6sence, parmi les decombres, de quelques tuiles et briques au sceau Leg. I I I F . F . ,
t o u t comme dans l'amphitheâtre de Sarmizegetusa, reconstruit vers l'an 158 apres J . Chr.,
nous laisse deviner la date approximative de la construction de cet edifice. La date la plus
ancienne que nous possedons sur la derniere 8yst6matisation du Forum, avec lequel notre edi-
fice est en 6troite liaison chronologique (v. plus bas, p . 538 sq.), tourne egalement autour de
l'an 155. Bas6 sur ces considerations, auxquelles viennent s'ajouter aussi certaines decou-

') Premerstein, dans De Ruggiero, o. c , p. 851. constatee par exemple dans la piece no. 27 (v. plus
'•«) C. /. L., X, 6677 (cf. Premerstein, o. c , p. 850). bas). Une renovation du toit doit avoir eu lieu vers
3 le commencement du Ill-e siecle ap. J. Chr., ainsi
) Idem, ibidem. II n'y a pas de doute que le ge-
nius colle(gii) Augustalium dc Corinthe (C. I. L., I I I , que I'attestent les tuiles au sceau de P Ant(onius)
7268) ait ct6 înstalle lui aussi dans un pareii edifice. Super, personnage dont l'existence ne peut pas Stre
*) Une de ces reparations ulterieures peut etre anterieure â ce siecle (cf., p. 518—519).

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C. DAICOVICI

vertes insignifiantes en parfaite concordance avec l'epoque respective, j'estime pouvoir de-
terminer sans faute la moitie du deuxieme siecle comme date approximative de la construc-
tion de la maison des Augustales. La manifestation tellement splendide du devouement des
Augustales pour l'Empercur et pour la maison regnante, en general, coîncide de cette ma-
niere non seulemcnt avec l'epoque de floraison de Sarmizegetusa, mais en meme temps aussi
avec le renouvellement et la reorganisation de l'institution des Augustales dans l'Empire ro-
main tout entier precisement vers la moitie du Il-e siecle. Et il n'est point surprenant qu'un
pareil local social eut ete edifie par les Augustales â cette meme epoque, pendant laquelle
sont apparues, suivant nos connaissances, les premieres constitutions en « ordo» de ces
« cultores Augusti », en mcmc temps qu'on commencait ă leur conferer la distinction « Or-
namenta decurionalia » ] ) .
Commc dans les autres cites de l'Empire, les Augustales de Sarmizegetusa ont eux aussi
Icur part de ce nouvel essor: en meme temps qu'ils sont constitues en un facteur important
de vie municipale, ils edifient aussi un local magnifique pour ce « ordo », destine â devenir
un centre de feconde vie municipale ct de soumission loyale au souverain et au protecteur
de la paix et de la fortune de tous.

b) La description de Vedifice
(voir le plan: fig. no. 1)

Vaspect general. L'imposant edifice, situe au centre de la cite-capitale, en forme de qua-


drilatere, est oriente de son cote long en direction approximative Sud-Nord. Ce cote long du
quadrilatere est de 85 m., tandis que le cote court ne mesure que 65 m. L'6difice tout entier
renferme donc un territoire de 5525 m 2 . Trois des quatre flancs sont fermes par une serie de
pieces, dont celles a p p a r t e n a n t aux ailes longues, â l'Est et â l'Ouest, presentent, comme dis-
position architectonique, une symetrie parfaite. Le cote court Sud, avoisinc au Forum de Sar-
mizegetusa, constitue la partie principale de toute la construction. Du cote Nord, l'edifice pa-
raît etre ferme par un simple mur double, une galerie ouverte, peut-etre, a y a n t une ou plusieurs
portes d'acces. Ce cote Nord est le seul qui n'a pas encore ete deterre, afin de faciliter le char-
riage de la terre excavee.
m^JCO, L'espace ferme par les quatre ailes de la construction est divisă en
deux cours interieures, inegales, separees I'une de l'autre par un mur
bas, dont il sera question plus bas.
*?&
Les murs, conserves par endroits jusqu'â une hauteur de plus de
2 metres, l'immense materiel de construction effondre, aussi bien que
d'autres indices que nous mentionnerons au moment opportun, prouvent
La section du mur. *
que l'edifice a ete muni d'etages au moins en partie et d'un seul au moins.
La technique des murs. Tous les murs de notre edifice, construit comme nous l'avons dit
plus haut, simultanement, presentent une technique et un aspect identiques. Une petite de-
viation de cette regle est offerte par les vestiges de certains edifices anterieurs et par les quel-
ques adjonctions ulterieures, que nous signalerons â temps.

Le materiel c'est de la pierre de roche, de dimensions moyennes, bien choisie, et disposee,


au moyen d'un bon mortier, selon le soi-disant systeme « opus incertum » (v. fig. no. 4). Mais

*) Voir Premerstein, o. c , p. 856; cf. aussi l'art. place importante occupee par un « ordo Augustalium »
« Augustales » dans la P.-W. R. E., II, coL 2356. La est generalement connue.

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FOUILLES DE SARMIZEGETUSA

ce ne sont que les deux faces du mur qwi sont construites de cette facon, puisque
l'intericur en est rempli de pierres de roche moins grandes et de pierres de ruisseau melees
de morceaux dc briques ct de tuiles affermis par un mortier en chaux prepare sur place (opus
caementicium, emplecton). Pour plus de cohesion, les pierres de I'opus incertum sont dispo-
sces assez frequemment de leur cote long vers l'interieur du mur (per testa). L'cpaisseur du
mur varie de 0,80 m â 1,40 m, sans doute selon les necessites architectoniques. Les deux faces
du mur s'elevant au-dessus de la terre etaient toujours crepies; ă l'interieur des salles ce
crepi etait peint, de preference en rouge et en brun. II y avait neanmoins d'autres couleurs
aussi (vert clair, jaune, noir et ainsi de suite). On appliquait cette peinture sur une couche

Fig. 5. Les pieces no. 2, 3, 4

fine de « intonaco », preparee â poudre fine de marbre, al fresco. Dans une des salles (no. 29),'
les restes de crepi colore, conserve sur la paroi sur une bande d'environ 30 cm. de hau-
teur et 2—3 metres de longueur, on a pu observer clairement l'imitation de placage en
marbre par des raies et par des filets verts.
La paroi de la piece no. 30 presente â l'interieur une tres jolie peinture murale, â figures
vegetales multicolores.
J e n'ai pas r6ussi â en obtenir une bonne copie photographique. J'espere toutefois pou-
voir la demonter et la deposer intacte au Musee. En a t t e n d a n t , elle est protegee par un abri
provisoire.
Les deux murs exterieurs â l'Est et â l'Ouest de I'edifice sont soutenus au dehors par une
86rie de contreforts equidistants (excepte les deux â l'extremite Sud) et symetriques. Leur

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C. DAICOVICI

epaisseur et longueur varient. Les moins forts sont de 0,80 m sur 0,80 m., tandis que les plus
forts de 1,10 m sur 1,10 m (1,20 m sur 1,20 m). Leur tcchnique est identique â celle des murs
auxquels ils sont Hes organiquement et non pas colles ulterieurement (voir fig. no. 5).

Le fondement des murs est profond d'environ 0,50 m. et disposc sur une couche de blocs.
II est un peu plus epais que la partie supeVicure du mur.
Le pavage des salles, toutes les fois qu'il n'cst pas forme de mosaîque en briques, de for-
mes differentes, (voir fig. No. 6: differentes formes de mosaîque en briques) consiste en
simple terre b a t t u e avec une couche de « coccio pesto, terrazzo » ou bien recouverte de dalles en
pierre calcaire ou en gres.
Apres avoir determine ces earacteristiques generales, nous allons passer en revue une
par une toutes les pieces dont est compose ce complexe de constructions.

Fig. 6. Differents morceaux de mosaîque

La cour I. (plan: C I) est un espace quadrilateral 42 m X 5 0 m), entoure â l'Est et â l'Ouest


par les flancs respectifs de l'edifice et au Sud par un mur bas. Le flanc Nord n'a pas encore 6t€
determine clairement.
La surface de la cour est plane et depourvue de toute elevation de terre pouvant trahir
les vestiges de quelque construction que ce soit, excepte les extremites oîi l'on trouve les de-
bris des murs qui l'entouraient autrefois. Cette cour a 6te pavee d'une seule assise de petites
pierres fichees dans une couche de terre sablonneuse (lithostraton).
Un seul mamelon, qui se trouvait au centre de cette cour, appclait l'attention.
En le fouillant tout autour et en l'examinant de pres, on a pu constater qu'il s'agissait
d'une substruction solide, d'une forme carree, bâtie en pierre de roche au moyen d'un mortier
en « opera â sacco ».
J'ai decouvert autour de ce mamelon plusieurs blocs en marbre, effondres et profiles de
traces de bandes en fer sur un cote lisse, dont je presente un spăcimen â la fig. 7. A cote de

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FOUILLES DE SARMIZEGETUSA

ces blocs j ' a i rencontre aussi un fragment d'une inscription monumentale, dont seules quel-
ques lettres finales se sont conservees (v. p . 544, et la fig. 52). On avait erige sans doute â
cet endroit, sur un socle imposant, une inscription honorifique ou votive pour l'Empereur.
Malgre tous nos efforts, nous n'avons pas pu decouvrir le reste de l'inscription. Aussi
devons-nous nous contenter de ces yestiges insignifiants qui
ne nous permettent d'alleguer rien de certain, excepte l'im-
portance de l'inscription par rapport aux dimensions de ses
fragments.
Par qui ce monument a-t-il ete eleve? U est tout naturel
que nous pensions aux Augustales. Mais, au lieu d'avoir ete Fig. 7. Fragment du socle B
isolee, cette inscription a tout aussi bien pu etre appliquee
dans un autel (ara). Est-ce qu'il serait de toute impo^sibilite que nous ayons affaire en espece
â YAra Augusti dont il est fait mention dans une inscription de Sarmizegetusa (C. I. L. I I I ,
1433) et dont la place la plus conve-
nable n'aurait pu etrc que les « Aedes
Augustalium» de la capitale de la
Dacie ?
L'hypothese en est trop t e n t a n t e ,
pour que nous hesitions â l'enoncer ti-
midement, sous toutes reserves.
Dans le voisinage de cette « bema »
nous avons rencontre de meme deux
fragments d'un chapiteau corynthien en
pierre calcaire, quelques monnaies im-
periales en bronze et en argent et une
bague en bronze *).
Le canal. E n continuant Ies fouilles
pour decouvrir le reste de l'inscription
pr6cit6e, nous avons rencontre, â une
profondeur de 1 % m. environ, un egout
(fig. 8), qui traversait la cour dans la
direction gen6rale N — S au-dessous de
la substruction mentionnee t o u t â
l'heure.
Les parois du canal sont en pierre
de riviere; leur epaisseur est de 40 cm.
environ. La largeur du canal est de
50 cm et la profondeur, de 50—60 cm,
â l'inclinaison I6gere vers le Nord. Le
fond du canal, un peu plus 6troit, a ete Fig. 8. L'egout
pav6 de grandes tuiles, larges de 40 cm.
(voir la fig. no. 47), dont il ne subsiste plus qu'une matiere rouge, au fond. Au-dessus, le canal
etait recouvert de dalles irregubieres en pierre calcaire surmontees d'une assise de « terrazzo ».
a
) Les petits objets provenus des iouilles seront train de les dessiner et etudier.
publics dans un prochain compte-rendu. On est en

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C. DAICOVICI

A VEst et â VOuest de la cour no. 1 sc suecedent une serie de sallcs plus ou moins grandes.
A VOuest (n-os. 1—4), l'aile de l'edifice « Aedes Augustalium » a incorpore le reste d'une
construction antcrieure (v. le plan et la fig. no. 5). Cette construction anterieure renfer-
mait â l'origine une grande salle (2, 3 et 4). Dans le cadre du nouvel edifice, une partie
sculement des murs s'en est conservce. Les murs de l'ancienne construction se distinguent
des murs du nouvel edifice par leur technique infcrieure et par le materiel different (en
pierre de riviere) dont ils ont etc construits. Sur le cote Ouest, l'ancienne construction avait des
contreforts dont un seul subsiste encore. La salle longuc (3) aura servi peut-etre de depot, puis-
que nous ne saurions lui attribuer une autre destination. Elle etait probablcment en commu-
nication avec la chambre no. 4.

Fig. 9. La piece 4, avcc le pavage â dalles

Les chambres 2 et 4 ctaient pavces dc dalles en pierre. Les parois en gardent encore par
endroits le crepi blanc dont elles ont ete reveties â plusieurs reprises. L'entree des deux
pieces se trouvait dans le mur du cote Est. Le seuil du no. 2, h a u t d'environ 10 cm., 6tait
forme de deux dalles en marbre. La piece no. 2 ctait pourvue d'une grande entree dans la
paroi Nord.
Le no. 1 a cte une entree, pavee de dalles en pierre, â deux portes, larges chacune de
3 m et obstruees â une epoque tres avancee de pierres lutees tout simplement.
Toutes les trois chambres (2, 3 et 4) ont ete transformces ulterieurement en une seule
piece, en meme temps qu'on en a rehausse le niveau originaire de 2 m. environ. Le pavage
de cette nouvelle salle (que nous avons laisse intact dans la piece no. 4) a ete une couche de
« terrazzo », epaisse de 10 cm. au-dessus de laquelle ont ete disposees de grosses dalles en

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FOUILLES DE SARMIZEGETUSA

marbre, dont on voyait encore assez clairement les traces dans la couche de « terrazzo », en
meme temps que quelques dalles intactes (fig. no. 9) x ) .
En meme temps que cette transformation, les entrees du niveau originaire ont ete toutes
obstruees par murage normal.
C'est â cet endroit surtout qu'on a trouve, parmi les debris decouverts dans la piece no. 3,
bon nombre de fragments de reliefs representant des scenes des exploits de Hercule, etc.
Au coin S—E de la piece no. 4 (c), le mur de l'edifice est tranche expres jusqu'a la pro-
fondeur du niveau antique. Nous pourrions supposer que cela eut ete fait â une epoque bien
avancee pour permettre l'egouttage de l'eau. Un mur bas, consistant d'une seule rangee de
pierres de riviere et bordant cette entaille du cote Sud, justifierait cette hypothese.

La salle no. 5-6. C'est une longue salle, pas encore deterree au dedans. Son mur Ouest est
muni d'une entree du cote de la rue.
A son extremite Sud, un mur bâti
en pierres de rivieres liees au moyen de la
glaise et dc tres peu de mortier, divise
cette salle longue en dcux parties in-
egales. La technique tout-â-fait rudi-
mentaire du mur mitoyen nous fait sup-
poser que la piece no. 6 n'ait pu servir,
beaucoup plus tard, qu'â une population
indigente qui s'etait menage un abri au
coin de cette salle. .
Une porte pratiquee dans la paroi Sud
de la piece no. 6 (resp. 5) conduit â la
cour no. I I .
E n retournant au flanc Est de la
cour I, nous rencontrons aussi une salle
longue (28) qui n'a pas ete completement
deblayee. Elle possede une porte dans la
paroi Sud et une autre peut-etre dans la
paroi Est qui est analogue â l'entree de
Fig. 10. Exedre: la mosaXque
la salle no. 5. La porte du cote Sud est
tres bien conservee; son seuil est forme
de pierres de riviere. Autour d'elle on peut voir plusieurs petits clous au moyen desquels la
porte en bois avait ete fixee.
Selon toutes les apparences, ce flanc presentait Ia meme disposition originale que le flanc
Ouest, â cette seule difference que toute complication par des constructions ânterieures y est
absente. Nous avons affaire en echange â une construction ulterieure (no. 29) qui s'est super-
posee et qui depasse un petit peu la largeur de la salle no. 28.
Cette salle a l'aspect d'un demi-cercle. Son pavage c'est de la mosaîque en briques
consistant de pieces hexagonales, hautes de 5—6 cm. et fichees dans une couche de « coccio

x
) Voilâ les dimensions de ces dalles: c) largeur 0,60 m; longueur 1,25 m.
a) largeur 0,80 m; longueur 2 m; L'epaisseur en varie de 6 â 8 cm.
b) » 0.70 » » 1,25 »

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C. DAICOVICI

pesto » (fig. no. 10 et 11). Cette mosai'que originale a ete re'paree par endroits au raoyen de
morceaux de terre cuite en forme de 8 (fig. no. 6 et 10), dont la longueur varie de 5 â 7 cm.
(v. fig. no. 12).
Les parois de cette piece avaient une peinture murale imitant le placage en marbre
(fig. no. 11). Cette peinture consistait de raies brunes, verticales, divisaut la surface du mur
en bandes larges, par-dessus lesquelles etaient trac6es des lignes tres fines de couleur vert
clair. On a decouvert des restes de peinture multicolore dans du plâtras provenant probable-
ment du plafond. On a trouve egalement, dans cette piece, quelques morceaux de stuc, d'as-
tragales et d'oves, tombes d'une frise qui ornait la partie supărieure des parois. Tous ces
elements denotent que cette piece a ete 6l6gamment ornee. Comme destination, je crois que ce
soit plutot une exedre couverte, ouverte du cote Sud.

Fig. 11. Exedre: le mur avec la peinturc murale

La communication de cette piece avec les pieces no. 30 doit avoir eu lieu dans le mur
limitrophe de ces deux pieces.
La piece no. 30 avait, elle aussi, une mosaîque en terre cuite, en forme de 8, moins bien
conservee. Elle possedait aussi une peinture murale sur la paroi commune avec l'exedre et
sur la paroi Ouest: c'etaient des compartiments etroits, remplis d'ornements veg<;taux multi-
colores (rouge, vert et jaune).
Aupres du mur Ouest de cette piece, â l'exterieur (â la lettre d), j ' a i dăcouvert un pa-
vage en briques dont 10 pieces seulement subsistaient encore 2 ).
La cour II est separee de la premiere par un mur bas (50 cm) ayant sur le cot€ Nord
six paires de bases liees organiquement au mur et de la meme hauteur (fig. no. 13). Ces bases
x
) Les dimensions des briques de pavage etaientr seur; deux raies tracees dans Targile encore molle
37 cm de longueur, 27 cm de largeur et 5 cm d'epais- s'entrecoupaient sur la face superieure.

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FOUILLES DE SARMIZEGETUSA

sont disposees deux par deux, â distances egales, laissant au milieu seulement un intervalle
plus grand: une porte principale, sans doute.
D'un cote et de l'autre du mur gisent beaucoup de blocs en pierre calcaire (conglomerat
de coquilles) taillcs simplcmcnt ou bien ornes de feuilles d'acanthe, d'astragales et d'oves,
de denticules, etc. II y a parmi ces blocs aussi quelques bases de demi~colonnes (fig. no. 14).
La reconstitution de cette partie de la construction est assez claire:
Un mur bas, bâti en «opus inccrtum» d'une h a u t e u r aproximativement egale â celle
d'aujourd'hui; en haut, le reste construit en blocs du meme genre que ceux qu'on voit
repandus dans le voisinage, mais laissant de grandes ouvertures. Sur les supports gemines, des
piliers en blocs de pierre, â demi-colonnes
en face, qui se collaient contre les piliers
du mur. Les ouvertures, si non pas toutes,
au moins cellc du milicu (I'entree prin-
cipale), etaicnt surmontees d'arcs en plein
centre, formes de blocs tailles apres â cet
cffet, comme il ressort de la fig. no. 15.
Pardessus cela: l'cntablement toujours en
pierre calcaire, dont je presente un frag-
ment a la fig. no. 16. Le passage par les ou-
vertures de cette colonnade se faisait pro-
bablement â l'aide d'escaliers en pierre.

Fig. 12. Le dcHsin d'une rnosulque en briques

La cour II n'est pas encore nettoyee qu'en partie. Aux deux extremites (celle de l'Est et
de l'Oucst), elle a deux portes, donnant â l'exterieur.
De chaque cote court de la cour I I , on voit, disposee symetriquement, une piece (8 et 27).
Le mur de ces deux pieces prescnte â l'exterieur une technique soignee, qu'on ne rencontre
pas aillcurs, dans cet edifice. Le mur normal en « opus incertum » est revetu de dalles en gres,
epaisses de 15 cm, hautes de 90 cm et larges de 60 cm. Entre les dalles et le mur se trouve
u n mortier epais d'environ 3 cm (fig. no. 17 et 20). Les dalles sont assises sur un stylobate,
toujours en gres (haut de 6 + 10 cm., large de 25 cm.) qui est assis â son tour sur une dalle
en gres, epaisse de 18 cm, qui saillit par-dessous le stylobate de 34 cm. Tous les trois cotes

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34 Dacia III—IV 1927/^32
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libres des deux pieces ont eu, u l'origine, ce rivestimento, qui ressemble u celui du temple
Fortuna virilis de Rome. Nous ne suvons pus si, ici encore, il correspond uu stylobute d'en bus,
une corniche, lâ ou le revetement se termine, comme duns le templc Fortunu virilis de Rome.
Ce «revetement» n'est conserve u present qu'en purtie. Aux deux pieces, sur le cote"
donnunt duns lu cour, le revetement est interrompu d'une fucon regulierc: c'est un indice
certain que nous avons affaire â cet endroit â un escalier qui montait u l'etage dc lu piece.
A la piece no. 8, l'entree uvuit Iieu du cote Nord. Ex-
cepte le seuil qui est forme d'une dullc en pierre, du pu-
vuge consistunt de terre simple, buttue et des murs u crepi
blunc, cette piece ne presente uucun interet purticulier.
II est u remurquer toutefois qu'en fuce de lu porte
de cette piece, uu no. 7, nous uvons decouvert un utre
protege pur un mur ordinuire en pierres et en argile. La
liaison entre cet âtre, en plein air, et la piece no. 6, s'im-
Fig. 14. La base d'une demi-colonne p o s e ţ £ mon avis, de soi meme.
En echange, le pendant du no. 27 est d ' a u t a n t plus
interessunt. Cette piece est en r6alite une piece souterraine, dont l'entree, sur le cote* Sud,
consiste d'un escalier en gres (large de 1,10 m. â quatre marches, fig. no. 18, 19 et 20) *). Les
parois de l'esculier sont de meme en blocs de gres.
Lu porte est lurge de 0,87 m ; ses montunts consistent de deux dulles
en pierre culcuire, epuisscs de 15 cm. Leur lurgeur (lu profondeur de lu porte)
est de 1,05 m 2 ). A l'extremite, du cote de l'esculier, des montunts il y a u n
cordon lurge de 10 cm. Le seuil etuit une dnlle en pierre culcuire uyunt un
cordon lurge de 10 cm, u l'extremite du cote de l'esculier. Aux deux bouts,
il y u un creusement rond (cardo femina) pour les gonds (cardo masculus) Fig. 15.
Pierre9
inferieurs de lu porte (le diumetre est de 7 c m ; la profondeur, de 7 cm). appartenant
Dans les m o n t a n t s , â une hauteur de 90 cm au-dessus du seuil, il y a
un trou, profond de 5 cm, dans lequel entrait la barre (sera). Le pas sup6-
rieur de la porte avec la place des gonds, forme lui
aussi d'une dalle en pierre calcaire, etait effondre et
cassc en plusieurs pieces. La porte en bois, clouee
et garnie d'appliques en fer, doit uvoir eu deux but-
tnnts u ouverture interieure.
Le seuil u, en dehors dcs dcux trous u gonds, un
Fig. 16. Fragment appartenant â cntablement creusement etroit en ungle uigu (v. fig. no. 18 et 20).
A chuque bout du creusement, u cote des montunts,
il y a un trou rond dans lequel il y avait du plomb coule. C'est un arrangement pour une
seconde porte (grillage en fer) â deux b a t t a n t s qui se rejoignaient et s'ouvraient en ungle,
apres avoir ete hausses u n peu. Du seuil, nous penetrons par une murche en gres, huute
de 16 cm, duns le locul souterruin qui est bien conserve. Le puvuge de ce locul, fuit de dulles
en gres, irTegulieres, muis disposees ussez udroitement, s'est purticulierement bien conserve.
A l'origine, lu piece uvuit un plufond droit, uvec des trnverses en bois. Ulterieurement,
cependunt, le plufond u ete rempluce pur une voute ă botte en briques (v. fig. no. 19 et 44, IV, u:

') La hauteur des pierres est d'environ 25 cm. pour la porte, Arch. Anzeiger, 1913, p. 293, fig. 15,
2
) Parmi le grand nombre d'analogies voir surtout,

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FOUILLES I)E SARMIZEGETUSA

des briques provenant de la voiite). Nous n'avons pu sauver d'aucune facon cette voiite qui
s'etait completement effondree, soutenue seulement par les debris sous-jacents. J ' a i pu toute-
fois photographier, au cours des fouilles, la voute telle qu'elle etait â l'entree (fig. no. 21),
Pour transformer le plafond, on a ete dans la necessite d'elever un autre mur, le long des murs
originaux de la piece, pour soutenir la voute. Cette transformation du plafond doit avoir eu
lieu apres la construction definitive de l'edifice, ce qui est demontre par le crepi des murs
originaux, aussi bien que par la technique differente (et inferieure) des murs d'appui. Ces der-
niers etaient eux aussi revetus seulement d'un simple crepi.
Nous n'avons rien decouvert â cet endroit sauf quelques petits clous appartenant â la
porte d'entree et quelques appliques en fer.

Fig. 17. Le placage de la piecc 27

Sur la destination de ce local souterrain nous n'avons pas le moindre indice. Toutefois, dans
le cas d'un edifice public, tel le notre, de pareilles salles souterraines avaient, certes, une
autre destination que cellc d'une simple cave domestique. Dans le cas present, cette salle
souterraine a du servir, probablement, â Ia conservation des objets sacres et precieux des
Augustales; une espece de Thesaurus. Dans ce cas, la salle superieure a du etre, tres pro-
bablement, un petit sanctuaire, sacellum, auquel l'on montait par les escaliers du cote Ouest.

La partie principale de l'edifice est celle comprise entre la cour no. I I et le Forum, a y a n t
la facade vers la Cour no. I I . E n jugeant d'apres Ies vestiges subsistants, cette fagade a du
etre monumentale et d'une beaute digne de la capitale de la Dacie (v. fig. no. 22 et 23).
Exception faite des j)ortions en face de la piece 10 (â l'extremite Ouest) et des pieces no. 24
et 25 (â l'Est), la facade consistait, presque dans toute son etendue, d'une serie imposante
d'arcades ayant au moins quatre ouvertures arquees en j)lein centre.

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(.. DAICOVICl

Parmi les socles des pilastrcs, deux se sont conserves |)resqu' intacts. L'un, double, pour
soutcnir deux pilastres, se trouve en face du mur qui separe la j>iece no. 18 de la piece no. 19.
Ce socle est forme de trois rangees de blocs cn j)ierre calcaire aux dimensions variant de 50
â 80 cm de largeur, sur 25—45 cm de hauteur. La longueur totale du socle est de 3,20 m. La
seconde et la troisieme rangee de blocs de j)ierrc sont reculees d'environ 15 cm. La hauteur
totale du socle est de j>Ius dc 1,10 m et I'ej)aisseur de 1,20 m.
Les blocs sont relies j>ar des cramj)ons et affermis â ciment.
Le second socle (long a la base de 1,75 m) est simjde et de la meme technique. II est
situe en face du mur mitoyen des pieces no. 16 et 18.

Fig. 18. Entree dc la picce souterraine 27

Un troisieme socle se trouvait â l'extremite Nord du mur de la j)iece no. 19 et du corridor


no. 20.
On n'en connaît aujourd'hui que l'emplacement. II doit y avoir eu aussi de pareils socles
dans les deux angles anterieurs de l'entree (no. 14) et â l'extremite du mur entre le no. 13
et 11 (v. fig. no. 23).
Les parties superieures de ces socles etaient construits en blocs de la meme pierre, dont
on a trouve une grande quantite malgre l'exploitation intensive de cette contree par ses
habitants de toutes les epoques.
Ces blocs, aussi bien que ceux formant les socles, ont une ou plusieurs raies (cordons) ver-
ticales, paralleles, qui, sur le cote d'en face, font saillie en relief (fig. no. 24).

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FOIJILLKS DK SAKMIZKGKTUSA

Le tronc des pilastres avait, ă I'exterieur, des cannelures profondes. Une alternation
de grandes profondeurs avec des proeminences plastiques donnant le contraste de l'ombre
et de la lumiere, presentent egalement les deux chapiteaux ioniques, magistralcment executes,
qui se sont conserves jusqu'â nos jours (fig. no. 25 et 26). Les chapiteaux sont en pierre de
gres, tres dure, extraite d'une carrierc voisine (Urloiu), qui se prete mieux au travail. L'ou-
vrage ne manque pas d'elegance: des volutes a grand relief, une rangee d'astragales, avec des
oves, separes par une pointe de fleche et, au-dessus, sur I'abaque, le kyma. Au-dessus des
ovulcs, d'un cote et de l'autre, maladroi-
tement execute, le calice habituel d'a-
canthc saillant des volutes.
Nous sommes moins bien rcnseignes
en ce qui concerne les elements superieurs
(architrave e t c ) . Le bloc en pierre de la
^ ^ ■ B v. . ■
^ ^ ^
fig. 27 paraît etre un fragment de l'ar-
chitrave.
Les nos. 2 et 5 de la fig. 28 sont
les elements d'un arc et de l'entable- r f >
ment. ţ'ţ» *
* **'
'>WL'-^*
Le no. 1 de la fig. 28 est peut-etre le t
W

gond superieur d'une porte.


B»?
E n face des socles des pilastres
etaient postcs, sur des bases en marbre,
des autels voues a differentes divinites.
i ^ .*
■ ' .

Vf Wl: \
Un seul de ces autels s'est conserve
jusqu'â nos j o u r s : il est voue â la For-
tuna Augusta (v. no. 2 de la p . 543) qui
est place en face du socle Est, pres du co-
mţ **!&' ■ £ iji'>t*^ : '^.

ridor no. 20. Un autre autel, plus grand, Â


a ete trouve completement detruit par
un feu puissant. II ne s'en est conserve
que la base, in situ, en face du socle
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^rf2*J*^X'i^- â '* ^^^BE^^^^^^BflKt "* ^tv
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double ( 1 0 5 x 8 2 x 2 2 cm).
Un troisieme autel trouve brise en
face de la citerne (v. plus bas) ne con- p. 19

s e r v e d e l ' i n s c r i p t i o n q u e d c u x ou t r o i s Kntree de la piece souterraine 27 (au cours des fouilles)


lettres (v. no. 4 de la p. 546). E n face du
socle se t r o u v a n t a l'extremite Ouest de la faţade (pres de la piece no. 11), il y avait un
quatrieme autel (v. fig. 23), dont l'inscription est de meme completement detruite.

Les pieces appartenant a cette partie de l'edifice ont un caractere plus prononce; aussi
peut-on facilement supposer leur destination. Nous commenţons par celles de l'angle Est.
Les pieces 22, 23, 24 et 25 ont servi tres probablement d'habitation. On y a decouvert
plusieurs lucernae, des fragments de miroir, une epingle â cheveux et, derriere eux, dans
la piece voisinc no. 2 1 , un moulin a bras, des vases de differentes dimensions, des
monnaies etc.

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C. DAICOVICI

Dans la piece no. 24 on pcnetre par le corridor (20) qui sâpare cet angle de la piece
no. 19. Lc seuil du corridor est eleve d'environ 15 cm au-dcssus du niveau de la cour. Le
pavagc du corridor et de la picce no. 24 est en terre b a l t u c . Lcs murs sont crepis en b l a n c ;
ils sont assez bien conserves. Nous rcmarquous que 1a hauteiir des uiurs conserves â cet endroit
est de 2,50 m.
Nous pouvons passer de la piece 24, qui a dii servir probablement d'entrec, dans la piecc
no. 25, dont lc pavcmcnt est en « opus spicatum » (fig. no. 29). D'ici, nous passons â la piece
no. 22, pavce de « coccio pesto ». Lc crcpi des murs trabit des vestiges de couleur rouge. Dans
un angle de cette piecc il y a une substruction, indiquant l'emplacement du lit (fig. 30).
Nous constatons la meme cbose ă la piece voisine, â cctte seule diffcrence que la substruc
tion du lit y est moins bien conscrvee. Dcrriere ccs quatrc petites chambres il y avait la cui

Fig. 20. Entrce de la piece souterraine 27


Le plan de la piece souterraine (au cours des fouillcs)

sine (no. 21). Les traces d'un four et d'un âtre, de meme que divers fragments de vases, en sont
la preuve. Les restes de murs irreguliers et mal construits qu'on voit â cet endroit, servaient
aux petits besoins de la vie domestique.
La piece no. 19 est la seule ou j ' a i e pu constater le systeme de chauffage par hypocauste.
L'hypocauste ne s'etendait pas par-dessous toute la piece, mais seulement par-dessous la moitie
Sud et par-dessous une portion etroite le long des murs longs (Kanalheizung) (fig. nos. 31 et 32).
Le reste est un niveau rempli.
De la cour il montait au niveau plus eleve de la picce (environ 80 cm. au-dessus du ni-
veau de la cour) par un escalier en pierre, qu'on reconnaît facilement d'apres le peu de vestiges
conserves (fig. no. 22). Sur la derniere dalle en bas, on voit les trous d'un grillage (?), qui ne
permettait le passage que sur une petite portion de l'escalier.

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KOUIU.KS DK SAKMIZKOKTUSA

Le pavcment de Ia piecc cst cn « coccio peslo » avcc « opus musivum » cn briques (des mor-
ceaux hcxagonaux). II cst ccrtain qu'il cn ctait de meme du pavcmcnt suspendu de la picce.
Le pavemcnt suspendu etait soutenu par des pilastres en briques (fig. no. 31), lies avec
de Ia terrc jaune et fixes a l'aide d'un petit bâton qui passait par les trous faits expres dans
Ics briques (fig. no. 33). Les briques des pilastrcs sont, pour la plupart, des briques carrees
( 1 8 x 1 8 x 7 cm.) ct on n'cn trouve que tres rarcment de rondes (fig. no. 33). Le pilastre, formc
dc six pctites briqucs conservecs, etait placc sur une brique plus grandc ( 2 6 x 2 6 x 7 cm.), ct
avait au-dessus une autrc brique plus grande ( 1 8 x 3 6 x 9 cm). Au-dessus de chacun dcs deux
pilastres il y a une brique carrce de 42 cm (prcsque sesquipcdalc) (fig. no. 34 et 31). Ce n'est

qu'ensuite qu'on appliquait une couche mince de mortier et puis le pavement en « coccio pesto »,
epais de 10—15 cm. Les murs de la piece etaient rechauffes â l'aide des tegulae mammate bien
connues (fig. no. 35).
La chaleur venait du praefurnium situe derriere la piece (â p).
A l'origine, cette piece n'avait pas d ' h y p o c a u s t e ; ce dernier y a ete ajoute plus tard,
lorsque le mur se t r o u v a n t prcs du praefurnium a ete aminci et bâti en briques tout sim-
plement. La destination de cette piece doit avoir ete celle d'une salle d'assemblee et de debats.
Les pieces no. 18 et 17 ne sont pas encore assez bien etudiees. La premiere a eu sans doute
un etage aussi, dont la mosaîque en briques est tombee, Iorsque l'6tage s'est effondre sur le
pavage originaire du parterre se t r o u v a n t â une petite profondeur au-dessous. Sur la desti-
nation de cette piece nous pouvons tirer une conclusion d'un petit buste en bronze represen-
t a n t une divinite feminine et d'une s t a t u e t t e en terre cuite representant Venus, qu'on a
decouverts dans cette piece. La piece No. 17 ne fait pas partie integrante de la con-

www.cimec.ro 535
C. DAICOVICl

struction, mais du forum; elle en cst une ancienne porte du forum antericure â la bâ-
tisse (v. p . 538).
Le deblayement dc la piece no. 16 a cte â peinc commence. Nous en pouvons toutefois
des m a i n t e n a n t preciscr la destination. C'est une citerne (castellum aquac) ayant deux com-
partiments separes par un mur intermediaire.
Au-dessus d'eux il n'y avait qu'une grandc salle (fig. no. 36). Chaque compartiment
de la citerne etait couvert par une voîite â botte tres puissante, commc les murs d'aillcurs, con-
struite en pierre de roche, mclee, â certains intervalles, d'une rangee de briques (longues de
60 cm et larges de 30 cm.). Ses parois sont couvcrtes d'une espece de « opus signinum », de bonne
qualite, mais different toutefois de celui qui est specifiquement italique.

Fig. 23. Partie Ouest dela facade principale

Chaque compartiment a une cntrce â part, bordce de montants en pierre, epais de 20 cm.
environ. Le canal traversant la cour I est en liaison avec les compartimcnts de la citerne,
mais son point de depart n'est pas en ce point, â ce qu'il paraît, mais bien plus loin, du cotc
Sud, d'ou il continue par-dessous la citerne.
Derriere la citerne il y a trois petites pieces, dont deux communiquent avec les compar-
timents de la citerne par une ouverture encadr6e par des bordures en pierre calcaire. Ces ou-
vertures, hautes de 80 cm et larges, du cote de la citerne, de 30 cm, s'amincissent petit â petit
du cote oppose (fig. no. 37). Au pas inferieur de la bordure en pierre il y a un creux profond
d'environ 5 c m ; dans les parois verticales de la bordure on voit deux cheneaux creuses: l'un,
plus long, jusqu'â proximite du pas inferieur et l'autre, plus court, jusqu'â peu pres le tiers de
la hauteur de la bordure (v. fig. 37).

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KOUIKKKS I)K SARMIZKGKTUSA

J e ne crois pas me tromper en considerant ces trois pieces d'ores et dejâ les chambres
pour la decantation de l'eau. T a n t y a que nous ne pourrons pas etre parfaitement edifies
sur le systcme integral qu'on a applique â cette ci-
terne qu'apres son dcblayement complet ' ) .
Nous manquons de tout point d'appui pour iden-
tifier les pieces nos. 13 et 10, dont la premiere etait
pavee de dalles en pierre, tandis que l'identite de la
seconde n'a pas encore cte bien eclaircie. En face de la
piece no. 13, on voit un mur en demi-cercle tres bas
Fig. 24. BIocs de pirrro
et mince, d'une technique barbare (fig. no. 23).
La picce no. 13 aura eu peut-etre la meme des-
tihation que la piece no. 19 et les restes m u r a u x en face auront ete tres probablement la
eubstruction d'un escalier qui montait â un etage superieur.

■ 'I

Fig. 25. Le chapiteau d'un pilastre de la faţade principale

Les pieces marquees dans le plan aux nos. 14 et 15 sont les pendants des pieces nos. 18
et 17, dont la no. 14 etait supprimee a l'occasion de l'elargissement de la porte princi-
pale vers le Forum.
Comme elles sont rattachees plutot â cette derniere, je me reserve de les decrire plus tard.

') Une tres bonnc orientation sur les citernes ro- par Gnirs, celle de Sarmizegetusa presente des di-
maines nous est fournie par A. Gnirs dans Strena visions particulieres.
Buliciana, p. 129 sqq. Par ra]>port aux citernes citees

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C. DAICOVICl

I I . L E FORUM D E SARMIZEGETUSA

Comme dans toutes les colonies romaines, le forum etait situe dans le eentre de la cite,
a u t a n t qu'il 6tait possible, â l'intersection du cardo maximus et du decumanus maximus. En ce
qui concerne la construction et la disposition du forum il y avait certaines regles etablies, quoique
ces regles ne fussent pas toujours respectees. Sur la destination du forum dans les villes ro-
maines, il n'est pas necessairc d'insister, puisqu'elle est trop bien connue.
A Sarmizegetusa, le forum, situe dans le ccntre geometrique
rr^c~' de la colonie (v. le plan de la ville dans « Dacia » I, p. 263) etait
probablement un quadrilatere regulier, entoure par un mur, au
moins des deux cotes. J u s q u ' â present nous connaissons seulement
deux de ses cotes: l'un, le plus long, qui est
limitrophe avec I'edifice «Aedes Augustalium»
dont la longueur est d'environ 60 m et une
petite portion du cote Est.
La technique du mur est « opus incer-
t u m », en pierres de riviere (fig. 40). Le cote
du mur donnant dans le forum est couvert
par un placage en marbre (epais de 3 c m ) ;
Fig. 26. Chapitcau de pilastre ce placage est pos6 sur un crepi (semblable
au «coccio pesto» du pavage des pieces),
epais de 8 cm. Le placage devait couvrir le mur jusqu'â une hauteur d'environ 2 m, en
jugeant d'apres les fragments tombes â une distance respectable du mur.
E n bas, le long du mur, il y a
une jolie corniche (cannelure, stries)
en marbre, h a u t d'environ 10 cm et
large de 14 cm qui est posee sur des
dalles toujours en marbre, 6paisses
de 7 cm et larges d'environ 22 cm
(fig. no. 38). Du cote Est, cette cor-
niche est posee sur un socle en mur,
h a u t de 20 cm (v. fig. no. 39).

Fig. 27.
Fragment de l'architrave
de la faţade principale Fig. 28. Blocs en pierre ouvragec

Sur le cot6 de l'edifice, le mur a plusieurs contreforts (fig. no. 1 et 40). A deux endroits,
au no. 12 et 17, il y a deux entrees plus petites, murees ulterieurement. A l'extr6mite Ouest,
le mur du forum est interrompu, en dessous de la corniche, par un egout (c) formc de blocs
en pierre (fig. no. 40).
La construction du forum de Sarmizegetusa est sans aucun doute contemporaine de l'eta-

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FOUILLES DE SARMIZEGETUSA

blissement de la colonic, immediatement apres l'occupation de la province. Les actuels murs


environnants sont, p o u r t a n t , plus recents, mais anterieurs a notre bâtisse.
Nous pcnsons pouvoir anticiper ce qui suit:
 l'origine, le mur nord avait dcux portes, celles des pieces des 17 et 15, avec
unc troisieme, plus pctite, au no. 12. Apres la construction de l'Aedes Augustalium, on
a supprim6 totalement les portes des pieces 17 et 12 et on a elargi cclle de 15. Alors
on a supprime aussi la piece 14 de la bâtisse. C'est toujours alors que l'on a construit â
l'cntrăe la portion du mur entre les nos. 15 et 12.
Cette cntr6e principalc, deterree seulement â moitie (le cote qui sc trouve vers le forum),
a les pilastres de la porte cn pierre de grcs (v. fig. no. 41 et 42) recouverts, eux aussi, par un
placage; les murs intcricurs sont rccouverts par un placage en marbre avec la corniche profilee
â la base, de la mcme facon que lc mur du forum (fig. no. 42).

Fig. 29. Piece avec opus spicatum

Le seuil de la porte donnant dans le forum etait pave de dalles en marbre et le pavage
de l'entree 6tait en morceaux de brique, minces, triangulaires l ) (v. fig. 41), assez bien con-
serves des deux cotes de I'entrees.
D'un cote et de J'autre de la porte etaient, sur des socles en marbre 2 ), les inscriptions ho-
noraires (titres honoraires) elev6es avec l'autorisation du conseil municipal, â differentes per-
sonnes (v. fig. no. 4 3 : le cote Nord du forum au cours des fouilles).

') Les cât6s ext^rieurs de 15 cm; les c6tes interieurs, â 0,90 m ; la largeur, de 0,90—0,70 m. L'epaisseur
de 8 cm. L'epaisseur est de 3 cm. des socles est, en general, de 0,30 cm.
2
) Les dimensions varient: la longueur de 1,00

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C MAICOVICI

II paraît que sur le cote Lst il y eiît cu dcs inscriptions honoraircs elevees en honneur
dc personnes illustrcs. C'cst ici que nous avons decouvert lc monuinent portant rinscription
dediec ă l'cx legatus pro praetorc dc la Dacie, M. Sedatius Severianus (fig. no. 38), publie
dans le chapitre IV dc ce rapport.
JNous nc pouvons pas cncorc connaîtrc l'etendue du forum vc.rs Ic Sud ct vcrs l'Ouest. Les
fouilles futurcs s'occupcront aussi dc cctte qucstion. II cst ccrtain quc cc tcrrain posscde en-
corc de nombrcux moniuncnts cpigraphiqucs. Nous cspcrons (juc lcur decouverte nous de-
voilc dc precieux renseignemcnts sur la vie romainc localc et sur ccllc dc la Dacic romainc.

Fig. 30. La piece no. 22

I I I . B R I Q U E S E T TTJILES

Exception faite de la pierre, la construction de l'edifice dccouvert par nous a utilis6 aussi
en abondance des briques (latercs cocti). Ces briques etaient employees particulierement
aux voutes, aux petits arcs, â l'hypocauste et, peut-etre, dans quelques murs d'ordre secon-
daire.
Elles etaient employees de meme au pavage des pieces. La fig. no. 44, I-IV et la fig.
no. 45, presentent differents types de briques, avec les marques qu'elles portent (v. aussi la fig.
no. 46). Nous devons signaler la brique earree de la rangee IV, b, (fig. 44) a p p a r t e n a n t â un
pilastre d'hypocauste; cette brique porte, elle aussi, la marque du controle, qu'on rencontre
tres rarement sur de pareilles briques (cf. Groller, Der rom. Limes in Ost., V. p . 122).

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FOUILLES DE SARMIZKGhTUSA

II a existe, sans aucun doute, une fabrique de briqucs (sinon plusieurs) â Sarmizegetusa.
Leur fabrication n'exigeait pas une habilete trop compliquee.
Les tuiles dccouvertes au cours dcs fouillcs sont pour la plupart des tegulae, parmi lesquel-
les il y a un petit nombre de imbrices (fig. no. 45 et 47). Parmi ces dernieres nous avons
decouvert dcux fragments qui sc terminent par la figure usuelle de « antefix » (voir fig. no.
47, avec la reconstitution du toit, et 45).
II est interessant de noter qu'aucune brique ne porte une estampille, excepte une
seule briquc (fig. no. 49) qui portc l'cstampille P R . COS (v. plus bas). E n echange, on
rencontre sur les tuilcs, surtout dcs estampilles, qui peuvent etre accompagnees par les

Fig. 31. L'hypocauste de la piece 19

marques de controle. Les briques (des fragments) de la fig. no. 49, nos. 5 et 6, ont une seule
marque (ce dernier numcro porte la trace faite par la patte d'un chien).
Nous avons les tuiles suivantes portant une estampille:
a) E n tabula ansata (fig. 48, 1): Leg(io) I I I I F(lavia) F(elix). Plusieurs pieces. La hauteur
des lettres est de 3 cm. On a trouve â Sarmizegetusa beaucoup de tuiles portant l'estampille
de cette legion. Ce fait, pourtant, ne me fait plus supposer que ccla signifie qu'une partie de
cette legion soit restee en Dacie apres l'an 107. La presence des tuiles portant l'estampille de
la legion pourrait s'expliquer par le grand stock de tuiles fabrique par les soldats de cette

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C. DAICOVICI

troupe pendant son sejour lâ-bas *), ou bien par le transport de ces tuiles bien fabriqu6es
d'un autre endroit ou se trouvaient les fabriques des legions.
II est advenu la meme chose des briques portant l'estampille Quadriburgium, repandues,
d'une seule localite, sur toute la ligne du Danube 2 ). Cf. aussi Tocilescu, Monum. epigraph.
et sculpt., p. 325. D'ailleurs la presence de la legion, dans toutes les localites ou l'on a d6-
couvert son estampille sur les tuiles, serait impossible.
h) En tabula ansata (fig. 48, 2) P. Ant(onius) S(uper). Plusieurs pieces. Les lettres ont une
hauteur de 21/> cm. II est identique avec le personnage qui a eleve" l'inscription no. 1 (v. p. 543).

Fig. 32. L'hypocauste de la piece 19

c) E n tabula ansata: (fig. 50) Q C C. Deux pieces. Les lettres ont une hauteur de 2 cm.
La meme estampille: C. I. L. I I I , 8075, 10 (1633,17); Klio X , p . 495, no. 3 0 ; cf. aussi Ackner,
Reise... (dans « Transilvania » I, p. 204 sq.; 229 sq.). Kiraly P., A Sarm. Mithr., p . 2 1 .

') La forme du nom de la legion (LEG. IIII FF) XII, 2, col. 1548.
2
prouve la meme chose. En effet, dans cette forme, ) Communication verbale faite par M. le prof.
le nom de la legion apparaît seulement jusqu'â A. Alfdldi.
l'epoque de Trajan-Hadrien (Ritterling, dans RE,

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FOUILLES DE SARMIZEGETUSA

d) En tabula ansata (fig. 50), negatif: ALA I (?). Deux pieces. La hauteur des lettres est
de 2 cm.
e) En tabula ansata (fig. 49, 1): Q. AP. B. Une seule piece. La hauteur des lettres est
de 1 lA cm.
f) En tabula ansata (fig. 49, 2 = brique; 49, 4 = tuile): PRCOS et PR[COS]. Plusieurs pie-
ces. La hautcur des lettres varie. Elle est usităe â Sarmizegetusa. Je ne la connais pas d'ailleurs.
Expliqucc comme Pr(aedium) Co(n)s(ulare) (Kuzsinski, Arch. Ert. V I I I , p. 242) et comme
Pr(ovincia) Co(n)s(ularis) (Teglas G., dans Arch. Ep. Mitt. VII, p. 54, no. 5). Nous ne pou-
vons admettre aucune de ces suppositions. J e proposerais plutot: Pr(aedia) Co(n)s(erva) J ).

Fig. 36. Le compartiment Est de la citerne Fig. 37. L'ouverture du mur Sud de la citerne
(au cours des fouilles) (le compartiment Ouest)

Super, dec(urio) col(oniae) Sarmiz(egetusae) Metropolis d(onum) d(edit) », decouvert dans


la partie Est de la cour I I , a A (v. p. 518; fig. 2, 3 et 51).
2. Ara. Brisee en deux. Le couronnement est deteriore. Le materiel: du marbre. La hau-
teur: 0,68 m. Lalargeurdes lettres: 3 cm. L'ecriture est soigneeetles lettres jolies.Fig.no. 51.
FortunfaeJ Aug(ustae) Sacrum

') Quoiqu'on puisse opposer le fait que ces prae- empire, j'essaierai toutefois, ailleurs, de soutenir
dia conserva se rencontrent plus tard, dans le bas- cette hypothese.

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C. DAICOVICI

On l'a decouverte dans la cour I I , en face du socle du pilastre se trouvant prcs de la piece
no. 20.
L'epithete « Augusta » n'est pas un acte de I'latterie, envers la deesse, comme le croit,
dans des cas semblables, Keune, dans Pauly-Wissowa RE. VI, col. 235 et II A. col. 1011 et
Wissowa, Rel. u. K.der JRd'mer8, p. 85), mais, comme le suppose Stăhelin 1 , une contamination
de l'empereur avec la deesse.
Pour l'identil'ication de notre edifice, la contribution epigraphique qui nous est offerte
par cette ara ne manque pas d'interct.
3. Fragment appartenant a une inscription monumentale ayant des dimensions peu
communes, qui a ete decouvert dans le centre de la cour I, dans les environs du picdestal

Fig. 38. Le mur Nord du forum

B. Le fragment conserve est la partie inferieure du monument entier qui avait â la partie in-
ferieure un joli profil probablement plus simple que celui se trouvant â la partie superieure.
Le materiel: du marbre. La plus grande hauteur du fragment est de 0,71 m ; la largeur, de
0,70 m. Les lettres sont jolies et elegamment taillees; leur hauteur est de 9,5 cm. (Fig. no. 52).

....V
A C . S A
V 0

') Die Schueiz in rom. Zeit., p. 431 sqq. Voir, Mercurius-Augustus, v. K. Scott, Hennes. 1928, p. 15
specialement, p. 433, la note 6; C. I. L., XII, 2595: sqq. et E. Bickel, lionner Jahrb. 1928.
Mercurio Aug(usto) n(ostro). Pour la question de

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FOUILLES DE SARMIZEGETUSA

Le complcternent est, sans doute, difficile. Dans la premiere et seconde ligne il y a su-
rement: [Col(onia) Ulpia Traiana A]u[(g(usta) D]ac(ica) Sa[rm(izegetusa)] (ou au genetif).
La I l l - e m e ligne: [De s]uo (?)
De toute facon, cette inscription de dimensions extraordinaires, placee cn plein centre,
ne pouvait avoir un caractere prive, mais bien un caractere public, sacre ou votif. Nous ne
pouvons savoir s'il est question seulement d'une ara ou d'une base de statue. J ' a i exposc,
dans la premiere partie de ce compte-rendu, mon avis. J e disais que le personnage vise par
l'inscription ne peut etre que l'empereur (divinise â lui seul ou en meme temps que Rome) et
que ceux qui dcdient ce monument ne peuvent etre que les Augustales (â eux seuls ou avec
VOrdo Decurionum de la colonie).

Fig. 39. Le mur E l t du forum -

Nous aurions donc des formules dans ce genre:


flm(eratori) aram cum base (ou statuam cum base) ordo
Aug(ustalium) (ou seulement Augustales, ou ensemble avec: Ordo Dec(orionum) Col(oniae)
1
Ulpiae Traianae AJufg(ustae) DJac(icae) Safrm(izegetusae)J fde sjuo ).

') En 1912, M. J â n o Bela a decouvert â Sarmi- (1912) p. 4 1 0 ; Arch. Anz. 1913, col. 335) — Sep-
zegetusa la base de la statue de l'empereur M. Julius timius Severus a eu probablement une statue â
Philippm portant FinRcription s u i v a n t e : Impferaiori) Sarmizegetusa (C. I. L. I I I , 1 4 5 2 ; cf. et 1439: J u n g ,
Caes(ari) M(arco) lulio Philippo, pio felici, Aug(uslo) Rom. Landsch., p. 389; Bogdan, I., Ist. Col, Sctr-
pont(ifici) max(imo) trib(unicia) pol(estate) XV, miz., J a s s y , 1885, p . 3 5 .
cos. II, n(ostro) divino domino (Arch. firt. XXXII

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35 Dacia III IV 1927/932
C. DAICOVICI

4. Fragment a p p a r t e n a n t â une inscription dont le caractere n'est pas connu, d£-


couvert en face de la citerne. On conserve seulement la partie sup£rieure de la pierre qui
est joliment profilee. Le materiel: du m a r b r e .
Les dimensions: la largeur 82 cm ; l'epaisseur: 50 cm.
Dans la ligne superieure: O N C O
Dans la ligne s u i v a n t e : O N
5. Trois fragments a p p a r t e n a n t â une inscription, decou-
verts dans les debris de la Cour I I .

a) . . I R
Fig. 40. La surfacc interieure
Leg. I] A D I (utricis?) (lu mur dii foruin, avec l'egout
ct lc contrcfort
. . . B R
b) [Col(onia) Ulpia Tr(aiana) Aug(usta) Da]C(ica) SA[rm(izegetusa)]
[L(ocus) D(atus)] D(ecreto) [D(ecurionum)].

c) A E D (ilis?)
. . T V R

Fig. 41. La porte principaic

B) Les inscriptions du Forum.


1. Titulus honorarius. II a ete decouvert â l'Est de la porte principale. Le materiel: du
marbre. Les dimensions: la h a u t e u r : 1,17 m ; la largeur (en haut), 0,62 m ; l'epaisseur.

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FOUILLES DE SARMIZEGETUSA

0,26 m ; la hauteur des lettres, 5 cm. La decoration: profile simple aux deux extremites. En
h a u t : un fronton decor6 de feuilles d'acanthe et a y a n t une rosette au milieu. Aux extremites:
une acrotere. On l'a dr'couvert avec l'inscription vers le sol Fig. no. 53.

Ulp(io) Domitio
Ulp(i) Fil(io) Pap(iria tribu)
Rufino, dec(urioni)
Col(oniae) Sarmiz(egetusae),
Ulp(ius) Domitius
Hermes, lib(ertus).
L(ocus) d(atus) d(ecreto) d(ecurionum).

Fijţ. 42. La porte prineipale

Les ligatures ne sont qu'au nombre de d e u x : en 1.4 MI et 1. 5 TI. Les lettres sont jolies.
Le dedicateur est connu aussi de l'inscription C. I. L. I I I , 1425, 1426 comme augustalis,
dote avec ornamenta decurionalia. L'origine ethnique, en jugeant d'apres le cognomen, est
grecquc. Le nom de la gentilite Domitius, est tres repandu en Pannonie. II est â remar-
quer l'emploi du nom Ulpius comme praenomen, habitude repandue au debut du II-eme
siecle (L. Cagnat, Cours d'epigraphie latine, Paris, 1914, p . 48).
La date dc l'inscription doit etre vers le milieu du II-eme siecle.

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C. DAICOVICI

2. Titulus honorarius. Le malcriel: du marbre. Lcs dimensions: la hauteur, 1,57 m ; la


largeur, 0,90 in ; rcpaisscur, 0,02 in. La partie supcricure cst dctcriorce. Lcs lcttrcs ont iine
hauteur de 5—4 cin. Les lcttres sont bicn tracces, mais n'ont pas Lelegance de celle appar-
tcnant a l'inscription prcecdcnte. L'on observe encorc Ics lignes tirces a v a n t de creuser les
lcttres. 11 a ete dccouvert prcs du titiilus prccedcnt ct dans Ics incmes conditions (fig. no. 54).

Fi<ţ. 43. Le cflte Nord du forum

C(aio) Val(erio) C(ai) fti(io) Pfapfiria tribu)]


Suro, dec(urioni) col(oniae) SfarJ
miz(egetnsae) Metrop(olis) AefdiJ
lic(io), praef(ecto) coilegi
fabr(um) et (duum) viralfi]
col(oniae) eiusdem,
T. Aurel(ius) Emeritus
(centurio) leg(ionis) (sextae) victric(is)
Severian(ae), socero.

Lfocus d(atus) d(ecreto) d(ecurionum).

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IOI II.I.KS l)i; SARMIZEGETUSA

CYst le seeond j>ersonnage de la legion VI vitrix rencontre dans Ies inscriptions de


Sarmizegctusa (le jiremicr dans C. I. L. I I I , 1474). L'enumeration des fonctions de C. Valc-
rius Surus est interessante, car elle imite l'ordo
directus de cursus honorum. Le cognomen
Surus ne j>cut j>lus indiqucr, â mon avis main-
tenant, l'origine orientalc. Dans C. /. L. I I I ,
1495, lc nom gentilique [AureJI. C. f. Vnlvn-
tinus devrait ctrc plutot comj>lctc j>ar [C.
Va]l(eriw)i etc. d

La date aj>roximativc de I'inscrij>tion nous %


cst donnct^ j>ar l'cj>ithctc Sevvriana que portc
la Icgion VI vitrix. Cette cj>ithctc sv, rapportc
â Ah-xandcr Scvcr (222—235) ct cst un indice
j>Ius sur (juc lc titre dc Metropolis de Sarmi-
zegetusa, dont lc tcrminus post quem de 238
ap. J.-Chr. doit ctre donc rectifi6 d'au moins
trois ans en arriere.
3. Titulus hnnorarius. Lc matcricl: du marbre
L<'s dimcnsions: la hautcur, 1,61 m ; la largcur,
0,97 m ; l'epaisseur, 0,30 m. La hauteur des jr

lettres: 32 mm (en r. 1:40 m m , en g. 12:


38 m m ) .
Fig. 44. Types de briques »

Fig. 45. Differentes briques et tuiles

E n ce qui conccrne l'ccriture nous faisons les mcmes observations que nous avons faites
pour la jircccdentc. II a ctc dccouvcrt un pcu plus â PEst quc Ic no. 2 (fig. no. 55).

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C. DAICOVICI

C(aio) Iul(io) C(ai) fil(io), Papfiria tribu) Valerio


Vet(erano) leg(ionis) (tertiae decimae) g(eminae) Sev(erianae) ex b(ene)f(iciario)
Co(n)s(ularis), dec(urioni) et (duum)virali col(oniae)
Sarmix(egetusae) Metrop(olis),
C(ai) lulii Valerianus, b(ene)f(iciarius) consularis,
Carus, frum(eniftrius) et dec(urio) col(oniae) s(upra)sfcriptae),
Fronto, mil(es) coh(ortis) 1 praet(oriae),
scriniarius praef(ectorum)
praetor(io) et dec(urio) col(oniae)
eiusdem,
Valeria et Carissima
filii,
memoriae patris.
L(ocus) d(atus) d(ecreto) d(ecurionum).

Fig. 46. Types de briques et tuiles estampillees

La date de l'inscription, qui est interessante au point de vue des 6tats sociaux de
Sarmizegetusa, est la meme que celle de l'inscription prec6dente (l'epoque d'Alexander
Severus, 222—235).
Le titulaire de l'inscription est un personnage connu d'une autre inscription, decouverte
â Apulum (C. / . L., I I I , 7742): une ara elevee par lui-meme, lorsqu'il etait seulement dccurio
de Sarmizegetusa ! ) .

J
) II pourrait aussi etre designe sous le nom de Jâno Bela dans Archeologiai ErtesitS, 1912 ( X X X I I ) ,
I. Val., de l'estampille de la brique publiee par M. p. 509 et cornjiletee par lui: l(unius) Vul(eritis).

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FOUILLFS DE SAItMIZKCKTUSA

Interessantes sont les fonctions de ses trois fils. L'un est frumentarius ') et l'autre est
aussi, exception faite de « miles cohortis I praetoriae », scriniarius praefectorum praetorio.
Cette derniere fonction est particulierement interessante puisque c'est, que je sache,
la deuxieme mention des scriniarii ( = a scriniis) parmi les officiales des praefecti praetorio
du H a u t Empire. La premiere mention sc
trouve dans le C. I. L. I I I 13201 (Dalmatie).
Domaszewski, Rangordnung. ne les mentionne
pas, et Grosse (Rbm. Militărgcsch. p . 136)
croit qu'ils ne sont pas attestes dans l'armee
avant 415. Les scriniarii attaches aux comman-
dements militaircs de l'Orient sont attestes
tres t a r d ; q u a n t aux pracfccti praetorio de
I'Afriquc, ils sont connus seulcmcnt sous J u s -
tinicn, a y a n t un caractere de fonctionnaires
civils 2 ).
L'origine de cette fonction, comme beau-
Fig. 47
coup d'autres du Bas-Empire, doit donc etre
Tuiles de toiture et la reconstitution
du toit

cherchăe â une epoque beaucoup


plus anterieurc.
4. Titulus honorarius (basis).
Le materiel: du marbre. La hau-
teur: 1,52 m ; la largeur: 0,70 m ;
l'epaisseur: 0,60 m. Les lettres ont
une hauteur de 5%—3 cm.
II a ete decouvert du cote Est
du Forum. Le monument est brise
en plusieurs morceaux. Au-dessus
de la pierre l'on remarque un creu-
sement carre, dans lequel a ete
pose" un grand objet (peut-etre la
statue du personnage dont il est
question dans l'inscription). Un
petit canal, creuse dans la pierre,
pour couler le plomb, aboutit â
ce creusement.
Fig. 4 8 . Diff6rentes tuiles et briques

2
') U n .mi ii- frumentarius, de la leg. VI victrix, â ) V. pour ceux-lâ Seeck, Scrinium, dans « Pauly-
Sarmizegetusa dans C. I. />., I I I , 1474. Celui dont W.-Kroll », RE, II A, col. 893 s q q . ; cf. aussi Grosse,
nous nous occupons n'a specifie aucune legion; Rom. Militărgeschichte von Gallienus... Berlin 1920
il faisait, p r o b a b l e m e n t , le service de « informator», p. 136 (p. les scriniari militaires) E. Stein, Gesch. des
courrier, service auquel ils ctaient employes plus tard, Spătrom. Reiches, Wien 1928, I, p. 53 sqq., 337 sqq.
sans <-t i•<■ stables.

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C. DAICOVICI

Un second trou dcvait ee trouver etre â l'autre extrcmite dc la surfacc supericurc quî
cst actuellement brisee (fig. no. 56).

Fig. 49.
Diffcrcntcs tuiles estampillccs
ct des briques

iHi
Fig. 50. Fig. 51.
Differentes tuilcs estampillccs Autcl (2) ct lc corps dc colonne portant
ct dcs briqucs rinscriptinn de P. Antonius Supcr (I)

M. Sedatio
C(ai) j(ilio) Quirfina tribu)
Severiano
tr(ibuno) j)l(ebis), quaest(ori)
prov(inciae) Sic(iliae), j)raet(ori),
leg(ato) Aug(usti) leg(ionis) (quintae) Mac(edonicae),
curat(ori) viae Flam(iniae),
leg(ato) Aug(usti) pr(o) pr(aetore)
c. a. 155 prov(inciue) Dac(iae), co(n)s(uli).
Col(onia) Ulfp(ia) (TJrai(ana) Aug(ustu) Duc(ica)
Sarmizfegetusa), patrono.

www.cimec.ro 552
FOUILLES DE SARMIZEGETUSA

L'important pnr.sonnage de cctte inscrij>tion a }>u etre identific' dernierement, avrc le


gcncral hicn connu dc la gucrrc contre les Parthes ').
Son nom complet 2) cst donne j>ar une inscription (une plaque cn j>icrre), muree dans
l'autel de l'ancicnne l'eglise de Seliste (maintenant dans le musee dc I' « Association » dc Sihiu
ct puhlice par G. Finaly dans Arch. Ert., 1911 ( X X X I ) , p. 433 sq.). Excepte" le nom, qui est plus
complet que dans notrc inscription, tout le rcstc dc Finscrijjtion dc Sclişte est exactemenl
le mcme que le notre. Dc cette manicre, je n'ai rien â ajouter aux commcntaires de Finaly (/. c.)
ct â ceux nxposns dans l'art. cit. de Pauly W. Kroll, si cc n'nst qun l'inscription decouverte
â Snliştn a dîi ntrn transj>ortnn â
cet endroit toujours dn Sarmize-
gntusa (de mnme, d'aillnurs, qun
d'autrns: C. 1. L., I I I , 7899, j>ar
nxnmj>ln). Flln a pu ctre elevee
anterieurcment â la notrc jusqu'au
jdacemcnt dc cettn derniere dans le
forum nn mnmn tnmj>s qun la statun
du j>nrsonnagn fntn.

Fig. 52. Fragmcnt dc L'intcription


Yi<i. 53. 'I'itulus honorarius I
monumcntale de lu cour I

5. Fragmnnt hrisn nn dnux morceaux appartcnant â un titulus honorarius. Ln ma-


tnrinl: marbrn. La hautnur dns lnttrns: 4—3 ] /2 cm. II a ntn dncouvert sur lc cotc Nord
du forum, â l'Ouest de la portc (fig. no. 57). Le fragment a conservn la fin dn l'inscription
honorairc:

>) Voir â ce «ujct Pauly-W.-Kroll, RE, II A, col. iane... Iaşi, 1930, p. 71.
2
1006 s([q. ou cst exposee toute sa carriere. Cf. ) M. Sedatius. C. f. Quir(ina) Severianus lul(ius)
aussi F. Horowitz, Desprc org. adm. a Daciei Tra- Acer Metil(ius) Nepos Rufinus Ti. Rutilianus Censor.

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< . DAICOVICI

(DeJc(urio) Col(oniae) equo [publico]


praj ef(ectus) N(umeri) Maur(orum)
a. 2 2 2 - 2 3 5 p. Chr. ... ? Severia fnij
I Pajtri
[L(ocus) d(atus)] d(ecreto d(ecurionum)

Le nom de celui «jiii a dedic cc monu-


1
K nient, aussi bien que le nom de son pere, n'ont
pas ete eonserves. Du nom de la personne
qoi a dedic I'on voit un L, suivi peut-etre

r 1
**—L tfHIMK^ 4&
.

**rs

I
^

VB
Fig. 54. Titulus honorarius 2

d'un i. Cctte lacune est compensee par l'in-


dication precieuse que nous donne le 1. 3,
ou la personne anonyme qui dedie ce mo-
nument est designee comme etant le pref'et
de ce Numerus Maurorum rencontrc dans
Fig. 55. Titulus honornrius 3
plusieurs inscriptions de la Dacie, mais qui
est quelque peu incertain (au moins pour certaines inscriptions anterieures) '). Son existence
') C. / . L., I I I , 1149, 1294, 1343, 1556 (?) 6267, t i o n s : N(umerun) M(aurorum). Pour un Numerus
7695; C. / . L., V I I I , 9368, U., L X V I I , de 158. Mr. G. Maurorum tle Dacia Inferior, attestc (par une estam-
Cantacuzino, Căteva corpuri barbare din armata ro- |>ille) â Kăcari v. Gr. Florescu, Arhivele Oltenici
mană dela Augustus la Gallienus, Bucarest, 1928, 51/52 (1930), pp. 391—392 ct 400.
j). 65 sqq., a raison en lisant dans toutes ces inscrip-

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FOUILLES DE SARMIZEGETUSA

dans la Dacio ne pcut plus clre contestee aujourd'hui. Le docurnent prcsent nous le confirme
aussi pour l'e'poque d'Alexander Severus. Malheureusement la quatrieme ligne est abîmee;
aussi ne pouvons-nous savoir le nom de la localite ou stationnait le detachement. Nous
pourrons penser â Mic(iensium).
6. Fragment appartcnant â un tilulus honorarius. Le matcriel: du marbrc. II a etc
dccouvcrt au mcme endroit quc le numero precedent. La hauteur dcs lettres est de 4 1 /, cm.

...V...

E P A G A fthusj

Patr] 0 N 0
[L(ocus d(atusj D(ecrcto) D(ecurionum)

Fig. 56. Titulus honorarius 4 Fig. 57. Titulus honorarius 5

Le nom E p a g a t h u s , aussi bien que patrono de l'avant-derniere ligne, nous demontrent


clairement que la personne qui a dedie est un libertus d'origine greco-orientale.
7. Plusieurs petits fragments a p p a r t e n a n t â des titres honoraires, decouverts dans Ics
debris:

a) (la partie superieure):

.... A E

.... A E

.... A E

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C. DAICOVICI

b) [DJEC(urioni)
[Col(oniac) Ulp. Tr. Dac. Sar]MIZ(o«ctusae)
PAL(myra ?)

c) LL EM

a*J ... S L 1 B(ertus)


PatronJO (?)

e) L
RC
S

f) I
VK

g) D E

/ij CL. F(ilio)


Lc] G XV
www.cimec.ro C. DAICOVICI
FOUILLES DE TYRAS
Au printemps de I'annee 1918, j ' a i ete chargc par mon maître, V. Pârvan, de faire des re-
cherches et des fouilles sur l'cmplacement occupc par les ruines de la colonie milesienne dc
Tyras. Apres des investigations prcparatoires, j ' a i pu pratiquer les premieres fouilles en Sep-
tcmbrc 1919. J'ai publie le resultat de ces fouilles dans l'Ephemeris Dacoromana, vol. II (1924),
pp. 378—415, et j ' a i montre dans cette ctude que les ruines de l'antique Tyras se trouvent
en partie sous la citadelle du moyen-âge, en partie sous la villc moderne de Cetatea-Albă (Ak-
kerman). En mcme temps, j ' a i essaye dc donner l'histoire succincte des diverses phases que
connut cettc ville dcpuis les temps les plus ancicns jusqu'â nos jours et j ' a i expose les resultats
dcs recherches sommaires faites dans lcs annees 1900, 1904- et 1912 par E. v. Stern, accom-
pagnes de la bibliographie relative au sujet.
Pendant l'ete de 1927, j ' a i recommence lcs fouilles avec Ies fonds accordes par la Muni-
cipalitc de Cetatea-Albă et, sur la recommandation de M. I. Andrieşescu, par la Commission
dcs Monumcnts Historiques, et je les ai continuees dans la limite dcs moyens disponibles dans
les annees suivantes, 1928, 1929 et 1930.
En mcme temps, M. J . Anton Popcscu, arehitecte, a fait pour le comj)te de la Commis-
sion des Monuments Historiques un nouveau releve de la citadelle du moyen-âge, pendant
(juc le service technique de la Municipalite travaillait sous la direction de M. J . Cuciuc, inge-
nicur, ă un nouvcau plan de la ville. A l'aide de ces plans, completes par mes propres releves
j ' a i tracc un nouveau j)Ian des lieux ou ont ete pratiquees les fouilles. J e le reproduis ici
(fig. 1) avec l'indication aussi exacte que possible des points ou ont ete pratiquees j u s q u ' â
j>resent les diverses fouilles, les indiquant avec les numeros que je cite aussitot apres la
mention de chaque objet decrit, pour preciser l'endroit ou il a ete trouve.
Dans le prcsent article je m'occupe des constructions et des objets trouves pendant les
annecs 1927—1930. Comme ce n'est qu'une continuation de l'article publie dans VEphemeris
Dacoromana, je ne repeterai pas lcs divers details qu'on pourra trouver dans la publication
antcrieure.
Les fouilles des annces 1928—1930 ont ete j)ratiquees en quatre endroits differents.
Aux endroits qui j>ortent les nos. 20 et 23, on a agrandi la tranchee de 1919, qui a cte creusee
dans le haut talus forme en 1900, â la suite des travaux faits par Ia Municipalite pour ouvrir
une route commode entre la ville et le port l). Nous avons continue ici l'etude des couches
des ruines antiques, relativement peu touchees aux epoques posterieures et riches surtout
cn fragments de ceramique. Le pan de mur, long d'environ 8 m, forme de grands blocs de
j)ierre, regulierement superposes, decouvert en 1919 2 ), s'est ecroule depuis â cause des pluies,

2
*) Voir Ephemeris Daroromana, I I . p . 38 ) et le ) Ibid., p. 3 8 3 — 3 8 4 .
|il:ui u 1» p . 382.

www.cimec.ro 557
www.cimec.ro Fig. 1
FOUILLES DE TYRAS

et les blocs ont et6 emportes par les habitants. II est peu probable qu'il ait constitue" une
partie du mur d'enceinte de l'an-
cienne cite" grecque, comme j ' e m e t -
tais alors l'hypothese ; il est plus
vraisemblable que ces ruines aient
forme les substructions d'un edi-
fice antique oîi d'une cave, comme
dans le point 17 1 ) . Dans la partie
S.-E. de la tranchee du point 20
a et€ trouve â peu de profondeur
un four du moyen-âge contenant
cnviron 40 boulets de terre cuite,
vides â l'interieur 2 ) .
Une tranchee nouvelle a 6t6
ouverte dans la prcmiere enceinte
de la citadelle du moyen-âge,
dans le point 2 1 . On y a decou-
vert la cave d'une construction
de l'ăpoque imperiale romaine
(fig. 3). Le mur bien cimente avec
du mortier de chaux est pos6 â
meme le roc. La cave est de forme
presque carree, avec un corridor
vers le S.-O. Dans ce corridor
descendait probablement un es-
calier et dans le coin S., on peut
voir qu'il y avait un passage entre
le corridor et la cave (fig. 7 et
l'esquisse, fig. 2).
Pres de cette entree ont ete
trouvees dans la cave, parmi les
ruines, plusieurs lampes romai-
n e s ; au milieu de la cave, quatre
monnaies imperiales en bronze,
fortement endommagees, et dans
le coin S.-E., des perles en verre
avec un petit fermoir en or. Dans
la section a-6, faite par le milieu
de cette piece (fig. 10) on voit sur la S C A R A : 1--100
roche de base une couche de cail-
loux d'environ 0,60 m d'epaisseur,
H"l i I ' I '■ +-*H
et par-dessus une mince couche Fi g- 2

!
) Ibid., p. 384, fig. 3. Avakian, dans le Bulletin de la Commision des Monu-
2
) EHes ont ^te decrites par mon assistant, M. Gr. ments Hisloriques, Section de Bessarabie,vo\. III, 1931.

www.cimec.ro W)
I». NICORF.SCU

Fig. 3

Fig. 4 Fig. 5

www.cimec.ro
FOUILLES DE TYRAS

'ig.

Fig. 8

Fig. 9

561
www.cimec.ro
3fi liacia III—IV 1927/932.
P. MCOKKSCU

d envirun I cm d urgile battue. Dans la couche d'eboulis, h a u t e d'environ 4,15 m, qui rem-
plissait cctte cave se trouvaient de nombreuses briques noti cuites, detacb6es parfois par des
blocs des murs supcrieurs dc la construction et un grand nombre dc fragments de ceramique
romaine. Dans cette masse d'eboulis on voit une fossc pour des dechets, profonde de 2,95 m,
faite au moyen-âge, dans laquclle furent trouv6s de nombrcux fragments de c6ramique orien-
talc, entre autres un plat pcrsan brise, qui a pu etre reeonstitue ' ) . Au-dessus dcs ruines de
cctte construction, â l'angle S.-O., sont visibles les rcstes d'une autrc construction, elevce
u iin niveau superieur et dont le sous-sol rectangulairc s'est eonserve. Dans la fig. 7 on voit

Fig. 10

dans la couche superieure les ruines des murs de ce sous-sol; les pierres du mur li6es avec
de la terre s'ecroulaient facilement. Dans l'angle S.-O. on voit (fig. 13) un escalier en pierre
qui conduisait aux chambres superieures. En bas de l'escalier se trouve â droite une plaquc
de picrre trouee, et â gauche deux plaques, dont l'une trouee aussi. Parmi les divers debris
on n'a pas trouve de ceramique antique, mais seulement de la ceramique orientale, preuve
que le bâtiment datait du moyen-âge.
Dans la partie N.-O. on a trouve â gauche, en continuant les fouilles (fig. 2), deux fosses
pour cereales avec les parois de terre brulee; un peu plus loin, â droite. unc autre fosse, plus
grande, revetue de pierre (fig. 14) et plus loin encore, une rangee de pierres bien taillees, formant
un rectangle (fig. 15), appartenant probablement â une autre construction.

') V. la photographie dana nion livre Cetatea Albă manie), L931, pl. W I V .
(Collection Apollo, Villea et localitii d'art en Rou-

www.cimec.ro 5t»2
FOUILLES I)K TYIUS

Fie. II

Kip. 12

563
www.cimec.ro
:i6*
P. NICORESCU

En fouillant l'interieur de la tour S.-E. de la citadelle, on a trouve â une profondeur de


4,55 m les restes d'un fondeur, â cote des restes d'un
niur antique bâti en cal- mur antique, une rigole for-
caire coquillier des en- mee par deux grosses pierres
virons, et construit sans posees sur le sable (fig. 8,
mortier (fig. 16 a); â deux j>hotographie prisc d'en haut).
metres plus haut, on a Une autre tranchee a 6te
trouve un reste de mur â pratiquee dans la seconde en-
trois rangees de pierre; ceinte, au point 19 (fig. 11 et
la derniere rangee est
formee de deux gros
blocs de pierre dont l'un
a une longueur de 2,10
m (b). Le mur a conti-
nue sous le mur de la
tour. A l'interieur de la
tour (au point 22) on a
decouvert â 4 m de pro-

1
«- ^ - f - Ş - >?°
1
^^ms^^^M 'tytâW'®1'

19) ou on a decouvert les substruc-


tions d'un edifice du moyen-âge en
pierres liees entre elles avec du mor-
tier. A cet endroit, dans les couches
plus profondes, on a trouve de nom-
breux objets antiques.

A) INSCRIPTIONS

s e c t Lu^ixecc cub 1. Fragment de rebord d'un


vase rond en m a r b r e : longueur 0,16
m, epaisseur 0,023 m (fig. 6 ) ;
trouve dans le point 23. Nous Hsons:
[..." Anolliojvi * Iar[QMi...J. II
s'agit d'un vase dedie â Apollon Ia-
tros, qui date probablement du com-
mencement du I l l - e siecle av. J.-C.
Nous ne trouvons pas ici la forme io-
^şm^
Fig. 14 nienne Ietros, mais la forme Jatros
du grec commun, qu'on trouve, par
exemple, dans une inscription de Phanagoria: Latyschew, IosPE, vol. I I , No. 348, qui est

www.cimec.ro 564
ÎOUILLKS DK TYRAS

du commencement du I l l - e sicclc av. J.-C. C'est pour la premiere fois que le culte d'Apollon
comme Iatros est documente â Tyras.

< 0,1. X - o,yj - -X—• — • — 1,t6 — • - X — «,V —Xo.iti

Fig. 15

Apollon Iatros est adore dans la plupart des colonies grecques de la Mer Noire, soit comme
dieu eponyme, soit comme dieu principal de la communaute l). Ce culte a ete documente jusqu'â
prescnt a Apollonia Pontica, Histria, Tyras, probablement â Olbia, â Panticapaeum et â Pha-

') V. Pârvan, Hi.stria IV, Ann. de VAc. Roum., p. 535 et p. 707.


XXXVIII (Memoires de la seclion historique), 1916,

www.cimec.ro 565
P. NICORESLU

nagoria J ). Comme toutes ces colonies sonl situees dans des eontrees marecageuses, on pourrait
se dcmander si le culte de ce dieu n'^tait pas en rapport avec la maladie de la fievre, qui tour-
mentait peut-etre les colonistes grecs.
2. Fragment (brise en deux) de la partie inferieure d'une belle stcle en marbre blanc
(fig. 17) trouvee dans le point 1 9 ; hauteur 0,16 m ; largeur 0,19 m ; epaisseur 0,045 m.
Caractcres de la fin du IV-e, uu du commenccmcnt du I l l - e siccle av. J . - C , hautes de
0,006 m. Nous l i s o n s 2 ) :

/ — — — — — — — — — — inei be xa[-
[IMQ tyov eari [ TCI[Q xaOijxovaciQ x(lQlrnQ TOTQ ev-J
[eoyeraiQ djnobiboo[0ai {xp* chv avveţîij rcoi b/j/icot i)[-
[ /icbv ev najOeTv bedo[xOat rfji flovkfji xai TCOL dtffUOl']
[arecpavCoJaciL avrov i[ni TOVTOLQ XQVOCVL arej-
5 [(pdvioij aQerfJQ ivexe[v[ xa[i evvoiaQ TYJQ elg rdvj
[bfj/io[v orecpavovoOai be av[rdv biă ftiov iv TOTQ]
[dyJCoai năoi jneră rchv eveQye[rcov T~Q be dvayyej-
[liaQ rov are(pdvov TOVQ dei xaOia[Ta/ievovQ dycoj-
[voOe[rciQ noieToOai rrjv ini/iekei[av TOVQ be nom de maj-
10 [gislrat dvajyQ('njuivraQ eiQ arijhj[v xd xp)j(pia/La ileTvai iv...?J
[. . . . TOLQ be [ dvayxaioi? avrov b[ovvai — —1
[— - • TOVJQ (ÎQXovraQ dcji [ - — — — - -J

Le mot ]dJnobiboa[OaLj de Ia
lignc 2, qui precede la decision prise
par Ies autorites de la ville (1. 3 :
bebcîf %0ai [ doit se rapporter â la
furmule ^dQttaQ dţiaQ dnobibdvat
cumme on le verra dans l'inscriptiun
cit.ee plus bas. D'autre part, 0?JIN
du cummencement de la ligne duit
etrc rcstitu6 suus la formule [na[-
OeTv. Pour ces raisons nous avons
admis la restitution des lignes I — 3 ,
en pensant aux exemples suivants:
L Michel, Recueil dHnscription grec-
ques, no. 543, I. 11 et suiv.: enei
XCUCOQ e%ov iafrij ri/tăoOai rovQ
Fig. 16
eiivovQ ăvbQUQ; Syll. Inscr. Graec,
I I I ed., no. 709, 1. 46 et suiv.:
oncoQ ovv xai 6 bu/ioQ TOTQ eveQyeraiQ eavrov r[aQ] xaOrjxovaaQ cpaivijrai %dQiraQ
dnobibovQ; I G , I I , no. 251, I. 8 et suiv.: oncoQ & ăv ei bc~)[oi ănavreQ 8TL ] 6 bfj/ioQ
6 ' A§tjvaio)V [le/LVtjrai xa[i %dQLV cinob Jibcoaiv vcp' cov ăv efi naOeT.

') Voir les renvois chez Purvan, Hislria IV. p. 535 -) Pour la restitutioti de cette inscription nous avons
et chez E. H. Minns, Scythians and Greeks, Cam- suivi les suggestioiis de notre collegue, M. Scurlat
bridge, 1913, inde.x, p 683 a. Lambrino, professeur ă l'Universitc de Bucarest»

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b'OUILLES DE T\ IUS

Fig. 17

Fig 18

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I'. NlCOHKSCl

Les lignes 4 et suivantes contiennent les honneurs accordes au personnage. II obtient d*a-
bord une couronne ( /OTCtpavto]'aat), au moment meme ou le d^crct a 6x6 r e n d u ; le meme hon-
neur lui sera accorde par la suite (I. 6 : axetpavovo&ai), probablement [âlă pfovj, et la
eeremonie aura lieu (1. 6 - 7 ) : [iv Tolg ăyjtoai năoi. P o u r ce double honneur accorde â un
personnage, voir Syll. Inscr. Graec, I I I cd., no. 762, 1. 45 et suiv.: 0 xe<p a VO>6j va t
[ajvrâv [F/V roîg Aiovvaloig lQv[tii ojretpdvon xai elxâvt %ahi^ Ote<p avovafOaJi
de avrâvxal eig rov X[otn.Jt>v XQ[6VJOV XUF exaarov erog iv rotg Atovvalotg XQ^i

OT,e[tpdv]u)l. p o u r Ja r c 8 t i t u t i o n des lignes


7—9, voir Hiller von Gartringen,
Inschriften von Priene, no. 2 1 , 1.
20 et suiv.: xfJQ de ăvayyeXiag (sc.
TOV orerpdvov) nou)auaOut rt)v
entfteXetnv rdv âyo)vo0eri]v, et sur-
tout no. 59, 1. 23 et suiv.: rrjg de
uvnyyeXiug rtov are(pdvo)V enifte-
Xeiav noripaoOai rdvre âytovoOertiv
xui rovg nQvruveig rovg exdarore
yivofievovg. Cf. Kern, Inschriften von
Magnesia am Maeander, no. 97, I.
8 4 : rf/g ââ ăvayyeUag TOV ore-
[tpdvov noti)aaa jOut rr)v eni/te-
Xeiav rovg âyonoOhfag rov fiov-
aixojv...
La restitution des lignes 9—11
reste hypothetique, malgr6 les nom-
breux points de rcpere que Ia pierre
nous donne. Le commencement (I.
9—10: rovg de nom de magistrat —
iv Tt~jl uytiQUt) nous a ete suggerc
par Michel, Recueil, no. 543, 1. 35 et
suiv.: rovg de ătjeTaoTug <rti?>
scnR.R 1i 100
1 i j • /âvJayQdtpavrag UVTO (sc. ro yirjtp-
H-+ -—I—i—l——l—i—i
ta/ia) eig Xevxcofia âehai ev TOJL
Fig. 19
'AQjrefudoJg OtjoavQolJi]. Les
mots JroTg dej dvayxaioig avrov bjovvuij de la Iigne 11, nous rapellent le decret de Tyras,
IosPE, vol. I ( I l - e ed. 1916), n o . 2 ( = Minns, op. cit. appendix p . 639, no. 2), 1. 15—19, ou
il est decide que le decret sera donne a u pere du personnage honore: x6 xe y)i)tpiO[iu TeXei-
toOev vno rov yQuptjuJarewgJ rfjg noXetog OvaXeQtov 'Povtpov doOfjvm rtoi nJaTQiJ
avwv KoxxrjioJi OvdXevu xal rd uvTtyQucpov d[norejOr\vai elg ră ârjfiâoia.
Ce petit fragment de decret honorifique et tres important, parce qu'il est le premier en
date de ce genre trouve" â Tyras.
Nous connaissions, il est vrai, le decret cite plus h a u t (Latyschew, I, I l - e ed., no. 2), mais
il est de l'epoque romaine, c'est-â-dire de l'annec 181 a p . J.-C. ] ) .
J
) Latyschew. ouvr. rite. p. 5 et 7.

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FOUILLES DE TYKAS

Cette inscription nous montre que la ville de Tyras ctait gouvernee par un college d'ar-
chontes *), que nous retrouvons, cinq siecles auparavant, dans la meme ville grâce, au frag-
ment nouveau que nous venons d'etudier. II nous fait savoir, en somme, que Forganisation
sociale et l'etat florissant de la civilisation â Tyras ctaient comparables â ceux des autres
villes grecques de la Mer Noire.
3. Fragment du coin gauchc inferieur d'une plaquc en marbrc blanc (fig. 9). Largeur:
0,20 m ; h a u t e u r : 0,23 m ; epaisseur: 0,55 m ; trouve au point no. 21. Les lettres, hautes de
0,03 m, sont probablement du Il-e siecle apr. J.-C. On lit:
. //
V 71 l (')
6 t (o v a 7i .
o a v e v x CQ .

4. Fragment d'une plaque en marbre blanc (fig. 5). Largeur: 0,125 m ; h a u t e u r : 0,09 m ;
e'paisseur: 0,023 m ; trouve au point no. 21. Les lettres, hautes de 0,023 m, sont du Il-e siecle
apr. J.-C. Nous lisons:
. a a v x o
i) a v r
v
5. Fragment de la partie gauche d'une plaque en marbre blanc (fig. 4). Largeur: 0,115 m ;
h a u t c u r : 0,155 m ; epaisseur: 0,043 m ; trouve au point no. 22. Les lettres, hautes de 0,021 m,
sont de la fin du Il-e ou du commencement du I l l - e siecle apr. J.-C. On lit:

fi a ..... .
a v e o x e g a g
( J o v k . t j o x e
7t o X e . o) Q
X Q o v
}i a x

6. Fragment du coin gauche inferieur d'une plaque en marbre blanc (fig. 18). Largeur:
0,225 m ; h a u t e u r : 0,16 m ; epaisseur: 0,067 m ; trouve par le fils de M. M. Okoulitch de Cetatea
Albă, parmi les debris tombes de la rive escarpee au point no. 23. On peut lire:

Falcofni ?
Vexil(lationis) II (secundae?) [Moesiacae?. . .
sub cura
leg(ionis) V M(acedonicae) . . . .

Cette inscription, comme la suivante, doit etre anterieure â l'an 167/168 apr. J . - C , quand
la V-e legion a dte transferee en Dacie 2 ). Nous avons dejâ publie trois fragments de briques
de Tyras avec le timbre de la V-e legion et un autre avec le timbre d'une vexillatio com-

') Jbidem. Cf. Minns, ouvr. cite, p. 445. Wcerd, Etude historique sur trois legions romaines du
*) Cfr. B. Filow, Die Legionen der Provinz Mwsia, bas Danube, Univ. de Louvain, Rec. de travaux
Klio, Beihpfl VI, Leipzig 1906, p. 78 r t E. van der fase. 16, Louvain-Paris, 1907

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I». NICORIOSCU

posee de troupes deslegions: 1 ltalica, V Macvdonica et XI Claudia qui formaient la garnison


de la M6sie Inferieure T ). Ces nouvelles inscriptions nous confirment la pr£sence d'une garnison
romaine pendant le Il-e siecle apr. J.-C. â Tyras.
On ne saurait pas dire dequel Falco il s'agit ici. II esî possihle qu'il s'ag't de Q.
Sosius Falco, consul dc l'an 193, au dchut de sa carr.'ere, pcndant qu'il etait tribun militaire.
7. Fragment d'unc plaque en marbre blanc, deteriore par des coups et calcine par le feu
(fig. 12). Largeur: 0,22 m ; h a u t e u r : 0,13 m ; epaisseur: 0,075 m ; hauteur des lettres c. 0,045 m ;
trouve au point no. 21.
 la 1-ere ligne on distingue le reste d'un R, puis le reste d'un O ct le bout inferieur d'un
b â t o n ; peut-etre y avait-il un M. Â la 2-e ligne on lit: leg(imiis) V M(accdonicae). Â la 3-e
ligne apres CIV on voit un bâton deteriorc â la partie inferieure; c'etait un L ; ensuite sui-
vent un / et un V, de sorte qu'on peut complcter le n o m : C[oin.s] Iuliu[s].

B) F R A G M E N T S D ' O B J E T S EN M A R B R E
8. Fragment d'un relief fun6raire en marbre (fig. 20). Largeur: 0,155 m ; h a u t e u r : 0,17 m ;
epaisseur: 0,045 m ; trouve au point no. 17. Au coin superieur gauche, acrotere et fleur; au
fronton, tete de meduse; sur la bande au-dessous du fronton, canthare avec branche de lierre;
du champ du relief il ne reste que la main droite tenant une torche. Travail sommaire d'epoque
hellenistique tardive.
9. Fragment d'une statuette drapce; marbre blanc (fig. 21 et 22). Diametre: 0,135 m ;
h a u t e u r : 0,14; trouve au point no. 17.
Travail rudimentaire.
10. Frâgment d'un pied de statuette en marbre blanc (fig. 31). H a u t e u r : 0,16 m. Trouvc
au point no. 17.
11. Fragment d'une colonnette en marbre blanc (fig. 26 et 27). Diametre: 0,145 m ;
h a u t e u r : 0,195 m ; trouve au point no. 22.
12. Fragment d'un acrotere en marbre blanc (fig. 28). H a u t e u r : 0,11 m.
13. Idem (fig. 23). H a u t e u r : 0,15 m.
14. Idcm (fig. 30). H a u t e u r : 0,155 m.
15. Idem (fig. 32).
16. Fragment d'une corniche cn marbre colorc (fig. 25). Dimensions: 0,12 m X 0,075
X0,05 m. Trouve au point no. 2 1 .
17. Piedestal (?) rond en marbre blanc, avec un trou (fig. 29). Diamctre: 0,09; epaisseur:
0,045. Trouve au point no. 17.
18. Fragment d'un vase en marbre blanc (fig. 24). A droite on voit une anse qui s'est
conservee. Le diametre du vase etait dc 0,19 m environ; epaisseur: 0,012 m. Trouv6 au point
no. 17.
2
C) CERAMIQUE )
I. Figurines
19. Fragment d'une statuette feminine assise (fig. 33). H a u t e u r : 0,12 m ; trouve au point
no. 17.

') Ephemeris Dacoromana- I I , 1921, p. 413 ct 114. *) Les nomhreux timhres amphoriques qu'on a
Cfr. les III- i i|ii iuii- nos. 1, 322 et 417 ehez Laty- trouves penrlant les Fouilles seront l'ohjet d'unc ettide
s c h c v , losPE, I, 11-e ed. (1916). â part.

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FOUILLFS Di: TYHAS

Fig. 20 Fig. 21

Fig. 22 Fig 23

Fig. 24 Fig. 25

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1». NICORESCU

Fig. 26 Fig. 27

Fig. 28 Fig. V>

l | l l H(
Fig. 30 Fig. 31 Fig 32

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FOUILLES DE TYRAS

20. Fragment d'une statuette representant une tete de taureau (fig. 34). H a u t e u r : 0,075 m ;
trouve au point no. 2 1 .
21. Tete d'une statuette feminine (fig. 35). Argile rouge. H a u t e u r : 0,04 m ; trouve au
point no. 2 1 . Travail rudimentaire.

II. Vases
22. Fragment de rebord d'un grand cratere probablement â colonnettes (fig. 36). H a u t e u r :
0,065 m ; longueur: 0,185 m ; trouve au point no. 23.
Argile rouge-orange, fine et bien 6puree. Decor aux traits noirs sur fond reserve; l'inte-
rieur, noir.
R e b o r d : sur le plat, guirlande de feuilles et de baies de lierre (fig. 37). Sur la partie exte-
rieure du rebord, guirlande de feuilles et de baies de laurier. disposee en deux sens, se rejoi-
gnant en deux p o i n t s ; un de ces points est figure ici (fig. 38). Sur le col, bande circulaire reservee,
bordant un decor disparu ! ) .
Bon style attique de la fin du V-e siecle av. J.-Chr.
23. Fragment d'un skyphos (?) de style attique â figures rouges (fig. 40). Argile rougeâtre.
Dimensions: 0,08 X 0,07 m ; trouve au point no. 23.
Decor â trait noir sur fond reserve.
Revers: tete de femme voilee, vers la d r o i t e ; interieur noir.
24. Fragment de skyphos (?) d'epoque hellenistique (campanien?) â figures rouges
(fig. 41). Argile rougeâtre, lustre noir brillant. H a u t e u r : 0,075 m ; trouve au point no. 23.
Ephebe, â droite, t e n a n t de sa main droite, tendue en avant, un objet indetermine dont
il n'est rest6 que l'extremite superieure (strygile?).
25. Fragment d'un skyphos de style attique de decadence a figures rouges (fig. 39 et 47).
Sur la partie gauche, reste de l'attache d'une anse. Argile rougeâtre; beau lustre noir. Dimen-
sions: 0,115 m x 0,08 m ; trouve au point no. 23.
Scene dionysiaque (?): entre deux palmettes, ephebe avec thyrse en forme de volute
t e n d a n t une guirlande â une jeune femme egalement avec thyrse. Retouches blanches: cou-
ronne de l'ephebe, guirlande, bandelette de la coiffure de la femme. Style rapide et neglige.
26. Fragment de coupe (?) de style campanien (fig. 48). Trouve au point no. 23.
D6cor au trait noir sur fond reserve; pres du bord, bande de palmettes de forme triangu-
laire, alternativement droites et renversees.
27. Fragments de vases â reliefs, bruns, rouges ou noirs (fig. 4 3 ) ; trouves au point no. 23.
Cf. des fragments semblables trouves â Tyras, dans Ephemeris Dacoromana, I I (1924), p . 397
et suiv.
28. Fragments de vases d'epoque hellenistique â figures rouges sur fond noir (fig. 51).
Trouves au point no. 23.
29. Fragments de divers vases â vernis noir; celui du milieu est decore de fleurs peintes
en blanc (fig. 5 2 ) ; trouves au point no. 23.
30. Fragments de ceramique attique (fig. 5 3 ) ; vernis noir brillant; trouves aux points
no. 17 et 23.
31. Fragments de fonds de divers vases attiques â vernis noir (fig. 5 4 ) ; le dessous du pied,
reserve. Trouves aux points No. 17 et 23.
32. Idem (fig. 55).

') C.f'r. E. Pottier, Vases anliques du Louvre, serie I I I , G. 481, pl. 151.

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I'. MCOUI.SCI!

Fip 31 Fig. 35
Fig. 33

Fig. 36

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FOIUEI.ES DE TYKAS

Fig. 37

Fig. 38

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P. NICOHESCU

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Fig. 39

Fig. 40 Fig. 41
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FOUILLES I)E TYRAS

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Fig. 42 Fig. 43

Fig. 44 Fig. 45

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Fig. 46

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3 7 Dacia I I I — I V l«>:>7 '>■■:'
P. NTCORESCU

Fig. 47

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Fig. 49 Fig. 50
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FOl ri.I.ES l)E TYHAS

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Fig. 52

Fig. 53 Fig. 54

Fig. 55 Fig. 56

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37"
P. NICORKSCC

Fig. 57 Fig. 58

Fig. 59 Fig. 60

Fig. 62
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F O U I U . K S I)i: TYKAS

Fig. 61
Fig. 63

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Fig. 66
Fig. 65

Fig. 67

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P. NICOHESCU

33. Idem (fig. 56).


34. Fragments de vases attiques â vernis noir (fig. 42); lc dessous du pied, reserve. Trouves
au point no. 23.
35. Fragments de plats divers â vcrnis rouge (fig. 68). Lc fragment du milicu a les di-
mensions: 0,077 m de la courbure jusqu'au b o r d ; le bord est conserv6 0,13; hauteur 0,045 m.
Trouv6es aux points no. 17 ct 23.
36. Pctites anses de vases divers a vernis noir brillant (fig. 46). Trouv6es aux points
no. 17 et 23.
37. Idem (fig. 67).
38. Idem (fig. 50).
39. Fond d'un vasc attiquc â vernis rouge (fig. 49); argile rougeutre bien epuree. Trouve
au point no. 23.
40. Fragment de bol (fig. 4 4 ) ; argile rouge; surface rouge mat. Trouve au point no. 23.
41. Fragment de cantharc argile rouge (fig. 4 5 ) ; surface rouge mat. Trouve au point no. 23
42. Canthare (fig. 63); argile rouge, surface rouge m a t ; hauteur 0,072 m, lc diametre
de l'ouverture etait de c. 0,07 m. Trouve au point no. 23.
43. Idem (fig. 64); hauteur: 0,065 m ; le diametre de l'ouverture etait d'environ 0,065 m.
Trouve au point no. 17.
44. Idem (fig. 65); hauteur: 0,062 m ; le diametre u l'ouverture est de 0,065 m. Trouve
au point no. 23.
45. Fragment de bol (fig. 66); argile rouge; surface rouge mat. Trouvc au point no. 23.
46. Cruche â une seule anse (fig. 70); argile epuree, surface noir m a t ; h a u t e u r : 0,24 m.
A l'int6rieur on remarque les restes d'un liquide deseche. Trouvee au point no. 23.
47. Fragment appartenant probablement â un petit cratere de style campanien (fig. 71).
Argile rougeutre, bien cpuree, lustre noir-olive brillant. H a u t e u r : 0,073 m. Trouve au point
no. 23. Cfr. Corpus Vusorum, Collection Mouret, pl. 15, les no. 8 et 15.
48. Fragments de plats campaniens u decor incise (fig. 69). Trouvcs au point No. 23.
49. Fragments de crateres et de gobelets de style campanien (fig. 75). Argile rougeâtre
bien epuree, bien cuite, recouverte d'un lustre noir brillant. Trouves uux points no. 17 ct 23.
50. Fond d'un plut campanien decorc d'un masquc en relief (fig. 57). Argile rougcâtre, bien
epuree; lustrc rouge brillante, aux cheveux boucl6s, rappelant le type r6cent de m6duse. Les
boucles de cheveux en relief sont continu6es par des incisions. Autour de la tete, decor de
lignes droites, alternant avec des lignes en zig-zag, de couleur blanche. Trouve au point no. 23.
51. Assiette de style campanien (fig. 59 et 73). Diametre: 0,16 m ; h a u t e u r : 0,028 m. Ar-
gile rouge, bien epuree, bicn cuite, recouverte d'un lustre rouge brillant. Le bord large est 16-
gerement bombe. Decore â l'interieur de deux bandes circulaires de traits incis6s; au milieu
on distingue une marque de fabrication illisiblc. Trouvee au point no. 23.
52. Fragment d'assiette d'epoque hellenistique (fig. 61); diumetre: 0,07 m. Argile fine,
bien epuree. Bon travail; au milieu, un cercle d'un diametre dc 0,03 m avec un timbre rec-

tangulaire de 0,01 m. X 0,004 m., dans lequel on peut lire: , . „ , Trouve au point no. 22 â
une profondeur de 1,40 m.
53. Assiette deterioree (fig. 58, 60 et 74). Le diametre de l'ouverture: 0,15 m ; le diametre
de la base: 0,053 m. Argile bien epuree; bon travail. Trouvee au point no. 22, â une profon-
deur de 1,50 m enviror».

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FOUILLES L)E TYRAS

Fig. 68 Fig. 69

Fig. 73

Fig. 70

Fig. 74

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Fig. 7<
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Fig. 76

Fig. 77 Fig. 78

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Fig. 79 Fig. BO

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Fig. 81 Fig. 82

Fig. 83 Fig. 84

Fig. 85 Fijî. 86

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Fig. 87 Fig. 88

Fig. 89 Fig. 90

Fig. 91 Fig. 92

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Fig. 93 Fig. 94

Fig. 95 Fig. 96

Fig. 97

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P. NICORESCU

54. lîol reconstitue' (fig. 72 e1 02) avec des fragments trouv6s au point 22 â une profon-
deur de c. 1,50 m. Argile bien epuree, recouverte d'un ltistro brun.
55. Diverses anses de vases coinmuns (fig. 76). Trouvees aux points no. 17 et 23.
56. Fragments de vases (fig. 78) en argilc rouge, bien epur£e, de bonne qualite. Trouves
au point no. 23.
57. Fragments de petits vases (fig. 79). Argile rouge, bien epurce. Trouvcs au point No. 23.
58. Fragments de plats (fig. 81) de bon travail. Trouves au point no. 23.
59. Idem (fig. 84). Quelques-uns ont de petits trous pour des crochets en bronzc, ati moyen
desquels on les reparait. Trouvcs au point no. 23.
60. Fragments de divers plats (fig. 85).
61. Fragments d'un vase (fig. 77) en argile rougeâtre, calcine par l'incendie. Diametre
â 1 ouverture: 0,18 m ; h a u t e u r : 0,0() m. Trouve au point no. 2 1 .
62. Gobelet a pied (fig. 88) en argile rougeâtre. Diametre de l'ouverture: 0,098 m ; hau-
t e u r : 0,09 m. Trouve au point no. 21.
63. Fragments de plats (fig. 87). Argile rouge bien epuree. Le plat du milieu avait un dia-
metre d'environ 0,23 m. Trouves au point No. 23.
64. Fragments de plats et de gobelet (fig. 80); trouves au point no. 23.
65. Fragments de vases romains avec decorations (fig. 90), trouves au point no. 23.
66. Idem (fig. 93).
67. Fragments de grands vases coinmuns d'epoque romaine (fig. 91).
68. Lacrimatoire (fig. 86) en argile grainee; h a u t e u r : 0,117 m. La panse, ornec d'un decor
cotele, en relief. Trouve au point no. 21.
69. Vase en terre noirâtre (fig. 82 et 83); I'ouverture et Ie fond font defaut. Aupres de
l'ouverture en observe trois petits trous, dont un passait par un bec qui m a n q u e ; les deux
autres ont ete pratiques pour reparer une cassure. Diam. c. 0,105 m . ; h a u t e u r : 0,055 m. Trouve
au point no. 22, â unc profondeur d'env. 2 m.
70. Vase en terre noirâtre (fig. 89 et 92), fait â la main. Diametre â l'ouverture: 0,13 m ;
h a u t e u r : 0,245 m. A l'exterieur, autotir du vase, sont disposees symetriquement quatre petites
anses. A l'interieur on observe des restes d'aliments. Trouve au point no. 23.
71. Coupe primitive (fig. 94), en terre noirâtre, de facture barbare, Diametre â l'ouverture
0,106 m ; hauteur 0,045. Trouvec au point no. 23.
72. Fragment de coupe barbare (fig. 95). H a u t e u r : 0,078 m. Trouvee au point no. 23.
73. Fragment d'un vase ă pied (fig. 97) de faclurc barbare. I l a u t e u r : 0,095 m. Trouve
au point 22 â une profondeur d'env. 3 m.
74. Divers fragments de vases barbares (fig. 96), trouves au point no. 23.

}
I I I . Lampcs )

75. Lampe cassee (fig. 98). Argile bien epuree; vernis noir, brillant. Diametre: 0,066 m ;
h a u t c u r : 0,042. Trouvee au point no. 23.

') C'est une lacune tres sensible qu'il n'existe jus- colleclions de ces lampes. Des ctudes excellentes en
qu'ă l'heure aetuelle un corpus systematique <les pcncral ont ete donn(îes s. v. lucerna par .1. Tou-
anciennes lainpes. S. Loeschke a niontre (Arch, An- taîn dans Daremberg-Saglio, Dict. des ani., pp. 1320 —
zeigcr, 1916, pp, 203-—211) quels doivent etre les 1339 et par Haig dans Pauly-Wissowa, R.-E., X I I I
t'Icments qu'on doit donucr dang les puhlications dcs (1927), col. 1566-1613.

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FOUILLES DE TYRAS

Le bec allongc cst cassă; au centre, la lampe est pourvue d'un tube pour etre fichee sur I'ex-
trcmite d'unc tige pointuc (Cfr. Daremberg-Saglio, Dict. des ant., I I I , p. 1336, fig. 4610).
76. Exemplaire casse, semblable au precedent (fig. 99), rnais plus plat. Diametre: 0,091 m ;
h a u t e u r : 0,02 m. Trouve au point no. 23.
77. Lampe avec anse cassee (fig. 100). Argilc grisâtre. Diametre: 0,058 m ; hauteur: 0,03 m.
Trouvee au point no. 23.
78. Lampe en argile rose-jaunâtre (fig. 101 et 102). Diametre: 0,077 m ; hauteur: 0,028 m.
Trouvec au point no. 21.
Decoration: en face une hydrie, derriere laquelle on voit une table â quatre pieds reunis,
deux par deux, par une barre. Sur la table on distingue un objet rond, probablement une cou-
r o n n e ; la perspective du dessin est assez bonne. Sous la table on voit deux t r o u s ; au-dessus,
il y en a un troisieme. La couronne est interrompue de part et d'autre, â mi-distance de l'anse
et du bec, par deux saillies rappelant des oeillcts de suspension. La soudure des deux parties
est visible. Sur le fond, lc timbre: JIETHIC.
79. Lampe d'une forme semblable a la precedente (fig. 104 et 103); l'anse est cassee. Dia-
m e t r e : 0,079 m ; h a u t e u r : 0,034 m. Trouvee au point no. 21.
Decoration: satyrc portant dans sa main gauche une flute de Pan et traînant de sa main
droite un jcune satyre tenant dans sa main droite un objet eleve, un bâton peut-etre. Dans
l'espacc libre au-dcssus du jcune satyre, il y a un trou. La scene est entouree d'un cercle en
creux et d'un autre cercle de petites palmettes.
80. Lampe avec anse cassee (fig. 105), en argile rouge. Diametre: 0,055 m ; h a u t e u r :
0,023 m. Trouvce au point no. 23.
On remarque bien la soudure des deux moities; dans la cassure, on distingue sur la moitie
inferieure les empreintes digitales du rnodeleur.
Decoration: au milieu d'un cercle en creux, un vase avec des fruits ou avec des fleurs;
â droite, on voit un trou.
81. Lampe en argile rouge (fig. 106); l'anse et le bec sont casses. Diametre: 0,063 m ;
h a u t e u r : 0,03 m. Trouvee au point no. 21.
Decoration: le bec est flanque des deux cotes d'une volute en forme de croissant; entre
les volutes, une rosace; lc pourtour du disque orne, d'un cote et de l'autre, par quatre oves.
82. Lampe â grande anse ronde (fig. 107). Argile rouge. Diametre: 0,057; h a u t e u r :
0,025 m. Trouvce au point no. 23.
Decoration: cercle en creux; vers le bec, un bouton; d'un cote, et de l'autre, par six
oves.
83. Lampe (fig. 108), en argile rougeâtre, bien epuree, â anse cassee. Diametre:
0,063 rn; h a u t c u r : 0,03 m. Trouvee au point no. 22 â une profondeur de 1,20 m environ.
Decoration: deux cerclcs en creux; vers le bec, un b o u t o n ; d'un cote et de l'autre,
par quatre oves.
84. Lampe en argile rouge (fig. 109). Diametre: 0,06 m ; hauteur: 0,025 m. Trouvee au
point no. 2 1 .
Dccoration: Quatre cercles en creux; vers le bec, trois boutons; d'un cote et de l'autre,
par onze rayons.
85. Exemplaire semblable au precedent (fig. 110); trop cuit au feu et creve au fond;
trouve au meme endroit.
Dccoration: trois ccrclcs, dcux boutons et onze rayons.

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P. NICORESCU

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FOUILLES DK TYRAS

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V. NICORESCU

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FOUILI.ES D E T Y R A S

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V. NICORKSCU

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FOUIM.ES DE TYHAS

86. Idem (fig. 111), avec anse aplatie; trouve au meme endroit.
87. Idem (fig. 112), sans cercles; trouve au meme endroit.
88. Idem (fig. 113) avec anse cass6e; trouve au miîrac endroit. Diametre: 0,058 m ; hau-
t e u r : 0,03 m.
Decoration: trois cercles et huit rayons de chaque cote.
89. Lampe l)arbare (fig. 114) en terre noirâtre. Longueur 0,085 m ; largeur: 0,062 m ;
h a u t e u r : 0,038 m. Trouvec au point no. 23.
90. Idem (fig. 115). Longueur: 0,113; largeur: 0,062 m ; h a u t e u r : 0,041 m ; Trouvee au
point no. 23.
91. Idem (fig. 116). Longueur: 0,10; largeur: 0,04 m ; h a u t e u r : 0,04 m. Trouvee au point
no. 23.
92. Idem (fig. 117). La pointe du bec et l'anse sont cassees. La lampe etait suspendue:
â droite et ă gauche du bec, on distingue dans la cassure du bord deux trous pour deux
fils; un troisieme ătait attache â l'anse.

IV. Pesons et fusa'ioles.

93. Peson de tisserand (fig. 118) de forme prismatique avec un trou, en argile ordinaire.
Dimensions: base: 0,063 m. X 0,06 m ; h a u t e u r : 0,142 m. Poids: 0,496 kgr. Trouve au point
no. 2 1 .
94. Dix autrcs pieces semblables (fig. 120), choisies parmi les meilleures d'une trentaine
trouv6es au point no. 21. Poids respectif : 0,418; 0,404; 0,547; 0,515; 0,554; 0,431; 0,394;
0,407; 0,445; 0,492 kgr. Nous en avons publie d'autres dans YEphemeris Dacoromana I I (1924),
p. 415.
95. Pesons de filet (fig. 121), en argile ou en pierre, trouves â divers endroits.
96. Fusaîoles en terre cuite (fig. 119 et 122), trouvees â divers endroits.

D) O B J E T S EN METAL

97. Divers objets en fer et en bronze (fig. 123), trouves â des endroits differents.
98. CIous, gond ct autres objets en fer (fig. 124).
99. Quatre fers-â-cheval pour ânes (fig. 126); diametre: c. 0,075 m ; longueur: 0,10 m.
100. Plaque en plomb (fig. 127); trouvee au point no. 2 1 .

E) O B J E T S EN OS

101. Divers objets en os (fig. 125): no. 1, manche, long 0,105 m ; no. 2, peigne, dim.: 0,32 m.
X 0,04 m ; no. 3, patin, long 0,205 ; no. 4, disque, diam. 0,036 m ; no. 4 bis, disque; no. 5, manche
de couteau, long 0,095 m ; manche 0,061 m ; no. 7, anneau en corne, diam. int. 0,024 m ; no. 8,
poincon, long 0,15 m ; no. 9, poincon, long 0,068 m ; no. 10, cuiller longue 0,06 m ; no. 11, frag-
ment avec trou, etc.
102. Osselets (fig. 128), trouves au point no. 19.
103. Osselets (fig. 129), trouves au meme endroit.

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Fig. 118 Fig. 119

Fig. 120 Fig. 121

Fig. 122 Fig. 123

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FOUII.I.KS 0 1 . TYRAS

FiK. 121 Fig. 125

Fig. 126

Fig. 129

Fig. 127

Fig. 128 Fig. 130

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Fig. 131

Fig. 132

Fig. 133

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FOlJILLKS DE TYHAS

Fig. 134

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Fig. 135

FiK. 138

Fig. 136

Fig. 137 Fig. 139


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Kig. III Fiiţ. 113

Fig. 142 Fig. 144

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FOUILLES DE TYRAS

F) O B J E T S E N V E R R E
104. Fragments de divers vases (fig. 130), trouvăs en divers endroits. Le fragment au
milieu a un diam. de 0,095 m.
105. Idem (fig. 131), trouves au point no. 2 1 .
106. Perles trouvees ensemble au point no. 2 (fig. 132).
107. Idem (fig. 133).
108. Idem (fig. 134).
109. Idem (fig. 135).
110. Idem (fig. 136).
111. Idem (fig. 137).
112. Idem (fig. 138).
113. Idem (fig. 139).
114. Idem (fig. 140), trouvă au point no. 23.
115. Idem (fig. 141).
. 116. Idem (fig. 142).
117. Idem (fig. 143).
118. Idem (fig. 144).

E n t e r m i n a n t , nous remercions chaleureusement M-me Marcelle Lambrino des con-


seilles tres avis6s en ce qui concerne les materiaux căramiques publies dans cette etude.
Nou8 remercions aussi M. Gr. Avakian de Ia plupart des photographies executees
par lui.
P. NICORESCU
Professeur ă la Faculte"
www.cimec.ro des lettres de Jassy.
POIDS INEDITS TROUVKS DANS LA PKTITK SCYTIIIK
Les cites grecques, situces sur la cote pontique de la Petite Scythie, ont fait usage de poids
en plomb. Ces poids dc formes diverscs, t a n t o t ronds ou carrcs, t a n t o t triangulaires, apparte-
naient â des systemes ponderaux trcs differents. Generalement, ces systemes se partagent
entre la mine attique et la livre romaine. Les poids actuellement connus ont 6te frappes par
trois des villes grecques de la Petite Scythie: Histrie, Tomis, Callatis. Une liste complete de
ces poids a ete etablie par M. Leon Ruzicka *) et par M. G. Severeanu 2 ). Ces listes nous in-
diquent la provenance des poids, leur valcur et lcur pesee, leurs emblemes et les auteurs, qui
les ont publies.
Depuis l'apparition de ces listes on a decouvcrt quelques nouveaux poids en ploinb â
Callatis, au cours des fouilles effectuees en 1924 par M. Tafrali 3 ), en 1924 et 1925 par M. Sau-
ciuc-Săveanu 4 ). M. G. Severeanu a publie aussi un nouveau poids concernant Callatis 5 ) .
Les poids en plomb des colonies grecques de Petite Scythic appartiennent selon M.
Hultsch 6 ) et M. Leon Ruzicka 7 ) â six systemes pondfiraux differents: I. L'ancicnne mine
commerciale attique pesant 554,90 gr.; elle est representee par 6 pieces pesant entre 625 et
652 gr. I I . La nouvelle mine attique, pesant 602,60 gr.; elle comprend 7 poids pesant entre
518 — 609,20 gr. I I I . La mine attique de Solon pesant 436,60 gr.; on connaît 12 exemplaires,
dont la pesee varie de 378 â 517,80 gr. IV. La mine eginetique pesant 670 gr. Nous connais-
sons une piece pesant 632 gr. V. La mine attico-romaine, pesant 341 gr. On connaît 17 pieces, qui
ont entre 228,20 et 377,04 gr. VI. La livre romaine pesant 327,45 gr.
M. Michel Soutzo a essaye de demontrer 8 ) que la mine autonome de Tomis pesait 625
gr. M. Regling a fait de puissantes objections a ce calcul. Les pieces en plomb s'oxydent ou
s'alterent â la longue. II estime qu'â l'aide de leur poids actuel il est tres difficile de calculer
le poids antique primitif °). La division des poids de la Petitc Scythie en 6 systemes ponde-
raux n'est pas absolument fixe. II y a des poids qui sont des intermediaires entre un systcme
et un autre.
Dans le present article, nous etudions un certain nombre de poids en plomb provenant de
Tomis et d'Histrie. Quelques-uns on ete trouves a Constantza, il y a 40 ans, par feu D. But-
J 8
) Inedita aus Moesia Inferior dans Numismatische ) Griechische und Romische Metrologie, cd. I I , p .
Zeitschrift, L, 1917, p p . 82—83. 715, Pl. XXII.
2 7
) Buletinul Societăjii Numismatice Române, XV, ) Numismat. Zeitschrift, 1917, p . 8 1 .
8
1920, p . 27. ) Mimoires du Congr&s International de Numisma-
3
) Revue Archeologique, X X I , 1925, I , p p . 2 7 8 — 2 7 9 ; tique, 1900, p . 120. Ses calculs o n t v a r i c . D a n s lc
Arta şi Arheologia, I, 1927, p p . 42 — 4 3 ; I I , 1928, p . 4 8 . Bulel. Soc. Num. Romăne, 1904, p . 7, il fixait â 640
( d a n s u n t u m u l u s s c y t h i q u e pres de C a l l a t i s ) . gr. le p o i d s de la niine a n c i e n n e de Toinis.
4
) Dacia, I I , p p . 132—133. ") Hegling, Milnzen Daciens und Moesiens, 11,1,
5
) Buletinul Societăţii Numismatice Romăne, XX, pp. 596—597.
1925, p p . 4 1 — 4 8 .

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P O I D S I N E D I T S T R O U V E S D A N S f,A P E T I T E SCYTIIIE

culescu. IIs sont inedits ct actuellemcnt conserves, avec la collection Butculescu, au Musee
National des Antiquites de Bucarest. D'autres poids inădits font partie de l'interessante col-
lection d'objets gr£co-romains, rassembles par le Dr. G. Severeanu dans sa demeure de Bu-
carest. Nous nous proposons de les faire connaître dans le present article.
Nous publions deux poids intfdits en plomb de Tomis, qui font partie du systemc pon-
deral de la mine attique. Tous les autres poids appartiennent au systeme de la livre romaine.
La plupart des pieces ont ete frappees dans la cite de Tomis; une seule piece provient de la
ville d'Histrie.
1. Poids triangulaire en plomb de Tomis. II est mal conserve et pese actuellement 132 gr.
II fait partie de la collection D. Butculcscu. Au droit, on remarque Ia figure presque effacee
d'un Hermes, tournee vers la gauche. II est coiffe du petase ct tient pres de sa poitrine le
caducee. Ce poids a une echancrurc a l'angle superieur. Au revers, on ne voit rien. La piece
ne porte aucunc inscription on mention de valeur. Cette piece valait probablement % de
mine (fig. 1) et se rapportait â une unitc pesant 528 gr.

Fig. 1

2. Poids triangulaire inedit en plomb, trouve â Tomis en 1913. II appartient au Dr. G.


Severeanu. Ccttc piece est en mauvais etat et un tiers en est perdu. Elle pese actuellement
56,150 gr. La piece tout entiere devait peser environ 80 gr. (fig. 2). On voit de face un Hermes
Coiff6 du petase et regardant vers la gauche. Au-dessous les lettres: OT[AOONJ: Les bords
de ce poids sont relcv6s. Le revcrs ne porte rien. Ce poids etait 1/8 de la mine attique de
Tomis. II cst le premier exemplaire qui mentionne cette division.
Ccs deux pieces completent heureusement nos connaissances sur les systemes de la mine
attique de Tomis. On connaissait jusqu'â pr6scnt divisions les suivantes de la mine de Tomis:
1/6 de mine. On en possede une seule piece pesant 107 gr. ] ) . Elle represente un Hermes
coiffe du pctase.
1/4= TE(răQrrj) de mine. On en possede quatre pieces triangulaires â l'effigie de Her-
mes ou de Dionysos 2) et une piece carree 3 ) . Les pesees donnent des indications diverses.

') M. Soutzo, dan» Buletinul Societufii Numisma- Soc. Num. Române, 1904, no. 4 = Regling, Op. Laud.
tice Române, XII, 1915, p. 158; L. Ruzicka, Nu. p. 595, no. 4 ; Archaelogisch-Epigraphische Mitteilun-
mismatische Zeitschrift, 1917, p. 78, no. 11. gen, X I V , p. 2 = Pernice, Griechische Gewichte, no.
8
) Pieces â l'effigie d'Hermes: Michcl Soutzo, Mâ- 710 (pese 161, 7 gr.); Revista Catolica, II, 1914, p.
moires du Congres intern. de Numismatique, 1900, 131 et suiv. = L. Ruzicka, Num. Zeitschrift, 1917,
Paris, pp. 115—-118 = Revue Numismatique, 1895, p. 79, no. 14 (Collection R u z i c k a ) ; M. Soutzo, Buletinul
p. 540 = Revue Belge de Num., 1896, p. 389, pl. X , Soc. Num. Române, X I I , p. 157— L. Ruzicka, op. laud.,
1 = Revista pentru Istorie, Arheologie, şi Filologie, 1884, p. 77, no. 10. (Collection S o u t z o ) : elle pese 158 gr.
3
pl. III «a Regling. die antiken Miinzen von Dacien und ) Netzhammer, Buletin Soc. Num. Romăne, X,
Moesien, p.595, no. 1 (au Musee National de B u c a r e s t ) ; p. 32 = L. Ruzicka. op. laud., 1917, p. 78, no. 13
Mfmoires 4u Congrfa </<? Num., 1900, p. 119 = Buletinul (Cabinet des raedailles de Gotha).

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G. CANTACUZENE

ljZ=TP(ir))) de mine. On conscrve deux pieces triangulaires, repr6scntant la tetc de


Hermes coiffcc du p6tase et t e n a n t le caduc6c *).
1/2= "HM I(ov) de mine. On en connaît une piece triangulaire, avec l'effigie d'un Dioscure,
coiffce du pilcus 2 ), une piece carr6e 3 ) et une piece ronde, ayant au droit une etoile â 8 rais 4 ) .
1 mine c o m p l e t e = M(vCx). Nous connaissons une seule piecc triangulairc, â l'effigie
d'Hermcs 5 ) et une piece carr6e 6 ) .
3. Poids carre en plomb, dont la face est effacee et le revers ne porte aucun emblcme.
II pese 54,22 gr. et fait partie de la collection Butculescu. Sur la face on remarque, commc un
emblemc assez us6, un aigle d6chirant de ses serres et de son bec un dau-
phin, qui nagc vers la gauche, Au-dessus de cet embleme, on lit les lettres:
AA(ţAOoia); au-dessous, on apercoit les lettres 0VA(o6v). La valeur de ce
poids 6tait 1/8 de mine attique (fig. 3). Ce poids a 6t6 cmis sans doute par la
ville d'Histrie, comme le prouve son embleme. L'aigle d6chirant un dauphin
cst un embleme tres frequent sur les revers des monnaies d'Histrie ' ) . Notre
Fig. 3 poids est une piece assez rare. On connaît jusqu'â pr6sent un seul poids
d'Histrie, de forme rectangulaire, a y a n t la valeur de 1/8 et un a t t r i b u t
analogue â celui que nous indiquons ci-dessus. Cette derniere piece rectangulaire pese 0,79
gr. et fait partic de la collection Ionescu de Tulcea 8 ) .
Nous passons maintenant aux poids appartenant au systeme ponderal romain.
1. Poids carr6 en plomb trouve â Tomis et faisant partic
dc la collection Butculescu. II pese 49,1 gr. Les bords de la
piece forment un carre releve sur lcs dcux faces (fig. 4). A ! T*
l'avers on lit [AJIOYNKIN; au revers, IT[A]A[IJ-
. A * m
f Y N!
KOM. Les lettres I au revers et Y de face sont presque
effac6es. La piece est perc6e d'un trou, par lequel on avait
passe un fil. Ce trou correspond aux lettres A et A. Fig. 4
On connaissait jusqu'ici une piece carree de deux onces»
pesant 52,38 gr. et faisant partie de la collection W. K n e c h t e l 9 ) . Cette piece porte, au
droit, le terme AIOYNKIN et au revers le mot AIKAION. Ces termes se retrouvent
sur un poids identique dc la collection Soutzo 1 0 ) . II faut rappeler un poids carr6 en plomb de

1
) Hormann, dans Archaeologisch'Epigraphische Mit- op. Idinl.. p. 78, no. 12 (collection Ruzicka): ellc p<>«
teilungen, X I V , p. 1, no. 1 = Soutzo, Revue Num., 244 gr.
8
1895, p. 540 (au Musee National de B u c a r c s t ) ; Soutzo, ) M. Soutzo, Mfmoires du Congres de Num., 1900,
Mimoires du Congres de Num., 1900, p. 117, no. 2 = p. 119, no. 5 = Buletinul Soc. Num. Române,
Revue Belge de Num., 1896, pl. X, 3 = Buletinul 1904, no. 5 = Regling, p. 596, no. 5. (Collect. Soutzo).
Soc. Num. Române, 1904, no. 2 = Pernice, op. laud., *) M. Soutzo, Buletinul Soc. Num. Romăne, XIX,
no. 709 = Regling, op. laud., p. 596, no. 2. Elle pese p. 14 = L. Ruzicka, op. laud., p. 77, no. 8.
7
212, 20 gr. ) L. Ruzicka, Numismatische Zeitschrift, 1917, p.
2
) Soutzo, Mimoires du Congres de Num., 1900, 105, n o . 405, 417, 427 a, 445 a, 437 a, 457, 4 7 4 ; W .
p. 117, no. 3 = Revue Belge de Num., 1896, pl. X , Knechtel, Bul. Soc. Numismat. Române, V, 1908,
4 = Buletinul Soc. Num. Române, 1904, no. 3 = Re- pp. 3 4 — 3 5 ; Soutzo, ibid., X I I , pp. 1 6 1 — 1 6 2 .
8
gling, p. 596, no. 3 (Collection Soutzo). ) R. N e t z h a m m e r , Revista Catolica, 1912, p. 3 5 9 ;
3
) M. Soutzo, Bulelinul Soc. Num. Romăne, 1904, Aus Rumănien, p. 306 = L. Ruzicka, op. laud., p.
pp. 6— 7 = Regling, p. 596, no. 6 (collection 76, no. 7 ; p. 8 3 , no. 26.
Soutzo). ») L. Ruzicka, Num. Zeitschrift, 1917, p. 80, no. 18,
4 10
) R. Netzhammer, Revista Catolica, 1913, p. 1 6 6 ; ) Buletinul Soc. Num. Române, X , 1913, p. 9 .
Soutzo, Buletinul Soc. Num., X , p. 7 — L. Ruzicka,

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POIDS INEDITS TROUV&S DANS LA PETITE SCYTHIE

Tomis, publie par Bormann x). II pese 50,6 gr. et comprend de face le mot AIOYNKIN, au
revers, le terme ITAAIKON.
2. Deux pieccs carr6es en plomb, provenant de Tomis et a p p a r t e n a n t au Dr. G. Seve-
reanu. Toutes les deux ont ă l'avers le mot

L'une de ces picccs pese 52,200 gr. (fig. 5), l'autre 52,900 gr. La premiere a les bords
releves sur les deux faces. Les bords de la seconde ont ete ecrases. Ces pieces doivent etre
rapprochees du poids susdit de la collection Knechtel et d'un poids carre en plomb, publie par
Bormann 2 ). Ce dernier pese 38,05 gr. II a le bord inferieur brise et le coin gauche superieur
perc6 d'un trou. Le poids de la collection Severeanu et les deux autres indiquent, par conse-
quent, un diovvxifojv ha?uxov.
3. Poids carre en plomb de Tomis. II fait partie de la collection Butculescu et pese actuel-
lement 25,3 gr. Ses bords forment un carre rcleve sur les deux faces. Cette piece valait une
once italique, ovvxta hakix/j. A l'avers, on lit le terme 0 YNKIA ; au revers, ITAAIKII
(fig. 6).
4. Piecc semblable ineditc de la collection G. Severeanu. Ses bords sont releves sur les

Fig. 6 Fig. 7 Fig. 8

deux faccs. Elle pese 28,68 gr. Au droit, on lit O U N K I A , au revers, ITAAfljKH (fig. 7).
L'un des iotas a 6t6 adscrit â la derniere ligne du revers.
5. Meme poids en plomb inedit de Tomis, appartenant â la collection G. Severeanu. II
est tres abime. La moitie de droite manque. II pese dans son etat actuel 18,150 gr et il a ses
bords relev6s sur les dcux faces. A l'avers, on litfO/ Y[N]KlA,aurevers, [IjTAfAjIKII
La lettre K est effacce.
Toutes ces pieces valaient une once italiquc.
6. Poids carre en plomb de Tomis, a p p a r t e n a n t â la collection Butculescu. II pese 29,5 gr.
De face, on lit fOYjNKIA (fig. 8). Ce mot est ecrit sur deux lignes, entre lesquelles on
observe un caducee oriente vers la droite. Du cote droit, on lit les lettres A A ((Jjoaia). Au re-
vers, on remarque les lettres assez effacăes fAjIK et, au dessous, un a t t r i b u t : une demi-
sphere, un bouclier ou un p6tase. On peut aussi rapprocher cet embleme de la couronne,
qui orne le revers de certaines monnaies de Tomis et d'Odessos sous l'Empire romain 3 ) . Les
J
) Archaeologische-Epigraphische Mitt., XIV, p. 4. Moesien, 1910, II, 1, p. 756, no. 2923—2924 (Cara-
*) Ibidem, p. 4: au droit, on lit.: AIOYNKIN calla); p. 802, no. 3108 (Elagabal); p. 854, no. 3356.
Au revers, on lit.: AIK(y.atov) pl. XXI, 26 (Maximus); p. 900, no. 3550, pl. X X I ,
3
) Regling, Die antiken Milnzen von Dacien u. 27 (Gordien et Tranquillina): pour Tomis; L. Ru-

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G. CANTACUZfiNK

bords dc la piece formcnt un carre relev6 sur les deux faces; l'un des bords, legerement 6cra&6,
cst devenu concavc.
7. Un poids en plomb de Tomis, conserve dans la collcction du Dr. G. Severeanu. II a la
formc carree, les bords releves sur les dcux faccs et pese 26,700 gr. (fig. 9). Au droit, on lit
O Y N K I A ; au revers, AIK. La lettre N est inversee.
Au dcssous, on observe la lettrc A et ă la gauohe de cellc-ci, unc lcttre ou un embleme
forme de trois lignes parallclcs. La lcttrc A est une contre-marque, qui se trouve sur ccrtaincs
monnaics imperiales de Tomis ' ) .
8. Poids carre en plomb provenant dc Tomis (fig. 10). II est conservc dans la collection But-
culcscu et pese 54 gr. II a une bordurc relev6e sur les deux cotcs. A l'avers, on apercoit le terme
O Y N K I E , gravc sur dcux lignes, au-dcssus desquclles est un a t t r i b u t : on voit une amphore, em-

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Fig. 9 Fig. 10 Fig. 11

bleme frequcnt sur les poids grccs. Au revers, on voit un siege curule (Sella Curulis) et le
mot A YO. Les lettres A Y sont ecritcs au-dessus du siege la lettrc Q est gravee au-dessous.
Le siege curule est un emblemc rarc. II ne se retrouve sur aucun poids et sur aucune monnaie
de Tomis. On rcmarque un objet analogue au revers d'une monnaie ayant
l'effigie de l'imperatrice Iulia Domna 2 ).
9) Autre poids en plomb de Tomis, conserve dans la collection Butculescu
(fig. 11). De forme carree, il pese 24,80 gr. Ses bords sont releves sur les deux
I .,
cotes. A l'avers, on lit O Y N K I A , grave sur dcux lignes, qui
sont separees par un caducce, oriente vers la gauche. Le omicron /«^'^<<S,v
cst plus petit que les autres lettres. La piece est percec d'un i/jr V> * \ \
trou â la lettre A. Au revers, on apercoit un crabe, dont les
deux pattes et les deux serres sont assez bien indiquees.
Fig. 12 Le crabe apparaît sur un certain nombre dc monnaies de
Tomis â l'epoque imperialc. II recouvre parfois la tcte du dieu Fig. 13
3
tutelaire du Pont Euxin, Pontos ) .
10. Poids carre en plomb de Tomis de la collection Butculescu. II a unc bordure relevee
sur les deux faces. La piece valait une once et pesait environ 25 gr. A l'avers, on lit 0 YN(xt'u) ;
au revers, on apercoit la lettre A (fig. 12).
11. Poids rond, assez mal conserve, en plomb de Tomis. Ses bords sont dechiquctds (fig. 13).
II pese 22.80 gr. De face, on lit: [AjA(/iooia) OYfNKIAj. TOM[lj . OA . . . Au

zicka, Num. Zeitschrift, 1917, p. 152, no. 2369 a: l'attribut de l'amphore, voir Soutzo, Rev. pentru
pour Odessos. Pour rembleme du bouclier, voir le Ist., Arch. şi Filologie, 1884, I I , pp. 417—418; pl. I.
3
poids publie par Soutzo, Revista pentru Istorie, arch., ) Regling, Die anliken Miinzen von Dacicn und
si Filologie, 1884, pj. II, 20. Moesien, II, 1, 1910, pp. 749—750, no. 2897 (Flavia
x
) M. Soutzo, Bul. Soc. Num., 1908, p. 13, no. 25 Plautilla), 2899 (Caracalla), p. 762, no. 2949, p. 830.
şi p. 19, no. 68. no. 3246, pl. X X I , no. 25 et 27 (Severus Alexander),
2
) L. Ruzicka, op. laud., p. 164, no. 2823 a. Pour p. 831, no. 3251—3252 (Scverus Alexander), p. 853.

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P O I D S I N E D I T S T R O U V E S D A N S LA P E T I T E SCYTHIE

centre, on apercoit un embleme, probablement un eaducee et la contre-marque MZ(?). Au


revers, on ne voit rien.
12. Poids rond en plomh de Tomis. II pese 20 gr. L'avers et le revers en sont effaces. Le
temps lui a imprime une patine verte. II valait probablement une once. Cette piece fait partie
de la collection Butculescu.
13. Poids en plomb de forme carree trouvee â Tomis. II fait partie de la collection G. Se-
vereanu et pesc 27,80 gr. II v a u t une once. II est orne, de face, d'un globule, figure â l'un des
coins. On ne remarque rien d'autre sur la piece. Nous savons que le globule decorait d'hahitude
les pieces valant une once, en Sicile et en Italie. On le remarque sur les series monetaires d'Agri-
gente, Gcla, Lipara, Capoue ' ) .
14. Poids carre en plomb, decouvert â Tomis et faisant partie de la collection G. Seve-
reanu. II pese 24,75 gr. L'une des faces est p l a t t e ; l'autre, legerement relevee, forme unc py-
ramidc tronquee â la base. On n'y voit aucune lettre et aucun attrihut. Cette piece doit etre
rapproch6e d'un poids carr6, assez efface, pesant 26,52 gr., publie par Bormann 2) et actuel-
lement conserve au Musee National des Antiquites, â Bucarest.
Toutes ces pieces completent la serie des poids, appartcnant au systeme ponderal de la
livre romaine. E n tete de ce systeme sont les poids qui portent la mention de Xeirga (litra)
On connaît une piece, assez endommagee, de la collection Buzicka, qui comprend, de face,
le mot AEITPA et au revers le mot ITAAIKII et un attribut, l'amphore 3 ) . Une autre piece
4
de la collection Soutzo portc dc face le mot AITPA, au revers le terme AIKAION ).
5
On a ensuite unc piece valant un demi litre romain et pesant 164 gr. ) . Elle fait partie de la
collection Leon Buzicka. Cette piecc comprend, de face, la legende [AFOPANO]-
MOYNTOC AIKAIA, au revers, le terme ITAAIKII et le protome d'un animal, qui
peut etre un taureau.
On connaît, de plus, une piece valant 4 onces. Sur la face de ce poids, on lit
6
TETPOYNKION; au revers, le terme AIKAION ). On possede deux pieces valant 3
7
onces. L'une d'elle est conservee au Musee du Louvre ) . Elles pesent respectivement 78,13 gr.
et 75,43 gr. et portent â l'avers la legende: TPIOYNKIN ITAAIKON. On a trouve
enfin unc matrice en brique, qui scrvait â graver de telles pieces 8 ) .
Les poids publics par nous complctent la serie des onces dejâ connues. On connaissait
un poids carre de la collection Knechtel, pesant 26 gr. 10 et valant une once °). II comprend
de face le mot OYN KIA et le caducee, au revers, les lettres ATIK et, comme a t t r i b u t , une
dcmi sphere, un petase ou unc couronne 1 0 ). Cet embleme doit etre rapproche de celui qui
decore le revers du poids carre de Tomig, publie sous le Nr. 6. La collection Soutzo possede un
poids ayant, de face, le mot 0 YNK IA et â l'avers, les lettres AIKEU). De plus, le Musee

n o . 3351 ( M a x i m u a ) , p . 858, n o . 3365, p l . X X I , 36 zicka, Num. Zeilschrift, 1917, p . 79, n o . 16.


( G o r d i e n ) , p . 8 8 1 , n o . 3482. •) S o u t z o , op. laud., X , p . 9.
7
') E. Bubelon, TraitS des Monnaies grecques et ) P e r n i c e , Griech. Gewichte, p . 183, n o . 712 et 712 a.
8
romaines, I I , n o . 1, p . 4 5 9 ; 8. v . Uncia dans Darem- ) Archaeologisch-Epigraphische Mitteilungen, 1882,
b e r g - S a g l i o , Dictionnaire des Antiquiles. p. 36, n o . 7 7 ; L. R u z i c k a , Num. Zeitschrift, 1917,
2
) Rormann, Archaeologische Epigraphische Mitlei- pp. 172—173.
lungen, X I X , p . 5, n o . 9. •) P u b l i e p a r Mgr. N e t z h a m m e r , op. laud., p . 130
a
) PubliJ p a r Mgr. R. N e t z h a m m e r , Revista Cato- et s u i v . ; L. R u z i c k a , op. laud., p . 80, n o . 19.
10
lica, I I , 1914, p . 130. ) D'apres l'opinion de Regling, reproduite par
*) S o u t z o , Buletinul Soc. Num. Romăne, X , p . 9. L. R u z i c k a , op. laud., p . 80.
6 11
) S o u t z o , Buletinul Soc. Num., X , p . 8 et L. Ru- ) Bul. Soc. Num. Române, X , p . 9.

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G. CANTACUZENE

National des Antiquit6s de Bucarest conscrve un poids carrc en plomb, provenant de Tomis et pe-
sant 42, 32 gr. II a 6t6 publie" par Bormann l). Le bord inferieur en est us6. La partie supdrieure est
perc6e d'un trou. De face, on lit le mot 0 Y NKIE, grav6 sur deux lignes; au-dessus, les lettres
E, 0, . 1 ; au revers, on voit une couronne, surmontee de la lettre I ct au-dessous d'elle, les lettres
O, N.
Au Muscc National des Antiquites de Bucarcst, se trouve envore une piece carr6e pesant 29,41
gr. et provenant de Tomis 2 ). De face, on rcmarque les syllabes 0 Y et A I reli6es en un monogram-
me. Elles signifient ov(vxia) et A I(xaiov). Au revers, on lit les syllabes ov (vxt'a) et IIEM,
r6unics en un monogramme. Le terme IJEM indiquait peut-etre Ie nom d'un magistrat 3 ) .
L'once etait une petite unit6 pondcrale et mon6taire, valant 1/12 de la livre romaine et
pesant 27,28 gr. 4 ) . Lcs poids que nous avons publies etaient fabriqu6s et graves dans la ville
de Tomis â l'aide de matrices en brique. On a decouvert une pareille matrice (longueur 0,22
metre, largeur 0,07 m e t r e ; 6paisseur 0,23), qui comprenait, de face, un tr6pied, puis deux
fois Ie mot AIKEON, AIKEA et le terme TPIOYNKIN ( = XQIOVVXIOV).
Au revers, elle a une couronne avec des bandelettes entre des
rameaux 5 ) . Cette matrice servait â confectionner et â eraver /»*«»«?« ' r,^^*-»!-.^
quelques uns des poids, qui circulaient â Tomis ou dans i] -~.Ujîffî'~S£"\')
d'autres cites grecques de la Petite Scythie. «HBHP ^ J f Ş P " *
L'once a eu diverses divisions â Tomis. On en connaît Fig. 15
Fig. 14
quelques-unes. Nous publions les suivantes pieces inedites:
1. Petit poids carre en plomb, de Tomis, dans le collection Butculescu (fig. 14). II pesc 4,5
gr. L'un des coins est fendu et forme une 6chancrure. Sur les deux faces de la piece, on lit la
lettre A, enfermee dans un cadre carre. Elle indique que la piece valait 1/4 = xexaQX7]. C'etait
probablement une division de l'once.
La collection G. Severeanu contient une piece carr6e en plomb, absolument semblable
(fig. 15). Elle a ete trouv6e â Tomis, en 1914 et pese 5 gr. 556. Elle a les bords relev6e sur lcs
deux faces. Sur l'une des faces, on voit un A souscrit d'un globule, a t t r i b u t habitucl de l'once 6 ) .
Le Musee National de Bucarest possede un petit poids carre analogue 7 ) . II est bien conserve
et pese 7,6 gr. II a une bordure relevee sur les deux faces. Au droit et â l'avers, on lit la lettre
A. Cette piece, qui est la mieux conservee, a presque conserv6 son poids initial. L'once pesant
27,28 gr, son quart devait peser 6,82 gr.
La collection Ruzicka possede un poids analogue pesant 14,16 gr. et comprenant au
revers comme marque une ligne horizontale perpendiculaire sur une ligne verticale 8 ) .
La lettre A est une contre marque qui apparaît frequemment sur les monnaies imperiales
de Tomis 9 ) . A partir du regne de Marc-Aurele, lorsque les monnaies marquees commencaient

») Arch. — Epigr. Mitt., X I V , p . 4. *) E . B a b e l o n , op. laud.


2 7
) B o r m a n n , ibidem, p p . 5—6. ) B o r m a n n , Arch. — Epigr. Mitt., X I V , p . 5.
3 8
) B o r m a n n , op. laud., X I V , p . 5, a c r u q u e Ie ) R. N e t z h a m m e r , Revista Catolica, 1914, fasc. 2 =
m o t TIEM i n d i q u a i t IlefiTnov. J e doute que cette L. R u z i c k a , op. laud., p . 84 n o . 4 4 .
interpretation soit e x a c t e . L a v a l e u r de la piece ») W . Knechtel, Bul. Soc. Num. Romăne, XII,
e t a i t u n e once e t n o n p a s u n e division d ' o n c e . pp. 7 — 1 0 ; M. S o u t z o , ibidem, V, 1908, p . 17, n o .
*) E . B a b e l o n s. v. Uncia dans Daremberg-Saglio, 4 8 ; 20, n o . 7 1 ; 2 1 , n o . 7 8 , 80, 8 1 ; p . 22, n o . 8 5 — 8 7 ,
Dictionnaire des Antiquitis; Traiti des monnaies grec- 9 1 ; p . 2 3 , n o . 9 2 — 9 3 ; 9 7 — 9 8 ; p . 24, n o . 9 9 — 1 0 2 ;
ques el romaines, I I , 1 p . 459. p . 112, n o . 1 1 2 — 1 1 6 ; p . 27, n o . 119, p . 2 8 . n o . 1 2 4 —
5
) Arch. — Epigr. Mitteilungen, 1882, p . 36, n o . 7 7 ; 127; p . 29, n o . 1 3 0 — 1 3 1 . s t c .
L. R u z i c k a , Num. Zeitschrift, 1917, p p . 1 7 2 — 1 7 3 .

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I'OIDS I N E D I T S T R O U V E S D A N S LA P E T I T E SCYTHIE

â circuler â Tomis, on voit se repandre la marque A. M. Soutzo a essaye de demontrer *) que


ces monnaies marquees rclevent d'une vieille unite monetaire de Tomis, qui etait une fraction
de l'6talon autonome de cette ville. II a suppose que cette unite etait une grande monnaie
grecque en bronze pesant 4,25 gr.: la drachme attique de bronze 2 ). Ces monnaies â marques
6taient nouvelles â Tomis. Nous ne savons pas si cette opinion de M. Soutzo relative au mon-
nayage marquc de Tomis peut s'appliquer egalement â ces poids. La presence de la lettre
grecque A indique, en tout cas, une influence du systeme ponderal grec sur les divisions
d'onees.
2. Poids carre cn plomb de Tomis, conserve" dans la collection G. Severeanu. II pese 11,84
gr. II a les bords releves (fig. 16). De face, on lit la lettre H , au revers, la lettre 2.\ Cette piece
etait Y2 once (IIMI2.'Y ) . On connaît quatre pieces carrees semblables, conservees au Musee
National des Antiquites de Bucarest et publiees par Bormann 3 ) . EHes ont, d'un cote, la lettre
2 carre ou rond, de l'autre, la lettre H. L'une pese 15,3 gr., la secende 15,1 gr., la troisieme 14,2
gr., la quatrieme 13 gr. Le Musee de Bucarest contient, de plus, une piece carree pesant 15,71
gr. Elle est andpigraphe 4 ). II est probable que ces pieces etaient des Y> onces 5 ) .
3. Poids carre en plomb, trouve â Tomis. II
pese 12,130 gr. et fait partie de la collection G.
Severeanu. 11 a les bords releves. De face, on lit
la lettre H, au revers, u n embleme ou une lettre
Fig. 16 rappelant le sigma (fig. 17). Cette piece valait
probablement une % once. Le poids d'une once
normale etant de 27,28 gr., ces pieces auraient dîi peser 13,64 gr.
Les poids que nous avons publies dan6 le present article portent le mot AIKAION
etles lettreszlyl. M. Leon Ruzicka estime que les lettres AIK, AIAAION indiquent le poids
attique legal de la monnaie 6 ). Cette interpretation n'est pas tout â fait exacte. Les termes
susdits attestent sans doute le poids exact et legal de chaque piece. M. Soutzo croit que les
lettres A A indiquent les initiales du mot AA(fiOOiu)r).
Le terme A10 ou A YO indique le nom d'un magistrat, bien connu par des monnaies ct
des poids de Tomis. II apparaît sur deux poids carres valant, l'un une mine 8 ) et l'autre ^
de mine 9 ) . Sur cette derniere piece, le nom figure sous la forme AIOE. Le nom AIO etait
repandu sur les monnaies de Tomis.
II apparaît sur plusieurs s6ries monetaires, d a t a n t de diverses epoques, notamment sur
les monnaies autonomes du premier groupe, a la fin du I l l - e siecle a. J . C.10) et sur les sta-
teres en or â l'effigie du Roi Lysimaque u ) . II est possible que les initiales AI frequentes sur
les poids de Tomis indiquent le meme magistrat. D'autres initiales cachent le nom de AIO0A-
(v?]<;), qui est grave au revers de monnaies tomitaines autonomes d a t a n t du IH-e siecle avant

') Mimoires du Congres International de Num., 1900, 8


) Ce poids porte le nom d'un autre fonctionnaire,
pp. 23—27. Herodes ( S o u t z o , ibidem, X , p. 4 ; L. Ruzicka, op.
2
) Soutzo, ibidem, p. 27. laud., 1917, p. 77, no. 8.)
s 9
) Arch. Epigr. Mitt., X I V , p. 5 — Pernice, Griech. ) R. Netzhammer, Bul. Soc. Num. Rom., X , p.
Gewichte, p. 184, no. 7 2 0 — 7 2 3 . 3 2 ; L. Ruzicka, op. laud., p. 78, no. 13.
*) Bormann, ibidem, X I V , p. 5, no. 10. 10
) Kurt Regling, Die antiken Miinzen von Dacien
5
) Bormann, ibidem, p. 5 les rapporte au systeme und Moesien, I I , 1, p. 598, no. 2424 a.
de la Statcre. n
) Ibid., pp. 599, 606, no. 2474, 2475 (on lit les
«) Num. Zeilschrift, 1917, p. 81. initiales: AI); 2476.
7
) Bulet. Soc. Num. Rom., X, p. 1 0 ; X I , p. 4.

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39 Dacia I I I — I V 1927/932
G. CANTACUZENE

notre ere l). Au revers d'une monnaie de l'epoque autonome, on lit le nom de A ION.2) et sur
une monnaie imperiale, anterieure aux Antonins, le nom de AIOT 8 ) .
Ces noms se retrouvent au revers de monnaies de Callatis, chargees des abreviations A10
et AI. L'avers de ces pieces, artistement cisele et â patine fine, repr6sente la tete de D6meter t
regardant â droite. Leur revers est decorc d'un 6pi 4 ).
L'once (ovyxîa) etait une unit6 pondd6ale usitee par les Italiotes, puis par les Romains.
Elle vallait 1/12 de la livre, litra, AeiToa, XiToa. Elle se distinguait par un globule. La livre ro-
maine pesant 327,45 gr., l'once pesait 27,28 gr. Ce poids subsista jusqu'â la fin de l'Empire Ro-
main 5 ). Le terme de litra indiquait d'abord une mesure italique de cuivre, divis6e en 12 on-
ces 6 ). Les colons Grecs de l'Italie M6ridionale et de la Sicile combinerent un systeme inter-
mediaire entre le monnayage hellenique et le litre sicilienne. L'unit6 de ce systeme etait le di-
drachme ou le statere corinthien, appele Decalitros Stater et divis6 en 10 nummi (VOVJUJLIOI)
d'argent pesant 0,870 gr. 7 ).
120 litres valaient un talant de bronze de poids attique. La livre sicilienne d'argent pesait
environ 109,52 gr. et se divisait en 12 onces (ovyxia, oyxia. °). Elle circulait dans 20 cit6s
grecques de Sicile, parmi lesquelles Leontini et Syracuse. Sous le regne de Denys l'Ancien
(409—367 av. J . C ) , ce r6gime despotique en diminua la valeur en profit du Tr6sor. Le Nummus
commenca â valoir 5 litres 8 ) . Peu apres il fut r6duit â la valeur de 10 litres 9 ) . Le systeme pon-
deral et monetaire du Decalitron avait pour subdivision le Pentelitron pesant 4,325 gr., le
Nummus pesant 10,850 gr., l'Hemilitron ou ]/2 litre pesant 0,432 gr., et d'autres subdivisions
bien connues l 0 ) . A cote de ces pieces appartenant au systeme ponderal attique, les villes grec"
ques de la Sicile et de l'Italie Meridionale ont employ6 des pieces de poids phenicien et egi-
netique n ) . Ces systemes pond6raux avaient un caractere mixte gr6co-italique.
Les poids de Tomis publies dans cet article appartiennent presque tous au systeme pon-
d6ral romain, excepte les no. 1 et 2, qui sont des divisions de la mine attique, en usage â Tomis
avant la conquete romaine. Toutes les autres pieces sont des onces, de doubles onces ou des
divisions d'onces. Elles portent la nom de âtovvxtov haXtxov ou de ovvxia hahxi].
Le systeme libral usite dans les villes grecques de la Petite Scythie, sp6cialement â Tomis
comprennaient sous l'Empire Romain les divisions suivantes. Le litre italique, XetT^ahafaxrj;
le TETQOVVXIOV ou piece de 4 onces; le TQIOVVXIOV haktxov ou piecedetrois onces; le btovvxtov
haltxov ou poids de 2 onces; la ovvxta ou 1/12 du litre, pesant 27,28 gr.; la1/^ once (H=rjjMov)
pesant 13,64 gr.; le % d'once ( A=^TET6.QTT)) pesant 6,82 gr.
Ces pieces repr6sentees par divers exemplaires dans le present article appartiennent au
systeme de la livre romaine. Elles sont quelquefois marquees d'un globule, caracteristique
de l'once italique l 2 ) . Cependant ces poids ont conserve des attaches avec le systeme ponderal

1 7
) Ihitl.. no. 2409, pl. V, 7; M. Soutzo, Monnaies ) Regling, s. v. Litra, dans Real Encyclopădie,
antiques de la Dobrodja, dans le Buletinul Soc. Nu- XXV, col. 784; Hultcsh s. v. Decalitros Stater,ibid., IV,
mismatice Române, 1908, p. 9, no. 1. col. 2413; Regling, Korintischer Milnxfuss dans Realen-
2
) L. Ruzicka, Num. Zeitschrift, 1917, p. 157, no. cyclopădie, XI, col. 1398.
2489 a, 2436 a. *) Ciesecke, Sicilia Numismatica, 1923, p. 7 1 ;
3
) L. Ruzicka, ibid., p. 158, no. 2520. Regling, s. v. Lilra dans Realencyclopădie.
4
) W. Knechtel, Buletinul Soc. Numismatice, p. 27. ») Pollux, IV, 174.
& 10
) E. Babelon s. v., Uncia dans Daremberg-Saglio, ) Ibidem.
n
Dict. des Anliquitis. ) Voir. F. Lenormant s. v. Litra dans Daremberg-
e
) F. Lenormant s. v., Litra dans Daremberg- Saglio, op. laud., pp. 1274—1275.
12
Saglio, ibid. ) F. Lenormant, ibid., p. 1275.

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POIDS INEDITS TROUVES DANS LA P E T I T E SCYTHIE

grec. Ils comprennent au revers le terme AIK ou AIKAION, qui attestent leur poids legal,
parfois meme celui de AA ( fiooia). Quelques pieces ont comme contre-marque une lettre
grecque, A, A, II parmi lesquelles certaines apparaissent sur des monnaies tomitaines de
l'epoque imperiale *). Ces poids comprennent de plus un nom grec de magistrat, AIO connu
aussi par les monnaies de Tomis. Ces faits attestent une forte influence grecque sur les onces
ou divisions d'once frappees â Tomis sous la domination romaine. II est possible que ces poids
aient conserve des rapports avec le systeme pond6ral attique anterieur â la p€netration romaine.
La mine de P6rinthe, pesant 1635 gr. comprenait â l'aversle nom de MNA IIEPIN&IA
et au revers celui de IIENTEAITPON AIKEON, mais elle se rattachait au systeme penderal
grec de la cit6. Elle representait le poids de 5 livres romaines de 327 gr. Elle n'avait d'italique
que l'appellation; en fait, elle continuait. les anciens poids grecs de la ville 2 ). II est possible
que les poids de Tomis sous l'Empire romain ait fait partie d'un systeme semblable, qui se-
rait un compromis entre les poids du monde grec et ceux du monde romain.
 ces materiaux, nous ajoutons:
1. Un plomb byzantin â legende latine decouvert â T o m i s ; il fait partie de la collection
D. Butculescu. La piece a deux echancrures, qui en
ft(\tri\ y r ' P p ' ^ o n t D r i 8 e ^e bord et qui lui donnent une forme poin- ( | A J L ^ ^ | (fi&AAY
VV C tue
4?v >i^A^ - Dans l'etat actuel elle pese 6,5 gr. et a un dia- ^ J ^ O l 7
metre de 23 m m . A l'avers on lit: THEO//DORO ecrit k "0l ~*
Fig
' 18 s u r d e u x lignes; au revers, PPRUE//F. INSU//LUR Fig. 19
6crit sur trois lignes (fig. 18). II faut lire Theodoros, praef(ectus) insulur(um)=insularum.
Ce plomb mentionne un prefet de la province des Iles Cyclades ('' E7iao%la Nrjotvv KvxXddwv),
indiquee par Hierocles 3 ) et par Georgius Cyprius 4 ). Ce plomb est identique â un plomb â le-
gende latine publi6 par MM. Prou et Rostovtzeff 5 ). Le diametre en est de 23 m m . II est en-
toure sur les deux faces d'un grenetis et ses lettres sont semblables â celles de notre piece.
2. Poids rond en plomb trouve â Tomis. II fait partie de la collection D. Butculescu. L'un
des bords est brise. II est entoure de grenetis sur les deux faces et il pese 8,32 gr. (fig. 19). Sur
chacune des faces on voit un monogramme cruciforme, qui est indechiffrable.
Ces plombs byzantins munis de monogrammes commencent au V I — V I I ap. J . C. Un
certain nombre ont ete etudies et publies par M. Gustave Schlumberger dans son importante
monographie sur la sigillographie byzantine 6 ) , d'autres par MM. Prou et Rostovtzeff 7 ). Ils
portent sur les deux faces d e l a piece un monogramme generalement cruciforme, qui indique
au droit le prenom du titulaire, au revers sa fonction ou son titre. Le dechiffrement de ces
pieces est presque impossible. Ces plombs scellaient les actes officiels ou prives. Un certain
nombre de ces plombs â monogramme cruciforme ou â l'effigie de la Vierge ont ete trouves
â Tomis 8 ) . D'autres plombs inedits sont conserves dans la collection G. Severeanu.
G. CANTACUZENE
Maître de conferences ă VUniversiti de Bucarest
*) V. les figurations no. 7, 12, 14. 17.
2
) M. Soutzo a prouve cela dans Buletinul Soc
Numism. Române, 1905, pp. 1 et suiv.; 1912, no. •) Sigillographie de VEmpire Byzantin, Paris, 1884,
18, pp. 4 et suiv. Observations de M. G. Seure dans pp. 84—89.
7
Revue Numismatique, 1912, Janvier-Mars. ) Revue Numismatique, 1900, pp. 52 et suiv., pl.
8
) Synecdemos, p. 31, ed. Parthey. II—III.
8
' ) Descriptio Orbis Romani, p. 24, ed. Gelzer. ) H. Metaxa, Buletinul Comisiunii Mon. Ist., V I I I ,
5
) Revue Numismatique, 1900, p. 52, no. 825, pl. 1915, Bucarest, pp. 34—36; W. Knechtel, Bull. Soc.
I I , no. 1. Num. Rom., X I I , 1915, pp. 86—95.

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TIMBRES AMPIIORIQUES INEDITS TROUVKS
EN ROUMANIE
Des anses d'amphores grecques ont ete trouvees en grand nombre en diverses localites de
la Roumanie. Elles sont particulierement abondantcs dans les ruines antiques de la Dobrogca,
sur l'emplacement des cites grecques d'Histrie, Tomis, Callatis, Dionysopolis. Ces materiaux
sont pour la plupart encore inedits. Un petit nombre d'anses et de sceaux ont 6t6 publi6s par
Gr. Tocilescu *) et par V. P â r v a n 2 ), par MM. Sauciuc-Săveanu 3 ) et 0 . Tafrali 4 ), pour les tes-
sons decouverts â Callatis, par M. Teodorescu 6 ) , pour Tomis, par M. Andrieşescu 6 ), pour la
Valachie orientale, par MM. Nicorescu et Gr. Avakian, pour Ty-
ras 7 ) . Les autres attendent encore une etude s6rieusc. La Rou-
(^ manie ne possede pas encore un Corpus des timbres amphoriques, ana-
t~ — ° ' ° r "^
/k\ TVr^H^yvi logue â celui qu'ont elabore pour la cote scptentrionale du Pont-
Euxin les savants russes L. Stephani, I. Becker, V. N. Jurgevitch,
E . Pridik, E. von Stern 8 ) . E n a t t e n d a n t la creation d'un pareil
Corpus, nous publions quelques sceaux inedits d'amphores grecques.

Fig. 1 lce Cetatea


<A
1. Au cours des fouilles effectuees en 1876 dans la localite appe-
Dâmbovitzei, feu D. Butculescu a decouvert l'anse d'un
vase grec, actuellement conservee avec la collection Butcu-
lescu au Musee National d'Antiquites de Bucarest. Cette anse est fabriquee avec une

') Archăologische Epigraphische Mittcilungen, XI, b r e s ) ; 1928, p . 48, (timbre d'amphore trouve dans
p. 6 4 ; Revista pentru Istorie, Arheologie ţi Filologie, un tumulus pres de Callatis).
s
IX, pp. 5 et BUIV; Câteva monumente epigrafia ) Teodorescu, Buletinul Comisiunei Monumentelor
din Muzeul Naţ. de Antichităfi, 1903, p p . 3 - 8 ; Afo- Istorice, 1915, p. 6.
6
numentele epigrafice şi sculpturale, 1, p p . 1 8 2 — 1 8 3 . ) Andrieşescu, Piscul Crăsani, dans Mim. Acad.
Pour la ceramique grecque, voir: Catalogul Muzeului Roum., serie I I , t. I I , m e m . 1, pp. 6 8 — 8 2 , 9 0 — 9 2 .
7
Naţional de Antichităfi, 1906, p p . 5 7 - 6 5 ; p . 74 (pe- ) Nicorescu, dans Kphemeris daco-romana, I I , 1924,
tite e d i t i o n ) . pp. 3 9 7 — 4 1 1 ; Gr. Avakian, dans Cronica Numismatică
2
) Pârvan, Histria dans Annales de VAcad. Rou- si Arheologică, V, 1924; V I , 1925.
8
maine, I I , t. X X X V I I I , PP. 5 4 1 — 5 4 3 ; Mem. Acad. ) P. Becker, Melanges Greco-Romains, I, Peters-
Roum., serie I I I , t. II, Mem. 1, pp. 3 2 — 3 8 ; Desco- bourg, 1855; Zapiski de la SociâlS Historique et Ar-
periri nouă în Scythia Minor, dans Annales de VAcad. cheologique d'Odessa, V, p P . 18 et suiv. = Jahrb. fiir
Roum., ser. I I , t. X X X V , p. 4 8 0 ; Castrul dela Poiana, Klass. Philolog., s u P l . , IV, 1862, PP. 451 et suiv.,
dans An. de VAcad. Roum., serie I I , t. X X X V I , p. Zapiski, V I I , pp. 3 et suiv. = Jahrbuch., supl., V;
101, pl. I V ; Getica, dans Mim. de VAcad. Roum., 1869, p. 445, X , 1878, pp. 1 ct s u i v . ; Zapiski, XI,
ser. I I I , t. III, Mem. 2, pp. 3 1 4 — 3 3 2 ; 6 6 4 — 6 6 5 , 793. P. 1 2 ; Stephani, Mblangcs Grico-Romains, I I , Peters-
3
) Dacia, I, p. 148 et s u i v . ; I I , pp. 131—132. bourg, 1866; V. N. Iurgevitch, Zapiski, XI, pp.
*) Tafrali, Revue Archeologique, XXI, 1925, I, 51 et suiv., X V , p. 47, X V I I I , p. 8 6 ; von Stern,
p. 2 7 4 ; Arta şi Arheologia II, l'ascicola 4, 1930, Zapiski, X X I I , proces-verbaux, p. 84, X X I I I , p . 30.
p p . 29 32 (16 ansrs d'amphore!* pnurvues de tim- A ces rccherchcs, il faut ajoutcr celles de Mac Pher-

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TÎMBRES AMPHORIQUES INEDITES TROUVES EN ROUMANIE

pâte rose pîile assez grossiere et garde JI l'une dea extremites un fragment de vase. Dimensions:
0,21 m ; largeur 0,04 m ; largeur â l'extremite superieure 0,06—0,07 m. L'anse porte le
timbre suivant grave sur trois lignes: AZTYNOMOY AIIXINOY MWPIAATIIZ
(fig. 1). A droite, on croit voir le commencement d'un a t t r i b u t brise. Les caracteres permet-
tent de dater approximativement ce sceau. Le sigma aux branches obliques a cede la place
au sigma a y a n t des branches droites vers 90 avant J . C. Vers 150 avant J . C , l'alpha a barre
transversalc (A) a 6te remplace par l'alpha â barres obliques *). Le sceau est par consequent
anterieur au Il-e siecle avant J . C L'omicron petit persiste dans l'epigraphie grecque depuis
350 av. J . C jusqu'au milieu du Il-e siecle 2 ). Le theta rond et pointe au milieu a disparu
entre 30 avant J . C et 50 apres J . C 3 ). Si l'on tient compte de ces indications des ecritures,
la date de ce timbre se place entre 350 et 200 avant J . C
Ce sceau a ete grave sous l'astynome Aischines (Eschine). Le potier porte le nom iranien
de Mithridate. Le nom dc l'astynome Aischines apparaît sur un grand nombre d'anses trou-
vees dans la Russie Meridionale, â Olbie, a Theodosie, â Panticapaion (aujourd'hui Kertch).
L'archeologue russe V. N. Jurgevitch a publie un certain nombre de timbres concernant l'asty-
nome Aischines 4) ou Aischines l'astynome 5 ) . L'erudit russe Becker a aussi publie quelques
timbres au nom de l'astynome Aischines. Trois anses proviennent de Panticapaion 6 ), plusieurs
autres d'OIbie 7 ). De plus, Jurgevitch a fait connaître des sceaux d'amphores decouverts â
Kertch, qui mentionnent Poseidonios, fils d'Aischines l'astynome 8 ) . Des timbres amphori-
ques trouves â Theodosie en 1894 rappellent l'astynome Poseidonios, fils d'Aischines 9 ) . Ce
dernier est peut-etre identique â l'astynome Aischines, qui a eu probablement un fils Posei-
donios, introduit comme son pere dans le college des astynomes.
Le nom du fabricant de notre amphore etait Mithridate. Ce nom se retrouve sur quelques
anses trouvees u Olbie 1 0 ), JI Panticapaion u) et â Niconia en Crimee 1 2 ). D'autre part, Mithri-

son, Antiquities of Kertch, pl. X—XI, de V. V. Skor- du potierArchippos et comme embleme a une tete de
pil, Izvestia de la Com. Arch. Imp., III, p. 122, XI, barbare tournee vers la droite.
p. 19 et de J. Marti, Inscriptions Ciramiques conservâes ') Zapiski, V, p. 46, no. 1: le nom du potier est
ă Kertch, Odessa, 1910 (cn russe). M. E. Pridik a etc Archeptolios et l'embleme, une fleur, XI, p. 33, no.
charg6 de publicr dcs inscriptions ccramiqucs trou- 2; p. 27, no 1. Le nom de Tastynome Aischines cst
vees dans la Russie Mcridionalc dans le volume III inscrit sur un fragment de tuile decouvert sur le
des I. o. s. P. E. rivage du Dniester, pres de Tantique Tyras (Cetatea
-) W. Larfcld, Griechische Epigraphik, 1914, p. 270 Albă ou Ackerman) [Gr. Avakian, Cronica Numis-
(petit manuel), II, 2, p. 472 (grand manucl). matică şi arheologică, VI, 1925, p. 10, no. 86].
2 8
) Larfeld, p. 272 (petit manuel). ) Zapiski, X X I , proces-verbaux, p. 63: le nom
3
) Larfeld, p. 271 (petit manuel). du potier est Tev&oag; XVII, p. 149, no. 78 et 79:
4
) Zapiski de la soctite historique et archeologique d'O- comme emblemc la grappe de raisin et l'epi sur une
dessa, 1895, p. 121. Le nom du potier est Nevfie.vîoi;. anse et la grappe sur l'autre, p. 141, no. 80: comme
s
) Jurgevitch, ibid., 1895, p. 134, no. 3: le nom du embleme, un elcphant.
potier cst 'AQ%enx6h~; p. 133, no. 2 ; X X I , proces- ») Jurgevitch, Zapiski, VII, p. 149, no. 78, 79, 80.
10
verbaux, p. 27; proces-verbaux, p. 302: comprend le ) Becker, Zapiski, V, p. 33, no. 5: comme embleme,
nom du potier lloaeiduwio' et comme embleme un coq. une grappe de raisin, p. 53.
u
*) Zapiski dc la sociiU historique et arche'ologiquc ) Jurgevitch, Zapiski, p. 144, no. 53. Le nom de
d'Odessa, v. p. 33, no. 2 = Mac Pherson, pl. X, no. 2 ; l'astynome est' Ent,Ehti~, l'embleme, la corne d'abon-
v. p. 33, no. 3 = Stephani, Milanges grico-romains, dance, no. 54: le nom de l'astynome est Simias et
p. 18, no. 15. Lcs noms du potier sont "Aoafîoc; et rembleme, une amphore; Becker, V, p. 35: comme
KaVdO&tvri'Wl, p. 50, no. 1: lc nom du potier est embleme une amphore.
12
Poseidonios; Becker, dans Jahrb.fiir Klass. Philologie, ) Becker, Zapiski, V, p. 33, no. 4: comme emblcme,
X, p. 26. Zapiski, V, p. 46, no. 2: comprend le nom une massue.

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G. CANTACUZENE

date ou Mithradate etait aussi le nom d'un astynome mentionn6 sur des anscs de Panticapaion,
publiees par Becker J ) . On remarque que le c6ramistc iranien Mithridate avait fabriqu6 u n
grand nombrc d'amphores qui 6taient exportees, remplies d'huilc ou de vin, en Crim6e, â Olbie,
dans les cites grecques de la Petitc Scythie et dans la plaine getique. Au cours des fouilles faites
en 1924 par M. Sauciuc-Săveanu â Callatis, on a trouv6 une anse fabriquee en argilc rose
â l'interieur et jaune pâle â l'cxtcrieur. Ellc date, d'apres ses lettres, du IV-e—Il-e siecle av.
2
J . Ch. Elle mentionne le fabricant M I0PAAATII2 ).
L'atelier oîi etaient travaillees ces amphores se trouvait sans doute dans une des villes
grecques du Pont-Euxin. Le nom meme de Mithridate nous oriente vers des regions habit6es
par des peuples iraniens. Ce nom a 6te en honneur dans le royaume du Pont et dans celui du
Bosphore Cimm6rien, conquis entre 110 et 107 av. J. C. par Diophantos, le g6n6ral du grand
Mithridate VI Eupator. Le centre de fabrication de ces amphores n'est pas connu tres exac-
tement, mais il semble qu'elles aient 6t6 fabriqu6es â Sinope, dans l ' E t a t du Pont.
Plusieurs des anses d6couvertes dans le Sud de la Russie ont les memes emblemes que celles
d e S i n o p e : un aigle dechirant u n dauphin. On trouve cet embleme sur des sceaux d'Olbie 3 ) et
de Panticapaion 4 ). C'est â Sinope que l'embleme de l'aigle d6chirant un dauphin a 6t6 em-
prunte par diverses cit6s grecques du Pont-Euxin, dont il d6core les monnaies. Cet embleme
apparaît sur les monnaies d'Olbie 6 ) , d'Histrie 6 ) et sur des tuiles trouvces â Tyras 7 ) . Sur une
anse d'Olbie, munie de cet embleme et signee du nom de l'astynome Aischines, le nom du fa-
bricant est Zivwfntcov], qui fait penser â la ville de Sinope 8 ) . Le nom de Sinopion est
frequent sur les timbres d'amphores de la Russie Meridionale. On le trouve sur des sceaux et
s u r u n e tuile de Panticapaion 9 ) , d'Olbie 10 ) et sur des tuiles de Tyras n ) . L'une des tuiles de
Tyras rappelle l'astynome Aristobulos, le seconde l'astynome Poseidonios, bien connu par d'autres
sceaux 1 2 ). Ces briques ont pour embleme t a n t o t un caduc6e et la tete de Mercure coiffee
du petase, t a n t o t un tr6pied. II est probable qu'une partie de la ceramique marquee au nom
des astynomes a ete fabriquee â Sinope. Colonie milesienne, fondee en 630 av. J . C , dans le
pays des Chalybes, pres du promontoire de Syrias, cette ville etait un port habite et u n d6-
bouche naturel pour les produits de la Paphlagonie et de la Gallatie. Elle avait probablement
un college d'astynomes (âorvrojiioi) 1 3 ). On sait que jadis Becker avait attribue ces timbrcs

*) Zapiski, V, p. 52, no. 25 = Antiquites du Bosphore p. 411 No. 58 şi 412 No. 63.
8
Cimmirien, no. 38: le nom du potier est IKESIOS, ) Becker, Zapiski, XI, p. 33, no. 2.
9
p. 53, no. 26 = Stephani, Compte-rendu de la Com- ) Becker, Zapiski, VII, p. 38, no. 12; Milanges
mission Archiologique Impiriale, 1859, p. 144, no. 28; Grico-romains, I, p. 494, no. 16; Jahrb. fiir Klassische
Zapiski, V, p. 50, no. 26 = Stephani, op. laud., 1859, Philologie, IV, p. 472, no. 38—39; V. p,. 483, 512,
p. 144, no. 28. no. 6; 513, no. 503; XX, p. 31, no. 4.
2 10
) Dacia, I, pp. 151—152. ) Becker, Zapiski, V, p. 43, no. 38—39; Jahrb.,
3
) Becker, Zapiski, XI, p. 28, no. 3 et 4. X, p. 34, no. 17.
n
«) Jurgevitch, Zapiski, XVIII, p. 125, no. 20; ) Nicorescu, Ephemeris Daco-romana, II, 1924, p.
p. 122, no. 4: Becker, Zapiski, V, p. 45, no. 11; 471, no. 58 et 412, no. 63.
Stephani, Milanges grico-romains, p. 18, no. 17 et " ) Zapiski, XVIII, pp. 148, 149, 150; Jahrb. fUr
Compte-rendus de la Com. Arch. Imp., 1859, p. 142, Klass. Phil., IV, pp. 481, 483; V. pp. 507—508;
no. 2 1 ; Zapiski, VII, p. 56, no. 15—16. X, pp. 29 et 35.
5 ls
) Blaremberg, Choix des midailles antiques <f'OZ- ) Strabon, X I I , 3,11; Polybe, IV, 56, 6: E. Cail-
biopolis, Paris 1832; Moursakievitch, Zapiski, V, p.193. lemer, s. v. Astynomoi dans Daremberg—Saglio, Dic-
6
) Voir ci-dessus, les notes concernant le poids tionnaire des Antiquitis, I, p. 504; Buge, s. v. Sinope
d'Histrie (fig. 3) publie dans notre article prece'dent. dans Real-Encyclopădie, Halbband, V, col. 254; Bo-
7
) Nicorescu, Ephemerţş Daco-romana, II, 1924, binson, American Journal of Arch., IX, p. 294 et suiv.

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TIMBRES AMPHORIQUES INEDITES TROUVES EN ROUMANIE

amphoriques â un atelier existant â Olbie. II accordait a ces poterics une origine Olbienne ' ) .
Cette opinion a 6te rejet6e par V. N. Jurgevitch, qui croit que ces vases auraient ete expor-
t6s de Sinope 2 ).
L'opinion de Jurgevitch a 6t6 adoptee par Kosciuszko-Waluzynicz, dans son etude sur
les amphores d6couvertes â Chersonesus 3 ). M. Jurgevitch admet qu'â cote de la poterie
produite dans les ateliers locaux de la Russie meridionale il y avait des vases artistiquement
ornementes de provenance etrangere. Des ceramistes 6trangers ont travaille dans les ateliers
d'Olbie et de Panticapaion 4 ). M. A. N. Dereviski a demontre l'existence d'ateliers de coroplastes
â Chersonesus, â Panticapaion et â Theodosie 5 ) . Or, on sait que l'industrie des terres cuites
6tait intimement liee dans le monde grec â l'industrie des vases, bien que l'argile poreuse et
grossiere des coroplastes differât de la pâte friable, elastique et bien cuite employ6e par les
c6ramistes. Ce fait prouve l'existence d'ateliers de c6ramistes locaux dans les villes grecques
de la Russie m6ridionale. Un atelicr de ce genre a sans doute fonctionn6 â Chersonesus, ou
l'on a trouv6 un grand nombre d'anses amphoriques avec des timbres doriens 6 ) . Pres d'une
des portes de la ville de Chersonese, on a decouvert un four â cuire les amphores 7 ). A cote de
cette poterie indigene, les colons Grecs du Sud de la Russie ont importe de la ceramique etran-
gere domestique ou de luxe. Sinope semble avoir 6te un des centres importants de fabrication
et d'exportation de la c6ramique achet6e dans le Sud de la Russie. II est probable que cette
ville ait envoy6 des vases aussi en Petite Scythie et chez les peuples Getes.
Depuis l'an 183 av. J . C. cette ville conquise par Pharnace I etait devenue un grand
centre gr6co-iranien et l'une des residences habituelles des rois du Pont. Dans le palais royal
de Sinope est ne Mithridate VI Eupator 8 ) . Des la fin du IV siecle av. J . C. Sinope entrete-
nait de bonnes relations avec le roi Eumelos du Bosphore Cimm6rien 9 ) . Au I l l - e siecle, une
in < ription mentionne des professeurs de gymnastique amenes de Sinope dans le Bosphore 1 0 ) .
Sinope avait des rapports amicaux avec Athenes et Histiee en Eubee n ) . Des marchands et
des colons de Sinope ont habite les villes de la Russie meridionale durant l'epoque Hellenis-
tique et Imperiale.
Nous pouvons pr6sumcr, par consequent, que l'anse decouverte â Cctatea-Dâmbovitzei
indiquc un vase fabrique â Sinope. Cette ceramique etait exportee de Sinope remplie d'huile
et de vin. Autour de la ville poussaient des forets d'oliviers, qui constituaient une richesse
importante 1 2 ).
Le commerce des Sinop6ens etait compose en partie d'huile et de vin vendus dans les
cit6s grecques du Pont-Euxin et chez les peuples barbares de l'interieur. Le timbre que nous
ctudions est le premier qui semble attester des relations commerciales entre Sinope et la plaine

») Zapiski, V, pp. 68—72; VII, pp. 3 et suiv.; naître rarcheologie de la Russie, VII, pp. 3—26 (en
Jahrb., IV, 1862; V, 1869; X, 1878. russe).
6
') Zapiski, XI, pp. 51 et »uiv. ) Izvestia de la Com. Arch., II, p. 18; Minns, The
3
) Comptes-rendus (Otcot) dc la Commission Arch. Scythians and Greeks, 1913, p. 360.
7
Imp., 1896; p. 169; Izvestia de la Comm. Arch. Imp., ) Minns, ibid., pp. 360 et 505.
8
XVI, p. 57; XXVI, p. 93. Cf. Minns, Scythians and ) Strabon, XII, 3,11; Cicero, De imperio Cn. Pom~
Greoks, p. 360. pei, 21.
*) J. Tolstoi-Kondakov, Les Antiquitis Rusaes dans ») Diodore, XX, 25, 1.
10
Monumenls d'Art, I, p. 75; A. N. Derevisky, dans ) I. o. s. P. E., II, 299.
u
Zapiski de la Soc. d'Odessa, 1895, pp. 207—208. ) Arch.-Epigr. Mitt., 1892, p. 114; Rubinson,
6
) J. Tolstoi-Kondakov, op. laud., I, p. 24; Dere- American Journal of Philology, XXVII, p. 249.
vigky, op. laud., pp. 210—211; Materiaux pour con- " ) Strabon, II, 1, 15; XII, 3,12, ed. Ch. Muller

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G. CANTACUZENE

Gctique. II cst probable quc la ccramique Sinop6enne 6tait importce â travers la Petite Scythie
et par les gues danubiens jusqu'au cceur de la Dacie en suivant la voie de commerce qui re-
montait la val!6e dc la Dâmbovitza.
2. Anse en argile de couleux jaunc pâlc, trouv6c ti Cetatea-Dâmbovitzci par feu Butcu-
lescu (fig. 2). Sa pâte est formee de gros grains. Elle est conserv6e actuellement au Mus6e
National d'Antiquit6s de Bucarcst. Le sceau comprend les lettres QN021, qui est probablc-
ment le nom du potier. Sous ccs lettres, on remarque r c m b l e m c : un poisson ou plutot une
corne d'abondance. Cet a t t r i b u t decorait souvent les vases de Thasos J ) . Le sigma a des bran-
ches droites, l'omega est ouvcrt par le bas. Dimensions: long. 0,07 m ; larg. 0,035—0,045 m.
D'apres les caracteres ce timbrc datc du I-cr siccle av. J . C. 2 ). II faut rapprocher cette anse
d'une anse Rhodienne mal conserv6c, qui mentionne un
nom semblablc â Tyras. M. Gr. Avakian, qui l'a publiee 3 ) ,
restitue le nom de [Narjiorog. Sous cc nom, on aperţoit
un serpcnt ou un lezard. Cependant on peut reconstituer
encore d'autres n o m s : Mitci'tovog 4) NtX(ovogh), KaX- Fig. 2
Âiaovog6), Nav7ia)Vog7), 'AQT6/MOVOQ S ), OQOJOCOVOQ9), 'ld-
oovog ), Auovog ), "E'Quayvog 12 ) Tous ces noms se rencontrent sur dcs timbres d'amphores
10 u

grecques.
3. Anse en argile poreuse de couleur rose pâle trouvee â Cetatea-Dâmbovitzei et conservee
au Musee National d'Antiquites de Bucarest.
Des fractions de vases adherent â ses extrcmites. Le sceau a disparu. Dimensions: long.
0,25 m ; larg. 0,04—0.045 m.
Les sceaux et restcs d'amphores decouverts â Cetatca Dâmbovitzei attestent la p6ne-
tration du commerce hellenique dans cette region. La vallee de la Dâmbovitza 6tait silIonn6e
dans l'antiquite par une importante voie de commcrce, qui unissait la Dacie â la vall6e du
Bas-Danube. Des le V-eme siecle, les colons Grecs d'Histrie avaient remonte le Danube et ses af-
fluents 1 3 ). Le commerce hellenique rayonnait d'Histrie dans la basse Moldavie et dans la Va-
lachie. Les objets importes des citcs grecqucs de la cote Pontique etaient transportes sur le
Danube ou par l'interieur de la Petite Scythie j u s q u ' â Carsium, citadelle g6tique, ou l'on a
trouve des vases rhodiens et cnidiens 1 4 ), et k Axiopolis, forteresse grecquc cr66e par Lysimaque
au IV-eme siecle 1 5 ). Le long de la route commerciale, qui remontait la vallec de la Dâmbovitza,
on a trouve d'importants tresors monctaires â Bogaţi â l'Ouest de Târgovişte, â Jidova, â

J
) D u m o n t . Inscriptions ciramiques de la Grece, p . cnidiens).
10
69, n o . 56, p . I V , 9 e t 14, V , 3 8 ; W a l t e r s , History of ) D u m o n t , p p . 290, 2 9 1 , 2 9 5 , 357, 3 9 1 .
u
the ancient Potlery, I, p . 157. ) Dumont, p. 311.
2 12
) Larfeld, Griech. Epigraphik, p . 270 ( p e t i t m a n u e l ) , ) Dumont, p p . 350—351.
3 13
) Cronica Numismatică ţi Arheologică, V , 1924, ) V. P â r v a n , La pinitration hclUnique el helle"-
p . 12, n o . 26. nistique dans la Vallâe du Danube d a n s le Bulletin
4
) B e c k e r , Zapiski, V I I , p . 27, n o . 2 4 — 2 5 ; D u m o n t . de la section historique de VAcadfmie Roumaine, X.
op. laud., p . 3 2 1 : s u r u n t i m b r e Cnidien. B u c a r e s t , 1 9 2 3 ; Dacia, Cambridfţe, 1929, p p . 8 3 — 9 1 ,
5 14
) B e c k e r , ihid., n o . 27. ) Tocilesco, Câteva monumente epigrafice ale Mu-
«) B e c k e r , ibid., p . 12. n o . 3 1 . seului naţional de Antichităţi, 1903, p p . 3 e t 7.
7 15
) B e c k e r , ibid., p . 40, n o . 20. ) Tocilesco y a p r a t i q u e des fouilles (Revisla pentru
*) D u m o n t , op. laud., p p . 280, 2 8 1 , 3 9 9 : s u r des Istorie, Arheologic şi Filologie, VIII, p. 267; Festschrift
timbres cnidiens. zu Otto Hirschfeld, Berlin, 1903, p p . 354 e t s u i v . ) .
») D u m o n t , p p . 289, 290, 357, 401 ( s u r des t i m b r e s

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TIMRRES AMPIIORIQUES I N E D I T E S TROUVES EN ROUMANIE

Tărtăşcşti, â Popeşti (district d'Ilfov), â Comana (district de Vlaşca), â Giurgiu 2 ). Une am-
phore hcllenique marquec d'un timbrc a ete decouverte â Stoeneşti 2 ). A Bălănoaia, pres de
Giurgiu, on a trouv6 un chaudron ionien dc bronze (/dfirjg) aux anses ornees de tetes de Si-
lenes 3 ) . Cettc penetration hcllcniquc a ete abondante â l'embouchure de l'Argeş. On a de-
couvert dcs amphorcs rhodiennes du I I I — I I av. J . C. â Spantzov, pres du Danube (dis-
trict d'Ilfov). Lcs etablissements environnants (Grădiştea, Gumclnitza, Fundul Chisclct)
et la vall6e de la Mostistea sont remplis de tessons grecs. La Valachie orientale etait
une zone soumise â la p6n6tration de la civilisation grecquc venue de la cote pon-
tique 4 ). La station de Piscul Crăsani fouillee en 1923 par M. J . Andrieşescu contenait
des amphores marquees au timbre de Rhodes, de Cnide et de Thasos, des vases hellenisti-
ques de Delos, des vases coteles, dcs dolia ou pithoi et meme une lampe cn bronze â trois
branches et â chaînette de suspension 5 ) . On a trouve deux moules employes par lcs indi-
genes â fabriquer les coupes dcliennes 6 ). Les peuples getiques de la Valachie buvaient les
vins grecs de Thasos, de Rhodes et de Cnide, export6s dans des amphores. Les anses
amphoriques d6couvertes â Cetatea Dâmbovitzei font connaître un nouveau jalon dans l'ex-
pansion du commerce hcllenique. Cet ctablisscment, situe sur la route qui menait vcrs les
pays d'outrc-monts, reliait le plateau dacique â la vallce du
Danubc.
4. Anse trouvee en novembre
^>
1929 â Callatis par le Dr. G. Se- r^
vereanu, pâte de couleur rose â
i l'interieur, jaune grise â l'exte-
Fig. 3 rieur ,de qualite assez grossiere. Fig. 4
Dimensions: long. 0,065—0,07 m ;
larg. 0,04 â un bout, 0,06 m â l'autre. Courbure de l'anse â l'interieur: 0,06 m. On lit le
timbre suivant, grav6 sur quatre lignes (fig. 3): AITYNOMOY MNHIIOI TOY
(DOPMIQNOI - ATAf /
Au cote droit infericur, on apercoit un embleme: une Victoire, en tout point identique
â cclle qui dccorc un sceau semblable, qui a ete trouve â Theodosie en Crimee, en 1894 7 ) . Ce
timbrc a pour embleme une Victoire enfermce dans une couronnc. Elle brandit la lancc d'une
main et tend l'autre vers lc nom de l'astynome.
Le nom de Pastynome sur notre 8ceau est Mnesis, fils de Phormion. Le nom de cet asty-
nome apparaît aussi sur un timbre publie par Becker 8 ) et sur une anse trouvee a un endroit
inconnu de la Russie Meridionale 9 ). Un autre sceau mentionne meme un potier nomme Mnesis I 0 ) .
Le nom du potier etait peut-etre ''Ayd&OW, qui est frequent sur les sceaux de Theodosie en
Crimee n).

r
) Pârvan, La pânHration hellenique et hellenislique, serie III, t. III, mem., II, pp. 314, 332, 664, 665.
s
pp. 39—41. ) Andrieşescu, op. laud., pp. 75—77.
2 7
) Tocilesco, op., p. 7. ) Jurgevitch, Zapiski, XVII, p. 129, no. 37.
3 8
) Pârvan, Ştiri noui din Dacia Malvensis dans ) Jahrb. fur Klassische Philologie, X, p. 29; Zapiski,
Annales de VAcad. Roum., 1913, p. 67, pl. X, fig. 1—2. ») Ibid., XV, p. 64, no. la.
*) Pârvan, La pe"netration helUnique et hellinistique, V, p. 54, no. 31.
10
pp. 38—40. ) Stephani, Comptes-rendus de la Com. Arch. Imp.:
5
) Andrieşescii, Piscul Crasani, dans Mem. de VAc. 1868, p. 124, no. 7.
Roum., serie III, t. III, mem. I, pp. 68, 82, 90, 92. " ) Jurgevitch, Zapiski, XVIII, p. 122, no. 5; p.
107—J09; Pârvan, Getica, dans Mem. Acad. Roum., 133, no. 1; XV, pp. 51, 152, no. 1; X I , p. 33, no. 1.

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G. CANTACUZfcNK

L'alpha est barre transversalement, le sigma a des branches droites, l'omicron est pctit.
Or, nous savons que cet alpha a dur6 dans l'6pigraphie jusque vers 150 av. J . C , que le sigma
â branches droites apparaît vers 90 av. J . C , que le petit omicron interligne persiste j u s q u ' a u
milicu du I I siecle ' ) . Ces faits datcnt notre sceau du I I I — I I - e m e siecle av. J . C
5. Anse dccouverte en novembre 1929 par le Dr. G. Sevcreanu â Callatis. La pâte assez
grossiere est rouge â l'int6rieur et gris-poudreux â I'exterieur. L'anse convexe conserve â l'un
des bouts un fragment de vase. Dimensions: long. 0,07 m ; larg. 0,04 m â un b o u t ; 0,06 m â
l'autre. Le sceau est inscrit dans un rectangle et grav6 sur trois lignes {{ig.i)-.ZIMAAIDN(OZ)
AZTYNOMOY [. .JITIMAXOY
Le nom de l'astynome e t a i t : ZIMAAIQN. Ce nom masculin est connu par des in-
2 3
scriptions ) et par des auteurs ). Le nom du potier 6tait [. .JiTlfiaypg. Le sigma a des
branches divergentes. Nous savons que ce sigma a dure j u s q u ' a u debut du I-er siecle av. J . C.
L'alpha est barre transversalement, l'omicron est petit, le mu a une tendance vers les formes
carrees. Le sceau date probablement du II-eme ou du III-eme av. J . C A droite de la premiere
ligne, il a comme cmbleme une corne d'abondance.
II faut rapprocher ces timbres de Callatis des sceaux d'amphores aux noms des astynomes
Zrjvi.. . , AQTefudiogog, 'loncuog. Ces sceaux ont 6t6 trouves â Callatis par M. Sauciuc-
4
Săveanu en 1924 ). Les potiers s o n t : Mf&QlddTf]Q. IlooEidd)Vios, Arjfi. . . . L'une de ces anses
est en argile rose â l'int6rieur et jaune pâle â l'interieur. La seconde est fabriqu6e en une
argile semblable et a pour a t t r i b u t un canthare au pied grele. La troisieme est de couleur
rose; elle a une surface jaune pâle et comme attribut, un oiseau de proie aux ailes d6ploy6es
et â la tete baissee. Toutes ces anses datent, d'apres le caractere de leur timbre, du IV—II-eme
siecle avant J . C Au cours des fouilles faites en 1925 â Callatis, M. Sauciuc-Săveanu a de-
couvert un sceau mentionnant l'astynome M e n a . . . 5 ) . II a trouv6 de plus de nombreux
tessons et timbres d'amphores de Thasos et d'autre provenance 6 ) .
Les timbres amphoriques aux noms d'astynomes sont rares jusqu'â present en Valachie
et en Dobrogea. V. Pârvan â decouvert â Histrie un fragment de tuile marqu6e au nom dc
Fastynome Poseidonios, qui semble dater du IV—III-eme siecle avant notre ere 7 ) . Au con
traire, les noms d'astynomes sont frequents â Tyras, â Olbie et dans les autres cites de la cote
septentrionale du Pont-Euxin 8 ).
Les astynomes etaient des fonctionnaires de police connus avant le II-eme siecle a v a n t J .
C par des inscriptions. Ils etaient frequents dans les villes ioniennes. On les trouve â Athenes,
Tenos, Coresia, Iasos, Cyzique, Rhodes, Ancyre, Pessinonte, Bostra °). Elus par les tribus,
ils controlaient les exportations. On inscrivait leurs noms sur les timbres d'amphores pour
attester la capacite legale de ces vases et en faciliter l'envoi â l'6tranger. Une inscription

Becker, Jahrb., X, p. 31 (Theodosie); Becker, Zapiski^ linguae, VII, p. 254.


V, p. 138, no. 22; p. 40, no. 24 a; p. 42, no. 36; Mi- *) Dacia, I, pp. 151—152.
5
langes Greco-romains, I, p. 490, no. 5; Stephani, Milan- ) Dacia, II, p. 132.
ges Greco-romains, II, pp. 436 et 490 (Olbie); Becker, *) Dacia, I, pp. 149—150; 152—156; II, pp. 129—32.
7
Zapiski, VII, p. 29, no. 39. ) Pârvan, Histria, dans Annal. de VAcad. Roum'
J
) Larfeld, Griechische Epigraphik, p. 270 (petit serie II, t. XXXVIII, mem. I, p. 9—11.
8
manuel). ) Oehler 8. v.: 'AOTVVO/WI dans Realencyclopadie,
2
) C. /. G. 3065 (â Teos); 216 (Thasos). II, col. 1870—1872.
3
) Pape, Worterbuch der griechischen Eigennamen, •) Dumont, Inscriptions ctramiques de la Gre'ce,
ed. II (1850), p. 350; Stephanus, Thesaurus Graecae pp. 42—43; Oehler, op. laud., col. 1871.

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TIMBRES AMPHORIQUES I N E D I T E S TROUVES EN ROUMANIE

de Coresia â C6os indiquc la surveillance exerc6e par les astynomes sur l'exportation ' ) . Les
astynomes controlaient la r6fection des voies publiques et leur entretien, la distribution des
eaux dans les villes, les limitcs des proprictes, la construction et la restauration des edifices
sur les voies publiques 2 ). Leur controle sur les constructions est attcste par des briques et des
tuiles sign6es de leur nom 3 ) .
Tels sont les renseignements que nous donnent les sceaux d'amphores publies par nous.
Nous esperons que les prochaines decouvertes de timbres amphoriques completeront bientot
ces r6sultats.
C. CANTACUZENE
Maître de confirences â VUniversili de Bucarest

1
) C. I. A., II, 546. Constitution d"Athenes, 50.
2 3
) E. Cnillemer s. v.: Astynomoi, dans Daremberg- ) V. Pârvan, Histria IV. pp. 9—11. Ann. Acad.
Saglio, Dict. des Antiquitâs, I, pp. 504—505; G. Cil- Roum. serie II. t. X X X V I I I , mem. 1.
Jjert, Handbuch der griech. Staatsaltertiimer; Aristote,

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NOUVEAUX MONUMENTS DAPULUM
Dans lcs dcrnieres annees, des habitants dc la villc d'Alba-Tulia, l'ancienne Apulum, cn fou-
illant Icurs terrcs, ont trouvc plusieurs monuments de l'epoquc romainc, dont la plupart ont 6te
ac*quis par le musee du lycee « MichcI-lc-Brave » de cette ville. Parmi ccs monuments, on a
trouve recemment les suivants au nombre de six, que M. Virgil Cucui, profcsseur au lycee,
a eu ramabilitc de me communiqucr cn m'cn envoyant aussi les photographies:
1. Fragmcnt de relief en marbrc blanc, reprcsentant le sacrifice m i t h r i a q u c ' ) . La partie
conservce de la base a unc longucur de 33 cm, une hautcur de 3 cm et une largeur de 10 cm.
La hauteur la plus grande du relief est de 36 cm. On voit le taureau poignarde par le dieu
Mithra, dont la tctc et la partie inferieure de la jambe droite m a n q u c n t , ainsi que toute la partie
gauche du monument. En bas on distingue lc serpent et le chien. Le scorpion, a t t r i b u t habi-
tucl du sacrifice mithriaque, n'est pas visible. A droite, le dadophore. II est â supposer qu'un
autrc dadophore ait complete la scene â gauche.
Sur la basc, on voit Tinscription suivante:

fT. Aeî.? A] nulinus imag(inifer) l(egionis) XIII G(eminae).

Tout d'abord, il faut remarquer que les premieres lettres forment une ligature. Nous ne pos-
sedons pas une cstampe, mais la photographie est assez claire, pour voir que l'ovalc formc entre
la deuxieme et la troisieme haste qui s'entrccoupent n'est que le resultat d'une cassure. Dans
ce cas, la ligature doit etre regardee comme un groupe de lettres correspondant â MV, ă ANV
(sans la haste gauche et la bare transversale de la lettre A), ou peut-etre â MVN. II est p o u r t a n t
difficilc â admettre qu'il soit â la fin d'un nomen, dont la premiere partie serait detruite.
Le groupe de lettres L I N V S peut former un cognomen 2 ). II faut considtfrer aussi qu'il manque
â peu pres un quart de l'inscription, c'est-â-dire au moins l'espace de cinq lettres, qui pourraient
former un praenomen et un nomen abrevies. Alors il faut envisager le prcmier groupe visible
sur notre inscription comme une partie attachce au groupe L I N V S . Dans ce cas il faut lire:
A\nulinus. II faut avouer qu'un tel cognomen ne se rencontre que rarement parmi les
cognomina du Corpus 3 ). Comme praenomen et nomen on peut m e t t r e : T. Ael ?
Le dedicant etait imaginifer de la X l I I - e legion d'Apulum.
2. Plaque en marbre, detruite en partie, avec des scenes mithriaques en bas-relief. Dimen-
sions: long. 74 cm, hauteur 63 cm.
La surface est divisee par deux moulures en trois champs ornementes. II est â distinguer:

') Ce monument est maintenant en possesion V, 2119, 2428, 3699; CIL. X, 6637; CIL. II, 265).
3
particulicie. ) CIL. I I I , 3526, 8243, 12539, 14076 et D . L X X X I I I .
2
) Le cognomen Linus se trouve frcquemment cn Une seule fois sous la forme Anulinus (CIL. I I I ,
Italie et moins en Espagne (CIL. IV, 1362 a; CIL. 8243); autrcmcnt, Anullinus.

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NOUVEAUX MONUMENTS D'APULUM

Dans le champ superieur: a) A gauchc, deux personnages, dont le premier, vetu d'une
tunique et d'un mantcau flottant, la tete couverte d'un bonnet phrygien, tient la main droite
levee en haut, tandis que la gauche s'appuie
sur l'6paule du deuxieme personnage (Mithra)
qui est assis sur un rocher et tire l ' a r c ;
b) ensuite un personnage â bonnct phrygien
(Mithra) sc cache derriere un a r b r e ; c) la
nacelle â t a u r e a u ; d) tout pres nous distin-
guons une pctite figure qui represente peut-
etre la maisonette avcc le taureau ! ) ; e) sous
la nacelle, deux beliers, le premier couche, le
deuxieme se redressant et retournant la t e t e ;
f) deux bergers, l'un tenant une chevre sur
l'epaule, se dirigent vers un personnage couche*
ă demi sur un lit et qui dirige son bras droit
vers eux. II faut voir ici la scenc de l'ado-
ration des bergers, si souvent representee sur
les monuments mithriaques 2 ).
Le chainp central, borde par deux pilas-
tres, renferme plusieurs scenes: a) Au milieu,
dans une niche, on voit Mithra t u a n t le tau-
reau. On distingue le scorpion, le serpent, le
chien et le dadophore; â gauche, dans la par-
tie detruite, nous devons suppleer un autre da- Fig. 1

dophore; b) â gauche
de la niche, dans la
partie superieure, on
voit Mithra tirant le
taurcau par son arri-
ere-train; c) â droite,
pres de la moulure,
le buste de Sol; d) en
bas, dans la partie de-
truite, on peut com-
pleter, par analogie
avec d'autres monu-
ments d'Apulum, par
la scene: Mithra mon-
te sur le taureau 3 ) ;
Fig. 2 f) k droite de la niche,
en h a u t , en face du
buste de Sol, on voit le buste de Luna; g) â cote, Mithra naissant de la pierre, le couteau

l
') Fr. Cumont, Textes el monuments de Mithra, ) Ibid., I, p. 161.
s
I, p. 167. ) Ibid., 1, p. 172; II, p. 309 mon. 192, 192 bis.

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. > <y*

VASII.E CHRISTESCU

dans la main droite, la torche dans la main gauche; h) plus bas, le lion, assia sur ses pattes,
lechant le liquide d'un cratere.
Le registre inferieur est detruit d'un tiers vers la gauche: a) a I'extr6mit6 droite, on
voit un personnage nu (Oceanus), le bras droit leve; il est entourc d'un serpent, qui dresse
la gueule vers b) u n quadrige sur lequel se trouve Sol debout, sa main droite dans la main
de M i t h r a 1 ) ; c) dans un encadrement cintre"
on peut distingucr encore deux personnages
(Sol et Mithra) ctendus sur une couchc; de-
v a n t eux une table â trois pieds 2 ). La partie
du registre qui manque peut etre completee
par la scene habituelle sur les monuments ini-
thriaqucs d'Apulum: Mithra tenant les mains
sur la tete de Sol agcnouillc ").

Fig. 3

Sur la moulure qui separe le champ su-


perieur du champ central se trouve l'inscrip-
tion:
D(eo) I(nvicto) M(ithrae). T. Aur(elius)
F(abia tribu) Marcus,
vet(eranus) leg(ionis) XIII G(eminae).
H a u t e u r des lettres: 1,5 cm. Caracteres Fig. 4
de la fin du Il-e siecle.
Le cognomen Marcus se rencontre souvent dans les provinces d'IIlyricum, chcz lcs mili-
taires, aussi bien que chez les civils.
3. Autel en pierre calcaire.

J 8
) Ibid., I, pp. 173, 176. ) Ibid., II, mon. 181, 183, 191, 199; 203 (de
2
) Ibid., II, p. 309 mon. 192. Brucla).

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NOUVEAUX MONUMENTS D'APULUM

H a u t e u r : 63 c m ; largeur â la base: 40 c m ; largeur au milieu: 27 c m ; hauteur du champ


qui porte l'inscription: 35 cm.
L'inscription:

Deo Invicto Mith(rae). T. Aur(elius) Fabia (tribu) Marcus,


vet(eranus) leg(ionis) XIII G(eminae). D(eo)d(onum) d(edit).

H a u t e u r des lettres: 3,5 cm.


Le personnage de cette inscription est le meme que celui de l'inscription precedente.
4. Autel en pierre calcaire. La base est en partie d e t r u i t e ; l'inscription est p o u r t a n t in-
tacte.
H a u t e u r : 60 c m ; largeur au milieu: 24 c m ; hauteur du champ qui porte l'inscription:
36 cm.
L'inscription:
Soli Invicto Mythrae. C. Iulius Marcianus,
signif(er) leg(ionis) XIII G(eminae),
libens posuit.
H a u t e u r des lettres: r. 1 — 2 = 4 c m ;
r. 3 — 4 = 3,5 c m ; r. 5 — 6 = 3 c m ;
r. 7 = 2,5 cm.
Caracteres de la fin du Il-e siecle.
Le cognomen Marcianus est habituel aux
militaires des provinces illyriennes (en Moesie,
en Dacie, etc.)*).
5. Autel en pierre calcaire, en partie detruit.
La partie sup6rieure se distingue du tronc de
l'autel par trois moulures et prend la forme d'un
abaque sur lequel on a grave un fronton, dont les
extr6mites laterales forment des acroteres. Trois
palmettes bordent le fronton au milieu duquel
se trouve une rosette gravee. La base, dont on
voit encore un fragment moulur6, a ete presque
completement d6truite, ainsi qu'une partie du
tronc et du champ qui porte l'inscription. Eig. 5
Dimensions du m o n u m e n t : H a u t e u r : 38 c m ;
largeur de l'abaque: 26 c m ; hauteur du champ avec l'inscription: 20 c m ; largeur du champ
avec l'inscription: 22 cm.
De l'inscription on ne peut distingueur que les lettres suivantes:
njumini
injvicti
ler
. . . viv ?
..p.
H a u t e u r dcs lettres: r. 1 = 3 c m ; r. 2 = 2,5 c m ; r. 3—4 = 2 cm.
x
) CIL. III index.

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VASILK CIIRISTESCU

A cause de lettres detruites il nous est impossible de reconstituer cette inscription. II est
â remarquer que les deux premiers mots nous revelent que cet autel a ete d"6di6 au dieu Mithra,
adore sous le nom d'lnvictus, son a t t r i b u t habituel. En ce qui concerne le dedicant, il
semble quc son nom ait ete ecrit au troisieme rang de l'inscription. Malheureusement, n'en
sont restees que les trois lettres finales L E R , qui peuvent etre interpretees. comme la syllabe
finale du nom [Cp]/er ou du nom [Va?]ler(ius) abrevi£. Dans cette inscription il n'y a que six
lettres par r a n g ; alors, si nous acceptons un de ces deux noms, il restc au 3-e rang un espace
pour unc lettre qui peut etre l'abreviation d'un praenom. II est tout â fait impossible de pre-
ciser un mot au 4-e r a n g ; au 5-e rang la l e t t r e
P , encore visible, est pour P(osuit).
Les cinq monuments ci-dessus ont et6
trouves dans Ie jardin de M. Ioan Oancea,
dont la propriete est situee sur le plateau de la
Cit6 (Cetatea) d'Alba-Iulia. L'archeologue B.
Cserny a montre que la Cite d'Alba-Iulia cor-
respond k l'ancienne ville romaine qui remonte
aux canabae de la X l I I - e legion, tandis que la
partie de la ville actuelle d'Alba-Iulia, qui s'e-
tend pres de Mureş (le faubourg Partoş ou
Maros-Portus) corrcspond â l'antique ville ci-
vile d ' A p u l u m ] ) . La presence de ces monu-
ments, dedies par des veterans et militaircs,
sur l'emplacement dc l'ancienne ville de cana-
bae confirme encore une fois l'opinion de B .
Cserny 2 ). Mais tous ces monuments sont des
dedicaccs au dieu Mithra, et ont ete tous trou-
ves en un meme endroit; nous sommes donc
tentes d'admettre ici, vers la fin du Il-e siecle
et le commenccment du I l l - e , la pr6sence d'un
mithraeum. Des monuments mithriaques prove-
n a n t d'Apulum sont dejâ connus 3 ), mais on
n'a pas encore pu etablir l'emplacement d'un
temple. M. le professeur V. Cucui, qui a explore
Fig. 6 l'endroit ou l'on a trouve les monuments ci-
dessus, m'a ecrit qu'il a constate des traces
de maţonnerie. Nous esperons que des fouilles systematiques eclaircissent ce probleme.
6. Stele funeraire, trouvee au mois de janvicr 1930 dans le faubourg Partoş. La pierre
est rectangulaire 4 ).
H a u t e u r : 2 m ; largeur: 92 c m ; epaisseur: 22 cm.

1
) G. von Finâly, Arch. Anzeiger, 1913, p. 333 et Partoş. IIs ont ete acquis pour la plupart par le musee
V. Christescu, Viaţa economică a Daciei romane, Pi- local.
3
teşti, 1929, p. 85, n. 5. ) Fr. Cumont, op. cit., II, p. 309 et suiv.
2 4
) II est â remarquer que dans les dernieres dix ) La pierre a ete photographiee de bas en liaut e t ,
annees on a trouve beaucoup de monuments pro- pour cette raison, elle paraît avoir dans la photogra-
v e n a n t tant de la Cite (Cetatea), que du faubourg phie une forme trapczoXdale.

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NOUVEAU MOIMUMKNTS D'APULUM

Le champ qui porte I'inscription est borde par deux pilastres decores de grappes de
ruisin et de feuilles de vigne: ils sont couronnes [>ar des chapiteaux qui soutiennent un arc.
II encadre un inedaillon dont le bord est forine jiar des fleurs de laurier. Au milieu on voit
Ie8 bustes de deux personnages b a r b u s : l'un est habille d'un sagum, dont un jian se replie sur
l'epaule gauche, tandis que I'autre n'est vetu que d'une tuni<[ue. Au-dessus de l'arc, ă la partie
sujierieure de la stele, se trouve nn chamj) rectangulaire â reliefs, encadre j>ar une bordure
r-xilhuite (l'attique). On distingue deux genies ailee qui tiennent chacun dans une de leurs
mains une graj)j)e de raisin, tandis que sur l'epaule de l'autre ils soutiennent une guirlande,
sur laquelle est j)os6 un jiaon tourne â gauche. Dans les deux coins formes j>ar l'arc et
fattique sont sculptes deux animaux marins, des dauphins. Au-dessous du medaillon com-
mence le champ <le l'inscription (hautcur 70 c m ; largeur 72 cm). Le travail de cette stele
trahit un produit des ateliers locaux. Les steles â mcdaillon sont assez connues dans la Dacie x ) .
Quoique la stele soit endommagec, l'inscription s'est conservee intacte:
D(is) M(anibus). C. Val(rrius), C. fil(ius), dom(o) Cl(audi) Viruni, Silvanus, vet(e-
ranus) leg(ionis) XIII G(eminae), vix(it) an(nis) LXX. T. Fl(avius) Val(erius) Valens,
mil(es) leg(ionis) XIII G(eminae) patri p(iissimo) p(osuit).
Caracteres du Il-e siecle.
Cette inscription, comme beaucoup d'autres, montre une fois de plus que les veterans
meme quand ils ne s'etablissent pas dans les canabae, ne s'eloignent pourtant pas trop du camp
de leur legion.
C'est le cas du defunt C. Val(erius) Silvanus qui, apres avoir termine son service militaire,
quoiqu'il fut originaire de Noricum (de la ville de Virunum), s'est etabli dans la ville civile
d ' A p u l u m ; d'ailleurs son fils a continue la carriere militaire dans la meme legion oii avait servi
le pere.
VASILE CHRISTESCU
Piteşti, ovril 1930.

*) Gr. Florescu, 1 monumenti funerari romani della nuario della Scuola romena di Roma 1926 — 27,
Dacia Superior» dans Ephemeris dacoromana, An- p. 103.

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40 Dacia III—IV 1927/9.12
UiN JNOUVKL AES GRAVE OLBIEN
Dans Ia collection de M. M. V. Oculici de Cetatea Albă, se trouve un aes grave olbicn
(ju'il avait trouve pcndant la guerrc mondialc parmi dc la vicillc ferraille provenant d'Ot-
chakoff, c'cst-â-dire jjrecisement des environs d'Olbie.
Le nouvel exemplairc (fig. 1), assez bicn conserve x ), a un diametre approx. de 64 mm
et un poids dc 93 gr.; l'cj)aisseur max. au nez est de 7 m m ; le mctal est du cuivre rouge,

Fig. 1

Av. Tete de medusc, de facc, Lcs arcs des sourcils, prononces; les yeux, sans expression;
les levres, rigides. Les cheveux e n t o u r a n t la figurc t o m b e n t en lourdes meches ressemblant
â des rayons. Le relicf de la partie superieure du front cst pcu distinct; il fait rimpression
d'un noeud dc cheveux.

') 1,'etude des monnaics des villes precqucs de la rive gauche du P o n t , mais les c v e n e m e n t s qui sur-
rive gauche du Pont est particulierement difficile vinrent empechcrent la rcalisution de ce projct. Lu
puisqu'aucune publication s y s t h e m a t i q u e de ces m o n - principale bibliogrnphie des diffdrentes etudes sur ces
naies n'existe â l'heure actuelle. Nous attendons cette monnuies se trouve duns l'excellente oeuvre synthe-
publicution depuis longtemps dans la collection Imhoof tique de M. E . TT. Minns, Scylhians and Greeks, Cum-
Blumer, dans laquelle ( T . 1, 1898), B . Pick a con- bridge, 1913, p. 482 sqq. ct pl. I I . — Hn aes ţfrave olbien
sacre u ces monnaies quelques planches excellentes, de t y p e archaîque, trouvc ;i Salsovia, en Scythie
mais trop peu nombreuses e t sans aucun t e x t e . Par mineure, a cte publie par V. Purvun, duns lu revue
la suite, la direction de cette collection avait laisse Dacia, vol. I I , pp. 4 2 0 — 4 2 1 .
au grand Duc Michel Nicolaevitch la tâche d'etudier
ct de publier les monnaies dcs villes grecques de la •

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lirv. Daujihin vcrs Ia d r . ; au-dcssus, un aigle a u x ailcs dejdoyees. L'ailc dr. dc l'aigle a
quatrc jdiinies, l'aile gauche cn a cinq, la qucuc cn a trois. La tete est tournce en arricre.
Au-dcssus, la legende OABIH; au-dessous: @E0, prohablcmcnt Ic nom abregc d'un ma-
gistrat.
Parnii lcs avs gravc d'Olbic connus jusqu'â |>rcscnt, on peut clablir unc e v o l u t i o n . L'exem-
plaire dc Pick, V I I I , 3 = Minns, II, 1 et l'cxemplaire publie j>ar Pârvan ') sont identiqucs.
C'cst le tyj>c lc j»Ius ancien, archalque.
L'exemjdaire dc Pick, V I I I , 4 = Minns, II, 4 , cst lc tyj>c le j>lus reccnt. Lcs y c u x , Ic
nez, les levrcs dc la meduse sont ici plus finement t r a v a i l l c s ; I'cxpression dc la figure, moins
rigidc, d c v i e n t plus douce a v e c I'cbauche d'un sourirc. La chcvclure cst traitcc libremcnt cn
m e c h c s : cinq â gauche, quatrc h d r o i t e ; lcs dcrnicrcs meches r e t o m b c n t en boucles. Derricre
les oreilles, qui sont indiquees, on remarque une torsade de c h e v c u x . E n h a u t du front il
y a un noeud — |>eut-ctre d e u x cpis de ble — a y a n t au-dessus un ornemcnt rond. Sur le col on
rcmarque un collicr de pcrlcs â d c u x r a n g s ; cn h a u t , d i x ; cn bas, neuf. Sur le revers, le d a u -
phin cl l'aigle sont vers la gauchc. L'aiglc a la m c m c position quc 6ur le t y p e archai'ijuc,
a u x ailes d^ployces et â la tctc tournee cn arriere.
Les ailes sont traitees d'une maniere plus d e t a i l l c e ; Ie relicf du bord suj>crieur dc l'ailc
cst plus a c c e n t u e , j>our indiqucr probablement Ies muscles.
L'ailc droitc a six grandcs p l u m e s ; l'ailc gauche enticrement visiblc cn a aussi six et trois
|>ctites prcs du corps. La queue a cinq j d u m e s ; clle couvrc l'aile; c c t t e fautc de j>crspective
s'cxpliquc j>ar Ic fait que lc gravcur a exagcrc lc m o u v e m c n t de I'aigle qui tournc la tete cn
arricrc. En h a u t la Icgcndc OABIJI a les Iettres plus serrees; en bas le nom du magistrat m a n -
q u e ; l'emission est indiquee par Ia letre A.
Notre exemplaire appartient a un t y p e n o u v e a u , intermcdiaire des d e u x ' t y p e s dcjâ
c o n n u s , mais plus j>rochc du tyj>c recent. Tandis que le t y p e archaîque porte une t e t e de me-
duse, le notre et le t y p c j>lus rccent nous m o n t r e n t cette tete de meduse evoluee. Ell© se trans-
formc cn unc tctc qui cst j>n>bablcmcnt ccllc d'unc D c m c t c r 2 ) . Cc fait cst un riSsultat de
l'cvolution dc la v i c socialc et cconomiquc â Olbic, ou l'agriculturc ct Pexportation du hlc
d c v i c n n c n t Ics sourccs j>rincipalcs dc richcsse.

I». Nir.ORESCU

*) V . la note precedente.
2
) Cfr. MinnB, op. cit. p. 484.
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LE CULTE DE CYBELE ET LA PATKKE I)Oli
DU TRESOK DE PETROASA1)

Nous avons acquis, il y a plus de 30 ans, â Constantza, l'antique Tomis, la s t a t u c t t c cn


marbre blanc d'une deessc drapee, assise sur un tr6ne et p o r t a n t dans ses mains des fruits.
Au lieu et place de la tete se trouvait une cavite profonde destin6e â loger le cou.

Fig. 1—2. Cybele de Tomis (en f'nce et en profil)

Nous avons considere des lors cette divinitc commc une forme particuliere d'une Cybele
locale (Fig. 1—2).
Longtemps aprcs, un hasard heureux nous a niis en j^ossession, toujours a Constantza,
d'une tete en marbre blanc qui s'adajitait parfaitement â la cavitc de notrc s t a t u e t t e . II
n'etait pas douteux que cette tete a p p a r t î n t bien â notre m o n u m e n t , car les cheveux de
la deesse se prolongeaient en tresses sur sa poitrine.
Cette tete nous surprit d'abord, car c'etait celle d'unc jcuue fille sans couronnc, qui,
au premier aspect, ne rappelait en rien l'ajjparcnce d'une Cybele.

l
) Communication faite â l'Academie Roumaine, scance du 3 juin 1932.

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»■»-"'''» 1'Kl.YRfcl.l I . UTATfiRI DllR tll Hiiso.l m |-| fim.tvt

Quelquen unnee* plu* tard, noua putm» noo. procurrr. .nujnor. n Oon.tnnt.a. un, dfttf
lcmc toto en marbro, •'■jujunt „UMJ fc „,,irr .utaette ct ,,» r .-n. un« cuuronne mnr„i
Aniri nou8 fiîtne. fixr* tur le earacterc dcfinitif dr notro divinite.
Cetlo Cybelr Inrnle pnrlnit IM
trte jirvrnilr nu printrinp* et la
rrmplnc,iut, prolinlilrmrnt cn nu*
lomnc. pnr In tc.c r„uronti.'o d'unr
Cybcle cla.Aiqne.

Iv4> trfftor Hc Pc.ronsu, qui u rtr


pcndant plu» de 40 ons l'urnrmrnt
de notrc Mua6e d'Antiquit& do Jîu»
carc.l, ct que l'on n mnlltrurcif
fcmenL, pur une impnrdonnable mn>
ladrcste cxil£ en Rustie pcndant
Ja ju.-rr. . n .11 a iuniii- con.ervl
pour i'bistoire de Roumunic un in*
M'-i de premîer ordrc, par sa pn*'
venance et la divcrsitc dc* olijrtj,
FifŢ. 3. IJ, •latuette d'or de PelroaM qu'il conticnt.
Lc fait que nous cn po«c*«
dons uii. cxccilcnte rcproduction gnlvunoplasliquc. noua pcrtnct dc pouvoir cncoro lYtudicr
prcaquc completrment.

Hi. *• i* r ,t * ,T J " f ,,r ,Vlrn


*'*

IS„„. .v..„. cu ta*> A< - > o i . I W » . I " » - - " " * • p i ^ "« P lu. in,pur,.„.»
l>„u» .v»„ r t , a ^.„„„„m,, , c d.ucbr

d.,« trtttt, I. Mi, P ^ J ^ - ţ S U « . « , L * «—J-v«W - i -


unr dr, »»r H»i-" " " «« trone (Hg. 3—*,•• »•■
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t ,.IK. « Atc, u.«lgr« « I . . recuttn :otum. u„c


ronnr. commc ccllc «lo notrc .UlootUU « •" ^ audic uotrc trtW.
CvhMc par Al. Odohosco ct lc* «rudit. «llemand* q ^ w f l u c n c c l j gotluquc* uu protu-
II, M >ont crrtaincmcni troiupcs *ur lw origin ^ ^ ^ ,^ ^ ^ aUo.

gcnnaniquc* qu'ib ont cro rcconnnitrc d«M l« ■< aT 0ux-m«mrt du cnrncterc


L n d s d'nujourdhni <>huehhnrdt) onl fta. |«r " *udro I
d'art autochţonc dc cct ohjct.

Flj. 5. 1* p*aih'<m diHA4«arl1rj reDiiwnU •ur U patrrr.


On %oit au rmiir \'rmp\*c*n\m\ Ae lă Cj\\i\t tnobilr.

Ottr patrrr r.prc«rntr m effet no panlhrnn diiro.rom.tin du lll-r «irc.lr. npret ,!.•(!., dotit
rriuflc Mrra dti plu* hitnt intcrft pour rhiMoirc dtsi croynnce* religiriiac* dra pay» danuliii'ii*
it c*tU fyxxiur. ÎJI M—e centrale, mere des dieux, nccupe tnutr la pnrtir ntiprrieurr> dc IVm-
pirrV, domiiiant dr trc* haut lr« divinifrV ififfriVurc* grouprV» au'dc«4otin d'rllr. On petit con-
-i'l'fr 'H Olyrnpr eomrnr un prrrnirr n< hrminemrnt vrr« lc rnonothci^me.
[r faii «iu» nou» nr j.o««rdoii» plti* r<iriginal dr la patcre nnti* rinpeehr dr ron-tnlrr
matrrirllrrnrot I- m..lolit«\ .rp.udant îniliariiUhle, ilr notrr Cyhfclr UMIIC Mai« dc prrcicuiicf

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i,K cisf.TK iii ivnr.i.F KT I.A rviriti. tvti-i iii l u i - o i i i i i i'nmiKM

photographici, fuitc» «ur r<irigtual pur VI. Oduhr.ro, nota rritifi,r»t rette moblHt*. n*i ••■» y
voit, iudcpendunlea l'unc de i'aulre, la potere (fiy. ;,) ... l n .nmult,- centralc U mubllite
dc cetto statuctto prrmeltait de lu dcplunr cl dr la rempUcer a ccrtainw ("ipoqun», piir unr
nutrc «latucttc autroment cotffee- ct vctuc.
L'oaicmblce circuluirc dc* dicux aux pied* dc la *tattieUo cotnprfind pruboblcmcui IM
priticipules divinitcs autochlouet. de* barbare* qui out peuplc la Uacie avant l'urrivcc dcs
RomainS ot qui out pris pluoc ultcricurcment dan» TOlympc de ccttc e.puque. On y rcconnall
du prcmicr coup, gruce uu griphon eouehc *oiu «es pied», l'Apollon uit lc dleu de I.» lumierc
de* Scythcs. Lcs moindre6 pnrticuiaritls ou uttrihuift de cc* divinitc* mr"rii**nt une i6ricu»te
ctude qui int<*re**c uu plu* huut dcgn', non seulement ct inurtout nntrn bisruire, mai* I archr^o-
lojrio elnssique toute cntierc.

M. C. bOUTZO
Mtmbrt dr rAtadtrm* Haumain*

. v ■

-3WAT»*

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