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K’eskon attend

Grand prix national des jeunes Handisport 2018 9 au 12 Mai, Poitiers

Rencontre d’un vice-champion paralympique Édito


J'ai assisté durant une journée à l'évé-
nement handisport à Poitiers. Je suis
Dans les allées du Grand Prix, on pouvait croiser des arrivée avec mes camarades et on a
stars du handisport. Interview de Sami El Gueddari, vu le parc des expos de Poitiers rempli
de personnes en situation de handi-
vice-champion de natation paralympique à Londres. cap venant de partout en France.
C'est plutôt bien le fait que cet événe-
tions handisports. Il dit que c’est tout
ment soit organisé et qu'on puisse
simplement le règlement qui va changer
ainsi réunir autant de monde sur un
en fonction des handicaps. « Par
Grand Prix comme celui-ci. Je ne sais
exemple, explique-t-il, une personne ne
pas vous mais personnellement, pour
pouvant pas plonger va être directe-
moi qui ne connaît pas vraiment le
ment mise à l’eau. Et la classification
monde que je découvrais ici, cela me
change beaucoup car contrairement à
met de bonne humeur de me dire
une compétition de valides, il y a plu-
qu'avec un handicap, on peut aussi
sieurs catégories dans le même domaine
passer du bon temps et s'amuser mais
sportif ». Pour le reste, les performances
surtout qu'on peut faire du sport. Et
sont étonnantes et le spectacle est to-
©K’eskon attend

dès l'abord, on a trouvé le « climat »


tal !
agréable : on sentait qu'il n'y avait pas
Consultant TV
de critiques ou de discrimination en-
Aujourd’hui Sami EL GUEDDARI est de-
vers quiconque et c'était génial.
venu consultant grâce à France TV qui l’a
J'ai eu l'occasion de discuter avec
contacté en 2015 quand ils ont prévu de

S
beaucoup de sportifs très gentils. Il y
ami EL GUEDDARI est né avec le diffuser les Jeux Olympiques de Rio. Ils
en a en particulier un qui m'a touché
handicap de l’agénésie du tibia. cherchaient un consultant capable de
quand il m'a dit qu'il avait de la
Ce qui ne l'a pas empêché de parler de tous les sports et de tous les
chance que son handicap ne soit pas
commencer la natation dès l’âge types de pathologies. Il travaille à la fé-
aussi grave que celui de beaucoup
de 5 ans avec les bébés nageurs. Ses dération sur un projet de détection mul-
d'autres mais qu'il compatissait avec
parents ne sachant pas nager, ils tisports. Sami est l’un des rares à con-
certains, que souvent il essaie de se
avaient, en effet, pris la décision d’ap- naître l’ensemble des disciplines donc
mettre à la place des autres. Sans
prendre la nage à leurs enfants dès leur c’était la personne la mieux placée pour
doute une bonne façon de com-
plus jeune âge. Et Sami a continué. devenir consultant. Au cours de sa car-
prendre la vie.
Avant ses 19 ans, il ne participait d'ail- rière de consultant, il a pu ainsi com-
Moi qui ne vis pas avec un handicap,
leurs qu’à des compétitions de va- mencer à sensibiliser, à diffuser et à
je pense que ce prix et que cet événe-
lides .Ce n’est qu’à partir de ce moment faire connaître le handisport. Il souhaite-
ment, ce n'est pas rien. L'organisation
qu’il a pu participer à des compétitions rait continuer sa carrière de consultant.
est salutaire. Je trouve que briser les
dans le cadre du handisport. Et là, il s'est Pour lui, c’est une chance de pouvoir
frontières entre les handicapés et les
vraiment consacré à sa discipline, con- faire connaître et démocratiser sa disci-
valides peut permettre à beaucoup de
sentant des efforts énormes ; avant la pline et son mouvement par le biais de
personnes de réaliser qu'en ayant un
compétition des J.O. à Londres, il s’en- la télé. « Je suis heureux de décider de
handicap, on peut tout de même faire
traînait ainsi 22 heures dans l’eau plus 6 la tonalité, de comment traiter l’actuali-
beaucoup choses et ça a été mon cas.
heures de préparation physique, au total té et les informations », précise-t-il.
On s'est bien amusé surtout quand on
28 heures par semaine. Selon lui tous les handicapés ne sont pas
a essayé de participer aux tournois
Sami a participé à deux Jeux Olym- tous malheureux, certains sont nés avec
ouverts aux valides : on a pu s'asseoir
piques. Pour les premiers, à Pékin, il leur handicap, ont appris à vivre avec et
dans un fauteuil roulant et essayer de
était plus là en tant qu’observateur sont très heureux. Mais sans négliger le
jouer au basket et il faut avouer que
qu'en tant que concurrent. Alors qu'à fait que d’autres sont devenus handica-
ce n'était pas si simple que cela, voire
ses deuxièmes Jeux Olympiques, à pés avec un accident ou par une maladie
même très difficile ! Souvent quand
Londres, il était là pour se surpasser et il et certains le vivent très mal. Dans ce
on pratique un sport, ça devient une
a terminé vice-champion de natation cas, le sport peut aussi aider à retrouver
passion voire un métier. Le handisport
dans sa catégorie. Ayant participé aux de la confiance et l'estime de soi. Des
procure donc des passions et... du
deux types de compétition, il a pu expli- événements comme le grand prix de ce
bonheur.
quer quelles différences il y a entre les week-end le montrent.
Stella Ovsepyan
compétitions de valides et les compéti- Maëlys Barbarin et Clarence Taverne
te
La compè
Une discipline à découvrir : le Goalball
Handicap ou pas, un sportif est un sportif qui pra-
tique un sport. Et qui peut se mesurer aux autres
puisque, le grand prix est aussi une compétition.
Parmi les disciplines en compétition, on a pu ainsi
©K’eskon attend

découvrir le Goalball. Nous sommes allés à la ren-


contre de Maxime qui a eu la gentillesse de bien
vouloir nous répondre à la fin de son match.

M
axime Beau a 15 ans et c'est un sportif assez la famille et les entraîneurs car c'est un sport qui nécessite
grand et plutôt baraqué. Depuis 4 ans maintenant, beaucoup de concentration et surtout de silence. Ça dure
il pratique le Goalball. Il a découvert ce sport dans deux périodes de 10 minutes avec, au milieu, une mi-
un centre pour malvoyants en faisant des stages temps de 2 minutes. Après, il y a le droit à deux temps
et, au final, ça lui a plu et il a accepté quand on lui a propo- morts par équipe de 45 secondes. Quand il y a un tir et
sé d'en faire. Suite à cela, il a fait des compétitions. On a pu qu'un défenseur touche la balle, il ont après 10 secondes
constater qu'à la fin de son match, il était essoufflé car il pour relancer la balle.
s'est donné à fond et il était déçu de perdre. Il ne s'entraîne
Mixte chez les jeunes
pas beaucoup car ce n'est pas très facile puisqu'il y a une
grande logistique de préparation au sol et qu'il faut trouver Tous les joueurs ont un handicap visuel plus ou moins élevé
un gymnase. « Cela me brancherait d'en faire mon mé- mais il n'y a pas que des déficients visuels qui peuvent
tier », dit-il. « Dans ce sport, j'aime surtout le travail jouer : d'autres handicaps physiques sont acceptés et tout
d'équipe. » Il s'imagine dans la tête les tracés du ballon le monde met des lunettes de façon à ce que tous soient
mais il arrive surtout à se repérer avec le son. On peut com- dans le noir. Au niveau des jeunes, c'est mixte mais dans
mencer ce sport à l'âge des compétitions nationales adultes, c'est homme ou
qu'on veut. Mais il faut femme.
©K’eskon attend

obligatoirement avoir un C'est aussi mixte pour les


handicap. "J'ai la chance catégories d'âge : on mêle
de quand même voir un tout le monde entre 10 et 16
petit peu puis je me ans et ça peut, du point de
mets un petit peu à la vue du spectateur, donner
place des non-voyants" l'impression que les plus
nous confie-t-il. jeunes sont un peu perdus,
C'est un deux contre ce qui nous a semblé le cas
deux et le but est bien pour un petit garçon de 10
évidemment de mar- ans qui avait de la peine à
quer. C'est un sport de trouver ses marques. Et
ballon qui est pratiqué puis, selon le type de handi-
par des sportifs défi- cap, les sportifs n'ont pas
cients visuels qui décè- tous la même perception de
lent la présence du bal- l'espace. Certains joueurs
lon au bruit des clo- jouent plus que d'autres, ce
chettes que le ballon qui est dommage. Mais, sur
contient. Il fait partie des le Goalball il n'y a pas d'obli-
sports paralympiques Sur le terrain, il y a une zone où on gation de certains nombres de tirs par joueur, donc dans
doit lancer la balle en la faisant rouler avant une ligne au l'équipe, celui qui joue le plus est celui qui tire le plus fort
milieu. Si elle ne roule pas, on l'appelle « la balle qui vole » et le mieux. Souvent à ce niveau-là, il n'y a pas trop
et celui qui fait la faute défend et l'autre tire. Sur le terrain, d'échanges entre les joueurs mais le niveau supérieur joue
il y a des lignes et il faut que le ballon touche le sol avant la avec plus de passes et la discipline montre tout son intérêt.
ligne bleue sinon il y a une faute. Nous avons pu constater Entre concentration extrême et solidarité.
des ramasseurs de balles à chaque extrémité du terrain
mais dans la salle, il n'y avait pas beaucoup de monde, juste Stella Ovsepyan, Thomas Danigo et Noé Jaillot

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te
La compè

La Boccia, un jeu de précision


©K’eskon attend

C'est un sport peu connu. La Boccia était en compétition lors


du Grand prix. Rencontre d'un entraîneur et explication.

O
n pourrait penser que la boccia est un sport récent. Elle dit aussi que, dans son rôle, elle ne rencontre pas
Pourtant il est d'origine gréco-romaine, et aujour- grande difficulté au niveau de l'apprentissage pour ses
d'hui, on peut y jouer y compris avec un "handicap élèves car il y a beaucoup d'aménagement pour chaque
lourd". C'est une discipline que l'on retrouve aux jeux handicap, par exemple un enfant atteint d'une paralysie aux
paralympiques, qui se rapproche de la pétanque. Il existe bras aura pour lui une rampe lui permettant de lancer la
des balles souples, médiums, dures et extra dures qui sont balle et de chercher la précision.
en cuir et que les joueurs choisissent durant la partie avant
Et les Joueurs ?
leur lancer. Le but du jeu est similaire à la pétanque : il faut
Du côté des principaux concerné c'est à dire les joueurs, qui
s'approcher le plus possible d'une balle blanche qui corres-
avaient entre 10 et 13 ans, on trouve beaucoup de motiva-
pond au cochonnet et ça se déroule avec six balles par
tion. Ils nous ont appris que leur entraînement avait lieu
équipe comme une partie de pétanque. C'est adapté pour
une fois par semaine et qu'il consiste à faire des petits
tous les handicaps, fauteuils, mal marchants, déficients vi-
matchs pour s'entraîner avant les tournois. Ils ont choisi
suels, problèmes de latéralisation ou d'équilibre et même
cette discipline car pour eux c'était une découverte à faire.
pour les valides à condition qu'ils utilisent un fauteuil.
Malgré leur handicap ils ne rencontrent pas de gros pro-
Laurence Ranson est l'entraîneur d'une équipe de jeunes
blèmes. La difficulté à surmonter, c'est bien sûr d'apprivoi-
qui pratiquent ce sport. Elle nous explique que lors des en-
ser la précision et de viser juste. Leur premier objectif ?
traînements, elle favorise plus la stratégie (faiblesses des
« remporter la finale, bien sûr », disent-ils en chœur.
joueurs adverses, comment déstabiliser... ) et l'apprentis-
Eva Labille et Laura Hoffmann
sage des règles. Cependant elle n'oublie pas la pratique.

Hand ' histoire


Rencontre avec Bastien Drobhiewski qui est l'un des organisateurs de l'événement. Char-
gé de la coordination générale, en charge du handisport au niveau régional, il nous ra-
©K’eskon attend

conte avec fierté l'histoire du Handisport.

" On a organisé cet événe- La pratique du sport handicapé est apparue après la deu-
ment pour répondre à la xième guerre mondiale avec les « World Wheelchair and
demande des jeunes. " Amputee Games » . C'est le neurochirurgien Ludwig Gutt-
mann qui a mis en place des plans de rééducation. En Angle-
Cet événement propose une multitude d'activités ludiques
et sportives pour les jeunes de 10 à 20 ans. C'est donc ou- terre, les rééducateurs se sont ainsi servis du handisport
pour rééduquer les blessés de guerre. La population a fait,
vert au sport, au handicap et, bien sûr, à la passion. Cela
permet de réunir la France Handisport des jeunes et faire de de cette manière, une première prise de conscience, elle
s'est rendue compte que le sport avait un effet bénéfique et
la détection pour trouver les meilleurs éléments sur 4 jours.
Aujourd'hui, la Fédération Française d'Handisport a réuni positif sur le corps humain. Voyant l'efficacité de cette théo-
rie, les français s'en sont inspirés. Aujourd'hui, la Fédération
plus de 170 athlètes et 200 bénévoles aux arènes de Poitiers
pour un Grand Prix qui est un vrai événement national. essaie de se détacher de l'aspect médical du secteur. Et le
Handisport prend toute sa place au sein du mouvement
« Le handisport a une histoire » sportif. Cléo Marcadal et Ines Aggairi

3
te
La compè

Le tennis de table, version handisport


En compétition, pour ce grand-Prix, le tennis de table, pour un tour-
noi particulier mais passionnant. Petite visite.

D
ans le hall B du parc des exposi- reconnaître et donner le meilleur de
tions de Poitiers, en ce pont de lui-même. Les matchs ont été pensés
l'Ascension, se déroulait un tour- pour que chaque handicapé rencontre
noi de tennis de table un petit un adversaire avec le même niveau de
peu particulier. Des deux côtés de la handicap. Il faut savoir que les règles
table, des sportifs en situation de han- du tennis de table, elles aussi, ont été
dicap, pour des matchs très disputés. modifiées en fonction du handicap des
Venus de tous les horizons, chacun a deux joueurs. Par exemple dans un
fait le déplacement pour cette compé- match en 1 contre 1 en fauteuil, le
tition. L’alignement de nombreuses serveur doit réaliser son service de
tables dans un petit espace donne une manière à ce que la balle sorte par le ©K’eskon attend
première impression de renfermé. Et à fond de la table même après plusieurs
première vue, parfois, aucun signe ne rebonds. en compétition peuvent dire. « Ce
donne d’indication sur le handicap des Impressions tournoi m’a apporté avant tout de la
joueurs puisqu’ils portent un handicap Une fois le regard du spectateur lui joie et de la fierté, » a-t-il ainsi confié.
sensoriel donc non apparent. En conti- aussi adapté, l'intérêt du spectacle est Ce tournoi, au final, avait l’air de tout
nuant dans l’allée centrale, cependant, bien là et on se surprend à vouloir en- ce qu’il y a de plus ordinaire avec des
nous pouvons voir apparaître certaines courager les uns et les autres avec les matchs serrés, un esprit de compéti-
prothèses, fauteuils roulants, des per- familles et les accompagnants. A con- tion mais nous pouvons dire que cha-
sonnes en béquille. naître la tension de la compétition et cun et chacune a passé un excellent
Ce qui est étonnant pour qui ne con- l'espoir de la réussite. moment avec son handicap. Et nous
naît pas le handisport, c'est que tous Un des sportifs, Dany Danmholler, a ne doutons pas que le Dimanche 13
se rencontrent, dans cette diversité bien voulu confier à chaud ses impres- mai, chacun est reparti chez soi avec
dans une compétition suffisamment sions sur le tournoi et ses réponses un souvenir inoubliable de ces 4 jours.
adaptée pour que chacun puisse s'y reflètent bien ce que tous les sportifs Enzo Paquet, Arthur Braguier

Le slalom ou l’esprit d’équipe


Le slalom est une discipline de vitesse et de précision : le but est de réaliser un circuit en un minimum de temps à
l'aide de son fauteuil ou en bipédie, en équipe et par relais. L'occasion de se compléter et de développer un vrai
esprit d'équipe. Une compétition animée pendant le Grand Prix.

C 'est sans doute le moment


où le Hall B a été le plus
bruyant. Le public, nom-
breux, un peu chahuteur s'est
3 essais par manche pour essayer de
faire au mieux.
Slalom signifie zigzaguer. Dans ce cas,
c'est entre les plots, en passant devant
lâché et on a pu entendre des des paniers de tirs pour les personnes
concerts de cris, voir de belles debout. C'est une discipline adaptée à
©K’eskon attend

« ola » sur le bord du terrain. Et tout type de handicap. L'ambiance en


c'est en même temps une disci- général est bonne, il y a beaucoup de
pline très intéressante pour ses respect entre les régions, chacun son
effets sur le corps : on y déve- handicap et tout le monde discute avec
loppe la maîtrise du mode de tout le monde. Il n'y a pas de "guerre"
déplacement, la mémorisation et les encouragements vont à tout le
et la fonction cardio-vasculaire monde. Un participant nous dit : "C'est
et respiratoire. Comme pour à vivre au moins une fois dans sa vie".
chaque jeu, il y a des règles à Ce qui montre que cette épreuve a
respecter. Composé de deux quelque chose de particulier, sans
manches( vitesse et précision), il doute dû au relais qui crée ce senti-
exige que le participant exécute ment d'équipe qui pousse à se surpas-
un parcours d'une soixantaine ser.
de mètres. Chaque participant a Stella Ovsepyan

©K’eskon attend 4
L’orga’

Dans les coulisses . . .


Dans les coulisses de cet événement spécial, nous retrouvons exactement le même esprit que dans les
coulisses d’un spectacle : une organisation parfaite, des participants motivés et un esprit d’équipe infail-
lible. Rencontre de Marc Bonnin, scout, chargé en particulier de la restauration.

M
arc Bonnin, c'est le
« scoutisme dans la peau ».
Marc est aujourd’hui direc-
teur de l’animation dans
l’association Scouts Entente, associa-
tion de Vouillé, dans la Vienne. Mais
ce n’est pas d’aujourd’hui que Marc
fait partie de ce mouvement, le scou-
tisme. Il l’a dans la peau depuis l’âge
de ses douze ans ! Ce sont ses parents
qui l’ont incité à faire partie de ce
genre d’organisation et depuis, il n’a
jamais arrêté : du statut de participant
à celui de responsable, alors qu’il fai-
sait ses études, il en est finalement
arrivé à faire de l’animation.
Et il raconte volontiers l'histoire des
scouts. « Les scouts sont un mouve-
ment mondial qui a débuté en 1907 »,
nous apprend-il. « Son fondateur est
©K’eskon attend
anglais : Robert Baden Powel. Ce mili-
taire anglais a décidé, avec seulement
quelques jeunes au départ, de partir Scouts Entente à Handisport Universitaires et Scolaires) puis appor-
en camps et de donner des responsa- tés sur le Parc des Expositions. Ils sont
Marc Bonnin affirme que c’est la pre-
bilités à tous les participants. C’est de ensuite stockés dans des étuves jus-
mière fois que Scouts Entente parti-
cette manière, de cette simple idée, qu’à l’heure du repas.
cipe à ce genre d’événement : « c’est
qu’est né le scoutisme. Aujourd’hui Une équipe de jeunes scouts et
un très bon exemple de prise de res-
plusieurs millions de jeunes partici- l’équipe de cuisiniers présente se
ponsabilités pour les jeunes scouts ».
pent à ces activités autour de diffé- chargent alors de confectionner les
Leur rôle ici, c'est d'aider à la restaura-
rents thèmes : la nature, les jeux, la plateaux et de mettre le couvert. Une
tion. Les jeunes ont pour devoir de
vie en équipe et l’apprentissage de la fois l’heure du repas arrivée, ils vont
servir les plateaux repas aux partici-
prise de responsabilités. » Et c'est la servir les sportifs participants. Ce jour-
pants de Handisport. Les repas sont
raison pour laquelle, ils se retrouvent là, c'était Joue de bœuf et légumes.
fabriqués à la cuisine centrale du
dans organisation d'un Grand Prix Bon appétit !
CROUS (Centre National des Oeuvres
comme celui de ce week-end. Interview : Elen G. Rédaction : Lilly S.

Les anges gardiens du Grand Prix


Avec 28 délégations présentes, il y avait les médecins et les kinésithérapeutes. Nous avons fait la rencontre d'un
médecin et d'un kinésithérapeute pour savoir comment ils fonctionnent et ce qui les motive à participer.

I l fallait pour un tel événement, un staff kiné. On a fait


appel à un kiné et un médecin ainsi qu'à deux béné-
voles en 1ère année de kiné qui n'ont pas hésité à par-
ticiper à l'événement. Pour gérer le Grand Prix, des locaux
chaque participant avec, à l'intérieur, sa situation et tout
ce qu'il est nécessaire de savoir à son sujet. Durant cette
manifestation, ils interviennent principalement pour des
douleurs musculaires, des entorses, des malaises, des vo-
ont été fournis pour l'équipe des urgences et une liste de missements ainsi que pour tout ce qui n'est pas souci spor-
matériel a été créée pour les potentielles interventions tif également. Au final, on peut dire que se sont les anges
pour les cas les plus optimistes comme pour les cas les plus gardiens des sportifs.
pessimistes. L'équipe possède un dossier médical pour Laura Hoffmann, Eva Labille et Stella Ovsepyan

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L’orga’

Indispensables, les scouts !


Les scouts couvrent de plus en plus les grands événements dont le Grand
Prix des Jeunes Handisport où ils sont présents pour la première fois. Le
scoutisme est un mouvement d'éducation de la jeunesse, il consiste à aider
les jeunes à prendre des responsabilités et à devenir des citoyens du
monde. Il avait donc tout à fait sa place au cœur de cet événement. Ren-
contre avec Étienne Vigour, du mouvement des Éclaireurs de France.

scouts. Ils sont là tous les jours, mais fiance en soi, des amis et surtout une
c'est la première fois qu'ils couvrent ce famille. Malgré tout, il y a quelques in-
genre d’événement. Ils ont pu installer convénients, principalement le fait que,
un camp sur une pelouse de la caserne quand on s'engage, on le fait complète-
des pompiers. ment et tous les jours. Il dit aussi cette
phrase : ''quand on tend la main, il ar-
« Je rêvai d'aller sur la Tour Eiffel »
rive qu'on t'arrache le bras''. Il faut donc
Étienne Vigour, 36 ans, est scout depuis savoir dire non et ce n'est pas tout le
ses 8 ans. Son parcours nous permet de temps facile. Il faut certes s’invertir
©K’eskon attend
savoir qui sont ces jeunes. Il témoigne dans les scouts mais pas pour autant
Une première de son expérience. Il dit avoir commen- délaisser ce qu'on a autour.
cé le scoutisme grâce à son rêve d'en-
Sur le Grand Prix, 60 scouts sont pré- Religion
fant : « aller sur la Tour Eiffel ». En effet,
sents appartenant à 4 structures diffé- certains de ses cousins étaient scouts D'après ce qu'on pourrait croire, le
rences : Les Eclaireuses et Eclaireurs de de France et, un jour, alors qu'il était scoutisme n'a pas obligatoirement de
France, Les Scouts Entente, Les Couts et chez eux, il tomba sur l'une de leurs lien avec les religions. D'ailleurs les pre-
Guides de France et les Eclaireurs Unio- revues de scouts. Il put y lire le voyage miers scouts créés en France, Les Éclai-
nistes. Pour cet événement, les scouts de quelques scouts sur la Tour Eiffel. Il reurs de France, sont laïques. Après,
ont un rôle polyvalent, ils sont aussi ne lui en fallut pas plus pour franchir le bien sûr, sont arrivés les scouts catho-
bien à la gestion de la nourriture, pas : devenir scout était peut-être un liques, juifs, musulmans et même de
qu'aux activités comme ramasseurs de moyen d'accomplir son rêve ! plus en plus de scouts bouddhistes.
balles. Les scouts ont entre 11 et 21 ans
hors accompagnateurs, afin de favoriser Ce choix lui apporta de nombreuses On peut donc devenir scouts même si
l'entente entre les jeunes handicapés, choses dont le sens de l'engagement et on appartient à aucune religion
qui ont le même âge, et les jeunes des responsabilités mais aussi de la con-
Maëla Bergonnier, Melissa Verdin

Dix minutes en fauteuil


A l'occasion du grand Prix handisport, possibilité était offerte à
tous, valides ou non, de tester le sport en fauteuil roulant. Le temps
de deux tournois : le rubyfauteuil et le basketfauteuil. Laura a testé

«
pour nous. L'un et l'autre, avec un vrai plaisir !
Dès que je me suis assise dans le fauteuil, je suis En conclu-
sentie à l'aise dedans, ce qui m'a étonné. J'ai été sion, j'ai ado-
©K’eskon attend

surprise par la maniabilité de l'engin : on prend le ré les ateliers


coup de mains très vite. Les règles des deux sports sont très mais j'espère
simples et pratiques, contrairement au basket et rugby clas- quand même
siques. Pour l'un, on ne dribble que si on conserve la balle que ce sera la
plus de dix secondes, pour l'autre, il faut transporter la balle dernière fois
jusqu'à la ligne adverse. Le tout, c'est de se déplacer vite et que je serai dans un fauteuil roulant, car je ne sais pas si je
avec précision. Durant les matchs, je n'ai pas eu de problème supporterais d’être assise au quotidien. "
pour diriger les fauteuils ; au contraire, c'est comme si j'avais
toujours su en faire. Laura Hoffmann

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L’orga’
Accompagnant, un rôle important !
Qu’est-ce qu’un accompagnant et quel est son rôle ? Lors de la rencontre
handisports à Poitiers, nous nous sommes posé cette question et avons
interrogé Marc Boussaroque, accompagnant et kinésithérapeute.

P
our Marc Boussa- de pratiquer leur sport favori, car pratiquer un sport avec

©K’eskon attend
roque, le métier des règles « classiques » peut rapidement s’avérer compli-
d’accompagnant qué pour certains handicapés. Il faut adapter le jeu tout en
n’était pas une voca- essayant de conserver un maximum de points communs
tion, mais lorsque l’oc- avec le sport de base : « Par exemple, si le gamin ne peut pas
casion s’est présentée, faire de volley parce que son temps de réaction est trop lent
il n’a pas hésité un seul instant. Étant déjà kinésithérapeute, et donc la balle tombe, ou que le filet est trop haut et qu’il
Marc confie que la kinésithérapie « est un métier social, où n’y arrive pas, dans ce cas, on va abaisser le filet et le faire
l’on est très en relation avec ses clients, même ceux qui ne jouer avec un ballon de baudruche qui fait des trajectoires
sont pas handicapés, on est dans l’intimité de ses patients et plus lentes », explique Marc pour faire comprendre l'esprit
on est donc obligé d’être proche des gens et de les accompa- de l’adaptation. Évidemment, ce n’est qu’un exemple, mais
gner dans leurs projets. Pour ces raisons, jouer le rôle d’ac- c’est pour montrer un peu ce qu’on peut faire.
compagnant d'un sportif handicapé n'est pas contradictoire Un métier pluridisciplinaire
avec le métier de kiné, au contraire même. »
Marc exerce le métier d’accompagnant kinésithérapeute,
Le sport, un mode de rééducation mais il joue aussi plein d’autres rôles, comme professeur de
Le sport n’est pas qu’un moyen de bouger et de rester en sport ou bien ergothérapeute, pour n’en citer que deux ?
bonne santé, mentalement et physiquement, mais il peut Comme quoi, peu importe sa profession de base, quand on
aussi servir de moyen de rééducation. En effet, le sport est entre dans la monde du handisport, il faut se montrer poly-
un moyen comme un autre d’apprendre aux gens à se servir valent et on trouve toujours à remplir un rôle important.
de leur corps. Néanmoins, avec les handicaps de certains Alban Decourt-Mesa et Yaël Froger
sportifs, il faut redoubler d’ingéniosité pour leur permettre

Le vol pour tous !


Côté animation, pour ce Grand Prix National des Jeunes Han-
disport, on ne manquait pas d'ambition. En effet, Pierre Chate-
nay, bénévole chez CGOA, le club Grand Ouset Aviation de la
Rochelle, proposait à tous le grand frisson via un simulateur de
vol. Sensation garantie !
©K’eskon attend

exactement identiques à ceux chiffres : la position, la direction, la


de la ville : on voit à l’intérieur vitesse, l'altitude. « Après, c'est la pas-
comme si on était dans un vrai sion, » confie Pierre Chateney,
avion. L'avion a été programmé « quand on est dans l'aviation, qu'on a
pour se diriger en direction de commencé de piloter, on veut tou-

S
ur une journée, c'est environ une Poitiers. jours y retourner. »
trentaine de personnes qu'il pou- Le jeu consiste à maîtriser les gestes. Malheureusement, il n'y a pas assez de
vait accueillir sur son activité. L’œil regarde dehors pour que la main places de pilotes pour toutes les de-
Pour un vol comme si on y était ! Le commande. Il faut faire des gestes mandes. Malgré tout, on peut devenir
système de simulation de vol a été, en tout fins tout petits, plus le geste sera hôtesse de l'air, mécanicien, préparer
effet, crée à partir de vrais dispositifs fin, plus ça sera facile. Le simulateur les plans de vol...pas militaires mais
de pilotage. Les manettes sont les de vol est adapté pour un profession- civils. 1200 pilotes sont demandés en
mêmes que celles d'un avion et c’est la nel comme pour un débutant. Le pi- Chine mais il faut un certaine forma-
même façon de piloter. Durant la si- lote qui ne pilote pas pour de vrai, il tion pour pouvoir répondre à ces
mulation que nous avons testée, s’entraîne quand même avec un simu- questions. Alors, des vocations ?
l'avion a atterri sur la piste de Poitiers. lateur même à la retraite toute l'an-
Pauline Noiret,
On reproduit la réalité, l'avion descend née. Pour être pilote, il faut aimer les
Fofana Danlloba
seul naturellement. Les décors sont maths car 98% du travail est avec les

7
18 mois de préparation
Journalistes : Inès
Aggairi, Sarah Aggai-
ri, Maxime Ait-
Amara, Maëlys
Barbarin, Maëla
Bergonnier, Hugo
Blanchet, Arthur
Braguier, Thomas
Danigo, Camille
Davignon, Alban
Decourt-Mesa,
Chloé Dubreuil, Didier Briault est vice
Danlloba Fofana, président du comité
Yaël Froger, Elen départemental handis-
Gasparyan, Maxine port. Il a participé acti-
Gillard, Laura Hoff- vement à la prépara-
mann, Noé Jaillot, tion de ce Grand Prix
Eva L abille, Mathieu National et en révèle
Ledoux, Cléo Marca-
l'esprit et l'organisa-
dal, Thomas Moreira
tion. Rencontre.
Da Silva, Pauline
Noiret, Stella Ovse-

I
pian, Enzo Paquet,
l a été président du comité régional Poitou passent un bon moment dans la joie, les rires et
Pauline Poupeau,
Charentes, puis vice président de la Nou- la bonne humeur ! Et il est intarissable sur le
Lilly Schneider, Cla-
velle-Aquitaine. Il a été pendant 4 ans bienfait du sport sur les handicapés. « Faire du
rence Taverne,
membre du comité de la fédération fran- sport leur apporte une motivation, c'est un
Mélissa Verdin et
çaise de handisport et aujourd'hui, il est au co- moyen pour eux de se dépenser, cela leur fait
Louka Jouneau.
mité d'organisation du Grand Prix National des plaisir et ils sont fiers d'eux quand ils y arri-
Jeunes accueilli à Poitiers, au Parc des Exposi- vent, » dit-il.
Photos ©K’eskon
tions en ce week-end de l'Ascension. Pour cet Sachant que lui aussi est handicapé, il sait ce
attend Mai 2018.
événement, il a fallu 18 mois de préparation , que ressent une personne non-valide et fait
Imprimé à 300 d'organisation, de commissions et de recherche tout pour les aider. Il sait ce que veut dire le
exemplaires de sponsors. Son implication dans le projet est rejet ou encore le fait de ne pas pouvoir accéder
"entière et totale". Et il nous explique ce qu'il à tous les sports. Il a donc décidé de tout faire
entend par là : « Il faut être excellent sur la con- pour que chacun trouve sa voie.
ISSN : 2107-5190 ception du projet mais il faut être encore meil- Il ne dit pas : "Tiens, toi tu
Collège René Des- leur sur les deux jours et demi de l'événement." as tel handicap, tu dois
cartes, 98 bd Blossac, C'est dire s'il regarde aujourd'hui avec satisfac- faire ça". Non, il essaie, à
86 106 Châtellerault. tion la compétition qui se déroule sous ses yeux chaque fois, de trouver
Directeurs de publi- et le fait que rien ne semble clocher dans l’orga- de nouvelles options
cation : Jacques nisation. pour chaque nouvelle
Une fois cette manifestation terminée, il se con- personne rencontrée.
Arfeuillère et
centrera principalement sur les Championnats Le plus difficile pour lui,
Séverine Lenhard
de France et aimerait organiser une nouvelle c'est de convaincre de
édition de l'événement qui a lieu tous les 2 ans. nouvelles personnes
Une grosse organisation quand on sait que ce en situation de handi-
Grand Prix réunit 34 délégations, 200 jeunes, cap car la plupart ne
qu'on y sert 1100 repas par jour, qu'on accueille veulent pas sortir ou
nd
©K’eskon atte

des équipes venues de toute la France qu'il faut ils ont peur etc... Il
héberger, transporter, soigner, encadrer... insiste donc bien sur
le fait que ne ce ne
"Faire du sport leur apporte une motivation "
sont pas les clubs qui manquent ni les
Didier Briault est ravi d'organiser cet événement associations. Et le Grand Prix est là, aussi, pour
©K’eskon attend

pour les handicapés car cela leur permet de sor- ça.


tir, de ne pas rester isolés et être avec leurs amis
ou des personnes elles aussi handicapées. Ils Eva Labille et Laura Hoffmann

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