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53° année — N° 5 MAI 1998 Zz Zz BULLETIN DE LA SOCIETE FRANCAISE DE NUMISMATIQUE Bibliotheque nationale de France 58 rue de Richelieu, 75002 Paris — 01 47 03 83 44 ISSN 0037-9344 ETUDES ET TRAVAUX SAWAYA (Z.) — Cronos, Astarté : deux légendes phéniciennes inédites sur des monnaies de Byblos (ler sicle av. J.-C.). (1) A notre connaissance, la pratique d'identifier par une Iégende le type figurant au revers des monnaies ne se rencontre généralement pas dans le monnayage grec. En ce qui concemne la Phénicie, les seules exceptions connues datent du Ile siécle ap. |. -C Ainsi, on retrouve a Sidon la légende Dido (Elagabale) (2), tandis que les monnaies de Tyr nous offrent les légendes Pygmalion (Gordien II!) (3), Kadmos (Philippe, Gallien) (4), Europe (Valérien) (5) et Oceanos (Valérien) (6). Dans ce méme contexte, deux nouvelles exceptions, attestées sur des monnaies émi- sent a Byblos durant le ler siécle avant notre ére, viennent s’y ajouter. Le type de Cronos phénicien se rencontre en Phénicie, uniquement sur le revers des monnaies en bronze de Byblos. II apparait sous Antiochos IV et reste en usage jus- qu’au régne d’Auguste. Le nombre de monnaies a ce type que j’ai pu consulter s’éléve 4 130. Elles sont réparties de la maniére suivante : a) Monnaies de |’6poque séleucide : Antiochos IV (21 exemplaires) (7), Antiochos 1. Jeremercie D. Gerin et M. Amandry pour les améliorations apportées au texte ainsi que pour la permission de publier ces monnaies. 2. Légende latine : E. BABELON, Catalogue des monnaies grecques de la Biblitoheque Nationale. Les Perses Achéménides, les satrapes et les dynastes tributaires de leur Empire : Cypre et Phénicie, Paris, 1893, n° 1805 (ci-dessous Perses Achém,) ;J. ROUVIER, « Numismatique des villes de la Phénicie : Sidon », JIAN, 5, 1902, n° 1537 ; G. F. HILL, A catalogue of the Greek coins in the British Museum. Catalogue ot the Greek coins of Phoenicia, Londres, 1910, n° 263 (ci- dessous BMC Phoenicia) et Sylloge Nummorum Graecorum, the Royal Collection of Coins and Medals, Danish National Museum : Phoenicia, Copenhague, 1961, n° 262. 3. Légende phénicienne : M. ROBINSON, « Phoenician Inscriptions on the Late Roman Bronze Coinage of Tyre, Part 1-A coin depicting Pygmalion », The Numismatic Circular, juillet 1997, P. 199-201 et E. BABELON, Perses Achém., n° 2267 (traces de lettres phéniciennes non men. tionnées par lui) 4. Légende grecque : E. BABELON, Perses Achém,, n° 2281 (Philippe le Pare) et BMC Phoenicia n° 488 (Gallien). 5. Légende grecque : J. ROUVIER, « Numismatique des villes de la Phénicie : Tyr », JIAN, 7, 1904, n? 2507 et BMC Phoenicia 468. Légende grecque : BMC Phoenicia 464. J. ROUVIER, « Numismatique des villes de la Phénicie : Botrys, Gébal-Byblos, Césarée du Liban-Arca, Carné », JAN, 4, 1901, n° 651-2. NO aor V 6 exemplaires) (8), Alexandre | Bala (6 exemplaires) (9), Tryphon (5 exemplaires) (10), Antiochos VII (1 exemplaire) (11) et roi incertain (1 exemplaire) (12). b) Monnaies autonomes datées selon l’ere séleucide (13) :an 211 (= 102/1 ;2 exem- Plaires) (14), an 215 (= 98/7, 4 exemplaires) (15), an 218 (= 95/4, 4 exemplaires) (16), an 230 (= 83/2, 2 exemplaires) (17), an 231 (= 82/1, 7 exemplaires) (18) et an 232 (= 81/0, 1 exemplaire) (19). ©) Monnaies autonomes datées de I’ére pompéienne (20) : an 4 (= 61/60 ou 60/59, 3 exemplaires) (21), an 15 (50/49 ou 49/48, 5 exemplaires) (22), an 20 (45/44 ou 44/43, 3 exemplaires) (23), an 25 (40/39 ou 39/38, 3 exemplaires) (24), an 26 (39/38 ou 38/37, 2 exemplaires) (25). d) Monnaies autonomes avec date incertaine : 5 exemplaires. €) Monnaies autonomes sans date : 37 exemplaires (26). f) Monnaies au nom d’Auguste : 13 exemplaires (27). Au droit des monnaies de |’époque séleucide figure l’elfigie royale. Au revers, Cronos est associé deux légendes bilingues. La premiére, grecque, indique le nom du roi sous I’autorité duquel les monnaies sont émises (BAZLAEQE ANTIOXOY, AAEEANAPOY et BACIAE@C TPY®@NOC). La deuxiéme, en caractéres phéniciens, reproduit le nom de la cité #Y9S £IAL (LGBL QDEN) signifiant « a Gébal la Sainte ». Sur les émissions autonomes, la téte du roi est remplacée par le buste de Tyché. Des deux légendes, seule la légende phénicienne est retenue, mais elle est associée A une date en lettres numérales grecques sur les monnaies datées, et au monogramme de Byblos (8) sur les monnaies sans date (28). Toutefois il convient de signaler que, sur les auto- 8. Ibid, n° 653. 9. Ibid, n? 654-5. Les exemplaires d’Alexandre | Baba portent au droit la date BEP (an 162 = 151/0). 10. Banque du Liban (N. Tabet) 274 11. J. ROUVIER, loc. cit,, IAN, 4, n° 657. 12. H, C. LINDGREN, Lindgren ill: Ancient Greek coins from the Lindgren Collection, Berkley, 1993, n° 1095. - Sur les monnaies datées de cette ere, de I’an 211 (= 102/1) jusqu’a 'an 231 (= 82/1), voir: H, SEYRIG, « Eres pompéiennes des villes de Phénicie », Antiquités Syriennes, V, 1958, P. 92, note 2 (= Syria, XXXI, 1954, p. 73). Pour l'exemplaire daté 232 (= 81/0), voir: G. LE RIDER et H. SEYRIG, « Objets de la collection Louis De Clercq, donnés en 1967 au Cabinet des Médailles de la Bibliotheque nationale par le comte et la comtesse Henri de Boisgelin », RN, 1968, p. 18, n° 339 (ci-dessous De Clercq). 14. J. ROUVIER, loc. cit,, JAN, 4, n° 658 15. Ibid., n° 659. 16. Ibid., n° 660. 17. Ibid., n° 661. 18. Ibid, n° 662. 19. De Clercq, n? 339. 20. Sur les monnaies datées de cette ére, voir : H. SEYRIG, loc. cit, p. 92-4 21. De Clercq, n° 341. 22. J. ROUVIER, loc. cit, JJAN, 4, n° 671. 23. Ibid., n° 672. 24. Ibid., n° 673. 25. De Clercq, n° 342. 26. J. ROUVIER, loc. cit,, JAN, 4, n° 665-6. 27. Ibid., n° 678. 28. Ce monogramme figure aussi sur quelques monnaies datées an 218 (BnF Y. 28597,19). og nomes sans date, la légende phénicienne est parfois raccourcie £94 (LGBL « & Géhbal ») (29). Sous le régne d’Auguste on continue & reproduire la légende LGBL QDST et le mono- gramme de Byblos. Mais le droit est réservé a son effigie et a sa titulature en grec (ZEBAZTOS KAIZAP). Dans un passage d’Eusébe, Cronos est décrit ayant quatre yeux, quatre ailes au dos, dont deux éployées et deux abaissées, et deux ailes supplémentaires sur la tte (30). La description du type rencontré généralement sur les monnaies est la suivante : Cronos phénicien nu, debout a gauche, tenant un sceptre de la main droite. La téte est coif- iée d’un ornement a quatre ramifications. Il est muni de six ailes, dont quatre éployées et deux abaissées. |! est parfois vétu d’un pagne, tandis que sa coiffe est représentée sous plusieurs formes : deux rameaux ou plumes, coiffe a cornes, long bonnet, cha- peau pointu, calathos, couronne tourelée, etc. (31). Malgré ces variantes, I’identité du dieu n’a jamais été mise en cause. Un nouveau document vient étayer cette identification. II s’agit d’une monnaie don- née au Cabinet des médailles de la Bibliothéque nationale de France par H. Seyrig, datée de I’an 218 des Séleucides qui tombe en 95/4. Elle est inventoriée sous le numéro Y. 28597,19 (6,95 g ; 21 mm ; 12 h) (fig. 1) : Fig, 1 D/Buste de Tyché voilée a droite. R/ Cronos phénicien ; LGBL QDST (a gauche, de haut en bas), LH-IE (en haut), 8 (dans le champ a gauche, en bas) Fig. 1 (agrandissement) 29. E. BABELON, Perses Achém., n° 1380 (= De Luynes n° 3157). 30. Eustbe de Césarée, La préparation évangélique, Livre |, 10, 36/7 (Editions du Cerf, Patis, 1974, p. 201). 31. Sur le type de Cronos, voir : F.C. MOVERS, Die Phoenizer, |, 1841, p. 287-8 ; A. JUDAS, « Sur diverses médailles de l'Afrique septentrionale avec des légendes puniques », RN, 1856, p. 395 ; E. ASSMANN, « Der Phénicische Kronos mit Mauerkrone auf Munzen von Byblos », JIAN, 8, 1905, p. 249-50 ; E. BABELON, Catalogue des monnaies grecques de la Bibliotheque Nationale. Les rois de Syrie, d’Arménie et de Commagéne, 1890, p. CVIIL-CIX ; BMC Phoenicia, p. Ixili-liv ; B. V. HEAD, Historia Numorum, 1911, p. 791 et les notes de Seyrig conservées au Cabinet des médailles de la Bibliotheque nationale de France. =o A premiere vue, cet exemplaire parait semblable aux quatre autres portant laméme date. Mais en examinant minutieusement le champ a droite, en bas, cinq lettres phé- niciennes attirent l'attention (de la cinquiéme, il ne subsiste que la barre verticale). Seyrig ne les mentionne dans aucune de ses publications. Elles n’apparaissent pas non plus sur I’étiquette d’inventaire annotée de sa main, ni dans ses notes conservées au Cabinet des médailles. Ces lettres sont trés claires et sont lues de haut en bas : AA YAY (KRNA|..]). Nous sommes donc, sans aucun doute, devant le nom de Cronos. Ii convient de signaler que c'est probablement le seul temoignage du nom du dieu en caractéres phéniciens (32). Sur des monnaies de Byblos du ler siécle avant notre ére, nous retrouvons aussi la représentation d’une figure féminine debout tenant un sceptre. Elle est attestée sur 33 exemplaires que jai pu consulter, répartis sur deux séries : 1) Premifre série : figure féminine / coiffe d’Isis (14 exemplaires) (fig. 2) (33). Fig. 2 2) Deuxiame série : buste de Tyché / figure feminine (19 exemplaires).. Le type est décrit ainsi : Figure féminine debout & gauche, coiffée de l’ornement de la téte d'Isis ; les che- veux retombant sur la nuque ; vétue d’un long peplos ; elle éléve et étend la main droite ; de sa gauche, elle s’appuie sur un sceptre terminé en crosse (par un pommeau ou en lotus) a sa partie supérieure ; a ses pieds, devant elle, un murex. Cette figure est généralement identifiée a Astarté ou a Baalat Gébal (34). Etant donné qu'elle est coiffée de la couronne d'Isis, comme Baalat Gébal sur la stéle de Jehawmelek, Hill propose de I’'appeler Isis-Astarté (35). Les monnaies de la premiére série ne sont pas datées et portent au revers la légende EICIC ou EICCIC (36). Celles de la deuxiéme série sont inscrites au revers LGBL QDST ‘ou simplement LGBL et sont parfois datées (11 exemplaires sans date (37) ; 8 exem- plaires avec date). Les dates sont comptées selon I’ére de Pompée : an 2 (63/62 ou 62/61, 2 exemplaires) (38), an 8 (57/56 ou 56/55, 3 exemplaires) (39), an 10 (55/54 ou 54/53, 1 exemplaire) (40), an 15 (50/49 ou 49/48, 1 exemplaire) (41) et an 25 (40/39 ou 39/38, 1 exemplaire) (42). 32. En effet, il n’est pas mentionné dans Vouvrage de Benz (F. L. BENZ, Personal names in the Phoenician and Punic inscriptions. A catalogue, grammatical study and glossary of elements, Rome, 1972). 33. Exemplaire illustré fig. 2 : 2,09 g ; 15,20 mm ; 12 h ; Bnf, Y. 28597,20 34, J. ROUVIER, loc. cit, JIAN, 4, pp. 1-34. 35. BMC Phoenicia, p. Ixiv (cf. CIS, i, pl. 1) 36. BMC Phoenicia, n° 14-15. 37. J. ROUVIER, loc. cit., JAN, 4, n° 666. 38. ANS Newell 1944.100.70823-4 (Rouvier). 39. J. ROUVIER, loc. cit, JIAN, 4, n° 674. 40. BnF 1968 / 129. 41. F. IMHOOF-BLUMER, Monnaies grecques, 1883, p. 443, n° 22a (collection G. Sclumberger). 42. ANS Newell (2,98 g, 14,50 mm, 12 h). =96= Au contraire des monnaies de la premiére série, celles de la deuxidme offrent quelques lettres ou symboles inhabituels. En effet, Imhoof-Blumer est le premier a signaler une « légende ou date phénicienne » dans le champ, a droite, d'un exemplaire sans date de la deuxiéme série, conservé au Cabinet de France (43). II lit également les lettres 77 (NS), placées a droite, sur un autre exemplaire daté de l’an 15, de la méme série, appartenant a la collection G. Schlumberger (44). De son cété, E. Babelon reprend le premier exemplaire et parle de « légende illi- sible », dans laquelle il pense distinguer les lettres ¥ V¥tI™ (YTOSM), a l’endroit signalé par Imhoof-Blumer (45) (fig. 3). Fig. 3 Fig. 3 (agrandissement) Dans ses notes, Henri Seyrig mentionne l’exemplaire de Babelon sans commenter les lettres phéniciennes. II décrit deux monnaies datées de |’an 10 et portant au revers, dans le champ a droite, six symboles : AS / AA /E7. ‘Ces monnaies appartiennent & a collection Ziyadé (46) et a la collection Chiha (47). Sur le revers de cette derniére, il lit aussi AY%°¥ (NCSNT ou N°MNT, a gauche, de haut en bas). Sur un autre exemplaire ayant appartenu a Seyrig (48) (fig. 4), on distingue aisément, dans le champ a droite, la date et les six symboles attestés par lui au revers des exem- plaires de Ziyadé et de Chiha. Pourtant, il ne les mentionne, ni dans ses notes, ni sur Vétiquette de la monnaie. A gauche, de haut en bas, on lit également sans difficulté la légende [LG]BL QDST. II convient donc de rectifier la Iégende que Seyrig a lue, & gauche, sur 'exemplaire de Chiha. Fig. 4 43, F. IMHOOF-BLUMER, op. cit, p. 443, n° 21. 44, F. IMHOOF-BLUMER, op. cit,, p. 443, n° 22a. 45. E. BABELON, Perses Achém., 1893, n° 1373 (4,09 g; 18mm ; 12h). 46. 3,30 g ; 15 mm (Beyrouth). 47. 3,73 g ; 15 mm; 12 h (Beyrouth). 48. 3,29 g ; 15 mm ; 12h (BnF 1968 / 129) =o En examinant l'exemplaire décrit par E. Babelon, jai essayé vainement de déchif- frer les cing lettres qu’il a lues, aucune d’entre elles n’étant complete. En effet, a leur emplacement, le flan est trés irrégulier et granuleux et je n'ai pu y lire que *)V.14 Par conséquent il serait hasardeux d’accepter sa lecture. Fig. 4 (agrandissement) Grace a une autre monnaie de a collection Seyrig, ce probléme pourrait étre résolu (49) (fig. 5). Elle a le flan perforé au milieu, sans doute pour en faire un pendentif, et le taux de plomb est trés élevé dans alliage, au point que I’on se demande ‘il ne s‘agit pas d’une amulette ou d'un ex-voto. Le droit est usé, mais on peut y distinguer le buste de Tyché. Le revers est par contre bien conservé. Comme sur I’exemplaire Babelon 1373, on lit 4 gauche du type, de haut en bas, la légende [LGJBL QDS{T]. A droite, on constate aussi la présence de cing lettres en caractdres phéniciens. A I’ex- ception de la cinquiéme, A moitié hors flan, ces lettres sont trés nettes. En les lisant de haut en bas, nous aurons le nom #AXY° (STRI). Il s'agit donc du nom du person- nage figuré au revers : Astarté. Bien qu’il soit frequemment rencontré dans I’épigraphie phénicienne (50), c’est pourtant la premiére fois, @ notre connaissance, que ce nom apparait nettement sur une monnaie. soe te (agrandissement) Ee. Malgré les deux exemples mentionnés ci-dessus, la pratique de décrire le type du revers avec une légende est loin de faire la r8gle en Phénicie 4 I’époque hellénistique. Sur les 130 exemplaires au type de Cronos (51), on la rencontre une seule fois. Elle n’est attestée sur aucun des quatre autres exemplaires portant la méme date. Il en est de méme 49. 4,27 g ; 16,50 mm ; 12 h (BnF Y. 28597,9). 50. BENZ, op. cit, p. 175 et 386-7. 51. En rajoutant les 52 exemplaires recensés par Seyrig, le nombre s’éléve & 182 : Antiochos IV (11 exemplaires), Alexandre | Zébina (1 exemplaire), an 218 (2 exemplaires), an 230 (6 exemplaires), an 231 (2 exemplaires), an 4 (3 exemplaires), an 15 (2 exemplaires), an 20 (3 exemplaires), an 26 (1 exemplaire), autonomes sans date (19 exemplaires) et Auguste (1 exemplaire). og pour les 33 exemplaires au type d’Astarté (52), qui offrent probablement un troisime cas avec I’exemplaire de Babelon 1373. Les monnaies en bronze sont généralement destinées a circuler seulement sur le territoire de la cité émettrice. Les deux divinités Cronos et Astarté ayant eu un role dans la fondation légendaire de Byblos (53), ses habitants n’éprouvaient pas le besoin d'ins- ctire leur nom pour les reconnaitre. Ces cas peuvent étre considérés comme des faits isolés, dus probablement a une initiative du graveur. LAFAURIE (J.) — La chevelure de Dagobert ler. Les textes, les chroniques qui dévoilent les imbroglios royaux de la période méro- vingienne relatent combien la chevelure des rois, de leurs fils et neveux, des grands, est l'image physique de l’importance de leur pouvoir ou de son héritage. Curieusement, cette chevelure abondante dont les textes nous disent combien sa conservation est fragile, image d’un avenir bien souvent modifié pour de nombreux ton- dus, r’est pas représentée sur les monnaies qui portent pourtant, pour la plupart, une effigie sur l'une de leurs faces. D’ailleurs, il faut considérer que ces effigies ne sont que la déformation des bustes impériaux qui, depuis la fin du IVe siécle, ne sont devenus que des symboles. Mon attention a été attirée par une étude de Mme C. Morrisson sur les insignes du pouvoir impérial aux Ve et Vie siécles publiée dans Clovis, Histoire et mémoire, |, 1997, p. 753-758. II s‘agit des insignes gravés sur les monnaies : globes crucigares ou nicé- phores, sceptres, fibules etc. Les seuls reproduits sur des monnaies émises en Occident se trouvent réunis sur un multiple d’or de Théadoric, roi des Ostrogots, réduits au globe nicéphore et au pa/udamentum fermé par une fibule. La titulature inscrite autour de l’effigie, représentée de face — qui peut étre le portrait de Théodoric — est REX THEODORICVS PIVS PRINCIS. Au revers, autour d'une représentation de la Victoire, la titulature est inscrite sous une nouvelle forme : REX THEODORICVS VICTOR GEN- TIVM. Le qualificatif de VICTOR se retrouve sur des monnaies d’or de Théodebert ler. Au Vile siécle, le titre de REX, parfois réduit a RE, R, perdurera jusqu’a I’arrét du mon- nayage d’or en 675. Létude de Mme Morrison m/a incité a la révision des représentations royales sur les monnaies. Cette recherche est restée assez stérile. A part la main bénissante sur quelques tremisses, rien ne m’est apparu comme étant un signe du pouvoir. Seul le dia- deme parait étre resté le dernier vestige de la marque du pouvoir. Des études récentes ont permis de constater que des deniers émis depuis 675 jusqu’a la fin de la période mérovingienne, par des 6véques, nommément désignés, présentaient une effigie coif- fée d’une sorte de chapeau, qui marque aussi quelques abbés de monastéres. Ce sont les seules individualisations, signes d’un pouvoir royal ou ecclésiastique. Cependant, un solidus émis a Limoges vers 630, un des joyaux du Cabinet des médailles de la Bibliothéque nationale de France, portant la titulature de Dagobert ler, présente une effigie qui sort de la monotonie des effigies mérovingiennes. 52. En additionnant les 4 exemplaires recensés par Seyrig (buste de Tyché / figure féminine), le nombre s’6lave 3 37. 53. A l'époque hellénistique, Cronos et Astarté forment la triade de Byblos avec un jeune dieu. Ce demier, qui pourrait étre identifié a Adonis, figure sous les traits dHarpocrate (H. SEYRIG, « Questions héliopolitaines », Antiquités Syriennes, V, 1958, p. 106 = Syria, XXXI, 1954, p. 87). —99—

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