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ct la résurgence des particularismes communautaires. La crise de I'Eglise avec la grande désillusion de I'aprés Vatican II et la perte d'influence dans le monde, sans parler des scandales de toute sorte qui ont mis 4 mal son image. La crise de ia vie religieuse avec la baisse des vocations et la disparition d'instituts entiers. Tout cela nous laisse l'impression étrange et désagréable classister A la fin d'un monde, a la fin de la relation séculaire entre occident et christianisme comme moteur de l'histoire. Car tel est bien, en fait, le sentiment plus ou moins diffus, qui se propage. Le christianisme serait désormais dépassé et, pire encore, serait méme un frein et un Glément de régression, un obstacle au progrés et a [’évolution de la société, Pew & peu se diffuse done l'idée que le christianisme n'est plus qu'une étape de histoire passée, sans pertinence avec la réalité du monde nouveau tel qu'il apparait aujourd'hui sous nos yeux. Et si, en plus, se défont les liens affectifs et sociaux, se dénouent les sécurités matérielles et économiques, comment ne pas comprendre que nous cherchions ailleurs que dans des dogmes au langage abscons le rocher qui nous sauve ? Quand tout devient mouvant et fluide, nous avons besoin, un besoin pressant et irrépressible, de savoir qui nous sommes et de trouver les moyens d'habiter avec nous-mémes. Avant d'etre une quéte de sens, la spiritualité est devenue, pour nombre d’entre nous, une quéte de soi ! Si l'on part de ce besoin d'une spiritualité comme quéte de soi, Ie christianisme atil alors encore quelque chose & dire & nos contemporains ? La question n'est pas anodine, car elle recéle, chez nombre d'entre nous, un jugement implicite sur le monde dans lequel nous vivons. Et ce jugement est fondamentalement négatif. En effet, nous sommes tellement habitués 4 construire tout le discours chrétien en partant de l'autre bout, que nous considérons cela comme une trahison ! Pourtant, si nous y regardons de plus prés, nous devrions vite reconnaitre que unique passion de Dieu, Crest Thomme, Par la bouche de ses prophétes, il s'est sans cesse moqué et méme parfois inité contre cette religiosité de fagade, qui se satisfait de rites et de cérémonies, et qui oublie que 'homme est l'unique passion de Dieu ! Clest Dieu Ini. méme qui nous raméne sans cesse aux besoins et aux souffrances de nos fréres. C'est lui qui rejette tout ritualisme et tout rigorisme ! C'est Dieu qui nous apprend a devenir humains, parce que lui seul sait ce qu’étre vraiment humain veut dire. Lorsque l'on nous interroge sur notre foi, notre premiére réaction est bien souvent de réciter de longues formules, & partir du Credo que nous avons regu de la Tradition de I'Eglise et que nous avons appris. La foi apparait alors comme un systéme cohérent ’énoncés, un ensemble de concepts bien agencés qui se combinent en une logique parfaite et s'emboitent exactement les uns dans les autres, Cet ensemble cohérent d'idées, de modes organisation et de fonctionnement est non seulement sensé expliquer la réalité et englober toute situation, mais également nous donner un mode d'emploi du réel, Pourtant, bien souvent, le réel semble vouloir échapper a cette construction, et parfois méme s’y opposer, Méme si nous cédons parfois a la tentation de nous enfermer dans des systémes clos ou dans un discours moralisateur autour de valeurs, la force vivifiante de 10

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