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EDITION NATIONALE DE MUSIQUE CLASSIQUE Ne 5143 ALFRED CORTOT Edition de Travail des CEuvres de CHOPIN NOCTURNES | Goan 2° VOLUME TRAVAILLER non seulement le passage diffi EDITIONS SALABERT 22, rue Chauchat - PARIS Printed in France NOCTURNES Volume 1 NOL. Sib mineur Larghetto, 0p. 9, N°4. Paget Despre. — SS Op. 9, N° 2. Page 8 t No 2. Mib majeur ‘Andante = ‘xpress, dolee N98. Si majeur 0p. 9, NOB. Page 13 Allegretto, e rrr P schersando a Ne 4. Fa majeur Andante cantabile Op.15, NO1. Page 28 Semplice ¢ ranguilo == NOS. Fa# majeur Pprtlnowtbs Op.15, N°2, Page 20 sontemeto— N°@. Sol mineur 0p.15, N°8, Page 35 Loa es Saini. No 7, Uf mineur . Larghetto 0p.27, NOt. Page 40 aoe = sorta wee N°8, REb majeur ‘onto stetenate (0p.27, Noa, Page 47 (EtR EER = N°. Si majeur ‘Andante sostenuto Op.82, NPA. Page 55 N40. Lab majeur ‘Lento te —$__a Op.82, N°, Page 60 SSS INDEX Volume 2 N° 41. Sol mineur 07.87, N°4. Page 67 Lento ——_ 7 Op. 87, NPR, Page 72 NO 42. Sol majeur Andante. =e dace NO 19. Ut mineur Lento 0p. 48, N°4, Page 79 Ne 14. Fa mineur Andantino Heppapete NO 45. Fa mineur Op. 85, N°t. Page 08 > = 0p.48, No 2, Page 88 N° 46. Mib majeur . Lento sostenuto eee ee i pte ps gs ee Ff Ne 47. Si majeur Andante Op. 62, N°4. Page 110 —_ a N° 18. Mi majeur Op. 62, N°2, Page 118 Lento . OP LES NOCTURNES DE CHOPIN On ne peut s‘interdire d'envisager comme une sorte d'offense au palpitant esprit, musical dont s'emplissent les dix-huit chefs-d'ceuvre réunis et commentés dans ces deux Volumes, le fait de se voir incorporés dans les limites utilitaires d’une édition de travail. C'est d'inspiration et de sensibilité que le jeu de |'interpréte doit s'alimenter ici, et la technique instrumentale ne lui est de secours qu’a la condition d’en intensifier la persuasive éloquence, traductrice de toutes les fitvres comme de toutes les mélancolies. ‘Aussi bien ne sera-ce que par rapport & leur signification expressive que s'y verront. analysés et transposés en motifs d'exercices les passages dont I'exécution requiert, en plus du pouvoir imaginatif, la précise ressource de la virtuosité. On s'est attaché, dans les éclaircisse- ments relatifs au caractere poétique de chaque Nocturne, & n’en suggérer que les particularités essentielles, telles qu'elles relévent d'une tradition authentifige depuis prés d'un siécle par le consentement de la plupart des grands pianistes. UI convient, en effet, de lalsser au sentiment personnel le soin de faire revivre dans le miracle des divines sonorités, et comme d'un secret qu'on libare, I'incertain mystére des regrets ou des songes accordés par le génie au frémissant abandon d'un chant qui sort de I'éme. Et nulle ragle d'interprétation ne saurait valoir ici le conseil que le réve y vient donner & la musique, AG NOTE DU COMMENTATEUR Les indications métronomiques dont se recommandent 1a plupart des éditions des ceuvres de Chopin ne lui sont pas impu. tables. Nous les complétons ici par une sug- gestion approximative dela durée de chaque piéce, exprimée au moyen d'un minutage qui, tout en tenant compte des exigences d’une exécution respectueusement soumise aux données caractéristiques d'une exécution éprouvée par une longue tradition,réserve cependant la part qui leur est due aux pré. rogatives individuelles dela sensibilité et du gout, et aux fluctuations incidentes de mouvement qui peuvent en étre dépendantes. A.C. ‘GUVRAGE PROTEGE PHOTOCOPIE INTEROITE (sane dedicace) NOCTURNES er dition do Travail par Frédéric CHOPIN Alfred CORTOT op.27, N01 (1888 1899) N° Lento (Quasi Andante) ) 4 gt —— P oe 4 amin, 50: sostenuto a @ == SS ei & fa * fa (1) Si se devait davoir a ilustrer dun exemple musical la signification du mot”mélancolie! il serait difficile d'en trouver meilleur témoignage que celui proposs par ce Nocturne. Et le moment méme ou dans une fervente succession de pieux accords, Vime semble vouloir chercher refuge dans Ia soumission & Ia volonté divine, ne fait que rendre plus sensible encore expression dirrépressible nostalgic dont waccompagne I'énonciationdolente des deux 6pisodes eesentiel’ qui Veneadrent dune semblable et plaintive méditation, Ge nrest pas sans raison que Schumann pouvail éerire, au moment de la publication de ceite page Chopin n'a plus besoin de signer ses ceuvres; son nom est dcsormais allaché & chacune de leurs notes.” Et quill marquait 6palemett ce qui distinguait la rédaction de ce "potme* de celle des Nocturnes de jeunesse, soulignant le caractére d'une: nrnemen tat que qui ne tend plus ici qu’a une sorte d'idgalisme podtique. Les grupetti ou les fioritures dy ont pus dare pi n effet que d’y sensibiliser le dessin mélodique, auquel ils se joignent d'une courbe si naturelle, de le rendre en quelque sorte ou plus palpitant ou plus réveur, 1 n'est pas d’autre indication 4 donner & Vinterpréte pour Pexccution du théme principal et de sa répétition sous forme conclusive. Une fois de plus Vesprit s'y voit en jeu davantage que les doigts. (2) Exéeution: (4 noter le glissement du troisiéme doigt, indigué par Chopin sur la termivaison de ce passage). copyright MCMXLV by Editions Salabert International Copyright secured all rights reserved ppb app cient vonr prions EDITIONS SALABERT 22, Chauchat - Paris Bus sa ® om #20 ha te ay A eS : (2s) Exéeution des deux derniers temps de cette mesure: 5.5148 P (motto legato) (3) Nous rappelons ici le doigté de préd G) Le Nocturne Op.15 N28 a déja fait état dans sa seconde partie d'un climat musical religieux proche parent de ce- lui de cet interméde, Nous renvoyons & son commentaire note (7) .oncernant les particularités spécifiques de Yexéeution de ce fragment baigné dun si profond sentiment de contriticn et ue ferveur. Lindication “Tempo 12” qui figure dans la premiére édition sur la reprise ultérieure du motif initial, en sol mineur, per- met de supposer que le mouvement de tout cet épisode liturgique est tributaire d’une assez sensible acceleration généra- le, équivalent probablement d 1a mention Andante religioso, Ne pas oublier pour le legato des enchainements d'accords le réle essentiel de la pédale syncopé verses positions d’accords indiaiés par Chopin sous cette forme: SHg== 4 Exécution des di- BMS. 6148 70 (catando) 0) (dim, e|poco’rit.) (5) Les repos caractéristiques qui affectent le dernier temps de chacune de ces quatre mesures, leur conférant presqu ‘dun choral protestant, seront rigoureusement observés, Ils cofncident avec une sorte d’effacement progressif ‘qui bien que wétant pas indiqué par Chopin, correspond trop exactement 4 Vimpression d’inulile recours aux consolations de la priére dont se réclame idéologiquement le rappel ultérieur du théme essentiel, présent 4'épilogue, pour ne pas s’avérer entidrement conforme aux intentions de Vauteur. sous forme desquelles va renaitre Pécho du (6) Tout le mystére de V'informulé doit s’attacher aux sonorités de cet accord arpéi chant si lourd de soupirs et si plein de regrets dont la premiére partie du Nocturne avait évoqué le douloureux senti- ment et qui retentit ici & nouveau, sans autre modificajion que celle qui consiste a supprimer la redite du second élément. Eveiller lentement et pp les vibrations de chaque note puis sur la prolongation du *ré” {enu par le pouce de la main droite, inscrire avec insistance la répétition des quatre notes qui préludent d'un accent d’amertume découragce 4 la re- prise du théme et a la réapparition du lento initial. LMS. 6168 4%, (7) Plutét que d'une conclusion pacifiante, Vintervention inattendue du mode majeur sur ce dernier accord doit I ser persister Vimpression d'un doute et d'une question demeurée sans réponse. EM.s.5148 2 (Sans dédicace) Op. 97, N02 (1898-1939) NO 12 (1)Andantino Smin, 40 legato (f) Lépoque & laquelle fut composé ce Nocturne et qui correspond & celle du voyage & Majorque (1889) permet, avec quel- que vraisemblance den identifier Ia suggestion postique a celle de Vimpression de traversée décrite par George Sand dans in fragment de son Journal et dont voiel un resumé."La nuit était chaude et sombre,uniquement illuminge par une extraordi- naire phosphorescence de 1a mer dans le sillago du bateau. Tout reposait & bord,a lexception du timonier qui pour se tenir Iui- meme éveiile, chanta toute la nuit, mais d'une voix si douce el si contenue que on eut pu croire quil craignait éveiller Pé- uipage. Nous ne nous lassions point de I'écouter tant son chant était particulier, de rythme et intonation, et aussi livré & Baventure que ia fumée du bateau dissipée par la brise. C'élait une reverie plutat qulun chant, une sorte de nonehalante adap- tation de la'voix au bercement du navire, une vague improvisation & la fois earessante et monotone” ‘La musique nenregistre-telle pas ici et dune méme évocation,Vimage et 1a sensation définies par les mots? C'est bien sur un rythme de mouvante barcaroile le scintillement joueur des {lots au travers du flexible linéament des doubler notes de Ta main droite, Cest bien, au hasard des modulations capricieuses, le chant berceur du matelot épousant la calme cadence du flot assagi, Et la nuit et Veau baignent ict du meme reposant mystére le paisible déroulement deg fluides sonorites ‘et cette fiction adoptée, il reste & Vinterpréte & en assurer les suggestions poéliques par un sensible gues qui les diversifient dune nuance si délicate tout en maintenant 1a subtile unité ex- ‘Le travail d'approche consistera tout d’abord en une parfaite mise au point du souple dessin en doubles notes de la main droite. Toute sécheresse dattaque doit en étre rigoureusement bannie, cela va de soi,et Yonduleux caprice de la sub- file mélodie nest ict ddpendant que de In caresee des doigts sur les touches, et de Vinsinuant legato qui secondera leurs séduisantes inflexions. ‘Nous avons indique par le détail dans le commentaire de Impromptu en sol bémol op.54, note (8) le principe des exer- cles préparuioires qui pouvaient le mieux satisfaire aux exigences techniques d'une rédaction pianistique toute sem- blable & celle des episodes en doubles notes de ce Nocturne. Nous nous bornerons dnc & en rappeler les formules essen- tielles, applicables Atoutes les mesures de cette exposition 1° Travail isolé des deux parties. A Tl parait inutile dattirer V'attention de Pinter la main gauche les égales et coulantes inflexions d'un-parfait (2) Assurer, dans les cas de déplacements de main semblables ete. Les chevauchements des doigts les uns sur les autres doivent s'accompagner d'une souple flexion du poignet permet- tant le déplacement iatéral de la main, Préparer soigneusement ainsi tous les passages offrant ces difficultés d'extension et de Eom. 5148 (8) Eviter, ors de ces sauts mélodiques entre deux positions éloignées,toute attaque brusque de lnouvelle position=ghis- se: ta main d'une calme et souple impulsion sur le nouvel accord, et nlenfoncer les doigts sur les touches qu/aprés une sorte Ar muet contact preliminaire, de maniére A réduire au minimum la sensation de discontinuité vocale inhérente aux particula- rités de la rédaction pianistique. sostenuto (4) Quelques éditions fautives contiennent ici une mesure supplémentaire (correction établie par Chopin sur son propre exemplairey. (6) A Vimpression de mobilité caressante du premier theme répond ici le chant dont le sentiment de réveuse (mprovi tion a trouvé dans le texte de George Sand augue! stest référée le début de ce commentaire, une caractéristique définition, Sans hate, comme sans lenteur, il doit floter sur les simples harmonies qui lui servent de fond atmosphérique, ala maniére in- dolente et pour ainsi dire involontaire dont on se berce soi Sonorité pénétrante mais conienue,et dépourvue, cela va sans dire, de toute sentimentalité pathétique. On se familiarisera avec les difficultés inhérentes & Vemploi successif du 5° doigt sur des notes dont la liaison mélodique pris sssee be a ‘est impérative, au moyen des exercices ci 4 I ff &transposer dans tous les tons. Porter le BM doigt dune touche & Vautre avec une légere participation de la main, indispensable au modelé des sonorités et A da sensation de liaison commandée par le lyrisme poétique de la phrase musicale. PMS. 5140, (0) Eviter de revétir d'un quelconque caractére de fitvre linterprétation du crescendo indiqué par Chopin tors de cette u- ion des deux mains sur le méme sujet mélodique, Le chant n'y doit s‘intensifier que peu,¢t loin de toute expression passion- née, le mf devant en étre le point culminant, Ce doit étre comme une simple bouffée de sonorités progressivement plus sou- tenues et ne tardant pas a faire retour & leur nuance initiale. eMs.stsa sostenuto a a 7 i ‘___— ee (@) La reprise du theme essentiel doit veffectuer ici de maniére presquépivodique, entremélant de sonorités encore plus vaporeuses quau debut, es mouvantes fluctuations mélodiques de {a main droite tupportées pendant six mesures pay une sensible pedale harmonigue de dominance (7%!) Loctaviation de cette mesure, encore quelle ne soit pas indiquée par Chopin, répond assez exactement aux ressources du piano contemporain pour pouvoir sive adoptee tans crainte Wexcessive liberte (@)Un téger cedendo sur cos deux mesures permettra dintroduice avee naturel Vimperceptibie élargissement du tempo im- plicitement suggéré par Vindication “sostenuto”appliquée par Chopin A la réexposition du second motif dans un registre plus Brave-et, par conséquence expressive d'origine matérielle-dans une sonorité plus nettement définie que lors de son apparition. ere ‘On remarquera que, au cours de son développement dans la tonalité de mi majeut, la position des doigts sur le cla met, avec emploi du doigté $= une énonciation mélodique beaucoup plus pénétrante et plus aisément lige que lors de ses précédentes propositions Eigentum der |Staatl. Hochschule far Musik EMS. 5168 Karlsruhe Bibliothek « dim. e cedendo si délicatement insérée dans le déroulement de la composition, et par une incidence dap- parence si fortuite,on selforcera & reproduite et le timbre et Vatmosphére du début, La nuance indiquée ici est » et non pp Pomme dans 'épisode intermédiaire. Cenest quesurla mesure qui précade le point dorgue que les sonorités doivent & nouveau stomper jusqu’au point le plus extreme de la perception. Longue respiration sur le point d’ergue. Puls, comme en un réve Tedernier imurmure berceur de la seconde idée et les deux accoras chuchotés, dont les tremblantes émanations prolongent en quelque sorte et jusqu’a la sensation de Pévanouissement total, le sentiment de poétique extase qui prédomine dans V'en~ semble du morceau. (0) A ta reprise du motif principal, EOM.S.5155

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