Seance 16

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leur absence a cette réunion de la Société qu'on appelle provinciale' vont se sentir en proie a un petit aparté, car pour le moment c'est aux autres que je vais m'adresser, pour autant que je suis avec eux en reste, en un reste gentil. Peut-étre le soupgon leur en est-il venu, car j'ai dit quelque chose a ce petit congrés: Ca a été pour défendre Ia part qu’ils ont prise, et cela n'allait pas chez moi, je dois le dire, sans recouvrir quelque insatisfaction 4 leur endroit. eux qui pour diverses raisons, personnelles ou pas, se sont distingués par P Ng Tl faut quand méme un peu philosopher sur Ia nature de ce qu'on appelle un congrés. C'est en principe une de ces sortes de rencontres o& Von parle, mais od chacun sait que quelque chose quill dise participe de quelque indécence, de sorte qu'il est bien naturel quill ne s'y dise que des tiens Pompeux, chacun restant pour lordinaire vissé dans son réle a garder. Ceci n'est pas tout a fait ce qui se passe a ce que nous appelons, plus modestement, nos journées. Mais depuis quelques temps tout le monde est trés modeste. On appelle ga colloque, rencontre, cela ne change rien ‘au fond de Yaffaire, cela reste toujours des congrés. [1 y a la question des rapports. I me semble que ce terme vaut qu’on s'y arréte parce quenfin il est assez dréle, Ay regarder de prés. Rapport 4 quoi, de quoi, rapport entre quoi, voire, rapport contre quoi? comme on dit: "le petit rapporteur"? Est-ce que c'est vraiment bien ga qu'on veut dire? Il faudrait voir. En tout cas, si le mot rapport est clair quand on dit: “le rapport de monsicur Untel sur la situation financiére", on ne peut tout de méme pas dire qu'on soit tout a fait a Taise pour donner un sens qui doit étre analogue a un terme comme rapport sur Vangoisse par exemple. Avouez que c'est assez curieux qu'on fase un rapport sur T'angoisse, ou sur la poésie d'ailleurs, ‘ou sur un certain nombre de termes de ce genre. Jespére tout de méme que I'étrangeté de la chose vous apparait, et spécifique pas seulement des congrés de psychanalystes mais d'un certain nombre d'autre congrés, disons, de philosophes en général Le terme rapport, je dois dire, fait hésiter. Aussi bien, dans un temps je Whésitais pas & appeler moi-méme discours ce que je pouvais avoir A dire sur des termes analogues. Discours sur la causalité psychique, par exemple. Cela fait précieux. Je suis revenu a rapport comme tout le monde. Tout de méme, ce terme et son usage est fait pour vous faire poser la question justement, du degré de ‘convenance a quoi se mesurent ces rapports étranges 4 leurs étrangers objets. II est bien certain qu'il y a certaine proportion desdits rapports a un certain type constituant de Ia question a quoi ils se rapportent : le vide qui est au centre de mon tore par exemple. Quand il s'agit de l'angoisse ou du désir, c'est fort sensible, Ce qui nous permettrait de croire, de comprendre que le meilleur écho du signifiant que nous puissions avoir du terme de rapport dit scientifique en Voccasion, serait & prendre avec ce qu'on appelle aussi le rapport quand il s'agit du rapport sexuel. L'un et Tautre ne sont as sans rapport avec Ia question dont il s'agit, mais c'est tout juste. (1), Journées provinciales de mars 1962 sur Tangoisse 169 e e 4 31 4 LIDENTIFICATION Crest bien 18 que nous retrouvons cette dimension du pas sans, en tant que fondatrice du point méme od nous nous introduisons dans le désir, et pour autant que Taccés du désir exige que le sujet ne soit pas sans lavoir... Vavoir quoi? Cest 1a quest toute la question. ‘Autrement dit, que l'accés au désir réside dans un fait, dans ce fait que Ia convoitise de Tetre dit humain ait a se déprimer inauguralement, pour se restaurer sur les échelons d'une puissance dont c'est la question de’ savoir Ta puissance de qui, voire Ia puissance de quoi elle est, mais surtout, cette puissance, vers quoi elle s'évertue. Or ce vers quoi elle s'évertue visiblement, sensiblement & travers toutes ‘les métamorphoses du désir humain, il semble que c'est vers quelque chose toujours plus sensible, plus précisé, qui s'appréhende our nous comme ce trou central, cette chose dont il faut faire toujours plus le tour pour quiil sagisse de ce désir que nous connaissons, ce désir humain en tant quil est de plus en plus informé. Voila ce qui fait done jusqu’a un certain point Iégitime que leur rapport, du rapport sur Uangoisse en particulier de Vautre jour, ne puisse accéder & la question que de n@tre pas sans rapport avec la question. “Cela ne veut tout de méme pas dire que le sans, si je puis dire, doive trop prendre le pas sur le pas, autrement dit, qu'on croie un petit peu trop aisément répondre au vide constitutif du centre d'un sujet par trop de dénuement dans les moyens de son abord. Et ici vous me permettrez d'évoquer le mythe de la Vierge folle qui, dans la tradition judéo-chrétienne, répond si joliment & celui de la nevia, de la misére dans Je Banquet de Platon'. La nevia réussit son coup parce quelle est au fait de Vénus, mais ce n'est pas forcé: Timprévoyance que symbolise ladite Vierge folle peut tres bien rater son engrossement, Alors, oi! est 1a limite, impardonnable en cette affaire. parce quienfin c'est bien de ca quil ‘s'agit:: c'est du style de ce qui peut se communiquer, dans un certain mode de communication que nous essayons de Aéfinir, celui qui me force a revenir sur V'angoisse ici, non pas histoire de reprendre ni de faire 1a legon & ceux qui en ont parlé, non sans défaillance, limite évidemment cherchée, & partir de laquelle on peut faire reproche aux congrés en général de leurs résultats. Ou est-elle a chercher? Puisque nous parlons de quelque chose qui nous permet d'en saisir le vide, quand il agit par exemple de parler du désir, est-ce que nous allons sla chercher, dans cette sorte de péché contre le désir, dans je ne sais quel feu de la passion? De la passion de la vérité par exemple, qui est le mode sur Jequel nous pourrions trés bien épingler par exemple une certaine tenue, un certain style: la tenue universitaire, par exemple? Cela serait bien top commode, ¢a serait bien trop facile. Je nlirai sGrement pas ici & parodier le rugissement fameux du vomissement de 'Etermel devant une tiédeur quelconque : lune certaine chaleur aboutit aussi tres bien, ca se sait, la stérilité. Et a la vérité notre morale, une “morales qui deja se tient tres bien, la morale cchrétienne, dit quiil n'y a qu'un seul péché: le péché contre Esprit. Eh bien, nous, nous dirons qu'il n'y a pas de péché contre le désir, pas plus quiil ‘n'y a de crainte de laphanisis, au sens ol V'entend monsieur Jones. Nous ne pouvons dire qu'en aucun cas nous puissions nous reprocher de ne pas assez bien désirer. Il n'y a qu'une chose, et ca nous n'y pouvons rien, il n'y a qu'une chose & redouter, c'est cette obtusion a reconnaitre 1a courbe propre de la démarche de cet étre infiniment plat dont je vous démontre la propulsion nécessaire sur cet objet fermé que j'appelle ici le tore, qui n'est A vrai dire que Ia forme ‘la plus innocente que ladite courbure puisse prendre, puisque dans telle autre forme qui n'est pas moins possible ni 2). Platon, Le Banquet, op. cit. 2036. 170, 40828 |CC92 *pexpourparierdu ‘siron itera epee “feu de in passon'* | JL1O "Peshe con- ‘ele dei? Iay en a pass | PLO "Sane oe pecs conte le Sei, t le feu dea passion’ | MC-*e chereher dane cette sorte de poche ‘Gmsiedésr, cone jene sais quel fea del passion," DactPL | MC *moralits® 10829 | PA. Ycomume [J centre | MC “une cenaine: ddaiiance, al bien celle un s3n8" 430830 ropes premiers rf. Fences qu ne devTalen jamais] F'tR85 “Cae ref ne devrait oe Ina five defaut® [MC "repéres premiers, sansa éféence, gu ne fevrsien [2-1 4 AVRIL 1962 moins répandue, il est dans Ia structure méme de ces formes, oii je vous ai un peu introduits Ia derniére fois, que le sujet se déplagant se retrouve avec sa gauche placée a droite, et ceci sans savoir comment ¢a a pu arriver, comment ga s'est fait, Ceci, A cet endroit, tous ceux qui ici m'écoutent n'ont rien a cet endroit de privilégié ; jusqu’a un certain point je dirai que moi non plus: ga peut marriver comme aux autres. La seule différence entre eux et moi jusqu'd présent, il me semble, ne résidait que dans le travail que j'y mets, pour autant que j'en donne un petit peu plus queux. Je puis dire que dans un certain nombre de choses qui ont été avancées, sur un sujet que sans doute je n'ai point abordé : V'angoisse. ce n'est pas cela qui ‘me décide vous annoncer que ce sera le sujet de mon séminaire de Vannée prochaine, si tant est que le sidcle nous permette qu'il y en ait un, Sur ce sujet de langoisse, j'ai entendu bien des choses étranges, des choses aventurées, pas toutes erronées et que je n’aurai pas & reprendre, m’adressant nommément & tel ou tel, une par une. I me semble néanmoins que ce qui s'est révélé 1a “d'une certaine défaillance était bien celle d'un centre*, et pas du tout de nature a recouvrir ce que j'appelle le vide du centre. Tout de méme, quelques propos de mon dernier séminaire eussent d0, sur les points les plus vifs, vous mettre en garde, et c'est pour ¢a quill me parait aussi Iégitime d'aborder Ia question sous ce biais aujourd'hui, puisque ceci Senchaine exactement au discours d'il y a huit jours Ce n'est tout de méme pas pour rien que j'y ai mis V'accent, rappelé ta distance qui sépare, dans nos coordonnées fondamentales —celles od doivent siinsérer nos théorémes sur Tidentification cette année —, sur Ia distance qui sépare I'Autre de la Chose, ni non plus qu’en propres termes j'ai cru devoir vous pointer Ie rapport de l'angoisse au désir de I'Autre. Faute vraiment de partir de 1a, de s‘accrocher a ca comme & une sorte de poignée ferme, et pour n'avoir fait que tourner autour par je ne sais quelle pudeur... car vraiment a de certains moments, je dirai ‘presque tout le temps, et jusque dans ces rapports dont j'ai parlé, pour je ne sais quoi, qui tient de cette sorte de manque qui n'est pas Ie bon, jusque dans ces rapports, quand méme, vous pouvez connoter en marge ce je ne sais quoi qui était toujours ‘la convergence, s‘imposant avec une espéce d'orientation d'aiguille de boussole, que seul le terme qui pouvait donner une unité cette sorte de mouvement doscillation autour de quoi la question tremblait, c’était ce terme : le rapport de Vangoisse au désir de l'Autre, Et c'est ceci que je voudrais. parce quiil serait faux, vain, mais non sans risque, de ne pas ici marquer quelque chose au passage qui puisse @tre comme un germe 1a, pour en pécher tout ce qui stest dit sans doute d'intéressant, au fur et 4 mesure des heures de cette petite réunion ot des choses de plus en plus accentuées arrivaient & s'énoncer, pour que ceci ne se dissipe pas, pour que ceci se raccorde a notre travail, permettez-moi d'essayer ici trés massivement, comme en marge et presqu'en avance, mais non aussi sans une pertinence de points exacts, au point od nous étions arrivés, de ponctuer un certain nombre de repéres premiers. Crest Ia référence qui ne devrait & aucun moment vous faire défaut : Si le fait que la jouissance, en tant que jouissance de la Chose, est interdite en son acces ‘fondamental, si cest 1A ce que je vous ai dit pendant toute Vannée du séminaire sur Téthique, si c'est dans cette suspension, dans le fait quelle est, cette jouissance, aufgehoben, suspendue, proprement que git le plan d'appui od va se constituer comme tel et se soutenir le désir —¢a cest vraiment l'approximation la plus lointaine de ce que tout le monde m 0 e LIDENTIFICATION peut dire—, vous ne voyez pas que nous pouvons formuler que l'Autre, cet Autre en tant qu'a la fois il se pose étre et qu'il n'est pas, quiil est a etre, YAutre ici, quand nous nous avangons vers le désir, nous voyons bien qu'en tant que son support c'est le signifiant pur, Ie signifiant de la loi, que Autre se présente ici comme métaphore de cette interdiction. Dire que 'Autre c'est la loi ou que c'est la jouissance en tant quinterdite, c'est Ia méme chose. Alors, alerte a celui, qui n'est pas 1a d'ailleurs aujourd'hui, qui, de Vangoisse, a fait le support et le signe et le spasme de la jouissance d'un sof identifié, identifié exactement comme sil n'était pas mon éléve, avec ce fonds ineffable de la pulsion comme du coeur, du centre de Tétre, justement ot il n'y a rien! Or tout ce que je vous enseigne sur la pulsion, c'est justement qu’elle ne se confond pas avec ce soi mythique, qu'elle n’a rien a faire avec ce qu'on en fait dans une perspective jungienne. 10) —-Evidemment, il n'est pas commun de dire que ‘'angoisse est la jouissance de ce quion pourrait appeler le dernier fonds de son propre inconscient, Crest a cela que tenait ce discours. Ce n'est pas commun, et ce n'est pas parce 6 que ‘ce n'est pas commun que c'est vrai. Clest un extréme auquel on peut étre amené quand on est dans une certaine erreur qui repose toute entire sur Vélision de ce rapport de I'Autre & la Chose en tant qu'antinomique. L’Autre est A étre, il n'est donc pas. Il a tout de méme quelque réalité, sans cela je ne pourrais méme pas le définir comme le lieu od se déploie la chaine signifiante. Le seul Autre réel, puisqu'il n'y a nul Autre de l'Autre, rien qui garantisse la vérité de la loi, le seul Autre réel étant ce dont on pourrait jouir sans Ia loi Cette virtalité définit !Autre comme lieu. La Chose en somme, élidée, réduite son lieu, voila I'Autre avec un grand A. Et je vais tout de suite tes vite sur ce que jai a dire a propos de Vangoisse, Cela passe, vous ai-je annoncé, par le désir de l'Autre. Alors, c'est Ta que nous en sommes, avec notre tore, c'est Ii que nous avons a le définir, as & pas. C'est I que je ferai un premier parcours, un peu top vite... ¢a n'est jamais mauvais, puisquion peut revenir en arridre. Premitre approche : allons-nous dire que ce rapport que j'articule en disant que le désir de Thomme c'est le désir de 'Autre... ce qui bien sir iijentend dire “quelque chose, mais maintenant ce qui est en question, ce que déja ga introduit, c'est qu’évidemment je dis tout autre chose que de dire que le désir x du sujet ego est le rapport au désir de 'Autre ; qu'il serait, par rapport au désir de VAutre, dans un rapport de Beschrankung, de limitation,* viendrait & se configurer dans un simple champ despace, vital ou non, congu comme homogene, viendrait se limiter par leur heurt. Image fondamentale de toutes sortes de pensées quand on spécule sur les effets d'une conjonetion psycho- sociologique. Le rapport du ‘sujet... du désir du sujet au désir de 'Autre* n'a rien faire avec quoi que ce soit d'intuitivement supportable de ce registre. Un premier pas serait d'avancer que si mesure veut dire mesure de grandeur, il n'y @ point entre eux de commune mesure. Et rien qu’a dire a, nous rejoignons 'expérience. Qui a jamais trouvé une commune mesure entre son désir et quiconque a qui il a aifaire comme désir? Si on ne met pas ga Gabord dans toute science de l'expérience —quand on a le titre de Hegel, le vrai titre de la Phénoménologie de 'Esprit’—, on peut tout se permettre, y compris les précheries délirantes sur les bienfaits de la génitalite) C'est ga ct rien d'autre que veut dire mon introduction du symbole\! : c'est quelque 1a] chose destiné & vous suggérer que (V-l xV-I) , le produit “de mon désir par 7 le désir de l'Autre, ca ne donne et ga ne ‘peut donner qu'un manque : (-1), le défaut du sujet en ce point précis. Résultat: le produit d'un désir par Vautre ne peut étre que ce manque, et cest de la quill faut partir pour tenir @)._ Cf. Hegel :Wissenschaft der Erfahrung des Bewuftsein [Science de !'Expérience de la Conscience). Heidegger, dans les Holzwege (Hegel et son concept de Texpérience] précise, que e-mot Erfahrung y est souligné, en ialiques. m of, Lacan, E. techn, 20063, pai. 30831 | C93 tees dire a chose ‘ue die que le dd serait d de 1 dans [rapport delimitation | PLA aitout ae chose ee 2 sae sat par apport a se Tae a a aor hose queer usu ae JMC fom ae ei edi que fe dsr xd suet [1 (C93 sle rapport du sir du sa- jetau désir de Taure® | PLIR le apport dusujecau desir defaue [MC "erapport du desir du sue, ‘du sje aa desir de TAutre® ‘mais 10 note “apport dus dsit du sue C2)" Ein Kind wird geschlagen + of Lae Re bj 7 Det, ae Gf, Lacan, E techn, 1518554, pate Mage relipieuse ef Lacan, Tr 1S#aF Gtecrture p18 6) C940 | MCPL L106 "det 4 AVRIL 1962 quelque chose. Ceci veut dire qu'il ne peut y avoir aucun accord, aucun contrat sur le plan du désir; que ce dont il s'agit, dans cette identification du désir de Thomme au désir de TAutre, c'est ceci, que je vous montrerai dans un jeu tmanifeste : en faisant jouer pour vous les marionnettes du fantasme en tant auelles sont le support, le seul support possible de ce qui peut étre au sens Propre une réalisation du désir, Eh bien, quand nous en serons arrivés Ia. vous pouvez quand méme déja {le] voir indiqué dans mille références : les références Sade, pour prendre les plus proches ; le fantasme un enfant est battu, pour prendre un des biais premiers avec lesquels j'ai commencé a introduire ce jeu, ce que je montrerai, c'est que la réalisation du désir signifie, dans l'acte méme de cette réalisation, ne peut signifier qu'étre Instrument, que servir le désir de VAutre, qui n'est pas l'objet que vous avez en face dans Vacte, mais uun autre qui est derrigre II s'agit 1a du terme possible dans la réalisation du fantasme. Ce n'est qu'un terme possible, et avant de vous “étre fait vous-méme instrument de cet Autre situé dans un hyperespace, vous avez bel et bien affaire 4 des désir, A des désirs réels. Le désir existe, est constitué, se proméne & travers le monde, ct il exerce ses ravages avant toute tentative de vos imaginations, érotiques o4 Pas, pour le réaliser, et méme, il n'est pas exclu que vous le rencontriez comme tel, le désir de l'Autre, de 'Autre réel tel que je I'ai défini tout a 'heure, C'est en ce point que nait Iangoisse. Liangoisse, c'est béte comme chou. C'est incroyable qu’a aucun moment je mie vu méme I'ébauche de ceci, qui semblait & certains moments comme on dit, @tre un jeu de cache-tampon, qui est tellement simple. On a été chercher Tangoisse, et plus exactement ce qui est plus originel que Tangoisse - la préangoisse, Vangoisse traumatique. Personne n'a parlé de cela: l'angoisse, est la sensation du désir de I'Autre. Seulement, comme bien entendu, chaque fois que quelqu'un avance une nouvelle formule, je ne sais pas ce qui se passe, les précédentes filent dans Ie fond de vos poches ou n’en sortent plus. It faut quand meme que jimage ga, je m'excuse, et méme grossigrement, pour faire sentir ce que je veux dire, quitte aprés cela A ce que vous essayiez de vous on servir... et cela peut servir dans tous les endroits oi il y a angoisse. ‘Petit apologue, qui n'est peut-étre pas le meilleur... La vérité, c'est que je Vai forgé ce matin, me disant qu'il fallait que jessaic de me feire comprendre, D'habitude je me fais comprendre & cété, ce qui mest pas si mal: cela vous évite de vous tromper a la bonne place! La, je vais essayer de me faire comprendre la bonne place et vous éviter de faire erreur Supposez-moi dans une enceinte fermée, seul avec une mante religieuse de trois metres de haut. C'est la bonne proportion pour que j'aie la taille dudit mile. En plus, je suis revétu d'une dépouille & la taille dudit male qui a Im75, & peu prés la micnne. Je me mire, je mire mon image ainsi affublée dans leeil a facettes de ladite mante religieuse. Est-ce que c'est ca angoisse? C'en est tres pres. Pourtant, en vous disant que c'est la sensation du désir de I'Autre, cette definition se manifeste ce qu'elle est, a savoir, purement introductive. Il faut évidemment vous référer A ma structure *du* sujet, c'est-A-dire connaitre tout le discours antécédent, pour comprendre que si c'est de 'Autre avec un grand A quil s'agit, je ne peux pas me contenter de ne pas aller plus loin, Pour ne représenter dans l'affaire que cette petite image de moi en mante male dans Toil & facettes de Tautre, Ml s'agit a proprement parler de Vappréhension pure du désir de Autre comme tel, ‘si justement je méconnais quoi? mes insignes, & savoir que moi, je suis affublé de la dépouille du male Je ne sais pas ce que je suis comme objet pour I'Autre, m3 us 8 a as LIDENTIFICATION L'angoisse, dit-on, est un affect sans objet, mais ce manque d'objet, il faut savoir oit il est: il est de mon c6té, Laffect d'angoisse est en effet connoté par tun défaut dobjet, mais non pas par un défaut de réalité. Si je ne me sais plus objet éventuel de ce désir de T'Autre, cet Autre qui est en face de moi, sa figure m'est entigrement mystérieuse, dans la mesure surtout ob cette forme comme telle que j'ai devant moi ne peut en effet non plus étre constituée pour moi en objet, mais ot tout de méme je peux sentir un mode de sensations qui font toute la substance de ce qu'on appelle Vangoisse, de cette oppression indicible par o nous arrivons & la dimension méme du lieu de Autre en tant qu’y peut apparaitre le désir. Crest cela V'angoisse. Ce n'est qu’a partir de 1a que vous pouvez comprendre les divers biais que prend le névrosé pour s'en arranger, de ce rapport avec le désir de Autre ‘Alors, au point ot nous en sommes, ce désir, je vous T'ai_montré Ia dernitre fois comme inclus dabord nécessairement dans la demande de Autre, Ici dlailleurs, qu'est-ce que vous retrouvez comme vérité premiére, si 9 ce nest le commun de Texpérience quotidienne? “Ce qui est angoissant, to) presque pour ‘quiconque, pas seulement pour les petits enfants mais pour les petits enfants que nous sommes tous, cest, dans quelque demande, ce qui peut bien se cacher de cet x, de cet x impénétrable ct angoissant par excellence du quiesi-ce quill peut bien a cet endroit vouloir? ‘Ce que la configuration ici demande, vous le voyez bien, c'est un médium entre demande et désir. Ce médium, il a un nom: ga s‘appelle le phallus. La fonction phallique, ga n'a absolument pas d'autre sens que d'etre ce qui donne a mesure de ce champ a définir, a Vintérieur de 1a demande, comme le champ du désir. Et aussi bien sion veut, que tout ce que nous raconte la théorie fanalytique, la doctrine freudienne, en la matire, consiste justement & nous dire que cest 1a en fin de compte que tout s'arrange. Je ne connais pas le désir de I'Autre: angoisse, mais j'en connais Yinstrument : le phallus, et qui que je sois, homme ou femmes, je suis prié d'en passer par Ia et de ne pas faire Whistoire ; ce qui s‘appelle, en langage courant, continuer les principes de papa. Et comme chacun sait que depuis {quelques temps papa n'a plus de principe, c'est avec cela que commencent tous Jes malheurs. Mais tant que papa est 1a... en tant quil est le centre autour duquel s'organige le transfert de ce qui est en cette matidre Funité d'échange, & savoir , je veux dire 17) Yanité qui siinstaure, qui devient la base et le ‘principe de tout soutien, de tout fondement, de toute articulation *du champ* du désir, ch bien, les choses peuvent aller; elles seront exactement tendues entre le ith given: puisse-ril ne mavoir jamais enfanté! & la limite, et ce qu’on appelle Ta baraka dans ta tradition sémite, et méme biblique & proprement parler, & savoir le contraire ce qui me fait le prolongement vivant, actif, de la loi du pére, du pare comme origine de “touts ce qui va se transmettre comme désir. L'angoisse de castration donc, vous allez voir ici qu'elle a deux sens et deux niveaux. Car, si le phallus est cet élément de médiation qui donne au désir son support, eh bien, la femme n'est pas la plus mal partagée dans cette affaire, parce qu'apr’s tout, pour elle c'est tout simple: puisqu’elle ne I'a pas, elle n'a qui le désirer, et ma foi, dans les cas les plus heureux, c'est en effet tune situation dont elle s'accommode fort bien. Toute la dialectique du complexe dde castration, en tant que pour elle elle introduit l'cedipe, nous dit Freud, ga ne veut pas dire autre chose. Grice a la structure méme du désir humain, la voie pour elle nécessite moins de détours, la voie normale, que pour "homme. Car pour homme, pour que son phallus puisse servir a ce fondement lo du champ du désir, va-t-il falloir qu'il le demande pour Vavoir? ‘Crest bien quelque chose comme ¢a dont il s‘agit, au niveau du complexe de (COOH L108, P18,10833 ‘cc9ssosss mT PLsoR90 PLIOJOS3S:R90 | MC “oes IMC te MC, CC *endlichet CCPLJOUR | MC *signe 4 AVRIL 1962 castration : ‘c'est dun passage transitionnel de ce qui, en Ii, est le support (18 naturel, devenu a demi étranger, vacillant, du désir, “le passage transitionnel* a travers cette habilitation par Ia loi; ce en quoi ce morceau, cette livre de chair va devenir le gage, le quelque chose par oi il va se désigner & la place od il aa se manifester comme désir, a l'intérieur du cercle de la demande. Cette préservation nécessaire du champ de la demande qui "humanise” par la loi le mode de rapport du désir a son objet, voilA ce dont il s'agit & ce point et ce qui fait que le danger pour le sujet est, non pas —comme on le dit dans mtoute cette déviation* que nous faisons depuis des années, dessayer de contrarier lanalyse —, que le danger pour Ie sujet n'est pas d'aucun abandon de la part de !'Autre, mais de son abandon de sujet a la demande, Car pour autant quiil vit, quill développe 1a constitution de son rapport au phallus étroitement sur le champ de la demande, c'est Ia que cette demande n'a & proprement parler pas de terme, car le phallus —encore quill faille, pour introduire, pour instaurer ce champ du désir, qu'il soit demandé — comme vous le savez, il n'est & proprement parler pas au pouvoir de l'Autre d'en faire le don sur *ce* plan de Ia demande Crest dans 1a mesure ot la thérapeutique warrive point a résoudre mieux qu'elle ne Ya fait la terminaison de Vanalyse, n'arrive pas a la faire sortir du cercle propre a la demande, qu'elle bute, quelle se termine 4 la fin sur cette forme revendicatoire, sur cette forme inassouvissable, “‘unendliche, que Freud dans son dernier article, L'analyse terminée et interminable’ ‘désigne* comme angoisse non résolue de la castration chez 'homme, comme Penisneid chez la femme. Mais une juste position, une position correcte de la fonction de 1a demande dans Tefficience analytique et de la fagon de la diriger pourrait peut-étre nous permettre, si nous n'avions pas la-dessus tant de retard, un retard deja suffisamment désigné par le fait que manifestement ce n'est que dans les cas les plus rares que nous artivons 4 buter a ce terme marqué par Freud comme point d'arrét a sa propre expérience... Pldt au ciel que nous en arrivions 1a, méme si c'est une impasse! Cela prouverait déja au moins jusqu'ot nous pouvons aller, alors que ce dont il s'agit c'est de savoir effectivement si aller jusque 1a nous méne a une impasse ou si ailleurs on peut passer. 19 Faut-il qu'avant de vous quitter je vous indique quelques-uns de ces petits points qui vous donneront satisfaction, pour vous montrer que nous sommes a la bonne place, en nous référant A quelque chose qui soit dans notre expérience du névrosé? Quiest-ce que fait, par exemple, l'hystérique ou la ‘névrose obsessionnelle dans le registre que nous venons dessayer de 11 construire? Qu'est-ce qu’ils font I'un et ‘autre en cet endroit du désir de TAutre comme tel? “Avant que nous soyons tombés dans leur panneau en les (20 incitant & jouer tout le jeu sur le plan de la demande, & nous imaginer —ce qui n'est pas diailleurs une imagination absurde — que nous arriverons a Ia limite a définir le champ phallique comme [intersection de deux frustrations, qu’est-ce quills font spontanément? Lihystérique, c'est bien simple —Tobsessionnel aussi, mais c'est moins évident —, Thystérique n'a pas besoin d'avoir assisté a notre séminaire pour savoir que le désir de homme est le désir de I'Autre, et que par conséquent TAutre peut parfaitement, dans cette fonction du désir, elle, l'hystérique, la suppléer. L’hystérique vit son rapport a l'objet en fomentant le désir de VAutre —avec un grand A— pour cet objet. Référez-vous au cas Dora. Je pense avoir suffisamment articulé ceci en long et en large pour n'avoir pas besoin méme ici de le rappeler. Je fais simplement appel a l'expérience de chacun, et aux opérations dites d'intrigante raffinée que vous pouvez voir se (A). S. Freud, L’analyse avec fin et 'analyse sans fin (Die endliche und die unendliche Analyse], Résultats, idées, problémes II, Paris, PUR, 1985, ns LIDENTIFICATION développer dans tout comportement d’hystérique, qui consiste a sustenter dans son entourage immédiat “l'amour d'un tel pour telle autre qui est son amic* et véritable objet dernier de son désir; l'ambiguité restant bien sir toujours profonde de savoir si la situation ne doit pas étre comprise dans le sens inverse, Pourquoi? C'est ce que bien sir vous ‘pourrez, dans la suite de nos propos, voir comme parfaitement calculable du seul fait de Ia fonction du phallus qui peut toujours ici passer de l'un a l'autre des deux partenaires de Vhystérique. Mais ceci nous y reviendrons en détail. Et qu’est-ce que fait vraiment T'obsessionnel concernant, je parle directement, son affaire avec le désir de I'Autre? C'est plus astucieux, puisque aussi bien ce champ du désir est constitué par In demande paternelle, en tant que c'est elle qui préserve, qui définit le champ du désir comme tel en interdisant. Eh bien, ‘qu'il s'en débrouille donc Iui-méme! Celui qui est chargé de soutenir le désir & Tendroit de Vobjet dans la _névrose obsessionnelle, c'est le mort.» Le sujet @ le phallus, il peut méme a Toccasion 12 Vexhiber, mais c'est Ie mort qui est ‘prié de s'en servir. Ce n'est pas pour rien que j'ai pointé [, dans) histoire de Homme aux rats, Theure nocturne od, aprés s'étre longuement contemplé en érection dans la glace, il va a la porte entrée ouvrir au fantéme de son pére, le prier de constater que tout est prét pour le supréme acte narcissique qu'est pour Vobsessionnel ce désir. ‘A ceci pres, ne vous étonnez pas, qu’avec de tels_moyens l'angoisse naffleure que de temps en temps, qu'elle ne soit pas Ta tout le temps, qu’elle soit méme beaucoup plus et beaucoup micux écartée chez ‘Thystérique que chez Tobsessionnel, la complaisance de Vautre tant beaucoup plus grande que celle, quand méme, d'un mort quil est toujours difficile quand méme de maintenir présent, si l'on peut dire. C'est pourquoi lobsessionnel, de temps en temps, chaque fois que ne peut pas étre répété a satiété tout l'arrangement qui lui permet de s’en arranger, avec le désir de 'Autre, voit resurgir, bien sir dune fagon plus ou moins débordante, Taffect d'angoisse. De la seulement, & retourner en arriére, vous pouvez comprendre que histoire phobique marque un premier pas —dans cette tentative qui est proprement le mode névrotique de résoudre le probléme du désir de Autre —, tun premier pas dis-je de la fagon dont ceci peut se résoudre. C'est un pas, comme chacun sait, celui-la, qui est loin bien str d'arriver 4 cette solution relative de la relation d'angoisse. Bien au contraire, ce n'est que dune fagon tout a fait précaire que cette angoisse est maitrisée, vous le savez, par Tiintermédiaire de cet objet dont déja Tambiguité, & lui, nous a déja été assez soulignée entre la fonction perit a et la fonction petit @. Le facteur commun que constitue le perit g dans tout petit a* du désir est 1a en quelque sorte extrait et révélé. Clest ce sur quoi je mettrai Vaccent a prochaine fois 23) pour repartir & partir de la phobie, pour ‘préciser en quoi exactement consiste cette fonction du phallus. 2 Aujourd'hui en gros que voyez-vous? C'est quien fin de compte la solution que nous apercevons du probléme du rapport du sujet au désir, dans son fonds radical se propose ainsi: puisque de demande il s'agit et quil s'agit de définir le désir, ch bien disons le grossitrement: le sujet demande le phallus et le phallus désire, Crest aussi béte que ga. Cest de Ta tout au moins quil faut partir comme formule radicale pour voir effectivement *ce qui, en effet, dans Texpérience se modéle, se moduler autour de ce rapport du sujet ‘au phallus en tant que, vous le voyez, ill est essentiellement de mature 13 identificatoire, et que sil y a quelque chose qui effectivement peut provoquer ce’ surgissement dangoisse lié a la crainte d'une perte, c'est le phallus, Pourquoi non pas le désir? Il n'y a pas de crainte de Taphanisis, il y ala crainte de perdre le phallus, parce que seul le phallus peut donner son champ propre au désir. 176 LB "(J tele) [J amie (| MC *¥amourd'uatl pourtelause ules som ani™| CC96,PLI2JL110RO2 | MC Squit Zen dsbrouile done Tui- ‘meme, eli qui ext charge de sou tenir Te dsr a Tendrit de objet ‘lansla néveose obsessionnelle=le CCPLISR | MC dans out d= Sina de dee" COT de voir tse module* Frogs? *pour voir ce qu ds Tex pétience se modules | MC. "ce (glen eat fe dan experience. Ee modse se module™ 4 AVRIL 1962 Mais maintenant, qu'on ne nous parle pas non plus de défense contre Vangoisse. On ne se défend pas contre 'angoisse, pas plus quil n'y a de crainte de Vaphanisis. L'angoisse est au pri des défenses, mais on ne se défend as contre I'angoisse. Bien sir, ‘si je vous dis que je consacrerai toute une année a ce sujet de (24 Vangoisse, c'est vous dire que je me prétends pas aujourd'hui en avoir fait le tour, que ceci ne pose pas de probleme. Si Vangoisse —c'est toujours a ce niveau, que vous a défini presque caricaturalement mon petit apologue, que se situe Tangoisse —, si Nangoisse peut devenir un signe, c'est bien sir que, transformée en signe, elle n'est peut- @tre pas tout a fait la méme chose que Ia ol j'ai essayé de vous la poser dabord dans son point essentiel : il y a aussi un simulacre de T'angoisse. A ce niveau bien sr on peut étre tenté d’en minimiser la portée, pour autant qu'il est vraiment sensible que si le sujet s'envoie a Iui-méme des signes d'angoisse, c'est manifestement pour que ga soit plus gai. Mais c'est tout de méme pas de Ia que nous pouvons partir pour définir Ia fonction de Vangoisse. Et puis enfin pour dire, comme j'ai prétendu uniquement te faire aujourd'hui, des choses massives: qu'on s‘ouvre a cette pensée que, si Freud nous a dit que angoisse est un signal qui passe au niveau du moi, il faut quand méme savoir que c'est un signal pour qui? pas pour le moi, puisque ‘est au niveau du moi qui se produit. Et ga aussi, j'ai regretté beaucoup que dans (25 notre demnitre rencontre, cette simple remarque, personne nait songé a la faire, LIDENTIFICATION 18

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