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ec tos ihn C7 ee progiamadas “a Peete rents i Doe are ee ae Deer cee ye eons eC ae ‘tercturafrangega: Los foconr Sli re eotchane ttt ae Eee some eto ete ie We Mcneela Ceca SCE OCLC AL : Cou as CoRMte tee Cesare cob Aaa) eo Ds a eee ve tilielapesta ATW NIVEL 3: _Jeanne-Marie Leprince de Beaumo o rr : 1 pe a. ‘La Belle et Ia Béte ue Ema BEBE ITT nee ont du pécheur et du voyage! pesca beets eT CURSOS DE IDIOMAS PLANETA-AGOSTINI FRANCES 1 ( Jeanne-Marie Leprince de Beaumon tt ! La Belle et la Béte La Bella y la Bestia I ' . Le conte du pécheur et du voyagei \ El cuento del pescador y del viajero Este libro no puede ser reproducido, atta ni parciimente, sin el permisoeserito del editor. Todos los derechos reservados Cars Moma Plant Agostini FRANCES: Versiones bilingiies CConsejero delegado: Carlos Ferndindez cl g : abreviadas y simplificadas Director general de colecionables: Francisco Pou Director Virgilio Onega Director general de produeci¢n: Félix Garefa t ‘Coordinacin gener: Carlos Derico Fquipo editorial: Genevitve Michel, Ignacio File ‘Joss Maria Guerra, Pégina 98 Disefio de cubiertas: Albor Majoral © BaitorialPlaneta-DeAgostni, S.A Aibau, 185, 0802) Barcelona ‘worw:planctadeagostinies ISBN: 84 395 78407 Depésito legal: B. 30927-2000 Lnmprime: Cayfosa-Quebceor, Santa Perpetua de Mogoda Disiribuye: LOGISTA ‘Aragonés, 18, Poligono Industrial Aleobendas 28D Aleobendas (Maid) : Printed in Spain - Impreso en Espa PLANETASAGOSTNN A BELLe er LA BETE Les filles du marchand Ily avait une fois un marchand qui était extrémement riche. Il avait six enfants, trois garcons et trois filles. Ce marchand était un homme d’esprit. II n'épargnait rien pour l'éducation de ses enfants et leur donnait les meilleurs professeurs. Ses filles étaient ues belles mais c’était la cadette! surtout que I’on admirait. Depuis toute petite, on V'appelait la Belle Enfant, Ce nom lui resta, ce qui donnait beaucoup de jalousie & ses sceurs. Cette cadette, cui était plus belle qu’elles, était aus: meilleure? qu’elles. Les deux ainées étaient tres orgueilleuses parce qu’elles étaient riches. Elles faisaient les dames et ne youlaient pas recevoir les visites des autres filles de marchands. Elles allaient tous les jours au bal, au théatre ou & la promenade et se moquaient de leur cadette, qui employait la plus grande partie de son temps a lire de bons livres ‘Comme on savait ces filles fort riches, plusieurs gros marchands les demandérent en mariage, mais les deux ainées répondirent qu’elles ne se marieraient jamais ave eux, sauf s’ils étaient ducs ou comtes. La Belle, par contre, 1. Lacadette es “Ia hija menoe” de las tes, 2, Meilieur es siempre un adjetivo, mientras que mieux es un adverbio, En espaviol sélo existe la forra “mejor 4 Las hijas del mercader Habia una vez un mercader que era extremadamente rico, Tenfa seis hijos, tres chicos y tres chicas, Este merca- der era un hombre de ingenio. No ahorraba nada en la edu- cacién de sus hijos y les proporcionaba los mejores profe- sores. Sus hijas eran muy bellas, pero la menor era la més admirada, Desde muy pequefia, la Iamaban la Bella Nifia. Este nombre le qued6, lo que daba muchos celos a sus her- manas. Esta pequeiia, que era més bella que ellas, era también mejor que ellas. Las dos mayores eran muy orgullosas, porque eran ricas. Se hacfan las sefioras y no querfan reci- bir las visitas de otras hijas de mercaderes. Iban todos los dias al baile, al teatro o de paseo y se burlaban de 1a peque- fia, que empleaba la mayor parte de su tiempo en leer bue- nos libros. Como se sabia que estas chicas eran muy ricas, varios grandes mercaderes las pidieron en matrimonio, pero las dos mayores respondieron que ellas no se casarfan nunca con ellos, saivy yue sucran duques © conues. La Bella, por La Bee eria Beve remercia bien honnétement ceux qui voulaient I’épouser et leur dit qu'elle était :rop jeune. Elle ajouta qu'elle souhaitait encore tenir compagnie & son pére pendant quelques années. Les affaires allaient de moins en moins bien’ pour le marchand. Un jour, tout d'un coup, il perdit tous ses biens et il ne Tui resta qu'une petite maison dans la campagne, bien Join de Ja ville. II dut annoncer la nouvelle a ses enfants. I] leur dit en pleurant qu’ils devaient aller dans cette maison et qu’en travaillant comme des paysans, ils pourraient y vivre. Ses deux filles ainges lui répondirent qu’elles ne voulaient pas quitter la ville et qu’elles connaissaient des jeunes gens qui seraient bien heureux de Jes épouser méme si elles n’avaient pas de fortune. Ces demoiselles se trompaient, Leurs amis ne voulurent plus les regarder quand elles furent pauvres, En fait, personne ne les aimait A cause de leur fierté. On disait « Elles ne méritent pas qu’on les plaigne’! Nous sommes bien contents de voir leur orgueil abaissé : qw elles aillent faire les dames en gardant les moutons ! » Mais en méme temps, tout le monde disait aussi: « Pour la Belle, nous sommes bien tristes de son malheur: c'est une si bonne fille ! Elle parle aux pauvres gens avec tant de bonté, elle est si douce et si honnéte! » Malgré sa pauvreté, plusieurs gentilshommes vinrent® la demander en mariage. Mais la Belle leur dit qu’elle ne 3. De moins en moins vien es, lteralmente, “de menos a menos bien” y se traduce por “cada vez peor 4. Plaindre quetqu'un es “tener pena de alguien”, mientras que se laindre de quelqu’unes “quejerse de alguien”. 5. Vinrent es el pretértn indefino (passé simple) de venir, Esie tiempo se utiliza exclusivamente en 21 lenguaje escrito; en el lenguaje oral se utiliza siempre el preterit perfecto (passé composé), que seria en este e280, sont venus, 6 LaBeuuay La Bestia el contrario, dio las gracias muy honestamente a los que querfan casarse con ella y les dijo que era demasiado joven. Afiadié que atin deseaba hacer compafiia a su padre durante algunos afios. Los negocios iban cada vez peor para el mercader, Un dia, de golpe, perdié todos sus bienes y no le quedé més que una pequefia casa en el campo, muy lejos de la ciudad. Tuvo que dar la noticia a sus hijos. Les dijo, lorando, que tenfan que irse a esa casa y que, trabajando como campesi- nos, podrfan vivir allf, Sus dos hijas mayores le respondie- ron que ellas no querfan dejar la ciudad y que conocian a jévenes que serfan muy felices de casarse con ellas, inclu- so sino tenfan fortuna. Estas sefioritas se equivocaban. Sus amigos no quisie- ron ni mirarlas cuando fueron pobres. De hecho, nadie las queria a causa de su orgullo. Se decfa: No merecen que se las compadezca! Estamos muy contentos de ver su orgullo abatido: ;que vayan a hacerse las sefioras guardando los borregos! Pero, al mismo tiempo, todo el mundo decia también: —Estamos muy tristes por la desgracia de la Bella: jes una chica tan buena! Habla a la gente pobre con tanta bon dad, jes tan dulce y tan honesta! A pesar de su pobreza, varios gentilhombres vinie- ron para pedirla en matrimonio. Pero la Bella les dijo La Bewe era Bere pouvait abandonner son pére dans son malheur, et qu'elle le suivrait & la campagne pour le consoler et V'aider & travailler, La vie a Ja campagne ‘Quand ils arrivérent & leur nouvelle maison, le marchand et ses trois fils commencérent & s’occuper des champs et & labourer la terre. Les filles devaient s'occuper de la maison. La Belle se levait & quatre heures du matin et se dép8chait de nettoyer la maison 2t de préparer le dgjeuner® pour toute la famille. Au début, ce fat bien pénible pour elle, car elle n’était pas habituée A travailler comme une servante. Mais au bout de deux mois, elle devint plus forte et elle était en parfaite santé. Quand elle avait fini son travail, elle lisait ou bien chantait en cousant. Ses sceurs, au contraire, s’ennuyaient & mourir. Elles se levaient & dix hewes du matin, se promenaient toute la journée et regrettaient leurs belles robes et leurs amis. « Belle est vraiment trop stupide, — Qui, elle se contente bien facilement de notre malheurense situation. — On dirait qu'elle est née pour cela... » Le boa marchand pensait bien autrement, Il savait que Belle brillait micux cn société que ses sceurs. TI aduiisait la. vertu et la patience de cette jeune fille, car ses seurs non seulement ne I’aidzient pas & faire le travail de Ja maison, mais en plus linsultaient & tout moment. 6. Le déjeuner significaba antiguament Ja actualidad significa “el slmuerzo”; “el desayuny .yuno”, mientras que en ‘es hoy le pete déjeuner. 8 La BettavaBesma que no pedia abandonar a su padre en la desgracia y que lo seguiria al campo para consolarlo y ayudarle a trabajar. La vida en el campo Cuando Hegaron a su aueva casa, el mercader y sus tres hijos comenzaron a ocuparse de los campos y a trabajar la tierra. Las hijas debian ocuparse de la casa. La Bella se Tevantaba a las cuatro de Ja madrugada y se daba prisa en limpiar la casa y en preparar el desayuno para toda la fami- lia. Al principio, esto fue muy pesado para ella, pues no estaba acostumbrada a trabajar como una sirvienta. Pero al cabo de dos meses, se volvi6 mas fuerte y estaba en perfecto estado de salud. Cuando habia acabado su trabajo, lefa 0 bien cantaba mientras cosfa. Sus hermanas, por el contrario, se aburrfan mortalmente. Se levantaban a las diez de la mafiana, paseaban todo el dfa yechaban de menos sus bonitos vestidos y a sus amigos. ~—Bella es realmente demasiado esttipida —Si, se contenta muy fécilmente con nuestra desgra- ciada situacién, —Se diria que ha nacido para eso. EI buen mercader peasaba muy diferente. Sabfa que Bella brillaba mejor en sociedad que sus hermanas. Admi- aba la virtud y la paciencia de esta joven, pues sus herma- nas no solamente no la ayudaban a hacer el trabajo de la casa, sino que, ademés, Ia insultaban a todas horas. La Betuger a Bete Un an passa lorsqu’un jour, le marchand recut une lettre ot on Lui annongait qu'un vaisseau dans lequel il avait des, marchandises venait d’arriver sans encombre’. Cette bonne nouvelle ft tourner la téte* aux ainées. Elles pensaient qu’elles allaient enfin quitter 1a campagne, retourner en ville et s'acheter toutes les belles robes qu’elles voulaient, Quand le pére leur dit qu'il irait dabord seul voir ce qui se passait, elles Iui demandérent de leur apporter des robes, des chapeaux et toutes sortes de bagatelles’. La Belle ne demandait rien, car elle pensait que tout Vargent des marchandises ne suffirait pas acheter ce que ses soeurs souhaitaient. « Vous ne voulez pas que je vous apporte quelque chose, ma Belle ? lui dermanda son pére. — Puisque vous avez la bonté de penser moi, lui dit- elle, j’aimerais que vous m’ apportiez une rose, car il n’y en a pas Evidemment, la rose ne l'intéressait pas vraiment mais elle ne voulait pas condamner la conduite de ses sceurs en ne demandant rien, Elles lui auraient dit qu’elle ne demandait rien pour se distinguer. Le voyage Le lendemain, le marchand arriva au port pour récupérer sa marchandise. Mais ce ne fut pas aussi!® facile 7, Sans encombre significa “sin encontrar obstéculo”. 8. Faire tourner la t2te es, literalmente, “hacer girar In eabera”, pero significa “volver loco”, “subir ala cabeza”, “irastornar”. 9, Des bagareltes son objetos inililes y de poco valor. 10, Aussi acompafado de un adjetivo es un comparativo, “tan”. 10 LaBaayta Bestia Paso un affo hasta que, un dia, el mercader recibié una carta en la que le anunciaban que un navfo Ileno de mer- canefas acababa de llegar sin ninguna dificultad. Esta buena noticia trastorné las hijas mayores. Pensaban que iban, por fin, a dejar el campo, volver a la ciudad y com- prarse todos los bonitos vestidos que querfan. Cuando el padre les dijo que primero iria él solo a ver lo que pasaba, ellas le pidieron que les trajera vestidos, sombreros y toda clase de bagatelas. La Bella no pedfa nada, pues pensaba que todo el dinero de las mercancfas no bastarfa para com- prarlo que sus hermanasdeseaban. > —iVos no queréis que os traiga algo, mi Bella? le pregunté su padre. —Ya que tenéis la bondad de pensar en mf —le dijo ella—, me gustarfa que me trajerais una rosa, pues aqut no hay. Evidentemente, la rosa no le interesaba en realidad, pero no querfa condenar la conducta de sus hermanas no pidiendo nada, Ellas le habrfan dicho que no pedfa nada para distinguirse. El viaje Al dia siguiente, el mercader ego a1 puerto para recu- perar su mercancia. Pero no fue tan facil; fue necesario i Ls Bee er ta Bere: que ca ; il fallut payer les dettes et les retards. II vit partir son argent aussi vite qu'il était venu, Finalement et aprés avoir vainement essayé de garder quelque chose, il resta aussi pauvre qu’avant. Sur le chemin du retour, il dut traverser un grand bois. I] ne lui restait plus que trente milles!! & parcourir et il se réjouissait de revoir ses enfants. Mais soudain, il ne retrouva plus Je chéne qu'il avait remarqué en allant en ville. Il se perdit. II neigeait terriblement et le vent soufflait si fort que le malkeureux tomba deux fois de son cheval. ‘Tout d’un coup!?, la nuit tomba. II pensa qu’il allait mourir de faim et de froid ou qu'il serait mangé par les loups qu’il entendait hurler aurour de lui. Soudain, il vit une petite lumigre au loin, au bout! d'une allée de grands platanes. IJ marcha vers la tumidre qui paraissait élcignée et peu & peu il vit un grand chateau tout illuminé. Le marchand remercia Dieu du secours qu’il lui envoyait. Il se hata d’arriver au chateau. Mais il fut bien surpris de n'y voir personne. Son cheval, voyant la grande écurie ouverte, entra dedans. Le pauvre animal qui mourait de faim vit du foin et de avoine et se jeta dessus avec avidité. Le marchand Vattacha dans V'écurie et marche vers la maison, Il n'y avait toujours personne, Il entra dans une grande salle od il trouva un bon feu et une table chargée de viandes. Il n’y avait qu'un couvert. 11, Un mie: “una rilla”; medida de longitud muy’ utilizada en aquella Spoca en Francia, equivalate a 1.472 m, 12. Tout d'un coup es “de golpe"; no confundirlo con tout @ coup, que es “de epente”, 13, Au bow de pueds significar “al cabo de", si se trata de tiempo, 0 “al final de”, sise trata de un lugar. 12 LaBeuway ia Besta pagar las deudas y los atrasos. Vio cémo su dinero marcha- ba tan deprisa como habia venido. Finalmente, y tras haber intentado en vano guardar algo, se qued6 tan pobre como antes, Durante el camino de regreso, tuvo que atravesar un gran bosque. Ya no le quedaban mas que treinta millas por recorter y se alegraba de volver a ver a sus hijos. Pero, de pronto, no encontré el roble en el que se habia fijado cuan- do iba ala ciudad. Se perdié. Nevaba terriblemente y el viento soplaba tan fuerte que el desgraciado se cayé dos veces de su caballo. De golpe, se hizo de noche. Pens6 que iba a morir de hambre y de frfo © que se lo comerian los lobos que ofa aullar alrededor suyo. De pronto, vio una pequena luz a lo lejos, al final de un paseo de grandes plétanos. Caminé hacia la luz que pare- cfa alejada y, poco a poco, vio un gran castillo todo ilumi- nado. El mercader agradeci6 a Dios el auxilio que le envia- ba. Se apresuré por llegar al castillo, Pero se sorprendié mucho de no ver a nadie. Su caballo, al ver el gran establo abierto, entré adentro. Fl pobre animal, que se moria de hambre, vio heno y avena, y se tiré encima con avidez, El mercader lo até en el establo y se dirigié a la casa. Todavia no habfa nadie. Entré en una gran sala donde encontré un buen fuego y una mesa repleta de viandas, No habia alli més que un cubierto, 13 La Bue era Bere Comme Ja pluie et 1a neige Pavaient trempé jusqu’aux 0s, il s‘approcha du feu pour se sécher. Il se dit en Iui- méme : « Le maitre de la maison ou ses domestiques bientét, j’ attendrai un moment. » Il attendit pendant un temps considérable. Il était déja onze heures et personne ne vint. II n’en pouvait plus, il avait une faim de loup. I! prit un poulet, qu’il mangea en tremblant en deux bouchées, et il but quelques verres de vin, I] se sentit bien vite en meilleur état et devint plus courageux. II sortit de la salle et traversa plusieurs grands appartements magnifiquement meublés. A la fin, il trouva une chambre oi il y avait un bon lit et, comme il était minuit et qu’il était épuisé, il prt le parti de fermer la porte et de se coucher. Il était dix heures du matin quand il s’éveilla le Jendemain. Il fut surpris de trouver un habit" bien propre & Ja place du sien qu: était tout abimé « Ce chateau cit appartenir 4 une bonne fée qui a eu pitié de ma situaticn », pensa-t-il. Il regarda par la fenétre et ne vit plus de neige mais un soleil splendide et des fleurs qui enchantaient la vue. Il entra dans la grance salle oi i] avait soupé! Ia veille et vit une grande tasse de chocolat sur la table. «Je vous remercie, madame la fée, dit-il tout haut, avoir en la banté de penser & mon déjeuner. » ndront 14. Un habit, en singular, es una forma antigua para decir “un tra setualmente, se dice av costume. Fl plural [es habits indica, hoy en ropa en gene 15. Souper se usa ‘odavfa en algunos pafses franeéfones para deci cenar”, aunque en Francia, actualmente, se dice diner, que, la 14 La Beuay.a Besa Como la Iluvia y la nieve lo habjan calado hasta los huesos, se acered al fuego para secarse. Pens6: —E duefio de la casz 0 sus criados vendrén en seguida, esperaré un momento. Esperé durante un tiempo considerable. Eran ya las once y no vino nadie. Ya no podia mas, tenfa un hambre de lobo. Cogid un pollo, que comié, temblando, en dos bocados, y bebi6 algunos vasos de vino. Se sintié pron- to en mejor estado y se volvié més atrevido. Salié de la sala y atraves6 varios grandes aposentos magnific: mente amueblados. Al final, encontré una habitacién donde habfa una buena cama y, como era medianoche y estaba agotado, tomé la decisién de cerrar la puerta y acostarse. Al dia siguiente, se despert6 a las diez de la mafiana. Le sorprendié encontrar ur traje muy limpio, en lugar del suyo que estaba todo estiopeado, —Este castillo debe de pertenecer a una hada buena que ha tenido piedad de mi situacién —pens6. Miré por la ventana y ya no vio nieve, sino un sol espléndido y unas flores que hechizaban la vista. Entré en la gran sala donde habfa cenado la vispera, y vio un tazén de chocolate sobre la mesa. —Os agradezco, seficra hada —dijo bien alto—, haber tenido la bondad de pensar en mi desayuno. 15 La Bewweer a Bere ‘Apres avoir pris son chocolat, le marchand sortit pour aller prendre son cheval et passa a cété d'un rosier magnifique. Il se souvint alors de la demande de la Belle et coupa une branche od il y avait plusieurs roses. Une rose bien chére ‘A cet instant, il entendit un grand bruit et vit venir & lui une Béte si horrible qu’il crut s’évanouir. « Vous étes bien ingrat, lui dit la Béte d'une voix terrible. Je vous ai sauvé la vie en vous recevant dans mon chateau et, pour ma peine, vous me volez les roses que j'aime le plus au monde. Vous mourrez!® pour réparer votre faute. Je ne vous donne qu'un quart d’heure pour demander pardon a Dieu. » Le marchand se mit A genoux et dit a la Béte, en joignant les mains « Monseigneur, pardonnez-moi, je ne croyais pas vous offenser. J’ai seulement cueilli une rose pour une de mes filles qui m’en avait demandé. — Je ne m’appelle pas Monseigneur, répondit le monstre, mais la Béte. Je n’aime pas les compliments, Moi, je veux qu’on dise ce qu'on pense. Mais vous avez dit que vous avez des filles. Ca m’intéresse. Je veux bien! vous pardonner, & condition qu'une de vos filles vienne volontairement pour mourir a votre place. 16. Vous mourrez es la segunda persona plural del futuro del verbo ‘mourir.El presente de ind cativo tiene una ola r 17. Bien vouloir faire quelque chose significa “aceptar hacer algo” 16 LaBeway ta Bsa Después de haber tomado el chocolate, el mercader sali6 para ir a coger su caballo y pas6 al lado de un rosal magnifico. Se acord6, entonces, de la peticién de la Bella y corté una rama donde habfa varias rosas. Una rosa muy cara En ese momento, oy6 un gran ruido y vio venir hacia él una Bestia tan horrible que crey6 desmayarse. —Sois muy desagradecido —le dijo ta Bestia con una voz terrible—. Os he salvado la vida al recibiros en mi castillo y, para mi afliccién, me robais las rosas que més quiero en ei mundo. Mociréis para reparar vuestra falta. No 0s doy mas que un cuarto de hora para pedir perdén a Dios El me nde rodillas y die 9 la Bestia, mien tras juntaba las manos: —Monsefior, perdonaime, no crefa ofenderos. Sola- mente he cogido una rosa para una de mis hijas que me la habia pedido, —No me llamo Monsefior —respondié el monstruo—, sino la Bestia. No me gustan los cumplidos. Yo quiero que se diga lo que se piensa. Pero vos habéis dicho que tenéis hijas. Eso me interesa. Acepto perdonaros con la condi- cién de que una de yuestras hijas venga voluntariamente para morir en vuestro luger. 7 La Baur era Bere — Mai — Ne discutez pas, partez! Et si vos filles refusent de mourir pour vous, jurez que vous reviendrez dans trois mois. » Le marchand n’avait pas l’intention de sacrifier une de ses filles mais il pensa «Au moins, je pourrai les embrasser une derniére fois.» 11 jura done de revenir, et la Béte lui dit de partir quand il voudrait. « Mais, ajouta-telle, je ne veux pas que vous partiez les mains vides. Retournez dans la chambre od vous avez couché. Vous y trouverez un grand coffe vide, vous pouvez mettre dedans ce que vous voudrez. Je le ferai porter chez vous. » Alors, la Béte seretira et l'homme se dit: « Si je dois mourir, j’aurai au moins la consolation de laisser quelque chose & mes pauvres enfants.» Il retourna done dans la chambre oi il avait couché et y trouva une grande quantité d’or. Il en remplit le coffre, le ferma et sortit du chateau en prenant son cheval qui Vattendait dans I’écurie. Il partit bien triste, aussi triste qu'il avait été joyeax en arrivant au chateau, Son cheval prit de lui-méme une des routes de la forét et, en peu heures, il arriva devant sa maison. Ses enfants se rassemblérent autour de lui, et il se mit A pleurer en les regardant. II tenait'® A la main la branche de roses qu’il apportait la Belle. Il la lui donna et lui dit: « Belle, prenez ces roses ! Elles coiitent bien cher & votre malheureux pére ! » 18, Tenir es “tlevar cogido”, no confundir com el verbo “tener”, que se ice avoir, 18 LaBritayia Bestia —Pero. No discutéis, jmarcharos! Y si vuestras hijas recha- zan morir por vos, juradme que volveréis dentro de tres meses E] mercader no tenfa la intencién de sacrificar a una de sus hijas, pero pens6: —Al menos, podré abrazarlas por tltima vez. Jur6, pues, volver y la Bestia le dijo que partiera cuando quisiera. —Pero —afiadié ella—, no quiero que os vayéis con las manos vacfas. Volved a la habitacién donde habéis dormido. Encontraréis allf un gran cofre vacfo, podéis poner dentro lo que querdis. Yo lo haré llevar a vuestra casa. Entonces, la Bestia se retiré y el hombre pens6: —Si debo morir, tendré, al menos, el consuelo de dejar algo a mis pobres hijos. Volvi6, pues, a la habitacién donde habia dormido y encontré una gran cantidad de oro. Llené el cofie, lo cerr6 y salié del castillo para coger su caballo que lo esperaba en el establo. Partié muy triste, tan triste como alegre se habia senticlo cuando Ileg6 al castillo. Su caba- Mo tomé por sf mismo uno de los caminos del bosque y, en pocas horas, llegé ante su casa. Sus hijos se reunieron alrededor suyo, y él se puso a llorar mientras los miraba. Llevaba cn la mano el ramo de 1usas que trafa para la Bella. Se lo dio y le dijo: ella, tomad estas rosas! ;Cuestan muy caras a vuestro desgraciado padre! 19 La Beuut er ua Bere Etil raconta a sa famille la funeste aventure qui lui était arrivée, Les deux ainées jetérent de grands cris a la Belle qui ne pleurait pas: « Voyez l'orgueil de cette créature, disaient-elles. Elle ne demandait pas des robes comme nous, non, mademoiselle voulait se distinguer ! Elle va causer la mort de notre pre etelle ne pleure pas. — Ce serait fort inutile, répondit la Belle, pourquoi pleurerais-je la mort de mon pére ? Il ne mourra pas. Puisque le monstre veut bien accepter une de ses filles, je veux bien me livrer & toute sa furie. Je suis tres heureuse, car en mourant, j'aurai la joie de sauver mon pare et de lui prouver ma tendresse. —Non, ma soeur, lui dirent ses trois fréres, vous ne mourrez. pas. Nous irons trouver ce monstre et nous périrons si nous ne pouvons pas le tuer. — Vous ne savez pas ce que vous dites, mes enfants, leur dit le marchand. La force de la Béte est si grancle qu’il vous serait impossible de la tuer. Je suis touché par le bon cqeur de la Belle, mais je ne peux l’exposer la mort. Cest moi qui irai me livrer a la Béte. Je suis vieux et il ne me reste que peu de temps a vivre. — Je vous assure, mon pere, dit la Belle, vous n’irez pas a ce chateau saas moi, Vous ne pouvez m’empécher de vous suivre. Méme si je suis jeune, je ne suis pas fort attachée A la vie Je préfére étre dévorée par ce monstre que de mourir de chagrin aprés votre départ. » On ne put rien faire, ses fréres ne purent la convaincre de rester. La Belle avait décidé de partir pour le beau palais et ses sceurs en étaient charmées. 20 La Brita via Bestia Y conté a su familia Ja funesta aventura que le habia pasado. Las dos hijas mayores lanzaron fuertes gritos a la Bella, que no loraba —Ved el orgullo de esta criatura —decian—. Ella no pedia vestidos como nosotras, no, (la sefiorita querfa dis- tinguirse! Va a ser la cavsa de la muerte de nuestro padre y no llora, —Es0 seria del todo intitil —respondié la Bella—, ;por qué deberia llorar yo 1a muerte de mi padre? El no morird. Puesto que el monstruo quiere aceptar a una de sus hijas, estoy dispuesta a entregarme a toda su furia. Soy muy feliz, pues al morir, tendré la alegria de salvar a mi padre y demostrarle mi ternura, —No, hermana —le dijeron sus tres hermanos—, vos no moriréis. Nosotros iremos en busca de ese monstruo y, sino podemos matarlo, cader—., La fuerza de la Bestia es tan grande que os seria imposible matarla. Estoy conmovido por el buen corazén de la Bella, pero no puedo exponerla a la muerte. Yo iré a entregarme a la Bestia, Soy viejo y me queda poco tiempo de vida. —Os aseguro, padre —dijo la Bella—, que vos no iréi a.ese castillo sin mi. Vos no podéis impedirme que os siga. Aunque sea joven, no estoy muy apegada a la vida. Prefie- ro ser devorada por ese monstruo, que morir de tristeza después de vuestra partida, No se pudo hacer nada, sus hermanos no pudieron con vencerla de que se quedara. La Bella habia decidido partir hacia el bonito palacio y sus hermanas estaban encantadas porello. 21 La Bruner La Bere Le marchand était si triste de perdre sa fille qu'il ne pensait plus au coffre qu'il avait rempli d’or. Le soir, il alla se coucher dans sa chambre et il fut bien étonné de le trouver au pied de son lit. II décida de ne rien dire ses enfants, Si ses filles ainées apprenaient qu'il était redevenu’? riche, elles voudraient retourner en ville. Mais il confia ce secret a la Belle. Elle lui apprit que pendant son absence; il était venu deux gentilshommes qui aimaient ses sceurs, Elle pria alors son pére de les marier. La Belle était si bonne qu'elle voulait pardonner a ses seurs. Elle désirait leur bonheur malgré te mal qu’elles lui avaient fai, Le départ dela Belle Mais ces méchantes filles se froti@rent les yeux avec un oignon pour pleurer quand la Belle partit avec son pete. Ses fréres, eux, pleuraient vraiment, ainsi que leur pére. La Belle était la seule qui ne pleurait pas. Elle ne voulait pas augmenter leur douleuz. Comme la premire fois, le cheval prit de lui-méme la route du palais. Le soir en arrivant, ils apergurent illuming, Le cheval alla a I'écurie et le pére entra avec sa fille dans ta grande salle of ils trouvérent une table magnifiquement servic, avec deux couverts. Le marchand n’avait pas faim, mais la Belle, s’e‘forgant de paraitre tranquille, se mit & table et le servit. Puiselle se diten eile-méme 19. Los verbos con el prefijore-, como redevenir, indican que se realiza tuna accién por segunda ver. 22 La Beta La Besta El mercader estaba tan triste por perder a su hija, que ya no pensaba en el coffe que habia llenado de oro. Por la noche, fue a acostarse a su habitaciOn y se qued6 muy sor- prendido de encontrarlo al pie de su cama. Decidié no decir nada a sus hijos. Si sus hijas mayores se enteraban de que volvia a ser rico, querrfan volver a la ciudad, Pero con- fi6 este secreto a la Bella, Ella le dijo que durante su ausencia habfan venido dos gentilhombres que amaban a sus hermanas. Rog6 a su padre que las casara, La Bella era tan buena que querfa perdonar a sus hermanas. Deseaba su felicidad, a pesar del dafio que le habfan hecho. La partida de la Bella Pero esas malvadas hijas se frotaron los ojos con una cebolla para llorar cuando la Bella partié con su padre. Sus hermanos, si que Hloraban de verdad, igual que su padre. La Bella era la tinica que no Horaba. No querfa aumentar el dolor de ellos. Como la primera vez, el caballo cogié por si mismo el camino del palacio. Por la noche, cuando Ilegaban, lo vie~ ron iluminado, El caballo fue a la caballeriza y el padre entr6 con su hija en la gran sala, donde encontraron una mesa magnificamente servida con dos cubiertos. El mer cader no tenia hambre, pero la Bella, esfurzdndose en parecer tranquila, se senté a la mesa y le sirvi6, Luego, pens6 23 La Beas er La Bere ( « La Béte veut m’engraisser® avant de me manger. » A la fin du souper, ils entendirent un grand bruit. Le marchand pensait que la Béte venait lui dire de partir et il se leva pour embrasser sa fille. Il la serra dans ses bras en pleurant: L'heure de adieu"! était arrivée. La Béte entra a ce moment. « Bonjour, mademoiselle. — Bonjour, mensieur. » La jeune fille ne put s'empécher de trembler en voyant cette horrible figure. « J'espére que vous étes venue de votre propre volonté, dit la Béte. — Oui, répondit la Belle en tremblant. — Vous étes bien bonne, lui dit la Béte, et je vous en remercie. Monsieur, partez demain matin et ne. vous avisez” jamais de revenir ici. Adieu, Belle. — Adieu, Béte, répondit-elle, et tout de suite le monstre se retira. —Ah! ma fille, dit le marchand en embrassant la Belle, je suis & demi mort de frayeur. Croyez-moi, laissez-m: ici, c'est mieux ainsi, — Non, mon pare, lui dit la Belle avec fermeté, vous partirez demain matin et vous me laisserez ici. » Ils allérent se coucher et croyaient ne pas pouvoir dormir de la nuit mais & peine étaient-ils dans leurs lits que 20. Engraisser es dar mucha comida a los animales para que engorden. 21, Adieu, en francés, se dice cuando uno se despide pata siempre, Aw revoires la despedida més comiin. 22, S‘aviser no tiere nada que ver con avisar, sino que significa “ateverse”, “ocumirsele auno algo". 24 La BeutaytaBesna —La Bestia quiere cebarme antes de comerme. Después de la cena, oyeron un gran ruido. El mereader pens6 que Ia Bestia venia a decirle que marchara y se Jevant6 para abrazar a su hija. La estreché entre sus brazos Horando. La hora del adiés habja llegado. La Bestia entré en ese momento. —Buenos dias, sefiorita. —Buenos dias, sefior. La joven no pudo evitar temblar cuando vio este rostro horrible, —Espero que haydis venido por vuestra propia volun- tad —dijo la Bestia. —Si—tespondié la Bella temblando. —Sois muy buena —e dijo la Bestia—, y os lo agra- dezco. Sefior, marcharos mafiana por la mafiana y no se os ocurra volver nunca més por aqui. Adiés, Bella, —Adiés, Bestia —respondié ella—, y en seguida el monstruo se retir6, —iAy!, hija mfa —dijo el mercader, abrazando a la Bella—, estoy medio muerto de espanto. Creede, dejad- me aqui, es mejor asf. —No, padre —le dijo la Bella con firmeza- réis mafiana por la mafiana y me dejaréis aqui. Fueron a acostarse y cteyeron que no podrfan dormir en toda la noche, pero, apenas estuvieron en sus camas, sus Vos parti- La Bruteetta Bere, Jeurs yeux se fermérent. Pendant son sommeil, la Belle vit une dame qui hui dit : « Je suis contente de votre bon ceur, Belle. La bonne action que vous faites ne demeurera pas sans récompense. » La Belle en s’éveillant, raconta ce songe & son pére. Cela le consolait un peu, mais il était bien triste tout de méme, II jeta de grands cris quand il dut se séparer de sa fille. La Belle ne pleurait pas, elle se montrait confiante et sereine. Mais lorsqu'il fut parti, la Belle s‘assit dans la grande salle et se mit & pleurer. Elle était convaincue que la Béte la dévorerait le soir méme. Elle décida de se promener en attendant” et de visiter ce beau chateau. « Allons voir comment est ce magnifique palais. Au moins, comme ca, je ne penserai pas et Ie temps passera plus vite. » La maitresse des lieux Elle fut bien surprise de trouver une porte sur laquelle il y avait écrit : Appartement de la Belle. Elle ouvrit la porte cc fut éblouic de la magnificence qui y régnait. Mais ce q la frappa le plus fut une grande biblioth¢que, un clavecin®* ct plusieurs livres de musique. « On ne veut pas que je m’ennuie », dit-elle tout bas. Elle pensa tout de suite : 23. En aitendant puede ser el gerundio del verbo attendre (“espersc”), pero en este contexto es mejor traducirlo como “mientras tanto”. 24. Clavecin: “clavicordio", “claviegmbalo”, Es un instrumento musical parecido aun piano, pero més pequeiio. 26 La Betta ya Besta ojos se cerraron. Durante el suefio, la Bella vio a una seiio- raque le dijo: —Estoy contenta de vuestro buen corazén, Bella. La buena accién que vos hacéis no quedar sin recom- pensa. La Bella, al despertarse, cont6 este suefio a su padre. Eso lo consolé un poco, pero, a pesar de todo, él estaba muy triste. Dio fuertes gritos cuando tuvo que separarse de su hija. La Bella no llorabe, se mostraba confiada y serena. Pero cuando él se marché, la Bella se sent en la gran sala Y Se puso a llorar. Estaba convencida de"que Ia Bestia la devorarfa esa misma noche. Mientras tanto, decidié pasear y visitar ese bello castillo. —Vamos a ver cémo es este magnifico palacio. Al menos, de esta forma, no pensaré y el tiempo pasard mas deprisa. La duefia de los lugares Le sorprendié mucho encontrar una puerta en la que estaba escrito: Aposento de la Bella. Abri6 la puerta y se qued6 maravillida por la magnificencia que allf reinaba. Pero lo que més la impresion6 fue una gran biblioteca, un clavicordio y varios libros de miisica. —No quieren que me aburra —dijo cn voz baja. Acontinuacién, pens6: 27 La Beuuger a Bere « Si je n’avais qu'un jour a vivre, on ne me donnerait pas tout cela. » Cette pensée lui donna un peu plus de courage. Elle ouvrit la bibliothéque et vit un livre oi il y avait écrit en lettres d’or : Souhaitez, commandez. Vous étes la reine et la maitresse. « Hélas ! ditelle en soupirant, je souhaite seulem voir mon panvre pére et voir ce qu'il fait en ce moment. » Quelle fut s@ surprise, en jetant les yeux dans un grand miroir, d’y voir sa maison ot son pére arrivait avec un visage extrémement triste. Ses soeurs venaient au-devant de lui et, malgré les grimaces qu’elles faisaient pour paraitre affligées, la joie qu’elles avaient de la perte de leur sceur paraissait sur leurs visages. Un moment aprés, tout cela disparut. La Belle pensa alors que la Béte était bien complaisante et qu'elle n’avait probablement rien & craindre du monstre. A midi, elle trouva la table mise et, pendant son diner?°, elle écouta un excellent concert, Mais elle ne vit personne. heure du souper Le soir, quand elle allait se mettre a table, elle entendit le bruit que faisait la Béte. Elle ne put s'empécher de frémir. «Belle, lui dit ce monstre, voulez-vous bien que je vous regarde souper ? 25, El diner de Ia época de ta narracién comesponde al déjewner actual, que es el “almuerz0” 0 comida del mediodsa. 28 LaBewiay La Bestia —Si no me quedara més que un dia de vida, no me da- rfan todo esto. Este pensamiento le dio un poco mas de coraje. Abrié la biblioteca y vio un libro en el que estaba escrito con letras de oro: Desead, ordenad. Vos sois la reina y la duena. JAY! ~~ Lo Suopiraado—, deseo suianente ver a ui pobre padre y ver lo que hace en este momento. Cuail fue su sorpresa, cuando, 2! micor a= ne pen ae jo, vio en l su casa, a la que su padre llegaba con el rostro extremadamente triste. Sus hermanas venian a su encuen- tro y, a pesar de las muecas que hacfan para parecer afligi- das, la alegria que sentfan por la pérdida de su hermana se reflejaba en sus rostros. Un momento después, todo esto desapareci6. La Bella pens6, entonces, que la Bestia era muy complaciente y que no habia probablemente nada que temer. Al mediodia, encontré ki mesa puesta y, durante la comi= da, escuché un excelente concierto, Pero no vio a nadie. La hora dela cena Por la noche, cuando ida a sentarse a la mesa, oyé ell ruido que hacia la Bestia. No pudo evitar estremecerse. —Bella —le dijo ese monstruo—, jne dejdis que os mire mientras cendis? 29 La Bewe er La Bert: —-Vous étes le maitre, lui dit la Belle en frissonnant. —Non, reprit la Béte, vous étes la seule maitresse ici Vous n’avez qu’a me dire de m’en aller si je vous ennuie. Je sortirai tout de suite. Dites-moi, vous me trouvez bien laid, n'est-ce pas? —C’est vrai, dit la Belle, car je ne sais pas mentir, mais, je crois que vous étes fort bon — Vous avez raison, dit le monstre, Mais non seulement je suis laid, je suis également sans esprit. Je sais bien que je ne suis qu'une Béte. — On n'est pas béte”’, reprit la Belle, quand on croit ne pas avoir d’esprit. Un sot ne sait jamais cela. — Mangez done, la Belle, dit le monstre, et essayez de ne pas vous ennuyer dans votre maison, Tout ceci est & vous et je serais bien triste si vous n’étiez pas contente. — Vous avez beaucoup de bonté, dit la Belle, Je vous assure que je suis contente de votre coeur. Quand j’y pense, vous ne me paraissez plus si laid. —Oh! dame, oui ! répondit la Béte. Jai le cceur bon, mais je suis un monstre. — Il y a bien des hommes qui sont plus monstres que dit la Belle, Je vous préfére avec votre figure’® hent un coeur faux, vous ceux qui, avec une figure d’homme, corrompu et ingra. Si j'avais de Pesprit, reprit la Bete, je vous ferais un grand compliment pour vous remercier. Mais je s Lis net 26. Aqui esprit significa “Ingenio” y no “espitit", come podria ser en 27. Béte significa tate “bestia” como “tonto”, 28. Figure significa “cara” y no “figura”. 30 La Beuayia Bestia —Vos sois el amo —le dijo la Bella temblando. —No —siguié la Bestia—, vos sois la tinica duefia aqui, Si os molesto, s6lo tenéis que decirme que me vaya. Saldré en seguida. Decidme, me encontrdis muy feo, ;no es asi? —Es verdad —dijo la Bella—., pues no sé mentir, pero creo que sois muy bueno. —Tenéis razén —dijo el monstruo—. Pero no sola- mente soy feo, sino que tampoco tengo ingenio. Sé bien que no soy més que una Bestia. : —No se es tonto —sigui6 la Bella— cuando se cree no tener ingenio, Un tonto nunca sabe eso. —Comed pues, Bella —dijo el monstruo—, y tratad de no aburriros en vuestra casa, Todo esto es vuestro y estaria muy triste si no estuvierais contenta, —Sois muy bondadoso —dijo la Bella—. Os aseguro que estoy contenta de vuestro corazén. Cuando pienso en ello, ya no me parecéis tan feo. —iOh! jSi, sefiora! —respondié la Bestia—, Tengo el coraz6n bueno, pero soy un monstruo. —Hay hombres que son més monstruosos que vos —dijo la Bella—. Os prefiero a vos con vuestro rostro que @ esos que, con cara de hombre, esconden un corazén falso, corrupto e ingrato. —Si Wicia Ingenio —siguid la Besua—, os harfa un gran cumplido para daros las gracias. Pero soy un tonto 31 La Beir erta Bere et tout ce que je peux vous dire, c'est que je vous en remercie beaucoup, > LaBelle soupa de bon appétit. Elle n’avait presque plus peur du monstre, mais elle manqua”? de mourir de frayeur lorsqu’il lui dit «Belle, voulez-vous étre ma femme ? » Eile attendit un peu avant de répondre. Elle avait peur d'exciter la colére du monstre en refusant sa proposition, Mais elle rassembla tout son courage et lui dit enfin en tremblant «Non, Béte. » A ce moment-la, la Béte fit un sifflement si épouvantable que tout le palais en retentit, Pourtant, 1a Belle était rassurée, car il ne faisait que soupirer. La Béte, lui dit «Adieu done, Belle. » II sortit de Ja salle en se retournant de temps en temps pour la regarder. La Belle, se voyant seule, sentit une grande compassion pour cette pauvre Béte. «Hélas! disait-elle, c’est bien dommage qu’elle soit si laide, elle est si bonne ! » ‘La Belle au chateau La Belle passa trois mois dans ce palais. Elle ne s’ennuyait pas, elle lisait, se promenait, jouait du clavecin, Elle vivait bien tranquille. Tous les soirs, la Béte lui rendait visite et parlait avec elle pendant le souper. Il avait beaucoup 29. Manguer de faire quelque chose: “casi hacer algo”. 32 La Bea via Besna y todo lo que puedo deciros, es que os lo agradezco raucho. La Bella cené con buen apetito. Ya casi no tenia miedo del monstruo, pero casi se murié de payor cuando él le dijo: —Bella, ;queréis ser mi mujer? Ella esperé un poco antes de responder, Tenia miedo de excitar la cGlera del monstruo si rechazaba su proposi- ci6n. Peto reunié todo su coraje y le dijo, por fin, tem- blando: —No, Bestia. En ese momento, la Bestia dio un silbido tan espantoso, gue resoné por todo el palacio, Sin embargo, la Bella esta- ba tranquila, pues él no hacfa més que suspirar, La Bestia le dijo: —Adids, pues, Bella. Salié de la sala girdndose de vez en cuando para mirar- la. La Bella, al encontrarse sola, sintié una gran compasién por esa pobre Bestia. —iAy! —decia—, es una listima que sea tan fea, jes tan buena! La Bella en el castillo La Bella pase tres meses en ese palacio. No se aburria, lefa, paseaba, tocaba el clavicordio. Vivia muy tranquila. Todas las noches, la Bestia la visitaba y hablaba con ella durante la cena, Tenia muy buen sentido, pero nunca 33 La BewweerLa Bere de bon sens, mais jamais il ne parlait avec ce qu’on appelle de l’esprit dans le monde*’. Chaque jour, la Belle découvrait de nouvelles bontés dans ce monstre. L’habitude de le voir Vavait accoutumée & sa laideur. De plus, loin de craindre le moment de sa visite, elle regardait souvent Phorloge pour voir s'il était neuf heures, car la Béte ne manquait pas de venir & cette heure-. I n’y avait qu'une chose qui !a rendait triste et c’était que le monstre, avant de se coucher, Ini demandait tous les jours si elle voulait éire sa femme. Et tous les jours, il paraissait envahi de douleur lorsqu’elle lui répondait que non. Un jour, elle lai dit : « Vous me décevez, la Béte. Je voudrais pouvoir vous €pouser, mais je suis trop sincére pour vous faire croire que cela arrivera un jour. Essayez de comprendre cela — Je vous comprends. Je sais que je suis horrible, mais je vous aime beaucoup. Promettez-moi que vous ne me quitterez jamais ! » La Belle rougit 3 ces paroles. Le matin méme, elle avait vu, dans son miroir, que son pére était malade de chagrin de l'avoir perdue et elle souhaitait le revoir. « Je pourrais vous promettre de ne jamais vous quitter mais j'ai tellement envie de revoir mon ptre que je mourrai de douleursi vous me refusez ce plaisit. — J'aime mieux mourir moi-méme, dit le monstre, que de vous rendre triste. Je vous cnverrai chez votre pire, vous y resterez, et votre pauvre Béte mourra de douleur. —Non, lui dit la Belle, Je vous aime trop pour vouloir causer votre mort. Je vous promets de revenir dans huit 30. Le monde se refiete “la sociedad”, no al mundo, 34 LaBruiayta Bestia hablaba con eso que se llama “ingenio” en sociedad. Cada dia, la Bella descubria nuevas bondadac an aco manors, EI hébito de verlo la habia acostumbrado a su fealdad. Ademis, lejos de temer el momento de su visita, miraba a menudo el reloj para ver si eran las nueve, puesto que la Bestia no dejaba de venir aesa hora, Sélo habia una cosa que la ponia triste y era que el Monstruo, antes de acostarse, le preguntaba todos los dias i queria ser su mujer. Y todos los dias parecia invadido por el dolor cuandp ella le respondfa que no. Un dia, ella le dijo: —Me decepcioniis, Bestia. Quisiera poder casarme con vos, pero soy demasiado sincera para haceros creer que esto ocurrird un dia, Intentad comprenderlo. —Os comprendo. SE que soy horrible, pero os quiero imucho, ,Prometedme que no me dejaréis nunca! La Bella se sonrojé con estas palabras. Esa misma mafiana habia visto en su espejo que su padre estaba enfer- mo de tristeza por haberla perdido y ella deseaba volver a verlo. ~-Podria prometeros no dejaros nunca, pero tengo tan- tas ganas de volver a ver a mi padre que moriré de dolor si me negdis ese placer, —Prefiero morir yo mismo —dijo el monstruo— antes que poneros triste. Os enviaré a casa de vuestro padre, os yuedaréis allf, y vuestra pobre Bestia morira de dolor. —No —le dijo la Bella—. Os quiero demasiado para querer causar vuestra muerte, Os prometo volver dentro de ocho dias, Me he enterado gracias a vos de que mis herma- 35 La Bee et La Bere jours. J'ai appris grace & vous que mes seeurs sont mariges et que mes fréres sont partis pour I’armée. Mon pare est tout seul, acceptez que je reste une semaine chez lui. — Vous y serez demain matin, dit la Bete, Mais souvenez-vous de voire promesse : vous n’aurez qu’a mettre votte bague sur une table en vous couchant quand vous voudrez revenir. Adieu, Belle, » La Béte soupira, selon sa coutume et le sifflement résonna a nouveau dans tout le palais. La Belle se coucha toute triste de l’avoir affligé. La Belle chez. son pere Quand elle sz réveilla le lendemain matin, elle se trouvait dans la maison de son pére. Elle sonna une clochette qui était & cOté du lit. Aussitét, elle vit venir une servante qui poussa un cri de surprise en la voyant. Le pee accourut et manqua de mourir de joie en revoyant sa chére fille. Ils se tinrentembrassés plus dun quart @*heure. La Belle pensa ensuite qu'elle n’avait pas d’habits pour se lever, mais la servante lui dit qu’elle venait de trouver dans la chambre voisine un grand cofire plein de robes d'or, garnies de diamants, La jeune fille remercia & voix basse la bonne Béte de ses attentions. Elle prit la moins riche de ces robeset dit i la servante de ranger les autres. «Je voudrais les offrir A mes sceurs. » Mais a peine avait-elle prononeé ces paroles que le coffre disparut. Son pére lui dit alors que la Béte voulait qu'elle garda tout cela pour elle, et aussitdt les robes et le coffre revinrent &la méme place, 36 nas estén casadas y que mis hermanos se han marchado al ejército. Mi padre esté solo, aceptad que me quede una semana en su casa. —Estaréis allf mafiana por la mafiana —dijo la Bes- tia—, Pero acordaros de vuestra promesa: cuando querdis volver, no tendréis mas que poner vuesira sortija sobre una mesa al acostaros. Adiés, Bella. La Bestia suspiré, segiin su costumbre, y el silbido reson6 de nuevo en todo el palacio. La Bella se acost6 muy triste por haberlo afligido. La Bella en casa de su padre Cuando ella se desperts a la mafiana siguiente, se encon- traba en la casa de su padre. Toes una campanilla que estaba al lado de la cama, En seguida vio venir a una sirvienta que al verla lanz6 un erito de sorpresa. El parr seudi6 y a pur’ estuvo de morir de alegrfa al volver a ver a su querida hija. Estuvieron abrazados més de un cuarto de hora. La Bella pens6 a continuacién que no tenfa ropa para levantarse, pero la sirvienta le dijo que acababa de encontrar en la habitaci6n de al lado un gran cofre Ileno de vestidos de oro, adornados con diamantes. La joven agradecié en voz baja a la buena Bestia sus atenciones. Cogié el menos rico de esos vestidos y dijo a la sirvienta que guardara los otros, —Quisiera regalarselos a mis hermanas. Pero apenas habfa pronunciado estas palabras, el cofre desaparecis. Su padre le dijo, entonces, que la Bestia que- rfa que ella guardara todo eso para ella, y, al momento, los vestidos y el cofre volvieron al mismo sitio. 37 La Bauzsria Bet La Belle s’habilla et, pendant ce temps, on alla avertir les sceurs qui accoururent avec leurs maris. Elles étaient toutes deux fort malheureuses. L’ainée avait épousé un jeune gentilhomme beau comme l'amour! ; mais il était si amoureux de sa propre figure qu'il n’était occupé que de cela depuis® Je matin jusqu’au soir. La seconde avait Spousé un homme qui avait beaucoup d’esprit mais il ne sven servait que pour faire enrager tout le monde, 4 commencer par sa femme. Les sceurs de la Belle manguérent de mourir de douleur et de jalousie quand elles la virent hatillée comme une princesse et plus belle que le jour. Rien ne put étouffer leur jalousie, qui augmenta lorsque la Belle leur raconta sa vie au palais, ce qu'elle faisait tcute la journée et combien elle était heureuse. Ces deux jalouses descendirent dans le jardin pour y pleurer et dirent « Pourquoi cette petite eréature est-elle plus heureuse que nous ? Ne sommes-nous pas plus aimables*? qu’elle ? —Ma seeur, dit l’ainée, il me vient une idée ! Essayons de la garder ici plus de huit jours. Cette Béte idiote se mettra en colére, car elle lui aura manqué de parole. Et peut-étre la dévorera-t-elle... — Vous avez saison, ma sceur, répondit I’autre. Nous ferons tout pour la retenir ici. » 31, Beau comme Lamour es una expresi6n que signi ‘hermoso como un singel 32. Depuis es siempre “desde”; no confundir con “después”. También puede ser “desde hace” si va seguido de un numeral, como depuis trois ans, ‘desde hace tees aos” 33. Aimable no significa simplemente “amable”, gusta” fica “guapisime” 38 LaBeayia Bess La Bella se vistié y, mientras tanto, fueron a avisar a las hermanas, que acudieron con sus maridos. Eran las dos muy desgraciadas. La mayor se habfa casado con un joven gentilhombre guapo como un angel; pero estaba tan enamorado de su propia cara, que no se ocupaba més que de eso desde a maiiana hasta la noche, La segunda se habfa casado con un hombre que tenia mucho ingenio, pero s6lo lo utilizaba para hacer rabiar a todo el mundo, empezando por su mujer. Las hermanas de le Bella estu- vieron a punto de morir de dolor y de celog cuando la vie~ ron vestida como una priacesa y més bella que el dia. Nada pudo apagar sus celos, que aumentaron cuando la Bella les conté su vida en el palacio, lo que hacia todo el dfa y cun feliz era, Estas dos celosas bajaron al jardin para llorar y dijeroi —(Por qué esta criaturita es més feliz que nosotras? {No somos nosotras més agradables que ella? —Hermana mia —dijo la mayor—, jse me ha ocurrido tuna idea! Intentemos retenerla aqui més de ocho dias. Esa Bestia idiota montard en célera, pues ella habré faltado a su palabra. ¥ tal vez la devorard... —Tenis raz6n, hermana mfa —respondié la otra—. Haremos lo que sea para retenerla aqui. 39 LaBeueer ia Bere La Belle regrette Quand les hui: jours furent passés, les deux socurs Svarracherent les cheveux et feignirent tellement 4’étre affligées de son départ que la Belle promit de rester encore huit jours. Cependant la Belle se reprochait du chagrin qu’elle allait donner & sa pauvre Béte qu’elle aimait de tout son coeur. Le dixidme jour qu’elle passa chez son pére, elle réva qu'elle était dans le jardin du paiais et qu'elle voyait la Béte couchée sur Iherbe. Le monstre paraissait prét & mourir et lui reprochait son ingratitude. La Belle se réveilla en sursautet elle avait des larmes aux yeux. « Je suis bien méchante, dit-elle, de donner du chagrin & une Béte qui a pour moi tant de complaisance | Est-ce sa faute si elle est laide ? Et si elle a peu d'esprit ? Bille est bonne, cela vaut mieux que tout le reste. Pourquoi n'ai-je pas voulu I’épouser ? Je serais plus heureuse avec elle que mes seeurs avec leurs maris. Ce n'est ni la beauté ni esprit d'un mari qui rendent une femme contente, c'est la bonté du caractére et la vertu, Et la Béte a toutes ces qualités. I est vrai que je n'ai pas d'amour pour elle mai Vestime, de l'amitié et de la reconnaissance. Allons, il ne faut pas la rendre malheureuse | Je me reprocherais toute ma vie mon ingratitude. » ‘Aces mots, la Belle se leva, mit sa bague sur la table et revint se coucher, A peine fut-elle dans le lit gu’elle sendormit. 40 LaBauarta Besta La Bella se arrepiente Cuando hubieron pasado los ocho dias, las dos herma- nas se arrancaron los cabellos y fingieron de tal forma estar afligidas por su partida, que la Bella prometié que- darse ocho dias mas. Sin embargo, la Bella se reprochaba la tristeza que ibaa causar a su pobre Bestia, a la que amaba con todo su co raz6n, El décimo dia que pasé en casa de su padre, sofié que estaba en el jardin del palacio y que vefa a la Bestia acosta da sobre la hierba. El monstruo parecfa a punto de morir y le reprochaba su ingratitud. La Bella se desperts sobresal- tada y tenia lagrimas en los ojo: jSoy muy mala —dijo— por causar tristeza a una Bestia que es tan complacieate conmigo! ;Es culpa suya si es fea? ZY si tiene poco ingenio? Es buena, eso vale més que todo el resto. ;Por qué no he querido casarme con ella? Seria més feliz. con ella que mis hermanas con sus maridos. No es la belleza nil ingenio de un marido lo que hace que una mujer esté contenta, es la bondad del cardcter y la virtud, Y la Bestia tiene todas estas cualidades. Es cierto que no siento amor por ella, pero tengo estima, amistad y reconocimiento. ;Vamos, no hay que hacerla desgraciada! Me reprocharia toda la vida mi ingratitud. Dicho esto, la Bella se levant6, puso su sortija sobre la mesa y se volvid a acostar. Apenas estuvo en la cama, se durmis. LaBeuurerta Birr De retour au palais Quand elle se réveilla le lendemain matin, eile vit avec joie qu'elle était dans le palais de la Béte. Elie s’habilla magnifiquement pour lui plaire et s’ennuya & mourir toute Ja journée, en attendant neuf heures du soir. Mais lorsque Thorloge sonna, .a Béte ne parut pas. La Belle craignit d'avoir causé sa mort. Bile courut dans tout le palais en criant son nom, Elle était désespérée. Aprés avoir cherché partout, elle se souvint de son réve et courut dans le jardin prés du canal oi elle l'avait vue en dormant, Elle trouva la pauvre Béte étendue, sans connaissance et crut qu’elle était morte, Elle se jeta sur son corps sans avoir peur de sa figure. En sentant que son cozur battait encore, elle prii de l'eau dans le canal et lui en ver téte. La Béte ouvrit les yeux et dit la Belle « Vous avez oublié votre promesse | Le chagrin de yous avoir perdu m’a fait résoudre & me laisser mourir de faim. Mais je meurs content, puisque j’ai le plaisir de vous revoir encore une fois. Non, ma chére Béte, vous ne mourrez pas ! lui dit la Belle. Vous vivrez pour devenir mon époux. A partir de ce moment, je vous donne ma main et je jure que je ne serai qu’a yous. Hélas ! je croyais a’avoir que de l'amitié pour vous, mais la douleur que je sens me fait voir autre chose. Je ne pourrais vivre sans vous voir. » A peine la Belle avait-elle prononcé ces paroles qu’elle vit le chateau brillant de lumigres. Les feux d’artifice, la musique, tout lui annongait une féte. Elle regarda le ciel de ses grands yeux et se demanda ce qui se passait. Elle se 42 LaBauaiaBssma De vuelta al palacio Cuando se desperté a la maiiana siguiente, vio con ale- aria que estaba en el palacio de la Bestia, Se vistié magni- ficamente para agradarla y se aburrié mortalmente todo el dia, esperando las nueve de la noche. Pero cuando el reloj son6, la Bestia no aparecié, La Bella temié haber causado su muerte. Corrié por todo el palacio gritando su nombre. Estaba desesperada, Después de haber buscado por todas partes, se acord6 de su suefio y corrié al jardin cerca del canal donde la habia visto durmiendo. Encontré a la pobre Bestia tendida sin conocimiento y creyé que estaba muerta, Se ech6 sobre su cuerpo sin tener miedo de su rostro. Al sentir que su coraz6n latia todavia, cogié agua del canal y se la vertio sovre 1a cabeza. La Bes tia abri6 los ojos y dijo a le Bella: —Olvidasteis vuestra promesa! La tristeza de haberos perdido me decidié a dejarme motir de hambre. Pero muero contento, puesto que tengo el placer de volver a veros una vez més —No, mi querida Bestia, jno moriréis! —le dijo la Bella—. Vos viviréis para convertiros en mi esposo. A par- tir de este momento, os concedo mi mano y juro gue s6lo seré vuestra, Ay! Crefa no tener més que amistad con vos, pero el dolor que siento me hace ver otra cosa. No podria vivir sin veros, Apenas la Bella habia pronunciado estas palabras, vio el castillo brillante de luces. Los fuegos artificiales, la miisica, todo le anunciaba una fiesta, Miré al cielo con sus grandes ojos y se pregunté qué pasaba. Se gird hacia su 43 La Bows er ta Bere retourna vers sa chére Béte pour obtenir une réponse. Quelle ne fut pas sa surprise ! La Béte avait disparu, Etelle ne vit plus & ses pieds qu’un prince plus beau que l'amour, qui la remerciait c’avoir rompu son enchantement. Méme si le prince méritait toute son attention, elle ne put s’ empécher de lui demander od était la Bete, « Vous la voyez & vos pieds, lui dit le prince. Une méchante fée m’avait condamné & rester sous cette figure jusqu’a ce qu’une belle fille accepte de m’ épouser. Et elle m’avait défendu de faire paraitre mon esprit. Il n’y avait que vous dans le monde pour vous laisser toucher par la bonté de mon caractére. En vous offrant ma couronne, je vous donne aussi toute ma vie et mon bonheur. » La récompense La Belle, agréablement surprise, donna la main & ce beau prince pour lefrelever. Ils all@rent au chateau et la Belle n’en crut pas ses yeux™ quand elle vit, dans la grande salle, son pare et toute sa famille. La belle dame qui lui était apparue en songe s’approcha delle. « Belle, lui dit la dame qui était une grande fée, venez recevoir la récompense de votre bon choix. Vous avez préféré la vertu & la beauté et a esprit. Vous méritez de trouver toutes ces qualités réunies en une méme personne. Vous allez devenir une grande reine. Mais j’espére que le trOne ne détruira pas vos vertus. Pour vous, mes- 34, Ne pas en crowe ses yeux es, literalmente, “no creer a sus ojos por ello”. Es una expresién muy utllizada para expresar Sorpresa, 44 LaBewaria Besa querida Bestia para obtener una respuesta. ;Cudl no fue su sorpresa! La Bestia habia desaparecido. Y no vio a sus pies més que aun principe més bello que un angel, que le agra- decia haber roto su encantamiento, A pesar de que el princ pe merecia toda su atenci6n, no pudo evitar preguntarle dénde estaba la Besti —La veis a vuestros pies —le dijo el principe—. Una hada mala me habfa condenado a permanecer con este ros- tro hasta que una bella chica aceptara casarse conmigo. Y me habia prohibido manifestar mi ingenig. No habfa més que vos en el mundo para dejarse influir por la bondad de mi cardcter. Al ofteceros mi corona, os doy también toda mi vida y mi felicidad. La recompensa La Bella, agradablemente sorprendida, dio la mano a este guapo principe para levantarlo, Fueron al castillo y la Bella no podfa dar crédito a sus ojos cuando vio en la gran sala a su padre y a toda su familia. La bella dama que se le habia aparecido en suefios, se acercé a ella. —Bella —le dijo la dama, que era una gran hada—, venid a recibir la recompensa por vuestra buena eleccién. Habéis preferido la virtud a la belleza y al ingenio. Mere- céis encontrar todas esas cualidades en una misma perso- na. Vais a convertiros en una gran reina, Pero espero que el trono no destruira vuestras virtudes. Para vos, sefioritas 45 La Baw eria Bee demoiselles, dit la fée aux soeurs de Belle, je connais votre coeur et toute la malice qu'il enferme. Devenez deux statues, mais conserver. toute votre raison sous la pierre qui vous envelorpera, Vous demeurerez. 4 la porte du palais de votre sceur. Je ne vous impose pas d’autre chatiment que d’étre témoins de son bonheur. Vous ne pourrez revenir dans votre premier état que quand vous reconnaftrez vos fautes. Mais j'ai bien peur que vous ne restiez toujours des statues. On corrige lorgueil, la colére, Ja gourmandise ou Ia paresse, mais c'est une espéce de miracle que la conversion d'un coeur méchant et envieux. » ‘A ce moment-ii, la fée donna un coup de bagucue ct transporta toutes les personnes qui étaient dans cette salle dans le royaume da prince. Ses sujets le virent revenir avec joie et ils Ivi firent une grande f@te. Le lendemain, le prince épousa la Belle. Is yécurent ensemble fort longtemps dans un bonheur parfait, parce qu'il était fondé sur la vertu 46, LaBeutaytaBest —dijo el hada a las hermanas de la Bella—, conozco vues- tros corazones y toda la malicia que encierran. Convertiros en dos estatuas, pero conservad toda vuestra raz6n bajo la piedra que os envolverd. Permaneceréis a la puerta del palacio de yuestra hermana, No os impongo otro castigo que el de ser testimonios de su felicidad. No podréis volver a vuestro primer estado més que cuando reconozedis vues- tras faltas. Pero mucho me temo que seréis estatuas para siempre. Se corrige el orgullo, la célera, la glotoneria o la pereza, pero es una especie de milagro la conversién de un coraz6n malo y envidioso. — _ En ese momento, el hada dio un golpe de varita y trans- ports a todas las personas que estavau cu ess suis ai 1eitlO del principe. Sus stibditos le vieron volver con alegria y le hicieron una gran fiesta. Al dia siguiente, el principe se cas6 con la Bella. Vivieron juntos mucho tiempo en una felicidad per- fecta, porque estaba fundada sobre la virtud. 47

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