TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE de RENNES, AMNISTIE Lot du 08.08.2002 CONTRADICTOIRE JUGEMENT CORRECTIONNEL DU : 27 MAI 2002 N* de Jugement : 02/1482 N' de Parquet 0134069 A laudience du TRIBUNAL CORRECTIONNEL, au Palais de Justice de RENNES le VINGT SEPT MAI DEUX MILLE DEUX Prononcé par Madame ALGIER, Vice-Président, faisant fonction de Président, en application des dispositions de l'article 485 du Code de Procédure Pénale, assistée de Madame PRETESEILLE, Greffier, en présence de Monsieur ALBISETTI, Substitut du Procureur de la République, dans laffaire ENTRE: Monsieur le PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE, prés ce Tribunal, demandeur et poursuivant, PARTIE CIVILE L'ASSOCIATION DES GUIDES ET SCOUTS D’EUROPE, teprésentée par son président, M. BOUCHEND'HOMME Bertrand , dlisant domicile au cabinet de Maitre BOUESSEL DU BOURG, avocat 5, Boulevard Sébastopol - 35000 RENNES, partie civile constituée par le dépét d'une plainte devant le juge @instruction, non comparante, représentée a 'audience par Maitre BOUESSEL DU BOURG, avocat au Barreau de RENNES ET:NOM DATE DE NAISSANCE, LIEU DE NAISSANCE FILIATION NATIONALITE ; FRANCAISE ADRESSE VILLE SITUATION FAMILIALE : Célibataire PROFESSION : étudiant Jamais condamné, libre Comparant et assisté de Maitre DEWYNTER, avocat au Barreau de PARIS Prévenu de Aves usa 3 84 DIFFAMATION ENVERS PARTICULIER(S) PAR PAROLE, ECRIT, boi 6u 06.08.2002 tn44GE OU MOYEN AUDIOVISUEL Aldiig pig. - NTCRE PUBLIQUE ENVERS UN PARTICULIER PAR PAROLE, loi du 06.08,24¢ ECRIT, IMAGE OU MOYEN AUDIOVISUEL - REPRODUCTION D'UNE MARQUE SANS L*AUTORISATION DE SON PROPRIETAIRE - CONTREFACON NOM DATE DE NAISSANCE LIEU DE NAISSANCE FILIATION : de bie NATIONALITE : FRANCAISE ADRESSE VILLE SITUATION FAMILIALE © Célibataire PROFESSION : étudiant Jamais condamné, libre Comparant et assisté de Maitre DEWYNTER, avocat au Barreau de PARIS wvenu de Aku ~ DIFFAMATION ENVERS PARTICULIER(S) PAR PAROLE, ECRIT, {oi du 06.08.uuIMAGE OU MOYEN AUDIOVISUEL Pucevce E ENVERS UN PARTICULIER PAR PAROLE, oi du 06.08.20uFCRIT, IMAGE OU MOYEN AUDIOVISUEL- REPRODUCTION D’UNE MARQUE SANS L’AUTORISATION DE SON PROPRIETAIRE - CONTREFACON La cause, appelée a ’audience du 30 avril 2002, siégeant Madame ALGIER, Vice-Président, faisant fonction de Président, Madame JEORGER-LE GAC, Juge, assesseur, Madame BAEHR, Juge, assesseur, assistées de Madame PIEDERRIERE, Greffier, en présence de Madame DESPORT, Vice-Procureur de la République, Madame le Président a constaté la présence des prévenus, les a interrogés sur leur son identité, puis a donné connaissance de l’acte qui a saisi le Tribunal et exposé I’affaire ; Maitre BOUESSEL DU BOURG, avocat au Barreau de RENNES, a déclaré se constituer partie civile au nom de I’Association des Guides et Scouts a Europe, puis a développé et déposé des conclusions, diiment visées et jointes au dossier Le Ministére Public a été entendu en ses réquisitions ; Les nommés o et leur conseil, ont présenté leurs moyens de défense et les prévenus ont eu la parole en dernier, Puis le Tribunal a mis l’affaire en délibéré, Et a Vaudience du 27 mai 2002, le TRIBUNAL, vidant son délibéré conformément a la Loi, a statué ce jour en ces termes. LE TRIBUNAL Autendu que a &té cite par exploit de la SCP SANCHEZ-DAVID, Huissiers de justice & CLERMONT-FERRAND, en date du 27/03/2002, pour comparaitre I’audience de ce jour ; que la citation est réguliére en la forme ; Attendu que a été cité par exploit de Maitre TRAPON, Huissier de justice a CHALON SUR SAONE, en date du 28/03/2002, pour comparaitre & l'audience de ce jour ; que la citation est réguliére en la forme, we J,Attendu que et ‘ont été renvoyés devant le Tribunal Correctionnel de ce siége par ordonnance en date du 13/02/2002, rence par Monsieur MATHIEU, Juged’Instruction dece siége sous la prévention @ avoir, CLERMONT-FERRAND et DENNEVY, courant janvier et mars 2000, notamment le 21 janvier et le 16 mars 2000, et en tous cas sur le territoire national et depuis temps non prescrit, en qualité de producteur du site SPSE + allégué ou imputé un fait portant publiquement atteinte Vhonneur et a la consideration de I’Association des Guides et Scouts @Europe, prise en la personne de son président, M BOUCHEND’HOMME, par écrit, en l'espéce en laissant diffuser sur leur site internet “SPSE" le message de “peste brune” ~ “http :I/nsdap.de: Pour avoir osé vous moquer de nos chers kameraden vous mériteriez d’étre traités comme les plus vils des untermenschen” et prétant ainsi aux scouts d'Europe des opinions relevant de l'idéologie nazie, faits prévus et réprimés par les articles 32 al.1, 23 al.1, 29 al.1 et 42 dela loi du 29 juillet 1881 ; et d'avoir, dans les mémes circonstances de temps et de lieu ~ injurié publiquement I’ Association des Guides et Scouts d'Europe, prise en la personne de son Président, M BOUCHEND’HOMME, par écrit, en lespéce en laissant diffuser des messages sur leur site internet “SPSE” indiquant ~ “Quelle bande dec ces scouts...Qu’est-ce-que c'est ¢ un scout!” ~ “Les vilaines bétes brunes a la face acnéique qu'on écrase sur les bas c6tés de la route en éé...Cest pas des fachos, c'est des scouts!”, faits prévus et réprimés par les articles 33 al 2, 23 al al.1, 29 al.2 et 42 de la loi du 29 juillet 1881 ; et d’avoir - reproduit une marque sans autorisation préalable de son ropriétaire en l’espéce en appliquant la croix de ordre hospitalier de Saint Jean de Jénusalem sur la page de garde du site internet “SPSE”, modéle enregistré depuis 1983 par I’Association des Guides et Scouts d'Europe, vets a Eefaits prévus et réprimés par les articles L716-9, L.711-1, L.712+1, L.713-1, L.716-1, L.713-2, L.713-3, L.716-11 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle ; SUR L’ACTION PUBLIQUE Le 12 avril 2000, M. BOUCHEND'HOMME BERirand déposait une plainte avec constitution de partie civile contre X, en sa qualité de Président de’ Association des Guides et Scouts d’Europe, pour diffamation, injure et contrefacon. En effet, il constatait qu'un site Internet se présentant comme “la Société Protectrice des Scouts d'Europe” (SPSE) faisait figurer des messages injurieux pour l'essociation dans un “livre d'or”. Ainsi, un message de “Niclo38b” formulait : “Quelle bande dec ces scouts.. Qu’est-ce-que Cest ¢ un scout ". De méme, un prénommeé “Laurent” notait - “Les vilaines bétes brunes a la face acnéique qu’on écrase sur les bas cdtés de la route en été... C’est pas des fachos, c'est des scouts !” Tl joignait a sa plainte une copie des messages informatiques en cause. En outre, M. BOUCHEND'HOMME faisait constater par Maitre HOHMANN, buissier de justice, que ce site contenait également un masssage a caractére diffamatoire, Ainsi, un interlocuteur sarnommeé “peste brune” écrivait: “http :/insdap de : Pour avoir osé vous moquer de nos chers kameraden vous mériteriez d'étre traité comme les plus vils des untermenschen”, Enfin, le président de I’Association des Scouts d'Europe affirmait que les eréateurs de ce site avaient commis le délit de contrefacon en reproduisant, sur leur page de garde, l'embléme des Scouts d’Europe, a savoir la croix de Vordre hospitalier de Saint Jean de Jérusalem, modéle faisant l'objet dun depot de marque le 1* mars 1983, renouvelé le 2 février 1993. II présentait, Pour appuyer ses dires, des copies du bulletin officiel de la propristé industrielle mentionnant I'enregistrement de cet embléme Les premiéres investigations effectuées permettaient d’identifier trois personnes, & savoir’ ; et Cependant, il apparaissait lors de I’audition de 15 mars 2001 de M4 que celui-ci ne connaissait nullement I’existence de ce site et ne comprenait pas comment son adresse Internet avait pu apparaitre a cette occasion [=-6- De nouvelles recherches établissaient que la connexion sur le site “SPSE au nom de émanait en réalité de Ja ligne téléphonique de Ce dernier était donc auditionné le 19 mars 2001. II reconnaissait alors étre instigateur du site Internet “SPSE”, créé en février 1998, avec un ami, M et expliquait avoir voulu, par ce moyen, taquiner une de ses amies, prénommée Mathilde, laquelle était membre de’ Association des Scouts d'Europe. Constatant au bout de quelques temps que plusieurs internautes avaient visité leur site, ae décidaient de mettre en place un “livre d’or” sur lequel chaque visiteur pouvait laisser un message personnel, Ils retiraient, le week-end, les messages leur paraissant outrageants et excessifs, Parla suite, evait un appel de la société MULTIMANIA, leur fournisseur d’accés, qui lui demandait de fermer le site “SPSE”, en raison du dépét d'une plainte 4 son encontre Cette fermeture intervenait en avril 2000 déclarait avoir agi sans aucune intention malveillante et dans un seul but satirique. Il afirmait Sgalement ne pas savoir qu'un dessin pouvait étre un modéle déposé et, par la méme, protégé. M “nterrogé le 23 mars 2001, confirmait tes déclarations. Il se disait étonné de attitude de M. BOUCHEND'HOMME, qu'il avait contacté antérieurement afin d’expliquer son comportement. Il estimait que ce dernier semblait rassuré et réalisait qu’il s'agissait uniquement “d°une blaque d’étudiants” Le 2 juillet 2001, M. BOUCHEND'HOMME expliquait qu'il avait effectivement eu différents contacts avec M., aM, satre mars et mai 1999, ce qui avait conduit a la fermeture du site “SPSE" Toutefois,ils’apercevait, en aoat 1999, que celui-ci était de nouveau ouvert au public et présentait les Scouts d’Europe comme tenant dune ideologie nazie. Il estimait que ces propos blessaient les membres de I’ Association des Scouts d’Europe ainsi que leurs familles et qu'il dépassaient la liberté @ expression permise Déposant en tant que témoin assisté le 29 octobre 2001, M.. admettait qu'il avait de nouveau ouvert le site au public, ne pensant pas que cette affaire allait prendre de telles proportions. Il précisait que, n’ayant plus assez de temps pour surveiller la teneur des messages recus a cette période, il n'avait pu supprimer les propos incriminés. Puis, en avril 2000, il avait décidé de fermer definitivement le site concemé, aprés avoir regu un courrier de la société MULTIMANIA relatif a la plainte déposée également entendu en tant que témoin assité, confirmait ses déclarations searnsnaranasnenne winesLes artiles L.713-2 et L.713-3 répriment la reproduction et 'usage de tout ou partie d'une marque par un tiers non autorisé, Selon la jurisprudence Constante, la reproduction de marque constitue une infraction, abstraction faite de usage qui peut atre fait de cette marque (commercial, informatif..). De méme, il convient de préciser que la bonne foi s'avere inopérante en cette mat_ére et que, en tout état de cause, M. eM, ont, en Tespéce, commis une faut d'imprudence et @imprévoyance en adoptant un signe, notoirement connu comme étant Pembléme du scoutisme, sans en vérifier au préalable la disponibilité. Le delit de contrefagon par reproduction d'une marque sans l’autorisation préalable de son propriétaire apparait donc constitué Par ailleurs, le message envoyé par un individu, sous le nom de “peste brune” indiquant ~“http /nsdap.de : Pour avoir osé vous moquer de nos chers kameraden vous meériteriez d’étre traité comme les plus vils des untermenschen”, préte aux membres du scoutisme européen des opinions relevant de Nidéologie nazie, tant précisé que “NSDAP” était le sigle du parti d° Adolf Hitler et que “untermenscen” signifie “sous hommes” en langue allemande. L’imputation de ces faits portant atteinte a honneuret & la considération de association des Guides et Scouts d'Europe, l'infraction de diffamation se trouve effectivement caractérisée Enfin, le délit d'injure de l'article 29 alinéa 2 de la loi de 1881 recouvre utilisation de termes de mépris ou d’expressions outrageantes ne renfermant imputation d’aucun fait En lespéce, l'emploi de différentes expressions tells que ~ “quelle bande de cons ces scouts...Qu’est-ce-que c'est con un scout!” - “les vilaines bétes brunes a la face acnéique qu’on écrase sur les bas cétés de ia route en été... C'est pas des fachos, c'est des scouts!", mettant en cause honneur et la dignité des membres du scoutisme européen, constituent des injures Messieurs et , en offrant d'héberger sur leur site, de maniére anonyme, toute personne qui le désirait, avaient l’obligation de vérifier trés réguliérement le contenu des messages inscrits et de supprimer immeédiatement tous les propos qui seraient contraires aux droits de tiers Faute d’avoir pris des mesure adaptées, M, aM ont permis que soientinscrites des affirmations diffamatoires et injurieuses qui Gtaient accessibles & toute personne venant se connecter sur leur site II convient donc de les déclarer responsables de toutes les informations diffusées sur ce site. qeMessieurs et seront déclarés coupables de lensemble des fats visés a la prévention et condamnés, chacun, a une peine d’amende. SUR L’ACTION CIVILE L Association des Guides et Scouts d'Europe se constitue partie civile et sollcite la réparation de son préjudice, outre une somme au titre des frais inépétibles. lui sera alloué la somme de 0,15 euro a titre de dommages-intéréts et la somme de 900 euros sur le fondement de l'article 475-1 du Code de Procédure Pénale. PAR CES MOTIFS SUR L’ACTION PUBLIQUE Statuant publiquement, en premier ressort et parjugement contradictoire, alégard de et Déclare et coupables des faits qui leur sont reprochés ; En répression, les condamne, chacun, & une amende délictuelle de mille euros (1.000 €) avec sursis ; Rejette leur demande de dispense d’inscription au bulletin numéro 2 de leur casier judiciaire ; Les condamnés étant absents lors du prononcé de la présente décision, le Président n’a pu leur donner l’avertissement prévu par l'article 132-29 du Code pénal SUR L’ACTION CIVILE Statuant publiquement, en premier ressort et par jugement contradictoire, al'égard de L’Association des Guides et Scouts d’Europe ; Reroit I’ Association des Guides et Scouts d’Europe en sa constitution de partie civile ;Condamne solidairement et ali payer ~ la somme de zéro euro quinze (0,15 €) A titre de dommages et intéréts ~ la somme de neuf cents euros (900 €) en application de l'article 475-1 du code de procédure pénale ; La présente décision est assujettie & un droit fixe de procédure d’un montant de quatre vingt dix euros (90 €) dont est redevable chaque condamné. Le tout en application des articles 406 et suivants et 485 du Code de procédure pénale Et le présent jugement a été signé par le Président et le Grefiier. LE GREFFIER, LE PRESIDENT,