Le dernier Comité Exécutif élargi de I'l. C.
APRES SIX MOIS DE BOLCHEVISATION
Le demier Exéeutif élargi de VT. C. a été la,
digne continuation du V® Congrés ‘mondial,
c’cst-A-dire du sabotage des résultats des quatre
premiers Congrés, de plusieurs années de travail
opiniatve, de tout ce qui fut aecompli sous la
direction'de Lénine et de Trotsky.
Puisse-t-il donner & réfléchir & tous les com-
munistes sévieux, sinetres, dévoués & leur eause,
~ eb aider A se tessaisir ceux qui n’avaient pas
Thoore compris.
Premiers aveux.
A la veille de Pouverture de la session, la
Pravda du 21 mays publiait un éditorial embar-
rassé confirmant le revirement 2eeompli_ dans
Pesprit des dirigeants de VI. C. (déja signalé ici)
et qui allait étre imposé & Ia docile eohorte des
@'léninistes de 1924 » composant assemblée.
« Aprds le V* Congres, disait 1a Pravda, it
s'est formé une nouvelle situation (sic) : Pabsence
Cune situation révolutionnaire immédiate en
Europe, centrale; le développement de ta gauche
‘ouorie’e anglaise; Puccentuation de la tutte
nationale-révobutionnaire en Orient... »
Aimsi, aprés avoir, grossi¢rement | insulté
‘Trotsky et Radek, couipables Pavoir été clair-
voyants les premiers apres la retraite d’Octobre
1923 en Allemagne, (avoir les premiers constaté
le reflux de Ja vague révolutionnaire, on est
obligé, un_an plus tard, de reconnattre qu’dls
avaient raison. On le fait @ailleurs 4 contre-
cazutr, sans franchise ni dignité, et par suite sans
en tirer les déductions logiques.
Aprés avoir tonitrué que la situation devenait
de plus en plus révolutionnaire; que le plan
Dawes précipiterait In catastrophe; que tout
contradicteur w’était qu'un menchevik, un
droitier, un trotskyste, ete., — il faut avouer
platement que tout cela m’était que bluff et:
procédé intimidation...
On se rappelle comment Rosmer s’était vu
tyaiter pour avoir soutenu que la gauche du
Labour Party n’éait pas la gauche social-
démocrate allemande et qu’il fallait eollaborer
avce elle, Aujourd’hui, les insulteurs sont obligés
de battre en retzaite et daccorder une imps
‘tance énorme a la gauche du Labour, eependant
que Pinsulté est hors cu Parti, ayant ent tort de
dire vrai un an avant les brouillons.
La Pravda termine son éditovial
gelaration méritoire +
« Maintenant, il nous faut moins de parades,
mais plus de travail obstind, systématique ».
« Parades », cest-A-dire en Russie moins de
remises de drapeaux, de défilés, de salamalecs,
de mises en scene, ete, Nous applaudissons a
par une
cette belle résolution, Mais qui a supprimé Ta
discussion dans les assemblées du parti pour le
remplacer par des « parades » ? Pas nous, as
rément,
A épingler encore une affirmation remarquable
du méme article :
«On peut dire que la période historique en
cours peut ttre caractériste comme une période
de lutte powr la eonquéte de la paysannerie. »
Kt la conquéte du prolétariat ? Ce sera. sans
doute pour plus tard ? A moins que ce ne soit
déja fait ? Quel beau marxisme, quel splendide
Iéninisme! On fera la révolution prolétarienne
sans le prolétariat, Les paysans suffiront | Tl ne
svagit, du reste, que de les conquérir.... Pour
cela, iln’y a qu’é imprimer @illisibles théses.
Tout va bien!
Aprés ‘avoir liché du lest, on pouvait s*offrir
le haxe de congratulations réciproques sur les
beanx partis, Ia belle Internationale qu’on avait
faits aprés s'étre délivré de tous les empécheurs
de s’extasier en rond, ‘Tout va bien en France!
‘Tout va bien en Allemagne! Tout va bien par-
tout! Tl y a bien encore quelques cadavres
récalcitrants:on avertira ces Radek, ces Brandle
et antes Thalheimer qu’ils aient’ & faire Ie
morts une bonne fois. Il y abien encore quelques
geneurs, un Bordiga par ci, un Kreibich par la
‘Un avertissement bien senti, avant exclusion |
Mais voici @abord les articles des mattres de
Theure, Zinoviev et, Staline: la, Pravda du 22 les
juxtapose comme deux conemrents. ‘Tous deux
disent & pew prés la méme chose et, dans ces
immenses délayages de liewx commun, on ne
peut retenir que la répétition de Paveu de la
Veille. II leur a fallu piller Trotsky pour dire
quelque chose exact.
Gallacher écrit, sur la situation en Grande-
Bretagne :
« Le 6° anniversaire de PI. C. trouve le P. C.
anglais face @ des conditions exceptionnellement
javorables a la eréation Pun parti communiste
de masse, Le P. C. anglais serat-il d la hauteur
de sa tache ? » Ce point interrogation est: d’une
modestie rare dans ’L C, actuelle; il est. vrai
que notre parti anglais n'est guére en mesure
de plastronner; nous aussi, nous nous posons la
question do Gallacher, et non sans inquiétude
quand nous voyons les méthodes actuellement
en vigueur, Souhaitons que Poptimisine de
Gallacher soit justifié
‘Mais il parait. que tout va pour le mieux dans
Iaimeilleure des Internationale. C’est John Pepper
qui le proclame & grand renfort de chiffres, @af-
firmations énergiques, d’assuranees superbes.22
Pour donner une idée de Ia perspicacité de Pau-
‘teur, citons an moins quelques lignes =
« Aprés le V0 Congrés, nous avons subi
quelques défections : Rosier et Monatte en France,
Hoglund en Suede, (6 chronologic, 6 assimila-
tion!) Newbold en’ Angleterre, etc. Mais malgré
ces « crises », et dans une mesure importante
grdce d ces crises, nos partis ont grandi.
« Bn France, le nombre de membres du. parti
aprés le V® Congrés est monté de 65,000 &
80,000... »
Et. plus loin : « A Paris, d la démonstration
Fauris, 100,000 personnes ont participé »,
(Toujours grace au Ve Congres !)
Au nom dela déégation allemande, Ruth
Fisher affrme que tout va. bien dans son parti
Elle ne donne pas de chiffres... Cela vaut, miewx
en effet, Il est dur Pavouer que la « bol
tion » a cofité au parti plus de la moitié de ses
membres. R. Fisher préfére vaticiner sur les
Aections présidentielles
« Lasocial-démocratie, écvit-elle, vit unmoment
trés dificite grace a Paffaire Barmat et au démas-
quement de la vénatité inouie de sa clique de chefs,
Te parti social-démocrate n'a présenté de candidat
‘que sous la pression du P. C. Mais méme ce geste
@opposition maura aucune influence sur Pissue
des. élections (') éant donné que le candidat
sovial-démocrate n'a absolument aucune chance
de succes (111), ete. »
Quelques jours apres, on apprenait que le
candidat socialiste avait gagnd un demii-million
de voi malgré Vaffaire Barmat, et que le P. C.
en avait perdu pres @un million. 8 part cela,
Ruth Fisher ne bluffe pas, ne ment pas, et fait
toujours preuve d'une clairvoyance extraor-
dinaire.
Toutes les délégations, a Vexception de
Pallemandé qui se flatte de posséder en Ruth
Fisher une personnalité éminente (on vient en
juger), ont publié des articles collectifs, signés
La délégation de tel pays. ‘Théme général
tout va bien.
La délégation frangaise, diiment. chapitrée,
récite studieusement sa legon. Zinoviev a dit ?
il fant 50,000 membres du Parti dans la Seine,
et 100,000 en France, Done : la « tache » du parti
francais est de « porter d’um rythme rapide (sic)
Peffectif du parti & an moins (sic) 100,000 mem-
‘bres ». Ce n’est-pas plus difficile que cela.
Mais quelquefois, les perroquets s'embrouil-
lent dans leurs récitations et il en résulte d’ad-
mirables affirmations. Aprés avoir... décidé de
porter 4 100,000 (au moins...) le nombre de
membres du Parti, Ia délégation... décide un
peu plus Join : « 6. Faire tout le possible pour
Faire adhéver au parti dans les premiers temps
(sic) 50,000 oworiers et paysans, utilisant pour
cela la campagne Aectorale, »
‘Ainsi, ily & 80,000 membres dans le Parti,
et Pon va dans les premiers temps (sic) en faire
adhérer 50,000. Total : 180,000, et non 100,000 !
Les perroquets se sont trompés de 80,000.
Mais qu’est-ee que 80,000 membres ! Peuh... La,
LA REVOLUTION PROLETARIENNE
belle affaire ! Vous n'étes pas contents ? Nous
en ferons adhérer encore 20,000 !
John Pepper faisait une petite erreur en disant
que c'est apres le Ve Congrés que le P. C. fran
gais avait augmenté ses effectifs. En réalité,
@ était apres les élections de Mai.On anon reeraté
mais racolé des électeurs, de ces « membres »
qui prennent leur carte aprés une réunion ct
qu’on ne revoit plus. C’est ainsi qu’on fait du
Dluff, mais pas des partis communistes. Main-
tenant, on nous promet de racoler encore
50,000’ membres (seulement!) dla faveur des
lections municipales (lavoirs, bees de gaz,
vespasiennes, trottoirs, bitume, ete.). Tout cela,
eest peut-étre de Pexeellent soctal-démocra-
tisme. Mais de communisme, point de trace,
La délégation frangaise a done pu étaler im-
pudiquement sa mentailté social-démoerate,
actuellement illustrée par la rude des dirigeants
du parti vers les siéges municipaux. Elle a soi-
gneusement remisé le « tribunal révolutionnaire »
Tac terre A coups de fusil », et autres trouvailles
du méme goitt.
Les autres délgations ont accouché dar
ticles d’A pen prés méme valeur, La plupart.
parlent de liquider ceci, de liquider cela, de
lignider encore autre chose... Chaque parti a
quelque chose a « liquider ». De liquidation en
liquidation, wira-t-on pas a la liquéfaction ?
Bordiga massistait pas A Passemblée. Les
Belges non plus. Les Espagnols pas davantage,
tous les militants ayant été arrétés par In faute
de Louis Sellier qui laissa tomber noms ct
adresses secrétes entre les mains de la police
espagnole.
En voulez-vous des théses?
La tarte A la eréme fut la soi-disant « boleh
visation » la mode. « Boleheviser », cela signifi
en Russie chasser les véritables artisans de la
xévolution d@’Octobre, ailleurs exclure les fonda-
teurs de nos partis, les internationalistes de
1914-15, les boleheviks de 1917, les partisans
de Zimmerwald et de Kienthal, les Spartakistes
Allemagne et les membres du Cor
g¢ Internationale de France, les. militants le
plus expérimentés et les mieux éprouvés; on les
remplace aisément. par des « léninistes de 1924 »,
racolés on sait comment; on « éduque » les re
_ exnes dans des « éeoles » dites, elles aussis «léni-
nistes » (hélas, pauvre Lénine! cher et grand
Lénine !); on fabrique une bureaueratie de para-
sites et de bndgétivores; et Pon obtient des
majorités de 100 0/0 A chaque occasion.
Zinoviev servit done ses « theses » sur la.« bol-
chevisation®. On sait que ce eamarade, peu apte
& Driller par la qualité de ses textes, se rattrape
sur la quantité. Cette fois, il semble avoir battu
son propre record : quatre formidables feuille-
tons de huit colonnes, Et & quoi bon, puisque
personne ne lit ces choses
On devine tout: ce qu’il peut y avoir 1a. dedans
comme « tiches », commie « lignes », comme
liquidations », comme « mots @ordre », commeSIX MOIS DE BOLCHEVISATION
« larges masses », comme affaires « conerdtes »
on « organisatoires », ou « idéologiques », comme
insipides lieux communs, fastidieux truismes,
filandreuses banalités. On frémit en pensant
a jout ce qu’on peut infliger & la mémoire de
Nous n’accorderons pas a ces « theses » plus
@attention qu’elles n’en méritent. Pour donner
une idée de leur valeur, nous citerons simplement
quelques points des « taches conerdtes » (sic)
assignées au Parti francais
4, Formation, en dépit des précédentes tradi-
tions franzaises, Pun P. C. de masse solidement
‘organisé. Accepter (sic) dans le Parti encore
80 d 50,000 membres.
5. Consolidation organisaloire (sic) de Pine
fluence de masse (sie) quele Parti a sur les owvriers
parisiens,
6. Elever cottte que cote (sic) les départements
industriels les plus importants aw niveau @in-
fluence du Parti a Paris.
7. Aoquérir une influence séricuse sur Ta
paysannerie.
Ce n’est pas plus difficile que ecla, Tl n’y a
qu’ «acoepter » (car is font la queue & a porte)
80 50,000 membres (& 20,000 prés, ecla n'a
‘pas d’importance). Et puis, 1& ob nous avons eu,
tel jour, de Pinfluence (pour des raisons que
‘Linoviev ignore et: ne songe méme pas a. recher-
cher), il n'y a qu’A « consolider organisatoire-
ment » (1), Cest-A-dire & baptiser « léninistes »
les électeurs d'un jour. Tout, simplement, Et
puis, pourquoi avons-nous de Vinfluence &
Paris, ct pas A Lyon ou & Limoges ? Tl n’y a
qu’ « dlever cofite que conte » le niveau, voila,
tout. C’est ce qu’on appelle des « taches con-
exétes ». Que serait-ce si clles n’étaient pas
conerétes 7
Déja, le Parti avait « déeidé » de porter a
400,000 le nombre de lecteurs de P Human’
Aprés cette « décision », le tirage est tombé de
25,000 exemplaires, sans compter que les lee
teurs obstinés ont des nausées en lisant leur
journal, quils Wachétent que parce qu'il nen
eviste pas @autre révolutionnaire. On peut aussi
facilement « décider » élever cofite que cotite
(c'est le cas de le dire) le nombre de lecteurs
4.100 millions, Puisqu’il ne s’agit que de blutffer...
En attendant, jamais, depuis la guerre, le tirage
na éé aussi bas, Et nous ne parlons pas du
niveau spirituel.’ Les mots manqueraient.
Ce ne sont pas les « theses » de Zinoviev qui
amélioreront Ja situation, en France ni ailleurs.
Ii faudrait changer lesméthodes ! Mais il y a une
coterie qui est intéressée a leur maintien.
Le Rapport général. «
it que dire de ce « quvils >» ont le font d’appeler
une « discussion » ? Aprés avoir exehu ceux qui
étaient enclins A discuter, ou rendu la vie inte-
nable aux moins dangereux, les « léninistes de
1924 » ont échangé en famille leurs nobles pen-
sées & peine troublées par de rarissimes géncurs.
28
Cela facilite la tache du chroniqueur, qui n'a
‘pas grand’chose & relater, en y mettant: Ia meil-
eure volonté,
Zinoviev prononea son rapport, sorte de
délayage des « theses » imprimées,” agrémenté
{sion pent dire) de quelques peries de demigre
cure. Comme toujows, il sefforca de suppléer
4 Ja qualité par la quantité. Comme toujours,
il mit, au pillage les ceuvres complétes de Lénine,
qui west plus 1A pour se faire respecter. Comme
toujours, il se lanea, peur de rien oublier,
dans diinmenses énumérations, croyant, ainsi
étve « complet » et se montrant en réalité inea-
pable de vien dégager du travail de ses secré-
taires,
Prenons un simple exemple, pour illustrer
Ia méthode, et en montrer Ia. valeur :
« A Véchelle mondiale, le tableau général se
précise par les faits suivants, que Pon ‘peut
séparer en 12 points ¢
«1, Amérique-Angleterre. — 2, Japon, —
8, Question @Orient. —~ 4, LU. R. SS.
5, Angleterre. — 6, Angleterre-France.— 1, Alle-
magne. — 8, Balkans. — 9 Pologne. — 10, Ltalie.
Ii, Tchéeo-Slovaguie. — 12, Seandinavie. »
Maintenant, — demandez-vous, — pourquoi
12 points, et non pas 18 ou 11? Pourquoi
n’y at-il pas un point « France » alors qu'il y &
ui point « Seandinavie » ? Quelle est Pidée qui a
présidé au classement par importance de ces
12 points ? Pourquoi 'U. R. 8. S. a-telle le
no 4, PTtalie le n° 10 ? Kt surtout, en quoi la
« Seandinavie » (sic) a-t-elle une influence sur
la situation mondiale, en quoi de petits Etats-
instruments comme Ia Pologne ou la Tehéco-
Slovaquie peuvent-ils étre comparés Amérique
et A PAngleterre ?
ILn’y a aucune réponse a ces questions. Cest
ainsi parce que Zinoviey pense qu'il suffit dat.
firmer pour prouvers que puisqu'ila une majorit
dans sa main, il serait bien bon @argumenter;
qu'il s’agit. surtout de ne rien oublier et, pour
cela, de noter des « points ». Dans ectte bouillie
pour les chats, chacun péchera, son morceau,
S'il_y avait eu A P'Exécutif des Espagnols,
aurait ajouté : « 18, Espagne ». Si les
‘Francais avaient dit: Et nous ? il aurait ajouté:
«5 bis, France ». Il ajouterait. volontiers la,
République d’Andorre, pour faire une émumé-
ration plus imposante, un tableau plus « com-
plet » (sans doute n’y a-t-il pas pensé).
Et nous citons un passage d’aspect « objectif
Que serait-ce si nous tombions sur tm de ces
endroits d’une vulgarité inouie ot le Président
de PExécutif s*abaisse aux plus vils procédés
de polémique contre Trostky ou Radek, aux
mensonges les plus évidents, aux falsifications
les plus grossidres ? Nous préférons nous abste-
nir de relever ces choses indignes. Le rouge nous
monte au front en voyant notre Internationale
descendre, tomber & pareil niveau.
‘Zinoviev nous apprend que Bordiga, d’extréme
ganche qu'il était, est subitement devenu « droi-
tier ». Parfaitement. Cest arrivé, comme cela,24
un beau matin, Kt la raison, s'il vous plait ?
Zinoviev ne donne pas de raisons. Donner des
raisons, c'est du trotskysme. Citer un_ texte,
fournir une preuve, un chiffre, une date, une
référence : trotskysme | Un «léniniste » ne donne
pas dans ces préjugés petit-bourgeois. TI ment,
cela sulfit.
Tout ccla parce que Bordiga s'est refusé de
participer & la honteuse campagne menée contre
Léon Trotsky.
Un autre fait caractéristique & souligner est:
Je suivant : au cours de la soi-disant discussion
il wa été question que de deux articles, de
‘Phalheimer ct de Kreibich, condamnés comme
Pabomination de la désolation. Une série de
gens ont copieusement fiétri articles et auteurs.
Or ces articles n’ont jamais été publiés et personne
ne les connait. Confisqués par les dirigeants, ils,
servent de thémes & des polémiques devant un
public qui n'y peut rien comprendre. Bt pas une
voix ne s'ééve pour objecter qu’il faudrait lire
les articles afin de pouvoir les discuter.
Peut-on concevoir plus triste déchéance d'une
organisation révolutionnaixe ?
Pour comble d’inconscience, Zinoviey s’ou-
blia jusqu’a dire : « Malhewreusement, jusqu'a
ce jour, ces articles ne sont pas encore publiés. »
Cest, en efict, fort malheureux. Zinoviev, Ini-
méme vyoudrait bien les voir publier... Mais
quelqu’un, croquemitaine sans doute, s'oppose &
Ia publication. Cest comme les deniers conseils
de Lénine. Un de ces jours, Zinoviev nous diva :
Quel dommage! Dire qu’on cache ces précieux
papiers, malgré la volonté formelle d’Iliteh !
Zinoviev a pu ealomnier A son aise les absents,
‘Trotsky, Radek, Thalheimer, Bordiga, Rosmer,
et discuter des articles que lui seul avait dans
sa poche. II donne ainsi la mesure de son courage,
de ses eapacités intellectnelles, — il se juge luis
meme.
La « discussion ».
Quand Pentrée en matigre est de pareille
sorte, la suite ne peut pas étre de qualité bien
relevée.
‘Au Ve Congrés, on avait inventé le trotskysme,
le radekisme, Ie 'souvarinisme. A PExécutif, on
longa le luxembourgismie (pauvre Rosa!), le
bordiguisine, le brandlerisme, le smeralisme et le
Ixeibichisme.
On eroit réver en présence de telles divaga-
tions. Un humoriste ne trouverait pas miewx
Pour parodier tes travers de nos perroquets
fais nous, ces choses ne nous font pas rire :
C'est notre mouvement qui est bafoué, ridieulisé,
déshonoré par les inventeurs de ces insanit
Passons sur le néant des eo-rapports et _ve-
nons-en A Pintervention de Scocentano. Nos
camarades italiens sont des contradicteurs
honnétes et sinctres; ils n’ont cossé de se trom:
per depuis Livourne et ils continuent, mais
Tear « gauchisme » nest pas de commande ni de
circonstance; cur situation est exceptionnelle
dans PInternationale et ne ressemble & aucune
autre : étroitement limités & leur action ita-
LA REVOLUTION PROLETARIENNE
ont échappé & la « bolehevisation »;
parti a fait de grands et réels progres dans
la dei ée} pour avoir la paix, ils ont
suivi, bien que trés mollement et les tout d
niers, le point de vue officiel contre opposition
smut Bordiga qui a eu le courage de dire :
discutons! Ils se trompent. lourdement s'ils
s’imaginent échapper a la crise de ’Internatio-
nale grice & de petites habiletés et & ce qu’ils
croient étre de petites concessions et qui sont
en réalité de grandes faiblesses.
Scoccmano constate qu'il y a dans son
Parti une exiréme gauche inspirée par Bordiga
et influente, (Cest ce que Zinoviev appelle une
droite sans influence.) Tl reproche a Bordiga
son doctrinarisme, son schématisme sec, son
manque de souplesse dans la tactique. Ty a. du
vrai dans tout cela, Mais les défauts de Bordiga
sont ceux cu Parti lui-méme (Scocei les parta~
geait il n’y a pas si longtemps) etilss’expliquent
par les conditions du milieu : dans un mouve-
ment. pourri de réformisme et. de parlementa-
risme, il a fall un doctrinarisme rigide pour
créer ‘tun parti révolutionnaire, et il n'est’ pas
Stonnant qu'un exes se soit dessiné dans ce
sens. Micux vaut un doctrinarisme excessif
qu'un excés de souplesse. En tout eas, Bordiga,
est un révolutionnaire authentique et @enver-
gure, ct il est réconfortant de constater qu'il a
refusé de tremper dans la campagne hideuse
menée contre Trotsky.
Scoccrmaxo reproche encore 4 Bordiga de s
tenir 4 Pécart du travail dela direction du
Sur le différend a propos de Ia question rus
ne donne pas €’éclaircissements.
Nous réserverons pour nos chapitres sur
PAllemagne et la. 'Tehéeo-Slovaquie les. inter.
ventions portant sur ces questions. Nous laissons
tomber les mistres de ces figurants qui sont
montés a Ia tribune pour délayer Jes mots
Igninisme, bolchevisation, trotskysine, faseisme,
et autres ismes. Et nous arrivons Pinterven-
tion de Vanca.
‘Dénoneé par Milioutine comme «revisionnister
pour avoir écrit, comme Renaud Jean, ailleurs,
que Ia propriété fonciére avait tendance & se
moreeler, poursuivi de Phostilité solide de Bela,
‘Kun qui voit en lui l'incarnation de Popporti-
nisme,— Vanoa est trés préoceupé de se « gar-
der a’ carreau ». Aussi ne s'engage-til jamais
bien loin et se retranche-t-il derriére des mm-
railles de statistiques. Sa prédilection est de
mstater les fluctuations de Péconomie dans le
dernier trimestre : prudence est mere de sOreté.
Cette fois, pour prendre une assurance contre la
prochaine vague @’épuration, il s'est offert le
luxe de modérer les néophytes qui viennent de
découvrir, un an aprés ‘Trotsky, la « stabili-
sation partielle du capitalisme >.
« Pas si vite, itil en substance, Cette
stabilisation nest guére stable, Tl ne faut pas
Ja surestimer. Tl y a encore des crises et des
tradictions dans le capitalisme. La révolution — }
encore possible ! » Découverte opportune que |
lle les crises et des contradictions du capita-SIX MOIS DE BOLCHEVISATION
lisme... IL y a bien wn certain Marx qui Pavait
faite trois quarts de siecle plus tot, et un nommé
‘Trotsky qui y avait insisté ily aun an... Mais
Gest égal, Varga est un malin, et Bela Kun n’en
est stremient pas encore revenn.
Intervention de Domsxx : ee personage est
celui-la méme qui fut hué comme nationaliste
polonais par tout le 4° Congrés. Aujourd’hui,
iLest sur le pavois, repeint & neuf, teinte «léni-
nisme 1924 x, et représente une prétendue
«gauche » polonaise qui a @autant plus aise
ment pris la direction du Parti que les anciens
dirigeants se sont vu assigner la Russie comme
résidence obligatoire... Proukhniak & Bakou,
Kochtcheva et Brandt & Moscou dans des
institutions soviétiques, Varski ct Valetsky
marinant dans leur jus et dans leur « repentir »,
on fabrique & Vienne un bon petit Congres de
bolchevisation, idéologique, organisatoire, léni-
niste, anti-trotskyste, anti-luxembourgiste, avee
une ligne, ete., ete.
Intervention de Bera Kon : il suffit de lire
trois lignes, la conclusion, pour étre édifié. « La
Bolehevisation (1) sdéologique (11) dans esprit
du Iéninisme (111) est la tdche (111!) principale
de toute la bolchevivation (111! !)». Ne erdirait-on
pas du Clément Vautel ?
Tntervention de Jonn Prrren: ce camarade @
découvert, Pan dernier, PAmérique, Il n’a
méme pas Pair de se douter que Christophe
Colomb avait découverte avant lui, ily a
400 ans. Envoyé par I"Exécutif aux Etats-Unis,
ily travailla de telle sorte qu’on dit le rappeler
et le fixer A Moscou, & Ia demande méme de
Poster, Sur Pintervention de Trotsky, ?Exéoutif
dut changer radicalement toute sa_ politique
aux Etats-Unis, La question américaine est
trop vaste pour étre traitée ici: nous en parlerons
plus loin,
Intervention de Koussnven : encore un eou-
xageux qui fait porter toute sa polémique sur
Jes deux fameux articles que personne 1’a lus.
SVindigner, & quoi bon ? Citons seulement les
deridres paroles de Porateur, cela donnera une
idée de son intelligence et de sa bonne foi et
suffira A le jug
« Dans les articles de Thalheimer et de Krei-
bich souffle un esprit anti-russe. Evidemment,
ils ne sont pas contre toute la Russie, ils sont
seulement contre la Russie bolchevique. Ces
deux camarades posent an ¢ communisme
indépendant », Nous avons observé des types
de « communistes indépendants » réeemment
en Sudde et en Norvége. Ces gens, quis'appellent
ct s*estiment communistes, en réalité sont des
opportunistes et Iuttent contre I'L. C. Ce que
‘Thalheimer et Kreibich appellent « russe >,
est la direction bolchevique révolutionnaire
deI'T. C, Les gens qui, il n’y a pas silongtemps,
critiquaient «Pinfluence russe » dans PI. C. sont
devenus des renégats passant 4 la droite du
socialisme ».
(Ne pas perdre de vue que Thalheimer, ect
anti-vrusse, cet anti-boleheviste, ect oportn-
niste, eet ennemi de P'I. C., cc renégat, cte., est
25
toujours membre du Parti communiste russe et
collabore activement aux revues dirigeantes
officielles du Parti, comme le Bolchevil,
Sous le drapeau du marwisme, ete. Aprés cela,
si yous ne comprenez plus, c'est que vous avez
la téte dure!)
Intervention de Krurarctt : i fait observer que
les récentes découverts de Zinoviev, Pepper and
Co sur la stabilisation partielle du capitalisme
ot le role des Etats-Unis ont été faites d’abord
par Trotsky... Cette constatation d’éémentaire
probité lui codtera cher. La suite de son inter-
vention ayant porté sur la Tchéco-Slovaquie,
nous en parlerons plus loin, comme de Pinter
vention de Ciara Zerere portant sur VAlle~
magne,
La « bolchevisation »
en Allemagne.
Notre parti allemand a été fondé par Phé-
yoique « Ligue Spartacus » de Liebknecht, de
Rosa Luxembourg, de Clara Zetkin, de Radek,
de Franz Mebring, de ‘Tychko, de Brandler,
de ‘Thalheimer, etc. La scission du « Parti
social-démocrate indépendant » lui avait pro-
curé des troupes, mais pas de « chefs », ce dont
Pon se félicitait hautement dans l’Internati
nale, Recruter des meneurs parmi les suiveurs
de Kautsky, merci bien!
‘La « bolchevisation » a changé tout cela.
Bien que toutes les tendances du Parti fussent
responsables de Péchee d’Octobre 1928 (Ruth
Fisher et Thachman Curent (aceord avec Brand
ler & Chemnitz), les fondateuts du Parti furent
Geartés de la direction en janvier 1924. Pour.
quoi trois mois aprés la retraite ? Pourquoi
pas tout de suite 7 Paree que dans Pintervalle
Se. produisit la discussion russe, qui pesa, sur
Ie Parti allemand comme sur le Parti francais.
Bien que Clava Zetkin, Brandler et Thalhei-
mer ne soutinrent, nullement Trostky, il a suffi
quills hésitent & s’associer & Pabominable cam-
pagne menée conire Trostky pour devenir sus-
‘ets, Pour cette raison, ef pour elle seule, ils
farent éloignés de la direction de leur Pavti,
‘Maslov, alors vetenu & Moscou sous Je coup
de Ja plus grave inculpation, et Ruth Fisher
devinrent subitement personnages _d’impor-
tance. Tis avaient partie liée avec la plus extréme
opposition du Parti russe, celle qui fut exelue et
emprisonnée, celle du groupe de Minsnikov : ils
changerent en 24 heures leur, fusil d’épaule,
Gevinrent du jour au lendemain de farouches
leninistes » (de 1924!) et prirent la direction
du Parti. .
Et law bolchevisation » commenga. Tnjures
rétrospectives & la mémoire de Rosa Luxem-
ourg, chasse aux Spartakistes dans le Parti
fondé’ par Spartacus, exode en masse des syn-
dicats, — on vit tout cela.
Clara Zetkin, moralement tenue de rester &
Moseou, refuse de s'associer 4 Ia politique et
aux méthodes mathonnétes en cours: grace &
son grand age et A son prestige, et aussi & Te
tres grande réserve qu’elle observa, elle eut un26
traitement privilégié, mais accompagné (assez
de menaces pour savoir que son compte serail
réglé & la moindve tentative de dire tout haut
ge quielle pensait, Pratiquement privée d
fluence, ne représentant plus son Parti, tolé
A PExéeutif « & titre personnel » (sic)’ comme
seerétaire du mouvement féminin (1), elle se
trouve dans Vimpossibilité de jouer le moindre
role.
Karl Radek, Phomme de Ia révolution alle-
mande par excellence, se vit interdire de se
méler des affaires allemandes. Méme traitement
A Thalheimer (que Lénine considérait. comme
le meillenr erivain marxiste de PL. C.) ct &
Brandler qui, par sureroit, furent plaeés devant
le dilemme :
Moseou, ou exclusion, Ts préférérent rester
& Moseou
En Allemagne, on «bolchevisait ». On fabriqua
tun « centre », comme prime A toutes les lichetés
et 4 tous les lichages. En un clin @aeil, des
mnilliers de edroitiers» se réveillérent centriste
Us étaient, seuvés. Dans un parti fortement
bureaucratisé comme le P. C. allemand, il n'est
pas difficile & des dirigeants de s'assirer une
clientale.
Il ne resta & la Direction que trois Sparta-
Kistes : Pieek (de la droite), Iberlein (du centre)
bun senl de la gauche, Geschke. Tous les autres
ditigeants sont’ d’ex-indépendants, d’ex-men-
cheviks tardivement valliés au communisme,
aprés avoir longtemps marché avec le kaiser.
Les iméthodes employées & Vintérieur du
Parti ? Laissons Ia parole & Geschke Iui-méme,
un des plus éblouiss sentants de la
gauche (Pravda du 25 Ma
« Les réunions des fonctionnaires discutent
toutes les questions, prennent des résolutions,
mais la décision revient au Comité Central
Toutes les organisations de base sy soumettent,
comme le C. C. d son tour se soumet al Rexécutif,
Si un queleonque rayon n'est pas @accord avee
latigne (1) du C. C., celui-ci darige ses forces (1)
vers ce rayon et engage la bataille '!) ».
On est désarmé devant Pingénuité de pareils
aveux. Plus opinion des membres du Parti |
Plus opinion des groupes ou des fédérations |
Plus opinion des Congres! Des fonctionnaires
etun Comité Central : cela suffit ! Cette apologie
de la bureaucratie mérite un bon point, neseratt-
ec que pour son eynisme naif,
Le résultat de ce beau travail est connu : notre
Parti allemand a perdu plus de la moitié, sans
doute les: deux de son effectit. Les dini-
geants n’osent plus donner de chiifres. Certains
disent 100,000 membres, autres prétendent
150,000, sachant. qu’on ne peut rien vérificr.
(Cest comme les 400,000 lecteurs de? Humanité).
Nous avions, avant la « bolchevisation », prés
de 400,000 membres.
Dans les syndicats et les conscils d’entreprises,
nous avons perdu environ 40 0/0 de nos posi-
tions. Aux ections de Mai 1924, siv mois
LA REVOLUTION PROLETARIENNE
aprés la retraite @Octobre, nous obtenions pris
de 4 millions de voix. Kin Décembre nous en
obtenions prés de 3 millions : cette perte dun
millon de voie fut présenté comme une victoire
par ’'Humanité, la Rote Fahne et la Pravda!
Un de nos plus éminents camarades du Parti
russe disait alors : « Encore trois victoires comme
celle-lé et nous navons plus de parti en Alle-
‘magne... » On peut dire maintenant : plus que
eux, in ettel aux demiics: ductions pi
dentielles, nous n’obtenions plus que 2 millions
de voix environ, perdant encore prés d'un million
de vo
Les « léninistes de 1924 », qui ne manquent
pas de toupet & défaut d’autres qualités, ne se
génent pas pour dire que fout cela, c'est la faute
4 Brandler. Ewidemment! Mais les élections de
mai 1924 ont eu liew six mois aprés la retraite
WOetobre, décidée et par Brandler, et par Ruth
Fisher et par l'Exécutif. Cest au fendemain ce
éeuti
la retraite, surtout, que le découragement a été
grand dans nos forces. Et est ensutite que notre
Parti s'est ressaisi et a reformé ses rangs. De
tels mensonges ne peuvent done tromper pei
sonne. On invoque aussi la répression : elle west
pas piré aujourd'hui qu’en maj 1924, et tous les
commumnistes savent que la. répression renforce
Je courant de solidarité qui nous soutient.
Mais voici des explications de poids, — celles
de la Pravda du 1%" avril
« ...D'aucuns estiment que le nombre @absten-
tions communistes n'est que de 200,000, et gue
la raison de Vabstention est Vinsuffisance, la fai-
blesse du travail du Parti, qui a organisé surtout
de grandes démonstrations politiques et ’a pas
Suffsanoment préte attention ane etal de Pagi-
tation, Un grand rile a &é joud par le fait que le
Parti n'a pas de racines asset profondes dans
les syndicats. Dreutre part, on a trop surestimé
des facteurs comme le scandale Barmat. Aue
yeu des ouvriers, selon Popinion générale, de
tels eas de vénalité n’atteignent pas tout un parti
‘mais seulement certains ehefs, et peuvent. avoir
liew dans @ autres partis. Fn outre, les owvriers ne
sont pas sé indifférents a la forme a@’Etat qu'on
Pa souvent cru, et... »
‘Tout ceci est dit dans un pénible style mais
le sens est assex clair, C'est le Parti qui est res-
pousable. Le Parti a bluffé, au lieu de travailler
Gérieusement, Te Parti w perdu beaucoup. de
terrain dans les syndicats. Le Parti n’a pas &€é
capable utiliser Paffaire Barmat. Et surtout
le Parti a commis Vénorme faute de se désintéves-
ser de la défense de la République.
La coterie du Parti « divige ses forces » (sic)
contre les rayons coupables de ne pas admit
Ja ligne (sic) de la bureaucratic installée sur le
dos “des “ouvriers communistes. Elle a aussi
beaucoup & faire A insulter Troisky et Radek,
Rosa morte ct Clara vivante, Brandler et
‘Thalheimer...
Cependant que Ia bourgeoisie se frotte les
mains,
Uw Communrsre,