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Le dernier Comité Exécutif élargi de I'l. C. APRES SIX MOIS DE BOLCHEVISATION Le demier Exéeutif élargi de VT. C. a été la, digne continuation du V® Congrés ‘mondial, c’cst-A-dire du sabotage des résultats des quatre premiers Congrés, de plusieurs années de travail opiniatve, de tout ce qui fut aecompli sous la direction'de Lénine et de Trotsky. Puisse-t-il donner & réfléchir & tous les com- munistes sévieux, sinetres, dévoués & leur eause, ~ eb aider A se tessaisir ceux qui n’avaient pas Thoore compris. Premiers aveux. A la veille de Pouverture de la session, la Pravda du 21 mays publiait un éditorial embar- rassé confirmant le revirement 2eeompli_ dans Pesprit des dirigeants de VI. C. (déja signalé ici) et qui allait étre imposé & Ia docile eohorte des @'léninistes de 1924 » composant assemblée. « Aprds le V* Congres, disait 1a Pravda, it s'est formé une nouvelle situation (sic) : Pabsence Cune situation révolutionnaire immédiate en Europe, centrale; le développement de ta gauche ‘ouorie’e anglaise; Puccentuation de la tutte nationale-révobutionnaire en Orient... » Aimsi, aprés avoir, grossi¢rement | insulté ‘Trotsky et Radek, couipables Pavoir été clair- voyants les premiers apres la retraite d’Octobre 1923 en Allemagne, (avoir les premiers constaté le reflux de Ja vague révolutionnaire, on est obligé, un_an plus tard, de reconnattre qu’dls avaient raison. On le fait @ailleurs 4 contre- cazutr, sans franchise ni dignité, et par suite sans en tirer les déductions logiques. Aprés avoir tonitrué que la situation devenait de plus en plus révolutionnaire; que le plan Dawes précipiterait In catastrophe; que tout contradicteur w’était qu'un menchevik, un droitier, un trotskyste, ete., — il faut avouer platement que tout cela m’était que bluff et: procédé intimidation... On se rappelle comment Rosmer s’était vu tyaiter pour avoir soutenu que la gauche du Labour Party n’éait pas la gauche social- démocrate allemande et qu’il fallait eollaborer avce elle, Aujourd’hui, les insulteurs sont obligés de battre en retzaite et daccorder une imps ‘tance énorme a la gauche du Labour, eependant que Pinsulté est hors cu Parti, ayant ent tort de dire vrai un an avant les brouillons. La Pravda termine son éditovial gelaration méritoire + « Maintenant, il nous faut moins de parades, mais plus de travail obstind, systématique ». « Parades », cest-A-dire en Russie moins de remises de drapeaux, de défilés, de salamalecs, de mises en scene, ete, Nous applaudissons a par une cette belle résolution, Mais qui a supprimé Ta discussion dans les assemblées du parti pour le remplacer par des « parades » ? Pas nous, as rément, A épingler encore une affirmation remarquable du méme article : «On peut dire que la période historique en cours peut ttre caractériste comme une période de lutte powr la eonquéte de la paysannerie. » Kt la conquéte du prolétariat ? Ce sera. sans doute pour plus tard ? A moins que ce ne soit déja fait ? Quel beau marxisme, quel splendide Iéninisme! On fera la révolution prolétarienne sans le prolétariat, Les paysans suffiront | Tl ne svagit, du reste, que de les conquérir.... Pour cela, iln’y a qu’é imprimer @illisibles théses. Tout va bien! Aprés ‘avoir liché du lest, on pouvait s*offrir le haxe de congratulations réciproques sur les beanx partis, Ia belle Internationale qu’on avait faits aprés s'étre délivré de tous les empécheurs de s’extasier en rond, ‘Tout va bien en France! ‘Tout va bien en Allemagne! Tout va bien par- tout! Tl y a bien encore quelques cadavres récalcitrants:on avertira ces Radek, ces Brandle et antes Thalheimer qu’ils aient’ & faire Ie morts une bonne fois. Il y abien encore quelques geneurs, un Bordiga par ci, un Kreibich par la ‘Un avertissement bien senti, avant exclusion | Mais voici @abord les articles des mattres de Theure, Zinoviev et, Staline: la, Pravda du 22 les juxtapose comme deux conemrents. ‘Tous deux disent & pew prés la méme chose et, dans ces immenses délayages de liewx commun, on ne peut retenir que la répétition de Paveu de la Veille. II leur a fallu piller Trotsky pour dire quelque chose exact. Gallacher écrit, sur la situation en Grande- Bretagne : « Le 6° anniversaire de PI. C. trouve le P. C. anglais face @ des conditions exceptionnellement javorables a la eréation Pun parti communiste de masse, Le P. C. anglais serat-il d la hauteur de sa tache ? » Ce point interrogation est: d’une modestie rare dans ’L C, actuelle; il est. vrai que notre parti anglais n'est guére en mesure de plastronner; nous aussi, nous nous posons la question do Gallacher, et non sans inquiétude quand nous voyons les méthodes actuellement en vigueur, Souhaitons que Poptimisine de Gallacher soit justifié ‘Mais il parait. que tout va pour le mieux dans Iaimeilleure des Internationale. C’est John Pepper qui le proclame & grand renfort de chiffres, @af- firmations énergiques, d’assuranees superbes. 22 Pour donner une idée de Ia perspicacité de Pau- ‘teur, citons an moins quelques lignes = « Aprés le V0 Congrés, nous avons subi quelques défections : Rosier et Monatte en France, Hoglund en Suede, (6 chronologic, 6 assimila- tion!) Newbold en’ Angleterre, etc. Mais malgré ces « crises », et dans une mesure importante grdce d ces crises, nos partis ont grandi. « Bn France, le nombre de membres du. parti aprés le V® Congrés est monté de 65,000 & 80,000... » Et. plus loin : « A Paris, d la démonstration Fauris, 100,000 personnes ont participé », (Toujours grace au Ve Congres !) Au nom dela déégation allemande, Ruth Fisher affrme que tout va. bien dans son parti Elle ne donne pas de chiffres... Cela vaut, miewx en effet, Il est dur Pavouer que la « bol tion » a cofité au parti plus de la moitié de ses membres. R. Fisher préfére vaticiner sur les Aections présidentielles « Lasocial-démocratie, écvit-elle, vit unmoment trés dificite grace a Paffaire Barmat et au démas- quement de la vénatité inouie de sa clique de chefs, Te parti social-démocrate n'a présenté de candidat ‘que sous la pression du P. C. Mais méme ce geste @opposition maura aucune influence sur Pissue des. élections (') éant donné que le candidat sovial-démocrate n'a absolument aucune chance de succes (111), ete. » Quelques jours apres, on apprenait que le candidat socialiste avait gagnd un demii-million de voi malgré Vaffaire Barmat, et que le P. C. en avait perdu pres @un million. 8 part cela, Ruth Fisher ne bluffe pas, ne ment pas, et fait toujours preuve d'une clairvoyance extraor- dinaire. Toutes les délégations, a Vexception de Pallemandé qui se flatte de posséder en Ruth Fisher une personnalité éminente (on vient en juger), ont publié des articles collectifs, signés La délégation de tel pays. ‘Théme général tout va bien. La délégation frangaise, diiment. chapitrée, récite studieusement sa legon. Zinoviev a dit ? il fant 50,000 membres du Parti dans la Seine, et 100,000 en France, Done : la « tache » du parti francais est de « porter d’um rythme rapide (sic) Peffectif du parti & an moins (sic) 100,000 mem- ‘bres ». Ce n’est-pas plus difficile que cela. Mais quelquefois, les perroquets s'embrouil- lent dans leurs récitations et il en résulte d’ad- mirables affirmations. Aprés avoir... décidé de porter 4 100,000 (au moins...) le nombre de membres du Parti, Ia délégation... décide un peu plus Join : « 6. Faire tout le possible pour Faire adhéver au parti dans les premiers temps (sic) 50,000 oworiers et paysans, utilisant pour cela la campagne Aectorale, » ‘Ainsi, ily & 80,000 membres dans le Parti, et Pon va dans les premiers temps (sic) en faire adhérer 50,000. Total : 180,000, et non 100,000 ! Les perroquets se sont trompés de 80,000. Mais qu’est-ee que 80,000 membres ! Peuh... La, LA REVOLUTION PROLETARIENNE belle affaire ! Vous n'étes pas contents ? Nous en ferons adhérer encore 20,000 ! John Pepper faisait une petite erreur en disant que c'est apres le Ve Congrés que le P. C. fran gais avait augmenté ses effectifs. En réalité, @ était apres les élections de Mai.On anon reeraté mais racolé des électeurs, de ces « membres » qui prennent leur carte aprés une réunion ct qu’on ne revoit plus. C’est ainsi qu’on fait du Dluff, mais pas des partis communistes. Main- tenant, on nous promet de racoler encore 50,000’ membres (seulement!) dla faveur des lections municipales (lavoirs, bees de gaz, vespasiennes, trottoirs, bitume, ete.). Tout cela, eest peut-étre de Pexeellent soctal-démocra- tisme. Mais de communisme, point de trace, La délégation frangaise a done pu étaler im- pudiquement sa mentailté social-démoerate, actuellement illustrée par la rude des dirigeants du parti vers les siéges municipaux. Elle a soi- gneusement remisé le « tribunal révolutionnaire » Tac terre A coups de fusil », et autres trouvailles du méme goitt. Les autres délgations ont accouché dar ticles d’A pen prés méme valeur, La plupart. parlent de liquider ceci, de liquider cela, de lignider encore autre chose... Chaque parti a quelque chose a « liquider ». De liquidation en liquidation, wira-t-on pas a la liquéfaction ? Bordiga massistait pas A Passemblée. Les Belges non plus. Les Espagnols pas davantage, tous les militants ayant été arrétés par In faute de Louis Sellier qui laissa tomber noms ct adresses secrétes entre les mains de la police espagnole. En voulez-vous des théses? La tarte A la eréme fut la soi-disant « boleh visation » la mode. « Boleheviser », cela signifi en Russie chasser les véritables artisans de la xévolution d@’Octobre, ailleurs exclure les fonda- teurs de nos partis, les internationalistes de 1914-15, les boleheviks de 1917, les partisans de Zimmerwald et de Kienthal, les Spartakistes Allemagne et les membres du Cor g¢ Internationale de France, les. militants le plus expérimentés et les mieux éprouvés; on les remplace aisément. par des « léninistes de 1924 », racolés on sait comment; on « éduque » les re _ exnes dans des « éeoles » dites, elles aussis «léni- nistes » (hélas, pauvre Lénine! cher et grand Lénine !); on fabrique une bureaueratie de para- sites et de bndgétivores; et Pon obtient des majorités de 100 0/0 A chaque occasion. Zinoviev servit done ses « theses » sur la.« bol- chevisation®. On sait que ce eamarade, peu apte & Driller par la qualité de ses textes, se rattrape sur la quantité. Cette fois, il semble avoir battu son propre record : quatre formidables feuille- tons de huit colonnes, Et & quoi bon, puisque personne ne lit ces choses On devine tout: ce qu’il peut y avoir 1a. dedans comme « tiches », commie « lignes », comme liquidations », comme « mots @ordre », comme SIX MOIS DE BOLCHEVISATION « larges masses », comme affaires « conerdtes » on « organisatoires », ou « idéologiques », comme insipides lieux communs, fastidieux truismes, filandreuses banalités. On frémit en pensant a jout ce qu’on peut infliger & la mémoire de Nous n’accorderons pas a ces « theses » plus @attention qu’elles n’en méritent. Pour donner une idée de leur valeur, nous citerons simplement quelques points des « taches conerdtes » (sic) assignées au Parti francais 4, Formation, en dépit des précédentes tradi- tions franzaises, Pun P. C. de masse solidement ‘organisé. Accepter (sic) dans le Parti encore 80 d 50,000 membres. 5. Consolidation organisaloire (sic) de Pine fluence de masse (sie) quele Parti a sur les owvriers parisiens, 6. Elever cottte que cote (sic) les départements industriels les plus importants aw niveau @in- fluence du Parti a Paris. 7. Aoquérir une influence séricuse sur Ta paysannerie. Ce n’est pas plus difficile que ecla, Tl n’y a qu’ «acoepter » (car is font la queue & a porte) 80 50,000 membres (& 20,000 prés, ecla n'a ‘pas d’importance). Et puis, 1& ob nous avons eu, tel jour, de Pinfluence (pour des raisons que ‘Linoviev ignore et: ne songe méme pas a. recher- cher), il n'y a qu’A « consolider organisatoire- ment » (1), Cest-A-dire & baptiser « léninistes » les électeurs d'un jour. Tout, simplement, Et puis, pourquoi avons-nous de Vinfluence & Paris, ct pas A Lyon ou & Limoges ? Tl n’y a qu’ « dlever cofite que conte » le niveau, voila, tout. C’est ce qu’on appelle des « taches con- exétes ». Que serait-ce si clles n’étaient pas conerétes 7 Déja, le Parti avait « déeidé » de porter a 400,000 le nombre de lecteurs de P Human’ Aprés cette « décision », le tirage est tombé de 25,000 exemplaires, sans compter que les lee teurs obstinés ont des nausées en lisant leur journal, quils Wachétent que parce qu'il nen eviste pas @autre révolutionnaire. On peut aussi facilement « décider » élever cofite que cotite (c'est le cas de le dire) le nombre de lecteurs 4.100 millions, Puisqu’il ne s’agit que de blutffer... En attendant, jamais, depuis la guerre, le tirage na éé aussi bas, Et nous ne parlons pas du niveau spirituel.’ Les mots manqueraient. Ce ne sont pas les « theses » de Zinoviev qui amélioreront Ja situation, en France ni ailleurs. Ii faudrait changer lesméthodes ! Mais il y a une coterie qui est intéressée a leur maintien. Le Rapport général. « it que dire de ce « quvils >» ont le font d’appeler une « discussion » ? Aprés avoir exehu ceux qui étaient enclins A discuter, ou rendu la vie inte- nable aux moins dangereux, les « léninistes de 1924 » ont échangé en famille leurs nobles pen- sées & peine troublées par de rarissimes géncurs. 28 Cela facilite la tache du chroniqueur, qui n'a ‘pas grand’chose & relater, en y mettant: Ia meil- eure volonté, Zinoviev prononea son rapport, sorte de délayage des « theses » imprimées,” agrémenté {sion pent dire) de quelques peries de demigre cure. Comme toujows, il sefforca de suppléer 4 Ja qualité par la quantité. Comme toujours, il mit, au pillage les ceuvres complétes de Lénine, qui west plus 1A pour se faire respecter. Comme toujours, il se lanea, peur de rien oublier, dans diinmenses énumérations, croyant, ainsi étve « complet » et se montrant en réalité inea- pable de vien dégager du travail de ses secré- taires, Prenons un simple exemple, pour illustrer Ia méthode, et en montrer Ia. valeur : « A Véchelle mondiale, le tableau général se précise par les faits suivants, que Pon ‘peut séparer en 12 points ¢ «1, Amérique-Angleterre. — 2, Japon, — 8, Question @Orient. —~ 4, LU. R. SS. 5, Angleterre. — 6, Angleterre-France.— 1, Alle- magne. — 8, Balkans. — 9 Pologne. — 10, Ltalie. Ii, Tchéeo-Slovaguie. — 12, Seandinavie. » Maintenant, — demandez-vous, — pourquoi 12 points, et non pas 18 ou 11? Pourquoi n’y at-il pas un point « France » alors qu'il y & ui point « Seandinavie » ? Quelle est Pidée qui a présidé au classement par importance de ces 12 points ? Pourquoi 'U. R. 8. S. a-telle le no 4, PTtalie le n° 10 ? Kt surtout, en quoi la « Seandinavie » (sic) a-t-elle une influence sur la situation mondiale, en quoi de petits Etats- instruments comme Ia Pologne ou la Tehéco- Slovaquie peuvent-ils étre comparés Amérique et A PAngleterre ? ILn’y a aucune réponse a ces questions. Cest ainsi parce que Zinoviey pense qu'il suffit dat. firmer pour prouvers que puisqu'ila une majorit dans sa main, il serait bien bon @argumenter; qu'il s’agit. surtout de ne rien oublier et, pour cela, de noter des « points ». Dans ectte bouillie pour les chats, chacun péchera, son morceau, S'il_y avait eu A P'Exécutif des Espagnols, aurait ajouté : « 18, Espagne ». Si les ‘Francais avaient dit: Et nous ? il aurait ajouté: «5 bis, France ». Il ajouterait. volontiers la, République d’Andorre, pour faire une émumé- ration plus imposante, un tableau plus « com- plet » (sans doute n’y a-t-il pas pensé). Et nous citons un passage d’aspect « objectif Que serait-ce si nous tombions sur tm de ces endroits d’une vulgarité inouie ot le Président de PExécutif s*abaisse aux plus vils procédés de polémique contre Trostky ou Radek, aux mensonges les plus évidents, aux falsifications les plus grossidres ? Nous préférons nous abste- nir de relever ces choses indignes. Le rouge nous monte au front en voyant notre Internationale descendre, tomber & pareil niveau. ‘Zinoviev nous apprend que Bordiga, d’extréme ganche qu'il était, est subitement devenu « droi- tier ». Parfaitement. Cest arrivé, comme cela, 24 un beau matin, Kt la raison, s'il vous plait ? Zinoviev ne donne pas de raisons. Donner des raisons, c'est du trotskysme. Citer un_ texte, fournir une preuve, un chiffre, une date, une référence : trotskysme | Un «léniniste » ne donne pas dans ces préjugés petit-bourgeois. TI ment, cela sulfit. Tout ccla parce que Bordiga s'est refusé de participer & la honteuse campagne menée contre Léon Trotsky. Un autre fait caractéristique & souligner est: Je suivant : au cours de la soi-disant discussion il wa été question que de deux articles, de ‘Phalheimer ct de Kreibich, condamnés comme Pabomination de la désolation. Une série de gens ont copieusement fiétri articles et auteurs. Or ces articles n’ont jamais été publiés et personne ne les connait. Confisqués par les dirigeants, ils, servent de thémes & des polémiques devant un public qui n'y peut rien comprendre. Bt pas une voix ne s'ééve pour objecter qu’il faudrait lire les articles afin de pouvoir les discuter. Peut-on concevoir plus triste déchéance d'une organisation révolutionnaixe ? Pour comble d’inconscience, Zinoviey s’ou- blia jusqu’a dire : « Malhewreusement, jusqu'a ce jour, ces articles ne sont pas encore publiés. » Cest, en efict, fort malheureux. Zinoviev, Ini- méme vyoudrait bien les voir publier... Mais quelqu’un, croquemitaine sans doute, s'oppose & Ia publication. Cest comme les deniers conseils de Lénine. Un de ces jours, Zinoviev nous diva : Quel dommage! Dire qu’on cache ces précieux papiers, malgré la volonté formelle d’Iliteh ! Zinoviev a pu ealomnier A son aise les absents, ‘Trotsky, Radek, Thalheimer, Bordiga, Rosmer, et discuter des articles que lui seul avait dans sa poche. II donne ainsi la mesure de son courage, de ses eapacités intellectnelles, — il se juge luis meme. La « discussion ». Quand Pentrée en matigre est de pareille sorte, la suite ne peut pas étre de qualité bien relevée. ‘Au Ve Congrés, on avait inventé le trotskysme, le radekisme, Ie 'souvarinisme. A PExécutif, on longa le luxembourgismie (pauvre Rosa!), le bordiguisine, le brandlerisme, le smeralisme et le Ixeibichisme. On eroit réver en présence de telles divaga- tions. Un humoriste ne trouverait pas miewx Pour parodier tes travers de nos perroquets fais nous, ces choses ne nous font pas rire : C'est notre mouvement qui est bafoué, ridieulisé, déshonoré par les inventeurs de ces insanit Passons sur le néant des eo-rapports et _ve- nons-en A Pintervention de Scocentano. Nos camarades italiens sont des contradicteurs honnétes et sinctres; ils n’ont cossé de se trom: per depuis Livourne et ils continuent, mais Tear « gauchisme » nest pas de commande ni de circonstance; cur situation est exceptionnelle dans PInternationale et ne ressemble & aucune autre : étroitement limités & leur action ita- LA REVOLUTION PROLETARIENNE ont échappé & la « bolehevisation »; parti a fait de grands et réels progres dans la dei ée} pour avoir la paix, ils ont suivi, bien que trés mollement et les tout d niers, le point de vue officiel contre opposition smut Bordiga qui a eu le courage de dire : discutons! Ils se trompent. lourdement s'ils s’imaginent échapper a la crise de ’Internatio- nale grice & de petites habiletés et & ce qu’ils croient étre de petites concessions et qui sont en réalité de grandes faiblesses. Scoccmano constate qu'il y a dans son Parti une exiréme gauche inspirée par Bordiga et influente, (Cest ce que Zinoviev appelle une droite sans influence.) Tl reproche a Bordiga son doctrinarisme, son schématisme sec, son manque de souplesse dans la tactique. Ty a. du vrai dans tout cela, Mais les défauts de Bordiga sont ceux cu Parti lui-méme (Scocei les parta~ geait il n’y a pas si longtemps) etilss’expliquent par les conditions du milieu : dans un mouve- ment. pourri de réformisme et. de parlementa- risme, il a fall un doctrinarisme rigide pour créer ‘tun parti révolutionnaire, et il n'est’ pas Stonnant qu'un exes se soit dessiné dans ce sens. Micux vaut un doctrinarisme excessif qu'un excés de souplesse. En tout eas, Bordiga, est un révolutionnaire authentique et @enver- gure, ct il est réconfortant de constater qu'il a refusé de tremper dans la campagne hideuse menée contre Trotsky. Scoccrmaxo reproche encore 4 Bordiga de s tenir 4 Pécart du travail dela direction du Sur le différend a propos de Ia question rus ne donne pas €’éclaircissements. Nous réserverons pour nos chapitres sur PAllemagne et la. 'Tehéeo-Slovaquie les. inter. ventions portant sur ces questions. Nous laissons tomber les mistres de ces figurants qui sont montés a Ia tribune pour délayer Jes mots Igninisme, bolchevisation, trotskysine, faseisme, et autres ismes. Et nous arrivons Pinterven- tion de Vanca. ‘Dénoneé par Milioutine comme «revisionnister pour avoir écrit, comme Renaud Jean, ailleurs, que Ia propriété fonciére avait tendance & se moreeler, poursuivi de Phostilité solide de Bela, ‘Kun qui voit en lui l'incarnation de Popporti- nisme,— Vanoa est trés préoceupé de se « gar- der a’ carreau ». Aussi ne s'engage-til jamais bien loin et se retranche-t-il derriére des mm- railles de statistiques. Sa prédilection est de mstater les fluctuations de Péconomie dans le dernier trimestre : prudence est mere de sOreté. Cette fois, pour prendre une assurance contre la prochaine vague @’épuration, il s'est offert le luxe de modérer les néophytes qui viennent de découvrir, un an aprés ‘Trotsky, la « stabili- sation partielle du capitalisme >. « Pas si vite, itil en substance, Cette stabilisation nest guére stable, Tl ne faut pas Ja surestimer. Tl y a encore des crises et des tradictions dans le capitalisme. La révolution — } encore possible ! » Découverte opportune que | lle les crises et des contradictions du capita- SIX MOIS DE BOLCHEVISATION lisme... IL y a bien wn certain Marx qui Pavait faite trois quarts de siecle plus tot, et un nommé ‘Trotsky qui y avait insisté ily aun an... Mais Gest égal, Varga est un malin, et Bela Kun n’en est stremient pas encore revenn. Intervention de Domsxx : ee personage est celui-la méme qui fut hué comme nationaliste polonais par tout le 4° Congrés. Aujourd’hui, iLest sur le pavois, repeint & neuf, teinte «léni- nisme 1924 x, et représente une prétendue «gauche » polonaise qui a @autant plus aise ment pris la direction du Parti que les anciens dirigeants se sont vu assigner la Russie comme résidence obligatoire... Proukhniak & Bakou, Kochtcheva et Brandt & Moscou dans des institutions soviétiques, Varski ct Valetsky marinant dans leur jus et dans leur « repentir », on fabrique & Vienne un bon petit Congres de bolchevisation, idéologique, organisatoire, léni- niste, anti-trotskyste, anti-luxembourgiste, avee une ligne, ete., ete. Intervention de Bera Kon : il suffit de lire trois lignes, la conclusion, pour étre édifié. « La Bolehevisation (1) sdéologique (11) dans esprit du Iéninisme (111) est la tdche (111!) principale de toute la bolchevivation (111! !)». Ne erdirait-on pas du Clément Vautel ? Tntervention de Jonn Prrren: ce camarade @ découvert, Pan dernier, PAmérique, Il n’a méme pas Pair de se douter que Christophe Colomb avait découverte avant lui, ily a 400 ans. Envoyé par I"Exécutif aux Etats-Unis, ily travailla de telle sorte qu’on dit le rappeler et le fixer A Moscou, & Ia demande méme de Poster, Sur Pintervention de Trotsky, ?Exéoutif dut changer radicalement toute sa_ politique aux Etats-Unis, La question américaine est trop vaste pour étre traitée ici: nous en parlerons plus loin, Intervention de Koussnven : encore un eou- xageux qui fait porter toute sa polémique sur Jes deux fameux articles que personne 1’a lus. SVindigner, & quoi bon ? Citons seulement les deridres paroles de Porateur, cela donnera une idée de son intelligence et de sa bonne foi et suffira A le jug « Dans les articles de Thalheimer et de Krei- bich souffle un esprit anti-russe. Evidemment, ils ne sont pas contre toute la Russie, ils sont seulement contre la Russie bolchevique. Ces deux camarades posent an ¢ communisme indépendant », Nous avons observé des types de « communistes indépendants » réeemment en Sudde et en Norvége. Ces gens, quis'appellent ct s*estiment communistes, en réalité sont des opportunistes et Iuttent contre I'L. C. Ce que ‘Thalheimer et Kreibich appellent « russe >, est la direction bolchevique révolutionnaire deI'T. C, Les gens qui, il n’y a pas silongtemps, critiquaient «Pinfluence russe » dans PI. C. sont devenus des renégats passant 4 la droite du socialisme ». (Ne pas perdre de vue que Thalheimer, ect anti-vrusse, cet anti-boleheviste, ect oportn- niste, eet ennemi de P'I. C., cc renégat, cte., est 25 toujours membre du Parti communiste russe et collabore activement aux revues dirigeantes officielles du Parti, comme le Bolchevil, Sous le drapeau du marwisme, ete. Aprés cela, si yous ne comprenez plus, c'est que vous avez la téte dure!) Intervention de Krurarctt : i fait observer que les récentes découverts de Zinoviev, Pepper and Co sur la stabilisation partielle du capitalisme ot le role des Etats-Unis ont été faites d’abord par Trotsky... Cette constatation d’éémentaire probité lui codtera cher. La suite de son inter- vention ayant porté sur la Tchéco-Slovaquie, nous en parlerons plus loin, comme de Pinter vention de Ciara Zerere portant sur VAlle~ magne, La « bolchevisation » en Allemagne. Notre parti allemand a été fondé par Phé- yoique « Ligue Spartacus » de Liebknecht, de Rosa Luxembourg, de Clara Zetkin, de Radek, de Franz Mebring, de ‘Tychko, de Brandler, de ‘Thalheimer, etc. La scission du « Parti social-démocrate indépendant » lui avait pro- curé des troupes, mais pas de « chefs », ce dont Pon se félicitait hautement dans l’Internati nale, Recruter des meneurs parmi les suiveurs de Kautsky, merci bien! ‘La « bolchevisation » a changé tout cela. Bien que toutes les tendances du Parti fussent responsables de Péchee d’Octobre 1928 (Ruth Fisher et Thachman Curent (aceord avec Brand ler & Chemnitz), les fondateuts du Parti furent Geartés de la direction en janvier 1924. Pour. quoi trois mois aprés la retraite ? Pourquoi pas tout de suite 7 Paree que dans Pintervalle Se. produisit la discussion russe, qui pesa, sur Ie Parti allemand comme sur le Parti francais. Bien que Clava Zetkin, Brandler et Thalhei- mer ne soutinrent, nullement Trostky, il a suffi quills hésitent & s’associer & Pabominable cam- pagne menée conire Trostky pour devenir sus- ‘ets, Pour cette raison, ef pour elle seule, ils farent éloignés de la direction de leur Pavti, ‘Maslov, alors vetenu & Moscou sous Je coup de Ja plus grave inculpation, et Ruth Fisher devinrent subitement personnages _d’impor- tance. Tis avaient partie liée avec la plus extréme opposition du Parti russe, celle qui fut exelue et emprisonnée, celle du groupe de Minsnikov : ils changerent en 24 heures leur, fusil d’épaule, Gevinrent du jour au lendemain de farouches leninistes » (de 1924!) et prirent la direction du Parti. . Et law bolchevisation » commenga. Tnjures rétrospectives & la mémoire de Rosa Luxem- ourg, chasse aux Spartakistes dans le Parti fondé’ par Spartacus, exode en masse des syn- dicats, — on vit tout cela. Clara Zetkin, moralement tenue de rester & Moseou, refuse de s'associer 4 Ia politique et aux méthodes mathonnétes en cours: grace & son grand age et A son prestige, et aussi & Te tres grande réserve qu’elle observa, elle eut un 26 traitement privilégié, mais accompagné (assez de menaces pour savoir que son compte serail réglé & la moindve tentative de dire tout haut ge quielle pensait, Pratiquement privée d fluence, ne représentant plus son Parti, tolé A PExéeutif « & titre personnel » (sic)’ comme seerétaire du mouvement féminin (1), elle se trouve dans Vimpossibilité de jouer le moindre role. Karl Radek, Phomme de Ia révolution alle- mande par excellence, se vit interdire de se méler des affaires allemandes. Méme traitement A Thalheimer (que Lénine considérait. comme le meillenr erivain marxiste de PL. C.) ct & Brandler qui, par sureroit, furent plaeés devant le dilemme : Moseou, ou exclusion, Ts préférérent rester & Moseou En Allemagne, on «bolchevisait ». On fabriqua tun « centre », comme prime A toutes les lichetés et 4 tous les lichages. En un clin @aeil, des mnilliers de edroitiers» se réveillérent centriste Us étaient, seuvés. Dans un parti fortement bureaucratisé comme le P. C. allemand, il n'est pas difficile & des dirigeants de s'assirer une clientale. Il ne resta & la Direction que trois Sparta- Kistes : Pieek (de la droite), Iberlein (du centre) bun senl de la gauche, Geschke. Tous les autres ditigeants sont’ d’ex-indépendants, d’ex-men- cheviks tardivement valliés au communisme, aprés avoir longtemps marché avec le kaiser. Les iméthodes employées & Vintérieur du Parti ? Laissons Ia parole & Geschke Iui-méme, un des plus éblouiss sentants de la gauche (Pravda du 25 Ma « Les réunions des fonctionnaires discutent toutes les questions, prennent des résolutions, mais la décision revient au Comité Central Toutes les organisations de base sy soumettent, comme le C. C. d son tour se soumet al Rexécutif, Si un queleonque rayon n'est pas @accord avee latigne (1) du C. C., celui-ci darige ses forces (1) vers ce rayon et engage la bataille '!) ». On est désarmé devant Pingénuité de pareils aveux. Plus opinion des membres du Parti | Plus opinion des groupes ou des fédérations | Plus opinion des Congres! Des fonctionnaires etun Comité Central : cela suffit ! Cette apologie de la bureaucratie mérite un bon point, neseratt- ec que pour son eynisme naif, Le résultat de ce beau travail est connu : notre Parti allemand a perdu plus de la moitié, sans doute les: deux de son effectit. Les dini- geants n’osent plus donner de chiifres. Certains disent 100,000 membres, autres prétendent 150,000, sachant. qu’on ne peut rien vérificr. (Cest comme les 400,000 lecteurs de? Humanité). Nous avions, avant la « bolchevisation », prés de 400,000 membres. Dans les syndicats et les conscils d’entreprises, nous avons perdu environ 40 0/0 de nos posi- tions. Aux ections de Mai 1924, siv mois LA REVOLUTION PROLETARIENNE aprés la retraite @Octobre, nous obtenions pris de 4 millions de voix. Kin Décembre nous en obtenions prés de 3 millions : cette perte dun millon de voie fut présenté comme une victoire par ’'Humanité, la Rote Fahne et la Pravda! Un de nos plus éminents camarades du Parti russe disait alors : « Encore trois victoires comme celle-lé et nous navons plus de parti en Alle- ‘magne... » On peut dire maintenant : plus que eux, in ettel aux demiics: ductions pi dentielles, nous n’obtenions plus que 2 millions de voix environ, perdant encore prés d'un million de vo Les « léninistes de 1924 », qui ne manquent pas de toupet & défaut d’autres qualités, ne se génent pas pour dire que fout cela, c'est la faute 4 Brandler. Ewidemment! Mais les élections de mai 1924 ont eu liew six mois aprés la retraite WOetobre, décidée et par Brandler, et par Ruth Fisher et par l'Exécutif. Cest au fendemain ce éeuti la retraite, surtout, que le découragement a été grand dans nos forces. Et est ensutite que notre Parti s'est ressaisi et a reformé ses rangs. De tels mensonges ne peuvent done tromper pei sonne. On invoque aussi la répression : elle west pas piré aujourd'hui qu’en maj 1924, et tous les commumnistes savent que la. répression renforce Je courant de solidarité qui nous soutient. Mais voici des explications de poids, — celles de la Pravda du 1%" avril « ...D'aucuns estiment que le nombre @absten- tions communistes n'est que de 200,000, et gue la raison de Vabstention est Vinsuffisance, la fai- blesse du travail du Parti, qui a organisé surtout de grandes démonstrations politiques et ’a pas Suffsanoment préte attention ane etal de Pagi- tation, Un grand rile a &é joud par le fait que le Parti n'a pas de racines asset profondes dans les syndicats. Dreutre part, on a trop surestimé des facteurs comme le scandale Barmat. Aue yeu des ouvriers, selon Popinion générale, de tels eas de vénalité n’atteignent pas tout un parti ‘mais seulement certains ehefs, et peuvent. avoir liew dans @ autres partis. Fn outre, les owvriers ne sont pas sé indifférents a la forme a@’Etat qu'on Pa souvent cru, et... » ‘Tout ceci est dit dans un pénible style mais le sens est assex clair, C'est le Parti qui est res- pousable. Le Parti a bluffé, au lieu de travailler Gérieusement, Te Parti w perdu beaucoup. de terrain dans les syndicats. Le Parti n’a pas &€é capable utiliser Paffaire Barmat. Et surtout le Parti a commis Vénorme faute de se désintéves- ser de la défense de la République. La coterie du Parti « divige ses forces » (sic) contre les rayons coupables de ne pas admit Ja ligne (sic) de la bureaucratic installée sur le dos “des “ouvriers communistes. Elle a aussi beaucoup & faire A insulter Troisky et Radek, Rosa morte ct Clara vivante, Brandler et ‘Thalheimer... Cependant que Ia bourgeoisie se frotte les mains, Uw Communrsre,

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