Professional Documents
Culture Documents
Tobie Et Y Duval
Tobie Et Y Duval
Tobie Et Y Duval
agglomerate of disputing and quarrelsome people. was a greater piety in loving Christ more th an
If, however, rhere is concord, they forma single one's parents. Perhaps he had read the proph .
"F et1c
soul. Scripture asserts just this when speaking passage that says, orget your people and yo
father's house." 8 So he forgot his father and Ur
about those who had received the Holy Spirit. Ir
says that "they had a single soul and heart roward remembered his Savior. Perhaps he had also
God."2 Thus it makes fifty days, which is the heard the Lord's Gospel words: "The one who
loves his father or mother more is not worrhy
mystery of Pentecost.
But why, then, do the Jews celebrate Pente- of me." 9 Thus, as Tobit is justified because he
cost, if not because in their celebration there was abandons his meal for the sake of a burial, this
something prefigured there? Pay close attention man is approved because he abandons the buria]
tome! You know that among the Jews a lamb is of his father for the sake of Christ. For the one is
killed and the Passover is celebrated thus, like a not afraid to pass over his meal because of some
figure of the passion of the Lord that would earthly work intervenes, while the other fears
happen later. No Christian can ignore what I am lest some delay cause him to omit the eating of
saying. You also know that rhey were com- heavenly bread. 10 Thus, although in consider-
manded to find a lamb among the goats and the ation of Christ we owe burial to everyone, this
sheep. 3 But cana lamb be found among goats man forsook his father's burial out oflove for
and sheep? Thar command, in itself, was im- Christ. SERMONS 41.2. 11
possible, but it pointed toward the possibility
that the Christ would corne in truth in our Lord 2:6 Feasts Turned into Mourning
Jesus, who according to the flesh was born from
JEWISH FESTIVALS TRANSFERRED TO CHRIS·
the seed of David 4 and drew his origin from
TIANS. ÜRIGEN: Once the people fell down in
both the sinners and the righteous. In the
genealogy of the Lord, according to the genera- the desert and died.12 Aaron their chief priest
tions that the Evangelist recorded, 5 we find came and "stood in the midst of those who died
many sinners, because be also came from and of those who lived," 13 so that the devastation
sinners; and the church today is assembled from of death inight not advance even further among
both the just and sinners. NEWLY D1scovERED the rest. And then came the true hig~ priest, my
SERMONS 31.2. 6 Lord, and he came into the midst between those
dying and the living. That is, he came between
2:4 Removing the Body those Jews who accepted his presence and those
who not only did not accept but also killed rhem·
FoLLOWING ]Esus MAKES Us FoRGET EvERY- selves more completely than him, saying, "The,,.14
THING E1sE. MAXIMUS OF TuRIN: We under- blood of that one be on us and on our children.
stand how devoted be was who, as be himself So also "all the righteous blood that has been
maintained, left bis dead father so as to lay hold poured forth on the earth, from the blood of rhe
of the Lord oflife. For he says, "First permit me righteous Abel to the blood of Zechariah whom
to go and bury my father." 7 The one whom he they killed bet~een the sancmary and the alrar'.
had left behind as dead he begs that he might will be required from that generation" 15 chat sa.id,
16
return and bury. Sorrow did not hold him nor "His blood on us and on our children." There·
death detain him, because he was hastening to fore, these are a part of the dead people because
life. He had not yet closed the eyes of the dead 2 3 117'L~1
5
man, not yet buried the stiff limbs, but as soon Acts 4:32. See Ex 12:5 LXX. 4See Rom 1:3. See Mt 1: •
3:23-38. 6NBA 35/2:811-13. 7Mt 8:21. 8Ps 45:11 (44:11 !,)(;/12.
as he learned that the Lord had corne he forgot 9Mt 10:37. 10see Jn 6:31-32. 11ACW 50:102. 12See Nu!ll .
the feeling of paternal piery, believing that there 13 16
Num 17:13. 14Mt 27:25. 15Mt 23:35-36. Mr 2 ~
\.
YJ/I,~ -~
NÉCESSITÉ DE LA SÉPULTURE LE REPOS DES MORTS 31
30
l'o~ligat!on "religieuse" d'enterrer les morts, de respecter leurs corps, de
Il- LE DROIT COMMUN À UNE SÉPULTURE
m~mtemr leurs tom?_es s'e~t imposée aux fidèles malgré tous les en-
seignements de la h1erarch1e sur la misère de la chair. Et cette révé-
• , · es chre'ti'ennes, et surtout l'épigraphie rence pieuse (p!etas) chrétiens à l'égard des défunts et des sépul-
To utes les sources htterair
· d'assurer u
ne tombe à tous les morts -
· tures a prolonge la trad1t1on païenne sans rupture aucune : ainsi dans sa
funéraire, illustrent le devo_lf icidés _ et surtout de leur per-
, hérétiques ou su ' . • . belle étude désormais classique sur les "aspects de la mort" d'après les
même aux réprouves, . . aix En contrepomt, la pnvat1on
, d 'y mamtemr en P · . , épitaphes romaines, A. Brelich22 est-il souvent amené à citer ensemble
mettre d y rester, e s . , par un jugement de Dieu, en cha-
inscriptions païennes et chrétiennes, pour illustrer aussi bien la réfé-
de sépulture ne peut être infhgee que surtout sacrilège. Autrement dit
. d' · grave meurtre ou . rence aux Mânes que le repos des défunts (quies) dans la tombe comme
t1ment un cnme . ' nauté reconnaissent un "droit corn- leur demeure éternelle, ou même l'immortalité de l'âme (p. 64 ). Et en
les chrétiens hiérarchie et commu ' . . . . . E
, ; lt II sauf opposition ou mterd1ct10n d1vme. t nos effet tous les témoignages de cette nécessité d'inhumer les corps - que
mun a 1a sepu ure ' ,. · · ' ar un "droit"
sources attestent clairement que I inhumation, ~mp~see p je vais étudier en milieu chrétien - trouvent un parallèle dans l'attitude
. 'pt1'ble n'a pas pour but d'aviver la mem01re et donc les suf- païenne face à la mort.
1mprescn , . 20 • b' d'
frages des survivants, comme le voudrait Augustm , mais 1en assurer
Ce droit à la sépulture, on le cerne dans le devoir fait aux chré-
au défunt lui-même des conditions (de survie? d'attente? de repos, en
tiens de procurer une tombe, si modeste soit-elle, à tous les frères
tout cas) nécessaires à son devenir dans !'Au-delà.
morts. D'abord, et surtout, devoir d'inhumer ses proches, ses parents,
Je ne reprendrai pas ici toutes les formes et manifestations, ni pour les "honorer" d'une ultime manière : Tobie, dit la Bible, enterra
l'étude des fondements de cette pietas à l'égard des corps morts, car le son père magnifiquement et quand sa mère mourut, il l'ensevelit avec
présent ouvrage voudrait s'attacher à une de ces pratiques funéraires son époux, dans un même tombeau (Tobie, 14, 11-12); les épitaphes
bien précise : mais il reste que l'inhumation ad sanctos, que j'analyserai chrétiennes annoncent très souvent les dédicants de la tombe, qui sont
dans les chapitres suivants, est un privilège, une exception dans ce droit enfants, conjoint ou parents du défunt. Mais ce devoir de piété s'étend,
qui est "commun" aux deux sens du mot, droit de tous à une sépulture au delà de la famille, à tout le groupe, et même à des inconnus, tués à
23
ordinaire, simple. Hippolyte de Rome l'exprime déjà dans la Tradition la guerre ou naufragés rejetés sur les grèves • Le modèle, là encore,
apostolique (40, De lacis sepulturae): "On n'imposera pas une lourde vient de la Bible (Tobie, 1, 18) : "Ceux que le roi Sennacherib tua
charge pour enterrer dans les cimetières, car c'est la chose de tous les q~and il revint en fuyard de la Judée, je les ensevelis à la dérobée car il
pauvres 21". en tua un grand nombre dans sa fureur ; leurs corps furent recherchés
par le roi, mais ne furent pas trouvés. Le persécuteur tente de
l) La ''pietas" de Tobie ou le devoir d'inhumer tous les fidèles s'acharner sur les cadavres, que la tombe protège". En écho à ce geste
pieux de Tobie, on connaît l'immense trouble provoqué dans toute la
Il est inutile d'insister sur les nécropoles et les dizaines de milliers chrétienté d'Occident par le sac de Rome en 410 où "des cadavres de
d'épitaphes chrétiennes recueillies en Orient comme en Occident qui
sont l'illustration de ce droit. Elles attestent à l'évidence que 22.Aspetti della morte ne/le iscrizioni sepolcrali dell'impero romano, 1935.
23. Grégoire de Nazianze, Epig. 210 : "Souvent un passant a enterré le corps d'un
20. Voir chapitre précédent, p. 7. naufragé ballotté par les flots, souvent aussi celui d'un tueur de fauves ; à la guerre
aussi, on voit un homme ensevelir celui qu'il a tué ...". Sur ces Épigrammes, voir infra
21. SC Il bis (2e éd.), 1984, trad. el notes de B. Boue, p. 122-123 : "ne grp1•et11r homo
ad sepeliendum hominem in coemeteriis : res enim est omnibus pa11peris". note 28.
tl ,J)l
-, s p et 111
LE REPOS DES MORTS 33
32 NÉCESSITÉ DE LA SÉPULTURE
crypte, avec ou sans reliques, sarcophages à une place, bisâmes ou tri-
chré~iens sont restés sans sépulture". Augustin s'empresse de rassurer sômes _ où chacun prendra place à sa mort. De son côté, Grégoire de
ses fidèles : "ce ne fut là ni une faute pour les vivants qui n'ont pu la N sse évoque souvent la chapelle des Quarante de Sébaste édifiée par
leur donner [la sépulture], ni un châtiment pour les morts qui n'ont pu : mère sur le. domaine fa~ilia~ d'lbora et dans laquelle un grand sar-
25 5
en sentir la privation24 ". Mais en fait l'explication "sensorielle " paraît phage recueille son man, pms elle-même, avant qu'on ne Je rouvre
un peu courte: l'émoi des chrétiens après ce désastre est sous-tendu par c~ur y introduire sa fille Macrine : la sépulture fut mise en place lors de
la conviction d'avoir failli à un devoir sacré envers des défunts que seul fa mort du père, mais en prévision des occupants à venir29 • On sait de
Dieu a pu condamner à l'insépulture (voir plus loin p. 34-36). Or un tel même par Jérôme que Paula construisit de son vivant sa tombe contre
"châtiment" de fidèles frappés en une foule indistincte ne peut que ren- la grotte de Bethléem30• Mais les plus démunis aussi assurent leur
voyer aux péchés de l'ensemble de la communauté, et interpelle ainsi inhumation. Les naufragés, avant de sombrer, accrochent à leur cou
tout le groupe. Augustin a d'ailleurs parfaitement perçu l'intensité du Jeurs derniers biens et bijoux dans l'espoir que ceux qui recueilleront
trouble de ses contemporains, car il revient constamment sur Jeurs cadavres se sentiront obligés de les ensevelir en échange de ce
!'"immense désastre" et la "foule de fidèles insepulti ". paiement posth~me. Autre manière, dans une situation désespérée, de
prévoir à tout pnx sa tombe.
2) Préparer sa dernière demeure
26 3) Le droit des réprouvés
Cette sépulture nécessaire, les chrétiens comme les païens s'en
assurent en la préparant avant leur mort pour eux-mêmes et leurs Ce droit à la sépulture s'étend même aux réprouvés. Les deux bri-
proches : on connaît de nombreuses épitaphes où des fidèles, modestes gands qui hantaient une maison où ils gisaient insepulti sont ensevelis
ou souvent de familles ecclésiastiques, annoncent qu'ils ont fait (fecit) par l'évêque Germain d'Auxerre chrétiennement, avec des prières • Le
31
leur tombe de leur vivant, à leurs frais 27. De telles sépultures préparées concile de Marseille de 533 fixe d'ailleurs que les criminels suppliciés
d'avance et souvent situées dans des lieux privilégiés apportent au dédi- aux termes d'un jugement ont droit à une sépulture in cymeterio chris-
cant essentiellement l'assurance, la certitude que sa dépouille sera in- tianomm32. Au contraire, dans le même temps, les suicidés et les héré-
humée, et probablement aussi le réconfort de connaître sa dernière tiques ne sont pas inhumés en terre chrétienne, si l'on en croit Grégoire
demeure. On est frappé de voir, dans les Epigrammata de Grégoire de
Nazianze28, les grandes familles d'Orient, parents, oncles, amis de de Tours 33•
l'évêque, aménager soigneusement les lieux - édifices simples ou à
. 29. Dans la mesure où elles décrivent des inhumations ad sanctos, ces sources
orientales sont étudiées en détail au chapitre suivant : sur Grégoire de Nazianze, voir p.
24. Ce passage est cité et étudié au chapitre I, p. 10-11. Cet événement douloureux,
qui a donné naissance à la Cité de Dieu, se retrouve au centre du De cura. 69-73 ; sur Grégoire de Nysse, p. 66-68.
30. Vila Paulae, M.SS. Januarii m, p. 337 : "Bet/r/emiti co11dit11r antro" ( = dans la
25. Sur l'insensibilité des cadavres, voir p. 11 sq.
~oil. Vite dei Sa11ti, éd. Mondadori, Epitap/rium sanctae Paulae, texte latin el trad. ita-
26. Cf. A. Brelich, op. cil., p. 37.
ienne, Chr. Mohrmann, AA.R. Bastiaensen et Jan W. Smit, 1975, p. 234-235).
27. Avec des formules du type se vivo fecit, sibi et suis vivo fecit, ou encore sibi ipso
sana (LSA, n° 143), de proprio suo arcam posuit (ILC 515, pour un soldat de Concordia) 31. Le récit est analysé plus loin, p. 40 sq.
ou proprio sumptu hoc aedificavit opus (ILC 1804, pour un prêtre d'lvrea, près d'Aoste) . 32. Ed. C. de Clercq, Concilia Galliae, p. 95.
28. Sur ce recueil de poèmes funéraires, voir au chapitre Ill, note 39 : cf. les Epig. 33, 33. G/or. Mart., 79, sur un prêtre arien qui fut simplement port_é da~s _une fosse et
76, 99, 118, 131, 165 et 170 pour les chapelles familiales, Epig. 1, 22, 77, 84, 154 pour les recouvert de terre • HF IV 39 sur un suicidé de Clermont que "le diable rude dans son
tombeaux communs. "acte abominable"'. "on' ne '1e ~laça pas à côté des cadavres des chrétiens et il ne mérita
~-7
LE REPOS DES MORTS
34 35
NÉCESSITÉ DE LA SÉPULTURE
, . . , , b tions refusés pierres, s~n corps; 7~is découve:t par le tonnerre et la tempête, fut
l!~r~cll
34
de Je~~ Cassien précise les_ n~es_et_cele ra n uits, per- privé de :e_pulture · Mem~ une s_epulture solide et réputée durable ne
aux Sutc1des : un v1e1l ascète égyptien s'etall Jete dans u t à tout saurait res1ster à la volante de Die~, et ce corps mis à nu, sans même
suadé par une illusion du diable que ses mérites le_ ~ouS traya,~:n retire ne couche de terre pour le couvm, apparaît comme la punition su-
38
danger (inclu.sione diaboli, angelum Satanae ... suspiciens). Odn ei'ne qu'il urême du défunt sacrilège : le but du châtiment est bien d'infliger au
, . . · 'gran ·P p t ( . .
a demi mort et 11 expire deux jours après. On obtJnt a mémoire et mort des tourmen s ou, ce qm revient au même, de le priver des se-
ne fût pas compté parmi les suicidés et jugé indi~ne d~ I: anatos repu- cours que procure la tombe).
de l'oblation qui se font pour les morts (ut non mter bwt_ 1 diunus). On
tatu.s etiam memoria et oblatione pausanllum . • d1·caretur
tu , . e .11la osépulture
1 Autre sacrilège qui justifie le même châtiment: la violation des
. emerger
, . . 1e d rmt . hum at1· on chre11enn de. prières, avec
. à une JO tombeaux. Les épitaphes portent souvent des menaces d'anathèmes,
voit 1c1
parmi les tombes des fidèles - accompagnée de chan~, tisés aux Juifs d'excommunication ou d'amendes 39 contre les violateurs éventuels. On
célébration de la messe - a pu être refusée aux no~ apvés ;ont néan- y trouve a~ssi le souh~it, au subjo~_ctif ~u à _l'optatif, que_ le profanateur
et à certains grands pécheurs. Mais . JO
· fI dèles et reprou ais ·amais aban- gise lui-meme sans sepulture : 11mprecat10n est lancee comme une
moins enterrés, hors de la terre chreuenn, · e certes, . ., . m dument1 inhumés prière à Dieu ~ui ~eu_l peut _co~da°".n~r les coupables à "l'in-sé~u-lture".
35
donnés "insepulti ": même les "hommes mauvai~ mhors du lieu consa- /sta memoria s1 quis vwlavent, vwlant 1/lum Deus, annonce une ep1taphe
ad sanctum et miraculeusement reJetes . , Par le samt de Tebessa40 • Une autre, du cimetière de Sainte-Agnès à Rome, éclaire
' 36•
cré, se retrouvent pourtant enseve l1s les conséquences redoutables de la non sépulture sur la résurrection fi.
nale : /nsepultus jaceat non resurgat41 • Le corps non enseveli ne ressusci-
tera pas.
4) Les corps mis à nu des pécheurs sacrilèges
Le seul crime qui, dans les récits "exemplaires", justifie la priva-
tion de sépulture, c'est le sacrilège, mais le châtiment est alors infligé
37. Vin. s. lui., 13.
par un jugement de Dieu qui l'impose par ses interventions miracu-
38. On trouve des récits sur ce même thème un siècle plus tard, dans les Dialogues
leuses. Ainsi, raconte Grégoire de Tours, un soldat franc qui avait forcé de Grégoire le Grand (cf. n. 36).
les portes de la basilique Saint-Julien de Brioude mourut foudroyé, et 39. Par exemple ILC 1223, 1293 et 3834-3837. A. Brelich regroupe, op. cil., p. 11-13,
ne put se maintenir dans la fosse où il avait été enterré : "bien que plu- les expressions destinées de même à écarter le violator sep11/cri dans les épitaphes
sieurs de ses compagnons eussent entassé sur lui un monceau de païennes.
40. Épitaphe sur mosaïque du troisième quart du IVe siècle, près de la memoria des
pas les solennités d'une messe". Voir aussi A. Michel, Dict. de Théo/. catholique 14 2 martyrs à Tebessa : J. Christern, Das frühclrrislliche Pilgerheiligtum 1•011 Tebessa,
s.v. Suicide, 2742-2743. ' ' ' Wiesbaden, 1976, p. 107-109. Sur la memoria, cf. LSA, p. 124-126. Voir aussi AE 1935,
34. Conférences Il, 5, SC 42, éd. E. Pichery, 1955, p. 116-117. Je dois cette référence à 59: "abeat ana/hem ossa sint (?) insepulta sa11ctis el'angelis" (graffito gravé sur une stèle
l'amitié de J.-L. Voisin. de Tebessa, IL Alg, I, 3109, mais que Gsell n'avait pas lu).
35. Dans la Gaule des invasions, aux v< el vr< siècles, la règle tacite du droit à la sé- 41. ILC 3845 : "male pereat, insepultus iaceal, 11011 resmgal, c11m luda partem habeat,
pulture es~ parfois transgressée: à la guerre (Sidoine, Epist., 111, 3, 7, 8 : Jes goths muti- si q11is sepu/ernm hune violarit". Voir aussi /LC 3850, à Saint-Vital de Ravenne : "... si
le~t et brûlent leurs morts pour empêcher de dénombrer Jeurs pertes), ou dans des quis hune sepulchrnm violaverit, partem abea(t) cwn luda traditorem el in die i11dicii 11011
cnmes_de vengeance (contre des agitateurs publics ou même des ennemis rivés : resurgat. partem suam eum infidelib 11s ponam". Ou encore ce graffito sur plâtre, dans un
Grégoire de Tours, HF, V, 5, VII, 38 et IX, 10). p cubicule en catacombe: "un(e) corpus si qui vo/uerit aperire isciat se Dom[injo ratione[m
36. "in sepulcro alio", Grégoire Je Grand Diol IV 55 1 re]dder[e]" (ICI 4, 89 a = Regio VII, Ager Capenas). Autre expression de la colère de
d'inhumations abusives ad sanctos seront an~lys,esogul es,1 . ' ' Ph· 8?·183. Ces exemples
p us om, au c ap1tre v, p. 162 sq. Dieu infra p. 150 n. 43.
-~
:-~
36 LE REPOS DES MORTS
NÉCESSITÉ DE LA SÉPULTURE 37
Cette impréc 1·
,
· · , I
a ion qm voue le violateur à la mort sans sepu ture me· me fléau. que les nécropoles
. des païens44 · Or les nombreuses sources
est le theme · ·1- · , d , · d qui stigmatisent ces v'.ols de sépultures évoquent en même temps les
. pnvi egie es nombreuses épigrammes de Gregoire e
bienfaits que les chrétiens attendent P?ur le défunt d'un repos durable
Naz1~nze contre la ruµ{3wpux{o.42 : "Celui qui nous élève des autels avec
dans la tombe. Elles nous parlent en fait de l'utilité de la sépulture.
),es ~!erres d'autrui, puisse+il ne pas obtenir une sépulture" (Epig. 173);
Puisses-tu avoir le même sort, toi qui a commis ce crime" (Epig. 192); Les sources gauloises des siècles troublés (Ve au vue s.) montrent
ou _encor~"Epig. 225 : "Puisse ta demeure à toi appartenir à un autre''., et qu e les profanateurs, , chrétiens,
. ont souvent pour seul but d'assurer à
Epig. 24 · Ne montre pas aux mortels· un cadavre nu, ou tu seras mis _à l'un des Jeurs cette necessa1re sépulture qu'ils ne peuvent lui procurer
nu par un autre"; et surtout cette prière: "Terre bien aimée, n: r:ç01 s ar manque de place ou de ressources. Plusieurs conciles gaulois du vie
pas dans ton sein après leur mort ceux qui sont heureux de s'enrichir en ~ècle reprennent les condamnations de la loi profane contre
violant les tombeaux" (Epig. 253). En vérité cet anathème promet le l'introduction d'un défunt dans un cercueil occupé45 : il s'agit de proté-
pire des maux puisqu'il compromet la résurrection du profanateur : ger à Ja fois le repos du_mort troublé par cette intrusion, et aussi le droit
châtiment post mortem et voulu par Dieu, plus redoutable qu~ les de propriété de sa famille sur le tombeau. Pour procurer aux siens une
condamnations aux tribunaux des hommes, qui est avant tout destmé à sépulture plus durable, le violateur peut "emprunter" le couvercle solide
éloigner du tombeau où il s'inscrit le danger de viol, pour assurer au dé- d'un sarcophage 46 • En cas de presse, l'abandon apparent des tombes
funt la quiétude dans sa dernière demeure. que recouvre la végétation, conduit des fossoyeurs peu scrupuleux à les
réutiliser47 • En fait, à travers ces violences, on retrouve le souci constant
de procurer une sépulture - solide si possible - à des défunts qui sans
III - LA SÉCURITÉ DES MORTS DANS LES TOMBES ces vols et ces viols ne pourraient en être pourvus. C'est ici le besoin de
sépulture qui conduit des chrétiens au sacrilège ; mais les violateurs les
Car le droit pour tous d'être ensevelis n'a aucune valeur sans son plus honnis et les plus craints sont les pillards appâtés par les richesses
corollaire, Je droit de le rester. "Si ma gloire mérite quelque faveur, que enfouies avec le défunt ou décorant son tombeau.
mon tombeau demeure toujours ...", ruµ/3oç ftd µévÉrw, proclame
l'épigramme 117 composée par Grégoire pour un dignitaire de l'Empire 1) La douleur des morts
(qui n 'a lui-même, annonce-t-il, jamais pillé les morts). La tombe doit
durer, et d'abord résister à l'usure et aux attaques du temps : Jérôme Or les épitaphes lançant l'anathème contre d'éventuels profana-
annonce à sainte Paula : ''Exegi monumentum tuum aere perennius quod teurs, et surtout les Epigrammata, plus explicites, de Grégoire, démon-
nul/a destruere passif vetustas 43 ". Mais plus que l'usure et la fragilité, trent à l'évidence que les chrétiens croyaient à la douleur des morts.
c'est Je viol qui menace les tombeaux et qui sévit dans toute la chré- Dans un tout autre contexte, Damase lui-même évoque les "nouvelles
tienté, en Occident comme en Orient : l'empire christianisé a connu Je souffrances" qui accablent les défunts quand on vient troubler leur re-
42 Sur celle oeuvre de Grégoire, voir supra n. 28. Des dizaines de pelits poèmes
. · mmata 170 à 254) contiennenl le souhait que le profanateur soit privé de sé-
(Ef'g,-: (Epig. 173,192, 208 à 225), ou, ce qui revienl au même, que son tombeau soit à 44. A. Brelich, I.e. supra n. 39, rappelle la loi qui punit la cupidité des profanateurs,
pu tutrur
son o détruit (par ex. Epig. 231, 241, 253). Les verbes sont à l'optatif, l'imprécation par delà les anathèmes.
très brève. 45, Ainsi les conciles de Mâcon (en 585, canon 17) et d'Auxerre (en 561-605, c. 14).
43 _ V,ta Paulae, AA.SS. lanuarii Ill, p. 337 = Epitaphium sanctae Paulqe, 33, 1, éd. 46. Un exemple dans Grégoire de Tours, Glor. Conf., 17.
Mondadori citée supra note 30, p. 234.
47 . Voir plus loin la lettre III de Sidoine sur la tombe de son aïeul ainsi menacée.
;J_
'
1
CONCLUSION