Construire en Terre Crue en Zoe Tropicale

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‘TROPICULTURA, 1991, 8,9, 194197 Construire en terre crue en zone tropicale. S. d’Omano* Keywords: Tropical area — Rural area — Building with earth. Résumé Le choix de fa terre crue comme matériau de construction est une atternative intéressante sur le plan économique, pour des batiments ruraux. Mais un certain nombre de conditions dowvent éire respectées concernant le choix de la matiére premiére, la conception architecturale et structurale. De pius, fa formation technique des responsables du chantier est un impérat. ‘Summary ‘Mud could be a profitable choice for rural buiding. But some conalitions related to the quality ofthe raw material and the architectural and structural design has to be taken into account. Overall, the site supervisor's technical taining is a key factor for success. 1. Introduction animation de projet de développement agricole en zone tropicale implique assez {requemment la construction d'un 0u plusieurs batiments & usage divers: logement du person: rnel, magasin de stockage, batiment d'élevage, clotur, .. Par ailleurs, le budget réservé pour es constructions est géné- ralement limité. Le responsable de projet se trouve donc dans I obligation de trouver une formule économie dans le choix du systéme construc et des matériaux. L'utlsation des matériaux locaux et principalement de la terre crue sont donc une alternative a considérer. Le technicien agricole qui ‘une expérience des pays tropicaux, a pu constater que la terre crue constitue un des matériaux de Construction les plus ccourants dans ces zones. Est-ce pour autant une option cré- diple pour la réalisation du batiment d'un projet? Lintérét économique est incontestable. Pourtant "état assez dégradé de beaucoup de ces constructions rurales en ter re, ainsi que leur durabilté partois limitée, pourront souvent détourner le responsable de cette option. Un autre élément quilincte aussi a écarter cette option ast le pourcentage assez @eve d'échecs dans les projets de développement au. durant|a demiére décennie, avaient choisi de construire en terre crue, Pourtant depuis quelques années, le nombre de projets ayant opté avec suocés pour I'utiisation de la terre Crue s‘accrott. Cette amelioration est lige & une meiloure appréciation des conditions nécessaires et sufisantes a res: pecter dans Iutlistion de la terre, Parmi ces conditions, nous Nous proposons dintroduire les trois principales: — vhoix de la matiére premeére — choix de lt Conception architecturale et structurale — quaitcation technique du conducteur des travaux. 2. Choix de la terre En construction comme en agricuiture, la notion du chox de ia terre est fondamentale. Seuls ies crtéres d appréciation varient. Fondamentalement, on retrouve la mémme problema: tique dans la production agricole et la construction en terre crue, Face a un sol local, le technicien agricole choisit es cu- tures tes pratiques culturales qui permetront de ier le met: leur parti du sol en question. Mais il ne pourra pas aller au dela des potentiaités de cette terresauf en reciiant les carac: téristiques de départ par des apports extérieurs (amende- ment, engrais organique, engrais minéral ou par des pratiques culturales particuliéres (réseau de drainage, sous- solage, ..). Le constructeur en terre se trouve dans la méme situation lio choisr la technique constructive en fonction de la nature de la terre présente sur le site. Dans le cas d'une terre trop défavorable, on pourra tenter une correction par apport de mates (apport de dégraissant sur des terres trop grasses, apport de stabiisants) ou par une préparation particulére du matérau (maturation protongée, compression forte, ..). Ces Cortections sont plus ou moins complexes sur le pian tech- rique et surtout souvent codteuses. En tout état de cause, iln'est pas possible d'aller au-cela du potentiel d'une terre et les apports ou traitements ne peuvent que partiellement orriger ou renforcer les caractéristiques itiales. La com. postion des terres étant res variable, on comprend done que le chox de option tere crue pour une construction ne peut pas se faire a priori mais seulement aprés verification de la qualité des ressources locales, La médioorité des construc tions traditionnelles en terre de certaines régions est & met tre en relation avec la médiocrié des terres locales, car les ‘constructeurs traditionnets n’ont guére d'autres alternatives, {que de se contenter des matériaux présens sur le site et peu de moyens pour metire en ceuvre les mesures correctrices qui simposeraient. L’eau est le principal agent de dégradation des ouvrages enterre. Les deux critéres principaux pour déterminer apt tude d'une terre pour la construction sont donc la granulari- ‘éctla plasticité car is permettent de prévos le comporternent et la durabiité du matériau sous l'action de l'eau. La granu larté est déterminante pour la compacité fnale du metériau. Or, un matériau compact est foroément moins sensible a la pénétration de eau. Les terres & granularité bien répartie permettront done a obtenir des matériaux denses peu sen- sibles la pénétration de l'eau. Ces terres donneront les met leurs résultats avec les techniques basées sur la compression m4 AaoneERG, BP aa Va TROPICULTURA (loc de terre comprimée) ou le compactage (pisé). Les ter- es fines, & granularté déséquilorée, sont valores suivant Jaulres méthodes (torchis, terre fagonnée). La plasticté per met de Se faire une idée de la partie wie» d’une terre a bat 4 savor’ la fraction argileuse. C'est en effet celle-ci qui asst la cohésion des particulesiinertes (gravier, sable, sit). On 2ssiriie perio fa terre & un béton nature ola fraction arg use est le liant et les autres éléments, les granulats. Mais sla diférence du béton a base de ciment Porlland, largile 2st un liantinstable & l'état humid. La cohésion d'un maté- au en terre crue diminue de maniére plus ou moins impor. ante lorsqu'll est humidifié. Cette diminution de la cohésion arie en fonction d'une part de la nature minérelogique des argiles et d autre part dela propartion de la fraction argileu Se par rapport aux particules inertes. Des terres riches en argile Gontlante (montmorilonite) auront des cohésions for- 25 8 5€C mais se dégraderont trés vite l'état humide et sur out dans des cycles de séchage-hurridfication, DesterTes ches en argiles peu gontlantes de type kaolinite auront un iiveatu de cohésion moins élevé & sec mais une meilleute enue a I'état humide et donc une plus grande durabiit. igure 1— Représentaton des ciiérnts modes @ nlsaion de eee pow ‘constructor. © CraTente € plasticté joue aussi sur le mode de mise en ceuvre. Les tres peu plastiques a granulanité étalée se travaileront Stat humide. Les terres fines a forte plasticité devront se tra ail 8 état plastique du fait qu'elles sont pau maniables Vétat humide. Cette obligation de travailler a 'état plast ae entraine un retrait au séchage important et qu'il faut maf ser pour éviter apparition de fissures. Cette maitrise est Stenue en jouant sur les conditions de séchage (séchage. nit, 4 Tombre, en atmosphere humide) et par l'emploi de ores, De nombreuses techniques de valorisation de terres astiques (lorchis, bauge, terre fagonnée) associont later et les fibres. 2s caractéristiques d'une terre sur la plan de ia granulanté de la plasticité sont déterminées par granulomeétrie, séci entomeétre et tests di Atterberg. On les interpret pat rap- port 4 des plages de référence qui ont été établies par analyse systématique d'ouvrages en terre ayant prouvé leur durabilté. Ces plages sont données dans plusieurs ouvra ges techniques. On pourra se réterer en priorité au «Traine de construction en terre il faut toutefois préciser que ces plages de référence n'ont ‘qu'une valeur indicatrice, certaines terres, surtout en zone tropicale ayant parfois des comportements atypiques. Limportance des caractéristiques du matériau de départ apparalt done comme essertielle. Dans le cas de a zortetro- picale, on peutilustrer ce point en opposant deux cas: celui des zones A vertisoks et celui des zones latértiques. Les ver tiso's et spécialement es Black Cotton Soil (BCS), rés riches ‘enargile gontlante, sont diffclemnent valorisables saul avec des pratiques particulgtes (stabilisation ala chauxaérienne, compression accentuée). Les constructions tradttionnelles, dans ces zones sont souvent dégradées et présentent de nomibreuses fssurations de retrat. La nature gonflante de ces terres entraine de plus un probléme de mouvernent du sol Qui est 8 origine de fissuration des structures par des efforts en cisaillement ou en flexon. Si donc, pour agricul ture, les BCS sont des terres intéressantes, pour les cons- tructeurs, elles sont particuliérement aificiles a valoriser. Les iatérites constituent au contraire un matériau généralement interessant pour la construction en terre. Yaut toutetois oré- ciser que le terme latérite est mal défini et que ‘appellation ccouvre aussi bien des sols fersialtiques, ferrugineux ou fer ralitiques, de texture et de plasticté variables. La particula- rité des laténtes et dui les rend si interessantes pour des travaux de construction, est leur capacité, variable selon le type de latérite, de durcir Vai. Pour la plinthite, varété de latérte présent au Burkina Faso et en Inde, cette capacité

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