Professional Documents
Culture Documents
Extrait 42383210
Extrait 42383210
Extrait 42383210
Analyses de surface
et de matériaux
III
Cet ouvrage fait par tie de
Techniques d'analyse
(Réf. Internet ti630)
composé de :
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
IV
Cet ouvrage fait par tie de
Techniques d'analyse
(Réf. Internet ti630)
Gwenola BURGOT
Professeur à l'université de Rennes 1
Pierre LE PARLOUËR
Docteur Ingénieur, Consultant société Thermal Consulting
Gérard DURAND
Professeur honoraire à l'École Centrale de Paris, Consultant
Patrick MAUCHIEN
Chef du Service de Chimie Physique au Commissariat à l'Énergie Atomique
Saclay
Philippe QUEVAUVILLER
Commission Européenne, DG Environnement
Jean-François HENNINOT
Professeur, université d'Artois, unité de Catalyse et de Chimie du Solide, équipe
Couches Minces et Nanomatériaux
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VI
Analyses de surface et de matériaux
(Réf. Internet 42383)
SOMMAIRE
Texture des matériaux divisés. Aire spéciique des matériaux pulvérulents ou P1050 51
nanoporeux
Texture des matériaux divisés. Taille de pores des matériaux nanoporeux par P1051 57
adsorption d'azote
Mesure de frottement interne P1310 61
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VII
3– Analyse de céramiques Réf. Internet page
Nouvelle méthode d'échantillonnage des COV émis par les matériaux de construction IN112 123
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
Analyses de surface et de matériaux
(Réf. Internet 42383)
Q
1– Méthodes d'analyse des matériaux Réf. Internet page
Texture des matériaux divisés. Aire spéciique des matériaux pulvérulents ou P1050 51
nanoporeux
Texture des matériaux divisés. Taille de pores des matériaux nanoporeux par P1051 57
adsorption d'azote
Mesure de frottement interne P1310 61
3– Analyse de céramiques
4– Analyse de nanomatériaux
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
Y
Q
QP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWVR
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 3 762 − 1
QQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWVR
_____________________________________________________________________________________________________________________________________
Q
d’occuper une place de choix, en particulier dans le domaine de port à la spectrométrie dispersive offrent des possibilités d’applica-
l’analyse et de la caractérisation des matériaux polymères. Les pos- tions particulièrement intéressantes pour l’analyse et la
sibilités offertes par la spectrométrie infrarouge dans le domaine caractérisation des polymères. Ces applications tirent parti soit de
des matériaux sont en effet multiples et donnent lieu à de nombreu- l’amélioration importante de la sensibilité (mesures de réflexion,
ses applications. La spectrométrie infrarouge permet ainsi d’obtenir couplage avec la microscopie infrarouge, détection photoacousti-
des informations détaillées sur : que), soit, à rapport signal/bruit constant, de la plus grande rapidité
d’exécution de la spectrométrie IRTF.
— la structure chimique des macromolécules et la composition
du polymère : identification de l’unité de base, des ramifications,
analyse des extrémités de chaînes, détermination de la nature et de
1.1.2 Méthodes expérimentales
la concentration des additifs, des défauts de structure, des impure-
tés...
— les interactions intra- ou intermoléculaires, la conformation Si l’on peut a priori admettre que tous les matériaux organiques
des chaînes, la cristallinité du polymère, l’orientation des macromo- peuvent être analysés par spectrométrie infrarouge, il subsiste tou-
lécules. tefois la difficulté essentielle liée à la mise en forme des échantillons
afin d’obtenir des spectres exploitables, donc présentant des ban-
La spectrométrie infrarouge est également un outil efficace pour des d’absorption dont l’intensité se trouve dans une gamme acces-
étudier les modifications de structure des polymères résultant de sible aux appareils, voire dans une gamme permettant des
traitements chimiques, de dégradations ou de vieillissements de applications analytiques quantitatives.
diverses origines.
La spectrométrie infrarouge est devenue une méthode d’analyse 1.1.2.1 Analyse par transmission en mode « macro »
de routine des polymères dans de très nombreux laboratoires uni-
versitaires et industriels. La technique la plus facilement accessible à l’expérimentateur
consiste à enregistrer le spectre du matériau polymère en mesurant
■ Des limitations à l’utilisation de la spectrométrie infrarouge directement la transmission de la lumière infrarouge au travers de
existent : cependant, elles sont essentiellement liées à la faible sen- l’échantillon. La surface minimale d’échantillon requise varie selon
sibilité de la technique, à la nécessité de mise en forme des échan- la superficie de la section droite du faisceau infrarouge, donc selon
tillons et aux difficultés d’analyse des échantillons de faibles le type de spectrophotomètre utilisé. Elle est généralement voisine
dimensions. de 1 cm2 (1 cm x 1 cm). En ce qui concerne l’épaisseur de l’échan-
L’apparition des premiers spectrophotomètres IRTF à la fin des tillon, donc le trajet optique, il faut la choisir en respectant les limites
années 70 et leur développement depuis le milieu des années 80 ont rappelées précédemment. Différentes techniques permettent
élargi de façon notable le domaine d’utilisation de la spectrométrie d’adapter l’épaisseur de l’échantillon aux besoins de l’analyse :
infrarouge. L’introduction des spectromètres IRTF a en effet permis, — dans le cas d’échantillons fusibles (thermoplastiques), on uti-
grâce au gain important en sensibilité, d’augmenter notablement les lise la compression à chaud du matériau pour fabriquer un film dont
possibilités d’analyse, et de valoriser de nombreuses techniques de l’épaisseur permettra de réaliser un spectre exploitable. L’épaisseur
couplage dont l’utilisation était jusqu’alors extrêmement réduite. généralement requise varie selon les caractéristiques du matériau
Dans le domaine des polymères, ces couplages, dont le détail sera polymère (structure chimique du polymère, présence de charges ou
précisé ultérieurement dans ce paragraphe, facilitent l’analyse pigments...), de quelques micromètres à quelques centaines de
d’échantillons qu’il était auparavant difficile, voire quelquefois micromètres. Cette méthode doit être réservée aux matériaux ther-
impossible, de réaliser en mode d’analyse « classique ». miquement stables dans les conditions de compression à chaud (on
ne doit pas provoquer l’oxydation de la matrice polymère, de ses
additifs, ni la migration des adjuvants...) ;
— dans le cas d’échantillons solubles, on peut utiliser une
1.1 Instrumentation méthode particulièrement simple qui consiste à dissoudre le poly-
mère dans un solvant approprié et à étaler sur un support la solution
de polymère alors obtenue. Après évaporation complète du solvant,
Le lecteur consultera les articles sur la spectrométrie d’absorption on obtient un film dont l’épaisseur est contrôlée par la concentration
dans l’infrarouge [41, 42] dans le traité Analyse et Caractérisation. de la solution de polymère et par le volume de solution déposé sur
Toutefois, on effectuera quelques brefs rappels sur la spectrométrie le support. Le choix du support est fonction des caractéristiques de
infrarouge à transformée de Fourier mettant l’accent sur les princi- l’échantillon. Si l’on doit limiter l’épaisseur du film de polymère à
pales méthodes de couplage utilisées actuellement dans le domaine quelques micromètres, on choisira un support transparent au rayon-
des polymères. nement infrarouge (NaCl, KBr, CaF2, Ge...) et on analysera par trans-
mission le complexe support-échantillon. Si l’épaisseur requise est
suffisamment importante pour permettre la manipulation du film de
1.1.1 Spectrométrie infrarouge à transformée polymère après l’avoir décollé du support, le choix est plus large.
de Fourier (IRTF) Ainsi, tout support présentant une surface plane et permettant de
décoller l’échantillon après évaporation du solvant conviendra
La spectrométrie IRTF est une spectrométrie multiplex. Le rayon- (verre, nappe de mercure...). Il faut veiller, lors de l’utilisation de
nement infrarouge transmis par l’échantillon est reçu globalement cette méthode de mise en forme de l’échantillon, à ne pas provo-
par le détecteur après avoir été « codé » par un interféromètre, qui quer la dissolution et l’extraction d’éventuels additifs. On précisera
se substitue au classique monochromateur des spectromètres dis- enfin que certains accessoires commercialisés permettent d’obtenir
persifs. Le signal enregistré, ou interférogramme, s’exprime en facilement des films d’épaisseur calibrée ;
fonction de la différence de marche entre les deux ondes de l’inter- — par découpe microtomique, on peut obtenir des échantillons
sous forme de films d’épaisseur choisie. Selon le type de matériau
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
PE 3 762 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
QR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWVR
______________________________________________________________________________________________________________________________________
et les caractéristiques techniques du microtome, l’épaisseur de situent classiquement dans une gamme de 2,4 (ZnSe, KRS-5 : cris-
l’échantillon obtenu pourra varier de quelques micromètres à quel- taux mixtes de bromure et d’iodure de thalium) à 4 (Ge) et les angles
ques centaines de micromètres. Dans le cas d’échantillons particu- d’incidence des systèmes commercialisés sont généralement 30°,
lièrement déformables à température ambiante, il faut effectuer la 45°, 60°. Le trajet optique total est fonction du nombre de réflexions
découpe en refroidissant l’échantillon de polymère ainsi que la lame internes, qui dépend lui-même de la géométrie du cristal : longueur,
du microtome, ce qui est réalisé directement si l’on utilise un micro- épaisseur et angle d’incidence.
tome cryogénique ; La difficulté majeure rencontrée lors de la mise en œuvre de cette
— les techniques de préparation des échantillons utilisées classi-
Q
technique est l’obtention d’un contact intime entre cristal et subs-
quement en spectrométrie infrarouge pour l’analyse de poudres trat. Si dans le cas des matériaux déformables (élastomères), on ne
(inclusion dans KBr, suspension dans une huile de paraffine, ana- rencontre en principe pas de difficultés à obtenir un bon contact, il
lyse d’une solution du produit dans une cellule infrarouge) peuvent n’en va pas de même avec les matériaux plus rigides. L’augmenta-
être également mises en œuvre, mais elles ne seront pas décrites ici tion de la pression sur l’échantillon permet souvent de pallier ce pro-
car non spécifiques de l’analyse des matériaux polymères. blème, mais risque d’entraîner la déformation (KRS-5), voire la
fracture du cristal (Ge, ZnSe). La seconde difficulté est liée à l’état de
1.1.2.2 Analyse par réflexion surface des échantillons : l’analyse par ATR (en mode macro) néces-
site en effet que le contact soit réalisé sur une surface minimale clas-
Dans un certain nombre de cas, il n’est pas possible de réaliser
siquement voisine de 2,5 cm2 (2,5 cm x 1 cm). L’état de surface de la
une analyse par transmission, pour des raisons liées à l’opacité du
partie en contact avec le cristal doit être suffisamment homogène
polymère ou à des difficultés de mise en forme d’un échantillon. On
pour obtenir un spectre de bonne qualité. Ceci n’est pas toujours le
doit alors avoir recours à d’autres techniques d’analyse, qui sont
cas, par exemple avec des polymères ayant été soumis à un vieillis-
essentiellement basées sur des mesures de réflexion.
sement ou une dégradation.
■ Analyse par réflexion totale atténuée (ATR, Attenuated Total
■ Analyse par réflexion externe : les techniques de mesure par
Reflectance). L’ATR est une technique facile à mettre en œuvre, qui
réflexion interne sont plus particulièrement utilisées pour analyser
permet d’obtenir rapidement le spectre infrarouge de matériaux
des traitements de surface de métaux, des revêtements de surface
trop absorbants ou trop épais pour pouvoir être analysés par trans-
de polymères, de peintures...
mission. C’est aussi, comme nous le verrons plus loin, une techni-
que très intéressante lorsque l’on veut caractériser la surface de La réflexion spéculaire (ou régulière) est une réflexion de Fresnel
l’échantillon. à la surface du matériau, selon un angle de réflexion égal à l’angle
d’incidence (figure 2). Le faisceau réfléchi a une énergie faible et le
Le principe de l’ATR a été décrit dans ce traité [41]. On rappellera
spectre infrarouge obtenu a une allure différente de celle d’un spec-
que la profondeur de pénétration , p peut être définie comme la
tre de transmission classique. Les bandes présentent en effet une
distance depuis l’interface cristal-échantillon correspondant à une
allure de dérivées, car le spectre de réflexion résulte de la variation
diminution de l’intensité de l’onde évanescente égale au produit de
simultanée des coefficients spécifiques d’absorbance molaire et de
1/e par sa valeur initiale. Elle est donnée par la relation :
l’indice de réfraction du substrat. Cette allure des bandes complique
λ à l’évidence l’interprétation des résultats, mais le traitement mathé-
, p = ----------------------------------------------------------- matique du spectre de réflexion par une transformation de Kramers-
2π n 1 ( sin2 θ Ð n 21 2 )1 ⁄ 2
Kronig permet d’obtenir en quelques secondes un spectre d’allure
avec λ longueur d’onde de la radiation, semblable à celle d’un spectre réalisé en transmission, qui corres-
pond à la variation de l’indice d’absorption en fonction du nombre
n1 indice de réfraction du cristal, d’ondes. L’angle d’incidence est choisi en fonction de l’épaisseur et
θ angle d’incidence, de l’angle de Brewster du substrat à analyser. Ainsi, dans le cas de
n21 rapport de l’indice de réfraction de l’échantillon à revêtements dont l’épaisseur est de l’ordre du nanomètre, un angle
l’indice de réfraction du cristal (figure 1). d’environ 80° est choisi (incidence rasante), alors que pour des
applications à des substrats d’épaisseur voisine du micromètre, un
angle d’incidence de l’ordre de 30° est préféré. Les accessoires des-
tinés à la mesure de réflexion spéculaire disponibles sur le marché
permettent d’adapter les conditions de mesure aux différents types
I0 M
de substrats.
I0 IR IAR
M C
M
E IR
M miroir
E
C cristal d'ATR
E
E échantillon
I0 faisceau incident S
IR faisceau réfléchi M E échantillon IR faisceau réfléchi (spéculaire)
S support réfléchissant IAR faisceau absorbé-réfléchi
Figure 1 – Schéma de principe de la réflexion totale atténuée I0 faisceau incident
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 3 762 − 3
QS
Q
QT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWVT
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 3 764 − 1
QU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWVT
_____________________________________________________________________________________________________________________________________
(H2O, solvants
infusibles,
non gonflables
organiques)
RMN RMN
liquide ou classique solide angle
magique
(CP-MAS)
Nous avons résumé ci-dessous l’apport de la RMN pour l’étude des polymè-
res.
Cette technique permet :
— une bonne connaissance de la microstructure (tacticité du squelette, extré-
mités de chaîne, anomalie structurale, stéréorégularités...) ;
— une bonne compréhension des mécanismes réactionnels (polycondensa-
tion, polymérisation, dégradation...) qui peuvent gouverner la polymérisation,
d’une part, et, d’autre part, permettent l’établissement de relations fiables
microstructures/propriétés physiques et propriétés mécaniques, compte tenu de
la grande sensibilité de détection et de la grande résolution spectrale des spec-
tromètres à haut champ.
Depuis quelques années se développe, pour les polymères, la RMN du car-
bone 13 haute résolution dans les solides (rotation à angle magique et polarisa-
tion croisée CP/MAS). Si la RMN du carbone 13 haute résolution dans les
liquides, qui permet de faire correspondre, à chaque carbone d’une molécule en
solution, un pic du spectre, constitue une source d’information prodigieuse,
obtenir le même résultat pour un composé en phase solide n’est pas aussi
immédiat. Cependant cette technique s’est révélée intéressante pour :
— la détermination de structures de polymères tridimensionnels insolubles ;
— l’étude de l’organisation en phase solide dans les polymères. En particulier
il est possible d’étudier :
• les conformations et configurations du squelette carboné de la chaîne,
• la structure cristalline montrant le polymorphisme, les zones amorphes et
cristallines et des zones intermédiaires dans les polymères semi-cristallins,
• la compatibilité des mélanges de polymères.
Après avoir rappelé quelques généralités nécessaires pour l’obtention d’un
spectre et le choix de la technique, nous examinerons, sur quelques exemples,
l’application de la RMN haute résolution du proton 1H et du carbone 13C (en
phase liquide et solide) dans le domaine des polymères.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
PE 3 764 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
QV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWVT
_____________________________________________________________________________________________________________________________________
1. Généralités pour qui détermine les paramètres du type angle d’impulsion α et temps
d’attente de la séquence RMN par transformée de Fourier. Connais-
l’obtention d’un spectre sant T1, le couple (α, t) optimal se calcule à l’aide de la relation
d’Ernst [2, 6] :
cos α = exp (− t / T1)
Q
En RMN du solide, l’obtention de spectres quantitatifs est plus
délicate. Il est nécessaire de déterminer les temps de polarisation
En solution, il est toujours très utile d’examiner deux (1H, 13C) ou croisée, qui dépendent de la force de l’interaction dipolaire CCH et
plusieurs noyaux (19F, 31P, 29Si...). Des anomalies structurales pré- de mettre en œuvre des séquences d’impulsion sélectives [10, 14,
sentes en faibles concentrations se détectent plus aisément avec 15].
des noyaux de forte abondance naturelle. Cependant en général,
même en solution diluée, la mobilité des chaînes macromoléculai-
res est faible et, du fait de l’effet dipôle-dipôle, les raies sont larges
et la résolution spectrale mauvaise. Les raies de résonance ne s’affi-
nent que si l’échantillon est porté à une température suffisante.
2. Applications de la RMN
Pour les gels gonflés, seule la RMN 13C est performante. Elle ne haute résolution
peut être utilisée que si l’échantillon est chauffé au-dessus de sa
température de transition vitreuse (Tg). La résolution spectrale
aux polymères
dépend de l’homogénéité des gels.
À l’état solide, le polymère est le plus souvent broyé. Afin
d’avoir la meilleure stabilité pour la rotation de la turbine à l’angle 2.1 Caractérisation de la structure
magique (environ de 5 à 10 kHz suivant le spectromètre), l’échan- chimique de systèmes polymères
tillon est tamisé.
en solution
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 3 764 − 3
QW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWVT
_____________________________________________________________________________________________________________________________________
X X X
(solutions : 1H + 13C ; gels : 13C) α i (isotactique)
ou mm
X X
α h (hétérotactique)
ou mr + rm
Phénomènes Phénomènes X
de forte intensité de faible intensité
X
HOMOPOLYMÈRES Anomalies structurales (1H, 13C) α s (syndiotactique)
Tacticité du squelette (1H, 13C) (additions anormales, ou rr
(statistique de propagation) dégradations accidentelles...) X X
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
PE 3 764 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
QX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWVV
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 766 − 1
QY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWVV
Q
La RPE traditionnelle est une méthode de la spectroscopie hert-
zienne (9 à 10 GHz). Elle permet de détecter et d’analyser les espèces
radicalaires créées dans les polymères à la suite de sollicitations
diverses : physiques, chimiques, thermiques ou mécaniques...
Rappelons qu’un électron libre tournant autour de son axe a atome d'hydrogène
possède un moment cinétique intrinsèque appelé spin et qui,
d’après les lois de la mécanique quantique, peut prendre deux
valeurs S = ±1/2. H 23 G
À ce moment cinétique correspond un moment magnétique µ ; •C H
l’électron se comporte donc comme un petit dipôle magnétique.
Soumis à un champ magnétique extérieur intense H, ces moments H
magnétiques vont s’orienter soit dans le sens du champ, soit en
sens opposé. À ces deux sens correspondent deux niveaux d’éner-
gie E1 et E2. Une source extérieure de rayonnement électromagnéti-
que de haute fréquence donne au système un supplément d’énergie
hν, capable à la résonance de faire « basculer » les spins des élec-
trons du niveau d’énergie inférieur vers le niveau supérieur. Il
s’ensuit une absorption d’énergie. b radical méthyle
La condition de résonance s’écrit : Rappel : 1 G = 10–4 T
E2 − E1 = hν = µBgH
■ Structure hyperfine
Parmi les interactions auxquelles l’électron est soumis de la part
du milieu qui l’entoure, citons l’interaction entre le spin de l’électron
et celui du ou des noyaux autour duquel ou desquels l’électron
gravite (dans le cas où le noyau possède un moment magnétique
de spin). Cette interaction conduit à un spectre à plusieurs raies
(2nI + 1) où I est le spin du noyau et n le nombre de noyaux équiva-
lents appelé structure hyperfine.
La multiplicité des raies renseigne donc sur la structure chimique
du radical que l’on cherche à caractériser.
Le couplage hyperfin subdivise chacun des niveaux électroniques
en sous-niveaux correspondant aux (2nI + 1) valeurs du nombre Figure 2 – Allure du spectre RPE d’un radical nitroxyde en solution
quantique magnétique nucléaire : I = 1/2 dans le cas d’un proton ; dans du toluène, enregistré à la température ambiante
I = 1, dans celui de l’azote.
La figure 1 a montre la structure hyperfine à 2 raies (I = 1/2) dis-
tantes de 508 G du radical H d , alors que le radical méthyle R1
La figure 2 montre le spectre d’un radical nitroxyde R N •O
H 2
en phase liquide. On observe un triplet résultant de l’interaction de
•C H l’électron libre avec le noyau d’azote (I = 1). Cette molécule stable
H est couramment utilisée comme sonde paramagnétique (spin
probe, spin label).
est constitué de 4 raies (2 × 3/2 + 1 = 4). La distance entre deux raies Cette différence d’écart hyperfin est due dans le premier cas à la
consécutives est de 23 G (figure 1 b). présence de l’électron sur le proton, dans le second, à l’électron se
Nota : 1 G (gauss) est égal à 10−4 T (tesla). trouvant sur le carbone.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 766 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
RP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWVX
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 3 768 − 1
RQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWVX
_____________________________________________________________________________________________________________________________________
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
PE 3 768 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
RR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWWP
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 3 770 − 1
RS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWWP
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
PE 3 770 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
RT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
eVSRR
RU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
eVSRR
RV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
eVSRR
1. Spectroscopie Raman
Élongation Élongation
symétrique anti-symétrique Pliage
1.1 Fondements
RW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
eVSRR
Réseau de diffraction
Laser
Détecteur
Miroir Polariseur
Q Polariseur
Filtre de réjection
Miroir
Objectif de microscope
Table de translation XY
support échantillon
Les flèches rouges représentent le chemin du laser sur l’échantillon, les flèches bleues le signal diffusé par
l’échantillon jusqu’au détecteur.
1.1.3 Buts, avantages et inconvénients d’onde) que les photons incidents. Seule une très petite fraction de
de la spectroscopie Raman la lumière (~1 photon sur 107 photons) est diffusée avec des fré-
quences optiques différentes, généralement plus basses, que celle
■ Les propriétés de la spectroscopie Raman tiennent dans un pre- des photons incidents.
mier lieu dans le fait que c’est une spectroscopie optique : mesure
non destructive sans contact. Cette technique présente de plus les Il s’agit donc d’utiliser une source excitatrice intense, ou des
avantages suivants : traitements du signal parfois lourds, pour extraire d’un signal
faible une information exploitable. Une toute autre voie consiste à
– ne nécessite pas de préparation préalable des échantillons ; amplifier le signal détecté par des processus non linéaires ou
– possibilité de définir la zone de mesure (de submicrométrique résonnants (§ 1.7).
à quelques mm2) par un choix approprié des éléments optiques ;
– résolution spatiale permettant des mesures de très faibles Les autres inconvénients de la spectroscopie Raman résultent
quantités de matière ; de la possible superposition dans le spectre du signal Raman et
– possibilité de faire des mesures à travers un contenant ; de phénomènes de luminescence ou de fluorescence présents
– possibilité de déporter la mesure par l’utilisation de fibres dans certains matériaux, et qui masquent le signal Raman. On
optiques ou des mesures à plusieurs dizaines de centimètres ; choisit une longueur d’onde excitatrice différente pour pallier
– étude possible de solutions aqueuses (l’eau diffuse peu en cette difficulté. La diversification des sources UV, visible ou IR,
spectroscopie Raman) ; permet en général de contourner ce problème. Par ailleurs,
– étude de matériaux sous différentes formes (poudre, liquide, l’absorption du rayonnement laser peut parfois entraîner des
solide massif, gaz). échauffements du matériau, particulièrement dans les échantil-
lons noirs ou fortement colorés entraînant des altérations, voire
L’un des intérêts majeurs de cette technique est qu’elle peut
des détériorations, de la surface du matériau.
fournir une identification du milieu analysé.
Les temps de mesure sont souvent compatibles avec le temps
d’un procédé industriel (quelques secondes) permettant des 1.2 Description
mesures in situ en temps réel.
De plus, les nouveaux spectromètres sont maintenant transpor-
tables ou portables pour des mesures sur site ou des couplages 1.2.1 Modèle classique
avec d’autres expériences ou techniques.
Les spectroscopies vibrationnelles (infrarouge et Raman)
■ L’inconvénient majeur de la spectroscopie Raman provient du reposent sur l’action du champ électrique oscillant de l’onde électro-
fait que le signal détecté est généralement faible ; en effet, magnétique sur les charges électriques de la molécule, générant
lorsqu’une molécule diffuse de la lumière, la plupart des photons ainsi un moment électrique oscillant (l’action du champ magné-
sont diffusés élastiquement, c’est-à-dire que les photons diffusés tique donne lieu aux spectroscopies RPE et RMN). On fait donc
ont la même énergie (donc la même fréquence, ou même longueur appel au processus d’interaction entre la lumière et la matière.
RX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
eVSRR
Intensité
(1) Raie
P = αE Rayleigh
avec α la polarisabilité qui décrit l’effet de polarisation du milieu
sous l’effet du champ E dans les directions x, y, z.
Les termes non linéaires omis ici ne sont plus négligeables dans Spectre Raman
Q
le cas de champ laser intense, et sont utiles dans des cas autres que
le Raman conventionnel. Ainsi, les termes non linéaires d’ordre 2 Raies
donnent lieu au processus hyper-Raman qui permet d’obtenir le Stokes
spectre de vibration pour les milieux centro-symétriques, alors que Raies
le terme linéaire donnant le spectre Raman est nul. anti-Stokes
n
(10)
RY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
eVSRR
Q
En spectroscopie infrarouge, les vibrations sont à la même fré-
quence que la radiation, alors qu’en diffusion Raman il y a échange
de fréquence – énergie – entre la radiation et la molécule (fréquence
Énergie
SP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVQX
SQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVQX
Q
– l’accès à l’analyse isotopique élémentaire (emploi de traceurs isotopiques,
mesure des rapports isotopiques d’un même élément) ;
– la détermination de profils de concentration à partir de la surface sur des
distances qui peuvent être très variables suivant les applications, de quelques
dizaines de nm à quelques dizaines de µm (analyse de couches minces ou de
profils de diffusion) avec une excellente résolution en profondeur ;
– la possibilité, en régime statique, d’accéder à la composition, éventuelle-
ment moléculaire, des premières couches atomiques ou moléculaires ;
– la localisation spatiale et l’imagerie 2D et 3D avec une bonne résolution,
latérale (souvent mieux que 0,1 µm) et en profondeur, des éléments, ou, dans
certains cas, des espèces chimiques ;
– l’utilisation des effets chimiques dits « de matrice » pour identifier, éven-
tuellement quantifier, des composés chimiques ;
– la possibilité, dans certaines conditions, d’identifier des composés chimi-
ques ou des fractions moléculaires de ces composés contenus dans le
matériau analysé.
La complexité des spectres de masse obtenus et les difficultés de quantifica-
tion font que cette méthode est par contre mal adaptée à l’analyse quantitative
des éléments en forte concentration dans les matériaux massifs, pour laquelle
on a plus volontiers recours à des méthodes moins coûteuses et plus rapides
comme la microsonde électronique, la microscopie à balayage analytique,
l’analyse chimique, etc.
La connaissance de quelques principes des phénomènes d’émission ionique
secondaire est nécessaire pour une bonne interprétation des analyses. La des-
cription simplifiée des appareillages permettra ensuite d’expliciter les
processus d’obtention des données, pour dégager les paramètres expérimen-
taux les plus importants en analyse des matériaux.
Depuis une quinzaine d’années les appareillages d’analyse ionique secon-
daire ont bénéficié de progrès importants, en particulier dans trois domaines :
– le premier est la possibilité d’utilisation de faisceaux de particules pri-
maires (incidentes) d’énergie faible, de l’ordre de 1 keV ou même inférieure,
paramètre important pour l’interprétation des résultats d’analyse ;
– le second est la diversification des modes de spectrométrie des ions
secondaires. La spectrométrie par temps de vol (ToF-SIMS) s’est considérable-
ment développée, ce qui rend les appareils ToF-SIMS aussi répandus que les
appareils « conventionnels » à spectromètre magnétique, avec des procédures
d’emploi différentes de ces derniers ;
– le troisième est l’arrivée sur le marché de sources d’ions primaires nou-
velles, les sources d’amas ionisés polyatomiques (clusters), pour lesquelles les
mécanismes de pulvérisation ionique secondaire sont fondamentalement diffé-
rents de ceux connus depuis longtemps sous irradiation d’ions mono- ou
biatomiques. Ce type de source est actuellement principalement utilisé sur les
appareillages ToF-SIMS en détection d’ions secondaires moléculaires.
En conséquence, cet article tient compte, dès l’exposé des principes de
bases, de l’existence de ces différences : spectromètre magnétique ou spectro-
mètre à temps de vol, ions primaires mono- ou polyatomiques, et cela avant
que les appareillages correspondant ne soient décrits.
SR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVQX
Détection
secondaires
Triple focalisation Dispositif de spectromètre alliant un filtre Angle d’incidence du faisceau primaire
électrostatique et un filtre magnétique θ
(par rapport à la normale à l’objet)
EELS Electron Energy Loss Spectroscopy Spectrométrie de perte d’énergie des électrons
ERDA Elastic Recoil Detection Analysis Analyse par détection de noyaux de recul
NRA Nuclear Reaction Analysis Analyse par observation directe des réactions nucléaires
PIXE Particle Induced X-ray Emission Analyse par émission de rayons X induits par les particules
STIMS Secondary Thermoionized ion Mass Spectrometry Spectrométrie de masse de particules secondaires thermo-ionisées
ToF-SIMS Time-of-Flight SIMS Spectrométrie de masse d’ions secondaires par temps de vol
UPS Ultraviolet-ray-induced Photoelectron Spectroscopy Spectrométrie de photoélectrons induits par les rayons ultraviolets
SS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVQX
Q
[P 2 645] et [M 4 395].
ST
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVQY
ments techniques les plus récents. Les performances et les méthodes explicitées
SU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVQY
pour une procédure sont presque toutes à prendre en compte pour les procé-
dures décrites ensuite.
Cet article fait suite à l’article [P 2 618] « Spectrométrie de masse d’ions
secondaires : SIMS et ToF-SIMS. Principes et appareillages ».
SV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVQY
Ga+ As–
Les exemples les plus spectaculaires sont la séparation du pic 32S
du pic 32(O2), ou l’analyse du phosphore 31P dans le silicium, ce Q
Intensité secondaire (cps)
qui peut être la série d’ions polyatomiques associés à une espèce La sensibilité est beaucoup moins bonne que sur les appareils à
chimique donnée. Particulièrement intéressante en analyse des secteur magnétique parce que l’intensité moyenne du faisceau
composés moléculaires (polymères organiques), cette procédure d’analyse est beaucoup plus faible (de l’ordre de 1 pA contre
fait l’objet du paragraphe 1.4. Il faut garder à l’esprit que l’impor- 100 nA), puisque le faisceau est pulsé et la durée des pulses (1 ns)
tance relative des signaux dépend considérablement des est très faible par rapport à la durée entre les pulses (100 µs). On
conditions expérimentales et des facteurs de transmission. Un perd donc de l’ordre de 5 ordres de grandeur en mode pulsé par rap-
« atlas » n’a de validité que pour un équipement donné et des port au mode continu. On regagne cependant un ordre de grandeur
conditions d’analyse parfaitement précisées. grâce au fait qu’il n’est pas nécessaire de réduire l’aire analysée par
rapport à l’aire balayée. Dans tous les cas, la sensibilité reste beau-
coup moins bonne (quatre ordres de grandeur au moins).
1.2 En spectrométrie de masse
par déflection magnétique
Le problème principal est de maîtriser au mieux les interféren-
ces. Il s’agit en général de séparer le signal d’ions monoatomiques
des signaux d’ions moléculaires de même rapport M/q nominal.
On sait que les ions moléculaires secondaires possèdent un
Intensité
SW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVQY
Enfin, il importe de ne pas saturer le détecteur : si l’intensité Le même type de procédure peut, dans l’idéal, être appliqué aux
moyenne est de 1 pA pour des pulses de 1 ns avec un taux de répéti- corps minéraux, par exemple aux oxydes ([P 2 618], figure 6). Dans
tion de 100 µs, l’intensité instantanée durant le pulse est de 100 nA. ce cas, il a déjà été souligné que, en tout cas en SIMS dynamique,
Il peut y avoir saturation du détecteur pour les ions les plus intenses. les ions secondaires polyatomiques observés, formés souvent par
Une correction de Poisson permet de corriger l’intensité de façon recombinaison au-dessus de la surface d’espèces monoatomiques
efficace quand l’intensité est forte mais elle a ses limites et il n’est pulvérisées, ne sont pas représentatifs de la stœchiométrie des
pas possible de changer de détecteur pour un ion donné comme composés existant dans le matériau. Leur concomitance peut
cela se fait sur les appareils à secteur magnétique (commutation cependant servir de signature moléculaire, moyennant une
Q
automatique entre le photomultiplicateur et la cage de Faraday) ; la comparaison avec des étalons.
dynamique de mesure est donc moins bonne sur les appareils à
temps de vol. Des développements récents permettent de dévier le Un exemple connu est celui de la détection de précipités de car-
faisceau secondaire vers un atténuateur (d’un facteur 10 ou 100) au bure de silicium SiC dans le silicium en cherchant les ions SiC2– et non
moment où un groupe d’ions d’intensité trop forte arrive : on aug- pas SiC–, car ce n’est que dans les précipités que la pulvérisation
mente ainsi très significativement la dynamique de mesure dans simultanée de deux atomes de carbone, à proximité d’un atome de
une proportion pouvant atteindre deux ordres de grandeurs. silicium, est probable.
16 × 103
C N
CH2 CONH2
H3C (M + H)+
H3C H
C
CH2 CH2 CONH2
H2NOC CH2 CH2 H + N
N CH
H2NOC CH2 Co
N CH3
N
H3C H3C CH3
12 × 103 C
H2NOC CH2 H H CH2 CH2 CONH2
CH3
H CH3
O C CH2 CH2 CH3
Vitamine B12 N
NH
C63H89N14O14PCo N CH3
Intensité (cps)
CH2 O (M + Ag)+
M/z : 1 356 H3C CH O P O OH
8 × 103
–O
H H
O
HO H2C H
4 × 103
(M – CN)+
0
800 1 000 1 200 1 400 1 600
Masse (Da)
Figure 3 – Spectre de masse par SIMS à temps de vol d’un dépôt de vitamine B12 sur une plaque d’argent [1]
SX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVQY
Q
H 1 H– Cs+ 200 à 400 300 2 à 20
SY
Q
TP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYP
Introduction à la technique
ultrasonore multiéléments
Q
par Loïc DE ROUMILLY
EDF-CEIDRE, département études
TQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYP
Les possibilités offertes par les multiéléments dans des configurations classi-
ques sont présentées. Revenant, à la fin de l’article, sur la question des
ultrasons focalisés, quelques applications plus évoluées sont brièvement
décrites.
Cet article est illustré par des résultats de simulations numériques ; les
calculs ont été réalisés sous le logiciel CIVA (version commerciale 9.2) déve-
Q
loppé par le CEA (lien dans le « Pour en savoir plus »).
où les notations λ et µ désignent classiquement les coefficients de – la première manière consiste à procéder à l’examen par
Lamé (en Pa ou N/m2). Dans la suite de l’article, λ désignera la lon- immersion, en plongeant dans un fluide (de l’eau par exemple) la
gueur d’onde du signal. pièce à examiner ainsi que le traducteur [BM 6 450] : les ondes
produites par le traducteur se propagent dans le fluide, se trans-
Dans les fluides : mettent dans le solide et, si un angle d’incidence est appliqué, se
réfractent en suivant la loi de Snell-Descartes connue en optique
1
c = cL = géométrique. Les indices de propagation qui apparaissent dans
ρχs cette loi sont définis comme les inverses des vitesses (d’après les
valeurs de célérité présentées ci-dessus, on note en particulier que
où χs désigne le coefficient de compressibilité isentropique. le rapport des indices entre l’eau et l’acier liant les sinus des
angles d’incidence et de réfraction des ondes longitudinales vaut
environ 4) ;
Ordres de grandeur [R 1 400] :
– dans l’acier ferritique : cL = 5 900 m/s et cT = 3 230 m/s – l’alternative consiste à mettre en œuvre, comme dans le
– dans l’acier inox : cL = 5 650 m/s et cT = 3 060 m/s domaine médical, les traducteurs au contact [BM 6 450]
– dans le plexiglas : cL = 2 750 m/s et cT = 1 100 m/s (figure 1d ). Il faut pour cela employer un couplant (du gel par
– dans l’eau : cL = 1 450 m/s exemple) entre le traducteur et le matériau à examiner pour éviter
la présence de toute lame d’air. De plus, on emploie généralement
une semelle en plexiglas, appelée sabot (figure 1b), destinée à
1.1.2 Interaction avec un défaut appliquer un angle d’incidence à la pastille ultrasonore et donc à
produire un faisceau réfracté dans la pièce à examiner [R 1 400]. Le
Le milieu de propagation des ondes mécaniques est caractérisé point d’émergence est le point théorique du sabot duquel sort le
par une grandeur appelée impédance Z = ρc, ρ étant la masse volu- faisceau ultrasonore ; il se situe à l’intersection de la semelle du
mique et c la célérité des ondes mécaniques dans le matériau. sabot et de l’axe orthogonal à la pastille (figure 1c).
TR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYP
Amplitude
Pastille
Tracé théorique du faisceau
piézoélectrique
dans le sabot
Longueur du signal
Temps
Q
a traducteur ultrasonore b sabot amovible T 45o
(diamètre 6,35 mm)
Exemple :
– l’acier ferritique a un coefficient linéique de l’ordre de
0,01 dB/mm sur la plage de 1 à 3 MHz [2] : il peut être considéré en
pratique comme non atténuant pour les examens réalisés sur ce
domaine de fréquences ;
– dans certaines nuances d’acier, ce coefficient peut atteindre
Point d'émergence 0,025 dB/mm [3], voire plus.
TS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYP
Conséquences
Lobes secondaires
En raison des dimensions finies de la surface émettrice du
traducteur, le faisceau ultrasonore n’est pas parallèle, mais
Faisceau λ
diverge, avec un angle (en radians) de l’ordre de θ ≃ ,
principal a
d’autant plus grand que l’ouverture est petite.
Ordre de grandeur typique en acoustique
La divergence d’un faisceau ultrasonore produit dans l’acier
ferritique par une pastille piézoélectrique de diamètre
c
a = 6,35 mm (quart de pouce) vibrant à 2 MHz λ = = 2, 95 mm
f
Figure 4 – Illustration de la diffraction dans le plan d’incidence est de l’ordre de θ = 34o.
Ordres de grandeur typiques en optique
fente fine, du fait de son caractère ondulatoire, le faisceau s’élargit, Dans le cas d’un faisceau laser rouge de longueur d’onde
et cela d’autant plus que la largeur de la fente est fine, et présente λ = 600 nm passant à travers un trou de diamètre a = 0,1 mm, le
des lobes (figure 3). On obtient une figure de diffraction dont la premier anneau sombre est repéré par l’angle θ = 0,4o.
symétrie découle de celle de la fente [4] [5]. Concernant la source laser elle-même comportant une ouver-
En acoustique, la surface émettrice du traducteur qui constitue la ture de diamètre a = 2 mm, on obtient θ = 0,02o pour une longueur
source n’est pas ponctuelle mais de dimensions finies, ce qui d’onde λ = 600 nm. Contrairement au faisceau ultrasonore, le fais-
engendre de la diffraction : un traducteur conventionnel produit ceau laser n’est quasiment pas divergent, sa section est
donc un faisceau principal et des lobes secondaires d’amplitude quasi-constante à l’échelle du laboratoire : c’est un « rayon » laser.
moindre (figure 4), positionnés selon le rapport de la longueur
d’onde sur le diamètre de la pastille (cf. plus loin figure 8). Sur les simulations présentées figures 4 et 5a, l’effet de
Les résultats de simulation présentés sur les figures 4 et 5 ont diffraction n’est pas aussi net que sur la courbe de la figure 7. En
été obtenus sous le logiciel CIVA avec des traducteurs T45o à effet, la vibration d’un traducteur ultrasonore est amortie : l’onde
3 MHz, comportant des pastilles piézoélectriques rectangulaire acoustique engendrée possède un spectre fréquentiel de largeur
(figures 4 et 5a ; dimension 8 mm × 9 mm) et circulaire (figure 5b ; non nulle, elle n’est pas monochromatique et le calcul classique
diamètre 8 mm), en choisissant un signal accentuant le phéno- menant à la courbe en sinus cardinal n’est pas immédiatement
mène de diffraction. transposable ici. La figure de diffraction du traducteur est la
somme des figures de diffraction obtenues aux différentes fré-
Sur ces simulations, on retrouve la symétrie des lobes quences contenues dans la bande passante de celui-ci, c’est-à-dire
secondaires en fonction de l’ouverture du capteur (figure 5) ; on dans la largeur de son spectre (dans les simulations ci-dessus la
note que ces lobes sont d’amplitude faible. bande passante vaut 2 MHz).
TT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYP
y
Faisceau
principal
z′
Q
y
50 mm
Lobes secondaires
50 mm
a capteur rectangulaire
y
Faisceau
principal
z′
50 mm
Lobes secondaires
50 mm
b capteur circulaire
Amplitude lumineuse
sur la figure de diffraction
Masque
1
Onde plane
0,8
Direction
d’observation 0,6
M′
θ 0,4
M
δ
0,2
0
− 10 − 9 − 8 − 7 − 6 − 5 − 4 − 3 − 2 − 1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Figure 6 – Application du principe de Fresnel au cas Figure 7 – Amplitude de la figure de diffraction à travers
de la diffraction par une fente fine une fente fine
TU
Q
TV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYR
Cathodoluminescence
Principes physiques et systèmes
de détection Q
par Brigitte SIEBER
Docteur ès sciences physiques
Chargée de recherche CNRS à l’université Lille 1
TW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYR
CATHODOLUMINESCENCE ____________________________________________________________________________________________________________
TX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYR
____________________________________________________________________________________________________________ CATHODOLUMINESCENCE
Faisceau incident
Thermalisation
2
Électrons (émission de phonons)
Électrons rétrodiffusés secondaires
3 BC
Électrons Auger
Rayons X 1
Diffusion
4 Q
Génération e/h
Recombinaison
(émission d'un photon)
BV
Paires électron/trou
Électrons absorbés
Plasmons
électron-trou, cathodoluminescence
Figure 2 – Bilan d’une expérience de cathodoluminescence
La fonction de perte d’énergie [1] [2] [3] [4] correspond à la dis-
tribution spatiale des trajectoires des électrons lors de la péné-
tration du faisceau dans l’échantillon. Elle tient compte des 1.3 Répartition spatiale de la génération
interactions élastiques et inélastiques. Elle se calcule numéri- des paires électron-trou
quement par la méthode de Monte-Carlo [5]. La fonction de géné-
ration des paires électron-trou correspond au nombre de paires La connaissance de la fonction de génération des paires élec-
électron-trou créées par un électron incident ; sa forme correspond tron-trou est nécessaire dans certaines applications, comme dans
à celle de la fonction perte d’énergie. le calcul de l’intensité de luminescence par exemple. Cette fonction
Un faisceau d’énergie incidente E0 crée, dans un semi-conducteur mettant en jeu les mécanismes de pertes d’énergie des électrons
(ou un isolant), un nombre de paires électron-trou proportionnel à incidents est généralement déterminée numériquement par des
E0/ei où ei est l’énergie de création d’une paire estimée à trois fois la techniques de type Monte-Carlo puis paramétrisée sous forme
largeur de bande interdite Egap. Les porteurs de charge ainsi créés analytique. Les calculs montrent que sa forme spatiale ne dépend
ont une énergie cinétique en excès supérieure à l’énergie thermique pratiquement pas de la tension d’accélération des électrons inci-
moyenne du réseau : ce sont des porteurs chauds. dents. Elle s’exprime souvent en unité réduite z/Rp où z est la pro-
fondeur et Rp la profondeur de pénétration de l’électron dans le
Il est à noter qu’une excitation optique permet également de
matériau. Une expression polynomiale [4] est souvent utilisée
créer des paires électron-trou en moins grande quantité. En effet, il
dans les matériaux peu denses dont le numéro atomique est infé-
suffit pour cela que l’énergie des photons incidents soit au moins
rieur à 15 :
égale à l’énergie de la bande interdite (Egap) ; l’énergie d’ionisation
ei est alors égale à Egap. g (z ) = 0, 6 + 6, 21 z − 12, 4 z 2 + 5, 69 z 3 (1)
Les porteurs chauds atteignent rapidement l’équilibre thermique
Citons également la fonction de génération analytique g (x,y,z )
avec le réseau en un temps de l’ordre de 10–12 s correspondant au
d’Akamatsu et al. [6] qui donne la répartition à trois dimensions
temps de libre parcours moyen défini par les collisions avec les pho-
des paires électron-trou créées dans GaAs :
nons et les différents types de centres diffuseurs (impuretés, défauts
cristallins...). Ce temps est bien inférieur à leur durée de vie limitée
par les différents mécanismes de recombinaison. Aussi, ils sont z x2 +y2 + z2
g (x ,y , z ) = A 1,1+ 7,13 exp − (2)
quasiment instantanément situés en bord de bandes et sont indis-
Rp / 3 σ 12
cernables des porteurs à l’équilibre. Ils sont alors libres de se dépla-
cer dans le matériau, soit sous l’effet du gradient de leur x2 +y2 z2 x2 +y2 z 2
+ 3, 4 exp − exp − 2 + 96 exp − exp − 2
concentration (diffusion) soit sous l’effet d’un champ électrique τ 12 σ2 τ 22 σ 3
(conduction). Leur diffusion n’a réellement lieu qu’une fois la ther-
malisation complètement achevée. Les mouvements respectifs des • g (x,y,z) représente le nombre de paires électron-trou créées
électrons et des trous sont libres dans chaque bande et ne sont pas – par cm3 et par seconde.
ou peu – corrélés. Ils sont donc appelés « porteurs libres ». Néan-
moins, nous verrons que cela n’est pas toujours vrai, et que dans • Le coefficient A dans l’expression analytique de g (x,y,z)
certains cas on ne peut pas ignorer l’interaction coulombienne entre dépend de l’énergie cédée au matériau, soit, par unité de temps et
l’électron et le trou (excitons). Au bout d’un certain temps, appelé de volume :
durée de vie τ, les électrons et les trous se recombinent, soit de 1 Ib E 0 − f E 0
façon radiative, soit de façon non radiative. La luminescence corres- A∝
pond à la recombinaison radiative (figure 2). V q ei
TY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYR
CATHODOLUMINESCENCE ____________________________________________________________________________________________________________
Q
V volume total de génération. 2 0,066 0,025
• La profondeur de pénétration de l’électron dans le matériau Rp 5 0,33 0,12
correspond à la profondeur à laquelle l’électron incident n’a plus
assez d’énergie pour créer une paire électron-trou. Grün l’a expri- 10 1,10 0,42
mée par [7] : 20 3,7 1,4
4, 57 × 10−2 E 01,75 30 7,54 2,86
Rp (µm) = (3)
ρ
k y 5 · 108
Rp ∝ E (4)
ρ 0
0
avec, en général, 1 > y > 2. 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
Profondeur de pénétration (µm)
L’exposant y dans la relation (4) ne peut être supérieur à 2. En
effet, selon la loi empirique de Thomson-Whiddington, les élec- Le courant de faisceau est de 100 pA
trons d’énergie incidente E0 ont, à la profondeur z, une énergie Ez
telle que E 02 − E z2 = Cz , où C est une constante. La profondeur de
Figure 3 – Fonction de génération dans GaN calculée
pénétration zmax correspondant à Ezmax = 0, il en résulte z max ∝ E 02. à partir de la fonction perte d’énergie d’Everhart et Hoff [4].
Évolution avec l’énergie des électrons incidents
Quelques valeurs de la profondeur de pénétration (formule de
Grün) sont rassemblées dans le tableau 1.
La connaissance de la dépendance en profondeur (z) de la fonc-
tion de génération (nombre de paires créées par électron incident)
est suffisante dans de nombreuses applications. Elle est calculée
Profondeur de pénétration. Profondeur d’information
en intégrant dans le plan (x,y), la fonction à trois dimensions
g (x,y,z). Elle est représentée sur la figure 3 [4] dans le cas de la
La profondeur de pénétration des électrons augmente avec fonction d’Everhart et Hoff [relation (1)].
la tension d’accélération des électrons incidents. Par exemple,
en utilisant l’expression (3) proposée par Grün, elle varie de Le nombre total de paires électron-trou Ne-h créées est direc-
0,066 à 7,54 µm dans le silicium (ρ = 2,33 g/cm3) et de 0,025 à tement proportionnel à la perte d’énergie de l’électron incident
2,86 µm dans GaN (ρ = 6,15 g/cm3) lorsque E0 varie de 2 à dans le matériau. Par unité de temps, on a :
30 keV. La profondeur d’information du signal CL étant en pre-
mière approximation liée à la profondeur de pénétration, il est E 0 (1− f ) Ib
Ne-h = (5)
ainsi possible de sonder la variation en profondeur des pro- qe i
priétés de luminescence d’un matériau. Mais, dans l’évalu-
ation de la profondeur d’information du signal CL, il est
nécessaire de tenir compte de l’absorption éventuelle de la Exemple (en faisant l’approximation E 0 = E 0 ) :
radiation créée dans le matériau lors de son parcours vers la E0 = 30 keV ; ei = 5 eV ; f = 0,1 ; Ib = 10–10 A ;
surface de l’échantillon. C’est la raison pour laquelle la profon- Ne-h = 4,17 × 1012 paires · s–1.
deur d’information dépend également de la longueur d’onde
de la radiation émise via son coefficient d’absorption. Si l’on considère, en première approximation, que les paires élec-
tron-trou sont créées de manière homogène dans un volume – appelé
La résolution spatiale des images CL dépend principalement volume de génération – d’environ 1 µm3, on trouve alors que la den-
du volume de génération des paires électron-trou ; elle dimi- sité de paires en excès créées par le faisceau par unité de temps est
nue lorsque la tension d’accélération augmente. Elle peut ainsi de 4,17 · 1024 cm–3 · s–1.
varier de plusieurs dizaines de nanomètres environ à faible
tension (1 kV) à 1 µm environ à forte tension (30 kV). Il est à Il peut être intéressant de comparer la densité des paires en
noter que la longueur de diffusion des porteurs peut éga- excès à la densité de porteurs majoritaires dans le matériau. Il faut
lement l’influencer. alors connaître la durée de vie des porteurs en excès. Dans le cas
UP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pQPUP
Cet article est la version actualisée de l’article [P 1 050] intitulé « Texture des matériaux
pulvérulents ou poreux », rédigé par ROUQUEROL (F.), LUCIANI (L.), LLEWELLYN (P.),
DENOYEL (R.), ROUQUEROL (J.) et publié en 2003.
UQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pQPUP
Principaux symboles (conventions de l’IUPAC [1] [32]) Principaux symboles (conventions de l’IUPAC [1] [32])
Unités Unités
Symbole Définition Symbole Définition
usuelles usuelles
aire spécifique, normalement rapportée p/p0 pression relative d’équilibre
a m2 · g–1
au gramme d’adsorbant dégazé
r m rayon de pore
b coefficient d’adsorption de Langmuir
t m épaisseur de la couche multimoléculaire
constante BET (Brunauer, Emmett et
C V m3 volume d’adsorbable
Teller)
w m largeur de pore
d m diamètre de molécule ou de particule
rapport de deux quantités adsorbées
énergie molaire d’adsorption à
E0 J · mol–1 αS dont l’une est utilisée comme référence
recouvrement infiniment faible
dans la méthode αS
énergie molaire d’adsorption sur la
E1 J · mol–1 ρ g · m3 masse volumique
première couche
Exposants Indices
EL J · mol–1 énergie molaire de liquéfaction
a adsorbable s solide ou site d’adsorption
m kg masse
–1 m couche monomoléculaire
M g · mol masse molaire
P pore
Na Pa nombre de molécules adsorbées
x échantillon
quantité de substance adsorbée par
na mol · g–1
gramme d’adsorbant dégazé S adsorbant de référence (méthode αS)
p0 pression de vapeur saturante liquide
UR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pQPUP
1. Caractéristiques Les auteurs de cet article ont souhaité retenir pour leur
des matériaux divisés rédaction les recommandations de l’Union Internationale
de Chimie Pure et Appliquée (IUPAC), de plus en plus
appliquées par les revues scientifiques. Elles diffèrent parfois
de celles de l’AFNOR qui sont habituellement suivies dans les
Les matériaux divisés se caractérisent avant tout par l’étendue
articles des Techniques de l’Ingénieur. La principale différence
de leur surface disponible au contact du fluide environnant (gaz
se trouve dans l’expression des grandeurs physiques. En effet,
Q
ou liquide). Disons, pour fixer les idées, que les matériaux divisés
l’IUPAC souligne que la valeur d’une grandeur physique
qui nous intéressent dans la suite de cet article ont une aire super-
s’exprime par le produit d’un nombre par une unité, ce que
ficielle comprise entre 0,1 m2 par gramme d’échantillon (soit déjà
personne ne conteste : , t = 60 s. C’est donc en divisant
plus de 150 fois supérieure à celle d’un cube compact d’un cm
la grandeur physique par l’unité choisie qu’on obtient le
d’arête) et 2 600 m2 · g–1 (qui serait l’aire spécifique d’un échantil-
nombre qui peut être introduit dans une équation ou porté sur
lon de graphite totalement exfolié, c’est-à-dire dont on aurait tota-
un graphique : , t/s = 60. C’est ce rapport qu’on porte
lement séparé tous les feuillets ; certains charbons actifs s’en
en ordonnée ou en abscisse d’un graphique : , t/s et non
approchent). Des valeurs parfois beaucoup plus élevées sont trou-
pas ou t (s ).
vées dans la littérature récente, notamment pour les matériaux
poreux organo-métalliques (MOF’s) (§ 6.1.5).
Pour décrire les matériaux divisés, il faut tout d’abord préciser (1)
les termes utilisés [1] [2] et donner des ordres de grandeur.
US
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pQPUP
avec ρ masse volumique, Plusieurs appellations sont utilisées pour décrire les matériaux
en fonction de la taille de leurs grains :
d arête du petit cube,
– au-dessous de 10 μm, on parle souvent d’un état divisé ; en
a aire spécifique. réalité, ce mot très général désigne les matériaux qui présentent
une aire spécifique non négligeable, c’est-à-dire supérieure à
On retrouve la même relation pour l’aire géométrique spécifique 1 m2 · g–1 ;
d’un matériau composé de particules sphériques de diamètre d et
de masse volumique ρ. – au-dessous de 1 μm, on a parlé pendant très longtemps d’un
Q
état colloïdal pour désigner un matériau dont les particules ne
sont pas visibles par microscopie optique ;
Par définition, la masse volumique est le rapport de la – au-dessous de 100 nm, il est devenu habituel de parler de
masse du matériau à son volume ; ce terme est appelé densité « nanopoudres » ou de « nanoparticules ».
absolue par les Anglo-Saxons ; c’est une grandeur dimension-
née, à la différence de la densité relative qui n’a pas de dimen-
sion. La caractérisation d’une poudre commence par une étude
La valeur du volume dépend du principe de sa mesure ; c’est granulométrique. L’aire géométrique spécifique qu’on peut
pourquoi il est courant de faire la distinction entre la masse déduire de la relation précédente, n’est représentative du
volumique apparente (qui tient compte du volume occupé matériau étudié que dans le cas où ce matériau n’est pas
par la poudre qui inclut donc tous les pores) et la masse volu- poreux et peu rugueux.
mique théorique (qui prend en compte le volume du matériau
à l’exclusion des pores).
Pour donner des ordres de grandeur, l’évolution de l’aire géo- Il est donc possible d’obtenir de grandes aires spécifiques en
métrique spécifique d’une silice divisée, de masse volumique broyant les matériaux très finement. On peut aussi préparer des
ρ = 2,3 g · cm–3, en fonction du diamètre des particules supposées particules très fines par la méthode sol-gel.
sphériques est reportée figure 2. On voit que, lorsque ce diamètre
passe de 10 μm à 1 nm, cette aire passe de 0,2 m2 · g–1 à
2 000 m2 · g–1.
2.2 Matériaux poreux
Les matériaux poreux possèdent des cavités ou des canaux,
État divisé appelés pores, dont les parois sont responsables d’une augmenta-
tion de l’aire spécifique.
État colloïdal
Nanomatériaux Par définition, un pore est une cavité plus profonde que
large qui existe dans un grain de matière : on parle aussi de
pore intragranulaire.
10 000
Dans un grain poreux (figure 3), on trouve :
– les irrégularités se trouvant à la surface du grain (a) caractéris-
tiques de sa rugosité ;
1 000
a/m2 ∙ g–1
100 b
c
f
e
10 d
a
a irrégularité
1 b, c, d, e pores ouverts
0,001 0,01 0,1 1 10 f pore fermé
d/µm b, e pores borgnes
c, d pores en intercommunication
Figure 2 – Évolution de l’aire géométrique spécifique
en fonction du diamètre des particules de silice Figure 3 – Schéma d’un grain poreux
UT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pQPUP
– les pores ouverts qui débouchent à la surface du grain L’espace vide laissé entre les grains d’une poudre (pores
(b, c, d, e), ou fermés (f) ; dans ce dernier cas, ils sont inaccessibles intergranulaires) dépend de son tassement et n’est pas caracté-
aux fluides mais décelables par diffusion des rayons X aux petits ristique de celle-ci.
angles ; Un matériau poreux est aussi caractérisé par sa porosité, notée
– les pores borgnes, c’est-à-dire ouverts à une seule extrémité ε, qui est définie par le rapport du volume poreux total Vp,t (corres-
(b, e) ; pondant à la somme de la porosité ouverte, de la porosité fermée
– les pores en intercommunication (c et d). et de la porosité intergranulaire) au volume total apparemment
Q
occupé par le solide Vp,t + Vs :
On convient d’appeler « largeur » d’un pore le diamètre de
son ouverture quand il est cylindrique et la plus faible dimension
de cette ouverture dans les autres cas. (4)
Notons que, dans tous les cas, l’accessibilité des pores ouverts à
un fluide (gazeux ou liquide) dépend du rapport de la taille de la avec Vs volume occupé par la matière dense non poreuse.
molécule à la taille du pore, ainsi que des formes relatives de la Sous sa forme quantifiée, la porosité s’exprime donc par un
molécule et de l’ouverture (une molécule grosse mais plate nombre sans dimension inférieur à 1. Il est donc souhaitable d’évi-
comme celle de benzène entre souvent facilement dans les pores ter d’utiliser ce terme pour désigner, dans un langage rapide mais
en fente d’un charbon activé). imprécis, une distribution de taille de pores.
L’étendue de l’interface existant entre un solide poreux et Le rapport entre le volume vide dû à l’espace interstitiel séparant
une phase fluide doit tenir compte de l’aire latérale de tous les les grains et le volume total apparent occupé par le solide, qui
pores : celle-ci est appelée aire interne par opposition à l’aire dépend du tassement de la poudre est souvent appelé porosité de
externe aux pores. Une deuxième définition des aires externe et lit ; elle ne doit pas être confondue avec la porosité ε définie précé-
interne est donnée dans le paragraphe 6.2.1. La somme de l’aire demment et qui concerne principalement les pores intragranu-
externe et de l’aire interne est l’aire totale. laires.
Un solide poreux peut être caractérisé à partir du volume de la Le volume poreux total spécifique peut être évalué à partir de la
substance adsorbée, supposée liquide, nécessaire pour saturer masse volumique apparente ρapp et de la masse volumique théo-
tous les pores ouverts d’un gramme de ce solide ; il est habituelle- rique ρthéo du matériau non poreux selon la relation :
ment exprimé en cm3 par gramme de solide. Ce volume poreux
n’est donc caractéristique que de la porosité ouverte.
(5)
Les propriétés d’un solide poreux dépendent essentiellement de
la géométrie et de la taille des pores ainsi que de leur distribution.
Traditionnellement, on distingue trois types de pores : avec ms masse d’adsorbant solide.
– les macropores dont la largeur est supérieure à 50 nm ; La dernière étape de la caractérisation des matériaux poreux
– les mésopores dont la largeur est comprise entre 2 et 50 nm ; consiste à évaluer la distribution de taille des pores,
– les micropores dont la largeur est inférieure à 2 nm. On c’est-à-dire leur répartition en fonction de leur largeur, qui peut
trouve souvent commode de distinguer entre les micropores être faite en considérant leur contribution soit à l’aire interne, soit
étroits (narrow micropores ) de largeur inférieure à 0,7 nm, précé- au volume poreux.
demment appelés ultramicropores, et les micropores larges Les caractéristiques des matériaux pulvérulents ou poreux (géo-
(wide micropores ) de largeur comprise entre 0,7 et 2 nm, précé- métrie des particules et des pores dans un matériau) peuvent être
demment appelés supermicropores [1] (figure 4). regroupées sous le terme de texture.
Il est courant de supposer que les pores sont assimilables à des L’aspect extérieur du matériau (granulaire, crayeux ou vitreux
cylindres et de définir un rayon moyen tel que : par exemple) est appelé morphologie.
Le mot structure, généralement réservé à la description des
(3) solides cristallisés, concerne alors l’arrangement géométrique des
atomes ou des ions qui constituent le réseau cristallin (observable
par diffraction des rayons X).
avec Vp volume poreux accessible au fluide, Trois routes principales permettent d’obtenir ces matériaux
Ap aire latérale des pores considérés. poreux.
Dans le cas de matériaux complexes, pour lesquels il est difficile ■ La première est la compression de matériaux pulvérulents. Dans
de faire une hypothèse sur la forme géométrique des pores, on une première étape, la compression permet de fabriquer des agré-
définit un rayon hydraulique, rh , par le rapport Vp/Ap . gats qui sont toutefois facilement détruits par un broyage léger et
dont la taille des pores intergranulaires n’est pas une caractéris-
tique stable du matériau. Dans une deuxième étape, ces agrégats
peuvent être consolidés par chauffage pour devenir des agglomé-
Micropores étroits Micropores larges
rats plus ou moins poreux. Le chauffage poussé de ces agglomé-
rats réduit progressivement leur porosité : on dit alors qu’ils ont
subi un frittage. Lorsque les pores ont complètement disparu, le
matériau est totalement fritté : le frittage permet de passer de l’état
pulvérulent à l’état de céramique. La porosité d’un tel matériau
d
dépend essentiellement des conditions de température et de pres-
sion choisies pour son traitement thermique.
w
■ La deuxième route passe par l’élimination d’un constituant du
matériau. Cela est à la base de « l’activation » des charbons où une
w = ouverture du pore
réaction à plus ou moins haute température avec de la vapeur
d = diamètre de la molécule sonde
d’eau, du dioxyde de carbone, de l’acide phosphorique ou du chlo-
rure de zinc assure l’élimination de carbone qui permet l’élargisse-
Figure 4 – Distinction de deux catégories de micropores ment des pores. C’est aussi ce qui permet la préparation d’oxydes
UU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pQPUP
métalliques, principalement microporeux, par thermolyse d’un Bien que permettant une interprétation plus sûre, due à la sphé-
hydroxyde ou d’un sel (carbonate, nitrate, oxalate...) : le départ ricité et à la non-polarité de la molécule [1], l’adsorption d’argon à
d’un gaz libère alors dans la structure du solide de départ des 87 K, qui est moins aisée et plus coûteuse à mettre en œuvre
pores dont la taille est directement liée aux conditions de pression (puisque l’azote liquide ne peut plus être utilisé comme bain ther-
et de température choisies pour effectuer la thermolyse. mostatique direct) n’est pas encore d’un usage répandu. En effet,
elle n’est pas nécessaire quand l’objectif principal est de comparer
C’est ainsi que l’alumine « activée » est préparée par thermolyse ou de suivre les propriétés adsorbantes de différents matériaux, ce
qui est la situation la plus fréquente aussi bien dans l’industrie que
Q
de l’hydrargillite ou gibbsite (Al(OH)3), à une température de l’ordre de
200 °C. Le contrôle de la taille des micropores s’obtient par le dans les laboratoires universitaires.
contrôle simultané de la pression partielle de vapeur d’eau et des gra- L’expérience montre que la quantité de gaz retenue par un
dients de température, par analyse thermique à vitesse de transfor- adsorbant – on parle alors de la quantité adsorbée – dépend :
mation contrôlée [4]. – de l’étendue de l’interface ;
– de la pression du gaz ;
L’élimination peut aussi se faire par dissolution d’un – de la température.
constituant : c’est le procédé utilisé pour la préparation des verres
à mésoporosité contrôlée, par attaque acide d’un verre Par analogie avec l’équilibre qui s’établit entre un liquide et sa
diphasique ; le réseau de la phase soluble se transforme alors en vapeur, on peut dire que la phase gazeuse est en équilibre avec la
réseau poreux. « phase adsorbée ».
À une température donnée, l’ensemble des états d’équilibre cor-
■ La troisième route est la synthèse directe de matériaux à poro- respondant à la quantité adsorbée en fonction de la pression de la
sité contrôlée : soit mésoporeux par précipitation d’une matrice phase gazeuse est appelé isotherme d’adsorption : elle est
autour de micelles de taille choisie, ultérieurement éliminées [5], caractéristique du couple adsorbant/adsorbable étudié. L’iso-
soit microporeux, tels que les zéolithes ou les structures micro- therme d’adsorption obtenue expérimentalement est habituelle-
poreuses organo-métalliques [6]. ment représentée sous une forme graphique en reportant la
quantité adsorbée par gramme d’adsorbant na en fonction du
rapport de la pression d’équilibre p du gaz adsorbable sur sa pres-
sion de vapeur saturante p0, à la température considérée lorsque
3. Adsorption d’un gaz celle-ci est inférieure à la température critique. Ce rapport p/p0 est
appelé pression relative d’équilibre (ici la pression de référence
par un solide p0 est prise égale à la pression de vapeur saturante).
UV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pQPUQ
et article examine les méthodes les plus répandues pour caractériser, par
C adsorption d’azote, la taille des pores des matériaux nanoporeux,
dans la gamme des largeurs comprises entre 0,1 et 50 nm.
Même lorsqu’ils sont d’origine naturelle (charbons actifs, argiles activées),
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@RPQW
ces matériaux font le plus souvent l’objet d’un traitement destiné à les
UW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pQPUQ
Q
– la rétention et le réemploi des vapeurs d’essence dégagées par les réser-
voirs de voiture ;
– la rétention et le réemploi des vapeurs de solvants à la sortie des tunnels
de peinture ;
– la réhabilitation de sols souillés par des métaux lourds ;
– la séparation des gaz de l’air à la température ambiante, en faisant l’éco-
nomie d’une liquéfaction et d’une distillation coûteuses en énergie ;
– le stockage et le relargage progressif (ou « libération prolongée ») de prin-
cipes actifs médicamenteux, pour assurer une concentration constante dans
l’organisme malgré des prises de médicaments très espacées ;
– la réalisation de machines frigorifiques solaires exploitant le caractère for-
tement endothermique de la désorption de vapeur d’eau ou d’alcool et
utilisables pour le stockage de vaccins en pays désertique ;
– la récupération de l’hydrogène dans les rejets gazeux de raffinage (où il ne
coûte rien) pour son utilisation comme combustible propre ;
– la séquestration du dioxyde de carbone pour limiter le réchauffement
climatique.
On comprend facilement le rôle primordial de la largeur des pores dans ces
applications. C’est cette largeur qui permet en effet de développer aussi bien
des propriétés de « tamis moléculaire » ne laissant passer qu’une certaine
taille de molécules, qu’une énergie d’adsorption physique (d’autant plus
élevée que le pore est étroit) dont on peut exploiter l’effet thermique corres-
pondant, ou une perméabilité aux gaz et aux liquides (grâce à plusieurs tailles
de pores « hiérarchisées ») capable d’accélérer les opérations de génie
chimique, ou encore la capacité de stockage « utile » des gaz avec une énergie
d’adsorption suffisante pour permettre une bonne rétention mais assez faible
pour permettre une récupération facile et aussi complète que possible du gaz...
Pour caractériser la taille des nanopores, cet article fait appel à l’adsorption
d’azote, qui est l’approche la plus utilisée, surtout quand le matériau est
lui-même destiné à une application mettant en jeu l’adsorption.
L’automatisation des appareils permet aujourd’hui d’effectuer des mesures
de routine, ce qui est un avantage certain, mais on se rend vite compte que la
compréhension des résultats nécessite toujours une certaine expertise à
laquelle cet article se propose de contribuer.
Si cet article est centré sur l’une des caractéristiques de la texture des adsor-
bants poreux (la taille de leurs pores), on peut trouver dans l’article [P 1 050]
ainsi que dans les références [1] [2] :
– une importante information complémentaire sur la texture des matériaux
pulvérulents ou poreux ;
– la terminologie correspondante ;
– le phénomène d’adsorption gazeuse ;
– la mesure des aires spécifiques ;
– l’interprétation des principales isothermes d’adsorption physique ;
– les procédures expérimentales pour les obtenir.
Les auteurs de cet article ont souhaité retenir pour l’expression des gran-
deurs physiques les recommandations de l’IUPAC (Union Internationale de
Chimie Pure et Appliquée) de plus en plus appliquées par les revues scien-
tifiques. Par exemple, pour ou t = 60 s, on écrira ou
t/s = 60.
UX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pQPUQ
Principaux symboles
a aire spécifique, normalement rapportée au
gramme d’adsorbant dégazé rK
UY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pQPUQ
0,09
0,08
0,07
Q 0,06
0,04
0,03
0,02
2
1 0,01
0
0 1 2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
r /nm
p/p0
Expérience adsorption
Expérience désorption
NLDFT dans pore de 9,8 nm
a profils de masse volumique dans un pore cylindrique (w = 4,2 nm) b isotherme d’adsorption calculée par DFT
pour des pressions d’équilibre inférieures (1) ou supérieures (2)
à la pression de condensation capillaire
Figure 2 – Profils de densité et isothermes d’adsorption pour une silice SBA15 [3]
F [ρ (r)]
énergie libre du fluide contenu dans le pore et qui marches qui n’existent pas sur les isothermes expérimentales
n’est liée qu’aux interactions fluide-fluide et qui obtenues avec les solides réels plus hétérogènes. Pour éviter cela,
dépend bien sûr elle aussi du profil de densité, différentes méthodes ont été proposées pour faire disparaître ces
μ potentiel chimique du gaz en équilibre, transitions : solide « diffus » [4], pore de taille finie [5], ondulations
de surface [6]. Certaines de ces méthodes ont été introduites dans
Vext (r) valeur du potentiel créé au point r par les murs de les jeux d’isothermes d’adsorption de référence fournies avec les
l’adsorbant. appareils du commerce.
Ce dernier potentiel ainsi que les énergies d’interaction
fluide-fluide sont obtenus à partir de sommations de potentiels de
type Lennard Jones qui correspondent aux forces de dispersion de
London. La DFT consiste donc à trouver le profil de concentra-
tion des molécules dans le pore qui minimise le grand potentiel 2. Caractérisation
pour une valeur du potentiel chimique et donc de la pression
d’équilibre. Le calcul est effectué pour des pressions croissantes
des micropores
puis décroissantes permettant de déterminer les quantités adsor-
bées, obtenues par intégration des profils de densité, à l’adsorp-
tion et à la désorption. 2.1 Mise en évidence de la microporosité
Exemple : des profils de densité et une isotherme d’adsorption cal- Remarquons pour commencer que les micropores se rem-
culée par la méthode DFT sont donnés figure 2 [3] dans le cas d’un plissent à très basse pression relative, parfois à partir de 10–7 p/p 0,
solide mésoporeux. ce qui correspond à une pression d’équilibre de diazote de 10–4
mbar. Pour pouvoir mettre en évidence une microporosité, il est
L’accord avec l’expérience est raisonnable et permet notamment donc nécessaire de s’assurer que l’appareil utilisé permet de faire
de rendre compte de l’existence de la boucle d’hystérésis. Cepen- des mesures fiables à ces faibles pressions. Pour cela, il faut dispo-
dant, la méthode présente un certain nombre de particularités liées ser non seulement d’une jauge de pression 0 à 1 mbar, mais aussi
au caractère homogène des surfaces utilisées dans la modélisa- d’un appareil suffisamment étanche pour obtenir un vide statique
tion, notamment des transitions de phase bidimensionnelles qui se pendant la durée des mesures. Par ailleurs, plus les micropores
traduisent par des marches sur les isothermes d’adsorption, sont petits, plus le temps nécessaire à l’obtention d’un équilibre
VP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pQSQP
tement sur une grande gamme de fréquence (5 ou 6 décades) soit à l’aide d’ana-
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 1 310 − 1
VQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pQSQP
1. Comportement σ
viscoélastique
des matériaux σ0
t
J ( t ) = J R – ( J R – J U ) exp – ----- (2)
τσ 0 t
ε él Figure 1 – Réponse d’un matériau viscoélastique à l’application
avec J U = ------ complaisance instantanée ou non relaxée,
σ0 d’une contrainte constante σ0
ε tot
J R = --------- complaisance relaxée,
σ0 ε
τσ temps de relaxation de la déformation sous
contrainte constante.
Après suppression de la contrainte, si l’on attend suffisamment, la
déformation revient progressivement vers 0, il n’y a donc pas de ε0
déformation permanente.
Pour rendre compte de ce comportement viscoélastique,
plusieurs modèles rhéologiques ont été proposés. L’un des plus
simples est le modèle du « solide linéaire standard de Zener » [1]
qui associe un solide de Voigt et un ressort en série et qui amène à
la relation : σ t
dσ dε
J R σ + J U τ σ --------- = ε + τ σ -------- (3) EUε0
dt dt
De même, la contrainte nécessaire pour maintenir une déforma-
tion ε0 constante, lors d’un essai de relaxation, sera décroissante ERε0
avec le temps (figure 2) à partir d’une valeur instantanée σ0 et
tendra vers une valeur limite σ∞. Le module d’Young :
0 t
σ(t)
E ( t ) = ---------- (4)
ε0 Figure 2 – Relaxation de la contrainte
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 1 310 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
VR
Analyses de surface et de matériaux
(Réf. Internet 42383)
3– Analyse de céramiques
4– Analyse de nanomatériaux
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VS
R
VT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYU
Méthode de microanalyse
des surfaces et couches minces
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 795 − 1
VU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYU
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 795 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
VV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYU
Spectroscopie X à énergie
Cibles :
dispersive (EDS) ou à dis-
persion des longueurs
d’onde (WDS). La première
R
atomes est pratiquée en micro-
scopie électronique ; les
deux sont pratiquées à la
microsonde de Castaing
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 795 − 3
VW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYU
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 795 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
VX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYU
d’érosion et d’autre part à la rugosité induite par le phénomène de Certaines méthodes comme la spectrométrie Raman, l’ellip-
pulvérisation lui-même. Les limites de détection actuelles permettent sométrie..., qui utilisent des photons dans le spectre visible ou
de réaliser, en SIMS par exemple, des analyses en profondeur loca- proche du visible, peuvent être considérées comme à peu près non
lisées latéralement sur une centaine de micromètres carrés. destructives dans la mesure où la puissance de radiation utilisée
Les facteurs qui interviennent dans la localisation d’une analyse n’entraîne pas un chauffage excessif de l’échantillon. La limite de
sont : détection dans ce cas est limitée par des facteurs instrumentaux.
— le diamètre d 0 de la sonde primaire ; D’une manière générale, la limite de détection dépend :
— l’éclatement latéral du faisceau primaire, dû à la diffusion — de la probabilité de produire l’événement recherché,
multiple ; c’est-à-dire de la section efficace de l’interaction ; on parle souvent
— la profondeur de pénétration des particules primaires ; à ce propos de rendement ;
— la profondeur d’échappement des particules secondaires ; — de l’importance des effets secondaires tels que l’absorption ou
— la délocalisation δ 0 de l’interaction qui produit l’effet recherché : la dispersion des particules émises, qui éliminent certains événe-
R
cette délocalisation est à prendre en compte lorsque la taille de la ments ou, au contraire, la rétrodiffusion des particules primaires ou
sonde est de l’ordre des dimensions atomiques. la diffusion des particules secondaires, qui peuvent contribuer à
On notera enfin que la localisation ultime d’une analyse est tribu- augmenter le nombre d’événements détectés ;
taire de la limite de détection de la méthode. — de l’efficacité de collecte des particules, qui dépend de l’angle
solide dans lequel elles peuvent être recueillies et du rendement
quantique des détecteurs ;
— du rapport τ /T du temps τ consacré à la détection des particules
1.3 Limite de détection dans la fenêtre d’analyse choisie au temps total T d’irradiation ;
— de la dose de radiations D acceptable par l’échantillon ;
— de la localisation de l’analyse, c’est-à-dire du volume de matière
La microanalyse vise à identifier et, si possible, à doser les sondé par le faisceau primaire.
éléments dans un volume de matière aussi petit que possible Les progrès réalisés dans la collecte et la détection des particules
contenu à l’intérieur du volume de matière exploré par la sonde. font que l’on peut maintenant s’approcher de la limite de détection
Si S est le signal détecté et ∆S sa dispersion, la condition S/∆S ⭓ 1 ultime.
qui définit le critère de détection d’un élément peut toujours être
satisfaite pourvu que l’on réduise suffisamment la fluctuation
relative du bruit de fond en prolongeant le temps de mesure. Ainsi,
si l’on y mettait le temps, un élément serait toujours détectable aussi 1.4 Dégâts d’irradiation
faible que soit sa concentration. Mais peut-on prolonger indéfi-
niment l’irradiation d’un petit volume de matière par un faisceau de
particules énergétiques. La réponse est en général non, car l’irra- Les particules énergétiques pénétrant dans la matière produisent
diation produit des défauts qui s’accumulent avec la dose reçue et des dégâts ou induisent une contamination qui font que l’on ne peut
entraînent la dégradation, voire la destruction, de l’échantillon. Ainsi, pas poursuivre indéfiniment une mesure. On peut estimer qu’à flux
la limite de détection est-elle imposée par la dose maximale Dmax égal et à énergie comparable les dégâts produits sur des matériaux
acceptable par unité de surface d’échantillon (Dmax exprimé en denses par l’irradiation de photons X, d’électrons et de particules
nombre de particules par Å2 par exemple). À partir du moment où lourdes vont en croissant : ils sont 3 à 4 fois plus élevés pour les
le temps d’enregistrement du signal est limité en un point, on ne électrons que pour les photons et beaucoup plus importants pour
peut satisfaire le critère de détection S/∆S ⭓ 1 qu’en augmentant les particules lourdes, qui produisent des déplacements atomiques
suffisamment le volume exploré par la sonde pour réduire la fluc- en grand nombre.
tuation du bruit de fond. Un matériau qui ne restituerait pas au milieu extérieur l’énergie
des particules qu’il emmagasine finirait par s’échauffer et se
volatiliserait rapidement après avoir reçu une dose de radiations
Nous définirons la limite de détection d’une méthode de extrêmement faible. Ce stade ultime de dégradation est fort
microanalyse par la concentration minimale détectable dans un heureusement rarement atteint, sauf parfois dans certains matériaux
volume minimal de matière qui a reçu la dose maximale de biologiques particulièrement sensibles aux effets thermiques où l’on
radiations que peut supporter l’échantillon. observe une perte de masse de l’échantillon.
La première action des photons et des électrons est d’induire des
On peut considérer que toutes les méthodes actuelles de micro- transitions électroniques. Mais, alors que les photons X vont
analyse au sens de l’analyse chimique élémentaire, qui utilisent préférentiellement exciter les électrons des couches profondes, les
des faisceaux d’électrons, de photons X ou de particules lourdes, électrons, eux, vont principalement créer des plasmons et des paires
sont destructives. Il faut cependant distinguer deux types de électron-trou au niveau des bandes de valence et des conduction.
méthodes destructives : Or toute perturbation de l’édifice électronique d’un atome affecte la
— celle dont le caractère destructif est fonction de la dose de radia- stabilité moléculaire environnante. Lorsque la perturbation porte sur
tions, pour lesquelles la limite ultime de détection dépend de la dose des niveaux assez profonds, la réaction du milieu environnant se
critique acceptable par l’échantillon ; ce sont les méthodes qui manifeste par des effets de relaxation électronique qui font écran
utilisent les photons UV et X, les électrons, les protons et les ions au centre perturbé. Par contre, lorsqu’elle se produit sur les bandes
légers ou les neutrons de grande énergie ; de valence et de conduction, les liaisons moléculaires sont directe-
— celles dont le fondement même est la destruction de l’échan- ment affectées, ce qui peut initier des mouvements atomiques allant
tillon, pour lesquelles la limite ultime de détection est définie par jusqu’à des migrations. C’est la raison pour laquelle les électrons
le nombre minimal d’atomes qu’il faut « détruire » pour être en produisent plus de dégâts que les photons X. De plus, à partir d’une
mesure d’affirmer leur présence dans l’échantillon ; ce sont toutes centaine de kiloélectronvolts d’énergie, les électrons peuvent
les méthodes fondées sur la pulvérisation, dont le SIMS, les déplacer des atomes de leur site simplement par transfert d’énergie
méthodes par réaction nucléaire qui transmutent l’atome et cinétique. On trouvera à la référence [3] une approche micro-
l’évaporation de champ. scopique des dégâts d’irradiation causés par des photons X et des
électrons.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 795 − 5
VY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYU
Pour les dégâts causés par les particules lourdes, il faut distinguer D’après la théorie de Bethe [4], la section efficace d’ionisation
deux cas : celui des protons et des ions hélium de grande énergie d’une orbitale (définie par les nombres quantiques n et ᐉ ) par un
et celui des ions lourds de faible ou moyenne énergie. Pour les électron d’énergie E s’écrit [1] :
premiers, la majorité des dégâts provient du fort ralentissement élec-
tronique qui conduit à la formation de « traces », c’est-à-dire de Z n ᐉ b n ln ( c n U )
σ n ᐉ ( E ) = 6,51 × 10 –14 ------------------
- ------------------------- (1)
véritables tunnels dans lesquels la matière est peu dense et forte- En ᐉ
2 U
ment désorganisée. Pour les seconds, les dégâts résultent du
ralentissement nucléaire qui entraîne des avalanches de
Dans cette expression, l’énergie de liaison E n ᐉ est exprimée en
déplacements atomiques (cascades de collisions).
L’intérêt de plus en plus grand porté à l’étude microscopique des eV, σ n ᐉ en cm2, U = E/ E n ᐉ est l’énergie réduite, Z n ᐉ est le nombre
matériaux biologiques fait que le problème des dégâts d’irradiation d’électrons de l’orbitale nᐉ , et bn et cn sont deux constantes con-
prend une acuité toute particulière. Les données dont on dispose sidérées comme indépendantes du numéro atomique, comprises
R
dans ce domaine sont pour le moment assez ponctuelles.
entre 0,5 et 1 [1]. La variation de σ n ᐉ en fonction du numéro
atomique de l’élément est représentée figure 1 pour l’ionisation des
couches K et LIII [10].
1.5 Effets de charge sur les isolants
soumis à un bombardement Le rendement de désexcitation par émission X ou rendement de
fluorescence w n ᐉ d’un atome ionisé sur une couche profonde nᐉ est
de particules chargées représenté figure 2 en fonction du numéro atomique [10] et figure 3,
en fonction de l’énergie de liaison de la couche ionisée [6].
Les matériaux isolants soumis à un bombardement de particules
Le rendement de désexcitation Auger wA d’un atome ionisé sur
chargées ont souvent tendance à se charger. Les paramètres macro-
une couche profonde est représenté figure 4 en fonction du numéro
scopiques à prendre en compte sont le signe et le flux des particules
atomique. Par ailleurs, on trouvera aux références [5] [6] l’énergie
primaires qui pénètrent dans l’échantillon, le signe et le flux des
des principales transitions Auger en fonction du numéro atomique
particules secondaires émises qui sortent de l’échantillon (émissions
et à la référence [11] les applications de la spectrométrie Auger.
secondaires d’électrons et d’ions) et la conductivité du matériau, qui,
aussi faible soit-elle, contribue à relaxer les charges. Les
conséquences des effets de charge sont souvent très graves pour
l’exploitation des méthodes d’analyse. Parmi les plus sévères, nous 2.2 Détectabilité des éléments
signalerons :
— le déplacement du faisceau primaire ; 2.2.1 Pertes d’énergie électronique
— le claquage sur la surface de l’échantillon ;
— l’électromigration de certaines espèces (Na, K, Cl), qui se L’aptitude d’un élément à être détecté tient essentiellement à la
présentent sous forme ionique dans les verres et les matériaux dépendance de σ n ᐉ avec l’énergie E de l’électron primaire et avec
biologiques ; l’énergie En ᐉ du niveau excité (1). La détectabilité se trouve
— le déplacement des pics caractéristiques dans les méthodes de optimisée par rapport à l’énergie de l’électron excitateur lorsque U
spectrométrie de masse et de spectrométrie d’énergie des électrons ; se situe entre 3 et 4. Cette optimisation n’est pas, en général, réalisée
— l’atténuation des signaux dans les spectrométries mentionnées en microscopie électronique à transmission où l’énergie des
précédemment lorsque la charge de l’échantillon bloque en partie électrons doit être maintenue à une valeur élevée (environ 100 keV).
l’émission des particules secondaires utilisées pour l’analyse.
2. Microanalyse fondée
sur l’irradiation
aux électrons
On trouvera le descriptif des principes physiques mis en jeu et
des méthodes d’analyse dans les articles suivants :
— Spectrométries de pertes d’énergie des électrons dans les
solides [P 2 635],
— Microsonde nucléaire [P 2 563],
— Spectroscopie des électrons Auger [P 2 620].
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 795 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
WP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSWYU
2.2.2 Émission X
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 795 − 7
WQ
R
WR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVRP
Spectroscopie Auger
Principes et performances en sonde fixe
par Jacques CAZAUX
Professeur émérite à l’université de Reims
R
1. Principe de l’effet Auger ...................................................................... P 2 620v2 – 4
1.1 Mécanisme .................................................................................................. — 4
1.2 Nomenclature des transitions ................................................................... — 4
1.3 Rendement Auger et rendement de fluorescence .................................... — 5
1.4 Cascade Auger............................................................................................. — 6
2. Instruments, spectres et performances ........................................... — 6
2.1 Instruments ................................................................................................. — 6
2.1.1 Résolution latérale et canon à électrons .......................................... — 7
2.1.2 Analyseur et profondeur d’analyse .................................................. — 8
2.1.3 Systèmes d’acquisition des spectres ................................................ — 11
2.1.4 Accessoires ........................................................................................ — 12
2.1.5 Autres instruments Auger ................................................................. — 12
2.2 Analyse détaillée des spectres Auger ....................................................... — 12
2.2.1 Modes d’acquisition ........................................................................... — 12
2.2.2 Paramètres influençant l’intensité du signal ................................... — 12
2.2.3 Fond continu et limites de détection ................................................ — 13
3. Analyse quantitative : relation entre l’intensité et la
concentration .......................................................................................... — 14
3.1 Évaluation simplifiée des concentrations ................................................. — 14
3.1.1 Soustraction du fond continu ............................................................ — 14
3.1.2 Relation intensité-concentration ...................................................... — 15
3.2 Approche plus élaborée de la quantification ........................................... — 15
3.2.1 Soustraction du fond continu ........................................................... — 15
3.2.2 Correction du coefficient de rétrodiffusion Auger ........................... — 15
3.2.3 Correction de la longueur d’atténuation .......................................... — 15
3.3 Précision des mesures ................................................................................ — 16
3.4 Films minces et incidence oblique ............................................................ — 16
4. Synthèse des performances et limites en sonde fixe ................... — 16
4.1 Performances .............................................................................................. — 16
4.2 Limites .......................................................................................................... — 16
4.2.1 Effets topographiques ....................................................................... — 17
4.2.2 Analyse des isolants .......................................................................... — 17
4.2.3 Modifications chimiques et autres effets d’irradiation .................... — 19
5. Conclusion ................................................................................................ — 19
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. P 2 622
WS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVRP
l’énergie des particules excitatrices incidentes. Aux fins de microanalyse des sur-
faces, le processus Auger est généralement induit par un faisceau finement foca-
lisé d’électrons incidents de quelques kiloélectronvolts (5 à 25 keV) dans un
équipement spécifique ayant une structure analogue à celle d’un microscope
électronique à balayage qui serait doté de l’ultravide et équipé d’un analyseur
d’électrons. En microanalyse locale, la sonde électronique incidente est focalisée
sur le détail à analyser et le spectre des électrons, émis entre 50 eV et 2,5 keV est
acquis. La position énergétique des raies Auger permet de déterminer la nature
des éléments constituants et la mesure de l’intensité des raies permet, elle,
d’accéder à leur concentration (dosage ou quantification). La précision sur les
concentrations peut atteindre 5 % at/at, notamment quand les protocoles suggé-
R rés par des normes ISO (qui résultent d’une coopération internationale, le pro-
gramme VAMAS) sont suivies.
Les limites de la technique sont liées aux effets perturbateurs du faisceau élec-
tronique incident qui rendent sa mise en œuvre délicate sur des matériaux iso-
lants (effets de charge) et sur les matériaux fragiles comme par exemple les
polymères (effets thermiques).
Détaillés dans le dossier suivant [P 2 621v2], les développements de la
technique concernent la possibilité d’acquérir des cartographies x, y de la
répartition des éléments superficiels (en mode balayage de la sonde inci-
dente) ou des profils en profondeur de ces mêmes éléments (en mode sonde
fixe combiné à une érosion ionique). Ses performances conduisent à des
applications privilégiées concernant les industries de la microélectronique
(analyse et contrôle des circuits à haute intégration), de la métallurgie (pour
la composition des joints de grains), de la mécanique et des traitements de
surface, voire de la catalyse (pour l’analyse ponctuelle de catalyseurs disper-
sés) ainsi que dans les laboratoires de recherche et d’application des multi-
couches métalliques, en attendant son développement prévisible dans les
différents domaines des nanotechnologies.
(0)
Notations et symboles
WT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVRP
R
Q C charge
R, r coefficient de rétrodiffusion Auger
RP m pénétration maximale des particules incidentes
rmax m profondeur maximale d’échappement
des électrons secondaires
S m2 surface irradiée
tirr s durée d’irradiation
T transmission énergétique et angulaire de l’analyseur
V V tension
Vess m3 volume d’échantillon d’où provient l’essentiel du signal
VS V potentiel de surface
w m dimensions de la source
z m profondeur
Z numéro atomique
α rad demi-angle d’émission maximal des électrons entrants
α paramètre Auger
δ rendement d’émission secondaire
ε F ⋅ m–1 permittivité
λ m longueur d’atténuation
ν Hz fréquence
σ (Ax, E 0) barn section efficace d’ionisation (1 barn = 10–24 cm2)
τ s durée d’acquisition par canal
η rendement de rétrodiffusion des électrons primaires
θ rad angle d’émission, de détection
ω rendement de fluorescence
Indices
A∞ élément A pur
A/A élément A pur
A/AB élément A dans un alliage binaire AB
Exposants
A Auger
C chargé
WU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVRP
R
de la particule est suffisante pour arracher un électron atomique.
trons est souvent (mais non systématiquement) accompagnée
de l’émission d’un ou de plusieurs autres électrons et il bapti-
sera le phénomène « effets tertiaire (et quaternaire) » ou « effet
photoélectrique composé ». Il observe ensuite que le change-
Appareils ment de l’énergie des photons X incidents n’affecte que l’éner-
photographiques gie des photoélectrons mais non celle des électrons
supplémentaires alors que, pour une énergie donnée des pho-
tons X, l’énergie des électrons supplémentaires change avec le
numéro atomique des atomes cibles. En évaluant la fraction
d’atomes étant le siège de l’effet composé par rapport au nom-
bre total d’atomes sièges de l’effet photoélectrique, il obtiendra
aussi, et pour la première fois, une estimation très correcte du
rendement Auger a et de son complément à l’unité, le rende-
ment de fluorescence ω. L’ensemble de son étude lui permettra
Source X
de jeter les bases théoriques des phénomènes qu’il a observés.
Cette découverte, pour fondamentale qu’elle fut, n’a pas été
Chambre de immédiatement suivie d’applications pratiques en analyse des
condensation surfaces car la sensibilité superficielle de la méthode n’aurait
permis d’analyser que les couches de contamination des échan-
tillons. Il a fallu attendre la fin des années 1960 pour que la maî-
trise de l’ultravide permette de la mettre en œuvre, d’abord dans
des appareils de diffraction d’électrons lents puis dans des ins-
Lampes à étincelles
truments spécifiques.
Un faisceau de rayons X ionise les atomes d’un gaz rare contenu dans la Un faisceau de particules incidentes (électrons, rayons X ou ions)
chambre de Wilson. éjecte un électron atomique initialement lié (énergie de liaison EX).
La lacune électronique initiale est comblée par un électron moins lié
Figure 1 – Dispositif expérimental utilisé par Pierre Auger (d’après [2]) d’un niveau électronique supérieur (énergie de liaison EY) et l’éner-
gie récupérée est spontanément (10–15 s) communiquée à un troi-
sième électron (énergie de liaison EZ avant l’éjection), l’électron
Auger, qui peut s’échapper de son atome initial avec une énergie
Xe (1 %) ; H2 (99 %) cinétique, EC, sensiblement donnée par :
EC ≈ EX – EY – EZ (1)
L’effet Auger est donc un effet non radiatif (émission d’un élec-
tron) impliquant trois niveaux électroniques qui, dès lors que la
6 lacune électronique est créée, entre en compétition avec l’émission
hν 1 5 2 4 3
(radiative) d’un photon X n’impliquant que deux niveaux électroni-
ques et dont l’énergie hν serait donnée par :
h ν = EX – EY (2)
WV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVRQ
Spectroscopie Auger
Imagerie et profil en z. Applications
par Jacques CAZAUX
Professeur émérite à l’université de Reims
R
1. Cartographie et analyse en profondeur ........................................... P 2 621v2 – 2
1.1 Microscopie Auger ..................................................................................... — 2
1.2 Exploration de la troisième dimension ..................................................... — 2
1.3 Analyse et traitement des profils et des images ...................................... — 4
2. Applications de la spectromicroscopie Auger ............................... — 5
2.1 Quelques exemples .................................................................................... — 5
2.2 Activités industrielles directement concernées ....................................... — 7
2.2.1 Métallurgie, matériaux, traitements de surface .............................. — 7
2.2.2 Microélectronique ............................................................................. — 8
2.2.3 Catalyse .............................................................................................. — 9
2.3 Répercussions sur la production de biens d’équipement et sur
la société ..................................................................................................... — 9
2.4 Autres indicateurs du développement ..................................................... — 9
3. Spécificité et perspectives de la spectromicroscopie Auger .... — 10
3.1 Comparaison avec les autres techniques ................................................. — 10
3.2 Domaines d’excellence et perspectives : les nanotechnologies ............ — 11
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. P 2 622
près avoir acquis un spectre Auger en sonde fixe (voir [P 2 620v2]), la carto-
A graphie d’un élément s’obtient aisément en mesurant l’évolution de l’inten-
sité de la raie Auger correspondante au cours du balayage de la surface de
l’échantillon par la sonde électronique incidente, alors que le profil en profon-
deur s’obtient, en sonde fixe, en suivant cette même évolution au cours de l’éro-
sion ionique de la surface.
Avec la spectroscopie des photoélectrons X (XPS : « X-ray photoelectron
spectroscopy » ou ESCA : « electron spectroscopy for chemical analysis ») et la
spectroscopie de masse des ions secondaires (SIMS), la spectromicroscopie
Auger induite par des électrons (association de la spectroscopie, généralement
désignée par l’acronyme e– AES pour « electron-induced Auger electron
spectroscopy », et de la microscopie Auger, généralement désignée par SAM
pour « scanning Auger electron microscopy ») est l’une des trois techniques pri-
vilégiées pour l’analyse élémentaire des surfaces et des interfaces.
Combiné à sa grande sensibilité superficielle, son caractère spécifique réside
d’abord dans son excellente résolution latérale qui lui permet d’analyser des
objets de taille micrométrique, voire nanométrique. Outre les perspectives
d’application dans les différents domaines des nanotechnologies, ses applica-
tions privilégiées concernent les industries de la microélectronique (analyse et
contrôle des circuits à haute intégration), de la métallurgie (pour la composition
des joints de grains), de la mécanique et des traitements de surface, voire de la
catalyse (pour l’analyse ponctuelle de catalyseurs dispersés) ainsi que dans les
laboratoires de recherche et d’application des multicouches métalliques.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@RPPW
WW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVRQ
R
sélectionner la zone d’intérêt pour y pratiquer ultérieurement une
analyse ponctuelle. L’acquisition d’un spectre local peut être prolon- Obtenue sur la coupe FIB (focus ion beam, faisceau d’ions foca-
gée par la cartographie xy (ou un profil le long d’une direction privi- lisé) d’un circuit électronique intégré et avec des temps d’acquisition
légiée x) d’un ou de plusieurs éléments donnés en mesurant, au relativement courts, la figure 2 montre des images caractéristiques
cours du balayage de la sonde incidente, l’évolution de l’intensité de la structure complexe de ce circuit avec une excellente résolution
des raies Auger correspondantes. La démarche est donc similaire à latérale qui permet en particulier de visualiser la continuité de la
celle relative à l’acquisition d’une image en microscopie électro- couche de molybdène de 50 nm d’épaisseur.
nique à balayage en substituant la détection des électrons secondai-
res par la détection d’un ou de plusieurs signaux, correspondant
chacun à un intervalle énergétique présélectionné du spectre Auger
délivré par l’analyseur (raie Auger ou fond continu en aval de cette 1.2 Exploration de la troisième dimension
raie). En fait, l’idéal serait d’acquérir un spectre haute résolution
énergétique pour chaque point image de façon à obtenir finalement
des spectres images à trois dimensions (x, y, EC), (comme en spec- Le nettoyage léger de la surface est souvent un préalable indis-
troscopie de perte d’énergie des électrons en transmission sur des pensable à l’analyse Auger d’échantillons industriels pour les débar-
films minces ou electron energy less spectroscopy : EELS) afin de rasser des couches de contamination susceptibles de les recouvrir.
développer ultérieurement les procédures de quantification décrites Ce nettoyage s’effectue le plus souvent à l’aide de faisceaux d’ions
dans [P 2 620v2] (§ 3) : soustraction du fond continu et correction de basse énergie (∼2 keV) qui irradient la surface pendant la rotation
des effets de matrice. Une telle acquisition est possible en EELS car azimutale de l’objet. Cette rotation permet d’homogénéiser le
la mise en œuvre de barrettes de détecteurs permet l’acquisition nettoyage ; les ions Ar+ sont quasiment systématiquement utilisés
simultanée de la totalité du spectre. En microscopie Auger, faute sauf quand on recherche la présence de cet élément dans la cible.
d’une détection totalement parallèle, un tel objectif imposerait des Depuis assez longtemps, une telle érosion ionique de l’échantillon
temps d’acquisition prohibitifs, dans le cas d’un détecteur unique, a été combinée à l’analyse Auger simultanée de couches initiale-
pour l’acquisition à haute résolution énergétique d’un spectre image ment enterrées et qui, en devenant superficielles, deviennent acces-
complet de 64 × 64 pixels car si l’acquisition d’un tel spectre ponc- sibles à l’analyse. En particulier, cette démarche permet d’étudier
tuel prend une minute, l’acquisition de 64 × 64 spectres prendrait l’évolution des profils de diffusion des divers éléments d’un échan-
presque 3 jours. Le nombre plus réduit de détecteurs impose donc tillon ayant fait l’objet d’un traitement de surface comme, par exem-
de caler l’analyseur successivement (ou simultanément dans le cas ple, l’acquisition de profils en profondeur z du chrome dans un acier
d’une détection partiellement parallèle) sur chacune des raies Auger que l’on a rendu inoxydable puis l’étude des perturbations de ce
caractéristiques des éléments que l’on souhaite cartographier et sur profil induites par divers traitements thermiques (§ 2.1). Quand les
une fenêtre du fond continu située après (côté des énergies ciné- paramètres de l’irradiation ionique sont maîtrisés (énergie et den-
tiques plus élevées) chaque raie. sité des ions sur la cible, nature de la cible) et que la cible est latéra-
Ainsi, en prenant des fenêtres énergétiques assez larges, l’acqui- lement homogène, le calcul de la vitesse d’érosion permet, via le
sition des variations des intensités des pics (signal + fond continu taux de pulvérisation, de transformer l’échelle du temps d’érosion
sous le signal) et des fonds continus (en aval des pics) en synchro- en échelle de profondeur et ainsi de convertir les intensités Auger en
nisme avec le balayage permet d’obtenir les cartographies Auger fonction du temps en profil de concentration en fonction de z.
a électrons secondaires (512 × 512 pixels) b image Auger (128 × 128 pixels) c image Auger (128 × 128 pixels) de
du cuivre Cu (LMM) à 920 eV l´yttrium Y (LMM) à 1 748 eV
Figure 1 – Cartographie Auger d’un grenat fritté Y3 – x Cux Fe5O12 montrant la décoration des joints de grains par le cuivre (E0 = 15 keV, ⌱ 0 = 8 nA,
instrument PHI 680, acquisition de chaque image Auger en une minute, soit 4 ms/pixel) (d’après F. Wyczisk, Thales TRT, Palaiseau)
WX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVRQ
Au
Mo
R
a image en électrons secondaires b Au (MNN) à 2 024 eV, tacq = 1,64 min c Mo (MNN) à 190 eV, tacq = 4,64 min
Ga N
Si
d Ga (LMM) à 1 070 eV, tacq = 1,37 min e N (KLL) à 385 eV, tacq = 4,1 min f Si (KLL) à 1 620 eV, tacq = 2,46 min
Au
Mo
Ga
500 nm 100 nm
200 nm
g synthèse des images en
fausses couleurs
L´image en électrons secondaires a illustre la netteté de la coupe et l´image de Mo c montre
qu´une couche de 50 nm est parfaitement détectable.
Figure 2 – Imagerie Auger (x, y) de la structure Au (200 nm)/Mo (50 nm)/GaN d’un composant électronique (128 × 128 pixels, E0 = 20 keV, ⌱ = 6 nA,
i = 30°) dont la tranche a été obtenue par la mise en œuvre d’un faisceau d’ions Ga+ (FIB : 30 keV, incidence normale) (d’après F. Wyczisk, Thales TRT,
Palaiseau)
WY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVRQ
I
O (KLL)
0
0,5 nm
γ
z’ z
Figure 4 – Profil Auger en profondeur le long
R
z d’un biseau obtenu par FIB sur un système
Si/SiO2 (0,5 nm)/Si (d’après [40])
XP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVSU
taines d’eV) est choisie de façon à rendre maximale la section efficace de l’inter-
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 2 635 − 1
XQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVSU
action avec le phénomène que l’on désire mettre en évidence. On peut établir
que les électrons incidents doivent avoir au moins trois à quatre fois l’énergie
des pertes caractéristiques pour avoir une probabilité raisonnable de les exciter.
Ces énergies correspondent à des libres parcours moyens électroniques relati-
vement courts (de l’ordre de quelques nanomètres au maximum), c’est dire que
les spectrométries de pertes d’énergie des électrons doivent être considérées
comme des techniques spécifiques d’analyse de surface des matériaux.
Les méthodes décrites ici sont non destructives : elles permettent l’identifica-
tion de composés ou d’éléments chimiques présents à la surface d’un échan-
tillon, principalement au moyen de leur signature vibrationnelle, mais
également par leurs autres excitations électroniques caractéristiques : plasmons
1. Principe de la mesure En revanche, la mesure des pertes d’énergie mises en jeu lors de
l’excitation de vibrations nécessite, en plus, l’utilisation d’un mono-
et caractéristiques chromateur d’électrons : on parle dans ce cas de spectrométrie de
pertes d’énergie des électrons à haute résolution (en anglais
HREELS : High Resolution Electron Energy Loss Spectrometry ). La
résolution en énergie est alors de 1 à 10 meV.
Les spectres de pertes d’énergie des électrons rétrodiffusés (ou
éventuellement transmis) par une cible solide révèlent des structu- La figure 1 permet de situer ces spectrométries dans un contexte
res caractéristiques observées à E0 – Ec où E0 est l’énergie initiale plus général. La spectrométrie EELS se concentre sur les pertes
des électrons et Ec est une énergie caractéristique associée à l’exci- d’énergie caractéristiques (IV) visibles à proximité du pied du pic
tation de phénomènes collectifs ou individuels. élastique. Dans une deuxième étape d’agrandissement, la spectro-
métrie HREELS révèle, par sa haute résolution, des pics de pertes
■ Les excitations collectives sont essentiellement les vibrations du d’énergie (V) situés encore plus près du pic élastique et qui n’appa-
réseau des ions (phonons) ou les oscillations des électrons de raissaient pas préalablement.
valence (plasmons).
■ Les excitations individuelles recouvrent deux sortes de
phénomènes : vibrations de molécules, généralement adsorbées en
surface, ou de groupements moléculaires, et excitations des élec-
trons du solide. Ces dernières peuvent être de plusieurs types :
— la promotion d’un électron vers un niveau supérieur vide de sa
propre bande électronique (transition intrabande) ou d’une autre
bande (transition interbande),
— la création d’une paire électron-trou liée (exciton),
— l’émission d’un électron secondaire par ionisation d’un atome
du solide (transition vers le continuum des états non liés au solide).
Lorsqu’elles impliquent l’excitation de phénomènes périodiques,
les pertes d’énergie des électrons font intervenir un ou plusieurs
quantums d’énergie, notés " ω [où ω est la pulsation de l’oscillation
mise en jeu et " , la constante réduite de Planck (1,0546 × 10–34 J · s)].
À l’exception des phonons et vibrations de molécules dont les
énergies se trouvent dans un domaine allant de quelques meV
(1 eV = 1,6 × 10–19 J) à quelques centaines de meV, toutes les pertes
d’énergie allant de quelques eV à quelques dizaines d’eV sont acces-
sibles à la spectrométrie de pertes d’énergie des électrons (désignée
ici par ses initiales anglaises EELS : Electron Energy Loss
Spectrometry ) qui utilise un canon à électrons et un analyseur et tra- Figure 1 – Densité spectrale des énergies des électrons diffusés par
vaille avec une résolution en énergie de 0,3 à 0,5 eV. une cible bombardée par un faisceau d’électrons d’énergie E0
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
PE 2 635 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
XR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRVSU
Notons que les spectrométries Auger et EELS se font avec des lution de l’ordre de 0,3 à 0,5 eV est largement suffisante pour mettre
énergies primaires et des résolutions en énergie comparables tan- en évidence les structures associées à ces pertes caractéristiques.
dis que la spectrométrie HREELS utilise des énergies plus faibles et Les spectromètres EELS sont identiques à ceux utilisés pour la
une haute résolution. Cela explique que, sur la figure 1, le spectre de spectrométrie des électrons Auger [32] et pour la spectrométrie de
pertes d’énergie EELS correspond rigoureusement à l’agrandisse- photoélectrons XPS ou ESCA et UPS [33]. Ce type de spectromètre
ment d’une partie du spectre des électrons Auger, tandis que la est constitué d’un analyseur dispersif et d’un canon à électrons dans
haute résolution du spectre de pertes d’énergie HREELS creuse lequel le faisceau d’électrons est produit par émission thermoélec-
l’écart entre le pic élastique et le premier pic de pertes EELS, rédui- tronique à partir d’un filament chaud. La largeur de la distribution en
sant considérablement le fond, et permet de découvrir des structu- énergie des électrons dépend de la température du filament et est
res indétectables dans le spectre EELS. donnée par la largeur à mi-hauteur de la distribution de Maxwell-
L’utilisation de faisceaux d’électrons implique que ces spectromé- Boltzmann. Cette largeur est de l’ordre de 460 meV pour un filament
tries ne peuvent être mises en œuvre que dans un environnement de tungstène thorié chauffé vers 2 100 K et de 370 meV pour un fila-
ultravide (pression < 10–6 Pa). D’autre part, la nécessité de stabiliser
R
ment en hexaborure de lanthane (LaB6) qui émet à partir de 1 700 K.
les surfaces des échantillons et d’éviter leur contamination pendant Les analyseurs dispersifs utilisés sont de type électrostatique. La
le temps de la mesure, exige des vides encore meilleurs (< 10–8 Pa) différence de potentiel appliquée entre les deux électrodes de l’ana-
dans le cas de surfaces réactives. lyseur (hémisphères ou cylindres) crée un champ central (analyseur
Le tableau 1 résume les principales caractéristiques des spectro- hémisphérique) ou axial (analyseur cylindrique) qui disperse les
métries de pertes d’énergie des électrons qui seront expliquées électrons en fonction de leur énergie. Seuls seront sélectionnés par
dans la suite de ce chapitre. le diaphragme de sortie de l’analyseur, et par conséquent détectés,
les électrons qui ont une énergie égale à l’énergie de passage (Ep)
dans l’analyseur, déterminée par la différence de potentiel appli-
quée entre les électrodes. Les deux analyseurs les plus répandus
Tableau 1 – Caractéristiques principales des sont l’analyseur hémisphérique et l’analyseur à miroir cylindrique
(CMA : Cylindrical Mirror Analyzer ). On en trouvera un schéma dans
spectrométries de pertes d’énergie des électrons
le chapitre consacré à la spectrométrie des électrons Auger [32], et
une description détaillée dans l’ouvrage de K.D. Sevier [1]. La réso-
Spectrométrie Spectrométrie
Caractéristiques lution en énergie ∆E, pour ces deux types d’analyseurs, est, dans
EELS HREELS
une bonne approximation, proportionnelle à l’énergie de passage
Énergie incidente Ep :
< 1 000 eV < 100 eV
(E 0 )
∆E
Intensité du courant ------- = constante (1)
0,1 µA < I0 < 100 µA 0,1 nA < I0 < 1 nA Ep
incident
Résolution ■ L’analyseur hémisphérique travaille généralement à Ep constante
en énergie (∆E ) 0,300 à 0,500 eV 1 à 10 meV
et, pour des énergies de passage suffisamment basses, la résolution
globale du spectromètre (canon et analyseur) est principalement
Monochromateur non oui
déterminée par la dispersion thermique des électrons dans le canon
Hémisphérique Hémisphérique (de 0,3 à 0,5 eV). La résolution instrumentale est déterminée par la
Analyseurs Miroir cylindrique Cylindrique à 127o largeur à mi-hauteur (FWHM) du pic élastique mesuré et, à Ep cons-
(CMA) Torique tante, elle est indépendante de l’énergie (E0) des électrons incidents.
Plasmons Vibrations Pour pouvoir travailler à Ep constante, on implante, entre la cible et
Pertes d’énergie l’analyseur hémisphérique, une lentille électrostatique destinée à
Transitions inter- moléculaires
observées bandes Phonons retarder les électrons ayant l’énergie désirée, en provenance de la
cible, jusqu’à l’énergie de passage dans l’analyseur. Le spectre de
Vide requis < 10–6 Pa de 10–6 à 10–8 Pa
pertes d’énergie est alors obtenu en faisant varier le potentiel retar-
Dans certaines avec un canon dateur imposé par cette lentille.
Échantillons isolants conditions auxiliaire
En tournant l’échantillon, on peut faire varier l’angle d’incidence
Résolution spatiale 50 µm 1 mm des électrons provenant du canon et, de cette façon, changer leur
profondeur de pénétration dans la cible. Des mesures en incidence
Limite de détection > 0,01 monocouche 0,001 monocouche
rasante limitent la pénétration des électrons et mettent en valeur les
pertes d’énergie en surface, tandis que des mesures en incidence
normale favorisent l’observation de pertes d’énergie en volume. Les
lentilles électrostatiques des spectromètres hémisphériques ont un
2. Spectrométrie de pertes angle d’acceptance relativement faible, de l’ordre de quelques
degrés, et permettent, en tournant l’échantillon ou l’analyseur,
d’énergie des électrons d’effectuer des mesures de pertes d’énergie résolues en angle. De
(EELS) telles mesures fournissent en plus de la perte d’énergie de l’élec-
tron, des informations sur le transfert de quantité de mouvement
entre l’électron et la cible.
■ Les analyseurs à miroir cylindrique (CMA) sont parfois utilisés en
2.1 Principe de la mesure et description tandem pour augmenter leur résolution. À part quelques excep-
des spectromètres tions, ils ne sont pas équipés d’une grille électrostatique retardatrice
et les électrons d’énergie différente sont mesurés en faisant varier
l’énergie de passage dans l’analyseur. La résolution en énergie (1) et
La spectrométrie de pertes d’énergie des électrons (EELS) mesure la transmission ne sont donc plus constantes dans tout le domaine
des excitations électroniques dans un domaine de 1 à 100 eV résul- analysé et c’est la raison pour laquelle, pour caractériser la précision
tant en création de plasmons, ou de transitions électroniques. Étant des mesures effectuées avec un CMA, on utilise plutôt le rapport ∆E/
donné le domaine d’énergie dans lequel elle travaille, elle ne néces- E (pouvoir de résolution) qui est déterminé expérimentalement à
site pas une haute résolution en énergie : on considère qu’une réso-
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 2 635 − 3
XS
R
XT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRUVS
Microsonde nucléaire
Principe et appareillage
par Pascal BERGER
Docteur ès sciences
R
Directeur adjoint du laboratoire Pierre-Süe (CEA/CNRS)
et Gilles REVEL
Docteur ès sciences
Directeur de recherche émérite au laboratoire Pierre-Süe (CEA/CNRS)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur P 2 563v2 − 1
XU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRUVS
Diffusion
élastique
1.1 Interactions ions-matière
Rétrodiffusion
élastique Cible
L’analyse à la microsonde nucléaire fait appel aux mêmes ions Projectiles
incidents (principalement protons, deutons et hélions 3 et 4) et aux (p, d, 3He…) ralentis*
mêmes détections que l’analyse avec des faisceaux de particules Recul
R
chargées de taille classique tels que pour l’émission X induite par élastique
particules chargées [P 2 557] [P2 558] et pour les collisions élas-
tiques et les réactions nucléaires [P 2 560] [P 2 561]. Toutefois, la
microsonde nucléaire apporte des possibilités de localisation laté-
rale plus fine, directement liées à la taille du faisceau ; elle permet
ainsi d’accéder à la répartition quantitative des éléments dans les
Réactions
trois dimensions à l’échelle micrométrique. Elle apporte aussi des atomiques
contraintes supplémentaires dues aux fortes densités locales de (e–, X…)
particules incidentes qu’il faut générer et imposer aux échantillons
pour obtenir un signal exploitable. Cette possibilité de déposer loca- * Microscopie par perte d'énergie
lement de l’énergie ou des charges est également exploitable pour
des applications non analytiques. Figure 1 – Principales interactions exploitables à des fins
analytiques dans une microsonde nucléaire
Lorsqu’un faisceau de particules chargées pénètre dans la
matière, différentes interactions peuvent se produire. Leur nature
dépend de l’énergie incidente des ions. Pour des énergies de l’ordre
de 1 MeV, ces interactions sont à l’échelle de l’atome, elles sont élec-
troniques et nucléaires. La figure 1 schématise les principales
d’entre elles qui se prêtent à l’analyse dans ce domaine d’énergie. lg (– dE )
dx
Dans le domaine d’énergie des microsondes nucléaires (0,5 à Pouvoir d'arrêt ~ √E
quelques mégaélectronvolts), l’interaction avec les atomes de la Zone 3 Zone 2
cible est principalement d’origine électronique. Les ions cèdent pro-
Interaction
gressivement leur énergie aux électrons de ces atomes, provoquant électronique Pouvoir d'arrêt ~
1
ainsi une forte ionisation. Compte tenu des différences des rapports E
de masse ions/électrons, les ions incidents sont très peu déviés et
Zone 1
leur trajectoire demeure rectiligne. La réorganisation des atomes de Interaction Relativiste
la cible se fait par émission de rayons X et d’électrons Auger. En fin nucléaire
de parcours, les ions interagissent fortement avec les noyaux, ils
subissent alors des chocs successifs et leur trajectoire est profondé-
ment modifiée. Le parcours R des ions dans la matière est donc
limité par ces deux types d’interaction et l’épaisseur maximale de ≈ 1 keV/uma ≈ 1 MeV/ uma lg E
l’échantillon concernée par l’irradiation est déterminée par la
somme des interactions électroniques et nucléaires qui déterminent ≈ 40 MeV/uma
le pouvoir d’arrêt (figure 2) :
uma : unité de masse atomique
dE dE dE
------- = ------- + ------- (1) Figure 2 – Représentation schématique du pouvoir d’arrêt
dx dx électronique dx nucléaire
en fonction de l’énergie
avec E énergie de la particule,
x épaisseur traversée.
Lorsque l’ion est ralenti, son énergie plus basse lui permet de
Le parcours de l’ion est donné par : récupérer ses électrons les plus profonds. Sa charge diminue et le
pouvoir d’arrêt électronique devient proportionnel à sa vitesse, soit
0 1 à la racine carrée de son énergie. Il est alors concurrencé par le pou-
R =
∫E
------------- dE
dE
-------
(2) voir d’arrêt dû aux collisions ions-atomes qui se produisent en cas-
cade en fin de parcours. Ces collisions s’accompagnent de forts
dx transferts de quantité de mouvement, de brusques changements de
direction des ions incidents et de la création de nombreux défauts
Aux énergies les plus élevées, l’interaction est essentiellement dans le matériau irradié. Il est à noter que ces effets interviennent à
électronique et le pouvoir d’arrêt varie en 1/E. Pour ces énergies éle- l’extrême fin de parcours, sur une très petite distance, en dehors de
vées, les particules dépouillées de leur cortège électronique peuvent la zone analysée.
s’approcher assez près des noyaux des atomes cibles pour diffuser Les parcours de différents ions ont été calculés et publiés pour
dans leur champ coulombien, ce qui donne lieu aux méthodes de tous les éléments [2].
diffusion élastique, ou même franchir les barrières de potentiel des
noyaux cibles et donner lieu à des réactions nucléaires qui se prê- Exemple : le parcours moyen des protons de 2 MeV est de 42 µm
tent également à l’analyse. Toutefois, les probabilités de ces interac- dans l’aluminium, de 19 µm dans le cuivre et de 16 µm dans l’or. Les
tions, exprimées en barns ou en fraction de barn sont très faibles parcours des hélions 4 sont respectivement de 6,9 ; 3,98 et 3,7 µm
(1 barn = 10−24 cm2). pour la même énergie incidente, dans les mêmes métaux (figure 3).
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 2 563v2 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
XV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRUVS
100 X
Aluminium
R (µm)
Cuivre 1H
Or
10 4He
R
1
0 1 2 3 4 5
E (MeV)
a création d'une lacune b relaxation par comblement
Figure 3 – Parcours des protons et des ions hélions 4 profonde induite de la lacune par un électron
dans l’aluminium, le cuivre et l’or (données SRIM2004 [12]) par le passage d'un ion d'un niveau supérieur,
(excitation ou ionisation) accompagné d'une émission X
caractéristique
Pour les corps composés, la loi de Bragg s’applique en première
approximation. Elle considère que la perte d’énergie globale est Figure 4 – Principe de l’émission X induite par les particules (PIXE)
égale à la somme des pertes d’énergie dans les différents éléments,
proportionnellement à leur abondance dans le matériau :
106
∑
Nombre d'impulsions
dE dE
------- = C i ------- (3) S
dx i dx i FeKα
NiKα
dE 105
avec ------- pouvoir d’arrêt dans chacun des composants CaKα FeKβ
dx i (MeV · g−1 · cm2), BaLα
KKα NiKβ
BaLβ1 ZnKα
Ci proportion massique de chacun des composants. 104 CaKβ
MnKα
BaLβ2 ZnKβ
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 2 563v2 − 3
XW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRUVS
ωX rendement de fluorescence,
b Xα fraction de l’émission apparaissant dans la 10 –20
raie α,
ε efficacité de détection. 10 –21
Pour une cible épaisse :
10 –22
R
0
σ(E)
I X = N p n 0 ω X b Xα ε
∫ Ep
------------ T ( E ) dE
S(E)
(5)
10 –23
où :
10 –24
µ cos α
∫
dE
T ( E ) = exp – --- --------------- ------------ (6) 10 –25
ρ sin θ S(E)
10 –3 10 –2 10 –1 1 10
1 dE E1 / λUK
et S ( E ) = --- -------- (7) BEA
ρ dX
PWA
avec µ coefficient d’absorption des rayons X,
Les points représentent les données expérimentales.
ρ densité du solide,
α angle d’incidence du faisceau, Figure 6 – Production de lacunes en couches internes
θ angle de détection. par un bombardement de protons (d’après [6])
Le paramètre important est la section efficace d’ionisation en
couche profonde. Dans le cas des protons et des ions He, cette gran- jusqu’à une énergie Emax = Tm · Tm représente l’énergie maximale
deur est relativement bien connue. L’éjection des électrons de la pouvant être transférée à un électron de la cible dans une collision
cible est gouvernée par l’interaction coulombienne entre le noyau avec un ion : Tm = 4meEp/Mp, où me, Mp et Ep sont respectivement
incident et les électrons de la cible. Cette interaction est maximale la masse de l’électron, celle de la particule et son énergie.
quand la vitesse de l’ion incident est comparable à la vitesse de Le rayonnement de freinage du proton est de plusieurs ordres de
l’électron sur son orbite. grandeur plus faible que celui des électrons. En effet, l’intensité du
Plusieurs méthodes existent pour calculer les sections efficaces rayonnement de freinage est fonction de la masse de la particule et
d’ionisation. Pour l’ionisation en couche K ou L de haute énergie, le rapport me/Mp est égal à 1 836.
elles peuvent être calculées dans le modèle de l’impulsion binaire,
Des réactions nucléaires peuvent également se produire au cours
ou BEA (binary encounter approximation), et le résultat est exprimé
de l’interaction ion-solide. En particulier, les sections efficaces
sous la forme d’une loi d’échelle (figure 6) [6] :
d’interaction sont très importantes pour le sodium et le fluor. Les
rayons produits au cours de ces réactions peuvent générer, par effet
Z 12
∫
E1 Compton dans le détecteur, des électrons secondaires dont le spec-
σ KBEA = -------2- ----------- (8) tre est généralement plus intense que celui dû au rayonnement de
UK λ UK
freinage du projectile.
où Z1, E1, UK représentent respectivement le numéro atomique, L’ensemble de ces contributions au fond continu peut être calculé
l’énergie de la particule incidente et l’énergie du niveau à ioniser. théoriquement.
D’autres modèles utilisent la théorie des perturbations en
mécanique quantique. C’est le cas de PWA (plane wave approxima-
tion), amélioré en CPSSR en incorporant les effets de polarisation et 1.2.4 Aspects analytiques
de liaison dans l’approximation des états stationnaires perturbés
(PSS) et en corrigeant des effets de déflexion coulombienne (C) et 1.2.4.1 Instrumentation
relativiste (R). Des tabulations sont disponibles dans la littérature
pour les ionisations des niveaux K, L1, L2... par des protons ou des Dans la majorité des cas, les mesures PIXE sont mises en œuvre
ions He [7]. avec des protons de 2 à 3 MeV focalisés sur l’échantillon à une taille
de l’ordre du micron, parfois moins, la sensibilité de la méthode per-
mettant de se contenter d’intensités très faibles, par exemple 10 pA
1.2.3 Fond continu pour une taille de faisceau inférieure à 300 nm avec des protons de
2 MeV [5]. Cette taille de faisceau, associée à un balayage latéral de
Les pics de rayons X caractéristiques sont superposés sur un fond l’échantillon sur quelques centaines de micromètres carrés, permet
continu produit par : d’avoir une cartographie très fine et complète de la composition élé-
mentaire des échantillons. D’autres particules que les protons sont
— le rayonnement de freinage (Bremsstrahlung) du projectile et parfois utilisées mais ce n’est généralement avantageux que lors-
des électrons secondaires ; que l’on veut mettre en œuvre une autre méthode d’analyse simul-
— les réactions nucléaires. tanément, notamment pour doser les éléments légers ou réduire
Le rayonnement de freinage des électrons secondaires constitue intentionnellement la profondeur d’analyse. Les spectres sont géné-
l’essentiel du fond continu pour la partie basse énergie du spectre et ralement acquis en dispersion d’énergie au moyen de détecteurs à
s’étend en décroissant suivant une loi en fonction de la puissance, semi-conducteurs constitués de silicium dopé au lithium pour
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 2 563v2 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
XX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRUVT
Microsonde nucléaire
Applications
par Pascal BERGER
Docteur ès sciences
R
Directeur adjoint du laboratoire Pierre-Süe (CEA/CNRS)
et Gilles REVEL
Docteur ès sciences
Directeur de recherche émérite au laboratoire Pierre-Süe (CEA/CNRS)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur P 2 564 − 1
XY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRUVT
1. Comparaison avec destructive. Malgré cela, la sonde ionique est probablement l’outil qui
se rapproche le plus de la microsonde nucléaire par ses applications :
quelques autres méthodes dans les deux cas, pratiquement tous les éléments sont concernés,
l’analyse est locale à l’échelle micrométrique et isotopique.
d’analyse locale La microsonde laser fait aussi appel à la détection des ions par
spectrométrie de masse, mais à temps de vol. Sa résolution et sa
Le tableau 1 indique les caractéristiques des méthodes d’analyse sensibilité sont comparables à celles de la microsonde nucléaire,
élémentaire locale le plus souvent utilisées. Ce sont des caractéristi- mais, jusqu’alors, elle est utilisée pour des analyses en des points
ques moyennes et les informations apportées par les différentes précis des échantillons.
méthodes sont plus souvent complémentaires que concurrentes. En fait, l’intérêt essentiel de la microsonde nucléaire sur les autres
Ainsi, les deux premières méthodes concernent les premières cou- sondes est d’apporter de multiples possibilités de caractérisation,
ches atomiques, ce qui n’est pas le cas de la microsonde nucléaire. faisant appel à des processus physiques différents. Parmi ceux-ci,
R La microsonde électronique a le même domaine d’application les différentes interactions utilisées sont totalement indépendantes
que la méthode PIXE (particle induced X-ray emission) [P 2 558] des liaisons chimiques de l’atome et permettent donc un étalonnage
mais avec une sensibilité et une profondeur d’analyse beaucoup simple et direct. Pour les études sur les matériaux, cette propriété
plus faibles. En revanche, des observations avec une résolution de est particulièrement précieuse pour la localisation et le dosage pré-
l’ordre de 10 nm sont possibles, ce qui permet de corréler la compo- cis des éléments légers. Enfin, les microsondes nucléaires sont
sition élémentaire aux nanostructures. encore en cours de développement et toutes leurs possibilités n’ont
pas été explorées, en particulier pour leurs usages non analytiques
Toujours dans le domaine de l’analyse X, les microsondes utilisant liés au dépôt local d’énergie.
le rayonnement synchrotron peuvent désormais atteindre une taille
de faisceau de 1 µm au moyen d’un système de focalisation par len-
tilles elliptiques multicouches de Bragg-Fresnel ou de capillaires [115]
[116] [117]. Avec les nouvelles sources synchrotron, particulièrement
brillantes, en cours de développement, cette méthode devrait 2. Limites d’emploi
conduire, sans dommage pour l’échantillon, à des sensibilités
meilleures d’un ou deux ordres de grandeur que celles obtenues par
de la microsonde nucléaire
la méthode PIXE, surtout pour les éléments lourds (cf. Rayonnement
synchrotron et applications [P 2 700]). En effet, ces éléments ont des Pour les différentes méthodes de dosage utilisées avec une micro-
sections efficaces d’ionisation relativement faibles avec des protons sonde nucléaire, la sensibilité et donc la limite de détection locale sont
de quelques mégaélectronvolts, alors qu’ils peuvent être excités tributaires de la statistique de mesure. Le nombre d’événements
sélectivement par effet photoélectrique avec un rayonnement détectés étant proportionnel au nombre d’ions incidents, une statisti-
d’énergie adaptée à leur nature. Enfin, les échantillons peuvent être que convenable n’est atteinte avec un microfaisceau qu’au prix d’une
examinés sous pression, sans dégrader la qualité du faisceau. augmentation de plusieurs ordres de grandeur du nombre de charges
La microsonde ionique a aussi fait l’objet de développements reçues par unité de surface. Cela peut se traduire par des dommages
importants qui ont amélioré sa résolution latérale et sa quantitativité, susceptibles de fausser le résultat des mesures. Un gain sur l’efficacité
bien que les effets de matrice inhérents au principe même de la de détection ne permet que de repousser cette limite. Le mécanisme
méthode demeurent. Quelques nanosondes existent ayant pour des interactions particule-matière commence à être bien connu dans
objectif l’analyse d’objets de dimensions inférieures au micron [118]. le cas des faisceaux d’électrons. Il n’en est pas de même pour les fais-
L’analyse en profondeur n’est possible que par pulvérisation ionique ceaux d’ions légers ayant une énergie de l’ordre de quelques mégaé-
des couches successives de l’échantillon, aussi l’analyse est-elle lectronvolts. Plusieurs phénomènes peuvent être identifiés.
(0)
Microsonde Rayonnement Z ⭓ 11 ou
SXRF (3) électromagnétique Rayons X 100 µm 1 µm 5 µm 10−7 à 10−5 Semi-quantitative.
Z⭓3
Microsonde Rayons X et γ
Particules chargées Particules Quantitative.
nucléaire 1 MeV chargées Tous 1 à 10 µm 0,3 µm 5 nm 10−6 à 10−4 Isotopique possible.
Neutrons Défauts structuraux.
(1) DE : détection en énergie ; DL : détection en longueur d’onde. (4) SIMS : secondary ion mass spectroscopy [P 2 618].
(2) XPS : X-ray photoelectron spectroscopy [P 2 625] [P 2 626]. (5) LAMMA : laser microprobe mass analyzer [P 3 860].
(3) SXRF : synchroton-based X-ray fluorescence [P 2 695].
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 2 564 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
YP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pRUVT
R
résolution en profondeur, d’autre part, le taux de comptage maxi-
dominante. En reprenant les travaux de Talmon et Thomas pour les
mal admissible par la chaîne de mesure impose de travailler à très
électrons [119], plusieurs auteurs [120] [121] [122] ont tenté d’esti-
faible courant, rendant ainsi plus délicates les mesures de charge.
mer la température maximale atteinte par un échantillon mince,
placé sur un support refroidi et irradié uniformément. Très sensibles
aux conditions aux limites, ces estimations pouvaient varier de plu-
sieurs ordres de grandeur. Pour les échantillons massifs, le calcul
complet ne pouvait être effectué sans simplifications n’autorisant 3. Applications
que la détermination de limites supérieures et inférieures [123].
Des travaux récents ont levé ces ambiguïtés. Une avancée notable
Les applications de la microsonde nucléaire ont déjà été partielle-
a été obtenue grâce à la détermination expérimentale des échauffe-
ment présentées au paragraphe 1.5 de [P 2 563] en ce qui concerne
ments locaux, mesurés à l’aide de microthermocouples [124] [125]
les usages non analytiques. Une vue d’ensemble peut être trouvée
[126]. L’échauffement moyen suit les prévisions les plus simples, à
dans plusieurs articles de synthèse [130] [131] [132] [133] pour des
savoir une décroissance de la température inversement proportion-
domaines aussi variés que les sciences de la Terre, l’archéologie, les
nelle à la distance au faisceau. Pour un mauvais conducteur thermi-
sciences du vivant, les sciences de l’environnement, la microé-
que comme SiO2, des conditions types de mesure (α de 2 MeV,
lectronique et les sciences des matériaux. Nous nous contentons de
diamètre de faisceau 1 µm et intensité 100 pA) induisent un échauf-
résumer les principales applications et de les illustrer par quelques
fement moyen sous faisceau inférieur à 50 K. Le résultat majeur de
exemples.
ces travaux est la démonstration de la nécessité de prise en compte
des instabilités temporelles de l’intensité, la température atteinte
sous le faisceau pouvant alors être pendant de très brefs instants
beaucoup plus élevée que la moyenne. La stabilité de l’accélérateur 3.1 Art et archéologie
est donc un critère essentiel pour en limiter les effets.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur P 2 564 − 3
YQ
R
YR
Analyses de surface et de matériaux
(Réf. Internet 42383)
4– Analyse de nanomatériaux
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
YS
S
YT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
nTXPV
Techniques de caractérisation
des céramiques
1.
1.1
Composition chimique des matériaux céramiques .....................
Analyse chimique élémentaire globale...................................................
N 4 806 - 2
— 2
S
1.2 Composition élémentaire locale : la microanalyse ................................ — 3
1.3 Identification des phases.......................................................................... — 4
2. Caractérisation des surfaces ............................................................. — 6
2.1 Observation des surfaces......................................................................... — 6
2.2 Caractérisation chimique des surfaces ................................................... — 10
2.3 État de surface : mesure de la rugosité................................................... — 10
3. Comportement mécanique des pièces céramiques..................... — 11
3.1 Paramètres caractéristiques de la résistance mécanique ..................... — 11
3.2 Dureté et microdureté .............................................................................. — 13
3.3 Caractérisation thermomécanique .......................................................... — 13
4. Structure et microstructure des céramiques massives ............. — 14
4.1 Taille et orientation des grains ................................................................ — 14
4.2 Porosité et porométrie.............................................................................. — 17
4.3 Répartition des phases ............................................................................. — 18
5. Méthodes de caractérisation spécifiques aux poudres
céramiques.............................................................................................. — 19
5.1 Morphologie.............................................................................................. — 19
5.2 Surface spécifique .................................................................................... — 20
5.3 Taille des grains ........................................................................................ — 20
6. Caractérisations thermiques.............................................................. — 22
6.1 Paramètres thermiques ............................................................................ — 22
6.2 Tenue en température .............................................................................. — 23
7. Caractérisations électriques et électroniques .............................. — 25
7.1 Conductivité électrique............................................................................. — 25
7.2 Permittivité et pertes diélectriques.......................................................... — 26
8. Conclusion .............................................................................................. — 28
9. Glossaire .................................................................................................. — 28
Pour en savoir plus ......................................................................................... Doc. N 4 806
YU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
nTXPV
1. Composition chimique pas affectés par les liaisons chimiques ; chaque photon X est donc
caractéristique de l’élément dont il est issu.
des matériaux céramiques Les spectromètres utilisés pour analyser le rayonnement émis
par l’échantillon sont de deux types en fonction de l’analyseur :
– spectromètre à dispersion en longueur d’onde WDS (wave-
1.1 Analyse chimique élémentaire globale length dispersive spectrometry). Le détecteur WDS utilise la dif-
fraction des rayons X par les plans cristallins d’un monocristal
L’analyse chimique consiste à la détermination de la composition analyseur et les éléments sont identifiés en fonction de la longueur
élémentaire totale de l’ensemble de l’échantillon céramique à analy- d’onde ;
ser, mais également à la détection des traces lorsque la limite de – spectromètre à dispersion d’énergie EDS (energy dispersive
détection le permet. Les méthodes les plus couramment utilisées spectrometry). Ce type de détecteur est sensible à l’énergie des
sont les spectroscopies de fluorescence X, d’émission ou d’absorp- photons X et permet une analyse en énergie du rayonnement de
tion. fluorescence X. Ces spectromètres permettent une analyse rapide
du spectre complet, mais avec une résolution plus défavorable que
1.1.1 Spectrométrie de fluorescence X les spectromètres WDS.
L’analyse qualitative consiste au balayage en longueur d’onde
La spectrométrie de fluorescence X (FX, ou XRF pour X-ray
ou en énergie d’un large domaine angulaire et à l’identification des
fluorescence) est une technique d’analyse élémentaire qualitative
longueurs d’ondes ou de l’énergie des radiations émises par les
et quantitative des céramiques très utilisée. Son principe, détaillé
éléments présents. La préparation des échantillons n’oppose pas
aux articles [P 2 695] [P 3 795] [1] consiste à irradier par un rayon-
de difficultés particulières. Les échantillons se présentent sous
nement X l’échantillon à analyser. L’énergie des photons X inci-
forme de pastilles dont les surfaces sont polies de façon à offrir au
dents permet d’extraire les électrons des couches les plus proches
rayonnement une surface plane et lisse [P 2 695].
du noyau. Ensuite, les électrons des couches supérieures redes-
cendent sur les places vacantes afin que l’atome se désexcite. Ce L’analyse quantitative repose sur la détermination de la loi qui
processus s’accompagne de l’émission de photons X dont les lie l’intensité d’une raie de fluorescence émise par un élément à sa
énergies sont équivalentes aux différences d’énergies des niveaux concentration au sein de l’échantillon. La méthode la plus cou-
considérés et constituent ainsi le rayonnement de fluorescence X ramment utilisée consiste à comparer les intensités de l’échan-
détecté. Dans le cas des éléments de numéro atomique élevé tillon avec celles d’étalons de concentration connue. Lors d’une
(Z > 20) [1], les électrons des couches proches du noyau ne sont analyse quantitative, les principaux facteurs qui influent sur le
YV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
nTXPV
YW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
nTXPV
70 a c
Fe
60
50
Coups
40
30
b
20 Fe
Cu a
10
0
0 5 10
keV 200 nm
b 500 c
S
60 Ti Al
50 400
Coups
40 300
Coups
30
200
O Ti
20 O
Cu
10 Fe 100
Fe Cu
0 0
0 5 10 0 5 10
keV keV
Figure 2 – Spectres EDS sur des zones proches de l’interface substrat/dépôt pour un revêtement d’une suspension d’Al2O3-TiO2 (d’après [6])
La figure 2 présente l’étude par MET des différents spectres EDS représentation est effectuée en fonction de l’intensité X mesurée
effectués sur les lamelles d’un dépôt d’Al2O3-TiO2 réalisé par pro- (échelle de couleur à droite). On note sur la figure 4 que le maxi-
jection plasma d’une suspension [6]. Ainsi, le spectre (c) montre mum d’arsenic est localisé dans une couronne située à environ
que les lamelles claires sont constituées des éléments Al, Ti et O, 50 µm du bord du catalyseur (zone colorée en vert) et que cet élé-
alors que les plus sombres (spectre (b)) sont composées uni- ment est quasi absent du cœur (coloration bleu).
quement des éléments Ti et O. Le substrat est localisé par le
spectre (a). Les faibles pics de fer et de cuivre identifiés aux
spectres (a), (b) et (c) sont liés à la colonne du microscope et 1.3 Identification des phases
doivent donc être négligés.
Les techniques les plus couramment utilisées pour l’identification
des phases présentes dans une céramique sont la diffraction des
1.2.2 Profil de concentration rayons X (DRX) et la spectroscopie Raman. Ces deux techniques ont
La réalisation d’un profil de concentration nécessite le dépla- fait l’objet de nombreux articles [P 1 080] [P 1 085] [P 1 076] pour la
cement du faisceau d’électrons en spectrométrie EDS ou le dépla- DRX, et [P 2 865] et [RE 5] en ce qui concerne la spectroscopie
cement mécanique de l’échantillon en spectrométrie WDS. Le Raman.
principe est de mesurer la variation d’intensité caractéristique
d’un élément le long d’une ligne d’analyse. Le profil est générale- 1.3.1 Diffraction des rayons X
ment semi-quantitatif car le signal analysé est constitué de l’émis-
sion X de l’élément mesurée et du fond continu [P 886]. De la Le principe de la DRX repose sur l’interaction d’un faisceau inci-
même manière que pour la détermination de la composition ponc- dent de rayons X avec le matériau céramique. À chaque fois que la
tuelle, il faut prendre en compte le diamètre de la « poire » d’ana- condition de Bragg [équation (1)] est respectée, le faisceau est dif-
lyse et, par conséquent, les informations sont exploitables pour fracté majoritairement dans une direction donnée par chacune des
des distances supérieures au micromètre. La figure 3 présente le familles des plans réticulaires (h ,k , ℓ) :
profil de concentration réalisé sur la zone interfaciale de l’assem-
blage CuO2-Al2O3 . Ce profil met clairement en évidence la forma- n λ = 2d hk ℓ sin θ (1)
tion d’un oxyde mixte de type CuAlO2 [4] [5] pour des distances de
120 à 150 µm, ce qui permet la réalisation de l’assemblage. avec n un nombre entier, généralement 1,
λ longueur d’onde des rayons X,
1.2.3 Cartographie d hk ℓ distance interréticulaire d’une famille de plan (h ,k , ℓ) ,
La cartographie représente la répartition d’un ou plusieurs θ angle d’incidence des rayons X sur le solide.
éléments sur une surface d’analyse. Elle est obtenue par balayage On obtient alors un diagramme de diffraction où les pics corres-
de la surface par déplacement du faisceau d’électrons en EDS, ou pondent à des phases cristallisées. La caractérisation des céra-
bien par celui de l’échantillon en spectrométrie WDS. La figure 4 miques par DRX ne demande pas de préparation particulière des
donne la répartition de l’arsenic au sein d’un catalyseur à base échantillons. Cependant, dans le cas des poudres, il faut faire
d’alumine utilisé par l’industrie pétrolière pour la purification du attention à ne pas créer des orientations préférentielles des grains
pétrole [7]. Cette cartographie, obtenue par acquisition automati- lors du tassement de celle-ci sur le porte-échantillon, ce qui pour-
que de données, a été effectuée par microsonde de Castaing, les rait entraîner un effet de texture et ainsi fausser l’interprétation des
échantillons ont été polis et recouverts d’un dépôt de carbone. La diagrammes de diffraction [P 1 080].
YX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
nTXPV
Coups
Al
200
Cu
100
300 µm O
S
0
0 100 200
µm
Figure 3 – Profil de concentration en cuivre, aluminium et oxygène au travers de l’interphase de l’échantillon présenté à la figure 2 (d’après [4])
350
318 *
286
254
222
+
191 +
*
159
+ *
127 * +* +
* * *+ +
+ * * + *+ *
95 *+ + *
500 µm As Ka 20 kV 0 10 20 30 40 50 60 70 80
Angle 2θ (o)
Figure 4 – Cartographie X par microsonde de Castaing de la * Zircon : ZrSiO4 (01-070-9053)
répartition de l’arsenic au sein d’un catalyseur à base d’alumine + FexAlyO3 (04-005-8669)
utilisé dans l’industrie pétrolière
AlxFeySiz (00-045-1205)
L’identification des phases s’effectue par comparaison des dia- Figure 5 – Mise en évidence par DRX des phases constituant une
grammes de diffraction des rayons X avec la base de données poudre de céramique
internationale JCPDS (joint committee on powder diffraction
standards). La figure 5 illustre la caractérisation d’une poudre de
l’effet Raman [P 2 865] [RE 5]. On obtient ainsi un spectre de raies
céramique par DRX permettant d’identifier les différents composés
de diffusion Raman, dont les fréquences sont reliées aux vibra-
chimiques la constituant.
tions se produisant au sein de l’échantillon, et qui sont fonction
des distances et forces interatomiques, de la masse des atomes, et
1.3.2 Spectrométrie Raman de la structure cristalline dans laquelle ils sont engagés [P 2 865].
Cette technique optique permet ainsi d’identifier les phases d’un
Lorsqu’un échantillon est éclairé par une source lumineuse matériau, mais également leur degré de désordre et leur
monochromatique puissante (laser), une faible partie de la lumière texture [RE 5]. Elle est bien adaptée à l’étude des matériaux céra-
est alors diffusée avec un changement de longueur d’onde : c’est miques. En effet, elle est non destructive et ne demande aucune
YY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
nTXPV
1 000
5 000 2 000 Bout de craquelure
e
4 000 3 000
3 000 4 000
2 000 5 000
1 000 6 000
7 000
0 8 000
0
40
0 4
40
linique
35 35
5
% monoc
30 30
25 25
20 20
15 15
50 µm
S 10
0
1 000
5 000
4 000
(µ s
)
r
m
2 000
lu ve
Dis 3 000
tan 3 000
ue tra
ce
re
2 000
le l 4 000 Les cristaux se présentent en feuillets d’aspect lamellaire, ce qui résulte
aq au
ong 5 000
de 1 000 d’une orientation similaire des grains sous-jacents.
la nce
la c 6 000
raq
de ista
cr
uel 7 000 0
ure Figure 7 – Micrographie optique de la microstructure de surface
D
(µm 8 000
) d’un échantillon recouvert d’une couche de wüstite [8]
Figure 6 – Transformation de phase de la zircone induite par une La microscopie par transmission ne peut être utilisée que si
craquelure (extrait de [P 2 865]) l’échantillon est transparent aux longueurs d’onde utilisées. C’est
le mode employé en biologie par exemple, mais également dans
le cas de céramiques dites transparentes notamment les verres
préparation contraignante de l’échantillon, contrairement aux
dont le pouvoir réflecteur R est inférieur à 0,001 [10] [11].
méthodes de microscopie électronique. De plus, cette technique
permet d’analyser des volumes d’échantillon comparables aux La microscopie optique classique en réflexion ne permet d’obser-
dimensions des grains et inclusions (de l’ordre du µm) dans les ver que la morphologie de la surface (figure 7) et de mesurer, lors-
matériaux céramiques, ce que ne permet pas la diffraction des que le microscope est muni d’un repère gradué, la taille des grains
rayons X [P 2 865]. et celle des objets observés [R 6 714].
Un exemple d’utilisation de la microscopie Raman est l’étude de Cette méthode d’observation est généralement non destructive
la transformation de phase sous contrainte au sein de la zircone et ne nécessite aucune préparation particulière notamment pour
stabilisée. La figure 6 montre le spectre Raman à température les matériaux céramiques. Cependant, lorsque l’on veut révéler
ambiante de la structure tétragonale de la zircone stabilisée, ainsi l’existence de phases à la surface de l’échantillon, il est nécessaire
que celui de sa structure monoclinique, la transformation structu- d’avoir une surface plane et polie, et d’effectuer une attaque micro-
rale étant induite par apparition de contraintes mécaniques au sein graphique. La révélation de la microstructure de surface peut se
de la céramique. faire par différentes méthodes : thermique, bombardement
ionique ou chimique. En chauffant l’échantillon à température éle-
D’autres exemples d’applications aux céramiques sont présentés vée, les joints de grains se creusent par diffusion préférentielle ou
aux articles [RE 5] et [P 2 865]. par évaporation [9] [10], mais il y a possibilité également d’une
oxydation ménagée. Le bombardement ionique permet aussi, par
une vitesse d’abrasion différentielle suivant les phases, de révéler
la microstructure de surface [11]. De la même manière, les métho-
2. Caractérisation des des chimiques permettent l’attaque préférentielle des joints de
grains dont la composition est généralement différente des grains.
surfaces Lorsque la topographie de surface n’est pas suffisamment impor-
tante pour pouvoir l’observer directement en microscopie classique,
on utilise alors la microscopie optique interférométrique. Le prin-
cipe de cette technique [R 6 710] [R 6 712] [10] consiste à diviser en
2.1 Observation des surfaces deux le faisceau de lumière incident que l’on fait interférer, après
réflexion à la surface de l’échantillon. Cela permet d’amplifier les
2.1.1 Microscopie optique reliefs de surface et ainsi d’obtenir une image plus contrastée par
rapport à un microscope optique classique.
La microscopie optique est basée sur l’interaction entre une La microscopie optique est une technique d’analyse simple mais
onde lumineuse (électromagnétique) avec le matériau à limitée en matière de résolution (inférieure à 1 µm) et en champ
observer [R 6 710]. La réponse de ce dernier à cette excitation est (entre 0,2 et 2 mm) par la longueur d’onde utilisée. Dans de
la formation de l’image à l’aide d’un microscope optique (encore nombreux cas, et notamment les céramiques, elle est complétée
appelé microscope photonique) dont les différents éléments sont ou remplacée par la microscopie électronique où les électrons inci-
décrits dans les articles [R 6 710] [R 6 711]. Il existe deux modes dents ont une longueur d’onde beaucoup plus faible que la
d’observation en microscopie optique classique : la microscopie lumière visible et permet donc de meilleures résolutions et un tra-
par transmission et la microscopie par réflexion. vail à des grossissements 100 à 1 000 fois supérieurs.
QPP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
nTXPV
QPQ
S
QPR
Analyses de surface et de matériaux
(Réf. Internet 42383)
3– Analyse de céramiques
T
4– Analyse de nanomatériaux Réf. Internet page
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
QPS
T
QPT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
nmXPQU
Résumé : Les systèmes colloïdaux se réfèrent à des particules dispersées dans une
phase liquide. Leurs propriétés remarquables de stabilité et/ou de couleur ont suscité
T
depuis plusieurs siècles la curiosité des alchimistes qui ont développé de nombreuses pré-
parations dans des domaines aussi variés que ceux liés à la métallurgie ou à la médecine.
Le terme colloïde n’a pourtant été utilisé pour la première fois qu’en 1861 par le chimiste
britannique Thomas Graham qui caractérisa la dispersion de fines particules d’or respon-
sables de la coloration de certains rubis artificiels [1]. La première observation de systè-
mes colloïdaux fut réalisée en 1903, par le chimiste austro-hongrois Richard
Zsigmondy [2]. Ce chimiste a en effet conçu le premier ultra-microscope permettant d’ob-
server des particules de tailles inférieures à 400 nm dispersées dans un milieu aqueux.
Plus récemment, dans la deuxième moitié du vingtième siècle, les scientifiques ont pour-
suivi leur investigation avec des moyens de plus en plus performants tels que la microsco-
pie électronique. Il est alors devenu possible d’explorer la matière et les particules à
l’échelle nanométrique.
Aujourd’hui, les nanomatériaux suscitent plus que jamais l’intérêt des scientifiques de par
leur taille et leurs propriétés physico-chimiques. Ils sont désormais au cœur de ce que
certains scientifiques n’hésitent pas à qualifier de révolution technologique [3]. Dans ce
contexte, les enjeux liés aux outils d’investigation sont extrêmement importants. En
effet, pour comprendre et maîtriser la matière, il faut être capable de l’observer finement.
Ceci nécessite de disposer de techniques performantes non seulement en terme de réso-
lution en taille, mais également, en termes de précision, de vitesse d’acquisition des don-
nées, de pertinence et de complémentarité des données acquises. Dès lors, les dévelop-
pements analytiques de pointe représentent une réponse à ces exigences ainsi qu’aux
besoins exprimés dans des domaines d’applications aussi variés que la biopharmacie, la
médecine, l’électronique, l’énergétique ou l’environnement.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPQP
Toute reproduction sans autorisation du Centre Français d’exploitation du droit de copie NM 8 015 - 1
est strictement interdite. — © Editions T.I.
QPU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
nmXPQU
1. Les nanomatériaux Les hommes ont également de tout temps, de par leurs activi-
tés, produit volontairement (produits manufacturés) ou involon-
Les nanomatériaux (NM) ou nano-objets sont définis comme tairement des nano-objets (résidus de procédés de fabrication
des objets dont la taille dans au moins une de leurs dimensions ou conséquences de l’exploitation du sol et du sous-sol, par
est comprise entre 1 et 100 nm [4]. Parmi les nanomatériaux, on exemple). L’avènement des nanotechnologies participe égale-
peut trouver les nanofilms ou nanoplats (dont au moins une des ment à la production de nanomatériaux manufacturés de nature
dimensions est comprise dans cette gamme de taille), les nano- très variée (tableau 1). À base de carbone et/ou de métaux, ils
tubes (se référant à au moins deux de leurs dimensions) et les sont utilisés dans des domaines industriels très différents. Ainsi,
nanoparticules (leurs trois dimensions sont comprises entre 1 et les nanomatériaux font partie intégrante du quotidien de
100 nm). Cette terminologie est essentiellement employée en l’homme comme constituants de base de nombreux objets ou
sciences des matériaux. D’autre part, le terme colloïde décrit produits domestiques tels que les produits d’entretien, les vête-
toute entité dispersée dans un milieu et dont la taille est com- ments, les équipements sportifs et informatiques, les cosméti-
prise entre 1 nm et 1 mm dans au moins une de ses trois dimen- ques, certains médicaments et compléments alimentaires…
sions [5]. En sciences environnementales, les expressions parti- La dissémination des nanomatériaux manufacturés dans l’en-
cule colloïdale (1 nm-1 mm) et nanoparticule (1-100 nm) sont vironnement doit également aujourd’hui être considérée, d’au-
couramment utilisées, le plus souvent sans considération du tant plus que les quantités produites augmentent de façon expo-
nombre de dimensions [6]. nentielle [8] [12] [13]. Cette dissémination peut intervenir non
seulement durant la fabrication mais également lors de l’utilisa-
Compte tenu de ces définitions uniquement basées sur la
T
tion ou en fin de vie (recyclage, traitement) de matériaux en
taille, il est évident que tous ces termes peuvent définir de très contenant. Leur devenir environnemental reste cependant très
nombreux objets, de nature et de provenance très différentes. mal connu ; il est pourtant crucial de l’appréhender. En effet, en
La figure 1 illustre la grande variété des compartiments environ- s’accumulant dans le compartiment colloïdal décrit dans la
nementaux colloïdaux. figure 1, les nanomatériaux peuvent participer à la réactivité
Les colloïdes naturels peuvent être inorganiques, tels que les générale des entités y étant déjà présentes et modifier ainsi le
oxydes de fer ou de manganèse. Ils proviennent alors de l’altéra- fonctionnement et les propriétés du milieu [13].
tion des matériaux minéraux solides issus de la roche mère, des
processus d’érosion des sols et de réactions physico-chimiques
intervenant dans les eaux. La partie organique du compartiment
2. Pourquoi étudier les nanomatériaux
colloïdal peut contenir des êtres vivants, des macromolécules 2.1 Dans l’environnement et le vivant
issues du métabolisme des êtres vivants ou de l’altération de
débris végétaux et animaux [6] [7] [8] [9] [10]. Les colloïdes D’un point de vue environnemental, de par leur petite taille,
sont ainsi omniprésents dans l’environnement, air, eau ou sol. leur surface spécifique parfois importante et leur ubiquité, les
Par exemple, dans l’atmosphère d’un site forestier, des nanopar- colloïdes jouent un rôle majeur dans les cycles biogéochimiques
des éléments [4] [7] [8] [10]. Quelle que soit leur origine, la
ticules ou particules ultrafines (taille d’environ quelques nano-
taille et la forme déterminent leurs propriétés bio-physico-chimi-
mètres) ont été détectées, avec des concentrations de 103 à
ques et apparaissent être des facteurs clés dans leur mobilité et
104 particules cm–3 et des vitesses de formation de 0,01 à
leur réactivité, en particulier aux interfaces avec le vivant [8].
10 particules cm-3 · s-1 [11]. Dans d’autres compartiments, tels Deux articles scientifiques de synthèse mettent clairement en
que les eaux souterraines et interstitielles, leurs concentrations évidence l’importance du transport des contaminants chimiques
peuvent être relativement importantes. Les eaux d’aquifères et/ou biologiques par les colloïdes [9] [14]. Parmi les exemples
peuvent, par exemple, contenir jusqu’à 5 % de particules argi- donnés par les auteurs, les colloïdes peuvent être eux-mêmes
leuses de taille inférieure à 2 mm [9]. des contaminants ou être considérés comme participant au
transport de contaminants. Ainsi, des bactéries ou des fibres
d’amiante ont pu migrer de plusieurs centaines de mètres dans
Dissous Colloïdal Particulaire des aquifères ; des substances humiques, dont la forte affinité
pour les métaux lourds et les actinides est connue, se sont éga-
Aminoacides lement déplacées très rapidement dans ce même type de
Protéine milieux. Les auteurs soulignent la nécessité d’identifier les vec-
Organiques
Ions
Oxyhydroxydes Carbonate, phosphate
lisés, stockés dans le matériel cellulaire (mitochondries par
hydratés exemple) et être à l’origine d’une réponse toxique de l’organisme
de Fe
vivant. Les effets dépendent essentiellement de leur taille et de
Oxydes de Mn leur surface spécifique [4] [15]. D’après Nowack et Bucheli [8],
les « particules de petite taille et de grande surface spécifique »
SiO2
sont à l’origine de stress oxydants et génèrent des espèces oxy-
dantes très réactives qui peuvent conduire entre autres à des
0,1 nm 1 nm 10 nm 100 nm 1 µm 10 µm 100 µm
phénomènes d’inflammation. Les nanoparticules « ultrafines »
Taille peuvent migrer dans l’organisme vivant et, comme dans l’envi-
ronnement, être les vecteurs de transport de contaminants chi-
Figure 1 – Positionnement des colloïdes naturels (gris clair) miques adsorbés à leur surface. Les effets toxiques sont alors
dans le continuum de taille environnemental (d’après [6], [7]) accrus du fait de la toxicité des contaminants chimiques [8]. Au
NM 8 015 - 2 Toute reproduction sans autorisation du Centre Français d’exploitation du droit de copie
est strictement interdite. — © Editions T.I.
QPV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
nmXPQU
Exemples Applications
À base de carbone Nanotubes (NTC) simples ou fonctionnalisés Automobile, aéronautique, sport, électronique, textiles,
plastiques…
À base de métaux Nanopoudres d’oxydes métalliques TiO2, ZnO : filtres/absorbants UV dans les crèmes solai-
res, polymères et textiles
niveau moléculaire, les effets induits par les nanomatériaux et distribution et/ou les caractéristiques attendues de la produc-
identifiés à ce jour sont en relation avec l’ADN et les protéi- tion [16]. Au travers de cet exemple et de beaucoup d’autres, il
nes [4]. Au travers de ces différents exemples, il est indéniable est évident, compte tenu de la complexité des procédés d’élabo-
que la caractérisation des nanomatériaux est aujourd’hui incon- ration, que les nanomatériaux manufacturés doivent absolument
tournable. D’un point de vue environnemental, il est en particu- être caractérisés.
lier essentiel de prendre en compte le continuum de taille entre
la phase dissoute et la phase particulaire pour mieux maîtriser le
devenir et l’impact sur la qualité d’un milieu des nanomatériaux 3. Caractérisation des nanomatériaux
et des contaminants associés. La caractérisation des nanomatériaux implique la détermina-
tion de plusieurs paramètres physico-chimiques :
2.2 Dans le milieu industriel
— la taille et/ou la masse et la forme. La distribution en taille
Aujourd’hui, les industriels cherchent à fabriquer plus petit, et/ou en masse peut également être essentielle, du fait de la
pour disposer d’outils moins chers, plus robustes, plus légers ou polydispersité des échantillons et/ou du besoin d’évaluer le
plus rapides, d’où l’essor des nanotechnologies. Pour les objets degré de cette dernière ;
dont les dimensions sont de l’ordre du nanomètre ou de quel-
— le taux d’agrégation/agglomération ;
ques dizaines de nanomètres et qui approchent l’échelle ato-
mique, les propriétés quantiques des atomes composant la — les propriétés de solubilité ;
matière deviennent prépondérantes [3]. Il est alors possible de — les propriétés de surface (charge, surface spécifique…) ;
jouer sur les états quantiques de la matière pour élaborer des — la structure (cristalline, amorphe…) ;
matériaux aux qualités optiques, catalytiques, mécaniques, — la composition chimique (éléments, groupements
magnétiques, thermiques ou électriques, incomparables. Dans fonctionnels) ;
ces jeux de construction, les nanomatériaux sont à la fois des
— la concentration (en milieu dispersé).
éléments de base et des pièces maîtresses. Maîtriser parfaite-
ment leurs procédés de synthèse ainsi que leurs dimensions et La plupart des techniques utilisées pour déterminer ces para-
leur composition est donc un enjeu crucial, d’autant plus que les mètres requièrent une mise en suspension des particules dans
procédés d’élaboration ne conduisent jamais directement à l’ob- un solvant. Dans les études environnementales, le solvant est
tention du matériau pur. Par exemple, dans les cas des nanotu- généralement de l’eau. Pour la caractérisation de nanomatériaux
bes de carbone (NTC), le matériau brut obtenu est un mélange manufacturés, le solvant, le plus souvent aqueux, peut aussi être
de nanotubes plus ou moins « en pelote » et d’impuretés organique. Par exemple, les fullerènes et plus largement les
comme des nanoparticules de carbone amorphe et des particules nanomatériaux carbonés peuvent être mis en suspension dans
de métal utilisées comme catalyseurs [16] [17]. Différents trai- du toluène [12]. Dans ces conditions, l’obtention de suspensions
tements basés sur des mélanges d’acides et des procédés d’oxy- stables et ne dénaturant pas les nano-objets est cruciale pour la
dation sont utilisés pour éliminer ces résidus. D’autres traite- qualité et la fiabilité des informations obtenues. Cependant, bien
ments à base d’ultrasons sont également employés pour que des travaux soient en cours dans le cadre de projets euro-
disperser les NTC et supprimer les enchevêtrements de nanotu- péens et internationaux, à notre connaissance aucune étude
bes. Ces traitements post-synthèse peuvent modifier la exhaustive n’a encore abouti au développement et à la validation
Toute reproduction sans autorisation du Centre Français d’exploitation du droit de copie NM 8 015 - 3
est strictement interdite. — © Editions T.I.
QPW
T
QPX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pYPP
mantes. Pendant longtemps, les nanostructures telles que les transistors, les
vannes de spin, les LED étaient structurées en deux dimensions en densité
croissante sur les substrats de silicium (wafers). Aujourd’hui, l’industrie de la
QPY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pYPP
Ion
Le principe de la sonde atomique tomographique repose sur Impact
l’ionisation et l’évaporation par effet de champ [1] [2] des ato- X, Y, tvol
Échantillon
mes situés à la surface d’un matériau.
Point de θ'
projection P θ
L’échantillon taillé sous la forme d’une fine pointe est porté à un mR C
potentiel V positif élevé de plusieurs kilovolts (figure 1). Le champ
électrique ainsi généré au bout de la pointe est de la forme :
R~ L
G=
E = V /β R (1) 50 nm (b) (M + 1)R
E Q (E ) E
Q (E ) = Q0 f (3) ∝ 1− (4)
Es Q0 Es
QQP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pYPP
T
image 3D à l’échelle atomique de la répartition des espèces émis un ion θ′ est proportionnel à l’angle θ. Le grandissement G
chimiques dans le petit élément de volume analysé est voisin du rapport entre la distance de la pointe au détecteur
(100 × 100 × 100 nm3) et donne de manière quantitative la spatial et le rayon de courbure de la pointe (théorème de Thales).
composition dans une petite zone arbitraire du volume ana- La position (X, Y) des impacts ioniques sur le détecteur permet
lysé. Cette imagerie subnanométrique est un outil qui joue donc de remonter à la position (X/G, Y/G) qu’occupaient les ato-
aujourd’hui un grand rôle en sciences des matériaux dans mes sur l’extrémité hémisphérique de l’échantillon.
l’étude de la précipitation ou de la ségrégation sur les défauts
cristallins. Plusieurs industriels de la métallurgie ou de l’éner-
gie nucléaire disposent déjà de cet appareil. La sonde atomique tomographique est donc une sonde
unidimensionnelle à laquelle est intégré un détecteur sensible
Les premiers prototypes, issus des laboratoires académi- à la position et résolu en temps à la nanoseconde près.
ques, sont nés fin des années 1980 à Oxford, à Oak Ridge
(USA) et à Rouen (GPM, France). Le prototype français, la
sonde atomique tomographique TAP (Tomographic Atom
Probe ), a été commercialisé par CAMECA (Genevilliers, 2. Identification chimique
France) dès la fin des années 1990.
Depuis, d’autres instruments plus évolués sont apparus,
des ions
augmentant progressivement les performances de l’appareil. Les ions positifs An+ produits par évaporation par effet de champ
Ainsi, une nouvelle génération d’instrument a vu le jour à Madi- sont projetés depuis la pointe par le champ électrique intense de
son (USA) au début des années 2000. Cet instrument appelé surface. Les ions sont accélérés en suivant sensiblement les lignes
LEAP (Local Electrode Atom Probe ) repose sur l’utilisation d’une de champ vers un détecteur sensible à la position et résolu en temps
électrode locale d’extraction rendant ainsi possible l’analyse de (figure 2). L’énergie cinétique acquise est de la forme :
volumes d’analyse bien plus importants atteignant de manière
routinière environ 100 × 100 × 100 nm3) et des vitesses d’ana- Wc = n eV
lyse inégalées. Il est aujourd’hui commercialisé par CAMECA
société Française du groupe AMETEK qui est aujourd’hui la avec n état de charge,
seule société commercialisant la sonde atomique 3D. e charge de l’électron).
Dès 2004, la sonde atomique a connu un développement Elle est de plusieurs keV. Le temps de vol des ions tvol nous ren-
majeur, avec l’utilisation d’impulsions laser ultrabrèves pour seigne sur la nature chimique des ions. On parle alors de
éplucher la matière. Cela a permis l’analyse des matériaux spectrométrie de masse à temps de vol. Les ions les plus légers,
peu ou non conducteurs de l’électricité et a étendu le champ c’est-à-dire les plus rapides, arrivent en premier sur le détecteur.
d’application de la technique aux semi-conducteurs et oxydes,
L’énergie cinétique étant acquise dans les premiers micromètres
qui sont des matériaux clés de la spintronique, de la photoni-
du vol, le rapport masse sur charge (m/n) est déduit de l’équation
que ou de la microélectronique.
de conservation de l’énergie et de la mesure du temps de vol :
Avec l’augmentation continue des densités d’intégration des
circuits intégrés (loi de Moore, barrière de Fourier) et la diminu- 2
tion consécutive de la taille des transistors (≈ 22 nm en 2011), la M t
≈ 2eV vol (6)
sonde atomique tomographique SAT (Atom Probe Tomogra- n L
phy APT) devient un outil indispensable pour imager la distri-
bution 3D des dopants dans les dispositifs microélectroniques. avec e charge de l’électron,
M/n en unité de masse atomique (uma) ou en Dalton (Da),
M masse de l’ion mesurée par temps de vol,
Pour une température non nulle, les vibrations du réseau
cristallin sont suffisantes pour permettre le passage par saut de la V en KV.
barrière d’énergie existant en surface. Le processus est donc
thermiquement activé et la vitesse d’évaporation Ke (fréquence Le temps de vol pour une distance de vol L de 10 cm est d’une
d’évaporation pour un atome par unité de temps) croît de manière fraction de µs.
QQQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pYPP
T
par l’application d’une impulsion de champ électrique ;
– soit en augmentant la température par une impulsion
Électrode locale thermique créée par une impulsion laser femtoseconde.
W0 = e (V0 + Vp )
Figure 2 – Schéma de principe d’une sonde atomique
à électrode locale LEAP
avec Vp amplitude de haute tension superposée à V0.
Il existe un déficit en énergie δW = eδV qui se traduit par une
La mesure du temps de vol impose bien sûr de connaître l’instant dispersion en temps de vol (traîne derrière les pics de masse). De
de départ des ions. Le top départ est donné par une impulsion pro- plus, le potentiel électrique près de la pointe varie pendant le vol
voquant l’évaporation alors qu’un détecteur donne le top arrivée. des ions, ce qui accentue encore la dispersion mesurée (effets
Ces impulsions (électriques ou laser) sont répétées périodiquement dynamiques). La conséquence est une détérioration de la
(10 kHz à 1 MHz selon l’instrument). L’échantillon est maintenu à un résolution en masse (δM/M ≈ 1/300).
champ continu E0 au-dessous du champ d’évaporation Es en sorte
qu’aucun atome ne s’évapore entre chaque impulsion appliquée. Deux technologies permettent néanmoins d’améliorer sensible-
C’est la condition pour permettre des mesures quantitatives de ment la résolution en masse en mode électrique.
composition. Le rendement d’ionisation est de 100 %, tous les ions Dans la technologie LEAP (figure 2), l’évaporation est provoquée
étant éjectés de la surface quelle que soit leur masse. par des impulsions négatives appliquées à une électrode annulaire
(ouverture ≈ 50 µm) placée à environ 50 µm de la pointe [4]. Les ions
traversent le dispositif pendant un temps bien plus court que la
durée de l’impulsion, ce qui réduit les effets dynamiques de
3. Mode d’évaporation dispersion en énergie. De plus, la présence de cette contre-électrode
et résolution en masse augmente localement le champ électrique pour une même tension
appliquée. Des impulsions électriques moins intenses et de
meilleure qualité sont utilisées (durée de l’ordre de la nanoseconde).
Une bonne précision sur le temps de vol et sur l’énergie acquise
Comme dispositifs de compensation en énergie, des miroirs
par l’ion permet d’obtenir une excellente mesure du rapport masse
électrostatiques peuvent être adaptés pour améliorer la résolution
m sur charge n de l’ion émis. L’important est bien sûr de séparer
spectrale (figure 3). On atteint une résolution en masse δm/m de
deux pics de masse proches.
l’ordre de 1/1000. Le prix à payer est une réduction de la
Exemple : dans un alliage FeMn, le Mn2+ transparence du dispositif (grille sur les trajets des ions qui filtre
55 (M/n = 27,47) est
environ 40 % des ions pouvant atteindre le détecteur).
détecté entre deux isotopes du Fe Fe254+ = 26, 97, Fe256+ = 27, 97) .
Le réflectron est un dispositif électrostatique de compensation
Afin de distinguer tous les pics, leur largeur doit être inférieure à des déficits en énergie. Les ions entrent dans une zone de champ
0,5 Da, soit une résolution relative d’environ 1,8 % électrique qui retourne les trajectoires ioniques vers le détecteur
(δM/M = 0,5/27,47). comme dans un miroir. Les ions sans déficit d’énergie sont retour-
QQR
Analyses de surface et de matériaux
(Réf. Internet 42383)
3– Analyse de céramiques
4– Analyse de nanomatériaux
U
5– Analyse de matériaux de construction Réf. Internet page
Nouvelle méthode d'échantillonnage des COV émis par les matériaux de construction IN112 123
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
QQS
U
QQT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSVVP
Analyse et caractérisation
de matériaux de construction
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 660 − 1
QQU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSVVP
U
pertinente et significative.
Les méthodes qui sont décrites ci-après tentent de répondre à ces prémisses,
famille par famille de matériaux. Si les paragraphes sont de longueur inégale
c’est que l’utilisation des méthodes décrites est plus ou moins courante, voire
remplacée par une autre procédure dans le plan qualité considéré. C’est le prin-
cipe de complémentarité énoncé plus haut qui s’applique ici.
Nota : à propos du référentiel normatif, il faut préciser que l’activité déployée depuis une dizaine d’années par la normalisa-
tion européenne des produits de construction est considérable et arrive au point où de nouvelles normes sont publiées actuel-
lement à un rythme très soutenu. Les références citées dans l’article en [Doc. P 3 660] sont donc datées et devront être
actualisées autant que de besoin.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 660 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
QQV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSVVP
1. Matériaux d’origine Pour les gravillons, elle est testée selon la norme P 18-591 et cor-
respond à une absence de matières terreuses, d’argiles et de pous-
essentiellement minérale sières provenant du concassage.
1.1.1.2 Caractérisation
U
Les spectromètres utilisés comportent tous une source lumineuse
(SAA) ou une source d’excitation (ICP et SFX), un monochromateur,
Tableau 1 – Classification des granulats en fonction un système de comptage et très souvent un micro-ordinateur pour
de leur composition l’acquisition et le traitement des données.
(teneurs en % massique) Ces méthodes physiques sont des méthodes comparatives qui
nécessitent des étalonnages réalisés soit à partir de matériaux éta-
SiO2 CaO Al2O3 lons de composition connue avec précision, soit à partir de
mélanges synthétiques préparés avec des produits de pureté analy-
Siliceux 70 à 90 0,1 à 1 1 à 10
tique ou bien encore en utilisant des solutions prêtes à l’emploi. Ces
Silico-alumineux 50 à 70 1à5 10 à 25 étalons servent à l’établissement de courbes d’étalonnage qui per-
mettent de déterminer la concentration de l’élément dans le produit
Silico-calcaires 15 à 20 15 à 30 3 à 10
à analyser.
Calcaires 2 à 10 30 à 50 0,5 à 2
Pour les méthodes SAA et ICP, les analyses sont réalisées après
mise en solution des matériaux. Par contre, pour la SFX, les analy-
ses sont effectuées directement sur les perles réalisées à partir de
Les différentes teneurs peuvent être déterminées en laboratoire fusions aux borates alcalins.
par diverses méthodes d’analyses. Les méthodes décrites au para- ■ Analyse élémentaire par voie chimique
graphe 1.1.1.2.1 sont utilisables pour obtenir des analyses complètes
des granulats. Parmi les méthodes chimiques utilisées en analyse, on peut citer
la gravimétrie, la complexométrie et la volumétrie. Cependant, ces
La formulation de bétons spécifiques a entraîné l’apparition de diverses méthodes sont de plus en plus abandonnées au profit des
granulats spéciaux qui sont essentiellement de deux types : méthodes physiques. De ce fait, elles ne seront que fort peu
— des granulats légers, utilisés pour la confection de bétons développées dans ce document.
légers de structure, de chapes ou d’isolation. Les granulats les plus
usuels sont à base d’argile ou de schiste expansés (NF P 18-309) ou 1.1.1.2.2 Analyse minéralogique
de laitier expansé (NF P 18-307). Leurs masses volumiques varient
entre 400 et 800 kg/m3 et permettent d’obtenir des bétons de masse Elle a pour objet l’identification et le dosage des minéraux consti-
volumique comprise entre 1 200 et 2 000 kg/m3. Les bétons d’isola- tutifs du matériau. Son processus est très différent de celui de l’ana-
tion peuvent faire appel à des granulats comme le polystyrène lyse chimique qui ne donne que la composition élémentaire des
expansé, le liège et la vermiculite ; matériaux, exprimée en oxydes, à l’exception de quelques cas où
— des granulats à hautes caractéristiques qui peuvent être soit les teneurs de certaines espèces minérales peuvent être calculées
des sous-produits de l’industrie soit des produits élaborés spéciale- directement à partir des données de l’analyse élémentaire (chloru-
ment suivant des critères spécifiques pour répondre à des besoins res alcalins, carbonates de calcium).
particuliers comme des bétons lourds, des bétons présentant une L’analyse minéralogique utilise les résultats de plusieurs métho-
forte résistance à l’usure ou des bétons réfractaires, en utilisant des des instrumentales qui sont utilisées pour caractériser un minéral
granulats ayant cette particularité. par :
Les granulats et les sables doivent être propres. Cette propreté est — sa structure cristalline (répartition des atomes dans des
le garant d’une bonne adhérence avec les hydrates issus de l’hydra- réseaux géométriques), qui est mise en évidence par la diffraction
tation du liant et elle est traitée par la norme XP 18-540. Pour les de rayons X ;
sables, elle est déterminée par l’essai "d’équivalent de sable" selon — son réseau cristallin, qui peut être extrait du spectre de diffrac-
la norme P 18-598 et un essai au bleu de méthylène (P 18-592, P 18- tion de rayons X obtenu sur l’échantillon pulvérulent (méthode de
595). Debye et Scherrer) ;
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 660 − 3
QQW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSVVP
— sa teneur dans un mélange, qui peut être déterminée, dans 1.1.2.1 Classification des ciments et des chaux
certains cas par diffractométrie quantitative de rayons X, par les
méthodes dites de l’étalon interne, de l’étalon externe et d’addition ; 1.1.2.1.1 Ciments
les choix des raies et des étalons peuvent parfois poser des problè-
mes délicats dans le cas de composés comportant plusieurs miné- Les ciments se répartissent en cinq types selon la nature et la pro-
raux, ce qui entraîne une erreur relative souvent élevée sur les portion des constituants et sont régis par la norme NF P 15-301 :
résultats obtenus ; Ciments Porland : ................................... CPA-CEM I
— sa morphologie (taille et forme des particules), ainsi que ses Ciments Portland composés :................ CPJ-CEM II/A ou B
défauts (dislocation, joints de grains, etc.), qui peuvent être obser-
vés ou évalués par microscopies optique et électronique ; Ciments de haut-fourneau :................... CHF-CEM III/A ou B
— sa microcomposition élémentaire approchée, qui peut être CLK-CEM III/C
déterminée par l’analyse à la sonde électronique (dite sonde de Cas- Ciments pouzzolaniques :...................... CPZ-CEM V/A ou B
taing) ou au microscope électronique à balayage équipé d’un spec-
tromètre X soit à dispersion de longueur d’onde soit à dispersion Ciments au laitier et aux cendres :........ CLC-CEM V/A ou B
d’énergie ; La proportion des constituants autres que le clinker est donnée
— son comportement thermique (polymorphisme en fonction de par les lettres A, B et C.
la température, identification et dosage de certaines phases cristal- De plus, les ciments sont répartis en trois classes de résistance
lines et surtout amorphes, états de l’eau dans les hydrates), qui peut notées 32.5, 42.5 et 52.5 qui sont définies par la valeur minimale de
être mis en évidence principalement par analyse thermogravimétri- la résistance normale du ciment à 28 jours.
que (ATG) , par analyse thermique différentielle (ATD), par analyse
enthalpique différentielle (AED) et aussi par dilatométrie ;
1.1.2.1.2 Chaux
— les énergies de réaction, d’oxydation et de décomposition,
exprimées en variation d’enthalpie, qui peuvent être mesurées par Les chaux sont de deux types (NF P 15-312 et NF P 15-311) :
microcalorimétrie, par analyse enthalpique différentielle et même Chaux hydrauliques artificielles : .......... XHA
par analyse thermique différentielle. Les énergies de liaison intra-
moléculaires et interatomiques peuvent être révélées, dans certains Chaux hydrauliques naturelles : ........... NHL
■ Calcul minéralogique
1.1.2.2 Analyse chimique
L’analyse chimique des ciments et des chaux est destinée à la
L’analyse minéralogique précédemment décrite peut être rempla- détermination soit de leur composition élémentaire, soit de leur
cée par une composition minéralogique quantitative obtenue en composition minéralogique. Elle permet notamment :
combinant l’exploitation rationnelle des résultats de l’analyse chimi- — de déterminer la composition des crus de cimenterie utilisés
que et des méthodes physiques (diffraction de rayons X, ATD, pour la fabrication de ciments d’une qualité requise ;
ATG, etc.) et en informatisant le calcul suivant Deloye [1, 2]. Ce
— de juger de la conformité d’un produit fini ;
calcul minéralogique aboutit à une plus grande justesse et à une
rapidité supérieure pour l’établissement de la composition minéra- — de prévoir l’utilisation rationnelle des matériaux.
logique d’un matériau. Les ciments Portland, les chaux et les laitiers se dissolvent dans
les acides forts même dilués. Par contre, les fumées de silice, les
La masse d’échantillon nécessaire est de l’ordre de 10 g. La limite cendres volantes et les pouzzolanes ne sont que très partiellement
de détection et la précision des dosages varient en fonction des solubles dans les acides forts. Leur mise en solution est effectuée au
espèces minérales présentes de 0,5 à 5 %. moyen d’une fusion selon le paragraphe 1.1.1.2.1.
Les méthodes chimiques constituent la base de l’analyse norma-
tive (NF EN 196-2) des ciments et des composés apparentés (clinker,
1.1.2 Ciments, chaux, laitiers, cendres volantes, laitiers, etc.). Les techniques utilisées sont la gravimétrie, la volumé-
fumées de silice et pouzzolanes trie et la photométrie.
Les méthodes physiques sont de plus en plus employées et, de
Les ciments usuels contiennent du clinker et ce dernier est issu de plus, elles ont fait la preuve qu’elles donnent des résultats équiva-
la cuisson à haute température (1 450 °C) dans des fours rotatifs lents aux résultats des méthodes de références (méthodes chimi-
d’un mélange de calcaire et d’argile dans des proportions proches ques).
de 80 % - 20 %. Du sulfate de calcium, essentiellement sous forme
Les trois méthodes utilisées sont la fluorescence X (P 15-467) et
de gypse (CaSO4, 2 H2O), est ajouté au clinker en faible quantité
les spectrométries SAA et ICP dans les mêmes conditions que pour
pour réguler la prise.
les granulats. Pour les ciments et apparentés, l’analyse peut être
Les chaux hydrauliques peuvent être soit naturelles soit artificiel- effectuée tant sur la solution provenant d’une attaque acide que sur
les. la solution issue d’une fusion.
Pour tous ces matériaux, l’analyse élémentaire consiste à déte-
Les laitiers sont des scories fondues issues de la fusion du mine- rminer les éléments tels que le silicium, l’aluminium, le calcium, le
rai de fer dans un haut-fourneau. magnésium, le fer, le titane, le sodium, le potassium. Les résultats
Les cendres volantes sont des poussières fines produites par des sont exprimés en oxyde correspondant. D’autres déterminations
centrales thermiques brûlant du charbon pulvérisé. sont réalisées comme la perte au feu, la teneur en résidu insoluble,
en sulfates, en soufre et en chlorures.
Les fumées de silice sont des sous-produits de la fabrication du L’analyse thermogravimétrique doit être préférée à la simple cal-
silicium métallique et de divers alliages ferrosiliceux. cination à 1 000 °C car elle permet de quantifier l’eau, le CO2 et
éventuellement des matières organiques.
Les pouzzolanes sont des matières naturelles issues des volcans.
Elles sont formées d’une partie bien cristallisée et d’une partie Pour les ciments, il est possible de calculer, à partir de l’analyse
vitreuse qui est la phase réactive. chimique élémentaire, une composition minéralogique potentielle
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 660 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
QQX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSVVP
(c’est-à-dire celle qui serait atteinte à l’équilibre) selon la formule de Les sulfates, présents à des teneurs supérieures à celles tolérées
Bogue [5]. Selon la notation cimentière, on pose : pour les eaux potables (250 à 350 mg par litre exprimés en SO 42− ),
risquent d’entraîner avec certains ciments la formation de sulfoalu-
C = CaO S = SiO2 A = Al2O3 F = Fe2O3 minate tricalcique qui, cristallisant avec trente-deux molécules
S = SO 3 H = H 2O C = CO 2 d’eau, est expansif et peut provoquer des gonflements dans les
bétons. De telles eaux sont dites séléniteuses.
On calcule alors les teneurs en C3S, C2S, C3A, C4AF et chaux libre L’excès de magnésie libre présente le danger de sa substitution
pour le clinker, augmentées de celles en gypse et en calcite d’éven- possible au calcium dans les cristaux qui se forment au cours de la
tement pour le ciment. prise.
Le dosage de l’alumine est particulièrement important dans le cas Les chlorures au-dessus du seuil de 250 mg/L peuvent entraîner la
des ciments Portland, étant donné que les valeurs trouvées peuvent corrosion des armatures métalliques.
être utilisées pour le calcul de la teneur en aluminate tricalcique C3A Les matières organiques telles que les tensioactifs et les acides
suivant Bogue, pour les ciments prise-mer. Ce calcul donne en effet humiques et fulviques peuvent provoquer un ralentissement ou une
la teneur potentielle du ciment en C3A par opposition à la diffracto- inhibition de la prise. Des teneurs supérieures à 0,1 % constituent
métrie quantitative de rayons X qui atteint les phases minéralogi- une limite à ne pas dépasser.
ques cristallisées réellement présentes (substitutions atomiques
comprises). Il s’ensuit, en particulier pour C3A, des écarts possibles Le pH des eaux de gâchage ne devra pas être inférieur à 5, car en
entre les valeurs obtenues soit selon Bogue soit par la DRX. dessous de ce seuil, elles peuvent être considérées comme acides
tant vis-à-vis du béton que des armatures.
U
de baryum (NF T 90-009) ;
gypse plâtre — le magnésium et le calcium sont déterminés par absorption
atomique (SAA) [NF T 90-005) ;
Ce liant bon marché, à prise rapide, assure également une bonne — les ions chlorure sont dosés par une solution de nitrate
protection contre le feu. d’argent (NF T 90-014) ;
— les hydrocarbures peuvent être dosés par spectrométrie infra-
Actuellement, les installations industrielles produisent essentiel- rouge (T 90-114) ou par chromatographie en phase gazeuse après
lement du semi-hydrate β. Les plâtres sont utilisés en construction une extraction par un solvant approprié.
comme enduits tant intérieurs qu’extérieurs, ainsi que pour la
réalisation de cloisons, plaques de parement, etc. Il est également possible de doser les principaux anions inorgani-
ques (chlorures, nitrates, sulfates,...) par chromatographie ionique.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 660 − 5
QQY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSVVP
ciment et des granulats. Ces produits ne sont pas à proprement par- mettent en solution le ciment et les granulats calcaires, en altérant
ler des adjuvants car ils sont pulvérisés à la surface du matériau, où au minimum les autres granulats [2] ;
ils forment un film continu imperméable qui s’élimine de lui-même — un dosage de la silice soluble : dès 1926, Florentin a choisi
après quelques semaines. Ce sont essentiellement des émulsions comme traceur la silice soluble du ciment. Son dosage est effectué
aqueuses ou des solutions organiques de résines, de cires, de paraf- soit par gravimétrie soit par les méthodes physiques (SAA ou ICP)
fines ou de caoutchouc chloré, avec parfois quelques pour-cent de après une attaque du béton par un acide fort dilué (HCl ou HNO3)
charge minérale. 1:50 [2] ;
Ces produits sont caractérisés par les essais suivants : — une désagrégation du béton par un traitement thermique suivi
d’un tamisage et de l’analyse chimique des différentes fractions.
— analyse infrarouge selon NF P 18-370 (Annexe A) ;
— détermination de l’extrait sec selon NF EN ISO 3251 ; Le principe de la méthode du Cembureau [4] consiste à admettre
— détermination du taux de cendres selon NF T 30-012 ; que la fraction inférieure à 63 µm est uniquement constituée par les
— détermination du temps d’écoulement selon NF EN ISO 2431. hydrates du ciment déshydraté. L’analyse chimique est effectuée
après une mise en solution par une attaque par HCl (1:5) à froid
(entre 0 et 5 °C).
La méthode du CETIC [2] peut être considérée comme une
1.2 Coulis, mortiers et bétons variante allégée de la méthode du Cembureau car elle repose sur le
dosage de la silice soluble de la fraction inférieure à 80 µm après
une attaque de cette dernière par HCl au voisinage de 0 °C.
1.2.1 Définitions
1.2.2.2 Analyse minéralogique
Un coulis est un mélange de ciments, d’eau et d’adjuvants.
Un mortier est un mélange de liant, de sable, d’eau et éventuelle- Comme dans le cas des granulats, elle a pour but d’identifier et de
ment d’adjuvants. Le liant utilisé peut être du ciment (mortiers de quantifier les phases cristallisées contenues dans le béton, appor-
ciment), de la chaux ( mortiers de chaux) ou un mélange de ciment tant ainsi des éléments qui permettront de reconstituer l’histoire du
et de chaux (mortiers bâtards). béton depuis sa mise en place jusqu’au moment du prélèvement.
Le béton est un mélange de granulats (sables, gravillons ou Cependant, l’interprétation des résultats obtenus n’est pas tou-
jours facile et Deloye a développé une méthode d’interprétation
U
cailloux), de ciment, d’eau et éventuellement d’adjuvants [27].
informatique [2, 6], nommée calcul minéralogique qui, par l’examen
Les coulis et les mortiers sont donc des cas particuliers − plus sim- des bilans chimico-minéralogiques, permet de mettre en évidence, à
ples − du béton. Dans la suite, seul le vocable béton apparaîtra. la vue de teneurs déficitaires ou excédentaires en certains éléments,
des phénomènes de dégradation du béton dus à des agressions
extérieures en dehors du seul vieillissement.
1.2.2 Caractérisation des bétons durcis
■ Principe du calcul minéralogique
Les dosages respectifs des constituants du béton varient en fonc- Le calcul d’une composition minéralogique quantitative a pour
tion des propriétés mécaniques exigées. À titre d’exemple, un béton but d’établir celle-ci à partir de la composition minéralogique quali-
d’ouvrage d’art est dosé à environ 1 100 kg de gravillons, 700 kg de tative (diffraction de rayons X) et de l’analyse chimique élémentaire
sable, 350 à 400 kg de ciment et 130 à 200 litres d’eau par m3. de l’échantillon, le tout étayé par des données quantitatives annexes
L’ajout d’adjuvants, généralement en très faible quantité (infé- données par l’ATG par exemple.
rieure à 5 % par rapport au poids de ciment), permet d’améliorer En partant du principe qu’aucune espèce minérale inconnue
certaines caractéristiques des bétons. n’existe dans un béton sain, on peut postuler a priori une composi-
tion minéralogique quantitative dite « virtuelle » fondée sur le
1.2.2.1 Teneur en ciment découpage entraîné par une attaque à l’acide nitrique (tableau 2).
Initialement, l’analyse du béton durci avait principalement pour
but de savoir si, lors de sa fabrication, le béton contenait la teneur
requise en ciment. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le
béton durci n’est pas un matériau inerte. Qu’il soit le constituant
Tableau 2 – Découpage entraîné par une attaque
d’un édifice, d’un ouvrage d’art, d’une chaussée ou d’une canalisa- à l’acide nitrique
tion, il subit des contraintes et l’épreuve du temps dans le milieu Ciment anhydre
plus ou moins agressif qui l’entoure. En fait, dans un béton durci, le
ciment n’est plus sous sa forme initiale, mais sous forme d’un Liant Eau d’hydratation
mélange de cristaux et de gels issus de l’hydratation du ciment. CO2 de carbonatation
L’analyse du béton durci cherche à dépasser le seul stade du dosage
en ciment pour aider à comprendre le devenir du liant, des granulats Insoluble siliceux
et de l’eau dans le matériau au cours du temps. Granulats Calcite
Dans un béton, le ciment et les granulats (siliceux, silico-calcaires
Dolomite
et calcaires) sont constitués pratiquement par différentes combinai-
sons des mêmes oxydes (silice, alumine, magnésie, chaux). Une
analyse globale du béton ne pourra pas renseigner sur la teneur en
ciment du matériau. Ce calcul est fondé sur la résolution d’un système d’équations
Les méthodes de dosage de ciment dans un béton durci utilisent linéaires comprenant en général plus d’équations (relation existant
soit : entre les différents oxydes dans chaque espèce) que d’inconnues
— une attaque par les acides : l’attaque idéale ne devrait faire (nombres d’espèces).
passer en solution que le liant et laisser intacts tous les granulats. Le fil conducteur consiste à construire les minéraux directement
Cette attaque idéale n’existe pas. Cependant, il existe des attaques dosés puis ceux pour lesquels une analyse chimique après attaque
sélectives par des acides faibles (salicylique ou picrique en milieu ménagée a permis de connaître la teneur en oxyde spécifique et
méthanol), ne mettant en solution que les silicates calciques, ou par enfin ceux dont les oxydes constitutifs n’ont pas été consommés
les acides forts très dilués (HCl ou HNO3) (1:50 soit 0.24 mol/L) qui dans les constructions précédentes.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
P 3 660 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation
QRP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
pSVVP
Le programme demande donc l’analyse chimique élémentaire du phase liquide, ou bien à la pyrolyse couplée à la chromatographie
béton ainsi que celle du ciment utilisé ou, à défaut, une hypothèse en phase gazeuse.
pour ce dernier, puis effectue dans l’ordre les déterminations des
sept espèces qui donnent la composition virtuelle :
Ciment anhydre : calculé par la silice soluble et une formule
itérative
1.3 Autres matériaux
Insoluble siliceux : insoluble restant
Dolomite : calculée à partir de MgO soluble ■ Tuiles et briques
Calcite : calculée à partir de CaO restant Les matériaux de terre cuite sont utilisés depuis plusieurs siècles
dans le bâtiment [28], principalement sous la forme de tuiles et de
Halite (NaCl) : calculé à partir de la teneur en chlorures briques. Ces matériaux sont fabriqués à partir d’argiles communes,
Eau basse température : après déduction de celle du ciment par cuisson à des températures variant en général de 900 à 1 050 °C.
CO2 de carbonatation : calculé par itération Les méthodes utilisées pour la caractérisation des tuiles et bri-
et fournit une composition recalculée du ciment qui équilibrerait ques sont similaires à celles utilisées pour les autres produits
chaque balance. minéraux :
— analyse élémentaire par ICP après fusion au tétraborate de
■ Investigations pour le calcul minéralogique lithium ;
Avant de réaliser le calcul minéralogique, les échantillons de — analyse des phases cristallisées par diffractométrie de
béton doivent être soumis à différentes investigations, à savoir : rayons X, notamment pour le dosage du quartz ;
— un broyage à 315 µm ; — analyse thermique ATD/ATG/dilatométrie.
— une mise en solution par une attaque à l’acide nitrique au 1:50 ; ■ Verres
— une analyse chimique complète de la fraction soluble ;
— une analyse thermique différentielle et thermogravimétrique ; Ce matériau trouve une large utilisation dans le bâtiment sous
— une analyse par diffractométrie de rayons X ; forme de verre à vitre. Il existe différents types de vitrage et combi-
— une analyse de texture par microscopie électronique à naisons de vitrages pour améliorer le confort thermique et acousti-
que ainsi que la résistance aux effractions. Nous ne traiterons pas ici
U
balayage (MEB) ;
des nombreuses méthodes mécaniques, thermiques et optiques de
— une mesure de la densité et de la porosité.
caractérisation des verres.
■ Interprétation des résultats Pour l’analyse élémentaire des verres, il existe diverses méthodes
Il faut rappeler que ce calcul fournit les résultats suivants : de référence : DIN 52 340, ASTM C 169-92, BS 2649.
— la teneur en ciment par deux méthodes indépendantes ; Les méthodes traditionnelles d’analyse par chimie en voie
— la répartition quantitative des granulats entre siliceux et humide, après fusion alcaline ou acide, ont été remplacées par
calcaires ; l’analyse par ICP ou la spectrométrie de fluorescence X. Cette der-
— la teneur en eau d’hydratation du liant (eau basse nière technique nécessite des échantillons étalons et une courbe
température) ; d’étalonnage par type de matrice.
— la teneur en CO2 de carbonatation ;
— la restitution de l’analyse probable du ciment employé ou la
confirmation de la validité de celle fournie par le dossier de
l’ouvrage. 2. Aciers de construction
Le bilan et les balances d’oxydes sont normalement équilibrés
pour un béton présumé minéralogiquement sain.
Le bilan et les balances relatives à certains oxydes ne sont pas
équilibrés et présentent des restes positifs ou négatifs. Cela signifie
2.1 Généralités. Définitions
que le filtrat contient non seulement le liant d’origine et la partie cal-
caires des granulats mais aussi le résultat des interactions entre le
Parmi les différents matériaux utilisés dans le domaine de la cons-
milieu et le béton. La nature et le sens des restes sont capables de
truction, l’acier intervient pour une part de plus en plus importante
fournir des renseignements sur les origines de la dégradation.
(bâtiments, ouvrages d’art, etc.) dans la constitution des structures
On peut citer un certain nombre de types de dégradations : [29].
— une activité sulfatique se traduit par un reste positif de SO3 ; Les produits sidérurgiques rencontrés appartiennent à trois gran-
— une teneur anormale en halite accompagnée d’un manque de des familles :
Na2O indique la présence de chloroaluminates de calcium hydratés
— les produits plats et longs laminés (bâtiments, ponts,
dans le béton ;
barrages) ;
— une réaction alcali-granulats induit un excès de silice soluble
— les armatures actives (béton précontraint) et passives (haute
accompagné parfois d’un reste d’alumine.
adhérence pour béton armé) ;
Enfin, si l’analyse a porté sur plusieurs échantillons d’une même — les produits d’équipement des superstructures (glissières de
carotte, l’examen des résultats peut mettre en évidence des sécurité, éclairage, signalisation verticale...).
ségrégations ou le changement de fourniture de ciment lors d’une
reprise de bétonnage par exemple. On appelle acier un matériau dont le fer est l’élément prédomi-
nant, dont la teneur en carbone est généralement inférieure à 2 % et
qui contient d’autres éléments.
1.2.3 Identification et dosage des adjuvants Les aciers sont caractérisés sur le plan physique par des essais
mécaniques tels que : dureté, résilience, traction, etc. ainsi que par
L’identification et le dosage des adjuvants dans les bétons durcis des examens métallographiques.
ne sont pas possibles pour tous les adjuvants. Les principales Sur le plan chimique, ils sont caractérisés par la détermination de
méthodes utilisées [7, 8] font appel à l’analyse des solutions d’atta- la teneur massique des différents constituants (composition centési-
que acide du béton par spectrométrie UV ou chromatographie en male).
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation P 3 660 − 7
QRQ
U
QRR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
inQQR
INNOVATION
Nouvelle méthode
d’échantillonnage des COV émis
par les matériaux de construction
par Valérie DESAUZIERS, Jérôme NICOLLE et Pierre MOCHO
physico-chimiques (produits de combustion tels que 2004-2008 en vue de réduire les atteintes à la santé
particules, CO et NO2, fibres, formaldéhyde et compo- liées à la dégradation de l’environnement. Depuis, un
sés organiques volatils (COV)). Bon nombre de COV second plan a été validé pour 2009-2013 (PNSE 2).
sont des irritants et des allergisants [1] et leur rôle L’une de ses actions phare est de mettre en place un
QRS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
inQQR
INNOVATION
U
protocole AFSSET repose sur la caractérisation des
émissions d’un matériau de construction en chambre Figure 1 – Cellule d’émission FLEC
‚
d’essai d’émission et sur le calcul de la concentration pour l’échantillonnage des COV émis par les matériaux
d’exposition dans une pièce témoin [3]. Les concen- de construction (Photo : école des mines d’Alès)
trations d’exposition sont ensuite comparées aux
valeurs de références définies dans le protocole : représentative de celle des environnements inté-
COV totaux (TVOC), COV cancérogènes de catégorie 1 rieurs. On détermine ainsi le taux d’émission spéci-
et 2 et concentrations limites d’intérêt (CLI). Deux fique du matériau (SER, Specific Emission Rate) en
tests d’émission sont réalisés sur les matériaux neufs mg.m-2.h-1 :
après 3 et 28 jours. Les mesures sont effectuées par
des méthodes normalisées qui sont décrites ci-après. SER = Cmes ⋅ qc /S (1)
Selon ces normes, une durée de 28 jours est considé-
rée comme un compromis acceptable pour la caracté-
risation du niveau d’émission d’un produit de cons- avec Cmes concentration en COV mesurée
truction représentatif de son utilisation. La plupart (mg.m-3),
des évaluations sur la base de critères sanitaires repo-
sent sur l’examen des émissions à 28 jours. Les qc débit d’air de balayage (m3.h-1),
concentrations globales en COV continuent générale-
ment à décroître par la suite. S surface du matériau (m2).
1.3 Méthodes de mesure des COV émis La cellule est facilement transportable (environ
20 cm de diamètre pour une hauteur au centre de
par les matériaux
1,8 cm), d’où son utilisation possible sur site [6].
1.3.1 Échantillonnage dynamique Cependant, la nécessité d’un apport d’air propre
humidifié et d’un équipement de pompage et de
Les protocoles français (AFSSET) et internationaux
contrôle de débit rend son utilisation hors laboratoire
(ECA, AgBB…) d’évaluation des matériaux de cons-
peu aisée.
truction sont tous basés sur les normes de mesure
NF ISO 16000-9 (2006) [3] et 16000-10 (2006) [4] Cette méthodologie de prélèvement a inspiré le
qui mettent en jeu un prélèvement dynamique des développement de microchambres d’émission
COV émis. Les tests d’émission sont réalisés dans (4,5 cm de diamètre). Celles-ci sont disposées dans
une chambre environnementale ou à l’aide d’une cel- un rack permettant d’automatiser la procédure
lule d’émission de type FLEC‚ (Field and Laboratory
d’échantillonnage et de traiter jusqu’à 6 échantillons.
Emission Cell) (NF ISO 16000-10 (2006)) [4]. Celle-
Ce dispositif permet de reconstituer les conditions de
ci se présente sous la forme d’une cloche en Inox
dont l’intérieur est poli afin de limiter l’adsorption des température, humidité, taux de charge et ventilation
COV sur la paroi. Le volume interne défini entre la sur- telles qu’elles sont définies dans la norme
face d’essai (17,7 x 10-3 m2) et celle de la FLEC‚ est ISO 16000-9 [3] relative aux prélèvements en cham-
de 35 mL. La cellule est placée directement sur le bre d’émission. Le système peut aussi s’utiliser en
matériau et est balayée par un flux d’air propre humi- mode « FLEC‚ » : en raison de la petite surface échan-
difié (50 % d’humidité relative) qui transporte les COV tillonnée, un gain de temps significatif est réalisé par
émis vers un tube d’adsorbant, généralement du rapport au test normalisé (ISO 16000-10) [4]. Par
Tenax TA (polymère à base d’oxyde de 2,6-diphényl contre, la faible quantité d’émission qui en résulte
paraphénylène) [5] où ils sont concentrés (figure 1). peut influer sur la sensibilité, la reproductibilité et la
La durée de l’échantillonnage est de 60 min et la représentativité des résultats, surtout pour les maté-
vitesse de l’air dans la cellule est ajustée afin d’être riaux hétérogènes.
QRT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
inQQR
INNOVATION
Des études récentes [7] [8] décrivent une nouvelle 1.3.3 Analyse des COV
méthode de prélèvement des composés volatils émis
par des matrices solides en déposant à leur surface Quel que soit le mode de prélèvement appliqué
une bande absorbante (Sorptive Tape Extraction ou (dynamique ou passif), l’analyse des COV est effec-
STE). Celle-ci, de quelques dizaines de mm2, est en tuée par chromatographie gazeuse (GC) couplée à la
polydiméthylsiloxane (PDMS), polymère permettant spectrométrie de masse (MS) pour l’identification
de préconcentrer les COV émis par l’échantillon [9] structurale des composés et par GC/FID (détection
(figure 2a). par ionisation de flamme) pour la quantification. Un
Cette méthode, très séduisante car simple à utiliser, désorbeur thermique spécifique, dont l’investisse-
présente cependant une limitation. En effet, la STE, ment est souvent coûteux, est nécessaire pour trans-
directement posée sur le matériau, ne permet pas de férer les COV de l’adsorbant où ils ont été piégés
U
rendre compte du transfert solide/gaz s’opérant entre (Tenax TA, Carbotrap B…) vers le système analy-
la surface d’un matériau et l’air intérieur. De ce point tique. La méthodologie est décrite dans la norme
de vue, un autre échantillonneur passif, le Passive NF ISO 16000-6 (2005) [12]. Elle est particulière-
Flux Sampler ou PFS semble être plus représentatif ment optimisée pour les composés compris dans la
des émissions [10] [11]. Le dispositif consiste en une fenêtre chromatographique définie entre le n-hexane
boîte de Pétri en verre (diamètre interne : 36 mm ; pro- et le n-hexadécane.
fondeur : 10 ou 28 mm) dont le fond est recouvert d’un
adsorbant. Pour l’échantillonnage, la boîte est simple- En comparaison aux autres COV, le formaldéhyde
ment retournée sur la surface à étudier et les COV requiert un prélèvement particulier sur support
émis diffusent vers l’adsorbant qui est généralement imprégné d’un réactif spécifique : la dinitrophénylhy-
un matériau carboné microporeux de type Carbotrap B drazine (DNPH). Les dérivés formés sont ensuite
(figure 2b). Un filtre en fibres de verre imprégné de désorbés par de l’acétonitrile avant d’être analysés
2,4-dinitrophénylhydrazine (DNPH) peut être utilisé par chromatographie liquide haute performance asso-
pour l’analyse spécifique des aldéhydes comme le for- ciée à une détection UV (HPLC/UV). Compte tenu de
maldéhyde [10] [11]. Ces échantillonneurs, peu coû- cette spécificité analytique, ce polluant ne sera pas
teux compacts et légers, sont parfaitement adaptés étudié dans cet article.
aux mesures sur site, en particulier lorsque de
Les protocoles normalisés décrits au para-
graphe 1.3.1 sont essentiellement dédiés au contrôle
Bande absorbante en PDMS de matériaux neufs en laboratoire et sont peu adaptés
(STE) à des mesures sur site. Étant donné l’évolution du
contexte réglementaire avec, notamment, la déléga-
tion de la surveillance de l’air intérieur de bâtiments
publics aux AASQA (associations agréées pour la sur-
veillance de la qualité de l’air), il devient prioritaire de
Matériau Diffusion des COV
disposer d’outils d’échantillonnage adaptés pour faci-
liter et, à terme, généraliser le diagnostic de la qualité
de l’air intérieur. Dans ce but, un système de prélève-
a STE (Sorptive Tape Extraction) ment, basé sur le couplage d’une cellule d’émission
FLEC‚ avec la microextraction sur phase solide
Boîte de Pétri
Adsorbant (SPME), a été envisagé. L’objectif était de conserver
(Carbotrap B) les avantages de l’échantillonnage passif en termes
en verre
de facilité d’application sur site (cf. 1.3.2) en essayant
de réduire le temps de prélèvement. De plus, la
SPME [13] [14] utilise une thermodésorption directe
dans un injecteur classique de GC, simplifiant ainsi la
procédure d’analyse en laboratoire.
Diffusion des COV
Matériau Le développement de ce couplage FLEC‚-SPME a
fait l’objet d’une thèse cofinancée par l’ADEME et le
b PFS (Passive Flux Sampler)
conseil régional d’Aquitaine [15].
Nota : pour plus de détails sur les méthodes de prélèvement sur
tubes d’adsorbant, les techniques analytiques et leurs principes, on
Figure 2 – Techniques d’échantillonnage passif pourra se référer aux publications [5] [13] [16] [17] [18] [19] de la
pour les COV émis par les matériaux fiche documentaire [Doc. IN 112].
QRU
U
QRV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
inRSW
INNOVATION
QRW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
inRSW
INNOVATION
Points clés
Domaine : Techniques d’imagerie et d’analyse
Degré de diffusion de la technologie : Maturité
Technologies impliquées : Spectroscopie infrarouge
Domaines d’application : Matériaux de construction à base cimentaire
Principaux acteurs français :
— pôles de compétitivité : AXELERA, MATERALIA, MINALOGIC ;
— centres de compétence : C2RMF (Centre de recherche et de restauration des
musées de France) ; ENS-LYON ; INSA-Toulouse (laboratoire Matériaux et Durabilité
des Constructions de Toulouse) ; laboratoire interdisciplinaire Carnot de Bourgogne
(département Interfaces) ; université de Lorraine (laboratoire Matériaux optiques, Pho-
tonique et Systèmes) ; université Gustave Eiffel (Institut français des sciences et tech-
nologies des transports, de l’aménagement et des réseau, IFSTTAR) ;
— industriels : Bruker ; Thermofisher Scientific.
Autres acteurs dans le monde : Instituto de Ciencias de la Construcción Eduardo
Torroja (IETcc), Espagne ; Universidad de Burgos (Escuela Politécnica Superior),
Espagne ; Universität Weimar (Institute for Building Materials Science Bauhaus),
Allemagne ; Université de Namur (laboratoire interdisciplinaire de Spectroscopie
électronique), Belgique.
U 1. Présentation de la spectroscopie
-
QRX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
inRSW
INNOVATION
U
matériau analysé ou compliquer le prélèvement.
pratiquées dans l’industrie du ciment. Ghosh et Handoo [6] ont
ensuite rédigé un des premiers articles de synthèse en 1980.
1.2.2 Principales limites Ces premiers documents ont été essentiellement consacrés aux
analyses effectuées en mode transmission (seule la référence [5]
La spectroscopie IR-TF ne peut être considérée comme une mentionnait des analyses effectuées en mode ATR).
méthode de quantification : il est très difficile (voire impossible
lorsque le « pic » infrarouge est en fait constitué de plusieurs Le tableau 1 et la figure 2 montrent les pics spécifiques (et
raies) de faire la relation entre l’intensité ou la surface d’un conformes à la littérature [3] à [6]) des phases synthétiques
bande IR et une quantité spécifique. Néanmoins, l’intensité de de clinker d’après des analyses effectuées en mode transmis-
certaines bandes IR bien spécifiques (telles que celle de la sion. Ces phases pures Ca3SiO5 et Ca2SiO4 avaient été prépa-
portlandite comme nous le verrons au chapitre 2.1) peut forte- rées par chauffages successifs d’un mélange de carbonate de
ment varier en fonction de leur contenu dans l’échantillon, on calcium et de silice finement divisé, avec des proportions stœ-
parlera alors de « semi-quantification » notamment lorsque chiométriques appropriées. Un double pic à 995-900 et 938-
l’on souhaite suivre dans le temps l’évolution d’une réaction 883 cm-1, caractérisant respectivement les phases de bélite
chimique via la création d’un autre composé (par exemple la (C2S) et d’alite (C3S), est assignable aux vibrations d’étire-
transformation de la portlandite en calcite). De plus, il faut gar- ment asymétriques de la liaison Si-O. La détection de la phase
der à l’esprit que la présence de composés chimiques peut être minérale ferrite (C4AF) est mal aisée en raison de l’absence de
sous-estimée, ou rendue non détectable, en raison de la forte pics particuliers alors que la célite (C3A) est beaucoup plus
intensité d’autres bandes infrarouges comme celles liées à la facile à détecter en raison d’un grand nombre de pics bien défi-
présence de silice ou de carbonate de calcium (qui ont la parti- nis, attribués à la liaison Al-O.
cularité d’avoir des bandes d’une largeur significative et de
forte intensité). Enfin, la présence d’une grande quantité
d’eau capillaire dans l’échantillon hydraté pourra aussi mas- Phases anhydres dans le clinker Portland
quer certains composés chimiques et perturber l’interprétation
des spectres. En définitive, la spectroscopie IR-TF, comme de Quatre phases minérales principales composent le clinker
très nombreuses autres techniques d’analyse, doit être utilisée Portland (qui, après broyage en présence d’une faible quan-
en connaissance de cause, c’est-à-dire en ayant une bonne tité de gypse deviendra le ciment Portland traditionnel) :
idée de ce que l’on cherche à démontrer, et reste donc peu — l’alite ou silicate tricalcique (Ca3SiO5), (C3S en notation
utile pour détecter des composés inattendus, surtout lorsqu’ils cimentière) ;
sont présents à l’état de traces. — la bélite ou silicate dicalcique (Ca2SiO4), (C2S en nota-
tion cimentaire) ;
— la célite ou aluminate tricalcique (Ca3Al2O6), (C3A en
À retenir notation cimentaire) ;
— la ferrite Ca4Al2Fe2O10, (C4AF en notation cimentaire).
– L’analyse IR-TF des matériaux cimentaires peut être
effectuée même si seuls quelques milligrammes de matière L’alite est la phase réactive (avec l’eau) la plus présente en
sont disponibles. proportion dans le clinker (généralement de 60 à 70 %), c’est
– Les résultats d’analyse peuvent être connus seulement elle qui va permettre d’obtenir les résistances mécaniques
quelques minutes après prélèvement des échantillons. dans un temps relativement court (de 1 jours à 28 jours après
– Il est très difficile d’utiliser cette méthode de caractérisa- le début de la prise par exemple). La bélite est une phase
tion comme un outil de quantification. moins réactive (avec l’eau) et participera plutôt aux résistan-
– La teneur des composés présents à l’état de traces peut ces mécaniques acquises sur le long terme. La célite et la fer-
être sous-estimée en raison de la forte intensité de certaines rite sont des phases dites « interstitielles », occupant l’espace
bandes infrarouges. autour des grains d’alite et de bélite au sein du clinker.
QRY
GAGNEZ DU TEMPS ET SÉCURISEZ VOS PROJETS
EN UTILISANT UNE SOURCE ACTUALISÉE ET FIABLE
RÉDIGÉE ET VALIDÉE MISE À JOUR 100 % COMPATIBLE SERVICES INCLUS
PAR DES EXPERTS PERMANENTE SUR TOUS SUPPORTS DANS CHAQUE OFFRE
NUMÉRIQUES
www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com
LES AVANTAGES ET SERVICES
compris dans les offres Techniques de l’Ingénieur
ACCÈS
SERVICES ET OUTILS PRATIQUES
Archives Impression à la demande Alertes actualisations
Technologies anciennes et versions Commandez les éditions papier Recevez par email toutes les nouveautés
antérieures des articles de vos ressources documentaires de vos ressources documentaires
*Questions aux experts est un service réservé aux entreprises, non proposé dans les offres écoles, universités ou pour tout autre organisme de formation.
www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com