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Etude des propriétés mécaniques d'un béton renforcé par des fibres de lin

Conference Paper · November 2015

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4 authors, including:

Jonathan Page Mohamed BOUTOUIL


Université d'Artois ESITC Caen
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Fouzia Khadraoui
Ecole Supérieure d’Ingénieurs des travaux de la Construction de Caen
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Conférence Internationale Francophone NoMaD 2015
Mines Douai
_____________________________________________________________________________________________________

Douai, France
5-6 Novembre 2015

ETUDE DES PROPRIETES MECANIQUES D’UN BETON RENFORCE


PAR DES FIBRES DE LIN

A,B A A B
PAGE Jonathan , BOUTOUIL Mohamed , KHADRAOUI Fouzia , GOMINA Moussa

A ESITC Caen, 14610, Epron, France


B Laboratoire CRISMAT UMR 6508 ENSICAEN/UCBN/CNRS, 14050 Caen Cedex 4, France

RESUMÉ :

Dans la perspective d’une valorisation des fibres de lin dans les matériaux de construction, la présente
étude s’intéresse aux propriétés mécaniques d’un béton renforcé par des fibres de lin.

Pour cela, trois longueurs et trois taux d’incorporation de fibres de lin ont été étudiées afin de connaître
davantage l’influence de ces deux paramètres sur la maniabilité et les propriétés mécaniques des bétons
bio-fibrés. De plus, l’absorption d’eau des fibres par immersion a été mesurée afin de prendre en compte
cette absorption dans les formulations.

Les essais ont montré une absorption d’eau très rapide et très importante pour les fibres de lin : près de
70 % après une minute d’immersion. Concernant les bétons bio-fibrés, la maniabilité a été impactée
significativement par l’incorporation de fibres de lin. La teneur en air des bétons a également augmentée
avec l’ajout de fibres. Cette augmentation d’air occlus a par ailleurs entraîné une diminution de la
résistance en compression des différents bétons. Pour finir, la résistance en flexion des bétons bio-fibrés
est supérieure à celle du béton témoin pour les fibres de 12 et 24 mm de longueur. De plus, plus le taux
de fibres est important, plus la résistance en flexion augmente.

MOTS CLES : Fibres de lin ; béton bio-fibré ; maniabilité ; air occlus ; propriétés mécaniques.

1
1. INTRODUCTION

Les fibres sont de plus en plus utilisées comme renfort dans une matrice cimentaire afin d’améliorer les
caractéristiques mécaniques des éléments mis en œuvre. En effet, la présence des fibres permet de
limiter l’apparition de fissures liées au retrait plastique du béton au jeune âge. A l’état durci, l’incorporation
de fibres a pour effet d’augmenter la ductilité du béton et donc ses caractéristiques en post-fissuration :
elles empêchent le développement de larges fissures au profit de microfissures, moins préjudiciables pour
la durabilité de l’ouvrage. De plus, les fibres peuvent améliorer la résistance en flexion, en cisaillement,
aux impacts et à la fatigue. Un béton fibré continue ainsi de supporter les efforts après l’apparition de
fissures. L’amélioration des résistances précédemment citées est fonction de la quantité, de la nature et
de la résistance des fibres utilisées (Brandt, 2008).

Les fibres présentent des caractéristiques physiques et mécaniques différentes selon leur nature. Chaque
type de fibre a une influence particulière sur le comportement mécanique du béton, ce qui se traduit par
des utilisations spécifiques (Caramaro, 2005). Les fibres habituellement utilisées dans les composites
cimentaires sont d’origines métallique (fibres d’acier), minérale (fibres de verre) ou pétrochimique (fibres
de polypropylène). Elles sont utilisées à la fois pour des applications courantes (dallages en béton,
chapes en mortier, enduits, préfabrication) mais également pour les Bétons Fibrés Ultra Performants
BFUP (CIMbéton, 2013).

Les fibres précédemment citées présentent l’inconvénient d’être issues de ressources naturelles non
renouvelables. Les enjeux économiques liés aux coûts croissants des ressources fossiles, à leur
raréfaction, et les impacts environnementaux inhérents à leur production amènent donc à explorer
d’autres sources de matériaux et d’autres filières de production. De ce point de vue, les fibres végétales,
du fait de leur caractère naturel et renouvelable, pourraient constituer une solution d’avenir pour l’industrie
de la construction.

L’utilisation des fibres naturelles, et en particulier des fibres végétales, comme renfort de matériaux
composites présente plusieurs intérêts. Tout d’abord, leur utilisation permet de valoriser une ressource
locale. De plus, les fibres végétales (non traitées) sont souvent disponibles à plus faible coût par rapport
aux fibres synthétiques ou artificielles. D’autre part, la valorisation de ces fibres végétales dans les
matériaux composites permet de réduire les impacts environnementaux par rapport à des composites
conventionnels puisque ce sont des matières premières renouvelables, biodégradables, ayant un bilan
carbone neutre et demandant une faible quantité d’énergie pour leur production (Bourgeois, 2011).

Parmi les fibres végétales, le lin se distingue grâce à ses propriétés mécaniques élevées et sa faible
densité. La fibre de lin est d’ailleurs utilisée dans les composites depuis plusieurs années à travers
plusieurs secteurs industriels comme l’automobile (Mov’eo) ou le sport. Du point de vue de la production,
la France est le premier producteur mondial de fibres de lin, la région Normandie étant le leader national.

Ce travail se propose donc d’étudier les propriétés mécaniques d’un béton renforcé par des fibres de lin.
Ainsi, plusieurs formulations ont été étudiées avec trois différentes longueurs de fibres et trois taux
d’incorporation différents. Ceci permettra de voir l’influence de la longueur et du pourcentage de fibres de
lin sur différentes propriétés du béton fibré. En premier lieu, l’absorption des fibres de lin a été mesurée
afin de la prendre en compte dans les formulations des bétons. Pour la caractérisation des bétons, la
maniabilité des différentes formulations de béton a d’abord été mesurée à travers différents essais
(affaissement au cône d’Abrams, consistomètre Vébé). En effet, l’incorporation de fibres hygrophiles tend
à diminuer la maniabilité du mélange (Le Hoang, 2013). Ensuite, l’air occlus des bétons a été mesuré afin
de savoir si l’ajout de fibres de lin entraîne une augmentation de la teneur en air du béton. Pour finir, les
propriétés mécaniques des différents bétons fibrés ont été étudiées à travers des essais de compression
simple sur des éprouvettes cylindriques Ø11x22 cm et des essais de flexion quatre points sur des
éprouvettes prismatiques de dimension 7x7x28 cm. Le comportement mécanique en compression et en
flexion du béton renforcé par les fibres de lin a été étudié en fonction des trois longueurs et des trois
teneurs en fibres de lin.

2
2. MATERIAUX ET METHODES

2.1 Matériaux

Le ciment utilisé dans cette étude est un ciment Portland CEM I 52,5 N blanc, conforme à la norme NF
EN 196-1. La proportion de clinker est égale à 98 % (2 % de fine calcaire), la résistance en compression
2 -1
sur mortier normalisé à 28 jours est de 71 MPa, et la finesse Blaine égale à 4250 cm .g .

En plus du ciment, une addition calcaire de haute pureté, conforme à la norme NF P 18-508, a été
ajouté en supplément (carbonates totaux égaux à 98,7 %). La finesse Blaine du filler calcaire est égale à
2 -1 -3
5440 cm .g , avec une densité égale à 2,7 g.m .

Un superplastifiant haut réducteur d’eau à base de polycarboxylates, compatible avec le ciment


utilisé a été ajouté aux bétons à un dosage de 1,0 % par rapport à la masse de ciment (0,30 %
d’extrait sec) pour apporter une meilleure ouvrabilité à l’état frais du béton.

De plus, un agent de viscosité à base de biopolymères à chaîne moléculaire longue a également été
ajouté aux bétons avec un dosage égal à 0,50 % par rapport à la masse de ciment (0,03 % d’extrait sec)
afin d’apporter une meilleure cohésion au béton, et d’éviter le phénomène de ségrégation.

Le sable utilisé est alluvionnaire de type pliocène de classe granulaire 0/4mm avec une masse volumique
-3
de 2660 kg.m , un coefficient d‘absorption de 0,30 % et un module de finesse de 2,10. Ce sable est
conforme à la norme NF P 18-545 (Figure 1).

Un gravillon concassé lavé de fraction 4/10 mm a été utilisé pour la fabrication des bétons. Ce matériau
-3
possède une masse volumique de 2640 kg.cm et un coefficient d‘absorption de 1,30 %. Ce gravillon est
conforme à la norme NF P 18-545 (Figure 1).

Figure 1. Courbes granulométriques des granulats utilisés et du mélange granulaire du béton.

Les fibres de lin utilisées ont été récoltées en Normandie en 2014, coupées et fournies par le Groupe
Depestele (Figure 2). Les caractéristiques des fibres de lin utilisées sont récapitulées dans le Tableau 1.

3
12 mm 24 mm 36 mm
Figure 2. Photographies des fibres de lin utilisées pour les trois différentes longueurs.

Tableau 1. Caractéristiques des fibres de lin utilisées.


Longueur Teneur en eau Teneur en matières organiques
Densité
[mm] [%] [%]
12 mm
24 mm 1,521 ± 0,002 7,63 ± 0,10 99,34 ± 0,11
36 mm

2.2 Formulations

Les proportions des constituants des bétons sont détaillées dans le Tableau 2. On note un dosage en
superplastifiant de 1,0 % par rapport à la masse du ciment, un dosage en viscosant de 0,5 % par rapport
à la masse du ciment et un rapport eau efficace sur fines Eeff/(C+kA) égal à 0,48. Une quantité d’eau
supplémentaire a été ajoutée pour prendre en compte l’absorption d’eau des granulats et des fibres de lin.

-3
Tableau 2. Composition des bétons témoin et bio-fibrés [kg.m ].
Constituants Témoin (0 %) 0,1 % 0,2 % 0,3 %
Ciment 340 340 340 340
Filler 95 95 95 95
Viscosant 1,70 1,70 1,70 1,70
Super-plastifiant 3,40 3,40 3,40 3,40
Eau ajoutée 186,0 187,9 189,8 191,7
Sable 0/4 763,4 760,0 756,7 753,3
Gravillon 4/10 992,3 988,0 983,6 979,2
Fibres de lin - 1,52 3,04 4,56

Eeff/(C+kA) 0,48 0,48 0,48 0,48


Etot/(C+kA) 0,522 0,527 0,533 0,538

4
Au total, dix formulations de bétons ont été réalisées pour cette étude. On compte tout d’abord une
formulation témoin pour le béton ne contenant pas de fibres de lin, et neuf formulations de bétons fibrés.
Trois longueurs de fibres ont été étudiées : 12, 24 et 36 mm ; avec chacune trois taux de fibres différents :
0,1, 0,2 et 0,3 %. Ce taux de fibres correspond à un pourcentage en volume absolu de fibres par rapport
au volume total de la gâchée. La quantité volumique de fibres de lin incorporées a été déduite du volume
des granulats, en conservant le même rapport gravillon sur sable, afin de ne pas modifié le dosage
volumique des constituants.

2.3 Méthodes d’essai

2.3.1 Mesure de l’absorption d’eau des fibres végétales

Cet essai est dérivé d’un protocole expérimental mis au point par le groupe RILEM TC 236 visant à
mesurer l’absorption d’eau des granulats végétaux. L’essai a été répété six fois pour chaque échantillon
afin d’améliorer la précision de l’essai. Le protocole utilisé pour mesurer l’absorption d’eau des fibres était
le suivant :
1. Sécher les fibres de lin à 60°C jusqu’à obtenir une variation de masse inférieure à 0,1 % en 24h.
2. Mettre un sachet en plastique perforé (trous d’environ 1 mm²) dans l’eau, en complète immersion
3. Placer ensuite le sac dans une centrifugeuse et la faire tourner 30 secondes à 500 trs/min environ,
puis relever la masse du sachet.
4. Peser 3 grammes (M0) de fibres séchées puis les placer dans le sachet perméable.
5. Mettre le sachet remplit de fibres dans l’eau pendant 1 minute.
6. Sortir le sachet de l’eau puis le placer dans la centrifugeuse et la faire tourner 30 secondes à 500
trs/mins environ.
7. Peser le sachet de fibres essoré et noter la valeur M1 (1 min).
8. Répéter les étapes 5, 6 et 7 avec un autre échantillon, pour les durées d’immersion suivantes : 5, 15,
60, 240, 1440 et 2880 minutes.
9. Calculer la valeur de l’absorption d’eau à l’aide de la formule suivante :
(1)

2.3.2 Essais de maniabilité

La formulation témoin, ne contenant pas de fibres de lin, correspond à un béton autoplaçant. L’essai
d’étalement (NF EN 12350-8) a été réalisé pour caractériser sa maniabilité.

Les autres formulations de bétons, contenant 0,1 à 0,3 % de fibres de lin, ne pouvaient plus être
qualifiées de béton autoplaçant puisque leur étalement au cône d’Abrams était inférieur à 550 mm. La
maniabilité de chaque formulation a donc été mesurée à l’aide de l’essai d’affaissement au cône
d’Abrams (NF EN 12350-2) (Tableau 3) et l’essai Vébé (NF EN 12350-3) (Tableau 4). L’affaissement au
cône d’Abrams a été mesuré deux fois pour chaque formulation.

Tableau 3. Classes de consistance des bétons Tableau 4. Classification des bétons pour
pour l’essai d’affaissement au cône d’Abrams. l’essai Vébé.
Classe de Affaissement au cône
Classe Vébé Temps à l’essai Vébé
consistance d’Abrams
S1 10 – 40 mm V0 ≥ 31 s
S2 50 – 90 mm V1 30 – 21 s
S3 100 – 150 mm V2 21 – 11 s
S4 160 – 210 mm V3 10 – 5 s
S5 ≥ 220 mm V4 ≤4s

5
2.3.3 Essai de compression uniaxiale

Les propriétés mécaniques ont été évaluées par l’essai de compression uniaxiale, conformément à la
norme européenne NF EN 12390-3, sur des éprouvettes cylindriques de dimensions Ø11x22 cm après 7
et 28 jours de cure dans une chambre à 20°C et à 65 ± 5 % HR. Avant l’essai, un surfaçage des
éprouvettes au mortier de souffre a été réalisé. L’essai de compression uniaxiale a été réalisé avec une
-1
vitesse de chargement égale à 6 kN.s , sur quatre éprouvettes au minimum par formulation.

2.3.4 Essai de flexion 4 points

Un dispositif de flexion 4 points a été utilisé sur une machine de compression afin de déterminer la
résistance en flexion des éprouvettes bétons de dimensions 7x7x28 cm, après 7 et 28 jours de cure dans
une chambre à 20°C et à 65 ± 5 % HR. La distance entre les appuis inférieurs est égale à 240 mm et celle
entre les appuis supérieurs de 80 mm. Ces dimensions sont conformes à la norme européenne NF EN
12390-5. L’essai de flexion quatre points présente l’avantage d’avoir un moment constant sur 80 mm et
est donc plus intéressant pour développer la multi-fissuration. L’essai a été réalisé avec une vitesse de
-1
chargement égale à 70 N.s , sur quatre éprouvettes au minimum par formulation.

3. RESULTATS ET DISCUSSION

3.1 Absorption d’eau des fibres de lin

La courbe d’immersion en eau de la fibre de lin (Figure 3a) a une allure similaire aux précédentes études
réalisées sur ce matériau (Chafei, 2014 ; Magniont, 2010). On peut y observer deux phases d’absorption.
La première est une phase d’absorption de surface qui provoque une augmentation très rapide de la
masse des fibres de lin (1 minute environ). Ce comportement souligne le caractère fortement hygrophile
des fibres végétales. La deuxième phase correspond à une plus lente absorption d’eau dans la structure
végétale. Ceci illustre le comportement diffusif de la propagation de l'eau dans la structure végétale dans
le plus long terme, ici jusqu'à 48 heures. On peut voir sur la Figure 3b que l’absorption d’eau des
particules végétales suit une loi de type logarithmique.

(a) (b)

Figure 3. Courbes d’absorption en eau massique par immersion des fibres de lin en fonction du temps sur
une échelle de temps classique (a) et logarithmique (b).

La phase de mouillage peut être considérée comme terminée après 1 minute. L'absorption initiale W 0 a
été fixée pour cette durée d’immersion et est égale à 78 %. A partir de 4 heures d’immersion, on observe
un palier à environ 130 % d’absorption. C’est cette valeur d’absorption qui a été retenue pour prendre en
compte l’absorption d’eau des fibres de lin dans les formulations des bétons bio-fibrés.

6
3.2 Air occlus

La teneur en air des bétons a été déterminée en pesant les échantillons de béton juste après le coulage
des éprouvettes. La masse volumique apparente réelle des bétons a pu être calculée et comparée à la
masse volumique apparente théorique afin de calculer le pourcentage d’air occlus.

L’ajout de fibres de lin a entraîné une augmentation de l’air occlus des bétons (Figure 4). En effet, la
teneur en air du béton témoin est égale à 0,74 %. Pour tous les bétons bio-fibrés, le pourcentage d’air
occlus est supérieur à 1 %, mais reste toujours inférieur à 4,5 %. La longueur semble avoir une influence
plus importante sur l’air occlus que le pourcentage de fibres incorporées. Plus la longueur diminue, plus la
teneur en air des bétons augmente. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que, pour un même volume de
fibres, le nombre de fibres de 12 mm de longueur est trois fois plus grand que le nombre de fibres de 36
mm. Ainsi, avec un nombre plus important de fibres, la probabilité de piéger des bulles d’air est plus
importante, augmentant ainsi l’air occlus des bétons.
3
Du fait de cette augmentation de la teneur en air, les dosages réels des constituants par m de béton durci
sont réduits. Néanmoins, cette réduction est négligeable par rapport aux effets sur les propriétés étudiées.

Figure 4. Air occlus mesuré pour les différentes formulations de béton.

3.3 Maniabilité

Concernant la maniabilité, seul le béton témoin (sans fibres de lin) a pu être qualifié de béton autoplaçant.
En effet, un étalement de 680 ± 10 mm a été mesuré, le classant ainsi en SF2. Les bétons bio-fibrés ne
pouvant être classé en tant que BAP, des essais d’affaissement au cône d’Abrams et de consistomètre
Vébé ont été réalisés.

Concernant l’affaissement au cône, on constate que les deux paramètres (taux et longueur des fibres) ont
une influence directe sur la maniabilité (Figure 5a). Comme attendu, plus le pourcentage de fibres de lin
augmente, plus l’affaissement au cône est faible, synonyme d’une baisse de la maniabilité. Toutefois, la
longueur aussi a une influence sur l’affaissement ; ce dernier semble diminuer lorsque la longueur des
fibres augmente. Cependant, l’effet est moins marqué qu’avec le taux de fibres. On peut voir que seules
trois formulations ont un affaissement supérieur ou égal à 160 mm, permettant de les classer en catégorie
S4. Les autres bétons sont classés en catégorie S3, hormis la formulation 36 mm et 0,3 % de fibres, qui a
un affaissement inférieur à 100 mm, et est donc classée en S2.

Pour la mesure du temps Vébé, quasiment toutes les formulations ont obtenu un temps Vébé inférieur à 4
secondes (Figure 5b). Seule la formulation 36 mm et 0,3 % de fibres a obtenu un temps Vébé supérieur à

7
12 secondes. Cela montre que les bétons bio-fibrés, malgré une diminution significative de l’affaissement
pour certaines formulations, conservent une bonne maniabilité lors d’un écoulement dynamique, comme
c’est le cas avec le consistomètre Vébé.

(a) (b)

Figure 5. Maniabilité des bétons bio-fibrés via deux essais : affaissement eau cône d’Abrams (a) et le
temps Vébé (b).

3.4 Résistance en compression

D’une manière générale, la résistance en compression semble diminuer avec la présence de fibres de lin,
que ce soit après 7 jours de cure (Figure 6a), ou bien après 28 jours (Figure 6b).

(a) (b)

Figure 6. Résistance en compression des bétons bio-fibrés après 7 jours (a) et 28 jours (b) de cure.

Une tendance semble se dégager avec le taux de fibres ; en effet, il semblerait au vu des résultats
obtenus, que plus le pourcentage de fibres de lin incorporées augmente, plus la résistance en
compression des bétons diminue. A 28 jours, la résistance des bétons fibrés à 0,1 % est
approximativement la même que le béton témoin. Ensuite, avec les taux de 0,2 et 0,3 %, la résistance en
compression tend à diminuer. Cette tendance est bien visible avec les fibres de 12 et 24 mm. La teneur
en air des bétons augmentant avec le pourcentage de fibres de lin incorporées, on peut

8
vraisemblablement supposer que ce n’est pas les fibres directement qui font diminuer la résistance mais
plutôt l’air occlus entraîné par celles-ci.

On peut également observer une autre tendance. Les fibres les plus courtes, de 24 mm et surtout de 12
mm, semble être davantage affectées par la diminution de la résistance. Là encore, cette diminution est
probablement due à l’air occlus plus élevé des bétons. En effet, on a remarqué précédemment que la
teneur en air des bétons était plus importante avec les fibres les plus courtes, le nombre de fibres étant
plus important.

3.5 Résistance en flexion

Comme attendu, la résistance en flexion des bétons est influencée par la présence des fibres de lin. On
constate bien que pour chaque longueur de fibres, plus le taux d’incorporation de fibres de lin augmente,
plus la résistance en flexion est élevée (Figure 7a et 7b). Hormis une formulation (36 mm et 0,1 %), la
résistance en flexion des bétons bio-fibrés est toujours supérieure à celle du béton témoin. On constate
que c’est pour la longueur de fibres égale à 36 mm que les bétons bio-fibrés ont la plus faible résistance
en flexion. On aurait en effet pu s’attendre à obtenir les meilleures résistances en flexion avec cette
longueur de fibres. Ceci peut provenir d’une mauvaise orientation des fibres lors du coulage des
éprouvettes due à la longueur importante de ces fibres. En effet, ces fibres de 36 mm ayant un
élancement très important, elles peuvent davantage s’enrouler ou se courber dans le béton. Ainsi, les
fibres ne sont pas orientées pour travailler correctement en traction lors de la flexion des éprouvettes
bétons. Les résultats en flexion obtenues avec les bétons renforcés de fibres de 12 et 24 mm de longueur
sont supérieurs. C’est le béton avec 0,3% de fibres de 12 mm qui possède la meilleure résistance en
flexion. Elle est augmentée de plus de 20 % par rapport au béton témoin non fibré.

(a) (b)

Figure 7. Résistance en flexion des bétons bio-fibrés après 7 jours (a) et 28 jours (b) de cure.

4. CONCLUSION

L’objectif de ce travail était d’étudier les propriétés à l’état frais et à l’état durci d’un béton bio-fibré avec
différents taux et longueurs de fibres de lin. Les résultats des tests ont conclu que :

 L’absorption d’eau des fibres de lin est très importante : près de 80 % d’absorption d’eau massique
en moins d’une minute. De plus, l’absorption d’eau des fibres suit une loi logarithmique, avec une
première phase d’absorption rapide dans les premières minutes d’immersion, puis une lente diffusion
de l’eau dans la structure végétale.

9
 La maniabilité est fortement influencée par l’ajout de fibres de lin. Plus la longueur et le taux de fibres
augmente, plus la maniabilité du béton diminue. L’absorption d’eau des fibres de lin est en partie
responsable de cette perte de maniabilité.

 L’air occlus des bétons fibrés est toujours plus important que le béton témoin non fibré. De plus, la
teneur en air semble augmenter lorsque la longueur des fibres diminue.

 La résistance en compression du béton est dans la plupart des cas plus ou moins altérée ; ceci est
probablement lié à l’augmentation de la porosité des bétons (air occlus).

 La résistance en flexion est améliorée pour les bétons renforcés de fibres de lin de 12 et 24 mm de
longueur. De plus, on observe pour chaque longueur de fibres une augmentation de la résistance en
flexion lorsque le taux de fibres incorporées dans le béton augmente.

Au vu des résultats obtenus, la longueur de 12 millimètres semble fournir le meilleur compromis entre les
deux paramètres importants, à savoir la résistance en flexion et la maniabilité. En effet, les fibres de 12
mm ont permis d’augmenter la résistance en flexion jusqu’à plus de 20 %. De plus, la perte de maniabilité
des bétons est réduite avec cette longueur de fibre.

5. REMERCIEMENTS

Les auteurs souhaitent remercier les cofinanceurs, le FEDER et la Région Basse Normandie, ainsi que
les autres partenaires du projet BTONLIN pour leur soutien, à savoir : l’entreprise de construction CMEG,
porteur du projet, basée à Bretteville l’Orgueilleuse (14740), le Groupe Depestele, et en particulier le
Teillage Vandecandelaère pour ses conseils et la fourniture des fibres de lin, basé à Bourguébus (14540).

6. REFERENCES

Bourgeois, M. (2011), Fibres agrosourcées, Techniques de l’Ingénieur, Textiles à usage technique,


N2520.
Brandt A. M. (2008), Fibre reinforced cement-based (FRC) composites after over 40 years of development
in building and civil engineering, Composites structures, vol. 86 (1-3) : 3-9.
Caramaro, L. (2005), Fibres et fils à usage technique, Techniques de l’Ingénieur, Textiles à usage
technique, N2510.
Chafei S. (2014), Influence de différents traitements sur les comportements rhéologique et mécanique
d’un composite cimentaire mortier-fibres de lin, Thèse de doctorat, Université de Caen Basse-
Normandie, Caen, France.
CIMbéton (2013), Les bétons : formulation, fabrication et mise en œuvre, Collection technique, CIMbéton,
Paris-la-Défense, France.
Le Hoang T. (2013), Etude de caractérisation du comportement de composites cimentaires incorporant
des fibres courtes de lin, Thèse de doctorat, Université de Caen Basse-Normandie, Caen, France.
Magniont C. (2010), Contribution à la formulation et à la caractérisation d'un écomatériau de construction
à base d'agroressources, Thèse de doctorat, Université Toulouse III - Paul Sabatier, Toulouse, France.
Mouton Y. (2010), Matériaux organiques spécifiques pour la construction, Hermes-Lavoisier, Paris,
France.

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