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‫‪Les difficultés de la prononciation des voyelles françaises‬‬

‫‪par les apprenants libyens‬‬

‫‪Zidan Albagdadi‬‬

‫‪Université de Gharyan‬‬ ‫‪faculté de lettres‬‬ ‫‪département de français‬‬

‫تتم يز اللغ ة الفرنس ية بموس يقى خاص ة عن د س ماعها او لفظه ا ‪ ,‬ويواج ه متعلمى اللغ ة الفرنس ية الن اطقين‬
‫باللغة العربية صعوبة بالغة فى لفظها خاصة أح رف العل ة ‪ ,‬ومن اهم الص عوبات ال تى تواج ه المتعلم ع دم‬
‫قدرت ه على اتق ان لف ظ االص وات المتحرك ة (ح روف العل ة ) فى اللغ ة الفرنس ية وهى نوع ان ‪ :‬االص وات‬
‫المتحركة الشفهية (‪ )les voyelles orales‬واألصوات المتحرك ة االنفي ة (‪)Les voyelles nasales‬‬
‫مما يؤدى فى بعض االحيان الى خطأ فى اللفظ وبالتالى خطأ فى داللة المعنى ‪.‬‬
‫من اهم اس باب االخط اء اللفظي ة ال تى يرتكبه ا متعلم اللغ ة الفرنس ية هى اختالف النظ ام الص وتى بين كال من‬
‫اللغ ة العربي ة واللغ ة الفرنس ية ‪ ,‬فالعالق ة بين اللغ ة األم للمتعلم و اللغ ة األجنبي ة الم راد تعلمه ا تلعب دورا‬
‫مهما في العملية التعليمية و باعتبار أن اللغة العربي ة تنتمي إلى اللغ ات الس امية بينم ا تنتمي اللغ ة الفرنس ية‬
‫إلى اللغات الالتينية فيمكن للغة األم أن تشكل مصدر صعوبات لهذه العملية‪.‬‬
‫نالحظ ان حروف العلة باللغة العربية تؤثر تأثيراً مباشراً على النطق الخاطئ ألحرف العلة فى اللغة الفرنسية‬
‫والسبب ه و ان اللغ ة العربي ة تحت وى على ثالث ة اح رف عل ة بينم ا تحت وى اللغ ة الفرنس ية على س تة اح رف‬
‫باإلضافة الى الحروف االنفية وعددها اربعة وهى ال توجد اصالً فى اللغة العربية ‪.‬‬
‫ه دفت الدراس ة الى تعري ف المف اهيم االساس ية لعلم االص وات فى اللغ ة الفرنس ية ثم التع رف عى اس باب‬
‫االخطاء اللفظية لحروف العل ة كم ا تن اولت الدراس ة مقارن ة بين االص وات فى اللغ ة العربي ة واللغ ة الفرنس ية‬
‫وم دى ت أثير اللغ ة االم على لف ظ تل ك الح روف والتع رف على مخارجه ا من اج ل تس هيل اللف ظ ل دى المتعلم‬
‫الناطق باللغة العربية‪.‬‬
‫وللتغلب على ص عوبات نط ق ح روف العل ة فى اللغ ة الفرنس ية اوص ى الب احث بالنق اط التالي ة ‪:‬‬
‫تكریس الوقت الكافي لتعلیم نطق حروف العلة ‪ ،‬كثرة التمارین الصوتیة واالستماع الى ملفات صوتية اص لية‬
‫ح تى یتمكن المتعلم من نط ق الح روف بص ور ة ص حیحة باإلض افة إلي ض رورة توف ير معام ل متكامل ة‬

‫وربطه ا بش بكة المعلوم ات ‪ ,‬كم ا اوص ت الدراس ة بض رورة ادراج ت دريس اللغ ة الفرنس ية فى المراح ل‬
‫التعليمية التى تسبق الجامعة لكى تبدأ من التعليم االساسي او الثانوى ‪.‬‬

‫‪1‬‬
Introduction

L’apprentissage de la langue française nécessite la maitrise de la


prononciation et l’articulation, qui dans le domaine de la didactique des
langues est étudié par la phonétique, celle-ci s’intéresse à la manière
dont le son est perçu puis articulé grâce aux différents organes
phonatoires, de manière à produire une parole compréhensible.

Selon Malmberg : «L'enseignement des langues étrangères est aussi un


domaine où la phonétique a une très grande importance pratique. Celui
qui veut apprendre à bien prononcer une langue étrangère, devra
acquérir d'abord la maîtrise d'un grand nombre d'habitudes articulatoires
nouvelles.» (Malmberg, B.1954 P : 122-127)

L'apprenant actif espère toujours que son apprentissage va lui permettre


de parler parfaitement et de communiquer, à l'orale et à l'écrit, avec un
locuteur natif du français en question.

L’objectif primordial de tout processus d’enseignement/ apprentissage


d’une langue étrangère est d’installer chez l’apprenant des
compétences qui lui permettent de communiquer aussi bien à l’oral qu’à
l’écrit. En effet, avoir une bonne maîtrise de l’oral en FLE,
nécessite en grande partie une composante particulière qui se distingue
des autres composantes linguistiques (vocabulaire, grammaire), celle de
la prononciation.
Nous nous sommes rendu compte que la prononciation est essentielle
pour la communication, l'importance de cette dernière conditionne
aujourd'hui l'utilisation efficace de la langue en générale. Une bonne

2
prononciation facilite à l'intercompréhension et donnera comme un
facteur appréciable dans l'acquisition des compétences de la langue à
apprendre : compréhension orale, expression orale, compréhension
écrite, expression écrite. C'est la raison pour laquelle, dans
l'enseignement des langues étrangères vivantes, on met de plus en plus
l'accent sur l'apprentissage de la prononciation.
Les étudiants universitaires libyens n’ont étudié de FLE ni au  
collège ni au lycée, c’est pourquoi ils ont rencontré beaucoup de
difficultés dans  l’apprentissage du français langue étrangère. En effet,
les apprenants libyens ne sont pas francophones et n’apprennent le
français qu’à l’université ; ils ont donc de la difficulté à s’exprimer, à
prononcer de nombreux sons et à construire des phrases correctes. Le
plus difficile pour les apprenants libyens est de ne pas arriver à
prononcer correctement quelques sons tels que les voyelles orales : [i] ,
[y] , [u] , les voyelles nasales tels que : [έ] , [ɑ̃ ] , [Õ] 

Effectivement, une mauvaise articulation des sons peut changer le


sens du message, voire bloquer l’intercompréhension entre les
interlocuteurs. Les difficultés de prononciation peuvent être dues à la
différence entre le système phonologique français et celui de l’arabe.
Autrement dit, la présence de certains phonèmes dans la langue cible
(français) et leur absence dans la langue source (arabe) peut entrainer
des difficultés d’articulation. De ce fait, l’apprentissage de la
prononciation reste toujours un problème pour les apprenants étrangers,
ainsi que son enseignement n’est pas facile, c’est pour cela que les
apprenants trouvent des difficultés d’apprentissage dans une classe du
3
FLE. Ce qui nous intéresse dans cet article est les problèmes
phonétiques chez les apprenants.
Dans ce travail, tout d'abord nous allons définir les concepts
fondamentaux qui renvoient à la prononciation, ceux de la
communication orale, la phonétique, et la phonologie. Puis, nous allons
essayer de décrire le système phonologique du français ainsi que celui
de l’arabe afin de faire une brève comparaison entre les caractéristiques
de ces deux systèmes.
Enfin, nous présenteront quelques difficultés rencontrées par les
apprenants arabophones sur la prononciation des voyelles orales et des
voyelles nasales.

1. La communication orale

En didactique des langues, l’oral est considéré comme « le domaine


de l’enseignement de la langue qui comporte l’enseignement de la
spécificité de la langue orale et son apprentissage ou moyen d’activités
d’écoute et de production conduites à partir de textes sonores si
possibles authentique » ( Cuq, J-p, 2002, p. 120)

Cela signifie que l’oral est la pratique de deux phénomènes : L’écoute


et la production de la parole. D’une façon générale, l’oral est la base
première de toute communication. Cette composante de langue précède
toujours l’écrit.

D’ailleurs, depuis l’enfance, on utilise la parole pour commencer à


communiquer avec les autres, c’est le premier moyen de l’enfant pour
entrer en contact avec les autres, ce qui nous amène à dire que la

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communication est un mode marqué par la spontanéité de l’enfant dans
l’immédiateté. De plus les apprenants d’une langue étrangère se
trouvent, confrontés à la langue orale dès le début de leur
apprentissage, leur objectif c’est d’être capables de communiquer
oralement, en d’autres termes, acquérir une compétence communicative.

Donc, avoir une compétence de l’oral implique à la fois comprendre et


produire. On parle ici de deux aspects de l’oral qui sont :
compréhension et expression.

1.1. Compréhension de l’oral :

La compréhension de l’oral est une capacité de comprendre et de


transmettre à l’apprenant des stratégies d’écoute d’un énoncé ou d’un
document sonore. Selon J-P. Cuq : « la compréhension est l’aptitude
résultant de la mise en œuvre de processus cognitif, qui permet à
l’apprenant d’accéder au sens d’un texte qu’il écoute (compréhension
orale) ou lit (compréhension écrite) » (Cuq, J-P, 2003, p. 49)

C’est-à-dire, la compréhension est le processus qui nous amène de


saisir le sens de ce qui est dit ou écrit. On note ici que la connaissance
du système phonologique est nécessaire car la maitrise des différences
pertinentes entre les sons d’une langue facilite fortement la
compréhension des énoncés.

1.2. Expression orale :

L’expression de l’oral constitue un objectif fondamental de


l’enseignement des langues étrangères dans l’intention d’acquérir une
compétence communicative visant à améliorer chez l’apprenant des

5
savoirs, savoir-faire et savoir-être. Elle est une action qui vise à
produire ou articuler un ou plusieurs énoncés, cela doit être réalisé avec
la maitrise des caractéristiques phoniques de la langue étrangère pour
que le message oral soit mieux compris et la communication d’une
manière générale est rendue plus aisée.
En d’autres termes, L’expression orale est considérée comme une «
opération qui consiste à produire un message oral [ … ]en utilisant les
signes sonores » (Galisson, R ; Coste, D, 1976, p.208).

L’expression orale se distingue par deux formes :

 Forme verbale : désigne la production des sons sonores à partir


de l’appareil phonatoire. Cette forme manifeste sous le volume, le
débit et l’intonation
 Forme non verbale : désigne les gestes, les sourires et les
signes du langage naturel.

En somme, on constate que les deux compétences de l’oral sont


complémentaires, l’une renforce la bonne perception et compréhension
de l’énoncé et l’autre permet la production, c’est-à-dire « la réalisation
sonore » (Guimbretiere, E. 1994, p :5)

En effet, l’acquisition d’une bonne prononciation joue un rôle primordial


dans la compréhension et l’expression du message. D’une manière
plus précise, une prononciation correcte permet l’apprenant à s’exprimer
d’une manière claire, ce qui facilite l’écoute et la perception de ce qui
est dit chez l’auditeur.

6
Notons que « c’est donc bien dans sa source sonore et dans son
substrat sonore que l’oral prend naissance, et, lorsque l’on parle d’oral,
c’est d’abord et avant tout entrer dans le domaine de la phonétique,
discipline reine pour l’analyse et la description de cette composante de
la langue » ( Idem  p: 5). Cela nous conduit à définir la phonétique ainsi
que la phonologie en vue de montrer leurs aspects apportés à l’orale.

2. Phonétique et phonologie

D’une façon très générale, on peut dire que la phonétique et la


phonologie sont deux approches ou deux méthodes de description
complémentaires (et non pas opposées) de certains aspects de la
communication orale. « Tout acte de parole suppose la présence d’aux
moins deux personnes. Celle qui parle et celle qui écoute .l’une produit
des sons, l’autre les entend et les interprète » Malamberg, B cité par
Billières, M, 2014 https://www.verbotonale-phonetique.com/

Selon Musa Ezeldin, (la différence entre phonologie et phonétique peut


se comprendre à partir de celle qui existe entre phonème et son. Le
concept à partir du quel travaille la phonologie est le concept de
phonème : celui à partir duquel travaille la phonétique est le concept du
son).( MUSA EZELDIN 2013 :35) Cependant, quand on articule mal, on
risque de ne pas pouvoir se faire comprendre. Pour que la
communication entre les interlocuteurs se déroule aisément, il faut bien
respecter les règles phonétiques.

7
2.1 La phonétique :

La phonétique est la science qui s'intéresse à la production des sons,


dont la phonétique articulatoire travaille sur la transmission de ces
derniers sous forme d'ondes sonores, c'est-à-dire sur la dimension
physiologique de la production des sons (la phonétique acoustique),
sinon à leur réception (la phonétique auditive). En didactique des
langues, la phonétique est « la discipline qui étudie la composante
sonore d’une langue dans sa réalisation concrète, des points de vue
acoustique, physiologique (articulatoire) et perceptif (auditif) » (Cuq, J-P,
2003, p.194)

Alors, nous ne pouvons pratiquer la langue sans tenir compte de la


phonétique, puisqu'elle étudie, ce que l'on prononce réellement.
La phonétique est une discipline scientifique qui s’occupe de l’étude des
sons du langage humain. Elle se base sur l’étude de l’aspect
physiologique de la parole. C’est-à-dire, elle décrit les sons tels qu’ils
sont prononcés selon des points de vue essentiels : articulatoire,
acoustique et auditif, ce sont les branches de la phonétique.

2.1.1 La phonétique articulatoire

C’est la branche phonétique qui prend en charge les mouvements des


organes phonatoires lors de l’articulation des sons. Cela veut dire que
cette branche cherche à décrire la façon dont les sons sont produits
par l’appareil phonatoire.

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Selon E, Guimbretiere, l’articulation désigne « le fait de produire un
son à partir du mouvement de l’air laryngien dans des zones
particulières de la bouche et du nez »( Guimbretiere, E1994, p.14)

Donc, l’air laryngien devient phonème vocalique (voyelle) ou


consonantique après son passage par des zones de résonances
particulières.

Autrement dit, la phonétique articulatoire permet de décrire un son en se


basant sur trois facteurs :

- l’articulation buccale

- les vibrations des cordes vocales

- la résonnance nasale

2.1.2.La phonétique acoustique :

La phonétique acoustique se focalise sur l’étude de la structure des


sons du langage et les mécanismes de leur transmission. En effet, c’est
une branche qui s’intéresse à décrire la façon dont un auditeur reçoit un
message sonore et s’appuie surtout sur l’analyse du signal sonore de la
parole.
D’autre part, l’un des phénomènes les plus importants à étudier dans la
phonétique acoustique est la résonance. Il s’agit d’un phonème
physique qui se produit lorsque les ondes sonores d’une certaine
fréquence rencontrent un corps(ou résonateur) dont la fréquence propre
est le même. Les variations des fréquences sont déterminées par ce
corps ou ce résonateur : les fréquences son graves lors qu’un
résonateur est grand comme le son [u] : la langue est retirée en arrière,

9
les lèvres sont projetées et arrondies, tandis que si le résonateur est
petit, les fréquences deviennent aigües comme le son [i] : la langue est
pressée contre les incisives, les lèvres écartées et pressées contre les
dents. Les résonateurs qui jouent un rôle très important au cours de la
production des sons de la parole sont donc la cavité buccale et la cavité
nasale. https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01078534 Submitted on 6 Nov 2014

2.1.3.La phonétique auditive :

Cette branche de la phonétique descriptive étudie la réception et


l’intégration des sons du langage. En d’autres termes, elle cherche à
comprendre comment les sons sont perçus et analysés par l’oreille
humaine.
D’après Pierre Martin, la phonétique auditive est un domaine qui étudie
les mécanismes de l’audition : « qu’elle envisage l’anatomie et la
physiologie de l’oreille externe, moyenne et interne puis le
fonctionnement de la cochlée et du nerf auditif, depuis l’organe de Coti
jusqu’au o-cortex » (Pierre Martin 1996, p. 121)

2.2. La phonologie :

La phonologie est une discipline qui se base principalement sur « l’étude


des phonèmes, de point de vue de leur fonction dans une langue
donnée et des relations d’opposition et de contraste qu’ils ont dans le
système des sons de cette langue (système phonologique) »Larousse,
2014, p.863

La phonologie s’intéresse à l’étude des sons par rapport à leur fonction


dans la langue. Autrement dit, elle s’appuie sur la description des

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éléments segmentaux (phonèmes) et les éléments suprasegmentaux (les
éléments prosodiques) du point de vue de leur fonction distinctive et de
leur façon dont ils s’organisent dans la langue. Elle est nommée aussi
phonétique fonctionnelle. Donc, Elle est considérée comme une science
qui « vise la description du système phonologique qui consiste à isoler
les unités distinctives abstraites (phonèmes et éléments prosodiques), à
établir leur liste et celle de leurs traits pertinents et à étudier leur
fonctionnement » (Cuq, J-P, 2003, p.194)

3. Le système phonologique du français :

Le système phonologique de la langue française est composé de


phonèmes vocaliques et consonantiques.

3.1. Le système vocalique

La langue française comprend seize (16) phonèmes vocaliques. Ils sont


composés de douze (12) voyelles orales et de quatre (04) voyelles
nasales. Ces phonèmes vocaliques sont tous sonores puisqu’ils font
vibrer les cordes vocales. Ceci implique que si l’on veut savoir si un
phonème consonantique est sourd ou sonore, il ne faut pas
l’accompagner d’un phonème vocalique ; l’air étant libre de passer, il ne
peut y avoir ni point d’articulation, ni opposition d’occlusivité / fricativité.
Cependant, la réalisation d’un phonème consonantique seul n’est ni
facile, ni naturelle.

Nous allons exposer dans le tableau n°01 suivant le système vocalique


français tel qu’il est illustré par (P. L Léon, 2007, p.68)

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Positions Antérieurs Postérieurs

Ecartés Arrondies Ecartés Arrondies

Très fermées i (si) Y (su) u (sous)

O (seau)
fermées e (ces) Ø (ceux) Õ (conte)

Moyenne ǝ (ce)
Ɛ (sel) oe (seul) ͻ (sol)
Ouvertes έ (brin) oẽ (brun)
ɑ (pâte)
Très ouvertes a (patte) ɑ̃ (pente)

On peut distinguer les différents types de voyelles selon les résonateurs


qui se modifient selon la position de la langue, de voile du palais et des
lèvres.

3.1.1. L’opposition de nasalité : elle est due aux deux positions du


velum (voile du palais). Les voyelles orales [ɑ] [ɛ] [œ] [ɔ] : tout l’air
passe par la cavité buccale. Les voyelles nasales [ɑ̃ ] [ɛ̃ ] [œ ̃] [ɔ̃ ] : une
partie de l’air passe par la cavité buccale et une autre parie par les
fosses nasales.

Phonème oral Phonème nasalisé


[ɑ] [ ɑ̃ ]
[ɛ] [ ɛ]̃
[œ ] [ œ̃ ]
[ɔ] [ ɔ]̃

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3.1.2. L’opposition d’aperture : lors de réalisation des phonèmes
vocaliques, la bouche s’ouvre plus ou moins et selon 4 degrés
d’aperture (d’ouverture) : fermé, semi-fermé, semi-ouvert, ouvert.
Phonèmes fermés : [ i ] [ y ] [u]

Phonèmes semi fermés : [ e ] [ ø ] [ ə ] [ o ]

Phonèmes semi ouverts : [ ɛ ] [ ɛ]̃ [œ ] [ œ̃ ] [ ɔ ] [ ɔ]̃

Phonèmes ouverts : [ a ] [ ɑ ] [ ɑ̃ ]

3.1.3. L’opposition de labialisation : certains phonèmes vocaliques


sont réalisés avec les lèvres étirés ou écartés : ce sont les phonèmes
non labialisés ou non arrondis. les autres phonèmes sont produits en
arrondissant les lèvres : ce sont les phonèmes labialisés ou arrondis.
par exemple : nous distinguerons la voyelle [ i ] qui est non labiale ou
non arrondie ,de la voyelle [ o ] qui est labiale ou arrondie.

Phonèmes non labialisés ou étirés : [ i ] [ e ] [ ɛ ] [ ɛ]̃ [ a ]


Phonèmes labialisés ou arrondis : [ y ] [ u ] [ ø ] [ o ] [œ ] [ œ ̃] [ ɔ ] [ ɔ]̃ [
ɑ ] [ ɑ̃ ]

Le phonème [ ə ] dépend des phonèmes consonantiques qui l’entourent


et ne peut être classé dans l’une ou l’autre des 2 catégories.

3.1.4. L’opposition de localisation : les phonèmes vocaliques ne se


réalisent pas tous au même niveau de la cavité buccale. Certains sont
formés dans la partie antérieure de la cavité buccale, d’autres dans la
partie centrale, d’autres enfin dans la partie postérieure.

Phonèmes antérieurs [ i ] [ y ] [ e ] [ ø ] [ ɛ ] [ ɛ]̃ [œ ] [œ̃] [a ]

13
Phonème central [ ə ]

Phonèmes postérieurs [ u ] [ o ] [ ɔ ] [ ɔ]̃ [ ɑ ] [ ɑ̃ ]

3.2. Le système consonantique :

Le système consonantique du français compte 17 consonnes. Nous


produisons les consonnes qui sont considérées comme « des bruits et
se prononcent avec une fermeture ou un rétrécissement du passage de
l’air » (Malmberg, B, 1954, p.45). En effet, les consonnes sont reparties
en trois groupes : Les consonnes fricatives, les consonnes occlusives et
les semi-consonnes.

3.2.1. Les fricatives

Les consonnes fricatives sont articulées avec un resserrement du canal


buccal (ce qui n'empêche pas le passage de l'air, contrairement aux
occlusives), ce qui produit un bruit de frottement. On appelle fricatives
les consonnes dont l’articulation comprend le passage de l’air dans un
canal resserré, ce qui produit à l’écoute une impression de frottement ou
de friction. Nous reprendrons le tableau proposé par P. LEON qui
regroupe les consonnes fricatives ainsi que leurs lieux et modes
d’articulation. Tableau n°02 illustrant les consonnes fricatives.
« Phonétisme et prononciation de français ». (LEON 2007, p.68).

Lieu Labio- Prédorso- Prédorso- Dorso-uvulaires

14
dentale alvéolaires prépalatales

mode
Non-voisées F S ʃ

Voisées V Z ʓ R

3.2.2.Les occlusives

Les occlusives sont les consonnes prononcées par une occlusion du


canal vocal qui est suivie d’une ouverture : fermeture complète, puis
explosion de l’air. LEON propose un tableau regroupant les principales
consonnes occlusives et leurs modes d’articulation. Tableau n° 03
illustrant les consonnes occlusives et leurs modes d’articulation.
« Phonétisme et prononciation de français » (idem, p.68)

Lieu Bi-labiales Apico-dentale Médio-dorso- Dorso-vélaire


palatale

mode
Non-voisées P T K
(sourdes)
Voisées B D g
(sonores)
Nasales M N ɲ ŋ

15
3.2.3.Les semi-consonnes :(ou les semi-voyelles)

Les semi-consonnes sont des articulations intermédiaires entre les


consonnes et les voyelles .Elles sont toujours suivies (ou précédées
pour[ j ] ) d’une voyelle prononcée pour former une syllabe. Elles sont
en nombre de trois : le [ j ] de fille , le [ ɥ ] de lui , et le [ w ] de louis  .
(Lauret, B, 2007, p.79)

4. Le système phonologique de l’arabe :

Dans cette partie nous tenterons de d’écrire brièvement le système


phonologique de la langue arabe afin de pouvoir relever les points de
divergence qui résident entre les deux systèmes phonologiques (arabe et
français) traditionnellement, on dit que l’arabe se caractérise par un
consonantisme riche et un vocalisme pauvre.

4.1. Le système consonantique: Le système phonologique de la


langue arabe comporte (28) consonnes, qui sont présentées
dans le tableau suivant : Tableau n°04 illustrant le système
consonantique de la langue arabe.
http://www.prémlangues.education.fr/sites/default/fils/pi/systeme.pdf

Occlusives Empathiqu Fricative Nasale Liquide Glides

16
e s (semi-voyelles)
Labiales ‫ب‬ ‫ف‬ ‫م‬ ‫و‬
B F M W
Interdentales ‫ظ‬ ‫ث‬ ‫ذ‬
Dentales ‫ت‬ ‫د‬ ‫ط‬ ‫ظ‬ ‫ن‬ ‫ر‬ ‫ل‬

T d N R L
Sifflantes ‫ص‬ ‫س‬ ‫ز‬

S S z
Palatales ‫ي‬
‫ج‬ ‫ش‬
Y
Vélaires ‫ك‬ ‫غ خ‬
K
Uvulaires ‫ق‬
Q
Pharyngales ‫ع‬ ‫ح‬
E
Glottales ‫ء‬ ‫ه‬
h

4.2. Le système vocalique :

La langue arabe est considérée comme une langue qui possède un


système vocalique très réduit. Il se limite au triangle fondamental [a] , [i]
et [u] Ces trois voyelles sont sous deux formes : brèves et langues.

La combinaison entre le système consonantique et le système vocalique


est nécessaire pour constituer le système syllabique. Le trapèze
vocalique de la langue arabe est schématisé comme suit : (Med,
Makhlouf, p.03)

Le trapèze vocalique de la langue arabe :

17
i u

5. Les différences entre les deux systèmes (Français / arabe)

A travers ce que nous avons cité dans les deux points précédents, on
trouve que l’apprentissage du français par les apprenants libyens
implique, à la base l’acquisition d’un système phonétique et
phonologique radicalement différent de celui de la langue arabe, parce
que :

Tout d’abord, l’arabe est une langue à consonantisme riche, au


contraire, le français est moins riche en consonnes et plus riche en
voyelles. La langue arabe comporte des consonnes qui n’existent pas
en français, alors que le français a des sons consonantiques qui sont
absents dans l’arabe standard tel que les consonnes [p] , [v], [g].

En plus, Le lieu d'articulation pour la majorité des voyelles françaises


est antérieur par contre pour la langue arabe est postérieur.

Enfin, le français admet le groupement de deux ou trois consonnes


dans la même syllabe mais, l'arabe admet tout au plus une séquence
de deux consonnes dans la même syllabe jamais au début du mot.

En effet, le système phonologique se diffère d’une langue à l’autre par

rapport aux aspects syntaxiques, morphologique et graphiques. En

18
particulier, le français et l’arabe s’opposent dans le système

consonantique et surtout vocalique parce que l’arabe a trois voyelles ce

qui pose une difficulté aux arabophones qui étudient le français comme

langue étrangère. E, Guimbretiere considère qu’ « en terme

d’enseignement l’apprentissage d’un système phonique, il est important

de pouvoir établir des comparaisons pour prévenir les difficultés dans

l’apprentissage ». (Guimbretiere, E, 1994, p.17)

Nous pouvons présenter quelques points distinctifs existant entre la


langue française et la langue arabe, qui peuvent engendrer des
absences liées à la prononciation. En observant les deux systèmes
phonologiques français et arabe, nous trouvons que la différence la plus
évidente entre les deux, est celle du nombre de voyelles.

En réalité, Le français est une langue à vocalisme riche, elle compte


seize voyelles, dont quatre sont nasales. Par contre, l’arabe est une
langue à vocalisme pauvre, comportant seulement trois voyelles [a], [ i ],
[u] mais à consonantisme riche.

Ainsi, nous remarquons qu’un nombre important de voyelles françaises


ne figurent pas dans la langue arabe tel que [y] , [Ø ] , [ɛ] , [ɛ]̃ , [ɔ].
̃

Donc, cette différence au niveau de la présence de certaines voyelles et


consonnes en langue étrangère (français) et leur absence en langue
maternelle (arabe), peut conduire l’apprennent à une confusion entre
elles, ainsi tomber dans l’erreur.

19
6. Difficultés de prononciation des voyelles

6.1. Difficultés liées à la prononciation des voyelles orales:

- le son [y] ; Le problème principal dans la prononciation de [y] se


manifeste lorsque les apprenants le prononcent [u], parce qu’ils
l’entendent comme le [u] Exemple : tu, une, rue ; Production
incorrecte : [tu] , [un] , [ru] . Dans la phrase (bien sur), au lieu d’articuler
[syr] les apprenants articlent [sur]

- le son [ə] ; Au début de l’apprentissage, les apprenants prononcent le


[ə] français comme le [e] anglais. Puisque sa graphie est comme le [e]
anglais, ils croient qu’il est prononcé de la même manière. Mais le
problème principal se manifeste lorsqu’ils remarquent que la graphie [e]
se prononce quelquefois [ə] et quelquefois [e] (Ou bien [ε]). Ceci étant,
nous avons deux types de fautes : les apprenants prononcent le [ ə]
comme [o]; ils ont de la difficulté à distinguer dans quelles conditions le
[e] est prononcé [ə] et dans quelles conditions il est prononcé [e] ou
[ε]: Exemple : le, premier, me Productions incorrectes de (le): [lo], [le];
Productions incorrectes de (premier): [promje], [premje]; Productions
incorrectes de (me): [mo], [me]

- Le son [ø] et [œ] ; A propos de ces deux voyelles, on peut prétendre


que presque tous les apprenants libyens débutants et la plupart des
intermédiaires ou même certains des avancés, ont des difficultés à les
prononcer correctement. La plupart des apprenants les prononcent
généralement [o]. On a aussi rencontré des cas où certains apprenants

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les prononcent [u]: Exemple : deux, peux, veux Productions incorrectes
de (deux) : [do], [du]; productions incorrectes de (peux) : [po], [pu]

Productions incorrectes de (veux) : [vo], [vu].


- Le son [a] et [α]; On trouve les difficultés pour la prononciation de [a]
et [α] surtout chez des adultes qu’ils ont appris, anciennement, le
français. Leur prononciation a toujours une tendance à prononcer
presque tous les [a] comme [α]: Exemple: la, il y a, machin

Production incorrecte: [lα], [iljα], [mα∫in]; Cette confusion se manifeste


aussi chez la plupart des apprenants débutants.

- Le son [ε] et [e]; Puisque dans notre langue maternelle on ne


reconnaît aucune différence entre ces deux voyelles, c’est difficile pour
les débutants de comprendre et de respecter leur différence phonique.
Le souci le plus important est de parvenir à prononcer correctement [y],
[ø], [ə], les voyelles nasales et de les distinguer de leurs ressemblants.
Donc, pour ce cas aussi comme pour la différence concernant [ø] et [œ]
et [ε] et [e], pour la correction phonétique de nos apprenants, nous
agissons en multipliant des exemples, mais on laisse leur enseignement
particulier une fois que leur niveau de langue s’élève. Bien sûr il ne faut
pas négliger ces différences. Mais on doit les considérer au fur et à
mesure que l’enseignement avance.

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6.2. Difficultés liées à la prononciation des voyelles nasales :
[ ɛ̃ ] , [ ɑ̃ ] , [ ɔ̃ ] , [œ] . [ɛ]̃ = in , [ ɑ̃ ] = an , [ɔ]̃ = on , [œ̃] = un

Lors de la prononciation des voyelles nasales, on a trois types de


difficultés de prononciation différentes chez les apprenants libyens :

- ils prononcent les voyelles nasales comme celles des orales, tout en
prononçant la consonne nasale: Exemple: Vien, pendant, parlons
Production incorrecte : [vjan], [pαndαn], [parlon]

- ils prononcent la voyelle nasale comme orale, mais souvent ils


suppriment la consonne nasale: Production incorrecte : [vja], [pαndα],
[parlo ];

- ils réalisent les voyelles nasales presque correctement, mais en


ajoutant à la fin la consonne nasale: Production incorrecte : [vjεn],
[pαndαn], [parlon]

Conclusion

Comme nous venons de le voir tout au long de ce modeste travail,


l'apprentissage de la prononciation est un élément indispensable dans le
processus de l'enseignement/ apprentissage d'une langue étrangère.
Au cours de cette recherche, nous avons évoqué la conception de
phonétique et toutes les notions qui sont en relation avec elle. Nous
avons aussi expliqué les systèmes phonologiques de la langue
française et celui de la langue arabe en donnant une petite comparaison
entre ces deux systèmes phonologiques.

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Enfin nous avons montré quelques difficultés sur la prononciation des
voyelles orales et nasales. D’après notre expérience nous avons
constaté que la majorité des étudiants souffrent d’un grand problème de
prononciation relatif à ces sons vocaliques ; par exemple : l’apprenant
au lieu de prononcer [vwatyr], il prononce [vwator], et au lieu de
prononcer [gᴚᾶ], il prononce [gᴚo]. Donc les étudiants trouvent des
difficultés spécialement avec les voyelles orale et nasale. De ce fait, la
source principale de ces difficultés est l’interférence qui existe entre le
système phonétique de la langue maternelle et celui de la langue
française. C’est pour cela, il est nécessaire de faire comprendre aux
étudiants que chaque langue possède son propre système phonétique et
qu’elle ne représente pas la réalité de la même façon. Bref, nous
pouvons confirmer que l’étude de la prononciation en classe de FLE est
nécessaire. Elle contribue, malgré les difficultés, à susciter et à entretenir
la dynamique des apprenants. D’autre part, c’est un moment avantagé
permettant aux apprenants de s’exprimer librement et de s’habituer à
prendre la parole.

Nous voudrions conclure ce travail en donnant quelques


recommandations pour améliorer l’habilité phonétique chez les
apprenants :

- il est conseillé de consacrer assez de temps pour enseigner


explicitement les voyelles en donnant des exercices variés oraux,
par exemple, écouter des chansons et voir des films français dans
la classe ; utiliser les chansons dans la classe est un moyen

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efficace aussi pour développer la compétence de compréhension
orale.
- La présence d’un laboratoire à la disponibilité des apprenants,
dans lequel ils peuvent pratiquer la langue française, est un
moyen d’apprentissage efficace.
- Il est aussi important de ne pas retarder l’apprentissage du FLE
dans le cursus universitaire. Il est cependant nécessaire de
réintroduire l’enseignement du français dans les écoles
secondaires et pourquoi pas l’introduire dans le cycle
préparatoire ?

Il convient enfin de dire que, la phonétique est obligatoire, c’est un


élément basique dans la formation de l’apprenant qui doit avoir une
prise de conscience du phénomène articulatoire. Finalement nous
souhaitons que ce travail invoque à être poursuivi par d’autres
recherches dans l’intention de recueillir des données plus complètes
sur la difficulté de la prononciation des voyelles françaises.

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Biographie

 Cuq, J-p, Dictionnaire pratique de didactique du FLE, ophrys, France, 2002


 Cuq, J-P, Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde,
CLE international, Paris, 2003
 Galisson, R ; Coste, D, Dictionnaire de didactique des langues, France,
hachette, 1976
 Guimbretiere, E. Phonétique et enseignement de l’oral, Didier, Hatier, Paris,
1994
 Pierre Martin 1996, p. 121) Martin, P. (1996). Eléments de phonétique avec
application au français. Sainte-Foy : Presses de l'Université de Laval
 Dictionnaire le petit Larousse, éd .Larousse, Paris, 2014
 Léon, P, Phonétisme et prononciation du français, Ed .Armand colin, Paris,
2007
 Malmberg, B, La phonétique, PUF, Paris, 1954
 Lauret, B, Enseigner la prononciation du français : questions et outils,
Hachette, Paris, 2007
 Med, Makhlouf, Denis, Legros , Brigitte, Marin., Influence de la langue
maternelle kabyle et arabe sur l’orthographe française 2006

Mémoires consultés en français

- Les difficultés de prononciation du français chez les apprenants iraniens.


Rouhollah Rahmatian 2016
- Les difficultés de la prononciation en classe de FLE. Sarah BOUHMIDI
2018/2019
- Les erreurs de prononciation des phonèmes en français chez les apprenants
de 4am. M. Dib Tarik M. Daid Rabah 2017

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Sitographie

www.universalis.fr/encyclopedie/consonne-fricative consulté le: 20/01/2016

http://research.jyu.fi/phonfr/16.html consulté le: 16/01/2016

Malamberg, B cité par Billières, M, Phonétique et phonologie ,2014, disponible sur le


site : https://www.verbotonale-phonetique.com/phonetique-phonologie/phonetique-
phonologie/.Consulté le : 07/02/2019

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01078534 Submitted on 6 Nov 2014

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