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Boulez Memorial e French
Boulez Memorial e French
Boulez Memorial e French
ORIGINEL)
Author(s): Annie LABUSSIÈRE and Jean-Marc CHOUVEL
Source: Musurgia, Vol. 4, No. 1, Dossiers d'analyse (1997), pp. 42-66
Published by: Editions ESKA
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40591073 .
Accessed: 11/08/2011 13:47
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PIERRE BOULEZ : MEMORIALE
(...EXPLOSANTE-FIXE...
ORIGINEL)
Annie LABUSSIÈRE*
Jean-Marc CHOUVEL**
«Jeparleetsoustonvisagetournele côned'ombre
qui dufonddesmersa appelélesperles»
AndréBreton,Du rêve,octobre1943(1)
1. Introduction
: Le concertdu 29 novembresera dédié à la
une naissance« in extremis», mémoirede LarryBeauregard, flûtiste
à l'E.I.C.
Au momentde sa mortle 4 septembre1985,
un « baptême» différé LarryBeauregardtravaillait
la partie instrumentale
à la jonctionde la 4Xetde
de ....explosante-fixe...de
PierreBoulez.
Les vendredi 29 et samedi 30 Ce soir,outre le programmeprévu pour les
concertsdu 29 et du 30 novembre,sera interprété
novembre1985 étaientprogrammés, pourflûtede ...explosante-fixe....
l'originel
au Théâtre des Amandiers(2' à SophieCherrier,flûtei4)
historique:
2. Perspective entre les pages 22 et 23 de la revue
d'unsous-titre
les implications Tempo,(n° 98, 1972),propose une suite
de six « canons et épitaphes »(12'
Memoriale (...explosante-fixe.. .origi- L'œuvredédicatoirede Boulez se pré-
nel) : la permanencedu sous-titre inviteà sente comme une œuvre « ouverte»
s'interroger surla genèseetles avatarsde s'étalesurune double
P«œuvre- maîtresse», page :
...explosante-fixe...,
qui défrayala chroniquedepuis 1971, En haut,à gauche,le titrede l'œuvre:
époque de sa premièreconception,jus- /...explosante -fixe.../
qu'aux années90,où l'œuvres'affirmera
comme l'une des pages magistrales de Celui-ci,empruntéà André Breton,
cette fin de siècle, au même titreque estrarement replacédans son contexte:
Répons.Autrement qu'au seul statutde « La beautéconvulsivesera érotique-voi-
«work in progress»,ici « c'est d'une lée, explosante-fixe,magique-circons-
famille d'œuvresqu'ils'agit.D'une famille tancielle,ou ne serapas »^13).
ou d'uncycle: certainesportent le même
En haut,à droite,la dédicace :
le nom),toutespor-
visagepublic,(le titre,
tentla continuitéd'une histoireprivée, afin -d'évoquer ' IgorStravinsky
voire secrète[...].Toutesles pièces qui - de conjurer' sonabsence
répondentau nom (propre? commun?) Curieusement, l'espritsériel,avec ses
d'...explosante ne forment
-fixe... doncpas constantes se manifeste
un bel arbregénéalogiquemaispoussent permutations,
ici à traversl'inconscientdu composi-
des multitudesde racinessouterraines
« »
l'une vers l'autre,ainsi que, sans doute, teur: cette conjuration ne serait-elle
celle d'une « présence-absence» du
versl'ensemblede l'Œuvreboulézien»(10). pas
grandIgor ?...
Aprèsla mortd'Igor Stravinsky, le 6
avril1971,un appel avaitété lancéà l'ini- La « matrice» d'...explosante fixe...éta-
tiativede la revueTempoet de son édi- lée sur une double page, exhibe un
teurDavid Drew^n).Il s'agissait,selon la schémafaitde fragments musicauxreliés
tradition,de réunir quelques pages entreeux par de grandesflèches.Elle
écrites en hommage au compositeur propose,à la manièred'un« jeu de l'oie »,
récemment disparu. Un ensemble différents « parcours»,tous tributaires
d'œuvres futainsi réuni et publié en d'un originelplacé au centre,pointde
deux cahiers.Le second cahier,encarté départou d'arrivée(exemple1).
Cetoriginelfaitappel à septhauteurs
fixes et met en évidence la note MI
bémol,référenceà l'£s(14), soit,phonéti-
quement, à l'S de Stravinsky. Tel un
« objetmusical» de base, il affirmera son
profil dans l'une de ses toutes pre-
mières réalisations,en dessinantdans
un tempo lent,une courbe mélodique
en six sections(exemple 2).
Les sept notesfondatrices qui consti-
tuentl'origineldevaientservirde points
d'ancrage à six variantes ou
« transitoires » (numérotéesde II à VII),
dont les interventions impliquaientle
choixd'une dynamique-l'échellepropo-
sée allantdu pppp au / - et celui d'un
timbre, les premiersinstruments convo-
qués étantau nombrede sept: 2 flûtes, 2
clarinettes, 2 violons,harpe.Les parcours
et les choixétaientminutieusement indi-
qués dans les dernières du
pages cahier,
où l'on peut lire le « mode d'emploi»
bilingue (français-anglais). Œuvre
« ouverte» donc, dans sa première
conception,...explosante- fixe ...com-
mençaitsa carrièreau filde réalisations
diverses.L'intérêt de la versionde 1972,
réalisée par Boulez, futl'adjonction,à
l'ensembleinstrumentai 15'd'un disposi-
tifélectro-acoustiquefaisantappel au
« halaphone»(l6' Créée à New York le
5 janvier1973,cetteréalisation etles révi-
sions qui s'ensuivirentinauguraient
« dans un espritpré-ircamien [une] colla-
borationpratique,au sein d'une équipe
de travail,entre scientifiqueet musi-
cien»(17).Sous cette forme,l'œuvre fit
sensationà Paris,au théâtred'Orsay^18)
lors du Festival d'Automne 1974. Le
public« boulézien» sentitce soir-làque
quelque chose de neuf était né, qui
devaitbientôtconduireà la créationde
(l4)mibémolen allemand.
n5)Huitinstruments cettefois: flûte,
clarinette,tromoette. haroe.vibraohone.violon,alto,violoncelle.
n6iLe Halaphoneavaitété conçu Sa « machine»,très
par Hans PeterHaller.Celui-citravaillait alorsà Freiburg.
remarquable, permettait une relative« continuité» entreles timbresinstrumentaux et avaitle « pouvoir»-chose inouïe
-
à l'époque de fairevoyager, en tempsréel,les sons à travers l'espace.Cette« magie» nouvelleimpliquait toutefois
dif-
férentes « adaptations» en regardde l'acoustiquedes salles.On dut,par la suite,abandonnerle « halaphone». Celui-ci
futsupplantéparun ordinateur, la célèbre« 4 X »,qui,à son tour,céda bientôtla place à l'actuelleStationInformatique
de l'IRCAM.
(1T)ïameux.Dominiaue.PierreBoulez.Paris.FavardFondationSACEM.1984.n. 227.
(181Particulièrement vivantà cetteépoque, avantque la CompagnieRenaud- Barrault ne s'installât
au «Théâtredu
-
Rond Point».
46 MUSURGIA
(19)Varèse,
Edgar,Octandre,pour8 instruments (1924),NewYork,Colfranc
MPC,1966.
f20)Le jeudi 21 juin 1990,à Milan,(GrandeSalledu Conservatoire),
Octandre,de Varèse,figurait,
avecMemoriale
{...explosante originei)au programme
-fixe... du concertde Chambredonné par PE.I.C,sous la directionde Boulez.
« »
L'analogiedes deux anacrouses n'a pas échaooé à certainsauditeurs.
i21)Copie manuscrite consultableà la bibliothèquede l'E.I.C.
f22iUE N° 30 757. convriffhr
1QQ3hv UniversalFHirion Wien
í23)Au sens où l'entendFrançoisNICOLAS,«Traversée
du Sérialisme
»,Les Conférences
du Perroquet,
N° 16,avril
1988,p. 41 et sqq.
PIERRE
BOULEZ
: MEMORIALE
(. . .EXPLOSANTE-FIXE.
. .ORIGINEL) 47
a)
Irrégulier,vacillant * = 60 r- • 66
varierla dynamiqueetla vitesse
assezabruptement,
ad lib. ■
rr.^^wv-
b)
Unpeuvif( • - 98/102,irrégulier,
vacillant
)
» 78 ' 60 fr.w*
'
mP ===== -/ «¡P<
a')
ense raréfiant # = 60 ' 48
se ralentissant
notesrépétées régulièrement
^/« no/«jaccentuées
unpeupluslongues)
b')
ense raréfiant
J = 78 V 60
r jp
Exemple 4
-due auxexigences
que soitleurdisposition -,touslesdiagrammes
f24^Quelle
etudedoiventse lirehorizontalement,
typographiques présentésdanscette
etde gaucheà droite.
48 MUSURGIA
brisés- et l'affirmation
quasihiératique Ce diagramme,qui présente le
de notesinsistantes(exemple5). déploiementtemporeldes hauteurs
selonl'ordrede leurapparition, permet
également de saisirunaspectimportant
de l'imagesonorede Memoriale: la
redondancedu matériau des hauteurs.
Celui-ci,en effet, se limiteà 12 sons.
Reproduitsci-aprèsdans leur ordre
d'apparition(exemple6 a), on les a
ordonnésensuite(exemple6 b) selon
l'échellefixeque Boulezutiliseexclusi-
vementdans toutel'œuvre,non seule-
mentà la flûte(25), maiségalement- à
l'exception quelquessections- pour
de
l'ensemble instrumental.
I ' 0> ¿4
[
li*- ~fc
i CO CM
"■
1 ¡)+ * i*
T n
■■> i«
Exemple6
(25)On est fondéà signalerque, dans ses deux édi-
tions,la calligraphie de Memoriale(uè 1985) présente,
chiffre 9, mesure25,premier temps,uns/bémol4 erroné,
à corriger en si bécarre.Cetteerreurs'estreproduitedans
la partitionUE No 30 757 (copyright ue 1993),...explo-
sante-fixe... flûtesolo.En revanche,
originel, ellea étécor-
rigée dans le grand conducteurde ...explosante-
fixe...
originel, pourflûteseule [MIDI] et ensembleinstru-
Exemple5 mental, version1991/ 93,UE No 30 755.
PIERRE : MEMORIALE
BOULEZ (. . .EXPLOSANTE-FIXE.
. .ORIGINEL) 49
< t
o A À a
Exemple8
(26)MessiaenOlivier,
Techniquede monLangageMusical Paris,Leduc,1944,Vol.2, p. 53.
(m Stravinsky
Igor,SymphoniesofWindInstruments,
(1920,revised1947),HawkesPocketScoresN° 672.
50 _ MUSURGIA
l'œuvre,permetde rendrecomptedu
partide contrasterythmique mis en
place par Boulez. On constateégale-
mentunesymétrie partielleautourde la
section23 (la barrede mesure87 for-
mantaxe), dontl'objetestde parvenir
progressivement, en ce pointprécis,à
un tempotrèsmodéré,touten conser-
vantun contraste maximumavec les
sectionsnotéeslent,calme,adjacentes
(chiffres 18et29).
Cessixsections lentes(3,6,10,14,18,
29) réitèrent le modèle de Voriginel
danssa réalisation que caracté-
initiale,
risaitl'ocurrence, en nombrecroissant,
des sept sons matriciels(cf. supra,
exemple2). Leurharmonisation accu-
santun largeambituset un partide
« mouvement contraire »,ellesse résol-
ventà l'unisson, surle MI bémol(S...).
Celui-ci, constitue le pivotde la pièce,il
l'étayedepuis ses manifestations les
plus élémentaires jusqu'au niveau le
Le
plus général. diagramme (exemple
10) meten évidencela présencedu
modèle impulsion- résonance^ en
montrant l'imbrication des différents
niveaux,depuis l'organisation linéaire
de la flûte(niveau1),jusqu'àla macro-
structure de l'œuvre(niveau3),en pas-
sant par la configuration des trente
sectionssuccessives(niveau2). Il est
possible, eneffet, d'expliciterde la sorte
l'affleurement omniprésentdu mi
bémoldans les sections22, 23, 24,
(autourde l'axe de symétrie !) et de
comprendre, analytiquement, l'impres-
sionde fixationet de suspensiontem-
porelleque génèretoutela dernière
partiede Memoriale.
Exemple9
3.2. Unmondeenécho
En 9 a) les tempisontdonnésdans
leurordred'apparition.En 9 b), ilssont 1. « J'iraisjusqu'à dire que l'analyse
classéspar ordrecroissant de célérité. n'apprend
rienpeut-être que nous
ne sachionsdéjà,maiselle nous le
Ce dernierdiagramme,restituant à révèle et nous en fait prendre
sa
chaqueséquence place dans l'échelle conscience.L'analysene peut être
des tempi et dans le parcoursde que cette descriptionde nous-
(28)(n pourimpulsion,
- pourrésonance).
PIERRE
BOULEZ . .ORIGINEL)
(. . .EXPLOSANTE-FIXE.
: MEMORIALE 51
A
« modèleimpulsion - résonance » est,
à l'évidence, issude l'analyse «acous-
tique» des sons instrumentaux.
L'impulsion énergétique estprésente
au moment de l'attaqueetse diffuse
dansl'espacede la résonance.Dans
la terminologie communeà PElectro-
acoustique et aux écrits de
Boulez(31),il faudrait ici parleráen-
veloppe' or, le modèle impulsion-
résonancevautégalementpour le
rapport de la flûteà son « accompa-
■ gnement » instrumental. La flûteini-
tie une configuration énergétique
extraite de la série,et l'énergieainsi
convoquéese déploiedansl'espace
orchestral, s'ydiffuse, exactement de
la mêmemanière que dans celui créé
parl'électronique au coursdes diffé-
rentesversions de ...explosante -fixe
' y fat
ou de Répons.Pourconserveraux
autresinstruments une nécessaire
distance acoustique, pourleurconfé-
rer une sonorité d'un « autre
Exemple 10
11lìIII monde», Boulez a recoursà des
« atténuateurs » trèsefficaces: sour-
dinesetsonsbouchésauxcors,sour-
dines en plomb aux cordes, qui
mêmespar nous-mêmes à travers enlèvent à celles-ci toute leur
des modèles,le labyrinthe de l'au- «brillance ». Les figurations instru-
teurétantrefermé surlui-même et, mentalesqu'il utilisepeuventaisé-
dans ce sens,inutilisable pour qui ment trouver des analogies
n'estpaslui.[...]Ce que l'analyse
per- électro-acoustiques :
(291Boulez Pierre,
Jalonspour une décennie,p. 64,Paris,Bourgois1989,p.64.
(i0)Ibid.p. 69.
(31)Ibid. p. 382-388.
52 MUSURGIA
"
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b (g) a
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(.sons L A f ^
3tfe r ^/ y vj(,^^^
/
Exemple11
(32iBoulez,Pierre,
Penserla musiqueaujourd'hui,Paris,Denoèl/ Gonthier,
1963,p. 60-61.
BOULEZ
PIERRE . .ORIGINEL)
(, . EXPLOSANTE-FIXE.
: MEMORIALE 33
«champdiffus
».Elleintervient dèsla êtrerelevéau débutdu chiffre12: les
premièremesure (harmoniques des instrumentsreconstituentde manière
cordesgraves),ou encoreau chiffre lacunairela mélodie de la flûte
2 (harmoniques des cordes),etc. (exemple12a), ce que le diagramme
- Un bon exemplede « filtrage» peut (exemple12b).
jointmeten relief
I
_j£t HmM HBJfll
-^ BH H
i .i_¡■ 1/
11*'
If 1/ I ^ «■ I
, j '¡i h ^ i t & 9HB
(Bai 4 ^ A
Exemple12
54 MUSURGIA
s~^ stable, J = 84
Modéré,
(20) t
Exemple13
- Le chiffre20 présenteun exemple On assisteégalementà une combi-
caractéristiquede « renversement natoire de ces différentseffets: au
temporel» : rétrogradationde la chiffre4, le renforcement devient un
figure de la flûte au violon 3 trèslégerécho et s'achèveen réverbéra-
tion(exemple 14).
uni*
(exemple 13).
Enfin,la figuration est doublée par
de modes de jeu particuliè-
l'utilisation
rementraffinés. On en dénombredix-
huit(tableauII) misen évidencepar un
• !lFr ' *■' diagrammeformel(exemple 15) où l'on
constate qu'ils sont exposés en deux
grandes « vagues» (chiffre0 à 4, puis
chiffre11 à 15). Les autressections se
contententd'exploiterces « réservoirs »
m -AL i pi
de sonorités,en particulier toutela sec-
tionterminale, de 18 à 29(33).
*
M. J. I MODESDE JEU
O
Arcononvibrato-écoulés legato
fe;ï>
••<:/
C
» _:;' 'Mil/ Cors,sonsbouchés,coulés,leg.
D
E Arcosul tasto-> tremolo
F Arcopos. nat.->>coulés,legato
.;| _^.".jl Q Archetnormal-> trilles
H Col legnobattuto -> staccato
I Archetnormal- > sons itératifs
J Cors,sourdine, coulés,legato
K Arcosul pont.-> trilles
L Arcopos. nat.- > staccato/legato
M Cors,sourdine, sonsdétachés
N Arcosultasto- > gammes
O Arcosul pont.-> tremolo
P Pizzicato- > tremolo
Q Arcosul tasto.-> staccato/legato
t- CM ^^
CO R Arcosulpont.-> ostinato
Tableau II
<¿ » S i33ìUne exceptionnotable: le tremoloen pizzicati
Exemple14 au violoncelle,
autourde l'axe(section23).
PIERRE : MEMORIALE
BOULEZ (. . .EXPLOSANTE-FIXE.
. .ORIGINEL) 55
3.3. Unmondemodal?
L'aspect le moins évident de la
musiquesérielleestprobablement son
rapport à l'harmonie.« On a déjà insisté
surle faitcapitalque la sériediluel'op-
positionentrehorizontal etvertical, de
mêmequ'ellefaitappelà un univers où
consonance et dissonance sont
abolies»^4' Memoriale présente, à n'en
un
pas douter, magnifiqueexemple
d'unetelledilution. Deux aspectsméri-
tentd'êtreanalysésen détail: d'une
part,le déploiement de la sériedansle
coursde l'œuvre, d'autrepartla réalisa-
tion,par Boulez,d'unevéritable « har-
monisation»des figuresde YOriginel
dansles sectionslentes.
(341Boulez Pierre,
Penserla Musique...,op. cit.p. 153.
(35)MeeusNicolas,HeinrichSchenker,une Introduction, Liège,Mardaga1993,p. 66.
56 MUSURGIA
«ftüH JB*
3. L'engendrement des accords fait
appel aux techniquessériellesde
multiplication d'accords(exemple
18 C)<38>.
Exemple16
a) fip,
Úfep.
"
(Hf-
fea.. ^ 'i- g. w
I i^s_ii -"-^
Exemple17
1 =
>■
"
I ,| 'I 1 h'i"^n
i'
" ' i, * *• i> h ,^
■ "in' t[
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3" 5 r 3* ?^ 3
^ ^ "' 'I-*1'
b"^
7* if 7" 2* 3* 6* 3' 6+
Exemple18
de « l'ordinateuren temps réel» ; on en 1985dansl'espacemusicalcontempo-
s'aperçoitalorsque Memoriale,radicelle rain,Memoriale, œuvrede chambrepour
issue de ce monderhizomatique, a suivi flûtesolo ethuitinstruments, « demeure».
son propreparcours, touten revenant un La partition la plusdélicate,exigeantl'in-
jour féconderl'arbreinitial: l'Originel, terprétationla plus subtile,nécessitant
pourflûte[MIDI] et grandorchestre, qui l'écoutela plus raffinée^40)sera,on l'es-
conclut de manière éclatante la plus père, longtempsencore jouée sous sa
récenteversion d'..explosante-fixe...P9)formeactuelle(41). Car l'universélectro-
Mais,parallèlement,le microcosme lancé acoustique n'est présentdans l'œuvre
ANNEXE
I. Memoriale(...explosante-fixe...originel)
Programmation parPE.I.C, 1985- 1996
DATE LIEU DIRECTION SOLISTE
29-11-85 NANTERRE, PierreBoulez SophieCherrier
(Théâtredes Amandiers)
01-02-88 LILLE PeterEötvös SophieCherrier
(Auditorium)
03-02-88 BRUXELLES PierreBoulez SophieCherrier
(Palais des Beaux-Arts)
16-06-88 NEW YORK PierreBoulez SophieCherrier
(Brooklyn, AcademyofMusic)
27-07-88 ROME PierreBoulez SophieCherrier
Palazzo Farnese
13-11-88 LONDRES PierreBoulez SophieCherrier
(QueenElisabethHall)
17-01-89 LONDRES PeterEötvös EmmanuelleOphèle
(BarbicanCenter)
07-10-89 PARIS PierreBoulez SophieCherrier
(Théâtredu Chatelet)
26-04-90 PARIS PierreBoulez SophieCherrier
(Ircam)
21-06-90 MILAN PierreBoulez EmmanuelleOphèle
(Conservatoire)
23-09-90 BERLIN PierreBoulez SophieCherrier
(Kammermusiksaal)
21-02-91 NEW YORK PierreBoulez EmmanuelleOphèle
(CarnegieHall)
08-06-93 PARIS PierreBoulez EmmanuelleOphèle
(C.G.P. Forum)
13-09-93 TURIN David Robertson Pierre- AndréValade
(Conservatorio)
15-09-93 PARME David Robertson Pierre- AndréValade
(Teatrodi Regio)
19-09-93 COLOGNE David Robertson Pierre- AndréValade
(Philharmonie Hall)
22-09-93 BRUXELLES David Robertson Pierre- AndréValade
(Maisonde la Radio)
25-09-93 STRASBOURG David Robertson Pierre- AndréValade
(Palais des Fêtes)
22-06-94 MILAN PierreBoulez EmmanuelleOphèle
(Teatroalla Scala)
02-04-96 PARIS Élèves de l'Atelier EmmanuelleOphèle
(Répétition publique, de directiond'orchestre.
Citéde la Musique)
04-04-96 PARIS StefanKarpe EmmanuelleOphèle
(Citéde la Musique)
04-04-96 PARIS TuomasOliila EmmanuelleOphèle
(Citéde la Musique)
17-06-96 PARIS Auditionde SophieCherrier
(CNSMDP, Plateau5) ChefsAssistants
17-06-96 PARIS PierreBoulez EmmanuelleOphèle
(CentreGeorgesPompidou)
62 MUSURGIA
II. PierreBoulez
Élémentsbiographiques
Né le 26 mars 1925 à Montbrison(Loire), Pierre Boulez commence ses études secondaires dans sa
ville natale et les poursuità Saint-Etienne,puis à Lyon, où il s'oriente un momentvers la préparationdu
Concours d'entrée à l'Ecole Polytechnique.Parallèlement,une profondeattirancevers la musique, étayée
par une formationpianistiquedéjà solide, va décider l'adolescent de 1943 à changerde cap et à partirpour
Paris afin d'y acquérir les bases techniques nécessaires à sa vocation véritable: Pierre Boulez sera com-
positeur.Admis en 1944 dans la classe d'Olivier Messiaen, il obtientl'année suivante un premierprix
d'harmonie et quittele Conservatoire.Il continuetoutefoisà travailleravec Messiaen (composition et ana-
lyse), avec Andrée Vaurabourg(contrepoint)et René Leibowitz (technique dodécaphonique). Il ne retient
d'ailleurs de ces enseignementsque ce qui lui est nécessaire pour l'élaboration de sa proprepensée com-
positionnelle, tandis que, dans ses rapportsavec le monde musical contemporain,entrenten conflit la
découvertefulguranteet le rejetexacerbé. C'est alors qu'un heureuxhasard lui permetd'entreren contact
avec la Compagnie Renaud-Barrault,récemmentforméeet installée au Théâtre Marigny.La forteperson-
nalité du jeune homme va trouverlà un accueil enthousiaste.Barrault « flaire» le génie : il le nomme
directeurde la musique de scène de ses spectacles. Durantdix années, touten ayantle temps nécessaire à
sa propre activitéde créateur,Pierre Boulez va faire,« sur le tas », l'apprentissage de la directiond'or-
chestre,du contactavec les interprètes,des exigences de la scène, de la fièvredes « tournées», de la dis-
cipline consentie, au sein d'une troupe exceptionnelle. Dix ans d'une collaboration fructueuse,pendant
lesquels le compositeuraura pourtanttoutloisir de rencontrer des interprèteshors pair,prêtsà travailleret
à jouer en public les premierschefs-d'œuvre qu'il leur confie. En 1953, il quitte ses fonctions chez
Barrault mais il fonde, avec l'aide de celui-ci, les « Concerts du Petit Marigny» - devenus le Domaine
Musical - où, jusqu'en 1967, serontprogramméesdes œuvres encore peu connues du public. Dès lors, sa
trajectoireessentielle est tracée : trouverdes solutions pour diffuserla musique contemporaineet faire
évoluer ses rapportsavec le public. Les obstacles ne manquerontpas. Il faudraaffronterl'hostilitédes cri-
tiques, l'apathie des pouvoirs publics, les rouages rouilles de l'institution.Mais Boulez poursuit son
« sacerdoce », servi par une ténacité hors du commun et une absolue exigence de qualité. Continuantà
s'affirmercomme créateur,il est alors appelé à l'étranger.Installé en 1959 à Baden-Baden, il assure pen-
dant six ans les cours d'analyse musicale, de compositionet de directiond'orchestreà la Musikakademie
de Bâle (1960 - 66). Concurremment,il réussit la gageure de mener de front,tant en Europe qu'en
Amérique, une double carrièrede compositeuret de chef d'orchestre.Invitéen 1966 par Wieland Wagner
pour diriger Parsifal à Bayreuth, il succède ensuite à Leonard Bernstein à la tête de l'Orchestre
Philharmonique de New York (1971). Nommé la même année chef permanentdu BBC Symphony
Orchestrade Londres, il vivra d'exaltantes heures de travailavec cette formationexemplaire. Rappelé en
France par Georges Pompidou, le compositeurest pressenti,dès 1974, pour dirigerle futurInstitutde
Recherche et de Coordination Acoustique / Musique (IRCAM), qui ouvrirases portesen 1976. Enfin,la
créationofficielle,en 1975, de l'Ensemble InterContemporain(E.I.C.) - dontla présidencelui est confiée -
permetà Boulez de réaliser son rêve le plus cher : porterà son sommet la qualité d'interprétationdes
œuvres de notretemps. Le Centenaire du Ring (1976) le retrouveà Bayreuth,où, quatre ans de suite, il
dirigerala Tétralogie wagnériennedans la superbe mise en scène de Patrice Chéreau. Nommé la même
année professeurau Collège de France, il a enfin,en des séries de cours d'une éblouissante clarté,convié
le public le plus divers à une réflexionapprofondiesur la créationmusicale, l'esthétique et l'analyse des
chefs-d'œuvredu XXe siècle.
Depuis 1992, Pierre Boulez, qui a quitté la directionde l' IRCAM, se consacre essentiellementà la
directiond'orchestreet à la composition.L'année de son 70e anniversaire(1995), a été marquée par l'inau-
guration,à Paris, de la Cité de la Musique où s'incarnentenfinl'essentiel des souhaits, pour son propre
pays, de l'un des plus grandscréateursde notretemps.
PIERRE : MEMORIALE
BOULEZ (. . EXPLOSANTE-FIXE.
. .ORIGINEL) 63
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s'agit bien ici d'un essai de chronologie destiné à montrerun « parcours » dans la démarche compositionnelle
de Boulez, avec ses constantes exigences de « réécriture». Certaines œuvres, on le voit, n'ont jamais faitl'objet d'une
publication ; d'autres ont été retiréesdu catalogue ; d'autres ne sont plus jouées sous leur formeinitiale; d'autres,enfin,
sont en cours de révision.Ce tableau a été établi d'après plusieurs sources : 1) Iameux.Dominiaue (où. cit. p. 447 - 452).
2) Documents IRCAM,CDMC, E.I.C.
64 MUSURGIA
I, poursopranoet orchestre
b) Improvisation Universal,1958 Idem I) b)