Boulez Memorial e French

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PIERRE BOULEZ : MÉMORIALE (.. EXPLOSANTE-FIXE...

ORIGINEL)
Author(s): Annie LABUSSIÈRE and Jean-Marc CHOUVEL
Source: Musurgia, Vol. 4, No. 1, Dossiers d'analyse (1997), pp. 42-66
Published by: Editions ESKA
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40591073 .
Accessed: 11/08/2011 13:47

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http://www.jstor.org
PIERRE BOULEZ : MEMORIALE
(...EXPLOSANTE-FIXE...
ORIGINEL)
Annie LABUSSIÈRE*
Jean-Marc CHOUVEL**

«Jeparleetsoustonvisagetournele côned'ombre
qui dufonddesmersa appelélesperles»
AndréBreton,Du rêve,octobre1943(1)

1. Introduction
: Le concertdu 29 novembresera dédié à la
une naissance« in extremis», mémoirede LarryBeauregard, flûtiste
à l'E.I.C.
Au momentde sa mortle 4 septembre1985,
un « baptême» différé LarryBeauregardtravaillait
la partie instrumentale
à la jonctionde la 4Xetde
de ....explosante-fixe...de
PierreBoulez.
Les vendredi 29 et samedi 30 Ce soir,outre le programmeprévu pour les
concertsdu 29 et du 30 novembre,sera interprété
novembre1985 étaientprogrammés, pourflûtede ...explosante-fixe....
l'originel
au Théâtre des Amandiers(2' à SophieCherrier,flûtei4)

Nanterre, deux concerts par


l'EnsembleIntercontemporain sous la Suivaitun textecirconstancié qu'il
n'estpas superflu de citerici intégrale-
directionde PierreBoulez(3).Pourles ment:
deux soirées,troisoeuvresétaientà
« Récemmentdisparu,LarryBeauregard
l'affiche: Tema,de FrancoDonatoni, étaitun musiciencommenous espéronsqu'il
le Concertode chambre,de Györgi y en aura de plus en plus : intéressépar les
Ligetiet Le Marteau sans Maître, de œuvresdu répertoire, bien sûr,et par les pos-
PierreBoulez. A « la une » du pro- sibilitésdéjà existantesde son instrument,
attiréégalementparles développements de la
gramme,on pouvaitlire l'avertisse- technologieactuelle,de l'ordinateuren parti-
mentsuivant: culier,parla capacitéque recèlecettetechno-

* Musicologue,Analyste, membredu CAde la SFAM.


**Maîtrede Conférences à l'Universitéde LilleIII.
m Breton(André),Poèmes,Paris,Gallimard. 1948.d. 223.
(2)DirectionPatriceChéreau- Catherine Tasca.
í3)On trouvera,en annexesII et III de cet article,des élémentsbiographiquesconcernantPierreBoulez et une
chronologiede l'œuvredu compositeur.
(4)Nous remercions le CDMCpourson accueiletson aide dansnos recherches, ettoutparticulièrement
Mesdames
Marianne Lyon,Corinne Monceau et Sylvie Chaput. Nous remercionségalementMonsieur Nicolas Dagan,
adjointà l'E.I.C.pourl'accueilqu'ilnousa réservéà plusieursreprises,
Bibliothécaire-Régisseur et pourles documents
qu'il a bienvoulumettre à notredispositionlorsde la préparationde ce travail.
PIERRE : MEMORIALE
BOULEZ (. . .EXPLOSANTE-FIXE.
. .ORIGINEL) 43

logie pour élargiret démultiplier le potentiel quelquesannéesqu'ila passéesau carrefour de


sonore du monde instrumental. C'est ainsi l'EnsembleInterContemporain et de l'IRCAM
qu'il était devenu l'un des principaux témoignent, certes,de ses dons personnels;
points de jonction entre l'Ensemble au-delàde sa tropbrève
plus:elles laisseront,
InterContemporain et l'IRCAM: il savaitopé-
existence,le modèle de ce que devraitêtre,
rerune synthèsepersonnelledes moyensmis
idéalement, toutmusiciendu futur.
à sa dispositiondans les deux champsd'ac-
tion,il avaitle don d'y apporterdes réponses PierreBoulez
concrètes,ayantune tournured'espritessen-
tiellement pragmatique. Parson insistance, l'abondancedes
détails, une certaine lourdeur - inhabi-
C'est ainsi que, devantreprendreun de
mes anciens projets,...« explosante-fixe »..., tuelles sous la plume de Boulez -, ce
encoreinabouti,carla technologied'ily a une textetrahit la hâteet l'émotion: il per-
quinzained'annéesne pouvaitme fournir des met,touten justifiant le choix,pour
résultatsen relationadéquate avec l'invention
cette dédicace, d'un extrait de Y«œuvre-
musicale,le vocabulairemêmede la composi-
tion,LarryBeauregardmanifesta son intérêt à maîtresse », de saisir qu'une nuance
participer aux recherches fondamentales autre,uneaura spécifique, va naîtrede
nécessairesà la miseen trainde la réalisation. la «version»créée ce soir là. C'esten
La premièredifficulté résidaitdans la liaison début de à
instrument-machine : commentla machine(la
concert,consécutivement
4X en l'occurence)pouvait-elle l'exécution de Tema, de Donatoni, que
percevoirsans
risqued'erreurce que jouaitl'instrumentiste ? SophieCherrier se levapourexécuter le
LarryBeauregardconçut alors une détection morceau dédicatoire : ...explosante-
optiquequi transmettait à l'ordinateur les don-
fixe...originel^, harmonisétoutefois
nées indispensablesà toute procédureulté-
rieurequelle qu'elle soit: transformation du pourunensemblede huitinstruments :
son, appel de partitions etc. ...Faisant partie
2 cors, troisviolons, deux altos,un vio-
d'une équipe trèsinventive sous la responsa- loncelle^. Composée,copiée,miseen
bilité d'Andrew Gerzso, notammentavec chantier et répétée en quelques
BarryVercoeetXavierChabot,iltravaillait très
semaines, cettepièce trèscourte(envi-
intensémentà développer les techniques
nécessairespour que le dialogueinstrument- ron 5 mn) futbientôt programmée sous
machinedeviennefructueux, inventif, libre : son titre actuel. Avec son accent aigusur
exonéréde toutesles servitudes etles raideurs le é initial, aussitôt compenséparson e
son tempé- muet Memorialeévite la
d'emploipar tropcontraignantes,
ramentd'interprètelui faisaitcomprendre
désinentiel,
connotation architecturale du français
plus directementqu'à aucun autre le prix
immensede la fantaisieet de l'instinct, ces « mémorial » et instaure un néologisme
dons inestimablesne devantjamaiscourirle donton peutchercher la sourcedansle
danger de se trouver stérilisés par une bas-latin « memoriale »^7),où se dessine
approched'un niveautropélémentairepour nettement l'idée de « mémoire » et
êtreà la foisricheet souple. plus
«
de souvenir »,ce que confirme la dédi-
Voilà ce à quoi il travaillait durantles cace inscrite souslesdernières mesures
quelques moiset mêmeles quelquessemaines du conducteur^.L'œuvrefutdès lors
qui ontprécédésa mort.Nousavonsperduun
instrumentiste dontla passionpourla musique promise à unebrillante carrière dansle
se doublaitd'unrareappétitde découverte. Les répertoire de la musiquede chambre^.

(^ C'estenrorele seul titrede la nartïrinnaurooranhe du rnndnrreur


(6)Tous déjà en place pourl'exécutionde Tema,de Donatoni(seulesles trois« anches» devaientse taire).En
pro-
cédantainsi,le compositeur le droit,en cas de « mise-au - point» insuffisante,
se réservait de ne fairejouerque la flûte
solo.
ir>On rappelleque le Rituelin memoriam BrunoModerna,pourhuitgroupesorchestraux, composé par Boulez
en 1974-75, avaitd'abordété annoncé sous le titre Memoriales.
(8)« En souvenirde LawrenceBeauregard ».
(9)On trouvera, en annexeI, les dateset lieuxdes concertsde PE.I.Cdans lesquels,de 1985à 1996,a été program-
mée l'œuvrede chambreMemoriale(..explosante-fixe. ..originel).
44 MUSURGIA

historique:
2. Perspective entre les pages 22 et 23 de la revue
d'unsous-titre
les implications Tempo,(n° 98, 1972),propose une suite
de six « canons et épitaphes »(12'
Memoriale (...explosante-fixe.. .origi- L'œuvredédicatoirede Boulez se pré-
nel) : la permanencedu sous-titre inviteà sente comme une œuvre « ouverte»
s'interroger surla genèseetles avatarsde s'étalesurune double
P«œuvre- maîtresse», page :
...explosante-fixe...,
qui défrayala chroniquedepuis 1971, En haut,à gauche,le titrede l'œuvre:
époque de sa premièreconception,jus- /...explosante -fixe.../
qu'aux années90,où l'œuvres'affirmera
comme l'une des pages magistrales de Celui-ci,empruntéà André Breton,
cette fin de siècle, au même titreque estrarement replacédans son contexte:
Répons.Autrement qu'au seul statutde « La beautéconvulsivesera érotique-voi-
«work in progress»,ici « c'est d'une lée, explosante-fixe,magique-circons-
famille d'œuvresqu'ils'agit.D'une famille tancielle,ou ne serapas »^13).
ou d'uncycle: certainesportent le même
En haut,à droite,la dédicace :
le nom),toutespor-
visagepublic,(le titre,
tentla continuitéd'une histoireprivée, afin -d'évoquer ' IgorStravinsky
voire secrète[...].Toutesles pièces qui - de conjurer' sonabsence
répondentau nom (propre? commun?) Curieusement, l'espritsériel,avec ses
d'...explosante ne forment
-fixe... doncpas constantes se manifeste
un bel arbregénéalogiquemaispoussent permutations,
ici à traversl'inconscientdu composi-
des multitudesde racinessouterraines
« »
l'une vers l'autre,ainsi que, sans doute, teur: cette conjuration ne serait-elle
celle d'une « présence-absence» du
versl'ensemblede l'Œuvreboulézien»(10). pas
grandIgor ?...
Aprèsla mortd'Igor Stravinsky, le 6
avril1971,un appel avaitété lancéà l'ini- La « matrice» d'...explosante fixe...éta-
tiativede la revueTempoet de son édi- lée sur une double page, exhibe un
teurDavid Drew^n).Il s'agissait,selon la schémafaitde fragments musicauxreliés
tradition,de réunir quelques pages entreeux par de grandesflèches.Elle
écrites en hommage au compositeur propose,à la manièred'un« jeu de l'oie »,
récemment disparu. Un ensemble différents « parcours»,tous tributaires
d'œuvres futainsi réuni et publié en d'un originelplacé au centre,pointde
deux cahiers.Le second cahier,encarté départou d'arrivée(exemple1).

(10)Szendy,Peter,« de l'œuvre, programmedu concertdonné au Festival


...explosante-fixe...»,
présentation
d'Automne à Paris,théâtre du Châtelet,
le 24 janvier1994.DavidRobertson avaitdû,au pied-levé, remplacer, à la direc-
tiond'orchestre.PierreBoulez,souffrant ce soir-là.
nn Temùo.A auarterlev ReviewofModemMusic.EditedbvDavidDrew.Roosevand HawksMusirPublishers T.rd
(12)ElisabethLutyens 1971).AaronCopland(Threnody in memoriam
(requiescatIgorStravinsky, IgorStravinsky
1971),EliottCarter(Canonfür3 [mutedtrumpets) in memoriam IgorStravinsky,3-VIÌI-1971 on thehighseas), Darius
Milhau,(In memoriamIgorStravinsky, Genèvejuillet1971),AlexanderGoehr,(Canon-Chorale for IgorStravinsky
d'aprèsles Troispiècespourquatuorà cordes,de IgorStravinsky), PierreBoulez(...explosante-fixe...).
A l'exceptiondu
Canond'EliottCarter, chaque pièce utilisait
toutou partiede l'instrumentationde deuxœuvrescommémoratives com-
posées parStravinsky en 1959: YÉpitaphe pourflûte, clarinette
etharpeetle doublecanon à la mémoirede RaoulDufy,
pourquatuorà cordes.
(13>Breton,André,« L'Amour fou»,Œuvrescomplètes, TomeII,Paris,Gallimard, coll.Pléiade,1992,p. 687.
PIERRE : MEMORIALE
BOULEZ (. . .EXPLOSANTE-FIXE.
. .ORIGINEL) 45

Cetoriginelfaitappel à septhauteurs
fixes et met en évidence la note MI
bémol,référenceà l'£s(14), soit,phonéti-
quement, à l'S de Stravinsky. Tel un
« objetmusical» de base, il affirmera son
profil dans l'une de ses toutes pre-
mières réalisations,en dessinantdans
un tempo lent,une courbe mélodique
en six sections(exemple 2).
Les sept notesfondatrices qui consti-
tuentl'origineldevaientservirde points
d'ancrage à six variantes ou
« transitoires » (numérotéesde II à VII),
dont les interventions impliquaientle
choixd'une dynamique-l'échellepropo-
sée allantdu pppp au / - et celui d'un
timbre, les premiersinstruments convo-
qués étantau nombrede sept: 2 flûtes, 2
clarinettes, 2 violons,harpe.Les parcours
et les choixétaientminutieusement indi-
qués dans les dernières du
pages cahier,
où l'on peut lire le « mode d'emploi»
bilingue (français-anglais). Œuvre
« ouverte» donc, dans sa première
conception,...explosante- fixe ...com-
mençaitsa carrièreau filde réalisations
diverses.L'intérêt de la versionde 1972,
réalisée par Boulez, futl'adjonction,à
l'ensembleinstrumentai 15'd'un disposi-
tifélectro-acoustiquefaisantappel au
« halaphone»(l6' Créée à New York le
5 janvier1973,cetteréalisation etles révi-
sions qui s'ensuivirentinauguraient
« dans un espritpré-ircamien [une] colla-
borationpratique,au sein d'une équipe
de travail,entre scientifiqueet musi-
cien»(17).Sous cette forme,l'œuvre fit
sensationà Paris,au théâtred'Orsay^18)
lors du Festival d'Automne 1974. Le
public« boulézien» sentitce soir-làque
quelque chose de neuf était né, qui
devaitbientôtconduireà la créationde

(l4)mibémolen allemand.
n5)Huitinstruments cettefois: flûte,
clarinette,tromoette. haroe.vibraohone.violon,alto,violoncelle.
n6iLe Halaphoneavaitété conçu Sa « machine»,très
par Hans PeterHaller.Celui-citravaillait alorsà Freiburg.
remarquable, permettait une relative« continuité» entreles timbresinstrumentaux et avaitle « pouvoir»-chose inouïe
-
à l'époque de fairevoyager, en tempsréel,les sons à travers l'espace.Cette« magie» nouvelleimpliquait toutefois
dif-
férentes « adaptations» en regardde l'acoustiquedes salles.On dut,par la suite,abandonnerle « halaphone». Celui-ci
futsupplantéparun ordinateur, la célèbre« 4 X »,qui,à son tour,céda bientôtla place à l'actuelleStationInformatique
de l'IRCAM.
(1T)ïameux.Dominiaue.PierreBoulez.Paris.FavardFondationSACEM.1984.n. 227.
(181Particulièrement vivantà cetteépoque, avantque la CompagnieRenaud- Barrault ne s'installât
au «Théâtredu
-
Rond Point».
46 MUSURGIA

riRCAM. Or,sile matériel de cesversions Si l'on confronte ces deux versions


anciennes n'apasétéédité,ilestpossible de YOriginel pour flûte solo, on
d'en consulter des copies manuscrites.constate que le graphisme a évoluévers
On retrouve par exempleVOriginel de une plusgrandeclarté,que les « nota-
1973,qui s'étaitsignalé, atten- tions»^23^
à l'oreille se sontprécisées,en même
tive,parle gesteinitialde la flûtesolo. temps qu'une moindre liberté est
Cette anacrouse,en effet,remettaitactuellement laisséeà l'interprète.
Les
curieusement en mémoirele balance- figures,comme les indicationsde
mentintervallique 9e/ 7eaveclequelle tempoetde dynamique s'inscriventpré-
hautbois lanceOctandre, d'EdgarVarèse sentement avec une exigenceaccrue.
(1924) (exemple 3, z)m. Allusion L'exemple4 meten parallèleun frag-
consciente? Rencontre fortuite ? mentde deuxsections[chiffre 4,d'une
ou ?(20)
Hommage, conjuration Toujours part, chiffre23, d'autrepart]dans cha-
est-ilque ce geste initial,à travers cunedesdeuxversions : 1973,(exemple
diverses«réécritures»de VOriginel, 4 a eta') et 1993,(exemple4 b etb').
s'estmaintenu : 1973(21)(exemple3,b),
1993(22),
(exemple3,c). 3. Approcheanalytique
L'œuvrede Boulez,dans la densité
a) Assezlent minutieuse de l'écriture qui se déploie
au fildes nombreux avatars
d'unmême
J= 63 - 66 matériau originel, présente, à l'analyse,
mP ^ descaractéristiques évidentes etdes dif-
ficultés exemplaires. On tenteraici de
présenter Memorialesous son double
aspect :
- celuiqui découlede la pensée du
b) Trèslent compositeur, de son système,tel
qu'il a été exposé par ses propres
^-132 soinsà maintes reprisesettelqu'ilse
présente à la lecture de cetteparti-
tionparticulière ;
- celui,extérieurà la techniquede
l'œuvre,qui rend compte d'une
écouteattentive aspectà la
directe,
c) Modéré fois plus évidentà percevoiret
moinsfacileà aborderen termes
( J= 84),stable analytiques.
Partant du gesteinitiateur de la flûte,
on essaierade parcourir cette« fixité
explosante»dans ses différents états,
son rapportau temps,son élargisse-
ment instrumentaet es monees nui m
Exemple3 sontsous-jacents, en fin
pourinterroger

(19)Varèse,
Edgar,Octandre,pour8 instruments (1924),NewYork,Colfranc
MPC,1966.
f20)Le jeudi 21 juin 1990,à Milan,(GrandeSalledu Conservatoire),
Octandre,de Varèse,figurait,
avecMemoriale
{...explosante originei)au programme
-fixe... du concertde Chambredonné par PE.I.C,sous la directionde Boulez.
« »
L'analogiedes deux anacrouses n'a pas échaooé à certainsauditeurs.
i21)Copie manuscrite consultableà la bibliothèquede l'E.I.C.
f22iUE N° 30 757. convriffhr
1QQ3hv UniversalFHirion Wien
í23)Au sens où l'entendFrançoisNICOLAS,«Traversée
du Sérialisme
»,Les Conférences
du Perroquet,
N° 16,avril
1988,p. 41 et sqq.
PIERRE
BOULEZ
: MEMORIALE
(. . .EXPLOSANTE-FIXE.
. .ORIGINEL) 47

a)
Irrégulier,vacillant * = 60 r- • 66
varierla dynamiqueetla vitesse
assezabruptement,
ad lib. ■
rr.^^wv-

S 5 ' / > g ' a : y ~ S ' v 5 PPP


PPP
inscrite
La dynamique la courbegénérale
nel'estquepourindiquer

b)
Unpeuvif( • - 98/102,irrégulier,
vacillant
)
» 78 ' 60 fr.w*

'
mP ===== -/ «¡P<

a')
ense raréfiant # = 60 ' 48
se ralentissant
notesrépétées régulièrement

> > >

^/« no/«jaccentuées
unpeupluslongues)

b')
ense raréfiant
J = 78 V 60

r jp
Exemple 4

de comptela conceptionboulézienne partiede flûtefaitalternerde rapides


de l'harmonie. arabesques(ou incises)et de longues
tenues,cecidès l'anacrouse
liminaire.
3./.t/fie
structure
de Valternance
Deuxéléments essentiels 3.1.1.Legestede laflûte
s'imposent
à la premièreauditionde l'œuvre: Un diagramme formeldes 21 pre-
d'unepart,la flûtese maintient
au pre- mièresmesures(24) permetde rendre
mier plan, devantl'ensembleinstru- comptede cettealternance entreune
mental,réduit,toutau longde la pièce, agitationmélodiquevirtuose- consti-
à uneaura diaphane; d'autrepartcette tuée d'importants écartsintervalliques

-due auxexigences
que soitleurdisposition -,touslesdiagrammes
f24^Quelle
etudedoiventse lirehorizontalement,
typographiques présentésdanscette
etde gaucheà droite.
48 MUSURGIA

brisés- et l'affirmation
quasihiératique Ce diagramme,qui présente le
de notesinsistantes(exemple5). déploiementtemporeldes hauteurs
selonl'ordrede leurapparition, permet
également de saisirunaspectimportant
de l'imagesonorede Memoriale: la
redondancedu matériau des hauteurs.
Celui-ci,en effet, se limiteà 12 sons.
Reproduitsci-aprèsdans leur ordre
d'apparition(exemple6 a), on les a
ordonnésensuite(exemple6 b) selon
l'échellefixeque Boulezutiliseexclusi-
vementdans toutel'œuvre,non seule-
mentà la flûte(25), maiségalement- à
l'exception quelquessections- pour
de
l'ensemble instrumental.

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li*- ~fc
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Exemple6
(25)On est fondéà signalerque, dans ses deux édi-
tions,la calligraphie de Memoriale(uè 1985) présente,
chiffre 9, mesure25,premier temps,uns/bémol4 erroné,
à corriger en si bécarre.Cetteerreurs'estreproduitedans
la partitionUE No 30 757 (copyright ue 1993),...explo-
sante-fixe... flûtesolo.En revanche,
originel, ellea étécor-
rigée dans le grand conducteurde ...explosante-
fixe...
originel, pourflûteseule [MIDI] et ensembleinstru-
Exemple5 mental, version1991/ 93,UE No 30 755.
PIERRE : MEMORIALE
BOULEZ (. . .EXPLOSANTE-FIXE.
. .ORIGINEL) 49

líff?, , i k. I,, h- k It-


R 2-H 2- 2* 3- 2' 2" 2- 3
Exemple 7

On retrouve, dans la constitution de la ou encorechiffres 12,15et21,de manière


série,les intervalles chersau stylesériel pluserratique.
[septièmemajeure,neuvièmemineure,
secondemineure(7+,9",2'),etquarteaug- 3.12. Structure
générale
mentée(4*)]. Cettesérie,toutefois, n'est
Le modèleélémentaire de typeimpul-
pas neutre: elle se structure à partirdes
sion - résonance(incise- repos,...explo-
septsons matriciels (cf.supra,exemples1 sante
et 2), de Yoriginelde ...explosante -fixe... -fixe...),est inscritdans l'œuvreà
plusieurs niveaux.On le reconnaîtdans
(exemple6, notescerclées).Les six pre- l'alternance entre et sec-
mierssonténoncésd'abord,sansdélai.Le tions lentes passagesrapides
(notées lent, calme).
septième,en revanche(sol bécarre),est L'agogiquegénéralede la pièces'organise
différé à la finla série.Complétéeparle do
donc,commeon peutl'observer danscer-
dièse,cettestructure scalairerévèleinopi- taines
pages de Stravinsky, - par exemple
némentson identité: ils'agitde l'unedes dans les Symphoniesd'Instrumentsà
échellesthéoriséespar Messiaen,le qua- Venf21^ -,selonune formeséquentiellede
trième« mode» à transpositions limi- mouvementset de templ.Le tableau 1
tées(26)(exemple7). permetde lireles deux diagrammesqui
L'énoncédes incisess'effectue selon rendentcompte de ce travailformel
et tableau1).
des modalitésrythmiques et un phrasé (exemple9 légende,
qui impliquentune sous - segmentation Repères Mouvements Tempi,
du geste.On assisteà la miseen reliefdes diagramme (2eédition) (2eédition)
notes-pivot(cf.le soldièse,mesure2 ; le si A Modéré,stable ■=
g4
bémol, mesure 4 ; le mi bémol, mesure 48,
5 Assezrapide,modulé J= 92
etc.),mais,plus souventencore,à une
volontéde déstabiliserl'énoncé linéaire C Lent,calme J= 56
en brisantles repèresde mesure,spéciale-
Z) Unpeuvif,irrégulier, = 98/102
mentdans les sectionsoù le mouvement, vacillant
j
irrégulier, vacillant, suggère de telsdéca- E Assezrapide,modulé h= 92
lages : chiffre 4, on a la mise en place
d'une pulsationsecondaireà la blanche F Assezlent,libre, j _ 72/78
continu
de quintoletselon la structure rythmique G En se raréfiant
j = 78 ^ 60
deux doubles- troiscroches, (exemple8).
Mêmedémarche, chiffre 7,avecune struc- ~H Redevenant dense
J= 60 ^ 78
turerythmique identique sur des triolets,
TableauI

< t

o A À a
Exemple8
(26)MessiaenOlivier,
Techniquede monLangageMusical Paris,Leduc,1944,Vol.2, p. 53.
(m Stravinsky
Igor,SymphoniesofWindInstruments,
(1920,revised1947),HawkesPocketScoresN° 672.
50 _ MUSURGIA

l'œuvre,permetde rendrecomptedu
partide contrasterythmique mis en
place par Boulez. On constateégale-
mentunesymétrie partielleautourde la
section23 (la barrede mesure87 for-
mantaxe), dontl'objetestde parvenir
progressivement, en ce pointprécis,à
un tempotrèsmodéré,touten conser-
vantun contraste maximumavec les
sectionsnotéeslent,calme,adjacentes
(chiffres 18et29).
Cessixsections lentes(3,6,10,14,18,
29) réitèrent le modèle de Voriginel
danssa réalisation que caracté-
initiale,
risaitl'ocurrence, en nombrecroissant,
des sept sons matriciels(cf. supra,
exemple2). Leurharmonisation accu-
santun largeambituset un partide
« mouvement contraire »,ellesse résol-
ventà l'unisson, surle MI bémol(S...).
Celui-ci, constitue le pivotde la pièce,il
l'étayedepuis ses manifestations les
plus élémentaires jusqu'au niveau le
Le
plus général. diagramme (exemple
10) meten évidencela présencedu
modèle impulsion- résonance^ en
montrant l'imbrication des différents
niveaux,depuis l'organisation linéaire
de la flûte(niveau1),jusqu'àla macro-
structure de l'œuvre(niveau3),en pas-
sant par la configuration des trente
sectionssuccessives(niveau2). Il est
possible, eneffet, d'expliciterde la sorte
l'affleurement omniprésentdu mi
bémoldans les sections22, 23, 24,
(autourde l'axe de symétrie !) et de
comprendre, analytiquement, l'impres-
sionde fixationet de suspensiontem-
porelleque génèretoutela dernière
partiede Memoriale.
Exemple9
3.2. Unmondeenécho
En 9 a) les tempisontdonnésdans
leurordred'apparition.En 9 b), ilssont 1. « J'iraisjusqu'à dire que l'analyse
classéspar ordrecroissant de célérité. n'apprend
rienpeut-être que nous
ne sachionsdéjà,maiselle nous le
Ce dernierdiagramme,restituant à révèle et nous en fait prendre
sa
chaqueséquence place dans l'échelle conscience.L'analysene peut être
des tempi et dans le parcoursde que cette descriptionde nous-

(28)(n pourimpulsion,
- pourrésonance).
PIERRE
BOULEZ . .ORIGINEL)
(. . .EXPLOSANTE-FIXE.
: MEMORIALE 51

met,c'estd'abordla révélation de soi


à soi,etensuiteellenousmontre les
moyens de la réalisation Or, les
»(29). «
multiples cheminsqui vontde l'Idée
à la Réalisation, ou qui y renvoient,
sontles cheminsmêmesde l'inven-
tion[...].On ne peutéviter l'unesans
aboutirà la négationde l'autre»(30).
Dans le cas présenttoutefois, on
tentera, parune approcheoriginale
de la structure de l'œuvre, d'accéder
',«'iia à Vidée,telle que, constamment
' • : ?•* fécondéeparlaRéalisation, ellea pu
germer dans l'imagination com-du
positeur. Ce que l'on a appelé

A
« modèleimpulsion - résonance » est,
à l'évidence, issude l'analyse «acous-
tique» des sons instrumentaux.
L'impulsion énergétique estprésente
au moment de l'attaqueetse diffuse
dansl'espacede la résonance.Dans
la terminologie communeà PElectro-
acoustique et aux écrits de
Boulez(31),il faudrait ici parleráen-
veloppe' or, le modèle impulsion-
résonancevautégalementpour le
rapport de la flûteà son « accompa-
■ gnement » instrumental. La flûteini-
tie une configuration énergétique
extraite de la série,et l'énergieainsi
convoquéese déploiedansl'espace
orchestral, s'ydiffuse, exactement de
la mêmemanière que dans celui créé
parl'électronique au coursdes diffé-
rentesversions de ...explosante -fixe
' y fat
ou de Répons.Pourconserveraux
autresinstruments une nécessaire
distance acoustique, pourleurconfé-
rer une sonorité d'un « autre

Exemple 10
11lìIII monde», Boulez a recoursà des
« atténuateurs » trèsefficaces: sour-
dinesetsonsbouchésauxcors,sour-
dines en plomb aux cordes, qui
mêmespar nous-mêmes à travers enlèvent à celles-ci toute leur
des modèles,le labyrinthe de l'au- «brillance ». Les figurations instru-
teurétantrefermé surlui-même et, mentalesqu'il utilisepeuventaisé-
dans ce sens,inutilisable pour qui ment trouver des analogies
n'estpaslui.[...]Ce que l'analyse
per- électro-acoustiques :

(291Boulez Pierre,
Jalonspour une décennie,p. 64,Paris,Bourgois1989,p.64.
(i0)Ibid.p. 69.
(31)Ibid. p. 382-388.
52 MUSURGIA

- Le « renforcement» (enhancement) dansla


sivesdes cordess'effectuent,
consisteà appuyerles notesde la traditionbouléziennedes années
flûteauxautresinstruments. Il inter- cinquante,selon une « répartition
vientaux sectionslentes(3, 6, 10 symétrique »(32)(exemple11,a etb).
etc.)etsurles attaques. - La « réverbération» est un phéno-
- L'«écho» (delay)consisteà prendre mèneconstant dansla pièce; ils'agit
des fragments mélodiqueset à les de la reprise,
décaléeen tenues,des
énonceravecun décalagetemporel. notesénoncéespar la flûtedans la
Chiffres9 et 24,les entréessucces- célérité,de manièreà formerun

"
"î 'Ujj M 1 I
5UI taSt°
IWt.i^M**"^ i- L-

In sul-tasto
Lr__3_T^/>_
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2*Efiy*E' f ifSfsi"y f %Ji^
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corsr^?
(.sons L A f ^

t 7 ^«» A/f>i sy '«- »


Vio. o ¿ri ^i P *7 ' [ L "Ft

3tfe r ^/ y vj(,^^^

/
Exemple11

(32iBoulez,Pierre,
Penserla musiqueaujourd'hui,Paris,Denoèl/ Gonthier,
1963,p. 60-61.
BOULEZ
PIERRE . .ORIGINEL)
(, . EXPLOSANTE-FIXE.
: MEMORIALE 33

«champdiffus
».Elleintervient dèsla êtrerelevéau débutdu chiffre12: les
premièremesure (harmoniques des instrumentsreconstituentde manière
cordesgraves),ou encoreau chiffre lacunairela mélodie de la flûte
2 (harmoniques des cordes),etc. (exemple12a), ce que le diagramme
- Un bon exemplede « filtrage» peut (exemple12b).
jointmeten relief
I
_j£t HmM HBJfll

-^ BH H

i .i_¡■ 1/
11*'
If 1/ I ^ «■ I
, j '¡i h ^ i t & 9HB

(Bai 4 ^ A
Exemple12
54 MUSURGIA

s~^ stable, J = 84
Modéré,
(20) t

Exemple13
- Le chiffre20 présenteun exemple On assisteégalementà une combi-
caractéristiquede « renversement natoire de ces différentseffets: au
temporel» : rétrogradationde la chiffre4, le renforcement devient un
figure de la flûte au violon 3 trèslégerécho et s'achèveen réverbéra-
tion(exemple 14).

uni*
(exemple 13).
Enfin,la figuration est doublée par
de modes de jeu particuliè-
l'utilisation
rementraffinés. On en dénombredix-
huit(tableauII) misen évidencepar un
• !lFr ' *■' diagrammeformel(exemple 15) où l'on
constate qu'ils sont exposés en deux
grandes « vagues» (chiffre0 à 4, puis
chiffre11 à 15). Les autressections se
contententd'exploiterces « réservoirs »

m -AL i pi
de sonorités,en particulier toutela sec-
tionterminale, de 18 à 29(33).

*
M. J. I MODESDE JEU

(f? F-1 A Harmoniques


B Pizzicato

O
Arcononvibrato-écoulés legato

fe;ï>
••<:/
C
» _:;' 'Mil/ Cors,sonsbouchés,coulés,leg.
D
E Arcosul tasto-> tremolo
F Arcopos. nat.->>coulés,legato
.;| _^.".jl Q Archetnormal-> trilles
H Col legnobattuto -> staccato
I Archetnormal- > sons itératifs
J Cors,sourdine, coulés,legato
K Arcosul pont.-> trilles
L Arcopos. nat.- > staccato/legato
M Cors,sourdine, sonsdétachés
N Arcosultasto- > gammes
O Arcosul pont.-> tremolo
P Pizzicato- > tremolo
Q Arcosul tasto.-> staccato/legato
t- CM ^^
CO R Arcosulpont.-> ostinato
Tableau II
<¿ » S i33ìUne exceptionnotable: le tremoloen pizzicati
Exemple14 au violoncelle,
autourde l'axe(section23).
PIERRE : MEMORIALE
BOULEZ (. . .EXPLOSANTE-FIXE.
. .ORIGINEL) 55

3.3. Unmondemodal?
L'aspect le moins évident de la
musiquesérielleestprobablement son
rapport à l'harmonie.« On a déjà insisté
surle faitcapitalque la sériediluel'op-
positionentrehorizontal etvertical, de
mêmequ'ellefaitappelà un univers où
consonance et dissonance sont
abolies»^4' Memoriale présente, à n'en
un
pas douter, magnifiqueexemple
d'unetelledilution. Deux aspectsméri-
tentd'êtreanalysésen détail: d'une
part,le déploiement de la sériedansle
coursde l'œuvre, d'autrepartla réalisa-
tion,par Boulez,d'unevéritable « har-
monisation»des figuresde YOriginel
dansles sectionslentes.

33-1-La structuration de l'échelle


de douzesons
Chacunedes trentesectionsde la
partition (numérotées de 0 à 29),se pré-
senteen deuxpartieset meten oeuvre
un sous-ensemble définide la série(cf.
supraexemple6). Tenues,accentuées,
ou seulement énoncées,les notessont
investies d'unpoidsdifférent dansl'or-
ganisation du matériau.Elles réalisent
un sous-système momentanéqui per-
metde hiérarchiser, au fildes sections,
le système général.Dans le diagramme
suivant (exemple16a) sontconsignées,
dugraveà l'aigu,lesnotestenues(trame
noire), les notes accentuées (trame
grise)et les notesseulement énoncées
(étoilecentrée). Ledécomptestatistique
de la densitéde présencede chacune
des hauteurs, tel qu'on le trouveà la
droitedu diagramme, donneuneimage
assez précisede la hiérarchie qui s'éta-
blitentreelles.On peutvisualiser cette
hiérarchie (exemple 16 b ) en utilisant
des conventionsd'écriturede type
jJJu ÖW*OB~«-»XJSfcOsuOÄ
schenkérien,« le principe général
[étant]que les valeursindiquentl'im-
Exemple15 portancestructurelle des notes aux-
quelles elles s'appliquent»(35).

(341Boulez Pierre,
Penserla Musique...,op. cit.p. 153.
(35)MeeusNicolas,HeinrichSchenker,une Introduction, Liège,Mardaga1993,p. 66.
56 MUSURGIA

332. L'harmonie dessectionslentes


3fJ IJJJor-I«JagGJ
Contrastant rythmiquement avecles
plagesqui leurssontadjacentes, les six
sectionslentess'en distinguent égale-
ment par une harmonisation spéci-
fique,sortesde « moments d'harmonie
pure >>(36).
Une réduction pour clavier
de ces sixsectionspermet de les réunir
sur un axe paradigmatique (exemple
17 a). On observeque, dès la section
du chiffre10,le nombred'accordscroît
régulièrement. Les six sons apparte-
nantà VOriginel, sonttourà tourhar-
monisés par le premieraccord de
chaque section.En conséquence,le
nombrede sectionsne peutatteindre 7
: le septièmeson,MI bémol,formeen
effetla désinence,à l'unisson,de cha-
cune des six sections.Les « affleure-
ments» de ce MI bémol,à plusieurs
reprisesdans la partition (notamment
autourde Maxe,section23),sontpeut-
êtredes émergences de cetteséquence
« fantôme »...
En outre,l'échellegénéraledes sec-
tionslentes(exemple17 b) formeun
contrasteharmoniqueévident avec
l'échelle fixe des autres partiesde
l'œuvre: elleréunit, surtroisoctaves,le
totalchromatique !
Enfin,certainesremarquess'impo-
sentpourtenter d'approcher une autre
facede l'univers harmonique Boulez:
de
1. A l'exceptiondes premieret qua-
trièmeaccordsdu chiffre 14, tous
sontinclusdans un « mode 4» de
Messiaen(exemple18a)(37).
2. On relèvedes allusionsà des struc-
turesrégulières (exemple18b).

«ftüH JB*
3. L'engendrement des accords fait
appel aux techniquessériellesde
multiplication d'accords(exemple
18 C)<38>.
Exemple16

(36)On trouvedes passagesanalogues- maisavec une toutautreréalisation - chez


et dans un esprittrèsdifférent
dans les Troispiècespour quatuorà cordes(1914),ou dans les Symphonies
Stravinsky, d'Instruments à Vent,(1920),
œuvredéjà citée.
(3T)Les hauteurssontexoosées mélodiauement. dans un ambitusd'octave.
<38iBoulez Pierre,
Penserla Musique....,
op.cit.,p. 38 et sqq.
PIERRE
BOULEZ ..ORIGINEL)
f...EXPLOSANTE-FIXE.
: MEMORIALE 57

a) fip,

Úfep.

"
(Hf-
fea.. ^ 'i- g. w

I i^s_ii -"-^
Exemple17

4. On observede nombreuxparallé- tion» n'est ici reconnaissable; s'il y a


lismes partiels entre accords « référence
»,c'estseulementde Boulez à
(exemple18d). Boulez.On a invoquéle mondesérielet
les habiles transgressions qui ne man-
4. Conclusion quentpas,ici,de gauchirvolontairement
le « système»et de convoquer« l'acci-
Au termede cet essai, on se sent dent» ; mais,pardelà le travail
arachnéen
envahiparl'insatisfaction
et le doute.Par et la richessed'inventionde l'écriture,
quelque biaisqu'on l'aborde,une œuvre s'imposece mondemouvantet pourtant
commeMemorialene sauraitse dévoiler toujoursidentiqueà lui-même,polarisé
parla seule approcheanalytique. Celle-ci, suivantdes axes inéluctables. On a invo-
en effet,
ne peutrendrecomptedu poten- qué enfinl'univers ; en
électro-acoustique
tield'ambiguïtéqui, toutau long de ces effet,si l'on regardeévoluer« l'œuvre-
pages,tientl'écouteen éveil.On a invo- maîtresse »,on suit,au fildes années,le
qué les grands prédécesseurs(Varèse, destin d'...explosante-fixe...,
étroitement
Messiaen); maisaucune« filia-
Stravinsky, lié aux tribulationset perfectionnements
58 MUSURGIA

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3" 5 r 3* ?^ 3

^ ^ "' 'I-*1'
b"^
7* if 7" 2* 3* 6* 3' 6+
Exemple18
de « l'ordinateuren temps réel» ; on en 1985dansl'espacemusicalcontempo-
s'aperçoitalorsque Memoriale,radicelle rain,Memoriale, œuvrede chambrepour
issue de ce monderhizomatique, a suivi flûtesolo ethuitinstruments, « demeure».
son propreparcours, touten revenant un La partition la plusdélicate,exigeantl'in-
jour féconderl'arbreinitial: l'Originel, terprétationla plus subtile,nécessitant
pourflûte[MIDI] et grandorchestre, qui l'écoutela plus raffinée^40)sera,on l'es-
conclut de manière éclatante la plus père, longtempsencore jouée sous sa
récenteversion d'..explosante-fixe...P9)formeactuelle(41). Car l'universélectro-
Mais,parallèlement,le microcosme lancé acoustique n'est présentdans l'œuvre

(39iII fautécouterle superbeCD Deutsche-Grammophon comprend: Transitoire


445 833-2....explosante-fixe... VII
- Interstitiel1.TransitoireV - Interstitiel
2. Originel.
(40)Redoutablesurce plan,pourqui n'a pas 1'«oreille» suffisante,
l'œuvrepeutêtreimposéecommeépreuvedans
les concoursde direction d'orchestre AnnexeI).
(cf.infra,
(41)II estregrettable,
surce point,que DavidRobertson aitcrubon,dans certainsconcertsde chambre,de diriger
Memoriale(1985) avec une flûteMIDI,ce que Boulez n'a encorejamaisfait...
PIERRE
BOULEZ (. . .EXPLOSANTE-FIXE.
: MEMORIALE . .ORIGINEL) 59

que pour êtreconstamment « renoncé«. Conférenceset Séminairesn° 1, Université


AvecMemoriale(,..explosante-fixe...origi- 1994,p. 49 - 73.
de Paris-Sorbonne,
net),la « beautéconvulsive« oscilleratou- Chouvel, Jean-Marc,« La Physique et
jours,mouvementpendulaireimparable, l'Esthétique.Une analyse épistémologique
entre« magique-circonstancielle « et« éro- des modalitésde connaissance du
phéno-
tique-voilée ». mène », Vol. II N° 4,
harmonique Musurgia,
Paris,Eska,1995,p. 88 - 102.
Références Dehu-Darras,Florence,Pierre Boulez,
Albera,Philippe,Entretiens
avec Claude Productivitéfonctionnelleet poétique de
Genève,
Helffer, Contrechamps, 1995. l'instant: une antinomiecréatrice, Mémoire
pour le DEA en Musique et Musicologiedu
Bayer,Francis,De Schönbergà Cage, XXe siècle, sous la directionde Hugues
Essai sur la notiond'espace sonoredans la
Dufourt,1994(mémoiredactylographié).
Musique contemporaine, Paris,Klincksieck,
1981. Deliège, Célestin,« Moment de Pierre
Boulez. Sur l'introductionorchestralede
Bonnefoy,Yves, « Le Surréalismeet la
Répons», In Harmoniques4, IRCAM,Paris,
Musique»,In Harmoniques5, IRCAM,Paris, Bourgois,septembre1988,p. 181-202.
Bourgois,juin 1989p. 143-148.
Documentation : « Dossier Boulez »,
Bonnet,Antoine,« Écritureet percep- N° 16,Paris,Seuil,1974.
tion: à propos de Messagesquisse,de Pierre Musiqueenjeu
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Bourgois,Mars1988,p. 211 243. trice», In Harmoniques 4, IRCAM, Paris,
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nie), Textes réunis et présentéspar Jean- Eco, Umberto,« Pensée structuraleet
JacquesNattiez,Paris,Bourgois,1989. pensée sérielle»,Musique enjeu N° 5, Paris,
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Boulez,Pierre,Par volontéetpar hasard,
entretiens avec CélestinDeliège,Paris,Seuil, Griffiths,Paul,Boulez,London,Oxford's
1975,Coll.« Tel Quel ». Studiesof Composers,1978.
Boulez, Pierre,Le paysfertile,Paul Klee, Bennet(G), Berio CL),Boulez (P.), Fano
1989.
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Projet,Paris,IRCAM,Gallimard,1975.
Boulez, Pierre, Penser la Musique
aujourd'hui,Paris,Denoël / Gonthier,1964, Malherbe,Claudy,« En blanc et noir,l'es-
CB. Schott'sSöhne Mayence,1963. pace musicalcontemporain, altéritéet cohé-
rence»,Musurgia,Vol. III N° 3, Paris,Eska,
Boulez, Pierre,Points de repère,Textes
réuniset présentésparJean-Jacques 1996,p. 7 - 35.
Nattiez,
Paris,Bourgois,1981,Coll.« Musique/ passé/ Molino,Jean,« Du plaisirau jugement:
présent». les problèmesde l'évaluationesthétique»,
MusicaleN° 19,avril1990,p. 16 - 26.
Boulez,Pierre,Relevésd'apprenti,Textes Analyse
réunis et présentés par Paule Thévenin, Nattiez,Jean-Jacques,« Réponset la crise
Paris,Seuil,1966,Coll.« Tel Quel ». de la "communication" musicale contempo-
« raine», In Harmoniques 2, IRCAM; Paris,
Chouvel,Jean-Marc,Matièreet manière. mai 1987,p. 193- 210.
Le Style : une Forme pour un Fond ?», Bourgois,
Analysemusicale N° 32, Paris,juillet1993, Nicolas, François, « Traversée du
p. 20 - 26. Sérialisme», Les Conférencesdu Perroquet,
Paris,« le Perroquet»,N° 16,avril1988.
Chouvel,Jean-Marc, « Analysemusicaleet
temporalité»,Analyse musicale et percep- PierreBoulez,A Symposium, SirWilliam
tion, Observatoiremusical français, coll. GlockEd.,New York,Eulenburg,1986.
60 MUSURGIA

Robert, René Char et


PiENCiKOWSKY, Ramaut,Béatrice,« Dialogue de l'ombre
Pierre Boulez, Esquisse analytique du double,de PierreBoulez, analysed'un pro-
«Marteau sans Maître»,Bern u. Stuttgart, cessus citationnel »,AnalysemusicaleN° 28,
Paupt, 1980, Coll. SchweizerBeiträgezur juin 1992,p. 69 - 74.
Musikwissenschaft.
Rigoni,Michel,« Méthodologiesde l'ana-
RéponsBoulez, Paris,IRCAM/ ActesSud
- Papiers,1988. lysede la Musiquecontemporaine: pluralité
des esthétiques,multiplicité des analyses»,
Piencikowsky,Robert,« La fonctionrela- Musurgia,Vol. III N° 3, Paris,Eska, 1996,p.
tivedu timbredans la Musique contempo- 56 - 80.
raine : Messiaen, Carter, Boulez,
Stockhausen»,AnalysemusicaleN° 3 , avril Von derWeid,Jean-Noël, La musiquedu
1986,p. 51 - 58. XXe siècle,Paris,Hachette,1992.
PIERRE : MEMORIALE
BOULEZ (. . .EXPLOSANTE-FIXE.
. .ORIGINEL) fa

ANNEXE
I. Memoriale(...explosante-fixe...originel)
Programmation parPE.I.C, 1985- 1996
DATE LIEU DIRECTION SOLISTE
29-11-85 NANTERRE, PierreBoulez SophieCherrier
(Théâtredes Amandiers)
01-02-88 LILLE PeterEötvös SophieCherrier
(Auditorium)
03-02-88 BRUXELLES PierreBoulez SophieCherrier
(Palais des Beaux-Arts)
16-06-88 NEW YORK PierreBoulez SophieCherrier
(Brooklyn, AcademyofMusic)
27-07-88 ROME PierreBoulez SophieCherrier
Palazzo Farnese
13-11-88 LONDRES PierreBoulez SophieCherrier
(QueenElisabethHall)
17-01-89 LONDRES PeterEötvös EmmanuelleOphèle
(BarbicanCenter)
07-10-89 PARIS PierreBoulez SophieCherrier
(Théâtredu Chatelet)
26-04-90 PARIS PierreBoulez SophieCherrier
(Ircam)
21-06-90 MILAN PierreBoulez EmmanuelleOphèle
(Conservatoire)
23-09-90 BERLIN PierreBoulez SophieCherrier
(Kammermusiksaal)
21-02-91 NEW YORK PierreBoulez EmmanuelleOphèle
(CarnegieHall)
08-06-93 PARIS PierreBoulez EmmanuelleOphèle
(C.G.P. Forum)
13-09-93 TURIN David Robertson Pierre- AndréValade
(Conservatorio)
15-09-93 PARME David Robertson Pierre- AndréValade
(Teatrodi Regio)
19-09-93 COLOGNE David Robertson Pierre- AndréValade
(Philharmonie Hall)
22-09-93 BRUXELLES David Robertson Pierre- AndréValade
(Maisonde la Radio)
25-09-93 STRASBOURG David Robertson Pierre- AndréValade
(Palais des Fêtes)
22-06-94 MILAN PierreBoulez EmmanuelleOphèle
(Teatroalla Scala)
02-04-96 PARIS Élèves de l'Atelier EmmanuelleOphèle
(Répétition publique, de directiond'orchestre.
Citéde la Musique)
04-04-96 PARIS StefanKarpe EmmanuelleOphèle
(Citéde la Musique)
04-04-96 PARIS TuomasOliila EmmanuelleOphèle
(Citéde la Musique)
17-06-96 PARIS Auditionde SophieCherrier
(CNSMDP, Plateau5) ChefsAssistants
17-06-96 PARIS PierreBoulez EmmanuelleOphèle
(CentreGeorgesPompidou)
62 MUSURGIA

II. PierreBoulez
Élémentsbiographiques

Né le 26 mars 1925 à Montbrison(Loire), Pierre Boulez commence ses études secondaires dans sa
ville natale et les poursuità Saint-Etienne,puis à Lyon, où il s'oriente un momentvers la préparationdu
Concours d'entrée à l'Ecole Polytechnique.Parallèlement,une profondeattirancevers la musique, étayée
par une formationpianistiquedéjà solide, va décider l'adolescent de 1943 à changerde cap et à partirpour
Paris afin d'y acquérir les bases techniques nécessaires à sa vocation véritable: Pierre Boulez sera com-
positeur.Admis en 1944 dans la classe d'Olivier Messiaen, il obtientl'année suivante un premierprix
d'harmonie et quittele Conservatoire.Il continuetoutefoisà travailleravec Messiaen (composition et ana-
lyse), avec Andrée Vaurabourg(contrepoint)et René Leibowitz (technique dodécaphonique). Il ne retient
d'ailleurs de ces enseignementsque ce qui lui est nécessaire pour l'élaboration de sa proprepensée com-
positionnelle, tandis que, dans ses rapportsavec le monde musical contemporain,entrenten conflit la
découvertefulguranteet le rejetexacerbé. C'est alors qu'un heureuxhasard lui permetd'entreren contact
avec la Compagnie Renaud-Barrault,récemmentforméeet installée au Théâtre Marigny.La forteperson-
nalité du jeune homme va trouverlà un accueil enthousiaste.Barrault « flaire» le génie : il le nomme
directeurde la musique de scène de ses spectacles. Durantdix années, touten ayantle temps nécessaire à
sa propre activitéde créateur,Pierre Boulez va faire,« sur le tas », l'apprentissage de la directiond'or-
chestre,du contactavec les interprètes,des exigences de la scène, de la fièvredes « tournées», de la dis-
cipline consentie, au sein d'une troupe exceptionnelle. Dix ans d'une collaboration fructueuse,pendant
lesquels le compositeuraura pourtanttoutloisir de rencontrer des interprèteshors pair,prêtsà travailleret
à jouer en public les premierschefs-d'œuvre qu'il leur confie. En 1953, il quitte ses fonctions chez
Barrault mais il fonde, avec l'aide de celui-ci, les « Concerts du Petit Marigny» - devenus le Domaine
Musical - où, jusqu'en 1967, serontprogramméesdes œuvres encore peu connues du public. Dès lors, sa
trajectoireessentielle est tracée : trouverdes solutions pour diffuserla musique contemporaineet faire
évoluer ses rapportsavec le public. Les obstacles ne manquerontpas. Il faudraaffronterl'hostilitédes cri-
tiques, l'apathie des pouvoirs publics, les rouages rouilles de l'institution.Mais Boulez poursuit son
« sacerdoce », servi par une ténacité hors du commun et une absolue exigence de qualité. Continuantà
s'affirmercomme créateur,il est alors appelé à l'étranger.Installé en 1959 à Baden-Baden, il assure pen-
dant six ans les cours d'analyse musicale, de compositionet de directiond'orchestreà la Musikakademie
de Bâle (1960 - 66). Concurremment,il réussit la gageure de mener de front,tant en Europe qu'en
Amérique, une double carrièrede compositeuret de chef d'orchestre.Invitéen 1966 par Wieland Wagner
pour diriger Parsifal à Bayreuth, il succède ensuite à Leonard Bernstein à la tête de l'Orchestre
Philharmonique de New York (1971). Nommé la même année chef permanentdu BBC Symphony
Orchestrade Londres, il vivra d'exaltantes heures de travailavec cette formationexemplaire. Rappelé en
France par Georges Pompidou, le compositeurest pressenti,dès 1974, pour dirigerle futurInstitutde
Recherche et de Coordination Acoustique / Musique (IRCAM), qui ouvrirases portesen 1976. Enfin,la
créationofficielle,en 1975, de l'Ensemble InterContemporain(E.I.C.) - dontla présidencelui est confiée -
permetà Boulez de réaliser son rêve le plus cher : porterà son sommet la qualité d'interprétationdes
œuvres de notretemps. Le Centenaire du Ring (1976) le retrouveà Bayreuth,où, quatre ans de suite, il
dirigerala Tétralogie wagnériennedans la superbe mise en scène de Patrice Chéreau. Nommé la même
année professeurau Collège de France, il a enfin,en des séries de cours d'une éblouissante clarté,convié
le public le plus divers à une réflexionapprofondiesur la créationmusicale, l'esthétique et l'analyse des
chefs-d'œuvredu XXe siècle.

Depuis 1992, Pierre Boulez, qui a quitté la directionde l' IRCAM, se consacre essentiellementà la
directiond'orchestreet à la composition.L'année de son 70e anniversaire(1995), a été marquée par l'inau-
guration,à Paris, de la Cité de la Musique où s'incarnentenfinl'essentiel des souhaits, pour son propre
pays, de l'un des plus grandscréateursde notretemps.
PIERRE : MEMORIALE
BOULEZ (. . EXPLOSANTE-FIXE.
. .ORIGINEL) 63

III. L'œuvrede PierreBoulez


Repèreschronologiques(42)
DATE TITRE ÉDITION CRÉATION
1945 Douze Notations,pourpiano (10') Universal 12 février1945 à Paris,
(Triptyque),parYvetteGrimaud
1945 TroisPsalmodies,pour piano retiré 12 février1945. Paris,
(Triptyque),par YvetteGrimaud
1945 Variationspour la main gauche retiré
1945-46 Quatuorpour Ondes Martenot,recomposé retiré
- 1948 commeSonate pour deuxpianos
1946 Sonatinepourflûteet piano. (12') Amphion,1954 1947 à Bruxelles,par Van
Boterdael,(fl.), et Marcelle
Mercenier(po)
1946 Premièresonatepour piano (9') Amphion,1951 1946 à Paris,par YvetteGrimaud
1946-47 Le VisageNuptial,pour soprano,contralto, Non édité 1947 à Paris (2 mouvements
deux ondes Martenot;piano, percussion seulement)
Poèmes de René Char
1947 Symphonieconcertantepourpiano Jamaisexécutée. Égarée dans
et orchestre un taxi en 1954
1948 Livrepour quatuor( 19') Heugel 1949 à Paris,par le Quatuor
Hamman
1948 Deuxième sonatepour piano (30') Heugel 29 avril 1950 à Paris
(Ecole Normalede Musique),
par YvetteGrimaud
1948 Le Soleil des Eaux pièce radiophonique Avril1948 à Paris (ORTF)
pourvoix et orchestre,surdes textes
de René Char.
1948-49 Livrepour quatuor Heugel, 1960 Octobre 1965 à Donaueschingen
(sauf IV) parle QuatuorMarschour(la, Ib, II)
8 juillet 1962 à Darmstadt,par le
QuatuorParrenin(Illa, b, c,)
19 août 1981, Darmstadtpar le
QuatuorParrenin(V, VI)
1950-58 a) Le Soleil des Eaux, poursoprano,ténor, a) retiré a) 18 juillet 1950 à Paris,Théâtredes
basse et orchestrede chambre,surdes textes Champs Élysées, avec IrèneJoachim,
de René Char PierreMollet,JosephPeyron,
Orch.Nationaldir.RogerDésormières
b)Le Soleil de Eaux, soprano,ténor,basse, b) Heugel, 1959 b) 9 septembre1958 à Darmstadt,
chœurSTB et orchestre avec JoséphineNendick,Helmut
Krebs,Heins Reyfuss,Chœurset
orch.de la Radio de Hesse, dir.
ErnestBour
1950-51 PolyphonieX pour 18 instruments Non édité 6 octobre1961, à Donaueschingen,
Orchestresymphoniquedu SWF
de Baden - Baden,dir.Hans Rosbaud
1951-52 Deux étudessur Bande : Groupe de recherchede Musique
a) sur un son Concrète,à Paris
b) sur un accord de sept sons
1951-52 Le VisageNuptial,poursoprano,contralto, Heugel, 1959 4 décembre1957 à Cologne, par
choeurde femmeset grandorchestre, Ilona Steingruber,
Eva Borneman,
poèmes de René Char Chœuret orchestredu WDR, dir.
PierreBoulez
1952 pour deux pianos,
Structures, Universal,1955 4 mai 1952 à Paris par Olivier
premierlivre.(18') Messiaen et PierreBoulez.(la)
13 novembre1953 à Cologne, par
YvetteGrimaudet Yvonne Loriod.
(Intégrale)

(42)II
s'agit bien ici d'un essai de chronologie destiné à montrerun « parcours » dans la démarche compositionnelle
de Boulez, avec ses constantes exigences de « réécriture». Certaines œuvres, on le voit, n'ont jamais faitl'objet d'une
publication ; d'autres ont été retiréesdu catalogue ; d'autres ne sont plus jouées sous leur formeinitiale; d'autres,enfin,
sont en cours de révision.Ce tableau a été établi d'après plusieurs sources : 1) Iameux.Dominiaue (où. cit. p. 447 - 452).
2) Documents IRCAM,CDMC, E.I.C.
64 MUSURGIA

DATE TITRE ÉDITION CRÉATION


1952 Oubli signal lapidé, pourchœurà 12 voix, Non édité 3 octobre1952 à Cologne, par
surun texted'ArmandGatti l'Ensemble vocal Marcel Couraud
1955 La Symphoniemécanique,musique
pour le filmde JeanMitry
Bande magnétiquepleine piste.
1955 VOrestie,pourvoix et ensembleinstrumental 1955 à Bordeaux,par la
Musique de scène pourla pièce d'Eschyle, Compagnie Renaud - Barrault
traduitepar AndréObey
1955 Le Marteau sans Maître(38') Universal,1954 18 juin 1955 à Baden-Baden,
Dédicace : à Hans Rosbaud Festivalde la SINC parSybillaPlate
Pour Mezzo-Soprano solo et ensemble et des membresdu SWF de Baden-
instrumental Baden, directionHans Rosbaud
Instrumentation :
1.0.0.0.0 - 0.0.0.0.-3.0.0.-0.0.1.0.0.
Guitare
1956-57 TroisièmeSonate pour piano, Universal, 1957, à Darmstadt,
en cinq formants(20') 1961-63 par PierreBoulez
1958 Poésie pour pouvoir,pourorchestreet Non édité 19 octobre1958 à Donaueschingen
bande magnétique5 pistes,surdes textes par l'Orchestrede la SWF de
de HenriMichaux Baden-Baden,directionHans
Rosbaud et PierreBoulez
1957 - 1962 PU SELON PU, surdes poèmes
de StéphaneMallarmé
1) 13 juin 1960 à Cologne , par
a) Don, poursopranoet piano Non édité Eva Maria Rogneret PierreBoulez

b)Don, pour sopranoet orchestre Universal,1967 20 octobre1962 à Donaueschingen,


par
Eva Maria Rogner,SWF Symphony
Orchestra,dir.PierreBoulez

2) 13 janvier 1958, à Hamboug,par


/,poursopranoet petit
a) Improvisation Universal,1958 Ilse Hollweg,et les membresdu N.D.R.
ensemblede percussion(petiteversion) de Hambourg,dir.Hans Rosbaud

I, poursopranoet orchestre
b) Improvisation Universal,1958 Idem I) b)

3) Improvisation II, poursopranoet petit Universal,1958 Idem 2) a)


ensembleinstrumental. (17')
0.0.0.0.0 - 0.0.0.0 - 6.2.1 - 0.0.0.0.0, Guitare

4) 10 juin 1959 à Baden-Baden,par


III, poursopranoet ensemble Non édité
a) Improvisation Eva Maria Rogner,Orch.symphonique
instrumental du SWF, dir.Hans Rosbaud

b) Improvisation III, poursopranoet ensemble Universal,1985 23 février1984 à Londres,


instrumental (partitionrévisée). par PhyllisBryn- Julsonet
-
4.0.0.0.0 0.0.1.0 - 7.1.3 - 0.0.0.5.3, le BBC SymphonyOrchestra,
Mandoline,Guitare dir.PierreBoulez
Dédicace : à HerbertHübner

5; Tombeau,Pour grandorchestre Universal,1971 Idem, I) b)


1957 - 58 Doubles, pourgrandorchestre 16 mars 1958 à Paris,Orchestre
Lamoureux,directionPierreBoulez
1961 Structures, pourdeux pianos,deuxièmelivre. Universal 21 octobre1961 à Donaueschingen,
(20') par Yvonne Loriod et PierreBoulez
1962-64 Marges, pourensemblede percussions
(esquisses seulement)
1963 Figures - Doubles - Prismes, Non édité 10 janvier 1964 à Strasbourg,par
pourgrandorchestre l'Orchestredu SWF de Baden-Baden,
dir.PierreBoulez
1964 Éclat, pourensemblede 15 instruments (8') : Universal,1965 26 mars 1965 à Los Angeles,
Piano, Celesta, Harpe,Glockenspiel, (fac simile directionPierreBoulez
Vibraphone,Mandoline,Guitare,Cymbalum, du ms.)
Cloches-tubes,Flûte en sol, Cor anglais,
Trompette, Trombone,Alto,Violoncelle
1965 Le Soleil des Eaux, poursoprano,chœurmixte Heugel, 1968 Octobre 1965, Berlin,avec Catherine
et orchestre,surdes textesde René Char Gayer,orch.et Chœursde la
^_,.^_____ _ ^___. _^_______ ___^^__ _ ^^____^__ Philharmonie,dir.PierreBoulez
PIERRE
BOULEZ (. . .EXPLOSANTE-FIXE.
: MEMORIALE . .ORIGINEL) 65

DATE TITRE ÉDITION CRÉATION


1967 Domainespourclarinette
solo,(15') Universal 20 septembre 1968,à Ulm,
parHansDeinzer
1968 Domaines, pourclarinette etclarinette 1970
basse, Universal, 20 décembre 1968à Bruxellespar
solos,etensemble instrumental, (30') : Walter Boeykens,orch.symphonique
1.1.0.0.1- 1.1.4.0- 1.0.1- 1.1.2.2.1, de la RadioBelge,dir.PierreBoulez.
Saxophone altoen Mi b,Guitare amplifiée, 10novembre 1970à Paris(version
Amplification parMichelPortaiet
révisée),
«
l'Ensemble Musiquevivante »,
directionPierreBoulez
1968 Livrepourcordes,pourorchestre à cordes. Londres, BBC Orchestra,
(réorchestration desparties la etIb duLivre dir.PierreBoulez
pourquatuor)
1968 Figures- Doubles- Prismes, Nonédité 1968,Orchestrede la Résidence
pourgrandorchestre de La Haye,directionPierreBoulez
1969 Pourle Dr.Kalmus,pourfl.ciar,piano, Nonédité (Création Maisondu
privée),
alto,vcl.(Hommage au Dr.K.) Dr.Kalmus,Londres
1970 Cummings istderDichter...,pour16voix Universal 25 septembre1970à Ulm,par
mixtes etensemble instrumental, (12'), La ScholaCantorum de Stuttgart,
surdespoèmesde E. E. Cummings : SDR SinfonieOrchester, Direction
:
1.4.0.0.1- 3.2.2.0- 0.0.3- 1.0.3.3.1, ClytusGottwaldetPierreBoulez
Chefde chœur
1970 Eclat/Multiples pourensemble instrumentalUniversal 21 octobre1970à Londres,
par
(28') : le BBC Symphony Orchestra,
1.1.0.1.0- 0.1.1.0- 3.2.1- 0.0.10.1.0, direction
PierreBoulez
Cymbalum, Guitare, Mandoline
1972-74 ...explosante-Fixe...,pourflûte.clarinetteenla, Nonédité 5 janvier1973à NewYork,
trompette, vibraphone, Halaphone, violon, LincolnChamber Society.
violoncelle
1974-75 RituelinMemoriam BrunoModerna, 2 avril1975à Londres,
par
pourorchestre enhuitgroupes (l'ouvrage le BBC Symphony Orchestra,
a étéannoncésousle titre Memoriales) dir.PierreBoulez
1974 AinsiparlaZarathoustra, pourvoixet Paris,octobre1974,par
ensemble instrumental, (musiquede scène la Compagnie Renaud- Barrault
une
pour pièce de Jean-LouisBarrault,
d'aprèsle poèmede Friedrich Nietzsche)
1976 Messagesquisse, pourvioloncelle soloet Universal 3 juin 1977à La Rochelle,
Oratoire,
sixvioloncelles.(8') parMstislavRostropovitchet
0.0.0.0.0- 0.0.0.0- 0.0.0- 0.0.0.6.0 des membres duConcours
Commanditaire : MstislavRostropovitch. Rostropovitch
Dédicace: pourl'anniversaire de PaulSacher
1978 Notations là IV,pourOrchestre (8') 1984
Universal, 18juin 1980à Paris,parl'Orchestre
(version pourorchestre de 4 desNotations de Paris,direction
DanielBarenboim
pourpiano(1945).
1981 Répons,pour2 Pianos,Harpe,Cymbalum, Universal Répons7:18 octobre1981à
Vibraphone, Xylophone, ensemble instrumental Donaueschingen, Sportshalle,
par
etOrdinateur entempsréel:(44'). Tutti: l'Ensemble InterContemporain,
- -
2.2.2.1.2-2.2.2.10.0.0. 3.0.2.2.1 Pierre-LaurentAimard,Alfred
Neveu,
Dédicace,: à Alfred Schlee, Marie-Claire Jamet,M. Cerutti,
pourson80eanniversaire V. Bauer,D. Ciampolini,
DirectionPierreBoulez.
RéponsII : 6 septembre1982,à
Londres
RéponsIII : 22 septembre1984,à
Turin
1984 DériveI, pourensemble instrumental (6') : Universal
1.0.1.0.0- 0.0.0.0- 1.1.0- 1.0.0.1.0
Dédicace: Pourle créateur dufestival deBath:
SirWilliamGlock
1985 Memoriale, pourflûtesoloetensemble Universal 29 novembre 1985à Nanterre,
Théâtre
instrumental : (5') E 18657 desAmandiers, parSophieCherrier
et
0.0.0.0.0-20.0.0-0.0.0-3.0.2.
1.0. l'Ensemble InterContemporain,
Dédicace: à Lawrence Beauregard direction
PierreBoulez.
1986 Cummings istderDichter.,pour16voixmixtes Universal 23 septembre 1986à Strasbourg
etensemble instrumental(13') surdespoèmes (FestivalMusica)parl'Ensemble
de E.E. Cummings InterContemporain,etle Chœurde
Instrumentation: Chambre de Stockholm,direction
| 2.2.2.1.2-2.2.2.1-0.0.3-3.0.2.2.1 PierreBoulez
66 MUSURGIA

DATE TITRE ÉDITION CRÉATION


1986 Dialogue de l'Ombre Double, Universal 28 octobre1985 à Florence,
pourclarinettesolo et Bande Magnétique(18') par Alain Damiens
1987 Initiale,pour Septuorde Cuivres(2') : Universal 4 juin 1987, à Houston,
0.0.0.0.0 - 2.2.2.1 - 0.0.0 - 0.0.0.0.0 Ménil Fondation
1990 Dérive II, pourensemnleinstrumental (8') : Universal 21 juin 1990 à Milan, par
0.1.1.0.1 - 1.0.0.0 - 2.1.1 - 1.0.1.1.0 l'Ensemble InterContemporain,
Dédicace : Pour les 80 ans d' ÉlliottCarter directionPierreBoulez
1991 ...explosante-Fixe...,pourflûtesolo, 2 flûtes Universal 11janvier1991 à Paris,CentreGeorges
et ensembleinstrumental(36') Pompidou(TransitoireVII seul)
solos : FlûteMIDI, deux Flûtes. par l'Ensemble InterContemporain,
tutti: 0.2.2.1-2.2.2.1-0.0.0-3.0.2.2.1, directionP. Boulez / F. Chaslin.
Ordinateuren tempsréel. Solistes : Pierre-André Valade,
Commanditaire: FondationTotalpour SophieCherrier, EmmanuelleOphèle
la Musique et Festivald'Automneà Paris
Dédicace : « à find'évoquer Igor Stravinsky,
de conjurerson absence »
1992 Anthèmes,pourviolon seul (6') Universal 7 octobre1992 à Paris,Radio-France.
Commanditaire: Concoursinternational
de violon YehudiMenuhin
Dédicace: « à AlfredSchlee,
en souveniramical du 18.11.1991 »
1993 ...explosante-fixe...,TransitoireV, Universal 11 novembre1993, à New-York,
pourFlûteMIDI, 2 Flûteset ensemble CarnegieHall, par l'Ensemble
instrumental (15') InterContemporain, dir.PierreBoulez,
tutti: 0.2.2.1.2 - 2.2.2.1 - 0.0.0 - 3.0.2.2.1, Solistes : P.A. Valade, S. Cherrier,
Ordinateuren tempsréel. C. Délavai
Dédicace : « à find'évoquer Igo; Stravinsky,
de conjurerson absence »
1993 ...explosante-fixe...,TransitoireVII, Universal 13 septembre1993 à Turin,
pourFlûte MIDI, 2 Flûteset ensemble (Conservatoire),par l'Ensemble
instrumental(13') InterContemporain,
tutti: 0.2.2.1.2 - 2.2.2.1 - 0.0.0 - 3.0.2.2.1, directionDavid Robertson.
Ordinateuren tempsréel. Solistes : P.A. Valade, S. Cherrier,
Dédicace : « à find'évoquer Igor Stravinsky, C. Délavai
de conjurerson absence »
1993 ...explosante-fixe...,Originel,pourFlûteMIDI, Universal 11 novembre1993 à New York,
2 Flûteset ensembleinstrumental (5') (CarnegieHall), par l'Ensemble
tutti: 0.2.2.1.2 - 2.2.2.1 - 0.0.0 - 3.0.2.2.1, InterContemporainn,
Ordinateuren tempsréel directionPierreBoulez.
Dédicace : « à find'évoquer Igor Stravinsky, Solistes : P.A. Valade, S. Cherrier,
de conjurerson absence » E. Ophèle.
1994 Incises, pourpiano (5') Universal 21 octobre1994 à Milan (Scala), par
les candidatsdu ConcoursMicheli,
puis,4 février1995 à Caen (Théâtre)
par DimitriVassilakis
1995 Dialogue de l'Ombre Double (versionpour Universal 3 novembre1996 à Paris,
Basson et Bande magnétique) (18') par Pascal Gallois
1996 Sur Incises, pour3 Pianos, 3 Percussions, Universal 27 avril 1996 à Bâle (Stadt Casino),
3 Harpes (18') par l'Ensemble InterContemporain ;
direction: PierreBoulez

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