(AdJ) Entre La Terre Et L'eau - Le Marais

You might also like

Download as pdf
Download as pdf
You are on page 1of 3
Preniiéres émotions -anot d'abord vous présenter deux y Longuc yrme ravageur et Eric Jambes, une jeune per- LeRoc, tune montagne de muscles ambulante, lis sont investigateurs engagés par 'Université de Miskatonic ou aventuriers échappés des bas fonds de Newhon, peu importe: ils seront nos coba Une incursion dans pas. Peggy et Eri vont done pi péripe. Premier point essentiel: le matériel. Ine doit tre ni lourd, ni encombrant. L’équipement Joit impérativement comprendre des des perches pour alder & la marche et récupérer les imprudents dans les sables mou- fants, de quoi allumer un feu dans des condi- tions défavorables, une trousse de secours comportant au moins de quoi combattre fitvres., des lampes, des vivres et de 'eau narais ne s'improvise fen sont convaincus, ils jparer méticuleusement leur de base nge ped iter Ia os aventuirlers négligent ces précautions && et s‘obstinent a vouloir traverser cage en short et un couteau suisse ala ‘ouragez-les ds le départ en accu- mutant sables mouvants, trous d'eau et ani aux agressifs. On ne plaisante pas avec Ie Un autre aspect important est le mode de transport. Peggy et Erick étant bons mar- cheurs, ils pourront tenter la randonnée pédestre. Les chemins quis'enfoncent dans le imarais ménent rarement quelque part et pré- sentent une nette tendance a finiren cul de sur une étendue d'eau ou de sables mou- ‘vants, ou serpenter & Tinfini sans raison. Laide d'un guide connaissant bien la région est done in-lis-pen-sable. 3 barques a fond plat sullisamment légeres pour étre portées a dos dvhomme, assez ‘troites pour se glisser entr ergs, banes de: icines sont idéales, La pro- ulsion est assurée par des pagaies ou une Tongue perche qui prend appui sur le fond Ce type de barque est d'un manie~ ment délicat (combat & bord = tout le monde ), Encore une fois, seul un autochtone aura s'en servir correctement et, surtout aura se repérer dans le labyrinthe de canaux et de bras morts. Ireste & convaincre ce famet bien vouloir accompagner autochtone de 1s amis, St la ‘réputation du marais est détestable, la tache sera rude Lapproche du lieu est trés importante: il ‘agit, & travers la description, de montrer Jes changements de environnement. Cet un vers d'eau et de bot ‘deux héros n'est plus leur élément, il faut le leur fair Le premier regard jet narécage par nos deux intrépides peut varier fortement ‘elon les conditions elimatiques. En plein jour et par temps sec, les personages noteront {que le sol devient plus spongieux et que la fat ne et a flore sont imperceptiblement diffé- rentes. La lumigre est laiteuse, plus éblou ‘ante et moins directe, Les odeurs sont fort vvégétaux pourrissant ou des ‘selon le type de marais, Les et dinsectes divers et voraces assombrissent le ciel et bourdonnent ‘de maniére assourdissante, Les ois qui s’ouvre devant nos ss de moustique nourrissent de plus abondants. Les nombreux ruisseaux qu falimentent le marais prennent un cours plus sinueux avant de définitivement dans la fange. Vous cirle tableau des le départ: et dans certaines conditions, le marais prend des teintes irisées et féeriques qui peuvent es aventuriers (pensez aux tourbitres aises ou irlandaises). nut change s'il n'y a pas de vent, s'il fait fro, ou si anu tombe: vous pouvez alors, nervenirla brume. Les banes de broull- ui s'immiscent insidieusement dans le age Sont propices & toutes les méprises, sles fantasmes. lis perturbent la vision, Ss les nerfs & vi - surtout x de Pes, citadine convaincue, qui sur ‘au moindre bruit insolite. Le roid humi- i pénétre peu A peu les aventuriers les Equipés, les ombres fantastiques des tortures et les cris animaux incom bier ls vont mettre les pieds. existe en 3t différents types de marais, selon la gion et surtout selon la salinité de 'eau saglt d’étendues d'eau douce, alimentées tune multitude de petits ruisseaux ou par un fleuve, Elles peuvent occuper une dépres- sion & Vintérieur des terres ou constituer un estuaire en bordure de mer. La végétation y est pauvre e plus souvent des herbes hautes (roseaux, papyrus), au mieux des arbrisseaux. Le sol d'une tourbiére est acide, les végétaux qui s'y développent sont donc légerement différents: on y trouve couramment des sphai ges, des hypnes (deux sortes de mousse), des jones et des plantes camivores (drosera, dionées...), Les animaux vivant dans ces marais se sont adaptes par rapport a leurs cousins dela ter re ferme: les doigts de leurs pattes sont plus écartés pour moins s‘enfoncer dans les ter- rains gorgés d'eau. On rencontre des échas- siers (hérons, savacous), des tortues (la mata- mata d'Amérique du Sud, une sorte de monstre préhistorique hérissé d’écailles pouvant atteindre 2 metres de long), des sangsues, des poissons (certaines anguilles amazonien- nes qui étourdissent leurs proies par une décharge électrique de 600 volts; larapai- ma, le plus grand poisson d'eau douce: il peut atteindre 90 kilos pour 5 métres de long) ‘ou des mammiféres ("hippopotame; la sita- tunga, une antilope qui plonge sous 'eau en ‘cas de danger, ne laissant dépasser que ses naseaux), Mardis salés Ces terrains gorgés d'eau salée sont présents surle littoral. La végétation y est comparable lle d'un maraise'eau douce uniquement des hautes herbes et des arbustes. La faune est composée d'oiseaux (l'aigle pécheur; le héron butor dont le eri, proche du mugisse- ment du taureau,terrifat les habitants dela région du Mont Saint Michel au XVillesidcle), de tortues, mollusques et crustacées, Des le Moyen Age certains de ces marais ont été exploités pour en extraire le sel. Cette véritable richesse était alors un des rares moyens de conserver la viande. «or blanc» devint ainst objet de toutes les convoitises, de tous les trafics (ainsi que des taxes et réglementations). Le paysage d'un marals, salant est trés particulier car il est fagonné par homme: une succession de petits canaux, barrages et écluses aménent l'eau de mer de bassin en bassin, de moins en moins profonds pour faciliter l'évaporation de l'eau dont la teneur en sel est de plus en plus élevée, Méme sil recéle a priori peu de danger, ce marais, ren constitue pas moins un véritable laby- rinthe de canaux et de bassins. Mangroves Les mangroves sont courantes en Amérique centrale et dans le Pacifique. Elles sont const tuées darbres, les palétuviers, dont les rack nes plongent dans eau salée. Depuis la mer, ‘on observe trois zones végétales distnctes. Diabord une étendue d'eau dot émergent des «piquets.», qui sont en fait les racines aériennes de arbre; puls les palétuviers eux: memes avec leurs racines enchevatrées qul forment un veritable entre- lacs autour du tronc et entre Jes arbres, Enfi, une fois la terre consolidée apparais- sent les premiers palmiers Une plante caraetéristique des mangroves américaines est Pherbe espagnole, une sorte de mousse qui se déve- Joppe en pendant sur les ar- bres, finissant par former de véritables draperies vert sombre \ Lafaune est trés varige ile peut comporter des werabes appelants» munis une pin- ce démesurée, qul s'enfon- cent dans la vase en cas de danger ou lorsque la marée monte. Les voir se déplacer en mas- se compacte et grouillante est toujours impressionnant. Erick, quia subi cette expé- rience traumatisante, refuse depuis de manger tout ce qul resemble un erustae, Les varans malais, crocodiles marins et serpents venimeux font aussi partie du paysa- ge, tout comme les périoph- talimes, des polssons eapa- bles de vivre & Tai libre et de marcher sur la vase Enfin,certaines espéces de singes peuplent les frondal sons: macaques erancrivo- res (Se nourrissant de cra- bes) et nasiques de Bornéo et du Sud Est asiatique ope wea ... dusqu’au cou! La progression est maintenant difficile. Régu- lierement, 'embarcation doit étre déchargée et portée & dos d’homme pour franchir une zone plus séche. Si les personnages avancent dans une mangrove, ils doivent étre particu ligrement attentifs pour éviter les racines de palétuvier, Chaque pas, chaque coup de pagale coiite 4 nos malheureux explorateurs, la fatigue, la sueur glacée qui ruisselle, tout concourt & transformer cet épisode en un cenfer. Au bout d'un moment, ils ne sentiront méme plus les insectes qui les dévorent, tout au plus se donneront-ils une claque sans ‘enthousiasme pour écraser quelques-uns de ‘ces hétes indésirables, Sls trébuchent, leurs bras s’enfoncent dans un bourbier giuant, trempant détinitivement leurs vétements. Peggy a le visage déformé par les piqires de moustiques: meme ses amis les plus proches auraient du mal 3 reconnatire un visage qui faisalt admiration de tous. Erick, ll, regret- te d'avoir insisté pour se charger d'une part importante du matériel: certes, ses capaci- tés physiques exceptionnelles lui permettent de soulever aisément la charge mais le poids, tout aussi exceptionnel, le fit s'enfoncer chaque pas davantage et la fatigue s'accu- mule sur ses épaules de colosse. Siun combat doit avoir lieu, il sera forcement au détri- ‘ment des aventuriers: em- >bourbés, incapables de dis- ccermer ce qui les attaque, ils he seront que des proles © pour un adversaire adapté au milieu. Les joueurs de- vront oublier les stratégies subiles du genre: .esquive Je-coup, je contour le guide parla droite en sortant mon couteau et en allumant ma torche pendant que Peggy sagenouille pour ajuster son tir» Tens, propos d'armes de tr certaines ont tendance moins bien fonctionner en milieu humide: corde dare - détendue, poudre mouilé. Vous favez compris, un com- bat dans ces conditions est particulérement morte, n’ou- biiez pas d'ajuster les aiver- saires en conséquence. Le moindre geste de la vie quotidienne prend des di- mensions homériques:allu- mer un feu avec du bois hhumide, manger des rations molles et insipides, se repo- ser au milieu de bruisse- ments étranges et sur une terre gorgée d'eau; laste est loin d'etre exhaustive. Les ‘mouvernents deviennent mé&- ‘caniques, les précautions €6 mentaires ne sont meme plus prises, les risques a mentent. A Pour rendre ces impressions, intégrez & vos descriptions la petite liste de noms et d'adjectifs de r'encadré page précédente. Le principe est simple: choisissez un nom dans la colonne de gauche et asso- ciezle & un ou plusieurs adjec- tifs qu vous semblent convenir dans celle de droite. Faites des phrases courtes sans laisser souffler votre auitoire, jouez sur "accumulation de termes, sur Ia répétition pour faire ressentir la monotonie de la progression, Si vos joueurs ne sont pas écceurés au bout une demi-heure, laissez tomber la maitrise du jeu — ou changez de joueurs. Dans les marais le brult se propage différemment. Un cri peut éclater & quelques dlizaines de métres et sembler venir d’a c6té. Le son parvient J souvent déformé, amplifé, pour tout dire inquiétant. N’hésitez. pas & bruiter la marche pénible des personnages : émaillez vos des- criptions de » splosh » et de «wizz» (mais pas de oshbam »: vous n'étes pas Gainsbourg!) Une butte surélevée et relativement seche peut constituer une excellente halte au milieu des marécages. Peggy et Erick pourront s'y reposer, mais aussi y subir les attaques des créatures locales. Pensez a installer au som- met de la butte un vestige ancien: cairn de pierres et restes de constructions cyclopéen- nes font toujours leur petit effet, Si votre un- vers de jeu ne se préte pas aux runes mysté- rieuses, pensez & un abri de chasseur ou de pécheur, une barque échouée. Une fois nos aventuriers un peu reposés, il leur faudra repartir et le retour au marais semblera, par contraste, encore plus pénible. Noubliez pas les feux follets. Les végétaux pourrissant du marais fermentent en dégi ggeant un gaz, le méthane. Ce gaz rend feu spontanément, donnant des boules de Jumiére qui ne chauf- fent pas mals impres- sionnent fortement les imaginations : elles ont souvent 6t6 assoclées aux ‘ames des revenants, Dans le meme ordre d'idée, le marais est un ultime refuge idéal pour une tribu de farfadets ou de lutins. Les Iégendes bretonnes regorgent dhistoires fantasti- ques sur le «petit peuple utilisables telles quelles dans e bout du ‘tunnel Peu a peu, les aventuriers sen- tent un sol plus ferme sous Tears pas Le paysage se trans forme, la brume seffloche ‘ef, de nouves, lebrut eau Wve des rulsseaux se fat entendre. Les étendues de boue craquelée et de tour be séche remplacent pro- gressvement es etangs et Tes tourbigres. Erick retrouve un peu de la superbe qui avalt aban- donné au eceur du mar& cage et Peggy va enfin pouvoir prendre le bain ul lul redonnera un aspect «cls» Mals, pour en, tout ne it peutdtre pas avec les pre- tiers arbustes rabougris sur ue motte detrre pres que stche: ne raménentsis pas ua-esouvenire de lout périple? Les insectes des marais propagent de nombreuses mala les’ les sangsues sont dificies ret rer faut es bile) sans contr les crétures Ineonnues qui peuvent consiérer les aventu- riers comme dexcellentsréceptacles pour Tears cous Jarréte Ik cause des ames sen- shies olla, maintenant vous avez en main toutes les pidces du Meccano. Il ne vous reste plus 48 laborer le snarl uitime, clu dont les Joueurs reparleront encore dans dix ans et Gui vlendra les hanter dans leurs pires cau- chemars. Erick et Peggy ne vous disent pas mere Philippe Balmisse Bernard Bittler ft de vous jeter a Teau es bandes dessinées. Les pagnons du crépuscule de Bourgeon cerman), Ballade au bout du monde d&Makyo et Vicomte (Glénat), indes des Contrées oubliées de Chevalier et Ségur (Delcourt) @Les romans. |i faut, bien str, citer 'figontournable Seigneur des Anneaux a «traversée des marais» (ome Il, Livre IV, Chapitre II). Aifelire absolument avant tout seéhario marécageux. La guerre du feu (RBsny Aine) comporte également uf ehapitre sur le marais qui peut étre int@ressant. @'Les bandes son. Vous pouvez utiliser de nombreuses bandes ofiginales de films d’horreur, par exemple le Dracula de Coppola. Les balades. Rien ne remplace Vekperience vécue. Si vous ne pouvez Vals offrir une expédition dans les bayous de Louisiane ou sur le détroit de fOrénoque, contentez-vous du tmarais poitevin, de la Camargue ‘ou d'un marais salant (Noirmoutier ou Guérande). Noubliez pas le petit calepin pour noter sur le vif vos impressions et vos observations. Et en plus, ¢a vous donnera des couleurs force de jouer dans cette cave, vous avez un teint de vampire pas trés frais. La menace qui pode Un des «intéréts» du marais sur tout autre environnement est que le danger peut venir de toutes les directions: let (la brume dissimule une attaque aérien le bas (eau stagnante, parcourue parfo de mouvements étranges, remplit le mé rle) ou de cété (tout ce qui fiotte ou qui nage). Utilisez cette particularité sinon pour porter de veritable attaquet au moins pour mettre lesnerfs de vos

You might also like