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Référence
ZIRARI, O., LAAMIRE, J., «Repenser l'éducation pour une croissance inclusive
garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc», Revue "Repères et Perspectives
Economiques" [En ligne], Vol. 5, N° 1 / mars 2021, mis en ligne le 28 mars 2021.
Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc
Rethinking Education for Guaranteed Inclusive Growth: An empirical essay for the case
of Morocco
Abstract
Human capital remains an essential tool for personal and collective well-being. Indeed,
human capital covers all the knowledge, skills, competencies and individual characteristics
that facilitate the creation of personal, social and economic well-being. Human capital is an
intangible asset that can advance or sustain productivity, innovation and employability.
Capital formation requires investment. Human capital theory assumes that individuals can
improve their productivity or the future productivity of their children through voluntary acts
of investment, particularly in education. Education is an essential instrument in economic
development. Moreover, several studies have shown that investing in education promotes
growth and the economy as a whole, and that the development of human capital is an
indispensable prerequisite for economic development. Hence, education is a profitable
investment and brings positive externalities both economically and socially, whereas
increasing the level of schooling in a country through increased public efforts (human and
financial) should lead to an increase in the wealth produced there. This justifies that the
existing relationship between education and the economy should be apprehended at an
aggregated level through the examination of the external return on education captured by
individual incomes. In this context, Morocco suffers from several social and economic
problems that prevent it from joining the ranks of emerging countries. Indeed, the Moroccan
economy is characterized by moderate economic growth, higher investment rates, and low
returns on invested human and financial capital. In this respect, the perception of the role of public
spending in general and education spending in particular has changed remarkably in recent years. They are seen
more as a factor in improving productive performance and ultimately contribute to growth by strengthening the
In this sense, this paper examines the impact of public investment in
supply side of the economy.
education on economic growth, with the objective of assessing its contribution to achieving
inclusive growth. In other words, this paper attempts to analyze the impact of public
expenditure on education through the creation of wealth at the level of the productive system
and the factors of production of the branches of the economy, in order to deduce the role of
this primordial sector in the achievement of inclusive growth, while analyzing the upstream
and downstream linkages between the education sector, the subject of the simulation, and
other sectors of the Moroccan economy using the multipliers of the social accounting matrix.
Using the SAM 2013, a simulation based on a 17 percent increase in public effort in education
would generate gains in terms of GDP growth and value added in all sectors. The gains in
terms of inclusive growth translate into the creation of new jobs (translated into labor
compensation) in both urban and rural areas and for both men and women.
Keywords: Human capital; education; inclusive growth; Social Accounting Matrix (SAM)
multipliers.
Résumé
Introduction
1
Les activités qui influencent les revenus monétaires futurs, qu’ils soient de type monétaire ou de type non
monétaire sont désignées par l’expression d’investissement en capital humain. Les nombreuses formes que
peuvent revêtir ces investissements incluent : l’éducation scolaire, la formation professionnelle sur le tas, les
soins médicaux, les migrations, la recherche d’informations sur les prix et les revenus.» Gary Becker, Human
Capital, N.Y, 1964.
2
Chauffour, J. P. (2017). Le maroc à l'horizon 2040 : Investir dans le capital immatériel pour accélérer
l’émergence économique. The World Bank.
humaines qui améliorent le système économique et par conséquence améliorent le bien être de
la population.
A cet égard, la perception du rôle des dépenses publiques en générale et celles en matières
d’éducation a remarquablement évolué au cours de ces dernières années. Elles sont
appréhendées davantage comme un facteur d’amélioration des performances productives et
contribuent in fine à la croissance par le renforcement du côté de l’offre de l’économie.
La littérature révèle que l'éducation est un investissement rentable et entraîne sur le plan
économique des externalités positives que sur le plan social, alors que la hausse du niveau de
scolarité dans un pays à travers l’accroissement des efforts publics (humains et financiers)
doit engendrer une augmentation des richesses qui y sont produites. Ceci justifie que la
relation existante entre l'éducation et l’économie soit appréhendé à un niveau agrégé à travers
l'examen du rendement externe de l’éducation capté par les revenus individuels. De ce fait,
une question essentielle nécessite d’être analysée, plus d'éducation permet-elle de produire
plus de richesse ? Pour répondre à cette question, faudrait-il analyser la rentabilité de
l’investissement dans le secteur de l’éducation ?
Dans ce cadre, le présent travail fait recours à la modélisation Input-Output (IO) pour étudier
les liens d’interaction entre les effets d’une hausse des dépenses d’investissement en
éducation et la production de la richesse dans le but d’une croissance inclusive au Maroc.
Autrement dit, ce papier tente d’analyser l’impact des dépenses publiques éducatives
appréhendé à travers la création de richesse au niveau du système productif et les facteurs de
production des branches de l’économie, à fin de déduire le rôle de ce secteur primordial dans
la réalisation d’une croissance inclusive.
Le reste du travail est présenté comme suit, la première section est réservée à un bref aperçu
de la littérature théorique et empirique sur la relation entre l’éducation et la croissance
économique. La deuxième section présente des faits stylisés permettant d’étudier le profil de
la croissance économique au Maroc, l’évolution des indicateurs de développement et ceux du
secteur éducatif. La dernière section traite la méthodologie empirique utilisée, le cadre
comptable du modèle, la simulation d’impact et discute les résultats obtenus.
1. Revue de littérature
Aujourd’hui, les analyses et les recommandations des politiques en faveur de la croissance
sont généralement axées sur l’amélioration des revenus et du pouvoir d’achat des individus.
Pour la théorie du capital humain, son argument défend la thèse selon laquelle investir
en éducation est une des conditions pour une croissance économique soutenue et
durable. Cette théorie a donné lieu à une sorte de consensus en faveur d’une expansion
massive des systèmes éducatifs. (Becker, 1994) affirme que l’éducation est un
investissement que l’individu doit effectuer d’une façon rationnelle afin de construire un
capital productif inséparable de sa personne. Ainsi, les écarts de salaires entre individus et
travailleurs s’expliquent par la différence de niveau de formation, (Mincer, 1958).
De leur côté, les théories modernes de la croissance considèrent que le progrès technique
constitue le principal déterminant de la croissance à long terme. L’accumulation de capital
humain (c’est-`a-dire l’acquisition de nouvelles connaissances et compétences, ainsi que
l’amélioration de la santé) améliore alors le potentiel d’une économie en contribuant au
progrès technique. En l’occurrence, l’éducation est susceptible de stimuler les
(Neycheva, 2010), sur un panel de 20 pays de l’UE, en utilisant une fonction de production de
type Cobb-Douglas avec trois facteurs de production à savoir le capital humain
approximé aux dépenses d’éducation, le capital physique et le travail, elle montre que
les dépenses publiques consacrées à l’éducation ont contribué positivement à la croissance
économique.
3
Rapport sur le cadre de l’OCDE pour une croissance inclusive, réunion du conseil au niveau du ministre, Mai
2014
4
Le Maroc à l’horizon 2040 - Investir dans le capital immatériel pour accélérer l’émergence économique,
Banque Mondiale, 2017
capital humain est liée négativement à la production réelle par habitant. Lorsque l’éducation
tertiaire est considérée, le résultat est positif et statistiquement significatif.
Pour le cas du Maroc, (Karim, 2010) a étudié les moteurs de la croissance et les convergences
économiques des régions marocaines dans un modèle similaire à celui de (Barro, 1990). Il a
estimé une fonction de production avec trois facteurs (le travail, le capital physique et le
montant de la dépense publique désagrégé en infrastructure, éducation et santé). Les résultats
liés à l’éducation montrent que cette dernière constitue un moteur de croissance pour
l’économie marocaine mais avec une importance très faible à cause des disparités régionales.
C’est dans cette optique que le présent travail s’articule afin d’identifier l’impact d’un
investissement supplémentaire en matière d’éducation sur la production, la valeur ajoutée, la
variation des salaires et donc le produit intérieur brut tout en utilisant le modèle de Lénotief
(input-output) basé sur la MCS. En effet, contrairement aux études économétriques, ladite
méthodologie empirique est appropriée à ce genre d’études tout en permettant de capter
l’impact d’un choc des éléments de la demande sur l’économie dans sa globalité.
Après la crise financière 2008, le taux de chômage élevé, le printemps arabe, et la croissance
économique soutenue dans les pays à faible revenu combinés avec encore des taux élevés de
pauvreté, la question critique des inégalités entre les catégories sociales professionnelles
s’élève dans de nombreux domaines : le marché du travail, santé, éducation, etc.
Dans ce cadre, le Maroc met l'accent sur la création et l'égalité d’accès aux opportunités
économique et considère que l'inégalité des chances provient de l'exclusion sociale associée
aux défaillances du marché, institutionnelles et politiques.
A la lumière de ces constats, la question qui se pose est comment un accès aux opportunités
économiques pourrait aider à une participation d'un plus grand de segment de la population
dans le processus de croissance ? En notant que, l'accès équitable aux opportunités
économiques est essentiellement une condition préalable à l'inclusivité de la croissance
économique.
-1
-3
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Ce niveau de croissance, s’il est comparable à celui de pays qui ont les mêmes
caractéristiques que le Maroc, n’est pas suffisant pour permettre au pays d s’inscrire
clairement dans une trajectoire de convergence avec les pays développés.
La croissance économique est modérée et volatile. Elle a été relativement soutenue entre 2000
et 2007, atteignant en moyenne 4 % (Figure 1). La tendance a néanmoins ralenti depuis le
début de la crise économique internationale, la croissance du PIB non agricole étant
étroitement corrélée à celle de la zone euro, principal partenaire commercial du Maroc
(OCDE, 2018).
La croissance reste également assez volatile en raison du poids du secteur agricole (12 % du
PIB en 2015). En effet, le secteur agricole a connu une hausse de 7 % de la croissance en
moyenne entre 2000 et 2007 et 8.4 % entre 2008 et 2014, cette amélioration a été
accompagnée d’une baisse de la volatilité, tout en gardant un fort impact sur l’économie
nationale. Son poids important dans l’emploi total (40 %) a généré une hausse des salaires et
donc l’amélioration de la demande intérieure (OCDE, 2018).
Pourtant, la croissance économique marocaine reste modéré et discontinue, autrement dit , elle
est insuffisante pour créer assez d’emplois pour la jeunesse qui constituent un cinquième de la
population totale du Maroc. En dépit des investissements publics entrepris ces dernières
années, les outputs en termes de développement humain et social restent en dessous des
attentes de la population.
5
CSEFRS, 2015, ”La mise en œuvre de la Charte Nationale d’Education et de Formation 2000-2013 : Acquis,
déficits et défis.”
70 000 0,3
60 000 0,25
0,2
50 000
0,15
40 000
0,1
30 000
0,05
20 000
0
10 000 -0,05
0 -0,1
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Toujours dans le même sillage des efforts au SEF, l’Indice de l’Effort Absolu (IEA)6 a atteint
son niveau le plus haut pour les années 2010 et 2011 (7,7%). Toutefois, cet indice a baissé
d’un point au cours de l’année 2013 pour s’établir à 6,6%.
10,0%
7,7% 7,7%
8,0% 7,1%
6,7% 6,6%
5,8% 6,0% 6,1% 5,9% 6,1% 5,7% 5,8% 5,6%
6,0%
4,0%
2,0%
0,0%
6
Il s’agit de pourcentage des dépenses d’éducation par rapport au PIB), qui compare le budget global alloué au
Système d’éducation et de Formation a` la richesse nationale (PIB)
Bien que l’accès à l’école ait été considérablement élargi, réduisant ainsi les écarts de genre et
de résidence, les disparités persistent, particulièrement parmi les enfants issus de milieux
défavorisés et/ou qui se trouvent dans une situation difficile.
120,0
100,0
80,0
Taux de scolarisation
60,0
Rural
Filles
40,0
20,0
0,0
2002-08 07/08 08/09 09/10 10/11 11/12 12/13 13/14
Toutefois, bien que des progrès substantiels aient récemment été réalisés au niveau de l’accès
à l’enseignement obligatoire, d’autres problèmes persistent encore tels que les taux élevés
d’abandons et de redoublements à tous les niveaux, les faibles niveaux des acquis des
apprentissages de base, ou encore l’inadéquation entre le profil des sortants du système et les
besoins du marché du travail.
En effet, depuis 1990 et jusqu’à 2008, le taux d’abandon pour le primaire et le collégial
successivement était compris entre 5% et 6.7%, et 12% et 17%. Ce taux élevé au cycle
collégial est dû, entre autres, aux difficultés de poursuivre les études en milieu rural surtout
pour les filles (éloignement des collèges, absence des internats…). Sachant que, les décideurs
ont constaté qu’en général «l’unique handicap à surmonter chez la fille (rurale en particulier)
reste l’accès à l’école. Une fois engagée dans le système, la fille abandonne moins
fréquemment que le garçon».
Les dépenses d'éducation et les soins de santé sont plus élevés au Maroc. Les dépenses en
éducation et les soins de santé devraient contribuer à l'inclusivité de la croissance. Compte
tenu de l'espace limité pour l'augmentation des dépenses à court terme, il y a un besoin urgent
d'améliorer l'efficacité des dépenses et le ciblage, en particulier dans le domaine des
subventions. Bien que destiné à aider les pauvres, ils restent souvent mal ciblé et une
proportion importante revient aux ménages au- dessus du seuil de pauvreté.
Cela est particulièrement vrai de certaines subventions (santé, éducation), qui profitent
principalement des meilleurs compromis, mais aussi de libérer des ressources pour la
réduction de la pauvreté et des soins de santé de base. Le système de subventions alimentaires
est aussi très inefficace, avec de grandes quantités de grain à trouver leur chemin dans les
systèmes de distribution parallèles. Le gouvernement se prépare à remplacer une partie des
subventions en nature par des transferts directs en espèces aux ménages. Cela a le potentiel de
réaliser des économies considérables et d'améliorer le ciblage et il devrait être élargi pour
couvrir toutes les subventions. La carte d'identité universelle, qui continue à être déployé, peut
également faire en sorte que les avantages ne bénéficient qu'à ceux qui ont le droit de les
recevoir.
Toujours pour le cas du Maroc, le manque de données sur les revenus mène á la situation que
les inégalités économiques sont plutôt mesurées à travers les dépenses des ménages, marquées
par de fortes inégalités en se concentrant d’avantage sur le milieu urbain que rural, comme le
prouve les enquêtes nationales auprès des ménages réalisés par le HCP et l’ONDH, avec une
tendance à la hausse entre les années 80 et les années 2000.
Par source de revenu, la répartition des revenus salariaux (64,3% des ménages) est la moins
inégalitaire en comparaison aux autres sources de revenu avec un indice de Gini de 0,484
contre 0,590 pour le revenu indépendant, 0,720 pour le revenu agricole, 0,715 pour les
transferts et 0,611 pour les rentes.
Tableau 1. Inégalités par source de revenu : indice de Gini et part des ménages
Le revenu agricole génère une inégalité particulièrement élevée que ce soit en milieu rural ou
en milieu urbain. Le revenu rural, qui concerne 90% des ménages ruraux, se caractérise par
une inégalité élevée de l’ordre de 0,706. En milieu urbain, l’inégalité afférente à ce type de
revenu est encore plus élevée, avec un indice de Gini de l’ordre de 0,867. Pour le revenu
indépendant, un écart important est à relever selon le milieu de résidence, avec un indice de
Gini de l’ordre de 0,611 en milieu urbain contre seulement 0,453 en milieu rural (DEPF,
2018).
D’un autre côté, les inégalités se manifestent clairement entre les ménages les plus aisés et les
ménages les moins aisés. Au niveau national, les 20% de ménages les plus aisés ont une
dépense équivalente à 8,8 fois à celle des 20% de ménages moins aisés. Elle est multipliée par
8,3 en milieu urbain et 5,7 fois en milieu rural. (DEPF, 2018)
tiennent en compte les interdépendances entre les différents secteurs de l’économie s’avère
pertinemment utile.
Dans ce cadre le recours au modèle des multiplicateurs de la MCS parait plus au moins
adéquat pour mener à bien ce genre de travail.
La MCS constitue une généralisation du tableau "entrée-sortie" de Leontief. Elle offre "D'une
part une présentation cohérente des transactions qui prennent place dans une économie
déterminée, qu'il s'agit d'un pays, d'une région, ou encore d'un ensemble de pays ou
de régions et, d'autres part, elle fournit aux décideurs de la politique économique la
base comptable d'un cadre analytique susceptible de faciliter leur choix" (Decaluwé et
al., 2001). Il s’agit simplement d’une représentation d’un ensemble de données macro, méso
et micro-économique des comptes du système socio-économique (Pyatt et Round, 1985).
Une MCS standard présente sous forme d'un tableau carré une série de comptes
prenant en considération l'ensemble des flux monétaires des agents au sein d'une entité sur
une période donnée, tout en respectant l'ordre en lignes et en colonnes. Généralement, ces
comptes sont : les comptes des activités de production, les comptes des biens et services,
les comptes des facteurs de production, les comptes des institutions résidentes (les
ménages, les firmes et les Administrations Publiques), les comptes du capital ou
accumulation, le compte du reste du monde et le compte financier.
La cohérence comptable d'une MCS est garantie par l'égalité entre les recettes totales (ligne)
et les dépenses totales (colonne) pour chaque compte, ainsi, un chiffre à l'intersection d'une
ligne et d'une colonne donnée indique les paiements du compte correspondant à la colonne au
compte représentant la ligne ce qui signifie que tout emploi d'un compte correspond à
une ressource de l'autre compte.
En outre, le choix de la MCS comme un outil de travail réside dans sa flexibilité permettant
une très grande souplesse dans la désagrégation des activités, des unités institutionnelles
et des facteurs productifs afin de d'être utilisée pour de nombreux sujets d'études.
3.2. Modèle
Le découpage du système productif en branches d’activité, répond au problème d’analyser, en
profondeur, les relations techniques de production. Par ailleurs, pour chaque type de produit
figurant dans la MCS, il se dégage un équilibre comptable fondamental entre les ressources et
les emplois.
Après avoir procédé à une désagrégation de la branche MN07, une simulation consiste a`
modifier la valeur du secteur de l’Education (exogène) pour l’Etat et d’interpréter le
changement de valeur de la totalité des branches de l’économie (endogènes).
Sous l’hypothèse de stabilité des coefficients de proportions entre les variables endogènes et
exogènes, la valeur des variables endogènes est la solution du calcul matriciel suivant :
A.E + X = E
Soit :
Ainsi,
X = E − A.E
D’après l’équation précédente, on trouve :
X = (I − A).E
Alors,
X
E=
(I − A)
7
A noter qu’au niveau de la MCS telle qu’elle est publiée par le HCP, la branche MN0 regroupe le secteur de
l’éducation, de la santé et des prestations sociales.
E = (I − A)−1 . X
Le modèle utilise des relations de proportions fixes. Il existe donc une possibilité de tester la
variation unitaire des dépenses publiques en matiere d’education et son impact sur les
differentes variables du modele ( Production, CI, Revenu, Travail…).
Une désagregation du compte « Travail » par milieu de résidence (Rural et Urbain) et par
genre (Homme et Femme) a été réalisée afin de capter avec précision les effets du choc.
Pour cela, on considère que toutes les autres variables exogènes sont nulles (c’est à dire les
dépenses du Reste du Monde et en accumulation du capital) sauf les dépenses publiques
éducatives qui feront l’objet de notre simulation où on va essayer d’étudier l’impact d’une
hausse des dépenses en éducation de 17% qui représente le taux de variation des dits dépenses
entre 2008 et 2013. D’où, Les coefficients visibles dans les composantes de la MCS sont les
coefficients multiplicateurs de la MCS. Il est alors possible de savoir l’impact d’une hausse
des dépenses éducatives sur l’activité économique en générale et de déduire l’impact sur la
réalisation ou non d’une croissance inclusive.
Après le choc, l’ampleur du PIB suivrait un gain logique passant de 897923 MDH en 2013 à
916917MDH avec une évolution de 2,12% par rapport à la valeur de référence, soit une
hausse confirmant les tendances observées au niveau de l’offre et de la demande des biens et
services et dans le marché de l’emploi.
La valeur ajoutée des secteurs a connu une hausse de 2,33% après le choc, soit une
augmentation en valeur de 19071 MDH.
On peut donc conclure que les dépenses éducatives sont fortement et positivement corrélées
avec la croissance ́économique.
Cela permet de conclure qu’une dépense importante dans ce genre d’investissement implique
une contribution assez importante dans la création du PIB.
D'après les résultats ci-dessous, il ressort qu'un investissement public dans la branche
d'éducation se traduirait par une variation positive de la production totale de 1,76%.
l'utilisation de leurs produits respectifs dans leur consommation intermédiaire. Certes, le reste
des branches a enregistré une variation relativement moins importante, mais au niveau global
on remarque une variation positive de la production en 2013 à cause de l’accroissement
positif annuel du niveau d'investissement publique en matière d'éducation (entre 2008 et
2013).
La demande, ainsi relancée par un choc sur l'investissement, impliquerait une hausse
conséquente de la production en produits des branches retenues8.
8
A noter que la production des produits d'une branche se fera soit par la branche elle-même, soit par d'autres
branches.
2,50
2,12
2,00
1,50
1,10
1,00
0,50
0,00
Consommation intermédiaire Consommation Fianle
Cela permet de confirme bel et bien les résultats précédents, c’est-à-dire que la contribution
des dépenses éducatives dans la croissance économique et principalement la réalisation d’une
croissance inclusive.
Du côté des facteurs de production, la variation positive de la production suite à une variation
des dépenses d'investissement en matière d'éducation, impact automatiquement la variation de
ses facteurs tout en suivant les mêmes tendances (tant au niveau de l'offre que de la demande),
toute chose étant égale par ailleurs au niveau de leur productivité.
2,50 2,33
2,00 1,76
1,50
1,00
0,50
0,00
Valeur ajoutée Production en produits
En effet, les résultats confirment la hausse de la valeur des facteurs de production (valeur
ajoutée et consommation intermédiaire des branches). La tendance des facteurs de production,
suite au choc, est totalement dépendante à l'évolution des composantes de la demande.
1,06 1,06
1,00
HU FU HR FR
HU FU HR FR
Dans notre modèle, la variation relative enregistrée au niveau de l’emploi global est positive.
Plus particulièrement, le résultat du choc des dépenses d’éducation est positif avec une
augmentation de la réménuration des salaires de (10351 MDH) soit +3.52% par rapport à la
référence des données initiales extraites de l’enquête nationale de l’emploi.
Conclusion
Les résultats de la simulation d’impact ont déduit que, d’une part, le niveau du PIB suit une
hausse passant de 897923 MDH en 2013 à 916917MDH avec une évolution de 2,12% par
rapport à la valeur de référence, soit une hausse confirmant les tendances observées au niveau
de l’offre et de la demande des biens et services et dans le marché de l’emploi.
De même, les résultats confirment la hausse de la valeur des facteurs de production (valeur
ajoutée et consommation intermédiaire des branches). La tendance des facteurs de production,
suite au choc, est totalement dépendante à l'évolution des composantes de la demande.
Sur la base des résultats de la simulation du choc à l’aide du modèle Input- Output on peut
conclure que l’investissement en matière d’éducation a des effets positifs et significatifs sur la
totalité de l’économie marocaine, ainsi la création d’emploi et la diminution des inégalités
sociales (emploi …) .
Malgré la faible diminution des inégalités, l’investissement en capital humain marocain reste
intéressant, ainsi la faiblesse peut être justifiée d’une part que l’étude d’impact ne concerne
que l’année 2013 pour laquelle ce genre de données comptables est disponible (MCS), ce qui
signifie une absence d’une grande partie d’information sur le secteur éducatif marocain sans
oublier le manque d’informations détaillées sur la désagrégation de l’investissement public de
celui privé.
Au-delà du volume de croissance (en termes de points du PIB d'après la simulation faite dans
ce travail), c'est la qualité de croissance dont il faut se préoccuper. Autrement-dit, ce qui
importe, ce n'est pas le taux de croissance, mais c'est d'abord sa régularité, ensuite sa capacité
créatrice d'emploi et enfin son caractère inclusif. Alors, avec une telle croissance du PIB et
avec un faible impact sur l'emploi, peut-on justifier particulièrement des investissements
publics en matière d'éducation dont leur coût est relativement plus au moins élevé et donc le
coût d'opportunité sera aussi élevé ou bien y a-t-il d'autres alternatives à adopter ?
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