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Revue "Repères et Perspectives Economiques"

Vol. 5/N° 1 / mars 2021

Repenser l'éducation pour une croissance inclusive


garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

ZIRARI Omar et LAAMIRE Jaouad, Université Mohammed V, Maroc

ISSN : 2509-0399 Reçu le : 30 novembre 2020


Date de mise en ligne : 28 mars 2021 Evalué le : 11 février 2021
Pagination : 40-66 Accepté le : 05 mars 2021

Référence

ZIRARI, O., LAAMIRE, J., «Repenser l'éducation pour une croissance inclusive
garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc», Revue "Repères et Perspectives
Economiques" [En ligne], Vol. 5, N° 1 / mars 2021, mis en ligne le 28 mars 2021.
Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

Rethinking Education for Guaranteed Inclusive Growth: An empirical essay for the case
of Morocco

Abstract

Human capital remains an essential tool for personal and collective well-being. Indeed,
human capital covers all the knowledge, skills, competencies and individual characteristics
that facilitate the creation of personal, social and economic well-being. Human capital is an
intangible asset that can advance or sustain productivity, innovation and employability.
Capital formation requires investment. Human capital theory assumes that individuals can
improve their productivity or the future productivity of their children through voluntary acts
of investment, particularly in education. Education is an essential instrument in economic
development. Moreover, several studies have shown that investing in education promotes
growth and the economy as a whole, and that the development of human capital is an
indispensable prerequisite for economic development. Hence, education is a profitable
investment and brings positive externalities both economically and socially, whereas
increasing the level of schooling in a country through increased public efforts (human and
financial) should lead to an increase in the wealth produced there. This justifies that the
existing relationship between education and the economy should be apprehended at an
aggregated level through the examination of the external return on education captured by
individual incomes. In this context, Morocco suffers from several social and economic
problems that prevent it from joining the ranks of emerging countries. Indeed, the Moroccan
economy is characterized by moderate economic growth, higher investment rates, and low
returns on invested human and financial capital. In this respect, the perception of the role of public
spending in general and education spending in particular has changed remarkably in recent years. They are seen
more as a factor in improving productive performance and ultimately contribute to growth by strengthening the
In this sense, this paper examines the impact of public investment in
supply side of the economy.
education on economic growth, with the objective of assessing its contribution to achieving
inclusive growth. In other words, this paper attempts to analyze the impact of public
expenditure on education through the creation of wealth at the level of the productive system
and the factors of production of the branches of the economy, in order to deduce the role of
this primordial sector in the achievement of inclusive growth, while analyzing the upstream
and downstream linkages between the education sector, the subject of the simulation, and
other sectors of the Moroccan economy using the multipliers of the social accounting matrix.
Using the SAM 2013, a simulation based on a 17 percent increase in public effort in education
would generate gains in terms of GDP growth and value added in all sectors. The gains in
terms of inclusive growth translate into the creation of new jobs (translated into labor
compensation) in both urban and rural areas and for both men and women.

Keywords: Human capital; education; inclusive growth; Social Accounting Matrix (SAM)
multipliers.

JEL Classification : C67 ; H52 ; O47

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Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

Résumé

Ce papier examine l’impact d’un investissement en matière d’éducation sur la croissance


économique, dont l’objectif est d’apprécier sa contribution d’atteindre une croissance
inclusive, tout en analysant les liens en amont et en aval entre le secteur éducatif, objet de
simulation, et les autres secteurs de l’économie marocaine à l’aide du calcul des
multiplicateurs de la Matrice de la Comptabilité Sociale. En utilisant la MCS de 2013, une
simulation conduite, via un choc de 17% d’augmentation de l’effort public en matière
d’éducation, engendrerait des gains de croissance du PIB et de la valeur ajoutée de tous les
secteurs. En termes de croissance inclusive, les gains sont traduits par la création de nouveaux
postes d’emploi (traduite en termes de rémunération du travail) à la fois au niveau du milieu
urbain et rural comme pour les hommes et pour les femmes.

Mots clés : Capital humain ; éducation ; croissance inclusive ; multiplicateurs de la Matrice


de la Comptabilité Sociale (MCS).

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Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

Introduction

Le capital humain demeure un instrument essentiel au bien-être personnel et collectif. En


effet, le capital humain recouvre l'ensemble des connaissances, qualifications, compétences et
caractéristiques individuelles qui facilitent la création du bien-être personnel, social et
économique. Le capital humain constitue un bien immatériel qui peut faire progresser ou
soutenir la productivité, l'innovation et l'employabilité. La constitution d’un capital passe par
un investissement. La théorie du capital humain suppose que les individus peuvent améliorer
leur productivité ou celle à venir de leurs enfants par des actes volontaires d'investissement,
notamment dans l'éducation1. Les écarts de revenus entre les pays s’expliqueraient alors par le
fait que, en fonction des sociétés, les individus font des choix d’investissements différents,
avec des conséquences elles aussi différentes en terme de productivité.

Dans le cas du Maroc, le rééquilibrage des investissements vers le capital immatériel,


notamment le capital humain, constitue l’une des conditions du rattrapage accéléré du pays
vers les pays d’Europe du Sud à l’horizon 2040 (OCDE, 2017)2. A travers le concept de
capital humain, s’ouvre donc toute une gamme d’investissements autour des axes majeurs de
l’éducation. Généralement, le développement du Maroc a été toujours pénalisé par la faiblesse
du secteur éducatif.

L’éducation joue un rôle crucial dans le développement économique. D’ailleurs plusieurs


études ont révélé que le manque à gagner en termes d’éducation était important, (Schultz,
1961) a montré qu’investir dans l’éducation favorise la croissance, il ressort que le
développement du facteur humain est un préalable indispensable au développement
économique.

Généralement, l’éducation constitue un déterminant essentiel du développement, ainsi que


l’investissement dans l’éducation permet une meilleure rémunération pour un individu
(Heckman et Polachek, 1974), et donc un citoyen éduqué et instruit est un élément productif
dans la société. Dans ce sens (Amartya Sen, 1990) confirme que ce sont les capacités

1
Les activités qui influencent les revenus monétaires futurs, qu’ils soient de type monétaire ou de type non
monétaire sont désignées par l’expression d’investissement en capital humain. Les nombreuses formes que
peuvent revêtir ces investissements incluent : l’éducation scolaire, la formation professionnelle sur le tas, les
soins médicaux, les migrations, la recherche d’informations sur les prix et les revenus.» Gary Becker, Human
Capital, N.Y, 1964.
2
Chauffour, J. P. (2017). Le maroc à l'horizon 2040 : Investir dans le capital immatériel pour accélérer
l’émergence économique. The World Bank.

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Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

humaines qui améliorent le système économique et par conséquence améliorent le bien être de
la population.

A cet égard, la perception du rôle des dépenses publiques en générale et celles en matières
d’éducation a remarquablement évolué au cours de ces dernières années. Elles sont
appréhendées davantage comme un facteur d’amélioration des performances productives et
contribuent in fine à la croissance par le renforcement du côté de l’offre de l’économie.

La littérature révèle que l'éducation est un investissement rentable et entraîne sur le plan
économique des externalités positives que sur le plan social, alors que la hausse du niveau de
scolarité dans un pays à travers l’accroissement des efforts publics (humains et financiers)
doit engendrer une augmentation des richesses qui y sont produites. Ceci justifie que la
relation existante entre l'éducation et l’économie soit appréhendé à un niveau agrégé à travers
l'examen du rendement externe de l’éducation capté par les revenus individuels. De ce fait,
une question essentielle nécessite d’être analysée, plus d'éducation permet-elle de produire
plus de richesse ? Pour répondre à cette question, faudrait-il analyser la rentabilité de
l’investissement dans le secteur de l’éducation ?

Dans ce cadre, le présent travail fait recours à la modélisation Input-Output (IO) pour étudier
les liens d’interaction entre les effets d’une hausse des dépenses d’investissement en
éducation et la production de la richesse dans le but d’une croissance inclusive au Maroc.
Autrement dit, ce papier tente d’analyser l’impact des dépenses publiques éducatives
appréhendé à travers la création de richesse au niveau du système productif et les facteurs de
production des branches de l’économie, à fin de déduire le rôle de ce secteur primordial dans
la réalisation d’une croissance inclusive.

Le reste du travail est présenté comme suit, la première section est réservée à un bref aperçu
de la littérature théorique et empirique sur la relation entre l’éducation et la croissance
économique. La deuxième section présente des faits stylisés permettant d’étudier le profil de
la croissance économique au Maroc, l’évolution des indicateurs de développement et ceux du
secteur éducatif. La dernière section traite la méthodologie empirique utilisée, le cadre
comptable du modèle, la simulation d’impact et discute les résultats obtenus.

1. Revue de littérature
Aujourd’hui, les analyses et les recommandations des politiques en faveur de la croissance
sont généralement axées sur l’amélioration des revenus et du pouvoir d’achat des individus.

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Toutefois, on prend de plus en plus conscience de la nécessité de prendre en compte l’impact


des politiques publiques sur différentes catégories sociales, compte tenu du creusement des
inégalités de revenu enregistré ces trente dernières années dans la plupart des pays sous-
développé.

Pour éviter ce creusement, les agences multilatérales se sont emparées du concept de


croissance pro-pauvre avant qu’il ne soit élargi au concept de croissance inclusive ou il y a un
partage plus équitable des fruits d’une plus grande prospérité, des emplois bien rémunérés,
une égalité des chances dans le monde du travail et dans l’éducation, et un meilleur accès aux
soins de santé et aux services financiers.

Le débat théorique sur la relation existante entre l’investissement en capital humain,


notamment les dépenses en matière d’éducation, et les grandeurs macroéconomiques
notamment la croissance économique et principalement la croissance inclusive n’est pas une
chose récente dans l’histoire de la pensée économique. Cette problématique était même au
cœur des préoccupations des économistes, ayant étudié la croissance économique, la
théorie du capital humain et celle de la croissance endogène, qu’ils ont affirmé que
l’éducation constitue un instrument essentiel pour stimuler la croissance économique
d’un pays.

En générale, l’éducation est susceptible d’améliorer les performances macroéconomiques en


favorisant l’innovation et en accélérant les gains de productivité.

Pour la théorie du capital humain, son argument défend la thèse selon laquelle investir
en éducation est une des conditions pour une croissance économique soutenue et
durable. Cette théorie a donné lieu à une sorte de consensus en faveur d’une expansion
massive des systèmes éducatifs. (Becker, 1994) affirme que l’éducation est un
investissement que l’individu doit effectuer d’une façon rationnelle afin de construire un
capital productif inséparable de sa personne. Ainsi, les écarts de salaires entre individus et
travailleurs s’expliquent par la différence de niveau de formation, (Mincer, 1958).

De leur côté, les théories modernes de la croissance considèrent que le progrès technique
constitue le principal déterminant de la croissance à long terme. L’accumulation de capital
humain (c’est-`a-dire l’acquisition de nouvelles connaissances et compétences, ainsi que
l’amélioration de la santé) améliore alors le potentiel d’une économie en contribuant au
progrès technique. En l’occurrence, l’éducation est susceptible de stimuler les

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performances macroéconomiques en accélérant les gains de productivité et en favorisant


l’innovation. En effet, (Lucas, 1988) déclare que l’accumulation de capital humain est une
source décisive de croissance endogène. De sa part, Pour (Mankiw et al., 1992),
l’accumulation de capital humain, à travers l’investissement en éducation, est une
source croissance économique à long terme. Alors que pour (Romer, 1990 ; Aghion et
Howitt, 1992), la croissance repose fondamentalement sur l’innovation.

Aujourd’hui la question de la croissance devient une question d’inclusive, dans ce cadre,


plusieurs institutions mondiales ont essayé de définir la croissance inclusive.

Selon l’OCDE, la croissance inclusive est considérée comme un concept multidimensionnel


(pauvreté, inégalités et bien-être); il désigne également l’augmentation constatée du niveau de
vie multidimensionnel d’une catégorie cible de la population (ménage représentatif).3

Pour la Banque Mondiale, la croissance inclusive touche un large éventail de la population


spatialement répartie mais avec une égalité des chances (accès aux marchés, aux ressources) -
investir dans le capital humain ainsi que social.4

Par ailleurs, le lien entre l’investissement en éducation et croissance inclusive a suscité


l’engouement de nombreux économistes, en témoigne les différents travaux empiriques ayant
soulevés et enrichis cette question. C’est dans cette optique que nous traitons un survol des
différents travaux ayant testés la relation empiriquement.

(Neycheva, 2010), sur un panel de 20 pays de l’UE, en utilisant une fonction de production de
type Cobb-Douglas avec trois facteurs de production à savoir le capital humain
approximé aux dépenses d’éducation, le capital physique et le travail, elle montre que
les dépenses publiques consacrées à l’éducation ont contribué positivement à la croissance
économique.

De même, (Neycheva , 2014) a estimé une fonction de production de type Cobb-


Douglas avec trois facteurs de production : le capital physique, le travail et le capital humain
pour la Bulgarie. Les résultats ont montré que la part des personnes ayant une éducation du
deuxième cycle du secondaire est insignifiante, alors qu’à court terme l’accumulation du

3
Rapport sur le cadre de l’OCDE pour une croissance inclusive, réunion du conseil au niveau du ministre, Mai
2014
4
Le Maroc à l’horizon 2040 - Investir dans le capital immatériel pour accélérer l’émergence économique,
Banque Mondiale, 2017

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capital humain est liée négativement à la production réelle par habitant. Lorsque l’éducation
tertiaire est considérée, le résultat est positif et statistiquement significatif.

Pour le cas du Maroc, (Karim, 2010) a étudié les moteurs de la croissance et les convergences
économiques des régions marocaines dans un modèle similaire à celui de (Barro, 1990). Il a
estimé une fonction de production avec trois facteurs (le travail, le capital physique et le
montant de la dépense publique désagrégé en infrastructure, éducation et santé). Les résultats
liés à l’éducation montrent que cette dernière constitue un moteur de croissance pour
l’économie marocaine mais avec une importance très faible à cause des disparités régionales.

En utilisant un modèle Input-Output basé sur la MCS du Maroc, (Zaoujal et El Mataoui,


2018) ont analysé empiriquement l'impact de l'augmentation des exportations de produits
industriels sur l'emploi, le revenu des ménages (riches, moyens et pauvres) et la croissance
économique sectorielle et globale au Maroc. Les résultats montrent un impact généralement
positif sur tous les agrégats sectoriels et macroéconomiques (production, valeur ajoutée,
emploi, balance des transactions et PIB). Pour le revenu des ménages, les résultats indiquent
également que l'impact aurait bénéficié aux ménages moyens plus qu'aux ménages riches ou
pauvres.

C’est dans cette optique que le présent travail s’articule afin d’identifier l’impact d’un
investissement supplémentaire en matière d’éducation sur la production, la valeur ajoutée, la
variation des salaires et donc le produit intérieur brut tout en utilisant le modèle de Lénotief
(input-output) basé sur la MCS. En effet, contrairement aux études économétriques, ladite
méthodologie empirique est appropriée à ce genre d’études tout en permettant de capter
l’impact d’un choc des éléments de la demande sur l’économie dans sa globalité.

2. Education et croissance au Maroc, Quels faits stylisés ?


Le modèle de la croissance économique marocain a montré plusieurs signes d’essoufflement,
précisément une aggravation des déséquilibres macroéconomiques et plusieurs difficultés de
générer plus de poste d’emplois et la réduction du chômage particulièrement chez les jeunes
marocains. Vu cette situation socio-économique de déséquilibre sur le marché du travail, le
modèle de croissance marocain demeure insuffisamment inclusif. Actuellement, le débat
politique et scientifique s’intéresse à l’intégration de la croissance inclusive dans les projets
de développement économique et social.

Après la crise financière 2008, le taux de chômage élevé, le printemps arabe, et la croissance

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Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

économique soutenue dans les pays à faible revenu combinés avec encore des taux élevés de
pauvreté, la question critique des inégalités entre les catégories sociales professionnelles
s’élève dans de nombreux domaines : le marché du travail, santé, éducation, etc.

Dans ce cadre, le Maroc met l'accent sur la création et l'égalité d’accès aux opportunités
économique et considère que l'inégalité des chances provient de l'exclusion sociale associée
aux défaillances du marché, institutionnelles et politiques.

A la lumière de ces constats, la question qui se pose est comment un accès aux opportunités
économiques pourrait aider à une participation d'un plus grand de segment de la population
dans le processus de croissance ? En notant que, l'accès équitable aux opportunités
économiques est essentiellement une condition préalable à l'inclusivité de la croissance
économique.

2.1. Profil de la croissance économique


L’activité économique marocaine a connu cette dernière décennie un changement contestable.
Elle a presque doublé après les années 2000, toutefois elle reste sous l’influence des aléas
climatiques qui lui offre une évolution en dents de scie. Le Maroc s’est engagé dans de
nombreuses réformes structurelles dans différents secteurs, les plans mis en œuvre ont permis
d’instaurer une nouvelle dynamique dans différents secteurs tel que l’agriculture, la pêche et
l’industrie en renforçant leur offre exportable, tout en s’engageant dans une vision de
développement écologique.

Le rythme de la croissance est modeste et freiné par le contexte international. La croissance


économique a atteint 4.7 % en moyenne pendant les années 2000.

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Figure 1. Evolution de la croissance économique au Maroc

Contribution de l'agriculture Contribution hors agriculture Croissance économique


%

-1

-3
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Source : Calculs des auteurs, Données HCP

Depuis, la croissance économique a connu un ralentissement qui est dû à la lente reprise de


l’activité en Europe, principal partenaire commercial, et de la décélération de la demande
intérieure.

Ce niveau de croissance, s’il est comparable à celui de pays qui ont les mêmes
caractéristiques que le Maroc, n’est pas suffisant pour permettre au pays d s’inscrire
clairement dans une trajectoire de convergence avec les pays développés.

La croissance économique est modérée et volatile. Elle a été relativement soutenue entre 2000
et 2007, atteignant en moyenne 4 % (Figure 1). La tendance a néanmoins ralenti depuis le
début de la crise économique internationale, la croissance du PIB non agricole étant
étroitement corrélée à celle de la zone euro, principal partenaire commercial du Maroc
(OCDE, 2018).

La croissance reste également assez volatile en raison du poids du secteur agricole (12 % du
PIB en 2015). En effet, le secteur agricole a connu une hausse de 7 % de la croissance en
moyenne entre 2000 et 2007 et 8.4 % entre 2008 et 2014, cette amélioration a été
accompagnée d’une baisse de la volatilité, tout en gardant un fort impact sur l’économie
nationale. Son poids important dans l’emploi total (40 %) a généré une hausse des salaires et
donc l’amélioration de la demande intérieure (OCDE, 2018).

Pourtant, la croissance économique marocaine reste modéré et discontinue, autrement dit , elle
est insuffisante pour créer assez d’emplois pour la jeunesse qui constituent un cinquième de la

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population totale du Maroc. En dépit des investissements publics entrepris ces dernières
années, les outputs en termes de développement humain et social restent en dessous des
attentes de la population.

2.2. Etats des lieux du secteur éducatif


Les politiques publiques peuvent être considérées comme favorables à la croissance inclusive
s’ils contribuent à promouvoir la croissance et réduire la pauvreté et les inégalités. Les
indicateurs possibles comprennent le niveau global des dépenses sociales, parce que d’après
une expérience entre plusieurs pays. On constate que les pays où les dépenses sont
relativement plus élevées sur le capital humain, les soins de santé, les pensions et autres
aspects du filet de sécurité sociale ont tendance à avoir une croissance plus inclusive.

Au Maroc, la mobilisation des ressources financières et humaines adéquates s’est inscrite


depuis des années dans une politique volontariste comme une condition sine quoi non de la
réussite de la politique éducative, de la généralisation de l’accès à l’éducation et à la
formation. Une analyse d’évaluation de cette politique éclaire en effet sur la capacité de
l’Etat pour une meilleure allocation des ressources financières, matérielles et humaines
cohérentes en matière d’éducation. D’ailleurs, la Charte Nationale d’Education et de
Formation 2000-2013 a déjà consigné la mobilisation de telles ressources au cœur des
perspectives de réforme, en vue d’une réussite durable.

Dans ce sens, le Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche


Scientifique (CSEFRS) a publié en 2015 5 un rapport détaillé sur l’évolution du budget
alloué au secteur d’éducation. A noter que le budget consacré par l’Etat à l’Enseignement
Scolaire, Supérieur et à la Formation Professionnelle a augmenté de plus de 37 milliards de
dirhams courants entre 2001 et 2011, passant de presque 24,8 milliards de dirhams courants à
plus de 61,7 milliards de dirhams. En moyenne, le budget global alloué au Secteur de
l’´Education et de la Formation (SEF) a augmenté de 7,15% durant la période entre 2001 et
2013. Cette augmentation était plus conséquente entre 2008 et 2012, période de mise en
œuvre du programme d’urgence, puisqu’elle a atteint 11,1% annuellement. Cet effort a
fortement baissé en 2013 pour s’établir à 56,7 milliards de dirhams courants.

5
CSEFRS, 2015, ”La mise en œuvre de la Charte Nationale d’Education et de Formation 2000-2013 : Acquis,
déficits et défis.”

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Figure 2. Budget de l'État alloué au SEF (en millions de DHS)

70 000 0,3

60 000 0,25
0,2
50 000
0,15
40 000
0,1
30 000
0,05
20 000
0
10 000 -0,05
0 -0,1
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Budget du SEF Variation annuelle

Source : Calculs des auteurs, Données MEN

Toujours dans le même sillage des efforts au SEF, l’Indice de l’Effort Absolu (IEA)6 a atteint
son niveau le plus haut pour les années 2010 et 2011 (7,7%). Toutefois, cet indice a baissé
d’un point au cours de l’année 2013 pour s’établir à 6,6%.

Figure 3. Evolution de l’Indice de l’Effort Absolu (IEA)

10,0%

7,7% 7,7%
8,0% 7,1%
6,7% 6,6%
5,8% 6,0% 6,1% 5,9% 6,1% 5,7% 5,8% 5,6%
6,0%

4,0%

2,0%

0,0%

Source : Calculs des auteurs, données MEN

6
Il s’agit de pourcentage des dépenses d’éducation par rapport au PIB), qui compare le budget global alloué au
Système d’éducation et de Formation a` la richesse nationale (PIB)

Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol.5, N°1, mars 2021 51


Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

En terme d’évolution des principaux indicateurs de performance de ce secteur, force est de


constater une croissance plus significative des taux de scolarisation au niveau du milieu. Ce
résultat semble attribué en particulier à la forte augmentation de la scolarisation des filles, une
telle augmentation qui s’est traduite par une nette amélioration de l’indice de parité
garçons/filles qui est passé de 2,3 à 1,1 entre 1990 et 2003.

Bien que l’accès à l’école ait été considérablement élargi, réduisant ainsi les écarts de genre et
de résidence, les disparités persistent, particulièrement parmi les enfants issus de milieux
défavorisés et/ou qui se trouvent dans une situation difficile.

Figure 4. Taux spécifique de scolarisation au primaire en % (de 6 à 11 ans)

120,0

100,0

80,0
Taux de scolarisation
60,0
Rural
Filles
40,0

20,0

0,0
2002-08 07/08 08/09 09/10 10/11 11/12 12/13 13/14

Source : Direction de la statistique, de la stratégie et de la planification, MEN

Toutefois, bien que des progrès substantiels aient récemment été réalisés au niveau de l’accès
à l’enseignement obligatoire, d’autres problèmes persistent encore tels que les taux élevés
d’abandons et de redoublements à tous les niveaux, les faibles niveaux des acquis des
apprentissages de base, ou encore l’inadéquation entre le profil des sortants du système et les
besoins du marché du travail.

En effet, depuis 1990 et jusqu’à 2008, le taux d’abandon pour le primaire et le collégial
successivement était compris entre 5% et 6.7%, et 12% et 17%. Ce taux élevé au cycle
collégial est dû, entre autres, aux difficultés de poursuivre les études en milieu rural surtout
pour les filles (éloignement des collèges, absence des internats…). Sachant que, les décideurs
ont constaté qu’en général «l’unique handicap à surmonter chez la fille (rurale en particulier)
reste l’accès à l’école. Une fois engagée dans le système, la fille abandonne moins
fréquemment que le garçon».

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Les dépenses d'éducation et les soins de santé sont plus élevés au Maroc. Les dépenses en
éducation et les soins de santé devraient contribuer à l'inclusivité de la croissance. Compte
tenu de l'espace limité pour l'augmentation des dépenses à court terme, il y a un besoin urgent
d'améliorer l'efficacité des dépenses et le ciblage, en particulier dans le domaine des
subventions. Bien que destiné à aider les pauvres, ils restent souvent mal ciblé et une
proportion importante revient aux ménages au- dessus du seuil de pauvreté.

Cela est particulièrement vrai de certaines subventions (santé, éducation), qui profitent
principalement des meilleurs compromis, mais aussi de libérer des ressources pour la
réduction de la pauvreté et des soins de santé de base. Le système de subventions alimentaires
est aussi très inefficace, avec de grandes quantités de grain à trouver leur chemin dans les
systèmes de distribution parallèles. Le gouvernement se prépare à remplacer une partie des
subventions en nature par des transferts directs en espèces aux ménages. Cela a le potentiel de
réaliser des économies considérables et d'améliorer le ciblage et il devrait être élargi pour
couvrir toutes les subventions. La carte d'identité universelle, qui continue à être déployé, peut
également faire en sorte que les avantages ne bénéficient qu'à ceux qui ont le droit de les
recevoir.

2.3. Pauvreté et inégalités


La croissance inclusive est celle qui profite aux pauvres en visant la diminution des inégalités
entre les citoyens et citoyennes dans ses multiples facettes, le Maroc dispose de peu
d’information pour analyser la situation des inégalités.

Néanmoins, on peut avoir recours à la pauvreté étant un phénomène en étroite corrélation


avec les inégalités.

Toujours pour le cas du Maroc, le manque de données sur les revenus mène á la situation que
les inégalités économiques sont plutôt mesurées à travers les dépenses des ménages, marquées
par de fortes inégalités en se concentrant d’avantage sur le milieu urbain que rural, comme le
prouve les enquêtes nationales auprès des ménages réalisés par le HCP et l’ONDH, avec une
tendance à la hausse entre les années 80 et les années 2000.

Par source de revenu, la répartition des revenus salariaux (64,3% des ménages) est la moins
inégalitaire en comparaison aux autres sources de revenu avec un indice de Gini de 0,484
contre 0,590 pour le revenu indépendant, 0,720 pour le revenu agricole, 0,715 pour les
transferts et 0,611 pour les rentes.

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Tableau 1. Inégalités par source de revenu : indice de Gini et part des ménages

Urbain Rural Ensemble

Part des Part des Part des


Gini Gini Gini
ménages ménages ménages

Salaire 0,463 72,5 0,417 50,6 0,484 64,3

Revenu indépendant 0,611 25,2 0,453 17,1 0,59 22,2

Revenu agricole 0,867 5,9 0,706 90 0,72 37,5

Transferts 0,694 57,6 0,702 64,1 0,715 60,1

Rentes 0,545 75,2 0,43 96,5 0,611 83,2

Autres revenus 0,553 7,8 0,558 6,7 0,602 7,4

Source : Cahiers du Plan n°40, juin-juillet 2012, ENNVM 2007, HCP.

Le revenu agricole génère une inégalité particulièrement élevée que ce soit en milieu rural ou
en milieu urbain. Le revenu rural, qui concerne 90% des ménages ruraux, se caractérise par
une inégalité élevée de l’ordre de 0,706. En milieu urbain, l’inégalité afférente à ce type de
revenu est encore plus élevée, avec un indice de Gini de l’ordre de 0,867. Pour le revenu
indépendant, un écart important est à relever selon le milieu de résidence, avec un indice de
Gini de l’ordre de 0,611 en milieu urbain contre seulement 0,453 en milieu rural (DEPF,
2018).

D’un autre côté, les inégalités se manifestent clairement entre les ménages les plus aisés et les
ménages les moins aisés. Au niveau national, les 20% de ménages les plus aisés ont une
dépense équivalente à 8,8 fois à celle des 20% de ménages moins aisés. Elle est multipliée par
8,3 en milieu urbain et 5,7 fois en milieu rural. (DEPF, 2018)

3. Simulation d’impact de l’investissement en éducation sur la croissance inclusive au


Maroc.
3.1. Modèle des multiplicateurs de la MCS
Pour mieux appréhender l’impact d’un tel effort d’investissement dans le secteur de
l’éducation et de l’enseignement sur la création de richesse (le PIB plus précisément) et les
autres grandeurs macroéconomiques, le recours à des modèles macroéconomiques qui

54 Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol. 5, N°1, mars 2021


Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

tiennent en compte les interdépendances entre les différents secteurs de l’économie s’avère
pertinemment utile.

Dans ce cadre le recours au modèle des multiplicateurs de la MCS parait plus au moins
adéquat pour mener à bien ce genre de travail.

3.1.1. Cadre comptable du modèle (MCS)


Dans cette étude, le modèle Input-Output basé sur la Matrice de Comptabilité Sociale
(MCS), décrit en colonnes des paiements et en lignes les flux des recettes de chaque
compte vis-à-vis des autres. Elle fournit une description détaillée des activités de
production intérieures et des opérations sur produits d’une économie.

La MCS constitue une généralisation du tableau "entrée-sortie" de Leontief. Elle offre "D'une
part une présentation cohérente des transactions qui prennent place dans une économie
déterminée, qu'il s'agit d'un pays, d'une région, ou encore d'un ensemble de pays ou
de régions et, d'autres part, elle fournit aux décideurs de la politique économique la
base comptable d'un cadre analytique susceptible de faciliter leur choix" (Decaluwé et
al., 2001). Il s’agit simplement d’une représentation d’un ensemble de données macro, méso
et micro-économique des comptes du système socio-économique (Pyatt et Round, 1985).

Une MCS standard présente sous forme d'un tableau carré une série de comptes
prenant en considération l'ensemble des flux monétaires des agents au sein d'une entité sur
une période donnée, tout en respectant l'ordre en lignes et en colonnes. Généralement, ces
comptes sont : les comptes des activités de production, les comptes des biens et services,
les comptes des facteurs de production, les comptes des institutions résidentes (les
ménages, les firmes et les Administrations Publiques), les comptes du capital ou
accumulation, le compte du reste du monde et le compte financier.

La cohérence comptable d'une MCS est garantie par l'égalité entre les recettes totales (ligne)
et les dépenses totales (colonne) pour chaque compte, ainsi, un chiffre à l'intersection d'une
ligne et d'une colonne donnée indique les paiements du compte correspondant à la colonne au
compte représentant la ligne ce qui signifie que tout emploi d'un compte correspond à
une ressource de l'autre compte.

En outre, le choix de la MCS comme un outil de travail réside dans sa flexibilité permettant
une très grande souplesse dans la désagrégation des activités, des unités institutionnelles
et des facteurs productifs afin de d'être utilisée pour de nombreux sujets d'études.

Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol.5, N°1, mars 2021 55


Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

3.2. Modèle
Le découpage du système productif en branches d’activité, répond au problème d’analyser, en
profondeur, les relations techniques de production. Par ailleurs, pour chaque type de produit
figurant dans la MCS, il se dégage un équilibre comptable fondamental entre les ressources et
les emplois.

Sur le principe du multiplicateur économique, un choc au niveau de la branche


éducation (exogène) entraine une modification sur la totalité des branches de
l’économie (endogènes) sous contraintes de stabilité des coefficients de proportion et des
équilibres macroéconomiques.

Après avoir procédé à une désagrégation de la branche MN07, une simulation consiste a`
modifier la valeur du secteur de l’Education (exogène) pour l’Etat et d’interpréter le
changement de valeur de la totalité des branches de l’économie (endogènes).

Sous l’hypothèse de stabilité des coefficients de proportions entre les variables endogènes et
exogènes, la valeur des variables endogènes est la solution du calcul matriciel suivant :

A.E + X = E
Soit :

A : La matrice des coefficients de proportionnalité des comptes endogènes,

E : Le vecteur du total des emplois et du total des ressources des endogènes,

X : Le vecteur du total des comptes exogènes.

Ainsi,

X = E − A.E
D’après l’équation précédente, on trouve :

X = (I − A).E
Alors,

X
E=
(I − A)
7
A noter qu’au niveau de la MCS telle qu’elle est publiée par le HCP, la branche MN0 regroupe le secteur de
l’éducation, de la santé et des prestations sociales.

56 Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol. 5, N°1, mars 2021


Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

Ce qui permet de déterminer la matrice des multiplicateurs :

E = (I − A)−1 . X
Le modèle utilise des relations de proportions fixes. Il existe donc une possibilité de tester la
variation unitaire des dépenses publiques en matiere d’education et son impact sur les
differentes variables du modele ( Production, CI, Revenu, Travail…).

Une désagregation du compte « Travail » par milieu de résidence (Rural et Urbain) et par
genre (Homme et Femme) a été réalisée afin de capter avec précision les effets du choc.

Pour cela, on considère que toutes les autres variables exogènes sont nulles (c’est à dire les
dépenses du Reste du Monde et en accumulation du capital) sauf les dépenses publiques
éducatives qui feront l’objet de notre simulation où on va essayer d’étudier l’impact d’une
hausse des dépenses en éducation de 17% qui représente le taux de variation des dits dépenses
entre 2008 et 2013. D’où, Les coefficients visibles dans les composantes de la MCS sont les
coefficients multiplicateurs de la MCS. Il est alors possible de savoir l’impact d’une hausse
des dépenses éducatives sur l’activité économique en générale et de déduire l’impact sur la
réalisation ou non d’une croissance inclusive.

3.3. Simulation et résultats


L’analyse d’impact d’une dépense publique représentée par l’augmentation des dépenses
d’investissement en éducation serait appréhendée à travers la création de richesse au niveau
du système productif et les facteurs de production des branches de l’économie.Ensuite, elle
traiterait la distribution de cette richesse afin de représenter le supplément/surplus de
croissance en points de PIB. Ainsi, le modèle utilisé dans cette étude permet d’abord de
mesurer l’impact attendu sur la production engendrée directement par un choc direct des
dépenses en éducation. Ensuite, il convient de déduire l’impact du choc sur la répartition du
travail entre branche productives car la production résultante du choc, devra mobiliser les
facteurs nécessaires, et créer des postes d’emploi pour renforcer davantage la croissance
inclusive.

3.3.1. Impact sur la croissance du PIB


Suite à une variation des dépenses publiques en éduction, le PIB devrait varier, pour chaque
simulation de notre étude. Cette variation étant, le résultat de la variation affichée au niveau
de l’offre et de la demande (des biens et services et de l’emploi).

Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol.5, N°1, mars 2021 57


Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

Figure 5. Impact sur la croissance du PIB (en million de DH)

920 000 916917


915 000
910 000
905 000
900 000 897 923
895 000
890 000
885 000
PIB MCS PIB Après choc

Source : Calculs des auteurs

Après le choc, l’ampleur du PIB suivrait un gain logique passant de 897923 MDH en 2013 à
916917MDH avec une évolution de 2,12% par rapport à la valeur de référence, soit une
hausse confirmant les tendances observées au niveau de l’offre et de la demande des biens et
services et dans le marché de l’emploi.

De même, la simulation d’impact permet une contribution positive à la croissance du PIB


avec une valeur de 18994 MDH.

La valeur ajoutée des secteurs a connu une hausse de 2,33% après le choc, soit une
augmentation en valeur de 19071 MDH.

On peut donc conclure que les dépenses éducatives sont fortement et positivement corrélées
avec la croissance ́économique.

Cela permet de conclure qu’une dépense importante dans ce genre d’investissement implique
une contribution assez importante dans la création du PIB.

3.3.2. Impact sur le système productif en branches et en produits


L'incitation à la production requise pour satisfaire la demande supplémentaire (suite au choc)
signifie une mobilisation des facteurs nécessaires au processus de production.

D'après les résultats ci-dessous, il ressort qu'un investissement public dans la branche
d'éducation se traduirait par une variation positive de la production totale de 1,76%.

Au niveau sectoriel, la branche d'éducation et de l'immobilier, location et services rendus aux


entreprises, bénéficieraient de forte variation. Cela s'explique par les fortes interdépendances
entre ces deux branches tant au niveau de leur production qu'au niveau de l'intensité de

58 Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol. 5, N°1, mars 2021


Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

l'utilisation de leurs produits respectifs dans leur consommation intermédiaire. Certes, le reste
des branches a enregistré une variation relativement moins importante, mais au niveau global
on remarque une variation positive de la production en 2013 à cause de l’accroissement
positif annuel du niveau d'investissement publique en matière d'éducation (entre 2008 et
2013).

La demande, ainsi relancée par un choc sur l'investissement, impliquerait une hausse
conséquente de la production en produits des branches retenues8.

En effet, les résultats affichés montrent une augmentation de la production en produits de


toutes les branches étudiées (26746 MDH). Du Côté des produits, les plus fortes hausses
seraient enregistrées pour les produits d'éducation (9963 MDH), Commerce de gros et de
détail & Réparation (14199 MDH) et pour les produits d’industrie manufacturière (5917
MDH), dont la production supplémentaire serait la plus importante.

En particulier, la production des produits des autres industries manufacturières et d'électricité


et eau ont été impacté également de façon positive, même dans une moindre mesure que celle
des branches précédentes, d'une dépense d'investissement en éducation. Cela s'explique
essentiellement, par la forte dépendance de ces branches en produits avec la branche
d'éducation (où il y aura une forte consommation de ses produits) dans leur production
respective.

3.3.3. Impact sur la demande et les facteurs de production


Le choc d'impact représenté dans le modèle, permet d'engendrer une relance de la croissance
économique par la demande des facteurs de production qui est influencée par un choc
d'investissement en matière d'éducation. Cette relance stimulera, la consommation finale et
intermédiaire des produits des branches d'activité.

8
A noter que la production des produits d'une branche se fera soit par la branche elle-même, soit par d'autres
branches.

Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol.5, N°1, mars 2021 59


Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

Figure 6. Impact sur la demande globale (en %)

2,50
2,12
2,00
1,50
1,10
1,00
0,50
0,00
Consommation intermédiaire Consommation Fianle

Source : calculs des auteurs

Après le choc, la consommation finale en produits des secteurs de l'économie augmenterait


fortement, selon le modèle, est de 21160 MDH. Au niveau des produits, la lecture des
résultats marque que cette hausse importante de la consommation finale concerne de manière
importante les produits d'éducation avec une importance moins importante les produits des
autres branches.

Cela permet de confirme bel et bien les résultats précédents, c’est-à-dire que la contribution
des dépenses éducatives dans la croissance économique et principalement la réalisation d’une
croissance inclusive.

Du côté des facteurs de production, la variation positive de la production suite à une variation
des dépenses d'investissement en matière d'éducation, impact automatiquement la variation de
ses facteurs tout en suivant les mêmes tendances (tant au niveau de l'offre que de la demande),
toute chose étant égale par ailleurs au niveau de leur productivité.

Figure 7. Impact sur les facteurs de production (en %)

2,50 2,33

2,00 1,76
1,50
1,00
0,50
0,00
Valeur ajoutée Production en produits

Source : calculs des auteurs

60 Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol. 5, N°1, mars 2021


Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

En effet, les résultats confirment la hausse de la valeur des facteurs de production (valeur
ajoutée et consommation intermédiaire des branches). La tendance des facteurs de production,
suite au choc, est totalement dépendante à l'évolution des composantes de la demande.

Globalement, le marché des biens et services devrait profiter de l'investissement en matière


d'éducation, engendrant par conséquent une dynamique de création de richesse
supplémentaire. Cette dynamique devrait, se transmettre au marché des facteurs via la
distribution de cette richesse, et plus précisément au niveau de l'emploi (rémunération du
travail).

3.3.4. Impact sur l’Emploi (en termes de rémunération)


Au niveau de l'emploi, un choc des dépenses d'investissement en éducation devrait, en
principe, générer des variations sur la structure des postes d'emploi pour toutes les branches
de l'économie. Cet impact se traduirait par des effets positifs sur les facteurs de production à
travers la distribution des salaires.

Méthodologiquement, la variation de l'emploi par branche est égale au produit de l'inverse de


la matrice du salaire unitaire par branche et la variation de la valeur ajoutée obtenue par
branche. Alors, une variation de la production d'une branche (et donc la valeur ajoutée) due à
une variation de la demande finale qui s'adresse à cette branche, engendre automatiquement
un changement au niveau de la structure des postes d'emploi de l'économie.

Figure 8. Impact sur la rémunération du travail selon le genre et le milieu de résidence

1,06 1,06

1,04 1,03 1,03


1,02
1,02

1,00
HU FU HR FR
HU FU HR FR

Source : Calculs des auteurs

(HU : Homme Urbain, FU : Femme Urbaine, HR : Homme Rural, FR : Femme rurale)

Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol.5, N°1, mars 2021 61


Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

Dans notre modèle, la variation relative enregistrée au niveau de l’emploi global est positive.
Plus particulièrement, le résultat du choc des dépenses d’éducation est positif avec une
augmentation de la réménuration des salaires de (10351 MDH) soit +3.52% par rapport à la
référence des données initiales extraites de l’enquête nationale de l’emploi.

La décomposition de ce chiffre est comme suit :

- Selon le critère de sexe : le travail des hommes enregistre une hausse de la


rémunération de (6520 MDH), et (3831 MDH) pour les femmes,
- Selon le milieu de résidence la rémunération est répartie en (1526 MDH) dans le
milieu de résidence rural face à (8826 MDH) dans le milieu de résidence urbain.
Ces résultats ont fortement confirmé par l’état des lieux du marché de travail marocain qui
connut une faible participation des femmes ainsi de la concentration des emplois actifs dans le
milieu urbain.

Conclusion

Les résultats de la simulation d’impact ont déduit que, d’une part, le niveau du PIB suit une
hausse passant de 897923 MDH en 2013 à 916917MDH avec une évolution de 2,12% par
rapport à la valeur de référence, soit une hausse confirmant les tendances observées au niveau
de l’offre et de la demande des biens et services et dans le marché de l’emploi.

D’autre part, la consommation finale en produits des secteurs de l'économie augmenterait


fortement, selon le modèle, est de 21160 MDH, soit une hausse de 2,12%.

De même, les résultats confirment la hausse de la valeur des facteurs de production (valeur
ajoutée et consommation intermédiaire des branches). La tendance des facteurs de production,
suite au choc, est totalement dépendante à l'évolution des composantes de la demande.

En termes d’emploi, la variation relative enregistrée est positive. Plus particulièrement, le


résultat du choc des dépenses d’éducation est positif avec une augmentation de la
réménuration des salaires de (10351 MDH) soit +3.52% par rapport à la référence des
données initiales extraites de l’enquête nationale de l’emploi.

Sur la base des résultats de la simulation du choc à l’aide du modèle Input- Output on peut
conclure que l’investissement en matière d’éducation a des effets positifs et significatifs sur la
totalité de l’économie marocaine, ainsi la création d’emploi et la diminution des inégalités
sociales (emploi …) .

62 Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol. 5, N°1, mars 2021


Repenser l'éducation pour une croissance inclusive garantie : Essai empirique pour le cas du Maroc

Malgré la faible diminution des inégalités, l’investissement en capital humain marocain reste
intéressant, ainsi la faiblesse peut être justifiée d’une part que l’étude d’impact ne concerne
que l’année 2013 pour laquelle ce genre de données comptables est disponible (MCS), ce qui
signifie une absence d’une grande partie d’information sur le secteur éducatif marocain sans
oublier le manque d’informations détaillées sur la désagrégation de l’investissement public de
celui privé.

Au-delà du volume de croissance (en termes de points du PIB d'après la simulation faite dans
ce travail), c'est la qualité de croissance dont il faut se préoccuper. Autrement-dit, ce qui
importe, ce n'est pas le taux de croissance, mais c'est d'abord sa régularité, ensuite sa capacité
créatrice d'emploi et enfin son caractère inclusif. Alors, avec une telle croissance du PIB et
avec un faible impact sur l'emploi, peut-on justifier particulièrement des investissements
publics en matière d'éducation dont leur coût est relativement plus au moins élevé et donc le
coût d'opportunité sera aussi élevé ou bien y a-t-il d'autres alternatives à adopter ?

Aujourd'hui, au moment où les déficits économiques et sociaux deviennent importants, il est


nécessaire pour assurer le taux de croissance économique souhaité d'investir de manière
rationnelle et efficiente et de faire les arbitrages nécessaires quant aux choix d'un
investissement qui répondent à un besoin réel et concret du système éducatif marocain.

En guise de conclusion, le travail souffre de certaines limites relatives essentiellement au


manque des données désagrégées sur l’investissement public par branche d’activité, et donc
cela ne permet pas d’isoler l’impact réel de l’investissement éducatif sur les différents
secteurs d’activité. De plus, le contexte éducatif marocain se caractérise par une présence
importante de l’investissement privé par rapport à celui du secteur public en termes de
capitaux humains et financiers et en termes de rendement, ce qui laisse à poser la question sur
l’ampleur d’effet de l’investissement privé en matière d’éducation par rapport à celui du
secteur public. Méthodologiquement, le passage à un modèle d’équilibre général calculable
(MCEG) peut faire l’objet d’une extension de ladite problématique.

Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol.5, N°1, mars 2021 63


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66 Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol. 5, N°1, mars 2021

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