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Développements limités
Objectifs
Sommaire
I) Formules de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1) Avec reste intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2) Majoration du reste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
3) Formule de Taylor-Young . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
II) Développements limités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1) Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2) Existence et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
3) Développements usuels (compléments) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
III) Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1) Recherche d’une limite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2) Étude locale d’une fonction au voisinage d’un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3) Étude locale au voisinage de l’infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
4) Recherche d’un équivalent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
IV) Étude locale en un point d’une courbe paramétrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1) Tangente en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2) Classification des points . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
V) Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
I) Formules de Taylor
1) Avec reste intégrale
THÉORÈME 21.1
Ð Soit f : I → C une fonction de classe C n+1 sur l’intervalle I, alors on a la formule suivante :
Ð
Ð
Ð
f (k) (a)
n Z x
(x − t)n (n+1)
Ð X
∀ a, x ∈ I, f (x) = k
(x − a) + (t) d t.
Ð
Ð f
Ð k! k=0
n! a
Preuve: Celle-ci est laissée en exercice, il s’agit d’une simple récurrence sur n.
DÉFINITION 21.1
Soit f : I → C une fonction, et soit a ∈ I, si f possède des dérivées jusqu’à l’ordre n en a, alors on
appelle polynôme de Taylor de f en a à l’ordre n, la fonction polynomiale notée Tn, f ,a et définie par :
n
X f (k) (a)
Tn, f ,a (x) = (x − a)k .
k=0
k!
La différence f (x) − Tn, f ,a (x) est notée R n, f ,a (x) est appelée reste de f en a à l’ordre n.
THÉORÈME 21.2
Ð 0
Ð Si f est n + 1 fois dérivable en a, alors : T
n+1, f ,a (x) = Tn, f 0 ,a (x).
2) Majoration du reste
Si f : I → C est de classe C n+1 sur I et si | f (n+1) | est majorée par un réel M , alors :
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð |x − a|n+1
∀ x, a ∈ I, f (x) − Tn, f ,a (x) ¶ M .
Ð
(n + 1)!
Ð
– Avec la fonction sin : toutes ses dérivées sont majorées par 1, on a donc pour x ∈ R et n ∈ N, en appliquant
l’inégalité de Taylor-Lagrange entre 0 et x à l’ordre 2n + 1 :
n 2k+1
X x |x|2n+2
sin(x) − (−1)k .
¶
k=0
(2k + 1)! (2n + 2)!
1. LAGRANGE Joseph Louis (1736 – 1813) : mathématicien qui fut un précurseur dans de nombreux domaines scientifiques.
Là encore, on voit que le majorant tend vers 0 lorsque n → +∞ on en déduit donc que :
n
X x 2k+1
∀ x ∈ R, sin(x) = lim (−1)k .
n→+∞
k=0
(2k + 1)!
– Soit f : I → C une fonction de classe C n+1 sur I. Que peut-on dire de f lorsque f (n+1) = 0 ?
3) Formule de Taylor-Young
THÉORÈME 21.4
Ð Soit n ∈ N, soit f : I → C une fonction de classe C n sur l’intervalle I, on a : R n, f ,a (x) = o((x − a)n ),
Ð
Ð a
f (x)−Tn, f ,a (x)
= 0.
Ð
Ð c’est à dire : lim
(x−a)n
x→a
Preuve: Par récurrence sur n : pour n = 0 il s’agit de la définition de continuité en a. Supposons le théorème démontré
au rang n, et supposons f de classe C n+1 sur I, supposons a < x et pour t ∈ [a; x] posons h(t) = f (t) − Tn+1, f ,a (t),
on a h dérivable et h0 (t) = f 0 (t) − Tn, f 0 ,a (t). On se donne " > 0, l’hypothèse de récurrence appliquée à f 0 permet
(t−a)n+1
d’affirmer qu’il existe un voisinage V de a tel que t ∈ V ∩ I =⇒ |h0 (t)| ¶ "(t − a)n = g 0 (t) avec g(t) = " n+1 ,
l’inégalité des accroissements finis généralisée nous donne alors pour x ∈ V : |h(x) − h(a)| ¶ g(x) − g(a), c’est à dire
(x−a)n+1
x ∈ V ∩ I =⇒ | f (x) − Tn+1, f ,a (x)| ¶ " n+1 ¶ "(x − a)n+1 , ce qu’il fallait démontrer. Le raisonnement est similaire
pour x < a.
Remarques:
– Sous les mêmes hypothèses, on peut écrire qu’il existe une fonction " telle que :
f (x) = Tn, f ,a (x) + (x − a)n "(x) avec lim "(x) = 0
x→a
∞
– Si f est de classe C sur I alors la formule de Taylor-Young s’applique en tout point a de I et à n’importe quel
ordre, c’est le cas des fonctions usuelles (avec a = 0) :
2 n
– e x = 1 + x + x2 + . . . + xn! + o(x n ).
0
x2 n
– ln(1 + x) = x − 2
+ . . . + (−1)n+1 xn + o(x n ).
0
x3 x 2n+1
– sin(x) = x − 6
+ . . . + (−1)n (2n+1)! + o x 2n+1 .
x2 x 2n
0
– cos(x) = 1 − 2
+ . . . + (−1)n (2n)! + o x 2n .
0
DÉFINITION 21.2
Soit f : I → C une fonction et soit a ∈ I ou une borne réelle de I. Soit n ∈ N, on dit que f admet un
développement limité d’ordre n en a (ou un dln (a)) lorsqu’il existe un polynôme P ∈ Cn [X ] tel que :
Si c’est le cas, alors le polynôme P(x − a) est appelé partie régulière du dln (a).
Remarques:
n
– Le polynôme P(x − a) s’écrit P(x − a) = ak (x − a)k , dans la pratique on ne développe jamais les termes
P
k=0
(x − a)k .
– Le reste du dln (a) , c’est à dire o((x − a)n ) peut aussi se mettre sous la forme (x − a)n "(x) où lim "(x) = 0.
a x→a
– Si f est une fonction polynomiale : f (x) = αk x k , alors d’après la formule de Taylor des polynômes,
P
k
f (k) (a)
on peut écrire f (x) = (x − a)k , en séparant les termes d’indice k ¾ n + 1, on obtient : f (x) =
P
k!
k
n
f (k) (a)
(x − a)k + o((x − a)n ). D’après la définition, c’est un dln (a) de f .
P
k! a
k=0
Preuve: Si f (x) = P(x − a) + o((x − a)n ) = Q(x − a) + o((x − a)n ), avec P, Q ∈ Cn [X ], alors en posant R(X ) =
a a
P(X ) − Q(X ), on a que R(x − a) = o((x − a)n ), ou encore que R(u) = o(un ), or deg(R) ¶ n, ce qui entraîne que R = 0,
a 0
i.e. P = Q.
Changement de variable : on peut toujours se ramener en a = 0 :
– On pose u = x − a, on a alors f (x) = f (u + a) = g(u), d’où :
2) Existence et propriétés
THÉORÈME 21.6
Ð Soit f : I → C et soit a ∈ I, si f est de classe C sur l’intervalle I, alors f admet un dln (a) et sa
Ð n
partie régulière est Tn, f ,a (x), c’est à dire son polynôme de Taylor en a à l’ordre n.
Ð
Si f est de classe C ∞ sur I, alors f admet un dl en tout point de I et à n’importe quel ordre.
THÉORÈME 21.7
Ð f admet un dl0 (a) ssi f admet une limite finie en a.
Ð
f admet un dl1 (a) ssi f admet un prolongement continue dérivable en a.
Ð
Ð
Si f admet un dln (0), alors la partie régulière a la même parité que f .
Ð
Preuve: La preuve des trois points est simple et laissée en exercice. Montrons cependant qu’une fonction peut avoir un
dl2 (a) sans être deux fois dérivable en a : f (x) = exp(−1/x 2 ) sin(exp(1/x 2 )), on a pour tout entier n, f (x) = o(x n ),
0
donc f admet des dl en 0 à n’importe quel ordre et la partie régulière est nulle, en particulier f se prolonge par
continuité en 0 en posant f (0) = 0, et ce prolongement est dérivable en 0 avec f 0 (0) = 0. Pour x = 6 0, on a
f 0 (x) = 2/x 3 f (x) − 2/x 3 cos(exp(1/x 2 )), or la fonction x 7→ x14 cos(exp(1/x 2 )) n’a pas de limite en 0 (considérer
1 f 0 (x)
par exemple la suite un = p ), on en déduit que x
n’a pas de limite en 0 et donc que f n’est pas deux fois
ln(nπ)
dérivable en 0.
n n
1 X x n+1 X
= xk + = x k + o(x n ).
1− x k=0
1− x k=0
0
En substituant −x à x, on obtient :
n
1 X
= (−1)k x k + o(x n ).
1+ x k=0
0
On a :
n
1 −1/2
X
p = x k + o(x n ).
1 + x k=0 k 0
n 2k
1 X
k
p = (−1)k xk + o(x n ).
1+ x k=0
4k 0
On en déduit que :
n 2k
1 X
k
= x 2k + o x 2n+1 .
4k
p
0
1 − x2 k=0
En intégrant, obtient :
n 2k
X
k
arcsin(x) = x 2k+1 + o x 2n+2 .
k=0
4k (2k + 1) 0
et :
n 2k
π X
k
arccos(x) = − x 2k+1 + o x 2n+2 .
2 k=0
4k (2k + 1) 0
Exemples:
– Calculer un dl3 (0) de exp(sin(x)).
3
u2 u3
On a sin(x) = x − x6 + o x 3 et exp(u) = 1 + u + 2
+ 6
+ o u3 . Comme lim sin(x) = 0, on peut appliquer
0 0 x→0
le théorème de composition, et composer les parties régulières jusqu’à l’ordre 3, ce qui donne :
x2
exp(sin(x)) = 1 + x + + o x3 .
2 0
x3 x4
exp[x ln(1 + sin(x))] = 1 + x 2 − +2 + o x4 .
2 3 0
x3 2x 5
tan(x) = x + + + o x5 .
3 15 0
Autre méthode : on a tan(x) = 0 + o(1), d’où 1 + tan(x)2 = 1 + o(1), en intégrant, on obtient tan(x) = x + o(x).
0 0 0
3
Puis on recommence : 1 + tan(x)2 = 1 + x 2 + o x 2 et donc tan(x) = x + x3 + o x 3 , mais alors 1 + tan(x)2 =
0 0
4 3 5
1 + x 2 + 2x3 + o x 4 , et donc tan(x) = x + x3 + 2x + 5
15
o x ... etc
0 0
III) Applications
1) Recherche d’une limite
x 2 −1−2x ln(x)
– Soit f (x) = x(x−1) ln(x)
, calculer lim f (x).
x→1
Il s’agit bien d’une forme indéterminée, on ramène le problème en 0 en posant u = x − 1, ce qui
u2 +2u−2(1−u) ln(1+u) u2 +2u−2(1+u) ln(1+u)
donne f (x) = u(1+u) ln(1+u)
∼ u2
. On cherche alors un dl2 (0) du numérateur,
0
ce qui donne o u , on a donc f (x) = f (1 + u) ∼ o(1) et donc la limite cherchée est nulle.
2
0 0 0
x
– Calculer lim x 2 ln( 1+x ) + x − 1.
x→+∞
Il s’agit bien d’une forme indéterminée, on se ramène en 0 en posant u = 1/x, on a alors f (x) =
f (1/u) = −1u2
ln(1 + u) + 1u − 1, ce qui donne f (1/u) = −1
2
+ o(1), et donc la limite cherchée est −1
2
.
0
THÉORÈME 21.9
Ð Si f admet un dln (a), alors f (x) est équivalente en a au terme non nul de plus bas degré de la
Ð
partie régulière, s’il existe.
Ð
Preuve: Soit a p (x − a) p le premier terme non nul, on a alors f (x) = a p (x − a) p + o((x − a) p ) = (x − a) p [1 + o(1)],
a a
ce qui prouve l’équivalence annoncée.
Remarques:
– En se ramenant en 0, on peut également trouver un équivalent d’une fonction en ±∞.
– Avec ce théorème, on retrouve tous les équivalents dits « classiques ».
arcsin(x) 3x
Exercice: Équivalent en 0 de la fonction f (x) = p 2 − 3−2x 2
.
1−x
x2 4 3 5
Réponse: On a p 1 = 1+ + 3x8
+ o x 5 , en intégrant on obtient arcsin(x) = x + x6 + 3x + o x 5 , en
1−x 2 2 0 40 0
arcsin(x) 3 5
effectuant le produit, il vient que : p 2 = x + 2x3 + 8x + 5
15
o x .
1−x 0
2x 2 4 3 5
D’un autre côté, on a 3−2x 2 = x 1−2x 2 /3 = x[1 + 3 + 4x9 + o x 4 ] = x + 2x3 + 4x9 + o x 5 . Finalement, on a
3x 1
0 0
5
f (x) = 4x + o x 5 , et donc :
45 0
4x 5
f (x) ∼ .
0 45
hp
f (t 0 + h) − f (t 0 ) = f (p) (t 0 ) + hp "(h) avec lim "(h) = 0.
p! h→0
p! −−−−−−−−−−−→ p! −−−−−−−−−−−→
On en déduit que hp
M (t 0 )M (t 0 + h) = f (p) (t 0 ) + o(1), or le vecteur hp
M (t 0 )M (t 0 + h) est un vecteur
0
directeur de la droite (M (t 0 )M (t 0 + h)), donc lorsque h tend vers 0, cette droite « tend » vers la droite qui
passe par M (t 0 ) et dirigée par le vecteur f (p) (t 0 ).
DÉFINITION 21.4
La droite qui passe par M (t 0 ) et dirigée par f (p) (t 0 ) est appelée tangente à la courbe au point
M (t 0 ).
⇐⇒ p = 1 et q = 2.
Le développement de Taylor de f en t 0 à l’ordre q donne :
hp (p)
hq
f (t 0 + h) − f (t 0 ) = f (t 0 ) + . . . + f (q) (t 0 ) + o(hq ).
p! q! 0
Tous les vecteurs figurant dans les points de suspension sont colinéaires à f (p) (t 0 ), d’autre part le
vecteur o(hq ) est combinaison linéaire des vecteurs f (p) (t 0 ) et f (q) (t 0 ), on peut donc écrire :
0
−−−−−−−−−−−→ hp hq
M (t 0 )M (t 0 + h) = f (t 0 + h) − f (t 0 ) = [1 + o(1)] f (p) (t 0 ) + [1 + o(1)] f (q) (t 0 ).
p! 0 q! 0
−−−−−−−−−−−→
Posons V1 = f (p) (t 0 ) et V2 = f (q) (t 0 ), lorsque h est voisin de 0, la coordonnée de M (t 0 )M (t 0 + h) sur
V1 est du signe de hp , et celle sur V2 est du signe de hq . Ce qui permet de faire la classification suivante :
p impair p pair
q pair point ordinaire rebroussement de 2ième espèce
q impair point d’inflexion rebroussement de 1ière espèce
f (q) (t 0 ) f (q) (t 0 )
f (p) (t 0 ) f (p) (t 0 )
f (q) (t 0 ) f (q) (t 0 )
f (p) (t 0 ) f (p) (t 0 )
La tangente est portée par le vecteur f (p) (t 0 ) et un point birégulier est un point ordinaire.
V) Exercices
ÆExercice 21.1
Calculer les développements limités suivants en 0, à l’ordre indiqué :
n
tan(x) exp(x) sin(x)
a) (5) b) p (3) c) exp(ch(x)) (4) d) (4) e) (1+sin(x))1/x (2).
2 + cos(x) 1 + 2x x
ÆExercice 21.2
Calculer les développements limités suivants :
∀x, y ∈ R, f (x − y) f (x + y) ¶ f 2 (x)
ÆExercice 21.11
On considère la courbe paramétrée par x(t) = 2 cos(2t) et y(t) = sin(3t).
a) Montrer que l’on peut réduire le domaine d’étude à [0; π2 ].
π
b) Déterminer la tangente au point de paramètre 2
.
c) Étudier et représenter cette courbe.