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HISTOIRE DES CIVILISATIONS

BRATLS GD1
PLAN DE COURS
TRAVAUX

COURS
COURS 1 COURS 2 COURS 3 COURS 4 COURS 5 COURS 6 COURS 7 COURS 8 COURS 9
10

DATE 10/10/2022 10/11/2022 17/11/2022 24/11/2022

LES
QU'EST-CE ANCIENS OU
L'AUBE DES LE MONDE CIVILISATIONS RENAISSANCES ET LE XIXE ET LE XXE
COURS QU'UNE SOUTENANCE TP1 L'ERE MÉDIÉVALE NOUVEAUX SOUTENANCE TP3
CIVILISATIONS ANTIQUE BARBARES LES NOUVEAUX SIÈCLES
CIVILISATION? MONDES
EMPIRES

TP3a TP3b
EVALUATIONS TP1 + TP2 ANALYSE +
EVALUATION EVALUATION
ÉVALUATIONS DES CONNAISSANCES

TP1

https://aamcconnell.com/category/star-wars/
ÉVALUATIONS DES CONNAISSANCES

TP2

Quand l'Histoire fait date. 1492, Un nouveau monde.


https://www.youtube.com/watch?v=D5XP5IJdgFs
ÉVALUATIONS DES CONNAISSANCES

TP3
PROLOGUE

NOUS SOMMES LA PREMIÈRE CIVILISATION HUMAINE


À CONSTRUIRE SA PROPRE AMNÉSIE.
PROLOGUE

UN PEUPLE SANS MÉMOIRE EST UN PEUPLE SANS AVENIR


Aimé CÉSAIRE par Olivier BALEZ

Aimé CÉSAIRE
PROLOGUE

PARCE QU'UN HOMME SANS MÉMOIRE EST UN HOMME SANS VIE,


UN PEUPLE SANS MÉMOIRE EST UN PEUPLE SANS AVENIR.

Ferdinand FOCH
PROLOGUE

Quiconque en effet n’envisage pas le commencement de son activité ne sait pas en prévoir la
fin. Ainsi à la mémoire qui se retourne vers le passé se lie nécessairement l’attention qui se
porte vers l’avenir. Qui oublie ce qu’il commence saura t-il comment il peut finir?

La Cité de Dieu
Saint AUGUSTIN
PROLOGUE

Dieu a rendu inhérent en nous la nécessité de connaître l’histoire de nos prédécesseurs tout
comme s’imposait à nos prédécesseurs la nécessité de connaître l’histoire de leurs
prédécesseurs tout comme il sera nécessaire à ceux qui viendront après nous de connaître
notre histoire.

Le Livre des Animaux


AL-JAHIZ
PROLOGUE

NIHIL PETO SINE ANTIQUA

JE NE VEUX RIEN S’IL N’EST ANTIQUE

Paul PETAU
PROLOGUE

JE NE VEUX PAS SAVOIR S’IL Y A EU DES HOMMES AVANT MOI.


Lajos TIHANYI- Tristan TZARA-1927

Tristan TZARA citant René DESCARTES


PROLOGUE

L’étude met en évidence l’influence de la culture sur le développement de nouveaux produits


et services (dont les services publics) mais également son impact positif sur l’innovation
technologique, la recherche, l'optimisation des ressources humaines, le positionnement des
marques, la communication de valeurs, l'éducation et la formation ainsi que le renforcement
du lien social.
La créativité basée sur la culture est une composante essentielle d’une économie
postindustrielle. Pour rester compétitive, il ne suffit pas à une entreprise d'avoir un processus
de fabrication efficient, de maîtriser ses coûts et de disposer des bonnes technologies. Il lui
faut également une image de marque forte, un personnel motivé et un mode de gestion qui
respecte la créativité et comprenne sa façon de fonctionner.
(…/…)

Etude de la Commission européenne : Impact de la culture sur la créativité (juin 2009)


PROLOGUE

(…/…) L'entreprise doit aussi développer des produits et des services qui répondent aux
attentes des citoyens ou qui soient aptes à engendrer ces attentes. La créativité basée sur la
culture peut se révéler fort précieuse dans tous ces domaines.
Les écoles d’art peuvent être source d’inspiration pour encourager la créativité. Leurs modes
d’enseignement consistent à promouvoir la réflexion critique, l’innovation et la faculté de
remettre en question les orthodoxies.

Etude de la Commission européenne : Impact de la culture sur la créativité (juin 2009)


PROLOGUE
André DERAIN-Autoportait à la casquette-1906

JE N’AI JAMAIS PERDU CONTACT AVEC LES MAÎTRES, ET À


DIX-HUIT ANS JE CONNAISSAIS TOUTES LES
REPRODUCTIONS DE CHEFS-D’OEUVRE POSSIBLES.
QUE GAGNE-T-ON À MANQUER DE CULTURE?

André DERAIN
PROLOGUE

THE MOMENT
OF POMPEII'S DESTRUCTION
WAS ALSO THE MOMENT
OF ITS PRESERVATION.

Andrew WALLACE-HADRILL
PROLOGUE

SOMMES-NOUS LA PREMIÈRE CIVILISATION HUMAINE


À CONSTRUIRE SA PROPRE AMNÉSIE?
I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
A. DÉFINITION (S)

HISTOIRE DES CIVILISATIONS


I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
A. DÉFINITION (S)

L’
HISTOIRE DES CIVILISATIONS
I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
A. DÉFINITION (S)

UNE
HISTOIRE DES CIVILISATIONS
I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
A. DÉFINITION (S)

ET NON
HISTOIRE DE LA CIVILISATION
A. DÉFINITION (S)
1. Définitions de l’Histoire

L’HISTOIRE EST LE DÉVELOPPEMENT DE L’IDÉE DANS LE TEMPS.

Georg Wilhelm Friedrich HEGEL


A. DÉFINITION (S)
1. Définitions de l’Histoire

LES RAPPORTS QUI UNISSENT AUX AUTRES ASPECTS D'UNE CIVILISATION


L'EXPRESSION PLASTIQUE SONT ENCORE TROP MAL CONNUS, NOUS LES
VOYONS TROP COMPLEXES, TROP SUSCEPTIBLES DE RETARDEMENT ET DE
DIVERGENCES, POUR QU’IL N'AIT PAS FALLU SE RÉSOUDRE ICI À LAISSER DE
CÔTÉ LES PROBLÈMES POSÉS PAR DES LIAISONS SI DÉLICATES ET DES
CONTRADICTIONS EN APPARENCE SI ÉTONNANTES.

Marc BLOCH-La Société Féodale-1939


A. DÉFINITION (S)
1. Définitions de l’Histoire

EN NARRATOLOGIE,
L’HISTOIRE CE SONT LES FAITS
A. DÉFINITION (S)
1. Définitions de l’Histoire

COMMENT CONNAÎTRE CES FAITS?


A. DÉFINITION (S)
1. Définitions de l’Histoire

DES VESTIGES

vases d’époque préromaine découverts sur le site de POMPEI


A. DÉFINITION (S)
1. Définitions de l’Histoire

DES TRACES

Graffiti sur les murs de POMPEI


A. DÉFINITION (S)
1. Définitions de l’Histoire

DES INDICES

Moulage de corps sur le site de POMPEI


A. DÉFINITION (S)
1. Définitions de l’Histoire

DES RÉCITS

« Un nuage part de la montagne ; par sa forme et son allure générale, il ressemble à un arbre et plus précisément à un pin
parasol. Le nuage s'élève à une grande hauteur, formant d'abord le tronc, puis les branches qui partent de l'arbre. »
PLINE LE JEUNE dans sa lettre à TACITE
A. DÉFINITION (S)
1. Définitions de l’Histoire

EN NARRATOLOGIE,
LE RÉCIT EST L’HISTOIRE RACONTÉE
A. DÉFINITION (S)
1. Définitions de l’Histoire

EXISTE-T-IL UN RÉCIT DE
L’HISTOIRE?
A. DÉFINITION (S)
1. Définitions de l’Histoire

SI RÉCIT DE L’HISTOIRE IL Y A,
QUI EN EST LE NARRATEUR?
A. DÉFINITION (S)
1. Définitions de l’Histoire

Exemple du récit
républicain en France

Lionel ROYER-Vercingétorix jette ses armes aux pieds de Jules César-1899


A. DÉFINITION (S)
1. Définitions de l’Histoire

Exemple du récit américain


au XIXème siècle

John GAST-American Progress-1872


A. DÉFINITION (S)
2. Définitions de la Civilisation

FORME PARTICULIÈRE DE LA VIE D’UNE SOCIÉTÉ, DANS LES


DOMAINES MORAL ET RELIGIEUX, POLITIQUE, ARTISTIQUE,
INTELLECTUEL, ÉCONOMIQUE.

(définition du dictionnaire Larousse)


A. DÉFINITION (S)
2. Définitions de la Civilisation

CIVILISATION
ou
CIVILISATIONS
A. DÉFINITION (S)
2. Définitions de la Civilisation

Au XVIIIème siècle, le terme désigne un jugement qui rend civil un


procès criminel.

Le sens moderne, passage à l’état civilisé apparait furtivement en


1752 dans un ouvrage de TURGOT portant sur l’Histoire
Universelle, publié à titre posthume

Fernand BRAUDEL-Grammaire des Civilisations


A. DÉFINITION (S)
2. Définitions de la Civilisation

CIVILISATION et CULTURE

Jusqu’au début du début du XIXème, les deux termes sont


équivalents, notamment chez HEGEL.

Fernand BRAUDEL-Grammaire des Civilisations


A. DÉFINITION (S)
2. Définitions de la Civilisation

CIVILISATIONS

Au XIXème prend le sens de l’ensemble des caractères que


présente la vie collective d’un groupe ou d’une époque

Fernand BRAUDEL-Grammaire des Civilisations


A. DÉFINITION (S)
2. Définitions de la Civilisation

Au singulier, civilisation ne serait-ce pas aujourd’hui, avant tout, le


bien commun que se partagent, inégalement d’ailleurs, toutes les
civilisations, « ce que l’homme n’oublie plus »?

Le feu, l’écriture, la calcul, la domestication des plantes et des


animaux ne se rattachent plus à aucune origine particulière; ils
sont devenus les biens collectifs de la civilisation.

Fernand BRAUDEL-Grammaire des Civilisations


A. DÉFINITION (S)
2. Définitions de la Civilisation

Qu’est ce qu’une civilisation ? Quelque part dans notre imaginaire, le mot « civilisation »
évoque d’abord des mondes disparus. L’Empire romain, sa grande armée, ses empereurs, le
Colisée, les arènes, les grandes voies qui sillonnent un territoire immense. Puis plus rien. La
civilisation s’effondre et il n’en reste qu’un champ de ruines qui rappellent la grandeur passée.
D’autres histoires similaires surgissent à l’esprit : la grande Babylone, l’Égypte pharaonique, la
Grèce antique, les civilisations maya, aztèque, inca, l’Inde des maharadjahs, Angkor et ses
temples, etc.
Les civilisations seraient donc comme des organismes vivants : elles naissent, grandissent,
atteignent leur apogée et puis finissent par s’effondrer.
La nôtre n’échapperait pas à cette destinée.

Vie et mort des civilisations


Jean-François Dortier
A. DÉFINITION (S)
2. Définitions de la Civilisation

LES CIVILISATIONS SONT DES ESPACES

Les Civilisations peuvent toujours se localiser sur une carte.

Fernand BRAUDEL-Grammaire des Civilisations


A. DÉFINITION (S)
2. Définitions de la Civilisation

LES CIVILISATIONS SONT DES SOCIETES

Pas de civilisations sans sociétés qui les portent, les animent de leurs tensions, de leurs
progrès.

Fernand BRAUDEL-Grammaire des Civilisations


A. DÉFINITION (S)
2. Définitions de la Civilisation

LES CIVILISATIONS SONT DES ECONOMIES

Toute société, toute civilisation dépend de données économiques, technologiques,


biologiques, démographiques.

Fernand BRAUDEL-Grammaire des Civilisations


A. DÉFINITION (S)
2. Définitions de la Civilisation

LES CIVILISATIONS SONT DES MENTALITÉS COLLECTIVES

Les valeurs fondamentales, les structures psychologiques sont assurément ce que les
civilisations ont de moins communicable les unes à l’égard des autres, ce qui les isole et les
distingue le mieux.

Fernand BRAUDEL-Grammaire des Civilisations


A. DÉFINITION (S)
2. Définitions de la Civilisation

LES CIVILISATIONS SONT DES CONTINUITÉS

Il n’y a pas de civilisation actuelle qui soit vraiment compréhensible sans une connaissance
d’itinéraires déjà parcourus, de valeurs anciennes, d’expériences vécues.
Une civilisation est toujours un passé, un certain passé vivant.

Fernand BRAUDEL-Grammaire des Civilisations


A. DÉFINITION (S)
2. Définitions de la Civilisation

UNE CIVILISATION

CE N’EST DONC NI UNE ECONOMIE DONNÉE NI UNE SOCIÉTÉ DONNÉE,


MAIS CE QUI, À TRAVERS DES SÉRIES D’ÉCONOMIES, DES SÉRIES DE SOCIÉTÉS,
PERSISTE À VIVRE EN NE SE LAISSANT QU’À PEINE ET PEU À PEU INFLÉCHIR.

Fernand BRAUDEL-Grammaire des Civilisations


I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
B. HISTOIRES DES CIVILISATIONS

Dans ces conditions, (…) l’Histoire des civilisations (n’est pas) toute l’Histoire (…), c’est toute
l’Histoire, sans doute, mais vue dans une certaine perspective, saisie dans ce maximum
d’espace chronologique possible, compatible avec une certaine cohésion historique et
humaine.

Fernand BRAUDEL-Grammaire des Civilisations


I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
B. HISTOIRES DES CIVILISATIONS

Le passé des civilisations n’est d’ailleurs que l’histoire d’emprunts continuels qu’elles se sont
faites les unes aux autres, au cours des siècles, sans perdre pour autant leurs
particularismes, ni leur originalités.

Fernand BRAUDEL-Grammaire des Civilisations


I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
B. HISTOIRES DES CIVILISATIONS

L’histoire d’une civilisation, par suite, est la recherche parmi des coordonnées anciennes, de
celles qui restent valables aujourd’hui encore

Fernand BRAUDEL-Grammaire des Civilisations


I.
B.
HISTOIRES DES CIVILISATIONS
QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?

Exposition du 21 octobre 2019 au 16 février 2020, BnF François MITTERRAND


Sous la direction de Vincent FERRÉ et de Frédéric MANFRIN
B. HISTOIRES DES CIVILISATIONS
1. Identité des Civilisations

L’IDENTITÉ DES CIVILISATIONS SE MANIFESTE DANS DEUX DOMAINES:

1) le domaine MATÉRIEL, somme de progrès accumulés par chaque génération,


témoignant de l’intervention de l’homme sur la nature

2) le domaine SPIRITUEL, expression des valeurs morales choisies par « une »


société, preuves de l’intervention de l’homme sur lui-même.

Eliane LOPEZ, Le Grand Livre de l’Histoire des Civilisations


B. HISTOIRES DES CIVILISATIONS
2. Évolution des Civilisations

CHAQUE CIVILISATION POSSÈDE SON DOMAINE GÉOGRAPHIQUE,


SON AIRE DE DÉVELOPPEMENT ET DE RAYONNEMENT CULTUREL.

Elle est le reflet des conditions naturelles offertes à l’homme et peut, au fil des
influences ou des conquêtes, s’étendre ou s’amenuiser.

Si les atlas historiques délimitent leurs champs d’expansion, les folklores, les
coutumes, les traditions orales, les langues, les costumes, les arts dans leur
diversité permettent de retrouver leurs racines.

Eliane LOPEZ, Le Grand Livre de l’Histoire des Civilisations


B. HISTOIRES DES CIVILISATIONS
2. Évolution des Civilisations

http://lotrproject.com/map/#zoom=3&lat=-1315.5&lon=1500&layers=BTTTTT
B. HISTOIRES DES CIVILISATIONS
2. Évolution des Civilisations

« Sur terre, par suite de la configuration fortuite des continents, certaines régions
existent, plus favorables que d’autres au rassemblement et aux mélanges des races:
archipels étendus, carrefours étroits, vastes plaines cultivables, surtout, irriguées
par quelque grand fleuve.
En ces lieux privilégiés a naturellement tendu, dès l’installation de la vie sédentaire,
à se concentrer, à fusionner, et à se surchauffer, la masse humaine… Cinq de ces
foyers se reconnaissent, plus ou moins haut dans le passé : l’Amérique Centrale
avec la civilisation Maya ; les Mers du Sud avec la civilisation Polynésienne ; le
Bassin du Fleuve Jaune avec la civilisation Chinoise ; les Vallées du Gange et de
l’Indus, avec les civilisations de l’Inde ; le Nil et la Mésopotamie, enfin, avec
l’Égypte et Sumer. » (…)
« durant les temps historiques, c’est par l’Occident qu’a passé l’axe principal de
l’Anthropogénèse (processus de l’évolution des hommes depuis l’origine) »

Pierre Teilhard de Chardin, Le Phénomène Humain


B. HISTOIRES DES CIVILISATIONS
2. Évolution des Civilisations

Matteo RICCI-carte-1602
B. HISTOIRES DES CIVILISATIONS
2. Évolution des Civilisations

« NOUS AUTRES, CIVILISATIONS, NOUS SAVONS MAINTENANT QUE NOUS


SOMMES MORTELLES…
NOUS SENTONS QU’UNE CIVILISATION A LA MÊME FRAGILITÉ QU’UNE VIE. »

Paul VALÉRY, Variété III

Bien des raisons peuvent expliquer la décadence des civilisations. Les plus
fréquentes semblent être leur faiblesse technique, les guerres, les divisions
internes sources de rivalités et d’autodestructions, et la rupture des équilibres
naturels.

Ainsi, une désertification, une surexploitation et une diminution des ressources,


une surpopulation ou inversement une diminution de la fécondité naturelle, et
même une dénatalité volontaire, peuvent avoir des conséquences immenses, en
particulier la dissolution d’un peuple dans un nouveau groupe conquérant.

Eliane LOPEZ, Le Grand Livre de l’Histoire des Civilisations


B. HISTOIRES DES CIVILISATIONS
2. Évolution des Civilisations

Une civilisation est une continuité qui lorsqu’elle change, même aussi
profondément que peut l’impliquer une nouvelle religion, s’incorpore des
valeurs anciennes qui survivent à travers elle et restent sa substance.

Les civilisations survivent aux avatars, aux catastrophes.


Le cas échéant elles renaissent de leurs cendres.

Détruites, pour le moins détériorées, elles repoussent comme le chiendent.

Fernand BRAUDEL, La Méditerranée: l’espace et l’histoire


I.
C.
QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS

Exposition du 21 octobre 2019 au 16 février 2020, BnF François MITTERRAND


Sous la direction de Vincent FERRÉ et de Frédéric MANFRIN
I.
C.
QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS

Alan LEE – The Ruins of Osgiliath

Exposition du 21 octobre 2019 au 16 février 2020, BnF François MITTERRAND


Sous la direction de Vincent FERRÉ et de Frédéric MANFRIN
I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS

Jean-Albert MARGAINE
I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS

L'Histoire vue par John B.SPARKS


I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS

https://www.etaletaculture.fr/histoire/infographie-histoire-des-civilisations/
I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS
I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS
I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS

Dominique CHAPON-Chronologie de l’Histoire de l’Art-1997


I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS

https://misterfanjo.com/index.php/les-projets/projet-p02-frise-historique/
I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS
Johann Joachim WINCKELMANN

Giorgio VASARI
I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS
C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS
1. Chronologie

LA CHRONOLOGIE EST LA SCIENCE DU TEMPS ET DES DATES.

Ignaz GUENTHER-Chronos-1765-75
C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS
2. Périodicité

LES GRANDES PÉRIODES DE L’HUMANITÉ

LA PRÉHISTOIRE
ET
L’HISTOIRE
C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS
2. Périodicité

LES GRANDES PÉRIODES DE L’HUMANITÉ

LA PRÉHISTOIRE
Période couvrant la vie des hommes avant l’invention de l’écriture,
de 35000 à 3000 ans av. J.-C.
C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS
2. Périodicité

LES GRANDES PÉRIODES DE L’HUMANITÉ

L’HISTOIRE
Période commençant vers 3000 av. J.-C., avec l’invention de l’écriture.

Les premières civilisations connues laissant des documents écrits gravés sur l’argile se
trouvent en Mésopotamie et en Égypte.

L’histoire est partagée en QUATRE PÉRIODES prenant appui sur des transformations
spectaculaires mais conservant la lente transformation de l’humanité.

Eliane LOPEZ, Le Grand Livre de l’Histoire des Civilisations


C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS
2. Périodicité

LES GRANDES PÉRIODES DE L’HUMANITÉ

L’HISTOIRE: L’ANTIQUITÉ
Période allant de 3000 av. J.-C. à 476 ap. J.-C

Couvrant l’épanouissement des civilisations méditerranéennes, puis se termine par la prise de


Rome par les Barbares et l’effondrement de l’Empire romain.

Eliane LOPEZ, Le Grand Livre de l’Histoire des Civilisations


C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS
2. Périodicité

LES GRANDES PÉRIODES DE L’HUMANITÉ

L’HISTOIRE: LE MOYEN ÂGE


Période allant du Vème au XVème siècle

Au cours de cette période, le monde antique disloqué tente, dans l’aire Europe Proche-Orient,
de se reconstituer différemment.
Différents évènements majeurs marquent la fin progressive de cette ère (Prise de Grenade,
Chute de Constantinople, Bataille de Bosworth, Début du Protestantisme, Découverte des
Amériques…)
C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS
2. Périodicité

LES GRANDES PÉRIODES DE L’HUMANITÉ

L’HISTOIRE: LES TEMPS MODERNES


Période allant du XVème à la fin du XVIIIème siècle

Cette période marque la domination européenne sur les océans et le reste du Monde.
Le « décollage économique » qui suit transforme les sociétés et bouleverse les équilibres
traditionnels.

Eliane LOPEZ, Le Grand Livre de l’Histoire des Civilisations


C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS
2. Périodicité

LES GRANDES PÉRIODES DE L’HUMANITÉ

L’HISTOIRE: L’ÉPOQUE CONTEMPORAINE


Période partant de la fin du XVIIIème siècle à nos jours

La Révolution Française et ses prolongements en Europe.

Eliane LOPEZ, Le Grand Livre de l’Histoire des Civilisations


C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS
2. Périodicité

LES GRANDES PÉRIODES DE L’HUMANITÉ

L’HISTOIRE: de, par et pour l’Europe?


C. CHRONOLOGIES DES CIVILISATIONS
2. Périodicité

LES GRANDES PÉRIODES DE L’HUMANITÉ

L’HISTOIRE: de, par et pour l’Europe?


I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
D. TRACES DE CIVILISATIONS

Aux yeux de l'historien, l'événement, la mode, c’est l'éphémère. Seul


compte et seul témoigne ce qui dure. Le virtuel, l'intentionnel comme
l'événementiel et l'isolé ne caractérisent pas. L'histoire ne tient pas compte
des potentialités.

Roland BARTHES-Histoire et littérature : à propos de Racine


cité dans
Pierre FRANCASTEL Art et Histoire : dimension et mesure des civilisations
I. ART ET HISTOIRE
A. HISTOIRE DE L’ART

C'est dans la mesure où l'homme parle et où il écrit, qu'il pense


rationnellement et que progressent les civilisations. (…)
En regard des langues et de la géométrie, l’ œuvre d'art apparaît comme un
système symbolique du second degré. L'objet représente et remplace
toujours quelque chose qui pourrait être exprimé par la parole. (…) Les arts
ne figurent donc, à juste titre, que comme une source d'information
accessoire, complémentaire. Il ne saurait être question d'accorder à leur
témoignage une valeur égale à celle de l'écrit.

Roland BARTHES-Histoire et littérature : à propos de Racine


cité dans
Pierre FRANCASTEL Art et Histoire : dimension et mesure des civilisations
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

BELLOQ: You know it's true. How nice. Look at this. [holds out a pocket watch]
It's worthless. Ten dollars from a vendor in the street. But I take it, I bury it in the sand for a thousand years,
it becomes priceless... like the Ark.
Men will kill for it. Men like you and me.
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Il faut donc admettre qu’à côté de la tradition orale et des pratiques scripturales existe un
autre medium de communication entre passé et présent: le monument.
Au sens originel que lui donnent les Romains, le monument avertit, qu’il s’agisse d’un temple,
d’un arc de triomphe ou d’un ouvrage d’art. (…)
Cette coexistence de l’ancien et du nouveau est une des rares caractéristiques des civilisations
anciennes du Proche-Orient et de l’Europe, de la Chine et de l’Inde, comme des grands
empires de l’Amérique.

Alain SCHNAPP-Une Histoire des Civilisations


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Partout où se dressent dans le paysage ces édifices énigmatiques, les populations successives
doivent s’accommoder de leur présence, tisser avec eux des liens qui sont autant de signes de
l’existence d’une conscience plus ou moins avérée de leur statut de ruines.
Ces monuments dégradés sur lesquels le passage du temps a laissé des traces ne peuvent
rester ignorés du fait de la qualité de leur exécution et / ou de leur gigantisme. Pour les
populations de l’an mille de la pointe de la Bretagne, les mégalithes édifiés au Néolithique et à
l’âge du Bronze sont aussi indéchiffrables que les pyramides aux yeux des habitants de
l’Égypte médiévale.

Alain SCHNAPP-Une Histoire des Civilisations


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Le mot vestige, du latin vestigium, désigne étymologiquement les empreintes des animaux sur
un sol meuble. (…)
… Il est possible de postuler que l’observation du passé dérive de celle des traces.

Alain SCHNAPP-Une Histoire des Civilisations


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Ceux qu’on appelle antiquaires en Occident, du vieux mot latin antiquarius, sont les premiers
à avoir collecté ce genre d’informations. (…) le préhistorien André LEROI-GOURHAN nous
permet d’aller encore plus loin: il a découvert dans une grotte, occupée au Paléolithique
moyen par l’homme de Néandertal, à Arcy-sur-Cure, une série de fossiles naturels
soigneusement rassemblés dans un lieu bien précis, peut-être la toute première « collection »
jamais réunie par une population humaine.

Alain SCHNAPP-Une Histoire des Civilisations


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Les Chinois de l’Antiquité collectionnaient aussi les objets et les inscriptions des périodes
anciennes; ils se posaient la question de l’origine des arts et des pratiques agricoles et furent
les premiers, avec les Grecs, à se pencher sur l’évolution des outils et sur la succession des
âges.

Alain SCHNAPP-Une Histoire des Civilisations


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

DU JIN -Prendre plaisir à contempler le objets antiques-actif vers 1465-


1509
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Si les antiquaires mésopotamiens ou égyptiens écrivaient pour le compte d’un souverain,


leurs successeurs grecs et romains se sont affranchis de la tutelle des rois et des puissants. Ils
travaillent pour leur propre gloire, pour que leur nom, qu’ils énoncent fièrement, perdure
dans le souvenir des hommes.
Cela est possible grâce à l’apparition au Ve siècle avant notre ère d’un genre nouveau de
narration qui remplace les chroniques des rois, ce qu’Hérodote, le plus fameux des historiens
de la Grèce, appelle l’histoire, une « enquête » (historié en grec), appuyée sur des faits et sur
des observations contrôlées et recoupées (…/...)

Alain SCHNAPP-Une Histoire des Civilisations


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Cette idée d’une histoire qui est un récit raisonné des actions humaines est alors confrontée
aux travaux de ceux qui s’intéressent aux pratiques, aux monuments, aux objets et aux
inscriptions qui proviennent d’un lointain passé et qui se proclament « antiquaires », savant
férus des choses anciennes.

Alain SCHNAPP-Une Histoire des Civilisations


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Même si les frontières entre la recherche historique et la recherche antiquaire sont poreuses,
on voit que les deux modes d’exploration du passé divergent.

Alain SCHNAPP-Une Histoire des Civilisations


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

L’historien privilégie les sources orales et écrites pour composer le récit de ce qui est advenu,
s’assurer de la véracité des faits et de leur intelligibilité.

Alain SCHNAPP-Une Histoire des Civilisations


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

L’antiquaire s’intéresse aux objets, aux monuments, aux inscriptions, aux récits parce qu’ils
sont « antiques » et que leur forme tranchent avec le monde contemporain.

Alain SCHNAPP-Une Histoire des Civilisations


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Dans ce contexte de tension apparaît pour la première fois au IVe siècle avant notre ère, sous
la plume de PLATON, le terme d’archailogia: littéralement, raisonnement sur les choses
anciennes. Ce mot annonce partiellement ce qu’il est convenu d’appeler, depuis le XIXe siècle,
l’archéologie.

Alain SCHNAPP-Une Histoire des Civilisations


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

C’est à ROME cependant que s’affirme la figure de l’antiquarius, celui qui étudie les
antiquitates, c’est-à-dire ce qui subsiste de l’Antiquité.

Alain SCHNAPP-Une Histoire des Civilisations


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

NOUS ERRIONS DANS NOTRE VILLE COMME DES ÉTRANGERS, DES VISITEURS DE PASSAGE;
TES LIVRES NOUS ONT EN QUELQUE SORTE FAIT PÉNÉTRER DANS LA MAISON, GRÂCE À EUX
NOUS AVONS CONNU QUI NOUS ÉTIONS ET OÙ NOUS VIVIONS.

CICERON décrivant l’œuvre de VARRON,


le prince des antiquaires romains,
celui qu’il appelle investigator antiquatis (explorateur de l’Antiquité)
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Dans l’Italie des XIVe et XVe siècles (…) les clercs de la Renaissance entendent étudier
l’Antiquité grecque et romaine à travers toutes les sources qui leur sont accessibles.
D’abord par une volonté œcuménique de rapprocher les Églises d’Orient et d’Occident, puis
par la chute de Constantinople en 1453 et l’émigration de nombre de savants byzantins.

Alain SCHNAPP-Une Histoire des Civilisations


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

LE DESSIN ARCHÉOLOGIQUE.

innovation majeure intervenant


dès la Renaissance :

Paul BRIL-Vue du Campo Vaccino-1600


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

LES ANTIQUITÉS NATIONALES


DU IXe SIÈCLE

Science auxiliaire de l’Histoire


complètant l’étude des
chroniques et des sources écrites
par celle des monuments et des
vestiges matériels

l’historien Jules QUICHERAT se voit confier la première chaire


d’archéologie à l’École des chartes en 1847
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

LORD BYRON VS LORD ELGIN

Grand admirateur de la Grèce


antique, Lord ELGIN,
Ambassadeur du Royaume-Uni
s’approprie plus de la moitié des
marbres du Parthénon.

Edward DODWEL-Removal of marbles from the Parthenon in 1801.


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

LORD BYRON VS LORD ELGIN

L’œuvre mutilée, pièces de la frise


et métopes arrachées et sciées,
est transportée en Angleterre,
provoquant l’indignation de ses
contemporains dont Lord Byron.

A portrait depicting the Elgin Marbles in a temporary Elgin Room at the


British Museum surrounded by museum staff, a trustee and visitors, 1819
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Dull is the eye that will not weep to see


Thy walls defaced, thy mouldering shrines removed
By British hands, which it had best behoved
To guard those relics ne'er to be restored. LORD BYRON VS LORD ELGIN
Curst be the hour when from their isle they roved,
And once again thy hapless bosom gored,
And snatch'd thy shrinking gods to northern climes abhorred !

Aveugles sont les yeux qui ne versent pas de larmes en voyant


tes objets sacrés pillés par de profanes mains anglaises
Qui ont encore blessé ton sein meurtri et ravi tes dieux,
Des dieux qui haïssent l'abominable climat nordique de
l'Angleterre

Robert WILSON-Lord Byron in Albanian clothes-1824


George Gordon Byron, (Childe Harold, 1811)
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

LORD BYRON VS LORD ELGIN

.
Ruiné, il vend les marbres au
gouvernement britannique qui
les confie au British Museum.

George CRUIKSHANK (graveur),YEDIS (dessinateur )The Elgin Marbles! or John Bull


buying stones at the time his numerous family want bread!!-1816
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

L’endroit où se trouve le passé, ça n’est pas autre chose que le présent, car la matière du
présent est faite de l’accumulation des durées du passé : je veux dire de toutes les durées du
passé qui continuent à exister, à présent, depuis les origines. À cet instant précis, pas très loin
d’ici, il y a des éclats de silex noir qui sortent du sol d’un champ cultivé, des éclats qui ont été
taillés il y a peut-être 500 000 ans. En ce moment même, les eaux grises de la Seine roulent
sur des épées jetées à la rivière à l’âge du Bronze, il y a trois mille ans. Tout cela se passe en ce
moment même, à l’instant où vous lisez ce texte : le passé est ce qui continue à exister.

Le passé est mort, mais il dure toujours. Il hante le présent.

Ce qui reste, ce qui s’inscrit. Traces, vestiges, empreintes


Laurent OLIVIER
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Du passé, il ne reste en général que des cendres. L’archive, c’est ce qui a échappé au désastre.
On appelle ça des vestiges. Ce sont les ruines, les débris accumulés aux pieds de « l’Ange de
l’Histoire » de Walter Benjamin, qui, dit-il, « voudrait bien s’attarder, réveiller les morts et
rassembler ce qui fut brisé ». Mais nous savons bien que ça n’est pas possible : le passé, c’est
ce qui a été brisé et dont il ne reste que des fragments sans connexions.

Ce qui reste, ce qui s’inscrit. Traces, vestiges, empreintes


Laurent OLIVIER
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

La ruine, c'est ce qui tombe.


Mais c'est aussi ce qui reste :
lent processus de chute
et résultat de cette destruction,

LA RUINE DEMEURE

lambeau d'un autre temps,


pierres d'un autre âge,
percée d'une autre époque
dans le présent nostalgique.

Magnasco-Triomphe de Vénus-1725
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Amon Hen Ruins

Peter JACKSON - The Fellowship of the Ring-2001


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

REVUE DE LA BNF N°59: WORLD-BUILDING.


CRÉATION DE MONDES ET IMAGINAIRES CONTEMPORAINS

À l’heure où la fantasy séduit de plus en plus


(le seigneur des anneaux, Game of Thrones…),
plaçant les « mondes inventés » au cœur de la
culture populaire, ce dossier s’interroge sur leurs
formes et leurs usages en confrontant le regard des
historiens du genre à celui des spécialistes des
médias et des créateurs, qu’ils soient écrivains ou
concepteurs de jeux.
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

The Houses of the Old Ones

Jim HENSON - The Dark Crystal-1982


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

UNCHARTED: Drake’s Fortune-2007


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

TU BUI - Concept art - TITANFALL


D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

VIDEOGAMES AND THE AESTHETIC OF RUINS


https://killscreen.com/previously/articles/videogames-and-aesthetic-ruins/

WHY ARE VIDEOGAME DESIGNERS SO OBSESSED WITH RUINS?


https://www.fastcompany.com/3027725/why-are-videogame-designers-so-obsessed-with-ruins
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

THE MOMENT
OF POMPEII'S DESTRUCTION
WAS ALSO THE MOMENT
OF ITS PRESERVATION.

Andrew WALLACE-HADRILL
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Le vandalisme religieux s’est attaqué aux


monuments comme aux textes de la tradition
classique.

Alain SCHNAPP-Une Histoire des Civilisations

Temple de LOUXOR
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Colonnade de l’ancien temple dorique


d’Athéna de Syracuse, en Sicile, édifié au Ve
siècle avant notre ère, transformé au VIIe
siècle en église puis au fil du temps, en
cathédrale baroque.
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

L' histoire à venir ne produira plus de ruines. Elle n'en a pas le temps. Sur les décombres nés
des affrontements qu'elle ne manquera pas de susciter, des chantiers néanmoins s'ouvriront,
et avec eux, qui sait, une chance de bâtir autre chose, de retrouver le sens du temps et au-
delà, peut-être, la conscience de l'histoire.

Marc AUGÉ
Le Temps en ruines
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

SERIONS-NOUS LA PREMIÈRE CIVILISATION HUMAINE


À CONSTRUIRE SA PROPRE AMNÉSIE?
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

En matière d’archives de la création, nous sommes en train de vivre une sorte de catastrophe
sans précédent : pour les vingt années qui viennent de s’écouler, au cours desquelles la
majorité des créateurs s’est progressivement convertie au tout numérique, il ne subsiste déjà
plus aucun document de genèse, aucun brouillon, aucune trace génétique interprétable qui
permettrait de reparcourir ces fameux “sentiers de la création” dont l’œuvre est la destination
finale. Cette culture du tout numérique qui a réalisé le miracle de pouvoir virtuellement tout
conserver aura in fine tout perdu : par inadvertance et par étourderie, bien plus que par
incapacité. […] Philosophes, historiens, architectes, compositeurs, chercheurs, cinéastes… : du
travail de toute cette génération, il ne restera à peu près rien en matière d’archives de la
genèse.

Pierre-Marc DE BIASI, « Trous de mémoire », in Médium n°32-33, 2012


In Louise MERZEAU. Faire mémoire de nos traces numériques. E-dossiers de l’audiovisuel, INA,
2012, pp.33840 signes (article en ligne). ffhalshs-00727308f
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

L’archéologie s’intéresse non pas au passé, mais aux vestiges matériels qui subsistent du
passé.
Elle intervient non pas seulement sur des monuments, ou des œuvres d’art, mais surtout sur
des « choses », qui sont les débris de ce que nous produisons, consommons ou transformons.
À ce titre, l’archéologie étudie ce qui subsiste, matériellement, du passé dans le présent.
Plutôt qu’à l’histoire, prise dans son sens traditionnel – reconstituer le passé tel qu’il était à
l’origine – l’archéologie est davantage confrontée à la mémoire : non pas exactement la
mémoire des hommes, mais plus exactement les héritages de formes que transmettent les
choses et qui constituent la mémoire des lieux et des objets.

Ce qui reste, ce qui s’inscrit. Traces, vestiges, empreintes


Laurent OLIVIER
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

L’endroit où se trouve le passé, ça n’est pas autre chose que le présent, car la matière du
présent est faite de l’accumulation des durées du passé : je veux dire de toutes les durées du
passé qui continuent à exister, à présent, depuis les origines. À cet instant précis, pas très loin
d’ici, il y a des éclats de silex noir qui sortent du sol d’un champ cultivé, des éclats qui ont été
taillés il y a peut-être 500 000 ans. En ce moment même, les eaux grises de la Seine roulent
sur des épées jetées à la rivière à l’âge du Bronze, il y a trois mille ans. Tout cela se passe en ce
moment même, à l’instant où vous lisez ce texte : le passé est ce qui continue à exister.

Le passé est mort, mais il dure toujours. Il hante le présent.

Ce qui reste, ce qui s’inscrit. Traces, vestiges, empreintes


Laurent OLIVIER
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

Du passé, il ne reste en général que des cendres. L’archive, c’est ce qui a échappé au désastre.
On appelle ça des vestiges. Ce sont les ruines, les débris accumulés aux pieds de « l’Ange de
l’Histoire » de Walter Benjamin, qui, dit-il, « voudrait bien s’attarder, réveiller les morts et
rassembler ce qui fut brisé ». Mais nous savons bien que ça n’est pas possible : le passé, c’est
ce qui a été brisé et dont il ne reste que des fragments sans connexions.

Ce qui reste, ce qui s’inscrit. Traces, vestiges, empreintes


Laurent OLIVIER
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

L' histoire à venir ne produira plus de ruines. Elle n'en a pas le temps. Sur les décombres nés
des affrontements qu'elle ne manquera pas de susciter, des chantiers néanmoins s'ouvriront,
et avec eux, qui sait, une chance de bâtir autre chose, de retrouver le sens du temps et au-
delà, peut-être, la conscience de l'histoire.

Marc AUGÉ
Le Temps en ruines
D. TRACES DE CIVILISATIONS
1. Traces Archéologiques

DR. HENRY JONES: Archaeology is the search for fact... not truth. If it's truth you're looking for, Dr. Tyree's
philosophy class is right down the hall.
D. TRACES DE CIVILISATIONS
2. Traces Écrites

Tablette pictographique en calcaire, Mésopotamie, vers 3500-2900 av J.C.


D. TRACES DE CIVILISATIONS
2. Traces Écrites

Scribe accroupi-Saqqarah-2660 av J.C.


D. TRACES DE CIVILISATIONS
2. Traces Écrites

Papyrus du IIe siècle portant un fragment du texte du Phèdre de PLATON, 370 av J.C.
D. TRACES DE CIVILISATIONS
2. Traces Écrites

Cette connaissance aura pour effet, chez ceux qui l'auront


acquise, de rendre leurs âmes oublieuses, parce qu'ils
cesseront d'exercer leur mémoire : mettant en effet leur
confiance dans l'écrit, c'est du dehors, grâce à des empreintes
étrangères, non du dedans et grâce à eux-mêmes qu'ils se
remémoreront les choses.

PLATON rapportant un mythe égyptien dans Phèdre, 370 av J.C.


D. TRACES DE CIVILISATIONS
2. Traces Écrites

PROFESSOR HENRY JONES:


I wrote them down in my Diary so that I wouldn't have to remember.
D. TRACES DE CIVILISATIONS
2. Traces Écrites

Jean-Léon GEROME- Pollice Verso – 1872


D. TRACES DE CIVILISATIONS
2. Traces Écrites

Enrico GUAZZONI-Quo Vadis-1912


D. TRACES DE CIVILISATIONS
2. Traces Écrites

Ridley SCOTT -Gladiator-2000


D. TRACES DE CIVILISATIONS
2. Traces Écrites

DR. HENRY JONES:


“X” never, ever, marks the spot.
D. TRACES DE CIVILISATIONS
2. Traces Écrites

Où et quand est-ce?
D. TRACES DE CIVILISATIONS
2. Traces Écrites

Où et quand est-ce?
D. TRACES DE CIVILISATIONS
3. Des Traces pour l’Avenir?
I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE

LE TERME ANTHROPOLOGIE VIENT DE DEUX MOTS GRECS, ANTHRÔPOS, QUI SIGNIFIE «


HOMME » (AU SENS GÉNÉRIQUE), ET LOGOS, QUI SIGNIFIE PAROLE, DISCOURS, SCIENCE.
C’EST LA SCIENCE DES HOMMES.

LE TERME ETHNOLOGIE EST FORGÉ À PARTIR DU PRÉFIXE ETHNOS « FAMILLE, PEUPLE,


TRIBU, NATION » ET DU SUFFIXE LOGOS.
C’EST LA SCIENCE DES PEUPLES.

LE TERME SOCIOLOGIE EST FORGÉ À PARTIR DU PRÉFIXE « SOCIO » DU MOT LATIN SOCIUS
SIGNIFIANT « COMPAGNON, ASSOCIÉ » ET DU SUFFIXE LOGOS.
C’EST LA SCIENCE DES RELATIONS.
I. QU’EST-CE QU’UNE CIVILISATION?
E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE

La question de savoir si l’humanité se compose d’une ou de plusieurs espèces a ces


dernières années été beaucoup discutée par les anthropologues, qui se sont répartis
entre deux écoles le monogénisme et le polygénisme. Ceux qui n’admettent pas le
principe de l’évolution doivent considérer les espèces comme des créations distinctes,
ou en quelque sorte comme des entités distinctes, et ils doivent décider quels sont les
types d’hommes qu’ils considèrent comme des espèces par l’analogie avec la méthode
généralement appliquée pour classer les êtres organiques en espèces.(…)
Les naturalistes, d’autre part, qui admettent le principe de l’évolution, et cela est
maintenant admis par la majorité des hommes de progrès, n’hésiteront pas à considérer
que toutes les races humaines sont les descendants d’un stock unique primitif ; Ils
peuvent ou non croire bon de désigner les races comme des espèces distinctes, afin
d’exprimer leur différence.

Charles DARWIN-La descendance de l’Homme, Sur les races des hommes-1871


E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
1. Évolutionnisme

Pour les anthropologues évolutionnistes de la seconde moitié du XIXème siècle,


comme Lewis Henry MORGAN, Herbert SPENCER ou Edward Burnett TYLOR,
l'espèce humaine ne fait qu'un, et donc, chaque société suit la même évolution
linéaire de l'état de SAUVAGERIE des primitifs, en passant par la BARBARIE
jusqu'au modèle de la CIVILISATION occidentale.
E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
1. Évolutionnisme

Le terme culture ou civilisation, au sens ethnographique, désigne ce tout complexe qui


comprend à la fois le savoir, les croyances, les arts, la morale, les lois, les coutumes ou toute
autre faculté ou habitude acquise par l’être humain en tant que membre d’une société.

Edward Burnett TYLOR


E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
2. Diffusionnisme

Les anthropologues diffusionnistes, comme Adolf BASTIAN, Franz BOAS, Léo


FROBENIUS, Fritz GRAEBNER et Grafton Elliot SMITH, tentent d’expliquer les
faits culturels par les contacts et les échanges entre civilisations.
E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
2. Diffusionnisme

Selon cette théorie, les idées, les représentations, les croyances, les techniques
et les objets se diffuseraient au gré des échanges culturels.

Là où les évolutionnistes chercheraient la destination, les diffusionnistes


chercheraient la source:
D’OÙ VIENT LA CIVILISATION?
E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
2. Diffusionnisme

Le concept de KULTURKREIS (cercle culturel) proposé par FROBENIUS et


développé par GRAEBNER dans HISTOIRE DE LA CIVILISATION AFRICAINE en
1933, est le fondement de la théorie controversée LE CHOC DES CIVILISATIONS
de Samuel HUNTINGTON.
E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
2. Diffusionnisme

LE PRINCIPE D’ACCULTURATION:

Ensemble des phénomènes qui résultent du contact direct et continu entre des groupes
d’individus de cultures différentes, avec les changements qui en découlent dans les modèles
culturels de l’un ou l’autre de ces groupes, ou des deux.

Melville Jean HERSKOVITS


E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
3. Culturalisme

Né aux Etats-Unis sous l’impulsion de Ruth BENEDICT, Margaret MEAD et Ralph


LINTON, le culturalisme met en évidence l'influence des institutions et des
coutumes sur la personnalité.

La culture y est définie comme la somme globale des attitudes, des idées et des
comportements partagés par les membres de la société, en même temps que
des résultats matériels de ces comportements, les objets manufacturés.
E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
3. Culturalisme

LE CONCEPT DE MODÈLE CULTUREL

Une civilisation comme un individu représente un modèle plus ou moins net de pensées et
d'actions. Dans chaque culture, on trouve des buts d'action caractéristiques qui ne sont
forcément pas les mêmes dans d'autres types de société. En accord avec ces buts, chaque
peuple ne cesse de consolider son expérience, et selon que cette manière de voir exerce une
pression plus ou moins forte, les détails hétérogènes de la manière de vivre revêtent une
forme plus ou moins adaptées à celle-ci.

Ruth BENEDICT
E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
4. Fonctionnalisme

Formulée par Bronislaw MALINOWSKI, cette théorie sociologique et


anthropologique propose une lecture du fonctionnement de la société sur la
base des parties (ou organes) qui travaillent conjointement pour assurer sa
stabilité.

Le fonctionnalisme s'oppose à l'évolutionnisme et au diffusionnisme.


E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
4. Fonctionnalisme

La société est une sorte d'organisme total, composée de diverses parties interreliées qui
constituent autant de fonctions que l'on peut, par analogie, comparer aux diverses fonctions
des organismes vivants : production, consommation, transport, communication.

Tout comme les organismes vivants, la vie sociale évolue et c'est cette évolution dont il s'agit
d'établir les lois.

Liliane VOYÉ
E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
4. Fonctionnalisme

La plasticité des tendances instinctives est une condition du progrès de la culture. C'est que
l'homme privé de culture ne peut pas plus survivre que ne peut survivre une culture sans une
race humaine capable d'en assurer le maintien et la continuité.

Bronislaw MALINOWSKI
E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
5. Structuralisme

Ensemble de courants de pensée HOLISTIQUE des années 1960, visant à


privilégier d'une part LA TOTALITÉ PAR RAPPORT À L'INDIVIDU, c’est à dire
étudiant la tendance dans la nature à constituer des ensembles qui sont
supérieurs à la somme de leurs parties, au travers de l'évolution créatrice,
d'autre part la SYNCHRONICITÉ DES FAITS plutôt que leur évolution, et enfin les
RELATIONS qui unissent ces faits plutôt que les faits eux-mêmes dans leur
caractère hétérogène et anecdotique.

Claude LEVI STRAUSS, dans son approche anthropologique, en est considéré


comme le fondateur.
E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
5. Structuralisme

Claude LEVI-STRAUSS définit la NATURE comme tout ce qui est en nous par
hérédité, la CULTURE comme tout ce que nous tenons de la tradition externe, la
CIVILISATION comme l’ensemble des croyances, des coutumes et des
institutions.
E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
5. Structuralisme

Claude LEVI-STRAUSS rejette l’ETHNOCENTRISME, cette tendance à répudier


toutes les manifestations culturelles et comportements éloignés de ceux
auxquels nous nous y identifions. Il rappelle le caractère péjoratif des termes
BARBARES et SAUVAGES.
E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
5. Structuralisme

Ce qui empêche l'homme d'accéder au bonheur ne relève pas de sa NATURE, mais des
artifices de la CIVILISATION.

Claude LEVI-STRAUSS
E. APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE
5. Structuralisme

Le monde a COMMENCÉ sans l’homme et il S’ACHÈVERA sans lui.

Claude LEVI-STRAUSS

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