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NewLeader ITV Chili Piper Vandenberghe IntroS1-2
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« L'interview by Cécile »
Chili Piper : Une start-up 100 % à distance
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Bonjour à tous. Alors, aujourd'hui, je suis ravie, très honorée d'être avec Nicolas, Nicolas qui a créé une start-
up aux États-Unis et qui est français. Bonjour, Nicolas.
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Alors, Nicolas, votre start-up, qui s'appelle Chili Piper... C'est bien ça ?
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Elle est extraordinaire, parce qu'en fait, elle a vraiment une très belle ascension et, surtout, elle est sur un
usage assez peu connu. Est-ce que vous pouvez vous présenter, nous expliquer un peu l'histoire de cette start-
up ?
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Impressionnant. Impressionnant. Surtout sur la façon dont vous managez, dont vous challengez vos équipes,
puisque vous avez, en fait, une entreprise « full remote », c'est bien ça, Nicolas ? En fait, il n'y a pas de siège
social, et tes talents sont dans le monde entier, et tu as une façon de les manager qui est quand même assez
unique, originale. Est-ce que tu peux nous donner quelques recettes ?
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Mais on se dit : « Mais comment est-ce possible d'arriver à prendre des décisions, d'arriver à engager et
d'arriver, peut-être, à évaluer, contrôler ? » Comment ça se passe, la décision, l'engagement et le contrôle ?
quelqu'un vient, on lui dit : « Notre engagement, c'est de t'aider à t'engager professionnellement. Donc, tu
nous dis ce que tu souhaites faire. » Par exemple, quelqu'un qui rentre dans l'équipe marketing dit : « Moi, je
voudrais devenir généraliste » ou dit « je voudrais me spécialiser dans le content ou... », pareil pour les
ingénieurs. Et on essaie autant que possible de favoriser ce développement. Donc, on suit beaucoup les
performances, mais pas du tout de façon « Big Brother ». Ensuite, sur le processus de décision, on a mis au
point un système, je crois, qui est assez unique et qui marche extraordinairement bien. C'est un dérivé de ce
que Jeff Bezos a fait à Amazon. Il avait dit : « Voilà, les réunions prennent trop longtemps... » Le processus de
décision typique des sociétés, c'est que les gens se regroupent, il y a quelqu'un qui est en charge de présenter
le problème, cette personne fait, typiquement, une présentation PowerPoint et tout le monde débat et à la
fin, on prend une décision. Jeff Bezos a dit : « Ces PowerPoint, ce n'est pas assez précis, donc je vais demander
à la personne d'écrire un mémo de moins de six pages, ce qui s'appelle un mémo de décision, tout le monde
lit pendant 20 minutes le mémo. Après, tout le monde a les détails et là, on discute. » Donc nous, on a
commencé comme ça. On s'est dit : « C'est une bonne idée, on va faire ça. » Mais comme notre mémo...
Comme on leur avait tous distribué le mémo, il était sur Internet, donc un Google Doc. Et du coup, les gens
pouvaient y avoir accès avant et ont commencé à commenter en laissant des commentaires. Et on s'est rendu
compte qu'en fait, on n'avait pas besoin de réunion, parce qu'en fait, toutes les opinions, les vues étaient sur
le document. Et à la fin, la plupart du temps, il se passe deux choses. Soit la solution paraît claire, tout le
monde est d'accord, soit il y a clairement une divergence et auquel cas, ça veut dire qu'il faut continuer et
faire plus de travail. Donc, on dit : « La décision ne peut pas être prise. » Il y a toujours une action à prendre.
Alors : « Va voir ce que disent les clients. Va faire une recherche marché. Trouve un autre fournisseur, etc. »
Voilà. Donc, on a ce processus de décision. On a maintenant des dizaines et des dizaines de mémos de
décision sur tous les sujets : sur nos prix, sur les softwares qu'on va acheter, sur tout. Et ça marche
extraordinairement bien. Donc ça, c'est un petit secret de Chili Piper.
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Donc, si je comprends bien, il n'y a pas, en fait, de contrôle, mais il y a un suivi très serré de la performance.
L'engagement se fait par le talent et, en fait, vous accompagnez chaque talent pour qu'il puisse se développer
et, en fait, vraiment être engagé parce qu'il a reçu les formations, et puis il est compris dans son
développement personnel. Et la décision, ce n'est pas de la réunionite, mais c'est un process extrêmement
bien documenté pour que chacun, en fonction de son temps, puisse remplir un Google Doc et donner ses
points de vue. Donc, on voit vraiment ce que chacun apporte.
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Alors, maintenant, j'ai une question un peu plus... J'allais dire peut-être managériale. Il y a le présentiel, il y
a le distanciel. Mais en fait, est-ce que vous faites du présentiel ? Et si oui, en fait, c'est quel objectif et quelle
forme ?
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Donc, quelque part, c'est une certaine « culture Chili Piper », c'est la culture où le présentiel, c'est la fête et,
ensuite, il y a une liberté pour travailler un peu quand on veut, où on veut, avec qui on veut. C'est bien ça ?
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Mais alors, concrètement, ça veut dire qu'en fait, si chacun est libre... Ça veut dire qu'en fait, vous êtes une
organisation totalement aplatie, il n'y a plus de management, il n'y a plus de hiérarchie ? Concrètement, en
fait, ça veut dire que, Nicolas, toi qui es le fondateur avec Alina, vous êtes les deux seuls managers ?
de management où il n'y a plus de manager, il n'y a plus de chef, tout ça. Mais en fait, il se trouve que c'est
un sujet différent, le sujet du management. En fait, quand j'ai souhaité faire cette structure plate, j'ai
commencé à écrire un mémo de décision, puisque c'est comme ça qu'on travaille. Je voulais expliquer
pourquoi on fait ça, les alternatives, tout ça. Et au fur et à mesure que j'écrivais... Je m'étais dit : « Je vais faire
ça en une semaine. », ça m'a pris des mois. J'ai lu tout ce qui se faisait sur le sujet, la sociocratie, l'holacratie,
etc. Et à la fin, ma conclusion, c'était qu'en fait, ce n'était pas possible. Et la raison pour laquelle ce n'était pas
possible, c'est que je me suis rendu compte que pour aider les gens à progresser professionnellement, il faut
bénéficier des gens qui, eux, ont déjà fait cette progression, donc des gens qui ont plus d'expérience, ce qu'on
appelle le coaching en Amérique. Et le coaching, c'est difficile de le faire de façon transactionnelle, c'est-à-
dire de dire de passer de l'un à l'autre et dire : « Tiens, je te coache, toi. Maintenant, je te coache, toi. » Il faut
pouvoir suivre les gens dans la durée dans une structure qui est en fait une structure managériale par défaut,
c'est-à-dire qu'il y a quelqu'un qui a besoin d'apprendre, quelqu'un qui va lui apprendre et le quelqu'un qui
va lui apprendre est son patron. Et voilà. Dans mon achievement, j'ai réinventé la hiérarchie, en fait, ou en
tout cas redécouvert pourquoi la hiérarchie a du bon. Alors en fait, ce qu'on essaie de faire, c'est de la rendre
autant que possible... D'enlever les effets négatifs de la hiérarchie. Donc, par exemple, on passe beaucoup de
temps à former nos managers pour qu'ils soient de bons managers, parce que ça, c'est ce qu'on dit toujours :
« Les gens ne quittent pas les sociétés, ils quittent leurs managers. » On est frustrés par nos managers. Donc,
on passe beaucoup de temps... On a même un coach externe qui vient coacher nos managers pour s'assurer,
au niveau humain surtout, qu'ils ont des bonnes habitudes au niveau humain. On passe beaucoup de temps...
On a quatre valeurs d'entreprise et la première, c'est « help », donc « aide ». Et tous les vendredis, on honore
la personne qui a été... On appelle ça la licorne de la semaine, c'est la personne qui a le plus aidé. Et donc
vraiment, on met en avant l'idée d'aider les autres gens comme une valeur centrale et on essaie de faire en
sorte que les managers comprennent que leur job, c'est toujours d'aider. On n'est pas là à sanctionner comme
au bon vieux temps de l'école française où les professeurs pensaient que c'était leur job de punir. On est là
pour aider les gens à progresser. Donc voilà, on a gardé une hiérarchie. Et je vois là, justement, cette semaine,
j'avais à revoir un mémo de décision d'un département qui me disait : « J'ai besoin de plus de hiérarchie. » Et
je pense que c'est la solution qui marche le mieux.
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Et les trois autres valeurs ? Juste pour savoir, après « help », c'est quoi ? Liberté ?
charge des résultats. » Et le dernier, peut-être mon favori, c'est « have fun ».
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Waouh ! Super intéressant. C'est ce qui te drive. Alors là, j'aurais donc peut-être une question, la petite
dernière, sur un sujet qui m'intéresse particulièrement, qui sont les ressources humaines. Les ressources
humaines en France, c'est un domaine qui est déjà... Le droit social. C'est un domaine qui est là aussi pour
développer, mais c'est aussi un domaine qui est de plus en plus challengé par l'intelligence artificielle. Et donc
là, toi, tu as des personnes dans le monde entier, donc tu as des cadres juridiques différents, tu as des
problématiques, tu peux faire dans certains pays ce que tu ne peux pas faire dans d'autres au niveau des
ressources humaines. Comment ça se passe ? Vous avez un DRH mondial ? Vous avez des DRH par zone ?
Comment ça se passe, les ressources humaines chez vous ?
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Waouh ! Très intéressant, parce que tout est quand même pensé et tout est déjà formalisé pour pouvoir
anticiper s'il y a des sujets RH qui sont souvent des sujets pas fun, justement, puisqu'on est là souvent, en RH,
Du manager hybride au new leader
pour rétablir les équilibres. Alors vraiment, un immense merci. Le slogan de la fin, Nicolas. Qu'est-ce que tu
aimerais partager avec tous les Mooceurs et tous les abonnés de la chaîne YouTube qui sont vraiment
intéressés par ton entreprise frog, c'est-à-dire 100 % digitale avec tous les talents du monde entier ? Un petit
message ?
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Merci infiniment pour ta contribution. On retiendra au moins trois idées, parce qu'il y en a plein d'autres que
tu as bien sûr énoncées. La première idée, c'est qu'une entreprise distribuée, c'est quand même une
entreprise très organisée. Il ne faut pas croire que c'est tout le monde partout, comme on veut. Non, c'est
formalisé, organisé, structuré avec du management, avec des managers et des ressources humaines. La
deuxième idée importante, c'est qu'on retrouve les fondamentaux du management. Il y a bien les valeurs, il
y a la vision, il y a bien entendu l'organisation, et puis il y a la gestion des hommes qui se fait certainement
différemment dans ce nouveau monde, mais qui est quand même le pilier, parce que si les collaborateurs
sont heureux, alors leur production, leur engagement et la performance seront au rendez-vous. Et la troisième
caractéristique, très intéressante, c'est qu'aujourd'hui, les start-up, on les voit, sont des start-up dans le
monde entier avec des modèles qui se ressemblent, des modèles qui vont vers du 100 % digital, des modèles
qui nous ouvrent des nouvelles opportunités sur le monde du travail. Et donc, il ne faut pas avoir peur de
penser l'hybridation si on est encore une entreprise classique ou de penser le 100 % digital qui est, comme le
dit Nicolas, peut-être un modèle parmi les modèles de l'avenir. Merci, Nicolas.
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Tu es où, là ? Juste pour nous dire. Dans quelle ville ?
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Waouh ! Los Angeles ! Mille mercis pour ta contribution. Et à bientôt, au revoir !
Du manager hybride au new leader
Cécile Dejoux, professeure des universités au Cnam & ESCP BS, directrice du Learning Lab Human Change.
-Et bonjour à toute l'équipe de Chili Piper.