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Fichir Article 2447
Fichir Article 2447
: quelle
solution face a la crise actuelle de la citoyennete ? . Rev iv hist 2018 ; 31 : 158-171.
RESUME
Le concept de la citoyenneté est né avec l’avènement de la démocratie athénienne. Il a
traversé des civilisations et des époques. Cette longue mutation laisse entrevoir de nos jours
une citoyenneté de plus en plus dénuée de sens. Trouver une solution satisfaisante à un tel
problème exige de nous un retour à l’origine pour questionner la citoyenneté grecque à travers
Platon, le philosophe qui le premier pensa une théorie de la République. Cette réflexion expose
le panorama de la citoyenneté, les droits et devoirs qui y sont rattachés et la nécessité d’une
véritable éducation à la citoyenneté qui se poserait comme solution à la crise de la citoyenneté.
Mots clés : Platon, citoyenneté, droit, devoir, éducation, valeur.
ABSTRACT
The concept of citizenship was born with the advent of Athenian democracy. He went
through civilizations and eras. This long mutation nowadays gives us a glimpse of a more and
more meaningless citizenship. To find a satisfactory solution to that problem requires from us
a return to the origin in order to ask the Greek citizenship through Plato, the philosopher who
first thought a theory of the Republic. This reflection sets out the panorama of citizenship, the
rights and duties attached to it, and the need for a real education for citizenship as a solution
to the crisis of citizenship.
Key words: Plato, citizenship, law, duty, education, value.
Référence de cet article : SEY Kouassi Olivier, La citoyenneté dans la philosophie de platon :
quelle solution face a la crise actuelle de la citoyennete ? 159
il délibérait sur l’Agora, se réunissait dans l’Ecclésia et se prononçait sur les princi-
pales affaires de la cité. Seuls les citoyens avaient droit à la parole lors des débats
et étaient enfin les seuls à posséder la terre2. Plusieurs critères définissaient l’octroi
du statut de citoyen : il fallait être de sexe masculin, être homme libre, être de père
citoyen, et, à partir de la loi Périclès de -451, être également de mère fille de père
citoyen. Aussi, devait-il être majeur3 et obligatoirement faire son service militaire.
Vraisemblablement, Platon ne donne pas de définition précise au concept de citoyen-
neté, quoique le terme citoyen soit bien récurrent dans ses œuvres. Dans Le Criton
notamment, la notion de citoyen est utilisée pour désigner les membres de la communauté
reconnus tel suivant les lois en vigueur. Dans la République, le citoyen est l’appellation
commune de tous les hommes au sein de la cité idéale. Dans Les Lois, le citoyen est
également un membre de la cité. Ainsi, du Criton à la République, de la République aux
Lois, le citoyen est un homme libre différent de l’esclave et de l’étranger. Cela nous porte
à croire que la citoyenneté chez Platon est celle de la cité grecque antique.
En phase donc avec son époque, Platon insiste cependant sur une dimension
plus particulière de la citoyenneté. On peut affirmer qu’avec Platon, la citoyenneté
n’a pas d’autre définition que le fait de partager les mêmes valeurs.
Dans ses œuvres, Platon évoque certains droits propres au citoyen. Ces droits
sont garantis par la cité et les lois veillent jalousement à leurs applications. Nous
considèrerons ainsi, trois aspects de la citoyenneté qui nous permettront de regrouper
plusieurs droits qui sont rattachés à la citoyenneté civile, la citoyenneté politique et
la citoyenneté sociale.
La citoyenneté statutaire est l’ensemble des droits civils et des droits politiques.
• La citoyenneté civile
La citoyenneté civile correspond aux libertés fondamentales. A l’époque de Platon,
on ne pouvait penser la citoyenneté sans un minimum de liberté. Il faut souligner
que la liberté constituait l’un des critères fondamentaux de la citoyenneté. Ces droits
se retrouveront énoncés plus tard dans les articles de la Déclaration des Droits de
l’Homme et du Citoyen7. Il s’agit notamment :
- De l’égalité devant la loi (l’isonomie),
7 Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789. Ce texte affirme et consacre l’ensemble
des droits inhérents à la nature humaine, au premier rang desquels figure la liberté (celle de penser,
d’aller et venir), ainsi que les garanties qui permettent à tout citoyen d’exercer effectivement ces droits.
Référence de cet article : SEY Kouassi Olivier, La citoyenneté dans la philosophie de platon :
quelle solution face a la crise actuelle de la citoyennete ? 161
Le terme égalité ne doit pas prêter à confusion dans la mesure où l’idée d’égalité
telle que perçue d’ordinaire n’existe pas dans la cité idéale dont Platon fait mention
dans la République. Dans le Criton cependant, l’égalité devant la loi annonce le carac-
tère universel de celle-ci. La loi s’applique de façon identique à tout le monde. Tous
les citoyens bénéficient d’un égal traitement et nul ne peut être au-dessus de celle-ci.
Il n’y a donc point de favoritisme parce que tous les citoyens sont considérés comme
des enfants de la loi au même titre ; puisque c’est sous les auspices des mêmes lois
que tous les citoyens naissent, sont élevés et éduqués de la même manière. Nous en
voudrons pour preuve ce passage de la première prosopopée des lois dans lequel
les lois s’adressent à Socrate en ces termes :
[…] C’est nous (les lois) qui t’avons fait naître, qui t’avons nourri et instruit ;
nous t’avons fait part comme aux autres citoyens de tous les biens dont nous
disposions, et nous ne laissons pas de proclamer, par la liberté que nous lais-
sons à tout Athénien qui veut en profiter, que, lorsqu’il aura été inscrit parmi les
citoyens et qu’il aura pris connaissance des mœurs politiques et de nous, les
lois […].(Platon, Criton, 51 c-d).
Aussi, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen annoncera-t-elle en
son article premier : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »
- Il s’agit également du cadre pour l’échange et la parole (l’agora) connu aujourd’hui
sous le nom de liberté d’expression.
La liberté de penser, la liberté d’opinion et la liberté d’exprimer ses pensées et
opinions sont des droits liés à la citoyenneté depuis l’antiquité et cela transparait
visiblement dans tous les œuvres de Platon. En effet, Platon présente dans ses
dialogues un Socrate qui débat librement sur approximativement tous les sujets et
pratiquement dans tous les lieux d’Athènes et avec tout le monde ; tant bien en privé
qu’en public. Cela corrobore parfaitement cette idée de liberté d’expression. A cet
effet, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen souligne ceci en son article
11 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus
précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf
à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
- Il s’agit aussi du droit de propriété
Nous savons que dans la République, Platon détruit toute espèce de propriété
au profit de la plus grande unité de la cité. Mais dans Les Lois, il admet la propriété,
pour rendre possible les lois ; car les lois civiles et politiques ne peuvent porter que
sur la distinction du tien et du mien. Les Lois admettent donc la propriété, et c’est en
cela même qu’elles se distinguent profondément de la République : « Posséder en
commun, dit-il, serait trop demander aux hommes d›aujourd›hui : qu›ils aient donc
des propriétés, mais que chacun d›eux se persuade que sa propriété n’est pas moins
à l›État qu›à lui. » (Platon, Les Lois, Livre V,).
Ainsi chaque citoyen peut avoir une propriété : mais il la tient de l’État qui,
primitivement, répartit la terre et les habitations entre les divers habitants. Cette
propriété est un fonds inaliénable. La Déclaration en dit de même en son article 17 :
« La propriété est un droit inviolable et sacré ».
Si le citoyen jouit légitimement de ses droits, il est aussi tenu de respecter des
devoirs qui résultent également de sa qualité de citoyen.
8 La démocratie directe s’exprimant dans l’assemblée du peuple ne pouvait fonctionner sans disconti-
nuer. Le peuple déléguait donc une partie de sa souveraineté à un corps qui constituait le seul organe
représentatif du « démos ». Les bouleutes, au nombre de cinq cents (500) à raison de cinquante par
tribus, étaient tirés au sort parmi les candidats de chaque dème.
Référence de cet article : SEY Kouassi Olivier, La citoyenneté dans la philosophie de platon :
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Aussi, le devoir désigne-t-il l’ensemble des règles générales qui guident la
conscience morale. Il est accompli par obligation, en dehors de toute autre considé-
ration de volonté ou de désir. Le terme de devoir renvoie ici à une réalité plus morale,
qui doit guider le citoyen dans son comportement dans l’espace public.
Pour le philosophe Emmanuel Kant (1724-1804), un acte n’a de valeur morale que
s’il est fait non seulement en conformité avec le devoir, mais par devoir. Ce devoir, qui
fait appel à la raison, se situe au-dessus des intérêts et des passions, c’est un impératif
catégorique qui s’impose à nous comme une obligation et n’admet pas d’alternatives.
Le devoir, c’est ce qui doit être, ou être fait. Pour Platon au contraire, le devoir
exprime la fidélité à soi-même et à sa propre cohérence. Le devoir platonicien se
présente comme une exigence morale qui guide les actes du citoyen dans la société.
Comme tel, toute action bonne, devra s’accorder avec le devoir. De ce faite, le devoir
apparait comme une forme d’obligation, s’imposant au citoyen. Pour ce faire il est
impératif que chaque citoyen connaisse ses devoirs.
Les sphères du devoir concernent les devoirs envers soi-même, envers les autres
et envers la cité. Un citoyen est un individu qui, par la connaissance qu’il a de lui-
même, de ses semblables et de l’ordre civil, peut tenir bien son rôle de citoyen.
• Devoir envers soi-même : être responsable de soi-même
Pour ce qui relève des devoirs envers soi-même, le principe de devoir n’autorise
personne à se nuire à lui-même. Et il faut le dire, le véritable devoir envers soi-même,
entendu comme ce pouvoir minimum de se conserver soi-même, serait alors le devoir
de rester libre, d’être le sujet de son propre discours, de sa propre pensée, de sa
propre histoire.
Mais il ne suffit pas de se conserver soi-même. Le devoir est aussi de désirer une
vie descente, conforme au devoir, dirigée par l’idée de justice ; « concernant la façon
de rendre votre âme la meilleure possible » (Platon, Apologie de Socrate, 30 a) car
manifestement « le plus important n’est pas de vivre, mais de bien vivre » (Platon,
Criton, 48 b). Et nous pouvons soutenir que « vivre dans le bien, comme il le faut
et dans la justice, c’est la même chose. » (Platon, Criton, 48 b). Il faut donc avoir le
souci de notre propre cohérence avec nous-même ; c’est-à-dire être en harmonie
avec soi-même. Cela relève simplement de l’intégrité.
Plus positivement, accomplir nos devoirs pratiques et éthiques envers nous-
mêmes contribue à nous rehausser non seulement dans notre propre estime, mais
aussi dans celle des autres et, plus généralement, de l’ordre civil. E. Kant (1997, p.
49), affirmera à cet effet que : « moins un homme a de valeur intérieure, moins il est
estimable [...]. Nous devons nous conduire de façon à mériter les honneurs. » Mais
comment nous conduire de façon à mériter les honneurs ?
Voici, en effet, la vérité sur la question, Athéniens. Quelle que soit la place dans
le rang qu’on occupe – qu’on ait choisi soi-même cette place comme la plus
honorable ou qu’on y ait été placé par son chef –, le devoir impose, à mon avis
Référence de cet article : SEY Kouassi Olivier, La citoyenneté dans la philosophie de platon :
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Car, force est de constater que l’attitude des citoyens les uns envers les autres est
primordiale pour rendre supportable la vie en société. La politesse, le respect, la
capacité à venir en aide à une personne en difficulté sont des éléments capitaux
pour une citoyenneté vécue au quotidien. Par contre, les manquements à ces règles
élémentaires de vie en commun affaiblissent la notion de citoyenneté.
• Devoir envers la cité
Ce serait vraisemblablement une entreprise fastidieuse que de faire la liste
exhaustive des obligations du citoyen envers la cité tant elles sont nombreuses.
Néanmoins, on peut évoquer les plus importantes en les regroupant sous trois obli-
gations principales.
Tout d’abord, les citoyens doivent respecter la loi et s’efforcer, grâce à une attitude
civique, de la faire respecter.
A l’égard de la cité et des citoyens, l’homme de beaucoup le meilleur est celui
qui, avant la gloire d’être vainqueur aux jeux olympiques et aux autres luttes
guerrières et pacifiques, place l’obéissance aux lois de son pays et s’en montre
toute sa vie le plus fidèle serviteur. (Platon, Les Lois, Livre V, 260 c-d).
Ce qui est mis en avant ici avec Platon, est un argument moral très commun :
qu’est-ce qui se passerait si tout le monde se comportait ainsi ? Lorsqu’un individu
agit mal impunément, c’est comme s’il donnait la permission à tous les individus d’en
faire autant. Il faut donc que l’individu pense aux retentissements de ses actions dans
le cadre de la communauté et pas uniquement aux conséquences personnelles de
son action individuelle. E. Kant (1997, p. 67), trouvera dans cette notion le principe
de base de sa moralité, bien qu’il l’énonce d’une manière plus complexe : « je dois
toujours me conduire de telle sorte que je puisse aussi vouloir que ma maxime
devienne une loi universelle. »
Dans une vision démocratique, si les citoyens doivent respecter les lois, c’est
essentiellement pour deux raisons :
Premièrement, les citoyens sont, au moins indirectement, les auteurs des lois.
Car, ayant participé, par l’élection de leurs représentants ou par la voie du Référen-
dum, à l’élaboration des lois, les citoyens sont obligés de respecter les règles qu’ils
se sont fixées. Dans ces conditions, ils sont moralement contraints de les respecter
dans leur vie quotidienne, qu’il s’agisse de textes ayant trait à leur vie privée ou de
textes relatifs à leur vie professionnelle. L’auteur, même indirect, d’une loi, ne peut
se dispenser de son application. Car, notons-le : « nul n’est au-dessus de la loi ».
Deuxièmement, les citoyens sont obligés de respecter les lois afin de permettre
une vie en société organisée tout en évitant le développement de la loi «du plus fort».
On serait alors dans une situation proche d’une véritable anarchie, chacun agissant
selon son bon plaisir, sans souci de la règle commune. L’obligation pour tous les
citoyens de respecter les lois est la meilleure assurance que la liberté, les droits et
la sécurité de chacun d’eux soient garantis de manière effective.
- Ensuite, les citoyens doivent participer au financement des charges supportées
par l’État au bénéfice de la communauté nationale.
Platon regrette vivement le manque d’intérêt public ; il se plaint que tous les citoyens
ne prennent pas part également aux mêmes exercices, d’où il résulte que l’État n’est
que la moitié de ce qu’il serait, si tous les citoyens participaient également aux mêmes
contributions et aux mêmes travaux : « de là il arrive qu’un État n’est que la moitié de
ce qu’il serait, si tous (les citoyens) avaient mêmes travaux et contribuaient également
aux charges publiques. ». (Les Lois, 805 a-b). C’est pourquoi, nous soulignons ici
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la nécessité d’une éducation à la citoyenneté. « Mais si tu me demandais en quoi
l’éducation de toute la jeunesse intéresse le bien public, il ne serait pas difficile de
répondre, que les jeunes gens bien élevés seront un jour de bons citoyens. » (Platon,
Les Lois, 641 b).
Pour mieux éclaircir notre idée, faisons un détour par l’Antiquité grecque qui est
très riche d’enseignements. En effet, la situation que nous vivons actuellement se situe
en radicale opposition avec celle que connaissaient les Grecs. Conscients que les
jeunes gens étaient appelés plus tard à soutenir la démocratie, les citoyens athéniens
envoyaient leurs enfants dès leur bas âge à des pédagogues. Ceux-là avaient pour
rôle de les cultiver ; de faire d’eux des hommes instruits, afin de les rendre aptes à
exercer convenablement leur citoyenneté.
De l’enfance jusqu’à l’époque de son inscription sur les listes des citoyens, une
chaîne ininterrompue d’actes éducatifs apprend à l’enfant, tenu d’emblée comme
futur citoyen, les règles du civisme, le respect de la loi, la conscience des valeurs
communes. La famille, « l’école », la Cité conduisent l’individu selon un processus
continu d’acculturation civique. Sinon, autrement, le risque de la désintégration
de la communauté viendrait à se manifester. (L. Bescond, 1992, p. 46).
Ainsi, il leur apparaissait nécessaire de construire d’abord un espace commun au
sein duquel on élaborait les savoirs à apprendre. Si à cette époque la citoyenneté était
réservée à une poignée d’individu, soulignons cependant qu’elle était le plus grand
privilège qu’un individu puisse bénéficier dans la cité. C’est pourquoi les athéniens
accordaient tant d’importance à la citoyenneté. Platon nous dit à cet effet que:
Quand ils sortent de l’école, c’est la cité qui les force à apprendre les lois et à y
conformer leur vie. Elle ne leur permet pas d’agir librement à leur fantaisie; mais
de même que les maîtres, pour les enfants qui ne savent pas encore écrire,
tracent les lettres au stylet et leur remettent la page et les font suivre l’esquisse
des lettres, de même la cité a tracé des lois inventées jadis par de vertueux
législateurs, et elle oblige à s’y conformer ceux qui commandent et ceux qui
obéissent. (Protagoras, 325-326 d).
A cette époque, l’éducation à la citoyenneté servait manifestement d’aliment à
l’adolescence, d’occupation à la jeunesse et d’amusement à la vieillesse. L’impor-
tance qu’ils accordaient à leur citoyenneté témoignait de leur dévouement à la cité.
Aujourd’hui, peu d’hommes ignorent assurément l’importance de la citoyenneté
bien qu’ils se reconnaissent citoyens. Cette ignorance est l’image parfaite de leurs
désengagements de la vie de la cité. Ce rapprochement confirme donc la nécessité
d’une sérieuse éducation à la citoyenneté. « Elle doit contribuer à modeler le compor-
tement des citoyens de telle sorte qu’ils soient amenés à obéir aux lois par habitude
sans même y penser. Elle a une dimension collective et civique » (M. Kede Onana,
2011, p. 38).
Ceci permettra sans doute de stimuler l’engagement des citoyens envers la société
; il est nécessaire de faire passer le message civique, de faire comprendre aux jeunes
gens qu’ils ont des droits et des devoirs, de leur faire prendre conscience de l’existence
de valeurs fondamentales communes, pour leur permettre de devenir des citoyens
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à une attitude d’ouverture aux autres qui illustre le principe républicain de fraternité.
La fraternité est le lien fraternel et naturel ainsi que le sentiment de solidarité et
d’amitié qui unissent ou devraient unir les membres de la même famille que représente
l’espèce humaine. « Nos citoyens seront fortement unis dans ce qu’ils nommeront
leur intérêt propre, et, unis de la sorte, éprouveront joies et peines en parfaite com-
munion. » (Platon, République, 464 a). Elle implique la tolérance et le respect mutuel
des différences, contribuant ainsi à la paix. La fraternité se distingue de la solidarité
par la dimension affective de la relation humaine liée au sentiment d’appartenance à
la même espèce, l’humanité, ce qui lui donne un caractère plus universel.
En conclusion, les valeurs guident et orientent la conduite des citoyens dans leurs
rapports à leurs concitoyens. Ces valeurs sommairement énumérées donnent à la
citoyenneté tout son sens en orientant constamment le citoyen vers le bien. Voici à
coup sûr comment le comportement du citoyen peut garantir la stabilité dans la cité.
Être citoyen, c’est adhérer à un projet commun qui vise le bien être de la collectivité
au détriment des intérêts égoïstes. Cultiver l’intérêt commun, renvoie à vivre sans
perdre de vue les valeurs rattachées à la citoyenneté. Respecter ces valeurs, c’est
aussi faire son devoir de citoyen. Et l’aboutissement de cette indéniable chaîne est
une société stable.
CONCLUSION
La citoyenneté est l’état ou la qualité de citoyen. Elle permet à un individu d’être
reconnu comme membre d’une société, d’une cité dans l’Antiquité, ou d’un Etat
aujourd’hui, et de participer à la vie politique. Durant l’Antiquité gréco-romaine, la
citoyenneté désignait tout homme appelé à exercer une autorité politique, à conduire
les affaires de la cité selon le critère de la fortune, la renommée et du métier. Les
Grecs sont à l’origine de la Polis conçue comme une communauté de citoyens. Et
les Romains ont donné corps à la notion de citoyenneté à travers leur pratique des
institutions. La révolution française quant à elle lui a conféré un titre universel. C’est
à travers cette évolution historique que la citoyenneté obtint le sens que nous lui
savons aujourd’hui.
Ainsi, de nos jours, le citoyen est un membre de la communauté politique. Il est
un sujet de droits. Il dispose à ce titre de droits civils, de droits politiques et de droits
sociaux. Si le citoyen jouit pleinement de ses droits, il a le devoir en retour de respecter
les lois, de participer aux dépenses collectives en fonction de ses ressources et de
défendre la société dont il est membre, si elle se trouve menacée. Car le principe du
devoir inculque au citoyen une vie selon les principes du bon et du juste.
Le bon citoyen de ce fait ne peut en aucun cas être cet individu qui, s’occupant
avec beaucoup d’intérêt de ces affaires personnelles, affiche un réel désintéressement
de la vie publique ; que ce dernier qualifierait de niaiserie politique. Cette négligence
est une grossière ignorance. C’est bien au contraire le bon citoyen qui jouissant de
ses droits et s’acquittant de ses devoirs sait que la perfection de la cité commence
par lui. Platon présente dans le Criton un Socrate pour qui l’important n’est point de
vivre, mais de bien vivre. Vivre bien, c’est vivre dans une parfaite cohérence avec
soi-même, une excellentissime symbiose avec ses semblables et une irréprochable
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