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MOUJAHID, M., KHARISS, M., ASSABANE, I., «Impact des investissements
directs étrangers sur la création d'emploi : cas du Maroc», Revue "Repères et Perspectives
Economiques" [En ligne], Vol. 6, N° 1 / mars 2022, mis en ligne le 30 mars 2022.
Impact des investissements directs étrangers sur la création d'emploi : cas du Maroc
Abstract
Accordingly, Morocco has been engaged, since the early 1990s, in a policy of promoting
foreign direct investments in order to benefit from the positive outcomes that the latter may
bring about in its national economy in terms of technology transfer, the amelioration of
human capital quality, and the development of the industrial fabric, among others. These
advantages of foreign direct investments would allow stimulating the economic growth and
boosting job opportunities creation in the country.
This paper aims at exploring the impact of foreign direct investments on employment in
Morocco through an empirical analysis of its effects in the long term. As regards
methodology, we deploy the cointegration test and the AutoRegressive Distributed Lag
(ARDL) approach based on macroeconomic data of Morocco spanning from 1990 to 2019.
The main results that our study has led to reveal that, in the long term, the deployed variables
have divergent effects regarding job opportunities creation. In fact, foreign direct investments,
trade openness, investment public expenses have a positive and significant effect on jobs
creation. Hence, these variables represent crucial factors which boost job opportunities
creation in Morocco. Consequently, the growth variable of money supply is non-significant.
The monetary policy fostered by Moroccan authorities is not, thus, capable of influencing
employment situation in the country.
Résumé
Le Maroc s'est engagé, depuis le début des années 1990, dans la politique d'attractivité des
investissements directs étrangers en vue de bénéficier des retombées positives que ces
derniers peuvent exercer sur son économie nationale en termes de croissance économique et
de création d'emplois.
L'objectif du présent papier est d'examiner l'impact des investissements directs étrangers sur
la création d’emplois au Maroc en analysant empiriquement leur effet à long-terme. Sur le
plan méthodologique, nous utilisons le test de cointégration et la démarche AutoRegressive
Distributed Lag (ARDL) en se basant sur les données macroéconomiques du Maroc sur la
période 1990-2019.
Les principaux résultats de l'étude démontrent que, à long-terme, les variables mobilisées ont
des effets divergents quant à la création d’emploi. En effet, l'investissement direct étranger,
l'ouverture commerciale et les dépenses publiques d'investissement ont un effet positif et
significatif sur la création d'emploi. Cependant, la variable masse monétaire a un effet non
significatif.
Introduction
Le chômage est une problématique structurelle dont souffre l'économie marocaine. Pour en
réduire l'acuité, les autorités publiques ont mis en place une panoplie de stratégies politiques
en vue de stimuler la croissance économique et la création d'emplois. En effet, la politique
d'attractivité des investissements directs étrangers (IDE) incarne l'une des politiques
prometteuses dans ce cadre.
Dans cette perspective, le Maroc s’est engagé depuis les années 1990 dans une politique
ambitieuse d’attractivité des IDE où il a déployé des efforts considérables d’ouverture et de
libéralisation économique et financière en vue de séduire davantage des firmes étrangères à
s'implanter sur son territoire. Le Maroc a ouvert plusieurs secteurs économiques aux
investisseurs étrangers et a offert des incitations multiples et diversifiées à l'investissement.
Cependant, la contribution des IDE à la création d’emploi est une finalité multidimensionnelle
qui s’étale sur le long terme. Les IDE devraient, de prime abord, avoir des effets positifs sur
un ensemble de variables structurelles et, de surcroit, être accompagnés par des mesures
politiques adéquates.
Les flux massifs des firmes étrangères, sur le territoire national, devraient permettre la mise à
niveau des entreprises domestiques à opérer à l’international et de développer de nouveaux
créneaux non encore exploités et partant réaliser la croissance et le développement
économique dont les effets positifs éventuels seront la création de nouveaux emplois et
l’amélioration du bien-être social de la population. Ainsi, l’IDE conduit à la création
d’emplois non seulement dans les secteurs et les industries qui attirent les IDE mais aussi dans
les autres activités productrices nationales qui s’y rapportent directement ou indirectement.
Malgré leurs effets bénéfiques potentiels sur l’économie d’accueil, les IDE pourraient avoir
des effets inverses ou non significatifs sur l’emploi local lorsqu'ils exercent un effet d’éviction
de l’investissement national ou conduisent à la précarité des entreprises et des industries
nationales naissantes à cause de l’avantage concurrentiel des FMN étrangères. Cependant, si,
à court terme, l’IDE peut entraîner une destruction des emplois locaux ou ne pas générer un
nombre d’emplois significatif, il est susceptible de stimuler l’emploi à long-terme grâce aux
retombées positives qu’il peut exercer sur un ensemble d’aspects économiques.
En effet, les études empiriques, faites dans le contexte marocain, n’ont pas encore tranché, à
notre connaissance, sur les apports des IDE sur la création d’emploi.
De ce contexte, découle la problématique suivante : quel est l’impact de l'entrée des IDE sur
la création d’emploi au Maroc ?
L’objet du présent travail est de déterminer la relation entre les flux d'IDE entrants au Maroc
et la création d’emploi moyennant une étude empirique par l'approche ARDL (modèle
autorégressif à retards échelonnés) sur la période allant de 1990 à 2019.
Ce travail est structuré en trois sections. La première section fera l’objet d’une revue de
littérature de la relation entre l’IDE et la création d’emploi. La deuxième section sera
consacrée à l’analyse économétrique de l'effet de l'IDE sur l'emploi au Maroc. Enfin, la
troisième section sera réservée à la discussion des résultats empiriques obtenus.
1. Revue de littérature
L’analyse de l’effet net de l’IDE sur l’emploi dépend, selon Mucchielli (1998), d’un ensemble
de facteurs tels que, la distinction entre l’effet direct et l'effet indirect sur l’emploi, le mode
d’implantation (IDE de création, d’acquisition ou de partenariat), la stratégie suivie par la
FMN (stratégie de marché ou stratégie d’exportation), le secteur d’activité (production
intensive en capital ou en travail), les relations de concurrence ou de complémentarité entre
les firmes étrangères et les entreprises domestiques.
Pour Ibi Ajayi (2006), l’IDE crée des opportunités d’emplois dans les pays hôtes, et ce de
trois façons possibles. La première consiste à employer directement la population pour des
opérations situées au sein de l’économie nationale. La deuxième s’effectue par les liaisons en
amont et en aval : les emplois sont créés dans les entreprises servant de fournisseurs, de sous-
traitants ou de prestataires de services. Le troisième mode de création d’emplois passe par la
croissance économique qui entraîne de nouveaux emplois à l’échelle nationale.
Toutefois, l'effet positif de l'IDE sur l'emploi passe généralement à travers l’impact global des
IDE sur la croissance économique. La contribution de l’IDE à la croissance économique dans
le pays hôte aurait comme conséquence éventuelle l’accélération de la création d’emploi.
Dans le cadre de l’approche endogène, l'IDE est conçu comme un moyen de stimuler la
croissance économique grâce aux retombées positives (Spillovers) qu'il peut entraîner sur un
nombre de variables dans l'économie d'accueil, en l’occurrence, le transfert de technologies et
des connaissances, le développement du capital humain et l’accélération de l’investissement
national (Blomström et Kokko, 1998 ; Borensztein et al., 1998). L’ensemble de ces avantages
de l’IDE favorise la croissance économique et la création d’emplois (Borensztein et al., 1998 ;
De Gregorio, 1992 ; Hansen et Rand, 2006 ; Ram et Zhang, 2002).
Les études empiriques de Ram & Zhang (2002) et de Hansen & Rand (2006) confirment une
corrélation positive de l’IDE avec la croissance économique dans les pays d'accueil. De
même, Berthélemy & Démurger (2000) et Madariaga & Poncet (2007) constatent que l'arrivée
des IDE dans les provinces et les villes chinoises a positivement impacté la croissance
économique locale.
L'étude de Ben Abdallah & Meddeb (2000) prouve que l'IDE exerce une influence positive
sur la croissance économique lorsque le pays hôte dispose d’un seuil minimum du capital
humain. Dans la même perspective, Bengoa & Robles (2003) constatent que l'IDE peut
générer des externalités positives sur la croissance économique si le pays hôte est doté du
capital humain adéquat, de la stabilité économique et des marchés libéralisés.
Li & Lui (2005) ont trouvé, dans une étude sur un échantillon de 84 pays sur la période 1970-
1999, que l'IDE est positivement et significativement associé à la croissance économique à
partir des années 1980. Ces chercheurs constatent également que, à la présence d'un niveau
important du capital humain dans le pays hôte, l'IDE exerce un impact positif important sur la
croissance économique. Pour Zhang (2001), l'impact de l'IDE sur la croissance dépend de la
présence d’un niveau important du capital humain et des politiques commerciales libéralisées.
En outre, les études d'Alfaro et al., (2008) et d'Hermes & Lensink (2003) soulignent que l’IDE
contribue à la croissance économique dans les pays hôtes ayant des systèmes financiers
locaux développés.
Quant aux effets positifs indirects, ils sont au moins égaux aux effets directs et probablement
beaucoup plus importants (CNUCED, 1994). Ces effets peuvent se produire lorsque les FMN
déclenchent, autour d’elles, la création de nouvelles activités (fournisseurs, sous-traitants,
distributeurs, concurrents…). Il s’agit des emplois créés à travers des liens en amont
(CNUCED, 1994) et en aval que les filiales étrangères établissent avec les opérateurs locaux
dans le pays hôte, ou également à travers les emplois supplémentaires générés dans les
entreprises domestiques concurrentes.
Chudnovsky et López (1999) avancent que l’importance de l’effet direct des firmes étrangères
sur l’emploi dépend des secteurs d’activité mais, globalement, c’est l’emploi indirect associé
aux effets d’entrainement qui est déterminant. L’IDE industriel semble être privilégié
puisqu’il a l’avantage de créer des emplois directs et indirects significatifs grâce aux effets
d’entrainement tandis que l’IDE de services est souvent peu créateur d’emplois indirects.
La CNUCED (1994) estime qu’au moins un emploi ou deux sont créés indirectement pour
chaque travailleur employé par les FMN. Cet « effet multiplicateur » sur l’emploi domestique
a été confirmé dans plusieurs études empiriques sur les PED. Dans ce cadre, Aaron (1999)
souligne que, en 1997, les IDE dans les PED ont créé environ 26 millions emplois directs et
41,6 millions emplois indirects. De même, Lyanda (1999) prouve que, en Namibie, chaque
emploi créé dans une filiale étrangère génère indirectement environ 2 à 4 emplois
supplémentaires dans l’économie de ce pays.
L’étude de Nunnenkamp et al. (2007) sur 200 entreprises manufacturières au Mexique, entre
1994 et 2006, révèle que l’IDE a eu un impact significativement positif, bien que
quantitativement modeste, sur l’emploi dans le secteur manufacturier mexicain. De même,
Abor et Harvey (2008) affirment que l’IDE exerce un effet positif sur l’emploi au Ghana. Un
résultat similaire est confirmé par l’étude de Jayaraman et Singh (2007), sur les Fidji, entre
1970 et 2003 et par l’étude de Habib et Sarwar (2013), sur le Pakistan, entre 1970 et 2011.
Cependant, l'étude de Rizvi et Nishat (2009), sur trois pays asiatiques (Pakistan, Inde, Chine)
entre 1985 et 2008, a montré qu’il n’y a pas d’incidences de l’IDE sur la création d’emploi.
Seule la variable PIB a un impact significatif sur le niveau d’emploi, ce qui signifie que l'IDE
peut exercer un effet positif sur l’emploi par le biais de la croissance économique. Ces
chercheurs constatent également que cet effet peut varier d’un secteur à l’autre.
Jenkins (2006) montre que les effets indirects de l'IDE sur l’emploi au Viêt Nam, durant les
années 1990, étaient mitigés, voire négatifs. L’auteur justifie ce constat par les liens limités
créés par les investisseurs étrangers avec les opérateurs locaux ainsi que la possibilité de
l’existence d’un effet d’éviction de l’investissement national. Dans le contexte turc, Bayar
(2014) constate que, durant la période 2000-2013, les entrées d'IDE de privatisation et
d’acquisition n’ont pas généré d’emplois significatifs. L’Overseas Development Institute
(ODI 2002) avait signalé qu’il existe peu de preuves systématiques des effets de l’IDE sur
l’emploi dans les pays bénéficiaires.
En résumé, les réflexions sur l’effet net de l’IDE sur l’emploi sont divergentes. Il semble
ainsi, qu’il est difficile d’émettre un jugement définitif. Cependant, il est légitime de se
demander sur ce qui se serait passé en matière sur l’emploi en l’absence des IDE ou en une
présence faible de ceux-ci ? (Chudnovsky et López, 1999).
Cela étant, nous pouvons supposer que l’effet de l'IDE sur l’emploi dans le pays d'accueil est
de nature dynamique et peut se dérouler en deux temps. Un premier temps où l’impact global
de l’IDE sur l’emploi est, à court terme, insignifiant, faible ou parfois négatif à cause des
contraintes de concurrence et de perte de parts de marché qu’imposent les FMN aux
entreprises domestiques. Un deuxième temps où cet impact est, à long-terme, positif sur
l’emploi grâce aux retombées positives de l'IDE sur les entreprises nationales et sur
l’économie d'accueil dans son ensemble.
2. Analyse économétrique
2.1.Méthodologie de la recherche
Pour analyser empiriquement l'effet de l'IDE sur l'emploi au Maroc dans le long-terme, nous
allons utiliser le modèle autorégressif à retards échelonnés (ARDL) développé par Pesaran et
al. (2001). Nous choisissons d'appliquer le modèle ARDL en raison des avantages qu'il
présente. D'une part, l’ARDL est un modèle dynamique qui permet de capter simultanément
la dynamique de long-terme et la relation à court terme qui peuvent exister entre les variables
explicatives et la variable dépendante. D'autre part, contrairement à d'autres modèles
dynamiques, l'ARDL n'exige pas que toutes les séries chronologiques soient intégrées du
même ordre. Les séries peuvent être stationnaires à des ordres d'intégration différents à savoir,
I(0) et I(1).
Pour appliquer l'approche ARDL, il est nécessaire de suivre certaines démarches. Tout
d'abord, nous spécifions le modèle et présentons les variables de l'étude. Ensuite, nous
étudions la stationnarité des séries. Puis, nous examinons l'existence d'une relation de long-
terme (cointégration) entre les variables (Bound test). Par la suite, nous effectuons les tests de
conformité du modèle. Enfin, nous discutons les résultats obtenus.
Dans le même cadre de la théorie keynésienne, une politique monétaire active expansionniste
(accroissement de l'offre de monnaie) peut entrainer une baisse du taux d'intérêt qui, à son
tour, peut conduire à la stimulation de l'investissement privé et partant la croissance
économique et la création d'emplois. L'approche keynésienne de la politique monétaire est
fondée sur l'hypothèse que la monnaie à court terme n'est pas neutre. Pour les Keynésiens, la
politique monétaire est un instrument de politique conjoncturelle ; elle se fixe comme objectif
final l'arbitrage entre inflation et chômage et retient comme objectif intermédiaire le taux
d'intérêt. En période de chômage élevé, une politique monétaire expansionniste avec une
baisse du taux d'intérêt devrait permettre de relancer l'activité économique et l'investissement.
Dans ce cadre, il parait pertinent de retenir dans notre étude les deux variables : dépenses
publiques et masse monétaire.
D'un autre côté, les théories classique et néoclassique suggèrent que l'engagement dans le
commerce international est un facteur qui peut augmenter les richesses du pays et partant
stimuler la croissance économique et la création d'emplois dans l'économie. Ainsi, nous
intégrons également la variable de l'ouverture commerciale dans l'équation de notre modèle.
D'où, la forme fonctionnelle finale de notre modèle, retenu dans cette étude, est la suivante :
∆𝐸𝑀𝑃1 = 𝐶 + ∑ 𝛼1𝑖 ∆𝐸𝑀𝑃𝑡−1 + ∑ 𝛼2𝑖 ∆𝐼𝐷𝐸𝑡−1 + ∑ 𝛼3𝑖 ∆𝑂𝑈𝑉𝑡−1 + ∑ 𝛼4𝑖 ∆𝐷𝐼𝑉𝑡−1 + ∑ 𝛼5𝑖 ∆𝐶𝑀3𝑡−1
𝑖=1 𝑖=0 𝑖=0 𝑖=0 𝑖=0
+ 𝛽1 𝐸𝑀𝑃𝑡−1 + 𝛽2 𝐼𝐷𝐸𝑡−1 + 𝛽3 𝑂𝑈𝑉𝑡−1 + 𝛽4 𝐷𝐼𝑉𝑡−1 + 𝛽5 𝐶𝑀3𝑡−1 + 𝜀𝑡
Avec :
EMP : représente la variable dépendante. Elle est mesurée par le taux d'emploi annuel.
IDE : est la variable explicative cible. Elle représente les entrées annuelles nettes d'IDE en
pourcentage du PIB au Maroc. On s'attend à un effet positif de cette variable sur l’emploi.
OUV : indique le degré d'ouverture commerciale. Elle est mesurée par la somme des
exportations et des importations de biens et services en % du PIB. On s'attend à un effet positif
de cette variable sur l’emploi.
DIV : indique les dépenses publiques d'investissement en millions de dirhams. Elle reflète la
politique budgétaire de l'Etat en matière d'investissement public. Il est attendu un impact positif
de cette variable sur l’emploi.
CM3 : représente la masse monétaire. Elle reflète la politique monétaire poursuivie par les
autorités publiques. Elle est mesurée par la croissance annuelle de M3. Nous sommes indécis
quant à l'effet de cette variable sur l'emploi.
sont disponibles. Nous faisons le choix d'appliquer le test Augmented Dickey-Fuller (ADF) et
le test de Phillips-Perron (PP). Les résultats de ces tests sont apportés dans le tableau ci-après.
ADF PP
En première En première Ordre
Variables En niveau En niveau
différence différence d'intégration
-1.496217 -5.765979*** -1.339460 -7.953218***
EMP I(1)
(0.8076) (0.0007) (0.8572) (0.0000)
-6.367259*** -6.367259***
IDE I(0)
(0.0001) (0.0001)
-0.611521 -6.190480*** -0.611521 -6.190480***
OUV I(1)
(0.8531) (0.0000) (0.8531) (0.0000)
-2.568761 -4.265088** -2.241985 -4.220206**
DIV I(1)
(0.2959) (0.0114) (0.4503) (0.0126)
-2.602587 -4.607419*** -2.689440 -4.583788***
CM3 I(1)
(0.2818) (0.0052) (0.2477) (0.0055)
D'après les résultats (tableau 1), nous constatons que la variable investissement direct étranger
est stationnaire en niveau I(0) tandis que les variables taux d'emploi, ouverture commerciale,
dépenses publiques d'investissement et masse monétaire sont stationnaires à l'ordre de
première différence I(1). Cette conclusion s'avère compatible avec les conditions d'application
de la modélisation ARDL, tel que mentionné par Pesaran et al. (2001).
relation de long terme (H0) et nous acceptons H1 qui indique la présence d'une relation de
long terme entre la variable dépendante et les variables explicatives de l'étude.
Les résultats du tableau (3) montrent que le coefficient de correction d’erreur (CointEq(-1))
est statistiquement significatif (Prob.=0.0026) avec un signe négatif (-0.929174) et il est
compris entre zéro et un, ce qui témoigne de l'existence d'une relation de long terme
(cointégration) entre la variable dépendante (EMP) et les variables explicatives (IDE, OUV,
DIV et CM3). La valeur de ce coefficient exprime la vitesse avec laquelle le modèle s'ajuste
vers l'équilibre à long-terme après un choc. Dans notre cas, le terme de correction est de 92%.
D'après les résultats du tableau n°6, la probabilité obtenue (0.7958) est supérieure au seuil de
significativité de 0,05, ce qui indique qu'il a y absence d'hététroscédasticité.
Value df Probability
t-statistic 0.085800 2 0.9394
F-statistic 0.007362 (1, 2) 0.9394
Le tableau, ci-dessus, montre que la probabilité de F-statistic de Ramsey est supérieure à 5%,
ce qui signifie que les coefficients du modèle sont stables. La spécification de notre modèle
parait donc correcte.
4
1.2
2
0.8
0.4
-2
0.0
-4
-6 -0.4
2017 2018 2019 2017 2018 2019
D'après les résultats des tests de stabilité CUSUM et CUSUMQ, appliqués sur les résidus de
l’équation de notre modèle (figure n°1), nous remarquons que les courbes se situent dans la
zone critique entre les deux droites représentant les bornes de l’intervalle (seuil de
significativité de 5%). Nous rejetons donc l’hypothèse d’un changement structurel dans le
temps et nous constatons que le modèle est stable à long-terme et à court terme au cours de la
période de l'étude.
Pour la variable ouverture commerciale, nos résultats empiriques montrent qu'elle a un effet
positif et significatif, ce qui indique que l'ouverture commerciale est un facteur qui favorise
l'emploi au Maroc. Ce résultat s'aligne avec de nombreuses études empiriques qui soutiennent
que l'ouverture commerciale encourage la création d'emploi dans le pays hôte (Baldwin, 1995
; Dutt et al., 2009 ; Felbermayr et al., 2011 ; Hasan et al., 2012). En effet, l'ouverture
commerciale accrue de l'économie marocaine (adhésion à l'OMC, signature d'un ensemble
d'accords de libre-échange et de plusieurs accords commerciaux préférentiels avec plusieurs
partenaires), durant les dernières années, a contribué à l'accélération des exportations
marocaines et à une entrée importante des IDE en particulier, ceux de réexportation. Ces
facteurs ont pu stimuler la création d'emplois dans de nouveaux secteurs d'activités
notamment, les métiers mondiaux du Maroc (Offshoring, Automobile, Electronique,
Aéronautique, Transformation des produits de la mer, Textile et cuir et Agroalimentaire).
Quant à la variable de croissance de la masse monétaire, les résultats indiquent qu'elle n'a pas
un effet significatif. Cela signifie que la politique monétaire au Maroc ne constitue pas un
facteur important de création d'emplois. Ce résultat peut être expliqué, entre autres, par la
nature de la politique monétaire poursuivie au Maroc et qui a tendance à favoriser la stabilité
monétaire et financière au détriment de la croissance économique et l'emploi. Les autorités
monétaires marocaines se fixent comme objectif ultime le maintien du taux d'inflation à des
niveaux très bas (lutte contre l'inflation). En effet, depuis 2009, le taux d'inflation n'a pas
dépassé le seuil de 2% (Haut-Commissariat au Plan) ce qui n'est pas en mesure de stimuler
l'investissement privé à travers la baisse des taux d'intérêt réels. La théorie keynésienne
préconise l'intervention de l'Etat par une politique monétaire expansionniste conduisant à la
baisse des taux d'intérêt débiteurs en vue de stimuler l'investissement et la consommation et
partant la croissance économique et l'emploi.
À propos de la relation à court terme, les résultats de l'étude manifestent que les variables
explicatives en première différence retardées d'une, deux et trois périodes ont un effet
significatif mais affichent des signes opposés à ceux des mêmes variables explicatives à long-
terme sur l'emploi au Maroc. Nous constatons que les variables explicatives retenues dans
notre étude constituent des facteurs importants qui affectent l'emploi au Maroc mais leur
influence diffère entre le long-terme et le court terme.
Conclusion
Après avoir passé en revue plusieurs études empiriques ayant traité cette question, nous avons
procédé à une étude économétrique par le modèle autorégressif à retards échelonnés (ARDL)
pour examiner l'impact de l'IDE ainsi que celui d'autres variables importantes à savoir,
ouverture commerciale, dépenses publiques d'investissement et masse monétaire sur la
création d'emploi au Maroc.
Les résultats empiriques de notre étude révèlent que, à long-terme, les variables
investissement direct étranger, ouverture commerciale et investissement public affichent un
effet positif et statistiquement significatif sur l'emploi. Ces trois variables constituent des
facteurs importants qui encouragent la création d'emplois au Maroc.
Toutefois, il faut souligner que notre étude comporte certaines limites qui se rapportent
essentiellement à la non-intégration dans le modèle de certaines variables qui affectent
l'emploi au Maroc telles que, le capital humain, l'investissement privé, le développement du
système financier et à l'insuffisance de l'étendue temporelle de l'étude (30 observations) pour
avoir des résultats très robustes.
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