5 année architecture classique — 2010/2011 Enseignante : BOUKHABLA Moufida Cours N°7 La composition urbaine : 1-Définition : La composition urbaine se définit comme étant la partie de ’urbanisme qui s’occupe de la mise en forme de espace urbain ; c’est donc une partie nécessaire dont l’objectif est d'agencer et de donner signification aux formes urbaines. Crest le champ d’action privilégié de Parchiteete urbaniste ou Purban designer qui a pour tiche de comprendre l'agencement des formes urbaines et de les organiser sous forme de compositions urbaines. Le recours a la composition urbaine s’avére, de nos jours et au vu des expériences passée, comme une nécessité (et non une finalité comme c’est le cas pour l’art urbain) et partie de la pratique urbanistique complémentaire des autres dimensions de la discipline sachant que la ville contemporaine a des exigences fonctionnelles, techniques et quantitatives que nul ne peut ignorer. 2- Les lois de la composition urbaine : Les lois de composition urbaine sont des principes ordonnateurs de l’espace urbain qui ont un caractére universel se retrouvant aussi bien dans les réalisations urbaines du monde musulman. que dans celles du monde occidental avec pour seul changement le classement de ces lois. Indispensables & tout ceuvre d'art, ces lois sont des catégories esthétiques supéricures qui apparaissent sous des formes trés différentes, selon les situations. Les lois de composition sont : - Le contr: = Lasymétric et Péquilibre, - La proportion, - L’échelle, - Lamatiére ou le matériau, - Et le caractére. 2-1) Le contraste : La loi du contraste repose sur un principe fondamental et indispensable : pour étre lisibles, les partics d’un méme objet doivent étre différentes les unes des autres et ne pas étre d’égale importance, En architecture, le contraste est partout : - Entre les masses et les vides - Entre les verticales et les horizontales, - Entre les ouvertures et les fermetures, - Entre les types de matériaux, - Entre le minéral et le végétal, - Entre le haut et le bas, = Ente le grand et le petit, - Entre Pouvert et le clos, - Entre le lumineux et le sombre, - Entre le calme et le bruyant, Ainsi, un bon plan d’architecture est celui oft les espaces sot nettement contrastés. Le contraste facilite done la lecture des messages et des formes et permet, ainsi, d’identifier les espaces les uns par rapport aux autres. aUrbanisme 5 année architecture classique — 2010 / 2011 Enseignante : BOUKHABLA Moufida Le contraste n'est pas opposition ; en effet, un contraste trop fort devient opposition et rupture tel le cas des tours ou des projets de grande envergure dans les villes modernes qui s"opposent au reste du tissu du fait dune implantation qui a ignoré totalement environnement morphologique. En plus des ruptures et des discontinuités, "espace moderne est souvent sans contraste du fait de la répétition, a grande échelle, des mémes éléments d’architecture ; l’espace devient alors uniforme et donc illisible et sans signification. 2-2) La symétrie et ’équilibre : La symétrie est lordonnancement des objets, par paires, selon un axe appelé «axe de symétrie » ; c’est une loi qui n'est pas indispensable tel que c’est le cas pour le contrast La symétrie est présente sous diverses formes dans la nature et représente un dispositif géométrique rassurant qui permet d’atteindre, avec la plus grande sureté et facilité, Pobjectif principal de toute composition c'est-i-dire « Punité et la beauté », une beauté géométrique dans ce cas, La symétrie présente un autre avantage fort important dans la composition urbaine a savoir celui de organisation des objets par paires ¢ dire ce qui est disposé d’un coté de I’axe est déja présent, automatiquement, physiquement et mentalement de l'autre coté de cet axe ; c'est done une pratique qui facilite la maitrise de I'aménagement de vastes espaces et territoires tels que c’est le cas pour les grandes réalisations princiéres qui allient vastes jardins et ensembles urbains organisés autour du chateau (exemple du chateau de Versailles Paris). La symétrie devient, alors, un outil de maitrise du terri La symétrie a, ainsi, 'avantage de mettre fortement en valeur des éléments principaux de la composition, placés au milicu de l’axe de symétrie et appelés communément « monuments >». La symétrie n'est pas seulement la loi de composition des grandes réalisations classiques ; c'est, aussi, une technique d’ordonnancement d’espaces urbains banaux tels que : villes coloniales, lotissements, extensions urbaines ; elle est utilisée comme instrument technique facilitant la formalisation des établissements humains et engendrant des tracés urbains et des tracés parcellaires simples. La symétrie est un équilibre particulier ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’équilibre sans symétrie ce qui est beaucoup plus difficile & atteindre La principale précaution a prendre dans la composition des symétrie est d’éviter la dualité qu’engendre le fait de placer, de part et d’autre de I’'axe de symétrie, des constructis mémes axées ; du fait de leur égalité, elles entreraient en concurrence et détruiraient l’effeet de Vraxe de symétrie principal brouillant, ainsi, le message de la composition. 2-3) La proportion : Une euvre proportionnée est une ceuvre dont les éléments qui la composent présentent entre eux des rapports dimensionnels précis donnant, ainsi, a Mauvre une unité parfaite ; c'est, ailleurs, Mobjectif recherché par « la composition ». La justesse des proportions a fait l’objet de plusieurs recherches dont les plus célébres sont : - Les ordres classiques qui représentent le systéme de proportion le plus achevé et le plus répandu. Dans ce cas, le diamétre de la colonne constitue Vunité de base pour le dimensionnement des autres éKments de objet. architectural (hauteurs, entrecolonnements) et contribue directement a la qualification du « style urbain » et des rythmes de l'espace urbain ; - _Lassection d'or et le modulor de LE CORBUSIER, L’existence dun systéme de proportion permet d’éviter - utilisation de dimensions quelconques - Lutilisation de surfaces trop inégales, - La cacophonie que risque d’engendrer une multitude de rapports dimensionnels produits du hasard. —-s-sC elles-Urbanisme 5° année architecture classique ~ 2010/2011 Enseignante : BOUKHABLA Moufida A l’échelle urbaine, les tracés régulateurs, basés sur des rapports dimensionnels précis, aident régler les mesures des espaces publics tels que les places. 2-4) Véchelle : La notion d’échelle, centrale dans les théories de l'architecture, indique l’impression que dégage un objet ou un espace par rapport a son environnement de référence ; Ainsi, dans la notion d’échelle, ce qui importe le plus ce ne sont pas les dimensions réelles de Lespace ou celles de ‘objet architectural mais plutét ses dimensions considérées relativement 4 son environnement. Ainsi, un objet est dit « a l’échelle » quand ses dimensions correspondent a 'environnement de référence : = Quand il est trop grand, on dit qu’il est « hors échelle », - Quand il est trop petit, on dit qu’il n’est pas a I’échelle. 2-5) Le matériau : L’espace urbain, comme lespace architectural, est aussi matiére ; le choix du matériau contribue 4 lui donner son unité ; de plus, chaque matériau correspond un vocabulaire et des familles de formes ; en effet, l'adéquation entre la forme et la matiére accentue I"unité et la force de la composition. Toutefois, choisir le bon matériau, adapté aux fonctions et aux formes des espaces n'est pas suffisant en soi car le matériau ne fait que renforcer les autres attributs de la composition : la proportion, I’échelle, le contraste, l"équilibre, 2-6) Le caractére : Une réalisation urbaine ou architecturale doit pouvoir exprimer sa destination sociale et symbolique, sa raison d’étre, la conception du monde, voire la religion et le modéle politique de la civilisation qui I’a produite et ce grace a l'ensemble de ses qualités ou catégories esthétiques. Toutefois, la domination de la réglementation, de la normalisation et de l’industrialisation du bitiment n’ont pas permis cela 4 en juger par la typification des écoles, hépitaux, ensembles @habitation,....a travers Vensemble du territoire national qui donne ainsi une image architecturale unique faussant alors, l'image du paysage urbain qui perd, ainsi, son identité, 3- Les éléments de composition urbaine : 3-1) Définition : Ce sont des éléments ayant un réle majeur et déterminant dans le choix de composition et ayant une répercussion sur : - Lastructuration de l'espace ; - Sa fonctionnalité ; - Son esthétique. Ils sont a deux (2) niveaux de perception qui sont : - Laville; - Le tissu ; 3-2) Les éléments de composition urbaine au niveau de la vil - L’armature urbain - Lesite naturel et urbain ; - La structure urbaine ; - Ladynamique urbair - Les éléments didentit 3-2-a) L’armature urbaine : a) Définition : Crest ensemble des entités urbaines qui constituent un systéme en raison des liens géographiques, économiques et socioculturels qu’elles entretiennent dans la ville. L’étude de l'armature urbaine permet done de comprendre : —<-Urbanisme 5° année architecture classique ~ 2010/2011 Enseignanti Exemple : BOUKHABLA Moufida Le réle ; Le fonctionnement ; Et les tendances d’évolution de la ville dans le contexte de I’armature urbaine. b) Les éléments 4 rechercher : La taille de la ville (superficie, population...) La vacation de la ville (administrative, touristique, universitaire, Les fonctions dominantes de la ville “poly fonetionnalité, *polarité (pole de développement, pole de rayonnement....) les infrastructures de desserte de la ville ; les modes de transport. La ville constitue un neeud central de communication & Uimérieur du pays et deviemt alors une ville « carrefour » telle que BISKRA. La ville commande une région d haute vocation agricole telle qu'OULED DJELLAL. La ville est le centre administratif, culturel et industriel telle qu'ALGER. 3-2-b) le site naturel et urbain : a) Définition : C'est le cadre ou milieu dans lequel s’inscrit la ville ou le projet. b) Le but recherché a travers cette analy Objectif : de force et la vocation du site ¢ est de repérer les ligne: naturel et du site urbain lesquels donneront un sens inéluctable au projet ©) Les éléments d’analyse (a rechercher) : © Pour le site naturel La nature du site c'est-i générale du site, lation, La topographic générale et les cheminements naturels, L’hydrographie : les plans d’eau, les cours d’eau. Le régime climatique : le vent, la pluviométrie, les températures. © Pour Ie site urba La morphologic du cadre bati c'est-a-dire la forme générale de la ville et son rapport au sol, et au relief. -dire : les paysages, les vues panoramiques, la morphologic Exemple : Site rocheux : choisi pour implantation des villes traditionnelles dans un souci défensif. Site des plateaux : il est caractérisé par une platitude et une grande stabilité. Site des vallées : il est constitué de ber inondables et de marnes. Site des collines : de pentes moyennes, il se caractérise par des versants sujets aux glissements et par deux orientations possibles. Site saharien : il est caractérisé par une forte luminosité, des variations de température. vents de sable, et de fortes 3-2-c) La structure urbaine : a-Définition : Ce concept est compris dans le sens de la charpente ou du squelette de la ville: Il s’agit de répéter les éléments principaux qui donnent sa forme particuliére & une ville et induisent un certain mode de fonctionnement b--Les éléments structurants : On citera Les éléments ponetuels : ce sont : Jes poles : les monuments, le centre urbain principal, le centre urbain secondaire,5° année architecture classique ~ 2010/ 2011 Enseignante : BOUKHABLA Moufida los éléments directionnels et de liaison tels que : les axes, les nocuds. - les masses ~ les trames : la trame parcellaire, la trame viaire, la trame verte, les espaces publics. c- Les éléments a rechercher (au plan pratique) : * identifier | des différentes trames la trame viaire, s élément latrame bitie, la trame parcellaire, La trame des équipements, la trame des espaces verts, La trame des noeuds et des axes. * recherche l'ordre de la clas ification de leurs éléments spatiale qui devrait traduire leur mode de hiérarchisation. * rechercher la relation qui existe entre elles, le mode de superposition articulation des différentes trames entre elles pour déterminer la logique de composition d’ensemble. d- Lrobjectif : Le but premier est de tenter d’enrichir le programme ou les principes formels dune opération par la prise en compte des améliorations qu’il peut apporter au fonctionnement de la ville et des effets du projet sur son environnement urbain (articulation, intégration,....) Par exemple, dans le cadre de I’élaboration d’un P.O.S (Plan d’Occupation des Sols), on peut chercher soit 4 sauvegarder la structure existante et la continuer si elle est intéressante, soit la transformer pour la rendre plus adaptée 4 une bonne organisation urbaine si elle ne répond pas aux besoins du moment oit 4 ceux projetés. 3-2-d) La dynamique urbaine : a- Définition : Elle consiste en l'étude des différents éléments qui font état de la perception du « mouvement » évolution de la ville & travers ses mutations, ses transformations et ses extensions. b- Objectif : tude de la dynamique urbs ville ainsi que ses tendan dire ~ Mutation/stabilité - Désaffection/pression urbaine, - _ Dévalorisation’/spéculation, - Marginalisation/insertion, - Spécialisation/diversification des fonctions. c- Les éléments analyse : Les données sont d'ordre économique, social et spatial - Les données économiques : ce sont les données relatives aux systémes économiques (moyens de production et de distribution) présents dans la ville et leur développement, - Les données sociales : ce sont les rapports sociaux et les régimes d’appropriation des moyens de production et de consommation (formes, bat...) - Les données spatiales: elles sont relatives au mode d’organisation (regroupement, concentration, diffusion, décentralisation) saisi a travers I’évolution des espaces centraux et périphériques et de leur support infrastructurel. d- Les éléments a rechercher : (au plan pratique) : Pour l’analyse du processus logique de croissance, les éléments suivants sont & rechercher : - La périodicité et la continuité de la croissance, ~ Les facteurs économiques et sociaux, a lorigine de cette croissance, = Le mode de « réponse spatiale » au bes I respectifs et leur disp: ne permet de comprendre le sens historique de I’évolution de la ou conditions sociales et spatiales de son développement in de croissance : densification, extension.,Urbanisme 5 année architecture classique ~ 2010 / 2011 ne de composition urbaine adoptée: marque spatiale d'un urbanisme >. N.B: ces éléments sont a rechercher & la fois pour la ville existante et pour le projet d’extension, 3-2-e) Les éléments d’identi a) Définition Toute ville a des caractéristiques propres qui révélent la nature des liens entre « le lieu et l'homme », « son origine et son histoire ». Ce sont des éléments de repére, de référence, qui induit un fonctionnement, autant d’éléments nécessaires 4 orientation du projet. Ces éléments sont de nature v: b) Objectif isir ces éléments de référence de la ville ou de repére permet de valider certaines valeurs architecturales attribuées au projet, - Son intégration socioculturelle dans la ville, ©) Eléments d’analyse : ~ Nature du lieu et origine, = Signification historique et sociale: valeur symbolique pour la ville: fortification, Edifices, d) Eléments & rechercher : - Etude historique de la ville, = Observation et interpretation des valeurs véhiculées par les édifices et les constructioi - Identification des typologies spécifiques reproduites & travers les ‘ges. B : on peut ainsi avoir plusieurs options possibles - utiliser le projet pour créer un nouvel élément de repére, choisir un site stratégique pour mettre en évidence un paysage urbain, Choisir une architecture rappelant les traditions de la ville, Intégrer ou contraster I’élément avec environnement, Orienter l'usager, ~ Rappeler origine ou la nature du lieu en utilisant des matériaux spéciaux (mosaique, fresque, os) 4- Identification et évaluation des tissus : a- Définition : Elle se fait par = Ladglimitation du tissu, composante de la ville & travers ses différents caractér - L’évaluation du niveau de « performance » (qualité) dans sa fonctionnalité d’ensemble : fonctions urbaines, paysage urbain,... b- Objectif : Le but est : + De dégager les principaux éléments constitutifs ayant concouru 4 sa composition urbaine, - D’apprécier cette composition en rapport avec la cohérence de fonctionnement général du tissu par la mesure des accessibilités aux différentes fonctions et leur compatibilité spatiale. c- Eléments danalyse : les éléments d’identification : - élément « historique » : origine et motif de création du tissu, - ékgment « programmatique»: les densités, les fonctions assumées, le profil sociologique, - l'ément « formel»: les trames parcellaire, viaire, batie, des espaces publics, des Equipements, de l'espace végétal *Jes éléments de fonctionnalité >? —"_—_—-— iée : un lie un matériat , un type architectural, un monument,Urbanisme 5 année architecture classique ~ 2010/2011 Enseignante: - la typologie des flux mécanique et piéton, - niveau de prestation des différentes fonctions (confort, rapidité, sécurité, hygiéne) ;OUKHABLA Moufida d- éléments A rechercher : La conception dun projet doit rechercher sa cohérence interne ainsi que son articulation avec le tissu environnant (rapport & l’enveloppe) ceci nécessite ’identification des tissus existants et de leurs é éments de performance ainsi que la recherche de leur prolongement dans le projet. L’ément & rechercher est la fonetionnalité urbaine : elle sera appréhendée par : L’ organisation des flux ; nature et mode de fonctionnement, L’organisation des fonctions urbaines : nature et attractivité, Les qualités environnementales : confort, sécurité, hygiéne, tranquillité, La relation «tissus urbains et comportements sociaux»: recherche du mode appropriation de l’espace, Le paysage urbain: recherche de I’insertion dans le site, les types et les variétés du paysage urbain, les ambiances, Les techniques et l’architecture ; recherche de la flexibilité du type, c’est-d-dire le degré de variation du type des modes de composition, du degré d’adaptation a un espace complexe, du degré d’adaptation au sol