Article Radio Brazza Après CL

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C'était le 18 juin 1943 : l'émetteur de Radio-Brazzaville au Congo

inauguré par le Général De Gaulle en ces mots:


« Radio-Brazzaville » fut, pendant trois années, la voix libre, mais, hélas ! La faible voix de ces
morceaux de l’Empire qui, dans l’écroulement du désastre, avaient aussitôt choisi l’honneur, c’est-
à-dire sauvé la grandeur. Que de Français, que de Françaises ont, depuis lors, passionnément
cherché à capter les ondes lointaines qui leur apportaient par bribes les paroles de liberté et les
nouvelles de vérité lancées par Radio-Brazzaville. Or, voici que la voix libre de Brazzaville devient
soudain plus forte et plus claire. Dans la capitale, désormais légendaire, de notre Afrique
Équatoriale, où n’a jamais flotté qu’un seul drapeau, la France qui combat va se faire entendre
sans entraves, mais non sans mesure, beaucoup mieux et beaucoup plus loin,»

Radio-Brazzaville émettait déjà depuis le 2 novembre 1940 (et même avant sous le nom de Radio-
Club). Elle diffuse la voix de la résistance sur 11 970 kHz avec une puissance de 5 kW. Pour notre
pays, le but est de contrecarrer Radio-Dakar au Sénégal diffusant sur 9 390 kHz la propagande
vichyste. C'est en la personne de Pierre Bernard, alors officier de liaison auprès de l'armée
britannique, accompagné par les frères Desjardins, que le projet d'une station de radio émettant
depuis Brazzaville, représentant la France libre, et sans le contrôle de la Grande-Bretagne, se met en
place.
Après un début laborieux chargé de communiqués des gouverneurs des Congo belge et français, et
de messages à destination des sénégalais, les programmes vont devenir plus nombreux après un
mois de mise en service. Des émissions en anglais débutent dès février 1941, puis notamment des
informations en français pour le Canada, apparaissent en juin de la même année. C'est un total de
six langues qui sont présentées à l'antenne grâce aux volontaires étrangers.
D'abord composée de bulletins d'informations, la station se dote de concerts de musique classique,
de la variété française et américaine, entre autres, diffusées grâce à l'enrichissement de la
discothèque de plus de 6000 disques.

Pierre Bernard raconte dans L'Espoir de mars 1986 :


« Desjardins avait un plan qui consistait à augmenter la puissance des stations existantes pour
couvrir d'abord l'A.E.F. et les pays limitrophes à partir du poste local pour en faire finalement une
station internationale. L'homme qui dirigeait le Radio- Club, M. Boileau, qui avait déjà un certain
âge, nous a considérablement facilité la tâche et nous avons installé quatre émetteurs dans un local
minuscule, couvert de chaume, et dont les portes restaient ouvertes : c'était le seul moyen
d'aération qui permettait aussi à nos auditeurs d'entendre chanter les coqs ou coasser les crapauds
selon l'heure. »

A la fin de l'année 41, Radio-Brazzaville peut se targuer d'émettre sur quatre bandes (24, 25, 30 et
36 mètres), et est appuyée par Radio Cameroun et Radio Accra (Ghana) pour faire barrage à Radio-
Dakar. Radio-Brazzaville est appréciée notamment pour la justesse et la rapidité de ses
informations. Cependant la puissance limitée de l'émetteur est très pénalisante. En effet, Vichy
brouille la station sans difficulté et les américains de NBC doivent installer une antenne directive
afin de recevoir la station congolaise.

Avec l'entrée en guerre des États-Unis en décembre 1941, la station congolaise va recevoir une aide
substantielle pour son développement. La fourniture d'un nouvel émetteur était prévue depuis le
début du projet, mais la faiblesse économique de la France Libre, ainsi que la réticence des
américains à envoyer le matériel par bateau (les routes commerciales sont alors très peu sûres), vont
retarder la livraison de l'équipement.

C'est en 1942, après d'intenses négociations menées par Desjardins, que l'Office of War Information
va fournir aux français un émetteur RCA de 50 kW, très flexible sur les changements de fréquences.
Paul Brown et Henry O'Neill travaillant respectivement pour RCA et pour l'Office of War
Information, sont chargés de l'installation du nouveau matériel. Ils sont épaulés par les techniciens
de Radio Canada. Le nouveau bâtiment, prêt bien avant l'installation de l'émetteur, surplombe le
fleuve Congo et regroupe désormais tous les services à la même adresse.

Radio-Brazzaville devient ainsi la station phare de la diffusion des Alliés, vers l'Afrique, l'Europe
mais aussi l'Inde. A l'aube du débarquement en Normandie, la station diffuse dix-huit heures sur
vingt-quatre. Le Congo Belge (actuelle République Démocratique du Congo) ne sera pas en reste
car les États-Unis fournissent le même matériel à Léopoldville (actuelle Kinshasa) la même année.
Les allemands ne se laisseront pas décourager et brouilleront la station à partir de 1942 en lançant
une station leurre, nommée elle Radio-Brazzaville II, mais produite aux Champs Élysées et diffusée
par l'émetteur d'Allouis.

A la fin de la seconde guerre mondiale, le Comité de la Libération National remet la gestion du


centre émetteur de Brazzaville à la RDF. Durant l'année 1950 la station est renommée « Le Poste
National », puis à partir de 1958, les émissions sont réorientées de façon à couvrir essentiellement
l'Afrique.

L'indépendance du Congo-Brazzaville est déclarée le 15 août 1960, et malgré une convention


signée permettant à la France de jouir des émetteurs jusqu'en 1980, les réductions budgétaires au
sein de l'ORTF dans les années qui suivirent forcent la France à s'en détourner le 1er février 1966.
L'émetteur est finalement cédé au Congo-Brazzaville le 22 septembre 1972.

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