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ROELENS, M. Jacques Le Fataliste Et La Critique Contemporaine. Le Texte Et Le Sens
ROELENS, M. Jacques Le Fataliste Et La Critique Contemporaine. Le Texte Et Le Sens
Abstract
12. Maurice Roelens : Jacques le Fataliste and contemporary criticism :
the text and its meaning.
Starting out from an analysis of various " readings " of Jacques le Fataliste put forward in the last twenty years, M. R.
shows that contemporary criticism is obsessed by the idea of a unifying principle, present in the work in spite of its
rhapsodic appearance. This tradition was shaken for the first time by R. Mauzi in 1964. But M. R. goes much further in his
doubts concerning methodology. He follows R. Barthes in questioning the very notion of text, " defined as a structured
totality and substitutes for it that of a terrain on which " signifiant " and " signifié " do battle. Following S. Lecointre and J.
Le Galliot, he believes that one should concern oneself less with the meaning than with the conditions in which the
meaning is formulated : " It is no longer a question of going from the surface of a work towards a kernel hidden away
inside, towards the heart of thought and meaning revealing themselves (by concealing themselves) within it, but rather,
beginning with the text itself, of defining the conditions in which a specific production of meaning is possible, conditions
which are always complex, often frought with conflicts and contradictions, constantly overdetermined, wich govern the
game of writing and the production of the text and which are opposed to all readings which work by reduction M. R.
wonders whether the " fundamental key contradiction " is not to be found at the very heart of Diderot's materialism and his
conception of the whole which is finalistic and deistic, in spite of himself.
Roelens Maurice. 12. «Jacques le Fataliste» et la critique contemporaine. Le texte et le sens. In: Dix-huitième Siècle,
n°5, 1973. Problèmes actuels de la recherche. pp. 119-137;
doi : https://doi.org/10.3406/dhs.1973.1035
https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1973_num_5_1_1035
« JACQUES LE FATALISTE »
ET LA CRITIQUE CONTEMPORAINE
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« JACQUES LE FATALISTE » ET LA CRITIQUE 121
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124 MAURICE ROELENS
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128 MAURICE ROELENS
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doivent être tenus pour les plus calculés et les plus voulus » (J. Fabre,
Problèmes... p. 488) et l'organisation de l'œuvre « rigoureuse »
sinon « cartésienne » (J. Proust, p. 319). Probablement, est-ce ce
que suggère J. Varloot (p. 636) en écrivant au terme de son étude
des manuscrits de Jacques :
Plutôt qu'un romancier, Diderot nous semble encore un conteur
(c'est le mot du Père Meister) d'une vieille lignée, narrant un multiple
proverbe.
2.
1. Voir
R. Barthes,
ci-dessus,
Sade,
p. Loyola,
121-122.Fourier, éd. du Seuil, 1972, p. 143.
« JACQUES LE FATALISTE » ET LA CRITIQUE 129
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4.
5.
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l'impossibilité, dans la perspective d'un déterminisme matéria¬
liste et athée, d'en respecter les exigences et les usages. D'où
la critique et la subversion de la forme romanesque, d'où aussi
ces tentatives diverses de figurer de façon romanesque ce déter¬
minisme : sous la forme mythique et théologique du « grand
rouleau »; sous la forme caricaturale 1 d'un déterminisme linéaire
que symbolisent l'image des chaînons de la gourmette et le récit
des amours de Jacques et de Denise; sous la forme enfin de recons¬
tructions a posteriori et toujours hypothétiques des causes et des
raisons du comportement des personnages (Mme de la Pommeraye,
l'abbé Hudson, Gousse, etc.) dans les discussions entre person¬
nages ou entre le narrateur et le lecteur. Il serait curieux de suivre,
aussi bien dans la genèse de l'œuvre que dans la distribution syn-
tagmatique du texte, le sort de chacune de ces figures du déter¬
minisme : on y lirait sans doute la substitution progressive et
insidieuse aux images mythiques du fatalisme de la forme inter¬
prétative du déterminisme.
d) Car, on peut se demander si la contradiction fondamentale
et motrice n'est pas, en ce domaine, au cœur même du matéria-
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J. Kristeva,
des efforts
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cité,
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desnous
174.
recherches
nous sommes
de P. Macherey,
souvent implicitement
L. Althusser, référés.
M. Fou¬
« JACQUES LE FATALISTE » ET LA CRITIQUE 137
BIBLIOGRAPHIE