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Une Sur-Réalité L'image, Moyen de La Création Chez Paul Eluard (Transcendance Et Prolificité)
Une Sur-Réalité L'image, Moyen de La Création Chez Paul Eluard (Transcendance Et Prolificité)
ΑΘΑΝΑΣΙΑ ΤΣΑΤΣΑΚΟΥ
ΔΙΔΑΚΤΟΡΙΚΗ ΔΙΑΤΡΙΒΗ
ΠΟΥ ΥΠΟΒΛΗΘΗΚΕ ΣΤΟ ΤΜΗΜΑ ΓΑΛΛΙΚΗΣ ΓΛΩΣΣΑΣ & ΦΙΛΟΛΟΓΙΑΣ
ΤΗΣ ΦΙΛΟΣΟΦΙΚΗΣ ΣΧΟΛΗΣ
ΤΟΥ ΑΡΙΣΤΟΤΕΛΕΙΟΥ ΠΑΝΕΠΙΣΤΗΜΙΟΥ ΘΕΣΣΑΛΟΝΙΚΗΣ
ΘΕΣΣΑΛΟΝΙΚΗ 1990
ΑΡΙΣΤΟΤΕΛΕΙΟ ΠΑΝΕΠΙΣΤΗΜΙΟ ΘΕΣΣΑΛΟΝΙΚΗΣ
ΕΠΙΣΤΗΜΟΝΙΚΗ ΕΠΕΤΗΡΙΔΑ ΤΟΥ ΤΜΗΜΑΤΟΣ
ΓΑΛΛΙΚΗΣ ΓΛΩΣΣΑΣ & ΦΙΛΟΛΟΓΙΑΣ
Τ Η Σ ΦΙΛΟΣΟΦΙΚΗΣ ΣΧΟΛΗΣ
ΠΑΡΑΡΤΗΜΑ ΑΡΙΘΜ. 1 ΤΟΥ Α' ΤΟΜΟΥ
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TZ'Ì '•> .η ι η
ΑΘΑΝΑΣΙΑ ΤΣΑΤΣΑΚΟΥ
AIAAKTOPIKH AIATPIBH
ΠΟΥ ΥΠΟΒΛΗΘΗΚΕ ΣΤΟ ΤΜΗΜΑ ΓΑΛΛΙΚΗΣ ΓΛΩΣΣΑΣ & ΦΙΛΟΛΟΓΙΑΣ
ΤΗΣ ΦΙΛΟΣΟΦΙΚΗΣ ΣΧΟΛΗΣ
ΤΟΥ ΑΡΙΣΤΟΤΕΛΕΙΟΥ ΠΑΝΕΠΙΣΤΗΜΙΟΥ ΘΕΣΣΑΛΟΝΙΚΗΣ
ΘΕΣΣΑΛΟΝΙΚΗ 1990
ΕΞΕΤΑΣΤΙΚΗ ΕΠΙΤΡΟΠΗ
Στη μνήμη
της μητέρας μου
ν
Λ
Θεωρώ υποχρέωση μου να 'εκφράσω τη βαθιά ευγνωμοσύνη μου στην
Καθηγήτρια κυρία Ζωή Σαμαρά για τις πολύτιμες συμβουλές της και
την ποιότητα της επιστημονικής και ανθρώπινης συνεργασίας μας,που
με βοήθησαν να μετατρέψω την ένταση σε πρωτοβουλία.
15. V. p p . 208-209.
16. L'Eau et les Rêves, Paris, Corti, 1942, p. 64.
17. P. ix.
18. Ibid, p. 271.
19. Ibid, p. xvi. G. Poulet se cite dans sa préface.
20. Dans sa préface äu livre de Therrien, G. Poulet a signalé
la faculté de Bachelard "de pénétrer les oeuvres par une lecture
identifiante" (p. xiii).
9
< · · 21
de chaque écrivain .
S. Hêlein - Kpss traite Bachelard de théoricien de 1'
imagination plutôt que de théoricien de la littérature et lui
reproche de ne retenir que l'axe sensualiste de la poésie, en dis-
sociant l'image de la prosodie et en la détachant du contexte
22
global . Le reproche nous semble aussi arbitraire que le fait
de séparer l'imagination de la littérature au lieu de considérer
celle-là comme la condition première sinon l'essence même de cel-
51. "La critique des hommes et de leurs oeuvres doit donc d'
abord considérer toutes les conditions de personne, de chose, de
lieu, de moyens, de motifs, de manière et de temps. Elle jugera
ainsi dans quelle mesure un homme a été mû par les circonstances
et dans quelle mesure ces circonstances l'ont élevé ou abaissé"
(II, 933). Nous soulignons.
52. V. Therrien, p. 353.
53. Op. oit. , p. 303.
54. "La Métaphore chez Paul Eluard", Europe, 525(1973),p.227.
55. V. G. Bachelard, La Poétique de l'Espace, p. 137.
17
de cette étude.
Les termes "moyen", "transcendance" et "prolificitë" vont
maintenant retenir notre attention.
Le coeur est une image
Le coeur est un moyen
(1,68).
56. Bachelard dit que les images ne sont pas des moyens "subal-
ternes d'expression" mais des "événements subits de la vie" (La
Poétique de l'Espace, p. 58). Et Jean Roudaut affirme indirec-
tement la primauté de la création en faisant de 1' expression
son "équivalent". "Pour que l'expression soit un équivalent de
la création, il faut qu'elle restitue le monde vivant dans son
incertitude..." ("En regardant en écoutant", Magazine Littéraire,
n° 179 [décembre 1981], p. 15).
18
57
ter figée à celui de la description . Elle sera donc conside-
ree ici comme un levier poétique plutôt que comme un produit de
l'imagination de Paul Eluard. C'est parole degré de sa nouveau-
té que sera mesurée la créativité de celui-ci, que sera évaluée
sa "poésie" au sens étymologique du mot.
Prenons maintenant le mot "transcendance" en rapport avec
le mot "image" employé au singulier. Il signale notre volonté de
"transcender" dans la mesure du possible, toutes les images pour
donner une image de toutes les images. Cette volonté est sou-
tenue par la sensibilité de Paul Eluard à cette "chose toujours
59 »
semblable" qui, indépendamment des'divers états d'esprit" d'
un poète (ou d'un artiste), manifeste sa personnalité.
Encouragée de la sorte, nous risquerons l'immodestie de cher-
cher dans l'oeuvre ëluardienne cette image-germe, elle-même "puis-
sance de création, qui se multipliera par de nombreuses meta -
ν „60
phores"
L·' IMAGERIE
27
A. UNE POÉSIE IMAGISTE
25. "Δε θέλω τίποτε άλλο παρά να μιλήσω απλά, να μου δοθε£
ετούτη η χάρη" ("Ενας Γέροντας στην Ακροποταμιά", Ποιήματα, Athè-
nes, Ίκαρος, 1967, ρ. 295). Nous traduisons: "Je ne veux rien d' ι
autre que parler simplement, que cette grâce me soit accordée".
26. Poésie ininterrompue" et la Poétique de Paul Eluard, The
Hague - Paris, Mouton, 1971, p. 174.
37
une muette dont les yeux disaient 'je t'aime' dans toutes les
45. "Les mots gagnent. On ne voit ce qu'on veut que les yeux
fermés, tout est exprimable à haute voix" (1,938).
46. "H μονάδα στην ποίηση είναι η λέΕη, η μονάδα στην πρόζα
είναι, η φράση, είναι, ο παράγραφος, είναι η σελίδα που γυρίζουμε
σιωπηλά (Δ.οκιμές Ι 5 ΡΡ· 254-255). Nous traduisons :: "L'unité en
poésie c'est le mot, l'unité en prose, c'est la phrase, c'est le
paragraphe, c'est la page que nous tournons silencieusement".
47. Ibid.,p. 139.
44
"chargés de cristaux"
Chez Eluard l'image est première. Au moment où elle émerge
de l'inconscient collectif et juste avant de passer en deçà des
"Colonnes d'Hercule de la conscience" du poète, "pêchëe" par 1"
49
écriture souvent automatique , elle engendre des mots-images,
des mots nouveaux, réciproques, vierges de tout usage antérieur
et portant en héritage toute la force créatrice de leur image-
mere
48. "Οι λέξεις είναι, χα καράβια του [του ποιητή] , κάνουν πολύ
μάκρυνα ταξίδια και γυρίζουν, όταν είναι τυχερός, φορτωμένα με
πλούσια κρύσταλλα, που εκεί κάτου, πέρα από τις Ηράκλειες στήλες
της συνείδησης του, μια ζωή παλιά, μυστική σχημάτισε σαν ένα υπο-
χθόνιο νερό (ibid., pp. 189-190). Nous traduisons: "Les mots sont
ses bateaux [du poète] . Ils font des voyages très lointains et
retournent, s'ils ont de la chance, chargés de riches cristaux
que, là-bas, au-delà des Colonnes d'Hercule de sa conscience,une
/ vie ancienne, secrète, a formés comme une eau souterraine".
49. Cf. la phrase suivante de J.-C. Gateau: "C'est assez dire
que, pour Eluard, l'écriture automatique n'est pas une fin en soi,
mais un moyen d'aller â la pêohe, de récolter du matériau verbal
qui sera ensuite mis en oeuvre par la pensée lucide" ("La pro-
duction du texte ëluardien", Cahiers du centre des recherches sur
le surréalisme I, 1979, Lausanne, l'Age d'Homme, p. 41). Nous sou-
lignons. Et celle de M. Carrouges: "Les mots coulent de source.
Avant d'être saisis par la conscience, ils viennent à sa rencon-
tre de leur propre mouvement" (André Breton et les données fonda-
mentales du surréalisme, Paris, Gallimard, 1950, p. 146). Nous sou-
lignons.
50. Michel Leiris, dans son article intitulé "Art et Poésie
dans la pensée de Paul Eluard" exprime un point de vue proche de
celui de Sëfëris et tient que la poésie d'Eluard restitue "aux
mots de tous les jours [...] le pouvoir émotif que l'usure leur
fait perdre" (Europe [juillet-août 1953] , p. 55).
45
Séfëris dans Μυθιστόρημα incite ses lecteurs à se dresser"un
peu plus haut" afin de voir une nature et un passé historique bien-
tôt triomphants:
Λίγο ακόμα
θα ιδούμε τις αμυγδαλιές ν'ανθίζουν .
τα μάρμαρα να λάμπουν στον iV\to
τη θάλασσα να κυματίζει..
λίγο ακόμα,
51
να σηκωθούμε λίγο ψηλότερα
Il s'agit d'un redressement aussi bien naturel que moral qui per
mettra l'accès à un panorama d'images extérieures et éternelles.
Eluard dans Poésie ininterrompue conseille aussi à ses lec -
teurs:
Et plus bass
Encore un peu
Nous dresser un peu plus haut.
52. Nous soulignons.
46
Eluard est imagiste même devant l'absence des images, cette ab-
sence étant une image négative du monde. La vue doit s'attarder
à cette image négative puis, degré par degré, créer un monde nou-
veau au moyen
De l'image reconquise
(11,42).
dienne nous essaierons d'en préciser l'ordre par une référence aux
Pensées de Pascal.
veut montrer "que les preuves de l'Ecriture sont d'un autre ordre
de idée des trois ordres qui sont incommensurables l'un à 1' au-
55
tre" . Ces ordres sont l'ordre des corps représenté par David,
est "infiniment plus élevé" que les autres selon Pascal. "La
corps, ceux qui vivent en poètes, les amoureux, les héros, les
:,.;, ö ;.."' L'on m'aimera car j'aime par dessus tout ordre
**-*"'"*'. (11,27)
se poser.
Cependant, pour que les images matérielles deviennent ce
que Bachelard appelle des "images complètes", elles doivent être
"complètement dynamisées" 9 . Il s'agit d'une procédure intérieure
où l'imagination, après avoir rêvé passivement "devant un large
panorama, elle en détache [...] un site secret où elle assemble
des images plus humaines". En passant de l'immobilité au mouve-
ment intérieur, de la vue au "désir", elle dynamise les images
80
et transforme "les visions" en "visées"
est une rêverie non pas des formes mais de la matière qui est,de
113
son côté, "l'inconscient de la forme" .
Mais la matière, pour être digne que la rêverie s'y attarde,
doit être valorisée dans deux sens, celui de "l'approfondissement"
109. P. 119.
110. "The image cannot be apprehended conceptually because it
would vanish in the attempt [...] It can be grasped only through
a shared wonderment between poet and reader which recognizes the
image's 'quality of inter-subjectivity'. Just as concepts are
means of rational communication, so the images can be means by
which reveries are communicated" (op. ait., p. 121).
111. Γ. Μοΰρέλος, θέματα At-σθητ unti ς και- Φι,λοσοφίας τηε Téxvnss
Athènes, Νεφέλη, 1985, p. 24Β.
112. V. La Terre et les Rêveries de la Volonté, p. 3.
113. L'Eau et les Rêves, p. 70.
65
gui la rend "insondable" et mystérieuse, celui de "l'essor" qui
la rend "inépuisable" et miraculeuse. Si elle obéit à ces deux
critères—et non pas à, celui du degré d'arbitraire, propose par
Breton-- elle peut offrir des images pluridimensionnelles, ëdu-
114
quer, selon le mot de Bachelard, "une imagination ouverte"
L'auteur de L'Eau et les Rêves nous conseille aussi de nous
arrêter au dynamisme d'une "matière qui foisonne". "On ne re-
garde, dit-il, avec une passion esthétique que les paysages qu'
on a d'abord vus en rêve. Et c'est avec raison que Tieck a re-
connu dans le rêve humain le préambule de la beauté naturelle. L '
unité d'un paysage s'offre comme l'accomplissement d'un rêve sou-
Le
vent rêvé C· ··J·
paysage onirique n'est pas un cadre qui se
115
remplit d'impressions, c'est une matière qui foisonne"
Alain de Lattre, dans lepassage qui porte en épigraphe 1' ap-
pellation bretonne Kerleven de son essai L'Ordre des Choses, a
le même sentiment: "Il est des paysages qui nous conviennent par-
ce qu'ils sont tout pressentis déjà, et notre accueil à ce qu'
ils offrent, devient une façon d'aller vers eux comme au devant
de soi" 116 .
Si bien rêver signifie, comme on l'a vu, rêver la matière
en tant qu'"inconscient de la forme", nous comprenons aussi pour-
quoi bien lire
signifie lire les images en tant que "structure
cachée et comme 'subconsciente' de l'oeuvre" 117 . M. Mansuy tient
par exemple que la préférence de Bachelard pour le 4 (nombre de
2. Thématisation et Application
Dans le premier vers l'amour c'est le feu qui fait fondre les
collines, qui transforme la terre en eau. Dans le deuxième vers
vient s'ajouter l'élément de l'air (vent). Les collines,devenues
fluides, redeviennent le feu qui n'est pas vaincu par la fonte
de la neige mais qui, animé par le vent, pousse celle-ci vers
les cimes pour la consumer.
Dans le même recueil par un procédé surréaliste bien connu
le numéral "quatre" détermine le mot "souffles" mais il est auto^
matiquement attribué ä "éléments":
Dans le poème "Le Feu", l'air, la terre, l'eau pâlissent par leur
présence égale dans la nature, tandis que le feu y est plus puis-
sant parce qu'il est absent et par là même désiré par 1' homme:
1 ~λ fì
Le feu qu'il faut aimer comme on s'aime soi-même
135. Paul Eluard, Anthologie des écrits sur l'Art, Paris, Cer-
cle d'Art (Diagonales), 1987, p. 324.
136. La Psychanalyse du Feu, p. 23.
137. Cf. Α. Τσατσάκου-Παπαδοτιούλου, "Γκυγιώμ Απολλιναίρ: Προς
το φλογερό Λόγο", Το Δέντρο, η= 22 (été 1981), ρ. 393.
138. Guillaume Apollinaire, Poèmes, Paris, Gallimard, 19 56,
p. 116.
139. Op. cit., p. 34.
140. "Le feu est né fidèle. Contre l'amour et toute durée
humaine, les éléments éternels se liguent: les vents, les vagues
défont les serments. Et pour la terre, mourir est toujours de sai-
.son. Mais depuis Orphée, le feu sauvage se couche aux pieds de
ceux qui s'aiment"("Eluard et le feu", Cahiers du Sud, no 381 [fé-
vrier 1964] , p. 89).
74
mue. Le feu, c'est La présence d'esprit. C'est aussi l'amour. C
est le pouvoir que l'homme tire de soi, de pénétrer les ténèbres,
d'illuminer le monde, d'unifier le réel. C'est le principe mâle
qui saisit la nature. C'est le Verbe, qui la porte à la con-
science. Je suis le feu"1 41. Toute l'humanité, créatrice de son
destin, se trouve concentrée dans cet élément. Par le feu la vie
est vivante comme l'image est imaginante et comme la nature est
"naturante".
animé d'un feu intérieur et mystique, puis enlever son masque et,
sinée sur le tapis, comme dans une m e r . Bien que devant unean-
(1,441).
1 59
Cette étoile peut être une frontière m a i s , matérialisant 1'
1 fiO
ouverture , elle invite à son propre dépassement. La femme chez
une image-limite.
(1,465).
158. "Ο Ελυάρ τώρα π ι α δε μας θυμίζει απλώς ό,τι καλό υπάρχει
μέσα μας, δημιουργεί δημιουργούς"(op. oit., ρ. 8 7 ) . N o u s tradui
sons: "Eluard n'évoque plus simplement en nous tout ce que nous
avons de b o n , il crée des créateurs".
159. 14. Dumas et L. Scheler notent: "Sur l'exemplaire d e N u s c h ,
cette correction manuscrite de l'auteur: une étoile frontière"(1,1462),
160. Cf. D. Bergez, Eluard ou le rayonnement de l'etre,Champ
Vallon, 1982, p . 7 9 .
81
Dans le premier exemple, la .caresse de l'homme est le feu créateur
qui "allume" la femme et qui la sublime en faisant d'elle une fem-
me-étoile. Dans le deuxième, la femme aux caractéristiques stel-
laires garde les propriétés du feu originel et s'embrase, elle-
même, avant de s'offrir aux autres.
L'étoile êluardienne en tant qu'image-limite du feu s'iden-
tifie à la rêverie parce qu'elle en concrétise l'ouverture tandis
que, de son côté, "la rêverie travaille en étoile. Elle revient
161
à son centre pour lancer de nouveaux rayons" :
Ce que j'aime dans ton visage c'est l'arrivée
D'une lampe ardente en plein jour
(1,439).
des sens et l'union des sexes" mais qui invite en plus à la con-
templation comme à la consumation, à la vie comme à la mort.
Nous insisterons sur l'image initiale et sur l'image finale
qui semblent se répondre:
Je suis devant ce paysage féminin
Comme un enfant devant le feu
geste à venir.
Et je caressais ce feu
Feu de terre et de terreur
Contre les terreurs de la Nuit
(1,1264).
175. P. 176.
176. Cf. ibid. , p. 174.
177. Cf. ibid., p. 175.
88
Seul le feu pousse bien dans la terre des maîtres
(1,877).
dit Eluard dans Une leçon de morale tandis que dans défense de
savoir—l'allusion biblique est évidente dans ce titre—il donne
à voir le rapport du feu vainqueur au "serpent qui se dresse"
ainsi qu'au "sperme des premiers jours" de l'humanité. C'est une
variation du complexe de Promëthée:
donnent vite leur place â celles du feu éclairant. Alors une morale
Inconstante conjugëe
Captive infidèle et folle
Animée d'un seul baiser
Le reproduisant partout
Sous les yeux les plus profonds
Le sourire d'un baiser.
(1,1198).
La femme ëluardienne, pour être "femme en tous points", doit ap-
paraître active et passive, ignée et aquatique, femme-flamme au
baiser-brasier reproducteur de l'amour, et femme-eau, "inconstante"
et "infidèle", paysage changeant aux couleurs du monde.
B. Mustapha tient que "l'union de l'eau et du feu est 1'
187
objet d'une véritable valorisation" . L'observation est juste
mais, à notre avis, elle n'a pas une portée générale. Car chez
comme par exemple celui qui est traduit par l'image suivante de
La rose publique:
Ici noyer signifie allumer. Dans l'eau du regard les étoiles sont
noyées mais en même temps elles s'allument et brillent à la pointe
de ce regard illuminé par elles.
B. Mustapha remarque que "Le feu éluardien se liquéfie facile-
ment" 1 90
« Effectivement le feu, surtout identifié au vin, coule
comme celui-ci:
b) Les iina2es_de_l^eau
Dans ces vers, l'eau n'est pas encore ce que Mingelgrün appelle
9 Ω ft
222. "Le sang n'est jamais heureux" (ibid., p. 84). J.-P. Ri-
chard écrit pourtant à propos du sang ëluardien: "Tout comme le
faisaient déjà dans leur registre, écho, reflet, chair, un che-
min, le sang heureux réussit ainsi chez. Eluard à manifester ex-
pansivement un être tout en le captivant dans le frisson de sa
1
propre immanence. D'un même geste, il ouvre et alôt le monde ' (On-
ze Etudes sur la Poésie Moderne, Paris, Seuil, 1964, p.112). Nous
soulignons.
223. L' Eau et les Rêves, p. 45.
107
"Le 5= poème visible", les dormeurs sont identifies à une
lisons-nous dans La vie -immédiate. Les yeux sont ici des miroirs
parallèles qui se reflètent les uns dans les autres. Bachelard
note dans la phrase suivante 1' identification de 1'oeil-miroir
à ce qu'il voit: "Sans un oeil bleu comment voir vraiment le ciel
bleu? Sans un oeil noir, comment regarder la nuit? Réciproque -
ment toute beauté est ocellée. Cette union pancaliste du visible
et de la vision, d'innombrables poètes l'ont sentie, l'ont vécue
225
sans la définir" . Eluard a justement parlé de la transparen-
ce aquatique de
l'oeil qui devient visage ou paysage
Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur
(1,230).
Tu cherches le sommeil
La première gelée blanche
Et tu m'oublies
(1,382).
L.'eau et la blancheur engendrent aussi les images du lait,
privilégiées dans la poésie éluardienne. Dans Le lit la table,
on retrouve le destin d'Ophêlie qui est celui de la lune dans
les vagues:
Le ciel
Le ciel est un dé à coudre
(1,395).
"L'Amoureuse":
Un escalier perpétuel
(1,503)
et dans L 'amour la poésie une femme qui
monte aux échelles du vent
(1,256).
A boire
Le jour au fond d'une serrure
(1,391),
L'élan, caché dans la couleur bleue des volets, rend cette image
réversible dans l'imagination du lecteur. Alors ce ne sont plus
les volets qui "se ferment sur la nuit", c'est la nuit qui s'
ouvre au jour. Bachelard prétend d'ailleurs que "notre être oniri-
L'ironie de ces vers est. évidente. Les ennemis (le "ils" éluar-
dien est hostile) sont des Narcisses aériens ("Beaux oiseaux")qui,
amoureux de leurs propres pensées, s'identifient à elles en se
suicidant ("évaporés") dans "le miroir sans tain" (1,201) de l'air.
Ce narcissisme intellectuel dévalorise son unique élément.
272. P. 16.
273. C i t é p a r G. B a c h e l a r d , La Ferre et les Rêveries de la
Volonté, p . 268.
131
sa surface-limite met le mieux en valeur la dialectique du dedans
et du dehors, de la mort et de la vie. La terre n'est pas"faci-
le". Elle résiste passivement à l'homme (comme aux autres
éléments) tout en lui apprenant à résister. Ce sont ces aspects
des images terrestres, plus ou moins résistantes au lecteur lui-
même gui retiendront ici notre attention.
Terre exécrable
Aux grimaces décolorées
Inextricable noeud d'horizons
(1,411) .
296. "Le serpent qui se mord_la queue n'est pas un fil replié,
un simple anneau de chair c'est la dialectique matérielle de la
vie et de la mort, non pas comme les contraires de la logique
platonicienne, mais comme une inversion sans fin de la matière
de mort et de la matière de vie" (G. Bachelard, La Terre et les
Rêveries du Repos, p. 280).
297. "Τόσα κορμιά ριγμένα
στα σαγόνια της θάλασσας στα σαγόνια της γης"
("Ελένη", Ποιήματα, ρ. 245}.
Nous traduisons :
Tant de corps jetés en proie
Aux mâchoires de la mer aux mâchoires de la terre.
140
La terre fermée s'imagine comme une tombe scellée,contenant
des racines mortes, des vers, des squelettes, l'envers d'un trésor
où tout ce qui brille n'est pas or: "...puis ce fut la tombe,
toute panachée de racines, d'animaux luisants, d'os"(1,922). C
est ainsi qu'Eluard peint son "insomnie" dans Donner a voir. Et
298
dans Le lit la table il nous apprend le plus stérile , le plus
froid des froids:
298. "La chaleur fait naître les images mais on n'imagine pas
le froid"(G. Bachelard, La Terre et les Rêveries du Repos,p.266).
299. Ibid., p. 3.
300. Ibid. Et dans La Poétique de l'Espace: "ces images s'
animent dans la dialectique du caché et du manifeste. L'être qui
se cache, l'être qui 'rentre dans sa coquille' prépare une sortie"
(p. 110).
141
301 302
d'une "descente aux enfers" , d'une "trans-descendance" :
Je règne à tout jamais dans un tunnel
(1,401).
Hors de t o u t e s l e s cavernes
Hors de nous-mêmes
(1,800),
il faut qu'il soit "le bonheur bien planté" (11,363). Pour que 1'
3 08
espoir germe il faut qu'il meure tel le grain de Gide . Dans Les
$ept poèmes d'amour en guerre le poète parle
Au nom de l'espoir enterré
(1,1186).
Paul Eluard n'a besoin que d'un seul vers pour évoquer 1'
Atlas naturel dans une condensation extraordinaire:
Rocher de fardeaux et d'épaules.
Les deux compléments de mouvements inverses: écrasement et
redressement fonctionnent ici avec une admirable aisance.
Ils ont le rythme des forces humaines exactement inscrites
au point même où elles veulent combattre les forces d'uni-
vers. Un vers comme celui-là est pour le lecteur méditant
un bienfait dynamique 310
309. Op. oit., p. 93. Nous traduisons: "il enfonce ses. ra-
cines dans la vie et sa poésie se couvre de fleurs".
310. P. 368. Le vers cité est pris dans Poésie ininterrom-
pue (11,32).
145
311
C'est le moi poétique qui "centralise" ici l'état d'écrasement
("fatigué") et la.volonté commune de redressement ("soulager").
Atlas est pourtant évoqué chez Eluard bien avant Voésie..in-
interrompue: dans L'amour la poésie la lutte contre l'écrasement
se joint à la haine d'un ciel déjà pétrifié ("pierre noire") qui
n'enfante pas de "mystère":
311. "Il faut que le poète qui rêve pour nous, nous indique
son piédestal, la hauteur, le promontoire ou tout simplement le
centre où l'on centralise la volonté de domination"(ibid., p.382).
312. La Terre et les Rêveries du Repos, p. 242.
313. Ibid., p. 223.
146
e) Î5a2es_des_ob2ets-reliefs
329. "Nous avons parlé [...] de la poésie comme d'un miroir qui
reflète les faces de la vie. Eluard se sert de ce miroir, con-
scient de ce que l'image reflétée, symétrique mais nouvelle, d'
une nouveauté due au manque de l'habitude, en accentuera aussi
bien les qualités que les défauts" (A. Tsatsacou-Papadopoulou,
"Paul Eluard: le Rêve la Vie", p. 103). Cf. aussi la phrase sui-
vante de Michel Carrouges à propos du "Miroir d'un moment": "La
violence du changement qui s'opère est telle que toutes les ima-
ges perdent leur cohérence et leur aspect usuel" (Eluard et Clau-
del, Paris, Seuil, 1945, .pp. 70-71).
330. V. G. Poulin, op.cit., p. 133.
331. Le regret de la magie perdue est dominant dans le poème
de Prëvert, intitulé "Le Miroir brisé", qui tisse avec"Le Miroir
d'un uonent" des rapports secrets, souvent antithétiques:
Le petit homme qui chantait sans cesse
le petit homme qui dansait dans ma tête
le petit homme de la jeunesse
a casse son lacet de soulier
et toutes les baraques de la fête
tout d'un coup se sont écroulées
152
science (v. 9 ) , l'oiseau devient vol et disparaît (v. 10), le
ciel s'identifie à son inexistence (v. 11), l'homme est rendu à
lui-même pour passer de la rêverie à l'action (v. 12), du passé
au futur.
pourtant "Le Miroir d'un moment" de Capitale de la douleur
n'est pas le "miroir éteint" de Poésie ininterrompue II. Celui-
ci est un objet négatif et stérile. Faute "d'images" et "de pas-
sions", faute d'air et de feu, le poète-miroir s'éteint:
ou bien l'inconsistance de la
Ayant usé son tain à force de jouer avec le "miroir sans tain"de
l'air lumineux, le lis en acquiert la transparence et s'y con-
fond.
La forme ronde de certaines fleurs renvoie au mouvement cir-
culaire des ailes d'un moulin:
334. P. 85.
155
Il s'agit d'un "dahlia du vent" pareil à la "rose de vent" que
Sëfëris identifie à la "rose de fortune" et évoquant, comme cel-
le-ci, la roue de fortune ou bien "les tours du cercle qui por-
335
tent les chagrins" :
Un bel arbre
Ses branches sont des ruisseaux
Sous les feuilles
Ils boivent aux sources du soleil
Leurs poissons chantent comme des perles
(1,425).
L'arbre, qui est ici le maître des quatre éléments, nourrit dans
les vers qui suivent l'imagination du moi et le rend par analo-
gie maître de ses "quatre.volontés" qui remplacent ici les "quatre
vérités". La force naturelle se transforme ainsi en force humai-
ne:
Un bel arbre les jours d'ennui
Est un appareil visionnaire
Comme un autre
Par cet arbre de tous les jours
Je suis le maître de mes quatre volontés
(1,425).
L'eau dans ces vers est transformée de manière égale par le glis-
sement du poisson, du nageur ou du bateau tandis que l'air donne
de l'espace à l'image finale, en ajoutant un sentiment de liberté
Plus bas les hommes liés par la fraternité forment "une longue
chaîne d'amants" qui sortent de la prison et qui jurent sur leur
amour de demeurer unis:
Ici, l'avenir heureux des hommes est créé par les yeux qui savent
rêver et qui savent se regarder.
Chez Eluard,étoiles naturelles et étoiles humaines sont équi-
valentes. Les yeux et les mains, par exemple, en plus de leur
valeur d'élément, signalée par R. Jean 353 , sont des étoiles humai-
C'est l'élément terrestre qui rêve dans cet appel. Les mains ê-
luardiennes ne sont pourtant pas uniquement terrestres. Elles
peuvent absorber "le soleil [...] en feu sombre":
Une ou plusieurs
Faites de pierre qui s'effrite
Et de plume qui s'éparpille
Faites de ronces faites de lin d'alcool d'écume
De rires de sanglots de négligences de tourments
ridicules
Faites de chair et d'yeux véritables sans doute
(1,398).
370
Auréolée de feuillage , elle en évoque la fraîcheur et
tes.
ments:
371. P. 116.
372. Etudes sur le temps humain III, Paris, Pion, 1964,p.160,
373. Europe t. 525 (1973), p. 41.
172
cèdent sans se lier" 374 . Poulet découvre aussi chez Eluard une
375
simultanéité "moins temporelle que spatiale"
(1,166),
rue", qui est une image féminine, et la colore. Les places dé-
pectives :
(11,705),
La mort est ici tangible. Elle devient l'obstacle fatal sur le-
possession complète.
une terre immobilisée, inondée par les eaux des océans et sans
avenir:
Et, plus bas, la vision d'une vie "autre" devance son accomplis-
sement. Le rêve est mis avant la réalité. Le présent devient
créateur d'avenir :
salite du temps p s y c h o l o g i q u e :
Tu sacrifies le temps
A l'éternelle jeunesse de la flamme exacte
Qui voile la nature en la reproduisant
(1,459). .
Le j e e s t dans t o u t e t c o n c e n t r e t o u t en u n i s s a n t l e s u j e t à
l'objet:
coup plus sur "une volonté d'avenir social" que sur "une instruc-
411
tion historique" . De ce fait la "participation" l'emporte sur
la "causalité" 4 1 2 .
le sauve de la chute.
LA T E R R E - C I E L
\
201
t. Vers un sur-élément
plet [...] lira l'oeuvre en tous sens [...] explorant les sur-
faces et creusant les dessous jusqu'à ce que lui apparaissent le
centre ou les centres de convergence, le foyer d'où rayonnent tou-
tes les structures et toutes les significations" (p. 20 4).
3. V. G. Durand, op. cit., p. 226.
4. Bachelard écrit dans La Psychanalyse du Feu: "Pour lui
[Novalis] le mineur est un astrologue renversé" (p. 71). Et
dans La Terre et les Rêveries de la Volonté: "Le minéral attire
l'astral" (p. 3 03).
5. Op. oit., p. 58.
6. P. 8.
7. V. Therrien, p. 55.
203
logie gui conduit à cette "zone [...] où veille encore le prin-
cipe [des] actions et [des] imaginations" nous
rapprochera,
1ο
comme Bachelard, de "la nature prophétique de la poésie"
Bachelard a donné à l'expression "germe et raison" "l" in-
tuition globale de la structuration" de la poésie êluardienne.
Nous essaierons de notre côté d'en donner 1'"image-germe." gui
sera celle d'un élément complexe gui transcende tous les éléments,
de ce sur-élément auquel aspire le je et dont nous avons seule -
ment signalé la quête à propos de "Pour vivre ici".
Evidemment le danger de "majorer la valeur" 12 de cette image
sera toujours présent dès que notre imagination s'y intéressera.
La distinction constante sujet-objet aidera à l'élimination de
ce danger.
La flèche et la blessure
L'oeil et la lumière
L'ascension et la tête
-La terre est, selon M. Mansuy, le seul élément que l'on dë-
sire et que l'on puisse posséder 37 . L'image d'une Terre promise
chez Eluard double alors celle du paradis perdu à laquelle ren-
voie comme nous l'avons vu "le temps â posséder" en tant que
principe d'ëternisation et où la terre gagnerait puis réinvente-
rait le ciel.
G. Poulet observe que "dans la poésie d'Eluard lumière et
moment présent, sont toujours intimement associés" . Le pré -
4 9. V. Therrien, p . 341..
50. P. 126.
51. V. L'Air et tes Songes, p. 38.
5 2 . "Gaston Bachelard et la conscience de s o i " , p. 11.
53. C f . M. Eigeldinger, op. c i t . , p. 174.
218
"Découverte de la Terre", faisant partie de Ralentir travaux,re-
cueil écrit en collaboration avec André Breton et René Char:
60. P. 51.
61. P. 127.
62. P. 92.
221
se dirige vers la terre.
Lorsque le feu brûle le ciel, celui-ci s'effondre et se con-
vertit en valeur terrestre tandis que la terre, sublimée par cet-
te "chute", se convertit en Terre-Ciel. Le poème intitulé "Dans
la montagne vierge" du recueil Grèce ma rose de raison est carac-
téristique de l'action convertissante du feu:
de la vie"
Sur la Terre-Ciel, toute opacité peut devenir lumineuse com-
me dans "Les tours du silence" oü les pierres se transforment en
pierres-soleils :
Encore une chute de clarté
Et les pierres seront soleil
(1,584).
79. P. 102.
80. Op. cit., p. 15.
81. V. G. Bachelard, La Terre et les Rêveries de la Volonté,
p. 13.
82. Cf. la pensée suivante de G. Bachelard:"Un psychanalyste
aura souvent la tentation de désigner un élan sur-humain comme
un trait humain, trop humain. En un tournemain les êtres des
sommets sont ramenés à leur origine" (Fragmente d'une Poétique
du Feu, p. 131) .
229
p o u r se r e d r e s s e r et r e d r e s s e r avec e u x t o u t e s les c r é a t u r e s t e r -
minaient" :
N o u s s o m m e s s o u v e n t c e t h o m m e d a n s la r u e q u i se
baisse p o u r m i e u x v o i r les e n f a n t s , les i n s e c t e s ,
les fleurs e t les f e m m e s , c e t h o m m e d o m e s t i q u e d u
m o n d e , c e t h o m m e q u i se baisse pour m i e u x se r e -
d r e s s e r e n s u i t e , e n p o r t a n t p l u s h a u t q u e lui ce
qu'il dominait.
(11,845).
J. - P. Richard t i e n t q u e la t r a n s c e n d a n c e "a é t é a p r i o r i
d'un a m o u r p a r t a g é , p r o t é g é m a i s o u v e r t , e n t o u r é , t r a v e r s é d'
8 "3
amour c o m m e de t r a n s p a r e n c e " . E t p o u r B r e t o n le surrëel est
immanent a u réel.
Richard a r a i s o n p a r c e q u ' i l t r a v a i l l e u n i q u e m e n t au n i v e a u
il p a r l e repose s u r le p r i n c i p e i m a g i n a i r e de la T e r r e - C i e l q u i
o b é i t a u x lois d e l'inversion et de la c a u s a l i t é et q u i e n t a n t
q u e sur-réalité a u n e v a l e u r t r a n s c e n d a n t a l e . Elle t r a n s m e t a u x
102. P. 132.
103. P. 143. Nous soulignons.
104. Voici le texte complet de Richard: "A la suggestion de
rondeur et de densité pulpeuse apportée par l'orange,le bleu vient
ajouter en effet une dimension de profondeur céleste, de trans-
parence, d'ouverture. Mais le miracle c'est ici que chacune de
ces deux qualités, au lieu de seulement compléter l'autre, passe
dans l'autre, et cela malgré ou peut-être en vertu de la pro-
vocation—l'apparente opposition orange-bleu-- contenue dans 1'
acte de la métaphore. D'être attaché de force à la chair de 1'
orange, ce bleu devient en effet lui aussi épais et succulent:
la transparence qu'il recouvre est à ce point heureuse, fuyante
et infinie qu'elle résume son invisibilité comblée comme gavée
de soi, dans la visibilité d'une couleur très simple qui peut
faire alors l'objet d'une jouissance immédiate. Ce bleu fond
dans la bouche et même phonétiquement, comme la pulpe d'un fruit
illimité. Bleutée, l'orange inversement s'allège,s'aérise, se
laisse rêveusement parcourir par les moments êvasifs de la pen-
sée" (op. ait., pp. 123-124). Nous soulignons.
234
Nous ajouterons ici nos propres observations: M. Mansuynote
que Bachelard appelle dynamiques "les rêveries qui métamorphosent
ι 05
les substances" et activistes "celles qui'les attaquent" . L'
imagination dynamique aime le bleu (ciel) tandis que l'imagina -
tion activiste aime la pâte (terre). Celle d'Eluard, en se rec-
tifiant progressivement du ciel (bleu) à la terre (pâte), méta-
morphose et attaque, transforme et crée. Le résultat obtenu est
la pâte bleue, cette "chair intacte pétrie d'espoir" (II,33),sug-
gérée par l'image tellement appréciée du vers étudié, qui est une
métaphore poétique de la Terre-Ciel et qui réunit "correctement"
1'image du mouvement et 1'image de la forme . L'orange sug-
gère la forme de la terre; la couleur bleue, le mouvement, le
dynamisme du ciel. Il s'agit d'une image matérielle, enracinée
"dans les couches les plus profondes de l'inconscient" d'Eluard,
auxquels C.-A. Hackett s'est arrêté, loin d'être une simple influen-
ce, confirment la qualité d'ouverture de la terre éluardienne.
"Eluard situe sur terre les images cosmiques d'Apollinaire",dit
H. Meschonnic 113
Pour conclure sur notre point de vue concernant le vers cé-
lèbre d'Eluard il faut revenir au poème intégral:
Tu es la ressemblance
(1,459).
120. P. 109.
121. Ibid., p. 125.
240
éluardienne de trois adjectifs qui semblent s'expliquer l'un par
1 22
l'autre: "terrestre-humaine-féminine" . Il admet de ce fait 1'
123
"isomorphisme matriarcal et tellurique" . Effectivement Eluard
donne le titre d""Athéna" à un poème célèbre exaltant le patriotis-
me du peuple grec.
Dans Lèda, recueil paru en 19 49 et comprenant quatre poèmes,
l'identification progressive de l'héroïne mythique à la Terre-
Ciel est absolue.
Dans "Leda dans son premier sommeil", la terre-Lêda est abu-
sée par le ciel-cygne. Leur vie commune, soumise au "régime di-
urne" l'écrase:
Dans "Ce que n'en pensa pas Lèda", dernier poème du recueil,
1 26
Eluard pousse son langage "minoritaire" jusqu'au bout. . Le rêve
et l'image finale:
128. Jeu de mots sur Eluard. Le verbe ard (de ardre) est une
trouvaille de Zoé Samaras.
129. Op. ait., p. 73.
130. Ibid.
131. Op. oit., p. 447.
245
turne":
A.B.- Qu'est-ce que la raison?
P.E.- C'est un nuage mangé par la lune,
(11,846).
132. P. 67.
13 3. V. G. Poulet, "Paul Eluard et la multiplication de 1'
être", p. 50.
134. V. G. Picon, op. oit., p. 97.
135. V. G. Bachelard, L'Air et les Songes, p. 12.
136. V. Therrien, p. 230.
246
dans l'espace ëluardien 13 7 cortine une vaste image filée, analogue à
la métaphore f i l é e , e t qui peut maintenant servir d'instru -
ment d'analyse.
Eachelard tient gu' "on ne peut vivre l'ambivalence matëriel-
le qu'en donnant tour à tour la victoire aux deux éléments"
Chez Eluard la sacralisation finale de la terre intègre toute"la
1 39
dialectique de la vie primitive et de la clarté conquise"
J.-Y. Debreuille qui tient que "le poème est d'abord scanda-
le" se demande si l'évolution d'Eluard est un progrès vers"la
clarté" ou une "dêpoëtisation" 1 41 . Notre point de vue est q u e
la poésie éluardienne,évoluant de la contemplation à la provoca-
tion, ne cesse pas d'être un scandale. L'écart du ciel et de la
terre, dû à la dominance des forces "diaïrëtiques", diminue jus-
qu'à la fusion des deux éléments en la Terre-Ciel. Les "colères"
et le désir de la paix cèdent leur place au partage et à la soif
de liberté pour aboutir à la participation et à la présence de 1 '
avenir. La Terre-Ciel se prouve ainsi non seulement le principe
causal de l'imagination éluardienne mais aussi le sur-élément
fonctionnel qui définit une unité et une "objectivité" en de -
venir 142 . En étudiant sa prolificité, nous tâcherons de suivre
son destin créateur 1 43
153. Op.cit.,p.7.
154. Ibid.
155. V. G. Bachelard, La Terre et les Rêver-Les de la Volonté,
p. 39.
156. Cf. op. oit., p. 90.
157. Cf. Therrien, p . 159.
250
A. MingelgrUn nous apprend que G. Laurence parle d'un "poë-
i co
e n commentant le v e r s :
1 fi3
Chez Eluard le couple vit dans une intimité absolue dont les
traits pertinents sont la communion des corps et des âmes, l'êchan-
ge de caresses et de regards attentifs 1 64 et l'extase amoureuse.
Dans Le phénix, la caresse est le geste ingénu qui perpétue 1'
amour et fait renaître le couple:
Et dans "Comme deux gouttes d'eau", les mains intimes sont des
mains-miroirs qui abolissent leurs limites et multiplient leur
image :
Etoile identifiée
Et sur la terre et sous le ciel hors de mon coeur et
dans mon coeur
(11,665).
Tu te couvres tu t'éclaires
Tu t'endors et tu t'éveilles
Au long des saisons fidèles
(11,425).
pour signaler que le nous du couple "s 1 ... objectifie [...] sous
182
la forme d'un corps commun" . Il serait utile de voir ici par
quels moyens le toi et le moi ëluardiens arrivent à fonder "en
1ft~λ
commun une nouvelle existence"
L'unité du couple ëluardien se présente dans La rose publi-
que comme une double intégrité. Elle consiste avant tout en ce
que partage et don de soi s'identifient:
L'éternelle confiance
(11,31),
1 fìfi
et de l'ardeur novatrice (ardente) du poète et de son temps" :
0 Soleil c'est le temps de la Raison ardente.
3 A fleur de transparence
4 Les retours de pensées
5 Annulent les mots qui sont sourds
Dans "La mort l'amour la vie" le moi en deuil est une terre
272
froide et fermée que le toi ouvre et allège, en lui "vouant" sa
part céleste (la clarté stellaire de sa chair):
Dans "Ailleurs ici partout", pour avoir touché ce toi recréé par
lui, le moi se laisse recréer de la même facon:
Cette créativité par l'amour d'un autre être renferme "des pos-
sibilités de liberté"190:
2. "L'amour la vie"
Dans ces vers pris dans Les armes de la douleur, c'est par l'acte
révolutionnaire qui est un acte d'amour que le nous du couple se
confond avec le nous des hommes unis et que la terre-enfer se
transforme en Terre-Ciel. En se laissant ouvrir, elle libère "les
forces d'espoir":
Dans u n e l e t t r e d a t a n t d u p r i n t e m p s d e 19 3 8 , i l c o n s e i l l e à
Dans Poésie ininterrompue II, "la vie sur terre" est sacra-
future :
3. "L'amour la mort"
Dans ces vers le nous est le centre commun de quatre cercles mor-
tels qui l'enferment et lui enlèvent sa liberté: celui de la mai-'
son "gardée" (v.1), celui de "la rue...barrée" (v.3), celui de
la ville.·, .matée" (v.4) et celui de "la nuit. .. tombée" (v.7),temps
négatif qui se spatialise pour "occuper" le tout. Contre cette
mort massive le noua ne dispose d'aucune arme (v.6). Le choix de
la lutte armée étant impossible, la question "que voulez-vous"qui
revient avec instance au commencement de chaque vers n'a point, à
287
1 97
notre avis, un sens apologétique * Elle met en relief et d1
une manière offensive, la seule résistance possible. Aussi la
prise de conscience du pouvoir libérateur de l'amour fait-elle de
l'acte amoureux un acte révolutionnaire en soi. La chambre du
couple "capitalise ses victoires contre l'ouragan" extérieur de
la mort, comme la maison de Bachelard 198 , en "couvrant" le "feu"
pour le maintenir. La résistance par l'amour devient le prélude
de la résistance armée. L'amour de l'humanité jaillira plus
tard de ce "couvre-feu" intime pour armer le peuple gui sortira
victorieux du combat contre
202. P. 61. Claude Roy écrit plus haut: "Paul était militant.
L'auteur des Poèmes politiques n'était pas politique. Il ne brigua
jamais, il refusa toujours les postes de puissance. Il ne voulut
que les responsabilités du simple soldat" (p. 58).
203. Op. cit., p. 15.
291
Thessalonique en 1946 et le 'second en 1949 aux monts Grammos et
Vitsi avec Yves Farge, auprès des combattants de l'indépendance
grecque gui, sous les ordres du général Marcos, résistaient dans
les montagnes 204 . C'est pour s'enfoncer dans la vie des parti -
sans qu'il a encore traduit avec Melpo Axioti des poèmes des com-
battants Yannopoulos et Astëris, tous deux exécutés en 1948.
le poète parle
Au nom de l'espoir enterré
et '
Au nom des fruits couvrant les fleurs
(1,1186-1187).
Prenons d ' a s s a u t l a t e r r e
(11,700).
A partir de la nuit
Je renverse le mal j'échafaude l'espoir
En montant sur des ruines
(11,672).
L'or que ces épis célestes jettent aux pauvres est la lumière d'
un soleil immédiat, descendu sur la terre et que la terre (ou 1'
humanité crucifiée) ne peut plus éclipser en lui jetant son om-
bre. On est loin de l'image où
218
La croix cachait le soleil
(11,698).
A la destruction de l'homme
(1,1270),
Et la bêtise et la démence
Et la bassesse firent place
A des hommes frères des hommes
Ne luttant plus contre la vie
Dans ces vers le feu (ou terre prolongée) brûle et en même temps
vivifie le ciel. Dans le Dictionnaire abrégé du surréalisme, E-
luard cite Novalis à propos de "flamme": "L'arbre ne peut devenir
qu'une flamme fleurissante"(1,745).
L'image de l'arbre qui met le feu au ciel et le calcine (le
'232
"porte-feu" de Bachelard ) revient souvent chez Eluard. Dans
Répétitions nous lisons:
Et dans Poésie et Vérité, il faut que le ciel soit une prison pour
que la terre cesse de l'être:
On verrouilla le ciel
Ma prison s'écroula
(1,1110).
Il en est ainsi pour le poète qui, par son art, rend les hommes
à la terre comme à leurs semblables et par conséquent à eux-mêmes :
Mais je m'étonne de parler pour vous ravir
Quand je voudrais vous libérer pour vous confondre
Aussi bien avec l'algue et le jonc de l'aurore
Qu'avec nos frères qui construisent leur lumière
(11,143).
Gloire [...]
Le poids s'est allégé le fardeau s'est fait rire
(11,423).
Chez Eluard l'homme peut "se tenir droit dans un univers re-
249 250
dressé" et "vivre verticalement" selon le conseil de Bache-
Son éclat est tel que toutes les armures tous les mas-
ques en sont faussés
(1,195).
2. La "mécanisation" éluardienne
16. P. 258.
17. P. 217.
18.. V. M. Eigeldinger, Paul Eluard et le dynamisme de l'imagi-
nation, p. 178.
19. Cf. G. Bachelard, La Terre et les Rêveries de la Volonté,
p. 108.
335
pëtëe de tous les buts :
Dans les vers suivants, pris dans Les animaux et leurs hom-
mes, nous avons une double image-oiseau:
25. P. 305.
26. Op-. oit., p. 103.
27. Bachelard écrit dans Lautréamont: "Le véritable révolté
n'écrit pas. Du moins il cesse d'écrire quand il se révolte"(p.
74).
28. Cf. R. Vernier, op. oit., pp. 19-20.
29. Le mouvement de la poésie êluardienne nous semble suivre
celui que, selon Therrien, Bachelard découvre au monde actuel qui,
après avoir pris cons.cience de l'inconscient individuel puis col-
lectif, il a pris conscience de la conscience collective pour s'
acheminer vers celle de "sa créativité collective" (p. 353).
343
"Nulle rupture", dit-il, dans Chanson complète: "la lumière et
la conscience m'accablent d'autant de mystères, de misères que
la nuit et les rêves" (I, 867). De ce même point de vue, son at-
tachement à tout ce qui est changement lui fait découvrir la
poésie "aussi bien dans l'oeuvre de Sade, de Marx ou de Picasso
que dans celle de Rimbaud, de Lautréamont ou de Freud" (1,521).
té.
d) Le centre métaphysique de l'univers êluardien qui se dé-
2. Un regard actif
40. Ibid,.
41. Op. oit., p. 162.
351
homines communiqueront par la vision des choses et cette vision
des choses leur servira à exprimer le point qui leur est commun,
à eux, aux choses, à eux comme choses, aux choses comme eux" (I,
945).
Plus bas les mains de l'aveugle se lient encore aux yeux
du voyant, le toucher se visualise:
44. P. 117.
45. Cf. op. cit., p. 42.
46. Cf. op. oit., p. 107.
47. La Terre et les Rêveries de la Volonté, p. 183.
48. "Il fallut des années à Paul Eluard pour surmonter sa con-
tradiction entre voir et voir" (J.-P. Juillard, op. cit., p.94).
49. Lautréamont, p. 150.
354
Ce qui est vrai .
(1,1229).
A boire
Le jour au fond d'une serrure
(1,391)
Ces vers justifient la phrase "Vue donne vie" dont Eluard fait
le titre d'un poème de Le livre ouvert I dans lequel yeux et
soleils, rayons et regards agissent de manière identique:
(1,175).
Dans le miroir-gigogne
(1,64).
C. OPACITÉ - TRANSPARENCE
78. P. 57.
79. P. 108.
366
parence -intentionnelle du contenu. Ce résultat absolu est atteint,
grâce à la "clarté des moyens employés" par le poète (v. 5) et gui
sont aussi bien ses matériaux esthétiques (v.6) et moraux (v.7)
que sa volonté (qui, comme on l'a vu, se fait regard) de vaincre
l'opacité (v.8). Aussi semble-t-il inviter le lecteur de pro-
céder de la même façon et par les mêmes moyens (la patience et
la volonté de l'analyse) afin de "transpercer" â son tour sa
poésie pour la restituer dans sa lumière triomphante.
A. Mingelgrün confirme notre point de vue en rapprochant cet-
te attitude d'Eluard de l'écriture automatique mais "à cette rë-
80
serve près" qu'il "gardera le souci de la 'conduire'"
Effectivement le souci de clarté du poète convertit toute
valeur esthétique en valeur éthique.
Tu es l'élément et le lieu
/ Où je me défais de mes ombres
Et des gouffres qu'elles creusent
. • ' (1,809).
100. V. op. ait., p. 337: "0 Υπερρεαλισμός πέρασε από την αυ
τόματη γραφή, έφτασε όμως να διαμορφώσει ένα νέο τρόπο του νοεί.ν
και, συνεπώς, μια νέα λειτουργία ψυχική στον τρόπο της διατύπωσης,
που συμβιβάζεται μ'εκείνο που θα μπορούσαμε να ονομάσουμε διαύγευα
του συναισθήματος.
Λίγο ως πολύ, όλοι έχουν ξεπεράσει τον αυτοματισμό. Έ χ ω δει
χειρόγραφα του Ελυάρ με πολλές διορθώσεις". Nous traduisons: Le
surréalisme est passé par l'écriture automatique mais il est par-
venu à former une nouvelle manière a'entendre et, par conséquent,
une nouvelle fonction psychique dans la manière d'exprimer qui s'
accorde avec ce qu'on pourrait appeler la transparence du senti-
ment. Tout le monde a, plus ou moins, dépassé l'automatisme. J'
ai vu des manuscrits d'Eluard chargés de corrections.
101. La Poétique de l'Espace, p. 91.
102. Cf. A. Mingelgrün, op. ait., p. 158.
378
qui sert à établir les relations entre les choses et à révéler
ι 03
leurs similitudes dans le royaume de la transparence" . Et il
ajoute: "La vigueur de, l'image ne réside plus essentiellement
dans la soudaineté des rapprochements qu'elle opère, mais plutôt
dans la justesse et la vérité des rapports qu'elle découvre et
traduit"104.
Nous donnons ci-dessous quelques exemples de sentiments ou
de rapports transparents qui, comme les êtres ëluardiens, ont subi
une "vitrification".
Dans L'amour la poésie, il est question
Confiance de cristal
Entre deux miroirs
(1,394).
(11,364),
puis il chante
A fleur de transparence
Les retours de pensées
Annulent les mots gui sont sourds
(1,229).
2. Un rythme orienté
Et plus bas:
ce autonomeν.
Dans ces vers pris dans Le livre ouvert II, l'arbre captive la
lumière dans son feuillage. L'ëtymologie de l'adjectif ajouré
confère à l'alternance équilibrée de l'opacité et de la transpa-
rence la perfection d'un rythme orienté vers la seconde. C'est
ce rythme valorisant par excellence qui anime la plupart des ima-
ges êluardiennes.
clare:
Le soleil rouge
Donne des fêtes dans la nuit
(1,1199).
396
La nuit éluarâienne n'est pas un univers ferme qui doit sa trans-
parence uniquement à sa ressemblance au jais, comme le veut Jac-
1 32
ques Borei . Elle est ouverte, comme on l'a déjà noté, par les
rêves,, qui l'animent et qui 1'éclairent.
La victoire des éléments diaphanes (eau, air) sur l'opacité
de la terre et du ciel se moralise dans Les armes de la douleur:
La lumière de l'avenir
Goutte à goutte elle comble l'homme
Jusqu'aux paupières transparentes
(1,1221),
écrit Eluard dans Le lit la table et, dans Poésie ininterrompue II:
134. P. 128.
135. Ibid.
400
un de l'autre dans sa poésie, on ne peut p a s ne pas admettre que
la partie majeure de celle-ci est la preuve incontestable qu '
1 3fi
avant tout il a su imaginer . Nous examinerons, pour terminer,
la production de la transparence par rapport aux fonctions in-
conscientes et conscientes du poète.
3. Une confluence progressiste d e s fonctions inconscientes et
conscientes
Jusqu'aux paupières t r a n s p a r e n t e s
(1,1221);
imprudence est une méthode [et qu'] il faut aller le plus vite pos-
MOI
conscient inconscient
conscient
L ' A.UTRE
inconscient
DEPART ARRIVEE
comme suit:
lecteur.
vrent totalement.
lecture centrée sur les images grâce à laquelle une triple ré-
vélation se produit:
du lecteur.
valeur objective.
que l'on meure pour elle et par laquelle "la mort des hommes est
417
absoute" 19· Elle est "l'élément primitif" autant que "le dernier
aveu du drame ëluardien" 20 . Sa prë-réalitê et sa méta-rëalité
fusionnent en elle pour en faire cette sur-rêalité qui émancipe-
rait la poésie d'Eluard de toute causalité extérieure à elle(fût-
elle la vie de son créateur), pour la rendre à elle-même, tout
en assurant la perpétuité de son ouverture.
Dans la présente étude, la découverte et la floraison de la
Terre-Ciel est le produit d'un travail "en étoile", semblable à
celui que Bachelard reconnaît en la rêverie qui "revient à son
centre pour lancer de nouveaux rayons"21 . Par lé schéma suivant
nous essayons d'en donner la preuve et de résumer toutes les con-
clusions auxquelles nous en sommes venue après notre errance dans
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3 α
' 421
Ce mouvement gui essaie de "mimer l'acte créateur et [de] tracer
le dessin des cristallisations auxquelles il aboutit" 2 2 , con-
firme à notre avis le sujet de cette étude. Il met, en d'autres
termes, en évidence "l'image" en tant que "moyen de la création
chez Paul Eluard", en réduisant notre critique en l'acte même
de voir.
Celle-ci serait-elle alors une "critique totale" selon le
mot de Therrien 23
· ou bien serait-ce M. Blanchot et G. Mounin qui
auraient raison, le premier de reprocher "le grave parti pris de
la critique par l'image" 24 et le second de considérer l'image com-
25
me "un moyen parmi d'autres" ?
Quoi qu'il en soit, notre choix de voir (et de voir totale-
ment au moyen d'une image cosmique) la poésie ëluardienne afin d'
en perpétuer la vie, correspondrait à l'axiome déjà cité du Livre
ouvert I, comme quoi "Vue donne vie"(I,1026).
22. V. G. Picon, op. cit., p. 12. Picon note aussi que, chez
Eluard, "l'univers se met à vivre, à scintiller de toutes ses fa-
cettes" (ibid,, p. 9 3 ) .
23. P. 355.
24. Lautréamont et Sade, Paris, Ed. de Minuit, 1949, p. 55.
25. Camarade poète I, Paris, Galilée, 1979, p. 14.
26. Op. ait., p. 494.
422
Dans une de ses lettres, adressée à Papanoutsos en 1940 et
concernant l'art moderne, Elytis déclare son aspiration au jour
où le monde matériel sera réordonné. Il tient qu'alors les créa-
teurs pourront s'exprimer mieux et d'une manière plus spirituel-
le et qu'ils seront jugés avec de nouveaux critères qui seront,
eux aussi, meilleurs et plus spirituels. Elytis parle d'une
critique qui ne viendra pas "d'en haut" mais qui sera "une col-
laboration qui donnera des fruits aptes à désespérer l'inexisten-
ce et le vide, à désespérer la défaite et la mort" 27
Dans cette étude nous avons fait notre possible de répondre
& ce point de vue qui est celui d'un grand poète. Seulement, col-
laborer avec la poésie éluardienne, c'est en faire une lecture où
la part du rêve est considérable ce qui nous assure mal de notre
qualité d'enseignante. "Quel mauvais professeur de littérature
nous eussions fait", s'exclame Bachelard, "nous rêvons trop en
28
lisant" . Eluard, de son côté, écrit: "Les professeurs de poé-
sie étant conçus mais à naître, je me méfie des anthologies objec-
tives" (II, 147) . En nous demandant si cette phrase ne serait pas
valable de nos jours, nous nous limitons à signer ce que nous ap-
prouvons (cf. 1,994) et à revendiquer avec Eluard "un droit de
regard enfin sur le poème"(1,948).
1967.
ARTICLES ET REVUES
1. Sur Eluard :
ADAM Jean-Michel, "Re-lire 'Liberté', d'Eluard", Littérature,
(mai 1974), pp. 94-113.
ADAMSON Robin, "Mots-thèmes et mots-clés dans la poésie de
guerre de Paul Eluard", Les Mote la Vie, n= 5(1987),pp.
41-65.
BACHELARD Gaston, "Germe et raison dans la poésie de Paul
Eluard", Europe, n° 93 (1953), pp. 115-119.
BOISSONOUSE Janine, "Choix de Lettres à· sa fille (1932-1949)" ,
Europe (nov.-dëc. 1962), pp. 21-33.
BOREL Jacques, "Un Eluard nocturne", Nouvelle Revue Française
(juillet 1967), pp. 92-104 et (août 1967), pp. 279-290.
BOULESTREAU Nicole, "L'amour la peinture la poésie", Les
Mots la Vie, numéro spécial. (1984).
BOURGUIGNON Claire, "Eluard et le feu", Cahiers du Sud, (fé-
vrier-mars 1964), pp. 89-99.
CARRARD Philippe, "Un Poème de Paul Eluard, Essai d'approche
linguistique et littéraire", Etudes de lettres, (oct.-
dëc. 1969) , pp. 234-251.
CLAUDE Jean, "Notes sur la poésie de Paul Eluard", Cahiers
du. Sud, n= 329 (juin 1955), pp. 98-114.
429
2. Sur Bachelard;
F. OEUVRES CITÉES
AUTRES OUVRAGES
1970.
GUIRAUD Pierre, La Stylistique, Paris, P.U.P., 1963.
LATTRE Alain (de) , L'Ordre des Choses, Paris, Vrin, 1973.
ΜΑΡΩΝΙΤΗΣ Δ. ÏJ. , Πίσω Μπρος, Athènes, Στιγμή, 1986.
MESCHONNIC Henri, Pour la Poétique III, Paris, Gallimard,19 73.
MOUNIN Georges, La Littérature et ses Technocraties, Tournai,
Casterman, 1978.
ΜΟ'ΪΡΕΛΟΣ Γιώργος, θέματα Αισθητικής και Φιλοσοφίας της Τέχνης»
I, Thessalonigue, Νέα Πορεία, 1970(Athênes, Νεφέλη, 1985).
43 4
(1964).
1969.
1987.
1962).
AUTRES ARTICLES
Minard 4(1965).
ποίηση του Paul Eluard. Στην αρχή της εισαγωγής μας, δηλώνουμε
στο ότι η κριτική του είναι, κατά την άποψη τους, υποκειμενική,
του έργου, αποσυνδέοντας την εικόνα από την προσωδία και αποσπώ
ντας την από τα συμφραζόμενα και στο ότι αυτή αφορά περισσότερο
Στο τρίτο κεφάλαιο που αναφέρεται στην ενότητα του έργου του
Eluard σε σχέση με την ετερογένεια των δομικών του στοιχείων επι
χειρούμε να το αξιολογήσουμε κυρίως μέσω μιας "ρυθμανάλυσης" προ
σαρμοσμένης στις εικόνες του. Το κεφάλαιο αυτό, όπως και τα προ
ηγούμενα, χωρίζεται σε τρεις ενότητες. Στην πρώτη, η οποία επι
γράφεται "Ποικιλία και συνοχή" τονίζουμε τη σημασία που έχουν για
την ποίηση η πολλαπλότητα και η ποικιλία. Εξετάζουμε λοιπόν την
πολλαπλασιαστική δύναμη των καθρεφτών του Eluard οι οποίοι δια
θλούν, πολυδιασπούν και παραλλάσσουν ως το άπειρο το "όραμά"του
καθώς και την ποικιλία των φωνών μέσα στην ποίηση του, για να
διαπιστώσουμε τελικά μια απόλυτη αλληλεξάρτηση της πολλαπλότητας
και της έφεσης που την ενοποιεί.
465
Στη συνέχεια, αναφερόμαστε στη θέση του Eluard γ ta την ανα
γκαιότητα μιας γενικής κινητοποίησης των ποιητικών μέσων και στην
καθοριστική σχέση της δημιουργίας του με το σύμπλεγμα χάος-Κοσμοε.
Παρατηρούμε δε ότι η κινητικότητα των εικόνων του είναι η δύναμη
που ενοποιεί την ποικιλία τους, γεγονός που επιβεβαιώνεται από
την άποψη του Bachelard ότι η πολλαπλότητα είναι αναταραχή (και
το αντίστροφο) και ότι, στον Eluard, το σταθερό και το κινητό δεν
αντιφάσκουν. Επισημαίνουμε κατόπιν τη συμμετοχή της φαντασίας του
Eluard σε όλες τις μορφές του γίγνεσθαι η οποία εξηγεί και την
"αυτοματοποίηση", σύμφωνα με τη ρήση του, των εικόνων του.
Εξετάζουμε, στη συνέχεια, τα τεχνικά μέσα που χρησιμοποιεί ο
ποιητής για να επιτύχει την αυτοματοποίηση, την κατεύθυνση προς
την οποία αυτή προσανατολίζει τις κινήσεις των όντων, τις περιο
χές τις οποίες ενεργοποιεί (το ασυνείδητο, τη μνήμη, την όραση,
την αισθητική, τη γραφή), προσφέροντας τους ένα γίγνεσθαι και κα
θιστώντας την αλλαγή την οποία επιφέρει καθοριστική της εξέλιξης
της ποίησης του Eluard.
αποδώσουμε στο φως του. Πρώτη μας διαπίστωση ε£ναι ότι. η συνει
δητή έγνοια του ποιητή για το φως ηθικοποιεί κάθε αισθητική αξία.
λεκτική της λέξης που σημαίνει και οτης λέξης που αξιοποιεί. Επί
σης παρατηρούμε, ότι. η διαφάνεια γίνεται μια έννοια οριακή, ένας
εσωτερικός και επαναλαμβανόμενος στόχος που προκαλεί τη συνεχή
υπέρβαση του και. ότι η διαύγεια της σκέψης και η αθωότητα εμφανί
ζονται ως ηθικές της όψεις. Προσθέτουμε ακόμη ότι η ηθικοποίηση
της διαφάνειας δεν αφορά τόσο στο ον καθεαυτό, αλλά διέπει όλο
και περισσότερο τα συναισθήματα και τις σχέσεις, που αποκτούν ο
πτικές ιδιότητες.
A b a s t a d o C. , 3 6 7 , 370, 400.
Adam J . - M . , 156.
Adamson R . , 294.
Alquië F . , 238.
Anadyomëne,98.
Aphrodite, 169.
Apollinaire G.,18, 73, 76, 97, 111, 138, 231, 236, 255, 268-269,
315, 373.
Astëris, 291.
Athènes, 290, 2 9 4 - 2 9 5 .
Bachelard G., 3-21, 27, 29-31, 34, 38, 40, 42, 48, 53-66, 68, 72,
75-77, 81, 83-86, 88-89, 91-92, 96, 98-99, 102-105,107,
109, 111-117, 120^124, 126, 128, 130-136, 138-148, 150,
153-154, 157, 160-161, 165, 171-174, 177, 181, 183,185,
191, 193, 196, 201-205, 207-208, 215-220, 222-224, 228,
234, 237, 245-249, 255, 287, 296, 302, 306, 309-310,312,
314-316, 319, 322-325, 329, 331, 332-334, 337-338, 342-
343, 349, 352-354, 366, 368, 370, 372-374 , 376-377,383 ,
386, 399-401, 403-404, 407, 411-412, 414, 417, 422.
Balzac, 401.
Bergez D., 80, 92, 94, 101, 105, 108, 163, 168, 171-172, 174,176-
177, 179, 182, 188, 193, 197, 230, 241-242, 261, 265,
273, 299, 337, 369, 381.
Berlin, 175.
Blake W., 17.
Boisdeffre P.(de), 37 2.
Bouchet A. (du), 18 5.
Boulestreau Ν., 152, 164, 255, 262, 264, 274, 358-359, 361.
Breton Α., 30, 36, 41, 44, 129, 209, 218, 229, 235, 244, 301,315,
341, 369, 378.
Χαρίδημος, 34.
David, 47.
Debreuille J.-Y., 22, 232, 242, 246, 255-256, 274, 276, 281, 299,
310, 319., 342.
Dédale, 144.
Dijon, 237.
Dominique, 202, 250-251, 257, 262, 265, 272, 275-278, 284, 288,
315, 402.
Dumas M . , 8 0 , 1 8 3 , 1 9 3 , 2 9 4 , 3 2 5 , 3 5 5 , 3 6 6 .
Durand G., 135, 147, 159, 197, 202, 207, 222, 244, 307, 414, 417,
421.
Ehrenbourg I.··; .- 20 4, 20 9.
Ελένη, 13 9.
Eliade M., 195, 201, 208, 227, 228, 239, 246, 258, 292, 311.
Ελύτης Ο., 22, 27, 3 8 - 3 9 , 41, 201, 206, 208, 301, 341-342,376-
377, 413, 422.
Emmanuel P., 19, 73, 75, 77, 191, 214, 219, 223, 227, 292, 385.
Empédocle, 81, 8 3 - 8 4 .
480
Fancioulle, 79.
Flaubert G., 4.
Gala, 262.
Giotto, 220.
Grindel, 2 44.
Guillevic, 2 30.
Harpe (La), 5.
Héleln-Koss S., 9.
Hercule, 4 3-44.
Hölderlin, 18 5.
Jacob, 117.
Jean R., 15, 30, 36, 38, 77,'159, 162, 196, 319, 360, 362-363,
370, 381, 393.
Jonas, 13 2.
Jones R . - E . , 1 0 .
Juillard J.-P., 20, 97, 148, 163-164, 166, 168, 246, 252, 307,
353-354, 356, 358, 360-362, 373-374, 384, 405.
Jupiter, 23 9.
Joullié M., 35 5.
Kerleven, 65.
482
Kittang Α., 109, 149, 171-172, 232, 244, 253, 270, 276, 312,339,
406.
Lacan, 2 07.
Lamarck, 13 0.
Lattre A. (de), 65 .
Lénine, 208.
Levi Ε., 13 5.
Londres, 19 3.
Madrid, 112.
Mandiargues P.(de), 23 2.
Mansuy M., 11, 56, 65, 68, 73, 82, 97, 104, 112-113, 131, 194,
204, 212, 234, 248, 289, 348, 355, 386, 412-413.
Marinetti, 307.
Mënades, 2 79.
Mercure, 118.
Meschonnic Η., 86, 97, 176, 209, 236-239, 315, 319, 355, 373,384,
402.
Meuraud M., 109, 158, 166-167, 169, 176, 227, 249, 258, 352.
Mingelgrün Α., 100, 102, 171-172, 188, 230, 250, 322, 339, 350,
366, 377, 379, 387, 404.
Molière, 412.
Narcisse, 10 5, 12 5, 316.
Nice, 2 30.
Νι,ζίνσκυ, 78-79.
Oedipe, 54, 18 5.
Onimus J., 27, 67, 72, 114, 149, 160, 225, 233, 330, 360, 384.
Orphée, 2 7 9-280.
Παναγούλης Α., 15 6.
parrot L., 36 4, 37 9.
Petitjean, 353.
Phénix, 75 ,77.
Platon, 23 2.
Poulet G., 6, 8, 15, 56, 66, 171-172, 185, 191-192, 203, 212,226,
238, 245, 247, 265, 323, 330, 349, 356, 360, 364.
Prëvert J. , 7 8 - 7 9 , 151.
Ricardou J. ,'5,9.
Richard J.-P., 21, 56, 106,. 149, 198, 226, 229, 232-233, 235,253,
258, 323, 353, 359, 379, 385., 389, 394, 398.
Rimbaud Α., 9, 2 7 9 , 2 8 0 , 34 3.
Ρίτσος Γ., 77, 80, 143, 214, 216, 225, 230, 249, 293, 379.
Sade, 3 43.
Sahara, 231.
Sainte-Beuve, 5.
Salomon, 47.
Saône, 113.
Scheler L., 80, 181, 183, 193, 294, 312, 325, 355, 366.
Σεφέρης Γ., 7, 10, 19, 34, 36, 38, 43, 45, 78, 79, 139, 142,155,
196, 208, 401, 40-3.
Spinoza, 227.
Taine Η., 5.
Therrien.V., 4, 6, 8-10, 12-15, 19-21, 28, 53-54, 59, 62, 65-68,
84, 87, 91, 95, 102-104, 115, 131-132, 146, 171, 179,
202-203, 216-217, 229, 237, 245, 249, 259, 324-325,
333, 342, 345, 386, 413, 421.
Thessalonique, 2 91.
Thomas J.-J.,231.
Tieck, 65.
Vercors, 3 91.
Βήμα (To), 20 6.
Vierge-Marie, 3 04.
Woolf V., 23 4.
Yannopoulos, 291.
TABLE DES MATIÈRES
489
INTRODUCTION 1
A. Choix 3
1. Pourquoi Eluard 3
2. Une conception de la critique d'inspiration bache-
lardienne 4
3. Importance de la première lecture et, â propos d'
Eluard, influence de cette lecture sur le choix
du sujet 5
B. Démarche 7
1. Recours méthodologique à Bachelard 7
a) Bachelard imagiste 7
b) Critique des reproches adressés à Bachelard... 8
G) Critique et science. Esquisse de la démarche
bachelardlenne 11
d) Affinités entre Eluard et Bachelard 14
2. Autres précisions méthodologiques 15
C. Analyse du sujet et du sous-titre 17
1 . Moyen 17
2. Transcendance 18
3. Prolificitë 19
4. Sur-réalité 20
5. La Terre-Ciel 20
E. Economie de l'étude 23
2. Image et langage 30
B. Images et éléments 53
a) Bachelard et la psychanalyse 53
2. Thêmatisation et application 68
CHAPITRE II : LA TERRE-CIEL 19 9
a) De la psychanalyse à la phénoménologie. Le
choix du feu , 201
b) Le couple-phénix 255
a) L'engagement 290
d) L'humanisation 302
e) La promëthisation 306
2. Un regard actif 3 49
a) Un poète-miroir 4 00
CONCLUSION 40 9
BIBLIOGRAPHIE 423