‘TEXTE 2
EDWARD FREEMAN, KIRSTEN MARTIN, BIDITAN PARMAR
Le capitalisme des parties prenantes”
Nous souhaitons proposer une nouvelle vision du
ccapitalisme — le capitalisme des parties prenantes ~ fondé sur
des perspectives lbertarienneset pragmatistes. Le capitalisme
des partes prenantes n'est pas uniquement fondé sur la
propriétéprivée, 'intérét personnel, lacompétition eta liber
des marchés ~ une telle fagon de concevoir le capitalisme
une justification permanente basée sur ses bonnes consé-
permet de se prémunir contre des
‘quences ou sur le fait qu’
alternatives autoritaires, Nous soutenons qu'il’ est pas néce
saire de jusifier les sysitmes capitalistes en se basant sir
Gonséquences ou sur es alternatives, car ks principes dx.
ialisme sont des buts louables en eux-mémes, Le capital
des parties prenantes est plutot«fonde sur la libert,
ct lacréation volontaired’ obligations positives»
RE Fceman, K-Matin ct B.Panmar, «Stksholier cose
Journal of Business Ethie, 74,0. 308314... Ang104 RE. FREEMAN K, MARTIN,B, PARMAR.
Premirement, les personnes ont la liberté de faire ce
au’elles veulent, y compris de conchure des accords volon-
tires susceptibles de se maintenir dans le temps. Piut6t que de
sintéresser aux individus en compéttion pour des ressources
Timitées comme dans les narrations tradtionnelles du capita
lisme, le, capitalisme des parties prenantes sTintéresse aux
jndividus qu travaillent ensemble sur une base volontare fin
de créer desrelations durablesen vuedelacréationde valeur.
‘Deuxitmement, ces accords prévoient que les individas”
ont des drvits gui les protogent. La naration du capitalise
rest pas & premitre vue dominée par les droits d'un seul
sroupe. Chague partie prenante devraitpluttétre protézée par
Tes accords volontaires auxquels elle a pasticipé. Finalement,
ces individus peuvent décider de coopérer et des obliger eux:
‘mémes envers les autres grice & ces accords volontaires, Les
obligations en question peuvent prendre la forme de contrats
Gertsformels ou de contrats sociaux mentionnant les respon-
sabilités assumées par chacun, Les relations sont durables
quand ces obligations sont respectées et ces responsabilités
assumées,
"Nous proposons six principes qu, pris ensemble, forment
tun cadre de travail pour la création de valeur et la promotion
du commerce ~ un cadre qui pred en compte Péthique,
respecte la complexité des étres humains, encourage T inno-
vation et peut nous aider & dépasser les problémes esquissés
précédemment.
Principes du capitalisme des parties prenantes
L.Le principe de la coopération avec les parties
prenantes. «La Valeur peut Gre créée, échangée et maintente
parce que les parties prenantes peuvent conjintementsais-
faire leurs besoins et leurs d&sirs en conclvant des accords
;:
‘U8 CAPITALISME DES PARTIES PRENANTES 105
volontares les unes avec les autres, aecords qui pourlaplupart
sontrespectés»
Platt que de partir de I’hypothése que nous sommes avant
tout égoistes et que novs recherchons la maximisation de notre
{ntét personnel, ce principe meten évidence lant sociale
de la création de valeur. La valeur, en fait toute valeur, est un
plignomne social. Nous devons créer de la valeur dans un
contexte et avec I’aide de personnes qui accordent de impor.
danced ce que nous eréons. Ce principe reconnait que activité
industrielle et commerciale est explicitement sociale, et ill
utilise cette reconnaissance pour améliorer Je processus de
création de valeur.
2.Le principe de Wengagement des parties prenantes.
«Pour eréer, changer et maintenir la valeur avec succes, une
‘entroprise doit favoriser'engagement deses parties prenante.
Presque chaque transaction implique des clients, des four-
nisseurs, des collectivités, des employés et des financiers.
Diautres parties prenantes, telles que les médias, des repré-
sentants de la société civile, des ONG, etc., sont souvent
‘affectées parla création de valeur ou peuvent 'affecter »
utat ue d*énoncer quels sont les droits qui emportent,
ceprincipe reconnait qu'un largeensemblede parties prenantes
fest nécessaire pour maintenir dans le temps la eréation de
valeur. Les besoins de multiples parties prenantes doivent re
* afisfits aussi souvent que possible. Il peut y avoir des
situations spécifiques dans lesquelles privilégier les droits
Gun groupe peut profiter aux autres groupes dans le long
terme, mais ce n'est pas évident & premitre we et doit Ere
tranché parles parties concemées,
3.Le principe de la responsabilité des parties prenante.
«La valeur peut éte créée, échangée et maintenue parce gue
les parties & un accord sont disposées a accepter la respon106 RE, FREEMAN, K. MARTIN, B, PARMAR.
sabilité des conséquences de leurs actions. Lorsque des tiers
subissent un tor, ils doivent étre dédommagés, ou bien un
nowel accord doit etre négocié avee toutes les partes
concernées »
Ce principe rejete le point de vue selon lequel la vie des
affaires est amorale ou méme immorale. Si la vie des affaires
est un processus social, alos la moralité y occupe une place
centrale, Les scandales | Jes eomportements €goistes const
tuent une rupture de la canfiance et dela tansparence qui sont
toutes deux nécessaires pour assurer Ia prospéité écono-
rmigue. Si, plut6t que d'attendre une intervention du gouver-
nnement, les responsables entreprises anticipent les consé
quences de eurs actions surautrui, cela es aidera& construire
Ja confiance et la loyauté des parties prenantes qui contri-
bueront leur tour’ laeréation d'une activité économique plus
durable. ;
4.Le principe de complenté. «La valeur peut étreexéée,
‘éhangée et maintenue parce que les res humains sont des
créatures psychologiques complexes: capables d'agir en
fonction de différentes valeurs et de différents points de vue.
Les individis sont situés socialement et leurs valeurs sont
religes leur contexte socal».
Ce principe rejette le point de vue stérotypé sur la nature
‘humaine qui se trouve au cur des narrations actuelles rela-—
tives air capialisme. Les gens sont complexes, ils agissent
ons, Leurs actions leu profiten et profi-
tent aux autres —un fait que es gens prennent habtuellement
en compte. Il est également important de remarquer que,
puisque nous sommes complexes, nous sommes capables
de difrencier les conséquences de nos actions selon les
Personnes qu’ellesaffectent. Le fait que nous nous.préoccu-
pions plus des conséquences de nos actions qui affectent ceux
[LE CAPITALISM DES PARTIES PRENANTES 107
‘qui nous sont proches que de celles qui affectent les autres est
un trait dela nature humaine. C'est une raison supplémentaire
qui explique pourquoi le Principe de la responsabilité des
parties prenantes est important. Il contribue & contrebalancer
noire tendance naturelle & faire des distinctions et nous
rappelle qu’ en dépit du fait que nous sommes des &tres diffe
rents et sSparés, nous pouvons produire des effets tr impor-
tants qui nous concement tous. D’aprés ces principes, le |
capitalisme devient <'ensemble des associations volontares |
de personnes libres, responsables, coopératives, consen-
tantes et complexes», et il n'inclut, parmi ses hypotheses!
fondamentales, nila compéttion niT'intéret personne
5.Le principe de la création permanente. «-L'entreprise en
tant qu‘insttution est une source de création de valeur. Coopé-
rant avec les parties prenantes et motivés par les valeurs, les
_gens quitravaillent dans les entreprises créent en permanence
denouvelles sourcesde valeurs >.
Lintéret personnel n'est pas la seule source d'innovation
ude progres. Travailler avec les autres et pour les autres peut
ire une motivation plus forte pour accélérer la marche du
progres.
6.Le principe de la concurrence émergente, «1a concur
rence émerged’une société relativement libre dans laquelle les
parties prenantes disposent d’options de choix. La concur
rence est une propriété émergente plut6t qu'une hypothise
‘nécessaire du capitalisme »
Ce principe éclaire également les différentes fagons dont
notre hypothése de concurrence peut affecter nos compor-
[NAT Le texte comprend adjectif «far» et no «free, mais I
slagt i éidence une Fate typogrphigu, Je epends Ia version guest
stele aetricuro xt dition avait dc formal108 [RE FREEMAN, K, MARTIN, B. PARMAR.
tements. Toute interaction n’est pas un jeu somme null, et
toute interaction n’a pas une solution « gagnant-gagnant»,
"Nous devrions faire de notre mieux pour rechercher Ia solution
«