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Inflation et déflation

Table des matières

Bibliographie
I. Définition, mesure et évolution de l’inflation
1) Définitions et mesure
2) L’inflation du XIXe siècle à 1945
a) Préambule : l’Edit du Maximum (301) et la « Réponse au paradoxe de M. de Malestroit »
(1568)
b) Le XIXe siècle : stabilité et mouvements longs
c) L’instabilité de l’Entre-deux-guerres
3) L’inflation de 1945 au début des années 1980
a) Deuxième guerre mondiale et reconstruction
b) Les trente glorieuses et la première poussée inflationniste (1968 – 1973)
c) La seconde montée de l’inflation (1974 – 1980)
4) La désinflation à partir des années 1980
a) De l’inflation forte à la désinflation dans les années 1980
b) La grande modération à partir des années 1990
5) La « lowflation » et la menace de déflation
II. Les sources de l’inflation (et de la déflation)
1) L’inflation par la monnaie
a) La Théorie quantitative de la monnaie
b) Du monétarisme (Friedman) à la Nouvelle Ecole Classique
2) L’inflation par la demande
3) L’inflation par les coûts
a) Coûts de production, inflation importée
b) La courbe de Phillips
 Phillips (1958), Lipsey (1960), Samuelson et Solow (1960), NAWRU et NAIRU
 La critique monétariste
4) Inflation et déflation comme phénomènes structurels et institutionnels
a) Concurrence et stabilité des prix et des salaires au XIXe siècle
b) Un contexte institutionnel favorisant l’inflation rampante dans les trente glorieuses
c) Déréglementation, mondialisation et modération des prix et des salaires depuis les
années 1980
III. Effets de l’inflation et de la déflation
1) Effets redistributifs entre créanciers et débiteurs
2) Effets sur l’activité économique et la croissance

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a) Un effet positif de l’inflation sur l’activité économique ?
b) La debt deflation et la spirale déflation (rappels)
c) Les effets sur la croissance (à long terme)
IV. Les politiques de lutte contre l’inflation : un panorama

Bibliographie

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Bezbakh P., Inflation et désinflation, Repères, La Découverte.

I. L’inflation et la déflation : définitions, mesures et évolutions

1) Définitions et mesure

L’essentiel. L’inflation est « un processus de hausse cumulative et auto-entretenue du niveau général des
prix ». On en déduit la définition de la déflation, qui est le contraire de l’inflation. La désinflation
est un processus de ralentissement de l’inflation (le taux d’inflation, c’est-à -dire le taux de
croissance du niveau général des prix, reste positif mais diminue). L’hyperinflation est un
phénomène de hausse colossale du niveau général des prix ; même s’il n’existe pas de seuil
précis, des taux d’inflation supérieurs à quelques dizaines de pourcent par mois suffisent à
caractériser une hyperinflation (un exemple extrême récent est donné par Zimbabwe en 2008
avec 11 millions pourcent sur un an). La stagflation désigne un phénomène combinant une
inflation et une stagnation économique (affaiblissement du taux de croissance du PIB,
accompagné d’une hausse du chô mage).

Approfondir 1. Le taux d’inflation est calculé à partir de l’indice des prix à la consommation. Cet indice
permet de mesurer la variation entre deux périodes de la valeur d’un panier composés de biens
et de services consommés par les ménages. La valeur de ce panier est une moyenne des prix des
produits consommés pondérée par le poids de chaque produit dans la dépense de consommation
des ménages. Le calcul se heurte à plusieurs difficultés : 1) la pondération doit être révisée
périodiquement pour prendre en compte l’évolution de la structure de consommation des
ménages, 2) des innovations améliorent la qualité de certains produits ce qui rend difficile
l’interprétation de la hausse de leurs prix.

Approfondir 2. Des variations de court-moyen terme, à la hausse ou à la baisse, du taux d’inflation peuvent
être causées par certains biens et services particuliers, composant l’indice des prix à la
consommation mais dont les évolutions de leurs prix ne sont pas la manifestation d’une tendance
de fond de l’évolution des prix en général mais davantage de l’influence de facteurs exogènes. Ces
biens et services particuliers sont : 1) ceux dont les prix sont réglementés par l’Etat (tabac,
gaz…), 2) ceux dont les prix sont très volatils car soumis à des facteurs climatiques (produits
agricoles…) ou à la spéculation (produits pétroliers…) par exemple. De plus, certaines mesures
fiscales (variation des taux de TVA, de la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits
Energétiques…). L’élimination de ces facteurs exogènes conduit à la notion d’inflation sous-
jacente.

Approfondir 3.Le pouvoir d'achat « correspond au volume de biens et services qu'un revenu permet
d'acheter » (Insee). Son évolution est calculée en retranchant le taux d’inflation du taux de
croissance du revenu disponible des ménages. Les débats récents portant sur l’évolution du
pouvoir d’achat des ménages (mouvement des gilets jaunes à partir de novembre 2018) ont
conduit à mettre l’accent sur les « dépenses contraintes », appelées aussi et notamment
« dépenses pré-engagées », lesquelles désignent les dépenses qui ne peuvent pas être
comprimées sur le court terme car liées à des contrats difficilement renégociables (loyers,
électricité, frais de cantine, assurances santé, etc.). Ces dépenses contraintes ont fortement
augmenté dans les dernières décennies et représentent aujourd’hui près d’un tiers du revenu
disponible brut par unité de consommation pour les ménages les plus défavorisés (1er quintile).
Ainsi, l’augmentation du pouvoir d’achat masque, pour ces ménages, la montée d’un « impouvoir
d’achat » (Igor Martinache).

2) L’inflation du XIXe siècle à 1945

a) Préambule : l’Edit du Maximum (301) et la « Réponse au paradoxe de M. de


Malestroit » (1568)

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L’essentiel. Les manifestations de l’inflation sont très anciennes, notamment au travers des réactions et
analyses qu’elles suscitent. Comme le rappelle Pierre Bezbakh dans son ouvrage intitulé Inflation
et désinflation, l’envolée des prix des denrées observée depuis la fin du IIIe siècle a conduit
l’empereur romain Dioclétien à émettre l’Edit du Maximum (301) lequel prévoyait la peine de
mort pour ceux qui dépassaient le prix maximum fixé pour un bien. Beaucoup plus tard, c’est la
forte inflation qui a lieu en Europe au XVIe siècle qui va amener à la naissance de la théorie
quantitative de la monnaie, Jean Bodin, dans sa « Réponse au paradoxe de M. de Malestroit »
(1568), faisant de la surabondance monétaire (afflux d’or et d’argent venant du nouveau monde)
la cause principale de l’inflation.

b) Le XIXe siècle : stabilité et mouvements longs

L’essentiel 1. La tendance générale est une stabilité des prix à long terme au XIXe siècle. Dans le cas de la
France, le taux d’inflation est un peu plus élevé que dans les autres pays s’industrialisant au XIXe
siècle ; il est estimé à 0.25% par an en moyenne (les gains de productivité dans l’agriculturesont
relativement faibles, la France n’ayant pas connu de Révolution agricole avant 1850 selon
l’historien Michel Morineau). En deçà de la tendance de très long terme, le mouvement des prix
est rythmé par des cycles longs (Kondratieff) et par des cycles courts (le mouvement des prix
devenant en phase avec celui de la production au fur et à mesure que se développent les crises
industrielles modernes).

L’essentiel 2. La tendance à stabilité des prix sur le long terme au XIXe siècle s’explique principalement
par la combinaison : 1) de gains de productivités dans un secteur industriel en croissance
(nouvelles techniques de production) et de l’effet de la régulation concurrentielle sur la
détermination des salaires, 2) de débouchés limités par une répartition inégalitaire des revenus
entravant le développement d’une classe moyenne, 3) d’une expansion limitée de la masse
monétaire (du fait en particulier des contraintes imposées par la généralisation de l’étalon-or),.

c) L’instabilité de l’Entre-deux-guerres

L’essentiel. Si la période allant de la 1e Guerre mondiale à la seconde est surtout celle de l’instabilité
(fortes poussées inflationnistes et épisodes déflationnistes), elle ouvre un siècle qui sera celui de
l’inflation. Thomas Piketty affirme, pour le cas de la France : « C’est la Première Guerre mondiale
qui marque la véritable entrée de la France dans l’ère de l’inflation ‘moderne’ » (Piketty (2001),
Les hauts revenus en France au XXe siècle) ;et, effectivement, le taux d’inflation moyen en France
sur l’ensemble du XXe siècle s’établira à 8% par an, soit des prix de détail multipliés par plus de
2000 sur 100 ans ((1+0.08)100 > 2000). La période débute avec la forte inflation liée à la Première
Guerre mondiale et à la reconstruction, se poursuit avec la déflation associée à la crise
économique de 1920-21 (taux d’inflation égal à -10% en 1921 aux Etats-Unis), l’inflation des
roaringtwenties, puis la déflation des années 1930 (le niveau général des prix chute de 25% aux
Etats-Unis entre 1930 et 1933, soit d’environ 7% par an en moyenne). Des différences
importantes selon les pays caractérisent également la période, notamment l’opposition entre
l’hyperinflation de l’Allemagne de Weimar en 1923 (hausse des prix de 500 mds pourcent sur
cinq mois) et la tendance déflationniste dans la Grande Bretagne des années 1920. Ces deux
exemples illustrent le rô le majeur des phénomènes monétaires, internes et externes, dans les
mouvements de prix au sein de l’Entre-deux-guerres.

3) L’inflation de 1945 au début des années 1980

Introduction. Les années 1940 et le début des années 1950 n’échappent à la règle : la guerre et la
reconstruction engendrent une inflation extrême liée à la création monétaire et aux évolutions
divergentes de l’offre (l’appareil productif est mobilisé par l’effort de guerre et subit des
destructions importantes, en France et en Allemagne en particulier) et de la demande. L’après
Seconde Guerre mondiale va cependant se distinguer de l’Entre-Deux guerres sur deux points
essentiels : 1) le nouvel ordre mondial, reposant en particulier sur le système de BrettonWoods,
va éviter la reproduction des désordres monétaires et financiers des années 1920, 2) à
l’alternance inflation-déflation qui prévalait jusqu’alors va succéder une alternance de phases
d’inflation et de phases de désinflation.

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a) Les trente glorieuses et la première poussée inflationniste (1968 – 1973)

L’essentiel. Les trente glorieuses sont une ère d’inflation permanente bien que modérée (l’expression
« inflation rampante » se diffuse à la fin des années 1950) : le taux d’inflation s’élève à environ
3% par an en moyenne dans les années 1960 pour les pays de l’OCDE (1 point de moins pour les
Etats-Unis, 1 point de plus en France ou en Italie, 2 points de plus au Japon). La demande est
stimulée : 1) par des politiques conjoncturelles sous l’influence des idées keynésiennes, donc
orientées par la croissance et le plein-emploi, et relativement peu contraintes par le système
monétaire international de Bretton Woods, 2) par la généralisation de modes de vie centrés sur
la consommation de masse. Parallèlement, les salaires, dans le cadre de la ‘croissance fordiste’
augmentent à un rythme soutenu. Cependant, l’inflation peut rester modérée tant que les gains
de productivité et les économies d’échelle sont suffisants pour préserver la rentabilité et la
croissance de l’offre.

L’essentiel 2. Cette croissance relativement équilibrée est remise en cause dans la deuxième moitié des
années 1960. La croissance des masses monétaires s’accélère du fait de politiques monétaires
expansives, de l’afflux de dollars dans l’économie mondiale, du développement du crédit
(notamment dans les économies dites d’endettement). La progression des salaires devient plus
soutenue (notamment du fait des évènements de mai 1968) alors que les gains de productivité
commencent à s’essouffler. Ces évolutions expliquent en grande partie le quasi doublement du
taux d’inflation observé dans les pays de l’OCDE (près de 6% par an en moyenne entre 1968 et
1973), certains pays connaissant même des taux d’inflation supérieurs à 7% (Royaume-Uni,
Italie).

c) La seconde montée de l’inflation (1974 – 1980)

L’essentiel. Les chocs pétroliers vont accélérer le processus enclenché à la fin des années 1960. Le 1er choc
pétrolier (prix du pétrole multiplié par 4 en 1973-1974) implique une inflation importée, une
hausse des coû ts de production et la formation d’une boucle prix-salaires. Des pics d’inflation
sont observés en 1974-75 (14% en moyenne pour les pays de l’OCDE, + de 20% au R-U) et le
taux d’inflation sera de 8% en moyenne dans les pays de l’OCDE sur la période 1975-79 (4% en
RFA). Lors du 2e choc pétrolier, le prix du pétrole est multiplié par 3 entre fin 1978 et début 1981
et l’inflation importée est d’autant dans les pays à monnaie faible (France, Royaume-Uni, Italie)
que le dollar s’apprécie. Le taux d’inflation atteint alors 11% en moyenne dans les pays de l’OCDE
sur la période 1978-1981.

4) La désinflation à partir des années 1980

a) De l’inflation forte à la désinflation dans les années 1980

L’essentiel 1. Fin des années 1970 – début des années 1980, un tournant s’opère dans les politiques
économiques et sociales avec le renouveau des idées libérales, associé à la remise en cause du
keynésianisme et de l’Etat-providence, et plus généralement de l’intervention de l’Etat. En
particulier, les politiques monétaires s’orientent vers un objectif exclusif de lutte contre
l’inflation (notamment aux Etats-Unis, avec l’arrivée de Paul Volcker à la tête de la Réserve
Fédérale en 1979) ; inspirées par les idées monétaristes, ces politiques procèdent à un contrô le
strict de la croissance des agrégats monétaires, le « mal absolu » qu’est devenue l’inflation étant
considéré comme un phénomène purement monétaire.

L’essentiel 2. Les taux d’inflation chutent rapidement passant, pour les pays de l’OCDE en moyenne, de
plus de 10% au début des années 1980 à 5% environ au milieu des années 1980 et à moins de
4% dans la seconde moitié de ces années, retrouvant ainsi des niveaux proches de ceux prévalant
avant la première poussée inflationniste de la fin des années 1960. Malgré des tendances
communes, les taux d’inflation des différents pays avancés restent néanmoins marqués par des
écarts, distinguant des pays à inflation très basse (Allemagne et Japon dans les taux d’inflation
passent en dessous de 2%) et des pays à inflation relativement forte (Italie et Royaume-Uni avec
des taux restant proches de 5%).

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L’essentiel 3. La désinflation des années 1980 n’est pas uniquement la conséquence des politiques
monétaires monétaristes. Plusieurs facteurs sont à l’œuvre, notamment ceux qui vont favoriser
une modération des coû ts de production. Le pouvoir de négociation des salariés s’affaiblit dans le
contexte du tournant libéral dans les pays anglo-saxons (Thatcher et Reagan) ou du tournant de
la rigueur en 1983 et de la politique de désinflation compétitive (dans le cadre du SME) en
France, de la crise du syndicalisme, de la mondialisation commerciale et de la globalisation
financière.De plus, la période est également celle du contre-choc pétrolierde 1986 (après la
décision de l’Arabie Saoudite d’augmenter sa production), ramenant le cours du Brent à des
niveaux proches, en dollars constants, de ceux observés avant le 2e choc pétrolier.

b) La grande modération à partir des années 1990

L’essentiel. Après une légère reprise fin des années 1980 – début des années 1990 (expansion de la
deuxième moitié des années 1980, première guerre du Golfe, réunification allemande), la
désinflation va se poursuivre dans les pays avancés. Même si le taux d’inflation reste proche de
5% par an en moyenne pour l’ensemble des pays de l’OCDE, il devient inférieur à 2.5% par an
pour les pays du G7. En particulier, le taux d’inflation devient inférieur à 3% par aux Etats-Unis
alors que le pays connait une baisse du chô mage et une expansion tout au long de la décennie
(précisément de début 1992 à fin 2000). La relative stabilité macroéconomique qui s’installe
dans les années 1990 (et s’achèvera brutalement avec la crise de 2008), notamment l’inflation
modérée et peu volatile, a amené à parler de « grande modération », expression popularisée par
Claudio Borio (Banques des Règlements Internationaux) dans les années 2000. Les principaux
facteurs explicatifs de cette inflation modérée se trouvent dans le prolongement des facteurs
explicatifs de la désinflation des années 1980 : 1) la mondialisation, notamment commerciale,
qui renforce la concurrence et permet l’importation de produits bon marché, 2) la crédibilité des
banques centrales, la plupart étant désormais indépendantes et semblant en mesure de
parfaitement maîtriser l’évolution du niveau général des prix.

5) La « lowflation » et la menace de déflation

L’essentiel 1. Avec la poursuite de la désinflation dans les pays avancés (rejoints par les pays émergents
dans les années 1990), la menace déflationniste se manifeste dès la fin des années 1990. Dans les
pays du G7, les taux d’inflation passent en dessous de 2% à la fin des années 1990 puis une
nouvelle fois au début des années 2000. Un cas extrême est celui du Japon qui, depuis la crise
économique et financière du début des années 1990, va connaître un taux d’inflation oscillant
autour de zéro. Dès 2003, Ben Bernanke, futur Président de la Fed, alerte les autorités
monétaires américaines sur les risques potentiels d’un passage des taux d’inflation en territoire
négatif (s’appuyant notamment sur la spirale de la déflation par la dette mise en évidence par
Fisher).

L’essentiel 2. La menace déflationniste devient plus forte avec la crise de 2008. En 2009, le taux d’inflation
moyen des pays du G7 est négatif et depuis cette date, les pays avancés peinent à retrouver un
taux d’inflation proche de 2%, c’est-à -dire de l’objectif de la plupart des banques centrales depuis
la fin des années 1990. Toutefois, la spirale déflationniste a été évitée et le taux d’inflation reste
généralement positif, ce qui a amené le FMI dans les années 2010 à parler d’un phénomène de
« lowflation », qui ne serait ni une réelle inflation, ni une véritable déflation.

II. Les sources de l’inflation (et de la déflation)

1) L’inflation par la monnaie

a) La Théorie quantitative de la monnaie

L’essentiel. Bodin (XVIe), Petty (XVIIe), Hume (XVIIIe), Ricardo. Fisher (1911), The Purchasing power of
money.M.V = P.T. Fonction de demande de monnaie (Marshall) et effet d’encaisses réelles (Pigou,
M
Don Patinkin) : Mo = Md=k.P.Y => =k .Y
P

b) Du monétarisme (Friedman) à la Nouvelle Ecole Classique

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L’essentiel. Friedman (1956), « The Quantity Theory of Money – A Restatement ». « L’inflation est toujours
et partout un phénomène monétaire » in The Counter-Revolution in Monetary Theory (1970). « le
gouvernement doit donc partout être rendu responsable de l’inflation » in Inflation et systèmes
monétaires (1968). Friedman et Schwartz (1963), A Monetary history of the United-States, 1867-
1960.

2) L’inflation par la demande

L’essentiel 1. La demande (de B&S) peut augmenter même à offre de monnaie constante : hausse de la
vitesse de circulation de la monnaie, entrées de capitaux, désépargne. La hausse de la demande
engendre de l’inflation lorsque les capacités de production sont pleinement employées. Limite :
l’inflation peut exister en situation de sous-emploi.

L’essentiel 2. Inversement, un effondrement de la demande constitue ici la cause de la déflation. Des


comportements de report de consommation ou de désendettement (debt-deflation) peuvent
alors engendrer une spirale déflationniste.

3) L’inflation par les coûts

a) Coû ts de production, inflation importée

L’essentiel. L’inflation peut apparaître lorsque les salaires, les prix des consommations intermédiaires ou
le prix de capital augmentent plus vite que la productivité, dans la mesure où les entreprises
peuvent répercuter cette hausse des coû ts de production dans leurs prix de vente.

Approfondir 1. Une modification du partage de la valeur ajoutée peut être à la source d’une telle inflation
par les coû ts. Dans un cadre de concurrence imparfaite, où les entreprises disposent d’un certain
pouvoir de marché, donc d’une rente (marge) : un partage de la valeur ajoutée plus favorable aux
salariés (augmentation du pouvoir de négociation) implique une augmentation des prix
pratiqués par les firmes afin de préserver les marges. Une boucle prix-salaires est alors
susceptible de se former.

Approfondir 2. Une autre source d’inflation par les coû ts réside dans l’augmentation du coû t de produits
importés. Cette inflation importée peut provenir d’une augmentation des prix des produits de
base, d’une dépréciation-dévaluation.

b) La courbe de Phillips

 Phillips (1958), Lipsey (1960), Samuelson et Solow (1960), NAWRU et NAIRU

L’essentiel 1. A partir d’une étude économétrique, A.W. Phillips (1958) conclut à une relation inverse entre
croissance des salaires et chô mage au Royaume-Uni entre 1861-1957 : aux périodes de taux de
chô mage élevés correspondent des faibles hausses des salaires nominaux (et même des baisses
jusqu’en 1932) et inversement. Il estime alors le Non-AcceleratingWage Rate of Unemployment
(NAWRU, expression introduite par Tobin) à 5.5%.

Approfondir 1. Le travail empirique de Phillips est prolongé par R.G. Lipsey (1960), “The Relation
betweenUnemployment and the Rate of Change of Money Wage Rates in the United Kingdom,
1862-1957: A furtheranalysis”.

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L’essentiel 2. L’ajout de fondements théoriques à la courbe de Phillips ‘empirique’ va faire de la relation
inverse entre l’inflation et le chô mage, l’équation manquante du modèle keynésien : le taux de
chô mage est un indicateur du taux d’utilisation des capacités de production, donc des effets
inflationnistes de la demande. Samuelson P.A. et R. Solow (1960), “Analytical Aspects of Anti-
Inflation Policy”, obtiennent la relation inverse inflation – chô mage en posant : taux d’inflation =
taux de croissance des salaires – taux de croissance de la productivité. La courbe de Phillips
‘théorique’ offre aux autorités publiques la possibilité d’un arbitrage permanent entre l’inflation
et le chô mage, c’est-à -dire du choix entre différents couples (inflation, chô mage). Notamment,
compte tenu de la croissance de la productivité américaine à cette époque : 1) une inflation nulle
avec un taux de chô mage à 5-6% (correspondant à ce qui sera appelé le NAIRU, Non-Accelerating
Inflation Rate of Unemployment), 2) un chô mage à 3% et une inflation à 4-5% (l’inflation
apparaissant alors comme le mal nécessaire pour obtenir un chô mage faible).

 La critique monétariste

L’essentiel. Friedman (1968) “The Role of Monetary Policy”: “Implicitement, Phillips a écrit son article
pour un monde dans lequel chacun anticipe que les prix nominaux seront stables et dans lequel
cette anticipation demeure ferme et immuable quoi qu’il arrive aux prix et aux salaires ». Illusion
monétaire à court terme. Anticipations adaptatives ( X t =X t −1+ b ( X t − X t−1 )). Taux de
a a a

chô mage naturel ; courbe de Phillips (augmentée) verticale à long terme : U =U N −β ( ṗ−˙ ṗa ) .

4) Inflation et déflation comme phénomènes structurels et institutionnels

Introduction. Le contexte structurel et institutionnel propre à une période et à un espace donnés permet
souvent de comprendre l’existence de tendances à la stabilité des prix, à la déflation ou à
l’inflation. C’est en effet ce contexte qui est susceptible de favoriser des dynamiques particulières
des variables macroéconomiques constituant les causes directes de l’inflation : la masse
monétaire, la demande (consommation, dépenses publiques…) et les coû ts de production (coû t
du travail notamment).

a) Concurrence et stabilité des prix et des salaires au XIXe siècle

L’essentiel. Dans des économies agraires, les crises (frumentaires) sont des crises inflationnistes. Les
crises industrielles du XIXe siècle sont des crises déflationnistes. La « régulation
concurrentielle » (Ecole de la Régulation) caractérisée par une flexibilité des salaires et de
l’emploi favorise une évolution en phase des prix et de la production. Sur le long terme, cette
régulation concurrentielle favorise une tendance à la stabilité des prix : faible pouvoir de
négociation des employés, forte concurrence entre des entreprises de taille modeste, faiblesse de
l’intervention de l’Etat, développement de l’étalon-or contraignant la croissance de la masse
monétaire.

b) Un contexte institutionnel favorisant l’inflation rampante dans les trente glorieuses

L’essentiel. L’altération de la régulation concurrentielle, qui s’amorce à la fin du XIXe siècle, s’explique par
plusieurs mutations structurelles et institutionnelles : la concentration (technique, économique),
le développement de l’organisation ouvrière etle rô le croissant de l’Etat. Ces mutations
débouchent après la Seconde Guerre mondiale sur ce que les régulationnistes appellent la
régulation monopolistique. Dans ce cadre, marqué par un pouvoir de négociation croissant des
salariés, une forte intervention de l’Etat (politiques conjoncturelles de soutien de la demande,
politiques structurelles, Etat-Providence), le développement de grandes entreprises, un système
monétaire international peut contraignant, les fluctuations économiques seront caractérisées par
l’alternance de phases d’inflation et de désinflation et, à plus long terme, la tendance est celle
d’une inflation rampante.

c) Déréglementation, mondialisation et modération des prix et des salaires depuis les


années 1980

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L’essentiel. La crise des années 1970 est une crise structurelle, une « grande crise », celle du fordisme. Les
mutations structurelles et institutionnelles qui débutent dans les années 1970-80 donnent lieu à
la mondialisation (commerciale, des firmes, financière), des dérèglementations (marchés du
travail, des biens et services, sphère financière), une remise en cause de l’Etat-Providence et de
l’interventionnisme keynésien, de nouvelles formes de gouvernance des entreprises
(financiarisation), un affaiblissement du pouvoir de négociation des salariés (crise du
syndicalisme…). Un tel contexte favorise une croissance ralentie de la masse monétaire
(politiques monétaristes), une modération des coû ts de production (croissance ralentie des
salaires, concurrence internationale) et un affaiblissement de la demande (progression limitée
du pouvoir d’achat des ménages modestes, politiques de compression des dépenses publiques).
Dès lors, les tensions inflationnistes des années 1960-70 vont progressivement laisser place à
une menace déflationniste à partir de la fin des années 1990 (et même dès le début des années
1990 dans le cas du Japon).

III. Effets de l’inflation et de la déflation

1) Effets sur l’activité économique et la croissance

a) Un effet positif de l’inflation sur l’activité économique (à court terme) ?

L’essentiel. L’inflation peut favoriser l’activité économique (la croissance du PIB à court terme) en
stimulant la demande interne (consommation, investissement). La consommation peut être
stimulée par effet d’anticipation (effet de fuite devant la monnaie) mais l’inflation favorise au
contraire l’épargne si c’est l’effet d’encaisses réelles qui est à l’œuvre. La stimulation de la
consommation peut aussi provenir, pour les biens durables, de l’incitation à l’endettement (le
coû t réel de la dette diminue avec l’inflation). L’inflation peut aussi avoir des effets positifs sur
l'investissement via l’incitation à l’endettement (effet de levier), sous réserve que les
déterminants principaux de l’investissement n’évoluent pas dans un sens défavorable
(rentabilité économique, anticipations de demande), de même que les autres déterminants de
l’investissement liés aux contraintes de financement (ratio q). La demande externe est a priori
défavorisée par l’inflation (baisse de la compétitivité-prix), pour un taux de change nominal
(compétitivité change) et une compétitivité hors-prix donnés. Au total, les effets de l’inflation sur
la demande apparaissent théoriquement très incertains et l’inflation est plus sû rement le
symptô me d’une expansion et que sa cause.

b) Des effets négatifs de l’inflation sur la croissance (à long terme) ?

L’essentiel 1. Les arguments théoriques en faveur d’un lien entre l’inflation, ou la déflation, et la croissance
économique sont faibles. En particulier, si l’on considère une dichotomie entre la sphère réelle et
la sphère monétaire, un tel lien n’existe pas (la monnaie est neutre). Le modèle d’équilibre
général, par exemple, permet très clairement de mettre en évidence cette neutralité : un niveau
général des prix multiplié par deux double la valeur nominale des biens mais ne modifie aucune
les prix relatifs. Cependant, une inflation forte peut, dans la pratique, dégrader la qualité de
l’information véhiculée par les prix relatifs, a fortiori si elle s’accompagne d’une instabilité des
prix. Dès lors, les prix ne remplissent plus correctement leur rô le de vecteur d’information,
engendrant des erreurs dans les prises de décision des agents économiques (en matière
d’investissement notamment), donc une allocation des ressources non optimale.

L’essentiel 2. Les travaux économétriques révèlent que les effets négatifs de l’inflation sur la croissance se
manifestent effectivement mais seulement à partir de taux d’inflation élevés, donc en particulier
dans les situations d’hyperinflation. Les études de Barro (1995, 1997), qui concernent une
centaine de pays sur la période 1960-1990 montrent précisément que ce n’est que lorsque les
taux moyens d’inflation dépassent 20%/an que la relation négative entre l’inflation et la
croissance est systématique et statistiquement significative. Selon Barro (1997), on peut donc
conclure « qu’une inflation de long terme plus élevée conduit à une croissance réduite. Il faut
insister sur le fait que l’apparition de ces effets négatifs de l’inflation vient des expériences de
forte inflation ».

c) La debtdeflation et la spirale déflationniste (rappels)

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2) Effets redistributifs

L’essentiel. Créanciers : valeur des actifs (réels, monétaires, financiers) > valeur du passif (dettes).
Inflation ⇒ la valeur réelle des actifs diminue (les créanciers s’appauvrissent) et la valeur réelle
des dettes diminue (les débiteurs « s’enrichissent »). L’inflation, notamment en impliquant une
baisse des taux d'intérêt réels, entraîne « l’euthanasie du rentier et du capital oisif » (Keynes
(1936, chapitre 24)) ce qui est, selon Keynes, source d’équité puisque la rareté du capital ne
s’explique par aucunes « raisons intrinsèques ». Avantages aux débiteurs dans les trente
glorieuses et jusqu’à la fin des années 1970 (taux d'intérêt réels faibles voire négatifs). Avantage
aux créanciers à partir des années 1980. Principales victimes de la désinflation : les entreprises
jusqu’au début des années 1990 (effet boomerang), les Etats (risque d’effet boule de neige).

IV. Les politiques de lutte contre l’inflation : un panorama

L’essentiel. Politique monétaire. Politique budgétaire (réduction des dépenses, proscrire le financement
non monétaire du déficit). Contrô le des prix (limite : effets de rattrapage après la levée du
blocage, hausse de prix préventives par anticipation d’un blocage). Politique des revenus (actions
sur le salaire minimum, sur les rémunérations dans le secteur public). Politique de la
concurrence (intensifier la concurrence).

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