Review

Author(s): Pascal Engel

Review by: Pascal Engel
Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 185, No. 4, ENGELS L' ADAPTATION
(OCTOBRE-DÉCEMBRE 1995), pp. 513-514
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41097531
Accessed: 02-01-2016 13:58 UTC

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Analyses et comptes rendus 513

depuis des temps immémoriaux,ou bien qu'il n'y a jamais eu d'athées

véritables.En sorte que, remarquel'A., dans l'une ou l'autre supposition
se trouve le berceau d'une mise à l'écart de toute histoirede l'athéisme
dignede ce nom.
L'A., lui, propose à la fois plus et moins qu'une simple histoirede
l'athéisme en Grande-Bretagne.Moins car, outre les limitestemporelles
qu'il s'assigne,il ne prétendpas à l'exhaustivitéd'une véritablechronique
de l'athéismebritannique.Plus, car il montreque l'histoirede l'athéismea
été brouilléepar de multiplesconfusionsdont les termeslui serventd'ou-
tilspour l'analyse : confusionentreles accusationsd'athéismeet les profes-
sions d'athéisme; mais surtout, confusionentre Yathéismevoilé (covert
atheism) et Yathéismemanifeste(overtatheism),confusiondont l'élucida-
tion est l'axe directeurde l'ouvrage.
Sans nier l'intérêtdes approches génétiques de Feuerbach, Marx ou
Freud, qui mettenten évidenceque, d'un point de vue anthropologique,la
croyance en l'existence de Dieu correspond à une nécessité profonde,
l'A. se demande, lui, quelles sont les forcespsychologiqueset sociales qui
ont empêchél'émergencede l'athéismeet rendusi timideet si erratiquesa
proclamationouverte.
Après une analyse serréede quelques exemples typiques de mises en
doute ou de négationsde l'existenced'athées au XVIIesiècle,et après avoir
rappelé le contenu répressifde l'Acte de 1697 à l'endroit d'éventuels
athées, l'A. découvre (chap. 5) ce qu'il tient pour la premièredéclaration
ouverted'athéisme: AnswertoDr. Priestley'sletters to a philosophicalunbe-
liever(Londres, 1782), une publicationanonymedont il attribuela pater-
nité à Turner. Suivent divers chapitres qui, avec beaucoup d'érudition,
manifestenttoutes sortes de rapports entre les écrivains ouvertement
athées et leurs grands prédécesseurs,Hobbes, Spinoza, Hume, Holbach,
ainsi qu'avec des penseursen apparence plus orthodoxescomme Locke et
Berkeley.
Le fil d'Ariane constituépar la question de savoir ce qui a empêché
l'émergencede l'athéismejusqu'au termedu XVIIIesiècle sembleparfoisse
perdredans le détail minutieuxdes analyses. On appréciera pourtantde
découvrir,dans ce livre,les multiplesfaces d'une hétérodoxiequi, jusqu'à
nos jours, restaitpassablementoccultée.
GenevièveBrykman.

Akeel Bilgrami, Belief and Meaning, Oxford, Blackwell's, 1992, paper-

back 1994, 302 p.

Depuis une quinzaine d'années, la philosophiedu langage et de l'esprit

a produit des théoriescomplexes,subtiles,et contestables,sur la nature
des contenusintentionnelspsychologiques,dont les écritsde Fodor, Bürge,
Davidson, Dretske,Kripke,etc., sont des highlights. Beaucoup de ces tra-
vaux existent sous une formedispersée,dans des articles de revues ou
d'anthologies,dans des polémiques locales que les non-lecteursdu Journal
of Philosophyou de Mind ne connaissentpas. Ce livre ne s'adresse pas à
ces non-lecteurs- car si quelqu'un n'aime pas un type de philosophieet ne
veut pas la lire,il n'y a pas grand-choseà faire- mais à ceux des lecteurs
de ces travaux en revue qui ont éprouvéun sentimentde frustration parce
qu'ils ne voyaient pas bien les enjeux de ces débats, perdus qu'ils étaient
dans le jeu des joutes dialectiques particulières.Son mériteest de tenter

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514 Revuephilosophique

une synthèse,et de proposerune théorieunificatricedes questionsportant

sur ce que l'on appelle, outre-Mancheet outre-Atlantique,les « contenus
mentaux». De quoi s'agit-il? En gros,du statut de nos explicationscou-
rantesdes actions d'autrui et des nôtresen termesintentionnels( « il ne lui
a plus écrit parce qu'il trouvait ses lettresagressives» ). Certainsthéori-
ciens pensent que ces explications ne renvoient qu'à des contenus
« étroits» appartenantà la sphèrepsychologiqueprivéedes individusaux-
quels elles sont attribuées; d'autres pensentqu'elles impliquentde façon
essentielleun renvoià un environnement physique et social extérieuraux
individus. C'est sur cette base que se déploient des distinctions,comme
celle empruntéeà Quine, entre attributionsde dictoet de re de contenus
intentionnels, ou commecelle de « contenuétroit» et de « contenularge»
(Putnam) qui recoupe la distinctionentre « externalisme» et « interna-
lisme». Pour discuterces sujets, les philosophescontemporainsde tradi-
tion analytique discutentdes « puzzles » ou des « expériencesde pensée»
comme celui dit de Kripke sur les croyancesou celle de « Terrejumelle ».
Divers sujets connexes sont abordés, comme celui de la nature de l'inter-
prétationdes contenusde croyance,du holisme,ou de l'accès privilégié,ou
encore de la nature de la référencelinguistique.Bilgrami pense que des
oppositionscomme celle de l'internalismeet de l'externah'smequant aux
contenus,du holismeet de l'atomisme,ou du caractèrepublic et privédes
pensées,sont de faussesoppositions.Il s'efforcede développerune notion
de contenumentalqui rendecompteà la foisde son rôleexplicatifdans les
attributionsusuelles de la « psychologiepopulaire», de sa fonctionsociale
ou publique dans l'usage du langage et de la pensée,en même temps que
de son caractère irréductibleà des données «naturelles». L'inspiration
d'ensemble de la théorie« unifiée» du contenu qu'il propose est en gros
davidsonienne,mais il s'écarte à bien des égards de la pensée de Davidson
pour réviserses positions.Il jette une lumièrenouvelle sur des questions
commecelle du caractèrenormatifdes pensées,le holisme,ou la théoriede
la référence.Son traitement,même s'ü est quelquefois tortueuxet com-
plexe, à l'instar de la littératurequ'il examine (notammentquand on se
perd dans les expériencesde pensée et leurs variantes),est souvent éclai-
rant,neufet fructueux.En refermant le livre,on a le sentimentqu'on n'en
est pas encore au bout, et que la philosophiede l'espritcontemporainea
peut-êtreinventéplus de difficultés qu'elle n'en a réellementrésolues,mais
aussi qu'un progrèsa été accompli,et que, comme le disait Wittgenstein,
lightfalls graduallyoverthewhole.C'est ce que l'on attendaitd'un livre de
ne ffenre.n'est-ce Das ?
Pascal Engel.

Dieter Birnbacher,La responsabilitéenversles générationsfutures,Paris,

PUF,1994, coll. « Philosophiemorale», 290 p., 198 F.

Derrièrel'interrogationsur l'avenir de l'humanité se posent des pro-

blème pratiques comme l'emploi des ressourcesnaturelleset des objectifs
comme la recherchede la vie morale, concernantles temps à venir. La
réflexionporte à la foissur les rapportsde l'homme avec la nature et sur
son dialogue avec lui-mêmesous l'angle de sa postérité.Les coutumeset
les traditionssont interrogéescommela relationtechniqueavec l'univers.
La conceptionde l'environnementconduità une éthique écologique. L'ac-
tion présenteest à juger en fonctionde son engagementvis-à-visde l'ave-

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