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LE MOTIF GOSMIQUE DANS LA PENSEE SUMERIENNE* PAR J. VAN DIJK i La pensée religicuse sumérienne n'a pas été partout et en lout temps uniforme, On devait s'y allendre dans un pays (ui a GG soumis A des mouvements ethniques comme était la Mé- sopotamie, L’archéologie et l'histoire de Part nous montrent des changements, des éclipses, des antinomies et des renouveaux parfois si radieaux qwon en a attribué la raison & ces mouye- ments ethniques, qui seuls pouvaient provoquer de telles évolu- tions ou méme des révolutions, Considérant ces coupures pro- fondes dans le cours de l'histoire du pays, nombre d'assy logues étaient enclins ~ ct peut-élre le sont encore — A fixer la date de Tarrivée des Sumériens en Mésopotamie 4 un moment plus ow moins récent, La presque totalilé des spécialistes qui avaient A donner une réponse & cette question ne veut pas reculer Ja date de Parrivée des Sumériens au deli des temps qui pri cédent immédiatement Ja période d’Uruk-IV, rapportant les cul- tures d'EL-Obeid et de Haggi-Mohammed—Eridu & un ethnos dif férent, bienque des arguments vraiment décisifs fassent défaut, ent la profonde influence de ces mouyements ‘Tous reconn cthniques sur l'évolution de Vart et de la société sumérienne 1 ainsi que sur la pensée religieus * Je me permets dexptinner fet toute ma recomnatssance envers oRask-Orsted Fondet», ta soclété de recherche selentifique internationale au Danemark, qui m'a soutenu effectivement pendant les premféres années de mon séjour A FUniverstté de Copenhague, et de lul présenter ees études en modeste hommage. * Cependant, 1 ne faut pas perdre de vue que le nombre de dieux étrangers dans Te panthéon sumérien est relativement petit, comme I resort. des listes de ious et du panthéon des temps W@Ur-IIT, N. Schnelder, AnOr XIX; tb, 118, HT est mame tonnant que le earaetére sumérien du panthéon s¢ solt conservé st pur malgré les invasions de Vestérieur, 2 4. VAN DIU Cela n'est qu'une des causes pour lesquelles 1a religion sumé- rienne se présente A nos yeux comme un monstre A cent (étes différentes, Une autre raison en est — et cette raison est peut- étve de Join Ia plus importante — que le pays de Sumer Ini-méme ne formait pas une unité politique et a été de tout temps un conglomérat de cités, s'échangeant avec Je temps I'hégémonie politique et, avec celle hégémonie, la suprématie de concep- tions religicuses. Les listes de dieux, une des sources principales de notre connaissance de Ia religion sumérienne, composées. cextaine- ment dans le miliew le plus conseryateur, sont un reflet fiddle du monde politique et ethnique A Vintérienr et & Pextériewr du pays de Sumer, Le panthéon sumérien, tel que nous le con- naissons par ces Listes, n'est pas ume wnité en soi, construite sur une idée fondamentate avee une hiérarchie interne, dont il suf firait de trouver Vidée maftresse pour en déduire Ia logique d’un systéme. II n'est que trop évident qu'un pluralisme forme la base du panthéon sumérien; pluralisme externe, da aux inth- ences des changements ethniques, Pluralisme interne, ressortis- sant & la religion individuelle et au panthéon particulier des diverses cites, Mais regardons aussi le vevers de Ia médaille: faut-il pour cette raison dénier 4 Ia religion sumérienne toute unité fonda- mentale, qui se traduirait par des idées maitresses? El, si nous reconnaissons ces éléments dunilé, fant-il attribuer ees éléments el ces motifs 4 une Gyolution structurale interne, doublée de la spéculation théologique de In classe scientifique, des seribes et des sages? [1 nous semble qu'on ne puisse pas dénier & une re- ligion qui a été parmi les plus influentes de Pantiquité une unité de fond, une unilé idéale, Gela également parce que c’est la religion d’un peuple pariant Ia méme Jangue, habitant un ter- riloire restreint et des villes qui étaient en communication con- tinuelle les umes avee les autres: pluralisme et unité nous posent une question compliquée & laquelle il me semble qu'on ne peut pas répondre de prime abord par «oui» ou par «non» mais qui nous invite & étudier dans les sources les éléments d'unité pour dégager ensuite les éléments d’évolution et du pluralisme,* + Nous rencontrons une pensée semblable chez Th, Jacobsen, Formative Ton- dencles in Sumerian Religion, dans: ‘The Bible and the Aucient Near Enst; Essays LE MOTIF COSMIQUE DANS LA PENSE SUMERIENNE 3 De bonne heure les assyriologues ont reconnu des tendances vers lunité dans des spéculations tardives qui identifiaient un dieu, ou méme les parties du corps d'une divinité, & d'autres divinités,* On a méme essayé d’expliquer ce phénomane comme une tendance vers Ie monothéisme, disons micux vers un héno- théisme. Mais ces identifications résident formellement dans le fait que les babyloniens se rendaient comple que tout un groupe de formes pluvalistes réalisait une seule idée religicuse, Dans ces formes pluralistes ils percevaient d’une manitre immédiate Yunité matérielle, Yobjet méme, Ces tendances sont trés claires dans les listes de dieux appe- Jes par leurs éditenrs les «explanatory lists», Mais cela n'est pas une innovation. Les listes unilingues des temps babyloniens- anciens, TCL X¥ 10 et SLT 122-124, trahissent la méme ten- dance; les dicux n'y sont pas groupés c’aprés leur origine et leur panthéon local ~ du moins dans la plupart des cas — mais d'aprés un systéme théologique groupant ensembles les divinités de méme caractére, Pour ne donner qu'un exemple: dans SLT 122-124 les déesses meres sont groupées ensemble; Ninbursaga, Nindingirene, Ninmab, Nintu, Ninmena, Aruru, Mab, Mama, Balit-ili; toutes, & coup sfir, sont issues de différents panthéons locaux. Il en est de méme pour les déesses vierges, Inanna ele., ct pour les divinités chtoniennes, On ne reconnail pas cet ordre et ces principes théologiques dans les listes de Farah, Certains groupements ont été effectués ur de Ia grande liste VAT 12760,* mais horsmis le dé Dut de ces listes qui tendent a établir une certaine hiérarehie en plagant Enlil et Enki en téte, ordre de Uénumération semble relever pintét du principe de Mallitération, Une certaine évolu- tion, ume amplification ct un aceroissement idéologique semblent done & premiére vue indéniables. Nous verrons dans la suite Honour of W. #. Albright, 267-278, Th, Jacobsen parle de etendancess ce qui met Paccent peut-étre plus sur Paspect évotullonniste, 2 Gh eva, Th. Pinches, Jour, of Transactions of the Victorian Institute, XXVHL_8 85,5 KAT? 609; A, Jeremfas, Monothelstische Strdmungen innerhalb der bab, Religion (L.pz, 1904); M. Jastrow, Die Beligion Babyloniens w, Assyriens, I 421 ss, J. Hehn, Die biblisehe u. de babylonische Gottesidee (Lpz, 1913} B, Meissner, BUA IT 47 ss,; A. Dolmel, Pantheon 33; 'Th, Jacobsen, Intellectual Adventure 193 5,5 A. Falkensteln, Compte Renda de In 3me Rencontre 59 ss. “WVDOG 43, 1. 4 Je YAN DIDI que celle conclusion ne s'impose pas avec celle rigueur, car sur un autre plan on pent faire remonter les idées théologiques des listes au moins jusqu’aux temps de Farah, La méme lendance se trouve dans II R 61 I-III, qui énumére au moins 66 noms de temples dédiés A Inanna situés dans de yilles différentes, I ya de soi que les déesses-vierges qui prési- dent & ces sanctuaires ont été identifiges & Inanna. Dans d'autres cas, Inanna aurait éyineé ses rivales des panthéons locaux. Or nous pouyons suivre plusieurs jalons de ee synerétisme dans une composition qui énumére les différents sanctuaires des villes de Sumer appelés &-dam «sanctuaire-Gpouse». Celle composition remonte & une haute antiquilé et est conservéc sous différentes formes dans plusieurs exemplaires: VS X 199 IIL 29-41; UMBS V 157; 158; OECT I pl. XV-XVI, WB 169;° AO 4334, NPT 290 IIT, VS 11 48, Dans les deux exemples que nous venons de citer, une cerlaine amplification doctvinale semble indéniable, Cependant, Iessen- ticl semble bien inhérent A la conception méme du divin dans Ia pensée sumériemne: les différents dieux des panthéons loeaux sont des «Erscheinungsformen» ~ des formes pluralistes ~ dune méme divinité, Nous venons de rappeler ces quelques jalons dune longue évolution paree que la tradition éerite de ce que nous appelons «de motif cosmique» semble avoir subi unc amplification et wn accroissement doctrinal semblables. C'est ee qui apparait des que nous faisons la comparaison des introductions cosmogo- niques des listes de dieux: celles de Farah n'en possédent pas, La longue introduction cosmogonique de Ia liste an ~ Sanun se présente comme le résulial et Ie couronnement d'un eftort spéculalif se cristallisant en wn systéme, Cependant, on est en droit de poser d'emblée Ia question: ce systéme est-il résultat final d’une évolution spéculative ou bien ne s'agit-il pas plutot d'une doctrine oxistant depuis longlemps et incorporce enfin dans les listes systématiques des dieux? Le bien-fondé de cette question apparaitra, nous espérons, dans Ja suite, Disons d’abord ce que nous entendons par “motif cosmique”, * Un duplteat du texte se trouve dans I collection aE, Messayeh & Bagdad, Ct, aussi In descento a’ister, JCS V 2, 7-13 = TMH HT 2, 3-16, LE MOTIF COSMIQUE DANS LA PENSHE sUMERENNE 5 Puisque Je cosmos est l'univers, ciel et terre el ce qui y habite, cosmique veut dire Gee qui appartiont 4 Vunivers considéré comme une totalilé en interdépendancen, Si l'on considére les parties qui composent l'univers en faisant abstraction de cette «interdépendance», on ne peut plus parler du ciel, des astres et de la terre comme des enlités cosmiques, mais comme des enlités célestes, astvales ou chtoniemes,® Puisque dans In pensée sumérienne l'interdépendanee du ciol et de la terve (le ciel étant le principe masculin, 1a terre le principe féminin) semble jouer un réle si important non seulement dans Ia cosmogonie mais aussi dans Ja pensée religicuse, on peut se demander si le grand nombre de références peut se réduire 2 cette idée maftresse: Ie motif cosmique. Si Ezinu, le blé, descend du ciel et de méme In royauté et le temple d’E’anna, on pent se demander s'il y a ou s'il n'y a pas de cohérence, An, le cicl, donne le sceptre, 1a couronne, le thréne au roi. An fonde les temples ~ du moins cerlains temples — fonde des villes, le gi-guny-nu; An engendre Je tamaris el les plantes, les pierres, An est le Ingal-numun-i-i «le roi, "le grand homme’, qui fait sortir la semence de la terre», Goriains groupes de dieux et de déesses sont ses fils et ses fille les manifestation eélestes, Gibil (le feu), Nusku, [kur (la tem- péle), Martu, Lugalgirra sont ses fils, an-wrai, «ciel et lerren sont le ki-uLutim «Lendroit ott sont nées» les déesses autour de Gula-Baba-Ninisinna, Nisaba, Ezinu, Uttu sont filles d’An, Les démons sont le a-ri-a, la ripat anim wengendrés par An», L «noces cosmiques», le mariage entre ciel et terre, sont altestées, comme nous le verrons, dans les textes les plus anciens de Ia litérature sumérienne, Les relations entre la hiérogamie du culte et les réeits eosmogoniques ne sont qite Wop connues.’ An est Je taureau eéleste, Ki, la terre, est Ia bonne vache. Notre but n'est pas d'introduire tout cela de foree et A priori dans un systtme, mais nous voulons voir, A Taide des textes, dans quelle mesure ces phénoménes se laissent réduire A une idée, un motif, que nous appelons «le motif cosmique», Pinter- dépendance des deux principes de In cosmogonie sumérienne, * Pour les conceptions cosmoxoniques des Sumériens cf. S, N. Kramer, $M 30 ss5 JAOS LXIIT 69-78; PTS 71 ss.; ‘Th. lucobson, INES V 138 ss. 7 Pour les références, volr It deuxitme parte de cette étude, 6 3. VAN DIK. le ciel ef la terre. Une certaine cohérence se pergoit & premitre vue, La question Ia plus importante est de savoir si et com- ment ces aspects dont on ne percoit pas d’emblée 1a cohérence avee ¢o motif peuvent y élre réduits; ear il s'agit dinstitutions qui sont essentielles A la société sumérienne, IL ne faut pas oublier qu’An est le diew sumérien que nous trouvous menti- onné le plus dans les textes: souvent dans un contexte monoton, conyentionnel & un point tel qu’on pourrait eroire que toutes ses épithdtes sont des clichés. Si l'on additionne les centaines de références ott An est dit décider le destin du ciel et de la terre, on n’a rien montré de ce que contient cette pensée. Bien que le dieu du ciel soit mentionné dans presque tous les textes, on a pu dire qu'il était un «deus otiosus», Ainsi le but de notre travail est bien fixé: examiner & Ja lumidre des documents éerits dans quelle mesure cette doctrine, qui est devenue Vidée maitresse des listes de dieux, a ses racines dans le passé et dans un systéme cohérent; voir dans quelle mesure celle pensée avail emprise sur les esprits du peuple et des savants. Une dernigre remarque: nous ne voulons pas nier qu'il existe aussi un «motif chtonien» dans la pensée religieuse sumérienn Bien au contraire, nous verrons que ce molif existe incorporé dans Ia théologie d'Eridu, dont il est la marque dlistinetive. Au fur et & mesure nous en ferons Ianalyse pour mieux mettre en relief Ia pensée cosmique, Dans ce premier article nous essayerons: 1, D'analyser Jes introductions cosmogoniques des listes de dios et de voir comment elles ont évolué, 2. D'analyser la place que expression uy-ri-a “in illo tem- pore” prend dans Ia mythologie et dans Ia littérature suméri ennes, 3. De donner une traduetion et une analyse des textes ot nous croyons trouver l'idée des «noces cosmiques». 1 Nous avons reproduit dans un tableau (fig. 1 ci-contre) les quatre jalons principaux de la transmission éerile du panthéon Sumérien et y avons ajoulé celle de IEniima-elig. Les sources LE MOTIF COSMIQUE DANS LA PENSEE SUMEIMENNE 7 Jes plus anciennes sont Ja grande liste de Farah, VA 12760% et Ja fin de VA 12573 = VA 12763, Suivent ies listes de Nippour: SLT 122-124, Nous intercalons ici la cosmogonie de I’Enima- cli, qui provient sans doute d’Eridu. Ensuite Ia grande liste ‘TCL XV 10, dont lorigine ne se laisse pas reconnaitre tout de suite, Enfin la grande liste an =“anum provenant de Babylon. a, Farah: Nous reconnaissons un certain ordre hiérarehique dans Ja grande liste VA 12760, An se trouve en {de suivi d’Enli Inanna, Enki, Nanna et Utu. Ce qui suflit déja pour prouver que la liste ne veut pas donner une théogonie, parce que Inanna est fille de Nanna. Dés I’époque de Farah, il est impossible de la faire deseendre d’An, comme quelques sources tardives le font, La liste donne apparemment Jes dieux vénérés dans Ie panthéon local, qui semble dépendre de celui d’Uruk et de Nippour. 1 s'ensuit qu'on ne doit pas interpréter ectte liste de Fivah A aide de la théologie, mais probablement A la lumiére de ambiance politique du temps. Queique intéressant que cette étude puisse €ire, elle ne nous concerne pas pour le moment." Le texte VA 12573 V 17 ss. + VA 12763 (WVDOG 43, 24) offre un certain intérét_puisque nous trouvons ici pour la pre miére fois Jes «dieux pares — méres» du monde embryonnaire, Les noms ne sont pas pourvus du déterminatif des dieux, Il ne parait pas non plus pourquoi les noms d’Inanna et de Nisaba, VI (7-18, en seraient pourvus tandis que Men et Nin-ivigal ne Ie sont pas. Dans la grande liste VA 12760 elles le sont, Liidentité des noms mentionnés iei avec ceux des «dieux péres — méres» semble incontestable. C'est pourquoi nous inter prétons en-us comme en-giriks. On est tenté de rapprocher VI 5-6, en/n dug-LAK 777, d’en/nin-dug-Suba, Nous ne ® WYDOG 43, 7. ° CP XXIV 1 5; 20s, Nous rappelons que la grande tablotle K 4349 (CL XXIV 20-46) a &té derite par Kidin-Sin & Aiur sous le régne de Tiglatplleser 1 (ct, étude aE. Weldner, AIO XVT 195-216; surtout 204; 208, 41) d'aprés un original babylonten (cf, H, Zimmern, BSGW 68 [1911] 835s.). D. 0, Edzard, Wore terbuch der Mythologie, ed. H, W. Hausslg, s.v, Gdtterlisten, assigne une date cassite A la liste, Le fragment SLT’ 121 qui a une grande ressemblanee avee In liste sera du commencement de Mépoque eassite ou de la fn des temps babyloniens- anclens. 40 CL, Th, Jacobsen, ZA NF XVIIT 121 $5, 8 J. YAN DEK, pouvons pourtant faire qu'un rapprochement & aide du lexique LAK 777 = unu-+iusity égale MSL VIIP 8, 22: upu + amas udu-t-a, Le texte ne poursuit pas avec An ou Enlil, mais avee tir = «établen, girda, élément bien conmu du nom de la déesse Ningirda, et avee men, connu du nom divin 4men et de Snin- mena, Suit l’énumération d'un nombre de déesses dont le nem. commence par nin-, Gelte évidenee ne suffit pas pour dégager une doctrine cosmogonique du texte, Nous y reviendrons plus bas en connexion avec I'introduetion de Ia liste TCL XV 10. b. Il existe une grande différence entre les listes de Farah et Jes lisles unilingues dont nous possédons des copies babylonien- nes-anciennes, Les listes de Farah ne semblent pas avoir &é composées selon un principe théologique, Les listes postéricures par contre reflatent une pensée théologique el spéculative. Nous avons déjd remarqué plus haut que ces listes ont une tendance A Guumérer ensemble les dlieux et les déesses qui sont des formes pluralistes d'une méme divinité. En outre elles tendent A établir des généalogies. 1 n'est pas si facile de reconnaitre cos généalo- gies, parce qu'il faut tenir compte du fait que ces listes énume- rent l'un aprés l'autre Jes dieux qui ont trouvé une place et une fonction dans le systtme. De li nous distinguons: 1, des généalogics verticales, 2, des géntalogies horizontales, Nous voulons désigner par «généalogie verticale» Ia descen- dance de pire en fils, par «généalogie horizontalen les différen- les épouses qui sont entrées dans Je systéme par yoie de syneré- tisme. La liste de Nippour nous en donne un bon exemple: An Antum(Ki) Uras Enlii(Nunamnir) Ninlil (Sulpa’e) Ninmab Ningursaga Nintu Ninmena Mab Bal + Nanna ete. MONI COSMIQUE DANS La PENSE SUMERIENNE, Méme si la liste par force de Ia tradition intereale Sulpa’e, Mépoux de Ninbursaga A Adab," dans Ia ligne hosizontale, il est évident qu'elle a intention de mettre les déesses-meéres au rang de Ninlil et elle cn fait par voie de synerétisme des épouses Enlil, Par voie de synerétisme Ia liste fait entrer aussi Antum =Ki) et Ura dans une ligne horizontale, Mais cela démontre en méme temps que Ia pensée théologique: le panthéon tire son origine de union maritale du ciel et de Ia terre! était connue dans plusieurs villes sous une autre forme; on peut deviner assez facilement que la doctrine de la théogonie construite sur An + Ki eu son origine A Uruk, que celle construite su: union d’An+ Ura¥ vient des villes qui étaient vouées 4 Gula—Baba-Ninisina, L'idée n'est done pas une innovation: une doctrine existant dans plusieurs endroits sous de formes diverses a &é incorporée & ce systéme cosmogonique, Nammu, Ia mére qui a donné naissance au ciel el A Ia terre, est passée sous silence dans cette introdue- tion théogonique. ¢. Tl convient de dire ici un mot sur le systéme d’Eridu et sur la déesse Nammnu.? Elle appartient au systéme théogonique 1 Pour Sulpa’e ef, A. Poebol, UMBS IV! 24 ss.; {maintenant: A. Falkenstetn, ZA NF XXI 11 56.) Sa présence fet prouve seulement que la tradithon quill étatt Pépoux de Ninbursaga ne s’étalt pas perdue. 1 Ct, A, Falkensteln, ZA NF XVII 72 ss.; SGL 1 675 74. © Pour Naminu ef, Stud, Or VIT 8875 Pantheon 2749; An Stud X 128 ad 1415 D. 0, Edzard, Worterb, der Mythologie, ed, 1, W. Hatissig, s.v.5 8,N, Kramer, JGS MAS; Th, Jacobsen, JNES V 189-M41; A. Palkensteln, SGL 1 89. Les réfé- ences occasionelles la déesse sont assez fares; relevons: ArOr XVIM 216, 33; elal-zi-mi, 1. 4 (— TOL XVI¢SEM 304 UMBS X? 16); BE 1 831, 165 rev. 14-15; B, Landshergen, IK 141: le 27 du mois est fa medatte 8c Unergat isin 8a Anammne, Lx motileure source pour son earact®re est Pintroduetion & la dispute entre Enki et Ninmab, ef, plus bas p. 24s, Pour Ia lecture du nom ef. récemment A. Falkenstetn, SGL 1 805; A, Séberg, Orlentalla Suecann X 7 I nfest pas sans Intérél de noter que Te passage dans Sumer XT Pl NVI 4-6 a 66 marqué par moi avec un annelet, Ge qui préte A cor fusion, La raison en est que le signe est Inattendu. I n'y a pas de signe effacé, La transcription qu’A, Sjoberg en donne: drl-na-am-na-am-mi ne semble pas tre motivée, De cette manigre Ye Hew ne peut pas “unbedingt gegen die Lesung un~sury gellend geniocht werden”. M faudra lire presque certalnement [a] -Am-na-aini-mni, Ce qui s'expligne parfaitement par assimilation régressive ct par len 10 J. VAN DIS WEridu comme «a méxe du ciel et de la terre» et comme la mre d’Enki: Anco Nammut* + Enki Pour cette raison déja, le systéme d’Eridu différe grandement du systime que nous venons d'anelyser, La, tout se réduisail & un principe: le ciel Gtant élément masculin, Ia terre I’élément féminin, C'est que nous avons appelé le motif cosmique. Ce n'est pas le cas pour Ie systtme d’Eridu: Apsd + Mummu 4 ‘Ti'amavs + Lamu co — Lahanm + Angar co Kikar An co [Nammu}!* + Nudimmud(= Enki) Le syste d’Eridu est chtonien et ne semble deyenir cosmique qu’en s‘intégrant & un autre systéme: ainsi la théogonie et la cosmogonie de I’Endma-cli§ ne deviennent cosmiques qu’d par- tir du moment ot Marduk tne Tiamat, Venfle d'air ct sépare le ciel de la terre. Fonction qu’il emprunte non A Enki d’Eridu, mais & Enlil de Nippour.” Il y a deux solv 1, Ou bien Ja religion Sumérienne a eu une unité si profonde qqu’Enki et Eniil ont pu agir de pair et se substituer Pun A Fautre, 2. Ou cette séparation du ciel et de Ia terre a été étrangére Ala cosmogonie d'Eridu et y a été introduite par syncrétisme comme un élément hétérogéne, ns 4 An est le pire d’Enki. Cf, Enkt u, die Weltorduung 61 s8,5 CT XXXVI 31, 6. west sa Mare, ef, plus bas p. 25, {9 ss. % Pour Mummu cf. tes reférences dans SGL IT 116 ss.; 1154 La présence de trols prinetpes primordiaux n'est pas étrangére a d'autres cosmogonies semblables; cf, M. Eliade, Eranos Jane, XXU 84 s. Notons que Nammu est passée sous silence par le réelt de YEnoma-etis, # CE. S.N. Kramer, SM 37 88.5 Th, Jacobsen, INES V 138 ss, Nay LE MOTIF COSMIQUE DANS LA PENSE SUMERENNE. rT Il faut méme avouer que cette séparation du ciel et de la terre par Enlil pose une difficulté: comment Enlil a-til pu séparer le ciel et Ia terre de lunion desquels ~ selon toute probabilité — i est né? IL y a des éléments de base dans Ie théologie d’Evidu qui dif. ferent radicalement du systéme eosmigque, Dans la cosmologie «’Eridu les origines se réduisent finalement & Vabzu comme le principe masculin: les eaux de la profondeur qui fertilisent Ia terre d’owt sort aussi la yégélation. Celte conception chtonienne se trouve accentuée dans la com position intitulée par $. N, Kramer «Enki und die Weltordnung», 11, 248-260": T'Euphrate et le Tigre sont remplis d'eau par Vinsémination U’Enki, c.A.d., VAbzu. Le méme motif se re- trouve dans le mythe d’Enki et Ninbursaga (sa socur!), 11, 65-69; 158-156; 185-195." C'est In terre qui exsude les eaux de Pir. rigation, Comme An, Enki est Je taureau, I'dam-gat» le «bos primigenius», L’idée n'est pas tout A fait isolée, puisque ehez les Egyptiens le Nil a été considéré de fagon analogue, Celle bipolarité de ta pens sumérienne s'explique pourtant bien: qu’est-ce que l'agriculteur du Sud de la Mésopolamie peut ? Ge sont les eaux de Virrigation qui attendre du ciel, de Ia ph causent la fertilité de ses jardins et de ses champs. L'agriculteur ne peut attendre du ciel que le soleil brélant et les tempétes de sable torrides qui détruisent sa récolte, Les minces pluies suf. fisont tout juste A procurer les maigres paturages aux pasteurs, Lui, il doit tout a cette pluie, c'est son seul espoir. La pluie laisse Vagricultcur relativement indifférent, Ainsi s’explique bien pourquoi le cuile du diew du ciel et le culfe du pasteur Dumuzi se trouvent ensemble dans la ville WUrak; de méme, pourquoi les personnifications des arts, les dieu de artisanal, se trouvent associées au culte d’Enki A Eridu, Si Lon admet Vhypothase que le systéme d’Eridu est celui des agriculteurs et du peuple sédentaire et le systéme cosmique celui des pasteurs, il ne faut pas s'éonner que celui des pasteurs ait réussi & évineer celui des agriculteurs: afflux et le renouvelle- WAI IX 281 ss, Cf, BASOR Suppl, Stud 1 12 J. VAN DINE ment de la population en Mésopotamie sont en effet toujours et en oul temps venus des pastewrs devenus sédentaires, a. Ces deux doctrines: Ia doctrine cosmique attestée par le liste de Nippour et 1a doctrine ehtonienne d’Eridu ont éé syneréti- sées le mieux dans Fintroduetion de Ia liste TCL XV 10, Cette introduction se divise en deux chapitres; 1, Une yénéalogie verticale énumeérant les générations des divi- nités — des «numina» — vemplissant Iunivers embryonnaire qui converge dans la génération d'An, 2 Une généalogie horizontale qui conduit A Ja génération Enlil of d'Enki: Enki(en-ki-e-ne) oo Ninki(n Hl 4 EnmeXarra co Ninmegarra An (= Angargal; Enuralla) 7 QUragdnin-i-li oNammu ane ee Enlil Enki ki-e-ne) Il semblerait que 1a théogonic ait subi une amplification: un série d’étves androgynes préctde Ja mention d’An, Mais les diewx chtoniens qui habitaient Ia «Terre-Méren étaient bien connus avant Pexistence de la liste TCL XV 10, Ils y sont introduits d'une maniére logique: ce sont des étres androgynes vivant dans un univers embryonnaire avant la naissance du ciel et Phistoire comparée de la religion nous apprend qu’ils sont la A leur place,® Cependant, dans 1a littérature Sumérienne de earactére chtonien, ils apparaissent comme les ancétres immédials (Enlil, Nous les trouyons comme ama-a-a-len-lil-1é «mires et peres Enlil» dans le cycle de Gilgame’, Les références se trouvent réunies chez A, Sjoberg, Der Mondgott Nanna-Su’en 4 s, et J. van Dijk, SGL II 151.% Notre teste se référe par conséquent A une tradition anos Jahrb, XXII 78-87, 2" Gf, AuStud X 115; BASOR 94,8 B 14-17; UMBS P 107 rey. 7) TMH NF HT 10,196; 1b, 30 11 26 (= NI 4155 + STVG 135), Ces divinités sont devenues tes porticrs de Venfer, Gt, notre prochain article sur les ¢Denma-Gotlers, © Cf, M, Blade, LE MOTIF COSMIQUE DANS LA PENSEE suMéntEN: 13 religieuse qui date d'une époque antérienre A celle ot par v «évolution ces dicus chtoniens devinrent les ancétres Enlil. On trouve une légére confirmation de cette vue dans Ie texte de Farah cité plus haut (p.7s.): dans ce texte ’énumération des dieux «péres et méres» n'est pas suivie par la mention @Entil ou d'un objet relevant de son culte, mais par Ix mention de tir «da (sainte) sable» qui relive d'Uruk, Aulrement on ne trouve guére d'allusions dans la littérature religicuse au fait que ces dicux aient existé avant Forigine du ciel, Nous croyons trouver une réminiscence du mythe dans J'hymne a Nusku, SGL I] 144, 10, Nuslu est diew du fou et comme tel fils d’An, Dans Phymne cité il est fait aussi fils €’Enul et de Ninul. Or, il ne doit certaine- ment pas sa naissance & Enul et Ninul par l'intermédi: mais par Tintermédiaire d'An dont il est Ie fils? La doctrine reilétée par I'introduction de TCL XV 10 semble étve la suivante: 1, préexistence d'un univers embryonnaire dans le sein duquel vivaient les numina, les diewx chtoniens, 2. eet univers était congu comme une ville, le «urn-ul-la» la «eilé de jadis». 3. de Ja surgit Ie ciel, An, qui devient le «seigneur de la cité de jadis», A, le ciel s’unit d Ja terre (Ura’) dans une hiérogamie cosmique. 5, 4 un moment donné le ciel se sépare de la terre, 6. de union du ciel et de Ia lerve les grands dieu surgissent par voie de «emersion, Le complément nécessaire de celle doctrine doit étve que par Tinsémination de la terre de par le ciel la végétation et Tes. hom- mes, mais aussi les diewx chtoniens montent A la lumiere,”? On voit bien que Nammu, la mére qui a donné naissance au ciel et A Ia terre, est une étrangire ici: elle y est entrée par syn- crétisme.* On pergoit aussi clnirement que Tintroduetion n'est # Lfallusion d'un mythe tardif selon tequol Enmesarra auralt Invest An de ta royaulé (cf. RLA s.y, EnmeSarra) eadre bien ayee In eosmogonte quit fait de ces divinités Jes aneatres «An © CE, M, Eliade, 1c, 57. 2% Elle joue un rdle important dans le réeit de In exdation de Phomme @Erida (ct. plus bas, p. 25, 19s), Il convlent de remarquer que pour blen fnterpréter le récit @'Eridu tl est Indispensable d'interpréter correctement le enractére de Ia déesse Nam parce que e'est elle qui fintt par donner naissanee, par vole de parturition, 4 4. YAN DIK pas une nouvelle spéculation, mais wn essai de faire enter dans un syst2me homogéne Jes mythes pluralistes qui existaient de bonne heure, e. La eélébre liste des dieux an = anum*® posstde une in- {roduction théogonique beaucoup plus confuse que TCL X¥ 10. Celle-ci, tout en intégrant la théologie d’Exidu, possédait une logique interne, Comme on deyait s'y attendre, an ~ anu, ceuvre composée & Babylon, deyait donner Ia préférence au systéme d’Eridu, tout en sacrifiant cette logique de TEL XV 10. Le synerélisme y va beaucoup plus loin: la généalogie horizon- tale devient beaucoup plus longue. Pour pouvoir donner la pré- férence au systtme d’Eridu, an =tanum réfere les diewx de Vunivers embryonnaire & Enlil, En faisant cela, les savants qui ont composé Ia liste s'appuient sur une tradition bien établie, comme nous yenons de le voir, mais cette tradition ne semble pas @tre primitive. Le systéme cosmique, tel que nous le con- naissons par analyse de TCL XV 10, on est détruit, Les auteurs de la liste ont en effet congu un systéme nouveau: 1 et terre sont androgynes ct Vorigine d'eux-mémes. an = num ne connait plus la séparation du ciel de la terre aprés existence d’un univers embryonnaire, Le méme phéno- miéne s’observe dans le lexle KAR 4, 1, qui introduit une glosse: wy an-ki.., tab gi-na-.,. e8-a-(ba] «le jour oi Ie ciel et la terre furent fondés ensemble». C'est un théologoumenon nou- veau, car original portait & coup sir: an-ki-ta... bad-a-ta . “das Ie jour ott le ciel s’éloignait de Ia terre”, I faut done conclure que l'amplifieation des listes de dieux n’a pas fondé Ja doctrine cosmique sumérienne, telle que nous venous de la décrire, mais s’en éloigne, Pour cette raison la liste a da: a, rapporter Urag & la généalogic verticale, aux ancétres d’Ant, et créer de toutes pitces une Ninura’, ne comprenant plus que A Pétre formé a’argite, La raison pourquoi Ia forme dargile a été mise dans Ie seb dle Nammmu a aa re qu'elle seule pouvatt- donner Ie vie A cette forme, Elle aussi sembte dtre une forme queleonque de Ia terre-mitres, Pour cette raison elle devient Vépouse d'An dans la cosmogonie rellélée pur TCL XV 10 au méme titre qu’'Uras et Kl, Mals le séelt e'irlde difére grandement par le fall que toute Interférence 4rAn comme principe de la vie en est absente, % Ct. Of XXIV-NXY; A, Deimel, Pantheon et plus haut remarque 9, LE MOTIF COSMIQUE DANS LA PENSEE SUMERIENNE 15 Ura’ du groupe: ¢ninurta, ¢ningirsu, “uy-ta ha,® différe d'uraS = ergelu «la Terren, D, rapporter en-uru-ul-la (= ant?) & la généalogie verticale et créer une Nin-uru-ul-la & son e6té, La conception d'une «cité de jadis» s’était complétement perdue, 2. La généalogie horizontale qui représente le synerétisme de différentes traditions a introduit 1a grande nouvelle venue: I8tar, codifiant de cette maniére une tradition séculaire:® ux-In, tza-bay- An 4nin-i-li, nin-Gr-sal-la, 4Nammu, “Ninbara, Antur = ASimbizi = ¢nin-t-1i2” TStar # Cf, SLT 123 rev. (=f) 111-45, » Pour te titre d'An “en-uri-ul-la” of, plus bas, p.42, NF 180 AQ 4153 II 4, Th, Jacobsen, INES V 138, donne une interprétation un peu différente, 1 Le eyele d’hymnes en honnour d’Inanna de la mst d’Enbéduanna se eom- pose de: a, fa-nin-me-86r-ra; b, In-nin-8h-sury-ra; ¢, In-nln-me-bus-aj lo style de u-gal-pirig-ga? (en honneur d’Ineuna/Ninegalla) se rapproche beaucoup de ces trols hyumnes, comme en outre Ie style des hynmes en honneur de Ia déesse en langue aceadienne dont nous possédons des eoples des temps ba- bytoniens-anciens, Le motif de lexaltation d’Inanna est déja elalrement énoneé dans fi-nin-SA-gury-ra 103-111 (Ni 9807, Bell, XVI PL, LXIIL, TIT 12-20): ur-gal-gal-Imin-bi ba-e-u, an-na ba--de an-gal-e maS-2a nf bi-te ki-diirezu bm-ant-pu-lay Ki-dGr-an-gal-la-ke, df x -r]e®-gar su mu-mu-e-da-2i-24 gidri béra-mab garzfa x x J §u-24 ga-mu-un-sl-sl nin anten-Ifl-da dirl-{ga najm-nin-2u gla-afb-1-i ‘sur Tes sept grands Mons ¢w chevauches, fu montes au cle Le grand An a répandu Ia frayeur sur ta couronne, fa remplt derfrol ton skége, sur Je sldge du grand cel it Ua fall [Vasseolfe, H ne te eralnt past Je sceplre, He trOne sublime, les rtfes de Ia royaute?} Al! ta donné dans ka main Reine, plus grande qu’An et Enlll, je yeux louer ta maljes|t6y « 4: Ch ZA NF XVI 68, 70: su-zi comme verbe se construit avec le comitatit, Le nom de nin-1-I1 semble devolr s'interpréter de la méme manidre que Astmbi-at, sobriquet d!Inanna qui se fardsit Wantimoine lex jours de fdte, Cf, o beau texte publié par D. O. Rdzard, JCS XVI 79, HSM 2625, ob Ponetion de Ninlsinna avee de Phutle 1-1i est décrite, Tl nous éhappe pourtant quelle déesse se cache sous cette nin-l-1i, 16 3. VAN DUK Codifiant ainsi cette innovation, les auteurs dtent A ees épouses toute signification théogonique. 3. En faisant deseendre Enlil des «dieux péres et mares @Enlil», qui dans TCL XV 10 étaient encore «dieux péres et mires d’An», an = Sanum met Enlil au méme rang qu’An en construisant deux généalogies paralldles au lieu de généalogies juxtaposées. Cette théogonie par conséquent n’est pas le résullat d'une évolution doctrinale, mais c'est une nouvelle doctrine, Ce n'est done pas dans ta théogonie Ia plus évoluée que nous trouvons I'éconcé le plus pur et le plus logique de ce que nous avons appelé le motif cosmique, Au contraire, il semble que les auteurs d’an = 4anum n’aient plus connu la doctrine sumérienne, La comparaison des listes de Nippour et de TCL XV 10 nous a appris que la doctrine n'a pas été inventée par leurs auteurs, mais qu'elle y a &€ incorporée, Cela nous invite & examiner les sources liltéraires pour y trouver I’énoneé plus précis, Or, expression ug-ri-a «in illo die» que nous trouvons aussi dans d'autres religions® est intimement lige A cette pensée, De plus, nous trouvons en dehors des listes de dieux Tidée des «noves cosmiques» elairement énoneée dans de textes littéraires qui remontent & la plus haute antiquité, Nous traiterons sueces- sivement les deux sujets. 2. uu-ri-a: «in illo die», Les éyénements de Ia cosmogonie sumérienne se centrent autour de Vexpression w-ri-a «ee jowr-li». [1 est maintenant bien Gabli que -ri suffixé est un pronom démonstratif qui se veneontre de temps en temps dans des compositions littéraires et dans quelques locutions figées.** Bon nombre de compositions qui possdent une introduction mythologique commencent par * CE M, Eliade, Eranos Jahrb, XX11 58, * Le démoustratif me semble so enchor ausst dans: bal-ri~ ebirtu; dans du-ri = dard tjenseltse, ef. Stele des Vautours XX 16 da-ri-da-gal-la-s2 dn-ri-da-gal-ak-805 -r1 A la fin dune proposttion substantivée. Cf. 8. N. Kra- mer, AS X 6, 51; AS XIT 96, aveo un sens temporel comme -ba (cf, pls bas, P- 18, 50; Enm, 230) pourrait dtre aussi co démonstratit, Mals fl nest pas excl qu'il soit A rapprocher du rare suffxe -ra do Vabiatit. LE MOTIF COSMIQUE DANS LA PENSE sUMERTENNE: 7 celle expression ou une expression équivalente, Le catalogue Hltéraive CBS 29.15,155% en énumére quatre aux lignes 17; 11 2; 35 10. Le texte classique est introduction de la XII, tablette de Gilgame8. On ne comprend pas pourquoi cette introduction a &é placée en téte de cette tablette. I n'est pas sans importance de noter que Ia XIL tablette de Vépopée manque d’unité d'action et semble étre un centon, recucilli dans d'autves compositions dgja existantes,% Nous donnons ici les deux passages du texte qui nous intéves- sents: Ie commencement qui se compose de: SEM 21 (~ A) + SLTN 5 1 (= C)+Gilgames et sa Légende 66 ss. (= 12); et les lignes 46-61 qui se composent de: SEM 2t (= A) +SR 49 (= B) +1TMH NF IIE (= D) CoB tuprica Uy-Si-rA-ri-a Pb gig-ri-a gig bad-du-ri-a mu-ri-a mu-sit-rd-ri-a : uy ul ni-du,-c pa-d-a-ba PAL 6 wy ul ni-duj-e im-ma duy-ga-a-ba : efrijm?-kalam-ma-ka ni §ti-a-ba 2 im-Su-nigin-na-kalam-ma-ka ni-tab aka-a-ba an ki-ta ba-ra-bad-du-a-ba ki an-la ba-da-Sur-ra-a-ba SN. Kramer, BASOR 88, 14-16; ef, également W. G. Lambert, JCS XVI7t ad VIO, ‘° Co qui nous surprend Ie plus c'est attitude cheysleresque de Gligames & Pégard a'inanna, qu’l tut vienme A aide apris le refas d'Utu, son there. Cola contredit 1a traditfon aecadlemne qui fait de Tui le pire des ennemis @’Ivanna, Rien dans Ia tradition sumérienne ne prouve quo 1A fl en était autrement, On ne volt guére de connexion entre Mntroduction étlologique et Pargument do la com. Dosition: le désir @’Imanna avoir som iit fait de arbre son jardin, Moins encore entre eet argument ot In fabrication du ¢pukkus et du emehkids; entre tn perte ite ces deux objets ef le retour d’knkidu de Fenfer. Le tout nous fait erolie que auteur a utilisé plusieurs mythes anciens ot en a substitué les héros par Giignines, La composition qui est si riche en information est peut-étre la plus maladroite de a littérature sumérienne, 8 Littératare che Gadd, RA XXX 127-143, U 9364; S,.N. IGramer, AS X;j SM 33-375 PTS 140; 215; Gligames et sa Légonde, 08; Th, Jacobsen, AS XI 89"; A, Falkenstein, OLZ 1962, 369, ® ‘Transcription de S. N, Kramer, Pour ref. CE XLIT8, 118 tga 2 Acta Osientalla, XXVIII pura, 18 3, VAN DUK GA 10 [nuJmun-nam-ld-ux-lu ba-gar-ra-a-ba uy an-né an ba-an-ttim-a-ba 4en-Il-le ki ba-an-tam-a-ba deyed-ki-gal-la® kur-ra sag-rig,-ga-Sé b im-ma-ab-tig,-a-ba ba-uy-a-ba ba-u,-a-ba 15 an kur-Be Da-uy-a-ba Senki kur-88 ba-up-a-ba Tugal-ra duyg-diys Dba-da®-an-ri i @en-ki-ra gal-gal ba-da®-an-ri i {duyg-d]uss-bi nay-Su-kam 2 20 [gal-gal)-bli) nay-sig(uy)-ud-da-kam ABD 46 dutu gé-nun-ta d-a-ni 5 ning-a-ni ka-inanna-key ur-sag “{utu-ra gh mu-na-dé-(e] L Se-ma u-ri-a (uJ nfa-é]m ba-tar-ra-ba -ajl-la ka-na-dga® ba-e-zal-la-ba® an ba-an-ir-ra-ba ele. 1 «Ce jour, ee jour Jointain, celle nuit-IA, cette nuit, depuis longtemps passée, cette année-la, celte année lointaine, lorsque les fletrs s'épanouirent, conformément & Vordre di 5 lorsque les flenrs furent plantées*® dans 1a terre, conformément a Pordre divin, que toute chose fut déposée! dans le magasin'? du pays de Sumer, 296, 4-40. 9G, ba-ain 8B, + oh 9B, -zal-la-rh © {mica duyy et plas bas, p48, ad NET 180 AO 435 TLL 1-2 ‘4 yinterpréte 4 fel comme Suy = fakdnw, ef. ZA NI NXT 7, 4 Lo premier signe est peut-Otte anstk = erlm,. Pour @ibangur-kalamana inv'y a pas de place, Cf, vp et Ezinu 56 (~ MBI S + CP 42, 45 + NI A504 4 SEM 58) orim-kalam-macKa mn mu-ni-tb-lu-lu-na-a8 (#-1a-0-no-a-8e) “apres voir envleht fe gronler duu pays de toute chose”, LE MOLIP COSMIQUE DANS LA PENSEE SUMBIIENNE 19 que le feu fut allumé® dans le tinntir du pays de Sumer, que le ciel s'éloigna de Ia terre que la terre descendit du ciel, 10 que Ia «semence» de Phumanité fut éablies* Le jour ot An s’empara du ciel, oi Enlil s‘empara de la terre, ott ies enfers furent donnés en présent & Ereskigal: ov il s'embarqua, of il s'embarqua, 15 oft le pére, pour les enfers, s'embarqua, out Enki s'embarqua pour les enfers de petites pierres faisaient face au roi, a Enki, de grandes pierres faisaient face: {les peti}tes furent (jetées) de In main, 20 fles grandes] furent (jetées) de la bafliste”}, 4G Lorsque le soleil se leva de (sa) demeure, sa soeur, la pure Inanna, aw hér(os Ujta parla; ‘Mon frére, ce jour-Ia, (oi) le dest{in] fut fixé, 50 oit un jour d'abfondanee] se leva sur le pays de Sumer, alors qu’An s'empara du ciel... ,’» Gette introduction n'a rien de systématique et elle ne suit pas un ordre logique. Le récit semble plutot suivre Fordre inversé; © Pour tabjlAb = sardpu ef GAD s: brdlejfait brilers, ef, SL 597, 161, & Pour numun-nem-Li-wy-tu esemence de Phumanités ef. &Bal-zi-ml 3 TCL NVI + UMBS X* 16 + SEM 33; 34+ VS 207 + SRT 19); “en-Il numun-kalam-ma ki(yar: irlgal)-ta de Enlil, afin do falze sortir ta semenee des Stmériens UMBS V1 TV 8; VI tf numun-nam-ti-ilu Se8-aka; Cl XML 95 daeru-ru mun-nam-tiis-M anda bf-in-m6~darwre ede ametdlt ittisu thtann ‘+ Aruru avec An (2, aee.: aveo Ini) fit erottre la semence de Fhumanités, Cf, aussi GAD 21, 96, 5 a; Gilg. 1 11.30 5, St on veut ike mu-gar ~ Suma sukanw ¢dtablir ae venammées (ef, JCS 1 8, 5 keur-ra ga-an-kug mu-mu ga-an-gar fe veux entror dns le pays de Pememt, Je veux rendre eélébre ion noms), Jl me semble qu'on ne pulsse pas traduire gar avee Stamm MVAG XLIV 41; 141%, “donner H-(2K)-88 +4 cause dos ne semble pas 4 sa place fel, La lecture nu fmt du signe endommiagé me semble lo plus probable, bienque numun-gar dans un parell contexte me soit Ancon) ae ni-tab sera equelque chose gut 20 J. VAN DIC il commence par existence de In végétation, de 1a civilisation ct clét sur Ia division de Punivers. Sa signification pour la cos mogonie a élé analysée par S. N. Kramer et par Th Jacobsen"*: lle est dans Les grandes lignes conforme a celle des deux listes de dicux, de TCL XV 10 et de la liste de Nippour (cf. plus haut, p.8-13). Elle ne mentionne aucun élément constitutif de Ia eos mogonie d'Bridu, Ge qui en soi ne prouve pas que note récit soit Ia continuation ou une amplification de la cosmogonie de ‘TCL. X¥ 10 pour laquelle le commencement de tout est te «aru ulla» dla cité de jadis», lunivers embryonnaire. Dans eette cité, 1a végétation n'existail pas. Th. Jacobsen V'a dga remarqué®: ccdeath, it would appear, was and ruled before life and all that is came into being — that is, all life originated in (or emanated from) death, lifelessness», Je ferais une restriction: la vie et la végéla- ‘on commencaient & exister aprés el dans un univers embryon- naire ot elles existaient «in ratione seminaliv, Elles devaient leur existence A T'union maritale du ciel et de Ia terre, C'est Vidée maitresse que les trois textes cités ont en commun, Ainsi, on peut déduire de notre text 1, Ciel et Terre, qui eurent leur origine dans ce monde em- bryonnaire, se séparent. IL n'y a aucune indication concernant Vauteur de cette séparation et il n'est pas probable qu'il y ait ea un: Enlit qui selon Pintroduetion de eal z&-mf aurait séparé je ciel de Ia terre n'existail pas encore (ef, plus bas, p. 435.). 2 Cette séparation préedde ou suit immédiatement In “hiéro- gamie cosmique”, ef. plus bas, p. 34s8.). 3. Aprds ces noces cosmiques «surgissent» du sein de la terre- mere: Jes grands dieux: Enlil et Enki, Les Anunna également, les fils, du ciel, surgirent «comme des fourmis des exévasses de Ja terre». b. Ia végélation, Avec Ja yégétation les déesses: Nisaba, Ezinu, Ulta, Gula, Baba, Ninisinna ete. Crest «le jour de Vabondanee». c. les hommes «brisaient la surface de la terre comme les herbes». 4. Le fen descend du ciel: Gibil qui est fils d’An, De méme: BWkur, fa pluie. §M-B8 os.5 INES V 138-149, 48 SNES V 138, LE MOTIF COSMIQUE DANS LA PENSHE SUMUERIENNE 21 5. A toute chose est attril sa fonetion dans l'uniyers; était Ie jour ott les forces divines «a-na-me = la somme de Fétre» furent distribuces. (6. La royauté, «I’homme-grand» descendit du ciel: avee son attribut, le seepte fleuri (pa-mul).] mr Tout cela semble se passer paisiblement, Un seul passage pourtant trabit Ja violence quia accompagné Ta cosmogonie, Nous savons qu’Enki est né de Punion maritale d’An et de Nammu. Eniima-clis passe Nammu sous silence: on devail s'y attendre. Dans TCL XV 10, Nammu est épouse d’An au méme titre que ergetu) et wrak (— ergetu) et Onin-i-li, Namo doit étre, par conséquent, dans ce contexte une forme de la terre, biengw'elle soit «la mére du ciel et de Ia terre». Cela est évident aussi du récit de 1a eréation de "homme provenant d’Eridu: la forme d’argile est mise dans le sein de Namunu afin qu'elle fasse Vhomme par parturition, La naissance d’Enki dans notre con- texte n'est done pas une anomalic: Enki ne semble pas appartenir au panthéon de la cosmogonie d’Eridu! C'est au mythe de la conquéte de PAbzu que la fin de Vintroduction fait allusion et la violence qui I’a accompagnée. Le mythe se trouve aussi dans VEndima-eli¥ 1 60 ss. Gela est la meilleure preuve que lintrodue- lion de la XI, tablette de Gilgame’ ne représente pas In cosmo- gonie d’Bridu, Celle violence est ’'un des caractéristiques de la cosmogonie telle que nous venons de Ia déerire, Plus encore que le déluge, «ce jour-li» «uy-ri-a», est le prototype de toute violence destructive, Le jour de lt «terra parturiens» est le jour de violence par excellence. Ces deux aspect: naissance de la vie et violence reviennent dans les exemples ci-dessous: £, Bnmerkar 3-103!" 8 gaba-uy-da ki-nam-tar-(ra- unukt eur-galt?@ §a-[ 5 ki(n-slig unti-gal-an-nfa wyeriea nam bfa-tar-ra-a-ba] © Bd, SN, Kramer, Au commencem Ja photographie, 1. e, 470 On faut-il Lire contre Yoriginat (la copie est dele): tin-gal? manquent peut-dice deux lignes, ef. 22, 4. VAN pink unut! kul-abatt é-[an-na? sag-fl-la nun-gal-e-ne mfi-ni- bé-galay a-eStub 3 10 im-a se-gu-nu —x-[ 8 «Les rafales de la tempéte,*® (1 of] le destin fut fix[é, firent surgir la végétation’} Uruk, Ia grande montagne’, dans fla ......... fut bati?] 5 Les rep[as du soi}r, a grande salle d’An [furent,... } Ce jour-Ia, ott les destins [furent fixés} ot Uruk, Kullaba, B{'anna furent , ] ott la téte haute, les grands princes [ } oit Pabondance, Pinondation printanidre [.... } 10 oi sous la pluie lorge bariolée [surgit .... iy Nous retrouvons dans ce bref récit, qui est d'autant plus in- Wéressant qu'il provient d’Uruk, du centre du culte d’An: 1, violence; 2, Véelosion de ia végélation de la terre aprés Ia fécon- dation de Ia part du ciel; 3, I’établissement des temples et de 1a civilisation centés autour de «ce jour-la», 2. STYC 39 Rw IV 16-20: 16 ug-ri-gim ti-la-mu-d& me-e ti-la-mu-de gie-Ti-gim Ui-la-mu-d@ me-e ti-la-mu-de Uy ug-zi-mu sila, Sub-ba-8& udy(= tz)-zi-mu mas Sub-ba-8é 20 [amJa-gan-zi-mu dus-mu Sub-ba-s& 16 «Pour que je commence a vivre, comme (c'étail) ce jour-lA, moi, que je commence A vivre, pour que je commence a vivre, comme (c'élait) celle nuitta, moi, que je commence A vivre, ch ad-da-a aur ama-a aur, 1-r si-l-bar gaba-uy-da-ka d-a ‘Jamals® Vea n'a fait mouvoir Ie pre, Jamals eau n'a fait mouvotr la mere: (nis) le roseau a surg sous les rafales de Forages a: ury Fnégation = “jamals”, SGI TE 62, by pour gaba-uy-da, ef. In littérature elléo par E. Gordon, 3. 6 # Le texte a uno méme tenour que tiru-pul-Ia-Ke, tabl. VI, cf, pour le mo- ment MI, Hussey, AJSL XXIIT 107, Gordon, Proverbs, 1.155: (van: ai LE MOTIF COSMIQUE DANS LA PENSE SUMERIENNE 23 A cause du jour of ma bonne brébis mit bas l’agneau, ot ma bonne ehéyre mit bas le cheyrean, 20 o& ma fidale [m2}re donna naissance au fils...» Le passage nous montre que Vorigine de In faune est aussi lige au concept de «ee jour-li», 3. «Ce jour-la» est le jour de Ia naissance de Vhumanité, La naissance de l'homme se trouve dans Ia tradition sumérienne sous deux formes: a. L'homme surgit de la terre aprés que celle-ci a éé fécondée par le ciel; c'est sa naissance par «emersion, b, Nammu (une forme de Ia terre, ef, plus haut, p. 21) donne naissance A l'homme, c.A.d,, elle donne Ja vie, aprés avoir formé son image d'argile, C’est sa naissanee par «formation, a. L'hymne de I'E’engura, 1-3: OECT I Pl. 1-4 (= A)+BIN 11 28 (~ C)+UMBS X? 20 (— E)+TCL XVI 94 (= M): a-rieal® nam-ba-tar-ra®-ba mu-)é-galay an d-tu-dat aku-e w-Sim-gim ki in-dar-ra-bat® «Lorsque le destin fut fixé de tout ee qui était engendré (par An), qu’An eut engendré l'année d’abondance, que les hommes bristvent Ia surface de la terre comme les her- bes...» atiql-2A-mi («les lounges de Ia hache»)" 18-20 = TCL XVI 72 (= A)+SRT 19 (~R)+VS X 207 (- F)+SEM 34 (= D)+ UMBS X? 16 (= B): uzu-d tala sag-nu gigi ddr sag-nam-Ié-ux-lu aiaSub-ba® mi-ni-gar? éen-If1-88 kalam-ma-n6® ki mu-Si-in-dar-re® 2B, In-dar-ra, 5 CE, Th, Jacobsen, INES V 185. A, {uz}u-mi-a, #8 BL, omg Dy Aa fin: -njt-in-da, © B, -iulu d-8ub-f; F, -ba, om.? 7D, -Ini-gal, 6 A, kala-ma-xu(coll, © A, mu-ug-in-; B, mu. na ki-ku mu-wn-dar-a, nag; ¥, kal She. 24 3. VAN DISK «Celui qui fit émerger la chair, afin de faire A aide de Ia hache individu bumain (au — Lit!s sag-nu: le premier homme?) mit individu humain dans le moule; devant Enlil, son peuple de Sumer surgit brisant la surface de da terre», Le deuxidme récit n'est qu'une version aberrante du premier. Enlil y remplace le dieu An, Cela a été fait de bonne heure parce que «les louanges de 1a hache» sont une composition tes anc: enne, comme la tradition extrémement corrompue du texte le prouve, La clef de l'interprétation du début de "hymne & 'E’en- gura est expression a-ri-a(-al) du verbe a-ri «féconder», Le sujet en est: An comme le prouve an i-tu-da «qu’An eut engendrée» de Ia 1. 2: L'homme est né de Ia (erre fécondée par le ciel comme !'étaient les plantes dans cette « année d’abondanee», On trouve peut-étre une réminiscence de la eréation de thomme par An dans l'Epopée de GilgameS II 29-35 (cf. ANET? 74) ott Enkidu, le double d’An, est créé par Aruru, II est probable que celle eréation reflate la théologie d’Uruk, Cf, aussi p. 9, rem, 44, b, Le réeit d'Eridu se trouve au commencement de Ja tenson «Enki et Ninmah».® Le texte est fragmentaive et 1a grammaire est (ellement corrompue qu'il faut formuler des réserves pour Ia traduction. Notre traduction est un essai. Les textes sont: SEM 116 (= A)+UMBS T? 4 = X* 14 (= B; A et B sont une tablette) +TCL XVI 71 (— C)4OECT VI, XVI K 2168 (= D); ef. SM PL XVI-XVUI (= & Do 1 u-ri-a-ta uy an-ki-bi-ta ba-an-[ ™ ina Gant ulldti Sa Samii w ergetut¥™ Gig Vi-a-Ia gig an-ki-bi-(a bla-an- } ina midst ullddé [Sa] sama w ergetate x -[ {mu-rij-a-{tJa mu nam bfa-tar-ra-ba} fan-k. ta) ba-a[n- ) © Gf. Th, Jacobsen, JNES V 120; 143; $,.N, Keamer, SM 70 ts, © Pour une restitution ef, VS HT 41 V 3-6: an-i-bl-da Im-mt-fb-f ikl-an-bi-da im-mi-fb-su- xf vy é-kur-ta kur-gal muctl-ti [d-a-tat] Les signes & 1a fin des 13-4 peuvent etre: su-u{b-, ow pun.olu-, Li MOTH COSMIQUE DANS LA PENS&E SUMERIENNE 25 AGBAE 5 [ 1 bfa- ] {dingir-a}n-nfa}-key-ne ba-tu-uy-da-a-ba j dingir-amaivanna nam-nir-(dJuy’-88 ba-tuk-a-ba dingis-amananna an-ki-a ba-Qal-bal-la-a-ba dingir-awaovanna y yg -ma a. x d-tu-da-a-ba 10 dingir kurums-ma kaS-a x y g [d]udu’-bi-8& ba-ab= ke&da-a . dingir-3ar-Sér kin-gla] al-[slu-gle-e]8 dfingiJr-tur= tur ter-bum im-fl-fl-e-ne dingir iy dun-dun-e-d2 sabar-bi ba-ra-li im-dub= dub-bé-ne®* dingir im-gi[?-g}’-+r[enJe nafmJ-bi gi Am-ma-gar= re-ne wrba giStu-dagal mud-dingir-Sar-S4r-galay-gala, 15 “en-ki-key engur-baru-a-Sur-ra ki dingir-na-me 8a- Dé Up nuU-um-me ki-mé-né inf a-ku na-wm-zi-zi dingir fr-ra im-pa-pA-d2 a-nir-gdl-la i-aka im~ me-ne Hi-kuera Iend-a-ra ki-n4-bé nu-um-2i-zi fnammu-key ama-palil d-tu-dingir-S4r-Sdr-ra-key= it newt 2} 20 (r-ra-dingir-re-e-ne dumu-ni-ir ba-8i-in-tim™ : [dus]-mfa-m]u? i-nti-t-nam & mu-wn-8i-ku-ku na-nam (x y J-te-2u [ Jeni-zi (diJm-mi-ir $u-dim-dim-ma-z[u ? Fusan’-bit im-dux-dus(~ yun)-ne dumu-mu ki-nd-zu zi-ga (I-b){-ma-al-la-zu-ta pt na-dém-k-2u? mu-e-k[in-g]d 25 kin-si-dim-mi-ir-e-ne-ke, X-mu-[e-dim]-dim ter-bum-bi ha-ba-tu-I[u)-ne 6, In higne, © G, Nt on 8G, -keey-e-ne, © 6, dumu-ni-88 ba-Si-in-tu, © Le signe transerit par usan pourrall se lite apris une légere correction: sa-sal; ow eneore: uztt GC, nam-kt-zu-0, 26 ALBEE 35 10 J. VAN DIUK fen-ki-ke, inim-ama-na ¢nammu-ke ki-nd-na ba-[ta-zi dingir bar-Iit migin §A-kiSu-d-da-na pas im-mi-ni-i{b-rJa giStu gizzal én-tar m[e-te nam-ki-zu mud-me-dim ni-nam-e Sigg-en-Siyg-SAr-SAr’ {[b]-ta-an-2 fen-ki-key &-ni ba-Si-in-tiim-[m]Ja [u)rx(edxmi) i-gure-gur-e fen-ki-ke, mud me-dim ni-te-a-na SA-bé gistu-ni temu-e-ri-ge ama-ni nammu-ra git mu-na-dé-€ ama-nt (corr.: -mu) mud mu-gar-ra-2u 1-gél-la-am zub-sig-dingir-re-e-ne ke&da-} SA-imi-ugu-abzu-ka t-mu-e-ni-in-be Sig-cn-sha-S4r imi mu-e-gury-gury-re-ne za-e me-dfim di-mu-c-ni-gal ‘nin-mab-e an-ta-zu é-aka-¢ nin-imma “egi-zi-an-na ¢nin-ma-da tnin-bira ‘nin-bara Snin-mug @nin-sar-sar-dug 4n tu-tu-a-zu ba-ra-gub-bu-ne ama-mu 24-¢ nam-bi d-mu-e-tay ¢nin-mab-e aub-sig-ga bé-keSda n-nigin-na «Ge jour-Ia, od Ie ciel et 1a terre [... J cetle nuit-la, oit le ciel et Ia terre [... J [cette année-Ia], cette année ot les destins [furent fixés,] fou le ciel et la terre]... [... i) fot les dieux de Ja terre furent engendrés’,] {o& les dieux} du cifel] furent engondrés, oit les déesses furent prises en mariage, ott Jes déesses (et Jes dicux) se divistrent dans le ciel ct la terre, oi Hes déesses furent ,...( ] et donnérent naissance Al i: (alors), les dieux [devaient se soucier) des rations de vivres et deboisson; aux tray[aux forcés’] desquels ils étaient obligés. Les grands diewx survei[iaient] le travail, le petits difeux] deyaient porter le ‘zenbil’, LE MOTIF COSMIQUE DANS LA PENSE sumiRIENNE 27 Les diewx amoneelaient Ja terre (dans) Harali™ alin de ereuser des canaux. Les dieux ‘devaient courir comme I'éclair’ ;* pour celle raison ils se plaignaient & haute voix, Alors, le grand sage, qui a engendré les grands dieux, 15 Enki, Gait couché dans sa chambre & dormix, I'Engur, un trou oi suinte l'eau: une place dont aucun diew ne peut admirer le secret. Tl dormait, ne se levait point, Les dieux répandaient des larmes: ‘il a fait Ia misdre’, cridrent-ils, (Mais) ils n'osérent pas se ruer vers cette couche, vers le malade qui était couché, Nammu, la mére sublime, celle qui a donné naissance aux grands diewx, 20 portait les larmes des dieux devant son fils: ‘Mon fils], tu dors? Gertes, tu es captif du sommeii ( ] toi-méme [ Deveves ils battent de Jeurs fouets’ les dieux, produits de ta main, Mon fils, Iéve-toi de ta couche, toi qui par ton intelligence a inventé les arts, 25 Quand tu aura fait des ‘remplagants’® des dieux, que ceux-ei puissent jeter” leur ‘zenbil’, 8 Pour ba-ra-li, cf SLTN 6f V6 wy-ba ba-zi-en ba-ra-ti-tfa} en-na timu IM-ime-en sce four-I, la hache de Yarall tu ...... % Harali se trouve ans Te contexte aver: Kur-me-Tub-ba, kur-mar-bacsl, ora-kleXY, kure dilmun-na, ka-bur-sag-gf, bur-sag-zala-zala-ga, Le texte rappelle Ia seconde partle de Iugal-e ce qui ne doit pas surprendre parce que SLITN 61 pro- vient de Lagas. Ce sont Tes noms des pays étrangers qu’on trouve énumérés dans uurg-ra = fully XXIL et dans les Hitanies Lipsure, Powr cette raison, nous rapprochons Baral de a-ra-I~ arallu (ef, lex références chen K. Tallqvist, Stud Or VE6-ss, et S.N. Kramer, frag XXII 08), a-ra-H semble bien élre un nom géographique et n'étre un nom de Fenfer qu'a postertori, A méme titze que Ki-ir, uru-ul-la et kur, (Gfmalntonant 8, N. Kramer, The Sumeslans, 279). La lecture gffr-g]ir est une collation de W. G. Lambert, qui nous a passé généreusement son manuscript, contenant plusieurs tnédits. Pour te sens et. YS X 199 [V 16 ab-ba Sa-mu-na-ab-gfr-gir-re-dam edans l'océan (les poissons) sautent vers elles, ef. A. Ralkensteln, ZA NF XIV 116, Je dérive lesens de (nim) atr-gir efoudroyers, Hest bfon posstbte qu'l fate penser & ging-giry ~ nabalera, © gremplagants» est deving, Cf. austt Kin-g& su, de la L 11, SN. Kamer, SM_70 traduit ssorvitem’s, 28 4. VAN DU Enki, sur la parole de sa mére Nammu,” sauta de sa eoucht Te dien autrement si joyeux® se frlappa] les cuisses® méditant profondément, Lai, le sage, intelligent, pl de conseil, qui connait l'essenee propre A chaque objet (et) les arts, qui engendre (et) forme toute chose, fit sortir les Si'ensi8ar."* Enki y porta son bras [et en] arrondit le sein, 30. Aprés avoir porlé son attention sur les corps, créés (et) formés par Ini-méme,” indus SL 68, 41 = rumma ener» (p.e. rtmma, ef. B, Landsherger, WZKM LVI 113), L/6ibvatlon «tar VE rev. 23 (RA XII 73 ss.) duma-mu KL aa-ra dug-ga an-68 14 KI-K8 14 tu-ly gld-da-bl = mac ana ema fabuki Anka Sudpute Seder w ne’d ema Mle, Aver et humiller, tires ot Hichor, est & ton grés; cf aussi KAR 128, 21, Pour ferhum ef. SL 376, 42; CAD s, v, danan; MSL VII 109, 59, 1 Le texte est & corger: Key aprés Enkt est & supprimer, 7 bar-ka-nfgin cf, Ia J, 48 de Ia composition (TCL XVI 71) bar-ka i-im ne-ne; ne-ne = nigin-ntghn, ef, Gud, Cyl B XXU 18 amas-ne-ne = ama ighn-ntgin 7 Pour bas-(liblr)-ra ef N. Kramer, BASOR Suppl Stud I 28; Gilga- anes ot sa Légende 81, OTP 43, 1705, sera lie aust sag-du. .tibtr-ra bf-in= ra-a, comme d'autres nom dannées, 7’ Nous Hons shy-en-siyy-fAr-[4A]e, Gant te plurle, Mt faudra trad sors les 7 substanlifs préctdents comme des adjectite possessits, gistd-gizzal «celul qui a Youle, qui a intelligences est dit d’Eukt dans Euld u, die Weltordnung, 72, Celte traduction nous semble la plus probable, Ste signe aprés siy-00-8fy-88 ‘est -[tJa une traduction toute différente en résulte: il faudra traduire ei! (= Enki) cumula dans les S, oule, Inteligence ete,» Moins probable nous semble une tra duction seelut qui a Youle, qui a Fiutelligence ft sortie les S, pour Te. 5 car te earactére des Siensifar est blen defini par ce qui va suivre: Fexpression urs V-qury-gury «(Enkd leur donna te sexe fmiinine semble bien signer qu'il en fi tos eimatrices+ de Ia terse, % Mest possible de rapporter #£A-bi-e de mud-me-dfu ul-te-a-na 8A-bI 4 co qul prévbde, aux SPensiéar, ML fandratt traduire dans ce eas mud-me-din ul-te-na par serd et formé par lul-néme et en faire une éplthite @’Enkl, Ce ‘qui ne semble pas rendre wn seus satisfalsant dans le contexte, En outre, Enkt nest pas eréé par lol-méme, Hest le Mls d’An et dé Nano, ILhinporte de tradulte correctement nf-te-a-naj une étude de nt=te pronom reélexif, reste A falee, I semble que nf, éant te complement direct d'un verbe, comme dans les expres- sions: nf di-86 duyyfe; mi I (se per nf pa-é (se montrer brillant) ete., peut 48 construire sans fe suffixe du pronom possessif, Avee le suffixe au possess Ia 1, et tn 2. personne de Yanimé se constevisent de prétérences nf-mujnt-2u etess nals on trouve aussi n{-te-muj-2u la 3, ps. de Mnaniiné semble devoir se consti fre: n{-bi; la 3, ps. de Fanimé est toujours nf-te-a-nf, sl ne sogtt pas du xéflextit complément 4 NNE 29 LE MOTIF COSMIQUE DANS LA pENSEE sUMERE Enki dit & sa mare Nammu; ‘Ma! mére, au résultat de ce que toi tu auras eréé, lie les Iravaux foreés des diewx.” mf-te-a-na peut etre Je génitit comme dans Him, 239 glri-nf-te-na-ka sdevant lujmdmes (Ine Sep raménisu). Co qui ageidément no signifte pas eses propres pleds+; IVR 12, 28-24 kin-nt-te-na-ak-a(var. -ke,) Su-gibIL-bi (ib) ~ ine Sipir ramanisi etsit (band) exestaurer (Ie char) avee une roprésenta- tion de lui-mémes, Le génitif serait ame espece de genttivus objectivus, nf-te-& TLB UF 2 12 nf-te-nl-80 Str ba-Si-ni-ra elle chanta un eantique sur elle- mémes; -tar Cod, Lipit-Istar NIV 9 ss, nf-te: + tiimu sil apporte de Tul-méme: Nous pourrions par suite traduire mud... nf-te-a Go Iui-mémee comme un genitivus subjective De loin nous préférons une autre construction: nf-bijat-te-nt + localif, qui est une construction Urés tréquente: ef, nf-ba Ta-a ¢riehe par lukmdies, A. Fale kenstein, SGL 1 63; d'autres exemples chez G, Castellino, ZA NP XVII 59 5.5 ai-rin mi-ba .., dim-ma ofruil erolssant de Iu-mémes, W.G. Lambert, AO XVIT 320; ni-te-na duyfo edire delle-mémes, AS XII 26, 87; wi-ba ma, 551 eeroilre de lul-mémess uf-ba twkt ssonner par eux menmese, Sagesse, 54; Se-er-ma-al nf-te-na ¢noble par lulemémes; ef. A. Sjaborg, Nanna, 47, Je nom d’Enll, I-bf-dug ni-te-na equt est voyant par lulanémes, CT XV 10, bel na par vereation et 4 Ja locution sera done & tradulve: » Ia eréation et In forme (faites) par lul-mémee, 6A. a, Tes Stenstiar, qui viennent détre eréées et farmées par Enkl, $2-bi sleur corps) ol sleur secrets» so réfdre A mud-me-dim. Lessentlel est que nf-te-na ‘par In-inémer soppose A mud #imu-e-gar-ra-zu de ta 1, $2: les Stensisar sont Ia part d’Enkl das Ia eréation de 'homue, Maintenant crest Nama qui doit Nachever, % Lianalyse grammaticale conecte me semble etre: mud *mu-c-gar-a-20 *E-gél-a-a ou tout au plus *i-gal-a-La, zub-sig kesda-1 postule un complé- ment Iniireet au Tocatif qui se cache dans 1-gat-li-dm (ef. AnOr NXIX 2635,); ad-gar cot un verbe composé. Je ne connais qu'un exemple de ce verbe: CT XLII 7 TT 25-26, cf, A. Falkonstoin, OL, 1964, 371 —VS UL 4, 44-15, dam an-tuk-tuku ém-gam-ma mud me-mar-ral? ume an-i-tu ém-gam-ma mud me-mar-ra[? Ge que jo ne peux pas traduire, Gf, peut-stre SEM 100, 18 Ui-mud-g{4-g]4. Mais la lecture n'est pas certulne, Je considéve mud-gar comme me yariante de mud-gél qui signife engen- arers, emottre au mondes, ef. SGL, IT 114 5, et je traduls mot & mot: ssur ‘of ta auras eré@ fl seras, tmu-e-gar-a-zu étant la conjugaison pronominale, La seule ternative me semble etre: mud-gar=-dama Sakinu> «faire un carnager, Mais dans ee cas Namma devia {wer un diet, Le métier de bourreau n'appartiont pas aux dames, méme pas parm les dieux, Ensuite, Nammut ne peut pas charger Jes travaux foreés sur un mort, Le sang wrest pas postilé comme principe de vie: Ja vie est donnée par Ia parturition. I est bien possible que les Sumérlens watent 30 3. VAN DIK Aprés que tu auras pétri le. . . dans Pargile fertile” de Pabzu,”” que les Si'ensiSar partagent l'argile; quand tu Ini aura donné Ja forme, 35 que Ninmab soit ton aide! Ninimma, Egizianna, Ninmada, les deux Ninbara, Ninmug, Ninsarsardu, Ninniginna, puissent-elles meltre debout”® ce qui va naitre de toi Ma mire, aprés que tu en auras fixé le destin, puisse Ninmab, y lier les travaux foreés». La traduction de ces lignes est difficile et plus difficile en est encore Vinterprétation: si Nammu est une forme de la «terre. mére», Phomme est sorli aussi dans 1a théologie d’Eridu du sein de la terre «per modum partus», Mais pour le reste ce récit diff@re foncigrement du double récit que nous venons d’analyser: 41 est entidrement chtonien’® et Ia naissance de Nammu est pré- cédée d'une «formatioy faite par le dieu des Arts, Enki, le diew chtonien par excellence personnifiant Jes eaux qui péndtrent du fond de la terre, Nous ne recomnaissons nulle part le sang qui est devenu le principe de vie dans les récits accadiens. Le réle des Si'ensi’ar est pour moi des plus obscurs: Enki «arrondit» Jeur sein: est-ce un indice qu’elles sont les «matrices» de Ia terre? Dans le premier récit c'est An qui fertilise Ia terre et pas connu Ie sing comme principe de In vie, comme fl est conn des récits plus recents, Alrahasis, Enfima-Eil, KAR 4. zub-sig~gaula malay «trapper avec Ie gaunt», gamla mahagu se trouve dans IM 10183 (Inédit) paralldle & firta emadee + 1 [expression Im-ugu-abzu revlent A Ja ligne 50 de cette compositfon, Deux traductions semblent possibles: t, Im-ugu(n)-abzu-ak ot rattacher ugu(n), comme amaja-ngu(n), & ugu~ alddie edonner naissances; 2, wgu — muha «erdne, sargile, erdne de Fabzus, La sentence est & corriger en toute hypo- thése: SA... ak-a signifies edanso: alors, il manque Vobjet. ‘Fel quel, 1 est tn possible de chercher Fobjet dans la ligne qui préedde, St on veut chercher le com- pliment direct dans mud *mu-e-gar-ra-2u, Hl faut éllmiuer zub-sig kes La solution Ia phis probable me semble etre: A partir de ta ligne $2 Bnkt donne ses ordres & Nammu, Le style de son diseours @ ét8 emprunté aux rituels des fh- cantations. Lespression Sa ..4,ak-a temu-e-nt-bé est fréquente dans ces rituels, Le scribe de notre texte a shuplement ulllisé cette expression sans plus Ja comprendre, Jéllmine $4 dans 1a traduction, Sion tradult gub + dat, eservire (NG IIL s, v.), Hl foul lire -gub-bu- » Le passage d’U, et Exh 19-24 (MBI 8 + SEM 54; 55 + SRT 25) nav Hi-ug-Hi-uy-ri-a-ke;-ne, ef, A, Falkenstein, WO 145, déerit Ia condition humaine aprts ka eréation, Mais ft semble se rattacher & la eréation par “emersio”, LE MOTIF COSMIQUE DANS LA PENSEE SUMEWENNE SL Vhomme en surgit comme les herbes. Le deuxiéme récit est une yariante du premier: ici c'est Enlil 'uzu-8/mii: Je die qui fait surgir/qui fait eroftre la chair, UMBS V1 1 18-14 den-Ifl fen-ki Mnin-bur-sag-gé-keg sag-gie-ga mu-un-dim-e&-a-ba lorsque Enlil, Enki et Ninhursaga enrent eréé les hommes« prouve dans quelle mesure les récits de Ia eréation de l'homme furent synerétisés, Ce jour-lt», le jour de violence par excellence, est deve aussi le prototype des catastrophes qui dans le cours de histoire se sont abattues sur Ie pays de Sumer, Nous trouvons cet élément de violence dans linlroduction de In tenson entre ‘Tamaris et Dattier, BWL PI. 19, IM 53946: [i-n]e ti-mi-im ul-le-tim i-na fa-na-tim ru-ga-tim i-nu-ma [sama] ie-zi-gi t erselum nu-bactam itaan-bu Hla ana g-[wli= du-lim [i]e?-bu ip-Sa-fu & re-du-si-im nu-ug-se-am .... «Aux jours d’autrefois, dans les années longtemps passées, lorsque fles cieux} étaient en peine et 1a terre soupirait la nuit, que les dicux qui étaient .. .[ } envers Vhumay se reposaient et lui donnaient I’abondance . ..» Nous trouveront cet aspect de violence dans les deux textes que nous traiteront plus-bas (p. 36ss.): MBI 1 et NET 180, AO 4163, Ces inondations d'oi est sortie la vie sont le prototype du déluge, STVG 87 b 2-6: {alnten-Ifl-bi-da %e[n-ki ug-ri-ta uy-[st-ra-ri-ta] gig-ri-ta gig-[sit-rA-ri-ta) mu-ri-ta m{u-sit- uy a-ma-ru blf- “Ba «An et Enlil, Efnki et... Depuis ce jour, [depuis ce] jour [lointain), depuis cette nuit, (depuis cette} nuit [lointaine}, depuis cette année, [depuis cette ann}ée [lointaine), le jour ott le déluge [se déclencha p IM 55403, 1-4," teste difficile & cause de I'écriture syllabique, joint aussi le déluge et «le jour ott Ja végétation surgit», Bien plus: Gf. Sumer XI Pl, XU, 32 J. YAN DEK les deux expressions symbolisent ici les catastrophes qui semblent avoir précédé le régne d’Urninurla & qui lhymne est dédié.* Les trois récits du déluge, UMBS V 1, Gilgame XI et Atrabasis, font souvent allusion au jour lointain, au jour de la création, Celle pensée que le jour de Forigine est devenu le prototype des autres jours oi, tant dans la mythologie que dans histoire sumérienne, de grandes eatastrophes se sont produites, se trouve perpétuée dans I'expression: uy-ri-gim = uy-ri-&n-nam ~ a= ri-giny-nam qui est traduite par Atma sa ami wllili «comme dans les temps Jointains".% On en a un exemple dans SBH 52 rev. 1 ss. (- A) UMBS X? 12 (= B; = VS II 12 1) ~ W. 20030, 9 rev. 78: uy-ri u-ri-gim te x y 2! fglo-Ti gig-Ti-gim te-g x y 2% uy e-lum-e mu-un-zal-a-ri uy @mu-ul-lil-le mu-un-gal-a-vi? am-e tiru-na e-en-zal-a-rif?™ «ce jour s’approcha comme Ie jour lointain . cette nuit s’approcha comme Ia nuit | lorsque le puissant avait terminé ie jour, qwEnlil avait terming Ie jour, que Faurochs, dans sa ville, avait terminé Ie jour...» (suit aprés quelques lignes Je récit de In catastrophe). taine ...( 4 Nous en trouyons une Indleation dans kt 110 katam e-48-bi ki-bé gly ~ fly-te satin de reslaurer Jes demeures du pays. Ct, aussi ln Ve tablette d’ura-bul-In-lo,; SBH 53 + NCE. XVI 9 +95, Mf. Hussey, ASSL XXII 167 ss, Cl. aussl SH 4, 162, Ensuite: CT 42, 19 TY 26 [Ajm uy-ri-dn-na equelque chose comme dautrefois» dans un contexte Aifete, Cf. pourtant 1 305s. -mu-un-e an-gim aka-a-na lorsque Ie selg- nour (— Enki) faisalt comme Ans, SLTN 71 commencera par ém-wy-rh guy of Ibe 8 Am=uy- © Tablotte IT d’uru-butl-ta-key, Inéalte, #96, ugerl-en-ua; G sdiffire grandement. © A, Intercale apparemment 1a traduction aecadienne jy. me-séi}m?, Je ne réussis pas a déchiffrer Tes dornfers signes de B. 8 A, Intereale | Aable Sa uilabed; A, han-mi-in-xal-la 07 A, mu-wtlib-lds tm- < mi-in-zal-la-ri >, 7a B, uri—s Ay ims < ml-in-zal-la-rl >. LE MOTIF COSMIQUE DANS LA PENSEE SUMEMENNE 83 Le motif me semble devenu tout & fait un cliché littéraire dans CT XXXVI 35, 25-278: ug-ri-ta u-si-rd-ri-ta gie-Ti-ta gig-St-rd-ri-ta wy dam k6r-re ba-an-76-6m-ma-ia gis dumu kiir-re ba-an-z6-ém-ma-[ta] «ee jour-li, ce jour lointain, celte nuit-lA, celle nuit lointaine, Ie jour o& lennemi a vendu Iépouse, In nuit ot fennemi a vendu Ie fils». Dans le contexte il n'y a aucune allusion au jour de la eréation. IL semble pourtant que les expressions wy-ri et gig-ri ont 6té empruntées aux introductions que nous venons de décrire, Une réminiscence A Méclosion de 1a végétation se trouve eneore dans frois expressions (usage fréquent: 1, uy-numun-i-i%: «le jour of la semence surgit». 2, uy-tl-i-a®: We jour oi les fleurs s’épanouirent», 3, uy-ul-dit-a: @e jour of Ja floraison fut faite», L'évolution sémantique en est encore plus marquée: ces ex- pressions ne signifient souvent qu'un passé lointain et Ia seconde signifie méme un avenir lointain tout en perdant complétement sa signification fondamentale, Ainsi nous avons pu percevoir dans les expressions qui se réferent au jour des origines cosmiques 1a méme tendance que dans les introductions cosmogoniqnes des listes des dieux: si nous constatons une évolution sémantique dans expression ug-ri «ce jour-li», ce n'est pas vers une précision du sens avee OT 42, 1, 13 ss, est paralidle, Le molif se trouve aussi dans CT 36, A7127ss., hymme déaié A Aruru et A Ninbursage. Cot hymno ne semble pas Alre récent, puisque Te nom d’Arua a 6G éerit (11) Ma-EN-EN; @Ni-UL (ant) = Ma-ul-ath, # SAI 46, Cones B+G ILI 2-85 ef, SAK 78h AnOr XXVIII 27 et les rétéren- ces chez A, Falkenstein, ZA NF XIIT 192 ad 45, Ajoutez GT 36, 28, 28; ib., 26, 30; SLIN 79, 3 (A, Sjoberg, Nanna 108, 3); ZA NF V 262 (rhymne & Vé-tar-sir-str) uru-kik ¢-numun-i-f-an-kit-gas Enkt uw, die Weltord- nung 52. © Cf. Th, Jacobsen, ZA NF XVITI 10118, 8 Acta Orfentalla, XXVIII

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