Professional Documents
Culture Documents
EIDS
EIDS
Un sous-secteur public constitué des hôpitaux publics et des structures sanitaires sous
tutelle d’autres départements ministériels (Ministères de la Défense, Ministère de l’Emploi,
du Travail et de la Prévoyance Sociale, Ministère en charge de l’Education Nationale.
Ce système est par ailleurs structuré en trois niveaux de santé dont chacun dispose de structures
administratives, formations sanitaires et structures de dialogue :
L'aire de santé constitue une zone bien définie comprenant un ou plusieurs villages ou quartiers, et
desservie par une ou plusieurs infrastructures sanitaires (publiques et/ou privées) de base, encore
appelées Centre de Santé Intégrés(CSI). La gestion de l'aire de santé repose sur des structures de
dialogue (entre prestataires et bénéficiaires de soins), et de participation communautaire en matière
de santé.
Source : Cadre conceptuel du D/S viable révisé (MSP)
Ecrit Par camerbe le 31 May 2014 Publié dans la categorie: A La Une, Actualités, Santé,Société
Dans l’univers hospitalier camerounais, lorsque l’argent n’est pas directement extorqué aux malades par les
infirmiers, les techniciens et les médecins, ces derniers sont simplement détournés vers des cliniques
privées. Ici, les détournement des patients sont monnaie courante. La plupart des infirmiers et des
médecins travaillent en clientèle privée.
La société camerounaise va mal, dit-on. La crise, présente dans tous les secteurs de la vie sociale,
économique et politique, est devenue le lot quotidien. En fait, y a-t-il une vie au Cameroun au-delà de la
crise sanitaire ? Malaise et tensions sociales, paupérisation insidieuse, insoutenable inconfort de la vie en
ville et en campagne,gestion aberrante des ressources naturelles … Vol au-dessus du chaudron
camerounais.
Nous sommes en 2014, dans un pays situé un peu au-dessus de l’équateur, en Afrique centrale : le
Cameroun. Nous nous rendons comme si nous étions des patients dans un dispensaire , puis dans un service
de l’hôpital Laquintinie, tous deux situés à Douala dans la région du littoral.
C’est l’occasion de montrer les difficultés d’une médecine dont le schéma est imprégné par le modèle
occidental, mais qui fonctionne dans les conditions de dénuement total. Le décalage entre l’image que
patients et soignants ont de la médecine – avec le mythe d’un âge d’or colonial et la dure réalité alimente
les frustrations et crée des tensions permanentes entre infirmiers et malades.
A l’entrée de ces centres de santé, on peut lire ceci : ” Dirigez-vous à la caisse “. De quelle caisse s’agit-il
quand on sait que le malade ne dispose pas assez de temps pour accéder les locaux d’un centre de santé ?
Est-ce à dire qu’en cas d’un accident, l’ambulancier (s’il y en a) devra d’abord passer par ce service ?
A l’ hôpital Laquintinie, à l’entrée, le patient doit préparer la monnaie. Il est accueilli par une nuée de
rabatteurs qui lui proposent de le “guider” dans les méandres de l’hôpital, et qui n’hésitent pas, pour le
convaincre de la “qualité” de leur service, à lui faire part de leur propre diagnostic. Ici, tout se monnaie. Un
repos médical vous sera proposé par le rabatteur pour la modique somme de 2 000 F CFA ; on peut
également vous fournir, si besoin, et contre espèces sonnantes, un document antidaté ou un certificat
médical plus vrai que nature… Le rabatteur, véritable cicérone et maître des lieux, vous proposera “son”
médecin, qui se trouve être en consultation dans son “cabinet privé”. Qu’à cela ne tienne, votre guide
pourra vous y conduire, d’autant que ledit “cabinet privé” est situé… dans l’enceinte même de l’hôpital !
Du coup, le médecin vous réclamera des honoraires plus élevés que ceux auxquels vous donne droit votre
carnet hospitalier, puisqu’il s’agit d’une “consultation privée”… Sur la somme perçue par ce médecin, une
commission sera reversée au rabatteur. Hallucinant… Mieux vaut ne pas avoir besoin d’une hospitalisation
de longue durée, car la “chaîne” de faux frais et de commissions diverses ajouterait à votre état un
diagnostic supplémentaire.
Devant les mêmes locaux de ces centres de santé, tout se vend. Jusqu’au moindre service. Si le malade
décède, juste en face de la grille d’entrée principale de l’hôpital ou du dispensaire se trouve les services de
pompes funèbres qui brandissent à la longueur des journées des affiches ventant leurs produits et qui
cherchent preneurs dès qu’un cri strident se fait entendre dans la rue.Des corbillards occupent le parking
des usagers à la quête des clients. Tout se passe comme si ces derniers souhaitaient la mort de tous les
patients.
Paradoxe. Dans ces institutions sanitaires, le médecin est roi et ne vous reçoit que si vous aviez
préalablement pris un ticket à la caisse. Quelquefois, le patient est obligé de se rendre dans une clinique
privée où travaille le même médecin pour recevoir des soins appropriés.
Dans les salles d’hospitalisation, les meubles coloniaux et les patients se disputent de l’espace. L’infirmier
qui assure le suivi de votre traitement ne revient que si vous lui aviez préalablement ” motivé ” comme ça
se dit ici. Les médicaments prescrits ne se trouvent que dans les bureaux des médecins. N’allez surtout pas
les chercher ailleurs, vous serez abandonnés à vous-mêmes.
Un autre constat, n’ayez pas surtout mal aux dents car le médecin dispose d’un outil rudimentaire similaire
à un marteau et d’une pince de menuisier pour vous arracher la dent cariée. Les rapports sont si tendus qu’il
n’est pas rare de voir les personnes souffrantes fuir l’hôpital avant la fin du traitement.
Troisième lieu décrit, un centre de maternité situé dans un quartier populaire ( New-Bell) et qui souffre des
mêmes pénuries en moyens. Toutes les femmes en voie d’accouchement doivent avoir sur elles la somme
exacte requise avant accouchement. Et l’on est étonné des rapports de confiance qui se nouent entre les
futures mères et les sages-femmes. Quelquefois, certaines d’entre elles sont obligées de rentrer en famille
avec les risques que cela comporte : accouchements non hygiéniques, sans suivis.
Ni les patients ni les soignants ne sont marqués par cette image qui exacerbe les conflits d’un État à la fois
“providence” et “défaillant”
Dernier exemple, toujours dans la même localité de Douala, un centre privé baptiste qui illustre surtout
l’importance d’une pharmacie de la rue alimentée par des “médicaments essentiels”, les ” médicaments du
gazon”. Le médecin vous conseille après son diagnostique d’aller vous procurer vos médicaments à vil prix
dans la rue. Les fournisseurs ici ne sont que des médecins et pharmaciens de nos hôpitaux publics. Ne
cherchez pas surtout ici à lire sur des étiquettes des dates de validité des produits achetés. Tout a été gratté.
Les drames humains sont devenus l’ordinaire de la relation entre les patients et le secteur hospitalier.
Exemple récent. Un homme ayant conduit son épouse à l’hôpital a dû en ressortir, après quelques heures,
pour aller chercher les médicaments destinés à soigner son épouse. Pendant qu’il attendait à l’extérieur de
la pharmacie de garde un malfaiteur a tenté de lui arracher son porte feuille et l’a poignardé. Il a eu la force
de revenir à son point de départ, l’hôpital, où il est décédé des suites de ses graves blessures. Mort, tout
compte fait, parce qu’il n’y avait pas à l’hôpital de médicaments pour soigner son épouse… Des drames
comme celui-là, il s’en produit tous les jours à Douala. A cause de l’extraordinaire absence de conscience
professionnelle d’un personnel soignant qui a érigé en système le mercantilisme, le cynisme et le mépris
des usagers.
Dans ce Cameroun, l’insécurité sanitaire a atteint des sommets. Le pire, c’est qu’on s’y est habitué,
imperceptiblement.
Toutes les villes et campagnes du Cameroun sont victimes de cette pratique devenue le lot quotidien,
devant les yeux inertes de nos dirigeants. Désabusés par des soins et des médicaments coûteux, plusieurs
camerounais ont choisi la voie de la médecine traditionnelle.
À l’heure où se multiplient les critiques contre la politique des soins de santé primaires au Cameroun, ces
quelques exemples et cas vécus, illustrent un développement sanitaire à double vitesse.
Médecin
Chirurgien-dentiste
Sage-femme
Paramédical
Patient
Fréquence et nature des risques
Signalement des EIG et aide aux victimes
Notre ambition sans limite dans le domaine médical nous pousse à adopter un flux
constant d’innovations, à inclure des patients jusque là exclus, à utiliser des protocoles
plus complexes et plus exigeants, à considérer un nombre croissant de normes et de
référentiels ; assez logiquement cette prise de risque croissante et ce périmètre en
expansion résultent dans un nombre événements indésirables croissant. C’est bien ce
que l’on observe. Pratiquement toutes les études de comptage des EIG au niveau
national et même d’un Hôpital montrent une augmentation du nombre brut d’EIG,
malgré les efforts objectifs dévolus à la sécurité du patient.
À cet égard, la santé diffère de presque toutes les autres industries. Ce qui est
considéré comme indésirable dans l'aviation civile ou le nucléaire par exemple, reste
stable dans le temps quelle que soit les avancées techniques de ces industries. En
revanche nous changeons constamment de références sur ce que nous considérons à la
fois mal et évitable. Difficile dans ces conditions de comparer les évolutions dans le
temps. Les chiffres sont forcément trompeurs.
Dans les années 1950 de nombreuses complications étaient jugées comme des aléas
(1). Au fil du temps une grande partie de ces complications sont aujourd’hui
considérées comme inacceptables et potentiellement évitables. Il en va ainsi pour la
majorité des infections (2). Et la liste des never events s’étend aussi d’année en année
(3).
On trouve maintenant dans le périmètre des EIG toute une série de problèmes
considérés comme des aléas dans les années 90 : escarres, chutes, embolies,
infections sur cathéters et sur sondes urinaires ; et même si tous les cas ne sont pas
évitables, l’évitabilité partielle devient au moins la norme de l’analyse (4, 5). Au
Royaume-Uni, le rapport Francis – produit suite au scandale récent des hôpitaux du
Mid Staffordshire- a mis en évidence des risques supplémentaires inacceptables pour
les patients, tels que la malnutrition, la déshydratation et le délire qui sont tous
maintenant considérés maintenant comme les questions de sécurité du patient (6, 7). Il
en va de même pour toutes les erreurs médicamenteuses (8).
Le périmètre de la sécurité du patient est donc en incroyable et rapide expansion. C’est
sûrement une bonne nouvelle pour les patients et victimes à de multiples titres, et
notamment parce que cette extension reflète l'amélioration du niveau de soins et des
aspirations du système médical. Toutefois, cette expansion pose aussi de sérieux
problèmes, à la fois théoriques et pratiques.
La définition du préjudice semble de plus en plus difficile à cerner car de plus en plus
d'événements sont ‘badgés’ comme des questions de sécurité. Dans ce contexte qui
grossit sous la pression de l’innovation plutôt que de se stabiliser, il nous faut
d’urgence reconsidérer la définition, l’analyse et la mesure des événements
indésirables.
Rappelons qu’historiquement, un événement indésirable a été défini comme une
blessure involontaire causée par les soins qui se traduit au minimum par un
prolongement d’hospitalisation, pouvant aller jusqu’à une incapacité temporaire ou
permanente, ou la mort.
Cette définition instaurée en fin des années 90 s’appliquait aux patients hospitalisés sur
des durées assez longues, pour lesquels on jugeait d’erreurs assez évidentes ; elle a été
très utile pour sensibiliser les professionnels et s’inquiéter du nombre beaucoup plus
grand qu’imaginé de ces EIG (9, 10). Cette définition a servi aussi pour constater que
les progrès n’étaient pas très faciles (11, 12).
Mais cette définition est aussi l’objet de tous les biais actuels.
Les standards de 2005 ne sont plus les standards de 2015.
Plusieurs exemples concrets montrent comment le même mécanisme d’accident est
analysé différemment à 8 ans d’intervalle (en 2001 il est vu comme un problème
professionnel, en 2005 comme un problème managérial, puis en 2009 comme un
problème de gouvernance).
Ce constat conduit à une très forte phrase utilisée dans un article récent
(13) : l’incident n’est rien en lui-même (nda pour l’intérêt de l’analyse), il n’existe
que par son interprétation ; et cette vue doit évidemment influencer grandement un
professionnel de l’analyse et un système national d’analyse. Il nous faut nous
concentrer sur la leçon tirée plutôt que sur le fait lui même et sa conséquence. Mais
évidemment se concentrer sur la leçon tirée suppose d’autres pré requis, notamment
une culture juste, ce qui est loin d’être simple. Le vrai EIG grave dans ce contexte est
d’inverser le ratio bénéfice/risque à venir se faire soigner.
En conclusion, le terme «événement indésirable» a des parallèles avec le terme
«maladie». Au départ il est clairement peu sensible, trop général. On progresse en
disposant de classifications et d’actions spécifiques pour chaque maladie, et on est
tenté de suivre la même logique avec des familles d’EIG (14, 15). Certes, cela ne nous
donnera pas une solution complète car il y aura toujours des EIG rares ou échappant à
une définition précise qui exigera une catégorie générique «autre», mais l’analyse par
catégorie ouvrira de façon certaine des actions plus pertinentes que nos analyses
globales.
Il nous faut aussi adopter une vision nettement plus systémique pour chaque catégorie
d’EIG, ne recherchant pas seulement les causes, mais incluant dans l’analyse la
récupération des événements en réfléchissant sur une mesure d’équilibre global des
avantages et inconvénients à faire un parcours de soins qui reflète mieux les succès
comme les problèmes de la prise en charge (16).
Dans les campagnes, les hôpitaux très sales ne sont que des salles
de transit pour la mort donnant ainsi l’image triste d’un pays
malade. Comment se faire hospitaliser par exemple à l’hôpital de
district de Bonassama quand il n’y a pas de lit, de matelas dans les
chambres d’hospitalisation ? Comment parvenir à acheter les
médicaments quand on les retrouvent quelques fois à des prix
exorbitants ? Sommes nous en train de vivre dans un pays devenu
le berceau de la mort ?
Cameroun - Santé. Hôpitaux publics au Cameroun:
Couloirs de la mort et de trafic des bébés !
Que ce soit à l'Hôpital central de Yaoundé, au Centre hospitalier universitaire (Chu) ou
encore à l'Hôpital gynéco-obstétrique pour ne citer que ces formations sanitaires, le
même constat se dégage.
Pourtant, sauver les vies humaines, c'est ce qui devrait caractériser le personnel
médical. Mais on a l'impression que nos infirmiers et médecins ont transformé le
serment d'Hippocrate en hypocrisie. Sinon, comment comprendre qu'au quotidien,
les gens meurent dans ces établissements hospitaliers à cause de l'incurie du
personnel médical subjugué par le culte de l'argent. Quant aux urgences, c'est une
autre paire de manches, Ici, on a l'impression que ce sont des hommes qui ont perdu
le sens même de la vie qui y sont appelés à servir. Ils ne s'émeuvent pas même
devant des cas les plus désespérés, encore moins les cris de détresses du malade
souffrant le martyre. Il faut alors être accompagné d'un «grand» du pays sinon, à
certaines heures de la nuit, vous êtes tout simplement éconduit. En tout cas, de fait
vous entendez une voix généralement féminine qui vous dit de but en blanc, aller
dans tel ou tel établissement hospitalier. A ceci, s'ajoute le trafic des nouveau-nés.
Un fait aussi récurrent que les décès. Il ne se passe plus des mois sans qu'on
apprenne qu'un bébé est porté disparu dans nos hôpitaux publics. Dans ce registre,
l'on note la disparition du bébé de Vanessa Tchatchou récemment à l'hôpital
Gynéco-obstétrique de Ngousso. Un fait qui défraie la chronique. Mais pendant que
la jeune mère est en larmes parce qu'elle n'a jamais vu son bébé depuis
l'accouchement, on lui demande de payer 500.000 FCFA. Excusez du peu.
Tout compte fait, le domaine de la médecine est celui où l'Etat devrait mettre plus
d'accent compte tenu de la flambée des morts pour manque de soins dans les
établissements hospitaliers qui revêtent aujourd’hui la forme des mouroirs. C'est la
raison pour laquelle, il y a un regain d'intérêt pour la médecine traditionnelle pour les
Camerounais à leur corps défendant. Le côté purement social comme on peut le
constater avec amertume aujourd'hui constitue le talon d'Achille du Renouveau. S'il
est vrai que la qualité de la formation de nos infirmiers reste sujette à caution, et que
le serment d'Hippocrate prononcé par nos médecins à la sortie des écoles est
couvert de discrédit, il n'en demeure pas moins que, le manque criard du matériel
constitue un véritable point d'achoppement au travail du personnel médical. Et dans
ce domaine là, c'est bien l'Etat qui pèche en ne mettant pas sur pied des moyens
pour une santé pour tous. Vivement que le chef de l'Etat frappe la main sur la table.