Cours Finances Publiques

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PARAG II : LES PRINCIPES EMERGENTS DU DROIT BUDGETAIRE Dans la catégorie des principes émergents ou nouveaux du droit budgétaire, l'on peut évoquer le principe de sincérité (A) et le principe ve soutenabilité budgétaire (B) . A/_LE PRINCIPE DE SINCERITE BUDGETAIRE Drorigine jurisprudentielle avant sa validation par le législateur, le principe de sincérité budgétaire fut consacré pour la premiére fois par le conseil constitutionnel frangais 69 DC, du 28 janvier 1995. En acceptant de contréler, & la demande ionnel frangais, par la décision n° 95-: des requérants, la sécurité des évaluations budgétaires, le conseil constituti consacra le principe de sincérité budgétaire. Plus tard, c’est-i-dire au terme des articles 32 et 33 de la loi organique relative aux lois de finances du 1* Aout 200, ce principe signifie que : « les lois de finances doivent présenter de fagon sincere Vensemble de ressources et charges de l’Etat, compte-tenu des informations disponibles et des prévisions qui peuvent raisonnablement en découler ». En droit positif camerounais, ce principe fut consacré pour la premiere fois par l'article 3 alinéa 1 de la loi du 26 décembre 2007 en ces termes : « Ia loi de finances présente de faon sincdre ensemble des ressources et charges de I’Etat. Ce principe implique que les informations fournies soient claires, précises et complétes au regard des données disponibles au plan interne et international au moment de T’élaboration des prévisions ». Le Iégislateur du 11 juillet 2018, a la faveur du nouveau régime de I’Btat et des autres entités publiques, réitére ce principe en ces termes: «les budgets des administrations publiques présentent de fagon sincére ensemble de leurs recettes et dépenses. Leur sincérité s’apprécie compte tenu des informations disponibles au moment de leur élaboration et des prévisions qui peuvent raisonnablement en découler. Vinformation réguliére du public sur les grandes étapes de la procédure budgétaire, tout comme leurs enjeux économiques, sociaux et financiéres, est organisée, dans un souci soucis des transparences et d’objectivité ». Le principe de sincérité budgétaire est également consacré par d'autres régimes financiers. ‘Au Bénin par exemple, l'article 8 de la loi organique n°2013-14 du 27 septembre 2013 relative aux lois de finances dispose que : « les prévisions de ressources et de charges de PEtat sont sincéres. Elles sont effectuées avec réalisme et prudence, compte tenu des informations disponibles au moment oi le projet de loi de finances est établi ». Dans le méme sens, voir : article 7, loi organique n°73-2015 / CNT du 6 novembre 2025 relative aux lois de finances du Burkina-Faso ; article 47, loi organique n°2014-013 du 2 juin 2014 relative ayx lois de finances awsogo. En Allemagne, la grande réforme budgétaire de 1969 avait permis d’ identifier les principes de clarté et de vérité du budget En Italie, le principe de veridicita implique la sincérité dans I’ évaluation des recettes et des dépenses. Ce principe est associé au principe de publicita afin de garantir la transparence de information dans I’adoption du budget de I’Etat. Considéré comme un principe satellite, le principe de sincérité budgétaire postule la fidélité des prévisions budgétaires a la réalité du tissu économique national et a la conjoncture économique internationale. Ce principe signifie également la fiabilité de l'information budgétaire au moment de I’élaboration du budget. De méme ce principe met-il & la charge du gouvernement une obligation d’information vis-d- vis du parlement d’une part, et vis-a-vis du peuple, d’autre part. Ainsi, le principe de sincérité budgétaire comporte également une dimension comptable. C’est la fidélité des comptes 4 la réalité de la situation de la trésorerie publique et du patrimoine des personnes publiques. Au fond, 'avénement du principe de sincérité budgétaire est la preuve de I’émergence de deux logiques dans la gestion des finances publiques. Il s’agit de la logique juridique et de la logique gestionnaire, Autrement dit, le principe de sincérité budgétaire vise a concilier deux cultures : une culture démographique privilégiant le controle de la régularité et une culture de Pentreprise, soucieuse de I’évaluation des résultats. Un autre principe émergent du droit budgétaire, est le principe de soutenabilité. B/ LE PRINCIPE DE SOUTENABILITE Ce principe est consacré en droit positif camerounais par l’article 9 (1) du régime financier de I’Etat et des autres entités publiques, en ces termes : « les budgets des administrations publiques notamment celui de ’Etat et des autres personnes morales de droit public doivent étre établis et financés dans les conditions qui garantissent la soutenabilité de V’ensemble des finances publiques ». En droit public sénégalais, ce principe est formulé aux termes de l'article 45 de la loi organique n°2011-15 du 08 juillet 2011 relative aux lois de finances qui dispose que : la loi de finances de,l’année est accompagnée dun rapport définissant ’équilibre économique et financier, les résultats connus et les perspectives. En réalité, le principe de soutenabilité budgétaire est une évolution ou une optimisation du principe classique de I’équilibre budgétaire. Ce principe classique signifie l'égalite arithmétique entre les recettes et les dépenses publiques. Ce principe est assorti de trois principales exceptions, notamment : la théorie du déficit systématique, la théorie du déficit cyclique et la théorie de ’impasse. La premiére, c’est- a dire la théorie du déficit systématique, d'origine kelséniénne, postule qu’en vue de réaliser de grands projets de développement, les personnes publiques peuvent opter pour des déficits délibérément voulus, en recourant a ’emprunt. Le déficit ainsi créé devrait permettre I'Etat de financer ou de booster le développement, afin de recouvrer Péquilibre antérieurement perdu, grace & la relance économique réalisée par les ressources obtenues de ’emprunt. La seconde exception, A savoir la théorie du budget cyclique, fait valoir que l'économie publique est marquée par une succession de périodes de récession. Et des périodes de prospérité. La troisiéme exception, celle constituée par la théorie de l’impasse, signifie une aggravation pure et simple du déficit budgétaire. Mieux que le principe classique de l’équilibre budgétaire, avec ses exceptions, la soutenabilité budgétaire, synonyme de soutenabilité de finances publiques, proscrit tout déficit excessif. En d’autres termes, la soutenabilité signifie que méme si une certaine égalité entre recettes et dépenses publiques peut étre admise ; cette inégalité doit tenir compte des exigences et convergences des politiques économiques et financiéres prescrites par les conventions internationales et régionales auxquelles le Cameroun adhére. Quoi qu’il en soit, ces principes anciens et nouveaux déterminent la création de la loi des finances. CHAPITRE II: L7ELABORATION DE LA LOL DE FINANCES L’élaboration de la loi dé finances est un processus éminemment complexe. Il est de triple nature politique, juridique et technique. Comme tel, ce processus s’articule autour de deux catégories fortement imbriquées. II s'agit des acteurs et des procédures. En ce qui concerne d’abord les acteurs, I’élaboration de la loi de finances mobilise & la fois le pouvoir Iégislatif, le pouvoir exécutif et dans une certaine mesure, le pouvoir judiciaire a travers l’assistance du parlement par la Chambre des comptes de la Cour supréme. L’élaboration de la loi de finances révéle done désormais un décloisonnement institutionnel de ce processus. Pour ce qui est des procédures, I’élaboration de la loi de finances obéit désormais 4 un véritable souci de rationalisation depuis I’adoption d’un calendrier budgétaire, objet du décret n° 2019/281 du 31 mai 2019.Aussi, note-on une innovation majeure dans ce processus. Institué par article 11 de la loi n°2018/012 du 11 juillet2018, portant régime financier de I’Etat, le Débat d’ orientation budgétaire, est organisé avant le 11 juillet de chaque année, autour des documents de cadrage 4 moyen terme, du rapport sur la situation macroéconomique et d’un rapport sur I"exécution du budget en cours. Conforme a la logique de la programmation budgétaire, ces innovations qui marquent Ia création de la loi de finances appellent une analyse des acteurs chargés de Pélaboration (Section 1), avant de rendre compte du calendrier proprement dit (Section II) de préparation et d’adoption de la loi de finances. SECTION I: LA PREPARATION DE LA LOI DE FINANCES La préparation de la loi de finances mobilise deux principales catégories d’acteurs. Il s‘agit des acteurs politiques (p. 1) et des acteurs techniques (II). P.I/ LES ACTEURS POLITIQUES (LA PREPARATION POLITIQUE) La préparation politique de la loi de finances incombe a deux principaux acteurs Deux principaux acteurs politiques. Il s'agit du Président de la République (A) et du Premier Ministre (B). A/ LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE Sur le fondement des articles 55(1) et 56(1) du Régime financier de '’Etat et des autres entités publiques, la préparation du budget se réalise sous la coordination du, Président de la République. En effet, l'article 55(1) dispose : « sous Vautorité du Président de la République et la coordination du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, le Ministre chargé des Finances conduit la préparation du budget de finances qui sont arrétés en conseil de annuel de I’Etat et des projets de cabinet ». Bien que cette disposition Iégale vise les réles politiques et techniques des plusieurs membres de l’exécutif en matiére de préparation du budget de I’Etat, une observation s'impose de maniére évidente : toutes les activités initiges ou menées dans le cadre de Ia préparation de la loi de finances sont conduites « sous Pautorité du Président de la République ». L’article 56(1) de cette méme loi clarifie mieux I’article 55(1) qui le précéde : « chaque année, le projet de loi de finances initial est élaboré en se référant Ala circulaire présidentielle qui, sur proposition du ministre des finances : - Fixe le cadrage macroéconomique sur la base d’hypothéses prudentes et crédibles dans le respect du montant global des recettes et des dépenses dans le cadrage budgétaire A moyen terme définit & l'article 10 de la présente loi. Détermine les priorités budgétaires et normes de dépenses pour les demandes de crédit des ministéres dans le cadre des dépenses & moyen terme définies 4 l’article 10 de la présente loi ; Définit la procédure de présentation et d’arbitrage des demandes de crédit ainsi que leur calendrier ». A la vérité, la place et le réle central du Président de la République dans la préparation du budget reposent sur un fondement constitutionnel. En vertu de Varticle 5 de la constitution du 18 janvier 1996, « le Président de la République définit la politique de la Nation ». S’il va de soi, que la définition de la politique de la Nation soit inséparable des questions économiques et budgétaires, alors on comprend pourquoi la préparation du budget de I’Etat se réalise spus l’autorité du Président de la Républiqug et que ce dernier déclenche le calendrier budgétaire. L’option prise par le Iégislateur camerounais n’est plus exactement la méme que celle d’autres Iégislateurs en Afrique. Au Bénin et au Sénégal par exemple, c’est le ministre chargé des finances qui prépare les projets de lois de finances ; ceux-ci étant adoptés au Conseil des ministres. Voir : article 55, loi organique n°2013-14 du 27 septembre 2013 relative aux lois de finances du Bénin et article 55, loi organique n°2011-15 du 08 juillet 2011 relative aux lois de finances au Sénégal. L’option prise par le législateur camerounais présente une originalité certaine en matiére de préparation du budget en raison également du rdle du Premier Ministre dans ce processus. B/ LE PREMIER MINISTRE La contribution du Premier Ministre la préparation de la loi de finances repose sur les dispositions pertinentes de I’article 55(1) et 56(2) du Régime financier de l’Etat et des autres entités publiques. Au terme de de I’article 55(1) en effet : « sous ’autorité du Président de la République et la coordination du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, le Ministre chargé des finances conduit la préparation du budget de ’Etat et des projets de loi des finances qui sont arrétées au conseil de cabinet ». De méme, article 55(2) ajoute que : « le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, sur le rapport du Ministre des finances, procéde aux arbitrages sur les dépenses et recettes qui n’ont pas fait objet d’un accord entre ministres ». Comme pour le Président de la République, l’office du Premier Ministre dans la préparation de la loi de finances repose sur Varticle 12 de la Constitution. Cet article dispose que : « (1) le Premier Ministre est le Chef du Gouvernement et dirige action de celui-ci. (2). I est chargé de l’exécution des lois. (4) « il dirige tous les services administratifs nécessaires 4 l’'accomplissement de sa mission ». 5 % $ Ces différentes attributions se matérialisent, au plan de la procédure budgétaire par la présentation d’un programme économique, social et culturel du gouvernement, par le Premier Ministre, devant I’assemblée nationale et devant le Senat au début de la session budgétaire , avant le début de la session budgétaire. C’est encore auprés du du Premier Ministre Chef du Gouvernement, que le projet de loi de finances est adopté, en Conseil de Cabinet, avant transmission au Président de la République. Cette derniére observation indique que la préparation politique de la loi des finances doit étre précédée d’une préparation technique. P/II- LA PREPARATION TECHNIQUE DE LA LOI DE FINANCES Au-dela de sa forte dimension publique, la préparation de la loi de finances mobilise une importante ingénierie politique. Celle-ci appelle les compétences de diverses administrations clairement déterminées (A). Ces administrations elles- mémes sont tenues de préparer le budget de I’Etat suivant des modalités éminemment techniques (B). A/ LES ACTEURS TECHNIQUES DE LA PREPARATION DE LA LOI DE FINANCES La préparation du budget de I’Etat incombe a deux principales administrations techniques (1) auxquelles se greffent les autres ministéres et organes constitutionnels (2). 1. LES PRINCIPALES ADMINISTRATIONS TECHNIQUES DE LA PREPARATION DU Mi les finances et le ministére de l'économie, de la planification et Vaménagement du ter Nombre de dispositions pertinentes de la loi portant Régime financier de I’Etat et divers autres actes réglementaires confient au ministre des finances et au MINEPAT, des activités essentielles de la préparation de la loi de finances. a) Le Ministre des finances D’abord en vertu des articles 55(1) et 56(1) du régime financier de I’Etat, le ministre chargé des finances conduit la préparation du budget annuel de is de finances qui sont arréfés en conseil de Etat et des,projets des cabinet. Dans le méme sens, l'article 56 ajoute que « le projet de loi de finances est élaboré en se référant a la circulaire présidentielle(...) sur proposition du Ministre chargé des finances ». Il en va de méme du Premier Ministre, dont les arbitrages sont réalisés sur la base du rapport du ministre des finances. Le décret n° 2019/281 du 31 mai 2019 fixant le calendrier budgétaire de "Etat vient préciser le role du Ministre des finances en matiére d’élaboration du projet de loi de finances. En son article 2, ce décret dispose : « sous l’autorité du Président de la République et la coordination du Premier Chef du Gouvernement, le ministre chargé des finances élabore le projet de loi des finances en collaboration avec les chefs des organes constitutionnels, les s et les organes des autres entités chefs de département ministé publiques ». Du reste, en vertu du décret n°2013/066 du 28 février 2013 portant organisation du ministére des finances, « le ministére des finances est responsable de Pélaboration de la loi de raglement et de la loi de finances (...) ; de la préparation du suivi et du contréle de l’exécution du budget du fonctionnement de |’Etat en liaison avec le MINEPAT ». Au sein du ministére des finances en effet, existe une Division de la préparation du budget instituée au sein de la Direction Générale du Budget. Conformément 4 Particle 57 de ce décret, cette division est chargée de : (...) Vélaboration du budget de 1’Etat ; de I’élaboration de la circulaire relative la préparation du budget de I’ Etat, (..) de I’élaboration de la loi du réglement en liaison avec les services compétents. Ces dispositions réglementaires signalent la nécessaire collaboration entre le Ministére des finances et le MINEPAT. b/ Le Ministre de I’Economie, de la Planification et de I Aménagement du Territoire (MINEPAT) Auterme de article 1° (2) «du décret n°2008/220,du 4 juillet 2008 portant organisation du MINEPAT, ce département ministériel est chargé, en matiére économique : de Pélaboration du programme d’investissement pluriannuel de ’Etat de la préparation des CDMT et du budget d’investissement public. Pour ce faire, il dispose d’une division de la prévision, de la préparation des programmes et projets. Les ministéres des finances et de I’Economie ne sont pas les seuls artisans de la préparation du budget. Ils sont assistés dans cette mission par d'autres ministéres et organes constitutionnels. 2/ LES AUTRES ADMINISTRATIONS En vertu des dispositions pertinentes de l’article 2 du décret n°2019/281 du 31 mai 2019 fixant le calendrier budgétaire, les chefs des organes constitutionnels et les chefs de départements ministériels se chargent de I’ élaboration annuelle de programme, comprenant la programmation triennale. Ils doivent également élaborer des prévisions de recettes et dépenses. La préparation de la loi de finances obéit également 4 la réalisation des prévisions suivant des techniques ou une méthodologie formellement encadrée. B/ LES TECHNIQUES DE PREPARATION DE BUDGET Elles font références aux méthodes d’évaluation des prévisions budgétaires. Celles-ci varient selon qu’il s’agit de l’évaluation des recettes (1) ou de Pévaluation des dépenses publiques (2). 1/ L’EVALUATION DES RECETTES PUBLIQUES En matiére d’évaluation des recettes publiques, plusieurs méthodes se sont succédé au fil du temps. Ainsi, a-t-on connu la régle de la pénultiéme année. Cette méthode consistait 4 inscrire comme produit probable pour I'exercice & venir, les résultats ou les recettes enregistrées lors du dernier budget exécuté. Avec l’accroissement des richesses, la régle de la pénultiéme année a eu pour effet de minorer les prévisions budgétaires. Ainsi, depuis 1938 en France, a été adoptée la méthode d’évaluation directe. Cette méthode consiste pour les administrations fiscales, 4 évaluer les prévisions de recettes au regard de la réalité du tissu économique interne et de la conjoncture économique internationale. Qu’en est- il de I’évaluation des dépenses ? 2/ L’évaluation des dépenses publiques Deux principales méthodes sont connues en matiére d’évaluation des dépenses publiques. De culture frangaise d’une part, la rationalisation des choix budgétaires fut instituée en France a la faveur de arrété ministériel du 13 mai 1968, par Michel Debré alors Premier Ministre, créant la mission de rationalisation des choix budgétaires, rattachée a la Direction Générale du Budget. En réalité, cette méthode repose sur trois volets : L’expression des fins recherchées par l’organisme concerné ; L’étude des moyens d’action de l’organisme et enfin la confrontation des moyens aux fins. Au fond, la rationalisation des choix budgétaires est fortement inspirée de la méthode PPBS : Plunning, Programming and Budgeting System. Introduite aux Etats-Unis d’Amérique par Robert Mc Namara en 1961, alors Ministre de la défense. II s’agit d’une méthode inspirée de la gestion des entreprises privées. Elle consiste a planifier ot programmer et a budgétiser. En clair, la méthode PPBS ayant inspiré la rationalisation des choix budgétaires se décompose en quatre phases principales : 1. La phase d’étude : elle consiste 4 rechercher et 4 dé finir les missions de action administrative ; 2. La phase de décision consiste a choisir les objectifs et programmes liés aux objectifs antérieurement fixés, en faisant un inventaire des moyens en minimisant le coat. 3. La phase d’exécution consistant appliquer la méthode de la gestion par objectif et la quatriéme phase consacrée A Pévaluation. Au Cameroun, |’évaluation des dépenses publiques obéit également au CBMT et CDM. Institués par l'article 45 de la Directive CEMAC n® 01 / 2008- UEM- 190-CM-17 relative aux lois de la CBMAG, cette norme communautaire 5 recommande au gouvernement de présenter au parlement au cours de la session budgétaire, leur un rapport sur I’évolution de I’économie nationale et sur les orientations des finances publiques comportant une évaluation & moyen terme des ressources de |’Etat ainsi que ses charges ventilées par programme en utilisant la présentation du cadre de dépenses 4 moyen terme. Une fois préparé, le projet de loi des finances doit étre soumis au parlement pour adoption. Section I: L’ADOPTION DE LA LOI DE FINANCES L’adoption de la loi de finances incombe essentiellement aux assemblées parlementaires. Cette opération obéit a des conditions (PI) et & un calendrier précis (P II). Celles-ci déterminent et précédent I’ exécution proprement dite de ce type de loi. P/1 LES CONDITIONS D’ADOPTION DE LA LOI DE FINANCES L'adoption de la loi de finances est sujette 4 des conditions de forme (A) d’une part, et a des conditions de fond (B), d’autre part. A/ LES CONDITIONS DE FORME Elles tiennent aux délais de dépét des lois des finances et aux modalités formelles d’ adoption de cette catégorie de loi. En effet, en ce qui concerne d’abord le délai du dépat du projet de loi de finances initiale, celui-ci est fixé au plus tard 15 jours avant le début de la session parlementaire. Tel est le contenu de Il’article 57(1) du régime financier de I’Etat et des autres entités publiques qui disposent : « le projet de loi de finances initial, y compris le rapport et les annexes explicatives (...) est déposé au parlement au plus tard 15 jours avant le début de la session r budgétaire. » En ce qui conceme les projets de loi de finance rectificatifs, ceux-ci sont, en vertu de l'article 61(1) du régime financier de I’Etat, déposés au parlement dés leur approbation en conseil de gabinet. 5 5 Quant au projet de loi de réglement et les annexes y afférents, ceux-ci sont déposés au parlement au plus tard le 30 septembre de I’année suivant celle de l’exercice auquel il se rapporte ; le parlement devant engager l’examen du projet de réglement des la premiere session qui suit son dépot. Pour ce qui est de la défense du projet de la loi de finances, cette attribution incombe au seul ministre des finances, en vertu de article 57(2) du RGFE qui dispose que : « le projet de loi de finances est défendu par le Ministre chargé des Finances ». La derniére condition de forme de l’adoption de la loi de finances est relative & son examen préalable. A cet égard, I’article 59 de la loi portant RGFE dispose : (A) « Ia loi des finances est discutée et votée article par article dans ses deux parties » (2). « La seconde partie de la loi de finance initiale et s’il y a lieu, des projets de loi de finances rectificatives, ne peut étre en discussion devant le parlement avant la note de la premiere partie». Diailleurs, en vertu de l’article 57(3), le projet de loi de finances initiale ne peut 6tre mis en discussion devant une chambre parlementaire, avant le vote par celle-ci en premiere lecture, du projet e loi afférent 4 l'année qui précéde la discussion dudit projet de loi de finances. En sus des conditions de forme qui précédent, l’adoption de la loi de finance demeure assujettie 4 une condition de fond. B/ LA CONDITION DE FOND : Virrecevabilité des mesures créatrices de déséquilibre budgétaire. Conformément a l’article 18(2) (a) de la constitution du 18 janvier 1996 ; « sont irrecevables, les propositions de loi oi amendements qui auraient pour effet, si elles sont adoptées, soit une diminution des ressources publiques, soit Paggravation des charges publiques sans réduction a une concurrence, autres dépenses oii création des recettes d’égale importance ». Réitérée dan3 les mémes termes par Particle 58 de la lo? portant Régime > financier de I’Etat et des entités publiques, cette disposition concerne une exigence d’équilibre dans la création des ressources ou des charges publiques, au moment de I'adoption de la loi des finances, sous peine d’irrecevabilité du projet de loi de finances, Une fois cette condition satisfaite, la loi de finances peut étre adoptée. Cette adoption est insérée dans un calendrier précis. P/2—Ie calendrier de préparation et d’adoption du projet de la loi de finances. Depuis l’avénement de a loi n°2018 /12 portant régime financier de I’Etat et la promulgation du décret n°2019/281 du 31 mai 2019, I’on note un réel effort de rationalisation du calendrier budgétaire. Cet effort vaut tant pour la préparation (A) que l'adoption (B) projet de loi de finances. A/ Le calendrier d’élaboration du projet de loi de finances Conformément a article 5 (1) du décret du 31 mai 2019 «Ie processus d’élaboration du projet de loi de finances s’articule autour de quatre étapes principales qui sont : -la phase préparatoire ; - la phase de cadrage macrocosmique et budgétaire ; -la phase de préparation du budget ; - la phase de finalisation et d’ approbation. Consistant a dresser un état des lieux sur les réalisations antérieures et les projections en vue de I’élaboration du projet de loi de finances, la phase préparatoire est constituée de la revue des activités, de la revue des projets d’investissements publics et de la revue de performance. La revue des activités est sanctionnée par la production d’un rapport transmis au ministre en charge de la programmation et au ministre des finances au plus tard, le 28 fév.,de l'année N. y 5 5 La revue des projets d’investissement publics est transmise par I’élaboration d'un rapport aux mémes autorités, au plus tard le 31 mars de l’année N. La revue de la performance qui permet d’évaluer I’atteinte des objectifs prévus en année N-1 et d’optimiser le pilotage du programme au cours de I’année N+, est sanctionnée par la production du rapport annuel de performance (RAP), transmis au plus tard le 31 mars de l’année N, au ministre en charge des finances et de la Programmation. La phase du cadrage macroéconomique et budgétaire se répartit autour de plusieurs phases ou de version. Ainsi, la premiére version cadrage macroéconomique, est produite au plus tard le 31 mai de chaque année. De méme, la premiére version du CBMT est examinée et éventuellement ajustée puis validée au plus tard le 10 juin de année N. Quant au document du cadrage macroéconomique et du cadrage budgétaire, celui- ci est transmis au parlement au plus tard le 20 juin de Pannée N pour organisation du début d’ orientation budgétaire, cette instance elle-méme devant se tenir avant le 1° juillet de chaque année, suivant les dispositions de I’article 11 de la loi n°2018/012 du 1 ljuillet 2018 portant régime financier de 1’Etat et des autres entités publiques. L’actualisation des programmations triennales initiales des dépenses, les transmissions de CDMT pour les années N+, N+2 et N+3, les projections des administrations centrales au titre des mémes années ainsi que |’évolution des grandes masses de dépenses et de recettes y afférentes, au ministre en charge de la programmation et au ministre des finances, doivent intervenir au plus tard le 15 juillet de l’année N. Sur la base de ces documents, sont programmés les Conférences Elargies de Programmation Budgétaire et de Performance associée, au plus tard le 31 juillet de année N. ‘ 5 S S La phase de préparation détaillée du budget s’articule autour de deux activités majeures : d’une part, la notification par le Premier Ministre, chef du Gouvernent aux organes constitutionnels, aux départements ministériels et aux autres entités publiques, des plafonds de crédit pour l'exercice N+1. Cette notification doit intervenir au plus tard le 20 aout de l'année N. D’autre part, les conférences budgétaires sur la responsabilité du Ministre en charge des finances, se tiennent entre le 1 et le 20 septembre. La derniére phase, celle de la finalisation du projet de loi de de finances conduite par le Ministre de Finances sous la coordination du Premier Ministre Chef du Gouvernement est marquée par deux événements majeurs. Le premier est l’examen et l’adoption du projet de loi de finances au cours d’une session spéciale du conseil de cabinet prévue au plus tard, le dernier jeudi d mois de septembre de l'année N, avant transmission au PR pour suite la procédure. Le second et ultime événement lié a la finalisation du projet de loi de finances est le dépdt de ce document avec ses notes explicatives au parlement au plus tard le 15 octobre de année N. cette ultime opération déclenche le délai proprement dit de la loi de finances. B/ Le calendrier d’adoption du projet de la loi de finances En vertu de I’article 57(1) du régime financier de !’Etat et des autres entités publiques, le projet de financier et initial est déposé au parlement au plus tard 15 jours avant le début de la session budgétaire. Pour ce qui concerne le projet de loi de réglement, et ses annexes, ceux-ci sont déposés au parlement au plus tard le 30 septembre de I’année suivant celle de Pexercice auquel il se rapporte. Une fois adoptée, au cours de la session budgétaire prévue au mois de décembre, ce qui n’était pas encore un projet de loi, devient alors une loi de finances. Celle-ci doit étre promulguée par le PR avant le 31 décembre de’ conformément a I" année N. Car, article 42 du décret portant calendrier budgétaire, « le budget de l’Etat et des, autres entités publiques est exécutoire djs le 1" janv.de année N ». Cette derniére disposition appelle I’ étude des régles de droit de la comptabilité publique. Ce droit s*intéresse a lexécution et au contrdle de l’exécution du budget des personnes publiques.

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