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peau Ay T MATEY Pa Rtelaqig B A 4 eon Prévenir les troubles psy sé Evaluer les signes de mal-étre = Gagner en stabilité émotionnelle Lo Aller vers plus de sérénité —# “_ ~ TEST QUELEST VOTRE NIVEAU D’ANXIETE? PANO 0 4 VD Le nouveau role lS eee Kem des influenceurs REWORLD Leow du 12 juin la A au 16 septembre 2024 [im ” ‘Avec des préts. fionnels de collection Richard W.C. Kan / Zhuyut PSYCHOLOGIES 40,2 rsie-biand 92220 Baga a, 0141838600 ead nagetnoapeyenonyes com SERVICE ABONNEMENTS ‘TH: 0145484852, Du unl au vended de 9 heures 819 neues ‘te samedi de 9 heures TB heures (xb dun appl lca. al: formdave sur wisarvcsabomaa., Courier: Service abonnerent Psychologies magazine = 50898 Lie Cader Editeur: Germain Perinet Eattrceadjonte: Chariot Mionerey REDACTION Diectice dela action: Stéphanie Pe réaction: Yara Cartantont érieure: bate studo redaction Comile Daler amileapsyehologies com Premier secrétalre de reaction Phlippe Munler bhilppe mapsychoiogiescom Kconographie: Nely Machanck Photo de couverture: Aired Scvock/Unsplash REALISATION Redactrice om chet: Pascale Senk Ont collabore ce numéro Aurore Almwlet,Sdgoline Barbs, Chest Battin Laurent Begue-Sharkland, ChystilaCagnat, Patrick Chomprs, Giles Donada, Hlone Fresnel, Anne Laure Gannac, Marie Laurence Grezaug, Cele Gute, Fava Hazen Sav, yan Michelet, Cstia Pelle-Dovtl, Vaere Peronnet, 7k Pig, ‘Veronique Riviere, Agnés Rogelet, Nadine Roseu, Sabo Taubes picrraL Responsable digitale pole féminin Lcivine Le Gott Responsable €atoriale web : Cella Outram MARKETING ET COMMUNICATION Responsable marketing: MuraieLuche Diectrice doa communication: Laure Charvet PURLICITE PRESSE ET DIGITAL, Reworld Mealaconnec, 8, rue Barthélémy-Danjo 82100 Boulognessillancourt, Diectice générale: Elodie Brotauseau-Fonteles Direetice commerciale Pale Luxe mode international: Nathalie Felix Directice de public: Stephanie de Miele (0170373578) Stephaniedemielleapsycheogies com DIFFUSION Responsable des ventes et des événements:labeleFarier iargerapsychotogescom FABRICATION Directeur des opérations industrielles: Bruno Matilst Chet de fabrication Tiosut Lefebvre tissu peyehologes com PREPRESSE/PHOTOGRAVURE, Responsables de service sylvan Boularand Distrbutlon MUP mpime an France: aye (58) Depot legal juulet 2024 ISSN: 0032-1583 Commission para: 0528 K 85442 Shegeeee ain eee mare o™ a Peychologles magazine es clit par SASU Groune Psychologies Sige social: ue Barthelemy Darou $7100 Boulogne: Bilncourt Directeur dela publication: Gautier Nermand ‘etionnale:Renor Media ‘Piyehaogies magazine © afeaitred trademark. Copyright 2002 @ L’édito DEJOUER LA VAGUE avie psychique, les traversées émo- tionnelles, la faculté a se relever une épreuve ont toujours été des sujets fondamentaux dans !ADN éditorial de Psychologies. Mais depuis la pandémie de 2020, V'in- tensification des troubles mentaux et Ja meilleure connaissance qu’on ena amplifient la nécessité d’en parler. Rappelons que, en 2025, la santé mentale sera décla- rée «grande cause nationale » Face & cette vague de mal-étre et de maladies & Adgjouer, nous avons toujours choisi de faire connaitre différentes approches se conjuguant parfois pour améliorer la vie de celles et ceux qui souffrent : les thérapies comportementales et cognitives, la psycha- nalyse, les traitements médicamenteux.. Ce hors-série ne fait pas exception. Vous y trouvere: des témoignages, des grands entretiens, des analyses et des enquétes de tous horizons. Vous y découvri rez aussi les nouveaux acteurs de la santé mentale Ginfluenceuses, pairs-aidants..). Tous portent une vision commune : l’espoir que chacun et chacune, quelle que soit sa condition psychique, trouve de quoi aller mieux. Dans sa téte et done dans sa vie. PASCALE SENK Rédactrice en chef Retrouvez toutes nos offre 'abonnement. 7 ‘enflashantle QR code c-contre. a] Psychologies hors-série Sommaire 6 Enbref 8 ANALYSE Aller bien psychiquement, quiest-ce que ca veut dire? PREVENIR 14 BANCD ESSAI: Petites ruses contre mon stress 18 _ ENPRATIQUE: Ces habitudes qui nous protgent 22 TEST: Votre sommeil est-il réparateur? 28 FOCUS: Comment aider l'enfant hyperémotif? 30 ENTRETIEN: Jacques Castermane «Pourétre serein, il faut retrouver son moi naturel» 34 METHODE:La méditation, premiare médecine de esprit 38 DECRYPTAGE: Consulter un psy : 8 résistances & dépasser Psychologies hors-série 42 REPERER 44 TCHAT: Tous ces neouds dans nos tétes 48 DECRYPTAGE: Tous borderline? 52 ENTRETIEN: Alain Ehrenberg «La dépression, c'est la fatigue de devotrseasimer» 56 FOCUS: Ados, attention au repli sur soi 58 DECRYPTAGE: Parano, obsessionnel, qui sont-ils? 60 DECRYPTAGE: Tout ce que vous devez savoir sur les pervers 72 =TROUVER nerelssiques LEQUILIBRE 64 TEST: Oil en étes-vous de votre anxiété? 74 ~~ ENTRETIEN: 68 ENQUETE: La grande vague antoine Felecolo: des influenceurs psy «Ilfaut avoirume approche cptimiste de traiternents > 78 PORTFOLIO:Is sont devenus d de la maladi 82 TEMOIN: Emmanuel Carrére «Je faispartie des mélancoliques » 36 92 pEcRYPTAGE: Comment les autistes nous voient? 96 TEMOIGNAGE: Laure Noualhat «J'ai trouvé quoi faire de mes émotions » 98 LEMOTDELAFIN Peychologies hors-série Henrik Ibsen ow En bref DES INITIATIVES DES DECOUVERTES DES TENDANCES QuI NOUS METTENT. DU BAUME AU CUR! SE VALORISER AUTREMENT 1 fréquentant les réseaux sociaux, nous sommes E tous en contact vee des contenu dealses de femmes a lapparence parfaite, et cela nuit & image que Ion a de son corps. Nombre d'entre elles ne peuvent s'empécher de se comparer et surévaluent importance de la moindre imperfection. Des chercheurs de université de Maastricht ont cherché a comprendre ‘comment certaines échappent a cette autodévalorisation, Grace a une série d'expériences, ils ont découvert que les femmes qui conservent une image corporelle positive tout en étant au contact de contenus idéalisés se répartissent en deux groupes. Les premigres valorisent les aspects fonctionnels de leur corps, tout ce au'elles peuvent accomplir de précieux dans leur vie grace a lui archer, danser, travailler... Les secondes placent les valeurs de la personnalité en premier, méme en face de beautés avérées le travail acharné, la générosité par exemple. Des stratégies la plupart du temps inconscientes qui leur permettent de moins faire reposer leur estime dielles-mémes sur 'apparence physique. Patrick Chompré Source: Computers in Human Behavior, vol 15, juin 2024, Sur seiencedirect.com, Psychologies hors-série Reéveiller le détective en soi En France chaque année, plus de 50000 personnes disparaissent, ‘et 1000 d'entre elles ne sont jamais retrouvées. LARDP (Assistance et recherche des personnes disparues) ‘se propose d’aider les familles qui ‘en font la demande, Anciens policiers ‘et gendarmes, proches des familles ‘et bénévoles patticipent aux recherches et apportent un regard neuf sur les. investigations, sil y en a eu. Ils ménent des enquétes, reprennent des cold cases, recuelllent des temolgnages. Puls partagent leurs avancées et les indices Importants avec les services enqu@teurs dont ils se veulent complémentaires. ‘Si vous avez une ame d'enquéteur, V'assoclation recherche des bénévoles sur tout le territolre. Un hobby qui peut vite devenir une passion. Colette, jeune retraitée, y consacre une partie importante de son temps : «Il ya d’abord un travail de fourmi sur les coupures de presse, des entretiens téléphoniques, puis des repérages sur le terrain », témoigne- t-elle. De vrais moments d'adrénaline parfois et le sentiment d’étre utile. Pascale Senk Ronselgnements amt, SEBAIGNER DANS _ LAFORET Partir se promener en forét est a la portée de tous. Mais prot pleinement des bienfaits physiologiques offerts par ce milieu naturel peut devenir une veritable pratique, fondée sur des exercices et des méditations. Au Japon, le shinrin-yoku (lttéralement «prendre latmosphére de la forét ») fait Fobjet d'un engouement. Des travaux scientifiques font état dieffets positifs sur le niveau de stress, la pression artérielle, le renforcement du systéme immunitaire. D’autres pointent Vefficacité de la syivothérapie (en version francaise) sur les cas de dépression. Les terpenes. (Composés organiques produits par nombre de plantes) interagissent avec notre systéme nerveux central et nous font produire des hormones type dopamine et la sérotonine. Ceux qui pratiquent le shinrin-yoku évoquent la connexion avec la nature, le ressourcement, ’éveil des sens, « Méme en ville, je ne regarde plus les arbres de la méme facon! » s‘enthousiasme Sophie, adepte réguliére. En France, les offres de sorties et programmes se développent. Véronique Rividre Renseignements an-shmia-ts.2u (ite dea Federation francophone des praticien nes de syivothéraple et shinin-yoit). SE PROTEGER TOUS AZIMUTS 15000 athlétes olympiques et paralympiques, entre 12 et 15 millions de spectateurs, 25000 journalistes : un afflux exceptionnel de public est attendu pour « la grande féte du sport » cet été & Paris, Préoccupés par la recrudescence du nombre de maladies sexuellement transmissibles en Europe (cas de gonorrhée, chlamydia et syphilis), des médecins alertent sur les risques que cet événement festif fait peser. Ils se sont attiré les foudres des professionnels du tourisme, qui ont peu goaté cette com- ‘munication négative, Les médecins s‘appuient sur des études réalisées apres d'autres éditions, comme celle de Sydney en 2000, qui avait vu tune augmentation de 29 % de personnes en contact avec une infection sexuellement transmissible (IST). Pour faire de la prévention auprés dela population et des visiteurs, Santé publique France va éditer et distribuer des brochures spécialisées lors de cette période. Quant aux athletes et délégations, ils se verront distribuer 200000 préservatifs masculins et {éminins, De quoi rester en forme. P.C. Evaluer son niveau de bonheur Of en augmentation de deux points pourcentage depuis 2023, Nous sommes O cerronceis. 679% 8 eprowver un bien-étre ui se disent heureux dans mental et 619% 8 apprécier leur vie, Un chiffre étonnant? notre vie amoureuse et sexuelle. Les principales raisons de Cependant, es résultats cette satisfaction reposent de cette étude Ipsos, « Global Gans ordre) sur les relations Happiness », montrent aussi avec ses enfants, son ou des critéres d'insatisfaction, a partenaire, ses amis, sa vie parmi lesquels arrivent en professionnelle. 72 % d'entre premier les finances nous se sentent aimés et personnelles, avec seulement 71% éprouvent un sentiment 519% de satisfaits, et la situation de sécurité, un pourcentage sociale et politique du pays (66% diinsatisfaits). Dans le classement mondial du niveau de bonheur ressenti a Finlande arrive encore et toujours en téte, suivie par le Danemark, Vislande et la Suede. La France est classée 27... derriére Uruguay et le Mexique. @ P.C. Source : woldhappiness report 26/2028 Psychologies hors série Analyse ~ ¥ Aller bien psychiquement, quest-ce que ca veut dire ? Sur quoi repose le sentiment de bien-étre intérieur ? Peut-on le mesurer ? Qu'entend-on par équilibre psychique ? Et « santé mentale » ? Enquéte sur un concept désormais incontournable. : PAR AURORE AIMELET ava? » Lorsqu’on nous pose cette question, qui sonne comme une for- mule de polites répliquonssansrréi « Bien... Et toi? » Puis, sans trop faire attention a la réponse obtenue, nous passons vite A autre chose. Tant qu'il ne nous arrive rien de grave, nous nous estimons bien lotis ou bien portants. Pourtant, a ’heure ot Von parle de plus en plus de santé mentale (lire encadré pagesuivante),cette question desavoir sic cava est loind’étre anodine et subsidiaire. UN SENTIMENT SUBJECTIF Nous pourrions crore qu'en absence de signes danxiété, de dépression, d'addiction ou autres it, nous allons psy- chiquement bien. « La santé mentale ne repose pas seulement sur absence de maladies ou de troubles psychiques, prévient cependant le psy- chiatre Nicolas Franck’, chef de péle au centre hospitalier Le Vinatier et coordonn: dipléme d'études spécialisées de psychiatrie & Yuniversité Claude-Bernard-Lyon-1. Cest un sentiment trés subjectif et propre a chacun, On peut souffrir de sympt6mes et pour autant trouver dusensasavie,sépanouirda tions, done avoir un niveau de bien. sant. Eton peut se sentir fragile psychiquement alors qu’on fonctionne apparemment bien, que tout semble aller pour le mieux. » joyeusetés du méme a eur du —— Pourévaluerlebien-¢tremental, plusieursoutils demesure ont été élaborés. Parmi eux, Véchelle de Warwiek-Edinburgh (WEMWBS), créée en 2006 par le National Health Scotland, l'unive sité de Warwick et Puniversité d’Edimbourg, et traduite en 2013 par Nicolas Franck. Ce ques- tionnaire prévoit de s’intéresser Ace qui vécu les quinze derniers jours et de répondre «jamais», « rarement »,«parfois », «souvent » ou toutle temps » auxal «Je me suis senti.e optimiste quant a l'avenir; jemesuissenti.e utile; je me suis senti.e déten- du.e;jemesuissentieintéressé.ep jaieude lénergiea dépenser;j'aibien résolu les problémes auxquels j'ai été confronté.e; ma pensée était claire; ai eu une bonne image de moi; je me suis senti.e proche des autres; je me suissenti.econfiant.e;j'aiété capablede prendre ‘mes propres décisions; je me suissenti.e aimé.e; je me suis sentie intéressé.e par de nouvelles choses ;je me suis senti.ejoyeux.se.» mations suivantes: autre PROFITER DES HAUTS, SURVIVRE AUX BAS Ces questions mettent en évidence les trois dimensions du bien-étre, 4 la fois émotionnel, psychologique et social. « Il est lié a un senti- ment de séeurit ia confianee que nous avons en nos propres capacités, & cette intime e« tion que, quoi qu'il arrive, nous pouvonset pour- ronsfaire face auxaléas de la vie, aux difficult inhérentes 4 fexistence », résume le psychiatre Antoine Pelissolo*, chef de service au CHU Henri-Mondoretprofesseur Est Créteil (lire aussi son entretien p.74), Inutile denousle cacher, les « fameuxaléas dela vie» nous tombent réguli petite contrariétéauxexpériences douloureust traumatisantes, les coups dursarrivent, Vinquié- tudeaceable, les pensées tournent en rond, Pour autant, les baisses de moral ete manque d’éne' gic font partie du jeu, qui consiste essentielle- ment Aprofiter des hauts et A survivre aux bas. Puniversité Paris- PrYchologies hors série 10 Analyse ° , DELAFLEXIBILITE AVANT TOUT Voi pourquoi les spécialistes parlent d’équi libre psychique et non d'état d’euphorie perma- nent ou de résistance & toute épreuve.Surtout, ils insistent sur la notion de « flexibilité men- tale». « Ine peut y avoir 100% de sensations, d’émotions ou de pensées positives, agréables ‘ouconfortables, commente Antoine Pelissolo. Etcer‘estpaslebut:ainsi,lestressest-il oppor- tun quand il permet de réagir correctement et de nous adapter en cas de crise, » Mais point trop nen faut. « Onestime souvent qu’un ratio de deux tiers d'expériences positives contre un tiers d’expériences dificiles est nécessaire pour garder un bon équilibre psychique », détaille- til. Comme lillustre La Fontaine danssa fable LeChéneetle Roseau suffisammentdesouplesse ‘estde mise pourpouvoirplier souslepoidsde la ‘tempéte sans pour autant nous briser. UNE PRESCRIPTION TRES PERSONNELLE Labonnenouvelleest que 'équilibrese travaille, puisque si certains facteurs peuvent faire pen- cher labalance du mauvaisc6té, autres déter- minants protégentdu vacillementalapremiére bourrasque. Et que, s'il repose en partie sur des éléments extérieurs contre lesquels nous ne pouvons pas grand-chose, nous sommes en mesure de nous concentrersur ce qui est dans, nos cordes, et appuyer sur les bons leviers. Une prescription 4 composer soi-méme, en somme. «Le bien-étre ne repose pas sur des normes socioculturelles, indique Nicolas Franck. C’est un état a définir en fonction de soi, de sa per- sonnalité, de ses propres ressentis, valeurs, modes et objectifs de vie. Il faut done partir de soi pour identifier ce qui convient, ce donton a besoin pourallerbien, Etnon inverse.» Ainsi, lepremier pasest-il ’apprendre se connaitre soi, connaitre ses talents et ses vulnérabilités, ‘enprenant conscience de ce qui aété vécu dans Je passé, en accueillant ce qui est présent et en posantun regard positif sur Yavenir. Les axes de progression concernent aussi bien Jecorps, le cazur que esprit. Citons d'abord les fondamentaux que nous pourrions avoir ten- dance ’oublier:unsommeil qui nousressource, une alimentation qui nous donnesuffisamment énergie et une activité physique adaptée & notre condition. « II s‘agit aussi de travailler 4 la régulation de nos émotions, notamment Panxiété, pour apaiser notre réactivité, ajoute Antoine Pelissolo, Nous gagnerions également ‘interroger notre vision du monde, & modifier nospensées encultivantloptimisme et la grati- tude plutét que nousenfermerdansdesrumina- tions délétéres.» Enfin, agirestimportant pour accroitre laconfiance et avancer vers laréalisa- tion desoi.«Le bien-étre psychiquesuppose que hous puissions nous épanouirdansunevoiequia dusensanosyeux, quelle soit personnelle, pro- fessionnelle, familialeouspirituelle.» Irevient. Achacun de lachoisir et des’y engager. ETREENLIEN Le chemin vers le bien-étre n'est pourtant pas une course en solitaire. Nous avons besoin des autres pour aller bien, tant est nécessaire le soutien social (appui émotionnel et matériel, confirmation de notre valeur, sentiment d’ap- partenance). « Lexpérience du confinement a.eu le mérite de mettre en évidence Vimpor- tance d’étre en relation les uns avec les autres, confirme Nicolas Franck. Le sentiment d'iso- lement conduit toujours & la souffrance psy- chique. » Se tourner verslles autres, apaiser nos relations avec nos proches, partager davantage de moments, de paroles, de tendresse, tels sont les garants d'un bon moral Etsi celui-ci vient un jour a vaciller, si nous ne pouvons plus aire face au quotidien,c’est encore vers lesautres quill faudranoustourner, profes sionnels ceux-la. Un ou une psychothérapeute saura accueillir nos doutes, quills relevent du trouble psychique ou pas, puisque le mal-étre attend pasd’atteindreun seuil. Anouveau, tout est question d’équilibre. Et nous pouvons avoir besoin d'aide pour trouver le nétre, le protéger etlenourrircommeune ressouree essentielle.@ L Nicolas Franck, auteuravecFrédérie Haesebaert de Protigersasantémentaleaprisla crise (Olle S800, 2022, 2. Antoine Pelisolo auteur avecChristophe André cet Patrick Légeron de La Nouvelle Peur des autres, trae, tmiditeet phobie sociale (Odile Jacob, 2028), Psychologies hors-série « IL N’Y A PAS DE “BONNE SANTE” SANS F SANTE MENTALE » Docteure en sociologie, Claire Le Roy-Hatala est consultante et formatrice en santé mentale, autrice d'un ouvrage surle sujet (a paraitre en septembre 2024 chez Payot). Quand a-t-on commencé & parler de « santé mentale »? Et pourquoi? C.LR-H. : Cest en 2005 que 'Organisation mondiale de la santé @ adopts une definition de la santé mentale, quielle a décrite comme «un état de bien-étre dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux, contribuer & la vie de sa communauté’ ». Depuis, elle a lancé, pour la promouvoir, un plan d'action global 2013-2030. En France, Vaccuell de cette conception holistique a d’abord été frileux. Puis le grand public y a été sensibilisé lors du Covid : nous avons tous été fragilisés par la pandémie, comme par les mesures prises pour l'enrayer. Nous nous sommes sentis impuissants, nous avons souffert de la distanciation, subi les aléas économiques. C'est comme si nous avions « découvert » la dimension mentale de la santé! Nous ne pouvons plus faire comme si elle rexistait pas ou comme si elle ne concernait que quelques malheureux (les malades, les fous). Existe-t-ll une « bonne » santé mentale comme il existe tune « bonne » santé? C.LR-H. Il n'y a pas de « bonne santé » sans santé mentale, laquelle est déterminée par une multitude de facteurs, & la fois individuels léments hérécitaires, composantes psychologiques et vécus personnels), sociaux et environnementaux. De plus, elle est fluctuante, elle varie d'un péle que on pourrait qualifier de positif,ié au sentiment de bien-étre et de capacité a mener sa vie, & un péle négatif, marqué par la souffrance ot les difficultes a fonctionner au quotidien. Parfois, cos derniéres sont particuliérement intenses, durent dans le temps et font objet d'un diagnostic clinique. Pour autant, on peut se rétablir d'un trouble psychique, y compris lorsquil est qualifié de sévére, et ainst étre en bonne santé mentale. Peychologies hors série Cette récente qualification a-t-elle participé a la levée du tabou autour des troubles psychiques? C.LR-H. : Nommer la santé mentale a permis de prendre conscience quelle nous concerne tous, hommes et femmes, jeunes et personnes aées, travailleurs et inactifs. On assiste a une libération de la parole, une dédramatisation les témoignages se multiplient en librairie ou sur les réseaux sociaux. Les personnes, les institutions, les entreprises, les politiques sont plus soucieux d’en prendre soin. Ce coup de projecteur permet aussi de lutter contre la psychophobie, la peur de la maladie psychique, J'ai espoir que cette vision universaliste limite les discriminations, le rejet ds individus en souffrance. Meme sil reste beaucoup 8 faire, notamment pour améliorer Vaccessibilité aux lieux de soutien ou de soin, @ Entretien : Aurore Aimelet 1. Source: « Promating mental health Concepts, emerging evidence, practice » (World Heath Organization, 3005). ai PREVENIR Si nous ne pouvons changer notre génétique, notre histoire de vie, notre tempérament, si nous ne pouvons empécher la maladie de survenir, il nous est cependant possible de rester attentifs a notre qualité de vie. Stress, fatigue, inquiétudes répétées. Autant de facteurs déstabilisants qui méritent d’étre évalués de temps en temps. Une facon de nous donner de la force, un socle plus solide, si jamais nos failles a ey venaient & s’agrandir. Banc d'essai A , “ * - = Fe erainecnaels- Cua : CRUDE Tisai Il nous aay PToLt Eile) Rano soli 1011/l 9) geen ae, = (oes ects cet olin ae | nae quicumule au =" quotidien toutes les raisons d’en rare eR > by Teatro so AMEN Sh col UT Ol ad Ce ated nT _ ‘ Wo ai le « profil idéal », comme disent les chasseurs de t Siil fallait un cobaye pour essayer les trues antistress, était ment moi, avec ma grande famillerecom- posée (cing enfants), dispersée entre banlieue parisienne et campagne, des adolescents en plein tournant (seconde, terminale, départ & Vétranger, premier job..) et en pleine crise. Il ‘me faut calmer Vangoisse des uns, soutenir et inciter & effort les autres, rassurer et garder Yeeil, tout en demeurant calme, souriante et détendue, Méme chanson dans ma vie profes sionnelle : résister Ala pression qui monte au méme rythme que les retards, organiser le tra- vail, écouter, rassurer... Tout cela ne va pas de soi, surtout lorsque lestensionss‘accumulentet que larécupération devient difficile: je n'arrive plusadébrancherle soir. Janalyse la situation Je commence done par prendre rendez-vous avec une spécialiste de la sensorialite, Régine ‘Zekvi-Hurstel!, neurologue, nest pas surprise lorsque je lui explique mon cas, « Le stress de “Yautre” — collégue, parent... - est contagieux, parce que la personne que lon connait fone- tionne différemment, analyse-t-elle. Sa pres- sion entraine un changement de rythme qui ne correspond plusaunétre: accélération desmou- vements, changement de tonalité de lavoix... En retour, nous réagissons & ces stimuli par une augmentation de notre proprestress,réalimen- tant le probleme, ete. » La meilleure voie pour réduire le nétre consiste done faire baisser celui de Yautre. Comment? Par la sensorialité. «D'abord en modifiant notre apparence », me conscille laneurologue. Surprenant!Japprends ainsi que le blew apaise, le rouge dévie Fagressi vité, le vert suscite Venvie de changer... « II ne sagit pasde conduite magique, explique-telle, mais deréponsesneurologiqueset sensorielles un stimulus particulier. » Ensuite, récupérer son rythme personnel, soit en Paugmentant (par une musique dyn: mique, une marche rapide..) si fautre est ap thique, soit en V'apaisant (par des respirations profondes, une musique douce) sil est énerve. «Chacun possédeun rythme quiluiestpropre. Crest celui-la qu’il faut retrouver », poursuit Régine Zekri-Hurstel Autre moyen : passer par le goittet les sensa- tions de chaud et froid. Sil’on aime le glacé et les saveurs acidulées, boire un grand verre de citronnade lors d’une situation stressante permet de retrouver sa sérénité, Un café chaud réconforte et aide a stabiliser l'émotion. Cette technique est bien connue dessauveteurs, dont Vun des premiers gestes consiste & donner & boire8 lavietime d’un aceident ou d’un choc. adore ces conseils, sifaciles a mettre en pra- tique : je m’apercois ainsi que mon premii réflexe, en rentrant, consiste & marcher pieds nus. Instinetivement, nous pouvons retrouver les actions et les situations qui nous calment, nous font du bien. « Nous possédons tous cette capacité, note Régine Zekri-Hurstel. Le plusdif- ficile est denousautoriserayavoirrecours.» @ 66 Nous possédons tous la capacité a nous calmer. Le plus difficile est de nous autoriser ay avoir recours Regine Zekri-Hurstel,neurologue ® ®) Psychologies hors-série 1 Banc d’essai 16 Je renoue avec ma sensorialité Lelendemain, la tension est montée d'un eran pour un probléme au travail... Tension qui retombe sur l'entourage. Une dispute éclate au téléphone. Je raccroche, tendue et désireuse den découdre avec le monde entier. Bonne occasion de renouer avec ma sensorialité : je ime prépare une tasse de thé queje bois en mar- chant dans lejardin, en soulevant les genoux chaque pas. L'énervement retombe, marespira- tion s'apaise. Du coup, ma conversation m’ap- parait sous un autre angle. Mon fils m’observe @un regard interrogateur,légérement narquois. Je ne dis rien. La prochaine fois, fessaierai la couleur des vétements. Surtout, je retiens la réflexion de Régine Zekri-Hurstel : « On ne se donne pas le droit de reconnaitre son état de stress, pourtant, le faire permet d’en éviter Pag- gravation. De méme qu'une activité physique, effort offre une récompense endorphinique, donc un mieux-étre. » Laneurologue m’apprend au passage que, dans le cas du stress spécifique des jeunes lors des contréles et des examens, c’est d’abord leur rythme qu'il faut les aider retrouver. Une astuce simple consiste, par exemple, 4 macher quelque chose : un baton de ré; se, sur lequel onpeutexercer toutelapression dela machoire, permet ala fois de changer la périodicité de la respiration (impossible de macheret de respirer de maniére saccadée en méme temps), donc de se calmer et d’apaiser les tensions du cou et du visage. « Pensez-y, me suggére-t-elle pour mes cingados, c'est sansdangeretc’est unbon petit trucdesecours. » Jévite de contaminer mes proches Aider les jeunes & lutter contre leur stress, c'est justement mon second but. Anne-France Bouchy Tatopoulos, psychologue clinicienne, travaille li-dessus. « Méme au moment des Psychologies hors-série examens, contrairement & ce que Yon pour- rait penser, -humeur des parents donne le la en matitre de stress. Plus ils sont inquiets du. résultat, plus Vangoisse de leur enfant aug- mente. » Et nous voila encore face au phéno- méne de contamination, Elle me conseille premiérement de mettreen motslessensations. Cette démarche « dégontfe » le stress, permet le recul. Deuxigmement, d'instaurer une rou- tine «contenante » pour toute la famille:repas A heures fixes, couchers pas trop tardifs... Et, 'unemaniére plusgénérale, de fairedeschoses ensemble pourretrouverunrythme (encore lui) commun: une balade en forét, une heure de pis cine... Enfin, s'ilya explosion de colere, I’éloi- gnement est « la » solution : impossible de se disputeravecun absent, ct la «vapeur» retombe en absence de carburant. ‘Travaux pratiques : complétement exaspé- rée par les embouteillages auxquels je suis, confrontée chaque soir,en rentrant du bureau, je décide d’aller me balader avec ma fille en forét, au lieu de me précipiter sur les taches domestiques. Cela nous permet & toutes les deux de prendre lair etnous en profitons pour parler. Aliceexprimesesattentes, auxquellesje peux tranquillement proposer une solution. Le dialogue, 'analyse, Pécoute de chacun ouvrent la prise de conscience, et permettent de déci- der des mesures & prendre pour améliorer la situation. Et si le nceud de lanxiété est trop serré,aumomentde lacrise, inspirerprofondé- ‘ment, bloquer pendant quelques secondes puis, expirer lentement, cela aide & reprendre une respiration harmonieuse, rythmée. Je n’aurai jamais autant inspiré, expiré en cheur avec mes enfants... et toute seule dans la voiture! ‘Faime bien, Sommes-nous plus détendus? Pas toujours. Mais plusconscients dudébordement de stress qui nous empoisonne, oui. Quant & moi, de lanécessitéd’un travail plus profond.@ 1 Réqine Zekri-Hurstel,autricede Ces estes simples {gu guerissent (Albin Michel, 2005) EVALUEZ VOTRE NIVEAU DE STRESS PAR RCHEUR ET PROF Mode d'emploi Répondez & chaque proposition en appliquant le baréme suivant 1: Presque jamais (1 point). 2: Parfois (2 points). 3: Souvent (3 points). 4 : Presque toujours (4 points). Faites ensuite votre total de points et reportez-vous au résultat qui vous correspond. 1. Vous avez le sentiment de ne jamais étre reposée, 2. Vous trouvez que Ion exige beaucoup de vous. 3. Vous vous sentez irritable ou grincheux.se. 4, Vous avez le sentiment d'avoir trop de choses a faire. 5. Vous vous sentez seule ou isolé.e. 6. Vous vous trouvez dans des situations de confit. 7.Vous avez impression de faire des choses que vous n’aimez pas vraiment, 8. Vous vous sentez fatiguée, 9. Vous avez peur de ne pas réussir& atteindre vos buts. 10. Vous vous sentez agité.e. Vous avez impression d'avolr trop de décisions & prendre, 12, Vous ressentez de la frustration. 1B. Vous vous sentez sans énergie. 14. Vous vous sentez tendue, 15. Vos problemes semblent s'accumuler. 16. Vous vous sentez oppressé.e. 7. Vous vous sentez en insécurité. 18. Vous avez beaucoup de soucis. 19. Vous trouvez que les autres vous mettent la pression. 20. Vous étes découragé.e 21. Vous manquez de moments de plaisir. 22. Vous avez peur de lavenir. 23. Vous avez Impression de faire les choses parce que vous y étes obligée. 24. Vous vous sentez critiquée ou jugée, 25. Vous étes triste. 26. Vous vous sentez & bout psychologiquerent. 27. Vous avez du mal a vous relaxer. 28. Vous vous sentez surchargé.e de responsabilité. 29, Vous manquez de temps pour vous. 30. Vous vous sentez sous la contrainte de délais. a respecter. TOTAL DE POINTS : |. Auteurde Psychologie du bien et cual (Odile Jacob, ~Poches", 2023) Peychologies hors série Psych ALE! DE 3060 POINTS Vous semblez peu concerné parle stress Votre esprit reste calme et serein et vous ne ressentez pas ces ‘manifestations d'agacement, de colére ‘ude tension qui font le malheur de tant d'autres. Peut-étre n’avez-vous pas de gros facteurs de stress actuellement dans votre vie, sans ‘grandes contraintes ni difficultés? Peut-étre étes-vous également quelqu'un quisait faire face aux accds de pression avec recul et sérénité? Surtout ne changez rien! DE61A90 POINTS Le stress, vous connaissez etl vous est utile Méme sil ne vous a pas complétement envahie, ce stress peut vous étre utile, dans la mesure oU il vous incite souvent & donner le meilleur de vvous-méme et vous stimule face aux situations difficiles que vous rencontrez. Mais gare aux excés. Essayez de lui résister un peu mieux. Lecture, sport, détente... Trouvez votre maniére de lécher prise. DE91A120 POINTS Votre niveau de stress est élevé et vous en souffrez Votre corps le manifeste, ainsi que votre humeur. Cet état peut meme vous sembler inévitable, car vous avez du mala faire face 8 une existence compliquée et remplie d’obligations. Mais il est encore temps de prendre les choses en main. Laide d'un spécialiste du stress (médecin ou thérapeute) pourrait vous étre utile, n’hésitez done pas A consulter. @ 17 ] En pratique CES HABITUDES qui nous protegent Et s'il fallait passer par le corps pour renforcer notre esprit ? Telle est la proposition que font trois experts du psychisme : pour eux, |'équilibre mental s’atteint grace a la récurrence de certaines activités. Explicatior Psychologies hors-série \ ARMELLE FAVRE Psychologue spécialisée dans activité physique, ainsi que dans la prévention de la santé et des risques psychosociaux (addictions, harcélement..), elle exerce en libéral. Elle intervient aussi auprés de fédérations sportives et d'entreprises privées. 1. BOUGER Le processus One sait, une activité physique réguliére d’in- tensité modérée a de nombreux bénéfices. Elle oxygine le cerveau et induit une séerétion ’hormones du plaisir (endorphine, dopamine adrénaline et noradrénaline). « Bouger active les sens et le systéme nerveux central. Cela remet en mouvement, y comprissurle plan ps; chologique et social », rappelle la psychologu Armelle Favre, Certaines activités jouent sur le lacher-prise, d'autres sur des gestes rituali- sés, améliorant la cognition. Elles sollicitent aussi les capteurs sensoriels responsables de la proprioception, situés dans les muscles, les ten- dons, les os et les articulations. Accroitre cette capacité & ressentir la position de notre corps dans espace aide & renouer avec notre schéma corporelet avec nous-mémes. Les bienfaits psychologiques «Se mouvoir améne a découvrir un autre soi, une autre personne que Yon ne soupgonnait pas, capable de se libérer ou de se maitriser, de fournir un effort, de se dépasser, de résoudre des problémes, de se positioner par rapport aux autres... Par exemple, le contact tactile avee un adversaire ou un partenaire aide & prendre conscience que lon peut étre touché sansambi- guité, done permet de renouer avec Fimage de soi et la sociabilité », souligne Armelle Favre. Complexes, troubles du comportement ali- mentaire, libération de souvenirs enfouis.. Lactivité physique accompagne le processus de réparation de multiples souffrances psy chiques. Au-dela de ses vertus antistress, plu- sieurs études scientifiques confirmentdailleurs son effet positif sur la dépression, car elle offre un temps de distraction et développe le senti- ‘ment de compétence. Elle diminue également Vanxiété et Vagressivité. A la fois tonifiante et décontractante, elle booste la motivation et peut méme contribuer & prévenir le burn-out. A condition toutefois quelle respecte nos apti- tudes physiques et nous fasse plaisir! Des méthodes qui Pappliquent Certaines méthodes s'appuient sur la danse (par exemple la danse-thérapie, le Life Art Process, la biodanza.) d'autres entrent dans le champ de la psychomotricité, comme la mimo-thérapie. Des psychothérapeutes et des psychanalystes proposent également des marches thérapeutiques (walk and tall), Sachez aussi que les affections psychiatriques de longue durée sont éligibles au sport sur ordon- nance (sport-ordonnance.fr), A.R. uu « LARANDO-THERAPIE UO M'AVRAIMENT 3 PERMIS D'AVANCER » «Lors d'une semaine “trek et yoga”, une = participante m’a donné les coordonnées © cunpsy qui proposait des rando- therapies, témoigne Sylvie, 52 ans. Ces SUL séances individuelles mont vraiment permis d’avancer. Nous étions toujours ote a céte et je me sentais soutenue. Jai beaucoup pleuré. En marchant, ‘on vaa Vessentiel. Leffort physique Siajoutait a la difficulté d’exprimer ce que je ressentais. J’étals aussi émue par le paysage, je ralentissais ou, au contraire, accélérais le pas. Tout faisait sens. Je m’étais endurcie aprés un harcélement moral au travail, et cette thérapie m’a permis d’acquérir plus de rondeur dans mon attitude. Elle a aussi apaisé mon angoisse de voir ma mere vieillr. » Psychologies hors-série 19 ] En pratique 20 CHRISTIAN ZACZYK Psychiatre et psychothérapeute formé a EMDR (eye movement ‘desensitization and reprocessing) et la pleine conscience, il est Vauteur de Guérir de ses traumatismes avec le Brainspotting (Odile Jacob, 2019). Il développe aujourd'hui le NTCV (neuro-traitement des traumas par le champ visuel) Son site : docteurz.com, 2. FAIRE CONFIANCE A SON CERVEAU Le processus « I repose sur la capacité du cerveau a s‘auto- réguler, décrit Christian Zaczyk. On peut done toujours compter sur lui pour maintenir son Equilibre et/ou le retrouver. Voil& pourquoi il est si important de prendre soin de lui, grace au. sommeil, &'alimentation, au sport, ila médita- tion, a la musique...» [arrive qu'une blessure de Venfance ou un traumatisme encombre et Vempéche de bien fonetionner. « Un événement, apparemment anodin ou destructeur, a laissé des traces dans le systéme nerveux et s’exprime au travers des difficultés que nous rencontrons. Il sagit alors d’aider le cerveau a “retraiter” ce mauvais souvenir, qui échappe ou non ala conscience :en séance, des stimulations senso- rielles (visuelles, auditives ou tactiles, selon la technique) activent des zones du sous-cortex pourréinterpréter information en lassociant & autres, pluspositives. Ilyaune reconsolidation de lamémoire:le souvenir est assimilé. » Les bienfaits psychologiques Ce « désencombrement » nous permet de retrouver tout notre potenti. « Une fois retraité par le cerveau, ’événement ne fait plus TEMOIGNAGE «J'AI PRIS DELA. DISTANCE PAR RAPPORT ALA DISPARITION DE MAMERE > « Jal perdu ma mére il y a deux ans et Je r’arrivais pas a faire mon deuil, confie Marion, 41 ans. Pendant le confinement, ifaisombré, La surcharge de travail, mes enfants en bas age qui avaient besoin d'attention, absence de limites entre la vie professionnelle et personnelle... Jai dd arréter de travailler, "idée meme suffisalt a m’angoisser. En quelques séances de NTCY, je suis parvenue a prendre de la distance par rapport ala disparition de ma mere, puis & envisager d'autres perspectives. Trois semaines apres, j'al pu reprendre le travail en arrivant & poser des limites. Comme si ‘mon cerveau, rendu vulnérable parle devil, avait pu puiser dans ses ressources our surmonter les épreuves. » partie dela mémoire traumatique, mais narra- tive. Ses effets au quotidien, en termes d’émo- tions, de pensées ou de comportements, sont moins délétéres. » Nous ne sommes plus limi- tés ou bloqués par cet accident de parcours, qui nous empéchaitde faire un choix, par exemple, et fragilisait notre confiance ou notre estime de soi. Et ga marche! L/EMDR notamment, a été reconnue par Organisation mondiale de la santé en 2013 : cette méthode aide « les sujets ‘atténuer les souvenirs vivaces, non désirés et répétés », Pourremettre en marche celui quine veut que notre bien. Des méthodes qui Fappliquent Depuis "EMDR, de nouvelles techniques ont été développées, grace & avancée des neuro- sciences. Citons le NTCV (neuro-traitement des traumas par le champ visuel) et les pro- ‘metteuses approches que sont le CRM @ompre- hensive resource model) et le DBR (deep brain reorienting). La psychothérapie sensorimo- trice, 'ACT (psychothérapie d’acceptation et d’engagement) et les TCC (thérapies compor- tementaleset cognitives) s'appuient également surla connexion corps-cerveau afin de réguler les émotions. A.A. Psychologies hors-série Ne MICHELE FREUD Psychothérapeute, diplomée en psychologie et en sophrologie, elle est praticienne en EMDR et formatrice au sein de son Ecole Michéle Freud formations Amichelefreud,com, Elle est Vautrice de plusieurs ouvrages, dont Réconcilier lame et le corps (Albin Michel, 2007). 3. RESPIRER Le processus Ala fois volontaire et involontaire, la respira- tion est la seule fonction de lorganisme que Yon peut commander. Par la respiration, on peut régir le systéme nerveux autonome (SNA), qui régule de nombreuses fonctions automatiques comme le rythme cardiaque ou la digestion. Ilse divise en systéme nerveux sympathique (SNS) et systéme nerveux parasympathique (SNP). En situation de stress, le SNS s'active, alors que le SNP ralentit les fonctions de Forga- nisme, « Linspiration active lesystéme nerveux sympathique, alors que Vexpiration déclenche le systéme nerveux parasympathique et calme le stress », illustre Michéle Freud. Ainsi, en maitrisant amplitude du souffle, son rythme, sa puissance, nous pouvons modifier notre re piration. Grace 4 un entrainement régulier, i devient alors possible de ralentir ses batte- ments cardiaques, de détendre ses muscles, de réduire lintensité de ses motions et d’apaiser ses pensées les plus négatives... C’est toute la puissance du souffle! Les bienfaits psychologiques Dans les sociétés traditionnelles, acquérir Ia conscience du souffle était le premier appren- tissage qui permettait au corps d’aceéder i Yes- prit.Pourles Hindous, le souffleet esprit ne font qu'un: Tairquenousrespironscontientleprana, Iaforce vitale qui nousrégénére. Plusieurslivres du tao chinois sont consacrés la respiration, Dans lAntiquité, le pnewmea, soufite de vie, relie la respiration a’ame. « La focalisation sur la respiration induit un état de conscience modi- fi qui calme lestress et anxiété,et procure une relaxation tantphysique que mentale», explique Michéle Freud, Des travaux récents! montrent que la respiration régule les émotions, stimule les capacités cognitives et synchronise l'acti- vité de plusieursrégions eérébrales, notamment celle du cortex cingulaire antérieur, une zone impliquée dansla conscience de soi Des méthodes qui P’appliquent Les approches traditionnelles comme le yoga avec le pranayama (contréle du souffle) et la méditation s/appuient sur la régulation du souffle. Il en va de méme avec la sophrologie, Te training autogéne de Schultz, le rebirth, qui Yatilisent pour ealmer lanxigte. existe aussi de nombreuses techniques respiratoires (eohé- rence cardiaque, hyperventilation, respiration carrée,respiration4-7-8.).@M-L6. 1 JouralefNearophysoogy. 19,208 IE & m Zz o > & o ™ 2 & a = J'EXPIRE LE PLUS LENTEMENT POSSIBLE » «Ilya trois ans, apres une séparation, {fai fait une crise d’angoisse dans le métro : palpitations, chaleur intense, raconte Chloé, 31 ans. Une sophrologue rm’a conselllé en cas de crise de prendre tune grande inspiration en controlant ‘mes muscles thoraciques sans expirer pendant trois & cing secondes. Puis d’expirer le plus lentement possible, ‘comme si je souffiais sur une flamme sans l’éteindre. En répétant ce cycle ‘au moins trois fois, on stimule le systéme parasympathique et on freine Femballement du systéme sympathique. » TEMOIGNAG «Respithérapie, amigté, essoufflements, i ules du sommed, uvoirs du sou} 7 sserver votre sai €'Yves-Vincant Davroux (Leduc, 2025). 1) crete ¢ pour Psychologies hors-série 21 ] Test Votre sommeil est-il REPARATEUR? One sait, la qualité de nos nuits influe sur la qualité de nos états psychiques, de nos émotions et de notre vie relationnelle. Le sommeil est donc un facteur déterminant de notre équilibre mental. Ce test vous aidera 4 mieux évaluer le vétre. VI a : PSYCHIATRE ET MEDECIN SPECIALISEES DANS LES TROUBLES DU SOMMEIL 22 Psychologies hors-série ites-nous comment vous dormez et nous vous dirons qui vous étes. Certains ont besoin de dix heures chaque nuit pour se réveiller du bon pied, quand d'autres se contentent d’une nuit plus courte. De plus, personne n’est & Fabri de troubles du som- ‘meil qui peuvent faire de la vie un vrai cauchemar. Qu’en est-il pour vous? Dormez-vous suffisamment pour étre au mieux de votre forme la journée? ‘Toutes les conditions sont-elles réunies pour que vous passiez une nuit récupératrice? Pour les LE QUESTIONNAIRE Pour chaque question, choisissez parmi les quatre propositions celle qui résonne le plus fidélement en vous. 1. Au bureau, vous arrive-t-il de vous endormir devant votre ordinateur? © Jamais. A Quelquefois. Mi Rarement. 4 Souvent, 2. Das que l'alarme de votre révell retentit, vous vous sentez: @ Tout mou ou toute moll. 4 Ereinté.e, mais quand ilfaut yaller, fauty aller. Mi Dattague. > Frustrée, vous prolongeriez bien votre nuit. 3. En semaine, si vous oubliez de programmer votre révell, vous : @ Vous réveillez un peu plus tard ue d'habitude et vous dépéchez pour arriver a l'heure auboulot. A Vous réveillez pratiquement a'heure habituelle. Vous faites réveiller par la sonnerie de votre portable : au bout du fil, votre chef! > Vous faites tirer duit par votre compagnon ou votre compagne. Woir, faites ce test. 4, Au bureau, il vous arrive de bailler: @ Tout le temps, A Occasionnellement. souvent. 4 Tras rarement. 5, Avez-vous des difficultés de concentration? @ Souvent. A Tres rarement, § Occasionnellement. Tres souvent. 6. Faltes-vous des erreurs diinattention dans votre travail? @ Cela dépend, surtout lorsque vous vous sentez fatigué.e. A De plus en plus souvent. IB Cela vous arrive parfois. Tres rarement, voire jamais. 7. Lorsque le réveil sonn @ Vous Iéteignez et vous vous lever illic, A. Vous tapez un grand coup dessus pour 'steindre. MB Vous le laissez sonner un bon moment avant de léteindre. % Vous cherchez a tatons le bouton off. 8, Penser l'avenir vous : @ Est ts difficile en ce moment. A Indiffere. Ravit. % Angoisse. 9. Ence moment, vos relations avec vosamis sont: @ Idéales. A Légerement tendues, Peychologieshorssérie I Satisfaisantes. % Inexistantes. 10. Lire avant de dormir, c'est pour vous: © Un passe-temps. A. Un défi, vous n’arrivez jamais alire plus d'une page. Une activité obligatoire. % Un plaisir. définition d’une bonne nuit de sommeil? © Une nuit ou vous vous couchez de bonne heure. A. Une nuit comme les autres. Plus de trois heures de sommeil daffiée. % Une nuit sans dificultés dendormissement et sans réveil prématuré, 12. Vous attrapez des petits rhumes: © Parfois. ‘A Souvent. Jamis. 4 Rarement. 13.Sion vous proposait une ‘cure de sommell, vous diriez: @ « Ohoui, avec plaisir! » A « Pourquoi pas...» Mc Cenest pas de refus. » « Non merci. » 14, Votre météo du moral: © Grand soleil A. Nuages. Eclaircies. %* Orages. . ] Test pay }@ Votre sommeil est-il réparateur? i | | | | | | | | | puis reportez-vous | a votre profil. | 15. Les nults blanches, 18. Vous vous couchez dla méme | heure tous les sor: ‘A. Oui, méme si vous ne vous re raedic ioe 3 Redoutez. ‘endormez que bien plus tard. | a2 [elolale | » Evitez Mi Cela dépend des jours et de | x [clalole | votre planning a_jefelsla | 16. La veille d’un rendez-vous %* Non, sfelalclo | important, vous : | T | © Navez aucun mal vous 19, Votre amoureux.se vous | Gi i ee ‘endormir. propose unrestaurant sulvid’un | 7 [alslolc ‘A Narrivez pas & penser autre cinéma lundi solr, vous i a [olclale chose qu’au rendez-vous. @ Acceptez a contrecceur. | os [alelclo WB Tournez en rond dans la maison. A Acceptez aussitat. | wo lolelsla % Vous somnolez et votre lM Acceptez, & condition de sommeil est entrecoupé de ne pas rentrer trop tard. | mH _jclajots nombreux ével. * Luisuogéres de reporter | 2 [efefate | avendredi sor. | Bw lpicipja | 17. Vous est-il déjaarrivé de | w_falelclo | prendre des somniféres? 20,Vousdiriezquevossoucls: =| 5c Ba @ Souvent, voire tous les sors. @ Wentrent pasdansvotremaison. | —Gg—Tavatote | A Quelauetois. ‘A Sauattent votre lt. | | Hamais i Sinvitent parfois dans votre it. | wait ciliaiie 7 % Une fois. % Hantent vos nuits. i 2 Se LD a) | oiefsla | | aleic|o | La qualité de vos nuits majorité DEA Un sommeil récupérateur Vos nuits de sommeil remplissent parfaitement leur fonc~ tion récupératrice, Vous n’avez pas demalavous endormir, vous dormez d'un trait sans que votre sommeil ne soit, coupé. Reposé.e, vous percevez une sensation de détente au réveil. Du coup, votre humeur s’en ressent : apaisé.c ot, bien reposé.e, vous ressentez un bien-étre total qui vous permet d'attaquer vos journées du bon pied. Vos heures de sommeil sont essentielles. Vous savez qu'une heure de repos en moins peut avoir des incidences le lendemain, ‘Alors vous faites en sorte de vous coucher & heure fixe et d'éviterles sorties en semaine, synonymes de nuits courtes. VOTRE RESULTAT Pour chaque question, entourez votre réponse. Faites ensuite votre total de A, B, Cet D, ‘Trois conditions sont nécessaires pour passer une bonne nuit : étre calme pour se laisser aller dans les bras de Mor- pphée; se sentir en sécurité; respecter ses rythmes biolo- iques. Vous remplissez ces trois conditions. Les petits soucis et autres tracas de la vie quotidienne n’ont pas droit de cité dans votre chambre, et c'est tant mieux. Vous par- venez a évacuer le stress du boulot et de la maison de ma- niere suffisante grace & des activités de détente, de sorte ‘que vos nuits constituent une source d'énergie suffisante pour attaquer la journée suivante. Votre rythme de vie est ‘en harmonie parfaite avec vos besoins. e Psychologies hors-série % erborian KOREAN SKIN THERAPY Erborian s‘engage pour impacter positivement l'estime de soi de tous Dcnk tote cotstin 2007, nous avons pour objectif de prendre soin de la peau de nos consommateurs en les aidant a redécouvrir leur peau ! Peut-étre décrocher un sourire devant le miroir et impacter positivement leur estime d’eux-mémes. Pour cela, nous tachons de développer des produits efficaces qui aménent a la peau tout ce dont elle a besoin pour que son plein potentiel se révéle, Pas une peau parfaite, juste leur peau, a leur plein potentiel, Conscients de timpact que peuvent avoir les marques de beauté sur lestime de soi de tous, nous ne retouchons pas nos visuels et testons impact émotionnel que peuvent avoir nos produits sur 'estime de soi En 2024, nous avons décidé d'aller encore plus loin avec la création du Erborian Self-Esteem Club, un programme dengagements qui a un seul et unique objectif :impacter positivement Vestime de soi de tous, MAIS, AVANT TOUT, QU’EST-CE QUE L'ESTIME DE SOI ? Crest revaluation subjective de notre propre valeur = quel point nous ‘ous aimone et nous nous valorizens un moment donné LLestime de soi est importante et étritement lie a ta santé mentale car-elle influence presque tous les aspects de notre vie: de notre bien- fre émationnel a nos felations avec les autres, en paceant par notre capacttéatteindrenos objects ets surmonter les defs. Une mauvaise este de so 2 des conséquences désastreuses sur la santé mentale Etiqnersement, des troubles dela santé mentale pewent engendrer une tres mauvaise este de so, Fa aoa 2, an ay ama aoa ere ae ey aa eee ae ca nee eee ern spieianeueeene tires rene eet eee cs Porras Ser! pene ] Test 26 MAJORITE DEB Un sommeil perturbé Difficultés dendormissement ou réveils précoces, vos nuits ne sont pas de tout repos! Stress, tensions, soucis sont parfois a 'origine de ces troubles du sommeil. Ise peut que ‘vous traversiez une période difficile. Vos soucis parasitent la qualité de votre sommeil. Vous avez du mal a laisser vos problémes de cété. Vous laissez ceux-ci prendre le dessus, Hest possible également que vous ne dormiez pas dans un cadre propice au sommeil : trop de bruit, trop de lumiere... Lenvironnement peut perturber le sommeil. Dormir implique une tranquilité esprit, un relachement total, une suspension de lactivité physique et aussi mentale, Quatre recommandations pour parvenir & passer une meilleure nuit :en premier lieu, laissez vos soucis au pied de votre lt. Puis, si vous n’arrivez toujours pas & trouver le ‘sommeil, pourquoi ne pas prendre un bain relaxant, mais & MAJORITE DEC Un sommeil aléatoire Il vous arrive de dormir comme un bébé et d’étre bien reposé.e pour attaquer la journée de travail. Mais quelque- fois, vosnuits sont plus courtes, et insuffisantes pour com- penser l'activité de la journée. Vous vous étes peut-étre couché.e trop tard, votre nuit a été agitée ou encore vous ‘avez fait une insomnie due & un surplus de stress, Le pro- blame : les nults de sommeil raccourcies (mais occasion- relles) vous causent une grande fatigue le lendemain et une baisse d’énergie. Tout bon dormeur peut, un jour ou autre, soutfrir de périodes dinsomnies. Si elles restent banales, les peuvent toutefols deere enpoblemes chroniaues. surveiller donc. température modérée. Ensuite, vous pouvez aussi vous pré= parer une infusion calmante et apaisante. Enfin, si le bruit de la rue ou du voisinage vous incommode, pensez au. double vitrage ou aux bouchons doreilles, Ce sommeil di ficile est sGrement le signe d'une anxiété persistante dans votre vie que vous n/arrivez pas & évacuer. Essayez d’ana- lyser les causes de votre stress afin d’étre en mesure d’y remédier. Essayez aussi de prendre plus de temps pour pen- ser 8 vous en pratiquant une activité physique en journée ‘et en adoptant une bonne hygiéne de vie. Cela vous per- mettra d’évacuer ou de mieux gérer votre stress et de ouer avec des nuits paisibles. Si toutefois ces troubles du sommeil persistaient, aide d'un professionnel de la santé pourrait vous alder & déterminer précisément lrigine de votre stress et ensuite a tenter d'y remédier. Une priorité? Identifier les causes pour stabiliser vos nults : mauvaise hygiane de vie, changement professionnel ou affectif, prise de médicaments, stress ou anxiété... Vous tes conscient.e du fait que le manque de sommeil a des répercussions sur la qualité de votre vie et de votre bien- tre, mais ne refusez pas pour autant une soirée entre co- pains. Lorsque vous étes tendue, stressé.e, vos nuits s'en ressentent : vous cogitez une bonne partie de la nuit avant de glisser dans les bras de Morphée. Sachez que notre style de vie influe sur la qualité de notre sommeil. Pour dormir ‘suffisamment, optez pour des habitudes de sommeil saines, ‘en vous couchant et en vous levant & heure fixe. MajoriTé DED Un sommeil de mauvaise qualité ‘© Premier cas : vous dormez tres peu et restez éveillé.e de longues heures; ou vous vous réveillez trés t6t. Une tres 4grosse privation de sommeil peut cacher une dépression. Sur le plan moral, vous étes triste, vous avez du mal & faire les choses. Conséquences : la journée, vous manquez de concentration, vous ressentez un état de grande fatigue, ‘vous étes facilement irritable, voire agressif.ve, vous res- ssentez une baisse de vigilance, defficacité et de concentra- tion, Le manque de sommell entraine un surplus de stress et peut avoir des répercussions sur la vie sociale, affective ct professionnelle, mais aussi sur la santé, ‘Comment enrayer un état dépressif : avant tout, ’hésitez pas 8 consulter un psychiatre, ou au moins votre médecin traitant, puis un spécialiste si votre médecin vous le conseille. Les insomnies qui perdurent peuvent en effet, ccacher une dépression. Et comme la plupart des maladies psychiques ou psychiatriques, elle s'accompagne géné- ralement d'insomnies. ‘© Deuxléme cas : vous étes victime d’insomnies psycho- physiologiques. En réalité, vous n'avez pas une vraie priva~ tion de sommeil mais vous percevez d'une facon exagérée les évells nocturnes. Votre sommeil est de mauvaise qualité, avec des pensées qui vous parasitent tout au long de la nuit. ‘Vous trainez un état de fatigue le lendemain. Pourtant, mal- gré cette fatigue, il vous est impossible de vous endormir ‘0u de faire une sieste. Vous ressentez quelques tensions psychologiques, une diminution de vos performances. ‘Comment renouer avec le repos : vous devriez changer votre comportement, votre facon d'aborder le sommeil.Le mieux serait de suivre une thérapie comportementale. @ Psychologies hors-série yr PSYCHOLOGIES ey Ta Le Collagéne Marin al’efficacité prouvée ! COLLAGENE MARIN 10G a VITAMINE C NAT EFFICACITE PROUVEE* Collagéne hydrolysé BU kes LT Pe Parici pourle découvrir mgm / ai POUR VOTRE SANTE, PRATIQUEZ UNE ACTIVITE PHYSIQUE REGULIERE - WWW.MANGERBOUGER.FR FABRICANT FRANCAIS Face aux émotions débordantes ou a I'hypersensibilité de leur enfant, de nombreux parents sinquiétent : pourquoi réagit-il si vivement ? Est-il mal dans sa peau ? Alain Braconnier, psychiatre, nous invite a adopter la bonne attitude pour l’accompagner dans la meilleure croissance possible. PAR CHRISTILLA PELLE-DOUEL Est-il normalement sensible? Hypersensible? Pour le Dr Alain Braconnier, un peu d’observa- tion suffitarépondre: « Lienfanthypersensible est celui qui réagit davantage que ses fréres et soeurs ou que les enfants de son entourage. Par exemple, ilest plus facilement effrayé, ou il pleure davantage, ou se met en colére plus faci- Jement. On peut dire que Yenvironnementsub- merge 'enfant.» Cesenfants-absorbent tout. Un rien les bouscule. Tout événement prend des proportions démesurées. Juliette, 30 ans aujourd'hui, se souvient de sa peur face A cer tains dessins animés quia terrorisaient, alors ‘quesescousinsabsorbaientimperturbablement laméchante sorciére de Blanche-Neige.« Sallais. Psychologies hors-série mecacher dés qu‘elle apparaissaité Pimage. Mes cousins me traitaient de trouillarde, ce qui me faisait fondreen larmes. » Enobservantson fils, ou sa fille, on s’apergoit rapidement de ce que le psychiatre appelle « une caractéristique, et surtout pas un défaut!», D’ailleurs, précise-til, «souvent, les hypersensibles sont des enfants trésintelligents et trés eréatifs». « Surtout ne tentez pas de le “corriger” en Yexhortant & prendre sur lui, & ne pas pleurer ou, pire, en le punissant parce qu'il s'est mis en colére », recommande le médecin. Il est important, en effet, de bien comprendre que ces enfants-la ne réagissent pas ainsi pour «se rendre intéressants » ou pour nous pousser dans nos retranchements : ils sont dépassés parleurs réactions, qu‘ils ne parviennent pas & Juguler. «Prenez-les comme ilssontet,surtout, ne lesdévalorisez pas, insiste Alain Braconnier. Repérez les situations qui leur sont diffciles et tentez de leséviter.» Par exemple: pas d'images effrayantes ou de manége trop rapide. « Ilya toujours une part d’angoisse chez ces enfants. Mieux vaut done éviter les situations stres- santes. Lanxiété, cest comme la température: trop, cen'est pasbien ;pasasse7, cest trop peu.» Evitez les moqueries «Leriredesautres es blesse profondément. Pas demoqueriesala maison nial’école.Sic'est pos- sible, parler avec son enseignant pour le préve- nirpeutétre unebonne chose.» Carcesenfants sont honteux de leurs réactions. IIs se sentent différents ets’en veulent. Ils voudraient avoirle cuirplussolide. Rireset blaguesles renvoient cequilsvivent commen manque:de courage, de maitrise... « Ceest trés important, poursuit Alain Braconnier, car s‘ils sont en butte aux remarques blessantes, ils se dévalorisent et peuvent rencontrerdes difficultés importantes AYfadolescence: repli sur soi, souffrance. Aidez-le 4 se comprendre Le dialogue rassurant et ouverture d'esprit sont les meilleures armes pour aider votre enfant. « Encourage7-le A comprendre pour- quoi il réagit aussi fortement, dans quelles constances. Décortiquezavecluisessensations, sesémotions.» Pourquoine pas!'inciteranoter dans un carnet les situations qui le mettent en Etat de fragilité? Il existe quantité de cahiers dexercices pour « travailler » surles émotions. Afaire avec lui. Peu & peu, il parviendra a étre ‘moins touché par environnement. Respectez son besoin de calme « Lhypersensibilité fatigue beaucoup les enfants, remarque Alain Braconnier. est épui sant d’étre toujours submergé par ses propres réactions. » Aussi, leur ménager des temps de repos au calme, éviter les écrans, préférer les activités tranquilles sont autant de points appui quilesaidentseretrouver. Mettez-le au sport Le psychiatre recommande la natation, qui associe la détente, le plaisir et la possibilité de maitriser son corps. Les sports d’équipe sont excellents aussi pour ces enfants, souvent trés empathiques. En évitant lessports trop violents (rugby, boxe..). N’insistez pas si vous sentez qu'ly aune angoisse. Rien ne presse! Les pro- menadesen forét, le vélo, tout cela fait dubien. Encouragez sa créativité Hypersensible rime avec créatif. Musique, pote- rie, dessin, danse, modelage, tricot... Toutes ces activités permettent de mettre a profit lasensi- Dilité de votre enfant et de canaliser ses émo- tions ~ exprimer sa tristesse, son angoisse, ses peurs, sa joie ~ et ne pas les garder pour lui. Evitez les séparations (s’illes redoute) Certainsviventmallesséparations.Danscecas, conseille le psychiatre, « ne leur infligez pas ce quills n’ont pas la capacité de surmonter et qui provoque stress et souffrance. Allez-y en dou- ceur: un aprés-midi chez un copain, puis une nuit. Maispas de colonie de vacancesdequinze jours. Rien d’inquiétant & ce qu'un enfant de 8 ans ne veuille pas quitter sa famille plus de deuxjours. Ecoutons-leset tout se passerabien: un enfant qui sesent en sécurité, développera tranquillement son autonomie. » Et sila souf- france prend une place trop importante, pour- quoine pasenvisager quelquesséanceschezun psychothérapeute ou un psychologue?@ ALIRE «L’Enfant optimiste, ‘en famille et al’école ‘alan Braconner. Noon su ratire postive naturale ot laf perdrer quand adolescence ponte (Ode Jaco, 202. Lg meilleur thérapeute c'est vous ‘Alan Graconmer. Dessolitions concrtes, un outage pour tous (Odie acc, 2028. Peychologies hors série 29 30 ] Entretien Jacques Castermane « POUR ETRE SEREIN, IL FAUT RETROUVER SON MOI NATUREL » Comment gagner en paix intérieure ? Pour la tradition zen, il s'agit de revenir 4 une dimension de soi malmenée par |’agitation quotidienne. Un parcours explicité ici par le spécialiste des sagesses orientales. ENTRETIEN: ANNE LAURE GANNAC Pour &tre plus serein, il faut étre capable de « prendre du recul »,affirme la tradition zen. Que signifie cette notion? JC. : Crest faire marche arriére pour revenir’ notre vraie nature, Car cestlorsquill découvre son étre essentiel, au plus profond delui-méme, que homme fait lexpérience du calme, de la sérénité, de la confiance; qualités ¢’étre qui manquent cruellement "homme actuel. Qu’est-ce que notre « vraie nature »? J.C. + Regardez un nouveau-né. Dans la mesure oii ses besoins fondamentaux sont assurés, i vit son existence de maniére sereine, dans la simple joie d’étre. Mais ce niveau d’étre, le moi naturel, va petit & petit laisser place 4 un autre niveau d’étre::l'ego, le moi conditionné. JACQUES CASTERMANE Né en 1934, kinésithérapeute de formation, il suit 'enseignement du philosophe et psychologue allemand, Karlfried Graf Darckheim, grand connaisseur du zen, dés 1967. Depuis 198i, il dirige le Centre Dirckheim, dans la Drome (centre-durckheim f1), 1! a notamment publié Comment peut-on étre zen? (Marabout, 2023), un incontournable pour qui veut comprendre le zen et se 'approprier. Psychologies hors-série Si nous sommes sistressés, est-ce & cause de notre ego? J.C. + cause de notre « identification » aego, nous vivons séparés de notre étre essentiel. Mest Ia source de 'angoisse et des états qui accompagnent l’angoisse, comme le stress, Vappréhension ou le désarroi. Prendre du recul a pour visée de retrouver notre étre essentiel, A Vorigine de la paix intérieure qui est Iétat de santé fondamental de ’étre humain. Identifié son ego, homme a toujours la sensation d'un ‘manque intérieur ~ que la société de consom- mation ne parvient pas & combler. En réalité, nous ne sourffrons pas de ce qui manque; nous souffronsd’ignorerce qui ne manque pas: notre vraie nature. Comment se manifeste cet autreniveau denotre é J.C. A travers une expérience intérieure, un vécu, Ce sont ces moments de notre existence au cours desquels nous ne nous posons plus la question du sens de la vie, parce que notre vécu donne sens. Ce peut étre en regardant un coucher de soleil, en écoutant un concert de musique classique ou en dansant sur un rythme techno. Ce peut étre en se baignant dans le silence d'un monastére cistercien ou dans le silence aprés Tamour. Ces moments au coursdesquels chacun vitlaplénitude de 'étre, se sent tout simplement en ordre. 66 Lego est la source de Pangoisse et des états qui VYaccompagnent, comme le stress Yappréhension ou le désarroi 9 9 Mais ce sont des moments que nous ne choisissons pas de vivre, et sirement pas lorsque nous avons la téte sous eau! J.C. : Nous ne les choisissons pas, ils nous trouvent, Sans trop savoir ni pourquoi ni com- ‘ment, nous sommes saisis. Cest ici que se pose tune question importante : « Que dois-je faire pour devenir cette personne confiante, sereine, qui stest révélée le temps d’une expérience? Lemaitre zen répond: « Pratique un exerci Le zen propose la Voie de laction', banale en Extréme-Orientetencore insoliteen Occident. Etre « zen » au quotidien, cela parait simple, mals dans les faits... JC. : Rien n'est plus difficile acces & Phomme contemporain que le tout simple. Qu'ya-til de plus simple que de s‘asseoir et de ne rien faire, mais & fond, comme l’écrit mon ami André Comte-Sponville? Chaque jour, pendant une vingtaine de minutes, prendre du recul par rapport & nos activités ordinaires et ne rien faire, si ce n'est exercer son attention sur le ‘moment présent. « Cest Vattention qui guérit », disait le Bouddha a ses disciples. Elle guérit, par exemple, de cette maladie propre & Pétre humain et qui consiste & courir, en pensée, dans le passé qui vest plus ou dans le futur qui n’est pas encore. Apprendre & « momenta- néiser » chaque action de la vie quotidienne est. un chemin de guérison. Jacques Castermane 32 Entretien Y Nrest-ce pas une facon de fuir la réalité? J.C. :Non, c'estapprendre vivre au coeurde ce ‘qui est réellement dans T« espace véeu » et le « temps vécu ».Je ne demande’ personne dou- blier le passé ou d'ignorer l'avenir: je demande de ne pas oublier le présent. Est-ce compatible avec notre rythme actuel? J.C.:A chacun de décider s'il veut continuer & vite se lever... pour vite petit-déjeuner... pour vite aller au boulot... pour vite étre hospitalisé pour infarctus oudépression! « Situne trouves pas le calme ici et maintenant, oli le trouve~ ras-tu? Et quand? » C’est une question que je me pose fréquemment au cours d'une journée. D/autant plus si je suis derriére une dizaine de personnesilacaisse du supermarché ouarrété cause d'un bouchon sur Pautoroute. Notre agitation est aussi liée aux autres, a notr ‘environnement. Et ne dépend pas que de nous. JC. : Certes, mais dépend de moi le fait que j miidentifie & un ego constamment impatient, agité, agressif, réactif...ette quéte d'un mieux- étre personnel peut sembler égoiste. Cepen- dant, quel cadeau, pour lenfant qui rentre de ‘cole, d’étre accueilli par une maman ou un papa quilui offre du temps! Quelle chance pour une entreprise si ceux qui ladirigent retrouvent leur propre humanité & travers un exercice de méditation quotidien! Si je prends chaque jour unmoment de recul,c’est pour offriraux autres ces qualités d’étre qui manquent le plus & nos contemporains: la tranquillité du corps, Ia sérénité de lesprit et la paix de lame. Vous-méme, avez-vous encore des moments ‘i vous vous emportez? J.C. :Chaque jour ! Mais autrefois, ces réactions mvemportaient quelquefois pendantdesheures, voiredes jours... Aujourd’hui, ’ego reprendson régne pour quelques secondes! Je me permet, de voir li un mieux, tant pour moi-méme que pour mon entourage. Et que faites-vous dans ces cas? J.C. :Je faisattention | Fobserve : « Tiens, voi une émotion », « Tiens, voild un jugement ». Récemment, je me léve, ouvre les volets, et ma 66 Je ne demande A personne d’oublier le passé ou d’ignorer Pavenir ; je demande de ne pas oublier le présent 99 premiére réaction mentale est: « Mince, il pleut!» Puis jéclate de rire: «Tu médites de- puis plus de trente ans et c'est tout ce que tu trouves ate dire! Regarde les arbres comme ils sont contents, tu pourrais te réjouir! Et quand tusortiras, tu prendras un imperméable. »Sije niavais pas été attentif & cette réaction, elle miaurait sans doute plongé dans un état de mauvaise humeur latente. La psychanalyse que vous avez faite ne vous pas aldé dans ce travail d’apaisement? ; eu la chance d’étre accompagné pen- dant huit ans par un éléve et ami de Jung, le Dr Ignace Tauber. Pai ainsi portéun regard ana- lytique sur ma maniére d’étre au monde et dexister. Jai accepté d'etre introverti. Vai pu découvrir que je suisila fois perceptifet intuitif. Aussi que la Sexualité n’est pas un probléme, mais que la sexualité avait un probléme avec moi. Ce fut un magnifique travail de déculpabi- lisation. La psychanalyse, médecine de Fame, soigne « le » moi qui souffre ;lezen, science dela guérison de I’ime, invite la personne & guérir «du » moi qui estla cause de sa souffrance. @ L.LaVolede scion est, selon adéiniton de “Jacques Castermane, comme un chemin dlexpérience ‘et lexercie ql prépare les conditions favorisant Tamiseen accord, en résonance avee notre vralenature La Sagesse exercée de vacnesCastermane == | Coparcoussngulr de auteur versa sprtvalté Le Rl, 201). a2 ALIRE Psychologies hors-série x eae pune Abonnez-vous — GIS “ 6 HORS-SERIE 2 eee Hl LA BOUGIE PARFUMEE BLEU MONOT parfum bleu manat SuBimée Parson érin on verre Bissats ‘to uminora ot partunora ‘ote inteauravee sagance et LA VERSION NUMERIQUE ‘ INCLUSE, ‘Vous SOUHAITEZREGLER dans votre abonnement, & PAR CARTE BANCAIRE ? 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Sse ee ns slat Teonaget tiie ] Méthode 4 “ . J O54 : ~.. Mie mf ose a aX s . premiere médecine J . de l'esprit Vieille de quatre mille ans, elle s'est imposée en Occident comme une alliée psychique. Son principe : entrainer le mental vers davantage de sérénité et de lucidité. Ses atouts : son accessibilité et les multiples fagons de la pratiquer. PARERIK PIGANI 34 Psychologies hors-série ee ne trentaine de personnes sontassises en tailleur sur des coussins. Latéte droite, les yeux mi-elos, les mains détendues sur les genoux, toutes participent leur premiére séance de méditation au dojo zen de Paris. « Cela n'a pasété trés facile, mais, en me relevant, étais parfaitement réveillée, lucide, comme lavée de ma fatigue physique et intellectuelle, et pleine d’énergie, remarque Florence, une jeune infirmiére, le lendemain de ses deux premiers cours. La séance du soir, loin de me réveiller, anettoyé la nervosité que ‘Vavaisaccumuléedanslajournée, et malaissée vide, détendue, préte dormir! » Cest dailleurs!'un des pointssur lesquelsinsis- tait le maitre zen Taisen Deshimaru: le zazen n'a pas pour but de mener & un éveil exception- nel, un état supérieur, il permet de retrouver état normal de la conscience. Tout le monde necherche pas foreément illumination! Aussi Ja méditation est-elle adoptée par quantité de gens comme vous et moi, par des personnes de tousmilieux. Pourquoi? Acause desesrésultats extrémement rapides. Posture juste et mental ser existe différentes techniques (voir encadré p- 36), qui toutes fonctionnent selon un méme principe : une posture ou un mouvement du. corps juste, une respiration ampleet profonde, la conscience aigué du moment, un mental serein. Bref, une attitude du corps et de l'es- prit qui permet d’étre dans l’instant présent ni avant ni aprés, mais ici et maintenant. Des concepts abstraits? Un rituel inutile? « Pas du tout, répond catégoriquement le Pr Jon Kabat- Zinn. Quand on parle de méditation, il faut savoir quilne ‘agit pasd’une pratique exotique et ésotérique. Elle aide simplement a étre soi- meéme et mieux se connaitre. » Depuis 1979, Jon Kabat-Zinn, professeur émérite de méde- Cine, est fondateur et directeur du programme de méditation de pleine conscience MBSR (mindfulness-based stress reduction ou «réduc- tion du stress basée sur la pleine conscience ») la Clinique de réduction du stress du centre médical del’université du Massachusetts. Ceest 66 Ilne s’agit pas d’une pratique exotique et ésotérique. La méditation aide simplement a étre soi-méme et 4 mieux se connaitre Jon Kabat-Zinn ® ® dire s'ilaeu occasion d’en observerlargement leseffets: diminution des névroses,de 'agressi- vitéetdelanxiété, meilleuremémoire, dévelop- pement de la créativité, sommeil plus profond, amélioration des relations personnelles... II ne taritpasde qualificatifspourrendre compte de sesbénéfices. Des bienfaits prouvés En France, ona pu aussi étudier les propriétés de cette pratique, notamment grice ila bonne volonté de Deshimaru, qui a laissé des méd cins s’affairer autour de lui pendant qu'il médi- tait. Par exemple, au laboratoire de recherche de ’hopital Sainte-Anne, & Paris,on aconstaté quesoncerveau décrivaitunrythme alpha per- sistant pendant toute la durée de saséance de zazen, ce qui révele un état attention diffuse alorsquelecortexesten completerelaxation. Le cerveau reptilien, siége des instincts et de Vin- tuition, est, poursa part, en pleine activité. En. méme temps, la respiration contrélée apporte une plus grande quantité d’oxygéne au cerveau. = diol cet état de « lucidité » - et aux tissus, ce qui freine la production acide lactique. Or onsait que cetacide est sécrété en abondance chez les gens stressés et nerveux, et quill est générateurdes étatsd'anxiété. Lensemble de ces éléments favorise done le calme et Ia détente non seulement psychique, maisaussi physique. Sila pratique parait simple, elle nest pas pour autant facile, Tous les mé tants le savent : les premitres séances @ Peychologies hors série ] Méthode 36 ° sont physiquement éprouvantes. Rester assis, en tailleur, méme sur un coussin, la colonne vertébrale bien droite, procure une sensation de picotement aux jambes. Pire encore, la téte! En fixant son regard & environ un métre de soi, tout en concentrant son esprit sur un point imaginaire situé entre les sourcils, on doit laisser les pensées passer, simplement, sans s'y arréter. C'est 14 que les problemescommencent:ellesinsistent, vexées dese voir délaissées dans un contexte oitelles ont Phabitude de régner en maitres. « J'ai pris, conscience quenos penséesnes‘arrétentjamais, confie Florence. Ilya toujours quelqwun qui parle dans notre téte, un terrible bavard qui a un avis sur tout! » Cette activité constante du cerveau consomme beaucoup d’énergie. Aprés, une séance de méditation, le mental est comme drainé de toutes ces pensées quon a laissé passer, on se sent plus clair et reposé. Répéter cetexercice chaque jour,en mettantVattention sursa respiration, permet d'obtenir trés ray dement des résultats. Cing minutes suffisent. Laméditation est véritablementune technique pourapprendre a piloterson cerveau,et échap- perdVemprise desidées noires.@ Avertissement laméaditationest déconselléeenprésence de certains problémes peyehiatriques, notamment aux personnes souffrant dépisodes de dissociation, ou souf- frantd'une grave dépression. OU PRATIQUER LAssociation zen internationale propose des cours dinitiation au zazen ainsi qu'un enseignement complet. Pour connaitre les dojos zen de votre ville (lle-de-France) : dojozenparis.com, DIFFERENTES TECHNIQUES POUR ENTRAINER SON MENTAL Ondistingue trois catégories sur le « lasser-passer » des Les méditations dumouvement de pratiques méditatives celles _pensées, sansles freiner ni Taoiste :a plus connue des ui « font le vide », celles qui les entretenir. On se concentre méditations chinoises en Occident «canalisent » les pensées pardes sur larespiration profonde, en este tai-chi qui, au moyen de techniques répétitives, celles qui expiration, etla posturedu corps. _gestes coules etlents, permet de utiisent les mouvements ducorps. Cette technique est considérée _repérer les flux de énergie en sol. comme la plus difficile pour On peut aussi citer le i gong ou Les méditations deconcentration les débutants. le shintaido, d'origine japonaise. Leurparticularité est d’amener Vipassana: dite « méditation ‘Méditation de lamarche :cette lepratiquant aregarderlefluxdes dela vision intérieure », elle est _-méditation tibétaine consiste pensées comme s'ilregardait tun apprentissage al’attention, 8 déambuler centré sur chacun tun film et &laisser se vider’esprit une forme d’éducation du mental __deses paset sur une respiration our parvenirala« conscience _fondée sur Fobservation de qui rythme la marche. Le kinhin Claire » ou « conscience éveillée », _celui-ciet sur a respiration Japonais en est une variante en se focalisant, les yeux mi- Plus « douce » quelezazen,elle _pratiquée dans les dojos zen. clos, surun point fictif ou un objet est aussi plus longue & assimiler, (bougie, fleur, mandala). Les méditations répétitives Zen: appelée « zazen » (de za, Méditation transcendante, ALIRE «assis »,et zen, « méditation »), _méditation chrétienne... haa Au coeur de la tourmente, cette pratique remonte au Elles focalisent les pensées sur Nai plein conscience Bouddha. Assisjambes croisées un élément répétitif, un mantra: de Jon KabatZin, surun coussin (unzafu), colonne _une phrase d'un texte sacré ou LLemanuel compet de MBSR vertébrale et téte droites, yeux tun mot-clé éciter intérieurement (08S, 2025). mi-clos, on pose son regard 8 (ou 8 voix haute, de facon & ¢ Méditer pour les nuls lun métrede soiet son attention _canaliser le flux des pensées. de Fabrice Mica Ftst, 2021, Psychologies hors-série « MEDITER EST POUR LA SANTE » Pour le psychiatre Frédéric Rosenfeld, méditer n'est pas un traitement en soi mais soigne « de surcroft » autant le corps que l'esprit. Explications. | faut étre clair: aucune pratique méditative ne prétend &tre, en soi une thérapie. La guérison vient “de surcroft. I n'y pas d'indications thérapeutiques officielle. Cependant, depuis une cinquantaine d'années, de multiples études scientifiquement ireéprochables, menées dans des laboratoires occidentaux ou asiatiques, ont trouvé des vertus tout a fat concrétes a la méditation. La MBSR ou mindtulness-based stress reduction (« réduction du stress basée surlapleine conscience ») de Jon Kabat-Zinn a montré son effcacité contre le stress ou Tagoraphobio avec crises de panique. La MBCT ou mindfulness based cognitive therapy (« thérapie cognitive basée sur la pleine conscience »), aqui sen inspire, diminue cde moitié le risque de rechute depressive. Et les effets ne sont pas seulement psychologiques ce méme programme MBSR, mélange de yoga, zen et méditation vinassana, augmente également le taux aanticorps dans le sang Les preuves de bienaits physiques ne cessent de saccumuler,alant dl la quérison des rhumatismes aux troubles respiratoires, digestts, neurologiques ou méme immunitaies, et couvrant BON toutes les pathologies du stress. Médicalement, cela s'explique-til pear la facon dont le méditation agit sur notre corps et sur notre esprit? Sielle slavere conseillée contre les maladies liges au stress, c'est parce qu'elle agit au coeur de notre cerveau le plus ancestral, le systeme nerveux autonome (Colui qui marche tout seul et régit la vie végétative, tous cos automatismes que nous ne contrélons pas). Plus précisément, méditer mobilise le systéme ‘autonome parasympathique, source du calme, a Vopposé du systéme sympathique, qui est responsable du stress. Le coeur ralenti, la tension artérielle baisse, la transpiration diminue, a salivation augmente, la digestion sopére. Les effets de cette activation parasympathique sont considérables, notamment sur lo systame immunitaire. Les méditants en constatent empiriquement [es bienfaits : moins de thumes, de grippes, d’eczémas. Evidemment, nombre de ces bienfaits viennent de aspect relaxant que toute méditation comporte. Peychologies hors série Mais la méditation leur ajoute un plus. Le cardiologue américain Herbert Benson, qui fut 'un des premiers chercheurs occidentaux, au cours des années 1960, faire passer des tests & des yoois et a des méditants, remarquait qu'lls se sentaient plus proches les uns des autres que des pratiquants de la relaxation. Ils connaissaient moins souvent des états de tristesse. Les moines bouddhistes ne sont pas calmes et joyeux de naissance LLeur pacifisme et leur optimisme résultent d'un entrainement mental, dont les neurosciences apportent la preuve. Méditer “muscle” le cerveau gauche - pour le plus grand bien des émotions, mais aussi du systéme parasympathique et, donc, comme on 'a vu, de la santé. » @ Propos recueillispar Sylvain Michelet @ | ALIRE Ge eMéditerc’est se soigner de Frederic Rosenfeld (Pocket, 2012 am 37 Décryptage Consulter un psy: 8 RESISTANCES A DEPASSER C’est devenu un acte presque banal. Pourtant, les réticences aaller consulter un professionnel du psychisme perdurent. Collecte et déminage de ces freins les plus fréquents avec Francis Bismuth, psychologue clinicien, psychothérapeute et psychanalyste. PAR ISABELLE TAUBES » FRANCIS BISMUTH Paychologue et psychanalyste, il exerce dans le Val-d'Oise, Son site explique comment se repérer entre les différentes thérapies et permet aux patients et futurs patients d'échanger, de faire part de leurs et de leurs interrogations Psychologies hors-série esprofessionnelssontunanimes:iln’y ajamais eu autant de patients. traiter, Et désormais, avec le dispositif Mon soutien psy, toute personne (dés3.ans) angoissée, déprimée ou en souffrance psy- chique, peut bénéficier de séances d’accompa- gnement psychologique — jusqu’a huit - prises en charge par Passurance maladie. Pourtant, lesrésistances’ la psychothérapie semblent ne guere avoir disparu. Lancez un « Tu pourrais, voir un psy », et observer les réactions de vos interlocuteurs : déni, géne, colére, cynisme.. Voici quelques arguments pour contrer les idées recues les plus fréquentes. 1 JE CONNAIS LA CAUSE DE MA SOUFFRANCE «Ce typed'argumentsertaise rassurer,explique Francis Bismuth. Ifaudraitsurtout se deman- der pourquoi la solution n’est pas encore appa- rue. Siobserver soi-méme, se comprendre, est extrémement difficile. C’est comme si nous nous contemplions dans un miroir défor- ‘mant. Lautoanalyse est un mythe. L'idéologie du moi fort, née dans les années 1980 - Vere des battants ~, nous renvoie & des impér: de contréle de soi : sois fort, serre les dents et prendssur toi,soisméritant. Cestsanscompter que le psychisme, extrémement complexe, est loindese limiter au moi conseient. » Lillusion de pouvoir s’en sortir seul sert éga- Jement a se protéger d’une autre peur : celle de se retrouver, a Yoccasion de la thérapie, face & une parteachée, monstrueusedesoi-méme. «IL me semble important de démystifier ce qui se déroule dans le cabinet, réagit FrancisBismuth. Cen‘est pas foreément lelieu de révélations fra- cassantes sur nous-mémes. » Ilexiste en effet fort peu de risque d’y entrer sous la forme dun bon Dr Jekyllet d’en sortiren hideux Mr Hyde. 2 JE NE VAIS PAS SIMAL Ce type d’argument est le résultat d’un juge- ment négatif, d’un regard dépréciateur posé sur soi. « Nos problémes d’estime de soi nous interdisent parfois d’accepter 'idée que nous méritons d’étre écoutés et aidés, pose Francis, Bismuth. Trop envahissante, la culpabilité constitue égalementun frein: comment puis-je me plaindre quand d'autres souffrent dans leur chair, meurent de faim, périssent sous les, bombes? Jai tout pour étre heureux, je devrais, étre. Or, lebien-étre nese décide pas.» Nul besoin d’étre au fond du goutfre pour s‘au- toriser consulter. Il est méme plus judicieux de prendre rendez-vous avant d’en arriver la Certaines personnes viennent une fois, juste pour faire lepointou constater qu‘elles n'ont pas besoin de thérapie. II fauten finiravec Fidéeque celle-ci est réservée aux gens qui vont trés mal 3 JAIPEURDE | REMUER LE PASSE «‘Jen‘ai pas envie de ressasser mes problémes, de me les remémorer:” Cet argument revient souvent, constate Francis Bismuth. Or, nous risquons bien davantage de les ressasser a vie ennousabstenant de consulter.Carnotre passé, lui, nenousoublie pas. Ruminer, ressasser, c'est exactement ce que nous faisons quand nous res- tons seuls face a nos difficultés. A inverse, en. thérapie, on ne tourne pas en rond. Car la pré- sence dece tiers qu'est le psy incitea changer de disque, avoirles choses autrement, Ainventer.» Le retour du passé dans le présent de la séance peut apporter de la souffrance. Le nier serait mentir. Une thérapie n’est jamais exempte de phases douloureuses. Mais nous sommes accompagnés pour affronter ces moments de notre histoire qui, progressivement, cesseront denousemprisonner. ° Psychologies hors série 39 ] Décryptage 4 JE N’Al AUCUNE ENVIE DE PARLER DE SEXE « Onne parle pas forcément de ses fantasmes sexuels en thérapie, assure Francis Bismuth. On raconte ce que l'on a mangé la veille au soir. Et ce poisson que nous avons cuisiné va nous ramener & la cuisine de notre mére, aux préparations culinaires familiales, aux tradi- tions...» En thérapie, la sexualité ne se limite pas tla génitalité, aux organes sexuels. Le sexe est partout :ilest dans lapulsion orale, qui pré- side aux plaisirs de bouche et fait apprécier ou refuser la nourriture -comme¢’est le cas dans les troubles alimentaires. II loge dans la pul- sion scopique, qui commande le plaisir de voir ou d’étre vu, et qui régit aussi intérét pour la photo, le cinéma, ete. IIn’est méme pas besoin deparlerde pénétration, de fellation oude sodo- mie pour qu'il soit présent. Mais effectivement, lespatientsen viennent fréquemment i évoquer leurs pratiques, leurs goiits en la matiére, ainsi que desscénesimaginées- aplusieurs,avecleur cousine, desanimaux..Certainsemploient des périphrasespour éviter deparler de«pénis»,de «vagin »,n’osent pas dire qu’ils se masturbent, Mais, selon le psychologue et psychanalyste, ces, craintes s’6vaporent quand laconfiance s'ins- talleavec le praticien et quils saisissent qu’ils, ne vont pas étre jugés. Un psy n'est pas un juge, et le cabinet est un espace protégé, neutre, oti est possible de tout dire. Toutefois, la crainte de cette situation n’a rien Wirrationnel. «Dans le quotidien, Yautreestun. Juge en puissance, rappelle Francis Bismuth. De plus, les régles de bienséance qui régissent lavie en société excluent que Von sétende sur ses pratiques sexuelles et ses fantasmes. Méme quand nous croyons nous étre éloignés de la morale judéo-chrétienne,ellese rappelle pone- tuellement & nous. Or nous ne devrions jamais oublier que individu humain est aussi un animal, un mammifére pensant qui porte en lui une part instinctuelle, pulsionnelle. Apprendre A faire avec cette part pulsionnelle est juste- mentl'objectif d'une thérapie.» 66 Notre passé ne nous oublie pas. Ruminer, ressasser, c’est exactement ce que nous faisons quand nous restons seuls face 4 nos difficultés. A Pinverse, en thérapie, on ne tourne pas en rond Francis Bismuth § 5 a JE NE SUIS PAS SUR QUE CA MARCHE «Jaime comparer le psy & une sage-femme, raconte Francis Bismuth, ilest'accoucheur de nous-mémes, nous aide A faire quelque chose pour nous.A condition d’en avoir le désir. Or, il arrive que, sans que nousen soyons conseients, une partdenous préfére se réfugierdans'insa- tisfaction, conserverunsymptémeconnuphutat quiffronterinconnu.» Parfois, le doute quant & la capacité du théra- peute d'alléger notre existence constitue incon- seiemment une sorte de défi narcissique lancé la psychothérapie :« Je suis un étre sispécial, ‘mes problémes sont tellement particuliers. Toi le psy, seras-tu capable de me faire bouger? » Le doute est également trés souvent un signe de dépression i prendreau sérieux — « Mon état estsi désespérant/je suis tellement désespéré que personne ne seraen mesure de me tirer de i.» Cela doit justement nous inciter & prendre rendez-vous résvite 40 Psychologies hors-série 6 JE NE VEUX PAS QUE LES AUTRES SACHENT QUE J’Y VAIS ‘«Unetelle crainteprouve ustement que consul- ter est devenu un acte si banal que le voisin de palier est susceptible de fréquenter le méme cabinet. J’ai mes problémes, mon semblable ales siens », note Franeis Bismuth. Il est pos- sibledesépargner cette épreuve etdepréserver son intimitéen se rendant dans la grande ville laplus proche ow en cherchant un thérapeute en ligne : ils sont de plus en plus nombreux & proposer des séances a distance. Internet offre un large choix d'adresses. Le parcours professionnel dupsy est indiqué,ai queses diplmeset saconception dela thérapie: des informations de nature a éviter les charla- tans. Toutefois, pour un vrai travail psychana- lytique, rien ne remplace la présence des corps etlarencontredesregards. 7 JE NE SAIS PAS COMMENT TROUVER LE BON PSY «La confiance se construit, réplique Francis Bismuth. Trouve-t-on immédiatement le com- pagnon idéal? Internet est une piste intéres- sante pour choisir son thérapeute, savoir quiil est,ce quiila écrit, & quelle école il appartient, ses diplémes. J’ai moi-méme un site référencé Etilne fautpashésiter&demanderconseilades amis, son généraliste. Ensuite, il faut se fier & son feeling lors des premiers entretiens, poser des questionsaupsy. En voir éventuellementun deuxiéme, un troisiéme. La séance appartient au patient, c'est un temps qui lui est réservé. » Etsi, décidément, il ne trouve aucun interlo- cuteur qui lui convienne, il peut commencer & s'interroger sérieusement sur son désirdes‘en- gager dans un travail ntérieur. Aprés tout, rien nroblige &entreprendre une psychothérapie. 8 C’EST TROP CHER POUR MOI Le coftt des thérapies peut faire hésiter fran- chir le cap. « Etaller mal, nest-ce pas cooteux aussi? », rétorque Francis Bismuth. Nous payons nos symptomes, nos blocages, nos com- portements répétitifs névrotiques au prix fort: par des échecs professionnels, amoureux, par une existence sans plaisir. « Sans oublier les. dépenses inutiles par lesquels nous tentons de comblernos manques. Misersur lavoir, fautede sesentirétre,nestjamaisunbon calcul. Rien de pluscoateux que passer acdté de sa vie.» Quelles possibilités soffrent & ceux qui ne peuvent payer desséances - pourtantrembour- séesjusqu’a huitséances paranavecle nouveau dispositif Mon soutien psy? « Ilexisteen France des centres médico-psychologiques, dont la liste est disponible en mairie et oit les consul- tations sont gratuites ou remboursées, affirme Francis Bismuth. Etsilontient&consulterdans le privé, un psychiatre formé a la psychothéra- pie peut donner des feuilles de soins pour étre remboursé. » Il faut abandonner l'idée qu'une thérapie doit foreément nousuiner. Bt,en dépit. une croyance largement répandue, inutile de régler en argent liquide pour obtenir des résul- tats. « Espéces, chéques, virements, cela fone- tionne aussi bien, confirme le spécialiste. Et gamarche méme si la personne paye peu cher. Frangoise Dolto demandaitasesjeunespatients des paiements symboliques ~ une petite pitce, un ticket de métro, un objet.»@ Geomaze] ALIRE BAisons, « Cinquante Puissantes BAIS. * Raisons de ne erat pasallerchezle psy ™fc: | de David Gourin,iustrations Muzo. jem’ | Cerivre desopiiant fait détler les clichés surla psy pour montrer leur absurdité et nous inciter& explorer nos névroses auliou de les ner. En fin de volume, Uunpointsurles différentes therapies et les sgnes de mal-tre qu doivent nous Incite a yrecourir(JC Lats, 2016). Peychologies hors série 4 REPERER | Tous, nous sommes frappés parfois de tristesse et d’intranquillité. Ou nous sommes débordés d’émotions, de tuminations mentales, de peurs diffuses... Comment alors savoir si ces sentiments négatifs annoncent un trouble plus sévére? A Comment distinguer la déprime de la dépression, la peur de la paranoia, l’émotivité de la bipolarité? Voici quelques balises pour mieux comprendre ce qui nous agite. 44 Tous ces noeuds DANS NOS TETES Quand les pensées s'emballent, les émotions s'emmélent, la crise de panique guette... Cela, nous l’avons tous vécu. Comment alors stopper la machine et retrouver un peu de légéreté lorsque c'est encore possible ? Catherine Aimelet-Périssol, pyc Pes alivré a nos internautes ses suggestions d’action et de retour a la sérénité. Psychologies hors-série CATHERINE AIMELET-PERISSOL Médecin homéopathe de formation, puis psychothérapeute, lle a cocréé la Logique ‘émotionnelle, une méthode de décryptage des émotions (logique-emotionnelle.com), Elle anime aussi des ateliers spécialisés dans la gestion des ‘motions et a publié, avec Aurore Aimelet, Emotions, ‘quand c’est plus fort que moi et Ma bible des émotions (Leduc, 2017 et 2019). Martin : Je ne supporte plus rien de ma vie. Je n’arrive plus &étre émervelllé, tout simplement sourire. J’al envie de changer, en vain. Comment arriver & une légareté, a ce que la vie soit moins ‘monotone intellectuellement ? Comment réussira penser a moi, a apprendre a lacher prise? Je me bloque sur des choses que je ne peux changer! 2 Etc’esten vousbloquantsurleschoses que vous ne pouvez pas changer, plutét que sur celles sur lesquelles vous avez de la liberté action, que votre vie vous est devenue insup- portable. Nous avons souvent tendance & reproduire ces comportements qui consistent Avérifier notre toute-puissance, ou 8 éviter nos limites. C’est pour cela que nous portons notre attention sur ce qui bloque, ce qui fait obsta- cle. Quand nous parvenons & faire bouger les ‘choses, nous nous sentons forts; mais quand ga séstate nousnoussentons ils, Aniots deregar: der lao nous pouvonsagir. C’est ce qui permet de retrouver de la géreté. Btes-vous vraiment obligé de déplacer des montagnes? Nora: Je me fais tellement de « noeuds dans la tate » que cela provoque de grosses. crises de panique - je me suis retrouvée aux urgences plusieurs reprises. Jal peur de perdre les gens que j'aime, peur de mourir... Comment faire pour gagner en sérénité? C.A-P. :Notre sociétéa tendance Anous vendre des idéaux de sérénité et d’apaisement comme des états que nous pourrions atteindre une fois pour toutes! Mais nous sommes des étres humains sensibles et vulnérables tout autant que forts et pleins de ressources. Ces noeuds dans la téte sont nos représentations mentales sur ce quenousetlesautres devrionsétre, faire, dire; ilssont pleins de «si», de «au casoil» sans fin, sans fond. Btces idées projetées sur le futur A partir du passé nous éloignent du présent, de notre existence propre. Le moyen que trouve notre esprit pour nous alerter sur cet éloigne- ment, pour nous signaler quil est temps de revenir A soi, est la crise de panique ou d’an- goisse. Moyen cofiteux mais efficace car, sous Veffet de la douleur, nous nous occupons enfin de nous. Achacun de trouver une voie plus éco- logique et respectueuse de soi. Nous ne pouvons que vivre notre vie’ nous, et c'est déjaune belle responsabilité! Laura : Quand les idées négatives nous assaillent et quand tout va mal, bien que on. solt d’ordinaire plutét positif, que faire? cerveau produit des pensées. C'est nous qui les évaluons comme positives car apportant de la satisfaction, ou négatives car apportant de la peine, de la culpabilité ou de Vinguiétude. Nous nous forgons alors & avoir de bonnes pensées. Mais nous devrions plutét considérer en quoi ces pensées dites négatives parlent de nos ressentis, de nos rejets de nous- méme et des autres. Juger nos jugements nous fait tourner en rond. Mieux vaut oser écouter A quoi nous sert d’avoir ces pensées-l, quelles qu‘elles soient. ° Peychologies hors série 2 Tchat 46 Caroline : Mest difficile pour moi de prendre des décisions, dans les domaines tant affectifs que professionnels. Je parais toujours hésitante. Et souvent, je n’arrive pas a imposer mes choix. \ Comment y remédier? C.A-P.: Quand choisir nous estdiffcile, ’est souvent que nous sommes tiraillés entre ce qui est bon pour autre (selon nous) et bon pour soi. Ou bien entre ce que nous aimerions faire ou avoir et ce que nous devrions faire pour paraitre quelqu’un de bien et d’ai- mable. Parlez de vos envies, de vos désirs, de ce que vous aimeriez plutot que de chercher & imposer vos choix, ce qui suppose que les autres soient daccord. est bénéfique de s’habituer & s‘entendre exprimer ce qui est bon pour nous-méme. Ceei permet aussi de mieux écouter la version de Fautre, ce que lautre trouve aussi de bon pour lui ou pour elle. Carole : Je traverse un grand moment de détresse, ie pleure tout le temps, je ne cesse de me plaindre & ‘mon conjoint, il ne sait pas quoi faire, ses conseils ine me servent vraiment a rien. Comment m’en sortir? C.A-P. : Quand nous traversons des périodes de cha- grin, voire de crise existentielle, il n'y a pas urgence A vouloir absolument retrouver l'état antérieur. Les crises de doute ont une fonction dans la vie, celle de nous faire faire une sorte de bilan, de prendre la mesure de ce qui nous rend heureux ou malheurewx, de sortir de la routine, qui rassure mais qui enferme aussi. Pour l'hyperémotivité, souvent, quelques séances d’acupuncture permettent de retrouver un meilleur équilibre émotionnel. Mais ne laissez pas passer le message du chagrin. Ia quelque chose & vous dire de précieux sur vous-méme, dans votre vie de couple peut-étre. Au-dela de la plainte, un désir existe, le plus souvent celui de donner plus de sens & sa vie, ou de sengager dans une action & sa portée. A vous de jouer. Irene : Comment faire pour que mon mari ‘comprenne qu'il doit ranger tout ce qu'll sort ‘quand il cuisine ou bricole dans le garage? ‘Came prend la téte de devoir constamment passer derriére lul — C.A“P. : Aie! Votre désir d’ordre nest pas le sien. Et sivous lui demandiez quel est son besoin i lui quand il fait la cuisine ou travaille dans le garage? Peut-étre ‘que sa réponse vous aidera a voir le sens de son com- portement, que vous pourrez alors lui exprimer votre besoin d’ordre et que vous pourrez trouver une solu- tion autre que vous rangeantderriere lui. Par exemple, lui laisser plus de temps pour ranger et fire ce ui vous plait & vous pendant ce temps Erwan : Lorsqu’on léche la bride, le cheval part au galop. Pour ma part, lacher prise est un travail de chaque instant et, malheureusement, ma nature ‘me joue parfois des tours... Mes émotions ressortent et la colare prend le pas sur la relativisation. —— C.A-P. : Bonne nouvelle, nous ne sommes pas des robots mais des étres humains. La peur, la colére ou la tristesse sont des palliatifs bien utiles lorsque nous ne trouvons pas d’autre voie pour nous sortir une situation, pour nous affirmer ou encore pour faire une pause quand la situation est trop complexe pour nous. Car ces émotions dont nous aimerions tant étre débarrassés sont des moyens de survi faute de miewx. Nous leur faisons un mauvais proces tant que nous n’entendons pas les messages cachés qu‘elles contiennent : messages qui concernent nos besoins et nos désirs. Refouler ces émotions avant den avoir saisi le sens et la valeur, est se tirer une balle dans le pied ou entrer dans la roue du hamster... Les émotions ont du bon sens. C’est nous quiy sommes sourds le plus souvent. C'est cela que décrypte la Logique émotionnelle, méthode que j'ai mise en place. Psychologies hors-série Pauline : Comment me délivrer de mes scénarios catastrophes quand je suis dans inconnu, que Je n'ai pas par exemple de réponse a une question, Aun appel ou 8 une attente? Les craintes ubmergent et me font envisager le pir ~—— C.A-P. : Les craintes nous submergent pour nous indiquer que notre attention est placée au mauvais endroit. Sur Vautre, qui devrait répondre ou appeler. ‘Comme si notre existence dépendait de cet appel ou de cette réponse. La douleur de la crainte équivaut & ladouleur d’une bralure quand notre doigt reste sur la flamme. Elle nous force & retirer notre doigt pour conserver l'intégrité de notre peau. La crainte nous demande de diriger notre attention sur notre int grité, sur notre besoin dans la situation. Difficile de détourner notre regard, cest vrai. D’oit Faugmenta- tion des craintes jusqu’a la panique parfois. Comme si lecerveau insistait pour nous obliger &revenir Anous- méme, anotre respiration, anotre existence propre.A nous¢écouter cette pression dansson bon sens plutot ‘que persister dattendre de autre. Louise : Comment faire la différence entre notre instinct, notre raison et notre coeur lorsque Von doute? a C.A.-P. : C'est tout l'intérét de Faventure humaine. ‘de que nous ne devrions pas douter est un leurre, Douter de soi est vain et douloureux; mais douter de ses actes pour se demander si d’autres actes ne seraient pas plus justes pour soi et Tautre (plutot que foncer) peut étre précieux dans eertaines situations. Se remettreen cause soi est injuste;remettre en ques- tion ses habitudes pour répondre i ses désirs est plus sain. DansV'instinct,laraison et le coeur, egne le désir diexister sous trois formes différentes. C'est lui que nous pouvons nous relier. @ Pour des raisons de confidentialité, touslesprénoms desinternautesont été modifics. ET SI LES RUMINATIONS DEVIENNENT TROP FORTES ? Ise peut que vos ruminations deviennent insupportables. Qu’elles engendrent une angoisse incessante, une inhibition sociale ou encore des troubles du comportement et du sommeil. Dans ce cas, optez pour une écoute professionnelle qui puisse prendre en charge les causes profondes de votre souffrance au-dela de leurs simples manifestations. La rumination relave en effet « d’un mécanisme dont la fonction est de faire écran Aun conflit inconscient, décrypte le psychanalyste Jean-Marie Jadin. En gros, on fait tout un fromage d'un probléme qui ne le mérite pas our ne pas en voir un autre, plus douloureux, plus insaisissable. Dans certains cas, intensification de agitation mentale peut laisser présager d'une bouffée délirante ». Chez les sujets « normalement » névrosés, la rumination « masque toujours, en fin de compte, une allusion au pere ou & la mere, poursuit le psychanalyste. Elle fait écho & un jugement, un interdit, un désir dont nous avons perdu le souvenir, mais qui continue d'agir dans notre psychisme ». La thérapie permet alors, au terme d'un travail approfondi, de mettre a jour ces messages douloureux et d’en atténuer les effets. Laurence Lemoine 66 Les crises de doute ont une fonction dans la vie, celle de nous faire faire une sorte de bilan ‘sol §9 Catherine Aimelet-Péris Psychologies hors-série 47 Z Décryptage /é Tous ™ BORDERLINE ? Souvent confondus avec les « hauts et bas » de la bipolarité, les états limites ou « troubles borderline » sont bien spécifiques. Le psychanalyste Vincent Estellon décrypte pour nous ces comportements de degrés divers qui peuvent devenir pathologie. PAR HELENE FRESNEL 48 Psychologies hors-série orderline,bipolaire, méme combat? Non. Souvent employés indifféremment pour désigner des com- portements volea excessifs, ces deux termes désignent en fait des souf- frances bien distinctes les troubles bipolaires font osciller entre états maniaques et dépressifs, alors que les border- linesont des écorchés vifs quientretiennent un rapport chaotique aux autres et & eux-mémes, « ILsagit de patients qui présentent des ditfi- cultés graves dans leurs relations humaine: et une altération de leurs maniéres de vivre la réalité », définitle psychiatre et psychanalyste Otto Kernberg, qui préfére parler d’organisa- tion limite dans Les Troubles limites de la per- sonnatité (Dunod, 2023).On parle aussi d’«états, limites », de « cas limites », « de fonctionne- ments limites» Une souffrance contemporaine En France, on estime que 2,5 % de la popula- tion active présentent des caractéristiques de ce trouble!. Rien de plus normal, car «c'est un fonctionnement complétement contemporain», assurele psychologueet psychanalyste Vincent Estellon, qui s'intéresse au sujet depuis de Jonguesannéesetapublié unexcellent ouvrage sur Les Etats limites (Que sais-je?, 2023). CommeTindique lenom dela pathologie, le pro- bleme concere les limites: moi et lextérieur, moiet les autres, les frontiéres entre vie privée et publique, "ineapacité a tolérer l'attente, la frustration, une hypersusceptibilité affective, des difficultés de régulation émotionnelle. Lorganisation de notresociété, quinous permet obtenirimmédiatement ce quenous désirons (livré dans Pheure »), de jouir dans instant, {avoriserait le développement de cette organi- sation psychique explosive. «La société néolibérale occidentale a plongé dans une frénésiede la consommation, détaille Vincent Estellon, Quelque choses'estaussiren- versé du eété de Fintime, avec toutes ces appli- cations ot! nous nvavons plus de secret pour personne. Les idéaux politiques, religieux, se Lorganisation de notre société, qui nous permet d’obtenir immédiatement ce que nous désirons, de jouir dans l’instant, favoriserait le développement de cette organisation psychique explosive sont affaissés. Nous avons perdu nos illusions. Beaucoup placent d’emblée leur partenaire dans une forme d’obsolescence programmée : ‘Si ga ne va pas, sije suis frustré, si Yautre me faitsouffrir,jele mets lapoubelle etje change” Une logique tn peu perverse de déshumanisa- tion, ’instrumentalisation deYautresemeten place. Les affects sont remplacés par les sensa- tions. C’est une stratégie limite : les personna- lités limites présentent dailleurs souvent des troubles addictifis.» Pourquoi? Parce quils ont besoin de combler un vide intéricur et supportent difficilement Vinterdépendance relationnelle : mieux vaut. dépendre d’un produit que vous objectivez et considérez comme interchangeable que de siattacher & une personnalité singuligre mou- vante et changeante. Vous pourrez toujours les avoir sous la main quand vous en ressen- tirez le besoin. « Lidée-force, c’est que Vaffec- tivité déraille trés facilement, éclaire Vincent Estellon. Des angoisses anaclitiques qui ‘mélenta la foispeur deV'intrusion etd’abandon coexistent. Les liens & l'autre sont tellement douloureux qu'ils provoquent un rebrousse- ment vers des sensations autoproduites qui vont permettre de ne pas déprimer. » Psychologies hors-série 49 2 Décryptage lesse du moi Les points de vue théoriques sur les états. limites, les deseriptions de symptomes se sont ‘multipliés depuis les années 1930, Mais un fil rouge les relie : la notion de faiblesse du moi. Quelquechose est felé dansl'intérioritédusujet, qui souffre souvent d'un manque d’estime de soi, d'un sentiment d’isolement, de solitude, de pulsions masochistes, qui semetendangeravee desconduitesarisques. En 1938, le psychiatre et psychanalyste am cain Adolph Stern insiste sur les failles nareis- siques, Vautosabotage dans la vie amoureuse, professionnelle, la sensation d’étre incapable de préserver son intériorité, de garderdes secrets, les ruptures affectives fréquentes... Mauvaise nouvelle:« Un fonetionnementlimite est poten- tiellement présenten chacun de nous, firme ‘Vincent Estellon. Le psychanalyste dresse une sorte de nuancierprogressif,évoluantdelacolo- sresune teinte profonde imprégnant gravementet constamment le psychisme. Ilya d’abord les moments limites que nous sommes tous susceptibles de traverser : les scénes de ménage, épisodesde« délire relation nel » oit la distinetion entre soi et Pautre s’es- tompe; les deuils, quand la frontiére entre les vivants et les morts s'abolit, avec par exemple des hallucinations oi resurgissentlesdisparus; et les transgressions de tous ordres (sexuelles, religieuses, légale: AUX ORIGINES Aux sources de la pathologie borderline dans sa dimension la plus grave, on trouve en ‘général des perturbations qui se sont produites lors dela conception ou dans les tout non désirée, difficile, dépression maternelle, paternelle, ou de la figure d’attachement principale... Le parent qui passait le plus de temps avec le bébé n’a pas pu ou st« vibrer avec lui, refléter dans ses yeux quelque chose d'un Psychologies hors-série miroir amusant, renvoyer une image vitalisante, chaleureuse, soutenante », explique Vincent Estellon. Ou bien les réles ont été inversés, et enfant, pour des ralsons diverses et variées premiers mois dela vie: naissance (maladie, carences parentales...), ada se prendre en charge seul, voire s'occuper de ses parents. Pour s’en sortir il s'est transformé ence quele psychanalyste Sandor _par les personnalités limites et Ferenczi appelle un « nourrisson savant », contraint de développer précocement ses capacités La maternité, les confrontations & la guerre, a Fexil peuvent également temporairement perturber le rapport a soi, gommer, flouter les limites entre soi et le monde, soi et les autres. Vient ensuite le fonctionnement limite qui sétend durant une période plus longue : ordi nairement, ladolescence peut étre envisagée comme un fonctionnement limite ordinaire dans la traversée des ages de la vie. C’est une période pendant laquelle «ladialectique dépen- dance-autonomie» vis-a-visdesautres,caracté- ristique desétats limites, bat son plein. « Quand unadulte le regarde a table, 'adolescent lance: west-ce que tu me veux? Quest-ce que jai fait?” Et si personne ne le regarde:“Tu ne me regardes pas! De toute fagon, tu nen as rien & faire de moi!” », résume Vincent Estellon, Sicesmodalitésrelationnellessontfréquentes, elles peuvent parfois s‘installer ou disparaitre a lage adulte. Quand V'instabilité caracté rielle, émotionnelle, relationnelle, psychique, perdure, on peut craindre d’avoir atteint un troisitme niveau : celui d’état limite, quOtto Kernberg nomme, lui, « organisation limite ». Lapersonnalité est marquée parune insécurité intérieure constante, « une absence d’identité nette, un manque de compréhension en pro- fondeur des autres personnes, de contréle pul- sionnel, de tolérance a Vangoisse », numére le psychiatre. Comment les cliniciens pro- cddent-ilspourdiagnostiquer etdistinguer par cognitives et empathiques. Les états limites sont fréquemment des adultes & qui leur enfance été « volée », selon Vincent Estellon. Siles modes de vie et environnement contemporains favorisent certes 'émergence de ce que le psychanalyste nomme trés justement un « style limite », les maux endurés borderline sont hélas bien plus incrustés et enkystés dans leur chair et leur histoire. LA DECOUVERTE DES « LIMITES » Crest le psychiatre américain Charles Hamilton Hughes qui emploie le mot «cborderline » pour la premiére fois en 1884, I sintéresse ala « frontigre de la folie » et identifie des « foes limites » avec des patients qui se situent & Vintersection de la psychose (perte de contact avec la réalité) et de la névrose exemple organisation limite d’une psychose? ‘Comment ne passe tromper quand Vinstabilité est le sceau qui scelle lenveloppe psychique? En s’appuyant sur les invariants que Vincent Estellon énumére: d'abord, labsence de délire permet d’écarter I’hypothése de la psychose. Iln'y apas de perte de contact avec la réalité. En revanche, deuxiéme invariant, ily a perte de contrale, pétage de plombs face au surgis- sement d'angoisses, d’une situation affective dintimité, avec « menace de lien profond, de dépendance alautre ». Besoin de tact et de patience Les organisations limites onttendancearéagir de deux maniéres : soit la colere avec, par exemple, des conflits, des ruptures brutales et violentes dans lesquelles ils se rendent insup- portables pour se sentir soulagés au moment de la séparation, surtout «sion doit se séparer de quelqu’un qu'on aime », souligne Vincent Estellon. Soit en devancant tellement les demandes de lautre qu'ils obturent son désir, Vétouffent avec leurs attentions ou Venserrent dans unerelation demprise. (souffrances d'origine psychique dont le malade a conscience), Au fil du temps, les cliniciens avancent dans leurs observations et constatent que ces malades, parfois au bord dans aucune des trois grandes catégories freudiennes (psychoses, rnévroses et perversions), sont instables, impulsifs et trés angoissés. Cent quarante ans plus tard, les. souffrances des borderline sont rnettement mioux définies, identifiées, mais le nombre de cas a explosé. Ceest le propre des personnalités « comme si» décrites par la psychanalyste Helene Deutsch, reprend Vincent Estellon : « Généralement, ce sont des caméléons qui font tout pour Faut ui coupent’herbesous le pied, deviennent tel- Jement adhésifs qu’ils provoquent le rejet et a fuite.» Dansune dynamique obsessionnelle, le désirest remplacé parune tentative de prise de pouvoir pour rendre Fautre dépendant de soi, Enfin, les états limites peuvent adopter des comportementsmasochisteset autosacrificiels avec des passages & Vacte :scarification, addi tions, automutilations, tentatives de suicid Lestadele plusgraveest atteint,celuideborder- line, etil nécessite une prise en charge ps} ue, avec généralement une hospits pour sauver le malade de ce qui lenvahit. Les traitements thérapeutiques, quels qu’ils soient (psychanalyse traditionnelle, en face-a-face, psychothérapies..), demandent taet, patience, souplesseet courageauxcliniciensainsiqu’ades malades dont les félures intérieures menacent sans cesse de fracturer existence. @ Source prevalenee-dutrouble-de-personnalite-imite, Peychologies hors série de la folie, qui ne peuvent étre rangés Zz Entretien Alain Ehrenberg « LA DEPRESSION, C'EST LA FATIGUE DE DEVOIR S'ASSUMER » llya vingt-cing ans, le sociolo; jogue Alain Ehrenberg publiait La Fatigue d’étre soi, un livre décisi sur la dépression, syndrome alors mal cerné. La définissant comme « maladie de I’individu contraint d’étre responsable de lui-méme et de sa vie », il a radicalement changé le regard que l’on peut porter sur elle. Explications. ENTRETIEN ASABELLE TA usque-Ia,ladépression n'étaitqu’un vague syndrome sans grand intérét pour lesspé- cialistes. Mais quand Alain Ehrenberg, & laveille deYan2000,apubliésonanalyse, elleest devenuelapathologiedont toutle monde parle, et plus seulement les psys. Détronant la neurasthénie, & la mode au sitcle dernier, et Vhystérie, dont souffraient toutes les patientes deFreud,lacdépression» estle mot magique qui illustre et résume Fensemble de nos malheurs. erire Vhitoire de ce ayndrome, est raconter les individus que nous sommes devenus. Ceux qui, au cours des derniéres décennies, se sont affranchis des valeurs traditionnelles, de lauto~ rité dupére, pourdevenir «eux-mémes». Avecce qu'une telle entreprise implique de désillusion, delassitude morale. Le sociologue se penche sur cette « fatigue d’étre soi». nous explique com- ment chacun de nous peut étre coneerné. Depuis quand la dépression est-elle Te «mal dusiécle»? A.E.:«Maldusitele» estunc expression journa- listique. Lapsychiatrie considéredepuis1970 que non seulement elle est le trouble mental le plus répandu, maisque leschoses vont ensaggravant, Aujourd’hui, on estime que présd’une personne sur cing asouffert ou souffrirad’une dépression aucoursdesavie!. Ilyanéanmoinsun probléme: lapsychiatrie ne dispose d’aucune théorie dela dépression. Hier comme aujourd'hui, les psy- chiatresne savent pas vraiment ladéfinir. La psychiatrie ne fournit-elle pas des criteres fiables pour savoir qu’on est déprimé? A.E, : Elle dispose de multiples critéres (tris- tesse, douleur morale, insomnie, inhibition, difficultés de concentration..). Maisladifficulté réside dans ce que cet ensemble de symptémes (unsyndrome,en psychiatric) peutse retrouver dans n’importe quelle névrose, étre généré par nvimporte quelle pathologie mentale. Or amé- liorer un syndrome ne signifie pas que V'on soit débarrassé de la maladie quil'a produit. Vous Vavez définie comme «la fatigue d’étre sol ». Comment peut-on étre fatigué d’étre sol? A.E. : La dépression évoque aujourd'hui image de la personne fatiguée qu'il faut regonfler ‘commen pneu, Surtout, elle amorce sa « réus- site » aut moment oi lon passe d’une société ‘autorité reconnue, ci cqulposedesnormesincitantchacan hTinititive individuelle, uienjoignantd’étre responsable de sa vie: devenir lui-méme. C’est la maladie de Vhomme sansguide:ildéprimededevoir @@@ Psychologies hors-série y — ALAIN EHRENBERG | eect Dr ceo Cees Cea tt | peer tie Perera autres du Culte de la Peet Crees ch ees eee eros que lessor de Fesprit eee Reece See tee Ty me isponibies tous Oey Tew eygr eer = paler ~ erent eee et) Ey eon rea Dy as On estime que prés d’une \ personne sur cing a souffert ou souffrira d@une dépression EV Ronie (ota i Peo ane) 99 2 Entretien Alain Ehrenberg e supporterTillusion que tout uiest possible etde S‘apercevoir quil n’en estrien. Encroisant Phis~ toire de la psychiatrie et celle des modes de vie, {Fai tenté de montrer que la dépression est une réponse en négatif a ces impératifs: elle se pré- sente comme une maladie de la responsabilité danslaquelledominelesentimentd’insuffisance, Le déprimé n’est pas a la hauteur, il est fatigué par lexigence sociale, par l'effort de devenir lui-méme. Alors que cette société insiste sur les notionsde projet, de motivation oudecommuni- cation, il se sent sans avenir, sans énergie, ileom- unique mal avec lui-méme et avec les autres. ‘Sommes-nous de plus en plus déprimés? A.E. : Cest plutot attention a la plainte psy- chique quis‘aceroit,en méme tempsqueseslicux expression (consultations spécialisées). lest clair aussi que la notion de dépression s’étend de fagon phénoménale et finit par englober 'en- sembledesdifficultéspsychologiquesquechacun ‘est susceptible de rencontrer un moment de sa vie. lfauttenircompteaussidu faitquel’onpres- crit des antidépresseurs pour traiter des patho- logies diverses et variées: une bonne partie des troubles anxieux, notamment les attaques de panique,|aboulimie,etc. Parconséquent,onen prescrit de plus en plus. Traditionnellement,on considérait que les névroses étaient mieux trai- téesparune technique psychothérapeutique que par une molécule. Aujourd’hui, surtout depuis ladiffusion desantidépresseursdu type Prozac, ‘ceux-ci sont considérés comme des médications anti-névrotiques. En fait, ils sont devenus des aspirines de lesprit. La crise économique, la précarisation des conditions de vie n’exercent-elles pas aussiune influence? A.E. : Des études ont montré que, entre 1980 et 1990, la dépression était en pleine expan- sion, liant ce phénoméne i la crise économique et la précarité, Or la dépression a commencé Aw exploser» au cours des années 1960 et 1970, dans une période de croissance économique et dloptimisme généralisé. Celanousindiquequrelle cst plus une pathologie du changement que de la misére: les transformations de la famille et du. ‘couple, la mobilité, les changements sociatx.. Les sciences du cerveau ont largement progressé. Pourra-t-on bientét maitriser esprit hhumain, éliminer les états d’éme génants? A.B, : Non, ce n'est pas pour demain, ni pour aprés-demain. Linvention des médicaments de Fespritainitié,danslesannées1950,un immense programme dont Pun des buts était de trouver des iensentreune pathologie mentaleetun dys- fonctionnement neurobiologique : par exemple, entre dépressionetanomaliede lacirculation de lasérotonine dans le cerveau. On espérait aussi expliquer la multiplicité des réponses aux trai- ‘ements médicamenteux. Ce programme futun échec: auicune corrélation n’a puétre trouvée et les progrés de la neurobiologie n'ont pas révolu- tionné Fefficacité de laprise encharge thérapeu- tique. Mais progressivement, ona quand méme pu fabriquer desmédicamentsdel’esprit, moins toxiques et plus confortables qu’a leur origine. Concrétement, guérit-on la dépression? ALE. : Tout dabord qu’entend-on par « gué- rison » quand il est question de difficultés psychiques, de douleur morale? Forcément quelque chose de différent que lorsqu'l s’agit dune gripe! On ne se libare jamais complete ment de la souffrance psychique. De plus, i lire les ouvrages psychiatriques, on aV'impression que tout est « soignable », « traitable », mais que rien nestvéritablement « guérissable ». En fait, depuis les années 1980, la psychiatrie voit la dépression comme une maladie & tendance récidivante, voire chronique. Elle préconise de plusen plusdestraitementsde «maintenance», impliquant l'idée d’un « accompagnement » (médicamenteux et/ou psychothérapeutique) dans les moments difficiles de la vie. Guérir, dans le fond, n’est-ce pas surtout étre mieux armé pour affronter les choes de existence? 1, Source: « Dépression, meus a comprendre pour laguérirdurablement, nserm, 2019 Unser. umes) A LIRE «La Mécanique des passions, cerveau, comportement, société @Alan Errenderg a (Ode Jacob, 201). Psychologies hors-série STRESS OU DEPRIME ? Ces deux états présentent des similitudes troublantes, et un stress prolongé peut se transformer en dépression. Deux bonnes raisons pour apprendre a faire la différenc PAR FLAVIA MAZELIN SALVI @ stress se caractérise par le sentiment d'étre débordé, sous pression, impuissant, ce qui change notre maniére de penser donc de ressentir. A terme, cette sensation, aussi désensibilisante qu’inhibante, peut mener & la dépression car elle favorise les comportements négatifs, voire toxiques, tant sur le plan des décisions et des choix de vie que sur celui de la santé. Dorothy Rowe, psychologue australienne spécialiste dela depression, rappelait que si un certain taux de stress peut étre stimulant, un stress aigu et installé ppeut en revanche occasionner des ‘migraines, provoquer des poussées de tension, perturber le sommeil et a vie sociale, et se transformer en dépression sur la durée, Quand consulter? Les chercheurs et les spécialistes sfaccordent & dire que fon devrait avoir recours & un professionnel une fois les symptdmes constatés (stress ou dépression) et en 'absence de changement. Avant cela, on peut essayer d’améliorer son hygiéne de vie (alimentation, exercice physique, sommeil), sefforcer de stouvrir davantage aux autres, échanger avec ses proches et leur demander des conseils ou de l'aide, agir sur ses pensées ou se focaliser sur 'aspect e. positif des choses. Mais si, au bout lune quinzaine de jours, on ne constate aucun changement posit significatif, mieux vaut consulter son médecin traitant puis un professionnel de la relation aide, Pour décoder les symptomes, American College Health Association (ACHA) propose la aril de lecture suivante. Les signes communs du stress et de la dépression (9 Une difficulté a « fonctionner » comme d’habitude, ‘#Des troubles de la mémoire, ‘9 Une difficulté a se concentrer. ‘#Le sentiment c’étre incapable de surmonter les difficultés de la vie. Les signes spécifiques du stress ‘#Les troubles du sommeil (ifficulté diendormissement, réveils, difficulté a se rendormir). ‘eLe sentiment a'étre submergé, de ne plus pouvoir faire face. ‘#Des changements dans le ‘comportement alimentaire, Peychologieshors-série ‘@De la nervosité, de 'anxiété, de Virritabilite, voire de la colere, ‘9 Un sentiment latent de frustration, ‘¢ Limpression de se sentir Spuisé aprés un effort mental ou intellectuel « normal », Les signes spécifiques de ladépression ‘La sensation ate triste et sans espoir. ‘Le refus d'honorer ses engagements chaque fois que est possible (fuir les contacts avec les autres). ‘¢ absence totale d'énergie et de motivation. ‘# Des difficultés a prendre des decisions, méme minimes. ‘Le fait de manger plus ou moins que dihabitude. ‘Le fait de dormir plus ou moins que dihabitude. ‘Le fait de se sentir mal dans sa peau (honte ou mépris de soi) ou de se sentir coupable. ‘© Un sentiment de colere ou de rage.@ Z Focus ADOS: ATTENTION | AU REPLI SUR SOI Mutisme, explosions de colére, phobies, tensions au sujet de I’alimentation... Du normal au pathologique, comment repérer 56 si son enfant va mal ? aoe d’Olivier Douwville, psychologue et psycl PROPOS RECUEILLIS PAR IS signifient presque rien. Ils doivent analyste. ELLE TAUBES étre situés dans un contexte, il faut comprendre leur fonetion et & qui ils stadressent, sanss‘affoler, maissurtoutsansétre indifférent. Lacrise d'adolescence, lorsqurelleest angoissante, ne passe pas toute seule. Bien stir, iln’yapas que les conduites pathologiques qui doivent étre prises au sérieux : trainer la nuit avecles copains ou sécher les cours dans lajour~ née, refuser tout dialogue avec les adultes..Ces conduites d’opposition ne relevent pas néces- sairement de la pathologie mais ne sont pas acceptables pour autant. II faut entendre ce que Fadolescentpeutdiredesesactes,quelsdésirsles sous-tendent. Que dire de Johanna, 15 ans, qui collectionne lespetitsamiset nemangepresque rien ? Les premitres expériences sexuelles ne sont pas agréables. La rencontre avec la jouis- sance du partenaire est déstabilisante. Avoir de Peychologies hort-série nombreux partenaires peut étre unemaniére de ne pas s'y confronter ou d'essayer de contréler peur. Ce est pasun indicateur d'une future dont il faudrait s'alarmer a priori. Maiscelan’empéchepasd'essayer derepé- rerlaplace quioccupe lado dans cette affaire:y a-til du jeu la-dedans? Est-elle prise dans un Il faut prendre trés au sérieux tout ce qui est de ordre du repli sur soi non créatif, surtout quand cet état s'accompagne de dépré- ciation de soi, d’apathie, de fatigue permanente. Ensuite, avoir honte de son corps, le rejeter, est aussi un signe & prendre trés au sérieux. Enfin, ine faut pas passer d e6té de la dépression lige a Ia honte d’étre soi, & la déception de n’étre “que ca”. Les ados “A risque” sont tour & tour mutiques, apathiques et violents. La dépression deYadodifféredecelledeYadulte:ellestexprime

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